8/3/2019 Londres et les visiteurs du soir

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29Week-endLeTempsSamedi19 novembre2011

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> BonapptitParMaximePietri

Choux farcis? Thologie picurienneLhomme ttede choua tclbrpar Gains-bourg,un musicienet pote surdou.Lappellationttede choudsignantun imbcile nesappliquedonc pasici.Par ailleurs, syentendre comme ramer deschouxmontreque loprateursesten-gag dans uneactivit aussi loufoqueque demenerpisserses poules!Quantau bouillonde chou, ilferait perdre aumdecinsixsous.Linventivelangueverte nousditque faire choupourchou signifielengagement dans unepartiecarregay.Et donousviendrait chouchouter, ce verbe affectueux?Duneforme anciennede choyer.A proposdes choux farcis,nousarrivons dans unlabyrintheo le plus madr desMinotaures laisse-raitses cornes.En effet, lesrecettes desgrands to-qusnousdonnent letournis: certainsne jurentqueparle chouentier,et dautres parses feuillestraitesune une, etla compositionde lafarce estaussivariableque lamto.Pour faire bonpoids, lestenantsdu chouentierdcriventcomment enterletrognonpourlaisser croire quil estencorel.Rcapitulons.Robuchondcrit uneformuleauvergnateet uneautre poitevine. Lesdeux,complexes, mais laporte,commele ditEco,dunlecteur orthogonal

deshorairesde trains.Bocuseparledun chouentierdontla farceserafaiteau grdesrestesdela cuisinedela veille.Saint-Ange indiquela formulemaigreditede lamiAristide, dont lesviandessont absentes;resteque les arcanesde larecettesont laportedun amateur de sudokusdifficiles.Etnous,le petit, lobscur,le sans-grade,commeditFlambeaudansLAiglon? Faisons simple.Soit d-tendre,dansune grandeeau frmissanteet sale, unchoufrisentier. Egouttons-le, trognonen haut.Retournons-le. Introduisons, entre ses feuilles,denombreuses lamellesde foiegrasde canardcru etdescristauxde grosselde mer.Versons,dansunecocotte,3 dlde Portopour lerduiresurfeuvifet leflamber.L-dessus,installons notre chou, couvronset enfournons chaleurmoyenne, pourdeuxbon-nesheuresde cuisson.

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Londres et les visiteurs du soirjeunes ont choisi de se tournervers ce quils appellent les infil-trations, soit lexploration noc-turne debtimentset desitesnor-malement ouverts au publicpendant la journe ou encore enconstruction.

Aleurpalmarsfigurentdesex-pditionssur letoitdu BritishMu-seum, ausommetde lacathdraleSt.Paul,surlesetdelasriebritan-nique EastEnders ou encore sur lepinacle des nouvelles tours em-blmatiques de la City, commeThe Shard ou Heron Tower. Sansoublier un barbecue mmorableausommetdundificedu centre-ville. Ces aventuriers urbains sesont aussi intresssaux sous-solsdela ville,explorantentre 2008 et2011 une bonne partie des sta-

tions de mtro. Nous descen-dions en rappel dans des voiesdaration et attendions que lecourantsoit couppour parcourir

les rames, dtaille Bradley L. Gar-rett, lun des protagonistes de cesvires nocturnes.Il a fallu appren-dre comment viter les camrasde surveillance et grimper sur unchafaudage sans dclencher lessenseurs. Ce doctorant en go-graphie,quiprpareune thse surcette communaut, a pass lestrois dernires annes ltudieret la ctoyer. Il fait partie dungroupe, comprenant une dou-zaine de membres, appel le Lon-don Consolidation Crew. Ce der-niersestdistinguen avrildernieren accdant au Mail Rail, un sys-tme de neuf gares souterrainesutilises jusquau dbut des an-nes 2000 par la poste britanni-quepour acheminer lecourrier.

Quest-ce qui anime ces jeunes

Britanniques? Le dsir daller lo je ne suis pas cens aller et devoir ce que je ne suis pas censvoir,rpondNeb*,quia prispart

lexploration du British Museum.Mais aussi la simple curiosit.BradleyL. Garretty voituneformede rappropriation temporairede lespace public quil compareaux uvres des tageurs ou deshackers Anonymous et LulzSec,

voireaux travauxdes situationnis-tes et de Guy Debord. Depuis lesannes 1980, de nombreuses vil-les se sont construites et dfinies

autour dun projet de socit no-libral, elles sont devenues tou-

jours plus surveilles, fermes etcontrles, explique-t-il. Ellescomprennent dsormais de nom-breuxespaces auxquelsla popula-tion qui y a pourtant contribufinancirement na pas accs.Lexploration urbaine est une fa-on de riposter contre cette op-pression et cette exclusion. Etdajouter: Quand je mintroduissur un chantier ou dans une bou-chedgout, cestle seulet uniquemoment o je sais que personnene mobserve. Un sentiment exa-cerb par lomniprsence des ca-mras de surveillance en Grande-Bretagne, lundes paysquien pos-sdent leplus aumonde.

Le chercheur tient pourtant

prciser que le mouvement na niprogramme politique ni chefs. Ilne cherche pas organiser unervolution,ilprfrejoueravecles

Nous navions pas le choix: ilallait falloir traverser le pont enrampant,avec seulement50 centi-mtres de mur en bton pourchapper lil de la camra desurveillance. Arrivs son extr-mit, seuls 25 mtres nous spa-raientencore dustade olympique.

Jai couru en maccroupissant der-rire des blocs de constructiondurant les premiers 15 mtres, etpuisjai piqu un sprint final. a yest: jtais sous le stade! Ce rcitest celui dune infiltration russiesur le site des Jeux olympiques de2012. Deux Londoniens ont ra-lis cet exploit en mars 2010.Explorer les sites emblmatiquesde la ville de Londres est en effetdevenule passe-temps dechoix detoute une frange de jeunes hom-mes et femmes qui se dcrivent

comme des explorateurs ur-bains.Je ne suis pas difficile, jaime

tout explorer: les gouts, lesvieilles gares, les centrales lectri-ques, les asiles abandonns, maisce que je prfre cest les lieux quisont encore utiliss, parce que lerisque de se faire prendre et ladose dadrnaline sont plusgrands,expliqueO.*,lundes par-ticipants lexpdition olym-pique.

O.appartient lacommunautde quelque 3000 explorateursbritanniques qui se rclament dumouvement Urbex. Ne dans lesannes 1990 autour de quelquesgroupes bass San Francisco,NewYork, Moscou,Berlin, Paris etToronto, cette mouvance runitdes personnes qui sintroduisent

dans des btiments abandonns,prennent des photos et les pos-tent ensuite sur Internet. Ces der-nires annes, une partie de ces

A Londres,des visiteursclandestinssintroduisentdans des lieux

interdits.Julie Zaugga interviewquatre deces curieuxhors-la-loi entreFantmette et GuyDebord

limiteset lesrglestouten restantau sein du systme. Mais ce nestpas un jeu somme nulle: auRoyaume-Uni, ce type dintrusionest considr comme un dlit etpeut mener en prison. Neuf foissur dix, lorsque vous vous faitesprendre par la police et que vousleur expliquez ce que vous faites,ils vous laissent partir, relateSnaps*,quia notammentescaladla cathdrale de Liverpool. Occa-sionnellement, nous nous faisonsarrter.Mais pourbeaucoup den-tre nous, cela fait partie du jeu.Tous sont en effet convaincusquils ne font rien de mal: Nousne volons rien, ne cassons rien etnefaisonsde mal personne, sou-ligne O*. Cest un dlit sans vic-time.

* Surnoms utilissparlesexplorateursurbainsau seinde leurcommunaut.

A latrace

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Dans lemtrolondonien,la nuit.Avecles explorateurs urbains du London ConsolidationCrew qui ontredcouvert un rseaude 9 garessouterrainesutilisespar la poste.ARCHIVESNOCTURN.E

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