mélanome primitif anorectal à propos de 19 cas

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1S148 Ann Pathol 2006 ; 26 : 1S135-1S164 © 2006. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. tardif et une carcinogenèse différente faisant impliquer la mucine comme facteur important dans la pathogenèse et dans l’agressivité de ces tumeurs. Ces particularités pourraient être à l’origine d’un pro- nostic plus réservé. Le but de notre travail est de vérifier ces données à partir de 53 cas de cancers colorectaux mucineux et à composante mucineuse. Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective analytique et statistique portant sur 53 cas d’adénocarcinomes colorectaux mucineux et avec une composante mucineuse à partir d’une série de 283 cas d’adénocarcinomes colorectaux colligés au service d’Anatomie Pathologique de l’hôpital Mongi Slim La Marsa sur une période de 10 ans (1996 à 2005). Résultats : L’âge moyen des patients était de 53,1 ans avec des ex- trêmes de 22 à 82 ans et le sexe ratio était de 0,47 H/F. La symptoma- tologie clinique était variable en fonction de la localisation tumorale dominée par un syndrome occlusif. La localisation colique était ob- servée dans 54,7 % des cas dont 44,8 % de siége colique gauche. La taille tumorale moyenne était de 5,6 cm (2 à 15 cm) sans corrélation avec le stade d’infiltration et les métastases ganglionnaires. L’aspect macroscopique le plus fréquent était ulcéro-bourgeonnant et infil- trant. Parmi ces tumeurs, 47 (90 %) étaient des adénocarcinomes mucineux et 5 (10 %) étaient avec une composante mucineuse infé- rieure à 50 % du volume tumoral. Les emboles vasculaires et les en- gainements péri nerveux étaient retrouvés dans plus de 70 % des cas. Toutes les tumeurs étaient sporadiques et classées selon le stade TNM et Astler-Coller. Pour les carcinomes mucineux, les stades II (T3 T4 N0 ; B1 B2) et III (N1 N2 ; C1) étaient les plus représentés. Pour les adénocarcinomes associés à un composante mucineuse étaient plus infiltrants (stade III et IV). Conclusion : Dans notre série, le caractère sporadique de toutes les tumeurs, leur légère prédominance féminine, l’absence de corré- lation entre la taille tumorale, l’infiltration pariétale et les métastases ganglionnaires ainsi que la localisation colique gauche prédominante représentent des critères anatomo-cliniques particuliers à cette va- riante de carcinome à pronostic plus réservé. Le phénomène d’instabilité de microsatellites n’in- tervient pas dans le développement des lymphomes gastriques CUILLIERE-DARTIGUES P (1, 2) , DUMONT S (1) , COPIE- BERGMAN C (3) , COUVELARD A (4) , MOLINA TJ (5) , DUVAL A (2) , FLÉJOU J-F (1, 2) , FABIANI B (1) (1) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital Saint-Antoine, Paris, (2) INSERM U762, Paris, (3) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital Henri Mondor, Créteil, (4) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital Beaujon, Clichy, (5) Service d’Anatomie Pathologique, Hôtel Dieu Paris. La déficience du système de réparation des mésappariements ou MMR, (pour mismatch repair) est responsable d’une instabilité des séquences microsatellites et constitue un mécanisme majeur de la carcinogenèse. Ce mécanisme est impliqué dans le développement de plusieurs types de tumeurs solides, héréditaires (rencontrés dans le syndrome HNPCC pour Hereditary Non Polyposis Colorectal Cancer) ou sporadiques. Son rôle dans la pathogénie des lympho- mes est discuté. Dans le lymphome du MALT gastrique, des résul- tats contradictoires ont été rapportés dans des études au nombre limité de cas, ayant utilisé la technique de PCR pour mettre en évi- dence une instabilité des microsatellites. L’objectif de ce travail a été de chercher une déficience du système MMR à l’origine du phé- notype instable, dans une grande série de lymphomes du MALT gas- trique, par l’étude de l’expression protéique des gènes hMLH1 et hMSH2. 122 cas de lymphome de bas grade du MALT et 51 cas de lymphome diffus à grandes cellules B ont été inclus. L’étude immu- nohistochimique a été réalisée avec les anticorps anti-MLH1 (clone G168-728, 1 : 70) et anti-MSH2 (clone FE11, 1 : 100). L’expression des protéines MLH1 et MSH2 étaient conservée au niveau des noyaux des cellules tumorales dans 100 % des cas, aussi bien dans les lymphomes de bas grade du MALT que dans les lymphomes diffus à grandes cellules B. L’expression était intense dans les lym- phomes à grandes cellules, elle était faible dans les lymphomes de bas grade. L’intensité était corrélée au taux de prolifération des cellules tumorales, apprécié par l’expression du Ki67. Ces résultats suggèrent que le phénotype mutateur caractérisé par un système MMR déficient n’est pas impliqué dans les lymphomes B de l’esto- mac, qu’il s’agisse des lymphomes de faible grade du MALT ou des lymphomes à grandes cellules B. L’instabilité de microsatellites semble donc ne jouer un rôle qu’au cours des lymphomes surve- nant dans un contexte d’immunosuppression, comme cela a été montré par notre groupe [1]. Référence [1] A Duval, et al. Proc Natl Acad Sci, 2004 : 5002-7. Expression d’EGFR dans les carcinomes de la marge anale MANSOURI D (1) , HOMSI T (1) , BALATON A (1) , DUPUY MONTBRUN T (2) , DE PINIEUX I (1) , MOLINIÉ V (1) (1) Service de Pathologie, Hôpital Saint-Joseph, (2) Gastro-entérologie, Hôpital Léopold Belland, Paris. L’EGFR récepteur kinase transmembranaire, est reconnu comme étant un facteur de prolifération tumorale, de migration cel- lulaire, favorisant l’invasion stromale et participant à l’angiogenèse, à la résistance et à l’apoptose. L’inhibition d’EGFR peut altérer la croissance tumorale et en fait une cible attractive pour les théra- peutiques utilisant les anticorps monoclonaux anti-EGFR. La possi- bilité de rechercher son hyper expression immunohistochimique devient un véritable intérêt clinique. Le but de notre étude est de rechercher le statut EGFR des carcinome épidermoïde de la marge anale. Matériel et méthode : 75 tumeurs épidermoïdes du canal anal (27 biopsies et 48 pièces opératoires) provenant de 36 femmes et de 39 hommes (moyenne d’âge de 60 ans ; avec des extrêmes de 35 à 90 ans) ont été étudiées. Les coupes colorées à l’hematoxyline- éosine (HES) et les lames d’immunohistochimies de l’anti EGFR utilisant l’anticorps monoclonal anti EGFR (Dako pharmaDx kit, clo- ne 2-18C9 ; Dako, Inc.) ont été étudiés. Tous les cas ont été réexa- minés pour confirmer le diagnostic initial. L’expression d’EGFR a été évaluée semi quantitativement : absence de marquage membra- naire (0), marquage membranaire faible et partiel (+) ; marquage membranaire faible et continu (++) ; marquage membranaire in- tense et complet (+++). Le pourcentage de cellules marquées a été noté. Résultats : L’étude histologique a permis de reclasser les tumeurs en 70 carcinomes épidermoïdes infiltrants dont 5 basaloïdes, 6 ver- ruqueux ; et 5 cas de néoplasie intraépithéliale de haut grade (NIE HG). Dans 2 cas (2.6 %), l’expression de EGFR était non interpré- table et ces cas ont été exclus de cette étude. Parmi les 73 cas restant, 56 cas (77 %) exprimaient EGFR avec une intensité membranaire de +++ in 29 cases (52 %), ++ dans 24 cas (42 %), et + dans unique- ment 3 cas (6 %), avec une moyenne de 51 % de cellules positives (1-100 %). La distribution de l’expression de EGFR n’était pas associée à l’âge ni au sexe des patients, ni au grade ni au stage des tumeurs. Conclusion : Nos données montrent l’existence d’une forte ex- pression d’EGFR ++ à +++ détectée par immunohistochimie dans la plupart des cas de carcinome épidermoïde infiltrant du canal anal. Ceci suggère que le niveau élevé d’expression retrouvé pour- rait être une valeur pour les thérapeutique ciblées avec le C225 (Erbitux). Mélanome primitif anorectal à propos de 19 cas MAAMOURI F (1) , DEBBABI B (1) , GOUCHA A (1) , KHOMSI F (2) , BEN MNA N (1) , BOUZEINE H (2) , BEN HASSOUNA J (2) , DHIAB T (2) , EL MAY A (1) , GAMOUDI A (1) (1) Service d’Immuno-Histo-Cytologie, (2) Service de Chirurgie Carci- nologique, Institut Salah Azaiz, Tunis. Le mélanome primitif anorectal (MAR) est une tumeur maligne méconnue, rare et controversée se développant à partir des mélano- cytes de la région anorectale. C’est la troisième localisation du

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Page 1: Mélanome primitif anorectal à propos de 19 cas

1S148 A n n P a t h o l 2 0 0 6 ; 2 6 : 1 S 1 3 5 - 1 S 1 6 4

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tardif et une carcinogenèse différente faisant impliquer la mucinecomme facteur important dans la pathogenèse et dans l’agressivité deces tumeurs. Ces particularités pourraient être à l’origine d’un pro-nostic plus réservé. Le but de notre travail est de vérifier ces donnéesà partir de 53 cas de cancers colorectaux mucineux et à composantemucineuse.

Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective analytiqueet statistique portant sur 53 cas d’adénocarcinomes colorectauxmucineux et avec une composante mucineuse à partir d’une série de283 cas d’adénocarcinomes colorectaux colligés au service d’AnatomiePathologique de l’hôpital Mongi Slim La Marsa sur une période de10 ans (1996 à 2005).

Résultats : L’âge moyen des patients était de 53,1 ans avec des ex-trêmes de 22 à 82 ans et le sexe ratio était de 0,47 H/F. La symptoma-tologie clinique était variable en fonction de la localisation tumoraledominée par un syndrome occlusif. La localisation colique était ob-servée dans 54,7 % des cas dont 44,8 % de siége colique gauche. Lataille tumorale moyenne était de 5,6 cm (2 à 15 cm) sans corrélationavec le stade d’infiltration et les métastases ganglionnaires. L’aspectmacroscopique le plus fréquent était ulcéro-bourgeonnant et infil-trant. Parmi ces tumeurs, 47 (90 %) étaient des adénocarcinomesmucineux et 5 (10 %) étaient avec une composante mucineuse infé-rieure à 50 % du volume tumoral. Les emboles vasculaires et les en-gainements péri nerveux étaient retrouvés dans plus de 70 % des cas.Toutes les tumeurs étaient sporadiques et classées selon le stadeTNM et Astler-Coller. Pour les carcinomes mucineux, les stades II(T3 T4 N0 ; B1 B2) et III (N1 N2 ; C1) étaient les plus représentés.Pour les adénocarcinomes associés à un composante mucineuse étaientplus infiltrants (stade III et IV).

Conclusion : Dans notre série, le caractère sporadique de toutesles tumeurs, leur légère prédominance féminine, l’absence de corré-lation entre la taille tumorale, l’infiltration pariétale et les métastasesganglionnaires ainsi que la localisation colique gauche prédominantereprésentent des critères anatomo-cliniques particuliers à cette va-riante de carcinome à pronostic plus réservé.

Le phénomène d’instabilité de microsatellites n’in-

tervient pas dans le développement des lymphomes

gastriques

CUILLIERE-DARTIGUES P (1, 2), DUMONT S (1), COPIE-BERGMAN C (3), COUVELARD A (4), MOLINA TJ (5), DUVAL A (2), FLÉJOU J-F (1, 2), FABIANI B (1)

(1) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital Saint-Antoine, Paris,(2) INSERM U762, Paris, (3) Service d’Anatomie Pathologique, HôpitalHenri Mondor, Créteil, (4) Service d’Anatomie Pathologique, HôpitalBeaujon, Clichy, (5) Service d’Anatomie Pathologique, Hôtel Dieu Paris.

La déficience du système de réparation des mésappariements ouMMR, (pour mismatch repair) est responsable d’une instabilité desséquences microsatellites et constitue un mécanisme majeur de lacarcinogenèse. Ce mécanisme est impliqué dans le développementde plusieurs types de tumeurs solides, héréditaires (rencontrés dansle syndrome HNPCC pour Hereditary Non Polyposis ColorectalCancer) ou sporadiques. Son rôle dans la pathogénie des lympho-mes est discuté. Dans le lymphome du MALT gastrique, des résul-tats contradictoires ont été rapportés dans des études au nombrelimité de cas, ayant utilisé la technique de PCR pour mettre en évi-dence une instabilité des microsatellites. L’objectif de ce travail aété de chercher une déficience du système MMR à l’origine du phé-notype instable, dans une grande série de lymphomes du MALT gas-trique, par l’étude de l’expression protéique des gènes hMLH1 ethMSH2. 122 cas de lymphome de bas grade du MALT et 51 cas delymphome diffus à grandes cellules B ont été inclus. L’étude immu-nohistochimique a été réalisée avec les anticorps anti-MLH1 (cloneG168-728, 1 : 70) et anti-MSH2 (clone FE11, 1 : 100). L’expressiondes protéines MLH1 et MSH2 étaient conservée au niveau desnoyaux des cellules tumorales dans 100 % des cas, aussi bien dansles lymphomes de bas grade du MALT que dans les lymphomesdiffus à grandes cellules B. L’expression était intense dans les lym-phomes à grandes cellules, elle était faible dans les lymphomes debas grade. L’intensité était corrélée au taux de prolifération descellules tumorales, apprécié par l’expression du Ki67. Ces résultatssuggèrent que le phénotype mutateur caractérisé par un systèmeMMR déficient n’est pas impliqué dans les lymphomes B de l’esto-

mac, qu’il s’agisse des lymphomes de faible grade du MALT ou deslymphomes à grandes cellules B. L’instabilité de microsatellitessemble donc ne jouer un rôle qu’au cours des lymphomes surve-nant dans un contexte d’immunosuppression, comme cela a étémontré par notre groupe [1].

Référence

[1] A Duval, et al. Proc Natl Acad Sci, 2004 : 5002-7.

Expression d’EGFR dans les carcinomes de la marge

anale

MANSOURI D (1), HOMSI T (1), BALATON A (1), DUPUY MONTBRUN T (2), DE PINIEUX I (1), MOLINIÉ V (1)

(1) Service de Pathologie, Hôpital Saint-Joseph, (2) Gastro-entérologie,Hôpital Léopold Belland, Paris.

L’EGFR récepteur kinase transmembranaire, est reconnucomme étant un facteur de prolifération tumorale, de migration cel-lulaire, favorisant l’invasion stromale et participant à l’angiogenèse,à la résistance et à l’apoptose. L’inhibition d’EGFR peut altérer lacroissance tumorale et en fait une cible attractive pour les théra-peutiques utilisant les anticorps monoclonaux anti-EGFR. La possi-bilité de rechercher son hyper expression immunohistochimiquedevient un véritable intérêt clinique. Le but de notre étude est derechercher le statut EGFR des carcinome épidermoïde de la margeanale.

Matériel et méthode : 75 tumeurs épidermoïdes du canal anal(27 biopsies et 48 pièces opératoires) provenant de 36 femmes etde 39 hommes (moyenne d’âge de 60 ans ; avec des extrêmes de 35à 90 ans) ont été étudiées. Les coupes colorées à l’hematoxyline-éosine (HES) et les lames d’immunohistochimies de l’anti EGFRutilisant l’anticorps monoclonal anti EGFR (Dako pharmaDx kit, clo-ne 2-18C9 ; Dako, Inc.) ont été étudiés. Tous les cas ont été réexa-minés pour confirmer le diagnostic initial. L’expression d’EGFR aété évaluée semi quantitativement : absence de marquage membra-naire (0), marquage membranaire faible et partiel (+) ; marquagemembranaire faible et continu (++) ; marquage membranaire in-tense et complet (+++). Le pourcentage de cellules marquées a éténoté.

Résultats : L’étude histologique a permis de reclasser les tumeursen 70 carcinomes épidermoïdes infiltrants dont 5 basaloïdes, 6 ver-ruqueux ; et 5 cas de néoplasie intraépithéliale de haut grade (NIEHG). Dans 2 cas (2.6 %), l’expression de EGFR était non interpré-table et ces cas ont été exclus de cette étude. Parmi les 73 cas restant,56 cas (77 %) exprimaient EGFR avec une intensité membranaire de+++ in 29 cases (52 %), ++ dans 24 cas (42 %), et + dans unique-ment 3 cas (6 %), avec une moyenne de 51 % de cellules positives(1-100 %). La distribution de l’expression de EGFR n’était pasassociée à l’âge ni au sexe des patients, ni au grade ni au stage destumeurs.

Conclusion : Nos données montrent l’existence d’une forte ex-pression d’EGFR ++ à +++ détectée par immunohistochimie dansla plupart des cas de carcinome épidermoïde infiltrant du canalanal. Ceci suggère que le niveau élevé d’expression retrouvé pour-rait être une valeur pour les thérapeutique ciblées avec le C225(Erbitux).

Mélanome primitif anorectal à propos de 19 cas

MAAMOURI F (1), DEBBABI B (1), GOUCHA A (1), KHOMSI F (2), BEN MNA N (1), BOUZEINE H (2), BEN HASSOUNA J (2), DHIAB T (2), EL MAY A (1), GAMOUDI A (1)

(1) Service d’Immuno-Histo-Cytologie, (2) Service de Chirurgie Carci-nologique, Institut Salah Azaiz, Tunis.

Le mélanome primitif anorectal (MAR) est une tumeur maligneméconnue, rare et controversée se développant à partir des mélano-cytes de la région anorectale. C’est la troisième localisation du

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mélanome malin après la peau et les conjonctives oculaires. Depuis lepremier cas décrit par Moore en 1857, un peu plus de 500 cas environont été rapportés dans la littérature. À travers une série rétrospectivede 19 cas de MAR colligés entre 1969 et 2003 à l’institut Salah Azaizde Tunis, nous nous proposons de dégager les différents problèmesde diagnostic positif et différentiel du MAR, d’en déterminer les fac-teurs histopronostiques significatifs et d’en définir un standard deprise en charge. Notre série comportait 11 hommes et 8 femmes avecune moyenne d’âge de 57,5 ans. Des rectorragies associées à un syn-drome rectal ont constitué les principaux signes cliniques (89,4 %).L’examen endoscopique a révélé une lésion pédiculée dans 63,1 %,et ulcéro-bourgeonnante dans 36.8 %. Dans 7 cas la tumeur était desiége rectal. Des métastases ganglionnaires ou viscérales ont été re-trouvées dans 63 % des cas. Un traitement chirurgical a été pratiquédans 7. Il a consisté en une exérèse locale isolée ou associée à uneradiothérapie (5 cas) cas et une amputation abdomino-périnéaledans 2 cas. La taille tumorale moyenne était de 6,8 cm. À l’examenhistologique, les cellules globulaires étaient les plus fréquentes. L’en-vahissement en profondeur était > 1,5 cm. Deux tumeurs étaientachromiques, présentant un marquage intense et diffus aux anticorpsanti-protéine S100, HMB45, melan A et vimentine. L’évolution a étémarquée par une récidive chez 3 patients traités par exérèse locale.La survie à 5 ans était nulle, à l’exception d’une rémission 82 moisaprès une amputation abdomino-périnéale. Les immunomarqueursainsi que les marqueurs de prolifération spécifiques du MAR consti-tuent des moyens de diagnostic et d’appréhension de l’agressivitéde ces tumeurs, permettant ainsi une meilleure prise en chargethérapeutique.

Évaluation de l’immunomarquage PKC-théta dans

le diagnostic des GIST : une étude de 213 sarcomes

des tissus mous

RAGAGE F (1), BUI NGUYEN BINH M (1, 2), HOSTEIN I (1), COINDRE JM (1, 2)

(1) Institut Bergonié, Bordeaux, (2) Université Victor Segalen, Bordeaux.

Buts du travail : Une étude récente a décrit une surexpression dugène de la protéine kinase C thêta (PKCT) dans les tumeurs stroma-les gastro-intestinales (GIST). La détection de PKCT par immmuno-histochimie serait sensible et spécifique des GIST et notamment desformes KIT-négatives. Dans ce travail, nous avons cherché à validerles données de sensibilité et spécificité du marquage de PKCT compa-rativement à celui de KIT sur une série prospective de 35 GIST ainsique sur 171 autres sarcomes en utilisant des lames de tissue-microarrayet 7 GIST kit-négatives.

Matériels et méthodes : Toutes les GIST examinées dans le dépar-tement de pathologie de l’Institut Bergonié entre février et mai 2006(35 cas) ont été testées en parallèle avec les anticorps KIT et PKCT.Par ailleurs, 7 cas de GIST KIT-négatives et confirmées par la pré-sence de mutations de c-kit ou PDGFRA ont été étudiées pour leurimmunomarquage PKCT. Enfin, 171 cas de sarcomes non-GIST ontété évalués pour KIT et PKCT afin de déterminer la spécificité deces anticorps dans le diagnostic de GIST.

Résultats : Parmi les GIST étudiées prospectivement, PKCT etKIT étaient positifs dans 30/34 cas et 33/34 cas respectivement de(sensibilité = 0,88 et 0,97). PKCT était positif dans 8/8 cas de GISTKIT-négatives (un cas vu en prospectif). Un marquage de PKCT aété aussi observé dans 3/3 cas de sarcomes fibro-myxoïdes de basgrade, 2/2 tumeurs desmoplastiques à petites cellules rondes, 1/10 li-posarcome dédifférencié, 1/10 léiomyosarcome, 1/10 sarcome inclas-sable, 1/11 tumeur maligne des gaines des nerfs périphériques(MPNST), et 1/19 myxofibrosarcome. KIT était positif dans 18 sarco-mes non-GIST. Les spécificités de PKCT et KIT étaient de 0,94 et0,89 respectivement.

Conclusion : L’immunomarquage de PKCT est plus spécifique,mais moins sensible que celui de KIT pour le diagnostic de GIST.Pouvant être positif dans d’autres sarcomes, il doit être interprété entenant rigoureusement compte du contexte clinique et des paramè-tres morphologiques de la tumeur. Il se révèle particulièrement inté-

ressant dans le cadre des GIST KIT-négatives, avec une positivitéconstante dans notre série.

Expression de CD44 au cours des tumeurs stroma-

les digestives

BELLIL K, BELLIL S, MEKNI A, CHELLI I, KCHIR N, ZITOUNA M, HAOUET S

Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital la Rabta, Bab Saadoun,1007 Tunis.

L’antigène CD44 représente une glycoprotéine transmembranaireagissant comme promoteur ou inhibiteur de la croissance et de l’invasioncellulaire. En pathologie tumorale, l’expression de sa forme standard(CD44s) et de ses variantes différent selon le type histologique. LesTumeurs Stromales Digestives (TSD) correspondent à des tumeursmésenchymateuses soulevant de profondes incertitudes pronostiques.Elles laissent persister sur de longues périodes évolutives un risquede malignité dépendant de divers facteurs sans qu’aucun paramètrene soit à lui seul spécifique d’agressivité biologique. C’est dans cecontexte que nous nous proposons d’étudier l’expression du CD44sau cours des TSD.

Matériel et méthodes : Étude rétrospective portant sur 22 TSDCD117+ de siège gastrique (13 cas) et extragastriques (9 cas) avecune taille comprise entre 2 et 20 cm. Le diagnostic de malignité a étéporté suite à l’apparition de récidives, de métastases ou de décèsimputable à la tumeur après un recul évolutif de 1 à 14 ans. 8 de nostumeurs étaient malignes, et 14 TSD avaient une évolution favorable,classées en bas risque (5 cas), risque intermédiaire (4 cas) et hautrisque (5 cas) selon les grading histopronostique de l’OMS. L’expres-sion de CD44s a été appréciée après étude immunohistochimiquesur blocs fixés en paraffine, avec une intensité estimée à faible(+), modérée (++) ou marquée (+++).

Résultats : 12 TSD soit 59 % exprimaient le CD44. Il s’agissait de1 TSD maligne et 11 TSD d’évolution favorable. Le taux d’expres-sion était de 1/8 (12,5 % ) dans les formes malignes, 3/5 (60 %) dansles tumeurs de haut risque, 3/4 (75 %) dans les tumeurs de risque in-termédiaire et de 5/5 (100 %) dans les tumeurs de bas risque. LaTSD maligne CD44+ mesurait 10 cm de grand axe, et présentait unindex mitotique nul avec un très bas indice de prolifération cellulaire<2 %. Les TSD de bas risque exprimaient le CD44 avec, dans 4 cas,une intensité entre ++ et +++.

Conclusion : Conformément aux données de la littérature, cesrésultats préliminaires laissent suggérer une perte d’expression deCD44s dans les TSD malignes.

Étude anatomopathologique d’une série de 61 lym-

phomes malins digestifs observés au CHU d’Oran

CHENTOUF F, MALLEM A

Service d’Anatomie Pathologique CHU d’Oran.

L’étude porte sur l’histopathologie de 61 lymphomes malins enfonction de leur localisation au niveau du tube digestif. Le marquageimmunohistochimique a été réalisé sur 16 lymphomes malins de lasérie. L’age moyen de survenue est relativement jeune 36,2 ans avecdes extrêmes de 3 et 79 ans. La prédominance masculine est nette(sex ratio 2). Les lymphomes malins gastriques sont les plus fré-quents (42,6 %), ils sont le plus souvent localises à l’antre (96,2 %)par rapport au fundus ; Ils sont le plus souvent de type malt et de faiblegrade de malignité. Helicobacter pylori a été retrouvé dans 65 % descas. Les lymphomes malins du grêle (37,7 %) se rencontrent chez lesujet jeune entre 3 et 49 ans. Ils sont associes à une atrophie villosi-taire dans 21,1 % des cas, le plus souvent de haut grade de malignitéquand ils surviennent avant l’age de 10 ans. Les lymphomes malinsdu côlon (27,7 %) se voient à tout age et sont le plus souvent de typemalt, de faible grade de malignité. Le pronostic semble dépendreplus du stade que du type histologique.