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Matins d’évangile – Fiche 1 – L’expérience de la foi.

CE QUI SE DIT

Comment croire en Dieu puisqu’on ne le voit pas, qu’il n’y a pas de preuves ?

C’est la où repose toute la verticalité d’une vie, d’une démarche, d’une personne. Le choix horizontal, c’est être focalisé sur ce que je vais manger, ce que je vais acheter,ce qui va me contrarier ou au contraire me gratifier… Ressentir un besoin, une envie de spiritualité, c’est élever la pensée et la croyance au-delà du matériel, du primaire et donc cela devient complètement évident de croire en quelque chose qu’on ne voit pas. Tout le monde le fait tous les jours, croire en des chimères, je vais gagner au loto, je vais être heureux sans rien faire pour cela, je fantasme devant les yacht a la télé. Ce ne sont que des images au bout du compte. Croire en dieu, c’est croire en sa propre nature divine, c’est croire en un objectif sacré et des valeurs intrinsèquement bonnes. C’est la nature du spirituel de ne pas être visible. En revanche, les conséquences de la foi sont visibles, et c’est le plus important.

Moi, je suis croyant, je prie, mais avoir une religion plutôt qu’une autre ça ne m’apporte rien de plus.

Il est illusoire de penser qu’il n’y a pas de racine socioculturelle ou géographique dans la religion. Même si la religion n’a pas de frontière, il s’agit la d’une culture à laquelle on appartient ou l’on adhère par référence, préférence. Un occidental peut très bien pratiquer le bouddhisme parce qu’il reconnaît dans cette spiritualité les valeurs qui l’intéresse, mais il n’aura jamais en lui le terreau originel de ce ciment religieux. Bien que je ne me sente pas Palestinien, comme Jésus, Jésus est d’abord le fils de Dieu avant d’être Palestinien, et au risque de blasphémer, je me sens un héritier de Constantin, et même de Ponce Pilate qui a eu son rôle dans le développement du royaume de Dieu sur terre. On pourrait voir ce dernier comme l’assassin du fils du seigneur, je le vois comme un vecteur de la parole du christ. Et mon terreau culturel est celui la. C’est certes intellectuel, mais je n’appartiens ni ne veux appartenir culturellement, intellectuellement et religieusement à une spiritualité qui promet comme récompense des dizaines de vierges au paradis. Non, une religion ou une autre, ce n’est pas la même chose, c’est une origine certes, mais surtout un choix. Les critiques qu’on a pu faire a l’église sur l’histoire de ces 2000 dernières années ne m’intéressent pas. Aujourd’hui, un enfant baptisé à sa naissance à le choix d’abandonner sa foi, sa croyance, personne ne le mettra sur un bûcher ou ne lui fera même le reproche. Entretenir sa foi est une démarche consciente et choisir une religion à pile ou face n’a aucun sens.

Pour moi, croire en Dieu c’est ne plus jamais se sentir seul

Dans la vie de tous les jours, pour être seul aujourd’hui, complètement seul, il faut le décider. Spirituellement c’est pareil. De la même manière, est ce bien grave de se sentir seul ? Je ne pense pas que la foi doit être un substitut à la solitude, mais une démarche positive qui nous rend accompagné de l’esprit divin, par conséquence, et non pas par objectif. Ne pas être seul implique une ouverture, une disponibilité, aussi bien avec les hommes qu’avec Dieu. Il est certain que si l’attend que Dieu nous donne toutes les solutions à notre place, on va se sentir bien seul, c’est pour ça que je me sens étranger à cette démarche.

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La foi, ce n’est pas des idées, c’est un art de vivre tout simplement.

Les conséquences de la foi certes se formalisent en un mode de vie. Mais croire est bien plus qu’un art de vivre. C’est une orientation mentale, une disposition de l’esprit, et du cœur à marcher sur un chemin bien particulier. Oui, la foi, c’est des idées, mais aussi une disposition du cœur, et un partage.

Dieu est lointain ? Ma foi, c’est Jésus et Marie…

Marie n’est elle pas l’intermédiaire de Dieu sur terre ? Jésus n’est-il pas le fils de l’homme ? Jésus et Marie revêtent des images plus définies que Dieu, mais si Dieu est lointain, alors Jésus et Marie le sont aussi. Non, Dieu n’est pas lointain. Cela serait comme réclamer a Dieu d’avoir un emballage pour exister, comme à un vulgaire produit marketé.

Je crois en l’homme et je donne du temps aux « restos du cœur ». Croire en Dieu ça ne sert à rien.

Au jour de sa mort, tout le monde célèbre la vie de Sœur Emmanuelle, qui n’a pas eu besoin de téléviser ses actes pour s’occuper des hommes au nom de sa foi en eux et en Dieu. Croire en Dieu c’est croire en l’amour et c’est quelque chose de beaucoup plus vaste qu’une action solidaire isolée, même si elle est très louable. J’entends tous les jours des gens qui disent que la religion n’est pas nécessaire pour être « bon ». Ce ne sont pas ceux que je vois agir en premier. Ce ne sont pas ceux que je vois développer des valeurs positives et universelles autour d’eux. Croire en Dieu, c’est s’ouvrir aux autres. Ce n’est pas une critique des restos du cœur, mais dans la foi il y a un caractère d’altruisme et de générosité qu’il n’y a pas quand une homme politique descend d’un avion avec un sac de riz sur les épaules devant une caméra, ou le fait de dire aux collègues de bureau qu’on a envoyé un chèque au téléthon la veille au soir.

Au nom de Dieu, on se fait la guerre, on tue, on justifie le racisme, Alors moi, la foi…. !

Cette question me trouble. Elle n’a pas de sens. Si, elle en avait un quand j’avais 15 ans et que je faisais ma rébellion. À ce que je sache personne n’a jamais vu Dieu tuer, guerroyer, haïr. L’homme est maître de ses choix, de ses sentiments, et il s’est toujours très bien débrouillé tout seul pour tout détruire et nuire a ses semblables. Cette affirmation enlève tout son sens a la foi. En effet, comment peut-on croire que Dieu devrait tout régir et enlever aux hommes leur libre-arbitre pour qu’ils soient bons ? Cela reviendrait a penser que nous ne sommes que des jouets de Dieu et que l’humanité soit une dînette divine. Le libre-arbitre de faire le bien ou le mal est essentiel dans la démarche religieuse. Ou est la valeur de faire le bien si l’on n’a pas le choix de faire le mal ?

La religion, oui c’est évident, cela revient à une question de famille, de tradition.

Évidemment que la famille et la tradition ont une influence. Mais cette influence ne suffit pas a entretenir le sentiment religieux pendant toute une vie, pour chacun de ses actes ou prises de position. Si ce n’est un effort, croire est actif et volontaire. La démarche même de catéchuménat montre bien que la famille et la tradition n’expliquent pas tout dans le sentiment religieux, ou en tout cas ne le justifient pas.

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Entendre le message de Jésus, c’est vouloir aller de l’avant, réussir sa vie en aimant les autres

Aimer les autres en tant qu’humains oui, pour ne pas dire enfants de Dieu, en tant qu’hommes et femmes appartenant tous au même tout, à la même espèce, et surtout au même monde. Ce n’est pas pour moi, aimer leurs actes et leurs comportements, mais il est difficile de faire la différence entre l’homme, l’autre, et ce qu’il fait. Entendre le message de Jésus pour moi, c’est développer un rapport sain a soi même et aux autres, un rapport concrètement bon et positif, mais un lien spirituel fort aussi. Aller de l’avant ne peut pas dire la même chose pour tout le monde.

Avec Dieu, je trouve plus de force pour rebondir quand ça va mal.

Je ne vois pas Dieu comme une branche à laquelle on s’accroche quand tout va mal, et qu’on oublie quand tout va bien, parce que c’en est le pendant évident. Mais Dieu est plus pour moi une source d’énergie, une direction a prendre. C’est un chemin montré qu’on choisit de prendre ou pas. Je n’ai jamais senti qu’en moi même la force de rebondir ou au contraire le manque de force.

NOTES SUR LE CONTENU DE LA FICHE

Quel humain pourrait se vanter d’etre un pur esprit et ne pas accepter l’influence des expériences, difficultés, doutes dans son rapport à la foi ou à la vie ? Certainement pas moi. Mais croire ne peut pas être simplement une recherche de réponse aux problèmes de la vie. C’est aussi comment la diriger dans le futur, et dans les actes du présent. Sans vouloir faire des comparaisons malhabiles, on soigne une maladie avec des médicaments après qu’elle se soit déclarée. On évite la maladie dans sa façon de vivre au quotidien. La foi pour moi pourrait être en quelque sorte cette façon de vivre sur le plan spirituel qui nous rend plus sain.

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Un abri perdu en haut d’un petit village dans une région peu peuplée des alpes. Un rayon de soleil sur la neige. Ici passent des skieurs, peut-être croyants, peut-être pas, en tout cas, tout le monde s’y arrête.

Cette image représente pour moi l’abri qu’est la religion, une maison pour tous que même athées acceptent et utilisent même si les canettes de coca laissées donnent envie de vider le contenu d’une décharge dans le salon des pollueurs.

Un abri fait par l’homme pour l’homme, sous le signe de Dieu, dans son attention bienveillante.

Une image prise entre deux descentes, pendant des vacances en famille, ou la tête est plutôt à l’amusement et au plaisir immédiat. Mais cette rencontre inattendue a été une invitation à une forme de recueillement, à un arrêt contemplatif et à vivre enfin un beau moment de paix.

Je ne suis pas allé rechercher l’histoire de cette chapelle, ou autel, mais elle m’a donné envie d’imaginer des gens de toutes époques s’y arrêter, pour y trouver refuge, dormir, manger, prier, avant de reprendre un long voyage. L’image d’un pèlerin en cape de voyage avec son bâton de marche a vite remplacé le skieur en anorak avec son sandwich emballé dans de l’aluminium…

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DEBRIEF JEAN-FRANCOIS