microéconomie v 14-02-13

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  • Initiation la science conomique Cycle des ingnieurs Enseignant : Mohammed BENAYAD

    Anne universitaire : 2011-2012

  • 3

    Table des matires

    Abstract ................................................................................................................................ 5 Introduction ......................................................................................................................... 7 1. Les lois fondamentales de lconomie du march ......................................................... 9

    1.1. Les lois rgissant la demande et leurs implications .................................... 9 1.2. Les lois rgissant loffre et leurs implications ........................................... 16 1.3. Lquilibre du march et la loi de loffre et de la demande ............................ 20 Exercices du chapitre 1 .................................................................................. 35

    2. Optimisation de la production dans un march de concurrence parfaite .................. 41

    2.1. Technologie et contraintes techniques ..................................................... 41 2.2. Les fonctions de cots.............................................................................. 46 2.3. Minimisation des cots ............................................................................ 49 2.4. Maximisation du profit ............................................................................. 53 Exercices chapitre 2 ........................................................................................ 59

    3. Optimisation de la production dans un march monopolistique ............................... 65

    3.1. Principales raisons de lexistence des monopoles ..................................... 65 3.2. Fonction de demande et quilibre du monopole ....................................... 66 3.3. Monopole et bien-tre social ..................................................................... 71 3.4. Monopole et rgulation publique .............................................................. 73 Exercices du chapitre 3 .................................................................................. 77

    4. Optimisation de la production dans un march de concurrence imparfaite ............. 79 4.1. Les raisons de loligopole et stratgies des concurrents ............................ 79 4.2. Le duopole de Cournot : Concurrence par les quantits .............................. 81 4.3. Le duopole de Bertrand : Concurrence par les prix .................................. 83 4.4. Le duopole de Stackelberg........................................................................ 84 4.5. La concurrence monopolistique ............................................................... 86 Exercices du chapitre 4 .................................................................................. 91

    5. Optimisation du choix du consommateur .................................................................. 93 5.1. Ensemble de consommation et contrainte budgtaire .............................. 93 5.2. Prfrences et fonction d'utilit ................................................................ 96 5.3. Loptimisation du choix du consommateur ............................................ 101 Exercices du chapitre 5 ................................................................................ 105

    Bibliographie .................................................................................................................... 108 Syllabus ............................................................................................................................ 110

    Objectifs du cours ......................................................................................... 110 Contenu du cours et mthode denseignement .............................................. 110 Evaluation des tudiants et gestion des absences ......................................... 110 Evaluation de lenseignant ............................................................................ 111

  • 4

  • 5

    Abstract Ce support pdagogique est le fruit de quatre annes denseignement de la microconomie aux tudiants de lEcole Suprieure des Industries du Textile et de lHabillement (Esith). Il prsente les principales lois rgissant le march avant de sintresser la spcification du comportement du producteur respectivement dans les contextes de concurrence pure et parfaite, de monopole et de concurrence monopolistique. Le manuel est cltur par un chapitre rserv lanalyse du comportement du consommateur et son programme doptimisation.

    Llaboration du support sest inspire de louvrage de Hal R. Varian Introduction la microconomie1. Des explications ou des dtails ont t puiss dans diverses autres sources. Des exercices pratiques sont suggrs la fin de chaque section et chaque fois que cest opportun, des exemples se rfrant la ralit conomique marocaine ont t cits titre dillustration.

    1 Hal R. Varian Introduction la microconomie , traduction de la 6me dition amricaine par Bernard Thiry, dition Nouveaux Horizons, 2005.

  • 6

  • 7

    Introduction L'analyse microconomique est fonde sur une vision bien particulire de l'activit conomique. Elle fait rfrence notamment lindividu mthodique, la rationalit des agents conomiques et lquilibre. Comme toute thorie conomique, on attend de la microconomie une meilleure comprhension de l'activit conomique et de ses rsultats. Cette comprhension permet dassurer deux objectifs : - aider l'agent conomique tirer un meilleur parti de l'activit conomique (cest

    la fonction positive de la thorie) ; - disposer dun rfrentiel mme de permettre la conception des politiques

    conomiques et d'valuer leur efficacit et leur impact sur les agents conomiques et sur le bien-tre de la collectivit (Cest la fonction normative de la thorie).

    Convient-il de prciser, cet gard, quune thorie, quelque soit son champ dapplication, permet, une meilleure comprhension de la ralit quant elle est empiriquement testable et teste soit dans le monde rel (cas des sciences humaines), soit dans un laboratoire (cas des sciences exacts).

    Comme la majorit des sciences humaines le laboratoire des thories conomiques nest rien dautre que le comportement quotidien des agents conomiques. Cest travers lobservation de ces comportements quon peut approcher la pertinence des thories et leur capacit dexpliquer et de prdire les faits conomiques.

    Comparativement aux sciences exacts (physique, chimie, etc.), le laboratoire des sciences conomiques demeure particulier. En effet, on ne peut pas riger une socit en laboratoire ferm remplissant toutes les conditions et les hypothses qui fondent les thories scientifiques et leur permettent de dmontrer avec une exactitude chiffre les nonces et relations dveloppes par les thories.

    Pourquoi dvelopper donc les thories conomiques sil est quasiment impossible de les tester selon les normes des sciences exactes ? Parce que la combinaison de ces thories avec une certaine connaissance du terrain et l'intuition peuvent quand mme conduire une meilleure comprhension du monde rel. La connaissance du terrain permet de vrifier si le modle thorique est pertinent et si ses hypothses sont acceptables compte tenu du comportement observ des agents. Si les thories sont ainsi vrifies, elles permettent de simplifier les problmes et d'organiser les ides dans un cadre logique.

    Une tche importante de lanalyse microconomique est de prdire le comportement dun agent type gnralement un consommateur ou un producteur. Mais elle sintresse, galement, ce que pourrait tre le rsultat du comportement simultan des agents individuels dans un mme contexte institutionnel. Loutil thorique privilgi, cet gard, est lanalyse en termes dquilibre.

    De manire gnrale, un quilibre est une situation dans laquelle chaque agent individuel atteint son objectif particulier tant donnes les actions des autres acteurs et la nature du march dans lequel il opre. Exprim autrement, un quilibre est une situation dans laquelle un agent individuel ayant atteint son optimum, naura aucun intrt particulier modifier son comportement.

  • 8

    Ce genre dquilibre est particulirement vrifi dans le contexte du march concurrentiel. Dans ce type de march, les producteurs et les consommateurs sont exposs un mme systme de prix des biens sur lesquels ils nont aucune prise. En prenant ce systme comme donn, chaque producteur choisit, dans son ensemble de production, lactivit productive qui lui est la plus profitable. De mme, chaque consommateur, dot dune richesse rsultant de ses revenus (salaires ou revenus du capital investi, etc.), choisit le panier des biens qui lui procure le plus de satisfaction.

    Cette description abstraite du comportement des consommateurs et des producteurs dans un environnement concurrentiel est souvent critique comme tant irraliste. Lirralisme de cette description concerne surtout le comportement des producteurs.

    En effet, en premire approximation, lhypothse que le consommateur individuel nait pas de prise sur le prix des biens quil achte apparat raisonnable. Par contre, il est priori peu satisfaisant de supposer quune firme comme Peugeot ou Toyota dcide du nombre de voitures quelle mettra sur le march en prenant le prix de vente de ces voitures comme une donne indpendante de son contrle.

    Ces nuances ont constitu le fil conducteur de llaboration de ce manuel. Dans un premier temps, le manuel prcise les lois fondamentales rgissant la demande, loffre et lquilibre du march avant de sintresser plus particulirement la thorie de loffre dans le cadre dun march concurrentiel. Le rfrentiel du march concurrentiel est nuanc dans le troisime et le quatrime chapitres qui traitent respectivement de loffre dans les marchs de monopole et de concurrence monopolistique.

    Le dernier chapitre est consacr la prsentation de la thorie du consommateur dans lobjectif dapprofondir les notions portant sur la thorie de la demande prsente dans le premier chapitre.

    Il est relever que le prsent manuel est orient plutt vers lexplication du comportement de loffre. Cette orientation est retenue sciemment du fait que ce cours a t labor au profit dingnieurs qui auront comme principale proccupation la gestion de loffre des entreprises.

    Il serait opportun de rappeler que le principal objectif de ce cours est de contribuer au dveloppement de la connaissance du fonctionnement des entreprises et des marchs. Au terme du cours, l'tudiant devrait tre capable de comprendre et de pouvoir utiliser quelques outils de base de lanalyse du comportement des marchs et des agents qui les animent dont notamment les consommateurs et les producteurs.

  • 9

    1. Les lois fondamentales de lconomie du march

    Quelles sont les lments qui animent les marchs des biens et services ? Existent-ils des lois qui rgissent ces marchs ? Quelles sont leurs caractristiques fondamentales et leurs principaux dterminants ? Convergent-ils vers un quilibre ou faut-il quil y ait des interventions des gouvernements pour les rguler travers llaboration et la mise en uvre des politiques conomiques ? Quelles sont les incidences de ces politiques sur lquilibre du march et sur ses oprateurs ?

    Ce premier chapitre, prsentera des lments de rponse ces questions tels que labors au fil des annes par les fondateurs de la pense conomique et par les conomistes en gnral. On analysera les lois fondamentales de lconomie du march en prsentant, dans une premire section, les lois rgissant la demande. La deuxime section examinera les lois rgissant loffre et leurs implications. La dernire section analysera la notion dquilibre du march sous diffrentes facettes.

    1.1. Les lois rgissant la demande et leurs implications

    Comme mentionne ci-dessus, cette section sera consacre la prsentation des lois fondamentales rgissant la demande et leurs implications. On procdera, dans un premier temps, la prsentation des facteurs dterminant la quantit demande et la spcification de la courbe de demande avant de prsenter les autres facteurs qui linfluencent. Le dernier paragraphe sera consacr la prsentation du concept du surplus du consommateur comme outil permettant de mesurer limpact des variations de la demande sur le bien-tre du consommateur.

    1.1.1. Les lois fondamentales de la demande

    La quantit demande dun bien ou dun service est la quantit de ce bien ou service que les consommateurs souhaitent acheter et sont capables de la payer. Plusieurs facteurs peuvent contribuer la dtermination de la quantit demande dun bien ou dun service. Il sagit, entre autres, du prix du bien ou service, du revenu de lacheteur, de lexistence de biens ou services substituables ou complmentaires sur le march, de la nature du bien ou service concern (normal, infrieur ou de luxe) des prfrences, des anticipations, du nombre dacheteurs, etc.

    Parmi ces facteurs, le prix figure comme lune des variables les plus dterminantes de la quantit demande. En effet, si lon considre toutes les autres variables influenant la quantit demande comme fixes, on peut conclure que cette quantit est une fonction dcroissante du prix du fait quelle tend, en gnral, baisser quand le prix augmente et augmenter quant le prix diminue.

    Cette relation gnrale prsente, cependant, des exceptions. En effet, pour certains biens et services de luxe (les uvres d'art, le recrutement des grands chefs d'entreprises, les biens de snobisme, etc.), lorsque les prix augmentent, les vendeurs sont moins disposs vendre et les acheteurs plus dsireux d'acheter. Ainsi, contrairement la loi de la demande, la hausse des prix de ces biens engendre une augmentation de la quantit demande. Ce phnomne est nomm effet Veblen (conomiste ayant tudi ce phnomne), de snobisme ou d'ostentation. Le comportement des prix de ces biens demeure donc une exception la rgle gnrale rgissant la demande.

    20

    0

    10

    30

    40

    P

    Quantit

    demande

    Graphique 1.1. Courbe de demande

    0 2 4 6 8

  • 10

    Le graphique 1.1 illustre cette loi gnrale de la demande stipulant que, toutes choses tant gales par ailleurs, la quantit demande est une fonctionne dcroissante du prix. C..d. le prix et la quantit demande varient dans le sens inverse : quand le prix augmente la quantit demande diminue et inversement quand le prix diminue la quantit demande augmente.

    Ainsi, sur la courbe de demande du graphique 1.1, en supposant que les autres facteurs influenant la demande sont constants, on peut lire que quand le prix est gal 40, la quantit demande est de 2 units. Si le prix baisse 20, la quantit demande augmente 6. Le sens inverse de variation permet de conclure que si le prix augmente de 20 40 la demande baissera 2. La variation du prix conduit, ainsi, un mouvement le long de la courbe de demande. Ceci nous amne se poser la question suivante : les autres facteurs influenant la quantit demande permettent-ils doprer le mme dplacement ?

    Examinons dans un premier temps leffet dun changement du revenu de lacheteur sur la quantit demande. Supposons que lacheteur a subit une baisse de son revenu. Il aura moins de revenu dpenser pour certains biens et fort probablement pour la plupart des biens. Quand la demande dun bien diminue suite une baisse de revenu, ce bien est qualifi de bien normal.

    Le graphique 2.2 illustre leffet de la variation du revenu sur la demande dun bien normal. Si le revenu baisse, la quantit demande, pour le mme prix, baisse de Q1 Q2. On assiste une translation gauche de la courbe de demande. Inversement, si le revenu samliore, la courbe de demande se dplace droite et la quantit demande passe de Q1 Q3. Ainsi, on peut conclure que la quantit demande dun bien normal est fonction positive du revenu. Cette relation gnrale prsente, cependant, certaines exceptions.

    En effet, tous les biens ne sont pas normaux. Quand la demande dun bien augmente suite une baisse du revenu, ce bien est qualifi de bien infrieur (bien Giffen). Le service de transport en commun est un exemple de ce type de biens. En effet, lorsque le revenu dun consommateur moyen diminue, il prfre dlaisser sa voiture au profit du transport en commun. Inversement, si son revenu augmente, il utilise moins le service de transport en commun. Ainsi, la quantit demande dun bien infrieur est fonction ngative du revenu : quand le revenu augmente elle baisse et sil diminue elle augmente. Les deux variables varient dans les sens inverses.

    La quantit demande subit, galement leffet des prix des autres biens sur le march. Quand la baisse (la hausse) du prix dun bien conduit la baisse (la hausse) de la quantit demande dun autre bien, ces deux biens sont qualifis de biens substituables.

    P

    0

    D1

    Quantit

    demande

    Prix

    Graphique 1.2. Effet du revenu sur la

    demande

    D2

    D3

    Q2 Q1 Q3

    Question 2 mditer

    Comment se dplacerait la courbe de demande du graphique 1.2 si lon

    fait face un bien infrieur ?

    Question 1 mditer Pourquoi on reprsente le prix dans laxe vertical et la quantit demande dans laxe horizontal lorsquon trace une courbe de demande ?

  • 11

    Cest le cas de la viande du buf et du poulet, du cinma et des DVD, des vestes et blousons, des slips et des calons, etc. Dans ce contexte, la quantit demande est fonction positive des prix des biens substituables. Ceci implique que les deux variables varient dans le mme sens.

    Dun autre ct, quand la baisse (la hausse) du prix dun bien conduit laugmentation (la baisse) de la quantit demande dun autre, les deux biens sont qualifis de biens complmentaires. Cest le cas de lessence et la voiture, le pain et la levure, les chaussettes et les chaussures, etc. On peut conclure que la quantit demande est fonction ngative des prix des biens complmentaires. Les deux variables varient dans des sens opposs.

    Les gots et les prfrences figurent parmi les dterminants les plus importants de la demande. Si lon aime un bien ou un service on est plus dispos en consommer plus que les autres et y consacrer une partie plus importante de notre revenu. Ainsi, la quantit demande est fonction positive des prfrences. Plus on prfre un bien plus on en consomme.

    Il convient de mentionner, cet gard, que les conomistes sintressent plutt lexplication de leffet des prfrences sur le demande qu lexplication des prfrences elles-mmes. En effet, cette explication relve plutt de domaine du marketing et sexplique par des considrations historiques et psychologiques qui vont au-del du champ de lconomie.

    Les anticipations du futur exercent, galement, un effet sur la quantit demande aujourdhui. Ainsi, si lon sattend une augmentation du revenu dans le futur on peut tre enclin dpenser une partie de lpargne actuelle ou soffrir un crdit aujourdhui en vu daugmenter la consommation prsente. De mme, si lon sattend une augmentation de linflation (hausse des prix) dans le futur, on prfrerait consommer plus aujourdhui.

    Cependant, leffet des anticipations sur la quantit demande dpend de la nature des anticipations et des variables anticipes et il serait difficile de dduire une rgle gnrale liant les anticipations la quantit demande. Mais on peut conclure que les anticipations conduisent une translation de la courbe de demande. Le sens de cette translation dpend de la nature des anticipations et des variables anticipes.

    Enfin, le nombre dacheteurs exerce un effet positif sur la quantit demande. Plus le nombre dacheteurs augmente plus la quantit demande augmente. Cet effet, dcoule du fait que la demande du march est une agrgation des demandes individuelles. Elle dpend de tous les facteurs, examins ci-dessus, qui dterminent la demande individuelle. Le tableau ci-dessous rcapitule la nature des effets de ces facteurs sur la quantit demande et sur le dplacement de la courbe de demande.

    Il ressort de ce tableau que mis part le prix dont les variations induisent un dplacement le long de la courbe de demande, les variations des autres variables dterminant la demande provoquent une translation de la courbe de demande. Le sens de cette translation dpend de la nature positive ou ngative de leffet de la variable concerne.

    Il convient de relever, enfin, que le tableau ne fait ressortir que la nature (positive ou ngative) de la relation de la quantit demande aux variables qui la dterminent sans en mesurer lampleur. Comment peut-on donc quantifier ces effets ? Cest lobjet de la prochaine section.

    Question 3 mditer Comment se dplacerait la courbe de demande du graphique 1.2 si lon fait face des biens substituables ou complmentaires ?

  • 12

    Tableau 1.1. Tableau synthtique des effets des variables dterminant la quantit demande

    Variables Nature de leffet sur la

    quantit demande Mouvement de la courbe

    de demande

    - Prix : o Prix dun bien o Prix dun bien de luxe

    Ngatif Positif

    Le long de la courbe Le long de la courbe

    - Revenu : o Bien normal o Bien infrieur

    Positif Ngatif

    Translation Translation

    - Prix des autres biens : o Biens substituables o Biens complmentaires

    Positif Ngatif

    Translation Translation

    - Prfrences Positif Translation - Anticipations Positif/Ngatif Translation - Nombre dacheteurs Positif Translation

    1.1.2. Llasticit de la demande

    Llasticit mesure le rapport des variations de deux variables lies par une relation de cause effet. Plus prcisment, elle meure la raction dune variable explique (la quantit demande) suite une variation de lune des variables explicatives (prix, revenu, prix des autres biens, etc.) toutes choses tant supposes gales par ailleurs. Elle est souvent exprime par la variation induite dune augmentation de 1% de la variable explicative.

    En termes formels, supposons que exprime l'lasticit, x la variable explicative et y la variable explique. Llasticit est mesure par le rapport des variations proportionnelles (en pourcentage) de x et de y soit :

    444 3444 214444 34444 21continues Variablesdiscrtes Variables

    ),( et ),(x

    y

    y

    x

    x

    x

    y

    y

    xyx

    y

    y

    x

    x

    x

    y

    y

    xy

    =

    =

    D

    D

    =

    D

    D

    = ee

    A titre dexemple supposons que la variable explicative "x" varie de 5% et que suite cette variation, la variable explique "y" a connu une volution de 15%, llasticit "" de y par rapport x serait : =15%/5% = 3. Le chiffre 3 indique que le changement de y induit par la variation de x est proportionnellement trois fois plus important.

    Le calcul de llasticit soulve, cependant, certains problmes. En effet, si lon se rfre au graphique 1.3, llasticit en allant du point A au point B (A/B) est diffrente de llasticit du point B au point A (B/A). Ainsi :

    1

    40

    402080

    80120

    et 33,0

    20

    2040120

    12080

    // -=-

    -

    =-=

    -

    -

    = ABBA ee

    P

    20

    30

    40 B

    A

    Q 80 100 120

    Graphique 1.3. Calcul de llasticit par la

    mthode du point milieu

  • 13

    Afin dviter ce problme, les conomistes utilisent la mthode du point milieu pour calculer llasticit. Ainsi, le point milieu des prix serait gal 30 = 40+20/2 et le point milieu des quantits serait 100 = 120+80/2. La mthode du point milieu consiste calculer la variation en pourcentage en divisant lcart entre la valeur finale et la valeur initiale par le point milieu au lieu de la valeur initiale comme il se fait dans le calcul habituel des pourcentages. Lapplication de cette mthode lexemple ci-dessus donne les rsultats suivants :

    66,0

    30

    4020100

    80120

    et 66,0

    30

    2040100

    12080

    // -=-

    -

    =-=

    -

    -

    = ABBA ee

    Il est remarquer que la mthode du point milieu permet daboutir au mme rsultat quelque soit le sens du calcul de llasticit entre deux points. Cette mthode peut tre formule dune faon gnrique entre deux points A(QA,PA) et B(QB,PB) de la faon suivante :

    BA

    BA

    BA

    BA

    BA

    BA

    AB

    AB

    AB

    AB

    QQ

    PP

    P

    Q

    PP

    PP

    QQ

    QQ

    PP

    PP

    QQ

    QQ

    +

    +

    D

    D

    =

    +

    -

    +

    -

    =

    +

    -

    +

    -

    =

    ]2/)[(

    )(

    ]2/)[(

    )(

    ]2/)[(

    )(

    ]2/)[(

    )(

    e

    Ces prcisions de calcul tant faites, llasticit-prix de la demande mesure comment la quantit demande dun bien ou dun service ragit au changement de prix de ce bien. Elle est dfinie comme le rapport entre la variation relative de la quantit demande d'un bien et la variation relative du prix de ce bien. Ainsi, si Q est la quantit demande et P est le prix, llasticit-prix de la demande est dfinie par :

    0),( et 0),(

    continues Variablesdiscrtes Variables

    =

    =

    D

    D

    =

    D

    D

    =

    4444 34444 214444 34444 21

    P

    Q

    Q

    P

    P

    PQ

    Q

    pQP

    Q

    Q

    P

    P

    PQ

    Q

    pQ ee

    Les courbes de demande sont classes gnralement en fonction de leur lasticit-prix. Les conomistes considrent quune demande est lastique si llasticit-prix est suprieur 1 c..d. la quantit demande varie plus proportionnellement que la variation du prix : si le prix varie de 1%, la quantit demande varie de plus de 1%. La demande est juge inlastique au prix si llasticit est infrieure 1 c..d. la quantit demande varie moins proportionnellement que la variation du prix : si le prix varie de 1%, la quantit demande varie de moins de 1%.

    Le graphique 1.4 synthtise les diffrents cas dlasticit. Ainsi, la courbe de demande D1 prsente une courbe de demande parfaitement inlastique (pente infinie) : la quantit demande nest pas sensible au prix. Quelque soit la variation du prix, la quantit demande demeure fixe. Par contre, la courbe D2 prsente une courbe parfaitement lastique (pente nulle) impliquant quune petite variation des prix engendre une trs grande variation de la quantit demande. Entre ces deux cas extrmes, la courbe D3 prsente une courbe de demande lasticit variable. Llasticit au point A est plus faible que celle au point B.

    P

    Q

    B

    A

    Graphique 1.4. Courbes de demande et lasticit-prix

    D1 ( = 0)

    Inlastique

    D2 ( = )

    Parfaitement

    lastique

    D3 (0 < < )

    Imparfaitement

    lastique

  • 14

    Llasticit-prix de la demande est, gnralement, ngative car, comme on la vu dans la section prcdente la quantit demande est fonction ngative du prix : lorsque le prix augmente, la quantit demande diminue et inversement. Les biens Veblen constituent, cependant, une exception cette rgle en prsentant une lasticit positive. La valeur de llasticit dpend, ainsi, de la nature des biens et de plusieurs autres facteurs.

    Ainsi, llasticit-prix dun bien normal est plutt variable. Sa courbe de demande ressemble D3 du graphique 1.4. Par contre llasticit dun bien ou un service de premire ncessit (pain, nergie, soin de sant, etc.) est assez faible. La forme de la courbe de demande de ce genre de bien se rapproche plutt de la courbe D1 du graphique 1.4. A lautre extrme, llasticit dun bien de luxe est quasiment infinie. La courbe de demande ressemble, dans ce cas D2 du graphique 1.4.

    Le niveau de llasticit-prix de la demande est influenc par plusieurs facteurs dont notamment lexistence de substituts proches, de biens complmentaires et la variation du comportement dans le temps.

    En effet, les biens qui ont des substituts proches tendent avoir une demande plus lastique du fait que les consommateurs peuvent se tourner facilement vers les biens substituables. Cest le cas titre dexemple du beurre et de la margarine. Une petite hausse du prix du beurre, toutes choses tant gales par ailleurs dont notamment le prix de la margarine, peut conduire une forte baisse de sa quantit demande.

    Le niveau de substituabilit ou de complmentarit entre deux biens est mesur par l'lasticit-prix croise. Elle se dfinit comme le rapport entre le pourcentage de variation de la quantit demande du bien A et le pourcentage de variation du prix d'un bien B, soit en termes formels :

    44444 344444 2144444 344444 21 continues Variablesdiscrtes Variables

    ),( et ),(B

    A

    A

    B

    B

    B

    A

    A

    BA

    B

    A

    A

    B

    B

    B

    A

    A

    BAP

    Q

    Q

    P

    P

    P

    Q

    Q

    PQP

    Q

    Q

    P

    P

    P

    Q

    Q

    PQ

    =

    =

    D

    D

    =

    D

    D

    = ee

    Les biens A et B peuvent tre des biens substituables, complmentaires ou indpendants. Une lasticit-prix croise positive signifie que l'augmentation du prix d'un bien entrane l'augmentation de la demande d'un autre bien. Les deux biens sont donc substituables. Par exemple, l'augmentation du prix du ticket de cinma engendre une hausse la demande des lecteurs DVD.

    Une lasticit-prix croise ngative signifie que l'augmentation du prix d'un bien entrane la diminution de la demande d'un autre bien. Les deux biens sont alors dits complmentaires. Par exemple, l'augmentation des prix des lecteurs DVD entrane une diminution de la demande des DVD.

    Enfin, quand laugmentation du prix dun bien na aucun effet sur la demande dun autre, llasticit-prix croise est nulle. Cela signifie que les deux biens sont indpendants.

    Il est mentionner que la notion d'lasticit-prix croise est particulirement utile en matire danalyse de la concurrence. Pour dterminer l'tendue d'un march et dterminer si une entreprise est en situation d'abus de position dominante, il est, en effet, ncessaire de voir jusqu' quel point diffrents produits sont substituables (ex. Coca et Pepsi). La notion d'lasticit prix croise est alors utile pour dterminer si deux biens appartiennent au mme march et si les autorits de la concurrence doivent dclencher une action.

    Question 4 mditer Quelle est la diffrence entre la pente, une variation en pourcentage et llasticit ?

  • 15

    Par ailleurs, les biens tendent avoir une demande plus lastique long terme. En effet, une lasticit nulle court terme peut, toutefois, s'avrer non nulle long terme, car l'augmentation des prix peut pousser la recherche de nouveaux produits de substitution. Le ptrole, par exemple, est un bien non substituable court terme mais, sur le long terme, l'augmentation de son prix peut favoriser l'exploitation de nouvelles sources d'nergie.

    De mme, la spculation se gnralise en situation de dflation ou d'inflation : la hausse de linflation (ou une hausse gnrale des prix) peut tre interprte comme un signe d'une raret future et conduit le consommateur acheter maintenant et le plus possible, car plus tard le bien ne sera plus disponible ou il sera plus cher. Ainsi, la hausse de linflation conduit une augmentation de la demande. Inversement, une baisse de linflation peut s'interprter comme le signal qu'il est avantageux d'attendre pour acheter, car le bien sera disponible encore moins cher plus tard. La baisse de linflation conduit, ainsi, une baisse de la demande.

    Par ailleurs, l'lasticit-revenu de la demande est dfinie comme le rapport entre le pourcentage de variation de la demande d'un bien et le pourcentage de variation du revenu. Elle mesure l'impact d'une variation du revenu d'un consommateur sur sa demande pour un bien particulier soit en termes formels :

    4444 34444 214444 34444 21 continues Variablesdiscrtes Variables

    ),( et ),(R

    Q

    Q

    R

    R

    R

    Q

    Q

    RQR

    Q

    Q

    R

    R

    R

    Q

    Q

    RQ

    =

    =

    D

    D

    =

    D

    D

    = ee

    L'lasticit de la demande par rapport au revenu n'est pas forcment positive. L'augmentation du revenu change la structure de la consommation. On peut distinguer trois catgories de biens : - les biens infrieurs ou de premire ncessit (Giffen): la demande de ces biens

    diminue quand le revenu augmente (lasticit-revenu ngative), et augmente quand le revenu baisse. Il s'agit de biens ncessaires auxquels les consommateurs prfrent substituer de nouveaux biens lorsque leur revenu le permet ;

    - les biens normaux : la demande augmente quand le revenu augmente dans une proportion infrieure ou gale 1 (lasticit-revenu comprise entre 0 et 1). On parle galement de biens ncessaires. C'est le cas de la nourriture (prise dans son ensemble) ;

    - les biens suprieurs ou biens de luxe : la demande de ces biens augmente de faon plus rapide que le revenu (lasticit-revenu strictement suprieure 1).

    1.1.3. Demande et bien-tre du consommateur

    Comme mentionn dans la section 1.1.1, les prfrences constituent lun des facteurs dterminant la quantit demande. Un consommateur qui a une prfrence pour un bien ou un service peut payer un prix suprieur pour consommer ce bien relativement un autre consommateur qui le dsire moins. Ces diffrences des prfrences se rvlent gnralement par la volont de payer qui est dfinie comme le montant maximum quun acheteur est prt payer pour un bien.

    On se rfrant cette notion de volont de payer on dfini le surplus du consommateur comme la diffrence entre le montant quun acheteur a la volont de payer pour acqurir un bien et le montant quil paie effectivement pour l acheter.

    Le surplus du consommateur est troitement li la courbe de demande du fait quelle reprsente la volont de payer des acheteurs. Cest pour cette raison quelle est utilise pour mesurer le surplus du consommateur.

  • 16

    Ainsi, le graphique 1.5 dcrit une courbe de demande dcroissante suggrant que si le prix dpasse le point A aucun consommateur naura la volont de payer pour acheter le bien concern. Si le prix stablit entre le prix du march P1 et le point A, il y aurait des consommateurs qui auront la volont de payer un prix suprieur au prix du march mais ils ne payeront que ce dernier. Ces consommateurs raliseront un surplus quivalent au triangle ABC.

    Lide sous-jacente au calcul du surplus du consommateur et que les acheteurs dsirent toujours payer moins cher les biens quils achtent. De ce fait un prix plus bas amliore leur situation. Le concept de surplus du consommateur permet donc de calculer la variation du bien-tre des consommateurs suite une variation des prix. Ainsi, dans le graphique 1.5, si le prix baisse de P1 P2, le surplus du consommateur correspondra au triangle ADF. Le bien tre des consommateurs se trouve ainsi amlior dune quantit quivalente la surface BCDF.

    Cette surface peut tre dcompose en deux parties. En effet, les acheteurs qui achetaient la quantit Q1 au prix P1 voient leur situation samliorer car ils paient moins cher chaque quantit achete. Lamlioration de leur bien-tre engendre par la baisse des prix correspondrait au rectangle BCED. Les nouveaux acheteurs, quant eux bnficieront dun surplus correspondant au triangle CEF.

    En dfinitif, le concept du surplus du consommateur reflte le bien-tre conomique du fait quil suppose que les individus sont rationnels lorsquils prennent leurs dcisions et que les consommateurs sont les meilleurs jugent des avantages quils retirent des biens quils achtent. Il respecte, ainsi, les prfrences des consommateurs en les utilisant comme moyen dvaluation de leur bien-tre suite des variations de la demande.

    1.2. Les lois rgissant loffre et leurs implications

    Cette section sera consacre la prsentation de la loi fondamentale de loffre et ses implications. On procdera, dans un premier temps, lexamen des facteurs dterminant la quantit offerte et la spcification de la courbe doffre avant de prsenter les facteurs influenant loffre. Le dernier paragraphe sera consacr la prsentation du concept du surplus du producteur comme outil permettant de mesurer limpact des variations des prix sur le bien-tre du producteur.

    1.2.1. Les lois fondamentales rgissant loffre La quantit offerte dun bien, communment connu par loffre tout court, correspond la quantit quun vendeur souhaite et capable de vendre. A linstar de la quantit demande, la quantit offerte est fonction de plusieurs variables dont le prix est le plus important. La relation entre le prix et la quantit offerte est appel la loi de loffre qui stipule, toutes choses tant gales par ailleurs, que la quantit offerte est une fonction positive du prix : si le prix augmente la quantit offerte augmente sil diminue elle diminue.

    Q

    P

    F

    E D

    C

    A

    Q1 Q2

    P1

    P2

    Graphique 1.5. Courbe de demande et surplus du

    consommateur

    B

    Problmes et applications faire Rpondre aux questions mditer 1 4 et solutionner les exercices 1, 2, 6 et 8

  • 17

    Le graphique 1.6 prsente une courbe illustrant la loi de loffre. Ainsi pour un prix infrieur 10, loffre est nulle et aucun producteur ne sera capable doffrir le produit. Lorsque le prix augmente, la quantit offerte augmente au fur et mesure. De ce fait la courbe doffre est croissante : plus le prix augmente plus la quantit offerte augmente. Une variation du prix induit, ainsi, un dplacement de le long de la courbe doffre. Quid alors des autres variables impactant loffre comme les prix des facteurs de production, la technologie, les anticipations, le nombre de vendeurs, etc.

    Afin de produire les quantits de biens quils offrirent sur le march, les vendeurs utilisent des facteurs de production comme les btiments, les quipements, les matires premires, la main duvre, etc. Lorsque le prix de lun ou de plusieurs facteurs de production augmente, la production devient moins profitable et certains producteurs dcident darrter de produire. Ceci constitue un choc doffre qui induit un dplacement vers la gauche de la courbe doffre. Inversement, une baisse des prix des facteurs de production gnre une augmentation de loffre et une translation droite de la courbe doffre. On peut conclure donc que la quantit offerte est fonction ngative des prix des facteurs de production. Le graphique 1.7 illustre cette relation.

    La quantit offerte est, par contre, une fonction positive de la technologie. En effet, les inventions permettent, gnralement, de rduire les cots de production. Toutes choses tant gales par ailleurs, elles permettent davoir des niveaux de production plus levs avec les mmes quantits de facteurs de production. Une amlioration de la technologie induit une translation droite de la courbe doffre alors quune dfaillance technologique conduit un dplacement gauche.

    La quantit offerte aujourdhui dpend, galement, des anticipations relatives au futur. Plus on sattend ce que les prix des biens quon produit augmentent, toutes choses tant gales par ailleurs, plus on produira pour stocker une partie de la production courante et on mettra une quantit moindre sur le march. Le raisonnement inverse est tout aussi valide. La quantit offerte est une fonction ngative des anticipations des prix. Selon leur nature positive ou ngative elles provoquent donc une translation de la courbe de demande.

    Convient-il de prciser qu linstar de la demande, leffet des anticipations sur la quantit offerte dpend de la nature des anticipations et des variables anticipes et il serait difficile de dduire une rgle gnrale liant les anticipations la quantit offerte. Mais on peut conclure que les anticipations conduisent une translation de la courbe doffre. Le sens de cette translation dpend de la nature des anticipations et des variables anticipes.

    Enfin, dans un march concurrentiel, lentre et la sortie de nouveaux vendeurs sur le march sont libres. Toute nouvelle entre provoque un dplacement droite de la courbe doffre. En effet, pour le mme prix, il y aurait plus de quantits offertes sur le march. Le nombre de vendeurs est une fonction positive de la quantit offerte.

    P

    O2

    O3

    P

    0

    O1

    Q

    Graphique 1. 7. Effet des prix des facteurs sur

    loffre revenu sur la de mande

    Q2 Q1 Q3

    50

    40

    30

    20

    10

    Q 0 5 10 15 20

    P

    Graphique 1.6 . Courbe d offre

  • 18

    Tableau 1.2. Tableau synthtique des effets de variables dterminant la quantit offerte

    Variables Nature de leffet sur la

    quantit offerte Mouvement de la courbe

    doffre

    - Prix Positif Le long de la courbe - Prix des facteurs Ngatif Translation - Technologie : Positif Translation - Anticipations Positif/Ngatif Translation - Nombre de vendeurs Positif Translation

    Le tableau ci-dessus rcapitule les variables impactant la quantit offerte et leurs effets sur la courbe doffre. Il en ressort que mis part le prix dont les variations induisent un dplacement le long de la courbe doffre, les variations des autres variables dterminant la quantit offerte provoquent une translation de la courbe doffre. Le sens de cette translation dpend de la nature positive ou ngative de leffet de la variable concerne.

    1.2.2. Llasticit de loffre

    A linstar de llasticit-prix de la demande, llasticit-prix de loffre mesure la raction de la quantit offerte aux variations des prix. Elle est, gnralement, positive et peut tre mesure soit par la mthode du point-milieu soit par le rapport des variations en pourcentage de la quantit offerte et du prix. Dans ce dernier cas, elle sexprime par les quations suivantes :

    44444 344444 2144444 344444 21continues Variablesdiscrtes Variables

    ),( et ),(P

    Q

    Q

    P

    P

    P

    Q

    Q

    PQP

    Q

    Q

    P

    P

    P

    Q

    Q

    pQ o

    o

    o

    o

    oo

    o

    o

    o

    o

    =

    =

    D

    D

    =

    D

    D

    = ee

    Plusieurs dterminants influencent le niveau de llasticit de loffre dont notamment la nature des produits et services et lhorizon temporel (court terme et long terme). Ainsi, loffre de certains produits et par nature inlastique. Par exemple, loffre de logement est quasiment inlastique dans certaines villes caractrises par un manque du terrain constructible. Par contre, loffre de certains produits manufacturs est relativement lastique.

    Il convient de noter, galement, que l'offre est, gnralement, inlastique trs court terme, (on ne peut pas augmenter subitement la production). long terme, elle devient plus lastique. Par contre, lexistence de biens substituables induit une offre plus lastique.

    De mme, il est rappeler le principe d'asymtrie de l'lasticit de l'offre (Corts) qui stipule que la production est mme de ragir plus facilement une baisse de prix (ou de demande) par une baisse de la production que d'augmenter de manire indfinie la production en cas d'augmentation du prix ou de la demande (Cas du ptrole).

    P

    PB

    PA

    B

    A

    Graphique 1.8. Courbes doffre et lasticit-prix

    O1 ( = 0)

    Inlastique

    O2 ( = )

    Parfaitement

    lastique

    O3 (0 < < )

    Imparfaitement

    lastique

    Q QAA QBA

  • 19

    Le graphique 1.8 synthtise diffrentes courbes doffre en fonction de leur degr dlasticit. Ainsi, la courbe doffre O1 est parfaitement inlastique : la quantit offerte nest pas sensible au prix. Par contre, la courbe doffre O2 prsente une courbe parfaitement lastique impliquant quune petite variation des prix engendre une trs grande variation de la quantit offerte.

    Entre ces deux cas extrmes, la courbe doffre O3 prsente une lasticit variable. Loffre au voisinage du point A est inlastique (lasticit infrieure 1). Par contre elle est lastique au voisinage du point B (lasticit suprieure 1).

    Ce cas se prsente, gnralement, pour des dindustries disposant dimportante capacit de production. A un niveau de production faible, lentreprise ragit substantiellement aux variations des prix (cest le cas au voisinage du point A). A meure que la quantit offerte augmente, lentreprise atteint ces pleines capacits de production et loffre devient inlastique au prix (voisinage du point B).

    1.2.3. Le surplus du producteur

    Le surplus du producteur est li la notion du cot dopportunit et la volont de dinvestir. On entend par cot dopportunit, ce quoi il faut renoncer pour obtenir quelque chose (Cest ce quexprime ladage : chaque chose un prix !). Pour illustrer cette notion, supposons un producteur qui dispose de 100 000 dhs et qui a le choix entre dposer cette somme dans une banque et gagner un revenu de 5000 dhs par an (si lon suppose que le taux dintrt est de 5%) ou investir cette somme dans une industrie qui lui rapporte 10 000 dhs par an (soit une rentabilit de 10%). Dans ce contexte, si le producteur dcide dinvestir, il doit renoncer 5000 dhs de revenu dintrt bancaire. Ce montant est donc le cot dopportunit de linvestissement dans une industrie.

    La volont de vendre ou dinvestir est corrle la notion de cot dopportunit. Si lon reprend lexemple ci-dessous et on suppose que le producteur concern a la possibilit de travailler comme conseiller et gagner 70 000 dhs par an, investira-t-il dans lindustrie ? La rationalit voudrait quil ne renonce pas 12 000 dhs par an (5000 dhs dintrt plus 70 000 dhs de revenu de conseil) contre 10 000 dhs de revenu dinvestissement. Dans ce contexte, le producteur ninvestira pas et naura la volont de vendre ses produits que si linvestissement et la vente des produits lui rapportent un revenu suprieur 12 000 dhs.

    Ces notions tant clarifies, le concept du surplus du producteur correspond au montant auquel le producteur est pay moins le cot de production. Comme la courbe doffre reflte le cot des producteurs, elle est utilise pour calculer le surplus du producteur.

    Questions 5 mditer Le rendement de linvestissement dans le logement social est de lordre de 35% et celui industriel est de 5%. Quel est le cot dopportunit dinvestir dans lindustrie ? Faut-il investir dans lindustrie ?

    Quel est le cot dopportunit dtudier ou de ne pas tudier lESITH ?

    E

    F

    C

    D

    A

    Q 0 Q1 Q2

    P2

    P1

    P Graphique 1.9. Courbe doffre et

    surplus du producteur

    B

  • 20

    Le graphique 1.9 suggre que si le prix est infrieur A aucun producteur ne sera capable de produire. Par consquent, la production sera nulle. A un prix lgrement suprieur A, des producteurs peuvent produire un cot au moins gale A et pourront ainsi raliser un lger profit. Plus le prix augmente, plus des producteurs entrent sur le march et vendent des prix suprieurs leurs cots. Si le prix stablit P1, le cumul des surplus des producteurs correspondra au triangle ABC.

    Si le prix augmente de p1 p2 la quantit offerte augmente de Q1 Q2 et le surplus saccroit pour atteindre le triangle ADF. A linstar du surplus du consommateur, cette surface peut tre dcompose en deux parties. En effet, les producteurs qui vendaient la quantit Q1 au prix P1 voient leur situation samliorer car ils vendent plus cher chaque quantit produite. Lamlioration de leur bien-tre engendre par la hausse du prix correspondrait au rectangle BCED. Les nouveaux producteurs, quant eux, bnficieront dun surplus correspondant au triangle CEF.

    1.3. Lquilibre du march et la loi de loffre et de la demande

    Aprs avoir analys la demande et loffre sparment, il est temps dentamer ltude de leur interaction dans le march travers la dfinition de la notion dquilibre du march. Cette notion une fois dfinie, on procdera lanalyse des effets des caractristiques de loffre et la demande sur le march et on examinera limpact de certaines politiques conomiques sur lquilibre du march et sur les oprateurs. Avant de ce faire, il serait utile dintroduire cette section en diffrentiant les types des marchs afin de mieux cerner les limites des analyses qui seront introduites.

    1.3.1. Typologie des marchs

    Le march est lespace de rencontre des vendeurs et des acheteurs dun produit ou un service. Cet espace peut tre concentr dans un lieu dfini ou dispers sur plusieurs lieux o schange le produit ou le service concern. Il peut tre, galement, un espace virtuel si le produit ou le service fait objet du commerce lectronique.

    Parfois les marchs sont trs organiss. Cest le cas, titre dexemple, des marchs de gros des fruits et lgumes, des marchs de poissons, de la bourse (march des actions et des obligations), etc. Dans ces marchs, les acheteurs et les vendeurs se rencontrent en lieu et heure prcis et un commissaire-priseur " " contribue dterminer les prix et organiser les ventes.

    Cependant, les marchs organiss sont relativement rares. Les vendeurs et acheteurs oprent souvent dans des marchs moins organiss comme ceux des fruits et lgumes en dtail, des services de voyages, des services de coiffure, etc. Dans ces marchs, il ny a pas de commissaire-priseur ni de lieu dsign de manire institutionnelle (la bourse est une institution comme les marchs de gros des fruits et lgumes).

    Sur un autre registre, les marchs peuvent tre caractriss par le nombre des vendeurs et acheteurs qui interagissent en leur sein. Le tableau 1.1 rcapitule diffrents types de marchs selon le nombre dacheteurs et de vendeurs qui y oprent.

    Ainsi, le march est qualifi de monopole bilatral si un seul acheteur et un seul vendeur y oprent. Ce type de march est assez rare. Le march du service du transport ferroviaire du phosphate en est un exemple. En effet, ce service nest demand que par le groupe OCP qui produit le phosphate au Maroc et il nest offert que par onCF qui a le monopole du service de transport ferroviaire au Maroc.

    Problmes et applications faire Rpondre la question 5 mditer et solutionner les exercices 12 15

  • 21

    Ce type de march est caractris par labsence totale de la concurrence tant au niveau de loffre que de la demande. Les deux oprateurs disposent, ainsi, de pouvoirs absolus mais quasi-quilibrs en matire de ngociations des prix et des quantits changer.

    Tableau 1.3. Typologie des marchs

    Vendeurs

    Un acheteur Quelques acheteurs

    Plusieurs acheteurs Acheteurs

    Un vendeur Monopole bilatral

    Monopole contrari

    Monopole

    Quelques vendeurs

    Monopsone contrari

    Oligopole bilatral

    Oligopole

    Plusieurs vendeurs

    Monopsone Oligopsone Concurrence

    parfaite

    A loppos du monopole bilatral, le march concurrentiel est caractris par lexistence dun nombre important de vendeurs et dacheteurs de sorte quaucun oprateur na un pouvoir dterminant sur les prix du march. En effet, dans ce type de march, qualifi de concurrence parfaite, chaque vendeur exerce un contrle limit sur le prix parce que les autres vendeurs offrent des produits similaires.

    Ainsi, dans le contexte de concurrence parfaite, un vendeur a peu de raison de fixer un prix au-dessus du prix courant car les acheteurs iront ailleurs. De mme, aucun acheteur ne peut influencer le prix car il ne peut acheter quune quantit limite. Du fait que ni les vendeurs et ni les acheteurs ne sont capable dinfluencer le prix dtermin par le march, ils sont qualifis de preneurs de prix ( Price-taker ).

    Les marchs de concurrence parfaite sont assez frquents. Il sagit, titre dexemples, des marchs de dtails des fruits et lgumes, des services standards de coiffure, du march du bl qui est produit par des millions de producteurs et consomm par au moins autant de consommateurs.

    Entre le monopole bilatral (un acheteur et un vendeur) et la concurrence parfaite (n acheteurs et n vendeurs), les marchs peuvent tre caractriss par une concentration relative soit de loffre (monopole, duopole, oligopole, etc.) ou de la demande (monopsone, monopsone contrari) ou des deux (monopole contrari, oligopole bilatrale et oligopsone).

    Le march de concurrence parfaite demeure lun des plus tudis en microconomie car il sert souvent comme rfrence pour lanalyse des comportements des consommateurs et des producteurs dans des marchs de concurrence imparfaite ou de monopole. Cependant, il est souvent critiqu comme tant "irraliste" surtout en matire de comportement des producteurs.

    En effet, en premire approximation, lhypothse que le consommateur individuel nait pas de prise sur le prix des biens quil achte apparat raisonnable. Par contre, il est priori peu satisfaisant de supposer quune firme comme Peugeot ou Toyota dcide du nombre de voitures quelle mette sur le march en prenant le prix de vente de ses voitures comme une donne indpendante de son contrle.

    Question 6 mditer Un vendeur de fruits et lgumes dans un quartier isol opre-t-il dans un march de concurrence parfaite

    ou dans un march de monopole ?

  • 22

    On verra, dans les chapitres 3 et 4 des rponses ce genre de critiques qui justifient lintrt que des spcialistes peuvent avoir tudier ce cas dcole limite quest lenvironnement de concurrence parfaite.

    Abstraction faite de ces remarques, dans cette section on admettra que le contexte du march de concurrence parfaite demeure un rfrentiel incontournable pour lanalyse des comportements des acheteurs et des vendeurs dans des marchs caractriss par une concurrence imparfaite. On sintressera essentiellement la caractrisation des forces qui animent le march savoir : loffre et la demande avant de sattaquer la prsentation de lquilibre du march concurrentiel et ses caractristiques.

    Il convient, cependant de prciser que la thorie de l'offre et de la demande est importante pour lanalyse du fonctionnement des conomies de march car elle explique le mcanisme par lequel les agents conomiques prennent les dcisions d'allocation des ressources. Les recherches en matire d'conomie comportementale ont toutefois montr des phnomnes "irrationnels" dans la raction aux prix de l'offre et de la demande. De ce fait l'explication par l'offre et la demande demeure imparfaite mais elle reste adapte la trs grande majorit des cas.

    1.3.2. Lquilibre du march

    Le graphique 1.10 illustre des courbes doffre et de demande du march. Ces deux courbes se rencontrent dans un point unique appel point dquilibre du march. Le prix ce point P* est appel prix dquilibre et la quantit ce point Q* est appele quantit dquilibre.

    On peut alors dfinir lquilibre du march comme la situation dans laquelle le prix atteint un niveau tel que loffre est gale la demande. Le prix dquilibre est le prix qui galise loffre la demande et la quantit dquilibre se dfinie comme la quantit offerte et demande au prix dquilibre. Donc lquilibre la quantit que dsirent et sont capables dacheter les consommateurs et exactement gale celle que dsirent et sont capables de vendre les producteurs.

    Loffre et la demande interagissent dans le march. Si le prix du march est infrieur au prix dquilibre soit le niveau P1, les consommateurs souhaiteront bien consommer une quantit gale D1 mais les producteurs ne seront pas capables de produire cette quantit ce prix. A ce prix (relativement bas) seules certaines entreprises seront capables de produire pour le march. La quantit qui sera mise sur le march ne dpassera pas O1. Au prix P1 on a alors une quantit offerte infrieure la quantit demande. On est alors face une pnurie, appele galement, une situation de demande excdentaire. Malgr quils dsirent consommer une quantit gale D1, les consommateurs ne pourront pas lacheter car la quantit offerte ne dpasse pas O1. Cette situation crera une comptition entre les acheteurs qui conduirait une augmentation du prix jusqu ce quil atteint le prix dquilibre P*.

    Supposons maintenant que le prix du march est suprieur au prix dquilibre soit P2. A ce prix les producteurs voudront bien vendre une quantit gale O2 mais ce prix les acheteurs ce contenteront de demander une quantit infrieure ou gale D2. La quantit offerte serait suprieure la quantit demande et on fera alors face un excdent appel, galement, offre excdentaire.

    P

    P1

    Excdent

    Pnurie

    P2

    P*

    Q

    Graphique 1.10. Equilibre du march

    Demande

    Offre

    Equilibre du

    march

    0 D2 O1 Q* O2 D1

  • 23

    Dans ce contexte, les vendeurs ne seront pas capables de vendre tout ce quils dsirent et seront obligs de rduire les prix ce qui permettrait daugmenter la quantit demande et rduirait loffre des entreprises qui ont des cots suprieurs au prix dquilibre. La situation reviendrait, ainsi, lquilibre avec un prix P* et une quantit Q*.

    Le mcanisme dcrit ci-dessus est qualifi de la loi de loffre et de la demande qui stipule que le prix dun bien sajuste en vue dquilibrer les quantits offertes et demandes. La rapidit dajustement des prix dpend de la nature des marchs. Dans la plupart des marchs libres qui ne sont pas rglements par des politiques publiques ou par des entraves institutionnels, les excdents et les pnuries ne sont que temporaires car les prix sajustent rapidement pour retrouver le niveau dquilibre. Dans les marchs rglements, la vitesse dajustement est relativement lente. Cest le cas titre dexemple du march du travail qui est soumis lexigence dun salaire minimum ou des conventions collectives qui limitent la variation du salaire.

    Il est, par ailleurs, important de relever que le prix dquilibre et la quantit dquilibre dpendent de la position des courbes doffre et de demande. Un choc doffre (scheresse ou bonne pluviomtrie pour la production agricole, troubles politiques ou grves, etc.) ou de demande (risque sanitaire pour certains produits agricoles, changement dhabitudes de consommation, changement des prfrences, etc.) sont mme de dplacer les courbes doffre et de demande et par consquent les quantits et les prix dquilibre. Lanalyse de ces changements sappelle la statique comparative car elle consiste en la comparaison de deux situations : un quilibre initiale et un nouvel quilibre. Comment prcde-t-on pour raliser une analyse de statique comparative.

    E1

    E2

    D1

    O

    P2

    P1

    Q

    P Graphique 1.11.a. Choc positif de

    demande

    0 Q1 Q2

    D2

    P

    E1

    E2

    O1

    O2

    P2

    P1

    Q

    Graphique 1.11.b. Choc ngatif doffre

    0 O2 Q1

    D

    P Graphique 1.12.a. Chocs simultans biaiss la

    demande

    O1

    E1

    E2

    D1

    O2

    P2

    P1

    Q 0 Q1 Q2

    D2

    P Graphique 1.12.b. Chocs simultans

    biaiss loffre

    O1

    E1

    E2

    D1

    O2

    P2

    P1

    Q 0 Q2 Q1

    D2

  • 24

    Gnralement, il faudrait prcder en trois tapes. La premire consiste dterminer si le choc impacte loffre, la demande ou les deux. Une fois la nature de limpact est identifie, il faudrait en second lieu, dterminer le sens de la translation des courbes doffre, de demande ou des deux. Gnralement, un choc positif induit une translation droite des courbes et un choc ngatif engendre une translation gauche. En dernier lieu, il faudrait tracer les courbes et comparer le nouvel quilibre avec lquilibre initial.

    En matire danalyse du choc et de son impact sur les courbes doffre et de demande, il faudrait distinguer entre les dplacements des courbes et les dplacements le long des courbes. Ainsi, le graphique 1.11.a suppose un choc positif de la demande dun bien normal : soit une augmentation du revenu. Cet vnement conduirait un dplacement droite de la courbe de demande et nimpacterait pas directement loffre car loffre est indpendante du revenu des consommateurs. Lexcs de demande induirait une augmentation du prix qui stimulerait une augmentation de la quantit offerte. On aura alors, un dplacement le long de la courbe doffre vers la nouvelle quantit dquilibre. Le choc daugmentation du revenu conduirait un nouvel quilibre (E2) caractris par un prix et une quantit dquilibre suprieurs ceux de lquilibre initial (E1).

    Le graphique 1.11.b suppose, quant lui, un choc ngatif doffre soit, titre dexemple une scheresse qui affecte la production agricole. Cet vnement induirait une translation gauche de la courbe doffre et engendrerait une hausse des prix. Cette dernire ne manquerait pas daffecter la quantit demande et on assisterait un dplacement le long de la courbe de demande vers le nouvel quilibre (E2) caractris par une quantit infrieure et un prix suprieur ceux de lquilibre initial (E1).

    Le graphique 1.12.a illustre, par ailleurs, les effets de chocs simultans biaiss la demande c..d. le choc de la demande est plus important que celui de loffre soit, titre dexemple, une lgre scheresse combine une augmentation du revenu des consommateurs. Ces chocs conduiraient une lgre augmentation de la quantit dquilibre et un important accroissement des prix.

    Inversement le graphique le 1.12.b simule leffet de chocs simultans biaiss loffre soit, titre dexemple, une forte scheresse combine une lgre augmentation du revenu des consommateurs. Ces chocs conduiraient une lgre rduction de la quantit dquilibre et un important accroissement des prix.

    Tableau 1.3. Effet des variations simultanes de loffre et de la demande sur les prix et les quantits dquilibre

    Offre Offre fixe Offre augmente Offre diminue

    Demande P Q P Q P Q

    Demande fixe

    Demande augmente ?? ??

    Demande diminue ?? ??

    Le tableau 1.3 rcapitule les diffrents cas des effets des variations de loffre et de la demande sur la quantit et les prix dquilibre. Il ressort, cependant de la statique comparative que dans un march libre les prix assurent une fonction dallocation des ressources. En effet, dans tout systme conomique, les ressources rares doivent tre alloues des activits concurrentes. Loffre et la demande dterminent ensemble les prix des diffrents biens et services de lconomie et, en retour, ces prix sont des signaux qui guident lallocation des ressources.

  • 25

    1.3.3. Elasticit et quilibre du march

    En plus des dplacements dus aux chocs doffre et de demande, lquilibre du march est affect par lvolution des caractristiques de loffre et de la demande. Ainsi, comme on la vu dans les sections relatives lanalyse des lasticits de loffre et de la demande, certains produits et services prsentent des rigidits doffre ou de demande notamment court terme ? Quel est limpact de ces rigidits sur lquilibre du march ainsi que sur les acheteurs et les vendeurs ?

    Afin dillustrer ces effets, analysons deux cas travers lusage de la statique comparative : cas dun march caractris par une rigidit de la demande (demande inlastique) et un autre prsentant une rigidit loffre (offre inlastique).

    Dans le premier cas supposons quon fait face un march de bl. Dans ce contexte une bonne anne pluviomtrique est-elle une bonne affaire pour les agriculteurs ? En vue dentamer lanalyse, il convient de rappeler que la demande du bl est gnralement inlastique du fait que les habitudes de consommation sont quasi constantes.

    Cette caractristique fait que la courbe de demande et quasiment verticale comme lillustre le graphique 1.13.a. Le dplacement droite de la courbe doffre induit par la bonne pluviomtrie conduit, ainsi, une forte baisse des prix et une faible augmentation des quantits vendues relativement lquilibre initial.

    Quel est limpact de ces variations sur le revenu des producteurs du bl. On sait que la recette totale des ces producteurs (RT) est gale au prix (P2) multipli par la quantit (Q2). Du fait que la baisse des prix a t beaucoup plus importante que la hausse des quantits vendues, la recette totale des producteurs diminue et la bonne pluviomtrie conduit ainsi une baisse des revenus des agriculteurs. Do la raison de ladage marocain . Une bonne anne agricole nest pas ncessairement une bonne anne pour les agriculteurs.

    Analysons prsent les effets dune rigidit loffre. Comme lillustre le graphique 1.13.b un dplacement droite de la demande induit une forte progression des prix du fait que loffre est rigide et incapable de rpondre instantanment la variation positive de la demande. Cette situation conduit aggraver les dpenses des consommateurs et amliore substantiellement les revenus des producteurs. Ce cas se prsente gnralement pour les industries produisant pleines capacits.

    P

    E2

    O1

    E1

    D

    O2

    P1

    P2

    Q

    Graphique 1.13.a. Elasticit de la demande

    et quilibre du march

    0 Q1 Q2

    E1

    O

    E2

    D1

    D2

    P2

    P1

    Q

    P Graphique 1.13.b. Elasticit de loffre et

    quilibre du march

    0 Q1 Q2

    Questions 7 mditer Pourquoi lEtat marocain garantie un prix minimum aux producteurs des crales et dveloppe des silos de stockage des crales ?

    Pourquoi lUnion Europenne paye des subventions aux agriculteurs pour ne pas cultiver leurs terres ?

    Pourquoi les prix du ptrole varient substantiellement suite des vagues de froid ?

  • 26

    1.3.4. Equilibre du march et politiques publiques

    Pour faire face aux alas du march les gouvernements laborent et mettent en uvre des politiques conomiques dans la perspective de rduire les fluctuations des prix ou de limiter la baisse des revenus des producteurs et des consommateurs. Ce faisant, ces politiques impactent lquilibre du march et lempchent de fonctionner librement. Ces politiques prennent, gnralement, la forme soit dun contrle des prix travers la mise en place des prix plafonds ou des prix planchers soit dune taxation la consommation ou la production.

    La politique du contrle des prix est monnaie courante dans plusieurs pays. Cette politique a t toujours conteste par les libraux qui militent en faveur de la politique de la vrit des prix et invitent les gouvernements sabstenir des interventions dans les marchs et les laisser fonctionner uniquement selon la loi de loffre et de la demande.

    Graphiques 1.14. Effets des politiques du contrle des prix sur lquilibre du march

    P

    P

    P*

    Q

    Graphique 1.14.a Equilibre du march

    et prix plafond non contraignant

    Demande

    Offre

    Prix plafond

    0 O*

    P

    P*

    Q

    P

    Graphique 1.14.b Equilibre du march

    et prix plafond contraignant

    Demande

    Offre

    Prix plafond

    Pnurie

    0 Qo O* Qd

    P*

    Q

    P

    Graphique 1.14.c Equilibre du march

    et prix-plancher non contraignant

    Demande

    Offre

    Prix-plancher

    0 O*

    P

    P*

    Q

    P

    Graphique 1.14.d. Equilibre du march

    et prix-plancher contraignant

    Demande

    Offre

    Prix-Plancher

    Excdent

    0 Qd O* QO

  • 27

    Au Maroc la politique de rglementation des prix est pratique dans plusieurs secteurs dont notamment le secteur agricole, travers la rglementation des prix du bl et de certaines crales, le secteur nergtique, travers la fixation des prix des hydrocarbures et de llectricit, dans le march de travail moyennant la mise en place du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et salaire minimum agricole garanti (SMAG), etc.

    La politique de contrle des prix est, gnralement, mise en uvre moyennant linstauration dun prix-plafond ou dun prix-plancher. Le prix plafond est un outil de protection des consommateurs contre la hausse des prix. Il est pratiqu au Maroc, titre dexemple dans le secteur des hydrocarbures. Il consiste mettre en place un prix maximum lgal au dessus duquel un bien ou un service ne peut tre vendu. Ses effets sur les consommateurs, les producteurs et lquilibre du march sont diffrente selon que le prix est contraignant ou non contraignant.

    Le graphique 1.14a illustre le cas dun prix-plafond non contraignant dans le sens ou le plafond est fix par lEtat un niveau suprieur au prix dquilibre du march. Dans ce contexte la politique du contrle des prix na pas deffet sur le march. Par contre, le prix-plafond devient contraignant lorsque lEtat le fixe un niveau infrieur au prix dquilibre du march.

    Comme lillustre le graphique 1.14.b, un prix-plafond contraignant conduit, gnralement, une pnurie sur le march car il dsquilibre loffre et la demande. En effet, comme le prix-plafond est infrieur au prix dquilibre, les forces de loffre et de la demande narrivent pas faire voluer le prix vers son niveau dquilibre car elles se heurtent au prix-plafond qui est impos comme prix du march. A ce prix-plafond la quantit demande est suprieure la quantit offerte car certains producteurs ne peuvent pas produire au prix-plafond qui demeure infrieur leurs cots.

    Quand les prix-plafond conduisent une pnurie, des mcanismes de rationnement se mettent en place par les vendeurs ou par lEtat (les bons dachat de produits). Les deux mcanismes conduisent la formation de longues files dattente gnratrices de perte de temps (et dargent) pour les consommateurs ou des pratiques de clientlisme et de corruption. Les consommateurs supporteront les cots de ces pratiques et linstauration du prix-plafond qui a comme objectif daider les consommateurs se transforme rapidement des cots supplmentaires pour ces derniers. Cette politique devient, ainsi, compltement inefficace quand les cots induits par le rationnement dpassent la diffrence entre le prix de lquilibre et le prix-plafond.

    Un autre instrument de politique du contrle des prix est la mise en place dun prix-plancher. Lobjectif principal dune telle politique est de garantir un prix minimum pour les producteurs afin de les prmunir des chutes brutales des prix. Au Maroc cette politique est pratique notamment dans le secteur agricole o lEtat fixe chaque anne le prix-plancher dachat du bl et de certains produits agricoles en vue de protger le revenu des petits agriculteurs.

    Egalement, le prix-plancher peut tre contraignant comme il peut ne pas ltre. Le graphique 1.14.c illustre le cas dun prix-plancher non contraignant. Dans ce contexte le prix dquilibre du march se situe au dessus du prix-plancher et nexerce aucun effet sur le march. Cest le cas titre dexemple pour un prix-plancher fix 260 dhs pour le bl dans une anne de scheresse ou le bl se vend un prix de march de 350 dhs.

    Questions 8 mditer Pourquoi les prix-plafond des produits nergtiques (essence, gasoil, gaz butane etc.) nont pas conduit une pnurie au Maroc ? Quelle est le rle de la Caisse de Compensation dans ce domaine ? Cette politique est-elle efficace de point de vue protection des

    consommateurs les plus dmunis ?

  • 28

    Le graphique 1.14.d prsente, par contre, le cas dun prix-plancher contraignant. En effet, son niveau est suprieur au prix dquilibre du march ce qui inciterait mme les producteurs ayant des cots suprieurs ce prix produire pour le march. Par contre les consommateurs sont dcourags et obligs de rduire leur consommation du fait que le prix-plancher dpasse celui dquilibre du march. Ces distorsions au comportement de loffre et de la demande conduisent lmergence dun excdent doffre qui devait normalement conduire une baisse des prix mais cet ajustement ne peut tre opr du fait que la rglementation impose un prix-plancher.

    Les excdents induits par les politiques des prix-planchers conduisent, gnralement, lmergence de marchs parallles o les prix sont infrieurs aux prix-planchers. En effet, certain producteurs ne trouvant pas preneur de leur production, ils prfrent trouver un acheteur sur ces marchs que de garder leur production entre les mains sans pouvoir la vendre au prix-plancher. Lobjectif recherch par linstauration dun prix-plancher se trouve contourner et les bnfices attendus au profit des producteurs se trouvent amoindris si non anantis du fait que les marchs parallles sont des marchs non transparents et les prix qui y sont pratiqus peuvent atteindre des niveaux infrieurs au prix dquilibre du march.

    Il dcoule de lanalyse de la politique du contrle des prix que cette politique naffecte le march que dans le cas dimposition de prix contraignants. Que ce soit un prix-plafond ou un prix-plancher cette politique conduit obscurcir les signaux du march et engendre une allocation non optimale des ressources. En effet, un prix-plancher conduit produire des excdents qui dpassent, dans certains cas, les besoins de la socit et mne un gaspillage des ressources.

    Il convient, galement, de relever que ces politiques gnrent souvent une dviation par rapport aux objectifs assigns et au lieu daider les personnes concernes ils aboutissent, dans plusieurs cas, dtriorer leur situation et crent dautres charges dcoulant des exigences de la gestion des rationnements et de la lute contre les marchs parallles. Devant de telles dfaillances de ces politiques les taxes seraient-elles une alternative meilleure ?

    Les graphiques 1.15 synthtisent les effets de la taxe sur le comportement des producteurs, des consommateurs et in finie sur lquilibre du march. Il convient de rappeler, cet gard, quune politique de taxation peut prendre la forme dune taxe soit sur les producteurs soit sur les consommateurs. Ses incidences sur ces deux catgories doprateurs dpendent, cependant, des lasticits de loffre et de la demande. Les graphiques 1.15 illustrent ces diffrents cas.

    Ainsi, le graphique 1.15.a prsente le cas dune taxe prleve sur les acheteurs dun montant quivalent T pour chaque unit achete (taxe spcifique). Dans ce contexte, loffre nest pas concerne par cette taxe et le rle des producteurs se limiterait la collecte du prix augment des revenus de la taxe pour les remettre au Trsor Public. Le prix que reoivent effectivement les producteurs serait alors PRV.

    Questions 9 mditer Si lon fait face une bonne anne agricole, le prix-plancher instaur par lEtat permet-il, dans le contexte de lconomie marocaine, de faire bnficier les petits agriculteurs de bl dun revenu suprieur que celui dun march libre. Citez certaines pratiques des intermdiaires du march qui dtourne cette politique de ses objectifs.

    Questions 10 mditer Comment une politique de salaire minimum affecte-t-elle le march du travail ? Permet-elle daider les

    chmeurs trouver un travail ?

  • 29

    Du fait que la taxe porte sur la demande, le prix que doivent payer les acheteurs (PPA) serait suprieur au prix dquilibre du march dun montant gal T. Puisque les acheteurs raisonnent en termes de prix toutes taxes comprises (TTC), laugmentation du prix induite par la taxe provoquerait une diminution de la demande do le dplacement gauche de courbe de demande avec une distance quivalente au niveau de la taxe soit T.

    Suite ce choc, le point dquilibre sans taxe (EST) se dplacerait un point dquilibre avec taxe (EAT). A ce point la quantit demande et vendue est infrieure la quantit dquilibre sans taxe. Cependant le prix est suprieur mais dun niveau infrieur au montant de la taxe. La taille du march se trouve ainsi rduite et le prix a connu une augmentation qui demeure infrieure au montant de la taxe. Cette diffrence dcoule de lincidence de la taxe sur les acheteurs et les vendeurs.

    En effet, bien que les acheteurs paient la totalit de la taxe au Gouvernement, ils se partagent la charge de la taxe avec les vendeurs. Ces derniers, tant obligs de ragir la baisse de la quantit demande en rduisant lgrement leur prix pour compenser leffet de la taxe.

    Graphiques 1.15. Effets de la taxation sur lquilibre du march et sur les oprateurs

    T PST

    EAT

    O

    EST

    D2

    D1

    PPA

    PRV

    Q

    P

    0 QAT QST

    Graphique 1.15.a. Taxe sur les acheteurs et

    quilibre du march

    O1

    EST

    T

    PST

    EAT

    D

    O2

    PPA

    PRV

    Q

    P

    0 QAT QST

    Graphique 1.15.b. Taxe sur les vendeurs et

    quilibre du march

    T

    PST

    D

    O

    PPA

    PRV

    Q

    P Graphique 1.15.c. Effet dune taxe avec une offre lastique

    et une demande inlastique

    Part de la taxe

    supporte par les

    consommateurs

    Part de la taxe

    supporte par les

    producteurs

    D

    T

    PST

    O

    PPA

    PRV

    Q

    P Graphique 1.15.d. Effet dune taxe avec une offre

    inlastique et une demande lastique

    Part de la taxe

    supporte par les

    producteurs

    Part de la taxe

    supporte par les

    consommateurs

  • 30

    Au final linstauration dune taxe sur les acheteurs induit une baisse de la quantit demande. Au nouvel quilibre les acheteurs paient plus et les vendeurs reoivent un prix hors taxe infrieur au prix sans taxe. La diffrence entre le prix pay par les acheteurs et le prix reus par les vendeurs correspond la taxe. La charge de la taxe sur les acheteurs se trouve ainsi partage entre les vendeurs et les acheteurs.

    Quid alors dune taxe sur les vendeurs ? Le graphique 1.15.b illustre ce cas de figure. Ainsi, puisque la taxe est paye par les vendeurs, la quantit demande par les acheteurs devrait rester la mme. De ce fait, la courbe de demande ne change pas. Par contre, la taxe affectent les vendeurs et diminue leur profit ce qui provoquerait une sortie des producteurs les moins comptitifs et dplacerait la courbe doffre gauche.

    Lintroduction de la taxe induit une augmentation des cots de production et rduit la quantit offerte quelque soit le prix. Le nouvel quilibre avec taxe sera caractris par une baisse de la quantit demande et vendue. La baisse de loffre gnrerait une augmentation des prix de sorte que les acheteurs payeront un prix suprieur et les vendeurs percevront un prix infrieur celui de lquilibre sans taxes. La charge de la taxe se trouve, galement, paye par les acheteurs et les vendeurs

    Il ressort de ltude des effets de la taxe sur les acheteurs et sur les vendeurs quils aboutissent au mme rsultat et sont quivalentes et la seule diffrence concerne qui des deux agents enverra largent collect au titre de la taxe au Gouvernement. En effet, on peut rcapituler ces effets en ce qui suit : - la taille du march est rduite (baisse de la quantit demande et vendue) ; - le prix dquilibre augmente mais dun niveau infrieur au montant de la taxe ; - les acheteurs payent plus que le prix dquilibre sans taxes et les vendeurs

    peroivent moins que ce prix et la diffrence entre ces deux prix (appel coin fiscal) tant gale au montant de la taxe ;

    - la charge de la taxe se trouve partage entre les vendeurs et les acheteurs. Mais comment sopre ce partage ?

    Les graphiques 1.15.c et 1.15.d livrent des lments de rponse cette question. Le graphique 1.15.c suppose que le march est caractris par une offre lastique et une demande inlastique. Cela signifie que les vendeurs sont trs sensibles au changement des prix alors que les acheteurs sont trs peu ractifs au prix.

    Dans ce contexte, du fait que loffre est lastique lajustement se fera essentiellement par les quantits offertes : une faible augmentation du prix conduirait une forte augmentation de la quantit offerte. Ainsi, la baisse des prix perus par les vendeurs sera minime. Par contre, pour les acheteurs du fait que leur demande est inlastique, lajustement se fera essentiellement par le prix. Ainsi, le prix quils auront payer varierait dune manire plus importante. Ces variations disproportionnes du prix peru par les vendeurs et celui pay par les acheteurs font que lessentiel de la taxe sera support par les acheteurs.

    Le graphique 1.15.d prsente le cas inverse dune offre inlastique et une demande lastique. Dans ce contexte, du fait que loffre est inlastique lajustement se fera essentiellement par les prix : le prix peru par les vendeurs diminuera dune manire importante pour compenser linvariabilit des quantits. Par contre, pour les acheteurs, du fait que leur demande est dans ce contexte lastique, lajustement se fera essentiellement par les quantits. Ainsi, le prix quils auront payer varierait peu. Ces variations disproportionnes du prix peru par les vendeurs et celui pay par les acheteurs font que lessentiel de la taxe sera support par les vendeurs.

  • 31

    Il dcoule des tudes des deux cas susmentionns que la charge de la taxe est supporte, essentiellement, par la partie la moins lastique. En effet, llasticit mesure la volont des vendeurs et des acheteurs de quitter le march lorsque les conditions deviennent moins favorables. Une faible lasticit de la demande indique que les consommateurs ne peuvent pas se passer de la consommation du bien ou service objet de la taxe. De mme, une offre inlastique signifie que les producteurs ne peuvent pas changer dactivit et arrter la production du bien ou service objet de la taxe.

    1.3.5. Efficacit du march et bien-tre conomique

    Les quatre dernires sections se sont intresses lquilibre du march et ses caractristiques : comment est-il affect par la sensibilit des acheteurs et des vendeurs et comment est-il impact par les politiques publiques ? Mais on sest jamais interrog est ce que la march assure le bien-tre conomique dune socit en permettant une allocation efficace et quitable des ressources. Cette section prsentera quelques lments de rponse cette interrogation. Pour ce faire, il serait indispensable de dfinir quelques notions de base comme le bien-tre conomique dune socit et une allocation efficace et quitable des ressources.

    Comment peut-on quantifier le bien-tre conomique dune socit ? Une mesure pratique par les conomistes consiste sommer les surplus des consommateurs et des producteurs. Cette somme est qualifie de surplus total (ST). Pour mieux comprendre cette notion, rappelons les dfinitions de base des surplus des consommateurs (SC) et des producteurs (SP). Ainsi on a : - SC = Valeur accorde au bien par les acheteurs Prix pay par les acheteurs ; - SP = Prix peru par les vendeurs Cot du bien pour les vendeurs ; - ST = SC + SP = Valeur accorde au bien par les acheteurs - Cot du bien pour les vendeurs

    En effet, lquilibre dun march libre sans intervention de lEtat, le prix pay par lacheteur est gal au prix peru par le vendeur. Do la dfinition du surplus total comme la valeur (mesure par la volont de payer) quaccordent les acheteurs aux biens amoindrie des cots que supportent les producteurs pour produire ces biens.

    Les conomistes utilisent la notion du surplus total en vue dvaluer le bien tre conomique dune socit. Ainsi, on peut considrer que le bien-tre conomique dune socit augmente lorsque le surplus total augmente et inversement. Pour augmenter le surplus total, il faudrait rduire les cots des biens produits par les producteurs ou pouvoir produire des biens auxquels les consommateurs accordent une valeur importante.

    Pour ce faire, on doit allouer les ressources, dont dispose une socit (capital humain et matriel, main-duvre, ressources naturelles, etc.), aux productions auxquelles les consommateurs accordent une valeur leve et que les producteur peuvent produire moindre cot. De cette faon on peut maximiser le surplus total dune socit. Cette faon dallouer les ressources est appele une allocation efficace des ressources car elle permet de maximiser le surplus total.

    Par opposition, si un bien est produit par des producteurs qui ont les cots les plus levs, lallocation des ressources ces producteurs est qualifie de non efficace. Dans ce contexte transfrer les ressources dun producteur couteux un producteur moins couteux augmenterait le surplus total. De mme, si un bien est consomm par les acheteurs qui lui accordent peu de valeur, lallocation des ressources serait inefficace car si ce bien est consomm par dautres consommateurs qui lui accordent une valeur importante le surplus total augmenterait. En somme une allocation des ressources est efficace si elle permet de maximiser le surplus total.

  • 32

    Mais le surplus total est compos du surplus des consommateurs et de celui des producteurs. Maximiser le surplus total nest pas synonyme que les producteurs et les consommateurs profitent dune manire quitable des bienfaits de cette augmentation. Ainsi, lefficacit qui peut tre quantifie par le surplus total et qui renseigne sur lvolution de la prosprit conomique dun pays ne permet pas de rpondre la question : est ce que la rpartition de la prosprit se fait dune manire juste entre les producteurs et les consommateurs ?

    A cet gard, on dira quune distribution est quitable si elle permet de rpartir la prosprit conomique dune manire juste entre les membres de la socit. Ainsi, la notion de lquit sintresse savoir si les parts de la prosprit sont distribues dune manire juste entre les membres dune socit alors que la notion de lefficacit permet de quantifier cette prosprit sans se soucier des problmes de sa distribution.

    Or sil est facile dvaluer lefficacit dun march travers lusage de la notion du surplus total quon peut aisment quantifier en utilisant les lments danalyse conomique, la notion de lquit demeure difficilement quantifiable car elle se rfre au principe de justice qui relve plutt des jugements normatifs faisant partie des domaines de la philosophie ou des sciences juridiques. Donc, dans le cadre des sciences conomiques on se limite, gnralement2, rpondre la question : le fonctionnement libre du march peut-il permettre une allocation efficace des ressources ?

    Le graphique 1.16 illustre les surplus des consommateurs et des producteurs dun march qui atteint lquilibre entre loffre et la demande. La surface ACE correspond au surplus total. On ne peut confirmer que lallocation des ressources gnre par lquilibre entre loffre et la demande est efficace que si lon sassure que le surplus est au maximum.

    Rappelons, cet gard, que lorsquun march est lquilibre le prix dcide qui sont les acheteurs et les vendeurs qui participeront lchange des biens et services produits et mis sur le march pour tre consomms. Les acheteurs qui accordent une valeur au bien suprieure au prix (reprsents par le segment AE) participent lchange et achtent le bien et ceux qui lui accordent une valeur infrieure au prix (reprsents par le segment EB) nachtent pas le bien.

    De mme, les producteurs capables de produire le bien un cot infrieur au prix (reprsents par le segment CE) produisent le bien et le vendent sur le march et ceux incapables de le produire un cot infrieur au prix de march (reprsents par le segment ED) choisissent de ne pas produire et sorte du march comme offreur car leurs cots sont suprieurs au prix du march.

    Ces observations mnent conclure que le fonctionnement libre du march permet lquilibre aux consommateurs qui attribuent le plus de valeur aux biens de les consommer et aux producteurs qui peuvent les produire au cot le plus bas de les

    2 Plus prcisment, les coles conomiques, notamment dobdience classique et marxiste ont dvelopp des thories de la rpartition qui ont fait objet de dbats durant le 19 et le dbut du 20 sicles sans aboutir llaboration doutils permettant une quantification de la notion de lquit.

    E

    B

    C

    A

    P*

    Q

    P Graphique 1.16. Surplus du producteur et du

    consommateur et quilibre du march

    0 Q*

    D

    Demande

    Offre

    SC

    SP

  • 33

    produire. On peut conclure aisment que le fonctionnement libre du march permet une allocation efficace des ressources car il maximise lutilit des consommateurs et minimise les cots des producteurs. Cette conclusion explique pourquoi les conomistes considrent que les marchs libres sont les meilleurs outils dorganiser lactivit conomique car ils permettent une allocation efficace des ressources.

    Cette conclusion est-elle toujours vraie ? Les conomistes formulent dune manire quasi-unanime une rponse ngative cette question pour deux raisons principales. La premire a trait aux caractristiques des marchs. En effet, il est dmontr que seuls les marchs de concurrence parfaite permettent une allocation efficace des ressources.

    Or les marchs dans lconomie relle sont loin dtre caractriss par une concurrence parfaite car ils s