no 23 france magazine

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N° 23 • Hiver 2008 Rencontre ALEXANDRE ARCADY MÉDITERRANÉEN AVANT TOUT Victor Vasarely DE L’ART ABSTRAIT À L’ART OPTIQUE Voyage > Jacques Brel TRENTE ANS DE SEPTIÈME CIEL ARLES, UNE VILLE DEUX FOIS MILLÉNAIRE

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France Magazine, le magazine des Français établis hors de France

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N° 23 • Hiver 2008

RencontreALEXANDRE ARCADYMÉDITERRANÉEN AVANT TOUT

Victor VasarelyDE L’ART ABSTRAITÀ L’ART OPTIQUE

Voyage

> Jacques BrelTRENTE ANS DESEPTIÈME CIEL

ARLES, UNE VILLEDEUX FOIS MILLÉNAIRE

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FRANCEMAGAZINE N°23 3 HIVER 2008

«Quand je mourrai, il faudracontinuer parce que le monden'en a pas fini avec la pauvreté

et la misère. » Dans son livre paru cetété, « J'ai 100 ans et je voudraisvous dire », Sœur Emmanuellefaisait cette prédiction.Elle adorait l'Egypte où la languearabe lui avait appris à tutoyer

tout le monde. Chaleureuse, voiremême malicieuse, elle tutoyait en public, comme en privé,les plus grands de ce monde. Cette approche, son franc-parler et son grand âge lui permettaient d'obtenir ce qu'elledésirait pour Asmae, son association*.Elle était sereine face à l'éternité, et impatiente. Elle savaitque le temps lui était compté.Le début de sa vie fut marqué par un cruel événement, quidétermina sa destinée : à 6 ans, elle vit son père adoréemporté par les flots. Au lieu d'en vouloir au monde entier,elle se tourna vers Dieu et c'est auprès de Mère Elvira, sapremière Supérieure française, à Istanbul, qu'elle appris àaimer Dieu et son prochain. Elle trouva là sa véritable voca-tion. C'est plus tard, auprès des chiffonniers du Caire,qu'elle s'épanouit pleinement en aidant les plus déshérités.« Si je n'ai réaliséqu'une partie de monidéal, le temps passéavec mes frères etsœurs chiffonniers,reste, pour moi,comme pour eux, letemps du plus grandamour. »Elle ne cessait de rap-peler que le “Grandpassage” ne lui faisaitpas peur. « C'est le plus beau jour de la vie parce que, enfin,nous allons voir Celui que nous avons tant aimé. Nousallons être face à face avec Lui… »Le 20 octobre dernier, elle a retrouvé les siens, son pèrebien-aimé, sa sœur disparue à Bruxelles dans sa 101e

année, son frère, qui, plus impatient, disparut à 80 ans, etson vieux complice, l'Abbé Pierre.En ces temps incertains, on peut imaginer cette voixgouailleuse, haut perchée, continuant à plaider auprès del'Eternel afin qu'ici-bas, la misère s'atténue et les malheu-reux soient moins nombreux. Elle allait avoir 100 ans le 16novembre et être élevée à la dignité de Grand Croix dansl'Ordre de la Légion d'honneur, en présence du chef del'Etat. Mais Dieu en décida autrement et la rappela à lui.Elle laisse un héritage d'amour et une œuvre humanitaireque vont poursuivre celles et ceux pour lesquels elle fut unmodèle d'altruisme, de dévouement et d'amour.« Que ceux qui m'aiment continuent de le faire à traversmon association. »*Asmae, 26, boulevard de Strasbourg - 75010 ParisTél : 01.44.52.11.90 • soeur-emmanuelle.org

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J’ai 100 anset je voudraisvous dire…Éditeur, Directeur de la Publication, Rédacteur en chef

Serge-Cyril VinetÉditorialiste Bernard DaudierDirecteur de la Communication Victor NahumDirecteur du Comité de Rédaction Bernard DaudierEdito : Bernard DaudierTribune de la Politique internationale : Antoine FrassetoHumanitaire : Jean-François Berger, Nicole GuedjSanté animale : Dounya ReiwaldSanté prévention : Jean-Jacques DescampsCarte blanche : Jacques-Michel TondreÉvasion : Patrick BlaserAffaires : Didier AssandriThéâtre, Escapade : Coralie Masle-CalluHommage : Julie LefebvreSociété : Samira AguerguanJ’aimerais vous dire : Serge-Cyril VinetExposition : Corinne CharlesOp’Art : Véronique BidingerCarnets de voyage : Kathereen AbhervéLe billet : Dany VinetRencontre : Anne-Marie Cattelain-Le DûGastronomie : Jean-Jacques PoutrieuxBridge : Yorick CazalLe mot de la fin : Corinne Braquet-BéjotRégie publicitaire Daedalus Publi FMConception graphique Raphis > 06 62 30 14 53 Imprimerie Weber Color SATirage : 80.000 exemplaires vérifié par attestation notariale

Expatria Cum PatriaAssociation nationale des Français établis hors de France - Loi 1901Président-Fondateur : Serge-Cyril VinetVice-Président : Jean-Jacques PoutrieuxSecrétaire Général : Marie-Thérèse Clausen

N° 23 • Hiver 2008

A Chypre l’espoir renaît . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 04Afghanistan, un tragique héritage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 06Entretien avec Bernard Accoyer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 10Des casques rouges humanitaires à l’ONU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 12Entretien avec Claudine Lepage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 16Symbios La reconstruction …ou le 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 18L’anxiété chez le chien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 24Soigner la dépression par le bigaradier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 26“Les chiens qu’on ne jette pas à l’eau” de Jean Dutourd . . . . . . . . . . . P. 30Humeur & Tradition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 32Le tour du monde des marathons Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 34Le Cercle d’Affaires Franco-Suisse de Zurich . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 40Le théâtre de Coralie Masle-Callu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 42Jacques Brel 30 ans de Septième ciel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 44Jacques Brel “Le plat pays qui n’est plus le mien”. . . . . . . . . . . . . . . . P. 48Le bout du monde aux Marquises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 50Claude Lévi-Strauss La dimension humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 54Simul & Singulis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 58George Nelson De l’architecture au design . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 60Victor Vasarely De l’art abstrait à l’art optique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 64Arles, une ville deux fois millénaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 70Quelle flamme pourrait égaler le rayon de soleil d’un jour d’hiver ?. P. 76Notre Valais de cœur, le capital vert de Suisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 78Alexandre Arcady Méditerranéen avant tout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 82“Une histoire de France” par Alain Minc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 88Question de palais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 90Bridge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 92De la problématique des boîtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 95

ÉditorialSommaire

Bernard Daudier

[email protected]

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FRANCEMAGAZINE N°23 4 HIVER 2008

Les changements politiques sur-venus au début de l’année dansla République de Chypre et la

reprise du dialogue entre les dirigeantsdes deux communautés, grecque etturque, ouvrent de nouveaux espoirs derèglement dans un conflit vieux de prèsd’un demi-siècle. S’il a, jusqu’ici,achoppé sur les enjeux de pouvoirentre les communautés et entre lespuissances de tutelle, Grande-Bretagne, Grèce et Turquie, un telrèglement ne semble plus pouvoir êtredifféré, alors que l’Union Européenne aouvert ses portes à Chypre et engagéavec la Turquie un processusd’adhésion.Après des siècles de turbulences,des occupations incessantes et desdominations successives, dontl’Histoire peine à suivre le fil, l’îled’Aphrodite va-t-elle enfin être ren-due à elle-même et voir ses habi-tants réunis et vivre en paix ? Ancréau large de la Syrie et de l’Anatolie,ce grand vaisseau a été pris àl’abordage, depuis les tempsantiques, par toutes les puissancesqui ont sévi dans cette partie de laMéditerranée. Tour à tour égyptien-ne, phénicienne, assyrienne, perse,romaine, byzantine, arabe, domainedes Templiers, siège du royaumelatin des Lusignan, puis possessionpassagère de Venise qui lèguera à lamémoire des hommes l’un de sesgouverneurs sous les traits duMaure Othello, l’île va tomber pen-dant trois cents ans, jusqu’à la fin duXIXe siècle, sous la férule del’Empire Ottoman. Celui-ci cèdealors la place aux Anglais, tout engardant, pendant encore un demi-siècle, une souveraineté de pureforme. En 1925, Chypre devient unecolonie britannique et elle devra

attendre 1960 pour accéder enfin àl’indépendance.Mais dès sa naissance, le nouvelEtat trahit sa fragilité. D’abord, il esten quelque sorte mis sous tutelle,puisque la Grande-Bretagne, laGrèce et la Turquie, penchées surson berceau, sont désignéescomme “puissances garantes”chargées de veiller sur le sort d’unEtat bi-communautaire où il s’agitde faire respecter un difficile équi-libre entre les deux populationsgrecque et turque qui sont numéri-quement dans un rapport de quatreà un. La constitution du jeune Etat aété élaborée dans ce sens avec unrégime présidentiel où le présidentsera grec et le vice-président turc,et un partage du pouvoir aux diffé-rents niveaux. Très tôt, des diver-gences vont se faire jour surl’application de ce dispositif. Ensous-main, des plans s’échafaudentpour le rattachement de l’île à laGrèce ou à la Turquie. Le nouvel Etata quatre ans à peine qu’il est déjàl’objet de convoitises adverses et lethéâtre d’affrontements entre lescommunautés. Les Turcs se dotentmême, de facto, d’une administra-tion provisoire. Pour rétablir l’ordreet maintenir la paix, une forced’interposition est dépêchée dansl’île par les Nations-Unies et elle nela quittera plus.L’archevêque Makarios, héros de lalutte d’indépendance, porté au pou-voir lors des premières élections etréélu par deux fois, va tenter jus-qu’en 1974 de mener une politiquede conciliation, mais en vain. Il estalors renversé à l’issue d’un coupd’Etat fomenté par la junte au pou-voir à Athènes, qui vise au rattache-ment de Chypre à la Grèce. La

Turquie va réagir aussitôt en sa qua-lité de puissance garante du statu-quo. Elle lance une opération mili-taire qui conduit rapidement àl’occupation des régions revendi-quées par la minorité turque, soitplus d’un tiers de l’île, et à l’exodevers le sud des éléments grecsrefoulés par l’armée. Lourde deconséquences au plan internationalpuisqu’elle provoqua la chute descolonels à Athènes et une vive ten-sion au sein de l’OTAN désertée parla Grèce, l’intervention turque seraressentie durement au sein despopulations chypriotes, avec soncortège de souffrances, de pertesen vies humaines et de dommagesculturels. Surtout, elle va hypothé-quer pour longtemps tout effort deréconciliation entre les communau-tés et de réunification politique.Pour renforcer la minorité turque etconsolider son emprise, Ankaran’hésitera pas à encouragerl’implantation dans la partie turquede colons venus d’Anatolie, unemesure qui forme aujourd’hui,parmi d’autres, un sérieux obstacleà un règlement du conflit. La parti-tion de fait sera consacrée en 1983par la proclamation de la« République Turque de Chypre duNord », un Etat uniquement reconnupar la Turquie et qui reste au ban dela communauté internationale.Occupée militairement, puisque laTurquie y maintient une garnison de40.000 hommes, la RTCN pâtit parailleurs des sanctions économiquesappliquées par l’Europe et par lesEtats-Unis depuis 1974. Très tôt et avec obstination,l’Organisation des Nations-Uniess’est impliquée dans la recherched’une solution à l’imbroglio chyprio-te. Par des missions de bons offices,elle a cherché à favoriser des négo-ciations entre les deux communau-tés en vue d’aboutir à un règlementglobal qui soit juste et durable. Ellea incité les parties à adopter desmesures de conciliation, dont lesplus tangibles ont été l’ouverture en2003 de quatre points de passagesur la ligne de démarcation. Cettemême année, Koffi Annan a pris

A Chyprea a ad b d de é e éeLes changements politiques sur-

venus au début de l’année dansla République de Chyprerer et la

attendre 1960 pour accéder enfin àl’indépendance.Mais dès sa naissance le nouvel

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Chronique de Politique internationale

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FRANCEMAGAZINE N°23 5 HIVER 2008

personnellement le dossier enmains. Il a obtenu des protagonistesqu’ils rouvrent sous son égide lesnégociations. Celles-ci ont abouti àun projet de règlement qui prévoyaitla réunification dans le cadre d’unEtat bi-commmunautaire selon unschéma fédéral de type suisse.Soumis en 2004 à un double réfé-rendum, ce projet a été largementapprouvé (à 65%) par la communau-té turque, tandis qu’il était massive-ment rejeté par les trois-quarts desGrecs. Réticents devant un montageinstitutionnel qui donnait un poidspolitique égal aux deux communau-tés, les Grecs y ont vu une démarchetechnocratique accomplie del’extérieur et dont ils se sont méfiés.Effectué à l’heure même où Chypreallait entrer dans l’UnionEuropéenne, ce rejet aeu pour conséquence delaisser le nord de l’île àla porte de l’Union, augrand dépit de la com-munauté turque quiavait joué les bonsélèves, et au vif embar-ras de la communautéinternationale.Il aura donc falluattendre le début del’année 2008 et la relèvepolitique à Nicosie pourque se lève à nouveaul’espoir d’un dénouement de laquestion chypriote. Espoir encoretimide et aux lendemains incertains,mais qui mérite d’être accueilli avecoptimisme. Le soir même de sonélection, le 24 février 2008,Demetris Christofias, le nouveauPrésident de la République deChypre, reprenait l’un des engage-ments de sa campagne, présentécomme « la vision de toute une vie :aboutir à une juste solution de laquestion de Chypre ». Un mois plustard, il décidait, avec son homologueturc, Mehmet Ali Talat, de rouvrir unnouveau point de passage dans lavieille ville de Nicosie. Cette mesuresymbolique a été suivie très vite parune reprise du dialogue à traversune série de groupes de travail et decomités techniques bi-communau-

taires chargés de préparer lesfutures discussions entre les deuxleaders. Malgré les difficultés et lesdoutes qui jalonnent la route, cesdiscussions “au sommet” se sontouvertes début septembre avecpour objectif d’aboutir à l’été 2009 àun règlement, qui devrait êtreapprouvé par des référendums dis-tincts. Les négociateurs détiennentcette fois de sérieux atouts. D’abord,même si elles sont parrainées parles Nations-Unis qui ont désigné unReprésentant spécial pour lessuivre, les négociations se déroulententre Chypriotes et ne sont pas pilo-tées de l’extérieur. Ensuite, les deuxdirigeants se connaissent bien.Originaires de la même ville du nordde l’île, issus l’un et l’autre de

familles politiques de gauche (leprésident Christofias était secrétai-re général du parti communistechypriote), ils s’estiment et se fontconfiance. Surtout, ils s’appuientsur une opinion qui paraît aujour-d’hui, dans sa majorité, acquise à laréunification. Cette attente estmanifeste dans la communautéturque, qui souffre de l’embargoéconomique imposé par la commu-nauté internationale et aspire àentrer dans l’Union Européenne,comme elle l’a prouvé par son votede 2004. Quant aux Chypriotesgrecs, ils souhaitent eux aussimettre un terme aux épreuvesmatérielles et morales qu’a faitnaître la division du pays. Mais àquel prix et dans quels termes ?C’est là que l’espoir se nuance

d’interrogations et d’inquiétudes. Lepremier obstacle a pourtant étéfranchi : un accord a été trouvé surla forme politique du futur Etat, oùla position des Grecs a prévalu. Ils’agira d’un Etat fédéral bi-commu-nautaire, avec une nationalitéunique, et non pas d’une confédéra-tion à la construction beaucoup pluslâche qu’ont longtemps défendueles représentants turcs. Il reste àrégler le partage et l’équilibre despouvoirs entre les deux communau-tés. Mais il reste surtout à traiterd’autres sujets redoutables, dont lasolution ne dépend pas des seulsChypriotes mais de la puissanceoccupante, c’est-à-dire la Turquie :l’évacuation des quelque 40 000 sol-dats turcs campés au nord et la

démilitarisation de l’île.Plus difficile encore, lesort des milliers de colonsvenus d’Anatolie et instal-lés sur des terres déser-tées par des Grecs qui ontfui vers le sud. Au-delà dela bonne volonté et del’esprit de conciliation quianiment les dirigeantschypriotes, la clé d’unaccord final est donc entreles mains de la Turquie.Celle-ci, engagée résolu-ment dans un processusd’adhésion à l’Union

Européenne, n’ignore pas que lerèglement de la question chyprioteconstitue un point de passage obligédans son parcours européen. Onpeut raisonnablement penser quecet enjeu européenl’emportera auprèsdes dirigeantsd’Ankara sur lesnostalgies nationa-listes qui ont inspi-ré jusqu’ici sa posi-tion sur cette ques-tion. Les prochainsmois seront, à cetégard, décisifs. Ilsdiront si la sagessepolitique prévaudrasur les tensions etles préjugés dupassé. ◆

Chronique de Politique internationale

Antoine Frasseto

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ANCIEN AMBASSADEURDE FRANCE, ANCIEN

CONSUL GÉNRÉRAL DEFRANCE À GENÈVE

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FRANCEMAGAZINE N°23 6 HIVER 2008

Humanitaire

Afghanistanghaniststs atat nnnaatatatsinnaahhgun tragique héritage

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FRANCEMAGAZINE N°23 7 HIVER 2008

Ci-contre :Kaboul, mai

1994. La capitaleafghane est un

champ deruines.

Ci-dessous :Kaboul, octobre

1990. Unemployé du CICR

apporte des nouvelles d’unprisonnier à sa

famille.

Humanitaire

Une zone de passage et de conquêteau cœur de l’Asie centrale, qui a vudéfiler les caravanes de la Route de

la soie, les armées d’Alexandre le Grand,de Gengis Khan et de Tamerlan,l’Afghanistan est une terre qui connaît delongue date la violence et l’instabilité. Plusprès de nous, depuis 1979, le pays a étéravagé par une succession de conflitsdévastateurs.Le peuple afghan endure de terriblesépreuves. Kaboul, la capitale, a été presquetotalement détruite, ainsi que la majeurepartie de ses infrastructures et de son

industrie. Depuis la chute du régime tali-ban en 2001, et surtout au cours des deuxdernières années, le conflit en Afghanistann’a cessé de s’intensifier et de s’étendre.Les civils afghans en sont les premièresvictimes et subissent quotidiennement leseffets de la violence (attentats-suicides,bombardements aériens, insécurité géné-ralisée), parfois exacerbés par des catas-trophes naturelles telles que les inonda-tions, la sécheresse et les tremblementsde terre. L’ampleur des besoins va bien au-delà des chiffres. Ancré dans le pays grâceà un solide réseau d’employés nationaux etd’expatriés, le Comité International de laCroix-Rouge (CICR) est l’un des seulsacteurs humanitaires à avoir maintenu uneprésence ininterrompue en Afghanistan.Sur le plan médical, les soins chirurgicauxet orthopédiques, ainsi que le soutien auxstructures de santé figurent en tête despriorités. Depuis 1988, le CICR fournit desservices d’appareillage et de réadaptationphysique aux personnes handicapées, quece soit aux victimes de mines terestres ouà celles qui souffrent d’une déficiencemotrice. Une fois la réadaptation terminée,des programmes de microcrédit et de prêtssont offerts pour permettre à ces per-sonnes de gagner leur vie et de recouvrerl’autonomie.Le Croissant-Rouge afghan est un parte-naire clé, avec quelque 10.000 volontairesformés pour prodiguer les premierssecours et les soins médicaux dans deszones reculées, notamment dans les 16provinces les plus touchées par la guerre.Les combats provoquent régulièrement >>

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FRANCEMAGAZINE N°23 8 HIVER 2008

Humanitaire

Mazar-i-Sharif,fanvier 1996.

Une victime desmines réapprend

à marcher.

>>

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FRANCEMAGAZINE N°23 9 HIVER 2008

Province deFaryab, mai

2006. Des per-sonnes qui ont

perdu leur logiset leurs biensreçoivent uneassistance du

Croissant-Rougeet du CICR.

Humanitaire

des déplacements de la population civile.Le CICR fournit alors aux déplacés, avec leconcours du Croissant-Rouge afghan, uneassistance d’urgence, composée de vivreset de matériels divers.Régulièrement, le CICR se rend dans lesprisons afghanes pour protéger et aider lespersonnes qui, en raison des conflits suc-cessifs et d’autres situations de violence,ont été arrêtées par les autorités afghaneset d’autres forces armées, telles celles desÉtats-Unis et de l’OTAN. Dans ce cadre, leCICR facilite le contact des détenus avecleurs familles par l’échange de messagesCroix-Rouge, là encore avec l’aide du

Croissant-Rouge afghan.Le temps passe et la situation continue àse dégrader. Pour le peuple afghan, celasignifie davantage de souffrance. Pour lesorganisations humanitaires, les conditionsde travail sont de plus en plus périlleuses,notamment pour le CICR, dont le plusgrand défi consiste à se faire accepter partoutes les parties au conflit comme acteurhumanitaire neutre et indépendant n’ayantqu’un seul but, celui de protéger et d’aidertoutes les victimes du conflit. ◆

JEAN-FRANÇOIS BERGERRÉDACTEUR EN CHEF CICR DU MAGAZINE CROIX-

ROUGE, CROISSANT-ROUGE

Prison de Pul-i-Charki, à

Kaboul, janvier 1992.Des délégués du CICRs’entretiennent avec

les responsablesavant de rendre visite

aux prisonniers.

Kaboul,octobre

1989. Un dispensaire

du Croissant-Rouge

afghan.

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FRANCEMAGAZINE N°23 10 HIVER 2008

> France-Magazine : Vous vousêtes beaucoup impliqué dans laréforme constitutionnelle qui aété adoptée cet été. En quoiétait-elle si nécessaire ?

La révision constitutionnelleapprouvée le 23 juillet dernier par leCongrès est certainement l’une desplus importantes depuis 1958. Lesinstitutions que nous a léguées legénéral de Gaulle, dont nous fêtonscette année le cinquantenaire, ontpermis à la France de se redresseret de répondre aux défis du demi-siècle qui vient de s’écouler. Mais lemonde a changé et les besoins denotre République aussi. Nos pou-voirs avaient besoin d’être rééquili-brés. La Vème République c’estd’abord un esprit, c’est l’idée quenos institutions sont là pour per-mettre au pouvoir politique derépondre aux grands enjeux de son

temps. Et une grande démocratiemoderne, en ce début de XXIèmesiécle, c’est un Parlement plus fort,des citoyens dotés de nouveauxdroits, c’est l’encadrement de cer-tains pouvoirs du Président de larépublique.

> Concrètement, qu’est-ce quecela va changer pour leParlement ?

La réforme place le Parlement, aucentre du jeu démocratique. C’est àcoup sûr le grand gagnant de cerééquilibrage des pouvoirs. Un par-lement plus fort, c’est d’abord unParlement plus responsable. C’estune meilleure organisation desdébats, c’est une plus grande maî-trise de l’ordre du jour, c’est la valo-risation du travail préparatoire descommissions permanentes, c’est lerenouvellement de notre fonction de

Entretien avec…

contrôle et d’évaluation. Ce sontd’importants changements qui nousattendent. Certains sont d’ailleursd’ores et déjà applicables : c’estainsi qu’en septembre dernier, leParlement s’est prononcé surl’envoi de nos soldats enAfghanistan.

> Ne pensez-vous pas que leParlement français souffreavant tout d’un problèmed’image ?

C’est certain. Pour beaucoup deFrançais, le Parlement est une insti-tution brouillonne et peu efficace, cesont des lois adoptées dans unhémicycle peu rempli, c’est le brou-haha des questions au gouverne-ment, c’est le jeu caricatural del’obstruction parlementaire. Etpourtant, je puis vous l’assurer, lesparlementaires travaillent ; ils

BernardaBernrnr ardrdrdrdrrannrnrreBAccoyer

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FRANCEMAGAZINE N°23 11 HIVER 2008

consacrent une énergie considé-rable à l’exercice de leur mandat.Mais cela est insuffisamment perçupar les Français. C’est pourquoinous devons d’urgence changer nosméthodes de travail, les moderni-ser, les rendre plus efficaces et plusclaires. Les Français doivent mieuxsavoir comment travaillent ceuxqu’ils ont élus et qui les représen-tent.

> Cela implique-t-il une réformeglobale du Règlement del’Assemblée nationale ?

Bien sûr. Et cette réforme serad’autant mieux préparée et d’autantplus efficace qu’elle rassemblera leplus de députés possibles. C’estl’intérêt de tous, la réforme de notrerèglement est un grand enjeu quidépasse les clivages partisans.C’est dans cet esprit que j’ai consti-tué un groupe de travail pluralisteréunissant l’ensemble des ten-dances politiques de l’Assemblée.J’espère parvenir au consensus leplus large. Organisation de la séan-ce publique, valorisation du travaildes commissions, droits desgroupes parlementaires et préroga-tives spécifiques accordées àl’opposition, mise en œuvre du droitd’amendement, vote de résolutions,absentéisme…, les sujets sont nom-breux et importants. Mais je suisconfiant dans la capacité des dépu-tés de doter notre institution del’organisation moderne qu’ellemérite.

> Le 25 septembre dernier,Nicolas Sarkozy a donné le coupd’envoi de la réforme descollectivités locales en souhaitant « poser la questiondes échelons de collectivitéslocales dont le nombre etl’enchevêtrement des compétences est une sourced’inefficacité et de dépenses supplémentaires », pensez-vous que cette réforme aboutira ?

Je le souhaite. Cet effort de ratio-nalisation de nos structures admi-nistratives territoriales doit nous

permettre de rendre l’actionpublique plus lisible pour nosconcitoyens et moins coûteusepour le contribuable. Cette réformedu mille-feuille administratif n’aque trop attendu et il faut mainte-nant la conduire.

> Les associations d’élus craignent de ne pas être suffi-samment associées lors del’élaboration de cette réforme.Quelle est selon vous la« bonne » méthode ?

Sur un sujet aussi important, quiconditionne à la fois l’administrationde nos territoires et la vie politiquelocale, il faut là encore mener laréforme dans un esprit de rassem-blement. C’est la condition de sonsuccès. C’est pour cela qu’il m’asemblé très important que des par-lementaires de la majorité et del’opposition soient présents au seinde la commission présidé parEdouard Balladur, dont les recom-mandations serviront de base à laréforme. Tous les acteurs concer-nés doivent être associés, chaquesensibilité doit être entendue.

> Faut-il, comme certains le préconisent, supprimerles départements ?

Je n’y suis pas favorable. Il fautentrer dans ce débat sans a prio-ri, sans tabou, mais aussi sansdogmatisme et avec pru-dence. Si laméthode doitêtre pragma-tique, la réfor-me devral’être aussi.C’est le sensdes propo-s i t i o n sfaites par

la Commission des Lois del’Assemblée, présidée par Jean-LucWarsmann et dont le rapport, rédigépar des députés de tous bords, a étéadopté à l’unanimité : des mesuresinnovantes et adaptées à la spécifi-cité de chaque territoire.

> La Constitution révisée prévoitl’élection de députés représen-tant les Français établis hors deFrance. Comment cela se fera-t-il concrètement ?

C’est une avancée démocratique :désormais les Français installés àl’étrangers seront représentés àl’Assemblée nationale. Le nombrede ces députés reste à déterminer. Ilest en tout état de cause indispen-sable que le mode d’élection desdéputés représentant les Françaisde l’étranger soit le même que celuides autres députés, c’est-à-dire lescrutin majoritaire à deux tours.L’élection interviendrait à l’intérieurde grandes circonscriptions regrou-pant plusieurs pays par régions dumonde. Ainsi, nos compatriotes ins-

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député les repré-sentant àl ’ A s s e m b l é enationale ; ilspourront avoir unlien direct avec lui,

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M °23 H 2008

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FRANCEMAGAZINE N°23 12 HIVER 2008

Humanitaire

NICOLE GUEDJ, ANCIEN SECRÉTAIRE D’ETAT AUX DROITS DES VICTIMES ETACTUEL CONSEILLER D’ETAT, A CRÉÉ EN 2006 SA PROPRE FONDATION* POURFACILITER L’ACTION HUMANITAIRE DES ONG ET DES AGENCES ONUSIENNES SURLE TERRAIN. AVEC SON PROJET DE « CASQUES ROUGES », ELLE PLAIDE POUR LAMISE EN PLACE D’UN NOUVEAU MODE DE GOUVERNANCE HUMANITAIRE.

Nicole Guedj

Des Casques Rougeshumanitaires

à l’ONU

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FRANCEMAGAZINE N°23 13 HIVER 2008

Humanitaire

> Nicole Guedj, pourriez-vous nous rappeler votre parcours ?

J’ai commencé ma carrière d’avocat spé-cialisé dans la défense des droits del’homme. Très vite, des comités de famillesm’ont mandatée pour rechercher desotages en Amérique du Sud et en Turquie.C’est ainsi que je me suis retrouvée à 25ans, en Uruguay, pour retrouver Mario Tetiqui avait été enlevé par la junte militaire. Apriori, mission impossible.Après de multiples tentatives,j’ai enfin réussi à le rencon-trer en prison et, quelquesmois plus tard, il a été libéré.Cette expérience a définitive-ment marqué ma vie etdepuis, je suis convaincuequ’avec de l’obstination et dela force de conviction, toutreste possible.

> Expliquez-nous ce quivous a conduit à la politique ?

Pour moi, la politique est unlevier. J’ai toujours étéinvestie dans des projets humanistes et sociauxd’ampleur et j’ai compris quela politique pourrait être unevoie permettant de mener cesprojets à terme. C’est lepragmatisme qui guide monaction et je m’attache juste-ment à agir en politique pourdévelopper des solutionsconcrètes au service des vic-times. Lorsque j’étais au gou-vernement, j’ai instauré enFrance l’Alerte Enlèvementpour rechercher les enfantsdisparus. Cet outil a déjà per-mis de sauver la vie de cinqenfants. J’ai également misen place le numéro de téléphone uniqued’aide aux victimes, 08VICTIMES, destiné àaccompagner, écouter et informer de leursdroits les victimes de tous les accidents dela vie. Je suis convaincue de la nécessitéd’utiliser les nouvelles technologies et, àma sortie du gouvernement, le Présidentde la République m’a confié une missionsur l’adaptation de ces technologies inno-vantes aux besoins de l’action humanitaire.

> Comment appréhendez-vous l’actionhumanitaire ?

Je plaide pour une action humanitairecoordonnée et pensée de manière globaleau niveau international. En 2004, alorsSecrétaire d’Etat aux droits des victimes,j’ai été en charge de la gestion des victimesfrançaises du Tsunami. A cette époque, sij’ai pu apprécier les efforts et la bonnevolonté de toutes les équipes de secours,

force était de constater queleur action pêchait parmanque d’anticipation etdonc d’organisation. C’estpourquoi j’ai convaincu lePrésident Chirac de propo-ser, au nom de la France, àKofi Annan, un projet que jedéfends depuis plus de dixans. Ce projet, c’est celui des« Casques Rouges » consis-tant en la mise en placed’une force internationalehumanitaire de réactionrapide, placée sous l’égidede l’ONU, pour coordonnerl’action des Organisationsgouvernementales et non-gouvernementales, dansl’urgence, à la suite del’avènement d’une catas-trophe majeure. L’ancienSecrétaire Général de l’ONUen a accepté le principe et jetravaille actuellement, dansle cadre de ma fondation, àmobiliser l’ensemble desdécideurs mondiaux autourde cette résolution.

> Pourquoi souhaitez-vousconfier les CasquesRouges aux NationsUnies ?

Je vous ai expliqué qu’à monsens, l’organisation des secours devait êtreenvisagée à l’échelle internationale. Or, quimieux que les Nations Unies pourraientavoir la légitimité de manager l’ensembledes équipes de secours, sans distinction,dans des situations d’urgence, pour éviterles déperditions humaines et matériellesdues à la confusion et à la précipitation.Par ailleurs, nous avons vu récemmentavec le cyclone Nargis en Birmanie, que >>

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FRANCEMAGAZINE N°23 14 HIVER 2008

seule l’ONU a toute la légitimité pour inter-venir sur n’importe quel théâtre de crise,sans que ses intentions, exclusivementhumanitaires, ne soit remises en cause. Eneffet, alors que pendant plus de troissemaines la junte à refusé l’arrivéed’acteurs internationaux sur son territoirepour venir en aide aux populations sinis-trées, elle a finalement accepté de discuteravec un seul interlocuteur : Ban Ki-Moon.

> Comment avez-vous imaginé le fonc-tionnement de ces Casques Rouges ?

Je préconise tout d’abord la création d’unEtat major renforcé, sur le modèle del’OCHA**, pour pré-identifier l’ensembledes acteurs humanitaires, mutualiser lesmoyens existants et centraliser toutes lesdonnées météorologiques, sismiques,sociologiques… permettant de mieux anti-ciper les catastrophes et d’y préparer, enamont, des réponses systématisées, adap-tées à chaque situation. L’action de cetétat-major sera relayée par des centresrégionaux, présents sur chaque continent,qui auront une parfaite connaissance de laconfiguration du terrain et qui seront àmême de dispenser des formations auxéquipes locales. Enfin, les Casques Rougesdisposeront d’une force d’intervention opé-rationnelle, composée d’experts de l’actionhumanitaire. Des médecins, logisticiens,urgentistes, ingénieurs… seront regroupés,le temps de la catastrophe, sous une seuleet même bannière humanitaire, pour orga-niser les opérations de secours, dès lespremières heures de la crise. Il ne s’agitpas, bien entendu, de remplacer les ONGou de remettre en cause leur indépendan-ce. Au contraire, les Casques Rougess’attacheront à faciliter leur action, en lesorientant et en leur mettant à dispositiondes outils technologiques permettant derenforcer leurs capacités d’intervention.

> Lors du Sommet des Chefs d’Etat pourla Méditerranée du 13 juillet dernier,vous avez proposé la création deCasques Rouges de la Méditerranée.Est-ce que cette région souffre d’undéficit en matière d’actionhumanitaire ?

Je crois que le bassin méditerranéen seraitun parfait théâtre d’expérimentation duprojet onusien des Casques Rouges. La

région méditerranéenne est régulièrementfrappée par des incendies, tempêtes, inon-dations ou encore tremblements de terre.Dépourvus de moyens logistiques ethumains suffisants, les pays du pourtourméditerranéen ne sont pas toujours enmesure de faire face aux conséquencesengendrées par des catastrophesmajeures. Ils sont souvent contraintsd’attendre l’arrivée de secours lointains,pour procéder à un sauvetage efficace desvictimes. Dans le cadre de l’Union pour laMéditerranée, je crois pertinent d’accorderune attention particulière à la gestion deces crises, en mettant en place une straté-

Humanitaire

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FRANCEMAGAZINE N°23 15 HIVER 2008

gie globale de protection de la zone médi-terranéenne, prenant en compte à la fois ladimension « protection du territoire » etl’aspect « secours et assistance aux vic-times ». J’ai donc travaillé à la conceptionde cette proposition avec la Mission Unionpour la Méditerranée de la Présidence dela République française et la création deCasques Rouges de la Méditerranée a étéprésentée, par la France, au titre des pro-jets non-étatiques, à tous les Chefs d’Etatde la région. Nous pensons actuellementau développement effectif de ce projet enconcertation avec toutes les parties pre-nantes de la région.

> En dehors des Casques Rouges, quelssont les projets de votre fondation ?

La Fondation Casques Rouges a deux voca-tions : accompagner le processus deréflexion autour de la création des CasquesRouges et mettre à disposition des acteursde terrain des outils technologiques inno-vants que nous conceptualisons, à chaquereprise, avec des entreprises privées et desinstitutions publiques. C’est ainsi que nousavons mis en place Emergesat, avec ThalesAlenia Space et le CNES (Centre Nationald’Etudes Spatiales). Il s’agit d’un conteneurhumanitaire qui permet de rétablir lescommunications et d’échanger des don-nées par satellites. Emergesat est unesorte de « kit humanitaire » qui transporteà la fois des outils de communication, detraitement de l’eau et de télémédecine.Nous avons procédé à sa première expéri-mentation, l’année dernière, dans l’Est duTchad, dans les camps de réfugiés darfou-ris, en partenariat avec le HautCommissariat des Nations Unies pour lesRéfugiés. Un autre conteneur, entièrementmédicalisé, est actuellement utilisé par leSAMU social de Guyane. Et nous allons livrer, dans les prochains jours, un autreexemplaire d’Emergesat à la cellule decrise du Quai d’Orsay qui le projettera dansles premières 48 heures d’une catastrophe.Désormais, nous travaillons à la réalisationd’un gilet de sauvetage permettant de géo-localiser les humanitaires évoluant dansun milieu hostile, à la mise en ligne d’unsite Internet pour rechercher les per-sonnes disparues après une catastrophemais aussi au développement d’outils inno-vants de traitement de l’eau et à la concep-tion de nouveaux produits humanitairesd’urgence. Concernant la problématiquede l’eau, nous allons mener, à la fin del’année, en Haïti, une expérimentation d’unnouveau « kit de traitement de l’eau », per-mettant de couvrir toutes les étapes de lapotabilisation de l’eau, de son prélèvementà sa distribution. Grâce à des micros-tablettes, facilement utilisables, ce kit per-mettra de produire plus de 100 000 litresd’eau par jour. Les projets ne manquentpas et nous sommes pleinement mobilisésautour de leur réalisation concrète. ◆

*Association de préfiguration de la Fondation Casques Rouges. **Bureau de l’ONU en charge de la Coordination de l’Action Humanitaire

Humanitaire

Plus d’informations : www.casques-rouges.org

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FRANCEMAGAZINE N°23 16 HIVER 2008

> France Magazine : A chaud, vos premières impressions.

Claudine Lepage : Des impressions mul-tiples, parfois déroutantes, liées à l’électionelle-même qui fait suite a une campagne deplus d'un an, liées au départ de Munich oùj'ai passé un grande partie de ma vied'adulte, au retour à Paris « heureux quicomme Ulysse... » et puis, surtout, liées àmes premiers pas au Sénat, une honorablemaison dont le fonctionnement n'est pasimmédiatement transparent aux novices.

> Vous étiez jusqu'alors Directrice descours de Langues et des Programmesde Formation continue dans un Institutprivé à Munich. On l'aura compris,votre intérêt pour l'EducationNationale, l'accès à une scolarité de qualité revêt à vos yeux une importance capitale. Quels sont les

souhaits que vous aimeriez formuleret quels sont les projets qui vous tiennent à cœur pour, dites-vous, êtreun préalable à une expatriation réussie ?

Le préalable à une expatriation réussie estune bonne préparation : apprendre lalangue du pays et s'initier aux particulari-tés culturelles, avoir un emploi - ou tout aumoins connaître les spécificités du marchédu travail local - et, si l'on s'expatrie avecsa famille, s'informer sur les possibilitésd'emploi pour le conjoint, sur la scolaritépour les enfants. C'est le minimum àaccomplir pour ne pas rencontrer d'échec.

> Sensible à l'action sociale, vous aimeriez permettre à tous nos concitoyens expatriés un accès auxsoins, une couverture maladie et uneassurance retraite. Les prestations de

Entretien avec…

MADAME CLAUDINE LEPAGE, LA BOUCLE EST BOUCLÉE.VOUS AVEZ VU LE JOUR À PARIS, AUX ABORDS DES ANNÉES 50.APRÈS DES ÉTUDES UNIVERSITAIRES À PARIS III ET PARIS IV,VOUS VOUS ÊTES EXPATRIÉE VERS MUNICH.ELUE DEPUIS 1991 AU CSFE PUIS À L'ASSEMBLÉE DESFRANÇAIS DE L'ETRANGER, VOUS ÊTES CHOISIE PAR LE GROUPE ADFE, POUR REPRÉSENTER LA GAUCHE AUXSÉNATORIALES DU 21 SEPTEMBRE DERNIER.BRILLAMMENT ÉLUE, VOUS REJOIGNEZ EN TANT QUESÉNATRICE VOTRE COLLÈGUE MONIQUE CERISIER BEN GUIGAET, DE CE FAIT, RETROUVEZ VOTRE VILLE NATALE EN SIÈGEANTPOUR LA PREMIÈRE FOIS DANS LA HAUTE ASSEMBLÉE.

ClaudineCCClaauuddinneeedua ennidualCLepageSÉNATRICE DES FRANÇAIS ETABLIS HORS DE FRANCE

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FRANCEMAGAZINE N°23 17 HIVER 2008

la Caisse des Français de l'Etranger souffrent-elles d'améliorations. Si oui, lesquelles ? La crise financière etéconomique que nous subissonsaujourd'hui, ne va-t-elle pas laminervos espoirs et ne craignez-vous pasvous entendre rétorquer auxdemandes d'améliorations, contrainebudgétaire ?

La CFE devrait pouvoir améliorer ses pres-tations pour être tout a fait compétitive parrapport aux autres caisses d'assurancessans mettre en péril son équilibre budgé-taire.Vous parlez de contraintes budgétaires ?un euphémisme si l'on songe que les bud-gets sociaux du Ministère des Affairesétrangères devraient baisser de façonsignificative d'ici à 2010 et passer de 17 à11 millions d'euros ! C'est bien un choixpolitique que je ne partage pas !

> Le Président de la République, NicolasSarkozy, vient récemment de définirun nouveau train de réformes soumises au Parlement dans le courant de l'année 2009. S'agissant dela décentralisation, une réforme des collectivités locales est à l'ordre dujour. Pensez-vous que cela concernel'AFE et ses Conseillers élus ? Quelsrôles leur attribueriez-vous dans lesprochaines années et sous quelleégide ? Est-il déraisonnabled'envisager une Assemblée à voixdélibérative et ayant latitude d'élireelle-même son propre président ?Toujours dans le cadre de la refonte dela décentralisation, est-il possibled'aborder l'hypothèse qu'un conseillergénéral et un conseiller régional nedevenant plus qu'un, le conseiller AFEentre dans le cadre de cette réformeet se voit attribuer le statut deconseiller territorial avec les mêmesdevoirs et prérogatives que le premiernommé ?

Il serait souhaitable que les propositionsdu rapport final de la Commission de ladécentralisation de l'AFE appliquée auxFrançais de l'étranger soient reprises àl'occasion de la future réforme des collec-tivités locales. J'appelle de mes vœux la

transformation de l'AFE en une véritablecollectivité publique ayant voix délibérative,une autonomie de budget et un présidentélu. Les Conseillers élus à l'AFE seraientalors des élus locaux comme leurs col-lègues de France.

> Quelles sont vos visions sur l'Europe ?

L'Europe doit être plus visible, plus prochedes citoyens. Elle doit les mobiliser sur desgrands projets qui forgeraient leur identitéeuropéenne et les rendraient conscients etfiers d'être européens. Je suis favorable àla pérennisation des services publics pourgarantir les objectifs d'intérêt général.L'emploi, la formation et la recherche quisont porteurs d'avenir doivent faire l'objetde politiques communes volontaristes.Au-delà de nos frontières, l'Europe doitdéfendre nos valeurs dans le monde,notamment en portant une politiqued'immigration axée sur la solidarité.L'Europe enfin doit être plus démocratique,plus transparente à la fois dans ses institu-tions comme dans son fonctionnement.

> L'ensemble du continent africain nousinterpelle. Comment appréhendez-vous notre coopération avec le sud etnotamment dans le cadre de l’Unionpour la Méditerranée ? Quelles sontles priorités auxquelles vous aimeriez souscrire sans réticences ?

Je crois vraiment qu'il faut penser le déve-loppement autrement : faire de la coopéra-tion pour le développement une des priori-tés de la politique étrangère de la France,encourager la coopération décentralisée etdévelopper le micro-crédit, notamment endirection des femmes, pour créer des “TrèsPetites Entreprises”.Il faut faire ce que l'on affirme et l'objectifaffiché de 0,7% du PIB en direction del'aide au développement doit être respecté,il faudrait d'ailleurs y ajouter de nouvellessources de financement comme la taxationdes mouvements spéculatifs de capitaux etdu commerce des armes.Je suis convaincue qu'il faut penser nosrelations avec le Sud en termes de progrèsdurable et de partage impliquant respectmutuel et reconnaissance de l'apport dechacun. ◆

Entretien avec…

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FRANCEMAGAZINE N°23 18 HIVER 2008

Médecine

Créée en 1989 sur une idée originale– prothèse de hanche sur mesure -par Jean Plé, aidé du Pr Jean-

Manuel Aubaniac de Marseille et JacquesEssinger, SYMBIOS Orthopédie SA est unesociété active dans la recherche, laconception, la fabrication et la distributionde systèmes de hanche et de genou origi-naux adaptés aux besoins de la chirurgiemoderne.

> Pourquoi met-on des prothèses auxgens ? Qu’est ce que l’arthrose ?Quelles sont les autres pathologies ?

Le patient qui a besoin d'une prothèse tota-le de hanche voit sa qualité de vie quoti-dienne extrêmement perturbée. Il ressentdes douleurs généralement localiséesdans le pli de l'aine. Ces douleurs provien-

nent principalement de l’arthrose qui estune maladie due à l’usure précoce du car-tilage. Elle peut toucher toutes les articu-lations (genoux, hanches, doigts). C’est unemaladie chronique qui évolue lentement.La dégradation du cartilage peut être anté-rieure aux douleurs.L’arthrose touche plus souvent les femmesque les hommes. Mais à un âge plus avan-

cé, la maladie se manifeste aussi bienchez les hommes que chez les

femmes. Le risque augmente aussiavec l’âge.Il existe d’autres pathologies quipeuvent conduire à la pose d’uneprothèse : fractures, arthrite,ostéonécrose, dysmorphies telles

que dysplasies, luxations congéni-tales, post osteotomies, post trauma-

tismes…

SymbiosLa reconstruction…ou le 3D

SYMBIOS EST UNE SOCIÉTÉ EUROPÉENNE,INDÉPENDANTE. ELLE S’ATTACHE À DONNERAU CHIRURGIEN DES SOLUTIONS POUR LEBIEN-ÊTRE DE SES PATIENTS AYANT BESOIND’UNE PROTHÈSE DE HANCHE OU DE GENOU.

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FRANCEMAGAZINE N°23 19 HIVER 2008

Médecine

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> Quand met-on une prothèse dehanche ?

Il existe plusieurs situations qui requièrentla mise en place d'une prothèse de hanche.1 • Cas simple ou cas le plusfréquentLe patient souffre d'une arthrose,mais l'anatomie de son bassin et deson fémur sont normales. Il n'a passubi d'intervention chirurgicaleantérieure sur sa hanche ou sonbassin.2 • Cas complexeCeci peut être dû à une difformité congéni-tale (dysplasie ou luxation congénitale) ouà une modification du fémur ou du bassinau cours de la vie du patient (fracture,intervention chirurgicale précédente).3 • Changement de prothèse de hancheIntervention chirurgicale souvent complexeet invalidante pour le patient. Le chirurgiendoit changer les implants déjà en place. Letaux de complications est élevé. Toutdevrait être entrepris à la première opéra-tion pour ne pas être obligé de réopérer.

> Comment choisit-on son chirurgien ?

Face à la gêne occasionnée par une dou-leur grandissante, le patient va décider deconsulter un médecin qui l’enverra voir unchirurgien. En proposant une opération deprothèse de hanche, le chirurgien passe uncontrat moral avec son patient sur lesrésultats attendus. Il est très probable quele patient n'aura plus aucune douleuraprès l'intervention chirurgicale et qu’ilpourra reprendre des activités normales.

> Y a-t-il des complications post-opératoires ?

La mise en place d'une prothèse représen-te une intervention importante sur le corpsdu patient. Les complications les plus fré-quentes sont l’usure, le descellementaseptique et la luxation récidivante. Ellespeuvent être également la phlébite,l’infection, l’inégalité de longueur dejambe, lésion nerveuse. La liste n’est pasexhaustive.Toute opération comporte un risque. Celui-ci diffère en fonction de l'âge et de la sévé-rité de la pathologie. L'état de santé decertains patients peut aussi contribuer àaugmenter le risque de complications

(hypertension artérielle, diabète, affectionsrespiratoires – allergies -, ostéoporose,tabagisme, alcool… Le chirurgien expose àson patient les complications possibles.Souvent, il les aborde par ordre de gravité.Ces complications peuvent survenir soittrès rapidement après l'opération, soit unefois la prothèse en place depuis un certaintemps. Le taux de complications, bien quefaible, ne peut être égal à 0.

LES PROTHESES SYMBIOS

Prothèses de hanche sur mesure CUSTOMSymbios a développé une technologie per-mettant de concevoir et fabriquer des tigessur mesure qui s'adaptent à l'anatomiefémorale de chaque patient. La forme pro-thétique permet une stabilité immédiate etune fixation sans ciment par remodelageosseux autour de la prothèse. Lescontraintes mécaniques sont transmisesdans des zones d'appui préférentielles,adaptées à l'anatomie de chaque patient.Elles sont conçues à partir d’une analysede la hanche en 3 dimensions qui utilisel’image scanner.

Les prothèses sur mesure offrent les avan-tages suivants :> Personnalisation de chaque cas, commeun vêtement taillé à la mesure de la per-sonne concernée,> Restauration d'une anatomie physiolo-gique> Planification préopératoire précise> Réduction des douleurs post-opéra-toires> Récupération fonctionnelle plus rapideLes prothèses sur mesure sont particuliè-rement adaptées aux patients jeunes etactifs.Depuis janvier 1990, date à laquelle le PrJean-Manuel Aubaniac a posé la premièretige sur mesure Symbios, 10 000 tigesCustom Symbios ont été implantées enEurope.Toutes les connaissances anatomiquesacquises au cours de ces 19 années, avec

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Médecine

>> la conception des prothèses sur mesure,nous ont appris que tous les fémurs sontdifférents ainsi que les pathologies.Symbios, avec l’aide des chirurgiens utili-sateurs de ses produits, a publié de nom-breux articles dans des journaux profes-sionnels majeurs, au niveau mondial.De ces études, cliniques et anatomiques,est également née une gamme de hancheset de genoux standards répondant à lamajorité des cas.

PROTHÈSES STANDARD DE HANCHE

Nous avons bien sûr des pro-thèses cimentées dans notregamme de produits, mais notreconnaissance de l’anatomie afait de Symbios le spécialistedes prothèses de hanche noncimentées anatomiques.La tige standard sans cimentSPS a été dessinée comme uneprothèse sur mesure pour unfémur normal. A fin 2007, 21 000 tiges ontété implantées. Depuis sa conception en1993, le dessin intramédullaire de la pro-thèse n’a pas été modifié. Seule a été intro-duite en 2003 la possibilité d’un col modu-laire permettant de corriger les défautsd’orientation du col du fémur et d’obtenirainsi une meilleure reconstruction del’articulation.

Ces prothèses sont recouvertesd'hydroxyapatite (produit de synthèse dontla composition est proche de celle de l’os)qui va stimuler la croissance osseuse pourétablir une fixation biologique à long termeentre l’os et la prothèse.

> Quelles sont les sociétésconcurrentes ?

Il existe 6 grandes sociétés multinationalesaméricaine et anglaise qui couvrent la plusgrande partie du marché international etquantités de PME européennes. La concur-rence est donc âpre et difficile. Pour nousdistinguer des grands, nous avons faitnotre mission d’apporter au chirurgienorthopédique des solutions adaptées à sespatients ayant besoin d’une prothèse dehanche.

> Comment vous distinguez-vous parrapport à ces grandesmultinationales ?

Nous apportons au chirurgien des outilsqui lui permettent, sans robot ni naviga-tion, de faire une bonne reconstruction dela hanche de son patient.Grâce à l'expérience clinique acquise avecles prothèses sur mesure Custom,Symbios introduit le premier système quipermet de contrôler la reconstruction ana-tomique des prothèses standard (tigesSPS, SPS Modular et aussi Custom). Cesystème permet de traiter tous les cas, desplus simples jusqu'aux plus compliqués. Ilest constitué de 3 éléments.1 • Un logiciel de planification 3D : HIPPLAN2 • Des implants adaptés : SPS, SPSModular, Custom3 • Une technique chirurgicale spécifique :Positionnement fiable des implants

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Les avantages pour les patients sont :> Les implants sont posés dans le respectde la planification,> Dans tous les cas, le chirurgien peutcontrôler simultanément la longueur dejambe et l'offset fémoral et ainsi diminuerles taux de boiteries et de luxations.

> Pourquoi, après toutes ces années,avez-vous décidé de faire une prothèse de genou ?

C’est une opportunité de collaboration quis’est présentée avec le Pr Pierre-FrançoisLeyvraz, Chef de service de l'HôpitalOrthopédique de la Suisse Romande etVincent Leclercq, Ingénieur de l'EcolePolytechnique Fédérale de Lausanne. Surla base des travaux entrepris depuis plu-sieurs années à l'EPFL, une étude les amenés à développer une nouvelle prothèseau dessin articulaire amélioré. Il permetd'obtenir une diminution de l'usure dupolyéthylène, d'accroître la stabilité desimplants et d'augmenter l'amplitude deflexion articulaire.Le marché du genou est aussi large quecelui de la hanche et tous les chirurgiensqui opèrent les hanches font aussi desgenoux. De plus, nos distributeurs etagents nous demandaient de distribuer ungenou.Un groupe de chirurgiens européens acontribué à l'élaboration de la techniqueopératoire. La prothèse de genou F.I.R.S.T.permet de récupérer aumieux la fonctionnalité d'ungenou sain. Les études cli-niques comparatives en coursmontrent des différencessignificatives en termed'analyse de la marche.

> Quels sont les matériaux utilisés ?

Principalement des alliages de titane, dechrome-cobalt et d’inox, ainsi que descéramiques et polyéthylène pour lescouples de frottement. Tous ces matériauxsont, bien entendu, compatibles avec lecorps humain et testés par des labora-toires spécialisés indépendants.Nous avons également un service R&D,dirigée par Paul-Henri Vallotton, Docteuren Matériaux, qui est très impliqué dans lelancement des nouveaux produits sur lemarché pour le respect des réglementa-

Médecine

tions en vigueur en Europe.

> Quelle est la durée de vie d’une prothèse ?

La longévité d'une prothèse ne peutêtre évaluée avec précision. Elle seraitd'environ 15 ans +/- 5 ans. Il n’y a pasde règle absolue, cela dépend égale-ment de l’activité du patient et du typede prothèse posée.

> Peut-on retrouver des activités normales après une prothèse dehanche ou de genou ? >>

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FRANCEMAGAZINE N°23 22 HIVER 2008

Médecine

L'implantation d'une prothèse est réaliséepour mener une vie normale (vie familiale,professionelle, sociale, sportive...). Ellepermet d'avoir des rapports sexuels nor-maux. Toutefois, il faudra prendre des pré-cautions dans les premières semaines lorsdes mouvements quotidiens. Ces précau-tions sont communiquées par le chirurgienau patient.

> Combien de personnes travaillentchez SYMBIOS ?

SYMBIOS emploie directement environ 100personnes à travers l'Europe dont unesoixantaine à Yverdon-les-Bains. Toutesles fonctions (conception, production, mar-keting, finance, direction) y sont centrali-sées, sauf les ventes qui sont effectuéeslocalement. La proximité des vendeurs parrapport au chirurgien est primordiale dansnotre métier. De plus, il est très importantde connaître les réglementations envigueur dans le pays concerné.

> Et puis la question finale, pourquoi enSuisse ?

La première raison est que JacquesEssinger, qui a conçu le premier logicielpour la fabrication des prothèses surmesure, est suisse. Ensuite, raison plus

>> pratique, après des essais en France et enItalie, il s’est avéré que la machine néces-saire pour la production de ces prothèses,toutes différentes, se trouvait en Suisse àPayerne. Depuis, le nombre de machinesCNC a augmenté à l’atelier et ne ressem-blent plus que de loin à celle d’origine.Par ailleurs, il existe en Suisse une com-munauté de mécaniciens de précision enraison de la présence de l’horlogerie dansle Jura et les conditions de travail sontaussi moins pénalisantes que dansd’autres pays proches. ◆

WWW.SYMBIOS.CH

Symbios Orthopédie SA est le leader mondial de la prothèse dehanche sur mesure Custom et un acteur important sur le marché

européen des prothèses de hanche et de genou. La société exporte75 % de sa production en Europe et souhaite doubler son chiffred'affaires dans les cinq ans à venir. Grâce à une offre complète d'implants de hanche et de genou,Symbios Orthopédie SA poursuit son développement dans un environnement compétitif mais en croissance dû notamment auvieillissement de la population.Le 17 avril dernier, Symbios a remporté le 1er prix de l'EntrepriseSuisse Romande 2008, décerné par le Swiss Venture Club.Récompense d’un long travail pour son créateur. SYMBIOSdémontre ainsi sa contribution en terme d’innovation sur le longterme et sur le plan régional.

Symbios en bref

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FRANCEMAGAZINE N°23 24 HIVER 2008

Santé animale

Fondamentalement, la peur est une réac-tion normale et nécessaire à la sauve-garde de la vie dans certaines circons-

tances vis-à-vis de stimulis divers. Un chienrencontrant un ours va fuir. Cela est sensé etadapté à la situation. Nous observons cepen-dant des chiens qui fuient le moindre bruit et semettent à trembler, ou qui cherchent refugeprès de leur propriétaire à tout moment, sansjamais vraiment se détendre. Ces réactions nesont plus positives et nécessaires, mais patho-

logiques et nécessitent un traitement. Carces chiens souffrent réellement de cet étatanxieux. On peut dire qu’il faut agir lorsquela peur est plus grande que ce qui l’a engen-dré, et que le chien ne se calme pas lorsquele stimulus a disparu.

Voici les anxiétés les plus fréquenteschez le chien éclaircies par desexemples.Chaque fois que Fido, le bâtard de 4 ans

L’anxiétéchez lechien A PARTIR DE QUAND

PEUT-ON PARLER D’ANXIÉTÉ CHEZ UN CHIEN ?

DEPUIS DES MILLIERSD’ANNÉES, LE CHIEN, CE COMPAGNONFIDÈLE, NOUSACCOMPAGNEDANS TOUTES NOSPÉRÉGRINATIONS.JUSQU’À UNEADOPTION DÉFINITIVE, NOMBREUX SONTCEUX QUI ARRIVENT DEL’ÉTRANGER OUDE REFUGESAPRÈS AVOIRCHANGÉ PLUSIEURS FOISDE MAINS. ETSOUVENT, CESCHIENS SONTPEUREUX. A PARTIR DEQUAND EST-CE UNPROBLÈME ?

Dounya Reiwaldhom

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FRANCEMAGAZINE N°23 25 HIVER 2008

passe devant une église qui se met àsonner par hasard, il se colle à sapropriétaire, met sa queue entre sesjambes et ne bouge plus. Parfois, ilperd même un peu d’urine. Fidosouffre d’une phobie des clochesd’églises. En dehors des monu-ments religieux, rien ne lui fait peur.Le joli chien sensible et tendre a étérecupéré d’une famille avec quatreenfants qui ne pouvait plus le gérer.Les enfants le sortaient souventprès d’une église et le poussaient dupied lorsqu’ils étaient pressés oun’avaient pas envie de le promener.Ce geste, pourtant peu douloureux,l’a marqué. Dans sa tête, les clochesd’églises sont intimement liées avecdes coups de pied. Cette maladiedoit être prise en main grâce à uncontre-conditionement – lier lasituation avec quelque chose depositif, afin que le chien oublie lescloches et pense à l’agréable - ou unévitement systématique des églises.Si rien n’est entrepris, Fido aurabientôt peur des sifflets ou mêmed’autres bruits ressemblant un peuà une cloche. Ceci est le cas deLuna, une chienne berger allemandd’un refuge hongrois.Elle a passé son enfance en semi-liberté, probablement dans la cam-pagne profonde. Elle a peur du train,des voitures, de tout bruit citadin.Chaque changement dans son envi-ronnement extérieur augmente sonanxiété. Elle est hypervigilante et adeveloppé à présent une anticipa-tion qui rend les sorties presqueimpossibles, la chienne ayant peurde bouger. Seule la présence de sapropriétaire la détend un peu. Cet état représente une souffranceaigüe pour l’animal, qui ne peutpratiquement jamais se relaxer. Deplus, on observe souvent un déve-loppement d’agressivité qui peutêtre dangereux. Le traitement dansce cas devra lier une thérapie com-portementale à un médicament quipermette au chien de se détendre.Car seulement, cette détentel’empêchera de fuir et de tremblerà tout moment. Le médicamentpeut être homéopathique ouconventionel. Si personne n’aide ce

chien, il developpera tôt ou tard desactivités substitutives, activités cen-sées l’apaiser et voiler son anxiété(léchage convulsif, tournis, etc.). Ilpeut aussi devenir apathique dansl’espoir d’échapper ainsi au dangerqui n’existe que pour lui.Une autre forme d’anxiété est ladepression. Un chien qui dort plusde 8 heures n’est pas simplementparesseux. Si, en plus, il mangemoins et qu’il ne souffre pas d’uneinsuffisance de la glandethyroïde ou d’une tumeur,il faut penser à unedépression. Ce chien seramoins intéressé au jeu etpeut gémir. Avec letemps, il peut devenirboulimique et/ou ano-rexique.Cet état, comme lesautres, doit être analysésoigneusement afin dedécouvrir les causes dumal. Peut-être s’agit-ild’un traumatisme qui abouleversé le chien, peut-être est-ce le nouveauplan de travail de la maî-tresse qui le déboussole,ou peut-être même sonnouveau partenaire, quivient d’aménager. Ceci,après avoir écarté lescauses somatiques -maladies organiques -.Un chien dépressif nontraité peut devenir égale-ment peureux.Vous vous demandez pro-bablement à présentquelles précautions peu-vent éviter le développe-ment de ce genre de pro-blèmes comportemen-taux. Une bonne sociali-sation ainsi qu’une vie dechiot adaptée au descen-dant du loup sont indis-pensables.Si possible, les importations dechiens se limitent aux individus nelaissant apparaître aucune défiancepar rapport à l’homme. Le petit chiotadorable qui reste blotti dans soncoin avec ses pupilles élargies sans

Santé animale

oser s’approcher de l’humain laisseprévoir bon nombre de problèmes.Les maladies comportementalessont en effet à traiter avec le mêmesérieux qu’une maladie cardiaqueou rénale. Car la souffrance des ani-maux atteints est indéniable : ilssont trappés dans un état d’anxiétépermanente et ne trouvent de paixnulle part. Souvent, le vétérinairetrouvera une cause organique aumalaise. Dans ce cas, le corps est

traité ainsi que la mala-die psychique. Car descercles vicieux se sontdéveloppés, ne permet-tant plus de séparer cesdeux entités. La colite

(inflammation du colon),par exemple, engendredes douleurs et de lapeur, ce qui provoque lasécrétion de substances

qui aggravent la colite.Les anxiolytiques peuvent parfoispermettre une guérison à eux seuls,car ils interrompent ce cerclevicieux et permettent à l’animal degérer son environnement. ◆

Le jeu est indispensable à

un apprentis-sage complet.

Le léchage compulsif

provoque desplaies.

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FRANCEMAGAZINE N°23 26 HIVER 2008

Santé prévention

LA DÉPRESSION NERVEUSE N’EST PAS UNE MALADIE QUIN’ARRIVE QU’AUX AUTRES, ELLE N’EST PAS LE PRIVILÈGE DESCITADINS EN MAL DE VIVRE, ELLE TOUCHE AUTANT LE GRAND

PATRON QUE L’AGRICULTEUR CAR LEGRAND AIR N’A JAMAIS ÉPARGNÉ LE MALDÉPRESSIF.

par un ralentissement et une diminutiondes fonctions intellectuelles par une baissede l’activité motrice.• Par un sentiment de fatigue intense• Par une insomnie apparaissant à la suited’une situation de conflit, un choc émotion-nel, un surmenage, une maladie ou sanscause apparente• Des troubles de l’affectivité, pessimismetendance à l’auto-accusation• Troubles digestifs variés• Troubles cardiaques (palpitations)• Troubles respiratoires• Troubles sexuels• Impuissance, frigidité.

En psychiatrie, on entend par dépres-sion nerveuse un syndrome associantles symptômes suivants :

• une modification très pénible del’humeur qui se caractérise par un senti-ment de tristesse profonde, de douleurmorale, de dévalorisation de soi-mêmesouvent associés à une importante anxiété

Jean JacquesDescamps

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FRANCEMAGAZINE N°23 27 HIVER 2008

Santé prévention

Pour la plupart d’entre nous la déprimen’est pas encore considérée comme uneréelle maladie devant être prise en chargecomme telle.La dépression nerveuse est le plus souventmal acceptée par l’entourage car il n’existepas, comme pour les autres maladies, dessymptômes évidents.« Ah, si les déprimés pouvaient avoir de lafièvre », disait un psychiatre à l’entouragede ses malades afin que chacun fassepreuve de plus de compréhension et de

tolérance, car le plus souvent, la famille nieencore la réalité des symptômes. Il arriveau malade lui-même de vouloir cacher àson entourage familial ou professionnelcette affection que beaucoup considèreencore comme une “maladie honteuse”.Pourquoi et comment se déclenche unedépression nerveuse lorsque parfois on a“tout pour être heureux”.Les hommes dépressifs entre 20 et 79 ansont en moyenne six maladies dont ladépression, alors que les hommes nondépressifs n’en ont que trois.Les femmes dépressives ont 6 à 8 maladiescontre 3 à 7 pour les non-dépressives.Ainsi, 14% des dépressifs souffrent de gas-tralgie, de digestion difficile - soit deux foisplus que les non-dépressifs - , 12% se plai-gnent de colite (quatre fois plus), 6% desdépressifs hommes ont une lithiase rénale(quatre fois plus) 6% des femmes dépres-sives souffrent de cystite (2.5 fois plus),17% d’entre elles se plaignent de troublesdes règles ou de troubles liés à la méno-pause (2,5 fois plus) et 27% des dépressifs >>

souffrent de migraines ou de céphalées(2,5 fois plus que les non-dépressifs).

Comment rétablir l’équilibre ?Il est certain que si les remèdes d’urgencesont indispensables au début de la mala-die, ils ne peuvent avoir que des effets tem-poraires. Aussi, il est nécessaire, parallèle-ment au traitement du médecin traitant, demettre toutes les conditions pour essayerde rétablir un meilleur fonctionnementgénéral de l’organisme et, en premier lieu,de retrouver un sommeil régulier car biensouvent, « DORMIR C’EST GUERIR ». La solution 100% naturelle est leBigaradier sauvage ou le petit bouton dubonheur

Le Bigaradier ou l’alchimiste de vos émotions• Sa couleur est celle de la lumière et del'or.• Ses formes arrondies sont le symbole dela fécondité.• Son parfum tient de la magie puisque safragrance est capable de bouleverser lesodorats les plus réfractaires (la fameusehuile essentielle de néroli est extraite àpartir du bouton de bigaradier).Il faut 1200 kg de boutons pour obtenir 1litre d'huile essentielle.• Son efficacité est inversement propor-tionnelle à sa taille.Les abeilles ne s'y trompent pas puis-qu'elles transforment son nectar en unmiel d'un goût incomparable (une cuilleréede miel d'oranger une heure avant de dor-mir réduit l'intensité et les fréquences desmigraines chroniques dans des propor-tions à peine imaginables).Peut-on imaginer que le seul fait de laisserquelques minutes (plusieurs fois par jour sic'est nécessaire) un bouton de bigaradiersous la langue :> va, si vous rentrez en régime, régulari-ser votre appétit et vous empêcher de vousprécipiter sur votre réfrigérateur,> va vous permettre de participer à desexcursions auxquelles vous aviez renoncéjusqu'à ce jour en raison d'un mal de voya-ge chronique,> va vous empêcher de grincer des dentsen dormant (bruxisme),> va régulariser votre humeur et éloignertoutes manifestations de mélancolie etd'angoisses,> va reléguer vos phobies au plus profond

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FRANCEMAGAZINE N°23 28 HIVER 2008

Santé prévention

de votre inconscient,> vos crampes nocturnes ne seront plusque des mauvais souvenirs (syndrome desjambes sans repos).> va vous permettre d'arrêter de fumersans prendre du poids,> affronter les situations les plus difficilesen conservant la totalité de vos moyens carle bigaradier est le remède anti-trac le plusefficace connu à ce jour.> sera un complément recommandé autraitement médical contre les manifesta-tions de la fibromyalgie (fatigue, douleurs,insomnies, déprime etc.)Pour toutes ces raisons et celles qui sontencore à découvrir, nous déclarons le biga-radier produit d'utilité publique et posonssa candidature au Prix Nobel du Bien-être

et du Bonheur.Attention Exigez de votre droguiste duBigaradier et non de l'Oranger. Les fleursd'oranger subissent un nombre importantde traitements chimiques et pourraientvous faire en conséquence plus de mal quede bien.

Huile de Pépins de Cassis Magnésiumvitamine E Ce produit destiné au départ à améliorerles fonctions de la mémoire s’est révélé unauxiliaire étonnant d’efficacité sur touteune série de problèmes chroniques. Aprèsla Bourrache, c’est la plante qui contient laplus grande source d’acides gras gamma-linolénique. De plus, c’est la seule à conte-nir de l’acide stéaridonique et de l’acidealpha-linolénique.

Impliqués dans le développement et lesfonctions de différents organes tels que lesystème nerveux central, le cœur, la peau,les acides gras sont nécessaires au main-tien de la santé et à la lutte contre diffé-rentes maladies. L’organisme ne sait pasfabriquer les acides gras essentiels. Ilsdoivent donc impérativement être apportéspar l’alimentation ou par des complémentsalimentaires tels que l’HPCM.On sait que le cerveau consomme beau-coup d’énergie et que les neuronescontiennent plus de 30% d'acides grasessentiels appartenant à la famille alpha-linolénique. Autrement dit, le cerveauconsomme énormément d’acides gras.Ces acides gras sont les constituants indis-pensables des cellules nerveuses et de larétine. La carence des ces “composants”pour nos cellules nerveuses va entraînerpeu à peu une diminution inexorable desnos facultés intellectuelles, mémoire,concentration, créativité, etc.) et de noscapacités physiques et métaboliques (dou-leurs articulaires, diminution de notremasse musculaire, augmentation du cho-lestérol, etc.)A titre d’exemple, la consommationd’acides gras essentiels a démontré uneréduction de 30% de la mortalité sur 2033hommes (56 ans en moyenne) ayant survé-cu à un infarctus.Sur simple demande, vous pouvez obtenirgratuitement la fiche technique de l’HPCMet du Bouton de Bigaradier sauvage entéléphonant au 021/626 04 41. www.phytosante.ch ◆

>>

Nous vous pro-posons d’offrir ànotre charge unedizaine depaquets de 50 gde Boutons deBigaradier auxlectrices ou lec-teurs de FranceMagazine qui enferaient lademande.

Cadeau !

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FRANCEMAGAZINE N°23 30 HIVER 2008

Quelquefois, les gens me parlent demes petites chroniques. Dans l'uned'elles, je disais que la scolarité obli-

gatoire jusqu'à seize ans était une bêtise,dont le résultat était de transformer debraves enfants en voyous.Là-dessus, quarante-huit heures plus tard,je rencontrai chez des amis un monsieurque je vois de loin en loin, et pour lequel j'aide la sympathie, quoiqu'il soit plus richeque moi. Il a gardé, au milieu de ses splen-deurs, une espèce de gentillesse, de naïve-té, voire d'humilité qu'il avait avant qu'il netournât au millionnaire. Son compte enbanque ne l'a pas gâté. Je veux dire quenon seulement il n'a pas renié son origine,qui fut modeste, mais encore qu'il ne vousassomme pas en vous racontant à tout boutde champ comment il est parti de rien ets'est élevé grâce à son talent.

Le péril des étudesMa chronique l'avait touché à un point sen-sible. Sitôt que j'apparus, il courut à moi etme cria que j'avais raison, tout en mereprochant d'avoir été trop court. Il y avaitbien d'autres choses essentielles à dire surle sujet.- Vous ne les avez pas dites parce que vousavez fait des études, m'expliqua-t-il.- Pas énormément, dis-je pour ne pas avoirl'air trop inférieur devant ce héros sorti durang.- Quoi, vous avez passé le bac ! Vous êtesallé un peu à la Sorbonne. Cela vous amené jusqu'à vingt ans. Alors, évidem-ment, vous ne pouvez pas savoir. Moi, jesais. A treize ans, mes parents qui étaienttrop pauvres pour m'offrir de l'instruction,m'ont mis en apprentissage chez unmenuisier. C'est à treize ans qu'on peut

Chronique du temps présent

qu’on ne jette pas à l’eau*Les chiens“ “

JeanDutourd

del’AcadémieFrançaise

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FRANCEMAGAZINE N°23 31 HIVER 2008

apprendre un métier. Pas au-delà. Prenezun garçon qui a été à l'école dès treize ans.Quand il en sort, il a dix-sept ans.C'est troptard. Le caractère et l'esprit se sont durcis.Il a pris des habitudes qui ne le lâcherontplus.- A dix-sept ans, on n'est quand même passi vieux... dis-je pour dire quelque chose.

Personne ne lui dit rien- Mais si. On est trop vieux, pour cela entout cas. Que fait un apprenti pendant sapremière année d'apprentissage ? Il balaieles copeaux, il va acheter du tabac pour lescompagnons ou commander des canettes,il range l'atelier. Surtout, il regarde lesautres travailler. Personne ne lui dit rien.Personne ne lui montre rien. Personne nelui dévoile les petits secrets du métier. Toutce qu'il saura jamais, il l'aura attrapé enobservant et en imitant. A treize ans, à qua-torze ans, on a cette attention, on a cettepatience. A dix-sept ans, on ne les a plus.Un métier, cela ne s'apprend pas, cela sevole. Voilà la grande leçon du travailmanuel. Leçon n'est pas le mot. Le travailmanuel est toute une éducation du corps etdu caractère. Aucun professeur ne peut endonner l'équivalent.- Eh oui, dis-je, pour montrer que j'existaisencore. On ne donne pas de leçons de nata-tion aux chiots. On les jette à l'eau. Il fautqu'ils nagent sous peine de se noyer.- Excellente comparaison ! s'écria cethomme indulgent. Aujourd 'hui, on ne jetteplus les chiots à l'eau parce qu'on a peurqu'ils attrapent une bronchite ; moyennantquoi, ils ne savent plus nager. Les chiotsqu'on n'a pas jetés à l'eau deviennent desales clebs qui souillent les trottoirs et quimordent les passants. Nous voyons exacte-ment cela avec la pauvre jeunesse actuel-le. Personne ne la jette à l'eau. Alors elleest très malheureuse et elle mord.

La manie pédagogique La plaie de notre temps est la manie péda-gogique. Nous sommes entourés de profs.de cuistres, de bavards qui sont persuadésque le savoir entre par les oreilles. Or, c'estfaux. Le savoir vient comme la sagesse, àforce de faire des bêtises et de recevoir, enéchange, des coups de pied au derrière.Les oreilles ne servent à rien.Mais n'avez-vous pas fait une expérience dumême genre dans le journalisme ? Je me

suis laissé dire qu'autrefois, on s'enrôlaitdans le journalisme à quatorze ans, qu'onvous fourrait au service sportif, où vous fai-siez le grouillot pendant un an ou, deux,après quoi on vous permettait d'écrire dixlignes sur un cambriolage. Je crois que lesjournaux, en ces temps reculés, étaientplus distrayants qu'ils ne le sont mainte-nant, écrits qu'ils sont par de jeunes intel-lectuels sortis de l'Ecole du Journalisme.Mais je me trompe peut-être ; le journalis-me n'est pas mon domaine.

Mains calleusesIl y a un très beau mot dans la langue fran-çaise : celui de maître. Un maître n'est pasun prof qui serine à quatre douzaines decancres des tas de choses qui ne leur ser-viront à rien, et que d'ailleurs ils n'écoutentpas. Un maître est un homme qui ne parlepas mais qui fait quelque chose. Il neraconte rien, il n'explique rien. Un maîtrecharron, un maître charpentier, un maîtreébéniste exécute son travail devant desapprentis qui le regardent. Il n'éduque pasleur tête parce que cela est inutile. Iléduque leur main. Et en éduquant leurmain, il éduque leur tête par la mêmeoccasion. Connaissez-vous l'admirableparole de Poussin : « Un peintre ne doitméditer que les brosses à la main » ? Toutest là. Tant qu'on ne tient pas un pinceau,on ne peut pas apprendre la peinture.L'inconvénient des bavards, c'est qu'ils serépètent. Moi qui n'ai pas été apprenti etqui, par conséquent, ne sais pas grand-chose, je sais au moins cela. Comme il mesemblait que mon self-made-man m'avaità peu près dit ce qu'il avait sur le cœur etqu'il allait tout me redéfiler du début, jem'arrangeai assez adroitement pour mefaire présenter à une vieille dame qui erraitdans les parages. Elle n'avait rien lu de moiqui, cependant, ai pondu des foules delivres et d'articles. Elle me demanda ceque je faisais dans la vie. Je lui répondisque j'étais autodidacte, qu'on m'avait misen apprentissage à dix ans et demi, quej'avais gagné beaucoup d'argent et que jesavais à peine lire. La vieille dame parut captivée. Il nem'échappait pas qu'elle jetait des coupsd'œil sur mes mains pout s'assurer quej'étais vraiment un travailleur manuel. ◆

*L'Information Immobilière N° 97

Chronique du temps présent

Le savoir vient,

comme la sagesse,

à force de faire des

bêtises et de

recevoir, en

échange, des coups

de pied au derrière.

’’‘‘

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FRANCEMAGAZINE N°23 32 HIVER 2008

Carte blanche

Les dernières élections sénato-riales ont fait passer les effectifsdu groupe socialiste de 95 à 116

élus, alors que le groupe UMP perdaithuit sièges. La démonstration est ainsifaite que l'alternance est possible auPalais du Luxembourg, indépendam-ment du mode de scrutin.Lionel Jospin, pourfendeur d'uneinstance qu'il pensait définitivementancrée à droite en raison d'une sur-représentation des petites com-munes rurales, dénonçait une "ano-

malie". Les faits luidonnent tort : lessuccès remportéspar la gauche auxélections munici-pales du mois demars se sont bienrépercutés sur lessénatoriales.Le Sénat issu duscrutin du 21 sep-

tembre se compose de 151 élusUMP, 116 socialistes et Verts, 29centristes, 23 communistes, 17radicaux du RDSE (Rassemblementdémocratique et social européen),et sept non inscrits.La majorité absolue exigeant désor-mais 172 voix, l'UMP ne peut plus

faire la loi sans l'aide de l'Unioncentriste (UC), qui a renoncé àl'appellation UDF, sans pour autantrallier le MoDem de FrançoisBayrou.Rajeuni et féminisé au terme de ce

scrutin, le Sénat affiche unemoyenne d'âge de 57 ans et untaux de 22% de femmes, àcomparer au taux de 18%revendiqué par l'Assembléenationale.Le benjamin est l'élu polyné-sien Richard Tuheiava (PS), 34

ans, le doyen Serge Dassault (UMP),83 ans.S'agissant des 12 sénateurs repré-sentant les Français établis hors deFrance, le mandat de quatred'entre eux était en jeu. Les UMPRobert Del Picchia et AndréFerrand ont été réélus. PierreBiarnès, 76 ans, qui siégeait augroupe communiste, est remplacépar Claudine Lepage (PS), 59 ans,l'UMP Paulette Brisepierre, 91 ans,par Christophe André Frassa, 40ans.Président du Sénat depuis dix ans,Christian Poncelet, sénateur UMPdes Vosges, ne se représentait pas.Le groupe majoritaire a préféréGérard Larcher à Jean-PierreRaffarin pour lui succéder.Rendez-vous dans trois ans pourjuger de l'évolution de la Hauteassemblée. On sera à moins d'unan de la prochaine élection prési-dentielle. Les commentateurs poli-tiques y seront plus attentifs quejamais. ◆

L’ANOMALIE SE PORTE BIEN

&SÉNAT

Humeur

SEULE ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE, DANS L'ÉTAT ACTUEL DE NOSINSTITUTIONS, À COMPORTER UNE REPRÉSENTATION DES FRANÇAISDE L'ÉTRANGER, LE SÉNAT POURRAIT BASCULER À GAUCHE LORS DESON PROCHAIN RENOUVELLEMENT TRIENNAL, EN SEPTEMBRE 2011.

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FRANCEMAGAZINE N°23 33 HIVER 2008

Tant que l'on respecte le "génie"de la langue, c'est-à-dire la façondont elle prévoit que les mots

doivent être assemblés pour formerdes phrases, celle-ci n'est pas mena-cée. Le français est en revanche endanger, et de façon bien plus perni-cieuse, dès lors que l'on déroge auxrègles qui régissent son ingénierie.Il en va ainsi de l'expression "droitshumains", directement traduite del'anglais "human rights", de plus enplus utilisée sous le prétexte imbé-cile de ne pas réduire les droits del'homme à ceux du genre masculin.C'est oublier que, dans cette accep-tion, l'homme embrasse la femme,au sens ou "embrasser" signifie"contenir", "englober".Dans notre langue, le Petit Robertm'en est témoin, le mot "homme"désigne d'abord un "être apparte-nant à l'espèce animale la plus évo-luée". Cet "être" peut être aussi biendu genre masculin que du genreféminin, un mâle ou une femelle,puisque l'on parle d'animaux.Il faut aussi savoir qu'en bon fran-çais, à la différence de l'anglais,l'adjectif qualificatif n'est pasl'équivalent du complément de nom.Il ne s'agit pas d'opposer "droitshumains" à "droits inhumains", pasplus que l'on ne peut remplacer"droits de l'enfant" par "droitsenfantins".Mais ces subtilités de la langue nesont plus enseignées pour ne pasempêcher une classe d'âged'accéder au niveau du baccalau-réat. N'en est-on pas déjà à

confondre "droits de l'enfant" et"droit à l'enfant"? Il est tempsd'entrer en résistance."Les seules fautes de français véri-tables, ce sont les locutions qui ren-dent le langage obscure, pénible,équivoque, établissent confusion,embarrassent le sens, ou détruisentces teintes et ces acceptions déli-cates qui constituent le génie denotre langue, et la principale sourcede ses richesses", écrit déjà en 1854Philarète Chasles, dans son intro-duction à la Grammaire Nationalede Bescherelle aîné, Bescherelle lejeune, et Litais de Gaux.Commençons donc par lutter contrela confusion qui s'installe dans lesesprits entre droits et devoirs. Lanotion de devoir ne cesse d'être bat-tue en brèche par la revendicationde droits, universels, acquis, ou àcréer, au point que de plus en plusde responsables, pourtant formésaux meilleures écoles, en viennent àinvoquer un "droit de réserve", enlieu et place du "devoir de réserve"qui leur impose une retenue dansl'expression de leurs opinions,notamment politiques.Pour ne pas compliquerl'apprentissage du français, onrejette les nuances qui exigent quel'on tourne sept fois sa langue danssa bouche avant de s'exprimer. C'estainsi que l'on applique aveuglémentla règle selon laquelle le verbes'accorde en nombre avec le sujet,sans se préoccuper de déterminerce qui constitue le sujet.On a pu lire en titre dans le Figaro,

lors de la crise de la grippe aviaire,"un million de poulets euthanasié",comme si le sujet de la phrase étaitle million de n'importe quoi et pasles poulets. De la même façon, onentend tous les jours, sur les radiosles plus respectueuses de la languefrançaise, accorder "une centaine"avec le singulier, comme s'il y avaitune distinction grammaticale entre"cent" et "une centaine".Sans parler de "la plupart", que l'onaccorde désormais avec le singulier,comme s'il s'agissait d'un nomcommun, alors que l'on a affaire àune locution adverbiale.La féminisation abusive des noms,procède du même souci de simplifi-cation de la langue, quitte à abaisserle niveau du baccalauréat. Noshommes politiques, ce qui inclut lesfemmes engagées en politique, onten la matière une responsabilitéinsigne, eux qui, par flagornerie,mettent un point d'honneur às'adresser "aux Parisiennes et auxParisiens", "aux Françaises et auxFrançais", comme si Parisiens etFrançais n'étaient pas aussi biendes femmes que des hommes.Ces artifices de langages coûtentsans doute moins cher que de res-pecter la loi, qui impose, à travailégal, une véritable égalité dessalaires entre hommes et femmes,ce dont on est encore loin. C'est toutsimplement du féminisme à boncompte.Que l'homme embrasse donc lafemme, mieux s'en portera la languefrançaise, que nous avons en com-mun avec tant de pays membres dela Francophonie et tant d'individus àtravers le monde. Cela n'empêcherapas, si tel est leur bon plaisir, lesêtres humains de genre masculin oude genre féminin de s'embrasserentre eux, dans ce sens pour semanifester leur affection. ◆

IL EST TEMPS D’ENTRER EN RÉSISTANCEFRANCOPHONIE

Carte blanche

LES DÉFENSEURS DE LA LANGUE FRANÇAISE QUI PESTENT CONTREL'INVASION PAR L'ANGLAIS DE NOTRE VOCABULAIRE SE TROMPENT DECOMBAT. TOUTES LES LANGUES S'ENRICHISSENT D'APPORTS EXTÉRIEURS ET, QUANT AU FRANÇAIS, TOUS LES LINGUISTES ASSURENT QU'IL EST BIEN MOINS PÉNÉTRÉ DE MOTS ANGLAIS QUEL'ANGLAIS NE L'EST DE MOTS FRANÇAIS.

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FRANCEMAGAZINE N°23 34 HIVER 2008

ÉvasionÉÉvvaavavvav ssiioonn

LE TOUR DU MONDE DES MARATHONS

34F ANCER 3 °2M G NZINEZINEZINEZINEAA 34 200820082008HIVERIVERIVERIVER

MONDE DES MARATATA HONSHONDEMONDE MARAMAR SHONS HONTATAATATAMARMARMARDEDEMONDE

Berlin

LA MECQUE EUROPÉENNE DEL'ARCHITECTURE D'AVANT-GARDE

BERLIN VAUT DOUBLEMENT LE VOYAGE.D’ABORD POUR SON ARCHITECTURED’AVANT-GARDE. EN EFFET BERLINCONNAÎT, DEPUIS LA CHUTE DU MUR, LA RÉVOLUTION URBANISTE LA PLUSEXPLOSIVE ET LA PLUS HARDIED’EUROPE. MECQUE DEL’ARCHITECTURE, BERLIN PORTE LESSIGNATURES ET LES EMBLÈMES DESARCHITECTES LES PLUS EN VUE SUR LEPLAN INTERNATIONAL.

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FRANCEMAGAZINE N°23 35 HIVER 2008

Évasion

Berlin, c’est aussi son marathon quiest parmi les plus réputés. Ce mara-thon a lieu chaque année en sep-

tembre et représente incontestablementl’événement sportif de l’année. Il fait partiedes “Big Five” (avec ceux de New York,Chicago, Boston et Londres) en raison nonseulement du nombre record de partici-pants, mais aussi parce que c’est le mara-thon de tous les records. Preuve en est ledernier marathon qui a eu lieu le 28 sep-tembre dernier et au terme duquell'Ethiopien Hailé Gebrselassié a battu son

propre record mondial, précédemmentétabli à Berlin en 2007, en 2 h 03'58 !La chute du Mur puis le statut de capitalede l’Allemagne réunifiée ont été des fac-teurs déterminants pour le développementurbaniste fulgurant de Berlin. L’absence decohérence quant à ses choix architecturauxfont de Berlin une ville pleine de contrasteset de diversité. L’équilibre n’est en effet pasaisé à trouver entre les partisans résolusd’une architecture exclusivement avant-gardiste et ceux, pas moins résolus, quidésirent un peu plus de conservatismeurbain et moins de générosité visionnaire.Ce conflit a débouché sur une tendanceproche du compromis helvétique : lareconstruction critique. Celle-ci consiste àpermettre de conserver des référencesarchitecturales du passé tout en les inté-grant dans des constructions modernes.C’est ainsi que plusieurs édifices berlinoisont été restaurés en conservant leur aspectd’origine qui a été intégré dans une struc-ture résolument contemporaine. Tel estnotamment le cas du Reichstag et del’Eglise du souvenir.

Porte de Brandebourg : témoin de deux siècles d’histoireMonument phare de Berlin et symbole del’Allemagne divisée puis réunifiée, la Portede Brandebourg marque aussi de sonsceau le marathon de Berlin.C’est en effet à ses pieds que le marathoncommence puis se termine, après unimpressionnant tour de ville de 42 km et195 m qui traverse Berlin d’Ouest en Est etvice-versa.Cet emblème de la conscience collectiveallemande (où de son inconscience pourcertains !) ne pouvait pas être mieux choisipour marquer l’esprit d’un marathon.Ce monument (érigé en 1789 !) s’imposebien plus par son symbolisme que par sonesthétisme un peu lourd (bien que sonconcepteur se soit en fait largement inspi-ré des Propylées de l’Acropole d’Athènesmais à la sauce allemande). Cette sorted’arc de triomphe à cinq piliers est sur-monté d’un quadrige doré comportant, cequi n’est plus rétrospectivement très heu-reux, des symboles guerriers.Bref, le poids de l’histoire et du symbolel’emporte largement sur son aspect.N’oublions pas en particulier que le Murqui a isolé Berlin-Est passait par la Portede Brandebourg, laissant ce monument

Patrick Blaser

[email protected]

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Évasion

historique du “mauvais côté” pendant prèsde trente ans !Forçant l’admiration et l’émotion au départ,la vue de ce monument se fait largementdésirer à la fin (ce que l’on comprend aisé-ment après 42 kilomètres de marathon).

Reichstag et poumon vertAutre symbole : le Reichstag qui se situe àproximité de l’aire de départ. Ce bâtimentmérite une visite (à agender si possibleavant le marathon !). En effet, l’ancien bâti-ment, chargé d’histoire, était déjà unmodèle du genre à l’époque où il a étéconstruit (1894-1904) avec son dômed’acier et de verre. Il l’est encore aujour-d’hui depuis que ce bâtiment, reconstruitsur ses propres ruines dans sa versiond’origine, a été pourvu d’un nouveau etimposant dôme en verre, véritable proues-se architecturale et esthétique due àl’architecte Foster. Ce bâtiment, à l’imaged’ailleurs de Berlin, représente le mariageparfait de deux visions architecturalesrévolutionnaires qui ont plus d’un siècled’intervalle.Le marathon de Berlin, sitôt le départdonné, démarre sur une note quasi buco-lique, voire écologique, puisque les mara-thoniens sont d’abord “invités” à traverserl’intégralité du parc Tiergarten, principalpoumon vert du centre de Berlin. Toutesles allées de ce vaste parc mènent auSiegessäule, monument de 67 mètres dehaut qui célèbre les victoires prussiennesdu XIXe siècle (au XXe siècle l’histoire del’Allemagne a fait volte-face…).Après une longue boucle, le marathonrevient vers le centre politique de Berlin cequi permet d’admirer leBundeskanzleramt, magnifique et auda-cieux bâtiment moderne en forme de pontqui enjambe le fleuve Spree, lequel traver-se Berlin sur toute sa largeur.

La Tour de la télévision : symbole phare de Berlin-EstEn se dirigeant vers les quartiers est deBerlin, l’attention est notamment attirée(aucun effort à faire !) par la Tour de la télé-vision, orgueilleux symbole technologiquede Berlin-Est avec ses 360 mètres de hau-teur, qui a été érigé dans les années 1960de façon à être vu de loin (c’est réussi !) etnotamment de Berlin-Ouest. De son som-met, en forme de gigantesque boule deverre et d’acier, la vue sur Berlin-Est (et

Ouest !) est imprenable.Le marathon plonge ensuite dans les quar-tiers périphériques de Berlin en traversantdes quartiers dits ouvriers, parfois reloo-kés dans le style “babacool” et/ou branché(notamment Neuköln) pour mener ensuite,à mi-marathon, aux quartiers résidentiels(Steglitz et Zehlendorf) dont les larges ave-nues arborisées sont bordées d’immeublesd’un ou deux étages, voire même de villas.Construits pour certains d’entre eux avantla Seconde Guerre mondiale, ils semblentavoir été relativement épargnés lors desbombardements alliés.

Le Château Charlotte : reflet d’un passé princierAprès cette longue intrusion dans les quar-tiers sud, le marathon, dans sa seconde

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FRANCEMAGAZINE N°23 37 HIVER 2008

Évasion

partie, remonte sur le centre de Berlin entraversant le quartier “Charlottenburg”.Impossible, à cette occasion, de ne pas seremémorer la visite du célèbre Château deCharlotte (en fait Sophie-Charlotte, épousede Frédéric III). La princesse reçut de sonempereur de mari le terrain, à charge pourelle d’y construire le palais de ses rêves, ce

qu’elle ne manqua pas de faire pour le plusgrand bonheur de ceux qui le visitentaujourd’hui (après qu’un hôte illustre,Napoléon, les ait précédés, mais les armesà la main).Le palais réunit tout ce qui se faisait deplus beau à l’époque (fin XVIIe-début XVIIIe).Il est resté intact jusqu’à nos jours. De styleclassique, avec un zeste de rococo frédéri-cien pour l’une des deux ailes, il comporteactuellement plusieurs musées et unsuperbe parc, européen avant l’heure,puisqu’y cohabitent aussi bien un jardinbaroque à la française qu’un parc paysageranglais. Le tout baigne dans la plus parfai-te sérénité (bref : idéal pour un footingmatinal).

Style néo roman et avant-gardisteAprès ces rêveries, retour à la réalité aufatidique km 34 (à partir du km 30, en fait,ils le sont tous !), lequel coïncide avecl’inquiétante vue sur l’église, néo-romane,Kaiser-Wilhelm Gedächtniskirche, oul’église du souvenir, construite en 1890-1895 et partiellement détruite par les bom-bardements alliés de 1943.Après la guerre, les autorités berlinoisesont décidé de restaurer l’église, ou dumoins ce qu’il en restait, et de construire,comme si elle était imbriquée dansl’ancienne, une nouvelle église résolumentmoderne. Cet ensemble, où le mêmeregard porte sur un passé que l’on ne veut

pas complètement effacer et sur un avenirqui doit permettre de l’oublier, est trèsemblématique de l’ambivalence de Berlin.C’est d’ailleurs ce qui fait son charme.

Potsdamer Platz : le feu d’artifice architectural du Nouveau BerlinCette ambivalence se retrouve plus loin, au >>

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FRANCEMAGAZINE N°23 38 HIVER 2008

Évasion

km 37, à la place la plus célèbre de Berlin,la Potsdamer Platz. Celle-ci mérite quel’on s’y arrête quelque temps (pour lesmarathoniens, c’est une image ; parcontre, il leur est recommandé de venir yflâner après leurs exploits sportifs).A cet endroit, les architectes modernes ontbénéficié, au contraire d’autres quartiers àreconstruire, d’un véritable blanc-seing. Etces architectes n’ont pas manqué d’en pro-fiter, avec la complicité, financières’entend, des investisseurs. Et l’endroit seprêtait à une politique architecturale horsnorme.D’abord parce qu’avant la guerre, c’était lecarrefour urbain le plus dense d’Europe.Ensuite parce qu’après la guerre, ce n’étaitplus qu’un vaste terrain vague coupé endeux par le Mur. Quelques pans de ce der-nier ont d’ailleurs été conservés commedes reliques pour se rappeler au mauvaissouvenir d’une conscience collective qui ala regrettable faculté d’oublier les leçonsde l’histoire et de renouer avec ses démonsà la première, mauvaise, occasion.Le résultat ? Il est architecturalement pro-digieux. Lesquelques pans duMur qui subsistentsont en effet écra-sés par desconstructions réso-lument contempo-raines aux lignesaudacieuses qui seconfondent avecdes cathédrales(dans un certainsens, s’en estaussi !). C’estd’abord l’impressionnant Sony Center, dû àl’architecte Helmut Jahn. Ce centreregroupe pas moins de sept bâtiments auxfaçades diversifiées et futuristes quis’articulent autour d’une place surmontéeau sommet des immeubles par un grandio-se chapiteau de verre couvrant les 4000 m2

de la place qui grouille de monde, de jourcomme de nuit.Juste à côté, se trouve le quartier DaimlerChrysler construit sous la direction del’architecte Renzo Piano. Ce sont surtoutles deux premiers immeubles qui donnentle ton à l’ensemble. L’un, de forme triangu-laire, comporte une impressionnante faça-de en verre et en… terre cuite ! L’autre pré-sente une originale façade en brique ver-

nissée. Ce genre de façade se retrouve surles autres bâtiments formant l’ensemble.Cette architecture, parmi les plusmodernes d’Europe, donne incontestable-ment un bon coup de fraîcheur au paysageurbain et symbolise à merveille l’audace,tant technique que visuelle, dont a su fairepreuve Berlin. C’est d’ailleurs ce qui lacaractérise le plus.

Porte de Brandebourg : la boucle est boucléeLes deux dernières lignesdroites sont enfin là. L’unemène une dernière fois àBerlin Est par laLeipzigerstrasse. Et l’autreramène les marathoniens àBerlin Ouest par laUnterdenlindenstrasse avecau fond, et en point de miresur le dernier kilomètre, laPorte de Brandebourg.C’est entre ces deux artèresque se situent les principauxbâtiments culturels de

Berlin, notamment ceux de l’Ile desMusées qui porte bien son nom, au proprecomme au figuré, puisqu’un nombreimpressionnant de musées sont effective-ment réunis sur une véritable île qui sesitue au milieu des deux bras du fleuveSpree. Ce complexe de musées est l’un desplus riches du monde. Il est d’ailleurs ins-crit au patrimoine mondial de l’Unesco.C’est enfin le sprint final jusqu’à la Portede Brandebourg que l’on atteint et traverseen quelques secondes.Et comment ne pas ressentir à cet instantet à cet endroit, avec émotion, que cesquelques secondes de liberté ont été sus-pendues pendant toute une génération (de1961 à 1989) par un mur et des barbelés.

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FRANCEMAGAZINE N°23 39 HIVER 2008

Évasion

• Boston, les charmes d'un marathon déjà centenaire (FranceMagazine n° 22/2008)

• Chicago, le marathon de tous les contractes (France Magazinen° 21/2008)

• New York, un marathon mythique à ne pas manquer (FranceMagazine n° 20/2008)

Le tour du monde des marathons déjà parusL’ouverture de la Porte de Brandebourg, àla veille de Noël en 1989, est d’ailleurs l’undes symboles les plus forts de la chute duMur de Berlin.Et pour les marathoniens, le passage sousla porte de Brandebourg restera le pointd'orgue de leur parcours de croix.Dans les deux cas, une histoire recommen-ce là où l'autre se termine. ◆

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FRANCEMAGAZINE N°23 40 HIVER 2008

Affaires

Zurich, la capitale économique de laSuisse et ville la plus peuplée du paysavec ses 700 000 habitants, n’est plus

à présenter. Néanmoins, peu de genssavent que c’est aussi la 3e ville francopho-ne de Suisse, après Genève et Lausanne etque beaucoup d’activités se déroulent enfrançais. Mais Zurich accueille aussi unclub d’affaires franco-suisse, lieu de ren-contre de cadres dirigeants francophonesqui se veut une plateforme d’affaires fran-cophone globale. Ce club a fêté ses 20 anscette année, et c’était pour moi l’occasionde rencontrer Maître Martin Herb, son pré-sident.

> France-Magazine : Maître Herb, leCAFS (Cercle d’Affaires Franco-Suisse)a fêté ses 20 ans cette année. Qu’est-ce que le CAFS ?

Martin Herb : Le CAFS est un clubd’affaires. Il est en pleine progression etrencontre un grand succès. Il s’est établimaintenant comme la première plate-forme francophone de rencontres à Zurichréunissant des entreprises et des cadres

dirigeants francophones etfrancophiles.

> Pourquoi à Zurich etpourquoi francophone ?

Les fondateurs étaient deZurich et ils déploraient laquasi absence d’organisationsfrancophones d’affaires enSuisse allemande.

> À quand remonte la création du CAFS et qui enest à l’origine ?

Le CAFS a été créé en 1988 par

des personnalités francophones et franco-philes de Zurich.

> Quels sont les buts du CAFS ?Le CAFS réunit des entreprises et descadres dirigeants francophones actifs enSuisse. Il a pour but de promouvoir lesliens, les contacts, les échangesd’informations et les affaires entre sesmembres ainsi qu’avec des tiers dans uncadre de convivialité.

> Depuis sa création, le CAFS a grandi.Comment faites-vous la promotion duCercle ?

Depuis le début de ma présidence en 2004,le nombre des membres du CAFS a doublé,ce qui est très réjouissant. Ce résultat estdû à un travail sérieux et continu. En raisondu succès du CAFS, les intéresséss’annoncent de plus en plus de manièrespontanée. Prochainement, le CAFS pourraaccueillir son 100e membre.

> Vous avez des intervenants de qualitéqui présentent des sujets très intéressants. Comment les trouvez-vous et comment faites-vous pour lesdécider à venir ?

Le CAFS recherche une variété dans sesmanifestations. Il est important de se dis-tinguer des manifestations des autresorganisations en présentant une certaineoriginalité. Mes réseaux personnels aidentà identifier et à trouver des orateurs.

> Si l’on regarde vers le futur, commentvoyez-vous évoluer le Cercle ?

Le potentiel du CAFS est encore important.L’expérience acquise ces dernières annéespermet d’identifier et d’intégrer ce poten-

Le Cercle d’AffairesadCeCeC rcrcr led AfAfA ffff afaf rerer seseseseererriafafffAfAfAdelcrcrreCeCeCFranco-Suisse de Zurich

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FRANCEMAGAZINE N°23 41 HIVER 2008

Affaires

tiel. Il n’est cependant pas le but du CAFSd’avoir un maximum de membres. Ilrecherche une croissance consolidée dansl’intérêt des membres. L’objectif est aussid’acquérir une plus grande notoriété endehors du milieu francophone.

> Envisagez-vous de créer d’autresantennes en Suisse ?

Cette question m’est de plus en plus poséeces derniers mois mais le développementgéographique n’est pas en discussion. Descoopérations avec d’autres organisationsen particulier en dehors de Zurichs’annoncent cependant prometteuses.

> Dernière question, Maître Herb. Celleque, je pense, beaucoup de lecteursauront envie de vous poser. Commentdevient-on membre du CAFS ?

On participe à quelques manifestations duCAFS comme intéressé. Par la suite,l’intéressé fait une demande d’adhésion,parrainée par deux membres. Pour rece-voir une invitation aux manifestations, onpeut s’adresser au Président. Je recom-

Didier Assandri

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CAFS Cercle d’Affaires Franco-SuisseMartin Herb, Président CAFSKappelergasse 15 Case postale 24008022 Zürich 1 • SuisseTél : +41 (0)43 244 99 10Fax : +41 (0)43 244 99 15www.cafs.ch

Pour en savoir plus

mande de consulter réguliè-rement le site Internet duCAFS www.cafs.ch pour êtretenu au courant des activi-tés.

> Maître Herb, au nom deFrance-Magazine, jevous remercie de votreaccueil et du temps quevous m’avez accordé : jesuis certain que certainslecteurs de France-Magazine vont se manifester chez vous. ◆

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Généralités et panorama FrancophoneLa Journée de la Francophonie le 20.03.08à l’université d’Ottawa se déroula en pré-sence du journaliste français Jean BenoitNadeau sur le thème « le français languede mondialisation ».Les dernières années la théatre franco-phone s’est développé côté anglophone :Le Regroupement artistique francophonede l’Alberta annonçait la nomination deInouk Touzin au poste de passeur théâtral àCalgary.Le Lieutenant Gouverneur de l’Ontario,David C.Onley a remis l’Ordre de l’Ontario, àPaul-François, écrivain bien connu enOntario français. Pour son 40e anniversaire, le Théâtre fran-çais de Toronto est fier de participer àl’Initiative de partenariats pour l’éducationartistique avec Les Zurbains.

Aperçu de la scène théâtrale francophoneau CanadaVoice from France est un recueil de piècesde théâtre de dramaturge contemporainavec l’ambassade de France à Ottawa ….

Brève revue des pièces jouées ces dernières années• Théâtre Lionel Groulx Ste Thérèse J7E

3G6 Québec : en 2005, J.-M. Ribes avec“Palace”

• Théâtre de Vancouver : en 2007, “M.Tremblay”

• Théâtre de Stradford à Ottawa : en 2008“Don Juan” de Molière

• Théâtre St-Eustache du 26 au 28 juin2008 à Québec : “Feu la Mère” de GeorgeFeydeau avec Jacques Nantel.

Les auteurs québécois à redécouvrir :• Michel Marc Bouchard (Québécois),”les

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Canada

Théâtre

Coralie Masle-Callu

[email protected]

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FRANCEMAGAZINE N°23 43 HIVER 2008

muses orphelines” aux éditions Léméac• Michel Tremblay (Québécois), “Le passéAntérieur” aux éditions LéméacEt toujours les piècesde Robert Lepageauteur entre autres deLa face cachée de lalune à voir et à revoir…Et bon théâtre…Sur le plan organisa-tionnel et légal, lescompagnies théâtralesdisposent de leur librearbitre pour leur pro-grammation et le mécénat des entreprisesainsi que de l’aide du groupe de pressionpolitique sur les pouvoirs publics dénom-més “le Conseil Québécois du Théâtre”.

D’autres organismes défendent le théâtrefrancophone :L’ATFC, seul organisme national de services aux arts desservant le milieuthéâtral franco-canadien(http://atfc.ca).L’engagement de RenéCormier l’Acadie se reflète dans sonaction : il a été président de l’Associationdes théâtres francophones du Canada(ATFC) de 1994 à 1998, de la Commissioninternationale du théâtre francophone de2001 à 2005 et de la Fédération culturellecanadienne-française de 2005 à 2007.

La Commission internationale du théâtrefrancophone (CITF). La Commission inter-nationale du théâtre francophone fut crééeen 1987 afin de soutenir au cœur del’espace francophone la réalisation de pro-jets multilatéraux de création et de circula-tion théâtrales.

Le Conseil des Arts du Canada vient derenouveler son plan stratégique et de sedoter d’un plan d’action 2008-2011. Depuistrente ans, il défend les théâtres comme leCercle Molière, Théâtre de la Vieille 17 ouThéâtre populaire d’Acadie ou le seizième àVancouver.

L’adoption récente du projet de loi S-3,modifiant la Loi sur les langues officielles,a pour effet d’en modifier la partie VII : lesinstitutions fédérales ont, depuis,l’obligation de prendre des “mesures posi-tives” à l’égard des minorités afin de

mettre en œuvre leur engagement à soute-nir le français.

Le Prix d’excellence artistique 2008 deThéâtre Action sera remis avec les fina-listes : le Théâtre de la Vieille 17 pourVincent River, le Théâtre du Nouvel Ontariopour Le Chien et le Théâtre de la Cabanebleue pour Écume.Le Carrefour international de théâtre deQuébec, a sélectionné 4 pièces dans lecadre des célébrations du 400e de la Villede Québec en mai 2008. ◆

Le théâtre de marionnettes tel que les Têtes à Claques est mon-dialement répandus avec des dialogues de type :

Jeunes affalés sur le canapé mangeant des peanuts- Envoyé donc ! on va avoir du fun !- Tais-toi moi pit, le film commence…- Eh le bozo, c’quoi ce film de tata !

Hommes avec sa maîtresse en voiture- On parque le char sous les arbres, sinon je vais être en retard surma run- Non pas la je capote pas… Pèze sur le gaz et avance vers le lac…- Câline, j’aime ça quand tu me fais ça ....

Homme avec la très grosse femme dans la cuisine- Check-moi bien ok, je fais la bouffe, je surveille les gosses et faisle ménage alors que j’étais une brillante avocate !- Arrête ton niaisage… Ça a pas de bon sens… Je t’ai ramené unerobe- Oh je trouve ca cute, c’est à la taille de la pitoune qui était dans tavoiture !!!!???? Est-ce ta maîtresse ? - Ne paranaoie pas, crisse de sans dessein, j’ai pas de maîtresse,juste une secrétaire.

Homme avec les jeunes dans le salon- Ça sent le crisse dans le salon, les jeunes....- Nous les tatas ont est ben tannés des parents, on s’en câlisse,hein ! - Qu’est-ce que c’ets que ça, ostie, qu’avez-vous fais à mon pick-up ?- J’vas pas gossé, ok John, j’ai scrappé ton char !! - Ben coucon, t’as pas le permis ! Tabarnak ! Si la police t’avaispogné ! - J’suis avec mon chum, j’veux pas jaser, branche-toi un peu…- Tu me niaises là, le jeune, arrête de me bullshiter…http://www.tetesaclaques.tv/

Les Têtes à Claques

Théâtre

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FRANCEMAGAZINE N°23 44 HIVER 2008

Hommage

Cette passion pour les avions, qui resteencore aujourd’hui méconnue, l’animajusqu’aux Iles Marquises en Polynésie

française où il passa la fin de sa vie. Là-bas, plusque le chanteur, Jacques Brel est “l’homme àl’avion”. À bord du “Jojo”, bimoteur surmonté d’ungyrophare rouge qu’il pilotait, par tous lestemps, il relia ces îles coupées du mondepour apporter à leurs habitants, courriers,vivres et médicaments. Son idée : créer unaéroclub, qui aurait permis d’ouvrir de nou-veaux horizons aux jeunes Polynésiens, unprojet resté inachevé jusqu’à ce jour.Á l’occasion de ce 30e anniversaire, et afin depoursuivre et de faire connaître l’œuvre etl’action de Jacques Brel, poète - aviateur,l’”Aéroclub des Marquises – Jacques Brel” aété inauguré à Atuona, sur l’île d’Hiva-Oa, le9 octobre 2008, en présence d’acteurs del’aventure aéronautique, de témoins de sonséjour aux Marquises, de pilotes l’ayantconnu et formé, et enfin de son épouse“Miche” Brel, qui viendra pour la premièrefois sur la tombe de son mari. Son deuxième avion, un Wassmer 421, a étéexceptionnellement exposé sur un îlot poly-nésien, implanté sur les Champs-Élysées,lors du Centenaire de l’Industrie aérospatia-le française, du 4 au 12 octobre 2008, àParis. Une manifestation mise en scène parl’agence Magic Garden.Menée par des passionnés d’aviation et desinconditionnels de l’artiste « avecl’autorisation de “Miche” Brel et de safamille », cette opération est soutenue parl’Aéro-Club de France, l’associationDassault Passion, le Secrétariat d’Etat àl’Outre-Mer et Tahiti Tourisme. Elle a reçu

le haut patronage du Ministère de la Santé,de la Jeunesse, des Sports et de la Vieassociative.En 1964, à l’issue d’un concert donné àBiarritz, Jacques Brel rejoint la prochaineétape de sa tournée à bord d’un petit avionde tourisme. Les 4 heures de voyages suffi-ront à faire naître sa vocation. Pendant toutela durée du vol, il suit intensément les acti-vités du pilote Paul Lepanse et lui pose destas de questions. Peu après, il déciderad’apprendre à piloter. Paul Lepanses’adaptant à la vie morcelée du chanteur,deviendra son premier instructeur. Après avoir obtenu sa licence de pilote privé,Jacques Brel achète un Gardan Horizon puisun Wassmer 421 en bois parce que lafabrique artisanale d’Issoire et ses ouvriersl’attendrissent : « C’est touchant de les voirbosser. Il faut que je leur fasse plaisir, queje les encourage, ces gars. Ils tripotentleurs petits bouts de bois pour faire unavion. Je trouve ça merveilleux ». Décidantensuite d’aller plus loin, il se forme à lanavigation aux instruments à l’école “LesAiles” en Suisse auprès de Jean Liardon. À bord de ses avions, Jacques Brel parcourtla France et le monde, de plus en plus loin.En 1970, avec quelques amis, il part pour laGuadeloupe, via le Groenland, à bord d’unLear 25 : une aventure ! En 1975, après un demi-tour du monde à lavoile à bord de l’Askoy-II, Jacques Brel poseses bagages à Atuona. Sur cette île isolée etparadisiaque du Pacifique, située à plus de1 500 km de Papeete, le guichetier de laPoste restante, pour qui il n’est qu’un incon-nu, lui demande ses papiers. Cela suffira àle convaincre de rester.

LE 9 OCTOBRE2008 A ÉTÉ

CÉLÉBRÉ LE 30EANNIVERSAIRE DE

LA DISPARITIONDE JACQUES BREL

(1929 - 1978). SISON GÉNIE DEPOÈTE ET DE

CHANTEUR ESTINTERNATIONALE-MENT RECONNU,IL FUT AUSSI ET

PASSIONNÉMENT,PILOTE.

BrelJacques

30 ans de Septième ciel

Julie Lefebvre

[email protected]

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FRANCEMAGAZINE N°23 45 HIVER 2008

Hommage

S’installant sur les hauteurs du village, il selie d’amitié avec ses personnalités : lemaire, les gendarmes, les sœurs de l’écolevoisine Saint-Anne. Pendant tout son séjour,il s’impliquera de multiples façons pour sor-tir l’île de son isolement : il y fera venir unprojecteur 35 mm et des films de métropo-le, militera pour une visite hebdomadaire dudentiste, etc. À Tahiti, il rencontre également deux autresaviateurs, Michel Gautier et Jean-FrançoisLejeune. Avec leur aide, il reprendra sonaventure aéronautique. Il y dégotte unBeech Twin-Bonanza, qu’il surnomme“Jojo”, en mémoire de son ami GeorgesPasquier, régisseur qui devint son secrétai-re particulier. Ce bimoteur, qu’il équipera d’un gyropharerouge lui permettra, de 1976 jusqu’à sonvoyage final vers Paris en 1978, d’aller d’îleen île, par tous les temps, pour livrer à unepopulation coupée du monde : courrier,médicaments, colis et vivres. Sur l’île d’HivaOa, Jacques Brel, plus que le chanteur, est“l’homme à l’avion”.

Le 9 octobre 2008, inauguration de l’”Aéroclub - Jacques Brel”Avec l’autorisation de “Miche” Brel et de safamille, l’inauguration de l’”Aéroclub des

Marquises - Jacques Brel” a été, le 9octobre dernier, l’un des temps forts de ce30e anniversaire. Ce projet permet, à la fois, de rendre hom-mage aux îles enchanteresses dont JacquesBrel a voulu qu’elles soient sa dernièredemeure, mais aussi, comme il en avait eul’idée, de favoriser concrètement leur aveniréconomique, social, touristique et humain.Cet aéroclub a pour vocation :• de permettre aux Polynésiens, jeunes oumoins jeunes, de bénéficier d’une formationprofessionnelle performante,• de développer une activité aéronautiqueleur permettant d’accéder à l’ensemble des

Ballade - Jacques Brel

‘‘Je voudrais un joli avion Pour voir le Bon DieuUn bel avion souple et légerQui m’emmènerait haut dans les cieux”

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Hommage

métiers de l’aviation sans avoir à s’expatrier,• d’effectuer, dans le cadre de la réglemen-tation, les vols locaux que la ligne régulièrene peut assurer avec ses appareils : bap-têmes de l’air, vols d’initiation, vols touris-tiques,• et, en cas d’urgence et sur autorisation,d’assurer des évacuations sanitaireslégères entre les différentes îles del’archipel.

Un projet passionnant et fédérateurLe fonctionnement de l’”Aéroclub desMarquises - Jacques Brel” sera assuré pardes compétences locales : • des instructeurs bénévoles, déjà pressen-tis et enthousiastes, choisis parmi lespilotes professionnels, basés sur place, descompagnies aériennes régionales ou inter-nationales desservant la Polynésie,• des volontaires métropolitains détachéspour des périodes déterminées par leursociété ou leur aéroclub,• des techniciens aéronautiques en activitésur place,• des retraités des Armées françaises rési-dant en Polynésie française.Du 4 au 12 octobre 2008, le 2e avion deJacques Brel a été exposé sur les Champs-Élysées à l’occasion du Centenaire del’Industrie aérospatiale françaisePendant plus d’une semaine, le public a pudécouvrir le long de cette avenue mythique,l’extraordinaire dynamisme et diversité desacteurs de l’Industrie aérospatiale françaiseet européenne. De jour comme de nuit, plu-sieurs centaines de milliers de visiteurs ontdéambulé dans 6 univers différents et futu-ristes découvrant ainsi le chemin parcourudes premiers aéronefs aux dernières inno-vations technologiques. 100 ans de rêve,d’aventure, d’intelligence, de progrès tech-nique et de passion humaine. Synthétisant ces différents aspects,l’exposition du 2e avion de Jacques Brel, ins-tallé sur un îlot polynésien, reste l’un desévénements marquants de ce Centenaire.La scénographie (signée Yvan Hinnemann &l’agence Magic Garden) de l’expositionreflète l’innovation et la modernité de cetteindustrie, tout en intégrant quelques appa-reils et références historiques, afin demesurer le chemin parcouru. Il s’agit decréer un geste événementiel fort pour legrand public qui mette en scène de manièrecontemporaine, artistique et vivante lesimages fondamentales de l’aviation et de

l’espace, avec la présentation de matérielset de références aux différents métiers etsavoir-faire (aéronefs civils et militaires,hélicoptères, propulseurs, lanceurs, équi-pements). Des espaces futuristes et épurés,créés sur mesure, ont accueilli notammentun pavillon d’accueil GIFAS, un forummétiers et formations et un espace dédié àl’environnement et aux nouvelles technolo-gies. Le soir, l‘exposition a été mise enlumière de manière spectaculaire.

En 2003 déjà, le célèbre “Jojo” restauréAprès son dernier vol, le “Jojo”, parqué surl’aéroport de Tahiti-Faaa, fut destiné, en1992, à un exercice incendie. Serge Lecordier, alors président du Comitédu Tourisme d’Atuona, lança un appel poursauver l’avion. Son appel sera entendu par

Monsieur Mottard, Commandant del’Aérodrome, qui fera le premier pas, ensui-te relayé par une chaîne d’inconditionnels,qui se mobilisèrent pour sa sauvegarde. En 2002, Serge Lecordier rencontre BernardBonzom, technicien de Dassault Aviation.Ensemble, ils font le pari de sauver l’avionen déshérence. Soutenus par Dassault-Passion, ils travaillèrent pendant plus d’unmois et demi, avec leurs équipes et desbénévoles, à restaurer le “Jojo”, l’un dessymboles de l’aventure aéronautique deBrel. L’avion est aujourd’hui abrité dans l’espace“Jacques Brel”, édifié à cette occasion. Situétout à côté du musée Paul Gauguin et del’endroit où repose Jacques Brel, il repré-sente un atout culturel, complémentaire auxmerveilles naturelles de cet extraordinairebout du monde.

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“Jojo”, l’avion deJacques Brel.

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Hommage

Les acteurs du projet Sur Jacques Brel aviateur, des pilotes pas-sionnés & des inconditionnels de l’artiste. En Métropole :> Gérard David, Président de Dassault-Passion & Président d’honneur del’”Aéroclub des Marquises -Jacques Brel”.Communicant aux multiples facettes et pilo-te aux 15 500 heures de vol, Gérard David anavigué de l’Ecole Normale Supérieure àDassault Aviation (dont il fut le Directeur desRelations extérieures et de la communica-tion de 1999 à 2007), en passant par le jour-nalisme, la politique ou encorel’enseignement supérieur. Pilote émérite(9 qualifications d’avion, 1 d’hydravion et 11d’hélicoptère en état de validité), GérardDavid survole le monde, conduit avecBioforce des opérations humanitaires auxquatre coins de la planète et tente des paristoujours plus audacieux comme la transat-lantique de Paris à Oshkosh en hélicoptèreen juillet 2007 ou la Mongolie programméepour l’été 2009.> Jean-François Georges, Président del’Aéro-Club de France.La carrière de Jean-François Georges, ingé-nieur aéronautique, est marquée par desactivités liées à l’aviation civile (ProgrammeMercure, avion à stabilité variable, Falcon).Pratiquant passionné de l’aviation, soustoutes ses formes, il voue une tendresseparticulière au vol en montagne. Son objec-tif à la présidence de l’AéCF : rassemblertous ceux qui travaillent à concilier aéronau-tique et développement durable.Aux Iles Marquises :> Serge Lecordier, Président del’”Aéroclub des Marquises – Jacques Brel”.Lancé à 14 ans dans la vie active, SergeLecordier, né en métropole sera, tour à tour,commis épicier, caviste, commis bonnetier,laborantin en laiterie… En 1966, il s’engagedans la Marine Nationale, direction : les îlesdu Pacifique jusqu’en 1971, année de sadémobilisation à Tahiti. Recruté au Vice-Rectorat, puis Chef de Division del’imprimerie de l’Education, jusqu’en 1979, ils’attachera ensuite à mettre en place desinfrastructures au service des habitantsd’Atuona. En 1976, il aura l’occasion d’y rencontrerJacques Brel, dont il est un fervent admira-teur. En 1977, il remporte le 3e prix duconcours de chant de la SPECAM en inter-prétant “Dans le port d’Amsterdam” àTahiti ! En 1990, il crée de ses propres mains

l’hôtel Hanakéé, ce qui l’amènera en 1998 àdevenir Président-Directeur Général de laSociété hôtelière des Iles MarquisesHanakéé Pearl Lodge. En 1992, il installe leComité du Tourisme et s’atèle au sauvetagedu “Jojo”, dont le point final sera la réalisa-tion de l’Espace Jacques Brel.> Gérard Bourgogne, Vice-Président del’”Aéroclub des Marquises – Jacques Brel”et directeur de l’hôtel Hiva Oa HanakeePearl Lodge. Directeur de l’hôtel Hiva Oa Hanakee PearlLodge depuis 2004, Gérard Bourgogne a tra-vaillé dans l’hôtellerie et la restauration enSuisse et à San Francisco avant d’installerses bagages aux Iles Marquises. Flûtiste deformation, il a également été directeur deConservatoire, producteur et réalisateurpour “CD classiques” et rédacteur en chefde la revue “Traversières Magazine”.> Teva Reid-Amaru, pilote, Vice-Présidentde l’”Aéroclub des Marquises – JacquesBrel”.Originaire de Polynésie, Teva Reid-Amaruest pilote pour la compagnie Air Tahiti etpilote attitré de l’Aérodrome d’Atuona.Parachutiste pour la marine dans sa jeu-nesse puis dans le civil, il deviendra piloteprivé puis professionnel et explorera le cielde la Réunion, des Pyrenées et du PaysBasque avant de retourner à Tahiti en 2000avec une qualification aux instruments. Instructeur et chef pilote à l’Aéro-club deTahiti, il effectuera en bi-moteur des vols àla demande pour des négociants de perle,des propriétaires de fermes perlières ouencore pour des prises de vue aériennes. ◆

> Gérard DavidPrésident d’honneur de l’”Aéroclub des Marquises - Jacques Brel”Président de l’association Dassault-PassionTél. 33 (0)6 08 49 04 04 • [email protected]> Julie LefebvreCoordinatrice, en charge des relations presse & des relationspubliquesTél. 33 (0)6 20 36 65 86 • [email protected]> Bureaux : 42 rue d’Auteuil - 75 016 Paris> Le site : www.brel-aviateur.com> Tahiti Tourisme – www.tahiti-tourisme.fr> Service communication : Talia ValentaTél. 33 (0)1 55 42 64 39 • [email protected]> Attachée de presse : Dominique Darrigade – DM CommunicationTél. 33 (0)1 47 00 55 03 • [email protected]

Contacts

*Les citations et lesdétails de cette aven-ture sont extraits del’ouvrage « JacquesBrel, une vie »d’Olivier Todd, paruaux éditions 10/18

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Hommage

C’est à trente-cinqans, en août 1964, àla suite d’un vol

dans un petit avion de tou-risme entre Biarritz etCharleville - au coursd’une tournée - queJacques Brel vécut sonpremier émoi dans lesairs. Cette traversée de laFrance, qui dura 4 heures,orchestrée par le pilotePaul Lepanse qui lui dis-pensa sa première leçonde pilotage improvisée, luifit vivre d’intenses émo-tions et surtout, égaya sonintérêt pour l’aviation.Paul Lepanse, piloted’essai chez Sud Aviation, devint ainsi soninstructeur. Jacques Brel obtint rapide-ment son brevet de pilotage et acheta sonpremier appareil, un Gardan Horizon,immatriculé F-BLPG. Pendant 3 ans, il réa-lisera avec Lepanse quelques voyages,notamment autour de la Méditerranée. Ilchangea ensuite le Gardan Horizon pour unbimoteur Beechcraft BSS Baron, avant dese lancer en 1969 dans le vol aux instru-ments. Il s’inscrit alors à l’école de pilotagede Genève-Cointrin, “Les Ailes”, où il futaffecté au groupe de Jean Liardon, direc-teur de l’école, avec lequel il nouera unetrès grande amitié. Après avoir obtenu saqualification IFR en 1970, lui permettant de

voler de nuit et par tous les temps, JacquesBrel enchaîna les voyages dont le plusépique et marquant restera la traverséeGenève - Pointe-à-Pitre : avec une autono-mie de moins de 2 000 km, le Lear-25 louépar le chanteur forcera le joyeux grouped’aviateurs et d’amis à faire escale à Paris,Prestwick, Kefiavik, Narssarssuaq,Portland, Wilmington et Nassau avantd’atteindre la Guadeloupe.Jacques Brel délaissa un temps l’aviationpour se consacrer à une autre de ses pas-sions, la voile, et effectua en 1974, avec sacompagne Madly Bamy, un demi-tour dumonde à bord de l’Askoy II, qui le conduisitjusqu’en Polynésie où il tomba éperdument

ON CONNAÎT L’IMMENSE TALENT DE JACQUES BREL QUI FUTINCONTESTABLEMENT LE PLUS GRAND CHANTEUR BELGE FRAN-COPHONE DU SIÈCLE DERNIER, ET QUI S’IMPOSA ÉGALEMENTCOMME RÉALISATEUR ET ACTEUR D’EXCEPTION, NOTAMMENTDANS L’AVENTURE, C’EST L’AVENTURE DE CLAUDE LELOUCH. ENREVANCHE , ON CONNAÎT MOINS LA PASSION TARDIVE QU’ILDÉVELOPPA POUR L’AVIATION ET POUR LES ÎLES MARQUISES.

JACQUES BREL : UN PASSIONNÉ D’AVIATION

”“LES POUR POUR POUR ET ET TION TION VIATION VIATION VIAVIAVIAAVIAAVIAALPOUR POUR POUR A OPPOPPDÉVELDÉVELDÉVELDÉVELDÉVEL

““““Le plat pays te-cinq ”e qit qnce i- ””LeLeL platpayaya sysysysyyayayaptalpeLeLLeLeL

qui n’est plus le mien

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“Jojo”, pas siaffreux que ça.

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Hommage

amoureux de l’île de Hiva Da, dansl’archipel des Marquises. Souffrant d’uncancer du poumon, Brel subit une opéra-tion en Europe avant de revenir s’installerdans le petit village d’Atuona, sur l’îled’Hiva Da. Après avoir surmonté de nom-breuses difficultés pour retrouver sa licen-ce de pilotage, dû à ses problèmes desanté, sa compagne lui fit cadeau d’unBeech Twin Bonanza D50, acheté à Tahiti,en 1976.Baptisé “Jojo” en hommage au meilleurami du chanteur, l’accordéoniste GeorgesPasquier, mort quelque temps auparavantdu même mal qui rongea Jacques Brel, cepetit avion permit à Brel de parcourir despaysages fantastiques, subjuguant debeauté, et surtout de venir en aide à lapopulation des îles Marquises, coupée dumonde et de ses richesses les plusbasiques.

Ainsi, pendant 2 ans, Jacques Brel effec-tuera plusieurs vols hebdomadaires allantd’îles en îles pour apporter ici et là de lanourriture, des médicaments, rapatrier lesplus faibles à Tahiti, ou tout simplementlivrer le courrier, bravant à la fois les tem-pêtes et les conditions de vols difficiles -les pistes d’atterrissage étaient notam-ment très dangereuses car non balisées etsurtout enclavées entre deux montagnes,ne laissant au pilote aucun droit à l’erreur. En 1977, Jacques Brel sera amené à ren-trer par deux fois en Europe, d’abord pour

contrôler l’évolution de sa maladie, maisaussi afin d’enregistrer son ultime album,écrit aux Marquises. Malgré la fatigue et lamaladie, il profitera d’une de ses escalespour s’adonner à la voltige avec ses amissuisses.Le retour dans son paradis perdu ne seraque de courte durée. La dégradation de sonétat de santé le forcera à quitter l’île qu’ilaimait tant à l’automne 1978. Après unebrève escale genevoise, il sera conduit àl’hôpital américain de Bobigny où ils’éteindra le 9 octobre 1978. Sur sa deman-de, il a été ensuite enterré à Hiva Oa où satombe, voisine de celle de Gauguin, peutêtre visitée dans le cimetière.

L’histoire du “Jojo”Construit en 1956 dans les ateliersBeechcraft Twin Bonanza, le “Jojo”, unmodèle D50, fut importé des Etats-Unis en

1975 par Tahiti Air TourService qui l’utiliseraafin de ravitailler le mar-ché de Papeete en pro-duit frais. Acheté en1976 par Madly Bamy,l’appareil dont JacquesBrel se servit à des finsprincipalement humani-taires fut équipé d’ungirophare rouge. Lechanteur le fit égale-ment repeindre aux cou-leurs de sa Belgiquenatale, en rouge, jauneet noir.Après la mort deJacques Brel, sa cam-pagne se sépara del’appareil et le céda à lasociété Tahiti Pearl quirepeint l’avion aux cou-leurs de la France cette

fois. Après son dernier vol effectué le 25octobre 1988, le “Jojo” fut immobilisé àl’aéroport de Faa’a. Sauvé in extremis desflammes d’un exercice de sauvetage enincendie par une poignée d’inconditionnelsdu chanteur, le “Jojo” sera rapatrié à HivaOa pour être exposé sur la place du villaged’Atuona. À l’occasion du 25e anniversairede la disparition de Brel, deux passionnéesentreprirent de redonner au “Jojo” ses cou-leurs et son panache d’antan. Missionaccomplie, “Jojo” repose désormais en paixau cœur du musée d’Hiva Oa. ◆

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FRANCEMAGAZINE N°23 50 HIVER 2008

NUKU HIVAC’est la plus grande de l’archipel, avec 330km2, dominée par une chaîne de mon-tagnes volcaniques dont le plus haut som-met, le Tékao, culmine à 1224 m.La côte est faite de pointes, de grands capset de baies qui abritent de petits villages-

mais en grande sœur, Nuku Hiva possèdela capitale administrative Taiohae, nichéedans une baie spectaculaire gardée pardeux îlots dénommée si justement lesSentinelles...A proximité, à l’est, se dressent les struc-tures du marae marquisien le mieuxconservé et restauré : Temeha, lieu deculte avec son tohua dallé où se célé-braient les grandes fêtes, avec sa terrassede gros blocs (pae pae) enrichi des plusbelles sculptures marquisiennes. Du reste,Nuku Hiva renferme les plus impression-nants vestiges des anciennes civilisations.À ne pas manquer : les deux marae dePaeke avec plusieurs centaines de pétro-glyphes qui inspirent encore les sculpteursde tiki d’aujourd’hui ou bien les tatouagescorporels élevés au rang de véritablesœuvres d’art, et redevenus très populairesdepuis quelques années.La nature y est absolument spectaculairechaque indentation réserve des surprises,comme cette gigantesque cascade de 350mètres au bout de la vallée de la Hakaui, ilfaudrait citer Hatihau au nord avec ses picsbasaltiques impressionnants et deux

Le mythe d’un ailleurs où le temps se serait arrêté : c’estpeut-être ce qu’ont recherché tous ceux qui ont mis le capsur les Iles Marquises : Pierre Loti, Herman Melville, Victor

Ségalen, Paul Gauguin, ou encore Jacques Brel, plus près denous - pour ne citer que les plus célèbres -. Le visiteur du 21e

siècle, qu’il sache ou non les exprimer au travers de l’art ou del’écriture, ressent à coup sûr toutes ces émotions : la beauté depaysages où la nature intacte garde tous ses droits, avec descascades vertigineuses, des pics acérés et des montagnes couvertes d’un épais manteau vert, des cocoteraies exubérantesau bord de plages de sable ocre ou noir, la rencontre avec unecivilisation unique, avec quelques-uns de ses rites ancestrauxprécieusement conservés par une population pour laquelle lagénérosité et le sens de l’accueil sont des vertus naturelles...A 1 500 km au nord-est de Papeete, proche de l’équateur,l’archipel des Marquises comprend une dizaine d’îles hautessans barrière corallienne, dont six sont habitéeset désignées en “groupe nord” et “groupe sud”.

Le bout du mondeaux Marquises

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FRANCEMAGAZINE N°23 51 HIVER 2008

Paradis

superbes chutes d’eau - sur la côte sud,les fous de plongée exploreront les grottessous marines ou les tombants vertigineux.À Motumano, Ekamako ou au pied desfalaises de Tikapo, rendez-vous assurésavec les grands spécimens : requins-mar-teau, raies manta ou dauphins d’Electre...

UA POUA quelque 45 km de Nuku Hiva, un lieumagique à découvrir en excursion : lespitons basaltiques du centre de l’île dessi-nent une succession de colonnes quiémergent de la montagne - on y rencontrefréquemment des chevaux sauvages. Versl’ouest, les nombreux marae des valléesdites royales attestent de l’importance del’île aux temps anciens. Ua Pou a inspiréplus d’un artiste depuis des temps immé-moriaux, depuis les petroglyphes, jus-qu’aux plus belles sculptures - on admire-ra particulièrement celles de l’église du

village principal Hakahau, installé autourd’une baie parfaitement circulaire et sonpetit port - l’un des favoris des plaisan-ciers. Là, résident de nombreux sculp-teurs, peintres sur tapa traditionnel, musi-ciens, danseurs - et en 1987, fut créé lepremier Festival des Arts des Marquises -dont la 7e édition s’est tenue dans l’île d’UaPou-.

UA HUKALa benjamine des marquises avec 77 km2 :encore un petit paradis sauvage surgi del’océan. Très montagneuse, elle offre unevégétation tropicale très dense sur lespentes et dans les vallées.

Le village de Vaipaee ressemble à un décornaïf, avec ses petites maisons , sa mairie etson école pimpante mais ne vous y fiez pas,Ua Huka a vu la création d’un importantmusée archéologique et ethnologique. Ilrenferme un grand nombre de piècesauthentiques du patrimoine culturel mar-quisien offertes par la population elle-même. On ira visiter l’étonnant jardin bota-nique à Papuhakeikaha où poussent lesdifférentes familles de palmiers dont celuidu voyageur, une bambouseraie, lesplantes à parfum - ylang ylang, patchouli ettiare - tout à côté des grands plants devanille et du bassin des lotus.D’autres surprises attendent les amoureuxde nature et d’histoire, sur les pistes quimènent aux villages de Hokatu, réputépour ses sculpteurs sur bois, et de Hané oùl’on découvre Meiaute, le plus important etle plus ancien gisement archéologique desMarquises avec de très grands maraesenfouis sous la végétation et ses superbestiki sculptés dans la pierre rouge.

HIVA OALa principale des îles du groupe du sud estsans conteste la plus connue : Hiva Hoa estencore habitée par le souvenir de deux (aumoins) de ses hôtes les plus illustres, PaulGauguin, qui y avait bâti sa “Maison duJouir” et le chanteur-poète Jacques Brelqui vint s’y installer en 1975.Cette année même, à Atuona plantée dansla baie de Taaoa, on a inauguré un CentreCulturel Paul Gauguin très intéressant, àl’emplacement de sa maison, où l’on peutsuivre pas à pas sa démarche d’avant-gar-diste de la peinture mais aussi sa quête >>

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FRANCEMAGAZINE N°23 52 HIVER 2008

d’authenticité, à larecherche des coutumeset des arts ancestrauxmarquisiens.Mais au-delà d’un voyage -pélerinage sur les pas desdeux célèbres person-nages, jusqu’à leur sépul-ture dans le Cimetière duCalvaire, Hiva Oa est unvéritable jardin à exploreravec une végétation d’unerichesse incroyable : toutpousse à profusion : coco-tiers, arbres à pain, bana-niers, goyaviers, et dans lemoindre jardin, on assisteà une explosion de cou-leurs avec des cascadesde bougainvilliers, descanas et des hibiscus.L’île est ponctuée de sitesarchéologiques : Taaoa Upeke avec son paepae de grande dimension au milieu debanyans dont les racines aériennes for-ment comme une nef de cathédrale, et del’autre côté, à l’ouest, après une petite croi-sière le long des côtes, en contournantl’extraordinaire cap de Matafenua, le villa-ge de Puamau vous attend et, non loin delà, le marae de Oipona. Là, se dressent ungrand nombre de tiki sculptés parmi lesplus anciens de Polynésie dont le fameuxtiki Takaî qui mesure plus de 2 m 30 dehaut et d’autres statues votives gigan-tesques qui annoncent celles de l’île dePâques...

TAHUATAA quelques encablures de Hiva Oa, on ne seprivera pas du plaisir de visiter ce petitjoyau volcanique d’à peine 70 km2 avec sesvallées fertiles et sa superbe plage desable clair. C’est un véritable havre de paixet de sérénité, même si Tahuata eut unriche passé historique. Ce fut la premièreîle de l’archipel que le navigateur espagnolAlvaro Mendana découvrit en 1595, auquelil donna le nom d’Iles Marquises.Le Capitaine Cook y jeta l’ancre en 1774 etde célèbres autres navigateurs y ont laisséleurs traces dont l’amiral Dupetit-Thouarsqui signa un accord avec le chef Iotete... Avisiter : le petit port historique de Vaitahu,Hapatoni le village principal de l’île qui vautle détour avec son étonnante cathédralemoderne, mais surtout, les vallées aux-

quelles on accède par bateau pour allerexplorer quelques-uns des sites archéolo-giques les mieux conservés de Tahuata.

FATU HIVAC’est la plus éloignée et aussi la plus sau-vage de l’archipel des Marquises, à 80 kmau sud de Hiva Oa. Son relief volcanique esthérissé de crêtes et de pitons émergeantd’un épais manteau de végétation tropica-le. Ses deux jolis villages, Omoa etHanavave sont nichés au fond de baiesspectaculaires : la baie des Vierges estcelle dont rêvent les navigateurs. Elle offreun mouillage exceptionnel dans un décord’Eden. Dès lors, il n’est pas surprenantque Fatu Hiva abrite le plus grand nombred’artistes, artisans d’art, graveurs etsculpteurs de talent. On y a créé un centred’Art et d’Artisanat parmi les plus réputédes Marquises, c’est là que l’on fabriqueselon les méthodes ancestrales, les plusbeaux tapa, ces étoffes faites de fibresd’écorce de certains arbres - arbre à painou banyan - traitées et peintes de motifstraditionnels à l’aide de pigments naturelsque l’on retrouve dans les sculptures ou lestatouages marquisiens. ◆

Paradis

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Danse et costumes

traditionnels sur l’île de Nuku Hiva.

Service Communication / Odile LiehonTAHITI TOURISMETel +0033 (0) 1.55.42.61.24 (direct) / E-Mail: [email protected]

Contact Presse

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FRANCEMAGAZINE N°23 54 HIVER 2008

Nous jouons dans une nouvelle piècedont nous découvrons chaque jourle texte sans en connaître le

dénouement. Sans avoir à ressasserl’adage trop usé de Warhol sur nos 15minutes de gloire, notre vie semble serésumer à des photos joyeuses postées surle Web et les aspirations personnellessemblent être légitimes et possiblesqu’une fois exprimées sur une chaînenationale.Désuet, le concept de vie privée tend à jau-nir avec les photos d’une autre générationtandis que la réussite d’une vie sociale semesure au degré de visibilité du citoyen. Ilest d’autant plus difficile de s’intégrer à cemouvement lorsque l’on sait que les ten-dances changent plus vite que le coursboursier. « Villes du Nouveau Monde : elles vont dela fraîcheur à la décrépitude sans passerpar l’ancienneté » - Tristes Tropiques,1955. Claude Lévi-Strauss. Paradoxalement, la construction de notreculture semble se figer, prisonnière de sonpropre reflet : plus Dorian Gray queNarcisse, elle parvient à conserver uneimage flatteuse d’elle-même, laissant letableau de ses méfaits, quelque part dansun placard ou enterré dans les terres duTiers-monde. Pourtant, en prenant letemps de ralentir juste un instant notrefuite en avant, on peut sentir posé sur nos

actes un regard discret. Un regard de 100ans, humain implacable et distant, ainsipeut-être plus dérangeant que l’œil divin.Il y a une crainte de parler de Claude Levi-Strauss. On veut éviter de vulgariser sa réflexion enquelques lignes et si l’on s’y risque, il nemanquera pas d’en faire part en décrivantnos écrits par “un dévergondage sentimen-tal nourri de connaissances sommaires etmal digérées” et s’agace du “tic journalis-tique qui consiste à associer le nom deLacan” au sien. On veut parler de la vie privée de cethomme mais en retournant nos archives,seules les poussières tombent. L’humilité vient alors couvrir honteuse-ment notre incessante quête de reconnais-sance bâtie sur des actes stériles. A vouloirêtre exposé, on oublie le mérite de ceux quiont occulté leur vie afin de mettre celles depassionnants inconnus en avant. La surex-position et le sentiment de suprématie denotre culture laissent un arrière-goûtd’indécence lorsque l’on se penche sur lestravaux de Claude Lévi-Strauss. Son dévouement aux sociétés dites “primi-tives”, le rayonnement de sa pensée ne fontqu’exacerber la pudeur d’un homme ayantdéfini l’anthropologie et la philosophie duXXe siècle. Alors, prudents, on se retire etl’on continue notre manège social, feignantde ne pas le remarquer. Tel le cinéaste

Portrait

Samira AguerguanSam

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QU’IL EST DIFFICILE DE SE CACHER AUJOURD’HUI. POUR NOUS, ACTEURSMODESTES DE CETTE SOCIÉTÉ, IL SUFFIT DE DEUX CLIQUES À NOTRE VOISINPOUR DÉCOUVRIR NOTRE RÉSEAU SOCIAL, NOS PASSIONS ET PEUT-ÊTREQUELQUES SECRETS INAVOUÉS. POUR LES PLUS CÉLÈBRES, LEURS VIES NOUSSONT DÉTAILLÉES DU BAIN DE BOUCHE MATINAL À LA SOIRÉE TROP ARROSÉE.ET ENFIN, SI L’ON PARVIENT À ÉVITER TOUTE TRACABILITÉ, LES PLUS CURIEUXET LES MIEUX ÉQUIPÉS POURRONT S’EN RÉFÉRER DIRECTEMENT À EDVIGEPOUR DÉCOUVRIR NOS TENDANCES, QUELLES QU’ELLES SOIENT...

La dimension humaineLaLaL dimendL i nema iClaude Lévi-Strauss

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FRANCEMAGAZINE N°23 55 HIVER 2008

Jean Renoir dans le film « La règle dujeu », on imagine Claude Lévi-Straussnous laissant croire improviser et finale-ment tout connaître de nos mécanismes àvenir. Et quand son jugement tombe, ilsemble sans appel.« Ce que je constate : ce sont les ravagesactuels ; c’est la disparition effrayante desespèces vivantes, qu’elles soient végétalesou animales (…) et je pense au présent etau monde dans lequel je suis en train definir mon existence. Ce n’est pas un mondeque j’aime. » Cette phrase, lancée lors d’une de sesrares interviews télévisées annonce quel’œil centenaire se lasse de nos bêtises : onréalise alors que il existe des miroirs danslequels il est difficile de se regarder parmoments.Imaginons que nous puissions presser latouche Retour du temps : les années re-défilent en sens inverse. La guerre en Irak,la guerre froide, le choc pétrolier, la guer-re du Vietnam, la guerre d’Algérie, laSeconde Guerre mondiale, la PremièreGuerre mondiale… On appuie sur pause etle compteur se bloque le 28 novembre 1908à Bruxelles. Un couple français lettré,Raymond Lévi-Strauss, artiste-peintrespécialisé dans le portrait, et Emma Lévyagrandissent leur famille : Claude Lévi-Strauss voit le jour. Un an plus tard, ilsquittent la Belgique pour la France. C’est làque se fera la vie de l’enfant.En 1931, le jeune homme est agrégé dephilosophie et commence à enseigner.Cependant, le professeur découvre leslimites de cet univers ainsi que celles deses engagements politiques. Un mondeplus grand, plus riche, plus secret lui tendles bras. Le besoin de voir autre chosel’anime et il saisit l’opportunité d’enseignerla sociologie au Brésil pour visiter les vil-lages indiens du Matto Grosso.L’expérience du terrain.Les cinq années passées sur le continentSud-américain enfanteront quelquesdécénnies plus tard « Tristes Tropiques ».Une œuvre qui classe Claude Lévi-Straussparmi les grands d’un autre temps. Unnouveau genre de livre, à mi-chemin entrel'essai littéraire et l'ouvrage savant. Cesécrits sensibilisent un large public à ladémarche anthropologique et permettent àl'ethnologue de sortir du registre scienti-fique habituel en étoffant l’œuvre, d’une

Portrait

En haut : Narcisse de B. Conda deSatriano.

En bas : Tableau de Dorian Graytiré du film d'Albert Lewin extrait

de l'œuvre d'Oscar Wilde.

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FRANCEMAGAZINE N°23 56 HIVER 2008

L’ouvrage deDenis Bertholet

consacré à Lévi-Strauss.

magifique plume, de sesimpressions, souvenirs et étatsd'âme. Le succés est immédiat. L’homme maîtrise le style, lesavoir et l’humanisme. Plusqu’un lettré de la Renaissance,Claude Levi-Strauss s’inscritdans le parcours des philo-sophes grecs. Ces êtres à lafois scientifiques, littéraires etgrands penseurs disposés àréfléchir au fonctionnement del’humanité. Ses acquis se pré-cisent et se développent d’uneprécision chirurgicale lorsque,contraint de partir pour NewYork durant la Seconde Guerremondiale, il rencontre RomanJakobson qui l’initie à la lin-guistique. Il décrit cette ren-contre comme une “illumination”.Durant ce séjour, il s’attache à uneréflexion théorique sur les systèmes deparenté et d’alliance matrimoniale. Ce serale sujet de sa thèse qui paraîtra en 1949 :les Structures élémentaires de la parenté.Officiant également aux États-Unis en qua-lité de Conseiller culturel prèsl'Ambassade de France, il démissionne en1947 pour se consacrer à son travail scien-tifique.Il est nommé en 1949 sous-directeur duMusée de l'Homme, en 1950 direc-teur d'études à l'École pratiquedes hautes études, chaire des reli-gions comparées des peuples sansécriture (Ve Section). En 1959, il estélu au Collège de France à la chai-re d'anthropologie sociale, qu’ilanimera jusqu’en 1982, tout endirigeant le laboratoired’anthropologie sociale, qu’il afondé en 1960.Son travail oblige la plupart desanthropologues axés sur la rigueurscientifique, qu'ils soient ou non enaccord avec lui, à considérer leursrecherches d'un regard neuf et àredéfinir des positions.En relisant le parcours de ClaudeLévi-Strauss, on s’aperçoit que lesdistinctions, les réussites et lespostes prestigieux paraissents’enchaîner de manière évidente.Des « Structures élémentaires dela parenté » à « Race et Histoire »

en passant par « La PenséeSauvage », le savant devientavec le temps une institution.Le temps passe. L’hommeaime la nature et celle-ci le luirend bien. Pour un anthropo-logue, quel rêve de vivre 100ans pour voir de ses yeuxpropres un monde changer.Mais pour un philosophe, quel-le souffrance de voir détruire etdisparaître, peu à peu ce qu’ona jadis aimé.Aujourd’hui, ce grand repré-sentant de la pensée françaisedans le monde et doyen del’Académie française rejoint deson vivant Gide, Malraux,Claudel, Montherlant, Saint-John Perse, Green, Yourcenar,

Char, Gracq, lonesco et Sarraute. Ce sontles seuls auteurs à avoir vu leurs œuvrespubliées dans la prestigieuse collection dela « Pléiade » de leur vivant. En donnant lesentiment de maîtriser le temps qui passeet son parcours personnel, l’auteur a lachance à présent de pouvoir choisir lestextes publiés. Il maîtrise ainsi sa postéri-té. D’ailleurs, on souhaite secrètementimmortelle cette figure quasi-paternelle.Car cela nous ramène fébrilement à son

voyage en Terre de Feu, lorsqu’ilenregistrait sur bande magnétiquele témoignage de la dernièreindienne Ona, âgée de 95 ans, sursa culture autrefois fameuse, appe-lé à disparaître avec elle.Et l’on craint que malgré nos inep-ties, notre folle envie de paraderaux yeux de tous, notre désir de toutet de rien à la fois, notre civilisations’éteindra quand le regard deClaude Lévi-Strauss cessera de seposer sur nous.« Le monde a commencé sansl’homme et il s’achèvera sans lui.Les institutions, les mœurs et lescoutumes, que j’aurai passé ma vieà inventorier et à comprendre, sontune efflorescence passagère d’unecréation par rapport à laquelleelles ne possèdent aucun sens,sinon peut-être de permettre àl’humanité d’y jouer son rôle. »Tristes Tropiques. ◆

Dorian Gray faceà son tableau.

Portrait

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FRANCEMAGAZINE N°23 58 HIVER 2008

Ces accords avaient pour but essentiel deréformer le système monétaire en insti-tuant la stabilité des parités. Il favorisait

en fait le dollar US en monnaie de réserveconvertible en Or à 35 $ US l'once.Pierre Mendès-France, pour notre pays,J.M. Keynes pour l'Empire britannique, etH.D. White pour les Etats-Unis d'Amérique,étaient les signataires de ces accords qui nepurent véritablement s'appliquer qu'à partirdu 1er janvier 1959. Le 15 août 1971, RichardNixon & Georges Pompidou, se réunissaientaux Açores et mirent fin aux fameux accordsde Bretton Woods, remplacés par ceux de laJamaïque en 1976, supprimant ainsi touteréférence à l'or, ainsi qu'à la fixité des pari-tés de change.Premières conséquences :A > Volatilité immédiate des monnaies.B > Déficits de toutes sortes.Prenait ainsi forme le prévisible déclin éco-nomique de l'Amérique, favorisé, il est vrai,par le puits sans fonds de la guerre duVietnam et le premier choc pétrolier enOctobre 1973.

Tiens... déjà le pétrole !D'aucuns voudraient absolument comparerla crise de 1929 avec celle que nous subis-sons aujourd'hui.Si, à bien des égards, elle supportequelques paramètres identiques, celle quenous vivons actuellement m'apparaîtcomme beaucoup plus grave. En effet, sonampleur et ses sources en font probable-ment la plus grave crise que le systèmecapitaliste nous ait réservé.Si, dans les lignes précédentes, j'ai oséaborder un rapide historique de celui-ci,c'est bien pour vous faire toucher du doigtque ce véritable cataclysme ne nous est pastombé dessus subitement comme on

J’aimerais vous dire…

s'évertue à bien vouloir nous le faire croire.Depuis quasiment trente années, notrebonne vieille planète vit au gré des sursautset des chocs sectoriels d'ici ou là. Déjà en1979, à la suite au départ du Shah d'Iran,nous nous étions offert un deuxième chocpétrolier, anihilant tous les efforts des éco-nomies occidentales pour remonter desabysses du premier choc, 6 ans plus tôt.

Encore le pétrole...En octobre 1987, un nouveau jeudi noir s'estétalé sur toutes les places boursières dumonde. Le 9 novembre 1989, chuta le murde Berlin accompagné du marxisme et,avec lui, toutes les conséquences que l'onapprécie aujourd'hui. Vint ensuite la faillitede la Baring Brothers à Singapour avec, entoile de fond, la crise asiatique en 1997, sansoublier l'effondrement du fonds LTCM auxÉtats-Unis.S'en suivirent le crash russe en septembre1998, puis la faillite en 2000 de l'Argentine etl'écroulement en 2001 des nouvelles tech-nologies, suivi du fameux 11 Septembre2001.Est-il besoin de rappeler les diatribes quis'en suivirent et aboutirent à la deuxièmeguerre de l'Irak et le soutien à la démocra-tie en Afghanistan.

Toujours le pétrole…Résultat : des milliers d'hommes, defemmes et d'enfants disparus et onze millemilliards de dollars US en déficits cumulés.Ouf ! Rien que cela. Dites-moi, si le mondeallait si bien que cela, nous le saurions.Non ?Seulement voilà, depuis 1995, une nouvelledonne nous est apparue : la Mondialisation.Vu des Etats Unis, quel bon mot : Institutiondu “Libéralisme avancé”, dérégularisationtotale des marchés. Je traduis : « Je fais ceque je veux où je veux » !Résultat : les bulles économique, financière,immobilière et sociale sont en traind'exploser.De par la globalisation, nous nous retrou-vons comme une belle corbeille de fruitsfrais avec, en son beau milieu, une pommepourrie. Voilà tout le drame. Plus de frontiè-re, plus de règle. C'est là toute la gravité dela situation.

Serge Cyril Vinet

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CONSEILLER ÉLUÀ L’A.F.E. POURLA SUISSE ET LELIECHTENSTEIN

LE 21 JUILLET 1944, 44 PAYS SE RETROUVÈRENT À BRETTONWOODS DANS LE NEW HAMPSHIRE AUX USA POUR SIGNER LESACCORDS DU MÊME NOM ET CRÉER LE FONDS MONÉTAIREINTERNATIONAL.

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FRANCEMAGAZINE N°23 59 HIVER 2008

21 juillet 1944.Les accords deBretton Woods

sont signés danscette ville du

New Hampshire.

Bien sûr, me direz-vous, cycliquement,l'Histoire est jalonnée d'effondrements puisde rebondissements. Qui se souvient deBruges au XIIIe siècle ou de la république deVenise au XVe siècle. Plus près de nous,l'hégémonie du dollar US a succédé à cellede la livre sterling au milieu des années 30.Seulement, il y a une différence de taille. Lepassage du témoin s'est toujours effectuéau profit d'un “leader naturel”. En cemoment même où je vous écris, nous ensommes dépourvus.L'Europe, tout comme le Japon, sont enrécession, et tous les pays émergents ver-ront singulièrement diminuer leur taux decroissance. Vous connaissez la suite...

Moins d'activitésMoins de consommationPlus de chômage, etc. etc.Nous nous dirigeons tout droit vers le cyclede Juglar : une crise brutale touchantl'ensemble de l'économie : Récession -Dépression - Reprise.Une société qui se respecte ne peut paséchapper à des règles. Le capitalisme nonplus. Le seul garant en la matière, c'estl'Etat. Il doit être présent pour faire respec-ter les règles et le droit établis.L'urgence est d'endiguer la crise deconfiance qui déferle sur les marchés et quicommence à contaminer les populations...Danger ! Si, pour recouvrer la confiance,l'Etat doit intervenir, il n'y a aucune hésita-tion à avoir. C'est son rôle, il intervient là oùles marchés ont échoué.Mais, de grâce ! Les secteurs nationalisésdans l'urgence devront être de retour dansune économie de marché régulée, lorsquecelle-ci se sera dotée de règles justifiantson rétablissement.

Post-scriptum

”“

En cette fin d'année, il est de tradition d'adresser ses vœux à ceux qu'on aime ici-bas, comme au firmament.A nos fils, à nos frères, à nos enfants, disparus tragiquement en Afghanistan, ces vers de Victor Hugo, gravés à Megève sur leur monument :

Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie,Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.Parmi les plus beaux noms, leurs noms sont les plus beaux.Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère,Et, comme ferait une Mère,La voix d'un peuple les berce en leurs tombeaux.

Ce sera long, mais il faut essayer.« Si vous n'essayez jamais, vous ne réus-sirez jamais, mais si vous essayez, vousrisquez de vous étonner vous-même »**Je crains que le défi le plus difficile à releverne soit de convaincre les Américainsd’épargner.Lorsque le produit de l'épargne américaineoscillera avec celui de la consommation chi-noise, on pourra dire alors que l'équilibrefinancier mondial sera de retour.Des voix s'élèvent pour critiquer lePrésident Nicolas Sarkozy d'être sur tousles fronts. J'allais dire... heureusementqu’ily est ! Il essaie de mettre en exergue cettepensée du général de Gaulle, dans sesmémoires de guerre :« La France n'est réellement elle-mêmequ'au premier rang ; seules de vastesentreprises son susceptibles de compenserles ferments de dispersion que son peupleporte en lui-même. » ◆

* Etre ensemble et être soi-même ** Thubten Yeshe

J’aimerais vous dire…

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FRANCEMAGAZINE N°23 60 HIVER 2008

BUBBLE LAMPS,1952, © Vitra

Design MuseumArchiv

Architecte de formation, Nelson faitses études aux Etats-Unis. A l'âge devingt-quatre ans, il gagne le célèbre

prix de Rome, grâce auquel il peut demeu-rer deux ans à l'American Academy deRome. Il profite de ce séjour italien pourvoyager et interviewer les plus célèbresarchitectes européens de l'époque, comme

Le Corbusier, Mies van der Rohe etGropius. De retour aux Etats-Unis en 1935,il devient coéditeur des revuesArchitectural Forum et Fortune, puis dirigeun bureau d'architecture à New York, de1936 à 1941.C'est le début d'une intense activitéd'architecte, mais aussi d'auteur et dethéoricien. Dès 1941, il est professeur àl'école d'architecture de l'université Yale,puis à Columbia, où il développe de nou-veaux concepts d'urbanisme. Il se montreparticulièrement précurseur dans un pro-jet comme celui d'un centre commercialintégrant des espaces verts ("Grass on

L'AMERICAIN GEORGE NELSON (1908-1986) AURAIT EU CENT ANS EN 2008. A CETTE OCCASION, LE VITRA DESIGNMUSEUM ORGANISE LA PREMIEREGRANDE RETROSPECTIVE GLOBALE DESON ŒUVRE A WEIL AM RHEIN.

Exposition

George Nelson

Le Corbusier, Mies van der Rohe etL'AMERICAIN GEORGE NELSON (1908-BUBBLE LAMPSBUBBLE LAMPSBUBBLE LAMPS,

1952, © VitraLAMPSBUBBLE BUBBLE ,

© 1952, VitrVitr1952, Vitr© aVitrVitr1952, C hRdiMibL teeorenaseresroe vu ii ,(1908-NELSON NELSON GEORGE GEORGE GEORGE L'AMERIC (1908-NELSON GEORGE AIN AIN AIN L'AMERIC (1908-

nnosleNNegrgrroeGDe l’architecture au designnn

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FRANCEMAGAZINE N°23 61 HIVER 2008

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Exposition

Main Street"). Ses préoccupations surl'habitabilité des lieux qu'il construit lemènent rapidement au design. Il est un despremiers à imaginer des parois murales àrangements encastrés.En 1946, Nelson obtient le poste de respon-sable du design chez le fabricant demeubles Herman Miller, où il restera jus-qu'en 1972. Il y joue un rôle de pionnierdans le domaine du design d'entreprise. Decette longue collaboration naissent desmeubles, objets et concepts d'intérieursqui deviendront de grands classiques. En1947, il fonde à New York sa propre agenceet intensifie sa production en matière dedesign industriel. Il travaillera jusqu'à samort, survenue à New York le 5 mars 1986,cumulant les postes de professeur, critiqueet producteur de design, rédacteur en chefdu Design Journal et publiant de nombreuxlivres et essais.Avec le temps, les thèses de Nelson se sontrévélées prémonitoires. En 1978, il annon-çait par exemple que les progrès del'informatique seraient à l'origine de tou-

MARSHMALLOWSOFA, 1956,

© Vitra

COCONUTCHAIRS, 1956,

© VitraDesign

MuseumArchiv

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FRANCEMAGAZINE N°23 62 HIVER 2008

Exposition

Corinne Charles

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DOCTEUR EN HISTOIREDE L’ART

BALL CLOCK,1948, © Vitra

jours plus de "miniaturisation, de fugacitéet d'immatérialité". Il avait eu l'idée futu-riste d'une "ville enterrée", qui aurait eudes infrastructures souterraines pourrendre l'environnement urbain "plushumain". Conférencier et publiciste réputé,il défendait un point de vue d'écologisteavant la lettre.L'exposition rend hommage à toutes cesfacettes de sa création. Elle met en lumiè-re sa position de pionnier dans la planifica-tion et l'aménagement de la maison parti-culière, comme dans le concept du bureaupaysager moderne. On peut y voir sesobjets et meubles les plus célèbres,comme les lampes Bubble en rubans deplastique et les horloges murales qu'ilconçut entre 1947 et 1953 pour la HowardMiller Clock Company (vue d'une des salles

du Vitra Design Museum). Les siègesCoconut, dont la forme est inspirée d'unfragment de noix de coco, sont réalisésdans une coquille en acier garnie de mous-se et recouverte de tissu. Très lourds àcause de leur coque métallique, ils n'enpossèdent pas moins un aspect léger.Quant au sofa Marshmallow, son châssisen métal est ponctué de "pastilles" dont lastructure est en acier rembourré de mous-se de latex, gainée de vinyle. La géométrieet les couleurs de l'ensemble annoncent lePop design.D'autres travaux, moins connus, sont éga-lement présentés à Weil am Rhein. Le visi-teur aura autant de plaisir à découvrirl'exposition que l'édifice qui l'abrite. LeVitra Design Museum, un des plus impor-tants musées de design du monde, est en

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FRANCEMAGAZINE N°23 63 HIVER 2008

VUE DEL'EXPOSITION,

© Vitra, photo T. Dix

GEORGE NELSON,environ 1965,

© Vitra DesignMuseum Archiv

George Nelson, architecte, auteur, designer, professeur, catalogue de l'exposition, sous la direction de Jochen Eisenbrandet Alexander von Vegesack, 2008, 352 pages, 300 illustrations, principalement en couleur.

Exposition

effet la première réalisation en Europe del'architecte Franck Gehry (1989). Il s'agitd'un bâtiment au plan novateur qui anticipele musée Guggenheim de Bilbao (1997).Le parcours est complété par une abon-dante documentation (brochures etannonces qui permettent de suivrel'évolution du design d'entreprise) et par

des enregistrements historiques. Un richecatalogue, comportant des contributionsd'historiens du design allemand et améri-cain, accompagne la manifestation.L'ouvrage contient en outre un répertoireillustré de toutes les créations de Nelson.La majeure partie des illustrations estinédite. ◆

George Nelson • Jusqu'au 1er mars 2009 • Vitra Design MuseumCharles-Eames-Strasse 1 • D – 79576 Weil am Rheinwww.design-museum.deHeures d'ouverture : de lundi à dimanche : 10 h - 18 h, mercredi : 10 h - 20 h.

L’exposition

Le catalogue

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FRANCEMAGAZINE N°23 64 HIVER 2008

Op’Art

FRANCEMAGAZINE N°23 HIVER 2008RANCE 64F ANCER 3 °2M G NZINEZINEZINEZINEAA 64 200820082008HIVERIVERIVERIVER

l’art abstraitl’art optique

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Victor VasarelyDe

àVéronique Bidinger

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FRANCEMAGAZINE N°23 65 HIVER 2008

En 1930 , Victor Vasarely arrive à Parisoù il débute comme graphiste dansde grandes agences publicitaires

comme Havas, Draeger, Dewanbez. A cettepériode, Il exploite alors tous les thèmesqui seront repris plus tard : le travail sur laligne, les effets de matières, les jeuxd’ombre et de lumière et développe déjà uncertain goût pour la perspective, on retrou-ve d’ailleurs ces constantes dans sesétudes graphiques en deux dimensions telsles Zèbres (1938), ou l’Echiquier (1935).Jusqu’au milieu des années 50, Vasarely seconsacre à la peinture de chevalet évoluant

de la figuration vers une schématisation etsimplification de l’objet, ce que l’on obser-ve, par exemple, dans son autoportrait en1941 ; ce sont étonnamment les paysagesdes îles bretonnes qui le déterminent défi-nitivement dans une démarche abstraite.Vasarely a la révélation véritable que « laforme pure et la couleur pure peuventsignifier le monde… », il s’attachera par lasuite à associer structure et mouvement ;son Hommage à Malevitch » (1952-1958)marquera le tournant vers le cinétisme.Dans ce tableau, le carré pivotant sur sonaxe devient losange, créant ainsi un princi-pe visuel qui sera au centre des recherchescinétiques del’artiste.

Une conception d’un « art pour tous » :la « ville de demain » intégrera l’art àl’architecture

Vasarely, initié aux tendances du construc-tivisme, adhère aux théories visant à pro-mouvoir un art moins individualiste et pluscommunautaire, un art adapté aux muta-tions du monde moderne et du monde del’industrie. D’après lui, « L’art a une fonc-

Op’Art

DE LA DÉCOUVERTE DE L’ART ABSTRAIT L’OP ‘ART : VIKTORVASARHELYI, DIT VASARELY, NÉ EN 1906 À PÉCS EN HONGRIE,ENTRE À L’ACADÉMIE MÜHELY À 23 ANS, UNE ÉCOLE QUIAPPLIQUE LES PRINCIPES DU BAUHAUS, FONDATRICE DEL’ARCHITECTURE MODERNE ET DONT LA VOCATION ESTD’ASSOCIER ARCHITECTES, SCULPTEURS, SOCIOLOGUES,COLORISTES, PEINTRES POUR N’EN FAIRE QU’UN ENTREPRENEUR D’UNE CONSTRUCTION DE L’AVENIR ; C’ESTLÀ QU’IL DÉCOUVRE L’ART ABSTRAIT GRÂCE À MOHOLY-NAGY,GROPIUS, MIES VAN DER ROHE, KANDINSKY OU ENCOREL’ARTISTE SUISSE KLEE.

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Op’Art

tion qui ne peut être que sociale » : il fautintroduire l’art dans l’architecture, maispas à la manière de Le Corbusier et de sacité radieuse où la patte de l’artisten’intervient qu’après la finition, mais à samanière personnelle, une cité polychromeou l’art précède la construction elle-même,où l’art redevient trésor commun, pour enaméliorer le quotidien. « Je considère que le rôle de l’artisteauthentique est hautement social : donnerà voir, pour émouvoir, pour dispenser lajoie, pour faire comprendre afin d’élever ».Dès les années 50, il précise quel’intégration de l’art dans l’architecture etdans la vie quotidienne nécessite des’assurer la collaboration étroite de plu-sieurs disciplines : plasticiens, urbanistes,ingénieurs, techniciens des matériaux, chi-mistes des colorants, sociologues et, biensûr, les entreprises et l’Etat. Dès 1954, il réalise sa première intégrationarchitecturale dans la Cité universitaire deCaracas au Venezuela, en collaborationavec l’architecte Carlos Villanueva.Suivront une soixantaine de réalisations àtravers le monde comme celle du muséede Jérusalem en 1967, la faculté dessciences à Paris et l’université de Bonn, ou

>> encore la tribune olympique de Grenobleen 1968, sans oublier les associations avecd’autres domaines artistiques parmi les-quelles, les décors du Bérénice de Racineen Hongrie en 1971 ou ceux des ballets deRoland petit sur Xenakis à Ottawa en 1968.L’art cinétique, dont Victor Vasarely est undes fondateurs, est basé sur l’introductiondu mouvement dans l’art par la participa-tion du spectateur ou l’illusion d’optique.C’est en 1955, que la galeriste parisienneDenise René, associée de Vasarely depuis1945, lui donne l’occasion, ainsi qu’àd’autres artistes tels que Duchamp, ManRay, Calder, Tinguely, d’exposer leursrecherches sur le thème du mouvement.La même année, Vasarely publie sonManifeste Jaune qui énonce la notion deplastique cinétique. Il renoue ainsi avec lesrecherches des pionniers constructivistes,mais aussi avec l’enseignement duBauhaus.Le principe de l’illusion d’optiques’applique grâce à l’identité de deuxnotions jusque-là séparées : les formes etles couleurs ; la réunion de deux formes -couleurs contrastées, chacune représen-tant un élément de l’Alphabet d’UnitésPlastiques, en tout 30 formes et couleurs,

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L’événement 2008 :

une exposition

itinérante

« Hommage à

Vasarely »

’’‘‘La Fondation

Vasarely à Aix-en-Provence.

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Op’Art

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inventé par le maître de l’art optique lui-même, amène un nombre infini de combi-naisons que l’on retrouve dans son œuvreet qui ont l’avantage de pouvoir être codi-fiées ou programmées et ainsi reproduc-tibles grâce à des procédés industriels ;cela implique la création d’un langage uni-versel compréhensible par tous, un thèmecher à l’artiste pour qui « la peinture n’estqu’un moyen… Le but à atteindre, c’est dechercher, de définir et d’intégrer le phéno-mène plastique dans la vie de tous lesjours ».

La Fondation Vasarely d’Aix-en-Provenceou l’art cinétique démocratisé

Victor Vasarely portait un regard avant-gardiste sur la création artistique et c’estpour « donner à voir », sans discrimina-tions culturelles ou sociales qu’il crée, en1971, la Fondation Vasarely qui porte sonnom, reconnue d’utilité publique.

Celle-ci sera composée de deux institu-tions distinctes et complémentaires : leMusée Didactique de Gordes 1970 – 1996)et le Centre Architectonique d’Aix-en-Provence (1976 -). Ce dernier prend l’allured’une gigantesque sculpture lumino-ciné-tique où les animations optiques de la faça-de préfigurent les jeux cinétiques des 42intégrations monumentales que l’ondécouvre à l’intérieur du bâtiment. ◆

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Op’Art

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> VB : La Fondation Vasarely était-elleun aboutissement pour votre grand-père ?

PV : Oui, cette institution a été financée entotalité par ce dernier, que ce soit la res-tauration du Château Renaissance deGordes et la construction du bâtimentd’Aix. Cette volonté de transmettre sonœuvre à la collectivité comme celled’intégrer son art à l’architecture estunique dans l’art. Il était à la fois artiste, ouplasticien comme il aimait le préciser, etmécène. Seize hexagones spécialementconçus présentent la réunion unique dequarante-deux intégrations monumentalesdestinées à l’architecture intérieure etextérieure. Elles sont réalisées en tapisserie, en alu-minium anodisé, en émaux ou en verre ;ces œuvres monumentales sont le fruitd’une collaboration entre le plasticienVasarely et l’architecte et les entreprisesou les artisans, conformément au principede collaboration qu’il souhaitait entre cesdifférents corps de métiers.

> VB : À ce jour, la Fondation est en dif-ficulté. Quelles sont vos perspectivesde renaissance ?

PV : Mes grands-parents, Claire et VictorVasarely, ont ouvert cette institution en1971, en lui conférant des donations consi-dérables à l’image de celles faites à sesdeux musées hongrois de Pécs et deBudapest en Hongrie. Depuis leur décès,j’ai dû lutter contre de nombreuses mal-versations de la part de certains anciensdirigeants et de membres de ma famille.La majeure partie des donations, plus de1 300 œuvres originales inaliénables etplus 18 000 multiples aliénables, a dispa-ru. Il ne reste plus que les 42 intégrationsmonumentales d’Aix-en-Provence… Je mebats inlassablement depuis une dizained’années pour que la Fondation recouvre

tout ou partie de ses collections « de quoivivre pendant plus de mille ans » pensaitlégitimement mon grand-père.

> VB : Quels moyens avez-vous mis enœuvre pour ressusciter la Fondation ?

PV : D’abord, la reconnaissance officiellede mon statut de légataire universel, ce quia été une bataille juridique épique contrema propre famille d’abord, puis contre cer-tains dirigeants de la Fondation alors quemon grand-père m’avait clairement accor-

ENTRETIEN AVECPIERRE VASARELY, LÉGATAIRE UNIVERSEL DEVICTOR VASARELY

Pierre Vasarhelyi, unique petit-fils de Claire et VictorVasarhelyi, légataire universel de Vasarely, est membre del’Union Française des Experts, administrateur de droit de la

Fondation Vasarely et président de l’association pour ladéfense et la promotion de l’œuvre de Vasarely.

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Op’Art

dé ce privilège, étant son unique petit-filset me jugeant seul apte à pérenniser sonœuvre. J’ai pu intégrer le conseild’administration de la Fondation en février2006 dont j’avais toujours été tenu éloigné.Je préside, par ailleurs, depuis 2004,l’Association pour la défense et la promo-tion de l’œuvre de Victor Vasarely ; à cetitre, je m’attache à faire connaître et res-pecter les volontés de Vasarely tirées deses nombreuses correspondances, mono-graphies et autres catalogues, ou de sesentretiens télévisés ou radiophoniques ; jerecueille le plus de témoignages possiblede ceux qui l’ont connu en étudiant soninfluence sur les plasticiens actuels ; jeme concentre pour le moment surl’élaboration d’un catalogue raisonné,j’inventorie pour cela les collectionneurspublics et privés qui ont initié des exposi-tions, des réalisations architecturales oudes éditions.

> VB : Pour sensibiliser un plus largepublic aux difficultés rencontrées,votre association a mis en ligne unepétition à l’en-tête :www.sauvonslafondationvasarely.fr.Quels échos positifs en avez-vous ?

PV : Nous avons recueilli en 10 mois prèsde 3 000 signatures, de toutes nationalitéset de toutes origines sociales, de quoiprouver que notre démarche vise la sauve-garde non seulement du patrimoine fran-çais mais également l’initiative désintéres-sée d’un très grand artiste qui a voulutransmettre aux générations futures sonœuvre. L’activité de notre association,depuis quelques années, nous a permis de

bénéficier du soutien d’inconditionnels del’œuvre du plasticien, mais également decelui de nombreux partenaires privés quise tiennent près à prendre le relais pouraider le moment venu la Fondation dansson plan de relance. Le mécénat nous aurapermis, dernièrement, de contribuer aubon déroulement de l’exposition itinérante« Hommage à Vasarely » que nous pésen-tons actuellement à la Fondation Vasarely.

> VB : Justement, comment se déroulecette exposition ?

PV : C’est l’heureuse rencontre de plu-sieurs acteurs et structures culturels euro-péens qui a permis la réalisation de cetteexposition. Elle signe réellement la renais-sance de notre Fondation. Ce sont lesmusées d’art moderne du Donegal enRépublique d’Irlande, le Vasarely Muzeumde Pécs, ville natale de Vasarely, l’InstitutHongrois de Paris, la galerie Denise Renéde Paris et notre association qui ont décidéde cette exposition itinérante.A ce jour, les inaugurations irlandaise etfrançaise des 10 juillet et 19 septembreont été un véritable succès.

> VB : Quel avenir pour la FondationVasarely ?

PV : Je reste résolument optimiste : avec lesuccès de l’exposition aixoise, l’action defond que mène actuellementl’administrateur provisoire, Maître XavierHuertas, j’aborde avec sérénité les pro-chaines joutes juridiques et manifestationsculturelles qui permettront à la Fondationd’être le véritable support de la défense del’œuvre de Victor Vasarely. ◆

1, avenue Marcel Pagnol Jas de Bouffan • 13090 Aix-en-Provencewww.fondationvasarely.frTél : (33) 0.442.200.109 - Fax : (33) 0.442.591.465

VisitesHoraires > de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h du mardi au samediFermeture dimanche, lundi et jours fériés. Tarif : 7 Euros

Sauvons la Fondation Vasarely : www.sauvonslafondationvasarely.fr

Association pour la défense et la promotion de l’œuvre de Vasarely 66, cours Sextius - 13100 Aix • Tél [email protected]

La Fondation Vasarely

> 10 juillet 2008 - 30 août 2008Regional Cultural Center Letter Kenny & The Glebe House andGallery, Churchill (Donegal, Ireland)

> 19 septembre 2008 - 30 octobre 2008Fondation Vasarely - Aix-en-Provence

> 6 novembre 2008 - 27 novembre 2008Institut Hongrois - Paris

> 02 décembre 2008 - 31 janvier 2009Janus Pannonius Museum, Vasarely Museum Pécs (Hongrie) Détails sur : www.vasarely-2008.com

Hommages à Vasarely, œuvres 1930-1980

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Les carnets de voyage de KathereenL’Espace Van Gogh.

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Le temps des RomainsLe visiteur qui arrive à Arles pour lapremière fois est tout d’abord saisi,comme le fut Vincent Van Gogh, parl’éclat de la lumière qui déclinetoutes ses richesses cuivrées sur cegrand musée lapidaire, et redonneainsi une vie nouvelle à chaque ves-tige, lesquels ici ne manquent pas. Le plus imposant d’entre eux estl’amphithéâtre édifié par les

Romains vers la fin du 1er siècleaprès J.-C. Il pouvait accueillir jus-qu’à 26 000 adeptes des jeux ducirque. Sa grande arène en ellipseest devenue le lieu idéal pouraccueillir les grandes fêtes et lescorridas dont les Arlésiens sont sifriands. Les nombreux vestiges romains quel’on trouve à Arles – les thermes deConstantin assez bien conservés,

les cryptoportiques duforum, les Alyscamps,magnifique allée de sar-cophages, le théâtre de10 000 places dont ilreste peu de choses –donnent une idée duprestige de la cité duranttout l’Empire romain.Très rapidement Arelate,la ville aux marécages,devient un centre impor-tant d’échanges avecMassalia (Marseille) et laGaule intérieure, surtoutaprès le percement parles Romains, du canal lareliant à Fos. A cetteépoque, la ville est à lafois port maritime – lamer était alors plus près– et fluvial. Mais sonvéritable essor commen-ce en 49 av. J.-C.,lorsque Jules César,après sa victoire surMarseille, lui octroie les

possessions de sa rivale. La villes’étendait comme aujourd’hui, depart et d’autre du Rhône. Sur la rivegauche, on trouvait la citée adminis-trative – l’actuel centre ville – entou-rée de fortifications dont il restequelques témoignages. Sur la riveopposée que l’on atteignait par unpont à bateaux – aujourd’hui lequartier de Trinquetaille détruit enpartie durant la Seconde Guerre

EDIFIÉE AU BORD DU RHÔNE, ENTRE LA CAMARGUE ET LES ROCS ARIDES DU MASSIF DES BAUX, SUR LAROUTE RELIANT L’ESPAGNE À L’ITALIE, ARLES FUT TOUT D’ABORD UNE CITÉ CELTO-LIGURE. ELLE DEVINTENSUITE MÉTROPOLE ROMAINE PUIS CAPITALE DU ROYAUME DE BOURGOGNE-PROVENCE ET GRANDCENTRE RELIGIEUX AU SEUIL DE L’AN MILLE. CHANTÉE PAR LES POÈTES, RÊVÉE PAR LES MUSICIENS ETTRANSCENDÉE PAR LES PEINTRES, ARLES, DONT LES NOMBREUX TÉMOINS DE PIERRE SONT CLASSÉS AUPATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO, EST AUJOURD’HUI UN PÔLE CULTUREL EXTRÊMEMENT ACTIF ATTIRANT ÉCRIVAINS, ARTISTES DE TOUT BOIS, AMATEURS D’ART ET… TOURISTES.

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les cryptoportiques duforum, les Alyscamps,magnifique allée de sar

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Les carnets de voyage de Kathereen Abhervé

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mondiale – , se trouvaient les entre-pôts du port et les chantiers navals,plus tard détrônés par de riches vil-las.

Le temps des moines Au moment où la décadence géné-rale frappe l’Empire romain, Arlestient bon en devenant, vers le débutdu IVe siècle, la capitale politique etreligieuse de ce qu’il reste de laGaule romaine. Mais les multiplesinvasions qui, durant de longssiècles ravagèrent l’Europe, eurentraison d’elle et la fière Arlésiennefut contrainte de se terrer, transfor-mant ses grands édifices romainsen forteresse dont certains conser-veront des traces. L’amphithéâtreenserra en ses murs plus de 200maisons et une église ! Les troisétonnantes tours de défense médié-vales qui surmontent aujourd’huiles arènes témoignent de cetteépoque de replis.Le renouveau sonne au Xe siècle,lorsque les comtes d’Arles en font lacapitale du royaume de Bourgogne-Provence. Etape sur le Chemin deCompostelle, Arles voulut alorss’affirmer comme capitale religieu-se de la Provence en bâtissant uneéglise qu’elle dédia à l’apôtre grecSaint Trophisme, évangélisateur dela Provence. Cet édifice religieux quifut transformé au cours des siècles,constitue aujourd’hui avec soncloître, l’un des hauts lieux de laProvence romane. Son portail monumental inspiré desarcs de triomphe antiques séduit lesvisiteurs par la richesse de sessculptures délicates et remarqua-blement conservées qui relatent, àla manière d’une bande dessinée,des passages de l’Ancien Testamentdont le thème principal est leJugement dernier. Un Christ triom-phant et justicier trône dans la gloi-re du tympan. Une image édifiantedu catéchisme d’alors ! Les pluscurieux pousseront la porte de lacathédrale pour découvrir la belleharmonie, la sobriété architecturaleet l’exceptionnelle élévation de lanef de la primatiale. Dans le cloîtreattenant, de magnifiques chapiteaux

sculptés de forte inspiration romai-ne, noircis par la maladie qui lesronge, se délitent lentement dans lapaix et la fraîcheur de ce lieu horsdu temps.

De la Renaissance à nos joursAbandonnant la tranquillité mona-cale, le visiteur se retrouve sanstransition sous un soleil de plombqui embrase la vaste place de larépublique dont la variété desfaçades raconte une partie del’histoire de la ville. Un coup d’œil

circulaire per-met d’admirerla régularité decelle du Palais

de l’Archevêché, l’austérité del’église Sainte Anne et le stylebaroque de l’Hôtel de Ville surmon-té d’un beffroi du XVIe siècle. Aucentre de la place, érigé au milieud’une fontaine, un obélisque égyp-tien provenant du cirque romainaujourd’hui disparu, rappellel’omniprésence de l’antiquité. Levisiteur poursuivra sa découverte dela ville en se perdant dans le lacisdes ruelles qui lui révèleront debelles façades Renaissance, parfoisassez vétustes, d’autres plus clas-siques d’anciens hôtels particuliersimbriquées entre les maisons loca-tives actuelles, hautes et étroites

dont la construction remonte pourla plupart au XVIIe siècle.

De restaurations en muséesDurant pratiquement deux millé-naires, Arles s’est construite surelle-même et le cœur de la villeactuelle palpite comme nousvenons de le voir sur les restes del’ancienne cité. Les vestigesromains ont parfois servi de maté-riaux de construction à de nouveauxédifices, tel le théâtre qui a été tota-lement démantelé, tout comme le

forum et le cirque. D’autres furentpréservés car très tôt Arles a com-pris la valeur inestimable de sestrésors antiques. Dès le XVIIIe siècle,on commença à se préoccuper de laprotection des sarcophages desAlyscamps. Mais les premières res-taurations et fouilles datent du XIXe

siècle. Depuis, on n’a plus cessé derestaurer et de fouiller le sol et lefleuve, organisant de nombreusesplongées “secrètes” dans les eauxsaumâtres du Rhône qui, récem-ment, ont délivré entre autres mer-veilles, un buste en marbre de JulesCésar en parfait état. Un peu à l’écart de la ville dans lequartier de la Roquette, à proximitéde l’ancien port romain, l’architecteHenri Ciriani a conçu en 1995, unmusée de l’Arles et de la Provence

Les carnets de voyage de Kathereen Abhervé

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La façade de l’église St

Trophisme.

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antiques afin de rassembler tous lestrésors accumulés pendant tant desiècles. Une réussite ! Les visiteurspeuvent admirer dans cet espacelumineux et spacieux, les plusintimes témoignages de la vie quoti-dienne romaine et découvrir lesmaquettes des grands édifices

publics de cette époque qui en resti-tuent le gigantisme et l’ingéniosité. D’autres musées arlésiens recèlentd’inestimables trésors comme leMuseon Arlaten fondé par le poèteFrédéric Mistral pour sauver del’oubli, la culture provençale. Lemusée Réattu installé dans l’ancien >>

Grand Prieuré de l’ordre de Malteabrite, quant à lui, de nombreusesœuvres de Jacques Réattu (GrandPrix de Rome en 1790), et s’est dotédepuis les années 50 d’une bellecollection d’art contemporain(œuvres de Zadkine et GermaineRichier, plus de 4 500 photogra-phies des plus grands photographesdu XXe siècle) dont le point d'orgueest la série de 57 dessins et les 2peintures offerts par Picasso quiaimait Arles pour ses corridas et lesouvenir obsédant de van Gogh.

L’omniprésence de Vincent Van Gogh Vincent Van Gogh qui, un jour defévrier 1888, las de la vie parisienne,s’embarque pour le Midi et s’arrêteà Arles pour la qualité exceptionnel-le de sa lumière. Il y restera 15 moisdurant lesquels il travaillera inten-sément, nuit et jour, réalisant dans

un même élan créa-teur, paysages, por-traits, dessins, naturesmortes et aquarelles.

Près de 200 tableaux témoignent del’évolution de sa palette quis’enflamme dans l’embrasement del’été arlésien. Jaillissent alors lestournesols, symboles de son cultesolaire. Aspirant à rassemblerautour de lui une communautéd’artistes, il appelle Gauguin quiviendra pour participer à la créationde l’Atelier du Midi mais ne séjour-nera pas longtemps. Cent vingt ans plus tard, que reste-t-il de l’Arles de Van Gogh ? La villes’est transformée et la plupart desédifices qu’il a peints ont été bom-bardés en 1944. La campagne alen-tour, elle aussi a profondémentchangé. Par contre l'hôpital Hôtel-Dieu où il séjourna, existe toujourset a été restauré : les murs de lacour repeints, le jardin replanté avecles arbres et le yucca, les huit par-terre refaits à l'identique du tableauqui immortalisa ce lieu. En péné-trant dans la cour de cet ancienhôpital, aujourd’hui Espace VanGogh, l’émotion est grande. Bienqu’Arles ne possède aucune de sesœuvres, l’ombre de Van Gogh est

Le cloître.

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FRANCEMAGAZINE N°23 74 HIVER 2008

Les carnets de voyage de Kathereen Abhervé

omniprésente. Une dizaine de lieuxoù il a posé son chevalet sont signa-lés par des panneaux qui restituentses tableaux. La Fondation VanGogh, en invitant des artistes, tentede recréer l’Atelier du Midi dont il atant rêvé. Aujourd’hui, de nombreuxpeintres vivent à Arles. Galeries etexpositions rendent compte toutel’année ou ponctuellement de ceferment créateur.

L’extraordinaire vitalité de la vieculturelle d’Arles La chapelle Saint-Martin du Méjanest un de ces lieux où se concentreune activité culturelle intense,depuis qu’en 1985, Jean-PaulCapitani, Fançoise et HubertNyssen, fondateur des EditionsActes Sud y créèrent l’Associationdu Méjan.Une librairie, une salle de cinéma etun restaurant complètent cet éton-nant complexe culturel situé aubord du Rhône.La petite église romane transfor-mée au cours des siècles, accueilletout au long de l’année des lectures,une saison de concerts, plusieursfestivals de musique et des exposi-tions, qui l’été sont organisées enpartenariat avec les RencontresInternationales de la photographied’Arles. Rappelons que dans lesannées 70, l’Ecole Nationale de laphotographie s’est installée à Arles,confirmant ainsi sa vocation de villede l’image. Une vocation musicaleégalement puisque la collectionHarmonia Mundi a choisi Arlescomme centre de rayonnement etque d’octobre 2008 à juin 2009,l’association du Méjan offrira unedouzaine de concerts de musique dechambre au cours desquels se pro-

duiront de trèsgrands pia-nistes commeEric Le Sageavec le QuatuorEbène dans unp r o g r a m m eFauré etS c h u m a n n(23.11), ClaireDésert et

Emmanuel Strosser (05.12) invitéspour un week-end de piano avec lessœurs Lafitte (07.12), BrigitteEngerer en compagnie de DanielMesguich qui lira des poèmes deLamartine à Aragon (23.01.09),Marie-Josèphe Jude et les Solistesde l’Orchestre Poitou-Charentesclôtureront la saison (06.06.09).D’autres artistes complèteront cetteprogrammation pleine de surpriseset d’originalité comme l’altisteChristophe Desjardins et le percus-sionniste Daniel Ciampolini atten-dus dans une création de Hurel(01.02.09) et l’Ensemble Les sièclespour une soirée consacrée à Mozart(20.03.09). Le point fort de cette sai-son musicale culminera du 7 au 9avril 2009, avec laXXVIe Semaine Sainteen Arles consacrée àJ.-S. Bach. L’Art de lafugue considérée comme l’apogéede son style d’écriture et le sommetdu style contrapuntique sera exécu-té par les gambistes Atsushi Sakaï,Isabelle Saint-Yves et Thomas dePierrefeu (07.04). Le lendemain lavioloniste Stéphanie-Marie Degand accom-pagnée par MarianneMüller à la viole degambe et ViolaineCochard au clavecininterprétera un pro-gramme de sonatespour violon et continuo(08.04). Cette semaines’achèvera le JeudiSaint avec des piècesde musique sacréedonnées par la sopranoAgnès Mellon et sonEnsemble Barcarole(09.04). Le calme avantla tempête puisque dèsle lendemain, Arleschangera de registre enprogrammant la Feriade Pâques, grande fêtetaurine au cours de

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Kathereen Abhervé

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laquelle, chaque année depuis 1965,de grands toreros se mesurent dansles arènes archi combles, aux puis-sants taureaux camarguais. Frissonassuré ! La saison musicale duMéjan se poursuivra avec la XIVe édi-tion de Jazz in Arles programméedu 12 au 16 mai 2009 durant laquel-le jeunes talents et artistes connusviendront témoigner de la richessede ce répertoire. La chapelleaccueille également d’octobre à mai

Les Oliviers deProvence.

La Corrida.

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automne avec la complicité deMarielle Nordmann, Les Journéesde la harpe : quatre jours consacrésà la découverte des harpes dumonde et à leur répertoire.Masters-class, concours biennal,rencontres, concerts dans différentslieux de la ville rassemblent mélo-manes, néophytes et professionnelsautour de cet instrument. Alors, quediriez-vous d’une petite escapadehivernale en Camargue ? ◆

Office de tourisme d’Arles : +33 490 18 4120 www.tourisme.ville-arles.fr L’Association du Méjan : +33 490 96 95 25L’Association Opéra : +33 490 93 37 07

Renseignements des lectures faites par de grandscomédiens. Plusieurs expositions sont atten-dues dès le printemps 2009 dont lagrande rétrospective consacrée àMaurice Matieu à l’occasion de laparution aux éditions actes Sud del’Autobiographie par la forme. A quelques pas du Méjan,l’Association Opéra ménée depuis1995 par le duo Claude Pagès etSylviane Lange, orchestre chaque

La façade de l’amphithéâtre.

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Le billet de Dany

Aujourd’hui, c’est dimanche. Latempérature est agréable, envi-ron 20°. Les trois jours précé-

dents ont vu le mistral balayer le litto-ral de toutes ses rafales. Faisant placeà un ciel d’une pureté magique tirantsur le cobalt.Destination le haut pays varois. S’ilest une région qui peut allier le tem-porel au spirituel, c’est bien celle-là.En milieu de matinée, vous quittezCannes et abordez une route dépar-tementale qui vous conduit tout prèsdu Canet des Maures, à proximité duLuc en Provence, sans jamais verserdans la frénésie ambiante. La routedes Abbayes, celle qui parle à noscœurs et interroge nos âmes.Elle va nous diriger vers ce cheminde croix où se retrouvèrent, en 1146,les moines cisterciens de Tourtourpour y fonder l’Abbaye du Thoronet.Il s’y installèrent définitivement dès1157.Le choix du site fut fait avec soin.Les moines doivent avoir à leur dis-position des bonnes terres et del’eau en suffisance pour leurs cul-tures, mais aussi, et surtout, unebonne carrière de pierres pourl’édification de l’abbaye. L’ensemble des bâtiments del’abbaye fut construit entre 1160 et1250.Est-ce parce qu’elle est paradi-siaque à souhait, que les femmes etles hommes rejoignent la Rivierapour se sentir tout proche duSeigneur tout puissant ?

Dany Vinet

Tout au long de lachrétienté, le sud dela France est émailléde nombreuses com-munautés monas-tiques.A bien des égards, cesont ces mêmes ser-viteurs de Dieu quirégentaient cesmêmes régions.Des collines de Nicea u x c o n t r e f o r t svarois, de superbesabbayes provençales,vestiges des tempspassés, témoignentaux yeux des pélerinsque le calme lesentourant est bienplus salutaire qu’onne le croit.L’abbaye du Thoronet(photo ci-contre) res-pecte à la lettre lespréceptes de l’artroman. Elle témoigned’ailleurs parfaite-ment de l’austérité del’Ordre de Citeaux.Ordre des Cisterciens créé en 1098par Saint Bernard. Le règlementintérieur est régi par la règle deSaint Benoît qui écrit ce texte au VIe

siècle vers 520.On ne doit chercher ni ornement, nistatue. La pierre est nue, sévère,rude, afin que nul artifice ne détour-ne les moines de la contemplation

de Dieu. L’endroit, avec ses toitsrecouverts de lauze et ses lignessimples et fluides, n’en reste pasmoins saisissant de beauté et desagesse. Ses bâtiments conventuelss’organisent autour d’un cloître auxsolides arcatures. Toute l’harmoniede cet édifice, dépourvu de toutdécor sculpté, repose sur le jeu des

IL N’EST PAS FAUX DERÉPÉTER À QUI VEUT

BIEN L’ENTENDRE, LESUD DE LA FRANCE EST

SOUVENT BEAUCOUPPLUS AGRÉABLE À VIVRE

ET À DÉCOUVRIR HORSSAISON ESTIVALE.

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Quelleflammepourrait égalerle rayon de soleil

d’un jour d’hiver ?

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FRANCEMAGAZINE N°23 77 HIVER 2008

Le billet de Dany

volumes architecturaux. Il est d’unstyle roman austère, très géomé-trique. La voûte “en palmier” faisantexception de la salle capitulaire, lavoûte en berceau ici est reine, del’église au cellier en passant par ledortoir.Il compte d’ailleurs parmi les plusbeaux édifices romans que l’onpuisse trouver en Provence. Et si lesmoines ont depuis bien longtempsquitté les lieux, l’abbaye duThoronet reste fréquentée par denombreux artistes qui apprécienttant sa luminosité, aussi forte quesubtile et ses qualités acoustiquesqui lui valent désormais d’accueillir,

chaque été, les rencontres deMusique médiévale.Les derniers moines ont quittél’abbaye en 1791. La révolutionayant fourni ses effets, les bâti-ments s’abîmèrent jusqu’en 1840,date à laquelle Le Thoronet fût clas-sé “Monument Historique”. Progressivement rachetée par l’Etatdepuis 1854, elle a retrouvé aujour-d’hui son apparence et sa grâced’origine, notamment dûs auximportants travaux de restaurationmenés par Antoine-Henry Revoil etJules Formigé.Si, en ces hauts lieux de recueille-

ment, vous vous trouviez dansl’église le 24 juin à midi, vous assis-teriez avec stupéfaction à la concré-tisation du génie de nos moines cis-terciens, grands architectes del’Univers.En effet, dans la face sud de l’égliseest découpée une croix doublegueule dite “Templière”. Le soleil àmidi, engouffrant ses rayons lumi-neux dans la découpe de la façade,reproduit la croix sur l’autel imma-culé.Vous pouvez redescendre tran-quillement vers Cannes, ou plusexactement vers le monastère del’île Saint-Honorat, la plus petite des

deux îles de Lérins, dans la baie deCannes.C’est sans doute l’un des sitesmonastiques les plus anciensd’occident puisqu’il fut fondépar Saint-Honorat en l’an 410.Après avoir exterminé les milliersde serpents qui infestaient ce mor-ceau de cailloux, le saint homme ydécouvrit, ô miracle, une source.Très vite, la renommée du monastè-re de Lérins gagna les quatre coinsde l’Europe, suscitant autant deconvoitises que de vocations. Lechoix était simple : Prier ou Piller.C’est pourquoi, dès le VIIIe siècle, les

moines y construisirent une forte-resse entre la mer et l’abbaye, tou-jours visible.Là encore, les mêmes causes nour-rissant les mêmes effets, la révolu-tion aura raison des moines. A l’oréedu XXe siècle, rachetée par l’évêquede Fréjus, il favorisera alorsl’installation des moines cisterciens,chassés de Sénanque (photo ci-des-sous) , abbaye célèbre aux confinsdu Lubéron. Actuellement, lesmoines de Lérins, comme on lesappelle, indifférents aux naïades etaux yachts voisins, partagent leursjournées entre le labeur et la prière.La Lérina, liqueur d’agrumes etleurs vins de Provence jouissentd’une excellente réputation. Avantque le ciel ne s’assombrisse et quela fraîcheur hivernale ne s’installe,concluant votre tournée pastoraleet spirituelle, allez donc rendrevisite au dernier Ordre installédans la région : les Franciscains.Ils s’établirent en 1546 en unMonastère modeste sur la collinede Cimiez à Nice. Modeste étant lemot, car il fut construit en 1209 enréaction aux fastes de l’église.Une visite s’impose dans la chapelleaux deux rétables de Louis Bréa,peintre majeur de la seconde moitiédu XVe siècle ; et puis son muséefranciscain qui retrace l’histoire deSaint François d’Assises et de sonOrdre mendiant.Pour vous détendre, allez fairequelques pas dans le jardin le plusancien de la Riviera et sans doutel’un des plus agréables qui soientavec sa magnifique roseraie sur-plombant la baie des Anges. Puisvient le temps du retour sur Cannes.Vous êtes encore dans votre périplede cette merveilleuse journée, et lescontemplations que vous a offert legénie de nos bâtisseurs vous inter-pellent tellement, que c’est à peinesi vous avez entendu un père Jésuitevous demander son chemin. Vouspourriez lui répondre à la façond’Alphonse Allais : « Vous ne trou-verez jamais mon Père, c’est toutdroit. » ◆

*Henry-David Thoreau (1817-1862)

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FRANCEMAGAZINE N°23 78 HIVER 2008

De haut en bas et de gauche à droite :Bietschorn, Eiger, FinsterAARhorn, Grimselpass,

Lotschberg, aéroport de Sion.(Source : M. Adler, aéroclub de Sion)

Escapade

Groupe de Vol à Moteur SionEcole officielle de pilotageTél. / Fax +41 27 323 57 07/ [email protected]

HistoriqueIl y a 20 000 ans, autour de la grotte deTannay, s’étendaient les herbacées et gra-minées. Pendant la période du Bolling, vers12 000 ans, les pins, saules et bouleauxapparaissaient. Au néolithique moyen, vers4 900 ans avant J-C, chênes, orme, tilleul,hêtres et sapins couvrèrent les étages sub-alpins valaisans. En 1948, un tremblement de terre a lieu aSt-Léonard (lac sous-terrain). Vers 1780, unéboulement crée un nouveau lac, àDerborence, à 2 364 m d’altitude.

Le territoire valaisanLe Valais compte 35 glaciers qui couvrent18 % du territoire et revend de l’énergiepropre à 18 cantons, l’Italie, la France etl’Allemagne.Apprécié pour son vin Petite Arvine, au goûtde glycines et de pamplemousse,Johannisberg de Chamoson et Fendant,entre autres, et estimé pour ses projetsd’énergie renouvelable, le Valais s’étend surun vaste territoire.

Bas ValaisSites remarquables : les botanistes appré-cieront la flore des Alpes. Androsace helvé-tique rose, corolles de la joubarbe aragneu-

Notre

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eddeede SuisseMONDIALEMENT CONNU POUR SES RÉSERVES NATU-RELLES ET EN TANT QUE CHÂTEAU D’EAU D’EUROPE, LECANTON VALAISAN EST ÉGALEMENT UN CARREFOURD’ÉCHANGES MUSICAUX INTERNATIONAUX. LE VALAISRESSEMBLE À L’ALASKA L’HIVER AVEC SES PISTES DESKIS, ET À LA CALIFORNIE L’ÉTÉ GRÂCE À SON VIGNOBLE.

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FRANCEMAGAZINE N°23 79 HIVER 2008

Aletsch (source Michel Disner, aéroclub de Sion)

Escapade

se parme, silène acauleviolet, saxifrage blanche,primevère cauriculejaune : une peintureimpressioniste naturelles’étend sous nos yeuxémerveillés, Champexest nommé Petit Canadacar cela ressemble auxRocky Mountains, et les bains thermaux d’Ovronnazsont un délice…

Valais CentralSites remarquables : Derborence (protection LPNS),Val Héremence et Hérens, Cervin/Matterhorn.

Le Réseau HydroélectriqueDepuis 1951, les Valaisans ont conçu 2000 km debisses pour irriguer le plus haut barrage du monde à

>>

ClimatOcéanique : versant nord et ouest Méditerranéen : Sud. Exemple : le Lotschberg.Continental sec : Est Roches.Helvétique : cristallin dans le massif de l’Aar.Penninque : shistes lustres à SionAustroalpin : dents blanchesPlantesEpilobe à feuilles étroitesTassilage à Pas d’AneDryade à 8 pétalesFauneCastors dans le canal de RiddesBouquetin dans le col des RouxGémiapède àDerborences

Fiche technique

(Source : http://www.grande-dixence.ch/template/fs/documents/70p_A4-v3_FR.pdf)

Sites remarquables : Bettmeralp, Simplon,Graachen, vallée de Conches et Lotschental(http://www.loetschental.ch/)l.

Dans la vallée de Conches, Goms génèretoute l’énergie par biomasse, énergie solai-re ou hydroélectrique.(www.unternehmengoms.ch)Les épicuriens apprécieront le Valais poursa culture identitaire… et entonneront lerefrain :Sentiers Valaisans, de là-bas, de là-haut,Sentiers Valaisans, où il fait toujours beau,Ai aiho lioh ohoh OH OHAi aiho lioh ohoh OH OH.

La musique valaisanneLà-haut sur la montagne, swinguaient lesValaisans…Sur la radio diffusée via internet VibrationFM, il est possible de retrouver les sons duValais.

2 365 m d’altitude, la Grande Dixence, de lahauteur de la Tour eiffel, avec pas moins de40 bassins et un réseau interconnecté enaltitude. Les centrales d’accumulation “aufil de l’eau” produisent 60 % de l’énergiehydroélectrique…

Haut Valais

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FRANCEMAGAZINE N°23 80 HIVER 2008

Outre le cor des Alpes et la Fifo - Folklore àMartigny, le Valais compte aussi de célèbresmusiciens et de bonnes écoles…M. Kristov a créé une école de musique enValais, et M. Fumo celle de Jazz de Sion.Messieurs Tibor Varga et Bocani ont créé lahaute école de musique Archers et violon.Dans la région, Sierre-Brig-Monthey, lesgroupes se développent.

Manifestations remarquables• www.Echallens.ch : groupement de cœur

de paroisses, y compris l’ensemble vocalde Saint-Maurice à 4 voix, les petits chan-teurs de Notre-Dame de Valère, le cœurNovantique de Sion (Prix de consécrationde l’état du Valais), le cœur Oracantat et lecœur Proarte.

• www.Openairgampel.ch : pop Rock • Europeades et cor des Alpes • Festival de guitare classique a Nendaz • 39e festival de l’orgue ancien à Valère • FEST’OFF (musique de chambre) / Verbier

Groupes remarquables. Impossible de tousles citer.Spécial dédicace à Anach Cuan… Le groupede jeunes étudiants valaisans réalisent 50dates par an et participe au festival intercel-tique de Lorient. A en juger par la foule (lamoitié de la capitale valaisanne) et les auto-graphes, le groupe sédunois fait honneuraux Celtes et assure une ambiance déto-nante. Aussi talentueux que les CowboysFringuants Québécois le sont en country, lesAnach Cuan ravivent l’âme et les cœurs.Mais aussi Glem of Guiness, Hirsute,Yapanaloch… et par villes : • The Dead Rabits / Le Chable• Downless / Vetroz• Blasted (hardcore) / Martigny

• Wangles de Bulle • Lili et Patrick Perrier de Saxon • Benny Constantin, le rockeur des Alpes• Les Moonriser cartonnent en ce moment

Artistes remarquablesLes élèves et professeurs ont ravi nosoreilles de néophytes sur du Mozart, Ravel,

Haydn, Dvorak,Paganini… Le festivalparticipe à la rencontredes cultures par laprésence d’artistes detous pays :A l e x a n d r aAidonopoulou (canta-trice Grecque), Johana

Hernandez (violoniste vénézuelienne),Christina Bouey (violoniste canadienne),Gooil Kang (violoniste coréenne), TataynaPikaysen (violoniste russe), Marcio Carneiro(violoncelliste brésilien), Duncan MacCartier (contrebassiste de Grande-Bretagne), Lionel Rogg (orgue suisse)…parmi tant d’autres brillants musiciens. LeProfesseur Maurice Bourgue (France) nousa ravis avec sa maîtrise rare et majestueusedu hautbois. Que de belles émotions musicales et ami-cales durant ce festival !

La qualité de vie et la chaleur humainedans le Valais sont une valeur suisseinestimable. Le Valais où la communautéFrancophone est heureuse.

Glossaire> Suonen : canaux irrigation en bois > Bisses : ruisseau artificiel

Merci aux Valaisans pour leur aimable par-ticipation :• Champex.ch et au jardin botanique alpin

Flore-Alphttp://www.fondationaubert.ch

• Eddie et son groupe de jazz, sa gentillesseet sa culture musicale

• Le Conservatoire Supérieur et l’Académiede Musique Tibor Varga

• Le Gite “les Simples” d’Isabelle et Hervé,et à Mme B. Liberek pour l’hébergement

• Club Alpin de Ski et www.siontourisme.ch• Encaveurs www.Dubuis-rudaz.ch ◆

Escapade

>>

(Source www.anachcuan.com)

Francesco de Angelis.

Coralie Masle-Callu

[email protected]

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FRANCEMAGAZINE N°23 82 HIVER 2008

Rencontre

SCÉNARIO ÉCRIT AU CAFÉ LUMIÈRE DE L’HÔTEL SCRIBE« Je me suis nourri toute mon

enfance des bruits, descouleurs de la Casbah. C’est

cette ambiance qui a déclenchémon envie irrépressible de

faire du cinéma. »

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FRANCEMAGAZINE N°23 83 HIVER 2008

>>

> Un film réalisé et produit à l’affiche « Tu peux garder un secret ? », unautre, « Sagan », produit et réalisé parvotre associée Diane Kurys, l’entrepriseAlexandre Films tourne à plein régime.

Diane Kurys et moi travaillons comme desartisans. Nous cherchons des idées, nousles écrivons, les produisons, les mettons enscène. Une porte sépare nos deux bureauxque nous franchissons l’un et l’autre en per-manence pour confronter nos points de vue.C’est ce qui nous donne cette force, nouspermet d’avancer. Alexandre films, c’est unedéclinaison de sujets féminins plutôt portéspar Diane et de sujets masculins portés parmoi. Mais la frontière est ténue. Ainsi, aprèsle décès de Françoise Sagan, tout simple-ment en lisant Paris-Match, nous noussommes rendu compte tous les deux que lavie de cette femme écrivain avait jalonné une

Alexandre ArcadiIl a l’allure svelte d’un jeune homme et le regard curieux d’un gamin

que tout étonne encore dans cette capitale, Paris, où il vit et travailledepuis des années, mais qui, jamais, n’a réussi à effacer les souve-

nirs d’un autre monde. Celui de son enfance dans la basse casbahd’Alger, quittée à l’adolescence dans la précipitation d’une guerre quin’en finissait pas de trahir les hommes. Ponctuel, précis mais très sol-licité, Alexandre Arcady arpente d’un pas vif, téléphone portable àl’oreille, le lobby de l’hôtel Scribe. S’excuse pour cette interruptionmobile, avant d’accepter le jeu indiscret de l’interview et la séancephoto dans le décor renouvelé du Café Lumière. Lorsque l’objectif lelâche, il détaille les portraits des Frères Lumière et les photos de filmscélèbres accrochées aux murs, touché d’apprendre que c’est ici mêmeque naquit le cinéma. Lui qui, depuis l’âge de 15 ans, caressait deuxrêves : « conduire une voiture et être derrière une caméra. »

SES YEUX BLEUS INTENSES ET SES CHEVEUX BLONDS NE TRAHISSENT PAS SES ORIGINES, RÉSOLUMENTMÉDITERRANÉENNES, QU’IL REVENDIQUE ET QUI EXPLIQUENTSON AMOUR POUR LES FÊTES IMPROVISÉES, LES DÎNERSINFORMELS ENTRE AMIS, OU EN FAMILLE, AUTOUR DESPLATS ET DES VINS DE SON ENFANCE.

andrerer ArArA crcr acac diM É D I T E R R A N É E N A V A N T T O U T

Rencontre

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FRANCEMAGAZINE N°23 84 HIVER 2008

Rencontre

bonne moitié du XXe siècle, à un moment oùla France basculait, quittait vraiment l’espritbourgeois du XIXe pour entrer dans lamodernité, bousculant les acquis, permet-tant aux jeunes de vivre intensément dansun pays reconstruit dans l’urgence, après laguerre. C’est cet appétit de vivre, cette enviede profiter de l’instant, quelles qu’en soit lesconséquences qui nous ont intéressés. Nousavons monté le projet ensemble. Et Dianes’est mise derrière la caméra.

> De beaux succès qui s’inscrivent parfaitement dans le climat d’embelliedu cinéma français.

Jusqu’à présent, le cinéma français, grâce àun financement original, à ses aides diversi-fiées, a pu conserver un taux, une qualité deproduction exceptionnels contrairement auxautres productions européennes. Mais ladérugalisation du service public me préoc-cupe et préoccupe tous les professionnels dusecteur car l’équilibre entre ces différentsmodes risque d’être rompu si la volonté poli-tique actuellement affichée d’affaiblir le ser-vice public se concrétise. Si on réduit lesmoyens de la télévision publique et queseules, dorénavant, les chaînes privéessoient capables d’acheter, donc de financerune partie de la production cinématogra-phique, cela va changer la donne. « Sagan »,au départ, a pu voir le jour parce que France2 souhaitait faire un téléfilm en deux épi-sodes de 90 minutes chacun. Ensuite, seule-ment, le film s’est monté. Il ne faut pascondamner la télévision. C’est un excellentmédia qui joue un vrai rôle de vulgarisation,d’appréhension de la culture universelle.

> Vous ne boudez pas la télévision alors ?Bien sûr que non. C’est même elle, indirec-tement, qui m’a permis de découvrir, ado-lescent, le cinéma. Je suis né et j’ai passétoute mon enfance dans la Basse Casbahd’Alger, où vivait la couche la plus populaire.Maman était pied-noir, mon père hongrois.Ma grand-mère maternelle ne parlait pas lefrançais. Je n’étais pas dans un milieu intel-lectuel mais j’avais une voisine, Josette-Saïda, plus âgée que moi de dix bonnesannées qui était inscrite au ciné-clubl’Olympiade de la rue d’Isly. Son père étaitkabyle, sa mère, adoptive, russe, cartoman-cienne. Un dimanche, elle m’a invité àl’accompagner. J’avais 5, 6 ans. Evidemmenttrop jeune pour entrer. Mes larmes et monchagrin ont amadoué le machiniste. C’est

>> ainsi que j’ai vu mon premier film « JeuxInterdits » avec Brigitte Fossey qui avait qua-siment mon âge. Dès lors, je n’ai plus euqu’un but, retourner au cinéma. Ma mèreélevait 5 enfants, 5 garçons et n’avait pas lesmoyens de m’offrir des séances. Alors j’aipassé un accord avec elle. Grâce à des émis-sions d’arts ménagers destinées auxfemmes algériennes, le repassage n’avaitpas de secret pour moi, je lui ai donc propo-sé de repasser les chemises de tous leshommes de la maison, moyennant une placede ciné de temps en temps. Voilà, la télévi-sion m’avait enseigné l’art du repassage etouvert les portes du cinéma. Josette-Saïdavit toujours en Algérie, je sais qu’elle estdevenue, elle aussi, productrice.

> Toujours empreint d’Alger et de votrequartier ?

C’est impossible de les oublier. Notreimmeuble comptait cinq étages. Il s’en pas-sait des choses, il s’en échangeait des motspar les fenêtres, il s’en échappait desodeurs, des parfums. Il y avait tantd’émotions à glaner dans cet univers, de

Né au bord de la

Méditerranée, je me

reconnais dans tous

les peuples

formidables qui

vivent sur les

rivages de cette

mer.

’’‘‘

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FRANCEMAGAZINE N°23 85 HIVER 2008

Rencontre

quoi nourrir des centaines de scenarii. C’estinoubliable. Lorsque j’ai tourné « Le Coup deSirocco », à Bizerte, en Tunisie, j’avais enga-gé un de mes jeunes frères comme décora-teur. Il avait reconstitué un appartement quiressemblait au nôtre à Alger. A l’heure dudéjeuner, toute l’équipe partie, noussommes restés tous les deux dans cetappartement. Nous nous sommes allongéssur le grand lit des parents et endormis.Soudain, dans cette semi-somnolence, j’aiperçu les bruits, les odeurs de Bizerte et j’aieu l’impression d’être de nouveau à Alger. Lafiction se mêlait à la réalité, la rappelait.

> Facile de devenir cinéaste lorsqu’onest si éloigné de ce milieu ?

J’ai débuté en mettant en scène, au théâtre,« Haute Surveillance » de Jean Genêt. J’ysuis allé au culot. Je lui ai adressé une lettreen lui expliquant que je voulais jouer le rôleprincipal mais que personne ne me le don-nerait si je ne réalisais pas moi-même lapièce. Ça a marché. J’ai été directeur duThéâtre Jean Vilar à Suresnes pendant troisans et monté des pièces pendant vingt ans.Quand on est autodidacte, ce qui est moncas, un des moyens de faire du cinéma estd’apprendre d’abord à diriger des acteurs, ceque le théâtre autorise. J’ai donc abordé lecinéma par le terrain, pas en suivant descours.

> Vous aimez les acteurs et leur êtesfidèle…

Ils sont essentiels. Sans eux, sans leurtalent, sans leur jeu, la magie ne prend pas.C’est pourquoi, même si je me réjouis que lademière Palme d’Or ait été attribuée à unfilm français « Entre les murs » de LaurentCantet, j’attends de le voir, de m’assurer quece n’est pas juste un documentaire pourapplaudir sans retenue. Il faut que le cinémacontinue à privilégier les acteurs. Que seraitSagan sans la performance fantastique deSylvie Testud qui s’est abreuvée du person-nage au point d’être comme son calque ?

> Vous êtes un passionné, un hommehabité, bouleversé par les sentiments.

Toutes mes passions n’ont qu’un but, lecinéma. Je lis beaucoup mais je décortiquechaque livre, l’analyse avec l’œil du cinéasteme demandant s’il est adaptable. Je voyagebeaucoup par plaisir mais en chaque lieu, jem’interroge : est-ce que c’est un décor pourun film ? Et quand je tombe amoureux d’un

>>

endroit, je veux le porter à l’écran. C’est ainsique j’ai tourné en 1987, « Dernier été àTanger », parce que je m’étais épris deTanger et que cela dure.

> Justement, vous qui avez parcouru lemonde, où aimez-vous vivre ?

Je suis un Méditerranéen, je porte l’Algériedans mon cœur, et j’ai un pays de substitu-tion, le Maroc, où j’éprouve le même bien-être, retrouve les mêmes sensations. J’aitoumé six films au Maroc, à Fez, Ouarzazate,Tanger. J’y suis chez moi. Mais j’ai aussi uneinfinie tendresse pour Israël. Je suis trèsattaché à l’idée de l’union des pays de laMéditerranée. Cela peut être source de

Votre premier souvenir lié au vin ?C’était dans la maison de campagne des parents d’une de mes amies,Lydie. Nous avions 20 ans et savions que la cave était bien garnie.Nous sommes donc descendus pour choisir un vin de notre année denaissance. Nous avons trouvé un Pommard et nous nous réjouissionsde le partager, un symbole. Mais hélas, c’était totalement imbuvable.Déçus, très déçus.

Les convives essentiels pour partager un bon repas, de grandscrus ?J’aurais aimé réunir autour d’une même table et de plats de monpays Albert Camus que je regrette de ne jamais avoir croisé et queje ne connais qu’à travers ses écrits qui m’émeuvent profondément,David Ben Gourion, pour l’écouter disserter sur la politique ferme etmilitante qu’il a menée ; Marilyn Monroe parce que je suis sûr quec’était une femme très secrète et qui avait beaucoup à révéler ; ElieWiesel que j’ai trop brièvement rencontré, pour continuer notreconversation. Et j’inviterai mon fils Alexandre Aja, 28 ans, metteuren scène, symbole de la continuité.

Sensibles aux épices qui donnent toutes leurs saveurs à la cuisine mais aussi à la vie, imaginez quelques alliances relevées,épices-vins, autour de quelques-uns de vos films…« Le coup de sirocco » : l’anisette Phenix évidemment, avec un platgénéreusement assaisonné de cumin.« Le grand pardon » : au risque de choquer les épicuriens, un SidiBou Saïd et du piment de Cayenne, deux forces qui réveillent lessens et chantent le pays, sans se nuire l’une à l’autre.« Dernier été à Tanger » : un vin blanc très frais, très fruité etquelques friandises à l’anis étoilé pour calmer l’impatience et lafaim de Richard Corrigan.« Mariage mixte » : champagne rosé pour tout le monde etviande piquée de clous de girofle pour stimuler les ardeurs.« Tu peux garder un secret ? » : Vodka pour s’accorder àl’ambiance survoltée, cannelle pour son parfum très féminin et trèsprésent.

Vins, épices et cinéma

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FRANCEMAGAZINE N°23 86 HIVER 2008

Rencontre

>> vendredi soir autour de plats traditionnels.Quand maman vivait encore, elle était àParis. Parfois, je négligeais, sous prétexte detravail, d’aller la voir. Alors, elle me télépho-nait, en fin de matinée, et me disait simple-ment, « tiens je viens de préparer uneloubia, une frita, du couscous ». Je laissaistout en plan, j’annulais le déjeuner quej’avais avec qui que ce soit et j’accourais. Elleme piégeait avec gourmandise, m’enrobaitavec tendresse. J’aime ces cuisines géné-reuses, qui rassemblent, pas celles qui semangent avec manière, du bout des doigts.C’est bon pour le moral, ces instants de vraispartages, de bonheurs. J‘aime les kémias del’apéritif où tout se mélange, la nourriturecomme les convives, dans les rires, lesparoles trop fortes, les envolées de gestes. Je reste humble en matière de vins, maiscomme j’aime bien recevoir et gâter meshôtes, je demande à un de mes amis de choi-sir les bouteilles qui vont accompagner lesplats. J’apprécie, de temps en temps, un bonchampagne rosé, une vodka polonaise et,par-dessus tout, une anisette Phenix commeon a toujours bu en Algérie et dont lesaffiches publicitaires ornaient les magazineset les murs. Eternels et tristes souvenirs. ◆

ANNE-MARIE CATTELAIN-LE DÛPHOTOS GILLES DE BEAUCHÊNE

richesses infinies, insoupçonnées, et calmerla folie qui s’est emparée de certains danscette région du globe. Ces pays ont, de touttemps, grâce à cette mer magnifique, à ceclimat unique, croisé leurs civilisations,échangé. Il faut retrouver cet état d’esprit,cette unité.

> Optimiste ou pessimiste sur l’avenir dumonde ?

Ca dépend des jours . Mais j’ai envie profon-dément de croire, d’espérer le meilleur pourmes enfants, mes petits-enfants. Parfois, jevois tout en bleu, des regards qui se croisent,des ‘mains qui se serrent, des peuples qui seréconcilient et puis, le lendemain, un mas-sacre imbécile détruit tout. Et je doute deshommes, de leur futur. Je suis comme lespieds-noirs, naturellement insouciant, maissouvent, les événements m’obligent à uncertain réalisme. Il suffirait pourtant depresque rien pour que ces peuples, d’uneseule et même origine au départ, cohabitenten paix.

> Insouciant contrarié, épicurien comblé ?Epicurien, le terme est peut-être un peuusurpé. J’aime les fêtes spontanées, lesrepas partagés, les réunions de famille le

Situé dans le prolongement du lobby de l’hôtel Scribe,près de l’Opéra, le Café Lumière vient de s’offrir unnouveau décor nimbé, sans jeu de mots, de lumière,

grâce à une belle verriè-re. A midi, femmes enshopping, hommesd’affaires échappés desbureaux alentour s’y pres-sent pour goûter à la cui-sine très contemporaineet savoureuse du jeunechef Sébastien Grison.Ambiance trendy et trèsactuelle, avec de grandeset belles photos et desexpositions organisées enrelation directe avec laFondation Nationale de laPhotographie, siégeantdans la Villa des FrèresLumière à Lyon. A partir de 18 heures, les conversationss’animent autour des cocktails inédits préparés parChristophe Simon, le barman : Purple morito, Morita à la

rose, Lavande Spring... Un choix pointu de tapas présen-tées sur des ardoises, évitent l’enivrement immédiat etcomblent les petites faims. Tandis que le pianiste de

l’orchestre interprète, jus-qu’à minuit passé, avecbrio, quelques standardsclassiques ou des mor-ceaux demandés par lesclients. Assurément,l’hôtel Scribe a retrouvéune belle jeunesse, liftépar Jacques Garcia, boos-té par une clientèle heu-reuse de profiter del’instant et des lieux. Unebelle adresse pour ren-dez-vous glamour ousérieux. selon l’heure. Unbel hôtel en plein centrede Paris, avec un spa

pour chasser le stress et redonner instantanément lapêche indispensable pour « conquérir » Paris ou, tout dumoins, jouir de ses plaisirs.

Dans le décor du Café Lumière

After-work : cocktails et tapas au programme du Café Lumière.

Je suis comme les

pieds-noirs,

naturellement

insouciant, mais les

événements

m’obligent à un

certain réalisme.

Il suffirait pourtant

de presque rien

pour que ces

peuples d’une seule

et même origine

cohabitent en paix.

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FRANCEMAGAZINE N°23 88 HIVER 2008

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de France

Chronique littéraire

Max Gallo s'est, lui aussi, récemmentessayé à cet exercice et en a tiré unbeau livre publié chez Fayard (*).

Amateur d'Histoire, Alain Minc l'est assuré-ment. Avec toute la noblesse qu'Orson Wellesmettait dans ce beau mot d'amateur lorsqu'ill'utilisait de préférence à celui de profession-nel du spectacle pour se définir lui-même:« Parce que dans le mot amateur, disait-il,il y a le mot amour ».Du reste - pour légitimer s'il en étaitbesoin cette immixtion de l'auteur dans ledomaine des historiens - Alain Minc nemanquerait pas d'avocats, actuels ou post-humes, et il pourrait aisément invoquerdes voix aussi nombreuses que célèbres.Alexandre Dumas, dont l'œuvre a toujoursconsisté à raconter l'histoire de la France,n'avait-il pas lui-même soutenu de toutesses forces l'idée selon laquelle l'Histoirepouvait assurément être le domaine deshistoriens, mais que, pour bien en faire letour et en découvrir tout le sens, il y fallaitégalement le travail des poètes.

C'est, à l'évidence, dans cette veine-làqu'Alain Minc nous invite à parcourir sonhistoire de France. Et tout au long de cha-pitres brefs et enlevés, l'auteur nousemporte des origines à nos jours pour par-courir sous sa plume alerte une histoiredont, une fois encore, il faut bien constaterqu'elle est plus vivante et dramatique, plusdiverse et fascinante que tous les romans etscenarii jamais conçus par l'imaginationhumaine.Mais le principal mérite du livre est peut-être cette volonté de l'auteur de transposerdes personnages et des époques afin de lesconfronter à des questions quel'historiographie officielle répugnerait sansdoute à mettre en avant. Comme de savoir siLouis XI était mitterrandien cinq siècles enavance ou si la ligne Maginot est uneconception qui date de l'Empire romain etde l'obsession récurrente, vu de France, dela frontière de l'Est.Il y a un certain charme à suivre ces raison-nements originaux qui cherchent constam-ment à lier le passé le plus ancien au pré-sent le plus actuel. Comme cette idée déve-loppée au chapitre 14 que le conflit entre lepouvoir central et Etienne Marcel - le pre-mier prévôt des marchands de Paris - aumilieu du XIVe siècle et que l'auteur intitule“La Première Commune de Paris” (en réfé-

rence à celle qui aura lieu en 1871à la suite de la chute du SecondEmpire) recèle maintes similitudesavec ce qui se passera quatresiècles plus tard lors de la périodede la Révolution française. Ou cetteidée selon laquelle le Roi de France

entretient depuis cette époque des relationsspéciales et pas toujours harmonieusesavec sa capitale. Paris et le Roi se sur-veillant mutuellement et se combattantparfois violemment. A ce titre, l'épisode dela Fronde et sa conséquence LouisQuatorzienne de bâtir Versailles afin dequitter définitivement Paris semble venir deplus loin qu'on l'imagine parfois, et sansdoute pas uniquement des souvenirs trau-

matisants que le jeune Louis gardaiten mémoire lorsque ses seulesdéfenses face aux Parisiens hostiles àsa royauté se nommaient Mazarin etAnne D'Autriche.Il y a aussi un grand intérêt à suivre lachronologie des événements dans sadimension événementielle et à réflé-chir aux nombreux rappels et éclai-

par Alain Minc

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COMME L'AUTEUR NOUS EN PRÉVIENT DANS LA PRÉFACE,ALAIN MINC N'EST PAS HISTORIEN DE FORMATION. IL EST JUSTEUN DE CES LECTEURS INFATIGABLES QUI, APRÈS AVOIR DÉVORÉNOMBRE DE BIOGRAPHIES, D'ESSAIS ET AUTRES OUVRAGESAYANT TRAIT À L'HISTOIRE, SENTENT UN JOUR CETTE ENVIE DESE CONFRONTER EUX-MÊMES À L'HISTOIRE DE LEUR PAYS.

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FRANCEMAGAZINE N°23 89 HIVER 2008

rages dont l'auteur nous gratifie afin demettre en lumière un fait capital de toutehistoire nationale, à savoir que les mouve-ments en profondeurs des sociétés sontaussi liés aux choix des hommes qui lesdirigent. Comme le montre bien Alain Minc,la France est un pays territorialement biendéfini dans un espace géographique cohé-rent mais dont le territoire définitif s'estconstruit au fil des siècles grâce à desciments forts comme la religion, la monar-chie - élective puis héréditaire - etl'avènement d'une administration for-mée de grands commis de l'Etat issusde la petite noblesse ou de la bour-geoisie pour faire opposition auxGrands du royaume (« Ce combat àmort du légiste et du baron », commedisait Michelet).La France a dû également se construi-re face à de nombreuses force centri-fuges et déstabilisatrices telles que la cou-tume du partage territorial entre les héri-tiers mâles qui aboutit au morcellement duroyaume et donc à son affaiblissement.Alain Minc montre également avec profitl'importance du danger qui pèse particu-lièrement aux frontières sur les deuxfronts principaux (puis quatrelorsque l'habitude de combattre enItalie et l'importance prise parl'Espagne seront devenues desconstantes de la diplomatie euro-péenne) de ce royaume de Francequi à l'Est devra composer avec unennemi naturel au-delà du Rhin,l'Allemagne, et à l'Ouest sur uneforte partie continentale de notrefutur hexagone (en Aquitaine surtout) ainsiqu’outre-Manche avec son voisin normand,devenu puissance anglaise depuisGuillaume le Conquérant au XIe siècle.La France a aussi développé à travers letemps une propension réelle aux aspira-tions messianiques ou civilisatrices qui, descroisades jusqu'au XIXe siècle, se traduirontpar un certain "appel du large" et la destine-ront aux conquêtes outre-mer. Ce qui, infine, est une conséquence assez logiquepour un pays dont le territoire devient biendélimité dans sa dimension continentaletout au long d'un processus assumé etrecherché de renforcement du domaine duRoi et de centralisation de son pouvoiradministratif. La résultante de ce processusjointe aux multiples façades maritimes dontla France est dotée ouvrent naturellement la

voie à l'esprit de conquête et aux expédi-tions outre-mer qui, de Saint-Louis partanten croisade depuis Aigues-Mortes jusqu'aux"missions civilisatrices" coloniales version

Troisième république, colorentl'histoire nationale d'autant d'imagesd'Epinal que de réalités prosaïques.Enfin, n'oublions pas de saluer la gale-rie de portraits incisifs et pertinentsdont l'auteur a émaillé son livrelorsque des destins et des person-nages exceptionnels se rencontrent aucours de cette histoire multiséculaire.Les pages sur Napoléon et de Gaulle

notamment sont d'une grande finesse etseront un complément utile aux nom-breuses biographies déjà consacrées àl'Empereur et au fondateur de la Ve

République.Au final, l'histoire de France est bien cegrand livre ouvert dont de nouveaux cha-pitres continuent de s'écrire chaque jour etqui invite chaque citoyen à revenir sur cer-tains de ses moments de gloire ou de déca-dence afin d'y trouver matière à réflexion etd'y puiser peut-être des clés de compréhen-sion pour appréhender notre univers quoti-dien, à savoir ce “temps du monde fini” dont

Paul Valéry nous a parlé et qui a commen-cé depuis que nous vivons à l'heure de laglobalisation. L'histoire de France est unehistoire parmi les nombreuses épopéesqu'ont vécues les peuples de la terredepuis l'origine des temps. Mais elle a cecide particulier qu'elle est une histoire dontla dimension universelle est une constanteforte car celle-ci s'inscrit depuis les ori-gines dans une histoire mondiale assumée,

qui, de l'Empire romain à la construction del'Europe au XXe siècle, en passant par laDéclaration des droits de l'homme et ducitoyen ou la lutte avec les “Insurgents”pour la formation des Etats-Unisd'Amérique, s'invite partout où les enjeuxmajeurs se débattent et se jouent. AlainMinc ne s'y est pas trompé quand, suivant leconseil avisé de Fernand Braudel, il nouslivre cette histoire de France : il n'y a sansdoute pas beaucoup d'exercice intellectuelplus beau que de réfléchir à cette histoire deFrance multiséculaire et, au-delà, à celle del'humanité depuis ses origines, jusqu'à cenouveau “village planétaire” dont noussommes tous aujourd'hui, acteurs et spec-tateurs engagés. ◆

(*) Max Gallo, L’âme de la France – Fayard.

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Chronique littéraire

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FRANCEMAGAZINE N°23 90 HIVER 2008

Gastronomie

Manger est vital, naturel,pourquoi en faire une fonc-tion scientifique, alors que

ce ne devrait être qu'un plaisir.Sommes-nous encore capable depenser sainement ?Est-il bien utile que les médiasnous rabâchent à longueur de jour-née qu'il faut, pour notre bien-être,manger chaque jour 5, 7 ou je nesais combien de légumes et defruits, ou encore qu'il faut boirequotidiennement deux litres d'eau !Toutes ces affirmations gratuites,sans tenir compte de l'individu lui-même, de sa corpulence, de sonâge, de sa dépense physique,autant d'éléments qui rendent cesconseils presque ridicules.Combien d'entre nous s'inquiètentde la qualité du produit quand ilsvont faire leurs achats dans unegrande surface ? Le consommateur(c'est le mot juste !!) est là, parcequ'il y a un grand parking, gratuit,l'essence y est moins chère et onpeut tout y trouver… pour le reste,peu importe !La baguette… symbole national,qu'est-elle devenue ? Le "consom-mateur" l'achète par paquet de dixou de vingt et va la mettre aucongélateur, seul moyen pour pou-voir encore la manger ! En ce quime concerne, j'ai horreur de cepain insipide, qui paraît croustillantquand il sort du four, devient secquelques heures après, est inca-pable de rassir, pour finir imman-geable ! Quant à son compère, lecamembert, ce n'est même plus lapeine d'en parler.L'industrie, le gigantisme, la mon-dialisation sont de véritables rou-

Question de

AUJOURD'HUI, BEAUCOUP DE VRAIESVALEURS SE PERDENT, ONPARLE DE GASTRONOMIE,D'HYGIÈNE ALIMENTAIRE,D'ÉQUILIBRE ALIMENTAIRE, DETRAÇABILITÉ, ETC., DES TERMESQUI NE SERVENT QU'ÀPERTURBER LE CONSOMMATEUR, N'ÉTANT PASUTILISÉS À BON ESCIENT.

palais

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FRANCEMAGAZINE N°23 91 HIVER 2008

Gastronomie

leaux compresseurs qui anéantissent tout,font disparaître tous ces métiers qui ont

fait la réputation de la gastronomieFrançaise.

Mes enfants expliqueront à leurspetits enfants que "dans le

temps, c'était le boulanger quifaçonnait le pain, que le pâtis-sier décorait ses pâtisserieset ses entremets pour lesrendre encore plus allé-

chants, que le confiseur cher-chait les meilleurs chocolats

pour sublimer nos papilles gusta-

tives à Noël et à Pâques. Sachez pro-fiter qu'il y ait encore aujourd'huiquelques-uns de ces spécialistes,amoureux de leur métier, garant dela qualité du produit. L'un d'eux m'aconfié une recette, une recette despécialiste facile à réaliser, unerecette de Moelleux au chocolat àl'orange. Il vous suffira de vousentraîner un peu pour les réussir parfai-tement et ravir vos invités durant cesfêtes de fin d'année. Je suis certain quevotre époux (ou épouse) ne se plaindrapas de ces essais, pas plus que vos enfants. ◆

In grédients pour 10 à 12 personnesPour réaliser une Ganache moelleuse à l’orange> 100 gr de chocolat noir à 55 %> 5 gr de miel> 10 gr de Grand-Marnier> 50 gr de crème liquide> Le jus de 2 oranges> Le zeste d’1 orange> 10 gr de Maïzena

Pour le Moelleux au chocolat> 200 gr de chocolat à 72 %> 190 gr de beurre> 240 gr de sucre> 6 œufs> 80 gr de farine

Préparation de la ganache moelleuse à l’orange.Hacher le chocolat au couteau-scie. Le faire fondre aubain-marie. Ajouter le miel, puis le Grand-Marnier.Faire bouillir la crème avec le jus et le zeste d’orange.Verser sur la maïzena et fouetter la crème jusqu’à lareprise de l’ébullition. Verser la crème sur le chocolat.Faire refroidir jusqu’à l’obtention d’une pâte.A l’aide d’une petite cuillère, confectionner des noix depâte et les mettre au congélateur pendant au moins3 heures.

Préparation du Moelleux au chocolatHacher le chocolat au couteau-scie. Fondre au bain-marie le chocolat et le beurre. Bien mélanger au fouetle sucre et les œufs et verser le mélange chocolat/beurredans celui-ci. Incorporer délicatement la farine avecune spatule. En finition, préchauffer le four à 160°C.Afin de mouler les moelleux, chemiser des cerclesd’environ 6 cm de diamètre avec papier sulfurisé à 7 cmde haut ou utiliser des ramequins qu'il faudra bienbeurrer. Verser la pâte à moelleux à mi-hauteur. Aucentre, déposer une noix de ganache à l’orange.

Recouvrir à nouveau avec le restant de pâte. Glisser aufour 15 à 20 mn. Le moelleux, une fois cuit, possède un

cœur de ganache semi-liquide recouvertd’une fine croûte de biscuit. Il est plus faci-le de gérer la cuisson de moelleux "por-tions" plutôt que d'en faire un gros.N'hésitez pas à faire un ou deux essais,c'est la précision qui est la clef de la réus-site. L'ajustement du temps de cuisson estindispensable pour avoir un cœur coulant.Cette recette a été composée par Jean-Marie Augnet (photo), pâtissier, confiseur,chocolatier à La Tour de Peilz. MonsieurAugnet a pour principe de réaliser unepâtisserie de qualité, parfumée, dont la pré-

sentation se veut délibérément simple, il a lerespect des goûts et des saveurs. Il est né en 1950 dansle Pays de Caux en Haute-Normandie, au bord du bas-sin parisien dans une famille paysanne. Il est éduquédans le respect des vraies valeurs. Sa mère, cuisinièreet pâtissière hors pair aura sur son avenir une influencedéterminante. Il envisage d’abord de "rester travailler àla ferme" avant de se décider pour une formation depâtissier. Tiraillé entre la Suisse et la France, il réaliseun rêve en 1986 : créer une pâtisserie française sur lesrives du Lac Léman. C'est ainsi qu'il s'installe au n° 2de la Grand-Rue de La Tour-de-Peilz. Aujourd'hui,Jean-Marie propose à sa clientèle de la pâtisserie fran-çaise sans ignorer les usages locaux. Plusieurs de sesspécialités sont directement liées à l'histoire de sa villed’adoption. Il en a fait une maison réputée, un Relais-Desserts que l'on retrouve sur tous les guides gastrono-miques. Il œuvre activement au sein de l'Associationdes Relais Desserts International dont le but est de pro-mouvoir la Haute Pâtisserie. Son sport favori : faire du vélo avec un autre Normand,un autre puriste, Gérard Rabaey, le talentueux chef durestaurant du Pont de Brent ***

Jean-JacquesPoutrieux

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FRANCEMAGAZINE N°23 92 HIVER 2008

Bridge

« Appelez-nous Monsieur l’arbitre ! sinon je quitte la table… »Code de conduite, règles et arbitrage…

Pour cette édition, votre servi-teur a décidé de vous offrir,en termes de « science du

bridge » un contenu des plus res-treints et des moins divertissantspour cause de tsunami financier… Il s’agira en quelque sorte d’unedemande de minute de silencepour les victimes de la carbonisa-tion de 25 000 milliards de dollarsd’actifs boursiers (hors papiers dedette et ce : mesuré au 24 octobredepuis le début de l’année).

La population des bridgeurs composée d’une grande majori-té de retraités et donc d’épargnants a dû constituer une vic-time de choix. C’est pourquoi, je profite du présent articlepour leur apporter mon plus profond soutien moral et lesassurer de mon empathie.Oh !… qu’il était bon ce printemps où je vous parlais d’unbridge victime de tous les sarcasmes pour une petite faillitelors d’une partie de bridge(Bear Stearns) ou d’une petiteperte de 5 milliards d’euros (un sponsor du bridge en mal decontrôle de sa table de trading).Depuis, l’Islande qui compte le plus de bridgeurs rapporté aunombre d’habitants (longues nuits obligent) a « fait faillite »,décidément… (on aurait dû leur envoyer France-Magazine ?!)Tremblements de terre à venir…. Ce fut le tsunami – la puis-sance destructrice de l’eau est sans commune mesure !Veuillez excuser ce manque de clairvoyance. L’histoire nousmontre que certaines victoires se révèlent être de grandesdéfaites (et inversement) – ne pas avoir souffert de ces pre-mières purges en était. Il eut fallut quitter immédiatement latable de jeu…Saisissons, compte tenu de la gravité des circonstances,l’opportunité de nous pencher sur des réflexions d’ordre unpeu plus général mais néanmoins fondamental.En effet, dans tout jeu, que ce soit le « bridge » ou… le « capi-talisme », il est important, avant de jouer, de distinguer puisde comprendre et connaître• les règles• le code de conduite et l’éthique (souvent partie intégrantedes précédentes) • les conventionsEnfin, lorsque l’enjeu est conséquent, on s’assurera qu’unebonne âme peut faire office d’arbitre (malgré son expertise,ce dernier sacrifie sur l’autel du bien commun son plaisir dejouer à un jeu qu’il a cependant l’obligation absolued’aimer...).Cette connaissance peut se révéler précieuse, car elle nouspermet de comprendre qu’éventuellement les règles ontchangé en cours de partie, que l’esprit du jeu est violé ouqu’il y a des tricheurs à la table…Malheureusement, tels de grands enfants, seul nous impor-te le fait de jouer et de gagner. Tant que la convivialité est assurée, que les défaites légèressont ponctuées de quelques victoires, rien ne peut nousdétourner de l’envie de participer. Puis vient le temps des

déconvenues systématiques ou d’une perte abyssale, ledésintérêt s’installe, parfois définitivement, sans toujoursavoir fait l’analyse du pourquoi de la déconvenue. Dans les temps difficiles, le travail est salutaire (!), voilàpourquoi je vous propose de consacrer un peu de temps à lalecture du « code international » qui, en France, est entré enapplication au 1er juillet 2008. Si ce code constitue l’ensembledes lois du bridge de compétition, et par là même une gran-de partie ne concerne qu’une minorité de joueurs, il n’encontient pas moins l’ensemble des règles (incluant le code deconduite et l’éthique) auquel nous devrions nous soumettre. Vous y trouverez presque autant de « Lois » que de départe-ments français. Qu’il s’agisse de rappel des annonces (pourceux qui n’ont pas de boîtes à enchères…), d’enchère insuffi-sante, d’enchère hors tour, de renonce (ne pas jouer unecarte exigée par la Loi alors que c’est possible), d’explicationdes déclarations, de communication incorrecte entre parte-naire, de variations de tempo ou de comportement, etc. : ilm’est impossible d’élaborer une série de « morceaux choi-sis » qui soit à la fois digeste et synthétique. Je vous invitedonc à télécharger le dit code sur le site de la fédérationfrançaise de bridge sous www.ffbridge.asso.fr en tapantdans la rubrique Rechercher le mot <code>, pour finale-ment vous procurer « le nouveau code d’arbitrage en ligne ». On y lit notamment que la tâche du comité de rédaction ducode consiste :• à s’assurer que les Lois soient mises à jour pour tenircompte des changements passés,• à établir une structure capable de faire face aux évolutionsfutures.Pour ce qui concerne le « jeu du capitalisme » et sa table (lemarché financier), la tâche importante et clairement définie,décrite précédemment, s’adapte parfaitement à un comité adhoc mondial qui reste à constituer (et n’allez point me parlerdu FMI…!) et dont l’absence s’est fait cruellement sentir.Si le lien entre la finance et le bridge nourrit sans cesse maréflexion, la réalité de ce lien semble être confirmée parl’anecdote suivante (découverte à la lecture du nouveau code): les premières Lois du bridge en tournoi ont été publiées en1928… ; elles ont été successivement révisées en 1933, 1935,1943, 1963, 1975, 1987, 1997 et enfin 2007 – quelle affreusecoïncidence ! : une série d’années de grande tourmentefinancière ou annonciatrices de grande déconfiture. Voilàpeut-être le signal secret des insiders (ceux qui ont l’infoavant tout le monde) ?! La prochaine fois, on suivra la date derévision attendue de plus près.Côté bridge, il n’y a cependant rien de révolutionnaire; lenouveau code 2007 consiste en fait en un accroissementconsidérable du pouvoir discrétionnaire des arbitres. Lespénalités sont moins automatiques. On nous parle« d’ententes particulières entre partenaires » comme d’unnouveau concept dont il faut tenir compte, raison pourlaquelle les Lois donnent plus de pouvoir aux organismesresponsables pour édicter des règles spécifiques. Si l’onpoursuit l’analogie avec la finance, cette tendance n’a riend’inspirant … le complexe et le spécifique affaiblissent lacompréhension du jeu et son esprit. L’appel à l’arbitre, appa-

Yorick Cazal

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FRANCEMAGAZINE N°23 93 HIVER 2008

Bridge

remment plus protecteur, est rendu dans les faits plus diffi-cile (à mon goût)… sauf pour les très initiés.A cet égard, l’exemple de la catastrophe financière que nousvivons est édifiant. Qui a appelé Monsieur l’arbitre pours’étonner des super contrats réalisés par de (supposés)super joueurs ? Alors que la tricherie au développementspectaculaire (construction de machines à créer des bonus àpartir de crédits surabondants et de rendements offerts -grâce au levier- en complète déconnexion avec les « lois dela gravité économique ») arrangeait beaucoup de joueurs;trop pratiquée : elle a fait imploser le système. Le super champion et bridgeur à ses heures, l’ami (des bonsjoueurs du marché) Warren B. l’avait fait à sa manière enparlant des dérivés comme « des armes de destruction mas-sive » ; il avait eu le temps, malgré tout, de se doter desmoyens pour rester à la table, pendant qu’arbitres, comitéset autres surveillants en tout genre (SEC, agences de nota-tion, etc.) restaient au mieux inactifs…Il manquait la masse (celle qui peut faire peur aux arbitres)des bons joueurs anonymes qui progressivement, faute depouvoir payer le ticket d’entrée, se réduisait inexorablement,limitant par la-même toute chance d’influencer le comitéd’organisation.Et les conventions dans tout cela ? Naturellement, il faut lestravailler et les affiner tous les jours pour, qu’en fonction dela donne, le contrat idéal soit joué. En ce sens, tous lesjoueurs coopèrent… la sanction d’une marque bien étudiéeest le garant d’un jeu passionnant.Alors que la France, pour des motifs de performance oud’efficacité attendue, a choisi « la majeure cinquième »comme système de convention d’enchères – quid du systèmede convention de notre chère patrie dans le champ du capi-talisme ? Quand on regarde le rayonnement mondial des différentsnoms du CAC 40 dans pratiquement tous les secteursd’activité et le sérieux de l’AMF : un bon travail de longue

haleine a été fait - ne boudons pas notre plaisir (pourreprendre l’expression favorite de notre éditeur en chef !).Mais si d’honorables hommes politiques ou décideurs -joueurs de bridge- nous lisent, j’aimerais leur dire de se sou-venir de l’essentiel…« La couleur la plus chère : c’est l’investissement le pluslong, souvent le plus coûteux parce qu’il nécessite, outre lesfinancements correspondants, les ressources des mieux for-més, des mieux équipés et des plus courageux. C’est danscette couleur que l’on doit rechercher le contrat – par analo-gie, il est logiquement tout désigné pour être le mieuxrécompensé. C’est le risque que l’on rémunère (et non lesapparatchiks) – un seul mot d’ordre : protéger les investis-seurs long terme, ce sont eux qui font progresser le niveaugénéral et confortent la convivialité. Ils ont connu le génoci-de, il faut qu’il soit reconnu…Le bridge est un jeu qui valorise la longueur. Le jeu, dénuéde toute réflexion qui privilégie les points et la vitessed’exécution porte un nom : la bataille – un jeu pauvre mêmepour de plus petits enfants… »Dans le jeu du capitalisme, les règles qui changent en coursde partie, le décalage entre conventions annoncées etconventions pratiquées, les arbitres incompétents, com-plices sinon coupables : tout est à revoir. Voilà pourquoi lasalle s’est vidée … pleine de sang.Pour conclure, l’avenir est toujours porteur d’espoir - quandle jeu est bon, les joueurs reviennent toujours dans la salle…nettoyée. Les règles sont adaptées, les conventions annon-cées sont respectées et de nouveaux arbitres apparaissentmieux formés, encadrés et rémunérés.La morale de cette histoire est que pour juger du respect desrègles, de la pertinence de l’arbitre et donc de l’opportunitéde participer, il faut se pencher sur le code et y consacrer unpeu de son énergie. Alors seulement, vous pourrez appelerMonsieur l’arbitre et vous faire entendre bien avant de quit-ter la table. ◆

ProblèmePas question de se priver d’exercice et de plaisir, on appellera cela l’indispensable discipline.La donne est de circonstance…Donne - Quand les nécessités s’accumulent… ne pas renoncer à en tirer les conséquences.

Les enchères sont :

Il s’agit de ne paspaniquer ….aprèsavoir perdu lestrois premièreslevées (le car-reau à perdren’est plus…) !L’hypothèse denécessité quiconsiste à voir leRoi de Trèfle enEst s’imposesans effort. Leproblème est quesi le Roi de Trèfleest placé, celui

de Pique ne peut plus l’être… car Est donneur a passé. Laseconde hypothèse de nécessité consiste alors à trouver unRoi sec en Ouest. Autant dire qu’avec notre chance sur 4(intuitivement on aurait dit sur 16… sensation encore plusdésagréable ! mais si on la répartition 3-1 placée [50 % de50 %] – comme on sait où est le roi : le singleton est déjà lebon !), on lance notre As de Pique sans enthousiasmedébordant… et pourtant çà marche.

Nord Est Sud Ouest - 1 ♠ -3 ♠ - 4 ♠ Fin

Rien de très particu-lier - la réponse à 3 ♠est « on ne peut plusacadémique » avecnos 4 cartes à Piqueet nos 12 HLD. C’estune proposition demanche que l’ouvreuraccepte volontiersdès qu’il n’est pasminimum (mieux que12/13 points dans unemain 5-3-3-2).L’entame : V ◆ de Roipris de l’As en Est ;Est rejoue Cœur,Dame prise par le Roien Ouest.

Solution de la donne de Bridge

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FRANCEMAGAZINE N°23 95 HIVER 2008

Le mot de la fin

Rapidement, on ouvre donc deuxboîtes étiquetées respective-ment “les bons”, dans laquelle

on met soigneusement ses parents,Zorro, soi-même, Melle Nuche,l’institutrice, Flipper le dauphin, le doc-teur Dupont, l’amie de maman qui sentsi bon, la boulangère, la cousineMartine, Luc le copain de classe

etc. ; et une seconde, “les méchants”où s’entassent pêle-mêle le capitaineCrochet, Monsieur Campari, le direc-teur d’école, l’infirmière moustachuequi fait le rappel de vaccin, la tanteChantal, le boucher et son grand cou-teau, Cruella des 101 dalmatiens…Au fil des rencontres, on poursuit letri sélectif dans une égale bonnehumeur. C’est le temps del’innocence. Blanc ou noir. Tout estfacile.A l’adolescence, fier de son systèmede classement, on découvre rapide-ment le besoin d’une nouvelle boîte.On la crée et on la remplit allègre-ment. On l’agrémente d’une étiquet-te rouge annonçant “les cons”.Là, on s’en donne à cœur joie : onbenne, dans la boîte à cons ! Tous ypassent, l’autorité sous différentesformes (flics, enseignants...), lesmoralisateurs de tous crins, lesdonneurs de leçons, en règle géné-rale, 80 % de tous les êtres ayantdépassé 25 ans…Seulement l’adolescence est l’âgedes passions. Et pour entretenir lespassions, il faut des idoles. Le choixdes idoles dépend de multiples fac-

“méchants” alors que nous avonspartagé mille secrets et qu’elle étaittoujours là pour moi ? Dans les“cons” alors que je la sais pertinen-te ? Dans les “traîtres”, pour unefaute, un jour, dans un flot d’amitié ?Que dire de ce poète sublime qui acollaboré pendant la guerre, dois-jetout condamner ? Son œuvre aumême titre que sa vie ? Sceller laboîte et la noyer ? Si je suis intolé-rante avec les intolérants, ça merend “bonne” ou “méchante” ?Je fais quoi d’un type qui milite acti-vement à Amnesty International etbat son chien ? Alors, on s’aperçoit que le systèmedes boîtes n’est pas efficace, quel’on ne peut pas classer les gensaussi radicalement, que tout n’estpas blanc ou noir. On jette les boîtes et tout devient dif-ficile. Mais on peut choisir de conti-nuer à vivre, à avancer, à aller versles autres.On peut s’intéresser à l’infinité denuances de gris qui composechaque individu. On peut aller chercher en chacunl’étincelle de sublime, le généreux,le beau…Bien sur, l’homme est composéaussi de mesquin, de bestial, delâche, de moche… Mais faire le choixde l’à priori favorable lors de chaquerencontre permet de trouver desdiamants au milieu des cailloux.Croire que chacun est capable dumeilleur puisque nous savons déjàqu’il l’est du pire.Et ainsi, ne rien rater, ne rienperdre.Je suis riche de ces parcellesd’humanités récoltées au contactdes autres,comme autantd’étoiles au plussombre de lanuit… Je suisriche de vous. ◆

« Il n’est qu’unluxe véritable,celui des rela-tions humaines »Saint Exupéry

LORSQUE L’ON EST ENFANT, LE MONDE EST SIMPLE ET L’ONPEUT EN DIVISER LES PERSONNAGES SELON DEUX CRITÈRES.LES CONTES DE FÉES, LES FILMS AMÉRICAINS ET LES DESSINS ANIMÉS SONT LÀ POUR NOUS LE CONFIRMER.

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De lades problématique

boîtesteurs : l’âge, le sexe, l’époque, lepays, le milieu social, l’éducationreligieuse, le degré de permissivitédes parents, le QI, la volonté propreà chaque ado de vouloir plus oumoins enmerder son entourage. Laliste n’est pas exhaustive.Ainsi sont déifiés des personnagesaussi contraires que Rimbaud,Marx, Jennifer de la Star Ac’,Zidane, Che Guevara, le groupeJustice, De Gaulle, Madona, le DalaïLama, Joey Star… J’en passe et desmoins bons (dans un monde où lanotoriété d’un joueur de football oud’un top modèle est planétaire etsans commune mesure avec celled’un Nobel de Médecine – je ne saispas le nom du dernier Nobel demédecine - il ne faut s’étonner derien).De là, chacun l’aura compris,l’obligation métaphysique pourl’adolescent d’ouvrir une nouvelleboîte, celles des “VIP”.Puis, au cours de la vie, on vit desexpériences déroutantes.Un con réagit intelligemment à unesituation compliquée, un salaudnous aide spontanément, un gentilnous ment, une personne sublimevomit sur ses chaussures (on n’estplus beau du tout quand on vomitsur nos chaussures, ça cassel’image)… Alors on est complète-ment dérouté.Je sors de la boîte des “bons” cetteamie qui m’a trahie une toute petitefois ? Et je la mets où ? Dans les

Corinne Braquet-Béjot

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