EHESS

Milieux juifs de la France contemporaine by Pierre AuberyReview by: J. H.Archives de sociologie des religions, 2e Année, No. 4 (Jul. - Dec., 1957), pp. 173-174Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30115271 .

Accessed: 16/06/2014 11:06

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.

.

EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sociologie desreligions.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 195.78.108.40 on Mon, 16 Jun 2014 11:06:23 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

BULLETIN DES OUVRAGES

73 ARBOUSSE-BASTIDE (Paul). La doctrine de l'6ducation universelle dans la philosophie d'Auguste Comte. Tome I. - De la Foi d l'Amour. Tome 2. De l'Amour d la Foi, Paris, P.U.F., 1957, 734 p.

L'origine de cette these sur le comtisme ~crit fut une enquite sur le comtisme pratiqub. Nous ne disposons pas encore de l'ouvrage oh cette enquite est consigane (Le positivisme politique et religieua au Br.sil). Aussi est-il pr6ferable de renvoyer A sa parution un exa- men plus appronfondi de l'ensemble.

L'unit6 de l'ceuvre de Comte a 6th souvent discut~e, y compris par la post~rit6 immndiate. L'auteur n~anmoins estime pouvoir la recons- tituer A partir de la doctrine de Comte sur l'&ducation, et ses deux volumes se proposent de suivre ce fil d'Ariane dans la succession et l'abondance de l'aeuvre 6crite. Il n'est pas douteux que la demonstration est imposante, encore que, peut-8tre, la redaction, A force de familiarit6 avec son sujet, emprunte cette fonction s6lective attribute par Comte A son propre style (a J'6cris de maniLre a repousser au lieu d'attirer les esprits qui ne sont pas convenablement disposes n). Une vaste fresque de conclusions g~nbrales (p. 593 et ss.) res- saisit les r6sultats acquis par la longue analyse qui pr&cLde en manifestant l'ampleur de ce projet psychog~n~tique: " L'6ducation de I'individu doit essentiellement reproduire l'6du- cation de l'espbce

,. Et comment cette

ampleur mime ne pouvait pas ne pas conf6rer A l'6ducation sa double face: culturelle et cultuelle, didactique et initiatoire:

, L'action

educative est le culte par excellence, celui qui identifie la culture de l'homme et celle de la valeur suprfme , (p. 660). Quelques pages finales tentent de concilier ath6isme et reli- gion. Ath6isme religieux ? Davantage: ath6e parce que religieux. Trbs exactement, Dieu est 6cart6 au nom de la religion... >. Comte blimine comme irrbligieux le Dieu omnipotent et absolu parce que ses pr~tendus attributs I'isolent de l'humanit6 intelligente et affec- tive. II l' 6carte comme une fonction perimne dont le d~clin et la resorption finale font partie de l'6volution religieuse de l'humanitk. La voie triomphale du vrai Dieu relatif et

incarn6 doit Atre jonch~e des d~pouilles de l'ancien Dieu... > (pp. 680-81). " Le seul Dieu que bannit Comte est celui qui n'aurait pas besoin des hommes (p. 689). Tout compte fait cependant, l'auteur se refuse A parler d'un

, humanisme religieux , de Comte. Comte

lui-m~me pr~f~ra parler d'anthropologie, et son commentateur precise: une anthropologie dialectique de d6livrance. Dieu n'est pas mort, mais le seul Dieu vivant est celui qui fait vivre les hommes. ( L'homme est responsable de Dieu... Le seul mal qui menace l'homme c'est la mort de Dieu t (p. 689). Tout se passe comme si Comte avait pouss6 A la limite le fameux aphorisme d'Ir~nue, a Gloria Dei homo vivens n, jusqu'A en inverser les termes et A ne voir le Dieu vivant nulle part ailleurs que dans I'existence glorieuse confbrbe A I'homme par sa monumentale 6ducation

Ce projet ultime, discernu chez Comte, ne rend que plus souhaitable l'6lucidation de certains points du programme: fonction rituelle de l'histoire comme m~diatrice entre la psychog~nLse collective et individuelle; fonction culturelle des modalitis cultuelles ou socio-cultuelles proposbes par Comte (ses ((sacrements ); ampleur biologique des r&- sultats du processus d'initiation (l'hypoth~se ou l'utopie des vierges-mbres), etc... La publi- cation prochaine de l'ouvrage sur le positi- visme br6silien donnera l'occasion de revenir sur I'un ou l'autre point de ce livre stimu- lant.

H. D.

74 AUBERY (Pierre).

Milieux juifs de la France contemporaine. Paris, Plon, 1957, 400 p. (Collection J iecher- ches en sciences humaines ).

Bien des m~thodes ont dbjA 6t6 utilis~es pour I'approche du problbme juif et de l'anti- s~mitisme. Insatisfait des explications pro- posbes par les anthropologues et les historiens, I'auteur a pens6 qu'une nouvelle m~thode d'enqubte pourrait avoir sa valeur. Constatant que dans les livres des dcrivains juifs " se trouve accumulbe une masse de renseignements, tant d'ordre psychologique que sociologique, sur les diff~rents aspects de la vie profonde des Juifs a, il a cherche dans ces livres des

1783

This content downloaded from 195.78.108.40 on Mon, 16 Jun 2014 11:06:23 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

t6moignages sur leur condition matbrielle et surtout leur condition morale dans la soci~t6 frangaise de notre sidcle ,,. En fait il a d~pouill 300 volumes environ, 6crits par 125 auteurs d'origine juive r6digeant en frangais. Ces volumes couvrent la p~riode qui va de l'Af- faire Dreyfus A 1945, et doivent representer A peu de choses pros la totalit6 de la littirature juive d'expression frangaise pour cette p&- riode, du moins en ce qui concerne les m~moires, autobiographies et romans. Dans cette inorme masse de documents, I'auteur a voulu trouver la r6ponse A un certain nombre de questions. En quoi et pourquoi ces hommes se sentent (( diff6rents de leur entourage ) ? Dans quelles circonstances et pour quelles raisons s'est affirm6e pour eux leur a originalit6 juive ,, ? Quelles 6taient les a coutumes maintenues dans leur milieu familial tranchant sur celles du milieu ambiant ))? Et d'une fagon plus pro- fonde, ces hommes ((croient-ils l'assimilation souhaitable et possible n, et par quels moyens ?

L'auteur pense que cette mthode d'en- quote lui permet v~ritablement d'atteindre le ((fait juif,), car, d'une part les acrivains

( se sont efforc~s d'exprimer leur pens~e avec le maximum d'exactitude et de precision , d'autre part ala diversit6 d'Age, d'origine, de culture et de temperament permet d'avoir des renseignements venant de tous les milieux. I1 est exact que ((le portrait du juif moderne dans les oeuvres des 6crivains d'origine juive est moins superficiel que celui que nous offrent la plupart des auteurs non-juifs >. Mais le portrait ainsi obtenu correspond-il rigoureusement A la r~alit6 ? On peut en douter. D'abord les 6crivains juifs ne repr&- sentent qu'une partie, et la plus a bourgeoise , de la socittd juive frangaise (mime si on admet, avec P. A., que les classes y sont beaucoup plus ouvertes que dans la soci~t6 non-juive). Ensuite les oppositions au sein du monde juif sont telles qu'elles obligent A mettre en doute la valeur documentaire de certains ouvrages littdraires, comme en t6moigne la violence inoule avec laquelle fut attaqut dans certains milieux juifs tel livre r~cent, honord d'un prix important. Enfin, m~me si on obtient par ce procdd6 de documentation littbraire tun ((portrait ) non dinu6 de vraisemblance, on pourra douter de sa ressemblance par suite du manque de proportions entre les diff~rents 6l1ments, car les tcrivains auront ndcessairement une position plus accentube que la masse des juifs frangais sur bien des problHmes, ne serait-ce que celui de l'assimi- lation, dans laquelle ils sont dejA fortement engages.

Ces reserves faites, il faut avouer que P. A.

174

apporte une contribution tout A fait valable sur a certains milieux juifs de la France contem- poraine U. Ses conclusions viennent recouper les r6sultats d'autres travaux de nature trZs diff6rente. La plus nette est ((qu'il est trbs difficile de trouver un commun ddnominateur A tous les juifs n, car a le fait juif est ressenti trbs diffdremment par les personnes d'origine israelite selon qu'elles sont noes en France ou qu'elles y ont immigrd >. Alors que le juif de souche frangaise peut ignorer assez long- temps son appartenance au peuple juif, car (( ni le type physique, ni la langue ne le dis- tinguent des autres

,, le juif immigr6 se sent

de suite different. Dans les deux cas, la per- ception de cette difference constitue un handicap. a Etre juif demeure pour les uns et les autres un problJme n, car 6touffer tout ce qui reste vivant d'un long passe dans leurs idles et leur comportement repr~sente une sorte de mutilation de leur personnalit6 . Aussi peut-on dire sans paradoxe qu'en France ((si l'on nait rarement juif, on le devient parfoisL. L'auteur souligne avec raison la faible part du fait religieux dans cette poju- daicitm et il analyse trvs finement tout l'aventail des attitudes juives A l'egard de l'assimilation. Surtout il montre le caract~re et l'importance de la contribution des juifs la vie frantaise d'aujourd'hui .

L'auteur, qui semble assez souvent prd occupr de l'aspect social des probles, pour- rait maintenant 6largir ce travail en s'effor- ant par des enqu~tes de determiner quelle est, en face des m~mes questions, l'attitude du proletariat juif fran~ais. 1i y d~couvrirait probablement le r8le plus important du fac- teur religieux et une plus grande repulsion pour I'assimilation, mais certainement la m~me difficult6 A trouver um commun d6nomina- teur ).

J. H.

75 AZBVEDO (Thales de).

O Catolicismo no Brasil. (Catholicisme br6- silien). Rio de Janeiro, Ministerio de Educa~ao e Cultura, 1955, 70 p. (Os Cadernos de Cul- tura).

Cet ouvrage est plut6t un tdmoignage que le r~sultat d'une recherche, bien qu'il soit 6tay6 par une petite investigation bibliogra- phique. L'auteur essaie de pr6senter les traits caractbristiques du catholicisme br6silien: catholicisme sui generis qui r6sulte du manque de pratres, ressenti depuis le debut de la colonisation portugaise; les colons, trbs ignorants de la doctrine et des rites, r~pandirent dans le pays le catholicisme qu'ils

This content downloaded from 195.78.108.40 on Mon, 16 Jun 2014 11:06:23 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions