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...la guerre, suivie dans ses opérations, né nous apparaît plus que comme l'extermination, par tous les moyens de violence et de ruse, des personnes et des choses, une chasse à l'hom- me perfectionnée et organisée en grand, une variété du cannibalisme et du sacrifice humain. L i guerre pourrait se définir: un état dans le- quel les hommes, rendus àleur naturel bestial, . "'„ recouvrent le droit de se faire tout le mal que la paix a pour but de leur interdire. P.-J. PROUDHON (1809 1865). Mythe, Mystique et Mystification 11 n'y aura d'ordre véritable que lorsque chacun' aura |e droit de maintenir son opinion contre tous. Et jusqu'à ce que ce droit me soit acquis,: je ne reconnais ni préceptes ni axiomes so- ciaux incontestables ; ce qui est vérité, justice, bon sens et probité pour l'un est tout le contraire pour l'autre. Le degré de certitude s'estime, dans ce siècle, à la majorité des inté- rêts, et la majorité des intérêts est inique ! Ernest CŒURDERÔY (1854). QUELQUE PART EN SUISSE Septembre 1943 73

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...la guerre, suivie dans ses opérations, né nous apparaît plus que comme l'extermination, par tous les moyens de violence et de ruse, des personnes et des choses, une chasse à l'hom­me perfectionnée et organisée en grand, une variété du cannibalisme et du sacrifice humain. L i guerre pourrait se définir: un état dans le­quel les hommes, rendus àleur naturel bestial, . "'„ recouvrent le droit de se faire tout le mal que la paix a pour but de leur interdire.

P.-J. PROUDHON (1809 1865).

Mythe, Mystique et Mystification

11 n'y aura d'ordre véritable que lorsque chacun' aura |e droit de maintenir son opinion contre tous. Et jusqu'à ce que ce droit me soit acquis,: je ne reconnais ni préceptes ni axiomes so­ciaux incontestables ; ce qui est vérité, justice, bon sens et probité pour l'un est tout le contraire pour l'autre. Le degré de certitude s'estime, dans ce siècle, à la majorité des inté­rêts, et la majorité des intérêts est inique !

Ernest CŒURDERÔY (1854).

QUELQUE PART EN SUISSE Septembre 1943 73

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A l'époque de l'abolition du servage, en 1861, la Russie n'avait presque pat d'industrie. Tout ce qu'il lui fallait de machines, de rails, de locomotives, d'étoffes de luxe, lui venait de l'Occident. Vingt ans plus tard, elle possédait déjà plus de 85.000 manufactures, et les marchandises sorties de ces manufactures avaient quadruplé de valeur.

Le vieil outillage a été remplacé entièrement. Presque tout l'acier employé aujourd'hui, les trois quarts du fer, les deux tiers du charbon, toutes les locomotives, tous les vagons,tous les rails, presque tous les bateaux à vapeur, sont faits en Russie.

De pays destiné — au dire des économistes — à rester agricole, la Russie est devenue un pays manufacturier. Elle ne demande presque rien à l'Angleterre et fort peu à l'Allemagne*.

Les économistes rendent les douanes responsables de ces faits, mais les produits manufacturés en Russie se vendent au même prix qu'à Londres. Le capital ne con­naissant pas de patrie, les capitalistes allemands et anglais, suivis d'ingénieurs et de contre-maîtres de leurs nations, ont implanté en Russie et en Pologne des manufactures qui rivalisent avec les meilleures manufactures anglaises, par l'excellence des produits. Qu'on abolisse les douanes demain, et les manufactures ne feront qu'y gagner. En ce moment même, les ingénieurs britanniques sont en train de porter le coup de grâce aux importations de draps et de laines de l'Occident: ils montent dans le midi de la Russie d'immenses manufactures de laine, outillées des machines les plus perfectionnées de Brahford, et dans dix ans la Russie n'importera plus que quelques pièces de draps anglais et de laines françaises, comme échantillons.

Pierre KROPOTKINE (1892).

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Mythe, mystique et mystification Depuis que Georges Sorel a défini la grève générale un mythe,

qe mot a été plus d'une fois employé dans les journaux socialistes et syndicalistes. Par mythe on entend une chose imaginaire ou excessivement rare, ou encore un fait réel, mais donnant lieu à exagération, exaltation, parfois même aune sorte de divinisation.

C'est ainsi que la dictature bolcheviste nous a été présentée comme ayant réalisé des choses miraculeuses, alors qu'elle n'a entrepris — comme le Japon en avait déjà fourni l'exemple -r-qu'une industrialisation et une militarisation, propres, d'ailleurs, aux régimes capitalistes. L'élaboration d'un plan, l'emploi de tracr teurs, toute application, activité, fondation d'un pays de 180 mil-lious d'habitants, aux richesses inouïes, étaient l'objet d'amplifica­tions et généralisations ridicules. La douloureuse vérité est que la période d'accumulation primitive, pour employer le langage mar­xiste, aura été réalisée en Russie, avec un régime soi-disant socia­liste, non moins cruellement qu'elle le fut au XIXm* siècle par les pays bourgeois. Le mythe russe eut pour conséquence de fausser l'idée même du socialisme pour le concilier avec l'absolutisme, et de donner lieu à une mystique, autrement dit à un véritable culte de ce mythe, excluant tout examen non apologétique, toute cri­tique, toute opposition. Pis encore, nous avons vu louer pour la Russie tout ce qui continuait et continue à être condamné dans tout autre pays.

Que dire du mythe du fascisme ? Le vaila bien décrié par ceux-là mêmes qui l'avaient le plus encensé au cours d'une vingtaine d'années, malgré ses crimes les plus indéniables et cette espèce de menace qu'il faisait peser sur les autres peuples, se targuant, d'ail­leurs, d'une force qu'il était bien loin de posséder. Son bluff n'en a pas moins réussi, jusqu'au jour où il fut soumis à une sérieuse épreuve. Rappelons qu'il n'était pas rare de rencontrer, ces der­niers temps encore, de pauvres niais vous répétant : « Sans doute, le fascisme s'est trompé en lançant l'Italie dans la guerre, mais il a quand même fait un grand bien à tout le pays I » Aujourd'hui, nous apprenons que, déjà avant la guerre, ce pays si avantagé se trouvait ruiné et connaissait des abus, scandales et voleries sans nombre. Ce mythe du fascisme est désormais bien à terre dans le monde entier, même si en Italie il est encore loin d'être complète­ment déraciné. N'insistons pas et rappelsns seulement eu passant

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que toutes nos affirmations, critiques et accusations le concernant, se sont vu confirmées. La corruption et l'infamie apparaissent même plus graves que nous ne l'avions révélé.

Que dire enfin du mythe naziste? Là aussi, à part quelques timides réserves sur les moyens employés, beaucoup admiraient la véritable résurrection qu'il avait réalisée en Allemagne,sa puissance militaire jugée invincible, sa suppression du chômage moyennant le travail forcé et une fiévreuse préparation à la guerre. Plus en­core que par le fascisme, l'Europe se trouvait pour ainsi dire ter­rorisée par le nazisme, qui devait enfin la réduire à une forteresse allemande, d'ailleurs attaquée parle ciel, si elle ne l'est pas encore par la terre. Le monstrueux rêve naziste de Herrenvolk paraissait déjà près de se réaliser, lorsque les invincibles ont commencé à être vaincus à leur tour. Déjà ceux qui pensaient régner sur l'Eu-rafrique ne parlent plus que de sauver la « liberté » de leur propre pays. Le dieu Hitler est devenu de plus en plus muet et n'a obtenu que de faire toujours plus peser sur l'Allemagne même la menace qu'il a fait à tout peuple voulant garder son indépendance. Et ce sont plusieurs millions d'hommes qui ont déjà été sacrifiés pour un tel résultat ! On n'est jamais si entièrement perdu que par les soi disant sauveurs, auxquels l'humanité s'abandonne follement encore.

Le mythe du chef, du duce, du Fiihrer, du caudilL, du con du cator, etc. s'effondre misérablement, mais, hélas ! les hommes ne seront-ils malgré tout pas tenté d'y revenir ? Tant qu'ils croiront à un maître du ciel, ne croiront ils pas aussi à des maîtres sur terre? L'atavisme servile millénaire nous a conduits jusqu'ici à changer tout au plus de maîtres, non pas à les supprimer. La guerre ne découle en somme que du fait de vouloir devenir maître de quel­qu'un ou de quelque chose. Propriété et autorité en sont les causes, la propriété donnant l'autorité sur les choses, de même que l'au­torité donne la propriété des hommes.

Tout mythe s'accompagne d'une mystique, qui devient pour ceux qui l'entretiennent une mystification, définie ainsi par le dic­tionnaire : « Piège dans lequel on fait tomber un homme ignorant, vain, peureux et crédule ». Et tel est bien l'individu qui cesse d'être lui-même et pour lui-même, et n'est plus qu'un fantoche aux ordres d'un patron qu'il s'égosille à acclamer et qui finit par l'en­voyer à la boucherie

Ni Dieu ni maître ! — proclamait le vieux Blanqui, l'un et l'autre 2

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étant à l'origine même de ta guerre et ayant fait couler des ileuveë de sang. Un maître ne peut être que conquérant et une divinité aussi. Que chacuu soit enfin maître de lui-même et serf de per­sonne ; que tout soii à tous; que l'humanité.ne s'embarrasse plus de divinités, qui, au lieu d'un ange, font d'elle une bête. C'est dans un tel sens qu'est le véritable salut, sans nul besoin de n'im­porte quel sauveur.

Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes...

L'Art et la Guerre. On n'a représenté jusqu'ici la guerre qu'avec les couleurs glo­

rieuses qu'étalaient dans leurs épopées les artistes primitifs, gens des temps héroïques, bardes, statuaires, peintres ! Il s'agit de la peindre telle qu'elle est maintenant sous le soleil qui éclaire la Chine ou la Russie. Le canon peut gVonder demain au bord des fleuves, faucher les hommes aux frontières, vomir la mort 1 II y aura plus de cadavres dans les plaines que de coquelicots dans les blés, et autour d'un foulard de couleur le sang coulera par tor­rents! Eh bien je ne demande, pour la faire maudire, cette idole qui vit de la mort, je ne demande aux artistes contemporains que de la franchise ! Qu'ils ne s'inspirent pas de la légende et de l'é­cole, et ne se jettent pas à travers l'horreur des mensonges de la poésie et des rayons faux de la gloire ! Actualistes impitoyables, qu'ils nous montrent les combats tels qu'ils sont: insensés, horri blés ! qu'ils nous montrent les hôpitaux pleins, les foyers déserts, la patrie vide, le typhus ici, la disette là, la désolation, la ruine !

Je ne leur demande pas de sacrifier rien de leur pensée ou de leur pas<ion I Mais, revenant au point de départ, je dis que peindre vrai, c'est assurer toujours et quand même le triomphe de la vérité. N'allez pas pommader les fleurs, àuréoliser les crânes, décrotter les batailles ! Ne charbonnez pas la mine d.un despote, n'illuminez pas le front d'un vaincu ! Faites ressembler les arbres et les hom­mes ! Il suffira de sentir ici l'odeur froide de l'eau, là le parfum tiède des foins, pour aimer les prairies et les rivières; et à contem­pler les luttes horribles ou les pauvretés lamentables, on sera pris de haine pour ceux qui oppriment et de pitié pour ceux qui souf frent! Vous n'êtes ni le ministère public ni la défense : vous êtes des témoins ! — La vérité, toute la vérité, rien que la vérité !

Jules VALLÈS (1867). 3

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Folie criminelle. On ne compte plus les cas où la littérature et l'éloquence fas­

cistes frisèrent la démence. Personne n'a oublié le disc©urs dans lequel le Duce se félicitait du « carnage » accompli par les ailes italiennes dans le ciel espagnol. Aujourd'hui nous citerons cette perle, tirée de l'Impero du 28 octobre 1925, et que cite Gaetano Salvemini dans son Mussolini diplomate:

... La race romaine et italienne a toujours été et est encore au­jourd'hui la plus riche au monde en types sanguinaires. Notre race inépuisable manifeste une si puissante renaissance spiri­tuelle et physique, qu'elle peut jeter sur le monde autant de types sanguinaires qu'il faudra pour secouer de terreur toutes

: les baveuses démocraties, ignares héroïnes du verbiage et de la diffamation

On sait quelle conclusion tragique les « baveuses démocraties » sont venues donner à cette littérature de cabanon.

EN AFRIQUE DU NORD

Constance des bons procédés André Philip, le commissaire à l'Intérieur du gouverne­

ment Giraud-de Gaulle, nous fournit dans une interview qu'il a accordée à la Gazette de Lausanne du 27 août, d'édifiantes précisions sur le régime de terreur qui fut celui jusqu'à des jours très proches des différents camps d'internement insti­tués en Afrique d.i Nord. Il y stigmatise des abominations dont nons voudrions bien croire qu'elles ont cessé ; mais cela n'est pas très sûr. Voici ce que le socialiste lyonnais a déclaré sur le chapitn: de l à répression. « L'instauration d'une com­mission d'épuration qui a eu pour premier résultat l 'arresta­tion de M. Pucheu, ex-ministre à Vichy, est vivement approu­vée par Washington et Londres et également ici. Certains actes commis ces dernières années réclamaient la justice. Par exemple, nous avons vu des Espagnols sortis récemment des camps de concentration; il y avait parmi eux quelques intellectuels de valeur et, aucun n'avait commis d'autre délit que celui d'êlre réfugié. Ils portaient des traces de châtiments corporels. Les détenus politiques français n'étaient pas moins maltraités ; la justice militaire a déjà réglé le sort des princi-4

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paux coupables, mais il existe encore des responsabilités ana­logues, c'est pour les établir et les juger avec le maximum d'équité que fut créée cette commission. »

Laissons à M. Philip le soin de vouer des apitoiements plus particulièrement distingués aux intellectuels, soucions-nous simplement de l'Homme. Il reste de cette interview, que très récemment encore l'état de chose dénoncé subsistait.

Depuis l'occupation anglo-américaine une intense spécula­tion élait faite de temps à autre, dans la presse de Vichy, sur le sort que connaissaient les internés dans les camps d'Afri­que du Nord. Vu l e idroit où fleurissait une telle littérature, on pensait immanquablement : « Pas çà, ou pas vous ! > Car, selon les choristes vichyssois les pratiques odieuses qu'on flétrissait n'avaient commencé d'être la norme qu'avec l'avè­nement des généraux de Gaulle et Giraud. Des temps bienheu­reux où sévissait le Maréchal, il n'était pas question. Alors, c'était l'âge d'or.

La vérité est que ces jolies mœurs ont été constantes. Les Espagnols dont parle M. Philip pouvaient sans doute témoi­gner que les sévices et les vexations n'étaient pas moindres, quand Daladier ou Paul Reynaud étaient au pouvoir. Les évé­nements ont pu apporter quelqnes mutations dans le grand état-major de la répression, m«is le personnel exécutant, à de rares exceptions près, est demeuré le même.

L'Afrique du Nord a toujours constitué un climat d'élection pour les vocations administratives terroristes. Les tortionnai­res y pullulent. Les Biribis, les < Bat d'Af », les ateliers de tra­vaux publics, les sections dites spéciales y champignonnent. Ces messieurs de l'armée ou de l'administration pénitentiaire qui se sentent des entrailles de < chaouch >, n'ont que l'em­barras du choix pour y faire carrière.

On pourrait supposer que depuis quatre ans, tous ces p ro­fessionnels de la torture et du meurtre ont eu leur saoul de violences et de sang. Les hallalis et les curées ne leur ont pas été marchandés. La qualité et l'origine des victimes n'étaient d'aucune impor t ano . Espagnols, communistes, Juifs gaullis­tes hier, partisans du Maréchal, Italiens aujourd'hui; l'essen­tiel est de taper ferme et de taper toujours.

Les propos que nous tenons peuvent paraître étranges, car l'esprit tchékisle sommeille en beaucoup, chez lesquels on

S

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ne le soupçonnait pas. L'état d'âme de ce bolchéviste gene­vois qui nous disait à propos des gendarmes au lendemain d'un jour où ceux-ci avaient particulièrement rossé ses cama­rades, « ils nous serviront aus^i, un jour » est monnaie cou­rante. On aspire rarement à détruire les geôles, il suffit à l'homme que d'autres y aient pris sa place, sous la gardé de tourmenteurs qui étaient les siens la veille, pour que son pseudo-désir de justice soit satisfait.

Un fasciste français que la répression ordonnée par Geor­ges Mandel en juin 1940, avait mené au camp de Gurs, cite dans un ouvrage qu'il a consacré à son temps de captivité (Charles Lesca : Quand Israël se vengé) la déclaration que lui fit un jour, un co-détenu, notre camarade anarchiste Louis Lecoin, comme il le voyait particulièrement abattu par sa dé­tention :

c Maintenant que vous y êtes passé et que vous savez ce que c'est, j 'espère qie vous ne demanderez jamais plus la prison pour personne. »

C'est sur cette anecdote, hautement significative d'un véri­table esprit libertaire que nous terminerons. A

Vaine répression Les arrestations de Léon Nicole, de son fils Pierre et de Louis

Béchard ne s'expliquent point, à moins de croire que les autori­tés ont voulu s'en défaire pendant la période électorale. Il faut prévoir bien d'autres arrestations au cas de quelques remous po­pulaires dus aux événements internationaux, mais pour le mo­ment c'est le calme plat.

Disons la vérité. Etant donné, d'une part les fameux arrêtés contre la propagande subversive toujours en vigueur, d'autre part, le fait que malgré ces arrêtés la propagande d'imprimés in terdits se poursuit — et elle ne peut être que le fait de ceux qui l'avaient toujours pratiquée —, nous ne songerions même pas à contester l'accusation qui pourrait nous en être faite, crainte aussi bien de renier nos principes, que de reconnaître en quelque sorte que c'est avec raison que la propagande en est interdite, puisque nous-mêmes ne les revendiquons pas hautement. Il y a des finas­series permises à la basoche, mais non aux militants qui se res­pectent. 6

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Il est certain tant que la guerre durera que les interdictions du reront aussi et toutes les motions, pétitions, protestations n'y fe­ront rien. Mieux donc poursuivre sa propagande dans toute la mesure du possible, sans suppliques ni appels aux autorités qui, l'expérience devrait pourtant l'avoir prouvé, restent sans effet. Evidemment, ceux pour lesquels la propagande électorale et les sièges à conquérir sont presque tout, ne peuvent pas se faire à une action qui les exclut. A Oenève pourtant, ils ont déjà eu le pouvoir et auraient dû se convaincre qu'on ne peut en tirer grand'chose.

Rappelons que les mesures restrictives de la liberté, avant d'être décrétées par le Conseil fédéral, le furent par certains can­tons romands avec approbation de la majorité de leur corps élec­toral respectif, et nous ne croyons pas que de telles majorités u'existent plus. Chose étrange que de persister à se placer fur un terrain où l'on est en somme toujours battu, car les rares victoires ne laissent aussi que d'amères déceptions.

Maintenant, comment ne pas constater que toute interdiction est vaine et prévient un mal imaginaire ? Mêu.e lorsque Nicole et ses amis se trouvaient au pouvoir, ils étaient bridés et n'ont pu rien renverser ou transformer. Maintenant, les derniers votes l'ont prouvé, ils ne sont guère majorité et racouvreraient-ils toutes les anciennes libertés qu'il n'y aurait pas grand'chose de changé. C'est d'autant plus inique et bête en même temps de les poursuivre et incarcérer, pour empêcher quoi? Parions que la justice fédérale serait bien embarrassée de nous le dire. Et les maîtres du pays seraient ridicules s'ils en étaient à craindre quelques grandes fêtes populaires, meetings, cortèges, articles de journaux, discours par­lementaires. Tout cela s'est déjà vu et que nous sachions le monde capitaliste n'en a pas moins continué ses affaires.

Assez donc d'arrestations, de procès et de prisons! Les ouvriers dans les usines font preuve u'une grande timidité, non pas en rai­son de « la paix du travail », mais parce qu'ils craignent tout risque et n'osent même pas imposer ce que les autorités bourgeoises fixent comme leurs droits. Ils s'adressent à ces mêmes auto;ités, que d autre part ils bafouent, afin d'obtenir les augmentations qui leur sont dues, sans résultat d'ailleurs. Ce qre peuvent quelques chefs politiques est fort peu de chose, s'ils ne sont suivis qu'aux urnes et si les travailleurs sont incapables d'une action directe propre.

La peur est toujours mauvaise conseillère et c'est la pire des 7

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tactiques que de vouloir inspirer la peur. Il ne devrait plus s'agir d'une agitation da surface, comme l'est toujours celle électorale, mais d'un puissant mouvement d'émancipation se développant dans tous les lieux de travail. Malheureusement pour les socialis­tes, c'est aujourd'hui faire de la surenchère que d'en revenir aux doctrines du socialisme. Pour l'instant, la confusion est ainsi souveraine. L. B.

Ô ô Le roi d'Italie, qui a décidé l'entrée en guerre, voudrait à présent en sortir, chaque jour qui passe ne pouvant qu'aggraver sa situation et la ruine de tout le pays. Mais il est prisonnier des troupes allemandes et doit continuer à user les quelques forces et moyens qui lui restent. Et dire que notre bonne presse romande nous présente encore ce roi comme un grand diplomate, stratège et ami du peuple 1 fjfff Le Parti socialiste vient de voter contre les interdictions du Parti communiste, de la Fédération socialiste et de la Jeunesse so­cialiste qu'il avait en somme approuvées. Il a bien voulu oublier que les groupes anarchistes aussi ont été mis hors la loi, mais nous nous garderons bien de lui en faire un reproche. En effet, si urnifieation il devait y avoir, les anarchistes refuseraient d'en être. Dès lors mieux vaut les ignorer. g f $ Le roi de Bulgarie est mort et plusieurs versions nous sont données sur la cause de son décès, preuve évidente qu'il a dû se produire d'une façon qu'on voudrait bien nous laisser ignorer. Elle nous intéresse, d'ailleurs, médiocrement. Constatons simplement que le métier de roi comporte aussi ses risques. Le duc de Spolète l'a constaté aussi et s'est empressé de déclarer qu'il renonçait à la couronne de Croatie, où il ne s'était, d'ailleurs, pas encore rendu pour la ceindre. Sa peau Ini est pins chère qu'une couronne. ô<Sf Si l'on en croit les communiqués des Alliés, la résistance ita­lienne en Calabre serait presque nulle. Souhaitons qu'il en soit réellement ainsi et n'en faisons pas matière à mauvaise plaisante­rie. Ceux qui refusent de se battre ne sont pas plus lâches que ceux qui obéissent aux ordres des bouchers. Et s'il est permis à des gé­néraux de se rendre avec deux millions d'hommes, sans que leurs étoiles soient ternies, les pauvres diables qui ne sont guère des pro­fessionnels du massacre peuvent bien renoncer à servir de chair à canon. Tout le monde souhaite la paix et elle n'est certes possible qu'en renonçant à poursuivre la guerre. 8

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Bruto... minore De Unamuno (pace all 'anima sua), nella prima seduta del

Parlamento spagnuolo, dopo il licenziamento, con gli onori militari, di Alfonso XIII", rendendosi conto, forse, della commedia che gli antichi servi del re borbonico avrebbero continuato a giocare a[ popolo iberico, uscì col dire : « Siamo contenti come i ragazzi con le scarpe nuove ». Que­ste parole mi tornavano in mente dopo il colpo di scena di Roma con la « caduta » del fascismo, a vedere la gioia negli occhi dei creduloni : « Siamo contenti come i ragazzi con le scarpe nuove ». E poi sqno venute fuori le panzane della stampa benpensante II Journal de Genève, per esempio, è arrivato a vedere in Mussolini C. Giulio Cesare, e in Ciano Marco Bruto, per tirar fuori il detto : « Tu pure, Bruto, fi­glio mio ». E il raffronto calza con la logica di un giornali­sta : Bruto — ch'era Bruto — pugnala Cesare. Cesare —ch'era Cesare — cade sotto i colpi dei congiurati, dicendo : Tu quoque, fili! Il genero di Mussolini non pugnala, ma vota contro il suocero (e forse di concerto) per Crearsi un àlibi e salvare la famiglia. E di fatti, a malgrado le notizie contrad­dittorie delle agenzie giornalistiche (che il fascismo è anco­ra bene al caso di poter pagare, per sviare l'attenzione del popolo italiano), la famiglia Ciano-Mussolini prospera in salute con tutti i gerarchi di prima fila. Né il « nuovo » re­gime è il pin adatto per fare il processo ai « compari » in disgrazia, i quali potrebbero all'occorrenza dimostrare, con documenti alla mano, la complicità della Corona con tutti i suoi annessi e connessi in tutta l'opera del regime delle camicie nere.

Così che mutat's mutandis di cambiato in Italia non c 'è che povera cosa. Nulla di mutato nella situazione creata dal fascismo, sia nella organizzazione interna, sia nella politica estera. Che il « nuove» Governo sia disposto a sacrificare qualche elemento di seconda fila del partito fascista, è am­missibile per continuare a giocare la buona fede del popolo ; che esso Governo possa chiamare al suo servizio elementi del vecchio « caporalume » proletario, con la funzione di pompierismo, nulla di meraviglia; che detto Governo possa accordare grazia a dei condannati antifascisti che nei loro

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atti d'altra parte si distinsero per devozione al vecchio Sta­tuto, è comprensibile, non avendo ormai da quelli nulla da temere. Ma dire che in Italia la situazione è cambiata, che la libertà è ripristinata, che le galere fasciste sono state ab­battute, ce ne vuole della impudenza. Il Governo Badoglio non ha interesse di vuotare gli ergastoli, di metter fuori vindici come Lucetti, che solo il popolo libererà. Il Governo della monarchia non ha interesse di abbattere le organizza­zioni coattive create dal fascismo, alle quali intende solo dare una intonacatura. E in vigore rimangono fin'oggi tutti i trattati, tutti i mercati pattuiti dal regime delle camicie nere, e i tedeschi possono così continuare a sacrificare l'I­talia e il popolo italiano, come era inteso in combutta con Mussolini, mentre la caduta del regime fascista avrebbe dovuto segnare la caduta di tutti i suoi atti.

Dunque i ragazzi con le scarpe nuove hanno finito ancora una volta con l'accorgersi che i governi non danno che cal­zari di piombo, quasi sempre, e che la liberazione rimane opera del popolo.

E ci vengano a parlare di Bruti i signori giornalisti, i quali possono anche sconoscere i versi del leopardiano Bruto minore :

Placar singulti, ornar parole e doni di vii caterva? In peggio precipitano i tempi ; e mal s'affida a putridi nepoti l'onor d'egregie menti e la suprema de' miseri vendetta.

E che vengano ancora a parlare di « Cesare » i turiferari dell'ordine : Mussolini è stato l'eroe del Panera ferravillia-no : « Se lei non sta fermo, come faccio a ferirlo ? »

* * * Un giorno un amico mi portava a leggere un inno da lui

composto, che poi fu stampato e largamente diffuso, il cui ritornello diceva :

Mussolini di Predappio, non avere più speranza, come Gano di Maganza il tuo corpo finirà.

E quella volta non mi sono trovato d'accordo con l'amico 10

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autore. Mussolini, gli ho detto, andrebbe vestito da impera­tore romano, con daga e scudo di cartone, messo su un ron­zinante e fatto stilare sotto l'arco che a lui si fece intitolare. Poi bisognerebbe armare il popolo — che porterebbe con sé gran parte di quello che andava ad applaudire sotto il pal­coscenico di Piazza Venezia — di pomodori fradici e pren­dere il duce a bersaglio fino a farlo soccombere in quella salsa. Perchè la vendetta dovrebbe abbondare di ridicolo, in quanto nella tragedia italiana condotta dalla dillatura dei « nudi alla meta » molto prevalse il ridicolo, in cui è bene debba così affogare quel criminaloide. N. N. d'Alcamo.

A che serve il dogma dell'altra vita. Si vanta continuamente l'utilità del dogma dell'altra vita;

si pretende che, fosse pure una finzione, é profittevole, per­chè soggioga gli uomini e li guida alla virtù. Ma, è proprio vero che quel dogma rende gli uomini più savi e più vir­tuosi? Le nazioni in cui tale finzione è stabilita son desse notevoli pei loro costumi e la loro condotta? Il mondo visi­bile non ha sempre la prevalenza sul mondo invisibile ? Se coloro che sono incaricati d' istruire e di governare gli uo­mini avessero essi stessi sapere e virtù, li governerebbero ben meglio Con delle realtà che con vane chimere ; ma, Cat­tivi, ambiziosi e corrotti, i legislatori han dovunque trovato più comodo d'addormentare le nazioni con delle favole, in­vece d ' insegnar loro delle verità, di sviluppare la loro ra­gione, di eccitarli alla virtù Con motivi sensibili e reali, di governarli in modo ragionevole.

I teologi hanno avuto senza dubbio delle ragioni per fare l'anima immateriale ; avevano bisogno d'anime e di chimere per popolare le regioni immaginarie che hanno scoperte nell'altra vita. Delle anime materiali sarebbero state sogget­te, come ogni corpo, alla dissoluzione. Ora, se gli uomini credessero di perire interamente, i geografi dell'altro mondo perderebbero evidentemente il diritto di guidnre le loro ani­me verso quel soggiorno ignoto; non tirerebbero alcun pro­fitto delle speranze di cui li pascono e delle pene terribili di Cui li minacciano Se l ' immortalità non ha nessun utile reale per il genere umano, ha almeno la più grande utilità per quei che s ' incaricano di condurvelo. Jean MESLIER, curé.

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Nudi alla meta La stampa svizzera, e più specialmente i pennivendoli ro­

mandi, che fino al 25 scorso luglio lustrarono gli stivali al becero predappiese, e ne ssaltarono i gesti e le imprese fallimentari, di colpo hanno cambiato tono ed ogni giorno ci presentano il regi­me tramontato come bestia in putrefazione ed i suoi dirigenti come malfattori. Il tempo è galantuomo! Quanto avevamo sem­pre detto e ripetuto da più di vent'anni trova la sua conferma a maggior vergogna del giornalismo benpensante, reazionario sempre, ipocrita ed opportunista se precipitano gli eventi.

Detto questo, atteniamoci alla cronaca delle informazioni, date dal Corriere della Sera, dalla Stampa, dal Giornale d'Ita­lia, ecc.,cronaca trasmessa dall'Agenzia Telegrafica Svizzera à tutta la stampa elvetica.

Il fascismo ohe doveva moralizzare l'Italia, risanare i costumi politici, elevare la dignità dei singoli, a conti fatti non solo è l'antitesi di tutto ciò, ma ha oltrepassato i limiti dell' immagi­nabile nella frode, nella più sfacciata speculazione, nel brigan­taggio politico. Ed' ecco i nudi alla meta !

Il duce, che viveva alla giornata prima della marcia su Ro­ma, in poco tempo, col sudore della propria fronte... diventa multimilionario, compra castelli e ville, dà milioni di dote alla figlia Edda, moglie al famigerato conte Ciano, fornisce altri mi­lioni alle sue puttane e ai loro ruffiani.

Passiamo ai principali gerarchi. Farinacci, delinquente nato, sottocapo stazione durante l'altra guerra, detto perciò l'imbo­scato Tettoia, viene bombardato avvocato e giornalista e, secon­do il Resto del Carlino, si pappa 60 milioni d'azioni del gior­nale Regime Fascista, compera una ricca villa in Isvizzera ed altri beni immobiliari in Ispagna. Il Messaggero di Roma ci parla d'un Franco Giacomini, diplomatico in Albania a temp© del re Zog, ora ricchissimo ed arrestato per avere accumulato una colossale fortuna, con l'aiuto, per legami di parentela, del maresciallo Cavallero. La stampa badogliana denuncia pure Brandimarte, capo del fascismo torinese, ed uno dei principali autori delle giornate di strage e di devastazione nel dicembre '22 a Torino, quande perdette la vita il compagno Ferrerò. Ora pare sia imprigionato ed i suoi beni sequestrati.

La Commissione d'inchiesta s'occupa pure dell'ex-sindacali-12

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lista Rossoni, che conoscemmo bene come demagogo e parolaio al tempo dell' Internazionale di Parma, grande personalità delle corporazioni fasciste, altro arricchito astronomicamente col suo lavoro ; — di Bottai, uno della prima infornata fascista, gover­natore di Eoma e ministro dell'istruzione pubblica, ricco a mi­lioni e gran proprietario di terreni e case ; — di Starace, ex-segretario del Partito, che si è visto arrestare e sequestrare le ricchezze truffate.

Le inchieste continuano con quella sul patrimonio del conte Ciano e di sua moglie nata Mussolini... e di altri ancora.

Fermiamoci qui, benché potremmo allungare assai la lista. Notiamo invece che, né Badoglio che « continua la guerra », né Vittorino, primo fascista del suo regno, né gli uomini tutti del nuovo governo, non possono avere il coraggio né la mano libera per compiere giustizia. A far tanto ci vogliono gesti e atti che arrivino alla radice del male, ci vuole il risveglio, l'agitazione, l'insurrezione del popolo, altrimenti non si avrà risurrezione né trasformazione. Per riprendere la via dell'emancipazione, si ha prima da far tabula rasa di tutto il passato. Domingo.

Eventi e commenti «S «?• I vescovi tedeschi protestano con santa ragione contro la ferocia di certi bombardamenti. Peccato soltanto che si siano taciuti quando colpirono li Inghilterra e una gran parte d'Euro­pa. Hanno altresì dimenticata la distruzione del santuario cat­tolico di G-uernica ad opera di bombardieri tedeschi, all'epoca della guerra alla Spagna. Il male è male da chiunque commes­so, altrimenti vale il provèrbio : chi la fa, l'aspetti ! E col susse­guirsi di vendette e rappresaglie, non si vede come si potrà mai uscire dal cielo sanguinoso delle barbarie belliche. & & Il Congresso socialista svizzero ha deciso una volta di più di risolvere la questione sociale elettoralmente, parlamentaria­mente e legislativamente, e come per tal modo non si fa altro che assecondare il regno del capitalismo, non si può avere nes­suna speranze per il socialismo, a meno che non intervenga una imprevista azione diretta popolare. La storia dei congressi so­cialisti, esaminata a fondo, può dirsi la storia dei loro progres­sivi rinunciamenti al socialismo, la cui teoria è del tutto tras­curata a favore della pratica borghese,

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tjfc tSSf Si direbbe che la caduta di Mussolini non sia stata altro che una gradita sorpresa. Si fa bensì gran chiasso intorno a mi­sure prese contro qualche gerarca che potrebbero risolversi in nulla senza diretto intervento popolare, ma intanto il fascismo è sempre in tutto l'ordinamento dittatoriale dello Stato, in vista di proseguire quella guerra cui è soprattutto avverso il popolo. E' la prima contraddizione da risolvere urgentemente. • Ï * La Lega del Gottardo pretende di moralizzare tutta la vita pubblica! Quando si pensi ch'essa conta buon numero di partigiani ed ammiratori del fascismo, si può ben chiedere da quali pulpiti si facciano certe prediche. Non si diffiderà mai abbastanza di certi campioni di virtù, specialmente se mirano al potere. L'edificante storia dei « nudi alla meta » ci pare basti. Ô & Un gruppo d'italiani nel Ticino pubblica un manifesto, che raccomanda di non più mandare i figli alle scuole fasciste, anche se il Regio Consolato le mantiene aperte. Eguale racco­mandazione va fatta per tutta la Svizzera. Là dentro si faceva un insegnamento d'imperialismo sbracato, che ha condotto l ' I­talia alla sua maggiore rovina.

ft& UD giornale di Neucbâtel, di quelli che maggiormente predicano la santità della famiglia, commentando le avventure erotiche del Benito dice che non hanno nulla d'eccezionale anche fra semplici mortali! Cosa concluderne, se non che tutte le vir­tuose declamazioni sono pura ipocrisia. E' sempre un colmo il vedere fascisti e fascisteggianti predicare la morale ! «?• S Si dichiara ufficialmente che il tentativo di provocare uno sciopero generale a Roma sarebbe fallito. Tale è la notizia data dai giornali, e forse non è un male Lo sciopero è qualche cosa di passivo, se rimane semplice sciopero e non dà luogo ad un'a­zione propriamente detta. Non si tratta d'incrociare le braccia, ma di farle servire a demolire o costruire alcunché. Sospendere l'attività vecchia sta bene, ma ancor più averne una nuova. 0 f t La Reuter annuncia < he durante il quarto anno di guerra la RAF ha sganciato sulla Germania 96.000 tonnellate di bom­be. Il popolo tedesco può essere grato al suo Fiihrer di tanto re­galo, e non siamo ancora alla fine. Non ci si dice da una parte, l'entità dei danni subiti; d'altra parte la spesa in vite ed in ricchezze che costò all 'Inghilterra tanta gloriosa impresa. Po­teri mostruosi non potevano darci che simili mostruosità. U

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La lezione dei fatti Oramai tutti sono d'accordo con noi che in Italia, non essen­

dosi avuto che una cospirazione di palazzo e non una insurre­zione di piazza, non c'è gran cosa di cambiato. Se si considera che il mito fascista era ben morto all' interno, anche se all'e­stero i peggiori forcaioli continuavano a farlo valere ancora, si può dire che si è allo stesso punto di prima, a parte certe am­missioni sulla delinquenza di Mussolini e de' suoi complici — re non compreso e che spera di salvarsi con l'aiuto anglo-ameri­cano. Una questione si pone quindi : è proprio il popolo italiano impotente ad esercitare un'azione propria ?

Malatesta era specialmente insorto — e con quanta ragione — contro quei che credono in eventi fatali, in corsi e ricorsi storici, in evoluzioni naturali, astraendo dal fattore volontà attiva di singoli e di gruppi. Di fatale non e' è che la morte a scadenza più o meno lontana di tutti gli esseri, ma nei successivi eventi della vita è la volontà degli uomini che conta, ed anche quando un crollo si produce per consunzione interna, quel che ne risul­terà dipenderà dai volenti e non dai nolenti. Mancare di volontà propria conduce a subire la volontà altrui di... deminio e sfrut­tamento, a restare cioè in servitù.

Non e' è dunque da stupirsi di quanto avviene nel bel paese. Il popolo italiano non ha potuto o saputo far prova di volontà, ed ha subito la volontà del Badoglio come già quella del Benito. E qui è bene ricordare tutta la nostra propaganda in favore del principio d'azione diretta e non delegata. Non abituato ad agire per proprio conto, ma ad aspettare che altri faccia per lui, il popolo non sa approfittare di momenti, circostanze e congiun­ture favorevoli, che possono incontrarsi come ripercussione di fatti suscitanti una commozione generale.

Quante volte non ci è stato detto beffardamente : « Ma fatela dunque la vostra rivoluzione ! » — quasi che noi pretendessimo fosse possibile non importa come, dove e quando. Si trattava di prepararvi menti e braccia per non lasciarsi sfuggire le occa­sioni, per evitare che si avessero situazioni rivoluzionarie senza rivoluzionari per servirsene. Tanto è avvenuto una volta di più e non sarà l'ultima, se si eontinua negli errori del passato, non dimenticando che in certi casi l'esitare è tradire, col dar tempo al nemico di riaversi e al popolo di scoraggiarsi.

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Somme ricevute = Sommes reçues Ba : Vito 20, Veechio solito 5, Kameraden 24 — Be : D. R. 20

— Dtirr : A. S. 5 — Gè : Domingo 2, Bia 5, Pascal 5, Eberh 7, Cici 5, C. F. 5, rente 1 — St. G: S abonnés 10, Kameraden 30 — St-I : vente 19.20, G. Jean 11, Baslotto 4.80 — Zu : J. Meyer 6, Pierino 4, Boo 2.60, Luigi 2, Sans 5, Gino 2, vendita 4.40, Da La 1, Beppe 2, Berg 3, Tamb 2, Alb 2, Sav 2, Igino 3.05, Mario 3, vendita 6.15, Adunata 0.70.

Totale entrate al 7 settembre Fr. 228 90 Deficit al 16 agosto Fr. 2618 40 Settantatreesimo opuscolo 190 — Spese postali e varie 15 -r— Totale uscite al 7 settembre ,Fr. 2823 40

Deficit Fr. 2594 50

A CHE PUNTO SIAMO. Si dice che il conte Sforza sarebbe pure contrario ad

una pace che non lasciasse all' Italia le sue frontiere del 1919, ma queste benedette frontiere comprendono slo­veni che si sono battuti, disperatamente non certo per rimanere sotto il dominio italiano. La politica bestiale del fascismo ne ha fatto dei nemici accaniti dell' Italia col sopprimere loro i diritti delle minoranze etniche stipulati dal trattato di Versaglia e con persecuzioni feroci. Una nuova Italia li tratterebbe certamente meglio, ma come è possibile che si neghi loro di rimanere sloveni? Traditi una prima volta, lo potrebbero essere una seconda. E non si tratta, del resto, che d'una fra le minori delle in­numerevoli questioni che sorgeranno con la pace. Tutti gli Stati più o meno pretendono di rappresentare un » Herrenvolk », un popolo di signori cui spettano popoli servi da sottomettere. Invece che ad un'umanità d'eguali, si mira sempre ad un mondo d'oppressi e d'oppressori, che perpetua necessariamente la guerra. Churchill pre­tende salvare il mondo dall'anarchia, invece è da ogni àrchia (comando) che va salvato. E' per comandare al-l'Eurafrica che l'Asse ha scatenato la guerra e non per lasciarla in an-archia (senza comando). 16

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Ma menire io della paura sì lungamente favello, già m sento gridar d'ogni intorno : « Quando fra due ereditari tiranni si combatte, quei tanti e tanti animosi uomini che affrontano per essi la morte, sono eglino guidati dalla paura ovver dall'onore? Risponderò che di questa specie d'onore parlerò a suo luogo ; che anche gli Orientali, popoli sempre servi; i quali a parer nostro non conosco­no onore, e che riputiamo di sì gran lunga inferiori a noi, gli Orientali anch'essi animosiswmamente combattono pe'loro tiranni, e danno per quelli la vita. Ne attribuisco in parte la cagione alla naturale ferocia dell'uomo; al bollore del sangue che nei pericolisi accresce ed accieca; alla vanagloria ed emulazione, per cui nessun uomo vuol parere minore di. un altro ; ai pregiudizi succhiati col latte ; ed in ultimo lo attribuisco, più Che ad ogni altra cosa, alla già tante volte nominata paura Questa terribi­lissima passione, sotto tanti e così diversi aspetti si tras­figura nel cuor dell'uomo, ch'ella vi si può per anco travestire in coraggio. Ed i moderni eserciti nostri, nei quali vengono puniti di moite quelli che fuggono dalla battaglia, ne possono fare ampia fede. Questi nostri eroi tiranneschi, che per pochi bajocchi il giorno vendo­no al tiranno la loro viltà, appresentati dai loro condot­tieri a fronte del nemico, si trovano avere alle spalle i loro propri sergenti con le spade sguainate; e spesso anche delle artiglierie vi si trovano, affinchè, atterriti da tergo, codesti vigliacchi simulino coraggio da fronte. Senza aver molto onore, potranno dunque cotali soldati anteporre uria morte non certa e onorevole ad una infa­me e certissima.

V torio ALFIERI (1749-1803).

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— j'aimais surtout à paraître et main­tenant je me demande comment dispa­raître. J'ai cru en mon étoile et ce n'était Qu'une étoile filante. Chacun tremblait devant moi et à présent chacun tremble de S'être trouvé avec moi. J'en ai en­graissé beaucoup, mais il n'y a guère de reconnaissance des ventres. Tout le monde me louait et aujourd'hui ce n'est plus qu'une condamnation universelle. Les coups sont déjà bien durs, mais d'autres vont suivre. Pour le roi, le pape et tous les privilégiés qui se disaient sauvés par moi, je ne suis plus qu'un grand criminel dont il faut se sauver.

— Prediligevo il comparire ed ora mi domando come scomparire. Ho creduto nella mia stella e non era che una stella cadente. Tremava ognuno davanti a me, ed al presente si trema d'essere stati con me. jWolti sono stati ingrassati da me, ma non esiste riconoscenza dei ventri. Tutto il mondo mi lodava ed oggi l'universo intero mi condanna. I colpi son già ben duri, ma me ne toccheran­no altri. Per il re.il papa e tutti i privilegiati che si dice­vano salvati dà me, non sono più che il maggiore dei delinquenti, dà cui bisogna salvarsi !