père noël nos conseils ramonage p. 17 lausanne l'arme à l

9
PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L’arme à l’œil P. 6 NEUCHâTEL Vilain petit Hainard P. 5 SION Les présents sont passés P. 4 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA Vendredi 13 décembre 2013 // N o 172 CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

Upload: vuonglien

Post on 06-Jan-2017

215 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Père NoëlNos conseils ramonage P. 17

lausaNNeL’arme à l’œil P. 6

NeuchâtelVilain petit Hainard P. 5

sioNLes présents sont passés P. 4

JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA

Vendredi 13 décembre 2013 // No 172 CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

Page 2: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Vigousse vendredi 13 décembre 2013 Vigousse vendredi 13 décembre 2013

« Mon Vigousse,Avec toute l’affection que je te porte, permets-moi de te faire part d’une très légère déception. En effet, la semaine dernière, recevant mon numéro hebdomadaire, je me précipitai dessus comme à l’accoutumée, impatient d’y découvrir de ces nou-velles que tu es souvent le seul à diffuser, de ces dessins qui me mettent en joie et de ces commentaires avisés qui me font regarder notre beau pays d’un œil différent. (Je me dis d’ail-leurs souvent : comment faisait-on pour vivre avant Vigousse ?)Je comptais y trouver, entre autres, une information bien particulière, ou à tout le moins un commentaire, relative à ladite information. Or que lis-je à ce propos ? Rien ! Le néant, nada, le désert de Gobi, les rues de Lausanne un dimanche de novembre à cinq heures du soir !Rien à propos de l’événement planétaire, annoncé pourtant au début de ce mois de décembre : la Société suisse d’utilité publique organise un concours pour la création d’un nouvel hymne national ! Un appel est lancé aux auteurs, dont les œuvres (adressées sous pli anonyme) seront soumises à la sagacité d’un jury d’une trentaine de personnes, venant des quatre régions linguistiques. Parmi ces éminentes personnalités, on trouve, entre autres représentants de la Suisse romande, le distingué et délicat poète Oskar Freysinger et l’illustre philosophe Peter Rothenbüh-ler. Le simple fait d’avoir l’honneur de voir ces deux phares de la pensée contemporaine se pencher avec bienveillance sur leurs vers et leurs mélodies devrait inciter les écrivains et les musiciens soucieux du bien public et amis de la culture à se précipiter sur leurs plumes ! Ces créateurs devraient n’avoir de cesse avant d’avoir composé l’hymne qui nous fait cruellement défaut, exaltant l’esprit de tolérance, d’ouverture et d’intelli-gence qui n’ont cessé de guider les pas des deux personnes précitées tout au long de leurs lumineuses carrières !J’ose espérer trouver dans tes colonnes, à l’avenir, un suivi de cette fabuleuse aventure intellectuelle et patriotique !Voilà !

Gros bisous d’un abonné fidèle. »Michel Bühler

Cher Bubu,Voilà qui est fait, à la une et en page 11.

Forte bise,La rédaction.

Ç a , c ' e s t F a i t !c o u r r i e r B . Q u e l l e s e M a i N e ! 32

Fehr comme je disFer de lance du non à l’Europe et au reste du monde, le conseiller national UDC Hans Fehr s’est fait épingler par la NZZ am Sonntag (08.12.13) : à son domicile d’Eglisau, il employait comme femme de ménage une requérante d’asile serbe sans permis de travail. Au noir, donc. Qui combat avec virulence « l’immigration

incontrôlée » devrait balayer lui-même devant sa porte.

Peine de mœursLes dirigeants chinois élaborent actuellement une réforme pénale qui vise à supprimer tous les camps de travail du pays. Une étape importante dans le progrès des droits de l’homme en Chine ? Pas sûr : pour ce pays qui exécute à tour de bras, c’est peut-être une manière de gagner du temps et de l’argent.

LE CHIFFRE

123456Mark Burnett, expert en sécurité informatique

chez Microsoft, a compilé depuis 2005 six millions de mots de passe. Il vient de révéler sur son site les 10 000 plus fréquents. Les plus populaires (8,5% du total) sont « password » et

« 123456 ». Viennent ensuite « 12345678 », puis « 1234 »

et « 12345 ». Finalement, ce n’est peut-être pas

l’espionnite de la NSA le problème…

Nidau ni d’ailleurs Pour économiser 150 000 francs par année, la commune de Nidau décidait, le 21 novembre dernier, de ne plus autoriser les élèves francophones (20% de la population) à suivre leur scolarité en français à Bienne. Fâchés, des citoyens ont lancé deux pin’s en forme de main jaune avec les slogans « Touche pas à mes Welsch à Nidau » et « Touche pas à mon bilinguisme ». Comment on dit bilinguisme en bärndütsch ?

Privés de désertLe Gouvernement israélien souhaite intégrer les 70 000 Bédouins du désert du Néguev tout en préservant leur culture. Plus précisément, il refuse de reconnaître leurs villages (présents pour la plupart avant la création de l’Etat hébreu), qu’il projette de détruire systématiquement pour y construire des colonies. Et il envisage de déporter cette minorité arabe dans de petits quartiers insalubres. Les Bédouins protestent, mais autant parler à un mur.

Page 3: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Vigousse vendredi 13 décembre 2013 Vigousse vendredi 13 décembre 2013

Noyé dans la masse de chiffres, le royal présent que s’offre le Conseil municipal sédunois ne saute pas aux yeux. Il faut une loupe et de la concentration pour déceler, en page 55 des comptes de fonction-nement, une hausse de 83 000 francs des charges sociales.En creusant dans « Renseigne-ments complémentaires », ru-brique 100.303, on apprend que cette somme concerne les cotisa-tions deuxième pilier (LPP) des conseillers municipaux. En termes plus pragmatiques, le salaire de ces élus (35 000 francs par an) va augmenter de 5250 francs nets d’impôts.

A la commission de gestion qui a posé quelques questions à cet égard, les autorités répondent que « les cotisations LPP sont intégrale-ment prises en charge par le budget ordinaire ». Une largesse que la sus-dite commission accueille sans en-thousiasme : « Elle aurait souhaité être informée de cette décision. (…)Nous relevons que le président co-tise à hauteur de 10 % de son salaire alors que les municipaux non. La commission de gestion ne comprend pas cette différence de traitement. »

Interrogé sur ce point, Marcel Maurer, président de la Ville de Sion, relève que les informations qui nous ont été transmises « ne sont pas respectueuses des règles du législatif ». C’est lui qui a « la pri-

meur des questions et des réponses » lors de l’examen du budget fin dé-cembre. « C’est la règle », écrit-il.Bon, mais sur le fond, ou plutôt sur les fonds ? A propos de règles, notons que les 83 000 francs de charges sociales en question ne dépassent pas la barre des 100 000 francs, heureux hasard qui évite que le Conseil général ait son mot à dire lors de la votation du budget... Par ailleurs, ce bonus intervient en cours de législature alors que tout ça aurait dû être fixé à son début : c’est ce qu’impose, en théorie, l’article 9 du règlement communal d’organisation.

Autre détail piquant, la nouvelle police d’assurance payée par la caisse publique s’effectue auprès de la Mutuelle Valaisanne de Pré-voyance. Ainsi les élus font-il bande à part : les autres employés de la fonction publique sédunoise cotisent en effet à la Caisse de pen-sion de la Ville de Sion (CPVS). La-quelle, il faut le dire, ne se porte pas très bien, au point qu’il va falloir l’assainir très très sérieusement en 2014. Pour la pérenniser, comme l’impose une ordonnance fédérale, les liquidités requises atteindront

PetIt PAPA NoëL A l’approche des fêtes, les conseillers communaux de Sion* se font un joli cadeau salarial, défiscalisé et très original.

Deuxième pilier, premiers servis

F a i t s D i V e r s e t V a r i É s4

Ce lundi 9 décembre, l’ancien conseiller d’Etat PLR neuchâtelois Frédéric Hainard aurait dû (ou pu) se présenter au Tribunal régional de Neuchâtel. Avec son ancienne maîtresse, qu’il avait hissée parmi les cadres de l’administration can-tonale, il devait répondre d’abus d’autorité, de contraintes et de faux dans les titres. Ni le « shérif » ni son acolyte ne se sont présentés à cette « audience de débats préliminaire ». Pour rappel, la procédure remonte à la plainte d’une des victimes de Hainard : une dame au bénéfice de l’aide sociale qui, avec sa fille, une institutrice de 28 ans, avait subi en février 2010 une descente nocturne à domicile menée par le ministre en personne et par quelques gen-darmes. Cet épisode rocambo-lesque avait mis le feu aux poudres.

Mais les méfaits du shérif auraient dû lui valoir des ennuis bien aupa-ravant. Tel est l’avis de Dominique Arlettaz, ancien correspondant de l’Agence télégraphique suisse. Sous le titre « L’homme qui en savait trop », il publie en ligne, sur le site lameduse.ch, son récit de l’affaire Hainard. Un opus qui mériterait un éditeur quand la justice aura écrit l’épilogue de la saga…Pour Arlettaz donc, la galère Hai-nard aurait pu être arraisonnée en 2005 déjà ; au lieu de quoi toute la nomenklatura neuchâteloise la laissa partir joyeusement à la dé-rive. « Le système n’a pas fonctionné, résume-t-il ; en 2005-2006, les auto-rités auraient pu briser net l’envol du futur ministre. »Le 2 septembre 2005 en effet, l’offi-cier de police Hainard défraya déjà la chronique en usant de méthodes scandaleuses : il fit cueillir à la sortie de l’école, puis séquestrer

Hainard, fondu neuchâtelois

F a i t s D i V e r s e t V a r i É s 5

80 à 100 millions de francs. La Ville de Sion et ses heureux contri-buables devront y participer pour 50 %... Là, le Conseil général aura son mot à dire. Voilà qui soulève une question intéressante : si le Conseil munici-pal s’était retrouvé affilié à la CPVS plutôt qu’à la Mutuelle, l’augmen-tation de 5250 francs aurait-elle passé la rampe ? Peut-être bien que non. Admirons donc la subtilité financière : une belle application de la tactique du saucisson, lequel est plus facile à avaler par fines tranches.

Pour justifier ces largesses un peu dissidentes, les autorités arguent que le « mandat politique » est d’une « importance telle qu’il requiert une réduction de l’acti-vité professionnelle première et par conséquent de ses couvertures sociales ». Le cadeau en question « permet ainsi de conserver une certaine attractivité pour des man-dats à l’exécutif de la Ville ». Pour les élections communales de 2016, les candidats se bousculeront au portillon, c’est sûr ! Vigousse

* noms connus de la rédaction

PUB

Centre commercial Charpentiers, 4 rue des Fossés, 1110 Morges, tél 021 801 07 55

Ouvert du lundi au samedi

PUB

L’allume-feu écologique, il n’y arien de plus facile.

Allumez votre feu sans papier,petit bois ou produit mal odorant.

Un vrai plaisir.www.k-lumet.ch

a F F a i r e s e N c o u r t

erreur systèMe Les outrances de Frédéric Hainard ont longtemps été couvertes par les pouvoirs politiques et judiciaires neuchâtelois. Les dégâts d’une collusion en chaîne.

l’Etat de droit, de le purger de ses dysfonctionnements et de le rendre vertueux. Il fut donc élu au Conseil d’Etat.

Mais très vite, le shérif amoureux dérape à nouveau. Suite à la plainte de l’institutrice et de sa mère en 2010, une commission d’enquête parlementaire est créée avec pour mandat de faire la lumière sur les

télévision locale et à L’Express, des médias complaisants, avant même d’en faire part à ses « collègues » du gouvernement. Ultime ânerie en guise de coup de pied de l’âne. Les exploits du justicier Hainard auront au moins eu le mérite de mettre en lumière, grâce à l’enquête de Dominique Arlettaz, les grands ratages d’une République des petits copains. Jean-Luc Wenger

Le pitre par chapitresAvril 2009 : Frédéric Hainard est élu au Conseil d’etat neuchâtelois.

4 mai 2010 : premières révélations du Matin.

25 mai 2010 : une commission d’enquête parlementaire (CeP) est nommée.

28 mai 2010 : Hainard avoue aux médias régionaux sa relation extraconjugale, qu’il niait auparavant.

19 août 2010 : la maîtresse de Frédéric Hainard est suspendue de ses fonctions d’inspectrice au service cantonal de surveillance.

23 août 2010 : Frédéric Hainard annonce sa démission pour le 31 octobre.

Décembre 2010 : il ouvre son bureau d’avocat.

Mars 2012 : il crée le Nouveau Parti libéral et se fait élire au Conseil général de La Chaux-de-Fonds.

l’enfant d’une émigrée russe clan-destine, histoire d’arrêter et d’ex-pulser la mère avec l’enfant. Des moyens illégaux. Que fit la justice ? Elle enterra l’affaire : le procureur de la République, lui aussi membre du PLR, classa le dossier. Ce digne magistrat démissionna en 2011. Entre-temps, Frédéric Hainard, devenu encombrant à la police neuchâteloise, entra au Ministère public de la Confédération. En janvier 2009, dans une enquête sur un trafic international de stu-péfiants, il embarqua son amante d’origine espagnole comme tra-ductrice. « L’affaire donne l’impres-sion d’une escapade luxueuse menée sous couvert de haute mission. La

PrimeS eN Série

vie de palace d’un mandarin ena-mouré », raconte Arlettaz. En avril 2009, Frédéric Hainard ne bénéficiait pas moins, auprès d’une partie de la population de son canton, d’une image positive de jeune battant. Du haut de ses 33 ans, il promettait de restaurer

« allégations de la presse », c’est-à-dire les enquêtes du Matin. Mais pas question de revenir à 2005. Sous les feux de la critique, Hainard dégaine alors la théorie du complot, se démène, menace, allume des contre-feux. Acculé enfin à la dé-mission, il annonce son départ à la

Piège à rondstentative d’arnaque par courriel classique mais récurrente, déguisée en message de swisscom : « L’accès à votre compte est limité à la prochaine suivantes : Nous avons remarqué que vous avez payé votre facture 2 fois au meme temps. Pour confirmer votre remboursement cliquez sur le lien suivent… » (sic). un brin « téléphoné », le truc vise évidemment à soutirer aux pigeons des données bancaires. swisscom ne livre pas le nombre des réclamations liées à ces « pourriels » pirates, mais son site internet fournit les tuyaux qui évitent de mordre à l’hameçon. Ajoutons-y une indication supplémentaire : sauf exceptions, les vrais courriers de swisscom comportent des fautes de français légèrement moins nombreuses.

Du balaiComment reconnaît-on une sorcière au Ghana ? Facile : si quelqu’un rêve qu’une femme de son entourage le poursuit avec son couteau, celle-ci est à coup sûr une sorcière. A partir de là, elle a deux options : se faire tabasser ou exécuter par sa famille, ou alors se réfugier dans l’un des six « camps à sorcières » du pays, où elle pourra vivre en toute sécurité parmi ses consœurs. La torture, puis le bûcher, c’était quand même plus chrétien. J.-L. W.

Page 4: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Vigousse vendredi 13 décembre 2013 Vigousse vendredi 13 décembre 2013

Du 22 novembre au 24 décembre, à Saint-François, à Pépinet et au Flon, le Marché de Noël lausan-nois aligne ses stands en forme de mini-chalets, où des marchands enjoués vendent des churros, du foie gras ou des pulls douillets pour le bonheur des petits et des grands.

Les charmants cabanons en bois sont loués aux commerçants par la société Chalets Lausanne SA. C’est le Valaisan Robert Bruchez, également directeur exécutif du Marathon de Lausanne, qui mène la baraque. Prix de la location d’un stand : entre 2800 et 3000 francs

le mois. A quoi s’ajoute, pour ceux qui proposent de la nourri-ture, un pourcentage sur le chiffre d’affaires. Pas vraiment donné, d’autant que beaucoup de mar-chands, dont pas mal de Français, viennent de loin.

Mais robert Bruchez ne se contente pas de louer des cahutes : il en exploite lui-même trois, une à chaque marché. Ainsi trouve- t-on à Saint-François son impo-sant chalet à raclettes, posé sur une moquette rouge garnie de petites tables pour l’apéro, avec un auvent (nouveau cette année) qui lui

MAux De Fêtes A Lausanne, bien des commerçants qui animent les Marchés de Noël ont les boules.

donne une allure de palais de bois. C’est en quelque sorte le centre d’attraction de ce marché, le quar-tier général, doté par ailleurs d’une animation musicale en soirée. Moins bien lotis, d’autres ven-deurs déplorent le fait que ladite animation draine la clientèle vers ce point central au détriment de leurs stands. Sans parler des nui-sances, boucan et absence de toi-lettes portables, qui ne sont pas au goût de tous.Mais d’autres motifs de grogne gâchent la fête. Les marchands ambulants habitués du lieu et cer-tains commerçants permanents

Par-dessous le Marché

De l’aspirant gangster au chas-seur de fauves en passant par le guerrier nostalgique, une foule de mâles de tout poil se pressait le week-end dernier au Palais de Beaulieu, à Lausanne, pour la 20e Bourse aux armes. Une occasion rêvée de pénétrer dans la place à contre-emploi, sous la forme et les formes d’une faible femme.Une fois à l’intérieur, il faut un temps d’acclimatation. La faune en effet est d’une virilité bigarrée, parfois étrange, parfois inquié-tante, généralement d’une subti-lité très relative. Ça ne respire pas franchement la délicatesse ni la poésie, quoi. Normal.

Avisant un stand apparemment fort populaire, j’apostrophe le mar-chand pour déplorer le manque d’armes destinées à la clientèle féminine. « Y a bien Smith & Wes-son qui a sorti quelque chose, le Ladysmith, mais on l’a pas ici. C’est pas ce qu’on vend le plus, voyez. » Ah ! Mais en quoi ce modèle est-il donc féminin ? « Ben il est un peu plus léger », fait le vendeur avant d’ajouter, ironique : « Et y a une petite décoration sur le côté. » Voilà qui change tout.Le stand voisin est tenu par un petit garde-chasse alémanique, intarissable : « Si vous veulez pour défendre vous, moi, je montre ça que j’ai à la maison. » Là-dessus, il sort un fusil à pompe : « L’avantage, on tire dans le tas sans viser. Ça moi j’ai suspendu sur le lit, chargé. Mais on a un petit de 2 ans à la maison, alors j’ai mis une petite crochet, c’est plus sûr. » Il sort un autre flingue avec un canon interminable : « At-tende, je montre ça aussi, c’est pour la chasse, mais si on veut te viole ou te tape, avec ça c’est fertig. »

Plus loin s’alignent des trophées de chasse, zèbre, buffle, léopard… C’est le stand Grand Safari, voyages de chasse en Afrique. Le patron de la société, Christophe Beau soi-même, précise qu’avec les espèces protégées, « il y a des quotas, c’est plus Tintin au Congo ; heureuse-ment. » De fait, sa brochure four-nit la liste des tarifs par espèce : du plus cher au moins cher, l’éléphant et le singe bleu, respectivement à 25 000 et 90 euros. La vie a un prix ; heureusement. Un autre charmant petit stand respire la nostalgie. Il propose de ravissantes broches métalliques de la Waffen SS, des pattelettes à

croix gammée et autres colifichets d’un goût exquis, ainsi que la pre-mière édition de

Mein Kampf (un ou-vrage qui, selon le marchand, n’est pas

nazi pour un sou). Combien coûte le bras-

sard, là ? Un peu sur la défen-sive, l’homme

répond : « C’est pas cher, c’est une re-

production. Parce qu’un vrai, c’est dans les 600 euros. » Mais c’est un bon investissement, sans doute.

Allons voir les groupes voués à la reconstitution de batailles histo-riques. Spécialisé dans la Seconde Guerre mondiale, le Walkyrie Reenactor Group se fonde sur le « principe du devoir de mémoire ». Noble cause, défendue par le port apparemment jouissif d’uniformes allemands et états-uniens. Les femmes sont-elles admises ? « Ah ben y en a, évidemment. Vous pou-vez aller voir ma femme, elle vous expliquera. » La dame en question porte une robe et un petit chapeau

La Mecque des mecs

F a i t s D i V e r s e t V a r i É st e s t à c l a Q u e s 76

PUB

Atelier - BoutiqueRue du Seyon 25 • 2000 Neuchâtel

032 725 22 55www.au-c-cedille.ch

... le petit plus qui fait la différence !

Jeux • Jouets en bois • Décorations • Bougies • Allume-feu

PUB

ABSINTHE KÜBLER Depuis 1863

www.absinthekubler.com

très années 40. Son travail, c’est d’attendre avec un repas chaud et de rester mignonne. Chez Les Vol-tigeurs du 3e Régiment suisse, on accepte aussi les femmes, bien sûr, ça va de soi, il n’y a qu’à voir sur les photos, attendez… euh… Bon, on ne les trouve pas, mais il y en a. Plus loin encore, un marchand de munitions me vend, rigolard, un souvenir pour papa : une car-touche adaptée à son Fass 90. Une balle pour… deux balles. Avec en prime l’envie sourde mais grandis-sante de l’utiliser tout prochaine-ment.Un dernier stand avant l’implo-sion nerveuse : celui de la la so-ciété ProTELL, qui milite pour la libéralisation des armes à feu. Deux vieillards font passer un concours. Mes réponses ineptes me condamnent au lot de consola-tion : une casquette, deux autocol-lants et la promesse exaltante de recevoir par la poste leur rapport d’activités 2013. Bilan global : rien de nouveau sous le soleil, le cliché est intact. A en juger par le succès de la Bourse aux armes, la Belle au bois dor-mant va devoir encore longtemps se contenter de Rambo. Sacha Durant

Jouets Pour gArçoNs C’est confirmé : saturée de testostérone, la Bourse aux armes est avant tout une affaire de bourses.

Autrefois réservé aux criminels et aux révolutionnaires, le logiciel TOR, qui permet de se connecter anonymement à internet, est de plus en plus utilisé. Avec les révélations sur la NSA et les aveux des géants états-uniens Google et consorts, tous les inter-nautes ont compris qu’ils sont suivis, fichés, classés, évalués et archivés. Dès lors, même s’ils ne sont pas de nouveaux Che Gueva-ra ni des voleurs de cartes de cré-dit, nombre d’entre eux désirent y échapper. Ils téléchargent le navi-

gateur gratuit TOR, qui a la parti-cularité de se connecter à internet via un autre ordinateur, quelque part dans le monde, ordinateur qui servira d’écran de fumée virtuel. C’est si simple que les novices ar-rivent à l’utiliser intuitivement. Il existe d’ailleurs aussi une version smartphone pour les téléphones Android.

Aujourd’hui, plusieurs millions d’internautes s’en servent ; ils sont ainsi impossibles à identifier, quoi qu’ils fassent. Et c’est bien là que

réside le souci : à force de vou-loir tout savoir sur quiconque se connecte au web, les fouineurs de tout poil ont provoqué l’effet contraire. Résultat : des foules d’utilisateurs en clandestinité numérique. Dans cette masse opaque, impossible de repérer qui fomente ou commet un délit, dif-fuse des idées nauséabondes ou usurpe l’identité d’autrui. Les services secrets risquent de s’en mordre les doigts : à trop fi-cher, ils donnent envie de se ficher d’eux. Jonas Schneiter

A TOR ou à raison !surFez CouVert Rester anonyme sur la Toile à internet, c’est très tentant. Mais ce n’est pas sans risques.

de la place se plaignent d’une ambiance assez détestable, voire de magouilles. Quelques vendeurs d’alimentation seraient ainsi frap-pés de restrictions jusqu’alors iné-dites : on leur refuse désormais le droit de proposer telle boisson ou tel en-cas. Ajoutées aux clauses du contrat de location des stands, ces prohibitions ciblées auraient pour but d’éviter toute concurrence au chalet de Robert Bruchez. Le tout avec la complicité, tout au moins passive, du « City Management » lausannois et de la police du com-merce.

Pire encore, les locataires des stands concernés n’osent pas moufter par crainte de voir leur contrat annulé l’an prochain. S’ils dénoncent avec véhémence une forme de tyrannie, ils désirent tous conserver l’anonymat pour sauvegarder leur gagne-pain. Para-noïa ? Pas sûr : Rolf, le Lucernois qui vendait de la raclette en 2010, avait osé protester contre la main-mise et les méthodes de Bruchez ; il a été banni.Et vive l’esprit de Noël ! Noémie Matos

Petit raPiat Noël

Page 5: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Vigousse vendredi 13 décembre 2013 Vigousse vendredi 13 décembre 2013

8 9F a i t s D i V e r s e t V a r i É sQ u e l l e s e M a i N e !F a i t s D i V e r s e t V a r i É s

« Asperger des pigeons, vous trouvez ça excitant ? »

Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.

Messieurs Duc, Guignard et Monnet sont accusés de tentative de vol, entrave à la circulation publique, infractions à la loi fédérale sur les animaux, violation grave des règles de la circulation et infraction à la loi fédérale sur les stupéfiants.– examinons les chefs d’accusation, dit le juge. De nuit, vous vous êtes rendus à l’ePFL pour « foutre la merde ». Là, vous avez déplacé des panneaux de signalisation, crevé des pneus, arraché des rétroviseurs, fracassé des pare-brise et lacéré des sièges au couteau avant d’être mis en fuite. suite à cela, vous avez été arrêtés par la police, qui a découvert sur vos téléphones portables les vidéos des infractions suivantes : des concours de vitesse où vous avez roulé à 180 km/h sur des routes limitées à 80, des jeux avec un labrador que vous faisiez se dresser au moyen d’une friandise avant de le faire tomber à l’aide d’une balayette et des tests de spray au poivre sur des pigeons. De plus, sur ces vidéos, on vous voit consommer de la marijuana. Les faits sont admis ?– oui, murmurent les trois jeunes, penauds.– sauf l’histoire avec mon chien, ajoute Monnet. Je l’ai depuis mes 12 ans et on a une superrelation. C’était de l’amusement, pas de la maltraitance ; sur la vidéo on voit bien qu’il est content, il remue la queue.– Pour le reste, qu’avez-vous à dire ?– Je regrette tellement. on voulait s’amuser et ça a dégénéré, c’était quasi de la délinquance.– C’était de la délinquance, tonne le juge. Il y a mise en danger de vos vies et de celle d’autrui. et les deux autres, qu’avez-vous à dire ?– J’ai honte, s’étrangle Guignard.– C’était stupide, fait Duc, livide. on voulait une montée d’adrénaline…– Asperger des pigeons avec un spray au poivre, vous trouvez ça excitant ? coupe le juge.– Non… on regrette et on assume : on paie nous-mêmes les frais de nos avocats.– Ce n’est qu’un hasard si vous êtes libres aujourd’hui et non en

taule. s’il y avait eu un piéton, un motard ou un automobiliste, c’était un meurtre et vos vies étaient foutues !S’ensuivent les témoignages des proches et parents respectifs :– Ma femme et moi, on a divorcé alors qu’il était en pleine adolescence, ça l’a marqué, explique le père de Guignard, inspecteur de police. La détention lui a fait prendre conscience de ses actes. Cinq jours dans une cellule avec lumière jour et nuit, moi qui travaille au-dessus, c’est dur.– son père et moi, on a divorcé quand il avait 1 an, déclare la mère de Duc, mais il a eu une enfance calme. Après, il a fait un apprentissage et je ne sais pas ce qu’il faisait le week-end. Il regrette, vous savez, il ne sait même pas pourquoi il a fait ça.– C’est un brave gamin, résume l’un des profs de gymnase de Monnet. Quelques conflits dus à l’absence de son père qu’il ne voit plus depuis le divorce, mais rien de grave. Cette affaire l’a perturbé, il est consterné d’avoir fait ça.– Chacun regrette et ne fera plus jamais ça ? conclut le juge.Les trois accusés opinent vigoureusement.– Donc, selon vous, je dois vous accorder le sursis ? Vous savez ce que c’est, au fait ?– C’est quand on n’a pas d’antécédents et qu’on nous donne une chance… bredouille Guignard.– Ah ! vous croyez que c’est ça, la justice ? Qu’on peut violer, tuer, brigander et que la première fois c’est gratos ?Les accusés restent cois.– Ce que mon client veut dire, intervient son défenseur, c’est qu’ils sont prêts à assumer leurs actes, quelle que soit la peine. Mais il est vrai que leur jeune âge va de pair avec leur stupidité, aussi grande soit-elle.Les trois sont reconnus coupables de tous les chefs d’accusation, sauf celui concernant le chien. Avec un sursis de 2 ans pour chaque peine, Monnet écope de 720 heures de travail d’intérêt général et d’une amende de 500 francs, Guignard d’une peine privative de liberté de 8 mois et de 400 francs d’amende et Duc de 10 mois et 100 francs. Les frais de justice, 7112,50 francs, sont à leur charge. Lily

PLus VrAI Que

VECU

PUB

DÉDICACES « VIGOUSSE, LE MIEUX DE 2013 »BARRIGUE, ROGER JAUNIN, SEBASTIAN DIEGUEZ, LE PROFESSEUR JUNGE ET LE 8e CONSEILLER FÉDÉRAL Jeudi 12 décembre de 15 h 30 à 17 h chez Payot Nyon

BARRIGUE, LAURENT FLUTSCH ET ROGER JAUNIN Vendredi 13 décembre de 17 h à 18 h 30 chez Payot Lausanne

BARRIGUE, LAURENT FLUTSCH ET CARO Samedi 14 décembre de 14 h 30 à 16 h chez Payot Yverdon

BARRIGUE ET NICOLAS SJÖSTEDT Lundi 23 décembre de 18 h à 19 h 30 chez Payot La Chaux-de-Fonds

Les images parlent d’elles-mêmes ! A votre gauche, le cerveau mas-culin, avec plein de connexions au sein de chaque hémisphère – dans l’axe de la longueur – et en bleu. A votre droite, un cerveau féminin, avec plein de connexions entre les hémisphères – dans l’axe de la largeur – et en orange. C’est le résultat d’une étude publiée par une équipe de chercheurs de l’Université de Pennsylvanie. Et la presse mondiale de se jeter des-sus, sur le refrain bien connu « Les différences homme-femme enfin expliquées par la science ».

Voyons ça de plus près. D’abord, l’étude impressionne par l’ampleur de l’échantillon : 949 individus, de 8 à 22 ans, dont 428 garçons et 521 filles, ont été scannés. Très fort. Ensuite, les analyses ont porté sur le « connectome », soit le monumental réseau autoroutier qui connecte les différents bleds, villes et continents qui peuplent le cerveau. Là aussi, que du high-tech. Et avec tout ça, on compare les différences entre les sexes, à coups d’indices statistiques super-sophistiqués. Du lourd. Au final, bam !, on obtient des jolies images avec des couleurs étincelantes qui font les gros titres des journaux et du buzz.Très bien, mais qu’est-ce que cela dit vraiment de nouveau sur les hommes et les femmes ? Eh bien pas grand-chose. De fait, hor-mis quelques idéologues égarés, personne ne pense depuis belle lurette que les hommes et les femmes ont exactement le même cerveau. La question porte plutôt sur l’étendue des différences et sur ce qu’elles impliquent au niveau de la psychologie et du compor-tement. Et c’est ici qu’intervient l’idéologie inverse…Nos chercheurs, derrière une façade de neutralité toute scien-

tifique et technologique, nous fourguent en réalité du cliché bien lourdingue et rétrograde. Déjà, ces fameuses images, issues d’une reconstruction purement statistique et hautement abstraite, soulignent fortement de maigres différences au détriment de res-semblances bien plus nombreuses. On se retrouve avec un « cerveau d’homme » et un « cerveau de femme », telles deux espèces tota-lement distinctes qu’on pourrait aussi bien colorier en bleu ciel et en rose… Trompeur, mais bon pour le buzz !Mais il y a plus grave : les analyses portent exclusivement sur l’anato-mie et ne disent rien du rapport entre le « connectome » et la psy-chologie des individus. Ceci n’em-pêche pas les auteurs de conclure, sans la moindre preuve, que « le cerveau masculin est structuré pour faciliter la connectivité entre percep-

tion et action coordonnée tandis que les cerveaux féminins sont conçus pour faciliter la communication entre les modes de traitement ana-lytique et intuitif ». Traduction : les hommes agissent et les femmes rêvassent. Une répartition des rôles qualifiée de « complémentarité ».

Ben voyons. Une fois de plus, le summum de la technologie scienti-fique permet de justifier les stéréo-types les plus éculés, par un saut gigantesques entre les données et leur interprétation. Le « connec-tome » entre science et idéologie, c’est sûr, a encore de beaux jours devant lui. Sebastian Dieguez

Sex differences in the structural connectome of the human brain, M. Ingalhalikar, PNAS, à paraître.

Sexe, mensonges et connectomeHéMIsPHère tA Mère Des chercheurs ont trouvé des différences entre le cerveau des hommes et celui des femmes. Du bon boulot : ne restait plus qu’à les exagérer et à inventer leur signification.

GaVaGe de cerVeaux

Page 6: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Vigousse vendredi 13 décembre 2013 Vigousse vendredi 13 décembre 2013

B i e N P r o F o N D D a N s l ' a c t u B i e N P r o F o N D D a N s l ' a c t u 1110

La planète blanche

Les tHéorIes Du ProFesseur JuNge Cette semaine : à l’instar du Père Fouettard fribourgeois enduit de noir, traquons les mille petites manifestations du racisme et du colonialisme dans notre quotidien.

Après avoir touché les Pays-Bas, la polémique sur la couleur du Père Fouettard débarque à Fribourg. La tradition qui veut que ce person-nage ait le visage enduit de noir n’est-elle pas raciste ? Même si certains avancent l’argument que cette figure folklorique n’a rien à voir avec le colonialisme, je pense qu’il faudrait lui infliger le même traitement politiquement correct que le zouave Banania ou la tête de nègre.Il n’y a pas que les coutumes. Il serait peut-être temps de réformer la langue française, qui comprend encore des tombereaux d’expres-sions à connotation raciste. Ainsi, une « humeur noire », la « bise noire » ou la « nuit noire » sont autant de références insultantes aux Africains. Comme il est cer-tain que la lâcheté qu’on prête aux « foies jaunes » est une inad-missible attaque contre les Asia-tiques et que la locution « rouge

Pitc

h

de honte » est destinée à rabaisser les Indiens d’Amérique. Il suffirait ici de remplacer chacune des cou-leurs par du blanc pour obtenir des expressions qui ne vexent per-sonne, comme « nuit blanche », par exemple, qui veut dire exac-tement la même chose que « nuit noire » mais sans le vernis colo-nialiste.

Le sport professionnel aurait aussi besoin d’un grand ménage. Quand on constate que certaines disciplines comme le basket ou la course à pied sont largement do-minées par des Noirs, on ne peut que s’insurger contre cet appel ouvert à la discrimination géné-tique. Ces sports entretiennent en effet la notion qu’il existe bio-logiquement des races et qu’elles ne sont pas égales. Car si les Noirs sont forts dans certaines activités physiques, il n’y a qu’un pas pour affirmer qu’en conséquence ils ne

brillent pas intellectuellement. Dans ce cas-là, pour faire mentir cette théorie néfaste, les athlètes de couleur pourraient se laisser battre de temps en temps. Ou si-non se peindre en blanc.Et il y a encore tout le problème des séries et films américains, qui sont truffés d’acteurs noirs, asiatiques ou latinos. Chaque fois que l’un de ces comédiens d’une minorité eth-nique apparaît, cela me rappelle le colonialisme US et la pratique de l’esclavage. Ne serait-il pas davan-tage respectueux de n’avoir que des Blancs à l’écran afin de ne plus raviver ce passé sombre des Etats-Unis ? Et quand j’utilise l’expres-sion « passé sombre », ne suis-je

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

10

4

Comment vous savez quelle tête je fais ?

Hein ?

Par exemple ? Eh bien aujourd’hui votre chemise n’est pas

assortie à votre costard.

Ah bon ? Vous trouvez ?

Je vous assure.

Vous avez raison, c’est pratique, cet espionnage amical.

Vous êtes bien sûr que vous avez arrêté de m’espionner, Barack ?

Mais oui.

Promis ?

Promis !

Je vous jure que c’est vrai !

Faites pas cette tête-là !

J’en sais rien. J’imagine, c’est

tout…

Espèce de salaud !

Amical ? Ben oui. Comme ça je peux vous donner des conseils d’ami.

Euh…

Vous avez posé des caméras dans mon bureau !

Mmh… J’avais aussi des doutes sur cette chemise. C’est Kabila qui me l’avait offerte.

Merci.

Oui, bon, OK. Mais c’est à titre amical.

pas déjà en train de pratiquer un racisme insidieux et ne devrais-je pas plutôt parler de « passé clair » ?

enfin, lorsque je me promène dans la rue et que je croise des gens venus des quatre coins du monde, cette grande mixité eth-nique m’évoque inévitablement le colonialisme pratiqué par l’Occi-dent. En définitive, pour être par-faitement politiquement correct, ne vaudrait-il pas mieux qu’il n’y ait que des Blancs sur la planète ? C’est encore la manière la plus simple d’extirper le racisme à la racine. Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

Aux mangeurs de foie grasHyperhépatophages

Le CourrIer DU CHIEUR

Théorie cantiqueUn hymne national tout neuf : voilà le grand projet, subtilement baptisé « CHymne », de la Société suisse d’utilité publique (SSUP). Chacun sa conception de « l’uti-lité publique ». Après tout, si les membres de ce machin n’ont rien de mieux à faire de leurs ressources, tant mieux pour eux. Et s’ils pensent que des couplets officiels améliorent la vie, tant pis pour eux.

Certes, les paroles de l’hymne ac-tuel empestent la bigoterie et leur adaptation française rappelle for-tement celle des réclames Knorr. « Au ciel montent plus joyeux les ac-cents d’un cœur pi-eux » : en tradui-sant poussivement les pompeuses niaiseries pondues en 1840 par le « poète » zurichois Leonhard Wid-mer, le pasteur vaudois Charles Chatelanat (1833-1907) ne s’est point cassé la nénette. « Lorsque dans la sombre nuit la foudre éclate avec bruit », commet-il sans crainte des truismes à la troisième strophe. « Notre cœur pressent encore, le Dieu fort », bricole-t-il encore avec un sens indéniable de la rime, lequel s’affirme avec éclat dans « offrons-lui des cœurs pieux, offrons-lui des cœurs pieux, Dieu nous bénira des cieux, Dieu nous bénira du haut des cieux ». Dieu sauve le roi ou la reine, Dieu bénisse l’Amérique, Gott mit uns, voilà le Dieu d’Israël embrigadé aussi par les Suisses. A certaines époques, le pauvre a dû connaître de sérieux dilemmes.

Quoi qu’il en soit, à l’heure où la notion de patriotisme se réduit à l’amour de la lutte à la culotte, du folklore militaire, de Heidi, du jodel et du cor des Alpes, à l’heure surtout où le patriotisme se confond avec les rodomontades UDC de l’Albisgütli, l’actuel can-tique suisse convient parfaitement. Il est débile et ringard à souhait. Tout au plus pourrait-on, alors que la Nation est attaquée pour recel de magots volés au gré d’un secret bancaire trop longtemps couvé par un gouvernement assoupi, modi-fier légèrement le premier vers : « Sur nos ronds quand le sommeil annonce un brillant réveil. »Pour le reste, il n’y a rien à changer, quoi qu’en pense la Société suisse d’utilité publique. Et d’abord de quoi elle se mêle, sans blagues ? Non mais franchement, en quoi ses membres, presque tous aléma-niques, sont-ils compétents pour proposer un nouvel hymne na-tional ? Qui les a élus, qui leur a confié cette mission ? Et qui a choisi les cuistres du jury multi-lingue censé examiner les projets et désigner le meilleur ? Pas les citoyens suisses, en tout cas. Au-trement dit, l’hymne symbole de la Suisse d’aujourd’hui et de demain va naître d’un processus élitaire, corporatiste et tout sauf démocra-tique. Bravo, ça commence bien. A propos du jury, relevons la pré-sence du « journaliste Peter Ro-thenbühler » au sein du « groupe francophone », ce qui fait deux er-reurs. Y siège aussi Oskar Freysin-

ger, qualifié de « politicien, poète et musicien ». Passons sur ces abus de langage, car il y a beaucoup plus grave : convier Freysinger à choi-sir notre hymne frise la trahison patriotique. Ses ancêtres ne sont-ils pas des Autrichiens ? C’est là une injure aux nôtres, un outrage au pacte du Grütli, un affront pos-thume à nos aïeux héroïques de Morgarten et de Sempach. Qu’un descendant des baillis habsbour-geois se mêle de dicter le choix de notre hymne national revient, ni plus ni moins, à renier Guillaume Tell. Inadmissible.

Par conséquent, répétons-le, il n’y a qu’à conserver le cantique suisse, qui fait très bien l’affaire. Il est complètement con, mais c’est toujours mieux qu’un compromis modernisé, insipide, acratopège, branchouille, passe-partout et gnan-gnan qui conviendrait à tout le monde et qui, en plus, plairait à Peter Rothenbühler. Vu ce qu’il a fait du Matin, ça n’annoncerait pas forcément un brillant réveil.

Laurent Flutsch

Le strip de Bénédicte

Chers vains gourmets,

A l’approche des fêtes et des traditionnelles orgies, les voix de militants écœurés par le florissant commerce du foie gras s’élèvent et tentent de sensibiliser les carnivores au triste sort réservé aux vola-tiles gavés.

Hélas, vous, les amateurs de cette chair doucereuse et pâ-teuse, restez de glace face aux arguments des amis des bêtes. Les supplices infligés aux oies et canards? Pfff, ce ne sont que des bestioles et elles ne sont pas maltraitées ! Preuve en est que la Suisse, jouant comme souvent la carte faux cul, a interdit en 1978 la pro-duction de ce mets, mais pas son importation… Le prix éle-vé ? Bah ! faut se faire plai-sir. Le gargantuesque apport calorique ? Ouais, mais qu’est-ce que c’est bon, répondez-vous en vous tapotant la bedaine. Dès lors, que dire de plus ? Le combat semble perdu d’avance.

Je ne peux donc que vous sou-haiter bon appétit. Vous qui avez couiné toute l’année sur les saletés qu’on vous fait gober, tels du cheval dans votre bœuf ou des insecticides dans votre saumon, faites-vous plaisir et mangez du foie gras. Avalez cet organe hypertrophié et saturé de graisse. Repais-sez-vous de ce bout de bête obèse et malade, qui a passé ses derniers instants d’agonie à suinter, régurgiter et défé-quer abondamment.

Vous méritez ce plat de qua-lité, alors gavez-vous en toute bonne foie.

Alinda Dufey

Le Matin, 10.12.2013

Fig. 1 : Réveil brillant.

Page 7: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Vigousse vendredi 13 décembre 2013 Vigousse vendredi 13 décembre 2013

c u l t u r e12

Ne cherchez pas le nom du dia-loguiste de All is Lost, il n’y en a pas ! Robert Redford, qui, si on passe sous silence la brève intro-duction en voix off, ne prononce ici qu’un seul (gros) mot, a ainsi pu éviter les trous de mémoire. Ce qu’il n’a pas réussi à éviter, c’est le trou occasionné par un container chinois ayant éperonné son beau voilier américain (métaphore éco-nomico-politique ?). Et comme il n’a pas d’autre coque en stock, la situation de cet homme venu de

nulle part, qui ne va on ne sait où et qui n’a pas de nom, va vite, mal-gré quelques rafistolages, tourner à la galère. Echec et mât pour le plaisancier mal barré, qui change alors d’embarcation, moral à 20 000 lieues sous l’amer ! Quand tout part à vau-l’eau, quand vos pieds pataugent dans un canot de sauvetage, plus rien n’est cool…De gonflé, il n’y a pas que le canot !

J. C. Chandor, qui avait déjà fait très fort avec son premier film, Margin Call, en traitant du nau-frage financier de 2008, fuit visi-blement les eaux tempérées. All is Lost, ne visant par vraiment le raz-de-marée commercial, n’est pas un exercice de style gratuit, mais une déclaration d’amour au cinéma, à sa puissante évocatrice, à sa simplicité, sa pureté, sa limpi-

Le VIeIL HoMMe et L’AMer roBert Redford survit seul sur l’eau, absorbe tout dans All is Lost, film sans parole ambitieux et très beau réalisé par un type plus gonflé qu’un canot de sauvetage.

dité et à un acteur, Robert Redford, de tous les plans, qui – appelez-le Bob l’éponge ! – absorbe toutes les émotions (la solitude, la peur, le découragement, l’espoir…). Sans parler, il nous rend muets d’admi-ration ! Bertrand Lesarmes

All is Lost, de J. C. Chandor, avec Robert Redford, un voilier et un canot de sauvetage. Durée : 1 h 46. En salles.

Un film

Bob l’éponge

PUB

Vendredi 13 décembre (20 h 30)Samedi 14 décembre (20 h 30)Dimanche 15 décembre (17 h)

Carole Masseport/JB Notché

Co-plateaux

L’Esprit frappeur Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD)www.livestream.com/espritfrappeur

c u l t u r e

PU

B

021 612 02 56 / [email protected] / www.vigousse.ch

CADEAU

À TOUS LES

ABONNÉS

Exclusivitémondiale.

La première tablette

numérique entièrement

en vrai papier.

Pour tout renouvellement ou nouvel abonnement, vous recevrez en bonus le recueil « Le mieux de Vigousse 2013».

88 pages, format 24 x 31 cm, valeur CHF 22.–

En vente chez Payot et Naville

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

Gare aux grilles par égé

HorIzoNtAL 1 saccage cage ou bocage 2 Corromprais 3 Iles Marquises pour Venise 4 Avant le dîner à genève et le déjeuner à Megève – Filets de pêche à filets de perche 5 Crime de lèse-majesté – Fille canon – grosse légume 6 Diminue valeur de couleur – Janka n’en fait plus cas 7 Lardons de tonton 8 très belle quand on l’épèle – Imiteras l’art du renard 9 Allons prendre notre pognon 10 Vedette des poètes – Provoque moments difficiles en sicile.

VertICAL 1 Noire protégée par la loi 2 Mettre au parfum 3 Antibailli qui n’a pas failli au grütli – trinité dans le trentin – est au Nordeste 4 Jolis chez Dali – se démène pour Chimène 5 exerces action en vue d’éventuelle punition – Cause de famine selon Marine 6 Hélant comme élan – Direction insolation 7 Instruments d’écartement – Chrétienne haïe par la païenne 8 superman était peut-être son amant – on y joue cartes sur table 9 Bonheur à plusieurs – Habite avec Mitt 10 Pas assez pour un essai – Fit sous comme Picsou.

solution pour les nuls dans le prochain numé[email protected]

Torticolis, ça ne ressemble à rien de connu. Ça publie des bouquins au prix coûtant, ça se veut « sans ligne éditoriale » précise, ça reven-dique sa totale liberté de choix et, chose rare par les temps qui courent, ça se porte à mer-veille. Un an et demi après la création de leur maison d’édition, Tristan Donzé et Alexandre Correa en sont à leur 12e livre, mais par un tour de passe-passe qui leur ressemble bien, au total ça fait 13. Le truc ? Un bouquin « tête-bêche » : Des sarments, enquête timidement policière, prétexte à un drame identitaire pour le premier, Des villes, impitoyable portrait d’une humanité confron-tée au vide pour le second, et presque 400 pages à eux deux. Mais les deux Chaux-de-Fonniers ne s’arrêtent pas là. La salve de fin d’année comporte également Porno Switzerland, un opuscule accompagné d’un CD signé An-toine Joly, et La belle saison, récit à la fois intimiste et bouleversant signé, lui, de la Valaisanne Christine Pitte-loud. Roger Jaunin

Christine Pitteloud, Antoine Joly, Alexandre Correa et Tristan Donzé dédicaceront leurs ouvrages le vendredi 20 décembre (dès 19h) à la Librairie Payot de La Chaux-de-Fonds. www.torticolis-et-freres.ch

Après des mois de travaux, le Centre Dürrenmatt de Neuchâtel, reluisant et pimpant, rouvre ses portes. A la clé, une incroyable exposition sur le thème du laby-rinthe, avec pour point de départ le poème en prose Minotaure, de Friedrich Dürrenmatt bien sûr, illustré au lavis par l’auteur. La visite se déroule dans un dédale mêlant les arts plastiques, la philoso-phie et la littérature. Du XVIIIe siècle à nos jours, de Goya à Klee en passant

Des védés

gâchette girlL’histoire de Bonnie & Clyde est connue de tous, pourtant, elle continue à inspirer les metteurs en scène de toutes époques, qui, à chaque fois, en tirent des films emblématiques. Ce qui est en revanche moins connu, c’est la toute première adaptation de ce conte violent : le Gun Crazy de Joseph H. Lewis, un obscur artisan de série B.Réalisé avec peu de moyens, c’est pourtant un chef-d’œuvre. Les plans-séquences sont incroyables, le noir-blanc magnifique, les tentatives de caméra portée sont révolutionnaires et la liberté de ton anticipe la « Nouvelle Vague ». Un pauvre naïf amateur de flingues croit avoir trouvé la femme de sa vie quand il déniche une artiste de cirque très portée, elle aussi, sur la gâchette. Mais pas de bol, elle est folle, fan de braquages de banque et légèrement sans états d’âme ! Ceci ne peut que mal se terminer, évidemment, mais l’apparition de ce grand film en DVD, avec un livre qui explique sa genèse, est un véritable bijou de cadeau de Noël pour amateurs.

Michael Frei, Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne

Gun Crazy, de Joseph H. Lewis, 1950, Wild Side, Vf et Vost, DVD et Blu-ray, 87 min.

Des bouquins

Quatre en trois !

par Picasso et Piranèse, plus de 150 œuvres de choix se succèdent dans une astucieuse scénographie inspirée de l’architecture de l’am-phithéâtre. Un labyrinthe où il fait beau se perdre. Alinda Dufey

Balade avec le Minotaure, Centre Dürrenmatt, Neuchâtel, jusqu’au 9 mars 2014, www.bundesmuseen.ch. Visite guidée par Myriam Minder, historienne de l’art, le dimanche 15 décembre à 11 h, prix inclus dans le billet.

Une expo

Minotaure et à travers

Page 8: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Vigousse vendredi 13 décembre 2013 Vigousse vendredi 13 décembre 2013

PUB

z o o M a V a N t s u r l ' i N F o 1514 c u l t u r e

PU

B

Tous les détails

de nos dédicaces

sont sur www.payot.ch

Retrouvez en dédicace…

* L’équipe de Vigousse * Xavier Casile

* Thomas Perret et Roland Cosandey

* Christine Pompéï * Thomas Bouvier

* Nicolas Feuz * Annick Jeanmairet

* Leslie Umezaki * Corinne Jaquet * Cléo Buchheim * Burki * Jean-René Saillard

et Bruno Doutremer * Pierre Crevoisier * Adrienne Barman * Jean Rime et Mibé

* Mélanie Chappuis * Rébecca Terniak

* Les Éditions Torticolis et Frères

* Catherine Louis * Jean-Claude Zumwald

* Antoine Jaquier * Fred Valet * Quentin Mouron * François Perraudin * Éric Monnier et Brigitte Exchaquet-Monnier

* Nicolas d’Eggis * Albertine et Germano Zullo * André Klopmann

* Daniel Glauser * Claude Dussez * Gérard Rabaey * Renaud de Montmollin

* Martina Chyba * André Winckler

oFFrIr Les 24, 25 et 26 janvier prochains, Le Chant des Beaux Humains fêtera son 10e anniversaire à la Maison de quartier sous-gare à Lausanne. A l’affiche Kent (le 24), Agnès Bihl (le 25) et Bruno Ruiz (le 26). Et avec eux, entre autres, Nico*, Ostap Bender, Marc Aymon, Pierre Lautomne, Fabian Tharin et François Vé. Vigousse sera partenaire de cette manifestation : une idée de cadeau, pour soi-même ou pour les autres. Location au 021 601 13 05 ou 077 421 49 50 ou sur www.lechantdesbeauxhumains.ch

se BIDoNNer Avec un avion, des hôtesses, trois stewards, un café, un violon et tant d’autres, un nouveau spectacle pour des nouveaux directeurs. Ce qui ne change pas, c’est le succès ! Changement de direction, de Kaya Güner et Frédéric Gérard, Théâtre Boulimie, Lausanne, jusqu’au 14 décembre, prolongations les 17, 19, 21 et du 27 au 31 décembre, réservations : 021 312 97 00 et www.theatreboulimie.com

s’éVADer Des airs forts, chauds, puissants et sensuels qui font vivre la musique afro-péruviennes. La voix est libre. Œuvres afro-péruviennes et Lucy Acevedo, Théâtre du Pommier, Neuchâtel, samedi 14 décembre à 20 h 30, www.ccn-pommier.ch

BrouILLoN DE CULTURE

Encore un privilège éhonté pour nos abonnés

15.–(au lieu de 20.–

+ port 2.–)

Les 73 chroniques « Le fin mot de l'Histoire » parues dans Vigousse

depuis fin 2011, enfin réunies dans un volume compact et

maniable en papier véritable.

Commande : [email protected] de préciser votre numéro d'abonné

L’actu au passé recomposé !

PouFFer Sous forme de confidences énergiques, les aléas du quotidien présentés avec humour et bruitages dans un spectacle tout beau et tout nouveau. A part ça, globalement, ça va plutôt bien, de Karim Slama, Café-Théâtre Le Bilboquet, Fribourg, les 13 et 14, 20 et 21 décembre à 20 h 30, www.lebilboquet.ch

CoNteMPLer Un décor minimum et un maximum d’acrobaties, de mimes, de danse et autres mouvements pour une heure de cabrioles et d’humour. Des muscles poilants. Slips inside, de et avec Benoît Devos et Xavier Bouvier, Théâtre Bicubic, Romont, le 14 décembre à 20 h, www.bicubic.ch

DéCouVrIr Une météo renversante, un sol hallucinant, des geysers puissants et bien d’autres phénomènes incroyables qui font de Saturne un monde de spectacles. Le monde merveilleux de Saturne et des environs – Dernières nouvelles de la sonde Cassini, conférence d’André Brahic, Club 44, La Chaux-de-Fonds, jeudi 19 décembre à 20 h 15, www.club-44.ch

VIBrer De la correspondance entretenue par Anaïs Nin et Henry Miller filtre un amour interdit mais puissant. Des lettres capitales. A comme Anaïs, adaptation et mise en scène : Françoise Courvoisier, Le Poche Genève, Théâtre en Vieille-Ville, du 16 au 22 décembre 2013 et du 10 au 23 janvier 2014, www.lepoche.ch

Le CAHIer DES SPORTSIl y a deux semaines, on s’agaçait

ici des programmes radio et télé très récurrents sur la nourriture. Sur ce thème, la presse écrite est encore moins homéopathique.Prenons le magazine indépendant et philanthropique Coopération. Sur les 104 pages de son numéro du 3 décembre 2013, pas moins de 98 sont consacrées aux bonnes recettes, aux goûts du terroir ou à la betterave.Dans un portrait de Virginie Faivre, on apprend que la cham-pionne de half-pipe « commence à s’intéresser à la cuisine et aime ça », surtout qu’elle aime aussi « les pe-tites recettes que l’on trouve à l’en-trée de la Coop ». Ça tombe bien.

Pour les fêtes qui approchent, il y a trois pages sur les « gourman-dises maison » qui sont autant de « cadeaux uniques ». On se de-mande ce qu’il y a d’unique à faire des cadeaux dont l’idée vient d’un journal distribué à 600 000 exem-plaires. Coopération ne manque pas de rappeler les vertus écologiques des aliments vendus à la Coop. Les consommateurs suisses ont la chance de pouvoir y acheter du thon albacore. Cette variété vit dans le Pacifique, au large des Philippines, « c’est l’une des régions offrant la plus grande biodiversité

marine ». C’est pourquoi il faut y pêcher le thon, labellisé « du-rable », qui finit dans nos assiettes. Il y a des façons de durer plus durables.C’est comme le soja. Coopération annonce fièrement qu’il vient de Roumanie. Il est garanti sans OGM. C’est un agriculteur schaffhousois qui le fait pousser.

sauf que le Gouvernement rou-main a semé du soja transgénique à grande échelle sur ses terres. C’était avant son entrée dans la

Le thon des cerises

communauté européenne, en 2007. Depuis, la Roumanie est, après l’Espagne, le pays qui auto-rise le plus d’essais d’OGM en plein champ, le tout sous l’autorité du ministre de l’Agriculture Vale-riu Tabara, un ancien ponte de… Monsanto.C’est assez louche, mais on sait que si les choses évoluent mal, on peut compter sur les journalistes d’investigation de Coopération pour nous tenir informés.En attendant, nous n’avons plus faim. Stéphane Bovon

stAtsC’est fou comme les choses changent. Et le métier avec. Morts Antoine Blondin, Pierre Chany, Raymond Pittet, à la casse Denis Lalanne, l’ami Calcio et quelques autres du même tonneau. Ces gens-là, voyez-vous, se fichaient bien de plaire ou d’irriter ; ils se gardaient bien de caresser LE lecteur dans le sens du poil et pondaient ce qu’alors on appelait des « chroniques », savoureuses, enlevées et le plus souvent écrites cigarette au bec et verre de rouge à portée de main. La préhistoire, donc…

Aujourd’hui que le journalisme de sport est devenu affaire de statisticiens, il n’est plus un reportage, un compte-rendu qui ne nous apprenne que Machin a marqué son dix-septième but de la saison, que Truc a signé la centième pole position de sa carrière, que Teloutel a remporté pour la sixième fois l’open de Trifouillis-les-Oies. Des chiffres, des montagnes de chiffres, rien que des chiffres : il paraît que ça fait savant, ou pour le moins bien informé.

La vérité, mille fois répétée, est que, quelle que soit la matière que l’on traite, on fait dire aux chiffres, et donc aux statistiques, ce qu’on veut bien qu’ils ou qu’elles disent. Frédéric Hantz, l’entraîneur du FC Bastia, affirme même, lui, qu’« elles (les statistiques) sont la réalité du passé et un mensonge sur l’avenir ».

Pourtant, la meilleure définition semble être celle de son homologue de l’AC Ajaccio, un certain Christian Bracconi, lequel vient de déclarer que « les statistiques, c’est comme les minijupes : ça donne des idées, mais ça cache l’essentiel ».

Un vrai poète que celui-là !

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

satire au flanSi la liberté d’expression est un droit, elle a aussi ses devoirs. Nées sous la direction éphémère de Philippe Val, les obsessions anti-islam de Charlie Hebdo relèvent-elles de la saine provocation ou plus souvent de la bêtise raciste et populiste ? Pour en avoir le cœur net, il faut lire en ligne le billet brillantissime d’Olivier Cyran, qui collabora à Charlie de 1992 à 2001 avant de claquer la porte, écœuré. Un texte qui fait du bien là où ça fait Val. www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous

Boys boys boysDans l’émission « Classe politique » (RTS2, 09.12.13), Céline Amaudruz, présidente de l’UDC Genève, a affirmé : « Ueli Maurer est un homme comme vous et moi. » Dans le même ordre d’idée, François Longchamp, président du Gouvernement genevois, confie à GHI (04.12.13) : « Les magistrats ne sont pas des people. Je ne suis ni Nabilla ni Paris Hilton. » A Genève, l’égalité des sexes n’est pas un vain mot.

Le bon grain de libraireInvention révolutionnaire de Vigousse, la première tablette numérique sur papier cartonne. « Le mieux de 2012-2013 », gratuit pour les abonnés, se trouve dans les bonnes librairies et les kiosques. Et parfois au rayon… informatique, comme à Delémont !

Sept à dire ?L’Objectif, journal bimensuel, adorait titiller les notables fribourgeois PDC. A l’heure de la retraite, Jean-Marc Angeloz vend pourtant son bébé à Damien Piller, avocat et homme d’affaires qui avait fait la une de L’Objectif parce qu’il ne payait pas d’impôt sur le revenu de sa fortune… En renommant son projet sept.ch, Piller mise désormais sur le média électronique. Le PDC va pouvoir souffler.

Page 9: PèRE NOëL Nos conseils ramonage P. 17 LAUSANNE L'arme à l

Vigousse vendredi 13 décembre 2013

l a s u i t e a u P r o c h a i N N u M É r o16

Pour bien réussir ton fils de Henri Dès à la télé, il te faudra : un Henri Dès, un bricolage de Tonton Pier-rick et une photocomposeuse der-nier cri. Commence par échanger ta photocomposeuse dernier cri par des cours de batterie et arrange-toi pour accompagner ton Henri Dès à l’Olympia. Dès qu’il a le dos tourné, récupère ta photocomposeuse et tape dessus au hasard jusqu’à ce que tu obtiennes le mot « Woolomoo-loo », ça pourra te servir plus tard. Ou pas, mais fais-le. A présent, mets ta photocomposeuse dernier cri un moment de côté, par exemple pour décorer ton appartement.

Bon, attention, maintenant ça se complique un peu. Prends ton bricolage de Tonton Pierrick et sers-t-en pour payer des pensions alimentaires de végétarien. Avec la marge considérable qui te reste, fais à présent absolument n’importe quoi pendant longtemps. A savoir, dans l’ordre alphabétique : engendre

un présentateur télé qui fasse chro-niqueur radio, monte un groupe de bourrée auvergnate spécialisé dans les reprises de jingles publicitaires (appelle-le « Projection de bou-chons muqueux » si ça t’amuse), tombe amoureux à peu près aléa-toirement, ressors ton Henri Dès et tourne un court-métrage avec lui

et son petit-fils, écris des histoires de gonzesses pour qui veut les lire, conçois une encyclopédie monu-mentale qui n’intéressera personne, invente un chœur scandinave et im-provise une troupe d’improvisation.

Voilà, en principe tu as tout ce qu’il faut pour envoyer ton fils de Henri Dès à la télévision et récolter les éloges de ceux qui le méprisent. Fais-le. Oh, quelques derniers dé-tails : à ce stade n’oublie toujours

pas de ne prêter aucune atten-tion au qu’en-dira-t-on, d’igno-rer ce qu’avoir la grosse tête veut dire et de t’attirer l’amitié indé-fectible de parfaits inconnus. Bravo ! Si tu as bien suivi tous mes conseils, tu as maintenant

un fils de Henri Dès à la télé rien que pour toi ! Bon, il n’a peut-être pas un incroyable talent, mais il est assez unique, non ? C’était ça ou un contorsionniste gay, de toute façon.

Sebastian Dieguez

Fabrique-toi un fils de Henri Dès à la télé

BE

RT

DE P

LO

NK

& R

EP

LO

NK}

{

Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. +41 21 612 02 50 Directeur rédacteur en chef : Barrigue rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch Chef d’édition : Roger Jaunin Journalistes : Alinda Dufey, Jean-Luc Wenger Correction : Victor Gagnaux Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 612 02 56 Publicité : REGIPUB SA, av. de Longemalle 9, CP 137, 1020 Renens 1, tél. 021 317 51 51, [email protected] – MEDIALIVE SA, Oetlingerstrasse 10, 4057 Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production : www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex.

CrèChe test Le bœuf contient de l’âne

Cadeaux-maso Le sapin, arbre achats

spores d’hiver Les pistes vertes

C'est ArrIVéLA SEMAINE PROCHAINE

(ou du moins ça se pourrait bien)