l’entraînement proprioceptif améliore l’équilibre des véliplanchistes olympiques

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Science & Sports (2012) 27, 283—292 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL L’entraînement proprioceptif améliore l’équilibre des véliplanchistes olympiques Proprioceptive training improves Olympic windsurfers’ balance R. Linares a,,b , J.-P. Micallef c , L. Marin c a UFR sciences et techniques des activités physiques et sportives, université Montpellier-1, 700, avenue du Pic-Saint-Loup, 34090 Montpellier, France b Centre d’excellence régional de voile du Languedoc-Roussillon, 68, allée des Mycènes, 34000 Montpellier, France c Laboratoire movement to health, université Montpellier-1 EuroMov, 700, avenue du Pic-Saint-Loup 34090 Montpellier, France Rec ¸u le 15 avril 2011 ; accepté le 8 ecembre 2011 Disponible sur Internet le 15 mai 2012 MOTS CLÉS Équilibre statique ; Équilibre dynamique ; Proprioception ; Planche à voile ; Préparation physique Résumé Objectif. Évaluer les effets d’une préparation physique proprioceptive sur l’équilibre statique et dynamique du véliplanchiste. Matériels et méthodes. Le protocole expérimental était composé de 11 sujets de haut niveau qui ont été partagés en deux groupes (GP = 6 et GT = 5), un groupe proprioception (GP) effec- tuant une préparation physique proprioceptive sur surface instable et un groupe témoin (GT) conservant une préparation physique « classique ». La période d’expérimentation a duré six semaines et l’équilibre a été évalué de deux fac ¸ons en pré- et post-entraînement : équilibre statique à l’aide d’une plateforme de force et équilibre dynamique à l’aide d’un accéléromètre. Résultats. À l’issue du protocole, seul GP a amélioré significativement son équilibre statique en appui unipodal et son équilibre dynamique. Il en ressort qu’un entraînement proprioceptif décontextualisé améliore significativement la perception de l’équilibre en planche à voile olym- pique. Ces résultats suggèrent la prise en compte de l’importance de développer les habiletés perceptives dans une pratique telle que la voile. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Static balance; Dynamic balance; Proprioception; Windsurfing; Conditioning Summary Objective. Evaluation of the effects of a physical and proprioceptive training on the static and dynamic balance in Olympic windsurfers. Equipment and methods. The experimental protocol consisted of 11 high level participants who were divided into two groups (PG = 6 and TG = 5), a proprioception group (PG) performing a proprioceptive conditioning on an unstable surface and a control group (TG) using a traditional conditioning. The period of experimentation lasted 6 weeks and balance was evaluated before Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (R. Linares). 0765-1597/$ see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.scispo.2011.12.010

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Science & Sports (2012) 27, 283—292

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ARTICLE ORIGINAL

L’entraînement proprioceptif améliore l’équilibredes véliplanchistes olympiquesProprioceptive training improves Olympic windsurfers’ balance

R. Linaresa,∗,b, J.-P. Micallef c, L. Marinc

a UFR sciences et techniques des activités physiques et sportives, université Montpellier-1, 700, avenue du Pic-Saint-Loup, 34090Montpellier, Franceb Centre d’excellence régional de voile du Languedoc-Roussillon, 68, allée des Mycènes, 34000 Montpellier, Francec Laboratoire movement to health, université Montpellier-1 EuroMov, 700, avenue du Pic-Saint-Loup 34090 Montpellier, France

Recu le 15 avril 2011 ; accepté le 8 decembre 2011Disponible sur Internet le 15 mai 2012

MOTS CLÉSÉquilibre statique ;Équilibre dynamique ;Proprioception ;Planche à voile ;Préparation physique

RésuméObjectif. — Évaluer les effets d’une préparation physique proprioceptive sur l’équilibre statiqueet dynamique du véliplanchiste.Matériels et méthodes. — Le protocole expérimental était composé de 11 sujets de haut niveauqui ont été partagés en deux groupes (GP = 6 et GT = 5), un groupe proprioception (GP) effec-tuant une préparation physique proprioceptive sur surface instable et un groupe témoin (GT)conservant une préparation physique « classique ». La période d’expérimentation a duré sixsemaines et l’équilibre a été évalué de deux facons en pré- et post-entraînement : équilibrestatique à l’aide d’une plateforme de force et équilibre dynamique à l’aide d’un accéléromètre.Résultats. — À l’issue du protocole, seul GP a amélioré significativement son équilibre statiqueen appui unipodal et son équilibre dynamique. Il en ressort qu’un entraînement proprioceptifdécontextualisé améliore significativement la perception de l’équilibre en planche à voile olym-pique. Ces résultats suggèrent la prise en compte de l’importance de développer les habiletésperceptives dans une pratique telle que la voile.© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Summary

KEYWORDSStatic balance;Dynamic balance;Proprioception;Windsurfing;Conditioning

Objective. — Evaluation of the effects of a physical and proprioceptive training on the staticand dynamic balance in Olympic windsurfers.Equipment and methods. — The experimental protocol consisted of 11 high level participantswho were divided into two groups (PG = 6 and TG = 5), a proprioception group (PG) performing aproprioceptive conditioning on an unstable surface and a control group (TG) using a traditionalconditioning. The period of experimentation lasted 6 weeks and balance was evaluated before

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (R. Linares).

0765-1597/$ – see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.scispo.2011.12.010

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and after training with two different tests: static balance on a force platform and dynamicbalance with an accelerometer. Results At the end of the protocol only the PG significantlyimproved their static balance in the unipodal position, as well as their dynamic balance.

It can be concluded that unspecific proprioceptive training significantly improves the per-ception of balance in Olympic windsurfers. These results revealed that the importance ofdeveloping these perceptual skills in a sport such as sailing should be taken into account.© 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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. Introduction

a planche à voile olympique fait partie de ces activi-és de plein air à forte dominante perceptive où la prise’informations tel que le vent, le plan d’eau ou encorees déplacements des concurrents sont déterminants poura performance. Le véliplanchiste propulse son embarcationrâce à la force du vent dans sa voile et à la flottaison de salanche sur l’eau. Les contraintes appliquées par le milieunstable du flotteur nécessitent une recherche permanente’équilibre ainsi qu’un engagement physique important desembres supérieurs (MS), des membres inférieurs (MI) ete la sangle abdominale [1]. La navigation en planche àoile dépend des conditions météorologiques. Selon la forceu vent, le véliplanchiste adopte une technique différente.insi, par vent faible, le pratiquant utilise une méthodeynamique de « pumping » (moyen de propulsion quiombine une action d’extension des jambes sur le flotteurt de traction des bras sur la voile), alors que par vent fort,l adopte une posture statique en opposition à sa voile.

La spécificité du support impose à tous les pratiquantses contraintes posturales importantes. Pauly (2005) défi-it la posture comme « une activité musculaire tonique deoutien, dont la contraction permanente permet la luttentigravitaire (tonus postural) » [2]. En planche à voile, elle

aussi un impact dans la propulsion de l’embarcation. Enffet, elle sert également à réaliser les mouvements volon-aires du pratiquant afin d’améliorer sa position pour uneeilleure performance [3]. La musculature posturale est

ssentiellement constituée par :

les extenseurs profonds des MI ; les rotateurs externes des ceintures ; les extenseurs du rachis ; la ceinture abdomino-lombaire.

La posture du planchiste est soumise à rudes épreuves,lusieurs études en témoignent. D’après Loquet (1984), lesasses sacrolombaires semblent avoir un rôle très spécifique

n planche à voile. Leur activité est élevée et atteint 75 à1 % de la contraction maximale volontaire selon l’allure deavigation concernée dans le vent fort. Au niveau du tronc,es résultats obtenus sur l’activité du grand dorsal sont

ontroversés. Mais il apparaît clairement que par vent fort,on activité devient asymétrique, conditionnée par son rôleonctionnel [4]. D’une manière générale, l’ensemble desésultats montre une activité conséquente des extenseurs

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u rachis et des muscles de la sangle abdominale. D’autantlus que cette dernière joue un rôle essentiel dans la trans-ission des chaînes musculaires entre MI et MS qui sont

autement sollicités, en particulier lors des mouvements de pumping ». Ce tonus de posture assure donc l’équilibre duéliplanchiste, tant en position immobile qu’en mouvement.

Gheluwe et al. (1988) insistent sur le fait qu’en planche voile, l’équilibre est le paramètre significatif qui poseénéralement le plus de problème à tout pratiquant, etela quel que soit le niveau d’expertise [5]. Cette pratiquest considérée comme une activité sportive où l’habiletéerceptive déterminante est l’augmentation de la percep-ion de l’équilibre [6]. Selon Winter, la notion d’équilibredésigne la dynamique de la posture corporelle dans larévention des chutes. Elle est relative à l’action desorces inertielles sur le corps et aux caractéristiques iner-ielles des segments corporels » [7]. L’équilibre dépend donce la nature de la perturbation appliquée et des réac-ions qui en résultent. Dans le cas de la planche à voile,es pratiquants rencontrent deux perturbations principales :’instabilité du flotteur au niveau des MI et la force du ventans la voile au niveau des MS. La stabilité du planchisteelève de la capacité à développer les forces nécessairesour s’opposer à ces perturbations. Gantier (2005) parlee « système d’équilibration » qui fonctionne grâce auxnformations issues des différents capteurs sensoriels quiont ensuite être transmises et traitées par un systèmee régulation central, afin de fournir la réponse adaptéeermettant de conserver l’équilibre sur la planche [8]. Gan-ier (2005) définit ici les liens étroits qui existent entree maintien de l’équilibre et la proprioception. Autrementit, nous préconisons comme cet auteur qu’une améliora-ion de la sensibilité proprioceptive spécifique au système’équilibration affinerait les réponses posturales nécessaires

une amélioration de la pratique de la planche à voile. Enffet, la proprioception fournit des informations sur la posi-ion des différents segments du corps les uns par rapportux autres et surtout leurs variations. La proprioception ren-eigne donc sur la position et le mouvement de chaque partieu corps, l’orientation, la vitesse, les accélérations ainsi queur la force développée lors des contractions musculairesMS avec la voile et MI avec le flotteur) [6]. L’ensemble dees informations est primordial pour réaliser la majorité desratiques sportives telles que la voile. Certains chercheurs,omme Berthoz (1997) ou Marin (2007), considèrent la pro-

rioception comme notre sixième sens. On l’appellerait leens du mouvement. S’il est oublié des cinq sens habituels,’est peut être parce qu’il est inconscient ou parce qu’il
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L’entraînement proprioceptif améliore l’équilibre des vélipl

fait référence à une multitude de récepteurs différents.Quelle que soit l’explication de cet oubli, il est temps de lecorriger et ce d’autant plus pour la pratique sportive de lavoile. Outre la vision, la proprioception est le « sens » le plusutilisé dans les activités physiques [6,9]. Différents capteursconstituent ce sixième sens :

• les fuseaux neuromusculaires informent de la variation delongueur du muscle ;

• les afférences tendineuses informent sur la tension déve-loppée dans le muscle ;

• les afférences articulaires informent sur l’angled’ouverture des articulations ;

• les récepteurs vestibulaires percoivent les accélérationsde la tête et du corps ;

• les récepteurs cutanés renseignent sur les variations depression subies par la peau ;

• les afférences dues à la vision périphérique quant àelles renseignent sur la vitesse relative du mouvementdu paysage par rapport à nos déplacements (ce qui, parexemple, nous renseigne directement sur la direction denos déplacements) [10].

En planche à voile, ces capteurs proprioceptifs indiquentl’orientation des diverses pièces osseuses les unes par rap-port aux autres ainsi que la tension des différents muscleslors du « pumping », par exemple. Au niveau du pied, cescapteurs interviennent dans toutes les situations en stationverticale sur la planche, qu’elles soient statiques ou dyna-miques. Bien que moins connu, la peau de la voûte plantairejoue un rôle perceptif important dans l’équilibration [8]. Laproprioception du pied dans sa globalité est environ quatrefois plus élevée que celle de la jambe. Ainsi, en transmet-tant la force de réaction de la planche à l’organisme, lepied s’ajuste avec précision aux nécessités de la posture[8].

Toutes ces étapes complexes font de la proprioceptionune habileté perceptive délicate à explorer. Mais, encoreaujourd’hui, aucune étude concernant la planche à voile nes’est intéressée à cette habileté pourtant indispensable àla pratique. Toutefois on sait qu’il est possible d’améliorerla sensibilité proprioceptive. En effet, des travaux derecherche ont pu mettre en évidence que la propriocep-tion peut être améliorée par la pratique sportive. Voici troisexemples :

• Jacobson et al. (1997) ont montré que la stabilité et laperception kinesthésique étaient améliorées lors de lapratique du T’ai Chi Chuan, un art martial chinois. Lesauteurs ont précisément analysé le sens kinesthésiquedes participants, leurs stabilités corporelles et la forcedéveloppée au niveau des extenseurs du genou. Les résul-tats ont révélé que pour parvenir à un niveau d’expertisenotable les pratiquants ont dû développer une adresseproprioceptive bien plus élevé que celle observée chezles sédentaires [11] ;

• un autre exemple a été mis en évidence chez des experts

d’arts martiaux par Gorgy (2008). Suite à un déséquilibremédiolatéral, créé par une translation mécanique de lasurface d’appui plantaire, la réaction posturale est analy-sée et comparée. Il a été mis en évidence que le groupe de

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istes olympiques 285

sujets pratiquant les arts martiaux développait une stra-tégie d’équilibration (raideur articulaire) plus importanteque le groupe des sujets sédentaires. Par conséquent,l’entraînement aux arts martiaux tend à optimiser lesprocessus de réglage de la raideur articulaire et ainsiréduit la réaction à l’impact d’une perturbation d’origineexterne sur la configuration posturale adoptée au départdu geste [12] ;

enfin, un dernier exemple sur la sensibilité de la che-ville a démontré qu’un sujet entraîné avait un potentiel« équilibratoire » supérieur car plus à même de percevoirde fines perturbations statiques et dynamiques lorsquele pied était fatigué. Les participants étaient en mesured’utiliser une stratégie de compensation bilatérale des MI[13].

L’ensemble de ces études montre que l’activité physiqueermet donc de développer la force musculaire, de stimu-er les différents capteurs impliqués dans le contrôle de’équilibre et également de développer de nouvelles stra-égies d’équilibration.

Ainsi, au regard de l’ensemble de ces preuves expérimen-ales, il apparaît que la proprioception est déterminanteour améliorer l’équilibre et la posture du corps. Or,’équilibre est un déterminant de la performance en planche

voile. Par conséquent, il semble primordial d’inclure danse programme de préparation physique des planchistes olym-iques de haut niveau des exercices proprioceptifs.

La principale question serait donc de savoir si une pré-aration physique proprioceptive, en vue d’augmenter laerception de l’équilibre, a un effet positif sur la postureénérale des sujets tant en statique qu’en dynamique dansne pratique telle que la planche à voile.

Dans un tel contexte, l’objectif de cette étudest de mesurer l’impact d’un entraînement propriocep-if sur l’équilibre en planche à voile olympique. Leecond objectif est d’apprécier une stratégie d’intervention

décontextualisée » en vue de faire une préparation phy-ique intégrée (i.e. activité des MS avec instabilité surI). Ici le terme « décontextualisation » signifie que lesxercices ne se font pas sur mer (dans un environnementiquide instable sur une vraie planche à voile), mais quees exercices proposés sont très proches de ceux que l’oneut rencontrer au cours de la pratique de la planche àoile — même type d’effort, de sensations proprioceptivest de contraintes équilibratoires.

L’hypothèse de départ est que l’amélioration de laerception de l’équilibre, via un entraînement physique pro-rioceptif, améliorerait l’efficacité des muscles posturauxréactions coordonnées avec les informations perceptives).e ce fait, elle sensibiliserait davantage les capteurs pro-rioceptifs (détection du faible déplacement du corps) afin’opérer de nouvelles stratégies de rééquilibration fines etlus rapides, éléments indispensables à l’augmentation dea performance en planche à voile.

. Méthode et matériel

.1. Les sujets

ette étude a été menée sur 11 véliplanchistes masculinse haut niveau (compétitions nationales et internationales)

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ui ont entre six et neuf ans de pratique de la planche àoile, ont une taille comprise entre 159 et 183 cm et un poidsompris entre 59 et 71 kg. Ces participants ont été partagésn deux groupes (n1 = 6 et n2 = 5) de facon aléatoire. Aucunujet n’a d’antécédents de blessures récentes au niveau duachis ou des articulations des MI. Tous les sujets étaientolontaires et ont signé un consentement éclairé pour par-iciper à ces entraînements :

groupe proprioception (GP) : groupe composé desix véliplanchistes suivant une préparation physique« proprioceptive » durant toute la durée du protocoled’entraînement ;

groupe témoin (GT) : groupe composé de cinq véliplan-chistes suivant une préparation physique « classique » enplanche à voile. On entend par préparation physique« classique » un entraînement qui est habituellement uti-lisé par la majorité des préparateurs physiques et quivise à doter l’athlète d’un potentiel physique (qualitésgénérales) nécessaire à la production de sa meilleure per-formance en planche à voile sans exercices proprioceptifs[14].

Les deux groupes ont eu la même quantité de travail (QT).

.2. Paramètres mesurés

.2.1. Le matériel d’évaluation’équilibre statique ainsi que l’équilibre dynamique ont étévalués chez tous les participants. Pour cela, différentsatériels d’évaluation ont été utilisés : une plateforme de

orce et un accéléromètre..2.1.1. Équilibre statique : plateforme de force.’équilibre statique a été mesuré sur la plateforme deorce Win-Posturo développée par la société MedicapteursToulouse, France). De nombreuses études scientifiquesnt déjà utilisé et validé ce matériel [15,16]. Ce plateauonctionne avec une digitalisation sur 16 bits et des enre-istrements à 40 Hz. À partir de la mesure des trois forceserticales mesurées par des capteurs dynamométriquesisposés au sommet d’un triangle équilatéral de 40 cme côté, les coordonnées du centre de pression et leursariations dans le temps sont calculées.

Trois conditions expérimentales ont été imposées auxarticipants : situation unipodale yeux ouverts (jambe droitet jambe gauche) et situation bipodale yeux fermés. Parssence, ces sportifs de haut niveau étaient très stables pos-uralement, nous n’avons pas mesuré la situation habituelle,ipodale yeux ouverts (non discriminante quels que soientes groupes de sujets) [17]. La condition bipodale yeux fer-és est considérée dans ce travail comme notre condition

ontrôle. En situation yeux ouverts unipodale, le sujet porteon regard sur une cible disposée à hauteur des yeux commu-ément placée entre 90 cm et 2 m, ce qui correspond à laistance du repos oculaire. À partir de l’évolution du centree pression recueillis lors des essais, on évalue l’équilibre

tatique du sujet en calculant sur le stabilo-grammebtenu :

la surface (en mm2) ;

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R. Linares et al.

l’écart-type de la moyenne des déplacements antéropos-térieurs et latéraux (mm) ;

la vitesse moyenne de déplacement (mm/s).

.2.1.2. Équilibre dynamique : accéléromètre. Outre’utilisation de la plateforme de force classiquementtilisée pour mesurer l’équilibre statique, nous avons vouluvaluer l’équilibre dynamique des participants dans uneituation proche de celle réalisée lors de la pratique de lalanche à voile. Le matériel d’évaluation de cet équilibreynamique est un accéléromètre triaxial. Ce capteur, fixéur un mobile, mesure l’accélération de ce dernier dansrois directions différentes. Dans le champ de la gravitéerrestre, il donne la composante de la verticale selonon axe d’inclinaison. Dans notre cas, l’accéléromètre estositionné dans le dos du sujet, nous n’exploiterons quees inclinaisons selon les axes antéropostérieur (flexionntérieure-postérieure et flexion latérale droite gauche).es données des accéléromètres étaient digitalisées (fré-uence 100 Hz, sur 12 bits) par un convertisseur Analogiqueigital LabJackTM, visualisées et enregistrées sur un ordina-eur PC. Le degré de précision de l’accéléromètre est de’ordre d’un centième par seconde.

L’évaluation de l’équilibre dynamique des véliplanchistese voulait proche des contraintes rencontrées pendant’activité : surface instable au niveau des MI (instabilité duotteur sur l’eau) et activité dynamique au niveau des MSpumping avec la voile). Un matériel spécifique a donc étééveloppé, permettant d’évaluer indirectement la stabilitées sujets qui est un facteur de la performance en planche

voile. Ce dispositif se composait :

d’un plateau demi-cylindrique placé sous les pieds afind’exposer le sujet à un déséquilibre sur l’axe antéropos-térieur proche des contraintes rencontrées au niveau desMI lors de la pratique de la planche à voile ;

d’une poulie de tirage simulant l’action de pumping duvéliplanchiste. Cette poulie est installée face au sujetpour mettre en action ses bras. La force appliquée à lapoulie correspond à une charge de 15 kg, soit la forced’un vent modéré quand le pumping est nécessaire dansl’activité planche à voile (d’après Leszczynski [18]).

L’amplitude du mouvement a été standardisée : chaqueujet devait effectuer le mouvement avec une flexion et unextension du coude complète. Afin d’être le plus écologiqueossible, chaque sujet a gardé sa fréquence de pumping pré-érentielle. Nous avons vérifié que les sujets gardaient laême fréquence entre le pré- et post-test afin que les tests

oient comparables..2.1.3. Validation du test. Ce test, n’étant pas classi-uement utilisé, nous avons effectué un pré-test afin deérifier la reproductibilité de celui-ci. La validation du test

été effectuée par un sujet confirmé pratiquant la planche voile en loisir (funboard). Il n’a pas navigué ni suivi’entraînement physique spécifique entre le test et le re-

est. La reproductibilité a été confirmée d’après le teste Friedman. Aucune différence significative entre le testmoyenne de l’écart-type = 1,4805) et le re-test (moyennee l’écart-type = 1,4599) n’a été observée (p = 0,2482).
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L’entraînement proprioceptif améliore l’équilibre des véliplanchistes olympiques 287

GP GT

Même ch arge d’e ntraî nement (QT≈9,6h/sem)

Evalua�on é quili bre Pré-entraîneme nt de s 2 gr oupe s (S0)

Protocole d’e ntraîneme nt de s d eux gr oupe s (S1 à S6) :

GP GT

3 s éance s d ’entraînement classique en voile heb dom adai re en com mun

2 s éance s de prép ara� on physi que

« propri ocep�ve »2 s éance s de prép ara� on physi que « cl assi que »

GP GT

Eval ua� on équ ilibre Post -entraînement de s deux g roupes (S7)

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Schéma 1 Le protocole expérimental de S0 à S7. GP : groupS0 : semaine 0 ; S1 : semaine 1 ; S6 : semaine 6 ; S7 : semaine 7.

2.2.2. L’analyse statistiqueAprès avoir vérifié l’homogénéité et la normalité des valeursmoyennes pour chaque groupe, l’effet de l’entraînementa été testé avec une analyse de variance à deuxfacteurs (2 way RM Anova) (groupes [GP, GT] × mesures[pré-entraînement, post-entraînement]) à mesures répétéessur le second facteur (niveau de significativité fixé à 5 %,p < 0,05).

2.3. Procédure d’entraînement

2.3.1. Le protocole d’entraînementLe protocole d’entraînement a duré six semaines. D’aprèsles expériences en T’ai Chi Chuan, quatre semainesd’entraînement intensif suffisent pour observer une aug-mentation de la stabilité posturale et de l’équilibre. Le choixdu protocole s’est porté sur six semaines car l’interventionproprioceptive hebdomadaire était moindre que celle dessujets de l’expérience de Tsang et Hui-Chan [19].

La première semaine d’entraînement a commencé alorsque les sportifs étaient en phase de préparation physiqueauxiliaire (PPA). C’est une période pendant laquelle les ath-lètes sont en phase de développement de leurs points forts(l’équilibre dans notre cas). Le protocole s’est ensuite pour-suivi en phase de pré-compétition, appelée aussi période depréparation physique spécifique (PPS). Les deux groupes devéliplanchistes ont été évalués à deux reprises : l’une en pré-entraînement et l’autre en post-entraînement (Schéma 1).Durant tout le protocole, GP et GT ont eu la même charged’entraînement hebdomadaire (QT ≈ 9,6 h/sem) (Schéma1).

2.3.2. Les différents entraînements des groupesGT et GP ont suivi ensemble tout au long du protocole des

entraînements en voile sur la mer à raison de trois séancespar semaine avec l’entraîneur (Schéma 1).

Lors des séances de préparation physique (deux séancespar semaines), GT a suivi une préparation dite « classique »

pena

oprioception ; GT : groupe témoin ; QT : quantité de travail ;

i.e. développement des qualités aérobies, renforcementusculaire sur machine, avec barres de musculations et hal-

ères) (Schéma 1).GP, quant à lui, a effectué lors de ses séances de prépa-

ation physique des exercices spécifiques de proprioceptionur surface instable (Schéma 1). De nombreuses études ontontré qu’un sujet s’entraînant en situation de déséquilibre

ur surface instable stimulait davantage le système nerveuxue des exercices traditionnels en résistance [20,21].

.3.3. Caractéristiques des entraînementsroprioceptifsa partie de la préparation physique du groupe GP, dédiée à’augmentation de la perception de l’équilibre, comprendes exercices proprioceptifs à base de squats sur ballonuisse, de tirage bras sur lentille d’équilibre, de squatsvec charge sur ballon saturne, de travail d’équilibre dyna-ique unipodal sur trampoline ou encore des squats d’une

ambe. La préparation proprioceptive a été évolutive enommencant par des apprentissages techniques sur cesifférents supports. Les exercices proprioceptifs se sontnsuite complexifiés afin de se rapprocher des efforts ren-ontrés en planche à voile en fin d’expérimentation (i.e.owing menton sur lentille d’équilibre, exercice proche duumping en planche à voile). L’entraînement propriocep-if ne s’est pas uniquement résumé aux ballons suisses ouux lentilles d’équilibre. En effet, des séances propriocep-ives sur la machine Huber® ont également été intégrées.ette machine est dotée d’un plateau animé d’oscillationsotatoires qui entraînent un mouvement en trois dimen-ions de toutes les articulations. Ce nouvel appareil estgalement équipé de capteurs de force sur les poignés quiendent compte de l’activité motrice globale des chaînesusculaires sur l’écran. Ce feed-back visuel est interactif et

ermet l’ajustement constant de l’effort développé. Huber®

st très utilisé dans la rééducation notamment dans les cabi-ets de kinésithérapeute [22]. Mais, récemment, la machine

fait son apparition dans la préparation physique. Par

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288 R. Linares et al.

Figure 1 Valeurs du centre de pression sur axes antéropostérieur (a), axe latéral (b), surface de déplacement (c) et vitessemoyenne du centre de pression (d) en situation bipodale. Les valeurs représentent les moyennes, *p < 0,05 pour différence signi-ficative pré- et post-entraînement. GT : groupe témoin ; GP : groupe proprioception ; pré-entr. : pré-entraînement ; post-entr. :p

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ost-entraînement.

igure 2 Valeurs du centre de pression sur axes antéropostérieuoyenne du centre de pression (d) en situation unipodal. Les valeucative pré- et post-entraînement. GT : groupe témoin ; GP : grouost-entraînement.

r (a), axe latéral (b), surface de déplacement (c) et vitessers représentent les moyennes, *p < 0,05 pour différence signi-pe proprioception ; pré-entr. : pré-entraînement ; post-entr. :

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L’entraînement proprioceptif améliore l’équilibre des véliplanchistes olympiques 289

Figure 3 Exemple de relevés de tensions captées par l’accéléromètre pour un sujet typique. V : volt ; Avt/arr : tension axeé gris clair) ; P.form Avt/Arr : tension inclinaison plateforme axen centièmes de secondes.

Enfin, on observe une diminution significative de lavitesse moyenne de déplacement du centre de pression deprès de 18 % chez GP (F(1—10)=5,42 ; p < 0,05) sans observerencore une fois de modification de la vitesse moyenne dugroupe GT. L’ensemble de ces résultats indique que le groupeGP a réduit ses oscillations posturales tout en réagissantrapidement à toute perturbation.

3.3. Situation sur plateau instable avec activitédynamique des membres supérieurs

La Fig. 3 représente un exemple de courbe d’un sujettypique obtenu à l’aide des variations de tension enregis-trées par l’accéléromètre (Fig. 4). On note que :

• lorsque le sujet se penche sur l’avant, la tension devientpositive (tracé noir) ;

• lorsque le sujet se penche sur l’arrière, la tension devientnégative (tracé noir) ;

• lorsque le sujet se penche sur la droite, la tension devientnégative (tracé gris) ;

• lorsque le sujet se penche sur la gauche, la tensiondevient positive (tracé gris).

Figure 4 Tension du capteur accéléromètre lors del’évaluation en situation dynamique. Les valeurs repré-

antéropostérieur (tracé noir) ; Dr/Gch : tension latérale (tracantéropostérieur (tracé gris foncé). Axe des abscisses : temps e

exemple, Quaglierini (2006) a montré qu’un entraînementproprioceptif avec cette machine, au cours des séances depréparation physique avec des karatékas de haut niveaupendant six semaines, améliore significativement l’équilibre[23]. Cet appareil a donc prouvé son efficacité et il sembleintéressant de l’intégrer dans le protocole d’entraînement.

3. Résultats

Nous allons dans un premier temps traiter les résultats de laplateforme de force en situation bipodale et unipodale avantd’analyser la situation dynamique. En comparant les résul-tats obtenus entre les deux groupes sur les tests d’équilibrestatique et dynamique selon les conditions de pré- et depost-entraînement, on constate différents résultats selonles situations.

3.1. Situation bipodale yeux fermés

À propos des résultats en situation bipodale yeux fermésaucune différence significative n’a été constatée, et cequels que soient les groupes de pratique (GP et GT) (Fig. 1a, b, c et d). Les Anovas sur les déplacements de l’axeantéropostérieur et médiolatéral ainsi que sur la surfacede déplacement et la vitesse moyenne du déplacement ducentre de pression n’ont montré aucune différence signifi-cative entre les pré- et post-tests.

3.2. Situation unipodale

Le groupe GP a diminué significativement ses oscillationsposturales selon l’axe antéropostérieur de près de 30 %(d’après le test 2 way RM Anova : F(1-10) = 5,81 ; p < 0,05)et selon l’axe médiolatéral de près de 20 % (F(1—10)=5,92 ;p < 0,05) entre pré- et post-entraînement (Fig. 2 a, b, c etd). GT, lui, n’a connu aucune évolution significative.

Concernant la surface du centre de pression, elle a connuchez le groupe GP, une diminution significative d’environ17 % (F(1—10)=5,38 ; p < 0,05) alors que chez GT, aucune modi-fication n’est constatée.

sentent les moyennes, *p < 0,05 pour différence significativepré- et post-entraînement. V : volt ; GT : groupe témoin ;GP : groupe proprioception ; pré-entr. : pré-entraînement ;post-entr. : post-entraînement.

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Le groupe GP a diminué ses balancements posturauxe facon significative de près de 22 % entre pré- etost-entraînement, confirmé par une Anova (F(1—10)=7,92 ;

< 0,05).En revanche, il n’existe pas de différence significative

our le groupe GT.Ces résultats indiquent que dans une situation instable

n entraînement proprioceptif permet de réduire les oscil-ations posturales même pour des sportifs de haut niveau.

. Discussion

’après les résultats obtenus, il apparaît qu’une prépara-ion physique proprioceptive améliore significativement latabilité des sujets en situation unipodale et en situationynamique dans un environnement instable. La perception’équilibre du groupe proprioception GP s’est développéeprès un cycle de six semaines d’entraînement, à raisone deux séances hebdomadaires. Cette période de travail

effectivement permis de stimuler les capteurs proprio-eptifs et ainsi de développer chez ces sujets de nouvellestratégies d’équilibration. Premièrement, nous allons nousntéresser à la situation bipodale avant de discuter desésultats de la situation unipodale ainsi que la situationynamique.

.1. Situation bipodale yeux fermés

n situation bipodale yeux fermés, aucun résultat signifi-atif n’a été obtenu pour l’ensemble des participants deseux groupes. Ce résultat confirme l’étude de Vuillermet al. [17] qui montrent que des sportifs de haut niveaun gymnastique possèdent préalablement, comme les véli-lanchistes dans notre étude, une habileté perceptive de’équilibre fortement développée. De ce fait, en appui bipo-ale même les yeux fermés, il est difficile d’observer unemélioration significative (« effet plancher »). Il sembleraitue cette situation bipodale les yeux fermés ne soit passsez contraignante pour mettre à nu une différence entrees deux groupes. Un cycle d’entraînement de six semainesst donc insuffisant pour améliorer l’équilibre bipodal chezes athlètes de ce niveau.

.2. Situation unipodale

propos de la situation unipodale, les mesures de GP,ffectuées sur la plateforme de force, montrent une sta-ilité posturale améliorée. Le protocole d’entraînement aonc permis d’augmenter l’équilibre des sujets et notam-ent l’équilibre unipodal. En effet, nous avons observé uneiminution significative des oscillations sur les axes antéro-ostérieur et médiolatéral, une diminution de la surface ete la vitesse moyenne des déplacements du centre de pres-ion dans les situations unipodales jambe droite et jambeauche. Nous pensons que le travail spécifique qui a étéené lors des séances d’entraînement proprioceptif a déve-

oppé certaines sensibilité perceptive notamment au niveaue la cheville — articulation la plus sollicitée dans l’équilibrees véliplanchistes. Nous pensons qu’une telle améliorationhez des sujets déjà très stable « posturalement » a pu être

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R. Linares et al.

ossible par la mise en place d’exercices très contraignantsettant en jeu un membre inférieur (MI) sur deux : exercices

une jambe sur trampoline, squats sur une jambe ou encoreifférents exercices sur Huber® qui contraignaient les sujets

développer de nouvelles méthodes d’équilibration. Cesméliorations semblent indiquer que ces exercices ont for-ement stimulé le système proprioceptif provoquant uneensibilisation plus accrue des fuseaux neuromusculairest du système ligamento-articulaire de la cheville [24].n pourrait également retrouver ces effets bénéfiques auiveau de l’articulation du genou, mais nous pensons quees principales répercussions se situent au niveau de laheville. En effet, la plupart des exercices semblent solli-iter la cheville plus que le genou puisque les régulations’observent plus au niveau de la cheville qu’au niveauu genou. Cependant, il est possible que l’articulation duenou des véliplanchistes soit suffisamment développée,ontrairement à celle de la cheville. Dans un tel contexte,’entraînement aurait développé l’articulation la plus faible.outefois, nous pensons que cette hypothèse du genou est laoins plausible puisque certaines études ont montré que les

hevilles des véliplanchistes sont les plus sollicitées. Les tra-aux de Blouin et Bergeron [24] préconisent essentiellementes exercices proprioceptifs sur la cheville lors d’une réédu-ation des MI afin de reprogrammer les schémas locomoteurses patients véliplanchistes, indiquant que l’articulation dea cheville est souvent l’articulation la plus sollicitée danse maintien de l’équilibre instable comme cela a été le casans nos exercices.

Le groupe témoin (GT), lui, a suivi une préparation phy-ique classique et n’a pas bénéficié d’exercices affectantutant cette sensibilisation au niveau des MI. Leur per-eption de l’équilibre est seulement entretenue par leséances d’entraînement en planche voile, qui rappelons-le,ctivent les sensations d’équilibre. En effet, on n’observeas d’amélioration significative de l’équilibre unipodal, maiseulement une conservation de ses caractéristiques. On peutmettre l’hypothèse que la pratique de la planche à voilelympique à haut niveau, sans préparation physique proprio-eptive spécifique, ne dégrade pas l’équilibre des sportifs.ans ce cas là, on parle « d’entretien » de l’équilibre. Cesésultats sont en contradiction avec ceux de Riva [25] quiarle de régression fonctionnelle du contrôle postural chezes athlètes de haut niveau. Selon lui, un facteur critiquexiste pour atteindre et maintenir des performances de hautiveau : c’est la tolérance au stress mécanique des struc-ures passives les plus sollicitées (tendons, articulations etartilages). Ainsi, la stabilité fonctionnelle des articulationsntéressées que l’athlète utilise perturberait suffisamment’appui unipodal [26].

.3. L’équilibre en situation dynamique

nfin, concernant l’équilibre en situation dynamique, onbserve une amélioration significative des résultats obtenushez le groupe GP. Ils montrent qu’une préparation phy-

ique proprioceptive sur une période de six semaines suffit àévelopper l’habileté perceptive de l’équilibre en situationynamique. La posture de l’athlète est plus stable malgréne activité motrice des MS (le pumping avec la voile) et des
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1999;17:615—26.[4] Loquet H. Étude électromyographique sur simulateur de la pra-

L’entraînement proprioceptif améliore l’équilibre des vélipl

perturbations sur l’équilibre au niveau des MI (instabilité duflotteur).

Cela semblerait être la conséquence des exercices pro-prioceptifs décontextualisés : tirage sur lentille d’équilibre,haltères sur ballon suisse, séances sur Huber®. En effet, cesexercices sollicitent fortement le système « équilibratoire »par le jeu de perturbations constantes et irrégulières.Le sportif se retrouve contraint de travailler avec sesbras, tout en ajustant son équilibre avec les MI. Dans cecontexte, la proprioception est développée, c’est ce quiexplique l’amélioration de l’équilibre en situation dyna-mique. Effectivement, on peut supposer que la préparationphysique proprioceptive a stimulé la perception sensoriellede l’équilibre chez les véliplanchistes. Par exemple, lesexercices sur Huber® consistaient à réaliser des gestes et despostures si fines et si précises que pour parvenir à un cer-tain degré d’expertise, il était nécessaire de faire évoluerson système kinesthésique au-delà du niveau de perceptioncommun. C’est à ce prix que les différents capteurs pro-prioceptifs fortement stimulés vont permettre une réelleadaptation du système postural. Cette adaptation est àl’origine de nouvelles stratégies posturales qui vont conduirele sujet à améliorer sa statique générale et à trouver despositions plus efficientes, d’une part, et de réagir plus rapi-dement à un déséquilibre, d’autre part.

Une autre explication de l’amélioration de l’équilibredynamique résiderait dans le renforcement des musclesprofonds qui fortifient la colonne vertébrale (érecteur durachis) et des muscles qui participent au maintien de laposture [20]. Par exemple, la paroi abdominale, de par saposition centrale, participe à la transmission des chaînesmusculaires entre les MS et les MI [27]. Ainsi, le tronc, bienfixé par les muscles posturaux, devient un point d’appui plussolide pour l’activité dynamique des bras malgré les troublesd’équilibre des MI.

Quelle que soit la raison, le véliplanchiste minimise sesoscillations ce qui le rend plus stable posturalement poureffectuer ses mouvements de pumping sans être confrontéà des problèmes de déséquilibre qui peuvent être sourced’une moindre efficacité gestuelle.

Cependant, il convient de citer une limite concernantl’outil d’évaluation de la situation dynamique. Bien quel’activité de tirage soit standardisée (continue et à mêmefréquence), c’est le sujet lui-même qui choisit sa fréquence.Bien que chaque sujet ait gardé leur fréquence de pum-ping préférentielle, il ne permet pas d’avoir une référenceabsolue identique chez tous les sportifs. Toutefois, ce pro-tocole d’évaluation reste intéressant dans cette étude carnous avons pu suivre individuellement les sujets sur unelongue période. Dans ce cas de figure, la comparaison desrésultats pré- et post-entraînement reste malgré toute per-tinente puisque nous avons comparé les propres mesures dessujets et non pas les mesures absolues entre sujet.

D’une manière générale, cette étude montre que lapréparation physique chez les véliplanchistes olympiquesde haut niveau doit intégrer la préparation physique pro-prioceptive. Celle-ci fortifie les muscles posturaux touten assurant une meilleure coordination. L’ensemble pro-cure au véliplanchiste une plus grande stabilité posturale.Selon Marin [6], l’amélioration des facteurs perceptifs pro-

prioceptifs représente une importante progression dans larecherche de la plus haute performance sportive.

istes olympiques 291

. Conclusion

a finalité principale de l’étude était d’observer l’effet’une préparation physique proprioceptive et ses réper-ussions sur l’équilibre postural statique et dynamiqueans la pratique de la planche à voile olympique de hautiveau. L’autre intérêt de l’étude était de voir l’effet dea « décontextualisation » au cours d’une préparation phy-ique.

Le protocole expérimental montre que deux séancesebdomadaires de préparation physique proprioceptive surne durée de six semaines améliorent significativement’équilibre statique unipodal et l’équilibre dynamique duP. En revanche, on ne constate aucune amélioration de

’équilibre bipodal les yeux fermés. Le GT, qui suit une pré-aration physique « classique » durant la même période, neonnaît aucune amélioration significative de son équilibre.

Cette étude met en avant l’importance que joue la per-eption de l’équilibre dans une activité telle que la planche

voile. Améliorer cette qualité, c’est améliorer l’un deséterminants de la performance de cette pratique. La misen place d’exercices sur surface instable, avec des appuisnipodaux et des exercices décontextualisés ont permis’adapter le système perceptif à de nouvelles stratégies’équilibration.

Les perspectives de prolongement de cette étude pour-aient nous amener à nous poser la question suivante : uneréparation physique proprioceptive à base exclusivement’appuis unipodaux sur surface instable ne serait-elle paslus pertinente qu’une approche bipodale dans la pratiquee la planche à voile olympique ? Nos résultats semblent allerans ce sens.

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

emerciements

es auteurs remercient tout particulièrement le « Centre’excellence régional de voile » du Languedoc-Roussillonour la mise à disposition des différents athlètes qui ontccepté de participer à cette étude. Merci aussi au centree rééducation « Orthosport » de Montpellier (34) pour’utilisation de la machine Huber®.

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