penser à un lymphome surrénalien devant un syndrome d’activation macrophagique

1
S184 Communications affichées / La Revue de médecine interne 32S (2011) S99–S191 d’une thrombopénie auto-immune, la patiente était traitée par immunoglobulines intraveineuses et danazol puis corticoïdes, sans efficacité (thrombopénie persistante à 10 000/mm3). Une anémie hémolytique (8 g/dL) régénérative (réticulocytes à 200 000/mm3) apparaissait durant l’hospitalisation. Le test de Coombs était négatif. Le dosage d’ADAMTS 13 était effondré (inférieur à 10 %). Des perfusions de plasma frais congelé et des échanges plas- matiques étaient réalisées associés à un traitement par Rituximab. Discussion.– Des cytopénies auto-immunes sont décrites au cours des syndromes myélodysplasiques et notamment, de la leucémie myélomonocytaire chronique. Les manifestations auto-immunes sont associées à une plus grande morbidité et mortalité au cours des syndromes myélodysplasiques. Cepen- dant, des traitements immunosuppresseurs peuvent contrôler les manifestations auto-immunes, voire amener une réponse hématologique. Un seul cas de micro angiopathie thrombotique diagnostiqué sur une biopsie rénale et associée à une leucémie myélomonocytaire chronique a été rapporté. L’évolution rénale était défavorable sous traitement par hydroxyurée seule. Conclusion.– Il s’agit du 1er cas d’association d’une micro angio- pathie thrombotique avec ADAMTS 13 effondré à une leucémie myélomonocytaire chronique De même que les autres mani- festations auto-immunes, la présence d’une micro angiopathie thrombotique au cours d’une leucémie myélomonocytaire chro- nique semble un facteur de mauvais pronostic. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.315 CA189 Lymphome B endovasculaire diagnostiqué grâce au PET scanner N. Gaudré , D. Bréchemier , T. Comont , J. Moeglin , P. Cougoul , S. Ollier , O. Beyne-Rauzy , D. Adoue Service de médecine interne, hôpital Purpan, Toulouse, France Introduction.– Le lymphome endovasculaire est une hémopathie rare, de diagnostic difficile et de mauvais pronostic. La place du TEP scanner au 18 FDG dans le diagnostic des lymphomes endo- vasculaires reste à définir. Patients et méthodes.– Nous rapportons le cas d’une patiente de 81 ans, sans antécédent notable, se présentant avec altération de l’état général fébrile. Observation.– Le tableau clinique associe une hépatosplénomégalie et un syndrome inflammatoire évoluant depuis trois mois. Les biop- sies d’artère temporale et ostéo-médullaire sont négatives. Devant un ralentissement cérébral une ponction lombaire est effectuée révélant la présence d’un infiltrat du LCR par des grands lympho- cytes granuleux (LGL) et une atteinte cérébrale parenchymateuse multifocale. Le TEP scanner montre des hyperfixations ostéomé- dullaire hétérogène et pulmonaire homogène et une lésion spicule dont la biopsie a mis en évidence un lymphome B endovascu- laire. La patiente rec ¸ oit un COP de cytoréduction puis quatre cycles de méthotrexate haute dose puis R-CHOP. La complication infec- tieuse principale est la survenue d’une pneumocystose d’évolution favorable. Le TEP de contrôle après deux cycles retrouvait une atté- nuation modérée de l’hyper métabolisme pulmonaire bilatéral. Conclusion.– L’analyse de la littérature présente une quinzaine de cas, en grande majorité japonaise, pour lesquels le TEP scanner a eu une place prépondérante dans la démarche diagnostique. Des critères diagnostiques ont ainsi, été proposé : atteinte diffuse et bilatérale du champ pulmonaire, hyper métabolisme rénal bilaté- ral et hyper métabolismes osseux multiples. Le TEP scanner pour évaluation de la réponse thérapeutique n’a encore jamais été éva- lué.Références Ponzoni M et al. J Clin Oncol. 2007;25:3168-73. Miura Y et al. Mayo Clin Proc. 2010;85:e56-7 doi:10.1016/j.revmed.2011.03.316 CA190 Penser à un lymphome surrénalien devant un syndrome d’activation macrophagique E Turki. Jaidane , A. Alaoua , N. Ghannouchi , A. Bouker , M. Khalifa , A Krifa. Braham , A. Letaief , F. Bahri Médecine interne, hôpital Farhat-Hached, Sousse, Tunisie Introduction.– Le syndrome d’activation macrophagique (SAM) ou syndrome hémophagocytaire (SH) est une maladie immunologique rare, d’évolution rapidement fatale en l’absence de traitement. Le SAM est une réponse immune excessive et non contrôlée, caractérisée par une dérégulation cytokinique et d’une proliféra- tion lympho-histiocytaire avec une activation très importante des lymphocytes T et des macrophages, mettant en jeu le pronostic vital. Le diagnostic repose sur l’association de signes clinico- biologiques non spécifiques, imposant la recherche cytologique ou histologique d’hémophagocytose et une enquête étiologique exhaustive. Le SAM est observé dans une multitude de situations cliniques (infectiologie, hématologie, cancérologie et maladies sys- témiques), en transplantation, ainsi qu’en réanimation : Si les lymphomes sont des causes classiques de SAM, l’association à un lymphome surrénalien est exceptionnelle et elle n’a été jamais rap- portée. Patients et méthodes.– Nous rapportons l’observation d’une femme de 70 ans chez qui le diagnostic de SAM révélait un lymphome B à grandes cellules des surrénales. Observation.– Il s’agit d’une femme de 70 ans, connue hypertendue et diabétique qui était admise pour une fièvre prolongée évo- luant depuis deux mois dans un contexte d’altération de l’état général. L’examen clinique a objectivé une fièvre à 39,6 avec un état hémodynamique stable TA = 12/8. Le bilan biologique a montré une anémie normo chrome normocytaire arégénérative avec une hémoglobine à 6,8 g/dL, des leucocytes à 4600/mm3 et une thrombopénie à 99 000/mm3. Un syndrome inflammatoire biologique avec une CRP à 149 mg/L, une VS à 90 mm à H1et une hyperférritinémie à 2749 ng/mL, une hypertriglycéridémie à 7,1 mmol/L, des LDH élevées à 1350 U/L. Le bilan hépatique et rénal étaient normaux. Le myélogramme a montré une hémo- phagocytose. Les sérologies virales (EBV, CMV, VIH, Parvovirus B19, hépatites B et C) et bactériennes étaient négatives. Le bilan tuberculeux était négatif. Le bilan immunologique était néga- tif avec des AAN négatifs. L’échographie abdominale a montré une hypertrophie bilatérale des surrénales. Le scanner cervico- thoraco-abdomino-pelvien a confirmé l’hypertrophie homogène et bilatérale des deux surrénales sans adénomégalie sus et sous diaphragmatique. Une imagerie par résonance magnétique (IRM) était réalisée dans le cadre du bilan d’extension et a montré une importante infiltration tumorale tissulaire homogène des deux surrénales qui mesurent chacune 6,5 cm. La biopsie scanno- guidée des surrénales a montré un lymphome à grandes cellules B des surrénales. Le diagnostic d’un SAM associé à un lym- phome B des surrénales était retenu sur des critères cliniques (fièvre), biologiques (une bi cytopénie avec une hyperferritinémie, une hypertriglycéridémie, une augmentation des LDH) et cytolo- giques (hémophagocytose dans la mœlle osseuse). Le traitement a consisté en une corticothérapie à 1 mg/kg par jour et une chi- miothérapie associant trois cures mensuelles de CHOP et une cure d’antiCD20 : Rituximab. L’évolution clinico-biologique, après un recul de six mois, était favorable marquée par la disparition de la fièvre avec reprise de l’appétit et normalisation du bilan bio- logique. Conclusion.– Le SAM est une pathologie grave souvent méconnue, compliquant diverses maladies infectieuses, néoplasiques ou auto- immunes et pouvant compromettre le pronostic vital. L’association SAM et lymphome B est exceptionnel. Un lymphome B des surrénales doit être recherché en l’absence d’étiologie identifiée et en dehors de tout contexte d’infection ou de transplantation. doi:10.1016/j.revmed.2011.03.317

Upload: e-turki-jaidane

Post on 28-Oct-2016

213 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

S de mé

dieU0é1mDclamdlhUuctCpmftn

d

CLaNO

IrTvP8lOesurcmddldtfnCcecbrélPM

d

184 Communications affichées / La Revue

’une thrombopénie auto-immune, la patiente était traitée parmmunoglobulines intraveineuses et danazol puis corticoïdes, sansfficacité (thrombopénie persistante à 10 000/mm3).ne anémie hémolytique (8 g/dL) régénérative (réticulocytes à 20000/mm3) apparaissait durant l’hospitalisation. Le test de Coombstait négatif. Le dosage d’ADAMTS 13 était effondré (inférieur à0 %). Des perfusions de plasma frais congelé et des échanges plas-atiques étaient réalisées associés à un traitement par Rituximab.iscussion.– Des cytopénies auto-immunes sont décrites auours des syndromes myélodysplasiques et notamment, dea leucémie myélomonocytaire chronique. Les manifestationsuto-immunes sont associées à une plus grande morbidité etortalité au cours des syndromes myélodysplasiques. Cepen-

ant, des traitements immunosuppresseurs peuvent contrôleres manifestations auto-immunes, voire amener une réponseématologique.n seul cas de micro angiopathie thrombotique diagnostiqué surne biopsie rénale et associée à une leucémie myélomonocytairehronique a été rapporté. L’évolution rénale était défavorable sousraitement par hydroxyurée seule.onclusion.– Il s’agit du 1er cas d’association d’une micro angio-athie thrombotique avec ADAMTS 13 effondré à une leucémieyélomonocytaire chronique De même que les autres mani-

estations auto-immunes, la présence d’une micro angiopathiehrombotique au cours d’une leucémie myélomonocytaire chro-ique semble un facteur de mauvais pronostic.

oi:10.1016/j.revmed.2011.03.315

A189ymphome B endovasculaire diagnostiqué grâceu PET scanner. Gaudré , D. Bréchemier , T. Comont , J. Moeglin , P. Cougoul , S.llier , O. Beyne-Rauzy , D. Adoue

Service de médecine interne, hôpital Purpan, Toulouse, France

ntroduction.– Le lymphome endovasculaire est une hémopathieare, de diagnostic difficile et de mauvais pronostic. La place duEP scanner au 18 FDG dans le diagnostic des lymphomes endo-asculaires reste à définir.atients et méthodes.– Nous rapportons le cas d’une patiente de1 ans, sans antécédent notable, se présentant avec altération de

’état général fébrile.bservation.– Le tableau clinique associe une hépatosplénomégaliet un syndrome inflammatoire évoluant depuis trois mois. Les biop-ies d’artère temporale et ostéo-médullaire sont négatives. Devantn ralentissement cérébral une ponction lombaire est effectuéeévélant la présence d’un infiltrat du LCR par des grands lympho-ytes granuleux (LGL) et une atteinte cérébrale parenchymateuseultifocale. Le TEP scanner montre des hyperfixations ostéomé-

ullaire hétérogène et pulmonaire homogène et une lésion spiculeont la biopsie a mis en évidence un lymphome B endovascu-

aire. La patiente recoit un COP de cytoréduction puis quatre cyclese méthotrexate haute dose puis R-CHOP. La complication infec-ieuse principale est la survenue d’une pneumocystose d’évolutionavorable. Le TEP de contrôle après deux cycles retrouvait une atté-uation modérée de l’hyper métabolisme pulmonaire bilatéral.onclusion.– L’analyse de la littérature présente une quinzaine deas, en grande majorité japonaise, pour lesquels le TEP scanner au une place prépondérante dans la démarche diagnostique. Desritères diagnostiques ont ainsi, été proposé : atteinte diffuse etilatérale du champ pulmonaire, hyper métabolisme rénal bilaté-al et hyper métabolismes osseux multiples. Le TEP scanner pourvaluation de la réponse thérapeutique n’a encore jamais été éva-ué.Références

onzoni M et al. J Clin Oncol. 2007;25:3168-73.iura Y et al. Mayo Clin Proc. 2010;85:e56-7

oi:10.1016/j.revmed.2011.03.316

decine interne 32S (2011) S99–S191

CA190Penser à un lymphome surrénalien devant unsyndrome d’activation macrophagiqueE Turki. Jaidane , A. Alaoua , N. Ghannouchi , A. Bouker , M.Khalifa , A Krifa. Braham , A. Letaief , F. BahriMédecine interne, hôpital Farhat-Hached, Sousse, Tunisie

Introduction.– Le syndrome d’activation macrophagique (SAM) ousyndrome hémophagocytaire (SH) est une maladie immunologiquerare, d’évolution rapidement fatale en l’absence de traitement.Le SAM est une réponse immune excessive et non contrôlée,caractérisée par une dérégulation cytokinique et d’une proliféra-tion lympho-histiocytaire avec une activation très importante deslymphocytes T et des macrophages, mettant en jeu le pronosticvital. Le diagnostic repose sur l’association de signes clinico-biologiques non spécifiques, imposant la recherche cytologiqueou histologique d’hémophagocytose et une enquête étiologiqueexhaustive. Le SAM est observé dans une multitude de situationscliniques (infectiologie, hématologie, cancérologie et maladies sys-témiques), en transplantation, ainsi qu’en réanimation : Si leslymphomes sont des causes classiques de SAM, l’association à unlymphome surrénalien est exceptionnelle et elle n’a été jamais rap-portée.Patients et méthodes.– Nous rapportons l’observation d’une femmede 70 ans chez qui le diagnostic de SAM révélait un lymphome B àgrandes cellules des surrénales.Observation.– Il s’agit d’une femme de 70 ans, connue hypertendueet diabétique qui était admise pour une fièvre prolongée évo-luant depuis deux mois dans un contexte d’altération de l’étatgénéral. L’examen clinique a objectivé une fièvre à 39,6 avecun état hémodynamique stable TA = 12/8. Le bilan biologique amontré une anémie normo chrome normocytaire arégénérativeavec une hémoglobine à 6,8 g/dL, des leucocytes à 4600/mm3 etune thrombopénie à 99 000/mm3. Un syndrome inflammatoirebiologique avec une CRP à 149 mg/L, une VS à 90 mm à H1etune hyperférritinémie à 2749 ng/mL, une hypertriglycéridémie à7,1 mmol/L, des LDH élevées à 1350 U/L. Le bilan hépatique etrénal étaient normaux. Le myélogramme a montré une hémo-phagocytose. Les sérologies virales (EBV, CMV, VIH, ParvovirusB19, hépatites B et C) et bactériennes étaient négatives. Le bilantuberculeux était négatif. Le bilan immunologique était néga-tif avec des AAN négatifs. L’échographie abdominale a montréune hypertrophie bilatérale des surrénales. Le scanner cervico-thoraco-abdomino-pelvien a confirmé l’hypertrophie homogèneet bilatérale des deux surrénales sans adénomégalie sus et sousdiaphragmatique. Une imagerie par résonance magnétique (IRM)était réalisée dans le cadre du bilan d’extension et a montréune importante infiltration tumorale tissulaire homogène desdeux surrénales qui mesurent chacune 6,5 cm. La biopsie scanno-guidée des surrénales a montré un lymphome à grandes cellulesB des surrénales. Le diagnostic d’un SAM associé à un lym-phome B des surrénales était retenu sur des critères cliniques(fièvre), biologiques (une bi cytopénie avec une hyperferritinémie,une hypertriglycéridémie, une augmentation des LDH) et cytolo-giques (hémophagocytose dans la mœlle osseuse). Le traitementa consisté en une corticothérapie à 1 mg/kg par jour et une chi-miothérapie associant trois cures mensuelles de CHOP et une cured’antiCD20 : Rituximab. L’évolution clinico-biologique, après unrecul de six mois, était favorable marquée par la disparition dela fièvre avec reprise de l’appétit et normalisation du bilan bio-logique.Conclusion.– Le SAM est une pathologie grave souvent méconnue,compliquant diverses maladies infectieuses, néoplasiques ou auto-immunes et pouvant compromettre le pronostic vital.L’association SAM et lymphome B est exceptionnel. Un lymphome B

des surrénales doit être recherché en l’absence d’étiologie identifiéeet en dehors de tout contexte d’infection ou de transplantation.

doi:10.1016/j.revmed.2011.03.317