maladie de carrington : à propos d’un cas clinique

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4 D. Sandron en regard du ventricule droit à l’origine de ce tableau. L’évolution était favorable après une décortication péricardique. L’histologie révélait une fibrose péricardique pour laquelle le bilan étiologique était négatif. Nous discutons à partir de ce cas, dont la démarche diagnostique fut complexe, le problème du liquide pleural exsuda- tif dans l’insuffisance cardiaque, et les explorations actuelles du péricarde. doi:10.1016/j.rmr.2011.09.015 7 Maladie de Carrington : à propos d’un cas clinique M. Belli , L. du Couëdic , C. Marty , A. Trehony , C. Robin , N. Sallet , D. Sandron Service de pneumologie-oncologie-allergologie, centre hospitalier de Saint-Nazaire, Saint-Nazaire, France Introduction.— La maladie de Carrington ou pneumopathie chro- nique idiopathique à éosinophiles est une maladie rare qui s’accompagne, dans 10 % de cas environ, d’une profonde altération de l’état général. Dans la démarche diagnostique d’une pneumopa- thie à éosinophiles la présence d’une AEG sévère est plus souvent évocatrice d’un syndrome de Churg et Strauss. Observation.— Nous présentons le cas d’une femme non fumeuse âgée de 68 ans, sans antécédent, adressée pour profonde alté- ration de l’état général évoluant depuis 6 mois. Elle présentait également une toux chronique et une fièvre fluctuante. Sur plu- sieurs bilans sanguins effectués depuis 3 mois on retrouve une hyper éosinophilie sanguine supérieure a 2300/mm 3 . La radiogra- phie pulmonaire mettait en évidence des infiltrats pulmonaires périphériques. Le scanner thoracique trouvait des condensations alvéolaires bilatérales de topologie très périphérique, prédomi- nant aux apex. Le pourcentage des éosinophiles dans le LBA est à 60 %. La profondeur de l’AEG a fait discuter un syndrome de Churg et Strauss finalement écarté devant l’absence d’asthme, de sinusite, de neuropathie ou d’autre atteinte extra pulmonaire. Le dosage d’ANCA était négatif. Toutes les causes de pneumopathie à éosinophiles ont été écartées, notamment infectieuses (parasitoses, tuberculose), médicamen- teuses, toxiques, allergiques (ABPA) et autres (pneumopathie aiguë à éosinophiles, syndrome hyperéosinophilique idiopathique). Le diagnostic de maladie de Carrington ou pneumopathie chronique idiopathique à éosinophiles a été retenu. Une corticothérapie a été instituée, avec une très bonne réponse clinique, biologique et radiologique. Discussion.— Nous présentons un cas typique de maladie de Carring- ton correspondant à une infiltration périphérique du parenchyme pulmonaire par des polynucléaires éosinophiles, sans cause défi- nie. Le diagnostic différentiel avec l’asthme hyperéosinophilique et le syndrome de Churg et Strauss est parfois plus difficile avec des formes frontières. La corticothérapie initiale ne doit pas dépas- ser 0,5 mg/kg par jour avec une diminution rapide et un arrêt du traitement sur 6 semaines. Conclusion.— La présence d’une profonde AEG dans le cadre d’une pneumopathie à éosinophiles ne permet pas d’écarter une maladie de Carrington. Pour en savoir plus Miranowski A, Ditto A. A 59-year-old woman with fever, cough, and eosinophilia. Annals of Allergy, Asthma and Immunology 2006;96:483—488. Marchand E, Cordier JF. Pneumopathie chronique idiopathique a éosinophiles. Rev Mal Respir 2006;23:13S99-13S108. Campos LEM, Pereira LFF. Review article: pulmonary eosinophilia. J Bas Pneumol 2009;35(6):561—573. doi:10.1016/j.rmr.2011.09.016 8 Atteintes pulmonaires exceptionnelles au cours de la maladie de Recklinghausen B. Martignac a , N. Beneton-Benhard b , F. Vinchon c , A. Paris a , F. Goupil a a Service de pneumologie, centre hospitalier Le Mans, Le Mans, France b Service de dermatologie, centre hospitalier Le Mans, Le Mans, France c Service de cardiologie, centre hospitalier Le Mans, Le Mans, France Nous rapportons le cas d’une patiente de 64 ans non fumeuse consul- tant pour une dyspnée d’effort stade 3 NYHA évoluant depuis 2 ans. Elle présentait une neurofibromatose de type 1 non suivie connue de puis 2002. On retrouvait a son admission une insuffisance respi- ratoire grave (PO 2 54 mmHg, PCO 2 27 mm Hg, T6 M = 95 m sous 4 L O 2 /min). Le bilan montrait 3 complications respiratoires exception- nelles de la maladies de recklinghausen : — une HTAP sévère confirmée par cathéterisme cardiaque droit (PAP : 100/62/32 mmHg, NO négatif) traité d’emblée par associa- tion bosentan—sildénafil. L’évolution était défavorable au bilan à 4 mois avec une dyspnée stade 4 NYHA, une aggravation des données hémodynamiques au cathétérisme et du périmètre de marche ; — une pneumopathie infiltrative diffuse sous la forme de kystes à parois fines confluents prédominant au sommets, caractéristiques de l’atteinte parenchymateuse de la maladie de Recklinghausen ; — une opacité spiculée du lobe supérieur droit d’allure maligne (SUV 2,7) progressant au scanner à 5 mois, non documentée histologique- ment, avec décision d’abstention thérapeutique en RCP d’oncologie au vu de la gravité des 2 pathologies associées. À notre connaissance, il s’agit du seul cas rapportant ces 3 complications chez un même patient. doi:10.1016/j.rmr.2011.09.017 9 Pronostic de la pneumopathie aiguë sévère à l’amiodarone J. Mankikian a , O. Favelle c , A. Guillon d , D. Perrotin d , P. Diot a,b , S. Marchand-Adam a,b a Service de pneumologie et explorations fonctionnelles respiratoires, hôpital Bretonneau, CHRU Tours, Tours, France b Unité Inserm U618, faculté de médecine, université Franc ¸ois-Rabelais, Tours, France c Service de radiologie, hôpital Bretonneau, CHRU de Tours, Tours, France d Service de réanimation médicale, hôpital Bretonneau, CHRU de Tours, Tours, France Introduction.— La mortalité au cours de la pneumopathie aiguë à l’amiodarone (PAA) est fréquente. Les objectifs de cette étude rétrospective étaient de rechercher des facteurs pronostics de la PAA. Patients et méthode.— Nous avons étudié chez 34 patients ayant présenté une PAA sévère (PaO 2 /FiO 2 < 300 mmHg) diagnostiquée au CHU de Tours entre janvier 2000et aout 2010, les paramètres cliniques (âge, sexe, IMC, tabac), la prise médicamenteuse anté- rieure (amiodarone, sartan et IEC), les comorbidités, les symptômes (fièvre, toux, douleur thoracique et score NYHA), les paramètres biologiques (NFS, CRP, PaO 2 /FiO 2 et LBA), les paramètres scanogra- phiques (scores de verre dépoli et de condensation alvéolaire, signes de fibrose) et la prise en charge thérapeutique. Résultats.— 13 patients (38 %) étaient décédés 16 jours (4 à 64 jours) après leur admission. En comparant avec les patients ayant survécu, les patients décédés avaient des durées de traitement préhospita- lier par amiodarone plus courte (11 mois [2 à 60 mois] versus 33 mois

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Service de pneumologie-oncologie-allergologie, centre hospitaliere Saint-Nazaire, Saint-Nazaire, France

ntroduction.— La maladie de Carrington ou pneumopathie chro-ique idiopathique à éosinophiles est une maladie rare qui’accompagne, dans 10 % de cas environ, d’une profonde altératione l’état général. Dans la démarche diagnostique d’une pneumopa-hie à éosinophiles la présence d’une AEG sévère est plus souventvocatrice d’un syndrome de Churg et Strauss.bservation.— Nous présentons le cas d’une femme non fumeusegée de 68 ans, sans antécédent, adressée pour profonde alté-ation de l’état général évoluant depuis 6 mois. Elle présentaitgalement une toux chronique et une fièvre fluctuante. Sur plu-ieurs bilans sanguins effectués depuis 3 mois on retrouve uneyper éosinophilie sanguine supérieure a 2300/mm3. La radiogra-hie pulmonaire mettait en évidence des infiltrats pulmonairesériphériques. Le scanner thoracique trouvait des condensationslvéolaires bilatérales de topologie très périphérique, prédomi-ant aux apex. Le pourcentage des éosinophiles dans le LBA est60 %.

a profondeur de l’AEG a fait discuter un syndrome de Churg ettrauss finalement écarté devant l’absence d’asthme, de sinusite,e neuropathie ou d’autre atteinte extra pulmonaire. Le dosage’ANCA était négatif.outes les causes de pneumopathie à éosinophiles ont été écartées,otamment infectieuses (parasitoses, tuberculose), médicamen-euses, toxiques, allergiques (ABPA) et autres (pneumopathie aiguëéosinophiles, syndrome hyperéosinophilique idiopathique).

e diagnostic de maladie de Carrington ou pneumopathie chroniquediopathique à éosinophiles a été retenu.ne corticothérapie a été instituée, avec une très bonne réponselinique, biologique et radiologique.iscussion.— Nous présentons un cas typique de maladie de Carring-on correspondant à une infiltration périphérique du parenchymeulmonaire par des polynucléaires éosinophiles, sans cause défi-ie. Le diagnostic différentiel avec l’asthme hyperéosinophiliquet le syndrome de Churg et Strauss est parfois plus difficile aveces formes frontières. La corticothérapie initiale ne doit pas dépas-er 0,5 mg/kg par jour avec une diminution rapide et un arrêt duraitement sur 6 semaines.onclusion.— La présence d’une profonde AEG dans le cadre d’uneneumopathie à éosinophiles ne permet pas d’écarter une maladiee Carrington.our en savoir plusiranowski A, Ditto A. A 59-year-old woman with fever, cough,nd eosinophilia. Annals of Allergy, Asthma and Immunology006;96:483—488.archand E, Cordier JF. Pneumopathie chronique idiopathique aosinophiles. Rev Mal Respir 2006;23:13S99-13S108.

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une HTAP sévère confirmée par cathéterisme cardiaque droitPAP : 100/62/32 mmHg, NO négatif) traité d’emblée par associa-ion bosentan—sildénafil. L’évolution était défavorable au bilan àmois avec une dyspnée stade 4 NYHA, une aggravation des donnéesémodynamiques au cathétérisme et du périmètre de marche ;une pneumopathie infiltrative diffuse sous la forme de kystes à

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Service de pneumologie et explorations fonctionnellesespiratoires, hôpital Bretonneau, CHRU Tours, Tours, FranceUnité Inserm U618, faculté de médecine, universitérancois-Rabelais, Tours, FranceService de radiologie, hôpital Bretonneau, CHRU de Tours, Tours,ranceService de réanimation médicale, hôpital Bretonneau, CHRU deours, Tours, France

ntroduction.— La mortalité au cours de la pneumopathie aiguël’amiodarone (PAA) est fréquente. Les objectifs de cette étude

étrospective étaient de rechercher des facteurs pronostics de laAA.atients et méthode.— Nous avons étudié chez 34 patients ayantrésenté une PAA sévère (PaO2/FiO2 < 300 mmHg) diagnostiquée auHU de Tours entre janvier 2000 et aout 2010, les paramètresliniques (âge, sexe, IMC, tabac), la prise médicamenteuse anté-ieure (amiodarone, sartan et IEC), les comorbidités, les symptômesfièvre, toux, douleur thoracique et score NYHA), les paramètresiologiques (NFS, CRP, PaO2/FiO2 et LBA), les paramètres scanogra-hiques (scores de verre dépoli et de condensation alvéolaire, signese fibrose) et la prise en charge thérapeutique.

ésultats.— 13 patients (38 %) étaient décédés 16 jours (4 à 64 jours)près leur admission. En comparant avec les patients ayant survécu,es patients décédés avaient des durées de traitement préhospita-ier par amiodarone plus courte (11 mois [2 à 60 mois] versus 33 mois