p128 expérience de la gastrojéjunostomie percutanée en un temps chez le nourrisson

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S114 Nutrition clinique et métabolisme 25 (2011) S52–S153 / Cahiers de nutrition et de diététique 46 2011(2011) S52–S153 situations où la chirurgie est récusée. Cependant les difficultés à la pose et les complications rencontrées avec la sonde GJ pédiatrique utilisée par l’équipe nous ont amenés à utiliser un deuxième type de sonde GJ depuis 2009 moins souple et de plus gros calibre. Cette étude a pour but de comparer de façon rétrospective l’utilisation des deux types de sonde GJ, en termes de difficulté à la pose, de complications liées à la sonde et d’efficacité sur le plan nutritionnel. Matériel et Méthodes. La sonde GJ 1 de type pédiatrique Kim- berly-Clark (Ch 16 Fr diamètre interne 1 mm) a été posée chez 29 patients, d’âge moyen 42 mois, entre août 2001 et janvier 2008. Ces enfants constituaient le groupe 1, ils ont bénéficié de la pose de 135 sondes GJ au total. La sonde GJ 2 de type Kimberly-Clark (Ch 16 Fr diamètre interne 2,6 mm) a été posée chez 24 patients, d’âge moyen 27 mois, entre mars 2009 et juin 2011. Ces enfants constituaient le groupe2, ils totalisaient 66 sondes. Résultats. Les difficultés à la pose étaient similaires dans les groupes 1 et 2 (respectivement 41,4 % et 54,2 % ; p = 0,35), ainsi que la longévité moyenne de la sonde (2,9 mois et 3,8 mois, p > 0,05) et le succès à la pose (93,1 % et 95,8 % ; p = 0,26). Les complications mineures imposant un changement de sonde, à type d’obstruction et de migration de la sonde, n’étaient pas différentes dans les 2 groupes, avec une tendance à la diminution avec la sonde 2 (11,8 % d’obstruction avec la sonde 1 pour 6,1 % avec la sonde 2 ; p = 0,20 ; 19,3 % de migration avec la sonde 1 pour 13,6 % avec la sonde 2 ; p = 0,32). Cependant deux cas de perforation digestive sur sonde étaient rapportés avec la sonde 2, dont un suivi de décès, ce qui a remis en cause son utilisation systématique. Le bénéfice nutri- tionnel (variation Z-score P/T entre début et fin de nutrition par sonde GJ : +0,78 et +0,42 dans les groupes 1 et 2) et l’évolution spontanément favorable de la pathologie digestive ont permis à 10 enfants sur 51, après ablation de la sonde GJ, de reprendre une nutrition entérale gastrique. Les autres ont pu bénéficier d’une inter- vention chirurgicale correctrice. Conclusion. La sonde 2 utilisée de façon systématique depuis 2009 par notre équipe est plus facile à manipuler. Elle est moins flexible et de plus gros calibre, cependant sans réduction significa- tive des problèmes d’obstruction et de migration. Les deux cas de perforation jéjunale rapportés avec la sonde 2 chez des enfants de petits poids, nous font recommander de restreindre son utilisation aux enfants de plus de 8 kg. P128 Expérience de la gastrojéjunostomie percutanée en un temps chez le nourrisson Guimber D* 1 , Michaud L 1 , Robert-Dehaut A 1 , Coopman S 1 , Turck D 1 , Gottrand F 1 1 Unité de Gastroentérologie Hépatologie et Nutrition pédiatrique et Centre de référence des anomalies congénitales et malformatives de l’œsophage, hôpital Jeanne-de-Flandre, CHRU de Lille, Lille, France Introduction et but de l’étude. Un reflux gastro – œsophagien (RGO) sévère, une dysmotricité antro-pylorique, des situations ana- tomiques particulières du grêle peuvent empêcher la réalisation d’une nutrition entérale (NE) intra-gastrique. Dans ces circonstances, il faut envisager la réalisation d’une fundoplicature de Nissen, d’une jéjunostomie chirurgicale, ou d’une déconnexion gastrique (Bianchi). La mise en place d’une sonde gastro-jéjunale par l’orifice de gastrostomie est également une alternative, en particulier en cas de contre-indication à une intervention anti reflux, mais cette tech- nique nécessite la préexistence d’une gastrostomie. Le but de cette étude était d’évaluer une nouvelle technique de mise en place de sonde gastrojéjunale en un temps par voie endos- copique. Matériel et Méthodes. Trois nourrissons âgés de 3 à 7 mois (pesant de 4 à 5,4 kg), présentant un RGO sévère ont été sélection- nés pour recevoir une nutrition jéjunale aprés échec de la NE sur sonde nasogastrique. La fundoplicature de Nissen et la déconnexion gastrique étaient contre-indiquées du fait de leurs petits poids ou pour des raisons anatomiques. La pose de la sonde gastro-jéjunale en un temps était réalisée au bloc opératoire sous anesthésie géné- rale. Le matériel utilisé était un kit d’introduction pour gastrostomie percutanée en un temps de charrière 16 french (Fr) et une sonde trans-gastrojéjunale (Mic-Key, Kimberly-Clark). La gastropexie était d’abord réalisée (mise en place de 3 agrafes) puis l’orifice de gastrostomie crée par l’utilisation d’abord d’un trocart permettant le passage d’un fil guide sur lequel glissait un dilatateur de diamètre croissant jusqu’à 16Fr. Un néonatoscope (Olympus N 30, 5,8 mm de diamètre) pouvait ensuite être introduit dans l’orifice de gastros- tomie à travers le dilatateur toujours en place, ce qui permettait de cathétériser le pylore et d’avancer l’endoscope le plus loin possible dans le jéjunum. Un fil-guide était alors introduit par le canal opé- rateur de l’endoscope et laissé en place après le retrait du fibroscope. La sonde trans gastro jéjunale de 15 cm, 16 Fr glissait sur le fil- guide et sa bonne position contrôlée par scopie après opacification. Résultats. Cette sonde a pu être posée chez les 3 enfants sans difficulté technique, la procédure ayant duré de 15 à 20 minutes. La nutrition entérale avait débuté dans les 4 à 6 heures suivant le geste. En parallèle de la NE, l’orifice gastrique de la sonde était utilisé à visée décompréssive pour deux enfants, et pour l’administration des médicaments pour tous pour éviter le risque d’obstruction de la sonde jéjunale par les médicaments. Une fundoplicature de Nissen a ensuite pu être réalisée à 12 et 15 mois chez deux enfants dans de meilleures conditions techniques. Cette sonde est toujours en place chez un enfant à l’âge de 15 mois. Conclusion. Cette première expérience montre la faisabilité de cette technique chez des nourrissons de petits poids. P129 Que deviennent les enfants après sevrage d’une nutrition entérale par gastrostomie ? Revillion M* 1 , Guimber D 1 , Coopman S 1 , Turck D 1 , Gottrand F 1 , Michaud L 1 1 Département de Pédiatrie, Hôpital Jeanne-de-Flandre et Faculté de Médecine, université Lille2, Unité de Gastroentérologie-Hépato- logie et Nutrition et centre de référence des affections congénitales et malformatives de l’œsophage de l’enfant, Lille, France Introduction et but de l’étude. La nutrition entérale (NE) s’est très largement développée durant la dernière décennie comme prin- cipal mode de suppléance de nutrition en pédiatrie. Elle est efficace à court et moyen terme mais peu de données concernent le devenir des enfants après le sevrage. L’objectif principal de cette étude rétrospective transversale était d’évaluer le taux de réussite du sevrage de la NE. L’échec de sevrage était défini par la reprise, même transitoire, d’une NE et/ou

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S114 Nutrition clinique et métabolisme 25 (2011) S52–S153 / Cahiers de nutrition et de diététique 46 2011(2011) S52–S153

situations où la chirurgie est récusée. Cependant les difficultés à la

pose et les complications rencontrées avec la sonde GJ pédiatrique

utilisée par l’équipe nous ont amenés à utiliser un deuxième type de

sonde GJ depuis 2009 moins souple et de plus gros calibre. Cette

étude a pour but de comparer de façon rétrospective l’utilisation des

deux types de sonde GJ, en termes de difficulté à la pose, de

complications liées à la sonde et d’efficacité sur le plan nutritionnel.

Matériel et Méthodes. – La sonde GJ 1 de type pédiatrique Kim-

berly-Clark (Ch 16 Fr diamètre interne 1 mm) a été posée chez

29 patients, d’âge moyen 42 mois, entre août 2001 et janvier 2008.

Ces enfants constituaient le groupe 1, ils ont bénéficié de la pose de

135 sondes GJ au total. La sonde GJ 2 de type Kimberly-Clark

(Ch 16 Fr diamètre interne 2,6 mm) a été posée chez 24 patients,

d’âge moyen 27 mois, entre mars 2009 et juin 2011. Ces enfants

constituaient le groupe2, ils totalisaient 66 sondes.

Résultats. – Les difficultés à la pose étaient similaires dans les

groupes 1 et 2 (respectivement 41,4 % et 54,2 % ; p = 0,35), ainsi

que la longévité moyenne de la sonde (2,9 mois et 3,8 mois,

p > 0,05) et le succès à la pose (93,1 % et 95,8 % ; p = 0,26). Les

complications mineures imposant un changement de sonde, à type

d’obstruction et de migration de la sonde, n’étaient pas différentes

dans les 2 groupes, avec une tendance à la diminution avec la sonde

2 (11,8 % d’obstruction avec la sonde 1 pour 6,1 % avec la sonde 2 ;

p = 0,20 ; 19,3 % de migration avec la sonde 1 pour 13,6 % avec la

sonde 2 ; p = 0,32). Cependant deux cas de perforation digestive sur

sonde étaient rapportés avec la sonde 2, dont un suivi de décès, ce

qui a remis en cause son utilisation systématique. Le bénéfice nutri-

tionnel (variation Z-score P/T entre début et fin de nutrition par

sonde GJ : +0,78 et +0,42 dans les groupes 1 et 2) et l’évolution

spontanément favorable de la pathologie digestive ont permis à

10 enfants sur 51, après ablation de la sonde GJ, de reprendre une

nutrition entérale gastrique. Les autres ont pu bénéficier d’une inter-

vention chirurgicale correctrice.

Conclusion. – La sonde 2 utilisée de façon systématique depuis

2009 par notre équipe est plus facile à manipuler. Elle est moins

flexible et de plus gros calibre, cependant sans réduction significa-

tive des problèmes d’obstruction et de migration. Les deux cas de

perforation jéjunale rapportés avec la sonde 2 chez des enfants de

petits poids, nous font recommander de restreindre son utilisation

aux enfants de plus de 8 kg.

P128Expérience de la gastrojéjunostomie percutanée en un tempschez le nourrissonGuimber D*1, Michaud L1, Robert-Dehaut A1, Coopman S1, Turck D1,

Gottrand F1

1Unité de Gastroentérologie Hépatologie et Nutrition pédiatriqueet Centre de référence des anomalies congénitales et malformativesde l’œsophage, hôpital Jeanne-de-Flandre, CHRU de Lille, Lille,France

Introduction et but de l’étude. – Un reflux gastro – œsophagien

(RGO) sévère, une dysmotricité antro-pylorique, des situations ana-

tomiques particulières du grêle peuvent empêcher la réalisation

d’une nutrition entérale (NE) intra-gastrique. Dans ces circonstances, il

faut envisager la réalisation d’une fundoplicature de Nissen, d’une

jéjunostomie chirurgicale, ou d’une déconnexion gastrique

(Bianchi). La mise en place d’une sonde gastro-jéjunale par l’orifice

de gastrostomie est également une alternative, en particulier en cas

de contre-indication à une intervention anti reflux, mais cette tech-

nique nécessite la préexistence d’une gastrostomie.

Le but de cette étude était d’évaluer une nouvelle technique de

mise en place de sonde gastrojéjunale en un temps par voie endos-

copique.

Matériel et Méthodes. – Trois nourrissons âgés de 3 à 7 mois

(pesant de 4 à 5,4 kg), présentant un RGO sévère ont été sélection-

nés pour recevoir une nutrition jéjunale aprés échec de la NE sur

sonde nasogastrique. La fundoplicature de Nissen et la déconnexion

gastrique étaient contre-indiquées du fait de leurs petits poids ou

pour des raisons anatomiques. La pose de la sonde gastro-jéjunale

en un temps était réalisée au bloc opératoire sous anesthésie géné-

rale. Le matériel utilisé était un kit d’introduction pour gastrostomie

percutanée en un temps de charrière 16 french (Fr) et une sonde

trans-gastrojéjunale (Mic-Key, Kimberly-Clark). La gastropexie

était d’abord réalisée (mise en place de 3 agrafes) puis l’orifice de

gastrostomie crée par l’utilisation d’abord d’un trocart permettant le

passage d’un fil guide sur lequel glissait un dilatateur de diamètre

croissant jusqu’à 16Fr. Un néonatoscope (Olympus N 30, 5,8 mm

de diamètre) pouvait ensuite être introduit dans l’orifice de gastros-

tomie à travers le dilatateur toujours en place, ce qui permettait de

cathétériser le pylore et d’avancer l’endoscope le plus loin possible

dans le jéjunum. Un fil-guide était alors introduit par le canal opé-

rateur de l’endoscope et laissé en place après le retrait du fibroscope.

La sonde trans gastro jéjunale de 15 cm, 16 Fr glissait sur le fil-

guide et sa bonne position contrôlée par scopie après opacification.

Résultats. – Cette sonde a pu être posée chez les 3 enfants sans

difficulté technique, la procédure ayant duré de 15 à 20 minutes. La

nutrition entérale avait débuté dans les 4 à 6 heures suivant le geste.

En parallèle de la NE, l’orifice gastrique de la sonde était utilisé à

visée décompréssive pour deux enfants, et pour l’administration des

médicaments pour tous pour éviter le risque d’obstruction de la

sonde jéjunale par les médicaments. Une fundoplicature de Nissen

a ensuite pu être réalisée à 12 et 15 mois chez deux enfants dans de

meilleures conditions techniques. Cette sonde est toujours en place

chez un enfant à l’âge de 15 mois.

Conclusion. – Cette première expérience montre la faisabilité de

cette technique chez des nourrissons de petits poids.

P129Que deviennent les enfants après sevrage d’une nutrition entérale par gastrostomie ?Revillion M*1, Guimber D1, Coopman S1, Turck D1, Gottrand F1,

Michaud L1

1Département de Pédiatrie, Hôpital Jeanne-de-Flandre et Facultéde Médecine, université Lille2, Unité de Gastroentérologie-Hépato-logie et Nutrition et centre de référence des affections congénitaleset malformatives de l’œsophage de l’enfant, Lille, France

Introduction et but de l’étude. – La nutrition entérale (NE) s’est

très largement développée durant la dernière décennie comme prin-

cipal mode de suppléance de nutrition en pédiatrie. Elle est efficace

à court et moyen terme mais peu de données concernent le devenir

des enfants après le sevrage.

L’objectif principal de cette étude rétrospective transversale était

d’évaluer le taux de réussite du sevrage de la NE. L’échec de

sevrage était défini par la reprise, même transitoire, d’une NE et/ou