marqueurs de discours

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- le rôle des marqueurs discursifs dans l’agencement et la structuration de l’énoncé - l’analyse sémantique des marqueurs polysémiques, notamment la relation entre leur valeur aspectuo-temporelle et leur valeur causale ou concessive Marqueurs de discours : Introduction Sommaire [masquer ] 1 Caractéristiques générales o 1.1 Définition o 1.2 Caractéristiques générales o 1.3 Exemples o 1.4 Les fonctions o 1.5 Les types o 1.6 La Bibliographie 2 Sources lexicales des marqueurs de discours o 2.1 Problématique fondamentale : d’où viennent les MD ? o 2.2 Les origines lexicales 2.2.1 Par exemple : écoute 2.2.2 La bibliographie 3 Marqueurs de discours et la pragmatique o 3.1 le modèle de Yael Maschler o 3.2 Cohérence o 3.3 Facework o 3.4 Principe de Coopération 3.4.1 La Bibliographie: Définition[modifier ] Une marqueur de discours, c'est une expression de la langue orale qui indiquer l’attitude ou l’intention du locuteur Caractéristiques générales[modifier ] Ils sont:

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caractérisation des marqueurs du discours

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Page 1: Marqueurs de Discours

- le rôle des marqueurs discursifs dans l’agencement et la structuration de l’énoncé- l’analyse sémantique des marqueurs polysémiques, notamment la relation entre leur valeur aspectuo-temporelle et leur valeur causale ou concessive

Marqueurs de discours : Introduction

Sommaire

[masquer]

1 Caractéristiques générales o 1.1 Définition o 1.2 Caractéristiques générales o 1.3 Exemples o 1.4 Les fonctions o 1.5 Les types o 1.6 La Bibliographie

2 Sources lexicales des marqueurs de discours o 2.1 Problématique fondamentale   : d’où viennent les MD   ? o 2.2 Les origines lexicales

2.2.1 Par exemple   : écoute 2.2.2 La bibliographie

3 Marqueurs de discours et la pragmatique o 3.1 le modèle de Yael Maschler o 3.2 Cohérence o 3.3 Facework o 3.4 Principe de Coopération

3.4.1 La Bibliographie:

Définition[modifier]

Une marqueur de discours, c'est une expression de la langue orale qui indiquer l’attitude ou l’intention du locuteur

Caractéristiques générales[modifier]

Ils sont:

connecteurs variables spontanés utilisés seulement dans la langue parlée en général extérieurs à la structure de la phrase

Page 2: Marqueurs de Discours

Ils ne contribuent pas aux contentes propositionnel des énonces – leur présence ou absence ne change pas la valeur ou la validité d’un énonce (leur absence n’entraine pas un agrammaticalité)

L’emploi de marqueurs de discours illustre que la langue n’est pas utiliser dans la même manière pour toutes situations

Si la langue change, les situations linguistiques pour les marqueurs de discours changent aussi. Il y a des constants qui reste dans les marqueurs de discours, mais pour la plupart les marqueurs de discours devient flexible avec la langue

Quand ils sont au début ou à la fin d’une phrase, ça marque une espace de distanciation ou le début d’une séquence discursif

Exemples[modifier]

Bon Alors Enfin Ok Cependent Quand même C’est-à-dire Si vous voulez Quoi Je pense Tu vois

Chacun des particules ont les caractéristiques unique mais ils ont les similarités

Quelques marqueurs de discours indiquent un air d’insuffisance communicative (on les utilise quand il y a un décalage entre le locuteur et l’interlocuteur)

Exemples:

« Enfin » modifie l’information qui a déjà donné « Ben » indique que le locuteur n’est pas capable de répondre au affirmative et ça

introduire une explication « Hein » demande une confirmation ou la validation d’un argument « Ben » introduit une perspective imprévue, c’est un marqueur d’évidence

Les fonctions[modifier]

1. Fonction structurelle : faire le tour de parole, l’organisation du discours

1. Fonction interpersonnelle : exprimer l’émotion ou l’attitude

Page 3: Marqueurs de Discours

Les types[modifier]

1. Les marqueurs de discours prototypique : les mots comme « hein, » « bon, » « ben, » « quoi »

2. Les marqueurs de discours non prototypique : les expressions qui ont un sens lexical et une fonction comme marqueur de discours tous les deux

La Bibliographie[modifier]

Dostie, Gaétane and Claus D. Pusch. « Présentation : Les marqueurs discursifs. Sens et variation. »

Barnes, Betsey K. « Discourse particles in French conversation : (eh) ben, bon, enfin »

Sources lexicales des marqueurs de discours[modifier]

Révision : le lexique = les mots, le vocabulaire

Problématique fondamentale : d’où viennent les MD ? [modifier]

Les origines lexicales [modifier]

Les MD viennent des mots lexiques, mais ils ne contribuent pas au contenu propositionnel des énoncés. Donc, les MD acquièrent une fonction pragmatique/discursive plutôt que sémantique.

On prend une approche asémantique des MD = ils sont considérés comme vides de sens lexicale

un groupe de MD formés à partir d’un verbe conjugué, une proposition complète (S + V). Maintentant, ils ont un sens discursif qui est different de son sens original.

o Deux sous-groupes :

1. l’un caractérisés par l’emploi de la première personne en singulière (ex. je pense, je crois).

2. l’emploi de la deuxième personne (ex. tu sais, vous voyez)

Les adjectives (ex. bon) Les adverbes (ex. ben est derivé de bien) Les imperatives (ex.écoute) Les phrases (ex. faut dire que, c'est à dire que) Etc.

Par exemple : écoute [modifier]

Le MD ‘écoute’ est dérivé de l’impératif du verbe ‘écouter’. Mais, il est important de noter que la forme impérative d’écouter (ex. écoute-moi) ne fonctionne pas comme un marqueur discursif.

Page 4: Marqueurs de Discours

Exemple: Après le locuteur a attendu pour beaucoup de temps chez le dentiste :

A : Ecoutez, je suis presse. Je vais téléphoner demain pour prendre un autre rendez-vous.

Dans cette situation, le locuteur n’exige pas à l’interlocuteur de l’écouter (le sens impératif). Il dit « écoutez » pour réagir à la situation et pour attirer l’attention de l’interlocuteur.

Mais, n'oublie pas: bien que les MD ont les origines aux mots lexicales, ils acquièrent une fonction pragmatique/discursive plutôt que sémantique

La bibliographie [modifier]

Dostie & Pusch Somolinos

Marqueurs de discours et la pragmatique[modifier]

Les MD aident en comprenant la différence entre ce qu’on dit et ce qu’on veut dire.

Les MD montrent l’intention du locateur

le modèle de Yael Maschler [modifier]

Il existe quatre fonctions des MD avec la pragmatique :

des relations et rapports entre des personnes (interpersonal relations) référence (reference) structure et contraints cognitif (structure and cognitive constraints) des niveaux de discours (levels of discourse)

Les aspects de ce model fait d’influence entre la pragmatique ensemble.

C'est-à-dire qu’il est important d’évaluée à qui on parle, de quoi on parle, comment on parle, et la formalité dont on parle.

En considérant tout ces aspects, on peut comprendre la différence entre ce qu’on dit et ce qu’on veut dire, avec l'intention du locateur.

Le role de la pragmatique change sur la situation.

Cohérence[modifier]

Les MD aident en donnant la cohérence aux pensées. Les MD peuvent montrer les liens sous-entendu qui s’entende les propositions. Ils marquent les connections entre deux pensées ou parties des phrases. Quelque fois, les MD sont redondant, en insistant de redire ce qui est déjà dit.

Page 5: Marqueurs de Discours

Ex. A. « Je crois qu’il y va » B. « Oui, bon, mais il essaye d’y aller »

Ici, en regardant le mot « bon » il est clair que c’est un MD- il fonctionne pour montrer une réponse au la première phrase, et il conjoindre les deux parties de la conversation. Aussi, avec le mot « bon », Personne B change l’attitude de la conversation de la négative ton a une ton plus neutre.

Facework[modifier]

On peut dire une phrase et avec l’intonation de la voix avec la construction de la phrase, une declaration peut être plus ou moins sévère. La pragmatique ici c'est comment on montre le ton mitigé de la declaration.

Ex. A. « Voulez vous aller au cinéma ? » B. « Ecoute, je le veux, mais… »

Ici, Il y a une proposition et une réponse. La réponse a des parties : Le MD qui montre que la réponse n’est pas « oui », la déclaration qui renforce le MD, et la raison. En utilisant le MD, Personne B fait un type de facework en essayant de montrer qu’il ne veut pas d’être cruel.

Principe de Coopération[modifier]

En comprenant les MD et la pragmatique ensemble, il fait appel au Paul Grice et ses maximes de coopération.

Si les maximes sont violées, on ne peut pas comprendre l’utilisation des MD et aussi la différence entre ce qu’on dit et ce qu’on veut dire.

La Bibliographie:[modifier]

Coupland, Justine. "How are you?": Negotiating Phatic Communion. Cambridge University Press, 1992. 206-215

Schiffrin, Deborah. Discourse Markers. Cambridge, 1987. 49-65.

Jucker, Andreas H. Yael Ziv. Discourse Markers: Introduction. 1998. 1-5.

› Marqueurs de discours : écoute, ben, par exemple

Sommaire

[masquer]

1 Ecoute o 1.1 Ecoute 1 o 1.2 Ecoute 2

2 Ben

Page 6: Marqueurs de Discours

3 Par Exemple o 3.1 Sources

Ecoute[modifier]

Ecoute est un marqueur discursif qui passe en les interactions orales.

Ecoute fonctionne comme un «attention getter » ou «alerter ». Le but d’écoute est d’appeler à la raison d’interlocuteur.

L’usage d’écoute est spontané et est une fonction du contexte de la conversation.

En la forme MD écoute est une forme figée qui a deux formes :

1. Ecoute 1 2. Ecoute 2

Ecoute 1[modifier]

négocier un désaccord ou marque une réaction à une situation

doit base sur une déclaration précédente

Exemple : o A : Qu’est-ce que tu ferais a ma place ? o B : Ecoute, je pense que tu devrais y aller.

fonctionne comme une modalisateur par demander l’interlocuteur d’être raisonnable et d’accepter ce refus

o prefacer un refus o fermer une sequence non-pertinente o permettre la locuteur d'éviter un question

Exemple : o A : Papa, est-ce que je peux emprunter la voiture. o B : Ecoute, cela fait trois fois que je la prête cette semaine.

Ecoute 2[modifier]

marque le mécontentement emploi absolu – n’accompagne pas une proposition Exemple :

o Elle s’exclame : « Aie ! mon bas, écoute ! ho ! »

Page 7: Marqueurs de Discours

Marque l’impatience de locuteur Exemple :

o Ecoute bien, Borelli !

Fonctionne comme une intensification Exemple :

o Quand un enfant pleure, on peut dire : « Ecoute ! » pour te cesser.

NB : Ecoute n’est pas toujours en marqueur discursif. La forme impératif d’écouter et indique un commande ne sont pas un MD Exemple : écoute-moi et écoute bien

Ben[modifier]

Ben est une particule discursive, une expression du langage parle qui est reconnu par la perte de son sens lexicale habituellement et par sa fonction dans le discours. Ben a trois fonctions :

Marqueur structuerelle- o indique la structure textuelle

Marquer phatique ou interactif- o communique une intention entre les locuteurs

Marqueur metadiscursif- o commentaire sur d’autres unités linguistiques ou sur des faits extralinguistiques o marque la non-pertinence d’une énonciation où signale la non-vérité d’une

énonciation. o « Response Marker »- Accroît la cohérence du discours en signalant qu’il existe

un manque de cohérence entre le contexte précédent et l’énonce présent. o Exemple: A. Ben, c'est normal.

B. Ben non, c'est pas normal!

Ben est une forme réduit de l’adverbe bien et a une fonction très similaire a « well ».

Eh ben

Ben est souvent précédé par eh, qui forme une variation forte de ben. Eh ben est utilisé pour introduire une situation contextuelle ou la réaction introduit est

toujours inattendue Exemple : « Et alors ? » « ‘Pis alors, eh ben, y a toujours autant de… »

Par Exemple[modifier]

« Par exemple » présente des usages qui le distinguent de ceux qu’il possède en français de référence

Page 8: Marqueurs de Discours

Selon l’article de Dostie, ‘les différents sens de « par exemple » présentent une organisation sémantique graduelle.’ Aussi, ‘un sens pragmatique initial sera lié à un sens lexical, mais le sens pragmatique final n’aurait pas nécessairement de liens avec un sens lexical.’

par exemple 1 : A côté du sens « standard » en (1) où l'unité accompagne un exemple

par exemple 2, 3 : les sens les plus couramment cités sont ceux dits « oppositifs » comme en (2) à (6), et « expressif » comme en (7).

(1) Je voudrais savoir pourquoi tu agis comme ça avec moi. Par exemple, je me demande pourquoi tu ne me téléphones plus. [= par exemple 1]

‘par exemple’ commute avec des marqueurs discursifs comme : Ainsi, entre autres, notamment…

(2) B : C’était pas terrible lorsque j’étais pensionnaire A : Les repas n’étaient pas fameux ? B : Non. Ça, c’était pas trop mal par exemple. Mais, je veux dire tout le reste : pas de télé, pas beaucoup de sorties, pas de distractions, la discipline très sévère. … [= par exemple 2a]

‘par exemple’ commute avec des marqueurs discursifs comme : Malgré tout, quand même, en dépit de ca / de ce qui vient d’être dit…

(3) B : J’ai une fille de trente-trois ans. Elle dit qu’elle a vingt-cinq ans par exemple, mais ça change pas grand-chose. Sont-tu toutes pareilles, les filles ? Vous aussi vous aimez vous rajeunir ? [= par exemple 2b] A : Ah ben, moi, je parais tellement jeune que je voudrais bien que les gens me vieillissent un peu.

‘par exemple’ commute avec des marqueurs discursifs comme : Malgré tout, quand même, en dépit de ca/ de ce qui vient d’être dit, cependant, toutefois, mais (?) …

(4) A : Est-ce que vous aimez l’hiver ? B : Ah oui ! J’aime ca. Je hais ben le printemps pis l’automne par exemple. Sont trop longs. [= par exemple 2c] A : Pis vous trouvez pas l’hiver long ? B : Non. J’aime ca quand il y a de la neige, pis qu’il fait pas chaud. On peut aller jouer dehors, dans neige.

‘par exemple’ commute avec des marqueurs discursifs comme: Mais, cependant, toutefois, par contre, en revanche…

(5) A : Est-ce que vous allez venir souper finalement ? B : Oui, d’accord. Mais je ne veux pas qu’on me fasse de cadeau par exemple. [= par exemple 2d]

‘par exemple’ commute avec des marqueurs discursifs comme : Mais, cependant, toutefois…

(6) B lit à haute voix le passage d’un roman a l’intention de A. Il est question de jeunes enfants qui se lèvent à 4.30 heures du matin. B commente : « C’est drôle par exemple les enfants qui se

Page 9: Marqueurs de Discours

lèvent à 4.30 heures. » *Puis, comme si de rien n’était, il continue sa lecture. [= par exemple 2e] Quand même…

(7) A : Est-ce que tu viens finalement ? B : Ah ben par exemple ! Elle est bonne celle-la ! Tu m’invites maintenant ? [= par exemple 3]

‘par exemple’ commute avec des marqueurs discursifs comme: Tiens ! tu parles ! …

Par exemple 3 est différent de par exemple 2 parce qu’ « il y a une relation de contraste, d’opposition entre ce qu’il perçoit maintenant comme la réalité et la conception qu’il s’en faisait auparavant, d’où son étonnement ». Aussi, c’est d’une manière schématique qu’un locuteur utilise le par exemple 3.

« Par exemple » = connecteur textuel ou marqueur discursif (constitue un cas de pragmaticalisation)

Pragmaticalisation = « Désigne le processus par lequel une unité lexicale pleine (nom, verbe, adjectif, adverbe) ou une unité grammaticale (préposition, coordonnant, subordonnant, etc.) devient un connecteur textuel et/ou un marqueur discursif ! » (Diffère de la grammaticalisation qui désigne le passage d’une unité lexicale pleine à une unité grammaticale au sens étroit)

Il n’est pas facile de trouver des liens entre la valeur exemplaire, les différents types d’opposition et la valeur expressive…Les liens entre les différents sens de « par exemple » résident justement dans le découpage même de ces sens : ce découpage n’est pas fortuit puisqu’il repose sur l’existence d’un certain nombre de particularités distinctives entre les sens examines. (On arrive à cette conclusion parce que les sens identifiés ont fait l’objet d’une décomposition sémantique)

Sources[modifier]

Un marqueur discursif du francais parlé: écoute ou l'appel à la raison par Somolinos L'exemplarité de 'par exemple'. Un cas de pragmaticalisation en francais québecois' par

Dostie notes de classe « Les connecteurs logiques dans le discours de Mr Nicolas Sarkozy au parlement

marocain à Rabat 23-10-2007».

1- Introduction.2- Discours de Mr Nicolas Sarkozy au parlement marocain a Rabat 23-10-2007.

3- L’analyse.4- Conclusion.

Page 10: Marqueurs de Discours

1- Introduction:En grammaire, on appelle connecteurs logiques des morphèmes (adverbes, conjonctions de coordination ou de subordination, parfois même les interjections), qui établissent une liaison entre deux énoncés, voire entre un énoncé et une énonciation .Les connecteurs logiques ou chronologiques permettent de souligner les articulations de la pensée en rendant apparentes les étapes du raisonnement : ce sont les conjonctions indiquant la cause (en effet, parce que...) ou la conséquence (alors, aussi, ainsi...), ou encore, les adverbes de temps (d'abord... ensuite... enfin)…Et Parmi les connecteurs, on distinguera ou bien on parlera de plusieurs connecteurs :- Connecteurs sémantiques et pragmatiques(van Djik 1997).- Connecteurs argumentatifs (Ducrot et al 1980).- Connecteurs discursifs (blak more 1987).- Connecteurs interactifs (roulet et al 1985). Mais les types de connecteurs qu’on va étudier c’est les connecteurs logiques qui expriment:- la succession temporelle ("puis", "alors", "ensuite", "enfin"). Ils peuvent établir une liaison chronologique dans l’ordre de l’histoire, mais aussi marquer la continuité du récit. Par exemple, «enfin» joint à sa valeur temporelle ("à la fin") une valeur énonciative d’interjection dans «Enfin, le navire partit» (L’éducation sentimentale), et il peut prendre un sens méta discursif ("enfin" = "pour terminer"). - Les connecteurs marquant la causalité: "car", "parce que", "puisque", "en effet".- Les connecteurs marquant la conséquence: "ainsi" (qui peut aussi introduire un exemple), "donc", "c’est pourquoi". - - Les connecteurs d’opposition: "mais", "cependant", "toutefois", "quand même". - Ceux marquant l’addition: "et", "de plus", "en outre", d’ailleurs.Mais ce qui nous concerne dans cette étude ce sont les connecteurs logiques qui permettent la bonne articulation de l’énoncé et la clarté des relations entre les différents arguments qui permettent bien au récepteur de suivre le fil du discours et d'adhérer à sa progression. Et le corpus que nous avons choisis pour appliquer notre étude c’est le discours de Nicolas Sarkozy au parlement marocain à Rabat 23-10-2007. L’étude des connecteurs logiques dans le discours de Sarkozy va nous permettre de détecter et mettre le doigt sur quelques points: Premièrement quels sont les types de connecteurs qu’il a choisis? Est-ce qu’il a bien utiliser les connecteurs logiques dans son discours? Est ce qu’il a bien placé les connecteurs dans son discours ou non? Et finalement, Est-ce qu’il ya une cohésion d’après l’utilisation des connecteurs logiques?

2- Discours de Mr Nicolas Sarkozy au parlement marocain à Rabat 23-10-2007. Enfin; la France sera au coté du Maroc, Mr le ministre des affaires étrangères, dans sa volonté d’obtenir un statut avancé auprès de l’union européenne. Le partenariat avec l’union européenne a aidé le Maroc à accomplir des progrès décisifs. Je ferais tout pour que le Maroc reste le premier bénéficiaire de l’aide communautaire. Et je veux dire aux pays de la méditerranée: regardez ce que fait le Maroc, qui n’a pas peur de revisiter son passé. Il ne peut pas y avoir de statut avancé, ou de partenariat pour un pays qui n’aurait pas le courage de revisiter son passé. Regarder son passé c’est assumer son avenir!

Page 11: Marqueurs de Discours

Alors; parce que le Maroc est l’un des pays du sud de la méditerranée les plus avancés dans ses relations avec l’union européenne, il jouera naturellement un rôle de premier plan dans la future union méditerranéenne. J’y reviendrais cette après midi à Tanger. Je voudrais ici devant vous, souligné l’essentielle: l’union méditerranéenne nous la ferons ensemble, dans le respect de nos différences, en apportant chaqu’un le meilleur de nous même.Mesdames et Messieurs, c’est ensemble que nous lutterons efficacement contre ces deux fléaux qui nous menacent tous: l’extrémisme et le terrorisme.Ces deux fléaux sont d’abord le fruit de l’ignorance, et de la peur de l’autre. Ces deux fléaux prétendent nier ce que nous sommes, vous et nous. Ils prétendent nier tout ce que nous avons bâti ensemble au cours des siècles d’histoire partagée.Ne laissons personnes nous confisquer cette histoire, nos valeurs et nos croyances. Parlons ensemble de ce que fut l’Andalouse: une période de lumière, une période de tolérance, où ont progressé deux cancers. L’architecture, la musique, la poésie, l’astronomie, les sciences en générale.Souvenons nous ensemble que le Maroc abrite une communauté juive ancienne et vivace, dont certains représentants sont présents aujourd’hui. Sachons, enfin, saluer à sa juste valeur le geste exceptionnel qu’accomplirent les autorités marocaines au lendemain du 11 septembre 2001. Lorsque, peur exprimer leur horreur face au terrorisme et leur compassion face aux victimes, après ce crime qui ne blessait pas seulement l’Amérique mais le monde entier! Et bien, les autorités marocaines eurent le courage d’organiser dans la cathédrale de Rabat, j’ai bien dit: dans la cathédrale de Rabat! À quelques dizaines de mètres d’ici, une cérémonie de prière et de recueillement au cuminique à la quelle participent des prêtres, des radins et des imams. Ce jour la, le monde entier démocratique était fière du Maroc.Le Maroc, est une grande et une ancienne nation musulmane. Rassemblée depuis des siècles au tour de son souverain, commandeur des croyants. L’islam a toujours été conçu comme un facteur de paix, de conciliation et de d’ouverture.Au Maroc les parties ne font pas de prédication, et les prédicateurs ne font pas de politique. Au Maroc les mosquées accueillent des imams bien formés aux sciences musulmanes; pas des agitateurs. Au Maroc les oulémas sont formes dans un institut, qui aujourd’hui enseigne l’histoire du judaïsme, et du christianisme ainsi que les langues (et les langues) et les sciences sociales modernes. Au Maroc les institutions financières ont pu mettre à la disposition du public des produits financiers conciliant les exigences de l’économie du marché et les principes coraniques. Cette exemplarité marocaine, elle marque la tolérance qui nous rapproche et que nous avons en partage. L’islam ne me fait pas peur. En France aussi, j’ai voulu que la diversité des religions ait toute sa place. L’islam est par le nombre des pratiquants, la deuxième religion de France. La France est aujourd’hui le pays d’Europe où réside le plus grand nombre de personnes de confession musulmane. Non déplaise à quelques uns que je combatte. L’islam est aussi une partie de la France. C’est pour cette raison que j’ai offert à l’islam en France les moyens d’une transformation en un islam de France! Dans ce domaine les inventions ont été nombreuses; conseil français de culte musulman, fondation pour les hommes de l’islam de France, formation d’imams et d’aumôniers, gardes musulman dans les cimetières. Et je suis particulièrement heureux que la ministre

Page 12: Marqueurs de Discours

de la justice française, d’origine marocaine qui m’accompagne, porte l’idée qu’en France il n y a pas deux justices mais une seule. Il est très important pour moi dans le gouvernement de la France que les français de toutes origines soient présents à une place imminente.Je ne veux pas venir au Maroc, venter la diversité et avoir le ridicule de ne pas la promouvoir dans mon propre pays. Ce serait de l’arrogance et je refuse toutes formes d’arrogance. Ces avancés sont meilleurs moyens de faire comprendre que l’on ne doit pas confondre l’islam avec l’islamisme. L’islamisme cherche à instrumentaliser l’islam pour couvrir une idiologie qui est celle de la haine des autres. Voila le message que je veux porter au nom de la France. Je veux dire au nom de la France que le souci de la diversité que j’ai toujours porté comme ministre des cultes et que je porte comme président de la république sur le territoire français. J’aimerais que chaque société à travers le monde le porte avec la même force. Je veux prendre mes responsabilités. Une nouvelle fois, Je souhaite que dans les pays majoritairement musulmans aient le même respect de la différance et de l’identité de l’autre. C’est le cas au Maroc. Mais; mes chères amis si la diversité est bonne en France, si la diversité est bonne au Maroc ; alors, convenons que la diversité devrait être bonne dans toutes les autres sociétés à travers le monde. La diversité est une idée d’avenir. On ne doit pas la craindre la diversité dans le monde de demain.Mesdames et Messieurs, l’amitié, la proximité, la compréhension, entre nos deux peuples ont quelque chose d’exceptionnel, elles puisent leurs racines dans l’histoire, elles traduisent nos valeurs partagées; elles vont permettre à nos deux pays d’affronter ensemble les défis du 21eme siècle. Mes chers amis, j’espère que vous l’aviez compris: la France aime le Maroc.Mes chers amis, les français aiment les marocains. Alors, qu’il me soit permis avec toutes les émotions que je ressens en cette instant, de dire du haut de cette tribune, et pour moi ça du sens lors de ma première visite d’Etat, mais de le dire du fond du cœur. vive le Maroc, vive la France.

Badr Jamil Junior Member

 Date d'inscription: mai 2008Localisation: MarocMessages: 3

la suite

3- L’analyse :Enfin : Se connecteur logique exprime la relation logique «la conclusion», et sa fonction permet à l’émetteur d’achever son argumentation et sa démonstration et aussi permet de présenter le but de son argument. Et le but ou bien la conclusion dans le discours de Sarkozy est que : «la France sera au coté du Maroc… pour obtenir un statut avancé auprès de l’union européenne».Pour que : exprime «finalité» et il permet de présenter le but de son argumentation. Et la deuxième proposition, «le Maroc reste le premier bénéficiaire de l’aide communautaire», indique le résultat que l’on souhaite quand on fait l’action exprimé dans la première proposition, «je ferais tout», C’est à dire que la deuxième proposition indique le but de l’action dans la première proposition.Et : exprime «l’addition» et il permet d’ajouter un argument ou un exemple nouveau aux précédents. Et dans le discours Sarkozy veut ajouter des nouveaux arguments aux précédents. C'est-à-dire que la deuxième proposition apporte l’idée de l’addition «je veux dire aux …». Et l’addition et le rapport inverse de la restriction.

Page 13: Marqueurs de Discours

Ou : exprime «alternative» et il permet de proposer les différent choix dans une argumentation. La première proposition, «il ne peut pas y avoir de statut avancé», présente un choix différent de la deuxième proposition «partenariat».Alors : exprime «la liaison», et il permet de passer d’une idée a l’autre ou d’un paragraphe a l’autre. Parce que : exprime « la cause » et il permet d’exposer l’origine, ou bien la raison d’un fait. Parce que la deuxième proposition, «le Maroc est l’un des pays de sud de la méditerranée les plus avancés dans ses relation avec l’union européenne; et il jouera naturellement un rôle de premier plan dans la future union méditerranéenne», indique pourquoi le fait exprimé dans la première proposition se réalise, «regarder sont passé assumer son avenir»; la deuxième proposition, qui formule une raison, exprime donc une cause.Après : exprime «le temps» et il permet d’indiquer le moment auquel s’est produite l’action exprimée dans le discours «après midi». Et il répond à la question «quand ?».D’abord : exprime «la classification», et il permet de hiérarchiser les éléments présentés dans l’argumentation ou bien les propositions dans le discours. La premier proposition et «le fruit de l’ignorance» et la deuxième proposition «la peur de l’autre».Lorsque : exprime «le temps» et il permet d’indiquer le moment auquel s’est produite l’action exprimée dans le discours et il répond à la question «quand ?». Et dans le discours Sarkozy a précisé la date exacte «au lendemain du 11 septembre 2001».Après : exprime «le temps» et il permet d’indiquer le moment auquel s’est produite l’action exprimée dans le discours et il répond à la question «quand ?». «Après le crime du 11 septembre 2001».Pas seulement … mais : exprime «la justification + l’addition» et il permet d’apporter des informations pour expliciter et préciser les arguments. Et Sarkozy a exprimé dans la première proposition, «l’Amérique», la justification que ce crime blessait l’Amérique. Et il a ajouté dans la deuxième proposition a l’aide du connecteur logique que ce crime il blessait aussi «le monde entier». Depuis : exprime « le temps» et il permet d’indiquer le moment auquel s’est produite l’action exprimée dans le discours et il répond à la question «quand ?». «Des siècles»Comme : exprime «l’illustration» et il permet d’éclairer son ou ses arguments par des cas concrets. Dans le discours Sarkozy illustre que l’islam égal un facteur de paix et de conciliation et d’ouverture.Ainsi que : exprime «l’illustration» et il permet d’éclairer les arguments par des cas concrets. «Les langues (et les langues) et les sciences sociales modernes» ce sont des cas concrets de l’illustration.Aussi : exprime «la conséquence» et il permet d’énoncer le résultat ou bien l’aboutissement d’un fait ou d’une idée. Et la deuxième proposition, «j’ai voulu que la diversité des religions ait toute sa place», indique le résultat du fait exprimé par la première proposition «en France». Autrement dit, la deuxième proposition est la conséquence de la première proposition. Et la proposition exprimant la conséquence répond a la question : « quel est l’effet ? ».- «L’islam est (1er proposition) aussi une partie de la France (2eme proposition)» la deuxième proposition et la conséquence de la première proposition.Pour cette raison que : exprime «la conséquence» et il permet d’énoncer le résultat ou bien l’aboutissement d’un fait ou d’une idée. Et la deuxième proposition, «j’ai offert à l’islam en France les moyen d’une transformation en un islam de France», indique le résultat du fait exprimé par la première proposition «L’islam est aussi une partie de la France». Autrement dit,

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la deuxième proposition est la conséquence de la première proposition. Et la proposition exprimant la conséquence répond à la question : «quel est l’effet ?».Mais : exprime «l’opposition» et il permet d’opposer deux faits ou deux arguments souvent pour mettre l’un en valeur.et que la deuxième proposition, «une seule», exprime en quelque sorte le contraire de la première proposition «en France il n’y a pas deux justices». Les deux propositions sont donc présentées en opposition. Et la deuxième proposition qui est mise en valeur. Pour: exprime «la finalité ou bien le but» et il permet de présenter le but de l’argumentation. «Pour moi Dans le gouvernement de la France que les français de toutes origines soient présents à une place imminente».Pour : exprime «la finalité ou bien le but» et il permet de présenter le but de l’argumentation. «Couvrir une idiologie… de la haine des autres».Voila : exprime «la finalité ou bien le but» et il permet de présenter le but de l’argumentation. «Le message que je veux porte au nom de la France».Si…alors : exprime «la condition+finalité» et il permet d’émettre des hypothèses en faveur ou non d’une idée; et de présenter le but de son argument et aussi d’achever son argument et sa démonstration et d’énoncer le résultat et l’aboutissement de l’idée. Et la première proposition, «la diversité est bonne en France; la diversité est bonne au Maroc», indique une action qui doit être réalisée pour l’action de la deuxième proposition, «la diversité devrait être bonne dans toutes les autres sociétés», qui se réalise aussi. Autrement dit, la première proposition indique la condition nécessaire à la réalisation de la deuxième proposition. Et la question à laquelle ils répondent c’est : «en supposant quoi ?».

4- Conclusion :Les chiffres ont toujours leurs significations ! Si on procédait par une analyse quantitative, faite sur cet extrait, on relève presque 46 connecteurs logiques différents. On peut constater aisément que ceux d’addition sont fort présents dans le discours de Mr Sarkozy par un pourcentage de 52,17%, notamment la conjonction de coordination « et ». Plus de la moitié des connecteurs utilisés, ce qui traduit un besoin insistant de coordination entre les phrases et les termes utilisés.Le temps, l’énumération et la comparaison sont aussi présents, mais avec moins de fréquence que les premiers avec un pourcentage de 6,52% chacun ! Une différence de nombres considérable, qu’on peut expliquer par le simple fait que le sens globale de l’écrit, ne supporterait pas une utilisation plus nombreuse.La conclusion, la liaison, la condition, la conséquence et l’opposition, représentent 4,34% chacun. Ces connecteurs, quoi que moins nombreux, placés avec un soin pertinent, donne une finesse et un raffinement au style.2,17% est la représentation chiffrée de chacun de ces types de connecteurs : l’alternative, la cause et le but.

Cahiers de Linguistique Française

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Connecteurs et relations de discours : les cas dequand, encore et aussiThérèse Pacelli Pekba Département de linguistique Université de Genève < [email protected] > Résumé Le but de cet article est de proposer, dans le cadre de la pragmatique dudiscours dévéloppée par Reboul & Moeschler (1998), une solution consensuelle sur le rôle des connecteurs dans l’interprétation des rela-tions de discours. Dans un premier temps, nous montrons que les fonc-tions assignées aux connecteurs par les approches de la sémantique dudiscours en termes de filtre-bouchons ou de clé-moteur aboutissent à desrésultats partiels et insatisfaisants. Dans un deuxième temps, nous dé-montrons, à travers quand, encore et aussi, qu’une conception des connecteurs comme facteurs nécessaires à la pertinence des relations dediscours permet à la fois de donner une description adéquate et plausiblede la fonction des connecteurs et de trouver un équilibre entre les deux positions extrêmes de la sémantique du discours 1. IntroductionDepuis quelques années, la question des RDfait l’objet de nombreuses des-criptions par des courants théoriques divers. Toutefois, malgré la floraison des recherches, force est de constater qu’à l’heure actuelle, aucune solutionconsensuelle n’a pu être dégagée, tant les facteurs à prendre en compte dans la description apparaissent divergents d’un courant à un autre. L’une des divergences les plus importantes porte sur le rôle attribué aux connecteurs. En sémantique du discours, on observe deux positions opposées : l’une estréductionniste, les connecteurs sont relégués au simple rôle de filtre-bouchon, c’est la position des approches inférentielles (Asher & al. 1995, Mann &Thompson 1988, Sanders & al. 1992). L’autre est maximaliste, les connec-teurs sont conçus comme des facteurs nécessaires et suffisants dans la déter-mination des RD, c’est la position des approches linguistiques (Martin 1992, Knott & Dale 1994). Notre but dans cet article est de proposer une réponsedifférente. Cette réponse consiste à dire que les connecteurs ne constituent ni1Nous utiliserons l’abréviation RD pour signifier le terme relations de discours.

un facteur subsidiaire, ni un facteur suffisant, mais plutôt un déclencheur nécessaire à la pertinence des RD.2.Rétrospective : aperçu des travaux antérieurs sur les con-necteurs et les relations de discours en sémantique du discours 2.1. Les approches inférentielles : les relations implicitesSelon les approches inférentielles, les relations qui existent entre les seg-ments de discours sont des relations implicites dont l’interprétation mobilise

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des paramètres de natures diverses (cognitifs, communicatifs, logiques, etc.). Parmi les travaux appartenant à cette approche, on peut se référer, entre au-tres, à la Segmented Discourse Representation Theory (SDRT) de Asher (1993, 1995), la Rhetorical Structure Theory (RST) de Mann & Thompson(1986, 1988) et le modèle des primitives cognitives de Sanders et al. (1992). Pour la SDRT, la détermination des RD s’inscrit dans une perspective on-tologique dans laquelle les relations entre éventualités sont définies selon unelogique non monotone défaisable. La démarche de la logique non monotoneest de considérer que le texte narratif est caractérisé par la narration oul’ordre temporel, selon le principe non monotone qui veut que si deux consti-tuants se suivent dans un texte, narration est le cas, si le texte ne contient aucune indication particulière incompatible avec cette relation de discours (Asher et al. 1995, 22). Mais le principe de l’ordre temporel peut être annulépar d’autres principes permettant d’inférer par exemple les relations de miseen arrière plan ou l’élaboration avec lesquelles la narration n’est pas compa-tible.Dans la RST, la détermination des RD s’inscrit dans une perspectivefonctionnelle. Mann et Thompson proposent d’approcher la définition desrelations propositionnelles via l’identification des buts communicatifs qui émergent des unités textuelles connectées, notamment le nucleus et le satel-lite2. Cela signifie concrètement que les unités textuelles connectées doiventrépondre à un but communicatif précis que l’analyste ou le destinataire peutrécupérer. Ce point se justifie simplement en observant un discours tel queJ’ai faim. Allons au Fuji Gardens. La relation propositionnelle pour ce dis-cours correspond au but communicatif qui émerge de chaque unité textuelle : ainsi, le deuxième énoncé constitue une solution au problème posé par lepremier énoncé (Mann & Thompson 1986, 60). 2Pour Mann & Thompson (1988, 267), la distinction entre le nucleus et le satellite tient au faitqu’alors qu’une unité textuelle fonctionnant comme un satellite peut être supprimée sans quecela nuise à la cohérence du discours, la suppression d’une unité textuelle fonctionnant commeun nucleus rendrait le texte incohérent.

En ce qui concerne le modèle des primitives cognitives, Sanders et al.(1992) postulent que les relations de cohérence peuvent être décrites à partir de quatre primitives cognitives à savoir : a) l’opération basique qui permet de distinguer les connections fortes associées aux relations causales et les connexions faibles associées aux relations additives ; b) la source de cohé-rence qui permet de définir si une relation est sémantique ou pragmatique ; c) l’ordre des segments qui sert à décrire l’ordre dans lequel s’établit la relationde cohérence (ordre basique/ordre non basique) et enfin d) la polarité qui sertà distinguer la relation positive de la relation négative.Comme l’ont déjà souligné de nombreux auteurs (Knott & Dale 1994, Ba-teman & Rondhuis 1997, Moeschler 1998, 2000a, Rossari 2001), les paramè-

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tres ontologiques, communicatifs et cognitifs ne sont pas entièrement suffi-sants pour la détermination des RD. Nous ne développerons pas ici les argu-ments critiques avancés contre l’un ou l’autre paramètre utilisé par les appro-ches inférentielles. Nous aimerions plutôt nous attarder sur le sujet qui nousoccupe, à savoir le rôle attribué aux connecteurs par les approches inférentiel-les. 2.1.1. Les approches inférentielles et la perspective du connecteurfiltre-bouchonOn peut constater que quels que soient les paramètres adoptés dansl’interprétation des RD, les approches inférentielles que nous venons de pré-senter de façon sommaire ont toutes un point commun majeur : elles refusentd’accorder une place cruciale aux connecteurs. Le point de départ de leur réflexion est que les connecteurs ne sont pas indispensables dans la détermi-nation des RD. Certes on admet que les langues possèdent de façon généraledes mots capables de signifier les RD. Mais on s’empresse d’insister sur lefait que ces relations peuvent être, et sont en réalité, généralement inférablesindépendamment de toutes formes linguistiques susceptibles de signaler leurexistence.Pour les approches inférentielles, ce qui caractérise les connecteurs enpropre, ce n’est pas la fonction de construction des RD, mais plutôt la fonc-tion de filtre ou de bouchon. Cette fonction consiste fondamentalement à contraindre le choix des RD entre les segments. Dans cette perspective, le connecteur peut, lorsqu’il est présent dans le discours, soit laisser passer unerelation (filtre), soit la bloquer (bouchon), selon que cette dernière est compa-tible ou non avec le contenu informationnel du connecteur (Mann & Thomp-son 1986, 70-71 ; Sanders & al. 1992, 2-3 ; Asher & al. 1995, 36-38). Laconception des connecteurs comme filtre-bouchon est précisée dans cetteaffirmation de Mann & Thompson (1986, 71) :

« Our point is that it is the implicit relations which are important, with theconjunctions acting occasionally to constrain the range of possible relational pro-positions which can arise at a given point in a text. » Partant de la perspective du connecteur filtre-bouchon que nous venons de décrire, l’on pourrait être amené à penser que les connecteurs ne consti-tuent qu’un facteur subsidiaire et facultatif. En fait, une telle conception nousparaît trop forte et trop étroite. Nous posons que les connecteurs ont un inté-rêt beaucoup plus important que celui de filtre-bouchon que leur assignent les approches inférentielles. L’explicitation de cette hypothèse fera l’objet d’unediscussion au § 4.1. ; mais avant, nous aimerions présenter une autre concep-tion des connecteurs et des RD qui est complètement opposée à la conceptioninférentielle. Il s’agit de la conception linguistique des RD. 2.2. Les approches linguistiques des relations de discours : les rela-tions explicites et la perspective du connecteur clé-moteurPar contraste avec les approches inférentielles, les approches linguistiques posent qu’une description adéquate des RD ne peut être donnée que dans lecadre d’une théorie accordant un rôle clé aux connecteurs dans

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l’interprétation des discours. Ici, le connecteur est considéré comme le mo-teur ou la clé d’accès aux RD. En effet, les connecteurs sont perçus commemarquant des liens entre les propositions et se faisant, produisent les relations de diverses natures entre les contenus de ces propositions (cf. notamment Halliday & Hasan 1976, Martin 1983, 1992, Knott & Dale 1994, Mel’cuk etal. 1992, Rossari 2000). Parmi les travaux qui se rangent sous cette concep-tion, nous traiterons des travaux de Martin (1992) et Knott & Dale (1994). Dans les travaux de Martin (1992), la description systémique des rela-tions conjonctives est basée sur les instructions que donnent les connecteurs.Ainsi, la classification des relations conjonctives comprend quatre grandes familles : les relations additives, comparatives, temporelles et consécutives typifiées respectivement par les connecteurs besides (en plus), whereas (alorsque), after (après que) et because (parce que).La classification obtenue se caractérise par une répartition des connec-teurs autour de deux principaux systèmes d’oppositions : l’opposition relation paratactiques/relations hypotactiques et l’opposition relations inter-nes/relations externes. Martin introduit par exemple, dans le cadre del’opposition relations internes/relations externes, une distinction entre les connecteurs internes, encodant les relations internes et les connecteurs exter-nes, encodant les relations externes3. Ainsi pour une relation temporelle, la 3La distinction entre relations internes et relations externes sur la base de la distinction entreconnecteurs internes et connecteurs externes est également adoptée par Mel’cuk et al. (1992). lecture interne sera typifiée par les connecteurs premièrement, deuxièmementet la lecture externe sera typifiée par et puis (Martin 1992, 82. Nous tradui-sons) : (1)Lecture interne : Ben n’était pas prêt. Premièrement il n’avait pas étudié ; et deuxiè-mement, il était resté éveillé toute la nuit. (2)Lecture externe : Ben est entré et puis il a bu une boisson.Comme Martin, Knott & Dale (1994) accordent un rôle central aux con-necteurs dans la détermination des RD. Leur hypothèse de base est que si laconstruction et l’interprétation d’un texte par les locuteurs d’une langue don-née fait intervenir un ensemble de relations, il est probable que cette langue manifeste des formes linguistiques permettant de signaler explicitement cesrelations (Knott & Dale 1992, 44). Cette hypothèse permet à Knott et Dale deproposer un modèle dans lequel les connecteurs sont conçus comme une base empirique (evidence) permettant de déterminer la typologie des RD. Cela dit, Martin et Knott & Dale divergent sur la méthodologie adoptée pour la taxi-nomie des connecteurs et des RD. Contrairement à Martin (1992), dont laclassification repose, comme nous l’avons vu, sur deux systèmes d’opposition, Knott et Dale, eux, envisagent une classification basée sur cequ’il est convenu d’appeler le principe de substitution. Ce principe permet de

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distinguer quatre catégories de relations de substitution entre deux marqueurs X et Y : X et Y peuvent entretenir des relations 1) de synonymie (plus tard/bien après) ; 2) d’exclusivité, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas inter-subsumables (tout d’abord/ensuite) ; 3) X peut être hyperonyme de Y(et/mais) ; et enfin X et Y peuvent être contingentement substituables (à partirdu fait que/ainsi).La conception des connecteurs comme moteur ou clé d’accès aux RD nenous paraît pas non plus satisfaisante. On peut lui reprocher tout à la fois depostuler une systématicité mécanique entre le sens des connecteurs et celui des RD et son incapacité à rendre compte des limites d’une telle systématici-té, dans un monde où la communication n’est pas toujours régi par le principede conventionalité, selon la terminologie de Lehrer (1990). Le constat des résultats partiels auxquels aboutissent les approches de lasémantique du discours dans la problématique des connecteurs et des RDsouligne la nécessité, pour progresser dans la réflexion, de changer d’horizonen proposant une approche différente. Il s’agit de répondre à deux questions fondamentales : soutiennent que les relations objectives/externes sont marquées par des lexies descriptives etcommunicatives du type de parce que, quand, pour que, tandis que les relations logi-ques/internes sont marquées par des lexies non descriptives et signalatives du type de car, puis-que, en réalité, en fait etc.

1. Si les paramètres exclusivement cognitifs, ontologiques, communica-tifs et linguistiques ne suffisent pas à rendre compte de la complexitédes RD, sur quels facteurs doit-on fonder leur interprétation ?2. Comment doit-on trouver un équilibre entre les deux positions extrê-mes de la sémantique du discours sur le rôle des connecteurs dansl’interprétation des RD ?Nous allons développer dans la suite de cet article, des propositions qui devraient nous permettre de répondre à ces deux questions.3. Pour une autre approche des connecteurs et des relationsde discours 3.1. Principes généraux pour l’interprétation des relations discoursLa question relative aux facteurs sur lesquels doit se fonder l’interprétationdes RD a reçu une réponse adéquate et plausible dans le cadre du MID (Mo-dèle des Inférences Directionnelles, cf. Moeschler 1998, 2000a, 2000b) et de la TRM (Théorie des Représentations Mentales, cf. Reboul et al. 1997, 2000), mais aussi à travers les propositions de Blass (1990, 1993). Nous adopterons les propositions de ces auteurs comme principes généraux dans le traitement des RD. Sans entrer ici dans le détail, nous résumerons ces principes géné-raux en deux points.D’abord, nous voudrions décrire les RD en prenant comme point de dé-part le principe de pertinence4(Sperber & Wilson 1989), dont on peut penser

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qu’il constitue un principe de communication général et rationnel que laplupart des êtres humains ont en commun. Le principe de pertinence est une pièce maîtresse de l’architecture des discours en ce sens qu’il nous paraît indispensable pour une interprétation et une représentation efficace des RD. Il implique que chaque RD soit sélectionnée pour des raisons de consistanceavec le principe de pertinence, i.e. par rapport aux intentions informatives et communicatives du locuteur (Moeschler 2000a). La conception d’un lien entre les RD et le principe de pertinence remonteau livre de Blass (1990) intitulé Relevance relations in discourse. Plutôt quede réduire la compréhension du discours sur la détermination des relations decohérence entre les phrases, comme le font les approches sémantiques, Blass pose que le processus d’interprétation du discours est basé sur la reconnais-sance des relations de pertinence entre les informations linguistiques et les informations non linguistiques. 4Le principe de pertinence stipule que chaque énoncé communique la présomption de sa propre pertinence optimale.

En plus du principe de pertinence, l’approche que nous adoptons prend encompte, et distingue les informations conceptuelles, procédurales et contex-tuelles, conformément aux propositions du MID et de la TRM. Ainsi, le cal-cul des RD est basé sur la combinaison des trois types d’informations dont lefonctionnement repose sur un ensemble de principes de hiérarchisation quel’on peut résumer de la manière suivante :Principe A. L’information contextuelle est plus forte que l’information linguistique.Principe B. L’information procédurale est plus forte que l’information conceptuelle.Principe C. L’information procédurale propositionnelle (connecteur) est plus forte que l’information procédurale morphologique (temps verbaux).Le principe de pertinence, doublé de la combinaison des informationslinguistiques et non-linguistiques permet, nous semble-t-il, de pallier aux écueils des facteurs de nature exclusivement logique, cognitive, communica-tive ou linguistique adoptés par les courants de la sémantique du discours etpartant, de donner une réponse intéressante à la question des RD. Dans cet article, nous ne développerons pas le format général de description des RD, essentiellement pour des raisons de place. Mais pour plus de détails sur ceformat, nous renvoyons le lecteur à Moeschler (1998, 2000a, 2000b). Nousproposons par contre de présenter dans le détail notre version du rôle desconnecteurs dans un tel format. 3.2. Le rôle des connecteurs dans le calcul des relations de dis-cours Nous voudrions proposer une version nouvelle du rôle des connecteurs dansl’interprétation des RD. Cette version est basée sur les relations temporelles interprétables en termes d’antériorité, de postériorité ou de simultanéité.Notre démarche consiste à calculer ces relations en termes d’inférences direc-tionnelles. Nous essayerons d’illustrer notre propos à travers trois connec-

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teurs particuliers, notamment quand, encore et aussi.Dans le Modèle des Inférences Directionnelles (MID), on distingue quatre types d’inférences directionnelles : l’inférence en avant [IAV], qui impliquela relation de séquentialité stricte ou contiguë ; l’inférence englobante [IE],qui exprime la relation de recouvrement total ou partiel et la relation de co-occurrence ; l’inférence en arrière [IAR], qui indique la régression tempo-relle ; et enfin l’inférence statique [IS], qui manifeste l’indétermination tem-porelle entre les événements (pour plus de détails voir Moeschler 1998, 2000a, 2000b, 2001). 4. Fonction subsidiaire/fonction suffisante vs fonction néces-saire de pertinenceNous avons vu plus haut que les rôles de filtre-bouchon ou de clé-moteur

assignés aux connecteurs par les approches de la sémantique du discoursaboutissaient à des résultats insatisfaisants. Pour éviter les écueils que présen-tent ces approches, il convient d’opérer un renversement total de la probléma-tique, en abandonnant l’idée d’une fonction subsidiaire ou suffisante desconnecteurs dans l’interprétation des RD. Le problème est donc de réconci-lier fonction subsidiaire et fonction suffisante et, pour ce faire, nous allons défendre l’idée que les connecteurs ont simplement une fonction nécessaire dans l’interprétation des RD. Cette fonction est une fonction de pertinence, conformément aux analyses proposées dans le cadre de la théorie de la perti-nence par Blakemore (1987, 2000), Moeschler & Reboul (1998), Moeschler(2001) et Lucher (1994). Postuler que les connecteurs n’ont ni une fonction subsidiaire, ni unefonction suffisante, mais plutôt une fonction nécessaire de pertinence dans ladétermination des RD revient à émettre deux types d’hypothèses théoriques essentielles. • D’une part, on pose que les connecteurs sont indispensables pour in-diquer de manière spécifique et déterminée dans quelle direction lapertinence des RD doit être envisagée, car les facteurs indépendantsde nature cognitive, communicative ou ontologique sont insuffisants(voir aussi Blakemore 1987, 2000, Moeschler & Reboul 1998, Moes-chler 2001). Mais on remarquera qu’un tel caractère indispensable durôle des connecteurs n’est en aucun cas absolu : en effet, il ne s’agitpas de nier l’existence des connexions implicites évidentes comme laconnexion causale qui existe dans Jean poussa Marie. Elle tomba,et à propos desquelles les connecteurs ne sont pas indispensables. Il s’agit au contraire de mettre en exergue les contraintes linguistiques et co-gnitives qu’imposent les connecteurs dans l’interprétation de certainesRD.• D’autre part, on pose que les connecteurs ne sont pas suffisants, à euxtous seuls, pour permettre de déterminer de manière efficace les RD,

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car les RD constituent un phénomène complexe dont la descriptionnécessite la prise en compte d’autres facteurs, notamment les facteurs non-linguistiques (Moeschler 1998, Blass 1993, Carston 1993, Lucher 1994). Considérons tour à tour les implications de chacune de ces deux hypothè-ses. 4.1. Fonction nécessaire de pertinence : la validité de l’hypothèsesur le caractère indispensable des connecteursDifférentes approches ont mis en évidence la fonction nécessaire des connec-teurs — conçue comme une fonction indispensable — dans la détermination des RD. Dans la littérature, cette fonction a été justifiée aussi bien en termespurement linguistiques qu’en termes pragmatico-cognitifs.4.1.1. Les justifications linguistiquesElles se sont essentiellement intéressées à l’existence des RD qui ne peuvent être accessibles que par le biais des connecteurs. Dans un livre récent, Rossa-ri (2001) a utilisé cette idée pour argumenter contre une analyse exclusive-ment implicite des RD. Elle a démontré que les relations de rétro-interprétation ne peuvent être accessibles que par le biais d’un connecteur comme de toutes façons (Rossari 2001, 32, 83-94).Reprenant cette hypothèse à notre propre compte, nous aimerions montrer que l’analyse des connecteurs anaphoriques constitue une autre source impor-tante de données linguistiques attestant le caractère indispensable des connec-teurs dans l’interprétation de certaines RD. Nous faisons l’hypothèse que la catégorie de connecteurs comme aussi et encore est très souvent indispensa-ble pour instaurer les relations anaphoriques de type présuppositionnel (cf.Nølke 1993, Martin, 1978, Borillo 1983, 1980, Muller 1975) entre la phraseoù ils s’insèrent et une autre phrase qu’ils présupposent. Cette hypothèsenous permet d’expliquer la différence entre (3) et (4)-(5) dans les discourssuivants : (3)Le bébé pleure.(4)Le bébé pleure encore.(5)Le bébé pleure aussi. Tout ce que (3) dit, c’est qu’un bébé pleure. Or en (4) et (5), l’ajout deencore et aussi instaure une relation anaphorique qui n’est pas accessible en (3) : (4) présuppose, dans l’acception durative de encore, que le bébé pleuraitavant le moment de l’énonciation et continue de pleurer. (5), quant à lui,présuppose qu’une autre personne que le bébé pleure également au mêmemoment que celui énoncé.Les relations anaphoriques instaurées par encore et aussi imposent, en cequi concerne les inférences directionnelles, une direction temporelle interpré-table en termes d’inférence englobante [IE] entre la phrase assertée sur la-quelle ils portent et la phrase préalable qu’ils présupposent, à ceci près que l’inférence englobante en (4) correspond à la relation de recouvrement total

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alors que l’inférence englobante en (5) correspond à la relation de concomi-tance dans laquelle les situations décrites par le posé et le présupposé se pro-duisent en même temps.4.1.2. Les justifications pragmatico-cognitives Proposées dans le sillage des travaux dits de «pragmatique de la pertinence », les justifications pragmatico-cognitives s’attèlent à montrer les effets del’usage des connecteurs (cf. Blakemore 1987, 2000, Moeschler & Reboul1998, Moeschler 2001). Les effets cognitifs des connecteurs consistent, comme l’indique bien la partie (c) de la définition des connecteurs donnée dans Reboul & Moeschler (1998, 77), à « imposer de tirer de la connexiondiscursive des conclusions qui ne seraient pas tirées en leur absence ».Les implications de cette hypothèse peuvent être attestées à travers l’opposition entre (6) et (7) :(6)Jean poussa Marie. Elle tomba.(7)Bill écrivit un roman. John construisit un bateau à voile. On a ici affaire à deux types de connexions implicites. Le point crucial est que dans (6), la relation causale et temporelle dénotée par l’énoncé n’a pasbesoin d’un connecteur pour s’exprimer. Elle s’exprime à travers les informa-tions conceptuelles fournies par l’énoncé ou encore en termes de paramètres communicatifs, ontologiques ou cognitifs, si l’on veut établir un parallèle avec l’interprétation dite « inférentielle » des approches de la sémantique dudiscours. L’interprétation de (7) n’est, par contre, pas possible sans connec-teur. En l’absence d’un contexte habituel et d’un schéma causal inférableentre les événements (la construction d’un bateau à voile ne peut pas être unecause suffisante pour provoquer l’écriture d’un roman), on aboutit à une relation d’indétermination temporelle dans laquelle aucun ordre n’est possi-ble entre les événements. En effet, (7) peut donner lieu à deux interpréta-tions disjointes : ou bien on infère une relation de séquentialité stricte [IAV]dans laquelle la construction succède l’écriture, ou bien on infère la relation de simultanéité [IE] dans son acception de l’incidence-occurrence où les événements se produisent en même temps. Laquelle des deux relations fau-drait-il considérer comme la plus pertinente ? C’est ici qu’intervient alors le rôle nécessaire de pertinence des connecteurs que nous défendons : il consis-terait, dans ce cas précis, à exercer la contrainte sur l’explicitation de l’une oul’autre des deux relations suivant l’intention communicative du locuteur. Si lelocuteur a voulu communiquer que l’événement John construisit un bateau àvoile succède temporellement à l’événement Bill écrivit un roman, un connecteur temporel de type après/après que, avant que, ensuite, puis serait indispensable pour rendre compte de la pertinence de cette relation : (8)John construisit un bateau à voile après que Bill écrivit un roman. Si par contre, c’est la relation de simultanéité que le locuteur a voulucommuniquer, c’est un connecteur manifestant la simultanéité comme quand, lorsque, pendant que qui serait indispensable dans la détermination de la

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relation : (9)Pendant que Bill écrivit un roman, John construisit un bateau à voile.

4.2. Fonction nécessaire de pertinence : la validité de l’hypothèsesur les difficultés liées à la fonction nécessaire et suffisante des con-necteursSi nous sommes d’accord pour reconnaître, selon le raisonnement que nous venons de développer, que les connecteurs exercent des contraintes linguisti-ques et cognitives sur l’interprétation des RD, en revanche, l’idée d’envisager une fonction nécessaire et suffisante des connecteurs conformément aux approches linguistiques représentées par les auteurs comme Martin ou Knott et Dale n’emporte pas notre adhésion. Voici pourquoi : 1. Le fait signalé par Rossari (2001), repris et développé dans Pekba (enpréparation), qu’il existe des RD dont les concepts n’ont pas deconnecteurs spécifiques correspondants, capables de les typifier. Onpeut citer entre autres, les relations de résultat souhaité, de solution etd’évidence développées par Mann & Thompson (1986, 1988), les rela-tions de préalable de commentaire et de clarification développées par l’approche modulaire de Roulet et al. (1985, 2001) ainsi que les rela-tions d’élaboration et d’arrière plan introduites par la SDRT de Asher et al. (1993, 1995) pour lesquelles il n’existe apparemment pas dans lalangue, du moins en ce qui concerne le français et l’anglais, deconnecteurs appropriés correspondants. L’impossibilité d’envisager unconnecteur susceptible de typifier ces relations est par exemple perti-nente pour l’énoncé (10) manifestant la relation d’élaboration : (10) Nicholas vola jusqu'à Toulouse. Il survola de gros icebergs. (Asher & al. 1995) 2. L’idée de la fonction nécessaire et suffisante des connecteurs soulève une question importante, qui est celle de la portée profonde de la ca-ractérisation exclusive des RD à partir des connecteurs : le recours à lataxinomie des connecteurs suffit-il à définir la typologie des RD ?Remarquons, tout d’abord, que l’idée selon laquelle les connecteurs re-présentent l’unique dispositif du système taxinomique des RD suppose une systématicité absolue, sinon maximale, de la corrélation entre le sens desconnecteurs et le sens des RD. Une telle systématicité enjoint au locuteur d’adhérer à une vision de la communication basée sur le principe de conven-tionalité5(Lehrer 1990) ou le principe-Q6(Horn 1984), c’est-à-dire que les locuteurs doivent toujours utiliser les connecteurs explicites, ceux dont le sens correspond de manière directe à la nature des RD. Pourtant, il faut re-marquer, et c’est un point important, que les locuteurs ont généralement ten-5Le principe de conventionnlité commande que les mots que l’on utilise dans la communication

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revêtent leur signification ordinaire.6Le principe-Q postule que l’effort de traitement de l’information par l’interlocuteur est facilitési toute l’information est explicitement décrite dans le discours.dance à communiquer de manière non conventionnelle (Grice 1979, Sperber & Wilson 1989), c’est-à-dire qu’ils ont tendance à choisir les connecteurs les plus généraux dénotant une pluralité de sens pour exprimer les RD. Une fois admis que la communication non conventionnelle est la formenon marquée de la communication, on pourra alors se demander quelle légi-timité il peut encore y avoir à établir une systématicité des rapports entre connecteurs et RD. Corollairement, on remarquera que toute la difficultéd’une description des RD fondée exclusivement sur les instructions données par les connecteurs est justement de pouvoir maintenir une équivalence mé-canique entre les propriétés non conventionnelles, essentiellement variables des connecteurs et les concepts stables dénotant les RD. Nous allons essayer de démontrer l’ampleur de cette difficulté en détails. Les connecteurs quand,aussi et encore nous permettront d’expliciter notre démarche. Mais avant, une définition préalable des valeurs temporelles intrinsèques de ces connec-teurs nous semble nécessaire.4.2.1. La détermination des valeurs temporelles conventionnelles dequand, encore et aussiQuand Son sens général de base lui permet d’établir une relation temporelle interpré-table en termes de simultanéité. Mais on remarquera que la notion de simul-tanéité est ici très élastique, puisqu’elle s’étend sur un continuum de valeurs temporelles dont les champs sémantiques se chevauchent (Borillo 1983, Hei-nämäki 1974). Ainsi, quand peut, au gré des contraintes syntaxiques et aspec-tuelles, correspondre à l’inférence en avant [IAV], représentant la relation d’antériorité-occurrence ou à l’inférence englobante [IE] représentant respec-tivement la relation d’incidence-occurrence et les relations de recouvrement total ou partiel. Ces différentes modulations de la relation de simultanéitéintroduite par quand sont illustrées respectivement par les discours (11) à(14), tirés de Borillo (1988, 72-73) : (11) Quand la salle fut vide, on ferma les portes.(12) Quand il entra, tous les regards se tournèrent vers lui. (13) Quand j’étais jeune, j’étais sportif. (14) Quand il traversa le pont, le soleil se couchait.Encore La valeur temporelle de encore revêt deux acceptions : encore peut signifier la continuité ou la persistance d’une action ou d’un état au moment considé-ré. Il peut aussi marquer la répétition d’une action (Martin 1980, Muller 1975). Dans son acception de continuité, encore introduit l’inférence englo-bante [IE] pouvant alors correspondre à une relation de recouvrement commeen (15) ou à une relation d’élaboration comme en (16) : (15) Le bébé pleure encore. (16) Elise marcha jusqu’à la rivière, elle marcha encore quelques kilomètres avant

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d’arriver au village. Dans son acception de répétition, encore instaure l’inférence en avant[IAV] correspondant à la séquentialité stricte ou contiguë : (17) On me fit encore le coup cinq ou six fois. (Giono, cité par Victorri & Fuchs 1992, 138).Aussi Comme encore, aussi contient également deux valeurs temporelles, la valeur d’adjonction qui correspond soit à l’inférence en avant [IAV] comme en (18), soit à l’inférence englobante [IE] comme en (19) : (18) Marie a lu deux livres cette année. Elle a lu le Temps des Evénements, elle a aussi lu laPertinence. (19) Elise dort, Thérèse aussi. et la valeur consécutive qui marque l’inférence en avant [IAV] correspondant à la relation de résultat ou de conséquence : (20) Thérèse est très timide, aussi elle évite les rencontres. 4.2.2. Les limites de la systématicité du phénomène de concordanceentre le sens des connecteurs et la nature des relations de discoursLes limites de l’équivalence mécanique entre le sens des connecteurs et celui des RD peuvent être attestées par un certain nombre de données empiriques parmi lesquels on peut mentionner, entre autres, le phénomène de la sous-spécification des connecteurs et des RD et le phénomène des connecteurs caméléons qui peuvent donner lieu à des valeurs disjointes dans un mêmediscours. 4.2.2.1 Le phénomène de la sous-spécification des connecteurs et des RD : connecteurs temporels et relations causalesLorsqu’un locuteur interprète les discours comme (21) et (22), il réussit géné-ralement à établir, malgré l’absence d’un connecteur causal comme parce que, une relation causale entre les événements décrits et non une relationstrictement temporelle comme on devrait s’y attendre : (21) Mes robes se sont froissées quand elles ont été entassées dans l’armoire par Elise.(22) Thérèse a arrêté de fumer. Elise a arrêté de fumer aussi. La prise en compte de l’expression des relations causales par les connec-teurs temporels conduit à la notion de sous-spécification des connecteurs etdes RD : on parle de sous-spécification pour une RD donnée lorsque la sé-mantique de la RD induite par le connecteur ne correspond pas au sens

conventionnel de ce connecteur (Spooren 1997, 150). Ce phénomène semble être un point de passage obligé dans la mesure où selon un point de vue déjà mentionné, les RD ne sont pas toujours prédictibles à partir du sens conven-tionnel des connecteurs. Ainsi, le fait que (21) débouche sur le discours cau-sal du type de (23) et non simplement sur le discours temporel en (24) nepeut pas être expliqué par la sémantique qui établit pour quand une relationtemporelle interprétable en termes de simultanéité [IE] (Borillo 1988, Hei-nämäki 1974, Henman 1989 ) :(23) Mes robes se sont froissées parce qu’elles ont été entassées dans l’armoire par Elise.(24) Mes robes se sont froissées au même moment où elles ont été entassées dans l’armoire

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par Elise.De même, une stricte description de la sémantique temporelle de aussi ad-jonctif en (22) aurait permis d’exprimer la relation de simultanéité ou la rela-tion de séquentialité comme le montrent les paraphrases (25) et (26) et non larelation causale paraphrasable par (27) : (25) Thérèse et Elise ont arrêté de fumer.(26) Elise a arrêté de fumer après que Thérèse a arrêté de fumer.(27) Elise a arrêté de fumer parce que Thérèse a arrêté de fumer.On voit donc que les relations causales exprimées en (21) et (22) ne sont pas encodées dans la signification conventionnelle de quand et aussi. Cetteobservation nous amène à poser une question essentielle : pourquoi le locu-teur choisit-il de se servir de quand et aussi pour communiquer la causalitéalors même que la langue offre un connecteur approprié comme parce quepour exprimer directement la causalité ? Deux arguments peuvent être avan-cés pour expliquer de tels choix. Selon Spooren (1997, 156), le recours à la sous-spécification serait fondé sur l’hypothèse que les locuteurs adhèrent au principe-R7et non au principe-Q. En d’autres termes, la sous-spécification serait la conséquence de ce que Horn (1984) appelle le principe de l’économie du locuteur, au sens où elleserait moins coûteuse en termes d’efforts cognitifs. Il est vrai que le principede l’économie du locuteur peut s’exercer dans des situations où le locuteur n’a pas à sa disposition un répertoire d’expressions linguistiques lui permet-tant d’exprimer de manière explicite ses intentions (Moeschler 2001). C’est le cas par exemple des jeunes enfants et des adultes apprenant une langue maternelle ou une langue étrangère, qui ont tendance, par manque de maîtrisede la grammaire de la langue qu’ils apprennent, à utiliser les connecteurs 7Le principe-R stipule que l’effort de communication de l’information par le locuteur est facilités’il peut exprimer une multitude de sens à partir d’un nombre limité de formes linguistiques(Horn, 1984).généraux qui ne correspondent pas systématiquement aux relations qu’ils ont l’intention de communiquer (Spooren 1997). Toutefois, Pour notre part, ce point de vue n’explique que très partielle-ment le phénomène de la sous-spécification. Nous pensons, par contrasteavec l’hypothèse de Spooren, que la sous-spécification n’implique pas systé-matiquement la recherche de l’économie de la part du locuteur. Nous posons qu’il y a une raison pragmatique de la recherche optimale de pertinence qui justifie l’envie de recourir à la sous-spécification (Moeschler 2001, Blass1993, Sperber & Wilson 1990). En l’occurrence, pour un adulte qui maîtriseparfaitement la grammaire d’une langue, le recours à la sous-spécification nesaurait être dicté par la recherche de l’économie, car dans ce cas précis, la sous-spécification serait de beaucoup plus coûteuse en termes d’efforts co-gnitifs que la spécification : en effet, si un locuteur qui maîtrise bien la gram-maire de la langue refuse d’utiliser un connecteur spécifique, c’est parce qu’il

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juge que ce dernier ne lui permet pas d’exprimer ses intentions avec justesse. Il est donc obligé de faire des efforts supplémentaires pour sélectionner unautre connecteur capable de communiquer ses intentions profondes. Mais si les efforts imposés par le recours à la sous-spécification sont plus coûteux, ils produisent en retour beaucoup plus d’effets. Ainsi, l’emploi de quand et aussien lieu et place de parce que illustré par les oppositions en (28) et (29) per-met de bien mesurer la différence de potentiel de pertinence entre les couples quand/parce que et aussi/parce que : (28) a. Mes robes se sont froissées quand elles ont été entassées dans l’armoire par Elise.b. Mes robes se sont froissées parce qu’elles ont été entassées dans l’armoire par Elise.(29) c. Thérèse a arrêté de fumer. Elise a arrêté de fumer aussi. d. Elise a arrêté de fumer parce que Thérèse a arrêté de fumer.Quand vs parce queNous opposons la relation causale exprimée par parce que à la relation cau-sale exprimée par quand en posant que parce que se limite à indiquer la cau-salité de façon vague. En effet, tout ce que parce que permet d’évoquer en (28b), c’est que c’est le fait d’avoir entassé les robes qui a provoqué le faitque les robes sont froissées. L’idée que nous aimerions défendre est queparce que ne livre aucune précision interne sur la manière dont s’opère le mécanisme de la causalité. Par exemple, (28b) serait parfaitement compatible à la fois avec la lecture causale directe8qui implique que l’effet, à savoir le fait que les robes sont froissées est le résultat du processus d’entassement (relation de séquentialité contiguë), et avec la lecture causale indirecte qui 8L’opposition entre relation causale directe et relation causale indirecte est proche des notions decausalié au sens fort et causalité au sens faible introduites par Moeschler (2003). Voir aussi Schank (1975) pour une opposition similaire entre la result causation et la reason causation.laisse supposer que le fait que les robes sont froissées est le résultat d’un étatd’entassement plus ou moins long des robes dans l’armoire (relation de sé-quentialité stricte). Les deux lectures étant respectivement paraphrasables par (30) et (31) : (30) Mes robes se sont froissées pendant qu’Elise les entassait dans l’armoire. (31) Mes robes se sont froissées après qu’elles sont restées entassées dans l’armoire.Contrairement à parce que, quand impose une contrainte forte sur l’explicitation de la causalité, ce qui permet d’obtenir une causalité dont les mécanismes internes sont beaucoup plus précis. Ainsi, l’utilisation de quand impose, dans l’exemple (28a), de tirer la conclusion selon laquelle le fait queles robes sont froissées s’est produit pendant le processus d’entassement etnon après, conclusion qui n’aurait pas été univoquement accessible avecparce que. Aussi vs parce queDans le cas des discours en (29) on notera qu’il existe une similitude de fonc-tionnement entre aussi et parce que, en ce sens que, comme parce que, aussiest compatible aussi bien avec la lecture causale directe qu’avec la lecture

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causale indirecte. La lecture causale directe supposerait que la décisiond’arrêter de fumer de Thérèse a un effet d’immédiateté sur la décision d’arrêter de fumer d’Elise, tandis que la lecture causale indirecte laisseraitentrevoir une chaîne causale arbitrairement longue entre les deux événe-ments. Les deux lectures peuvent être paraphrasées par (32) et (33) : (32) Elise a arrêté de fumer juste après que Thérèse a arrêté de fumer.(33) Elise a arrêté de fumer alors que Thérèse avait réussi à ne plus fumer depuis un an.Cependant, au-delà des analogies que nous venons d’observer, il est inté-ressant de signaler que aussi et parce que ont des différences profondes quise manifestent en particulier dans les effets contextuels produits par aussi. Eneffet, aussi semble produire beaucoup plus d’effets contextuels que parce que : non seulement aussi permet de conclure, comme parce que, que c’est lefait que Thérèse a arrêté de fumer qui a provoqué le fait qu’Elise a arrêté de fumer, mais encore, ce connecteur permet de construire d’autres explicita-tions causales qu’il n’aurait pas été possible de construire avec parce que. Onpourrait considérer que dans (29a) aussi suggère, entre autres, la constructiondes explicitations (i) et (ii) que l’on peut formuler de la façon suivante : (29a) Thérèse a arrêté de fumer. Elise a arrêté de fumer aussi. i. Elise a arrêté de fumer par simple esprit d’imitation : Thérèse a arrêté de fumer etElise a voulu faire comme elle.ii. Elise a arrêté de fumer par esprit de compétition : Elise voulait prouver que si Thé-rèse peut arrêter de fumer, elle est capable de faire autant.Le traitement des oppositions quand vs parce que et aussi vs parce queappelle quelques remarques. D’abord, il nous apparaît que le fonctionnement de la causalité exprimée par quand impose des contraintes particulières qu’on ne retrouve pas dans le fonctionnement de la causalité induite par parce queet aussi adjonctif : la relation causale introduite par quand, que nous dési-gnons comme une relation causale directe, fait naître, selon nous, une con-trainte supplémentaire sur le séquencement et l’intervalle temporel entre lesévénements. Les événements reliés causalement par quand devraient entrete-nir une relation de séquentialité contiguë, et l’intervalle qui les sépare devrait être réduit de façon plus drastique que pour parce que et aussi. Une séquen-tialité stricte et un intervalle étendu ne suffiraient pas, en revanche, à assurer la relation causale entre les événements, comme le montre l’exemple (34) : (34) ?? Mes robes se sont froissées quand elles sont restées entassées dans l’armoire.On retiendra également comme fait essentiel de toutes les considérationsqui précèdent qu’un locuteur qui maîtrise bien la grammaire de la languechoisira quand ou aussi en lieu et place de parce que non pas pour des rai-sons économiques, mais plutôt parce qu’il est influencé par la recherche de pertinence optimale, c’est-à-dire s’il a l’intention de produire une interpréta-tion causale plus précise que celle qu’exprime parce que ou s’il veut produiredes effets contextuels différents de ceux que produirait l’utilisation de parce que. 4.2.2.2. Le phénomène des connecteurs caméléons : le problème des rela-tions disjointes introduites par un même connecteur Nous commenterons maintenant le deuxième phénomène permettant

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d’attester les limites de la systématicité des rapports entre le sens des connec-teurs et la nature des RD. Il fait intervenir non pas une dissymétrie entre le sens conventionnel du connecteur et celui de la RD comme le phénomène de la sous-spécification, mais une dissymétrie entre deux RD disjointes, mutuel-lement exclusives, introduites simultanément par un même connecteur. Cephénomène nous permet de proposer une caractérisation des connecteurs quenous appellerons connecteurs caméléons. Nous définissons le connecteurcaméléon comme un connecteur qui est capable de se décomposer en deux significations disjointes, de telle sorte que les RD qu’il introduit sont mutuel-lement exclusives. L’observation qui nous a permis de repérer ce genre de phénomène est par exemple l’emploi de encore et de quand dans les énoncés comme (35) et (36) :(35) Il a encore les quatre as. (Giono, cité par Fuchs 1997, 130) (36) Quand les Smiths firent une fête, ils invitèrent tous leurs amis. (Hinrichs 1982, 75) Dans les deux discours, les connecteurs quand et encore renvoient à deuxtypes de RD mutuellement exclusives mais tout à fait acceptables : en (35) encore introduit simultanément la lecture durative [IE] et la lecture répétitive[IAV]. Selon les analyses proposées par Fuchs (1997, 130), la lecture dura-tive signifierait que la personne dont il est question a toujours en main, au cours d’une partie de cartes, les quatre as qu’il avait déjà au début de cette même partie ; à l’opposé, la lecture répétitive signifierait qu’il vient une fois de plus de recevoir les quatre as, lors de la distribution de cartes introduisant une nouvelle partie.En (36), la même configuration intervient. Ici, quand semble se décompo-ser en deux types de simultanéité, la relation d’antériorité-occurrence [IAV] et la relation de recouvrement total [IE], selon que l’invitation est considéréecomme une phase préparatoire qui fait partie de l’organisation de la fête (Sandström 1993) ou comme un événement distinct qui intervient juste avant celle-ci (Hinrichs 1982, Partee 1975). On voit donc, de tout ce qui précède, que les difficultés engendrées par les exemples (35) et (36) rendent hypothétique tout fondement exclusif des RDsur les instructions que donnent les connecteurs. Le constat de cette difficulté invite à tenir compte d’autres facteurs, notamment les informations non-linguistiques dans la détermination des RD. La prise en considération de telles informations permettrait d’échapper à l’emprise de l’ambiguïté, carac-téristique des connecteurs caméléons. Par exemple, pour un discours comme(36), l’ajout d’informations contextuelles supplémentaires permettrait delever l’ambiguïté engendrée par quand. On obtiendrait ainsi l’une ou l’autre des relations suivantes : •Relation d’antériorité-occurrence [IAV] : quand les Smiths firent une fête, ils invitèrent tous leurs amis ; ils leur envoyèrent les cartesd’invitation deux semaines avant la fête. •Relation de recouvrement total [IE] : quand les Smiths firent une fête, ils invitèrent tous leurs amis ; cette partie de l’organisation de la fête fut

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plus difficile que la planification de la salle et des repas. 5.Bilan de l’étudeDans le cadre d’une étude sur les connecteurs et les relations de discours, l’objectif de cette contribution a été de marquer l’importance d’une approche consensuelle du rôle des connecteurs qui traverserait les différentes étiquettesconceptuelles élaborées par les construits théoriques divers. Cette tentative nous a conduit à poser deux hypothèses énonçant d’une part que les connec-teurs ne sont pas un facteur subsidiaire, mais qu’ils peuvent plutôt être par-fois indispensables dans l’interprétation des RD ; et d’autre part, qu’un phé-nomène aussi complexe que les RD ne peut pas être caractérisé comme lerésultat des seules procédures taxinomiques qui auraient pour finalité d’adjoindre de façon stable et univoque un connecteur précis à une RD fixe. Ces hypothèses nous ont permis d’éclaircir de façon intéressante, à travers leModèle des Inférences Directionnelles, des questions importantes telles que

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