les paroles des chansons de léo ferré - 81 textes...

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Les Textes de ABC de la Chanson Francophone Léo Ferré les paroles de 81 chansons À mon enterrement À toi Allende Avec le temps Beau saxo Blues C'est extra C'est le printemps Cette blessure Comme à Ostende De toutes les couleurs Elle tourne... la terre Elsa Est-ce ainsi que les hommes vivent ? FLB Géometriquement tien Graine d'ananar Il n'aurait fallu Je chante pour passer le temps Je t'aimais bien, tu sais... Je t'aime tant Je te donne Jolie môme L'affiche rouge L'age d'or L'amour fou L'homme * L'idole L'île Saint-Louis L'oppression La "the nana" La Complainte de la tele La jalousie

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Les Textes de ABC de la Chanson Francophone

Léo Ferré les paroles de 81 chansons

À mon enterrementÀ toiAllendeAvec le tempsBeau saxoBluesC'est extraC'est le printempsCette blessureComme à OstendeDe toutes les couleursElle tourne... la terreElsaEst-ce ainsi que les hommes vivent ?FLBGéometriquement tienGraine d'ananarIl n'aurait falluJe chante pour passer le tempsJe t'aimais bien, tu sais...Je t'aime tantJe te donneJolie mômeL'affiche rougeL'age d'orL'amour fouL'homme *L'idoleL'île Saint-LouisL'oppressionLa "the nana"La Complainte de la teleLa jalousie

La langue francaiseLa maffiaLa MarseillaiseLa mélancolieLa mémoire et la merLa poisseLa tristesseLa Vie d'artisteLe bonheurLe chienLe crachatLe piano du pauvre *Le printemps des poêtesLe temps du tangoLes amants tristesLes anarchistesLes étrangersLes gares et les portsLes oiseaux du malheurLes PoêtesLes romantiquesMadame la misereMerci mon dieuMerde à VaubanMister GiorginaMonsieur Tout-BlancMonsieur WilliamMuss es sein ? Es muss sein !Ni Dieu ni maitrePanameParis canaille *Paris, je ne t'aime plusPauvre rutebeufPépéePetitePoete ... vos papiers!Quartier latinRichard

RotterdamT'es Rock, Coco!Thank you SatanTon styleTu n'en reviendras pasTu ne dis jamais rienVingt ansVison l'editeurWords... words... words...Y'a une étoile

81 textes référencés pour Léo Ferré [1361]

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Léo Ferré

À mon enterrement Musique: Jean Ferrat, Maurice Vandair

A mon enterrement j'aurai des cheveux blancsDes dingues et des Pop aux sabots de guitareDes cheveux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeuxHennissant des chansons de nuit quand y'en a marreJ'aurai des mômes de passe, ceux que j'ai pas finisDes filles de douze ans qui gonflent sous l'outrageDes Chinoises des Russes des Nordiques rempliesDes rues décapitées par des girls de passage

A mon enterrement

Et je ferai l'amour avec le croque-mortAvec sa tête d'ange et ses dix-huit automnesDouze pour la vertu et six mourant au portQuand son navire mouillera comme un aumôneA mon enterrement j'aurai un cœur de ferEt me suivrai tout seul sur le dernier bitumeLâchant mon ombre enfin pour me mettre en enferDans le dernier taxi tapinant dans la brume

A mon enterrement

Comme un pendu tout sec perforé de corbeauxA mon enterrement je gueulerai quand mêmeJ'aurai l'ordinateur facile avec les motsDes cartes perforées me perforant le thèmeJe mettrai en chanson la tristesse du ventQuand il vient s'affaler sur la gueule des pierresLa nausée de la mer quand revient le jusantEt qu'il faut de nouveau descendre et puis se taire

A mon enterrement

A mon enterrement je ne veux que des mortsDes rossignols sans voix des chagrins littérairesDes peintres sans couleurs des acteurs sans décorDes silences sans bruits des soleils sans lumièreJe veux du noir partout à me crever les yeuxEt n'avoir jamais plus qu'une idée de voyance

Sous l'œil indifférent du regard le plus creuxDans la dernière métaphore de l'offense

A mon enterrement

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Léo Ferré

À toi Musique: Jean Ferrat, Maurice Vandair

La forêt qui s'élance au ciel comme une vergeLes serments naufragés qui errent sur la bergeLes oiseaux dénoncés que le chasseur flamberge

Les diamants constellés qui fuient les pâles couchesTous les yeux de la rue qui crèvent sur ta boucheLe pavé que tu foules et ma voix que tu touches

Les amants accolée muets comme la cireLes culottes des femmes où le monde se mireLes fauves repentis qui rendent des martyrs

Le ventre des pendus qui coule des potencesLes noces pathétiques où les larmes sont rancesLes émigrants qui n'ont jamais de pain d'avance

Les mains transfigurées qui règlent la tziganeBaudelaire et Shakespeare au chevet des profanesLes chevaux condamnés et leur dernière avoine

La voix pour commander à mille couturièresUn lit avec le Parthénon comme litièreLe cathéchisme de la joie la vie entière

Des violons barrissant les complaintes futuresDes tonnes de crachat sur la CritiquatureLe vent du large et des bûchers pour les clôtures

Des langues pour parler aux Chinois faméliquesDes poumons pour souffler au ventre des phtisiquesDes javas pour brouiller les chants patriotiques

Le ruisseau qui jouit jusqu'au Havre sans trêveLe malheureux le chien qui meurt l'homme qui crèveLe sang des femmes qui sont mortes sans un rêve

Les cheveux élagués qui cherchent des caressesLe remords amical du prêtre qui confesseLes yeux des tout-petits riboulant de tendresse

L'orgue de la nature au souffle de violettesLes rendez-vous mystérieux sous la voiletteLe numéro que tu voulais à la roulette

Les portes de secours battant sur les étoilesLes Vendredis des Robinsons des capitalesLa boussole des veuves aveugles sous leur voile

Le vain espoir des mitraillés sous la mitrailleLa poitrine qui bat sous les pâles médaillesLes jésus désertant le fruit de tes entrailles

Les dentelles flottant au nez de la misèreLe loup blessé à mort qu'on regarde se taireLe chant du coq et le silence de saint Pierre

Les cœurs déchiquetés qui parlent aux fantômesLes gens de bien qui ont désintégré l'atomeLe Capital qui joue aux dés Notre Royaume

ET PUIS la majuscule ennui qui nous scléroseMon pauvre amour car nous pensons les mêmes chosesEn attendant que l'Ange nous métamorphose...

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Léo Ferré

Allende Musique: Jean Ferrat, Maurice Vandair

Ne plus écrire enfin attendre le signalCelui qui sonnera doublé de mille octavesQuand passeront au vert les morales suavesQuand le Bien peignera la crinière du Mal

Quand les bêtes sauront qu'on les met dans des platsQuand les femmes mettront leur sang à la fenêtreEt hissant leur calice à hauteur de leur maîtreQuand elles diront: "Bois en mémoire de moi"

Quand les oiseaux septembre iront chasser les consQuand les mecs cravatés respireront quand mêmeEt qu'il se chantera dedans les hachélèmesLa messe du granit sur un autel béton

Quand les voteurs votant se mettront tous d'accordSur une idée sur rien pour que l'horreur se taiseMême si pour la rime on sort la MarseillaiseAvec un foulard rouge et des gants de chez Dior

Alors nous irons réveillerAllende Allende Allende Allende

Quand il y aura des mots plus forts que les canonsCeux qui tonnent déjà dans nos mémoires brèvesQuand les tyrans tireurs tireront sur nos rêvesParce que de nos rêves lèvera la moisson

Quand les tueurs gagés crèveront dans la soieQu'ils soient Président ci ou Général de çaQuand les voix socialistes chanteront leur partieEn mesure et partant vers d'autres galaxies

Quand les amants cassés se casseront vraimentVers l'ailleurs d'autre part enfin et puis commentQuand la fureur de vivre aura battu son tempsQuand l'hiver de travers se croira au printemps

Quand de ce Capital qu'on prend toujours pour MarxOn ne parlera plus que pour l'honneur du titreQuand le Pape prendra ses évêques à la mitreEn leur disant: "Porno latin ou non je taxe"

Quand la rumeur du temps cessera pour de bonQuand le bleu relatif de la mer pâliraQuand le temps relatif aussi s'évaderaDe cette équation triste où le tiennent des consQu'ils soient mathématiques avec Nobel ou nonC'est alors c'est alors que nous réveillerons

Allende Allende Allende Allende...

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Léo Ferré

Avec le temps autres interprètes: Jane Birkin, Dalida (1971), Catherine Lara (Sol En Si 1999), Isabelle Boulay

Avec le temps...avec le temps, va, tout s'en vaon oublie le visage et l'on oublie la voixle cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'allerchercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien

avec le temps...avec le temps, va, tout s'en val'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluiel'autre qu'on devinait au détour d'un regardentre les mots, entre les lignes et sous le fardd'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuitavec le temps tout s'évanouit

avec le temps...avec le temps, va, tout s'en vamêm' les plus chouett's souv'nirs ça t'as un' de ces gueulesà la gal'rie j'farfouille dans les rayons d'la mortle samedi soir quand la tendresse s'en va tout' seule

avec le temps...avec le temps, va, tout s'en val'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rienl'autre à qui l'on donnait du vent et des bijouxpour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sousdevant quoi l'on s'traînait comme traînent les chiensavec le temps, va, tout va bien

avec le temps...avec le temps, va, tout s'en vaon oublie les passions et l'on oublie les voixqui vous disaient tout bas les mots des pauvres gensne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid

avec le temps...avec le temps, va, tout s'en vaet l'on se sent blanchi comme un cheval fourbuet l'on se sent glacé dans un lit de hasardet l'on se sent tout seul peut-être mais peinardet l'on se sent floué par les années perdues- alors vraimentavec le temps on n'aime plus

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Léo Ferré

Beau saxo

T'es comme un rossignolA la voix d'goélandQui chante au music-hallQui fait danser les gensT'es comme un baratinQui cause en mi bémolT'es comme un' vieil' putainQui mont' qu'à l'entresol

Beau saxoBeau saxo

T'es comme un arc-en-cielSur l'harmonie du soirT'es comme un maîtr' d'hôtelQui joue en blanc et noirT'es comme un sopranoQu'aurait vendu CallasEt chant'rait comme un potLe prologue de Paillasse

Beau saxoBeau saxo

T'es qu'un' chanson d'la nuitQui s'étire et qui rampeQuand l'amour s'est blottiAu fond d'un verr' de champT'es qu'un hautbois d'la grippeQu'a sa flûte en vitrineEt quand tu fais la lippeT'es l'violon d'Chaliapine

Beau saxoBeau saxo

T'es comme un' maladieQu'on piqu'rait au boxonEt qu'on gard' tout' la vieComme un' décorationVous êtes comm' les gitansVous les saxos, mes frères,Vous cavalez tout l'temps

Sur l'octave des misères

Beaux saxosBeaux saxos...

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Léo Ferré

Blues

On veille on pense à tout à rienOn écrit des vers de la proseOn doit trafiquer quelque choseEn attendant le jour qui vient

La brume quand point le matinRetire aux vitres son haleineIl en fut ainsi quand VerlaineIci doucement s'est éteint

Plusieurs sont morts plusieurs vivantsOn n'a pas tous les mêmes cartesAvant l'autre il faut que je parteEux sortis je restais rêvant

Tout le monde n'est pas CézanneNous nous contenterons de peuL'on pleure et l'on rit comme on peutDans cet univers de tisanes

Jeune homme qu'est-ce que tu crainsTu vieilliras vaille que vailleDisait l'ombre sur la muraillePeinte par un Breughel forain

On veille on pense à tout à rienOn écrit des vers de la proseOn doit trafiquer quelque choseEn attendant le jour qui vient

On veille on pense à tout à rienOn écrit des vers de la proseOn doit trafiquer quelque choseEn attendant le jour qui vient...

[11642] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

C'est extra 1969

Une robe de cuir comme un fuseauQu'aurait du chien sans l'faire exprèsEt dedans comme un matelotUne fille qui tangue un air anglaisC'est extraUn moody blues qui chante la nuitComme un satin de blanc d'mariéEt dans le port de cette nuitUne fille qui tangue et vient mouiller

C'est extra c'est extraC'est extra c'est extra

Des cheveux qui tombent comme le soirEt d'la musique en bas des reinsCe jazz qui d'jazze dans le noirEt ce mal qui nous fait du bienC'est extraCes mains qui jouent de l'arc-en-cielSur la guitare de la vieEt puis ces cris qui montent au cielComme une cigarette qui brille

C'est extra c'est extraC'est extra c'est extra

Ces bas qui tiennent hauts perchésComme les cordes d'un violonEt cette chair que vient troublerL'archet qui coule ma chansonC'est extraEt sous le voile à peine closCette touffe de noir jésusQui ruisselle dans son berceauComme un nageur qu'on attend plus

C'est extra c'est extraC'est extra c'est extra

Une robe de cuir comme un oubliQu'aurait du chien sans l'faire exprèsEt dedans comme un matin gris

Une fille qui tangue et qui se taitC'est extraLes moody blues qui s'en balancentCet ampli qui n'veut plus rien direEt dans la musique du silenceUne fille qui tangue et vient mourir

C'est extraC'est extraC'est extraC'est extra

[11956] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

C'est le printemps

y a la natur' qu'est tout en sueurdans les hectar's y a du bonheur

c'est l'printemps

y a des lilas qu'ont mêm' plus l'tempsde s'fair' tout mauv's ou bien tout blancs

c'est l'printemps

y a du blé qui s'fait du mouronles oiseaux eux ils dis'nt pas non

c'est l'printemps

y a nos chagrins qu'ont des couleursy a mêm' du printemps chez l'malheur

y a la mer qui s'prend pour Monetou pour Gauguin ou pour Manet

c'est l'printemps

y a des nuag's qui n'ont plus d'quoion dirait d'la barbe à papa

c'est l'printemps

y a l'vent du nord qu'a pris l'accentavec Mistral il pass' son temps

c'est l'printemps

y a la pluie qu'est passée chez Diorpour s'payer l'modèl' Soleil d'Or

y a la route qui s'fait nationaleet des fourmis qui s'font la malle

c'est l'printemps

y a d'la luzerne au fond des litset puis l'faucheur qui lui sourit

c'est l'printemps

y a des souris qui s'font les dentssur les matous par conséquent

c'est l'printemps

y a des voix d'or dans un seul cric'est la Sixtin' qui sort la nuit...

y a la natur' qui s'tape un bolà la santé du rossignol

c'est l'printemps

y a l'beaujolais qui la ramèneet Mimi qui s'prend pour Carmen

c'est l'printemps

y a l'îl' Saint-Louis qui rentre en Seineet puis Paris qui s'y promène

c'est l'printemps

y a l'été qui s'point' dans la rueet des ballots qui n'ont pas vu

Qu'c'était l'printemps...

[11998] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Cette blessure

Cette blessureOù meurt la mer comme un chagrin de chairOù va la vie germer dans le désertQui fait de sang la blancheur des berceauxQui se referme au marbre du tombeauCette blessure d'où je viens

Cette blessureOù va ma lèvre à l'aube de l'amourOù bat ta fièvre un peu comme un tambourD'où part ta vigne en y pressant des doigtsD'où vient le cri le même chaque foisCette blessure d'où tu viens

Cette blessureQui se referme à l'orée de l'ennuiComme une cicatrice de la nuitEt qui n'en finit pas de se rouvrirSous des larmes qu'affile le désir

Cette blessureComme un soleil sur la mélancolieComme un jardin qu'on n'ouvre que la nuitComme un parfum qui traîne à la maréeComme un sourire sur ma destinéeCette blessure d'où je viens

Cette blessureDrapée de soie sous son triangle noirOù vont des géomètres de hasardBâtir de rien des chagrins assistésEn y creusant parfois pour le péchéCette blessure d'où tu viens

Cette blessureQu'on voudrait coudre au milieu du désirComme une couture sur le plaisirQu'on voudrait voir se fermer à jamaisComme une porte ouverte sur la mort

Cette blessure dont je meurs

[12473] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Comme à Ostende

On voyait les chevaux d'la merQui fonçaient la têt' la premièreEt qui fracassaient leur crinièreDevant le casino désertLa barmaid avait dix-huit ansEt moi qui suis vieux comm' l'hiverAu lieu d'me noyer dans un verr'Je m'suis baladé dans l'printempsDe ses yeux taillés en amande

Ni gris ni verts, ni gris ni vertsComme à Ostende et comm' partoutQuand sur la ville tombe la pluieEt qu'on s'demande si c'est utileEt puis surtout si ça vaut l'coupSi ça vaut l'coup d'vivre sa vie

J'suis parti vers ma destinéeMais voilà qu'une odeur de bièreDe frites et de moul's marinièresM'attir' dans un estaminetLà y avait des typ's qui buvaientDes rigolos des tout rougeaudsQui s'esclaffaient qui parlaient hautEt la bière on vous la servaitBien avant qu'on en redemande

Oui ça pleuvait, oui ça pleuvaitComme à Ostende et comm' partoutQuand sur la ville tombe la pluieEt qu'on s'demande si c'est utileEt puis surtout si ça vaut l'coupSi ça vaut l'coup d'vivre sa vie

On est allé, bras d'ssus, bras d'ssousDans l'quartier où y a des vitrinesRemplies de présenc's fémininesQu'on veut s'payer quand on est sôulMais voilà que tout au bout d'la rueEst arrivé un limonair'Avec un vieil air du tonnerr'A vous fair' chialer tant et plusSi bien que tous les gars d'la bande

Se sont perdus, se sont perdusComme à Ostende et comm' partoutQuand sur la ville tombe la pluieEt qu'on s'demande si c'est utileEt puis surtout si ça vaut l'coupSi ça vaut l'coup d'vivre sa vie

[13069] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

De toutes les couleurs

De toutes les couleursDu vert si tu préfèresPour aller dans ta vie quand ta vie désespèrePour t'enfuir loin du bruit quand le bruit exagèreEt qu'il met un champ d'ombre au bout de ton soleilQuand les parfums jaloux de ton odeur profondeS'arrangent pour lancer leurs signaux à la rondeEt dire que les bois vertueux de l'automneSont priés de descendre et de faire l'aumôneDe leur chagrin mis en pilule et en sommeil

De toutes les couleursDu bleu dans les discoursEt dans les super ciels qu'on voit du fond des coursAvec des yeux super et quand on voit l'AmourLisser ses ailes d'ange et plier sous l'orageQuand les gens dérangés par la moisson du rêveS'inquiètent de savoir comment les idées lèventEt comment l'on pourrait peut-être leur couperLes ailes et la vertu dans le bleu de l'étéQuand naissent les idées avec la fleur de l'âge

De toutes les couleursDu jaune à l'étalageEt dans la déraison quand Vincent la partageQuand la vitrine du malheur tourne la pageComme tournent les sols devant la VéritéDu jaune dans le vent quand le pollen pelucheA l'heure exacte et fait danser le rock aux ruchesQuand une abeille a mis son quartz à l'heure-mielQuand le festin malin semble venir du cielPour rire jaune enfin dans le supermarché

De toutes les couleursDu rouge où que tu aillesLe rouge de l'Amour quand l'Amour s'encanailleAu bord de la folie dans la soie ou la pailleQuand il ne reste d'un instant que l'éternelQuand grimpe dans ton ventre une bête superbeLa bave aux dents et le reste comme une gerbe

Et qui s'épanouit comme de l'Autre mondeA raconter plus tard l'éternelle secondeQui rien finit jamais de couler dans le ciel

De toutes les couleursDu noir comme un habitDu noir pour ton amour du noir pour tes amisAvec un peu de rêve au bout en noir aussiEt puis teindre du rouge au noir les thermidorsQuand Dieu boira le coup avec tous tes copainsQuand les Maîtres n'auront plus qu'un bout de sapinQuand ils auront appris à se tenir deboutAvant de se coucher pour tirer quelques coupsEt sans doute les quat'cents coups avec la mort

[13630] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Elle tourne... la terre

Ell' tourne et se nomme la terreEll' tourne et se fout d'nos misèresEll' tourne un' java chimériqueEll' tourne et c'est drôl' cette musiqueTu peux tourner moi j'm'en balanceC'est l'hirondell' qui fait l'printempsEn Amérique ou bien en FranceL'amour ça peut s'faire en tournantLe Bon Dieu s'marr' dans son coinC'est c'qu'on nomm' le destinPourtant les fleurs sont si joliesQu'on en f'rait des foliesTant que peut tourner la vie

Ell' tourne et se nomme la terreEll' tourne avec ses millionairesEll' tourne et ses yeux sont les nôtresEll' tourne et ses larmes sont les vôtresTu peux tourner moi j'm'en balanceLes amants se font au printempsD'un brin d'lilas d'une romanceL'bonheur ça peut s'faire en tournantY a quelquefois l'désespoirQu'on rencontr' dans un squar'Pourtant les filles sont si joliesQu'les gars font des foliesTant que peut tourner la vie

Ell' tourne et se nomme la terreEll' tourne et se fout des frontièresEll' tourne et l'soleil se fout d'elleEll' tourne pauvr' toupie sans ficelleTu peux tourner moi j'm'en balanceTu ramèn'ras toujours l'printempsTu peux tourner car j'ai ma chanceVas-y la terre moi j'ai tout l'tempsY a quelquefois des hasardsQu'ont l'air de nous avoirPourtant tu fais bien des manièresEt même tu exagères

Essaie donc la marche arrière

[14352] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Elsa

Suffit-il donc que tu paraissesDe l'air qui te fait rattachantTes cheveux ce geste touchantQue je renaisse et reconnaisseUn monde habité par le chantElsa mon amour ma jeunesse

O forte et douce comme un vinPareille au soleil des fenêtresTu me rends la caresse d'êtreTu me rends la soif et la faimDe vivre encore et de connaîtreNotre histoire jusqu'à la fin

C'est miracle que d'être ensembleQue la lumiere sur ta joueQu'autour de toi le vent se joueToujours si je te vois je trembleComme à son premier rendez-vousUn jeune homme qui me ressemble

Pour la première fois ta bouchePour la première fois ta voixD'une aile à la cime des boisL'arbre frémit jusqu'à la soucheC'est toujours la première foisQuand ta robe en passant me touche

Ma vie en vérité commenceLe jour où je t'ai rencontréeToi dont les bras ont su barrerSa route atroce à ma démenceEt qui m'as montré la contréQue la bonté seule ensemence

Tu vins au cœur du désarroiPour chasser les mauvaises fièvresEt j'ai flambé comme un genièvreA la Noël entre tes doigtsJe suis né vraiment de ta lèvre

Ma vie est à partir de toi

Suffit-il donc que tu paraissesDe l'air qui te fait rattachantTes cheveux ce geste touchantQue je renaisse et reconnaisseUn monde habité par le chantElsa mon amour ma jeunesse

[14368] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Tout est affaire de décorChanger de lit changer de corpsA quoi bon puisque c'est encoreMoi qui moi-même me trahisMoi qui me traîne et m'éparpilleEt mon ombre se déshabilleDans les bras semblables des fillesOù j'ai cru trouver un pays.

Cœur léger cœur changeant cœur lourdLe temps de rêver est bien courtQue faut-il faire de mes joursQue faut-il faire de mes nuitsJe n'avais amour ni demeureNulle part où je vive ou meureJe passais comme la rumeurJe m'endormais comme le bruit.

Est-ce ainsi que les hommes viventEt leurs baisers au loin les suivent.

C'était un temps déraisonnableOn avait mis les morts à tableOn faisait des châteaux de sableOn prenait les loups pour des chiensTout changeait de pôle et d'épauleLa pièce était-elle ou non drôleMoi si j'y tenais mal mon rôleC'était de n'y comprendre rien

Dans le quartier HohenzollernEntre la Sarre et les casernesComme les fleurs de la luzerneFleurissaient les seins de LolaElle avait un cœur d'hirondelleSur le canapé du bordelJe venais m'allonger près d'elleDans les hoquets du pianola.

Est-ce ainsi que les hommes viventEt leurs baisers au loin les suivent.

Le ciel était gris de nuages

Il y volait des oies sauvagesQui criaient la mort au passageAu-dessus des maisons des quaisJe les voyais par la fenêtreLeur chant triste entrait dans mon êtreEt je croyais y reconnaîtreDu Rainer Maria Rilke.

Elle était brune elle était blancheSes cheveux tombaient sur ses hanchesEt la semaine et le dimancheElle ouvrait à tous ses bras nusElle avait des yeux de faïenceElle travaillait avec vaillancePour un artilleur de MayenceQui n'en est jamais revenu.

Est-ce ainsi que les hommes viventEt leurs baisers au loin les suivent.

Il est d'autres soldats en villeEt la nuit montent les civilsRemets du rimmel à tes cilsLola qui t'en iras bientôtEncore un verre de liqueurCe fut en avril à cinq heuresAu petit jour que dans ton cœurUn dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes viventEt leurs baisers au loin les suivent.

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Léo Ferré

FLB

L'eau cette glace non poséeCet immeuble cette mouvanceCette procédure mouilléeNous fait prisonnier sa cadenceNous dit de rester dans le clanA mâchonner les reverduresSous les neiges de ce printempsA faire au froid bonne mesure

Cette matière nous parlantCe silence troué de formesEt ces marins nous appelantNos pas que le sable déformeCette cruelle exhalaisonQui monte des nuits de l'enfanceQuand on respire à reculonsUne goulée de souvenance

Vers le vertige des suspectsSous la question qui les hasardeVers le monde des muselésDe la bouche et des mains cafardesNous prierons Dieu quand Dieu prieraEt nous coucherons sa compagneSur nos grabats d'où chanteraLa chanterelle de nos pagnes

Mais Dieu ne fait pas le détailIl ne prête qu'à ses lumièresAu renouvellement du bailNous lui parlerons de son pèreDu fils de l'homme et du destinQuand nous descendrons sur la grèveEt que dans la mer de satinLuiront les lèvres de nos rêves

Nous irons sonner la RaisonA la colle de prétentaineRéveille-toi pour la saisonC'est la Folie qui se ramène

A bientôt Raison à bientôtIci quelquefois tu nous manquesSi tu armais tous nos bateauxNous serions ta Folie de planque

On danse ce soir sur le quaiUne rumba pas très cubaineÇa n'est plus Messieurs les AnglaisQui tirent leurs coups Capitaine !On a Jésus dans nos cirésSon tabernacle sous nos châlesPour quand s'en viendront se mouillerVos torpilleurs sous nos bengales

Et ces maisons gantées de ventAvec leur fichu de tempêteQuand la vague leur ressemblantMet du champagne sur nos têtesCes toits leurs tuiles et nous et toiCette raison de nous survivreEntends le bruit qui vient d'en basC'est la mer qui ferme son livre...

[15158] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Géometriquement tien

Ton corps est comme un vase closJ'y pressens parfois une jarreComme engloutie au fond des eauxEt qui attend des nageurs raresTes bijoux ton blé ton vouloirLe plan de tes folles prairiesMon squale qui viendra te voirDu fond de moi si tu l'en pries

Un herbe douce comme un litUn lit de taffetas de carneUne source dans le midiQuand l'ombre glisse et me décharneUn sentiment de rémissionDevant ta violette de ParmeMe voilà soumis comme un pionSur l'échiquier que ta main charme

Mon organe qui fait ta voixMon pardessus sur ta bronchiteMon alphabet pour que tu croiesQue je suis là quand je te quitteMa symphonie dans ton jardinLa mer dans ta rivière closeL'aigre parfum de mon destinSur le delta d'où fuit ta rose

L'odeur canaille de ta peauTendue comme un arc vers sa cibleQuand pointe de mes oripeauxLe point de mire inaccessibleDu feu pour le bel incendieQue j'allumerai à ta forgeCette nuit puisque tu me disQue ça te remonte à la gorge

Et moi qui ne suis pas régentDe tes propriétés câlinesJ'irai comme l'apôtre JeanDormir un peu sur ta poitrine

J'y verrai des oiseaux de nuitEt leurs géométriques ailesNe pourront dessiner l'ennuiDont se meurent les parallèles

[15382] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Graine d'ananar

La vie m'a doubléC'est pas régulierPour un pauv' lézardQui vit par hasardDans la sociétéMais la sociétéFaut pas s'en mêlerJ'suis un type à partUn' grain' d'ananar

On m'dit qu'j'ai pousséEn d'ssous d'un gibetOù mon grand-papaBalançait déjàAvec un collierUn collier tresséDe chanvre il étaitUn foutu foulardA gueul' d'ananar

J'avais des copainsQui mangeaient mon painCar le pain c'est faitPour êtr' partagéDans notr' sociétéC'est pas moi qui l'disMais c'est Jésus-ChristUn foutu bavardA gueul' d'ananar

Si j'avais des sousOn m'd'manderait: "" OùLes as-tu gagnésSans avoir triméPour la société ? "Mais comm' j'en ai pasFaut lui dir' pourquoiC'est jamais peinardLa grain' d'ananar

On m'dit qu'c'est finiJ'vous l'dit comme on l'ditEt qu'on me pendra

Au nom de la loiEt d'la sociétéD'la bell' sociétéQui s'met à s'mêlerDe mettre au rancartLa grain' d'ananar

Potence d'oubliL'oiseau fait son nidMessieurs les corbeauxPasseront ma peauComme à l'étamisMais auparavantJ'aurai comm' le ventSemé quelque partMa grain' d'ananar

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Léo Ferré

Il n'aurait fallu

Il n'aurait falluQu'un moment de plusPour que la mort vienneMais une main nueAlors est venueQui a pris la mienne

Qui donc a renduLeurs couleurs perduesAux jours aux semainesSa réalitéA l'immense étéDes choses humaines

Moi qui frémissaisToujours je ne saisDe quelle colèreDeux bras ont suffiPour faire à ma vieUn grand collier d'air

Rien qu'un mouvementCe geste en dormantLéger qui me frôleUn souffle poséMoins une roséeContre mon épaule

Un front qui s'appuieA moi dans la nuitDeux grands yeux ouvertsEt tout m'a sembléComme un champ de bléDans cet univers

Un tendre jardinDans l'herbe où soudainLa verveine pousseEt mon cœur défuntRenaît au parfumQui fait l'ombre douce

Il n'aurait fallu

Qu'un moment de plusPour que la mort vienneMais une main nueAlors est venueQui a pris la mienne

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Léo Ferré

Je chante pour passer le temps Musique: Léo Ferré

Je chante pour passer le tempsPetit qu'il me reste de vivreComme on dessine sur le givreComme on se fait le cœur contentA lancer cailloux sur l'étangJe chante pour passer le temps

J'ai vécu le jour des merveillesVous et moi souvenez-vous-enEt j'ai franchi le mur des ansDes miracles plein les oreillesNotre univers n'est plus pareilJ'ai vécu le jour des merveilles

Allons que ces doigts se dénouentComme le front d'avec la gloireNos yeux furent premiers à voirLes nuages plus bas que nousEt l'alouette à nos genouxAllons que ces doigts se dénouent

Nous avons fait des clairs de lunePour nos palais et nos statuesQu'importe à présent qu'on nous tueLes nuits tomberont une à uneLa Chine s'est mise en CommuneNous avons fait des clairs de lune

Et j'en dirais et j'en diraisTant fut cette vie aventureOù l'homme a pris grandeur natureSa voix par-dessus les forêtsLes monts les mers et les secretsEt j'en dirais et j'en dirais

Oui pour passer le temps je chanteAu violon s'use l'archetLa pierre au jeu des ricochetsEt que mon amour est touchante

Près de moi dans l'ombre penchanteOui pour passer le temps je chante

Je chante pour passer le tempsOui pour passer le temps je chante

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Léo Ferré

Je t'aimais bien, tu sais... Musique: Léo Ferré

Je te vois comme une algue bleue dans l'autobusA la marée du soir gare Saint-LazareMon AmourJe te vois comme un cygne noir sur la chausséeA la marée du soir gare Saint-LazareQuand ça descend vers le Tiers MondeMon AmourJe te vois avec ta gueule électroniqueEt des fils se joignant comme des mains perduesJe te vois dans les bals d'avant la guerreAvec du swing dans l'écarlate de la nuitA peine un peu tirée sur l'ourlet de tes lèvres

Je t'aimais bien, tu saisJe t'aimais bien, tu saisJusqu'au fond de l'amourAu plus profond de toiMon AmourJe t'aimais bien, tu saisJe t'aimais bien, tu saisJe te sais dans les bras d'un autre et je calculeL'arrivée de ce flot le cubage des brumesQui vont porter le deuil dans ton lit de fortuneJe t'aimais bienTu ordonnances la clarté de tes prunellesA petits coups de rame en rimmel tu te tiresVers les pays communs dans la nuit qui s'évade

Je me maquillerai ce soir sous l'arche de tes hanchesUne cigarette aussi... Donne-m'en uneTiens, ma goulée, la dernièreMon AmourTu m'entres dans les poumonsÇa fait tout bleu dans mes épongesTu plonges tu plongesUne cigarette aussiTa goulée verte c'est mon espoir qui s'allumeComme les phares sur les côtes d'acierMon AmourCes marques de la vie qui portent des sanglotsCes marques de l'amour qui portent les dents longues

Je t'aimais bien, tu saisJe t'aimais bien, tu saisJusqu'au fond de l'amourAu plus profond de toiMon AmourJe t'aimais bien, tu saisJe t'aimais bien, tu saisJe n'ai plus de raccord pour te raccorderLa prise dans mes dents je suis mort cet automneSous tes cheveux rouquins passés au henné SunJ'étais cuivré comme au fond de la rancœur des hommesO ma Vierge inventée O ma Vierge inventée...Je t'aimais bien, tu saisJe t'aimais bien, tu saisJe t'aimais bien, tu saisJe t'imagine dans les soirs de ParisDans le ciel maculé des accumulateursJ'accumule du vert de peur d'en être infirmeLe vert de la prairie le long du quai aux FleursJe l'ai mis de côté l'autre hiver pour t'abstraireTon figuré avec ses rides au point du jour ça me dégueule

Je t'aimais bien, tu saisJe t'aimais...

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Léo Ferré

Je t'aime tant Musique: Léo Ferré

Mon sombre amour d'orange amèreMa chanson d'écluse et de ventMon quartier d'ombre où vient rêvantMourir la mer

Mon beau mois d'août dont le ciel pleutDes étoiles sur les monts calmesMa songerie aux murs de palmeOù l'air est bleu

Mes bras d'or mes faibles merveillesRenaissent ma soif et ma faimCollier collier des soirs sans finOù le cœur veille

Est-ce que qu'on sait ce que se passeC'est peut-être bien ce tantôtQue l'on jettera le manteauDessus ma face

Coupez ma gorge et les pivoinesVite apportez mon vin mon sangPour lui plaire comme en passantFont les avoines

Il me reste si peu de tempsPour aller au bout de moi-mêmeEt pour crier Dieu que je t'aimeJe t'aime tant, je t'aime tant

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Léo Ferré

Je te donne Musique: Léo Ferré

Les fleurs à inventer les jouets d'une comèteLes raisons d'être fou la folie dans ta têteDes avions en allés vers tes désirs perdusEt moi comme un radar à leurs ailes penduDes embruns dans tes yeux et la mer dans ton ventreUn orgue dans ta voix chaque fois que je rentreDes chagrins en couleur riant à ton chevetLes lampes de mes yeux pour mieux les éclairer

Les parfums de la nuit quand ils montent d'EspagneLes accessoires du dimanche sous ton pagneLes larmes de la joie quand elle est à genouxLe rire du soleil quand le soleil s'en foutLes souvenirs de ceux qui n'ont plus de mémoireL'avenir en pilules toi et moi pour y croireDes passeports pour t'en aller t'EinsteiniserVers cet univers glauque où meurent nos idées

Des automates te parlant de mes problèmesEt cette clef à remonter qui dit " je t'aime "Un jardin dans ton cœur avec un jardinierQui va chez mon fleuriste et t'invite à dînerDes comptes indécis chez ton marchand de rêvesUn sablier à ton poignet des murs qui lèventDes chagrins brodés main pour t'enchaîner à moiDes armes surréelles pour me tuer cent fois

Cette chose qu'on pense être du feu de DieuCette mer qui remonte au pied de ton vacarmeCes portes de l'enfer devant quoi tu désarmesCes serments de la nuit qui peuplent nos aveuxEt cette joie qui fout le camp de ton collantCes silences perdus au bout d'une paroleEt ces ailes cassées chaque fois qu'on s'envoleCe temps qui ne tient plus qu'à trois... deux... un... zéro

JE TE DONNE TOUT ÇA, MARIE !

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Léo Ferré

Jolie môme Paroles et Musique: Léo Ferré 1961autres interprètes: Juliette Gréco, Catherine Sauvage, Patachou (1961), Florent Pagny (1999)

T'es tout' nueSous ton pullY a la rueQu'est maboul'Jolie mômeT'as ton cœurA ton couEt l'bonheurPas en d'ssousJolie mômeT'as l'rimmelQui fout l'campC'est l'dégelDes amantsJolie mômeTa prairieÇa sent bonFais-en donAux amisJolie mômeT'es qu'un' fleurDu printempsQui s'fout d'l'heureEt du tempsT'es qu'un' roseEclatéeQue l'on poseA côtéJolie mômeT'es qu'un brinDe soleilDans l'chagrinDu réveilT'es qu'un' vampQu'on éteintComm' un' lampeAu matinJolie mômeTes baisersSont pointus

Comme un accent aiguJolie mômeTes p'tits seinsSont du jourA la coqueA l'amourJolie mômeTa barrièreDe frou-frousFaut s'la faireMais c'est douxJolie mômeTa violetteEst l'violonQu'on violenteEt c'est bonJolie mômeT'es qu'un' fleurDe pass' tempsQui s'fout d'l'heureEt du tempsT'es qu'une étoileD'amourQu'on entoileAux beaux joursJolie mômeT'es qu'un pointSur les "i"Du chagrinDe la vieEt qu'une choseDe la vieQu'on arroseQu'on oublieJolie môme

T'as qu'un' paireDe mirettesAu pokerDes conquêtesJolie mômeT'as qu'un' rimeAu bonheurFaut qu'ça rimeOu qu'ça pleureJolie mômeT'as qu'un' sourceAu milieuQu'éclabousseDu bon dieuJolie môme

T'as qu'un' porteEn voil' blancQue l'on pousseEn chantantJolie mômeT'es qu'un' pauv'Petit' fleurQu'on guimauv'Et qui meurtT'es qu'un' femmeA r'passerQuand son âmeEst froisséeJolie mômeT'es qu'un' feuilleDe l'automneQu'on effeuilleMonotoneT'es qu'un' joieEn alléeViens chez moiLa r'trouverJolie môme

T'es tout' nueSous ton pullY a la rueQu'est maboule

JOLIE MÔME !

[17109] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

L'affiche rouge Paroles: Louis Aragon. Musique: Jean Ferrat, Maurice Vandair

Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmesNi l'orgue ni la prière aux agonisantsOnze ans déjà que cela passe vite onze ansVous vous étiez servis simplement de vos armesLa mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villesNoirs de barbe et de nuit hirsutes menaçantsL'affiche qui semblait une tache de sangParce qu'à prononcer vos noms sont difficilesY cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférenceLes gens allaient sans yeux pour vous le jour durantMais à l'heure du couvre-feu des doigts errantsAvaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCEEt les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givreA la fin février pour vos derniers momentsEt c'est alors que l'un de vous dit calmementBonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivreJe meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les rosesAdieu la vie adieu la lumière et le ventMarie-toi sois heureuse et pense à moi souventToi qui vas demeurer dans la beauté des chosesQuand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la collineQue la nature est belle et que le cœur me fendLa justice viendra sur nos pas triomphantsMa Mélinée ô mon amour mon orphelineEt je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirentVingt et trois qui donnaient le cœur avant le tempsVingt et trois étrangers et nos frères pourtantVingt et trois amoureux de vivre à en mourirVingt et trois qui criaient la France en s'abattant

[10358] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

L'age d'or Musique: Jean Ferrat, Maurice Vandair

Nous aurons du pain,Doré comme les fillesSous les soleils d'or.Nous aurons du vin,De celui qui pétilleMême quand il dort.Nous aurons du sangDedans nos veines blanchesEt, le plus souvent,Lundi sera dimanche.Mais notre âge alorsSera l'AGE D'OR.

Nous aurons des litsCreusés comme des fillesDans le sable fin.Nous aurons des fruits,Les mêmes qu'on grappilleDans le champ voisin.Nous aurons, bien sûr,Dedans nos maisons blêmes,Tous les becs d'azurQui là-haut se promènent.Mais notre âge alors,Sera l'AGE D'OR.

Nous aurons la merA deux pas de l'étoile.Les jours de grand vent,Nous aurons l'hiverAvec une cigaleDans ses cheveux blancs.Nous aurons l'amourDedans tous nos problèmesEt tous les discoursFiniront par "je t'aime"Vienne, vienne alors,Vienne l'AGE D'OR.

[10367] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

L'amour fou Musique: Jean Ferrat, Maurice Vandair

La mer en vous comme un cadeauEt dans vos vagues enveloppéeTandis que de vos doigts glacésVous m'inventez sur un seul motO Ma Frégate des hauts-fondsPetite frangine du malRemettez-vous de la passionVenez que je vous fasse malJe vous dirai des mots d'amourDes mots de rien de tous les joursLes mots du pire et du meilleurEt puis des mots venus d'ailleursJe vous dirai que je t'aimaisTu me diras que vous m'aimezVous me ferez ce que tu peuxJe vous dirai ce que tu veuxJe vous dirai ce que tu veux

Je vous aime d'amour

Si t'as seize ans et des poussièresA nous deux ça fait des annéesQue je prépare ma galèreA te ramer à t'affolerVoilà que tu cherches ton bienDans les vitrines de ma nuitAchète-moi je ne vaux rienPuisque l'amour n'a pas de prixComme une louve sous son loupQuand je vous ferai des petitsVous banderez vos yeux jalouxAvec un loup de satin grisTout comme est gris le jour qui vaPetite sœur écoutez-moiComme un bateau entre mes doigtsVous coulerez je vous le doisVous coulerez je vous le dois

Je vous aime d'amour

Si la mort avait ton regardJe meurs ce soir sans regarderEt te demanderai ma partAu bord du vide et des baisersL'amour ça ne meurt que la nuitAlors habille-toi en moiAvec un peu de rouge aussiJ'aurai ta mort entre mes brasLorsque vous me mettrez en croixDans votre forêt bien appriseEt que je boirai tout en basLa sève tant et tant promiseJe vous engouffrerai de sangPendant que vous serez charméeEt je vous donnerai l'enfantQue vous n'avez jamais étéQue vous n'avez jamais été

Je vous aime d'amour

[10720] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

[AD][AD] Catherine SauvageLéo Ferré

L'homme Paroles et Musique: Léo Ferré 1954 "1er prix du disque"

Veste à carreaux ou bien smokingUn portefeuille dans la têteChemise en soie pour les meetingsDéjà voûté par les courbettesLa pag' des sports pour les poumonsLes faits divers que l'on mâchonneLe poker d'as pour l'émotionLe jeu de dame avec la bonneC'est l'homme

Le poil sérieux l'âge de raisonLe cœur mangé par la cervelleDu talent pour les additionsL'œil agrippé sur les pucellesLa chasse à courre chez BertrandLe dada au Bois de BoulogneDeux ou trois coups pour le faisanEt le reste pour l'amazoneC'est l'homme

Les cinq à sept " pas vu pas pris "La romance qui tourne à videLe sens du devoir accompliEt le cœur en celluloïdeLes alcôves de chez BarbèsAux secrets de PolichinelleL'amour qu'on prend comme un expressAlors qu'ell' veut fair' la vaisselleC'est l'homme

Le héros qui part le matinA l'autobus de l'aventureEt qui revient après l'turbinAvec de vagues courbaturesLa triste cloche de l'ennuiQui sonne comme un téléphoneLe chien qu'on prend comme un amiQuand il ne reste plus personneC'est l'homme

Les tempes grises vers la fin

Les souvenirs qu'on raccommodeAvec de vieux bouts de satinEt des photos sur la commodeLes mots d'amour rafistolésLa main chercheuse qui voyagePour descendre au prochain arrêtLe jardinier d'la fleur de l'âgeC'est l'homme

Le va-t-en-guerre, y faut y allerQui bouff' de la géographieAvec des cocarde(s) en papierEt des tonnes de mélancolieDu goût pour la démocratieDu sentiment à la pochetteLe complexe de panoplieQue l'on guérit à la buvetteC'est l'homme

L'inconnu qui salue bien basLes lents et douloureux cortègesEt qui ne se rappelle pasQu'il a soixante-quinze bergesL'individu morne et glacéQui gît bien loin des mandolinesEt qui se dépêche à boufferLes pissenlits par la racineC'est l'homme

[15702] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

L'idole

Je suis arrivé à huit heures et quartJ'ai grillé une sèche en lisant le courrierDans cette loge d'artiste où s'arrête la gloireLe temps de se refaire une petite beautéRegarde-moi bienJ'suis une idole

J'ai passé mes joues au fil du rasoirQuand on vend sa gueule sous des projecteursOn peut pas se permettre d'avoir les cheveux noirsEt une barbe toute blanche même pour trois quarts d'heureJ'ai mis mes souliers tantôt bottillonsTantôt mocassins ça dépend des foisEt quant à marcher entre deux chansonsJ'irais bien pieds nus seulement ça se fait pasRegarde-moi bienJ'suis une idole

Si j'ai fait mes yeux c'est pour agrandirLes deux petits quinquets que maman m'a donnésJe les voudrais bien verts d'ailleurs je le fais direMais ils sont châtains en réalitéJ'ai mis mon costume sorti du pressingCe vestiaire anglais où on lave même le spleenUn chanteur qui chante la révolutionÇa planque sa cravate ça met le col DantonRegarde-moi bienJ'suis une idole

J'ai bronzé ma gueule d'un vieux fond de soleilQu'on me refile en tube chez mon parfumeurEt quand je fous mes codes sous l'arc des merveillesOn voit des canaux qu'on prend pour des pleursQuand tout est fini le rideau baisséEt que j'entends mourir la rumeur compliceEt qu'il n'y a plus rien qu'un silence arméPar tant de passants sous tant de coulissesRegarde-moi bienJ'suis une idole

Et je retrouve mon corps celui que je rencontreLes matins civils quand je me prends pour moiLe même que l'on voit le même que l'on montre

A je ne sais plus qui pour je ne sais plus quoiEt je m'en vais souper traqué dans un coinAvec mes copains sur mon additionEn rasant les tables en me cachant des mainsEn disant tout bas la fin de ma chansonRegardez-moi bienJ'suis qu'un artiste

[15832] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

L'île Saint-Louis Paroles: Léo Ferré, Francis Claude. Musique: Léo Ferré 1952© 1952 Editions Meridian

L'île Saint-Louis en ayant marreD'être à côté de la CitéUn jour a rompu ses amarresElle avait soif de libertéAvec ses joies, avec ses peinesQui s'en allaient au fil de l'eauOn la vit descendre la SeineEll' se prenait pour un bateau.Quand on est une îleOn reste tranquilleAu cœur de la villeC'est ce que l'on dit,Mais un jour arriveOn quitte la riveEn douce on s'esquivePour voir du pays.

{Refrain:}Pour les îles sagesPoint de grands voyagesPoint de grands voyagesTra la la,Les livres d'imagesTra la la,Se font à ParisTra la la la la,Se font à Paris.

De la Mer Noire à la Mer RougeDes îles blanches, aux îles d'orVers l'horizon où rien ne bougePoint n'a trouvé l'île au trésor,Mais tout au bout de son voyageDans un endroit peu fréquentéOn lui raconta le naufrageL'île au trésor s'était noyée.Quand on est une îleOn vogue tranquilleTrop loin de la villeMalgré c'que l'on dit,Mais un jour arrive

Où l'âme en dérive,On songe à la riveDu bon vieux Paris

{Refrain}

L'Ile Saint-Louis a de la peineDu pôle Sud au pôle NordL'océan ne vaut pas la SeineLe large ne vaut pas le portSi l'on a trop de vague à l'âmeMourir un peu n'est pas partirQuand on est île à Notre-DameOn prend le temps de réfléchir.Quand on est une îleOn reste tranquilleAu cœur de la villeMoi je vous le dit,Pour les îles sagesPoint de grands voyagesLes livres d'imagesSe font à Paris

{Refrain}

[16016] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

L'oppression Musique: Léo Ferré

Ces mains bonnes à tout même à tenir des armesDans ces rues que les hommes ont tracées pour ton bienCes rivages perdus vers lesquels tu t'acharnesOù tu veux aborderEt pour t'en empêcherLes mains de l'oppression

Regarde-la gémir sur la gueule des gensAvec les yeux fardés d'horaires et de rêvesRegarde-là se taire aux gorges du printempsAvec les mains trahies par la faim qui se lève

Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jourEt que l'on dit braqués sur les chiffres et la haineCes choses "défendues" vers lesquelles tu te traînesEt qui seront à toiLorsque tu fermerasLes yeux de l'oppression

Regarde-la pointer son sourire indécentSur la censure apprise et qui va à la messeRegarde-la jouir dans ce jouet d'enfantEt qui tue des fantômes en perdant ta jeunesse

Ces lois qui t'embarrassent au point de les nierDans les couloirs glacés de la nuit conseillèreEt l'Amour qui se lève à l'UniversitéEt qui t'envahiraLorsque tu casserasLes lois de l'oppression

Regarde-la flâner dans l'œil de tes copainsSous le couvert joyeux de soleils fraternelsRegarde-la glisser peu à peu dans leurs mainsQui formerons des poingsDès qu'ils auront atteintL'âge de l'oppression

Ces yeux qui te regardent et la nuit et le jour

Et que l'on dit braqués sur les chiffres et la haineCes choses "défendues" vers lesquelles tu te traînesEt qui seront à toiLorsque tu fermerasLes yeux de l'oppression

[19432] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

La "the nana" Musique: Léo Ferré

La "the nana"C'est dans la voix et dans le gesteLa "the nana"C'est "tha nana" avec un zesteLa "the nana"Quant à la jupe à ras l'bonbonLa "the nana"C'est pas compliqué mais c'est bonLa "the nana"Que ça vous mate ou qu'ça vous toucheLa "the nana"C'est l'eau courante au fond d'la boucheLa "the nana"Et quand ça vous r'file un' galocheLa "the nana"Tu joues complet dans ton cinocheLa "the nana"C'est dans la taille et dans le fasteLa "the nana"C'est "the nana" et puis c'est basteLa "the nana"Quant à chômer devant son culLa "the nana"Les chômeurs ça court pas les ruesLa "the nana"Que ça se traine ou qu'ça s'trimballeLa "the nana"Au septième ciel tu fais tes mallesLa "the nana"Et tu lui red'mand's un ticketLa "the nana"Pour t'emballer au bout du quaiLa "the nana"C'est du jasmin sous un' guenilleLa "the nana"Du cousu main en espadrillesLa "the nana"C'est un' prison dans sa bastilleLa "the nana"C'est du vison en haut des quillesLa "the nana"

Quand ça t'emballe au bout d'la rueLa "the nana"Ça t'fait marron et ça t'lâche plusLa "the nana"Quand ça vient lire au fond du pajeLa "the nana"T'as même plus l'temps d'tourner les pagesLa "the nana"C'est des baisers, c'est des caressesLa "the nana"A t'défoncer le tiroir-caisseLa "the nana"C'est d'la panthère qu'on t'sert en tasseLa "the nana"Faut laisser faire et puis ça passeLa "the nana"C'est comme un ange qu'aurait pas d'ailesLa "the nana"C'est un jouet au bout d'une ficelleLa "the nana"C'est un chagrin qui va tout nuLa "the nana"C'est un cri perdu dans la rueLa "the nana"C'est dans la voix et dans le gesteLa "the nana"C'est "the nana" avec un zesteLa "the nana"Quant à la jupe à ras l'bonbonLa "the nana"C'est pas qu'c'est gagné... mais c'est bon...

[22537] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

La Complainte de la tele

On m'appell' la télé, la montreuse à tout-vaAvant d'fair' le trottoir j'me les caill' sur les toitsJ'suis pas grand-chos' de bien, c'est sûr, mais ce qui m'gêneC'est leurs yeux interlopes qui me luxent les antennes...J'ai un gars qu'est direct et l'autre qu'on nomm' play-backEt tout ça s'pellicule et tout ça s'met en boîteMais les clients sérieux c'est pas qu'ils m'embarrassentEt pour pas fair' d'envieux j'me les fais face à face

On m'appell' la télé, la montreuse électriqueEt j'suis comme un' morphin' qu'endort la républiqueQuand y a des pinailleurs qui m'soulèv'nt des problèmesSur qui ou quoi ou qu'est-ce... j'leur dis : Jugez vous-mêmesUn ministre à l'année que l'trottoir indisposeEntre deux cabinets fréquent' ma télé-closePour les yeux affamés qui vont chercher fortuneDans mon lit à colonnes j'peux leur montrer ma Une

On m'appell' la télé des famill's tout c'qui y a d'mieuxJ'ai des ministres oc-CULtes à qui je fais les yeuxJ'suis la télé-partouze, final'ment, faut bien l'direQu'importe la partouze quand c'est pour le plaisirDes fois j'suis l'invisible, j'en ai qui marchent à ça,T'as pas vu, mon coco, mes soutiens-caméras ?Quand je suis exciting, y a de drôl's de pouletsQui fout'nt un carré blanc sur ce qu'ils vont lorgner

On m'appell' la télé et j'fais tous les quartiersAvec mes patt's en l'air j'ai l'voyeur assuréL'Olympe s'est vidé, l'music-hall du bisness,Alors pour le remplir il tâte mon PalmarèsDepuis qu'j'ai d'la Lectur' pour tous j'suis un peu snobJ'bouffe avec Montherlant qui m'amélior' mon jobMais comm' le vendredi c'est le jour d'la morueMon mac Panorama me fout au coin des rues

On m'appell' la télé d'la photo cavaleuseSur mon trottoir là-haut j'me sens tout' transisteuseTout comm' les fill's publiques qu'ont leur jour de sortieMoi pour prendre un coup d'air faut qu'j'me tap' le rugby

Des fois j'suis comm' les grues qui font du sentimentJ'fais pas payer trop cher et tout l'monde est contentDes fois j'suis pas causeuse, c'est quand j'ai mes affairesAlors je dis : Barka ! et j'prends l'frais mon p'tit père...

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Léo Ferré

La jalousie Musique: Léo Ferré

Dis-moi la jalousie comment ça fait comment ça vientComment ça va Dis-moi comment ça s'fringue aussi la jalousie dis-moiAvec des bas tirés dessus comme une arme qui se dégaineEt qui poursuit des rêves vieux de cent mille ansAvec au creux des dents de loupDis-moi la jalousie quand ça te prendAu fond d'un lit où tu es seulAvec dans le plafond des araignéesQui tissent un peu de ta mélancolieQue tu prendras demain matin sur l'autorouteA te traîner aux portes de Paris

Dis-moi la jalousie comment ça fait comment ça vientComment ça va Dis-moi comment ça fait des trous la jalousie dis-moiAvec des yeux qui sont doublés comme un radar qui se souvientEn pleine nuit de mille autres yeux tout cernésAvec au fond des revolversDis-moi la jalousie quand ça te prendAu bord du gouffre où tu es seulAvec au fond dans la vallée du sangVersé dans les poubelles de l'amourDans les fanfares du retour sur l'autorouteA te rentrer dans ta banlieue Dis-moi

Dis-moi la jalousie comment ça fait comment ça vientComment ça va Dis-moi comment ça tue le temps la jalousie dis-moiAvec le chrono dans le cœur que tu n'arrêteras jamaisA moins qu'il ne s'arrête en plein milieu d'un litMeuble à deux à deux sans toiDis-moi la jalousie quand ça te prendAu fond du creux dans lagéométrie de ta banlieue avec ses mainsQui grattent au ciel Dis-moi les revolversC'est pas fait pour les chiens et si tu n'es qu'un chienT'as qu'à rentrer dans ta niche à moins que

A moins que... A moins que...

Allez... Tire-toi !

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Léo Ferré

La langue francaise Musique: Léo Ferré

C'est un' barmaidQu'est ma darlingMais in the bedC'est mon travellingMon best-sellerEt mon planningC'est mon starterAfter shavingJ'suis son parkingSon one man showSon fuel son kingSon slip au chaudRien qu'un p'tit flashAu five o'clockJ'paie toujours cashDans l'bondieu scop

ET J'CAUSE FRANCAISC'EST UN PLAISIR

C'est ma starlettMa very goodMon pick-galetteMon hollywoodC'est ma babyAu tea for twoC'est ma ladyAu one two twoJ'suis son jockeySon steeple-chaseJ'sais la driverA la françaiseDans l'sleeping carAfter paillasseA son milk-barJ'me tape un glass

ET J'CAUSE FRANCAISC'EST UN PLAISIR

C'est ma call girlMa savourexQu'effac' sa gueuleA coups d'kleenexC'est ma luckyC'est ma pall mallMa camel quiFait ça pas malQuand c'est OKOn fait l'remakeQuand c'est loupéOn fait avecJ'lui fais l'mohairEt la syntaxeTrès rock in chairJe shoot relaxe

ET J'CAUSE FRANCAISC'EST UN PLAISIR

C'est un' barmaidQu'est ma darlingMais in the bedC'est du forcingC'est du pam pamA chaque coup d'gongC'est plus un' femmeC'est un ping-pongQuand je suis outElle m' sex appealEt dans l'black outJe smash facileSur son standingIn extremisJ'fais du pressingAu self service

ET J'CAUSE FRANCAISC'EST UN PLAISIR

C'est mon amourMon coqu'licotMon p'tit bonjourMon p'tit oiseau

AND JE SPEAK FRENCHC'EST UN PLEASURE

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Léo Ferré

La maffia Musique: Léo Ferré

Tant pis si t'es dans la débineT'avais qu'à êt' dans la maffia.Un coup d'sourdine,Deux sous d'combineEt t'avais ton rata.Tandis qu'toi tu joues à l'homme,Tu m'la fais au cousu d'or.Tu n'es qu'un' pomme,Car les vrais hommes,Ça fait des p'tits efforts.

Méfi la maffia radine,T'as un' bonn' place à l'usine.C'est pas qu't'aim' la mandoline,Mais la maffia, elle, elle aim' ça !Pour mieux beurrer tes tartinesEt merdailler ta poitrine,Faut savoir jouer d'la chopineEt la maffia, elle, elle aim' ça !

Tant pis si t'es au bas d'l'affiche,T'avais qu'à être dans la maffia.Un p'tit pourlicheEt te v'là riche,Avec un nom comm' ça !Tandis qu'toi tu prends des poses,T'es mêm' pas dans le Bottin.Ça indispose, mais c'est à causeDe ça qu't'es dans l'pétrin.

Méfi la maffia s'ramène.T'es ni José ni Carmen,Quand tu chant's c'est la bohème,Et la maffia, elle aim' pas ça !Tu vas traînant tes rengainesLe long de la longue SeineEn crachant sur ceux qui t'gênentEt la maffia, elle aim' pas ça !

Tant pis si tu meurs dans la dèche,Vaut mieux crever dans la maffiaAvec un' crèche

Dans un' calècheEt des croqu'muches en soie.Tandis qu'toi tu pars en somme,Tu pars comm' t'es jamais v'nu.Un p'tit coup d'gomme,Si t'es un homme,Personn' n'en a rien su.

Regardez-moi l'mec qui s'taille,Tiré par deux ch'vaux d'batailleSuivi par un chien qui brailleA son amour, à son amour,Et la maffia qui s'cavale.Car pour louer sous la dalle,C'est pas comme pour la fringale,C'est jamais l'jour, c'est jamais l'jour.Si tu chant's ma chansonnettePour fair' ton métier d'vedetteT'as qu'à barrer c'qui t'embêteAvec des "ixe", avec des "ixe"Ou bien chanter en englicheLes conn'ries qui plaisent aux richesAlors tu s'ras sur l'afficheA Coquatrix, à Coquatrix.

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Léo Ferré

La Marseillaise Musique: Léo Ferré

J'connais un' grue sur le Vieux PortAvec des dents longu's comm' la faimEt qui dégraf' tous les marinsQu'ont l'âme chagrine et le cœur d'orC'est à Marseille que j'vais la voirQuand le soleil se fout en tweedEt que l'mistral joue les caïdsC'est à Marseille qu'ell' traîn' le soirElle a des jupes à embarquerTous les chalands qui traîn'nt la nuitEt des froufrous qui font tant d'bruitQu'on les entend au bout du quaiIl suffit d'y mettre un peu d'soiC'est un' putain qu'aime que la braiseEt moi j'l'appelle la MarseillaiseC'est bien le moins que je lui dois

Arrête un peu que j'voisSu tu fais l'poidsEt si j'en aurai pour mon fricArrête un peu que j'voisSi les étoiles couchent avec toiEt tu m'dirasCombien j'te dois

J'connais un' grue dans mon paysAvec les dents longu's comm' le brasEt qui s'tapait tous les soldatsQu'avaient la mort dans leur fusilC'est à Verdun qu'on peut la voirQuand les souv'nirs se foutent en priseEt que l'vent d'est pose sa valiseEt qu'les médaill's font le trottoirElle a un' voix à embarquerTous les traîn'-tapins qu'elle rencontreEt il paraît qu'au bout du compteÇa en fait un drôl' de paquetIl suffit d'y mettre un peu d'soiAu fond c'est qu'un' chanson françaiseMais qu'on l'appell' la MarseillaiseÇa fait bizarr' dans ces coins-là

Arrête un peu que j'voisSi t'as d'la voixSi j'en aurais pour mes galonsArrête un peu que j'voisEt puis qu'j'abreuve tous vos sillonsEt j'vous diraiCombien ça fait

J'connais un' grue qu'a pas d'principesLes dents longu's comme un jour sans painQui dégrafait tous les gaminsFumant leur vie dans leur cass'-pipeC'est dans les champs qu'ell' traîn' son culOù y a des croix comm' des oiseauxDes croix blanch's plantées pour la peauLa peau des autr's bien entenduCell'-là on peut jamais la voirA moins d'y voir les yeux fermésEt l'périscop' dans les trous d'nezBien allongé sous le boul'vardSuffit d'leur filer quat' bouts d'boisEt d'fair' leur lit dans un peu d'glaiseEt d'leur chanter la MarseillaiseEt d'leur faire un' bell' jambe de bois

Arrête un peu tes cuivresEt tes tamboursEt ramèn' moi l'accordéonArrête un peu tes cuivresQue je puiss' finir ma chansonLe temps que j'baiseMa Marseillaise

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Léo Ferré

La mélancolie Musique: Léo Ferré

LA MELANCOLIEC'est un' rue barréeC'est c'qu'on peut pas direC'est dix ans d'puréeDans un souvenirC'est ce qu'on voudraitSans devoir choisirLA MELANCOLIEC'est un chat perduQu'on croit retrouvéC'est un chien de plusDans le mond' qu'on saitC'est un nom de rueOù l'on va jamaisLA MELANCOLIEC'est se r'trouver seulPlac' de l'OpéraQuand le flic t'engueuleEt qu'il ne sait pasQue tu le dégueulesEn rentrant chez toiC'est décontractéOuvrir la téléEt r'garder distraitUn Zitron' presséT'parler du tiercéQue tu n'a pas jouéLA MELANCOLIELA MELANCOLIEC'est voir un mendiantChez l'conseil fiscalC'est voir deux amantsQui lis'nt le journalC'est voir sa mamanChaqu' fois qu'on s'voit malLA MELANCOLIEC'est revoir GarboDans la rein' Christine

C'est revoir CharlotA l'âge de ChaplinC'est Victor HugoEt LéopoldineLA MELANCOLIEC'est sous la teintureAvoir les ch'veux blancsEt sous la parureFair' la part des ansC'est sous la blessureVoir passer le tempsC'est un chimpanzéAu zoo d'AnversQui meurt à moitiéQui meurt à l'enversQui donn'rait ses piedsPour un revolverLA MELANCOLIELA MELANCOLIEC'est les yeux des chiensQuand il pleut des osC'est les bras du BienQuand le Mal est beauC'est quelquefois rienC'est quelquefois tropLA MELANCOLIEC'est voir dans la pluieLe sourir' du ventEt dans l'éclaircieLa gueul' du printempsC'est dans les soucisVoir qu'la fleur des champsLA MELANCOLIEC'est regarder l'eauD'un dernier regardEt faire la peauAu divin hasardEt rentrer penaudEt rentrer peinardC'est avoir le noirSans savoir très bienCe qu'il faudrait voirEntre loup et chienC'est un DESESPOIRQU'A PAS LES MOYENSLA MELANCOLIELA MELANCOLIE

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Léo Ferré

La mémoire et la mer

La marée, je l'ai dans le cœurQui me remonte comme un signeJe meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygneUn bateau, ça dépend commentOn l'arrime au port de justesseIl pleure de mon firmamentDes années lumières et j'en laisseJe suis le fantôme jerseyCelui qui vient les soirs de frimeTe lancer la brume en baiserEt te ramasser dans ses rimesComme le trémail de juilletOù luisait le loup solitaireCelui que je voyais brillerAux doigts de sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de merQue nous libérions sur paroleEt qui gueule dans le désertDes goémons de nécropoleJe suis sûr que la vie est làAvec ses poumons de flanelleQuand il pleure de ces temps làLe froid tout gris qui nous appelleJe me souviens des soirs là-basEt des sprints gagnés sur l'écumeCette bave des chevaux rasAu raz des rocs qui se consumentÖ l'ange des plaisirs perdusÖ rumeurs d'une autre habitudeMes désirs dès lors ne sont plusQu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquisAvec ses pâleurs de rescousseEt le squale des paradisDans le milieu mouillé de mousseReviens fille verte des fjordsReviens violon des violonadesDans le port fanfarent les corsPour le retour des camaradesÖ parfum rare des salantsDans le poivre feu des gerçures

Quand j'allais, géométrisant,Mon âme au creux de ta blessureDans le désordre de ton culPoissé dans des draps d'aube fineJe voyais un vitrail de plus,Et toi fille verte, mon spleen

Les coquillages figurantSous les sunlights cassés liquidesJouent de la castagnette tansQu'on dirait l'Espagne livideDieux de granits, ayez pitiéDe leur vocation de parureQuand le couteau vient s'immiscerDans leur castagnette figureEt je voyais ce qu'on pressentQuand on pressent l'entrevoyureEntre les persiennes du sangEt que les globules figurentUne mathématique bleue,Sur cette mer jamais étaleD'où me remonte peu à peuCette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de làSous l'arc copain où je m'aveugleCes mains qui me font du fla-flaCes mains ruminantes qui meuglentCette rumeur me suit longtempsComme un mendiant sous l'anathèmeComme l'ombre qui perd son tempsÀ dessiner mon théorèmeEt sous mon maquillage rouxS'en vient battre comme une porteCette rumeur qui va deboutDans la rue, aux musiques mortesC'est fini, la mer, c'est finiSur la plage, le sable bêleComme des moutons d'infini...Quand la mer bergère m'appelle

[18263] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

La poisse Musique: Léo Ferré

Si par hasardDans un placardTu piqu's la guigneSois pas manchotPlanqu' tes ballotsA la consigneSi les gitansUn jour lisantDans tes mains pâlesOnt vu l'printempsMachinal'mentSe fair' la malle... cherche pas

Fous donc en l'air la poisse

La poisse... la poisse... la poisse..

Si par hasardTu pars peinardPour les AntillesCousu d'pognonChaussé d'visonOu d'espadrillesQue t'aies quittéAu bout du quaiTes vieilles misèresEt qu'en oiseauOu en bateauTu t'fasses le paire... t'en vas pas

N'embarqu' jamais la poisse

La poisse... la poisse... la poisse..

Si par hasardDans un bazarTu piqu's la poisseChang' de trottoirEt vas-t-en voirC'qui s'passe en face

Comme au pokerSi t'as qu'un' paireQui vaut dix ballesAttends l'gros lotFous pas au potTon bon étoile... n'oublie pas

On fréquente pas la poisse

La poisse... la poisse... la poisse..

Si par hasardTa vieille guitareJouait plus en m'sureEt si l'bon DieuFermait tes yeuxA la natureSi ton contratS'arrêtait làEt qu'tu voyagesPour ce paysOù comme on ditY a plus d'bagages... t'en fais pas

Là-bas y a pas la poisse

La poisse... la poisse... la poisse..

Allez, bon voyage mon p'tit!Allez...

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Léo Ferré

La tristesse Musique: Léo Ferré

La tristesse a jeté ses feux rue d'AmsterdamDans les yeux d'une fille accrochée aux pavésLes gens qui s'en allaient dans ce Paris de flammeNe la regardaient plus, elle s'était pavéeLa tristesse a changé d'hôtel et vit en faceEt la rue renversée dans ses yeux du malheurNe sait plus par quel bout se prendre et puis se casseAu bout du boulevard comme un delta majeur

La tristesse...

C'est un chat étendu comme un drap sur la routeC'est ce vieux qui s'en va doucement se casserC'est la peur de t'entendre aux frontières du douteC'est la mélancolie qu'a pris quelques annéesC'est le chant du silence emprunté à l'automneC'est les feuilles chaussant leurs lunettes d'hiverC'est un chagrin passé qui prend le téléphoneC'est une flaque d'eau qui se prend pour la mer

La tristesse...

La tristesse a passé la main et court encoreOn la voit quelquefois traîner dans le quartierOu prendre ses quartiers de joie dans le drugstoreOù meurent des idées découpées en quartiersLa tristesse a planqué tes yeux dans les étoilesEt te mêle au silence étoilé des annéesDont le regard lumière est voilé de ces voilesDont tu t'en vas drapant ton destin constellé

La tristesse...

C'est cet enfant perdu au bout de mes caressesC'est le sang de la terre avorté cette nuitC'est le bruit de mes pas quand marche ta détresseEt c'est l'imaginaire au coin de la folieC'est ta gorge en allée de ce foulard de soieC'est un soleil bâtard bon pour les rayons " X "C'est la pension pour Un dans un caveau pour troisC'est un espoir perdu qui se cherche un préfixe

Le désespoir...

[22893] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

La Vie d'artiste Paroles: Léo Ferré et Francis Claude. Musique: Léo Ferré

Je t'ai rencontrée par hasard,Ici, ailleurs ou autre part,Il se peut que tu t'en souviennes.Sans se connaître on s'est aimés,Et même si ce n'est pas vrai,Il faut croire à l'histoire ancienne.Je t'ai donné ce que j'avaisDe quoi chanter, de quoi rêver.Et tu croyais en ma bohème,Mais si tu pensais à vingt ansQu'on peut vivre de l'air du temps,Ton point de vue n'est plus le même.

Cette fameuse fin du moisQui depuis qu'on est toi et moi,Nous revient sept fois par semaineEt nos soirées sans cinéma,Et mon succès qui ne vient pas,Et notre pitance incertaine.Tu vois je n'ai rien oubliéDans ce bilan triste à pleurerQui constate notre faillite." Il te reste encore de beaux joursProfites-en mon pauvre amour,Les belles années passent vite."

Et maintenant tu vas partir,Tous les deux nous allons vieillirChacun pour soi, comme c'est triste.Tu peux remporter le phono,Moi je conserve le piano,Je continue ma vie d'artiste.Plus tard sans trop savoir pourquoiUn étranger, un maladroit,Lisant mon nom sur une afficheTe parlera de mes succès,Mais un peu triste toi qui sais" Tu lui diras que je m'en fiche...que je m'en fiche..."

[23683] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Le bonheur

Madame ?Où courez-vous dans le silenceDu tohu-bohu de la rueMadame ?Tu vas retrouver ton amantPendant que ton mari travailleMadame ?Le bonheur ça vaut pas trois maillesMadame ?Aussitôt là faut qu'il s'en ailleAlors...

Profite de l'après-midi

Madame ?Où courez-vous dans le vacarmeEt le silence du devoirMadame ?Tu vas retrouver ton mariPendant que l'Autre fait la pauseMadame ?Le bonheur ça n'est pas grand-choseMadame ?C'est du chagrin qui se reposeAlors

Il ne faut pas le réveiller

Le bonheur...

QU'EST-C'QUE C'EST ?

[11705] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Le chien Paroles et Musique: Léo Ferré

À mes oiseaux piaillant deboutChinés sous les becs de la nuitAvec leur crêpe de coutilEt leur fourreau fleuri de trousÀ mes compaings du pain rassisÀ mes frangins de l'entre biseÀ ceux qui gerçaient leur chemiseAu givre des pernods-minuit

A l'Araignée la toile au ventA Biftec baron du homardEt sa technique du caviarQui ressemblait à du harengA Bec d'Azur du pif comptantQui créchait côté de SancerreSur les MIDNIGHT à moitié verreChez un bistre de ses clients

Aux spécialistes d'la scoumouneQui se sapaient de courants d'airEt qui prenaient pour un steamerLa compagnie Blondit and ClownsAux pannes qui la langue au pasEn plein hiver mangeaient des nèflesA ceux pour qui deux sous de trèfleÇa valait une Craven A

A ceux-là je laisse la fleurDe mon désespoir en alléMaintenant que je suis paréEt que je vais chez le coiffeurPauvre mec mon pauvre PierrotVois la lune qui te cafardeCette Américaine mouchardeQu'ils ont vidée de ton pipeau

Ils t'ont pelé comme un moutonAvec un ciseau à surtaxeProgressivement contumax

Tu bêle à tout va la chansonEt tu n'achètes plus que du ventEncore que la nuit venueY a ta cavale dans la rueQui hennnit en te klaxonnant

Le Droit la Loi la Foi et ToiEt une éponge de vin surTon Beaujolais qui fait le murEt ta Pépée qui fait le toitEt si vraiment Dieu existaitComme le disait BakounineCe Camarade VitamineIl faudrait s'en débarrasser

Tu traînes ton croco ridéCinquante berges dans les flancsEt tes chiens qui mordent dedansLe pot-au-rif de l'amitiéUn poète ça sent des piedsOn lave pas la poésieÇa se défenestre et ça crieAux gens perdus des mots FERIES

Des mots oui des mots comme le Nouveau MondeDes mots venus de l'autre côté clé la riveDes mots tranquilles comme mon chien qui dortDes mots chargés des lèvres constellées dans le dictionnaire desconstellations de motsEt c'est le Bonnet Noir que nous mettrons sur le vocabulaireNous ferons un séminaire, particulier avec des grammairiensparticuliers aussiEt chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiassesLittéromanes

IL IMPORTE QUE LE MOT AMOUR soit rempli de mystère et nonde tabou, de péché, de vertu, de carnaval romain des draps coususdans le salaceEt dans l'objet de la policière voyance ou voyeurieNous mettrons de longs cheveux aux prêtres de la rue pour leurapprendre à s'appeler dès lors monsieur l'abbé Rita Hayworthmonsieur l'abbé BB fricoti fricota et nous ferons des prières inverséesEt nous lancerons à la tête des gens des motsSANS CULOTTESANS BANDE A CULSans rien qui puisse jamais remettre en questionLa vieille la très vieille et très ancienne et démodée querelle duqu'en diront-ilsEt du je fais quand même mes cochoncetés en toute quiétude sousprétexte qu'on m'a béniQue j'ai signé chez monsieur le maire de mes deux mairies

ALORS QUE CES ENFANTS SONT TOUT SEULS DANS LESRUESET S'INVENTENT LA VRAIE GALAXIE DE L'AMOURINSTANTANEAlors que ces enfants dans la rue s'aiment et s'aimerontAlors que cela est indéniableAlors que cela est de toute évidence et de toute éternitéJE PARLE POUR DANS DIX SIECLES et je prends dateOn peut me mettre en cabaneOn peut me rire au nez ça dépend de quel rireJE PROVOQUE-À L'AMOUR ET À L'INSURRECTIONYES! I AM UN IMMENSE PROVOCATEURJe vous l'ai dit

Des armes et des mots c'est pareilÇa tue pareilII faut tuer l'intelligence des mots anciensAvec des mots tout relatifs, courbes, comme tu voudras

IL FAUT METTRE EUCLIDE DANS UNE POUBELLE

Mettez-vous le bien dans la courbureC'est râpé vos trucs et manigancesVos démocraties où il n'est pas question de monter à l'hôtel avecune filleSi elle ne vous est pas collée par la jurisprudenceC'est râpé Messieurs de la RomanceNous, nous sommes pour un langage auquel vous n'entravez quecouicNOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens, quand ils sentent lacompagnie,Ils se dérangent et on leur fout la paixNous voulons la Paix des ChiensNous sommes des chiens de " bonne volonté "El nous ne sommes pas contre le fait qu'on laisse venir à nouscertaines chiennesPuisqu'elles sont faites pour ça et pour nous

Nous aboyons avec des armes dans la gueuleDes armes blanches et noires comme des mots noirs et blancsNOIRS COMME LA TERREUR QUE VOUS ASSUMEREZBLANCS COMME LA VIRGINITÉ QUE NOUS ASSUMONSNOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens, quand ils sentent lacompagnie,II se dérangent, ils se décolliérisentEt posent leur os comme on pose sa cigarette quand on a quelquechose d'urgent à faire

Même et de préférence si l'urgence contient l'idée de vous foutresur la margouletteJe n'écris pas comme de Gaulle ou comme Perse l

JE CAUSE et je GUEULE comme un chien

JE SUIS UN CHIEN

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Léo Ferré

Le crachat

Glaireux à souhait avec des fils dans l'amidonSe demandant s'il tombera du mur ou nonLe crachat au soleil s'étire

Son œil vitreux de borgne où la haine croupitBrillant d'un jaune vert pâlot et mal nourriSous la canicule chavire

D'où viens-tu pèlerin gélatineux et froidDe quelle gorge obscure as-tu quitté l'emploiPour te marier à cette pierre

D'un gosier mal vissé ou d'un nez pituiteuxD'un palais distingué d'un poumon besogneuxOu d'une langue de vipère

Avant que de finir au plat sur ce granitEtais-tu préposé au catarrhe au pruritOu bien à résoudre une quinte

Es-tu le doute du rêveur l'orgueil du fatLa solution d'un douloureux échec et matOu l'exutoire du farniente

Agacé par l'insecte au ventre crevant d'œufsDécoloré, suintant, le crachat comateuxSur le trottoir enfin débonde

Tandis qu'agonisant sous des pieds indistinctsA l'aise enfin chez lui il me dit l'air hautain" Je suis la conscience du monde "

[13349] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

[AD] Catherine SauvageLéo Ferré

Le piano du pauvre Paroles et Musique: Léo Ferré 1954autres interprètes: Francis Lemarque, Patachou, Germaine Montéro

Le piano du pauvreSe noue autour du couLa chanson guimauveToscanini s'en foutMais il est pas chienEt le lui rend bienIl est éclectiqueSonate ou javaConcerto polkaIl aim' la musique

Le piano du pauvreC'est l'Chopin du printempsSous le soleil mauveDes lilas de NogentIl roucoule un brinA ceux qui s'plais'nt bienEt fait des avancesRavel ou machinC'est déjà la finMais v'là qu'y r'commence

Le piano du pauvreSe noue autour des reinsSa chanson guimauveÇa va toujours très loinCar il n'est pas chienToujours il y r'vientIl a la pratiqueC'est pour ça d'ailleursQu'les histoir's de cœurFiniss'nt en musique

Le piano du pauvreEst un joujou d'un souQuand l'amour se sauveY a pas qu'lui qui s'en fout

Car on n'est pas chienOn le lui rend bienOn est électiqueJules ou bien machinC'est déjà la finMais v'là qu'on y r'pique

Le piano du pauvreC'est pas qu'il est voyouLa chanson guimauveOn en prend tous un coupCar on n'est pas chienOn a les moyensEt le cœur qui plisseQuand PaderewskyTir' de son étuiL'instrument d'service

Le piano du pauvreN'a pas fini d'jacterSous le regard fauveDes rupins du quartierPendant qu'les barbusDu vieil InstitutPosent leurs bésiclesPour entendre au loinLe piano moulinQui leur fait l'article

Le piano du pauvreDans sa boîte à bobardsS'tape un air guimauveEn s'prenant pour MozartS'il a l'air grognonEt joue sans façonsDes javas perversesC'est qu'il est pas chienEt puis qu'il faut bienFair' marcher l'Commerce...

[20135] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Le printemps des poêtes Musique: Léo Ferré

J'ai vécu des printemps fabuleux en hiverPendant que le vulgaire était tout emmoufléJe soufflais sur mes mains à son cul à son nezV'là-t'y pas qu'ses bourgeons sortaient m'en jouer un air

Le printemps ça s'invente et ça se fout en tauleLe printemps c'est ma mine avec ses airs de chienQui vient tout ébahie me montrer tout son bienLe temps de déposer mon arme de l'épaule

Et oui c'est ça monsieur le printemps des poètesTout juste un peu d'hiver pour rompre les façonsUn quart d'été un quart d'automne et des chansonsEt s'il fait encor frais on se met la casquette

On va faire des pique-niques du côté des ballotsOn va se mettre au vert en croyant aux histoiresEt l'on se sent mourir au bord d'une guitareQuand la mort espagnole envoie son flamenco

Ce qu'il faut de désirs aux heures de l'ennuiEt ce qu'il faut mentir pour que mentent les chosesCe qu'il faut inventer pour que meurent les rosesL'espace d'un matin l'espace d'une nuit

Jamais ne vient l'avril dans le fond de mon cœurCet éternel hiver qui bat comme une caisseQu'on clouerait sans répit depuis que ma jeunesseA décidé d'aller se faire teindre ailleurs

[20563] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Le temps du tango Paroles: Jean-Roger Caussimon. Musique: Léo Ferré

Moi je suis du temps du tangoOù mêm' les durs étaient dingosDe cett' fleur du guinche exotiqueIls y paumaient leur énergieCar abuser d'la nostalgieC'est comm' l'opium, ça intoxiqueCostume clair et chemis' blancheDans le sous-sol du MikadoJ'en ai passé des beaux dimanchesDes bell's venaient en avalancheEt vous offraient comme un cadeauRondeurs du sein et de la hanchePour qu'on leur fass' danser l'tango !

Ces môm's-là, faut pas vous tromperC'était d'la bell' petit' poupéeMais pas des fill's, ni des mondainesEt dam', quand on a travailléSix jours entiers, on peut s'payerD'un cœur léger, un' fin d'semaineSi par hasard et sans manièresLe coup d'béguin venait bientôtEll's se donnaient, c'était sincèreAh ! c'que les femmes ont pu me plaireEt c'que j'ai plu ! J'étais si beau !Faudrait pouvoir fair' marche arrièreComme on l'fait pour danser l'tango !

Des tangos, y'en avait des tasMais moi j'préférais " Violetta "C'est si joli quand on le chanteSurtout quand la boul' de cristalBalance aux quatre coins du balTout un manèg' d'étoil's filantesAlors, c'était plus ValentineC'était plus Loulou, ni MargotDont je serrais la taille fineC'était la rein' de l'ArgentineEt moi j'étais son hidalgo

Oeil de velours et main câlineAh ! c'que j'aimais danser l'tango !

Mais doucement passent les joursAdieu, la jeunesse et l'amourLes petit's mômes et les " je t'aime "On laiss' la place et c'est normalChacun son tour d'aller au balFaut pas qu'ça soit toujours aux mêmesLe cœur, ça se dit : corazonEn espagnol dans les tangosEt dans mon cœur, ce mot résonneEt sur le boul'vard, en automneEn passant près du MikadoJe n'm'arrêt' plus, mais je fredonneC'était bath, le temps du tango !

[22460] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Les amants tristes Musique: Jean Ferrat, Maurice Vandair

Comme une fleur venue d'on ne sait où petitFané déjà pour moi pour toi dans les vitrinesDans un texte impossible à se carrer au litCes fleurs du mal dit-on que tes courbes dessinent

On dit dans ton quartier que tu as froid aux yeuxQue t'y mets des fichus de bandes dessinéesEt que les gens te lisent un peu comme tu veuxTu leur fais avaler tes monts et tes vallées

Tu es aux carrefours avec le rouge misOn y attend du vert de tes vertes prairiesAlors que j'ai fauché ce matin dans ton litDe quoi nourrir l'hiver et ma mélancolie

Mélancolie mélancolie la mer revientJe t'attends sur le quai avec tes bateaux blêmesTes poissons d'argent bleu tes paniers ton destinEt mes mouettes dans tes cris comme une traîne

Je connais une femme lubrique à ParisQui mange mes syllabes et me les rend indemnesAvec de la musique autour qui me souritDemain je lui dirai des hiboux qui s'envolentJ'en connais dans ma nuit qui n'ont pas de fourrureQui crèvent doucement de froid dans l'antarctiqueDe cette négation d'aimer au bout de l'ombreMes oiseaux font de l'ombre en plein minuit néonSous les verts plébiscites

Tu connais une femme lubrique à MoscouQui mange tes syllabes et les met dans ton bortschIl connaît une femme lubrique à PékinQui mange sa muraille et la donne au PartiDemain nous leur dirons des hiboux qui s'envolentJ'en connais dans leur nuit qui n'ont plus de jaquetteQui crèvent doucement de froid sous leur casquetteAvec leurs beaux yeux d'or mêlés du Palomar là-basVers les voix de la nuit des étoiles perdues

J'entends des sons lointains qui cherchent des caressesEt dans les faits divers là-bas ça s'exaspèreEt ça tue le chagrin comme on tue la flicailleAu coin d'un vieux soleil exténué des glaces

Mélancolie Mélancolie la mer se calmeJe vois monter partout des filles et des palmesAvec des fruits huilés dans la fente alanguieLes matelots me font des signes de fortuneIls se noient dans le sang du soleil descendantVers l'Ouest toujours à l'Ouest Western de carton-pâteLe dentifrice dans la nuit se tient au roseUn néon de misère emprunté à tes yeux

Viens je t'emmènerai là-bas vers les grands astresDans le désastre du matin ou chez RenaultVoir comment l'on fabrique un chef et des autosVoir la pitié grandir sur des croix qui s'enchristent

Je t'aimerai sur la chaussée et son collantTon goudron j'y prendrai le suc de mes cavalesJ'aurai l'air d'un roi nègre tu mettras à la moelleOù je glouglouterai repu ton sentiment

Ton sentiment a le goût de gazelleTon ventre n'est qu'un champ de lavande à midiEt mon couteau qui crisse en y fauchant ma mieEst d'un faucheur distrait qui s'éploie sous ton aileIl est au féminin ton sentimentIl est comme ces demoiselles qui en ont à revendreEt qui le vendent bien

Ton sentiment me fait gonfler mes voiles d'angeTon sentiment me fait du bien au sentimentEt les fleurs du pavé poussent des cris étrangesMoi qui viens du pavé vers toi et me dressant

Et moi je ne te prends que ce que je te doisSi je n'avais que du sentiment à t'filerIl y a bien longtemps que tu m'aurais banniDe ton fief de ton cul de ta loi de tes langesIl y a bien longtemps que tu te serais cassée

Mais tu m'as réveilléEt tu nous as tirés de notre mort quotidienneEt puis toi tu te meurs dans la rue à midiSous des floppées de soleils mousEt de ces mecs qui te prennent dans les mirettesEt qui te mirent bien dans l'osDes fois que leur labo pourrait leur renvoyer subitoTa dégaine grandeur naturlicheA la mesure de leur page

Des fois le soir ils te prendraient impunémentIls s'empaquetteraient de toiDe ton devoir de grueComme dans un journal

Au fond t'es un journal

Je te lis je te plie je te froisse et tu criesQuand on froisse la soie la forêt sa copineLui fait des cris de sœur lui fait des cris sublimesLa soie du crépuscule a des cris de veloursDans des lits de paradeDans ces feuilles d'automneDes taches de rousseur sur la gueule des boisJe te lis je te plie je te froisse et tu cries

Au fond t'es un journal

Tu t'en prendrais plutôt pour cinq colonnesChez toi le fait divers sonne comme un outrageTu es partout chez toi et même aux mots croisésTu m'y fais deviner les armes de ta voixJe t'aime et verticalement c'est bienTu croises dans mes eaux quand je suis ton pirateJe te lis je te plie je te froisse et tu cries

Quand je t'aurai bien lue y compris les annonces

J'irai au marché aux poissonsEt t'envelopperai de moules vertes

Au fond t'es un journal mouillé

Avec ta robe imprimée en blanc et noirEt tes paroles que personne ne pourra plus lireTu seras ma dernière nouvelle effacée sur le sable

Tu seras mienne pour la mort je t'aime

Et même avec la fin du mondeLa fin du monde abstraite où tout n'est que chiffréAvec ces cœurs d'acier leurs battements trichésAvec ces poumons d'or dans les cages-ascenseursOù l'on se tient debout où l'on se tient ailleursTu vas descendre là pour t'entendre rêverMême le rêve gueule à n'y pouvoir plus rienLe silence est rempli du silence trop pleinQuand ça déborde on croit venue la fin des tempsDe ces temps mesurés sur des machines obscènesOù les minutes ont des cons qui se promènentEn se prenant pour l'ÉternitéEt même avec la fin du monde

Je me démerderai pour que t'y voies que dalleQue dalle c'est pas mal ça ne fait que passerCe rien qui prend ses aises aux week-ends de la mortQuand les ballots y accélèrent leurs victimesEnchâssée enchristée encollée à mon frocTu partiras là-bas vers des boutiques fantastiquesVers le supermarché où l'on vend la paresseOù l'on vend de la mort aussi quand on s'y laisseOù l'on vend la fumée et le vent en paquetEt l'on paie en sortant avec des sortilèges

L'instant

Au cent millième de secondeJe te regarderaiTu monteras du fond des âgesTu te prosternerasJe te tendrai la mainEt tu m'agrippera

L'instant

Il va fondre sur toi comme la foudreTrois cent mille bornes à la secondeIl n'aura plus le temps de s'attarder au feu rougeOn grillera les feux d'alarmeEt ma pensée qui te devance

Regarde

Ecoute bien le chant de cet enfant mauditQue tu croiras ton mec et qui n'est qu'un mirageOublié par ma mère au fond d'une poubelleCette éternelle nuit

Bien se laver le cul c'est donc ça le désordre !

Regarde-moi là dans mes yeux regarde il vient l'instant

Comme à l'automne les bandits jaunesQui font aux arbres des hold-up mordorésEt tu vas t'envahirEt tu vas t'immergerEt te coloniserTu es seule dans mes pattes

Comme un saxo gueulant des chants désespérésTes cris sont des violons des ruesDes hautbois en plastiqueDes flûtes de laitonEt tu t'en fousC'est là il est là

Entends la mer qui te remonte dans la gueuleEt cette marée double au fond de tes yeux-feuDans le feu de tes yeux mon regard s'est éteint

Crie crie crie

TU es moiJE c'est toiComment t'appelles-tu ?Tu t'appelles la nuit dans le ventre des fillesDe ces filles qui roulent au bord de la mort lenteTu t'appelles l'amour Tu es toutes les femmesTu es TOI tu es ELLESDes niagaras vernis me tombent dans la gueule

Crie crie crie

Tu n'es plus là parce que tu es moiEt que je suis ailleursJE et TOI C'est tout commeEt l'on s'en va mourir au club des nuits cassées

Qui donc réparera l'âme des amants tristesQui donc réparera l'âme des amants tristesQui donc réparera l'âme des amants tristes

Qui donc ?

[10580] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Les anarchistes Musique: Jean Ferrat, Maurice Vandairautres interprètes: Nilda Fernández

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existentLa plupart Espagnols allez savoir pourquoiFaut croire qu'en Espagne on ne les comprend pasLes anarchistes

Ils ont tout ramasséDes beignes et des pavésIls ont gueulé si fortQu'ils peuv'nt gueuler encoreIls ont le cœur devantEt leurs rêves au mitanEt puis l'âme toute rongéePar des foutues idées

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existentLa plupart fils de rien ou bien fils de si peuQu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'euxLes anarchistes

Ils sont morts cent dix foisPour que dalle et pour quoi ?Avec l'amour au poingSur la table ou sur rienAvec l'air entêtéQui fait le sang verséIls ont frappé si fortQu'ils peuvent frapper encor

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existentEt s'il faut commencer par les coups d'pied au culFaudrait pas oublier qu'ça descend dans la rueLes anarchistes

Ils ont un drapeau noirEn berne sur l'EspoirEt la mélancoliePour traîner dans la vieDes couteaux pour trancherLe pain de l'AmitiéEt des armes rouilléesPour ne pas oublier

Qu'y'en a pas un sur cent et pourtant ils existentEt qu'ils se tiennent bien le bras dessus bras dessousJoyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours deboutLes anarchistes

[10797] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Les étrangers

Regarde-la ta voile elle a les seins gonflésLa marée de tantôt te l'a déshabilléeLes bateaux comme les filles ça fait bien des chichisMais ce genre de bateau ça drague pas dans Paris

T'as les yeux de la mer et la gueule d'un bateauLes marins c'est marrant même à terre c'est dans l'eauTa maman a piqué sur ta tête de vieux chienDeux brillants que tu mets quand t'embarques ton destin

C'est pas comme en avril en avril soixante-huitLochu tu t'en souviens la mer on s'en foutaitOn était trois copains avec une tragédieEt puis ce chien perdu tout prêt à s'suicider

Quand la mer se ramène avec des étrangersHomme ou chien c'est pareil on les r'garde naviguerEt dans les rues d'Lorient ou d'Brest pour les sauverY a toujours un marin qui rallume son voilier

Regarde-la ta quille à la mer en alléeLa marée de tantôt te l'a tout enjupéeLes bateaux comme les filles ça fait bien du chiquéMais quand on s'fout à l'eau faut savoir naviguer

T'as le cœur comme ces rocs vêtus de ChantillyQuand la tempête y a fait un shampooing dans la nuitTa maman t'a croché deux ancres aux doigts de chairEt les lignes de ta main ça s'lit au fond d'la mer

C'est pas comme en avril en avril soixante-huitLochu tu t'en souviens dans ces rues de l'emmerdeOn était trois copains au bout de mille nuitsEt le jour qui s'pointait afin que rien ne s'perde

Quand la mer se ramène avec des étrangersEn Bretagne y a toujours la crêperie d'à côtéEt un marin qui t'file une bonne crêpe en cimentTellement il y a fourré des tonnes de sentiments

Regarde-la ta barre comme de la Pop musiqueÇa fait un vrai bordel chez les maquereaux très chicsLa mer a ses anglais avec le drapeau noirOn dirait Soixante-huit qui s'en r'vient du trottoir

Ma maman m'a cousu une gueule de chimpanzéSi t'as la gueule d'un bar j'm'appelle Pépée FerréC'est pas comme en avril en avril de mon culDans ce bar endossé au destin de la rue

Et c'est pas comme demain en l'An de l'An Dix milleLochu tu t'en souviens c'était beau dans c'temps-làLa mer dans les Soleils avec ou bien sans quilleUn bateau dans les dents des étoiles dans la voix

Et quand on se ram'nait avec nos GalaxiesÇa faisait un silence à vous mourir d'envieEt les soirs d'illusion avec la nuit qui vaDans Brest ou dans Lorient on pleure et on s'en va

L'An Dix mille... Lochu ? Tu t'rappelles ?L'An Dix mille... Tu t'rappelles ? Lochu ?L'An Dix mille, l'An Dix mille, l'An Dix mille...

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Léo Ferré

Les gares et les ports

Les gares c'est conSauf pour la vueDans la fuméeDes villes perduesEt des mouchoirsQui tendent leur nezA des au revoirLongeant les quais

Les gares c'est conS.N.C.FJe préfère les trainsDe la R.E.N.F.E.Et les bouquinsQu'ont pas d'horaireQui roulent sous laLampe familière

Les gares c'est conC'est dégueulasseÇa sent le fourgonEt le passe à l'asEt tous ces mecsEt leurs ticketsUn trou avecPar-dessus le marché

Les gares c'est conSauf dans la nuitCertaines foisY'en a qui crientOn dirait desOrphelinatsQui jouent aux désToutes leur smala

DormirDans le chagrin du ventDormirJusqu'au nouveau printempsEt dans les champsMettre à la voileEt pour une fleur

Vendre une étoileTout simplementSans bouger d'un centimeDans la carrosse de la frime

Les ports c'est conLes gares aussiQuant aux OrlyN'en parlons pasJ'aime bien ma tauleEt mes bouquinsJe voyage en douceÇa me coûte rien

Les ports c'est conMême quand c'est làDans l'encre bleueD'une carte postaleEt quand je veuxAvoir le LAJe me coupe en deuxEt je me cavale

Les ports c'est conMême autrefoisQuand les thoniersTendaient leurs brasA la mariéeEn robe de toileAvec leur sangSoleil des voiles

Les ports c'est conDans les bistrotsEt le folkloreDes matelotsEt la putainDe la maréeQui va qui vientSans rien donner

PartirEn cocotte en papierPartirDans le sleeping des présEt dans tes brasFaire une escaleEt dane tes yeuxMe faire la malleRien que nous deuxSans boussole et sans voile

Avec toi pour étoile

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Léo Ferré

Les oiseaux du malheur Musique: Léo Ferré

Et nous resterons quelques " abstraits "Comme les oiseaux de nuit de préférenceComme les oiseaux du malheur...

Ils ont des becs, ils ont des yeux perçantsComme les femmesLes oiseaux du malheurIls ont la grâce, ils volent adorablementComme les femmesLes oiseaux du malheurIls ont des pattes et marchent dans le ventComme les femmesLes oiseaux du malheur

Ils ont des nids avec tous nos enfantsComme les femmesLes oiseaux du malheurC'est avec ça que nous dormonsEt c'est pour ça que nous crevonsEn essayant de leur apprendreLe doute et la misère

Viens avec ton becAvec tes yeux viensAvec ta grâce avec tes pattes viensAvec ton nid et avec mon enfantMon bel oiseau du malheur

Ils ont des becs ils ont des yeux perçants

[19287] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Les Poêtes Musique: Léo Ferré

Ce sont de drôl's de typ's qui vivent de leur plumeOu qui ne vivent pas c'est selon la saisonCe sont de drôl's de typ's qui traversent la brumeAvec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons

Leur âme est en carafe sous les ponts de la SeineLes sous dans les bouquins qu'ils n'ont jamais vendusLeur femme est quelque part au bout d'une rengaineQui nous parle d'amour et de fruit défendu

Ils mettent des couleurs sur le gris des pavésQuand ils marchent dessus ils se croient sur la merIls mettent des rubans autour de l'alphabetEt sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air

Ils ont des chiens parfois compagnons de misèreEt qui lèchent leurs mains de plume et d'amitiéAvec dans le museau la fidèle lumièreQui les conduit vers les pays d'absurdité

Ce sont des drôl's de typ's qui regardent les fleursEt qui voient dans leurs plis des sourires de femmeCe sont de drôl's de typ's qui chantent le malheurSur les pianos du cœur et les violons de l'âme

Leurs bras tout déplumés se souviennent des ailesQue la littérature accrochera plus tardA leur spectre gelé au-dessus des poubellesOù remourront leurs vers comme un effet de l'Art

Ils marchent dans l'azur la tête dans les villesEt savent s'arrêter pour bénir les chevauxIls marchent dans l'horreur la tête dans des îlesOù n'abordent jamais les âmes des bourreaux

Ils ont des paradis que l'on dit d'artificeEt l'on met en prison leurs quatrains de dix sousComme si l'on mettait aux fers un édificeSous prétexte que les bourgeois sont dans l'égout ...

[20271] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Les romantiques Musique: Léo Ferré

Ils prenaient la rosée pour du rosé d'AnjouEt la lune en quartiers pour Cartier des bijouxLes romantiquesIls mettaient des tapis sous les pattes du ventIls accrochaient du crêpe aux voiles du printempsLes romantiques

Ils vendaient le Brésil en prenant leur caféEt mouraient de plaisir pour ouvrir un baiserEt regarder dedans briller le verbe "aimer"Et le mettre au présent bien qu'il fût au passé

Ils ont le mal du siècle et l'ont jusqu'à cent ansAutrefois de ce mal, ils mouraient à trente ansLes romantiquesIls ont le cheveu court et vont chez Dorian GuyS'habiller de British ou d'ItaliâneriesLes romantiques

Ils mettent leurs chevaux dans le camp des JaguarEn fauchant leur avoine aux prairies des trottoirsAvec des bruits de fers qui n'ont plus de sabotsEt des hennissements traduits en "stéréo"

Ils mettaient la Nature au pied de leurs chansonsIls mettent leur voiture au pied de leurs maisonsLes romantiquesIls regardaient la nuit dans un chagrin d'enfantIls regardent l'ennui sur un petit écranLes romantiques

Ils recevaient chez eux dans les soirs de misèreDes gens "vêtus de noir" qu'ils prenaient pour leurs frèresAujourd'hui c'est pareil mais, fraternellementIls branchent leur destin aux "abonnés absents"

[21340] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Madame la misere Musique: Léo Ferré

Madame la misère écoutez le vacarmeQue font vos gens le dos voûté la langue au pasQuand ils sont assoiffés il ne soûlent de larmesQuand ils ne pleurent plus il crèvent sous le charmeDe la nature et des gravats

Ce sont des suppliciés au ventre translucideQui vont sans foi ni loi comme on le dit parfoisRégler son compte à Monseigneur EphémérideQui a pris leur jeunesse et l'a mise en ses ridesQuand il ne leur restait que ça

Madame la misère écoutez le tumulteQui monte des bas-fonds comme un dernier convoiTraînant des mots d'amour avalant les insultesEt prenant par la main leurs colères adultesAfin de ne les perdre pas

Ce sont des enragés qui dérangent l'histoireEt qui mettent du sang sur les chiffres parfoisComme si l'on devait toucher du doigt pour croireQu'un peuple heureux rotant tout seul dans sa mangeoireVaut bien une tête de roi

Madame la misère écoutez le silenceQui entoure le lit défait des magistratsLe code de la peur se rime avec potenceIl suffit de trouver quelques pendus d'avanceEt mon Dieu ça ne manque pas

[17801] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Merci mon dieu note: album: Les années Odéon (1954-1957) Live

De nos tanières de draps blancsDe nos gravats mangés en rêvesDe notre pain de temps en tempsEt de nos miettes marche ou crèveAvec la vie au beau milieuEt puis la faim qui nous soulèveNous te disons merci mon dieu

De nos salaires raccourcisEt qui rallongent notre gêneDe l'or qui pousse au quat'jeudisDe nos éternelles semainesAvec la rage au beau milieuEt puis l'envie qui nous malmèneNous te disons merci mon dieu

De notre terre à ciel perduDe nos fusils à cicatricesDe nos enfants qui n'ont pas pûEloigner d'eux l'amer caliceAvec la guerre au beau milieuEt puis le héros qui s'y glisseNous te disons merci mon dieu

Des chevaux d'avoine posthumesQui traînent leurs derniers convoisDes chiens perdus que l'on transhumeVers leurs derniers pipis de croixAvec la mort au beau milieuEt la pitié qui nous consummeNous te disons merci mon dieu

De cette croix du GolghotaQui crucifie tant de poitrinesEt de ton fils qui n'a fait çaQue pour la peau et les épinesAvec l'amour au beau milieuEt puis ton ciel qu'on imagineNous te disons pourquoi mon dieu.

[25345] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Mister Giorgina Musique: Léo Ferré

Tu joues tu joues d'l'accordéonDans un bistro qui n'a plus d'nomTell'ment les gens sont habituésA y danser à y danserLa comparsitaQue tu leur joues toutes les nuitsPour un salair' qui fait pas d'bruitCar ton métier c'est d'fair' danserC'est d'fair' danserMister GiorginaQue ton biniou brill' comm' le jourOu qu'il soit noir comm' les amoursQui sur la piste s'en vont chercherDe quoi rêver de quoi danserLa comparsitaToi tu t'en fous car ton métierC'est d'faire danser mais pas d'penserFais ta série voilà ta vieVoilà ta vieMister Giorgina

" ta vie... ma vie... leur vie..."

Un jour t'auras les cheveux blancsCeux qui vienn'nt tard qui vienn'nt sûr'mentTu te r'trouv'ras d'vant ton buffetPour y danser pour y danserLa comparsitaQue tu jouais dans un beuglantPour un salair' qu'a foutu le campLes autr's dansaient toi tu bouffaisToi tu bouffaisMister GiorginaAlors avant qu'il n'soit trop tardPlanqu' ton magot dans ton placardLes fourmis c'est fait pour bosserQuand aux cigal's ell's vont danserLa comparsitaCar la musiqu' foutu métierÇa chante ça gueul' ça fait rêverEt ça s'envol' comm' les parolesComm' les paroles

Mister Giorgina

"" ça s'envole ? pas toujours...... née de tango inconnu ! ... "

Toi les frangin's qui vienn'nt guincherAvant d'se fair' comparsiterTu les regardes avec tes doigtsT'as l'œil qui joue en do en faLa comparsitaAu fond tout ça toi tu t'en fousT'as qu'un copain c'est ton biniouTu joues Schubert mais c'est plus cherMais c'est plus cherMister GiorginaUn piano c'est comm' l'horizonÇa joue tout à l'horizontaleToi ton piano et ses flonflonsTu les fous à la verticaleSur comparsitaEt dans la rue tes récitalsDes fois ça nous fait un peu malAvec ton Pleyel en sautoiryel-en-sautoirMister Giorgina

"" ça nous fait un peu mal... la Musiquefini ! la Musique! en l'an 2000 plus d'Musiqueet pourtant, c'était beau... Jean Sébastien Bach ? Tu connais ? "

[18457] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Monsieur Tout-Blanc Musique: Léo Ferré

Monsieur Tout-BlancVous enseignez la charitéBien ordonnéeDans vos châteaux en ItalieMonsieur Tout-BlancLa charité, c'est très gentilMais qu'est-ce que c'est ?Expliquez-moi

Pendant c'temps-là moi j'vis à AubervilliersC'est un p'tit coin perdu au bout d'la misèreOù l'on n'a pas tell'ment d'questions à s'poserPour briffer faut bosser mon p'tit père

Monsieur Tout-BlancL'oiseau blessé que chaque jourVous consommezEtait d'une race mauditeMonsieur Tout-BlancEntre nous dites, rappelez-vousY a pas longtempsVous vous taisiez

Pendant c'temps-là moi j'vivais à AubervilliersÇa n'était pas l'époque à dir' des rosairesY avait des tas d'questions qu'il fallait s'poserPour durer faut lutter mon p'tit père

Monsieur Tout-BlancSi vous partez un beau matinLes pieds devantPour vos châteaux en paradisMonsieur Tout-BlancLe paradis, c'est p't-êt' joliPriez pour moiMoi j'ai pas l'temps

Car je vivrai toujours à AubervilliersAvec deux bras noués autour d'ma misèreOn n'aura plus tell'ment d'questions à s'poserDans la vie faut s'aimer mon p'tit père

Monsieur Tout-BlancSi j'enseignais la charitéBien ordonnéeDans mes châteaux d'AubervilliersMonsieur Tout-BlancÇa n'est pas vous qu'j'irais trouverPour m'indiquerC'qu'il faut donner

[18716] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Monsieur William Paroles et Musique: J.R.Caussimon, L.Ferré

C'était vraiment un employé modèle Monsieur WilliamToujours exact et toujours plein de zèle Monsieur WilliamIl arriva jusqu'à la quarantaine sans fredaineSans le moindre petit drame mais un beau soir du mois d'août, il faisait si beau il faisait si douxQue Monsieur William s'en alla flâner droit devant lui au hasard et voila!Monsieur William vous manquez de tenue, qu'alliez-vous faire dans la treizième avenueIl rencontra une fille bien jeunette Monsieur WilliamIl lui paya un bouquet de violettes Monsieur WilliamIl l'entraîna à l'hôtel de la pègre mais un nègre a voulu prendre la femmeMonsieur William.hors de lui, lui a donné des coups de parapluieOui mais le nègre dans le noir lui a coupé le cou en deux coups de rasoirEh! William vous manquez de tenue mon vieux! qu'alliez-vous faire dans la treizième avenueIl a senti que c'est irrémédiable Monsieur WilliamIl entendit déjà crier le diable Monsieur WilliamAux alentours il n'y avait personne qu'un tromboneChantant la peine des âmes un aveugle en gémissantSans le savoir a marché dans le sang puis dans la nuit a disparuC'était p't'être le destin qui marchait dans les ruesMonsieur William vous manquez de tenue! Vous êtes mort dans la treizième avenue.

[18721] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Muss es sein ? Es muss sein ! Musique: Léo Ferré

La Musique... La Musique...Où elle était la Musique ?

Dans les salons lustrés aux lustres vénérés ?Dans les concerts secrets aux secrets crinolines ?Dans les temps reculés aux reculs empaffés ?Dans les palais conquis aux conquêtes câlines ?

C'est là qu'elle se pâme c'est là qu'elle se terre la Musique...Nous c'est dans la rue qu'on la veut la Musique !Et elle y viendra !Et nous l'aurons la Musique !

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !

Depuis voilà bientôt trente ansDepuis voilà bientôt dix joursDepuis voilà bientôt ta gorgeDepuis voilà bientôt ta sourceDepuis que je traîne ma courseAu creux des nuits comme un forçatA patibuler mon écorce

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !

Je suis un arbre non datéDepuis que je bois à ma porteEt que de l'enfer tu m'apportesDe quoi trancher sur l'avenirDepuis que rien ne se dévoreA part les ombres sur le murDepuis que tu me sers encoreLa défaite sur canapé

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !

Une araignée m'a dit " bonsoir "Elle se traînait au crépusculeDepuis que mon âme basculeVers des pays plus mécaniquesDepuis que gavé de musiqueJe vais porter ma gueule ailleursUne araignée m'a dit " d'ailleurs

Le tout c'est d'avoir la pratique "

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !

Ludwig ! Ludwig ! T'es sourdingue ?Ludwig la Joie Ludwig la PaixLudwig ! L'orthographe c'est con !Et puis c'est d'un très haut panacheEt ton vin rouge a fait des tachesSur ta portée des contrebassesLudwig ! Réponds ! T'es sourdingue ma parole !

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !Cela doit-il être ? Cela est !

La Musique... La Musique...Où est-elle aujourd'hui ?La Musique se meurt Madame !Penses-tu ! La Musique ?

Tu la trouves à PolytechniqueEntre deux équations, ma chère !Avec Boulez dans sa boutiqueUn ministre à la boutonnière

Dans la rue la Musique !Music ? in the street !La Musica ? nelle strade !Beethoven strasse !

MUSS ES SEIN ? ES MUSS SEIN !Cela doit-il être ? Cela est !

[18859] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Ni Dieu ni maitre Musique: Léo Ferré

La cigarette sans cravateQu'on fume à l'aube démocrateEt le remords des cous-de-jatteAvec la peur qui tend la patteLe ministère de ce prêtreEt la pitié à la fenêtreEt le client qui n'a peut-êtreNi Dieu ni maître

Le fardeau blême qu'on emballeComme un paquet vers les étoilesQui tombent froides sur la dalleEt cette rose sans pétalesCet avocat à la servietteCette aube qui met la voilettePour des larmes qui n'ont peut-êtreNi Dieu ni maître

Ces bois que l'on dit de justiceEt qui poussent dans les supplicesEt pour meubler le sacrificeAvec le sapin de serviceCette procédure qui guetteCeux que la société rejetteSous prétexte qu'ils n'ont peut-êtreNi Dieu ni maître

Cette parole d'EvangileQui fait plier les imbécilesEt qui met dans l'horreur civileDe la noblesse et puis du styleCe cri qui n'a pas la rosetteCette parole de prophèteJe la revendique et vous souhaiteNi Dieu ni maître

[18996] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Paname Musique: Léo Ferré

PanameOn t'a chanté sur tous les tonsY a plein d'parol's dans tes chansonsQui parl'nt de qui de quoi d'quoi doncPanameMoi c'est tes yeux moi c'est ta peauQue je veux baiser comme il fautComm' sav'nt baiser les gigolos

PanameRang' tes marlous rang' tes bistrotsRang' tes pépées rang' tes ballotsRang' tes poulets rang' tes autosPanameEt viens m'aimer comme autrefoisLa nuit surtout quand toi et moiOn marchait vers on n'savait quoi

PanameY a des noms d'rues que l'on oublieC'est dans ces rues qu'après minuitTu m'faisais voir ton p'tit ParisPanameQuand tu chialais dans tes klaxonsPerdue là-bas parmi les homm'sTu v'nais vers moi comme un' vraie môm'

PanameCe soir j'ai envie de danserDe danser avec tes pavésQue l'monde regarde avec ses piedsPanameT'es bell' tu sais sous tes lampionsDes fois quand tu pars en saisonDans les bras d'un accordéon

PanameQuand tu t'habill's avec du bleuÇa fais sortir les amoureuxQui dis'nt "à Paris tous les deux"PanameQuand tu t'habill's avec du gris

Les couturiers n'ont qu'un souciC'est d'fout' en gris tout's les souris

PanameQuand tu t'ennuies tu fais les quaisTu fais la Seine et les noyésÇa fait prend' l'air et ça distraitPanameC'est fou c'que tu peux fair' causerMais les gens sav'nt pas qui tu esIls viv'nt chez toi mais t'voient jamais

PanameL'soleil a mis son pyjamaToi tu t'allum's et dans tes basY a m'sieur Haussmann qui t'fait du platPanameMonte avec moi combien veux-tuY a deux mille ans qu't'es dans la rueDes fois que j'te r'fasse un' vertu

PanameSi tu souriais j'aurais ton charmeSi tu pleurais j'aurais tes larmesSi on t'frappait j'prendrais les armesPanameTu n'es pas pour moi qu'un frissonQu'une idée qu'un' fille à chansonsEt c'est pour ça que j'crie ton nomPaname, Paname, Paname, Paname...

[19580] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

[AD][AD] Catherine SauvageLéo Ferré

Paris canaille Paroles et Musique: Léo Ferré 1953autres interprètes: Juliette Gréco

Paris marlouAux yeux de filleTon air filouTes vieilles guenillesEt tes gueulantesAccordéonÇa fait pas d'rentesMais c'est si bonTes gigolosTe déshabillentSous le métroDe la BastillePour se saoulerA tes juponsÇa fait gueulerMais c'est si bon

Brins des LilasFleurs de PantinÇa fait des tasDe p'tits tapinsQui font merveilleEn tout'saisonÇa fait d'l'oseilleEt s'est si bonDédé-la-croixBébert d'AnversÇa fait des moisQu'ils sont au vertAlors ces damesS'font un' raisonA s'font bigamesEt c'est si bon

Paris banditAux mains qui glissentT'as pas d'amisDans la policeDans ton corsageDe néon

Tu n'es pas sageMais c'est si bonHold-up savantsPour la chroniqueTractions avantPour la tactiqueUn p'tit coup secDans l'diapasonRang' tes kopecksSinon Ces bon

A la la uneA la la deuxFil'-moi trois thunesY te verrai mieuxLa tout' dernièreDes éditionsTes en galèreMais c'est si bonA la la derA la la rienT'es un gangsterA la mie d'painFaut être adroitPour fair'cartonLa prochain' foisTu s'ras p'têt'bon

Paris j'ai buA la voix griseLe long des ruesTu vocalisesY a pas d'espoirDans tes haillonsSeul'ment l'trottoirMais c'est si bonTes vagabondsTe font des scènesMais sous tes pontsCoule la SeinePour la romanceA illusionY a d'l'affluenceMais c'est si bon.

Môm's égaréesDans les faubourgsPrairie pavéeOù pouss'l'amourÇa pousse encoreA la maison

On a eu tortMais c'est si bonRegards perdusDans le ruisseauOù va la rueComme un bateauÇa tangue un peuDans l'entrepontC'est laborieuxMais c'est si bon

Paris je prendsAu cœur de pierreUn compt' courantDes bell's manièresUn coup d'chapeauA l'occasionil faut c'qui fautMais c'est si bonDes sociétésTrès anonymesUn députéQue l'on estimeUn p'tit mann'quinEn confectionC'est pas l'bais'-mainMais c'est si bon

Pass'la monnaieV'la du clinquantUn coup d'rabaisAnd gentlemanUn carnet d'chèqueSans provisionFaut faire avecMais c'est si bonUn p'tit faubourgSaint HonoréTrois petits foursEt je m'en vaisSurpris'partySurpris'restonsOn est surprisMais c'est si bonParis flon flonT'as l'âme en fêteEt des millionsPour tes poètesQuelques centimesA ma chansonÇa fait la rime

Et c'est si bon

[19679] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Paris, je ne t'aime plus Musique: Léo Ferré

Paris en crêpe de Chine comme un chagrin d'asphalteEt les trottoirs vaincus par la téléfactionLa foule qui va boire à la prochaine halteJe m'arrête toujours pour voir passer les cons

Paris, je ne t'aime plus

Les guitares à Paris ne sont plus espagnolesElles jouent le flamenjerk branchées sur le secteurComment veut-tu petit danser la CarmagnoleSi t'as rien dans les mains, si t'as rien dans le cœur

Paris, je ne t'aime plus

Entends le bruit que font les Français à genouxDix ans qu'ils sont plié, dix ans de servitudeEt quand on vit par terre on prend des habitudesQuand il s'lèveront nous resterons chez nous

Paris, je ne t'aime plus

Paris du 1er mai avec ses pèlerinesEt le beau syndicat qui reste à la maisonCe sont les Marx Brothers oubliés par LénineEn mil neuf cent dix-sept place de la Nation

Paris, je ne t'aime plus

Paris en manteau noir habillé par DescartesA perdre son latin on met tout un quartierParis de la Sorbonne qu'ils ont pris pour un claqueUn étudiant en carte ça doit se visiter

Paris, je ne t'aime plus

Paris des beaux enfants en allés dans la nuitParis du vingt-deux mars et de la délivranceO Paris de Nanterre, Paris de Cohn-BenditParis qui s'est levé avec l'intelligence

Ah! Paris quand tu es deboutMoi je t'aime encore.

[19682] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Pauvre rutebeuf 1970 "Vieilles chansons de France"autres interprètes: Nana Mouskouri

Que sont mes amis devenusQua j'avais de si près tenusEt tant aimésIls ont été trop clairsemésJe crois le vent les a ôtésL'amour est mort-eCe sont amis que vent emporteEt il ventait devant ma porteLes emportaAvec le temps qu'arbre défeuilleQuand il ne reste en branche feuilleQui n'aille à terreAvec pauvreté qui m'atterreQui de partout me fait la guerreL'amour est mort-eNe convient pas que vous raconteComment je me suis mis à hoEn quelle manière

Que sont mes amis devenusQue j'avais de si près tenusEt tant aimésIls ont été trop clairsemésJe crois le vent les a ôtésL'amour est mort-eLe mal ne sait pas seul venirTout ce qui m'était à venirM'est avenu

Pauvre sens et pauvre mémoireM'a Dieu donné le roi de gloireEt pauvre renteEt droit sur moi quand bise venteLe vent me vientLe vent m'éventeL'amour est mort-eCe sont amis que vent emporteEt il ventait devant ma porteLes emportaLes emporta...

[19839] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Pépée Musique: Léo Ferré

T'avais les mains comm' des raquettesPépéeEt quand j'te f'sais les onglesJ'voyais des fleurs dans ta barbicheT'avais les oreill's de GainsbourgMais toi t'avais pas besoin d'scotchPour les r'plier la nuitTandis que lui... ben oui !Pépée

T'avais les yeux comm' des lucarnesPépéeComme on en voit dans l'port d'AnversQuand les matins ont l'âme verteEt qu'il leur faut des yeux d'rechangePour regarder la nuit des autresComme on r'gardait un chimpanzéChez les FerréPépée

T'avais le cœur comme un tambourPépéeDe ceux qu'on voil' le vendredi saintVers les trois heures après midiPour regarder Jésus-machinSouffler sur ses trent'-trois bougiesTandis que toi t'en avais qu'huitLe sept avrilDe soixante-huitPépée

J'voudrais avoir les mains d'la mortPépéeEt puis les yeux et puis le cœurEt m'en venir coucher chez toiÇa chang'rait rien à mon décorOn couch' toujours avec des mortsOn couch' toujours avec des mortsOn couch' toujours avec des morts

Pépée

[19883] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Petite Musique: Léo Ferré

Tu as des yeux d'enfant maladeEt moi j'ai des yeux de marlouQuand tu es sortie de l'écoleTu m'as lancé tes petits yeux douxEt regardé pas n'importe oùEt regardé pas n'importe où

Ah! petite Ah! petiteJe t'apprendrai le verbe "aimer"Qui se décline doucementLoin des jaloux et des tourmentsComme le jour qui va baissantComme le jour qui va baissant

Tu as le col d'un enfant cygneEt moi j'ai des mains de veloursEt quand tu marchais dans la courTu t'apprenais à me faire signeComme si tu avais eu vingt ansComme si tu avais eu vingt ans

Ah! petite Ah! petiteJe t'apprendrai à tant mourirA t'en aller tout doucementLoin des jaloux et des tourmentsComme je jour qui va mourantComme je jour qui va mourant

Tu as le buste des outragesEt moi je me prends à rêverPour ne pas fendre ton corsageQui ne recouvre qu'une idéeUne idée qui va son cheminUne idée qui va son chemin

Ah! petite Ah! petiteTu peux reprendre ton cerceauEt t'en aller tout doucementLoin de moi et de mes tourments

Tu reviendras me voir bientôtTu reviendras me voir bientôt

Le jour où ça ne m'ira plusQuand sous ta robe il n'y aura plusLe Code pénal

[20022] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Poete ... vos papiers! Musique: Léo Ferré

Bipède volupteur de lyreEpoux châtré de PolymnieVérolé de lune à confireGrand-Duc bouillon des librairiesMaroufle à pendre à l'hexamètreVoyou décliné chez les GrecsAlbatros à chaîne et à guêtresCigale qui claque du bec

Poète, vos papiers !Poète, vos papiers !

J'ai bu du Waterman et j'ai bouffé LittréEt je repousse du goulot de la syntaxeA faire se pâmer les précieux à l'arrêtLa phrase m'a poussé au ventre comme un axe

J'ai fait un bail de trois six neuf aux adjectifsQui viennent se dorer le mou à ma lanterneEt j'ai joué au casino les subjonctifsLa chemise à Claudel et les cons dits " modernes "

Syndiqué de la solitudeMuseau qui dévore du couicSédentaire des longitudesPhosphaté des dieux chair à flicColis en souffrance à la veineRemords de la Légion d'honneurTumeur de la fonction urbaineDon Quichotte du crève-cœur

Poète, vos papiers !Poète, Papier !

Le dictionnaire et le porto à découvertJe débourre des mots à longueur de pelureJ'ai des idées au frais de côté pour l'hiverA rimer le bifteck avec les engelures

Cependant que Tzara enfourche le bidetA l'auberge dada la crotte est littéraireLe vers est libre enfin et la rime en congé

On va pouvoir poétiser le prolétaire

Spécialiste de la mistoufleEmigrant qui pisse aux visasAventurier de la pantoufleSous la table du NirvanaMeurt-de-faim qui plane à la UneEcrivain public des croquantsAnonyme qui s'entribuneA la barbe des continents

Poète, vos papiers !Poète, documenti !

Littérature obscène inventée à la nuitOnanisme torché au papier de HollandeIl y a partouze à l'hémistiche mes amisEt que m'importe alors Jean Genet que tu bandes

La poétique libérée c'est du bidonPoète prends ton vers et fous-lui une trempeMets-lui les fers aux pieds et la rime au balconEt ta muse sera sapée comme une vamp

Citoyen qui sent de la têtePapa gâteau de l'alphabetMaquereau de la clarinetteGraine qui pousse des gibetsChâssis rouillé sous les démencesCorridor pourri de l'ennuiHygiéniste de la romanceRédempteur falot des lundis

Poète, vos papiers !Poète, salti !

Que l'image soit rogue et l'épithète au poilLa césure sournoise certes mais correcteTu peux vêtir ta Muse ou la laisser à poilL'important est ce que ton ventre lui injecte

Ses seins oblitérés par ton verbe arlequinGonfleront goulûment la voile aux devanturesSolidement gainée ta lyrique putainTu pourras la sortir dans la Littérature

Ventre affamé qui tend l'oreilleMaraudeur aux bras déployésPollen au rabais pour abeilleTête de mort rasée de fraisRampant de service aux étoilesPouacre qui fait dans le quatrain

Masturbé qui vide sa moelleA la devanture du coin

Poète .... circulez !Circulez poète !Circulez !

[20269] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Quartier latin Musique: Léo Ferré

Ce quartierQui résonneDans ma tête

Ce passéQui me sonneEt me guette

Ce Boul' Mich'Qu'a d'la ligneEn automne

Ces sandwichsQui s'alignentMonotones

Quartier latinQuartier latinQuartier latin

Chez DupontÇa traînaitLa journée

C'était l'pontQui duraitTout' l'année

L'examenÇa tombaitComme un' tête

Au matinSans chiquéNi trompettes

Quartier latinQuartier latinQuartier latin

Cett' frangineQui vendaitSa bohème

Et ce spleenQui traînaitDans sa traîne

J'avais rienNi regretsNi principes

Les putainsÇa m'prenaitComm' la grippe

Quartier latinQuartier latinQuartier latin

Ce vieux profQui parlaitA son aise

Très bien, saufQue c'étaitPour les chaises

Aujourd'huiUn diplômeÇa s'rupine

Aux amphisTu point's commeA l'usine

Quartier latinQuartier latinQuartier latin

Les annéesÇa dépasseComme une ombre

Le passéÇa repasseEt tu sombres

Rue SoufflotLes vitrinesFont la gueule

Sans un motJ'me débineJ'ferm' ma gueule

Je r'trouv' plus rienTell'ment c'est loinL'Quartier latin

[20844] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Richard Musique: Léo Ferré

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponiblesA certaines heures pâles de la nuitPrès d'une machine à sous, avec des problèmes d'hommes simplementDes problèmes de mélancolieAlors, on boit un verre, en regardant loin derrière la glace du comptoirEt l'on se dit qu'il est bien tard...

Richard, ça va ?

Nous avons eu nos nuits comme ça moi et moiAccoudés à ce bar devant la bière allemandeQuand je nous y revois des fois je me demandeSi les copains de ces temps-là vivaient parfois

Richard, ça va ?

Si les copains cassaient leur âme à tant presserLe citron de la nuit dans les brumes pernodSi les filles prenaient le temps de dire un motA cette nuit qui les tenait qui les berçait

Richard, ça va ?

A cette nuit comme une sœur de charitéLongue robe traînant sur leurs pas de bravadeCaressant de l'ourlet les pâles camaradesQui venaient pour causer de rien ou d'amitiéNous avons eu nos nuits...

Richard eh ! Richard !

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponiblesA certaines heures pâles de la nuitPrès d'une machine à sous avec des problèmes d'hommes, simplementDes problèmes de mélancolieAlors on boit un verre en regardant loin derrière la glace du comptoirEt l'on se dit qu'il est bien tard...

Richard ! encore un p'tit pour la route ?Richard ! encore un p'tit pour la route ?Eh ! m'sieur Richard encore un p'tit pour la route ?Allons ! Richard... Richard... encore un p'tit !

[21225] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Rotterdam Musique: Léo Ferré

Il n'en restait plus qu'unEt c'était celui-làUn port du Nord ça plaîtSurtout quand on n'y est pasÇa fait qu'on voudrais y êtreÇa fait qu'on n'sait pas bienS'il faut s'taper l'poèteOu s'taper la putain... d'Rotterdam

Où y a pas qu'des putainsOù y a pas qu'des marinsOù y a des chiens perdusEt les enfants des ruesOù y a pas qu'des marchandsOù y a pas qu'des chalandsOù y a des vieux chevauxQui bridgent avec la mortOù y a des flics chinoisQui se prennent pour la reineOù y a des filles en soieQui font couler leur gaineSur le bord du trottoirComme un chagrin de plusQui traînera ce soirTout le long de la rueSi au moins ça pouvait r'ssembler à Rotterdam

Où y a des rats crevésComme y'en a à ParisOù y a des chats croisésAvec des vieilles sourisOù y a pas qu'de l'importOù y a bien loin du portDes amants qui se fontEt puis qui se défontOù y a pas qu'des banknotesAu seuil des minijupesEt des mecs qui s'occupentA placer leur cam'lote

Où y a des malheureuxQui donneraient leur culSi en donnant son culOn était bienheureuxSi au moins ça pouvait r'ssembler à Rotterdam

Où y a des assassinsPlanqués dans leur whiskyEt puis des insensésQui pass'ront pas la nuitOù y a pas qu'du tabacAu goût de caramelOù y a de pauv's soldatsQui s'farciraient l'CarmelOù y a un Christ deboutDerrière un bar de nuitQui cause avec le boutAvec le bout d'la nuitOù y a des exilésQui sortent leur exilDans le ciel barbeléD'un' publicité conSi au moins ça pouvait r'ssembler à Rotterdam

Où je n'irai jamaisCar je vais au soleilOù tu n'iras jamaisCar partout c'est pareilJe prends le train du SudTu prends le train du SudIl prend le train du SudJusqu'au bout de la nuitSi au moins ça pouvait r'ssembler à l'ITALIE

[21378] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

T'es Rock, Coco! Musique: Léo Ferré

Avec nos pieds chaussés de sangAvec nos mains clouées aux portesEt nos yeux qui n'ont que des dentsComme les femmes qui sont mortesAvec nos poumons de CamelAvec nos bouches-sparadrapEt nos femmes qu'on monte au cielDans nos ascenseurs-pyjamas

t'es Rock, Coco ! t'es Rock !

Avec nos morales bâtardesFilles d'un Christ millésiméEt d'un almanach où s'attardeNotre millénaire attardéEt puis nos fauteuils désossésPortant nos viandes avec osEt la chanson des trépassésDes jours de gloire de nos boss

t'es Rock, Coco ! t'es Rock !

Avec nos oreilles au murAvec nos langues polyglottesQui magnétophonisent surTous les tons et toutes les bottesAvec nos pelisses nylonQui font s'attrister les panthèresDans les vitrines du GabonLeur peau pressentant la rombière

t'es Rock, Coco ! t'es Rock !

Avec nos journaux-pansementsQui sèchent les plaies prolétairesEt les cadavres de romansQue les Goncourt vermifugèrentAvec la société bidonQui s'anonymise et prospèreEt puis la rage au pantalonQui fait des soldats pour la guerre

t'es Rock, Coco ! t'es Rock !

Cela dit en vers de huit piedsA seule fin de prendre dateJe lâche mon humanitéET JE M'EN VAIS A QUATRE PATTES

[22305] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Thank you Satan Musique: Léo Ferré

Pour la flamme que tu allumesAu creux d'un lit pauvre ou rupinPour le plaisir qui s'y consumeDans la toile ou dans le satinPour les enfants que tu ranimesAu fond des dortoirs chérubinsPour leurs pétales anonymesComme la rose du matin

Thank you Satan

Pour le voleur que tu recouvresDe ton chandail tendre et rouquinPour les portes que tu lui ouvresSur la tanière des rupinsPour le condamné que tu veillesA l'Abbaye du monte en l'airPour le rhum que tu lui conseillesEt le mégot que tu lui sers

Thank you Satan

Pour les étoiles que tu sèmesDans le remords des assassinsEt pour ce cœur qui bat quand mêmeDans la poitrine des putainsPour les idées que tu maquillesDans la tête des citoyensPour la prise de la BastilleMême si ça ne sert à rien

Thank you Satan

Pour le prêtre qui s'exaspèreA retrouver le doux agneauPour le pinard élémentaireQu'il prend pour du Château MargauxPour l'anarchiste à qui tu donnesLes deux couleurs de ton pays

Le rouge pour naître à BarceloneLe noir pour mourir à Paris

Thank you Satan

Pour la sépulture anonymeQue tu fis à Monsieur MozartSans croix ni rien sauf pour la frimeUn chien, croque-mort du hasardPour les poètes que tu glissesAu chevet des adolescentsQuand poussent dans l'ombre compliceDes fleurs du mal de dix-sept ans

Thank you Satan

Pour le péché que tu fais naîtreAu sein des plus raides vertusEt pour l'ennui qui va paraîtreAu coin des lits où tu n'es plusPour les ballots que tu fais paîtreDans le pré comme des moutonsPour ton honneur à ne paraîtreJamais à la télévision

Thank you Satan

Pour tout cela et plus encorPour la solitude des roisLe rire des têtes de mortsLe moyen de tourner la loiEt qu'on ne me fasse point taireEt que je chante pour ton bienDans ce monde où les muselièresNe sont plus faites pour les chiens...

Thank you Satan !

[22528] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Tu n'en reviendras pas Musique: Léo Ferré

Tu n'en reviendras pas toi qui courais les fillesJeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nuQuand j'ai déchiré ta chemise et toi non plusTu n'en reviendras pas vieux joueur de manille

Qu'un obus a coupé par le travers en deuxPour une fois qu'il avait un jeu du tonnerreEt toi le tatoué l'ancien LégionnaireTu survivras longtemps sans visage sans yeux

On part Dieu sait pour où Ça tient du mauvais rêveOn glissera le long de la ligne de feuQuelque part ça commence à n'être plus du jeuLes bonshommes là-bas attendent la relève

Roule au loin roule le train des dernières lueursLes soldats assoupis que ta danse secoueLaissent pencher leur front et fléchissent le couCela sent le tabac la laine et la sueur

Comment vous regarder sans voir vos déstinéesFiancés de la terre et promis des douleursLa veilleuse vous fait de la couleur des pleursVous bougez vaguement vos jambes condamnées

Déjà la pierre pense où votre nom s'inscritDéjà vous n'êtes plus qu'un nom d'or sur nos placesDéjà le souvenir de vos amours s'effaceDéjà vous n'êtes plus que pour avoir péri

[23017] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Tu ne dis jamais rien Musique: Léo Ferré

Je vois le monde un peu comme on voit l'incroyableL'incroyable c'est ça c'est ce qu'on ne voit pasDes fleurs dans des crayons Debussy sur le sableA Saint-Aubin-sur-Mer que je ne connais pasLes filles dans du fer au fond de l'habitudeEt des mineurs creusant dans leur ventre tout chaudDes soutiens-gorge aux chats des patrons dans le SudA marner pour les ouvriers de chez RenaultMoi je vis donc ailleurs dans la dimension quatreAvec la Bande dessinée chez mc 2Je suis Demain je suis le chêne et je suis l'âtreViens chez moi mon amour viens chez moi y a du feuJe vole pour la peau sur l'aire des misèresJe suis un vieux Bœing de l'an quatre-vingt-neufJe pars la fleur aux dents pour la dernière guerreMa machine à écrire a un complet tout neufJe vois la stéréo dans l'œil d'une petiteDes pianos sur des ventres de fille à ParisUn chimpanzé glacé qui chante ma musiqueAvec moi doucement et toi tu n'as rien dit

Tu ne dis jamais rien tu ne dis jamais rienTu pleures quelquefois comme pleurent les bêtesSans savoir le pourquoi et qui ne disent rienComme toi, l'œil ailleurs, à me faire la fête

Dans ton ventre désert je vois des multitudesJe suis Demain C'est Toi mon demain de ma vieJe vois des fiancés perdus qui se dénudentAu velours de ta voix qui passe sur la nuitJe vois des odeurs tièdes sur des pavés de songeA Paris quand je suis allongé dans son litA voir passer sur moi des filles et des épongesQui sanglotent du suc de l'âge de folieMoi je vis donc ailleurs dans la dimension ixeAvec la bande dessinée chez un amiJe suis Jamais je suis Toujours et je suis l'IxeDe la formule de l'amour et de l'ennuiJe vois des tramways bleus sur des rails d'enfants tristesDes paravents chinois devant le vent du nordDes objets sans objet des fenêtres d'artistesD'où sortent le soleil le génie et la mort

Attends, je vois tout près une étoile orphelineQui vient dans ta maison pour te parler de moiJe la connais depuis longtemps c'est ma voisineMais sa lumière est illusoire comme moi

Et tu ne me dis rien tu ne dis jamais rienMais tu luis dans mon cœur comme luit cette étoileAvec ses feux perdus dans des lointains cheminsTu ne dis jamais rien comme font les étoiles

[23023] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Vingt ans Musique: Léo Ferré

Pour tout bagage on a vingt ansOn a l'expérienc' des parentsOn se fout du tiers comm' du quartOn prend l'bonheur toujours en r'tardQuand on aim' c'est pour tout' la vieCett' vie qui dur' l'espac' d'un criD'un' permanent' ou d'un blue jeanEt pour le reste on imagine

Pour tout bagage on a sa gueul'Quand elle est bath ça va tout seulQuand elle est moche on s'habitueOn s'dit qu'on est pas mal foutuOn bat son destin comm' les brêmesOn touche à tout on dit: "Je t'aime"Qu'on soit d'la Balance ou du LionOn s'en balance on est des lions ...

Pour tout bagage on a vingt ansOn a des réserv's de printempsQu'on jett'rait comm' des miett's de painA des oiseaux sur le cheminQuand on aim' c'est jusqu'à la mortOn meurt souvent et puis l'on sortOn va griller un' cigaretteL'amour ça s'prend et puis ça s'jette

Pour tout bagage on a sa gueul'Qui caus' des fois quand on est seulC'est ç'qu'on appell' la voix du d'dansÇa fait parfois un d'ces boucans ...Pas moyen de tourner l'boutonDe cett' radio, on est marronOn passe à l'examen d'minuitEt quand on pleure on dit qu'on rit ...

Pour tout bagage on a vingt ansOn a un' rose au bout des dentsQui vit l'espace d'un soupirEt qui vous pique avant d'mourirQuand on aim' c'est pour tout ou rienC'est jamais tout, c'est jamais rien

Ce rien qui fait sonner la vieComme un réveil au coin du lit

Pour tout bagage on a sa gueul'Devant la glac' quand on est seulQu'on ait été chouette ou torduAvec les ans tout est foutuAlors on maquill' le problèmeOn s'dit qu'y a pas d'âg' pour qui s'aimeEt en cherchant son cœur d'enfantOn dit qu'on a toujours vingt ans ...

[23815] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Vison l'editeur Musique: Léo Ferré

Je suis sur un coup fantastiqueIl va falloir travailler durC'est pas que j'aime la musiqueMais là vraiment c'est un coup sûr

C'est au quartier de la bohèmeQu'on m'a signalé un auteur" Allez dire à celle que j'aimeQue l'argent c'est pas l'bonheur "

Prenez vos pinces de dièzesVos chalumeaux de bémolsOuvrons donc la parenthèseAu chant de ce rossignolClef de sol à l'abordageClef de fa faisant le guéProfitons de l'avantageLa portée n'est pas fermée

Dans sa cuisine une guitareTâchez de ne pas la manquerDans son placard quelques bécarresLaissez-les lui ils sont brisés

Pour moduler sur tous ses thèmesPrenez les clefs de sa douleurCar c'est sur la peine que j'aimeVoir pousser mon blé d'éditeur

Prenez ses rides de dièzesEt ses larmes de bémolsTirons sur la parenthèseDu chant de ce rossignolClef de sol tapie dans l'ombreClef de fa sur le palierEt faisons des coupes sombresDans cette forêt d'idées

On m'a dit qu'il fallait fair' viteQu'il ne mangeait pas à sa faimAvant qu'il ne chante en bronchiteTâchez qu'il chante pour mon bien

Achetez quelques chrysanthèmesÇa montrera qu'on a du cœurCe n'est qu'à leur tombe que j'aimeVoir pousser mon blé d'éditeur

Imprimons cette fadaiseA des milliers de formatsEt fermons la parenthèseA ce qui fut le contratEt sur les ondes cosmiquesQue s'en aille(nt) incognitoLes paroles et la musiqueQue m'a laissées cet idiot

FAITES-MOI DE LA MUSIQUEET FAITES M'EN DES KILOS !

[23848] http://www.paroles.net - Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif.

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Léo Ferré

Words... words... words... Musique: Léo Ferré

Et qu'ont-ils à rentrer chaque année les Artistes ?J'avais sur le futur des mains de cordonnierChaussant les astres de mes peaux ensemelléesLa conscience dans le spider je mets les voilesEt quarante millions de mètres de tailleurPrenaient la taille à la putain de GaliléeLa terre a bu le coup et penche du TropiqueElle reste agrippée à mon temps cellulaireJe déchargeais des tombereaux de souvenirsNous étions une histoire et n'avions rien à direMoi je prendrai la quatrième dimensionPour trisser dans l'azur mes jambes migratricesLe mur instantané que je dresse à la ChineMao c'était le nom de ce Viking flamandLe tissu d'esquimau vieillit beaucoup plus viteDes plaies sur des grabats du Chili à LisbonneS'exténuaient en équations de cicatricesLe malade concret et l'interne distraitSont allés boire un pot au Café de la MorgueDes vieillards le chéquier à la main à la banqueFaisaient des virements de testicules abstraitsL'embryon vaginé derviche dans le manqueUn pavot est venu l'asperger cette nuitMon berceau féodal et mes couilles gothiquesDes faux-nez des trognons des tissus ajoutésFondaient sous les sunlights de l'Opéra ComiqueLa Standard Oil prend du bidon et du gin fizzLa fièvre est descendue ce soir à MexicoO ce parfum diapré dans la nuit des cigalesDans une discothèque on a mis des barreauxLes fenêtres s'en vont de la gorge et du squaleÇa sent la perfection dans ces rues amputéesSaint-Denis c'est un saint au derrière doubléLa fièvre est descendue ce soir dans un bordelEt fallait voir comment ça soufflait dans la caleIl y a partout des cons bordés d'oiseauxComme des lettres cheminant en parcheminNightingale O chansons crevées à minuit trenteJ'ai le concile dans la main qui se lamenteDevant le mur à faire un peu des oraisonsLa Folie m'a tenu la main à sa culotte

On eût dit de la mer s'en allant pour de bonViens petit dévêts-toi prends du large et jouisJe sais des paravents comme un zoom d'espérance

Que font-ils ? Qui sont-ils ?Ces gens qu'on tient en laisseDans les ports au shoppingAu bordel à la messe ?Et ces mômes qu'on pourraitS'carrer entre deux trainsHistoire de leur montrerQu'on a du face-à-main...Ils ont voté Ils ont votéComme on prend un barbituriqueEt ils ont mis la RépubliqueAu fond d'un vase à reposerLes experts ont analyséCe qu'il y avait au fond du vaseIl n'y avait rien qu'un peu de vase

Et qu'ont-ils à rentrer chaque année les Artistes ?J'avais sur le futur des mains de cordonnierChaussant les astres de mes peaux ensemelléesLa conscience dans le spider je mets les voiles...

SHAKESPEARE AUSSI ETAIT UN TERRORISTE

" Words... words... words... " disait-il

Videla ?En français : BUDELLE, tripesEn italien : BUDELLA, tripes

En argentin ?Allez-y voir !

DE QUOI DEGUEULER...VRAIMENT!

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Léo Ferré

Y'a une étoile

Salut ! ma vieille copine la terre T'es fatiguée ? Ben... nous aussi C'est pas des raisons pour fair' des manièresTant qu'y'a l'soleil qui fait crédit Salut ! ma vieille copine la terreY'a une étoile au-d'ssus d'ParisQui m'a fait d'l'oeil la nuit dernièreMa vieille copine la terreEt pendant c'temps tu dormaisEnroulée dans les bras de ma mélancolie Pendant que je déambulais Comme un oiseau blessé dans la nuit si jolieSalut ! ma vieille copine la terre Dans tes jardins y'a des soucis Qui font d'beaux printemps à la misèreEt d'jolies fleurs pour les fusils Salut ! ma vieille copine la terre Y'a une étoile au-d'ssus d'Paris Qui m'a fait d'l'oeil la nuit dernière Ma vieille copine la terre Et toi pendant c'temps tu peinaisA charrier sur ton dos Des continents d'misère Pendant que l'soleil se doraitDans sa maison tout' bleue Pour s'refaire un' lumièreSalut ! ma vieille copine la terre Y'a des diamants qui font leur nidEn s'fichant pas mal de tes frontières Qu'il fasse jour, qu'il fasse nuit Salut ! ma vieille copine la terre Y'a une étoile au-d'ssus d'Paris Qui n'a fait d'l'oeil la nuit dernièreMa vieille copine la terre Si tu voulais bien en faucher deux ou trois Ça pourrait faire un' drôle de lumièreEt mettre au front d'la société Des diamants qu'on pourrait tailler à not' manière Bonjour ! ma vieille copine la terreJe te salue avec mes mains Avec ma voix

Avec tout ce que je n'ai pas.

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