nécrose cutanée sous ustekinumab : une alerte

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A174 JDP 2011 a Dermatologie, CHU Hôtel-dieu, Nantes, France b Génétique médicale, CHU Hôtel-dieu, Nantes, France Auteur correspondant. Mots clés : Angiome plan ; Épilepsie ; Microcéphalie Introduction.— Récemment Carter et al. ont rapporté les obser- vations de deux garc ¸ons présentant de multiples malformations capillaires congénitales, une épilepsie, une microcéphalie, un retard mental sévère, une dysmorphie faciale, et une hypoplasie des phalanges distales. Nous rapportons le cas d’un troisième enfant présentant un phénotype similaire. Observations.— Une petite fille, première enfant d’un couple non consanguin avait des malformations capillaires multiples congéni- tales diffuses de petite taille et un périmètre crânien (PC) à la naissance à —1,8 DS. Son poids et sa taille étaient normaux. Elle pré- sentait à la naissance une fontanelle antérieure élargie, une lèvre supérieure mince, des 5 e doigts courts, des ongles hypoplasiques des 2 e et 5 e doigts et des orteils courts. Sur le plan neurologique on retrouvait une hypotonie axiale modérée. Une épilepsie débutait à partir de 12 mois. À trois ans, elle présentait une ensellure nasale peu marquée, un nez plat, un hyper- télorisme, un épicanthus bilatéral, un synophris, des doigts courts avec hypoplasie unguéale, des orteils hypoplasiques, une syndacty- lie des 2 e et 5 e orteils et pachyonychie du 4 e orteil. On observait toujours une microcéphalie avec un PC à —2 DS et un retard men- tal modéré. Le caryotype et la recherche de micro-arrangement chromosomique par CGH Array étaient normaux. Discussion.— Cette patiente et les deux observations rapportées par Carter et al partagent un phénotype commun associant des malformations capillaires congénitales multiples, un retard men- tal, une épilepsie, une microcéphalie et des orteils hypoplasiques. Notre patiente avait également des traits faciaux dysmorphiques communs avec les deux autres observations. À ce jour, les analyses moléculaires n’ont pas permis d’identifier le gène en cause. La physiopathologie conduisant à ces manifestations reste inconnue. Carter et al soulèvent l’hypothèse d’un gène impli- qué dans la vasculogénèse de la peau, du système nerveux central et des extrémités des membres. Conclusion.— Nous rapportons le troisième cas d’un nouveau syndrome associant malformations capillaires multiples, épilep- sie, microcéphalie, retard mental, et hypoplasie des phalanges distales. Notre observation confirme l’identité de ce nouveau syndrome. Déclaration d’intérêts.— Aucun. doi:10.1016/j.annder.2011.10.126 Thérapeutique P109 Nécrose cutanée sous ustekinumab : une alerte V. Lutz , M. Mohr , B. Cribier , D. Lipsker Clinique de Dermatologie, université de Strasbourg, Strasbourg, France Iconographie disponible sur CD et Internet. Auteur correspondant. Mots clés : Nécrose cutanée ; Thrombose ; Ustekinumab Introduction.— L’ustekinumab est un anticorps monoclonal humain, qui se lie à la sous-unité protéique p40 de l’interleukine 12 et 23, empêchant ainsi leur interaction avec le récepteur de surface IL12RB1. Un autre anticorps anti-Il12/23p40, le briakinumab (ABT- 874) non commercialisé pour le moment, a récemment été montré comme associé à un risque augmenté d’infarctus du myocarde et cérébral chez des patients ayant des facteurs de risque cardiovas- culaire. Nous rapportons une jeune malade qui a développé une nécrose cutanée sous ustekinumab. Observations.— Une femme de 40 ans atteinte d’un psoriasis en plaque a développé un purpura réticulé nécrotique inex- pliqué, de la partie inférieure des jambes alors qu’elle était traitée par ustekinumab 45 mg tous les trois mois depuis un an. Ce purpura a évolué vers une nécrose cutanée doulou- reuse. Elle avait un tabagisme actif à 15 paquet-années. Une maladie vasculaire périphérique a été exclue. L’examen histo- logique après biopsie cutanée ne révélait pas de thrombose vasculaire et l’immunofluorescence directe était négative. Le bilan de thrombophilie était négatif. La recherche d’anticoagulant circulant type lupique, d’anticardiolipides, d’anticorps antibêta-2- glycoprotéine1, de cryofibrinogénémie ou de cryoglobulinémie était négative. L’électrophorèse des protéines sériques était normale. Le traitement par ustekinumab a été arrêté. Une anticoagulation à faible dose a été instaurée. Le livédo périnécrotique a rapidement disparu et l’extension de la nécrose a été stoppée. Les soins ont consisté en un débridement de la nécrose et à la mise en place d’un système d’aspiration en pression négative. Après 3 mois l’ulcération n’est pas complètement cicatrisée. Bien que cet effet secondaire puisse être une pure coïncidence, son âge relativement jeune et la négativité du bilan de thrombophilie font suspecter fortement un rôle de l’ustekinumab. Discussion.— Cette observation doit attirer notre attention sur l’effet prothrombotique possible du blocage de l’Il-23, plus par- ticulièrement chez des patients avec des facteurs de risque cardio-vasculaire. En effet, Il a été montré que l’Il-17, dont la syn- thèse est bloquée par l’anti-Il12/23, a un rôle protecteur contre l’athérosclérose chez les souris. Des niveaux bas d’IL-17 augmentent le risque d’athéromatose. Dans les lésions humaines, des niveaux élevés Il-17 s’associent à une stabilité des plaques d’athérome. Ainsi, les patients ayant de l’athérome pré-existant, c’est-à-dire ceux avec des facteurs de risque cardiovascuclaires, pourraient être plus à risque d’évènements pro-thrombotiques lorsqu’ils sont traités par antagoniste de IL12/23p40. Conclusion.— Ainsi, la prudence est de mise et la survenue d’un éventuel évènement thrombotique artériel ou veineux chez des patients traités par cette molécule devrait être impérativement déclarée à la pharmacovigilance. Déclaration d’intérêts.— Aucun. doi:10.1016/j.annder.2011.10.127 P110 Pyoderma gangrenosum avec localisations pulmonaires efficacement traité par l’infliximab D. Deregnaucourt a,, S. Buche a , S. Coopman b , D. Basraoui c , D. Turck b , E. Delaporte a a Dermatologie, hôpital Huriez, CHRU, France b Gastro-pédiatrie, France c Radio-pédiatrie, hôpital Jeanne-de-Flandres, CHRU, Lille, France Iconographie disponible sur CD et Internet. Auteur correspondant. Mots clés : Infliximab ; Pyoderma gangrenosum ; Recto-colite hémorragique Introduction.— Le pyoderma gangrenosum (PG) est une derma- tose neutrophilique caractérisée par des ulcérations nécrotiques à bordures livédoïdes. Des localisations extra-cutanées (articulaires, oculaires, pulmonaires, hépato-spléniques, musculaires) existent. Dans plus de 50 % des cas, le PG est associé à une pathologie systémique (maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), maladie rhumatismale et hématologique). Nous rapportons un cas de PG cutané et pulmonaire efficacement traité par infliximab dans le cadre d’une recto-colite hémorragique (RCH).

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Dermatologie, CHU Hôtel-dieu, Nantes, FranceGénétique médicale, CHU Hôtel-dieu, Nantes, FranceAuteur correspondant.

ots clés : Angiome plan ; Épilepsie ; Microcéphalientroduction.— Récemment Carter et al. ont rapporté les obser-ations de deux garcons présentant de multiples malformationsapillaires congénitales, une épilepsie, une microcéphalie, unetard mental sévère, une dysmorphie faciale, et une hypoplasiees phalanges distales. Nous rapportons le cas d’un troisième enfantrésentant un phénotype similaire.bservations.— Une petite fille, première enfant d’un couple nononsanguin avait des malformations capillaires multiples congéni-ales diffuses de petite taille et un périmètre crânien (PC) à laaissance à —1,8 DS. Son poids et sa taille étaient normaux. Elle pré-entait à la naissance une fontanelle antérieure élargie, une lèvreupérieure mince, des 5e doigts courts, des ongles hypoplasiqueses 2e et 5e doigts et des orteils courts. Sur le plan neurologique onetrouvait une hypotonie axiale modérée.ne épilepsie débutait à partir de 12 mois. À trois ans, ellerésentait une ensellure nasale peu marquée, un nez plat, un hyper-élorisme, un épicanthus bilatéral, un synophris, des doigts courtsvec hypoplasie unguéale, des orteils hypoplasiques, une syndacty-ie des 2e et 5e orteils et pachyonychie du 4e orteil. On observaitoujours une microcéphalie avec un PC à —2 DS et un retard men-al modéré. Le caryotype et la recherche de micro-arrangementhromosomique par CGH Array étaient normaux.iscussion.— Cette patiente et les deux observations rapportéesar Carter et al partagent un phénotype commun associant desalformations capillaires congénitales multiples, un retard men-

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. Lutz ∗, M. Mohr , B. Cribier , D. LipskerClinique de Dermatologie, université de Strasbourg, Strasbourg,ranceIconographie disponible sur CD et Internet.

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érébral chez des patients ayant des facteurs de risque cardiovas-ulaire. Nous rapportons une jeune malade qui a développé uneécrose cutanée sous ustekinumab.bservations.— Une femme de 40 ans atteinte d’un psoriasisn plaque a développé un purpura réticulé nécrotique inex-liqué, de la partie inférieure des jambes alors qu’elle étaitraitée par ustekinumab 45 mg tous les trois mois depuis unn. Ce purpura a évolué vers une nécrose cutanée doulou-euse. Elle avait un tabagisme actif à 15 paquet-années. Unealadie vasculaire périphérique a été exclue. L’examen histo-

ogique après biopsie cutanée ne révélait pas de thromboseasculaire et l’immunofluorescence directe était négative. Leilan de thrombophilie était négatif. La recherche d’anticoagulantirculant type lupique, d’anticardiolipides, d’anticorps antibêta-2-lycoprotéine1, de cryofibrinogénémie ou de cryoglobulinémie étaitégative. L’électrophorèse des protéines sériques était normale. Leraitement par ustekinumab a été arrêté. Une anticoagulation àaible dose a été instaurée. Le livédo périnécrotique a rapidementisparu et l’extension de la nécrose a été stoppée. Les soins ontonsisté en un débridement de la nécrose et à la mise en place d’unystème d’aspiration en pression négative. Après 3 mois l’ulcération’est pas complètement cicatrisée. Bien que cet effet secondaireuisse être une pure coïncidence, son âge relativement jeune et laégativité du bilan de thrombophilie font suspecter fortement unôle de l’ustekinumab.iscussion.— Cette observation doit attirer notre attention sur

’effet prothrombotique possible du blocage de l’Il-23, plus par-iculièrement chez des patients avec des facteurs de risqueardio-vasculaire. En effet, Il a été montré que l’Il-17, dont la syn-hèse est bloquée par l’anti-Il12/23, a un rôle protecteur contre’athérosclérose chez les souris. Des niveaux bas d’IL-17 augmentente risque d’athéromatose. Dans les lésions humaines, des niveauxlevés Il-17 s’associent à une stabilité des plaques d’athérome.insi, les patients ayant de l’athérome pré-existant, c’est-à-direeux avec des facteurs de risque cardiovascuclaires, pourraient êtrelus à risque d’évènements pro-thrombotiques lorsqu’ils sont traitésar antagoniste de IL12/23p40.onclusion.— Ainsi, la prudence est de mise et la survenue d’unventuel évènement thrombotique artériel ou veineux chez desatients traités par cette molécule devrait être impérativementéclarée à la pharmacovigilance.éclaration d’intérêts.— Aucun.

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Dermatologie, hôpital Huriez, CHRU, FranceGastro-pédiatrie, FranceRadio-pédiatrie, hôpital Jeanne-de-Flandres, CHRU, Lille, FranceIconographie disponible sur CD et Internet.

Auteur correspondant.

ots clés : Infliximab ; Pyoderma gangrenosum ; Recto-coliteémorragiquentroduction.— Le pyoderma gangrenosum (PG) est une derma-ose neutrophilique caractérisée par des ulcérations nécrotiques àordures livédoïdes. Des localisations extra-cutanées (articulaires,culaires, pulmonaires, hépato-spléniques, musculaires) existent.ans plus de 50 % des cas, le PG est associé à une pathologie

ystémique (maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI),aladie rhumatismale et hématologique). Nous rapportons un case PG cutané et pulmonaire efficacement traité par infliximab danse cadre d’une recto-colite hémorragique (RCH).