lecture: brousseau et nikiema

21
re la Ainsi mgue CHAPITRE 4 iveau Ie de LA PHONOLOGIE DANS LE PARADIGME (voir DE LA GRAM MAIRE GENERATIVE d ogie routes : que ioi la Dans ce chapitre, nous examinerons la premiere theorie phono- rtains tres logique developpee dans Ie cadre de la grammaire generative, Ie modele SPE. Nous verrons que ce modele a introduit deux innovations majeures, rfants qui allaient etablir les bases de la phonologie generative. Nous presen- fixe : terons ensuite les notions et le formalisme propres au modele, soit les es; les matrices de traits qui correspondent aux formes sous-jacentes et les regles lation phonologiques qui modifient ces matrices. Nous verrons enfin comment -rsaux Ie formalisme des regles a permis de degager de nouvelles generalisations. cette .lexite 4.1 La phonologie generative: deux innovations majeures .nnent La phonologie generative est nee officiellement en 1968, avec la publica- d'un tion par Noam Chomsky & Morris Halle de I'ouvrage intitule The Sound ies de Pattern of Engli sh . Cet ouvrage, dont Ie manuscrit etait en circulation des 1962, est la premiere tentative de theorisation globale en phonologie generative. Ce qu' on appelle maintenant Ie modele SPE est un ensemble de regles formelies, de representations et de mesures d' evaluation des grammaires. Ce modele est Ie fruit de la collaboration de deux chercheurs venant de traditions differentes. Morris Halle, qui vient de la tradition de l'ecole de Prague, a ete influence par les travaux de Nicolai' Troubetzkoy et de Roman Jakobson, alors que Noam Chomsky est issu du distribution- nalisme americain (il etait l'eleve de Zellig Harris). A cette epoque, les linguistes consideraient que la theorie etait obtenue par induction, qu' elle devait etre exclusivement basee sur l'observation. Cette approche a donne lieu au developpement de methodes de decouverte a partir d'activites essentiellement classificatoires. En phonologie, une question type etait de determiner si Ie son [tIl constituait un ou deux phonemes. La question etait d'autant plus importante a l'epoque que , pour les uns (I'ecole de Prague), Ie phoneme etait l'unite de base de la phonologie, alors que, pour les autres (les generativistes), Ie trait etait l 'unite de base. On retrouve encore des traces de ce debat dans certains travaux contemporains.

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Page 1: Lecture: Brousseau et Nikiema

re la Ainsi mgue CHAPITRE 4 iveau Ie de LA PHONOLOGIE DANS LE PARADIGME (voir DE LA GRAMMAIRE GENERATIVE

dogie routes

: que ioi la

Dans ce chapitre, nous examinerons la premiere theorie phono­rtains tres logique developpee dans Ie cadre de la grammaire generative, Ie modele

SPE. Nous verrons que ce modele a introduit deux innovations majeures, rfants qui allaient etablir les bases de la phonologie generative. Nous presen­fixe : terons ensuite les notions et le formalisme propres au modele, soit leses; les matrices de traits qui correspondent aux formes sous-jacentes et les regles lation phonologiques qui modifient ces matrices. Nous verrons enfin comment-rsaux Ie formalisme des regles a permis de degager de nouvelles generalisations. cette

.lexite 4.1 La phonologie generative: deux innovations majeures

.nnent La phonologie generative est nee officiellement en 1968, avec la publica­d'un tion par Noam Chomsky & Morris Halle de I'ouvrage intitule The Soundies de Pattern of Engli sh. Cet ouvrage, dont Ie manuscrit etait en circulation des 1962, est la premiere tentative de theorisation globale en phonologie generative. Ce qu' on appelle maintenant Ie modele SPE est un ensemble de regles formelies , de representations et de mesures d ' evaluation des grammaires. Ce modele est Ie fruit de la collaboration de deux chercheurs venant de traditions differentes. Morris Halle, qui vient de la tradition de l'ecole de Prague, a ete influence par les travaux de Nicolai' Troubetzkoy et de Roman Jakobson, alors que Noam Chomsky est issu du distribution­nalisme americain (il etait l'eleve de Zellig Harris). A cette epoque, les linguistes consideraient que la theorie etait obtenue par induction, qu' elle devait etre exclusivement basee sur l'observation . Cette approche a donne lieu au developpement de methodes de decouverte a partir d'activites essentiellement classificatoires. En phonologie, une question type etait de determiner si Ie son [tIl con stituait un ou deux phonemes. La question etait d'autant plus importante a l'epoque que , pour les uns (I'ecole de Prague), Ie phoneme etait l'unite de base de la phonologie, alors que, pour les autres (les generativistes), Ie trait etait l'unite de base. On retrouve encore des traces de ce debat dans certains travaux contemporains .

Page 2: Lecture: Brousseau et Nikiema

'

I

~

Phonologie et morphologie du francais

Le modele SPE constitue une veritable rupture par rapport aux approches phonologiques precedentes: on passe d ' une methodologie stricte (les procedures de decouvertes des segments) a une absence de methodologie, de la taxinomie (classification) a I'elaboration d'un modele theorique, de la simple description a la recherche de I'explication, de 1'approche inductive a 1'approche deductive. L'ambitieux programme de recherche du modele SPE est de determiner dans quelle mesure les systernes phonologiques des langues du monde se ressemblent. Pour ce faire, les generativistes vont faire fi des objections des fonctionnalistes et tenter de construire un modele de la phonologie aux ambitions universa­listes, theorie qu' ils ne cessent d' ailleurs de raffiner, au fur et a mesure de la decouverte de faits nouveaux. Ce n' est pas qu' ils rejettent Ie contenu empirique de la linguistique, mais ils soutiennent que les bases de la linguistique de sont pas empiriques puisqu'un des objectifs de la disci­pline est de modeliser la competence du locuteur.

On peut caracteriser I'avenement de la phonologie generative par deux contributions importantes : l'introduction des regles et des represen­tations phonologiques. Une representation phonologique est organisee autour des deux axes de production de la parole : l'axe syntagmatique, egalernent appele axe horizontal, et l'axe paradigmatique, aussi appele axe vertical. L' axe syntagmatique donne l' ordre de succession des elements et l' axe paradigmatique, la composition interne des matrices segmentales. En combinant ces deux axes, on peut representor toute sequence phonologique. La representation du mot [bato] bateau, par exemple, sera comme ci-dessous (representation partielle) :

(l) [+conson'1 [-conson. 1 [+conson'1 [-conson. 1-voca~ique +vocalique -voca~ique +vocalique -contmu +bas -contmu -bas +labial ... .. . .. .

Comme on peut le remarquer, ce ne sont pas les phonemes qui sont les constituants ultimes des representations phonologiques, mais les traits. Chaque matrice segmentale est cornposee des traits binaires qui definissent le segment. Certains traits sont distinctifs, c' est-a-dire qu' ils permettent detablir des paires minimales, d'autres sont redondants, c'est-a-dire que leur valeur peut etre deduite de la presence d'un autre trait. Dans les representations phonologiques des matrices segmentales, seuls les traits distinctifs sont specifies. Les traits phonetiques et les traits redondants sont omis afin d 'alleger le contenu des representations .

88

Les r, structure in donne que difficile d e par contre. universels. I la composii economique phoneme 1'avons vu ;; sion de cert

En pa I' assimilatic observer 0\

consonne p phonetique. interne du ~

fait que Ie d' etablir un dans lequel precedent !, consonne sc

Nou s Elles perrne difference s distinguer e tique. De p representent l'avenement de deterrnin les regles s structure int

4.2 Le sys

Chomsky & les trait s lvc de segments majeures. at [vocalique). sion du sys t.

0

Page 3: Lecture: Brousseau et Nikiema

La phonologie dans Ie paradigme de la grammaire generati ve

apport aux ~ t hodo l og i e

absence de ition d 'un explication, prog ramme mesure les

nt . Pour ce mnalistes et ns universa­l mesure de

Ie contenu bases de la de la disci­

nerative par es represen­st organisee itagmatique, aussi appele cession des Ie s matrices senter toute bateau, par

co nson. ]-vocalique bas

nes qui sont lis les traits. i definissent . permettent .t-a-dire que .it. Dan s les li s les traits mdants sont

Les raisons invoquees pour adopter les traits comme unites de la structure interne des segments sont de trois ordres . Prernierement, etant donne que l'inventaire phonernique differe d'une langue a l'autre, il est difficile d'envisager une theorie universelle basee sur les phonemes . Si, par contre, on adopte les traits, on peut dresser une liste finie de traits universels, parmi lesquels les langues selectionnent les traits necessaires a la composition de leur inventaire. Deuxiemernent, il est souvent plus econornique de representer un trait (dans une regie, par exemple) qu' un phoneme ou un groupe de phonemes. Troisiemement, comme nous I' avons vu au chapitre 3, le recours aux traits est necessaire pour l'expres­sion de certaines generalisations ou de certaines regles phonologiques.

En particulier, il devient plus aise de decrire les phenomenes comme I'assimilation des occlusives en francais, manifestee dans des mots comme observer ou abstrait. Dan s la forme phonologique de ces mots , la consonne precedant lsi est voisee (p. ex . /abstne/), alors qu'au niveau phonetique, elle est devoisee (p. ex. [apstae j). Avec une composition interne du segment en traits, il est pos sible non seulement d' exprimer Ie fait que Ie changement affecte Ie seul trait de voisement, mais aussi d 'etablir une relation entre Ie phenornene de devoisernent et Ie contexte dans lequel il se produit: les occlusives sonores se devoisent lorsqu'elles precedent la fricative sourde [s] . On dit que Ie trait [-voi se] assimile la con sonne son ore precedente, modifiant son trait de voisement.

Nous avons deja mentionne les avantages que presentent les regles . Elles permettent d' exprimer de s generalisations, de faire ressortir les differences et ressemblances entre systemes phonologiques, ainsi que de distinguer entre les niveaux de representation phonologique et phone­tique. De plus, selon les generativistes de la premiere heure, les regles representent la connaissance intuitive du locuteur. Mais nou s verrons que l'avenement des regles a souleve de nouvelles questions, notamment celie de determiner un ordre d'application. Avant de presenter la maniere dont les regles sont formulees dans Ie modele SPE, examinons d'abord la structure interne des segments et I' organisation des traits.

4.2 Le systeme des traits de SPE

Chomsky & Halle ont d'abord propose un systeme de trait s distinctifs ou les traits [vocalique] et [consonantique] caracterisent les classes majeures de segments. Plus tard, ils ont propose une nou velle definition des classes majeures, au sein d'un systerne ou Ie trait [syllabique] remplacait Ie trait [vocalique]. Dans ce chapitre, nous nous en tiendrons a la premiere ver­sion du systerne de traits .

89

Page 4: Lecture: Brousseau et Nikiema

I

Phonologie et morphologie du francais

4.2.1 Les traits de classes majeures sonnante

Rappelons que la base des traits qui definissent les categories majeures de ssou s repose sur Ie schema general de la production de la parole, c'est-a-dire approch : I'alternance de fermetures et d'ouvertures de l'appareil vocal. Les traits linteriei retenus par Chomsky & Halle representent precisernent une forme distincte de cette alternance. La premiere version des traits de categories (3) majeures distingue trois types de segments: les sons vocaliques, consonantiques et sonantiques. Les sons vocaliques sont caracterises par un degre de constriction du conduit vocal moindre ou egal a. celui des voyelles hautes et par une po sition des cordes vocales permettant Ie voisement spontane, Les sons non vocaliques ne satisfont pas a. au moins une de ces deux conditions. Sont considerees comme [+vocalique] les voyelles et les liquides. Les sons [-vocaliques] comprennent les semi­voyelles, les con sonnes nasales et les vraies consonnes (ob struantes) .

Les sons consonantiques sont produits par une obstruction dans Ie conduit vocal ; les sons non consonantiques ne comportent pas une telle obstruction. Les sons [+consonantique] regroupent toutes les consonnes, sauf les semi-voyelles, Ces dernieres sont, comme les voyelles, definies par Ie trait [-consonantique]. Les sons sonnants sont produits avec une confi­guration du conduit vocal qui rend possible Ie voisement spontane; les vraies con sonnes ne Ie permettent pas. Les segments [+sonantique] sont les voyelles, les semi-voyelles, les consonnes nasales et les Iiquides. Les C consonnes [-sonantique] sont les vraies consonnes, les obstruantes. Le trait SPE co [sonantique] permet de distinguer deux grandes classes de consonnes: les que no

obstruantes (I-sonantiquej) et les resonnantes ([+sonantiqueD. matrice lat ion cA l'aide de ces trois traits, on peut definir les cla sses majeures de les con

segments de la facon suivante: les Yo~

(2) TRAITS DES CLASSES MAJEURES DU MODELE SPE conson ([+n as. sonore seco nd

Voyelles Vraies consonnes

Nasales Liquides Semi­voyelles

[vocalique] + - - + -[conson .] - + + + -[sonant.] + - + + +

nece ss [+arro en OPt

Etant donne cette approche de la representation des segments en des unites plus petites (les traits), on peut regrouper les segments en plusieurs classes naturelles. II y a les segments qui sont [+consonantique] (les consonnes) et ceux qui sont [-consonantique] (les voyelles). Les consonnes peuvent se subdiviser en obstruantes et en sonnantes, et les

Les tr egaler preser les co

90

Page 5: Lecture: Brousseau et Nikiema

----------------------------

La phonologie dans Ie paradigme de la grammaire generative

..

sonna ntes, en liquides et en nasales, etc. La representation arborescente ci­ijeures

des sou s illu stre la subdivision des classes de segments . Cett e merne -a-di re

approche sera plu s tard util isee pour decrire l' organisation des tra its a ; traits l' interieur des matri ces segmentales . fo rme igories (3) Segments liq ues, es par

[+consonantique] [-consonantique]ui de s

(cons onnes) (voyelles) an t le moins Ie] les [-sonantique] [+sonantique] sernr- (obs truantes) (sonnantes)

~ .r:-: ans le [+continu] [-continu] [+nasal] [-nasal] e telle (fricatives) (nasales) (liquides) onnes, es par

[-reI. ret .] [+reI. ret.] ccnfi ­(occlusives) (affriquees) le: les

] sont -s . Les On aura rerna rque que les traits de classes majeures du modele .e trait SPE correspondent pour la plupart aux traits phonologiques de mode es: les que nou s avo ns identifes au chapitre 3. Pour specifie r cornpleteme nt les

matr ices de traits dans SPE, it faut inclure trois traits de mode d' articu ­lat ion qu i ne sont pas des traits de classes maj eures: Ie trait [voise] pour

re s de les consonnes, Ie trait [arrondi] pour les voyelles et Ie trait [nasal] pour les voyelles et consonnes. Le trait de nasal ite permet de distin guer les consonnes et voye lles orales ([-nasal]) des consonnes et voye lles nasales ([+nasal]). Le trait de voiseme nt permet de di stinguer les ob struantes

rru­sonores de s ob struantes sourdes : les premieres sont [+vo ise] alors que les elks secondes sont [-voi se]. Ce trait est redondant pour les sonnantes , qui sont necessairernent [+voise] (du moins, en francai s), Pour les voyelles, le trait [+arrondi] definit les voyelles articulees avec l'arrondissement des levres, en opposition aux voyelles ecartees qui sont [-arrondi] .

4.2.2 Les traits de lieu d'articulation~n de s rsieurs Les traits qui designent Ie lieu d'articulation dans Ie modele SPE sont J (Ies egalement tres semblables aux traits phonologiques que nou s avons . Les pre sentes au chapi tre 3. Deux series de traits sont necessaires: l'une pou r

les consonnes, l' autre pour les voyelles .

91

Page 6: Lecture: Brousseau et Nikiema

'

!

La ph Phonologie et morphologie du francais

(4) TRAITs DISTINCIlFS DE LIEUDESCONSONNES

Bilabiale: [+anterieur, -posterieur, -coronal, -strident]

Labiodentale: [+anterieur, -posterieur, -coronal, +strident]

Dentale: [+anterieur, -posterieur, +coronal]

Alveopalatale: [-anterieur, -posterieur, -coronal]

Velaire: [-anterieur, -posrerieur, -coronal, +ferme]

Uvulaire: [-anterieur, -posterieur. -coronal, -ferrne]

Notons que Ie trait [strident] est distinctif seulement pour les consonnes qui sont a la fois [s-anrerieur, -posterieur, -coronal] : il permet de definir les labiodentales ([+strident]) en opposition aux bilabiales ([-strident]) . De la me me facon, Ie trait [ferme] permet de distinguer, parmi les consonnes posterieures, les velaires [+ferme] des uvulaires [-ferme] .

Pour les voyelles, les differents lieux d' articulation sont definis par les traits distinctifs suivants :

(5) TRAITSDISTINCIlFS DELIEUDESVOYELLES

Haute: [+haut, -bas] ,

Basse: [-haut, +bas]

Moyenne: [-haut, -bas]

Anterieure: [+anterieur, -posterieur]

Posterieure: [-anterieur, -posterieur]

Centrale: [-anterieur, -posterieur]

Tendue: [+tendu]

Relachee: [-tendu]

Examinons maintenant la deuxierne contribution importante d u modele SPE, Ie systeme de regles.

4.3 Les regles phonologiques

II y a deux types de regles phonologiques dans Ie modele SPE: les regles derlvatlonnelles et les regles transformationnelles. On peut les definir comme suit:

• Regie derivationnelle: regie utilisee pour decrire un changement phonologique modifiant un segment (A ---7 B / C _ D).

• Regie transformationnelle: regie utilisee pour decrire un changement modifiant l'ordre des segments (ABC ---7 ACB).

Nous examinerons tour a tour les deux types de regles, ainsi que certains phenomenes qu'elles permettent de decrire.

4.3.1 L4 Le format gener

(6) A ---7 B /

II se lit comme Ie contexte C

A represe changement; on ou la classe de B est Ie change lequel Ie chang c'est-a-dire les s'applique, et [ qui doivent sui' passage de A ligne horizont, contexte, ou fo: elements C et I la regie; la suite

Plusieurs d'une regie. Pr minimalement minimal de tra dans la regie . : Deuxiernement ou D (ou les peuvent conte morpheme, fo

Reprenor recourir aux tt

phenomene. C moyen d'une I

(7) a. N -

b . /d/ ­

c . c[+c

Notons que. ( souvent une f( (7c), on a sp qu'au moyen (

92

Page 7: Lecture: Brousseau et Nikiema

La phonologie dans Ie paradigme de la grammaire generative

4.3.1 Les regles derlvatlonnelles

Le format general des regles derivationnelles est comme ci-dessous :

(6) A ~ B / C D

II se lit comme suit: (Ie segment) A se transforme en (un segment) B dans Ie contexte C D.

A represente Ie segment ou la classe de segments qui subit Ie changement; on dit que A est Ie segment affecte. B represente Ie segment

annes ou la classe de segments resultant de l'application de la regie ; on dit que efinir B est Ie changement. C et D delimltent Ie contexte phonologique dans l. De Iequel Ie changement se produit. C represente Ie contexte de gauche,

annes c ' est-a-dire les elements qui doivent preceder A pour que la regie s' applique, et D represente Ie contexte de droite, c'est-a-dire les elements qui doivent suivre A pour que la regie s'applique. La fleche represente Ie

IS par passage de A a. B, la barre oblique signitie «dans Ie contexte» et la ligne horizontale represente la position du segment affecte dans Ie contexte, ou foyer de la regie: avant C (_C), apres C (C _) ou entre les elements C et D (C _ D). La suite CAD est la description structurale de la regie; la suite CBD est Ie changement structural de la regie.

Plusieurs conditions doivent etre satisfaites pour la formulation d 'une regie. Prernierement, les unites A, B, C, D sont des matrices de traits minimalement specifiees, c' est-a-dire qu' elles contiennent Ie nombre minimal de traits necessaires pour identifier Ie ou les segments irnpliques dans la regie. B doit etre specifie seulement pour les traits qui changent. Deuxiernernent, A ou B peut etre un element nul, mais jamais les deux ; C ou D (ou les deux a. la fois) peut etre absent. Troisiemernent, C et D

~ e du peuvent contenir (ou peuvent etre) des symboles de frontiere de morpheme, forte (+) ou faible (#), ou de frontiere de mot (##) .

Reprenons I' exemple de I' assibilation en francais quebecois. Sans recourir aux traits, on doit utiliser les deux regles en (6) pour decrire ceregles phenornene. Dans Ie modele SPE, on peut Ie decrire comme en (7), auefinir moyen d'une regie unique.

(7) a. N ~ [tS ] / _ voyelle anterieure haute

ernent b . /dl ~ [dZ

] / _ voyelle anterieure haute

c . C[+coronal, -continu] ~ [+rel. ret.] / _ Vl-santerieur, +haut] -rnent Noton s que, dans Ie but de simplifier l'ecriture des regles, on utilise souvent une forme abregee des matrices de certains segments. Ainsi, en

rtains (7c), on a specific les segments affectes simplement comme C plutot qu 'au moyen des traits [+cons., -voc.].

93

Page 8: Lecture: Brousseau et Nikiema

(

La ! Phonologic et morphologic du francais

Dans Ie format de la regi e derivationnelle, les el em ents A, B, C et D peuvent etre nul s (ze ro) ou absents. On peut ainsi avoir les cinq types de regles ci-dessous:

(8) a. ¢ ~ B/C_D

b. A ~ ¢ I C D

c . A ~ B/C

d . A ~ B I D-e. A ~ BI

Si C et D sont tous les deu x absents, co mme en (8e), la regie ph onolo­gique est une regie independante du contexte [ « context-free rul e »). Dans tou s les autres cas, la regie ph on ologique est un e regie sensible au contexte [ « co ntext-se nsitive rule ») . Selon que Ie contex te est a la gauch e (cf (8c)) ou a la droite (cf (8d)) du segment affecte, on parle respective­ment d'assimilation progressive et regressive. Enfin, les cas ou A ou B es t nul co rresponde nt adeu x phenomen es d ' ordre sequentiel : I' ep enthese (cf (8a)) et l ' el ision (cf (8b) .

On peut resumer toutes ce s info rmations dans les definition s suiv antes:

• Regie independante du contexte: regie dont Ie contexte d ' applica tion n ' est pas spec ific.

• Regie sensible au contexte: regie dont Ie co ntexte d' application est spec ific .

• Assimilation: changeme nt phonetique que subit un segment sous l' influen ce d 'un autre segment qui lui est adj acent (a un certa in niveau de representation).

• Assimilation progressive: ass imilation qu i se produit de la gau ch e vers la droite.

• Assimilation regressive: ass imilation qui se produit de la droite vers la gauc he .

• Epenthese: insertion d'un segment dans une sequence segme nta le.

• Elision: effaceme nt d 'un segment dan s une sequence segmenta le .

Voyons mainten ant comme nt ce format general de regie permet de formuler des regl es specifiques et de carac teriser des ph enomenes parti culiers de s langues.

La regie d ' epe fo rme generals

( 9) REGLE D

a . ¢ ----l

b . 0 ----l

La regie gener elle es t ut ilise introduit dans niveau syllabi: mais, a titr e d epenthe tique s ph on ologiqu e voyelles pour phonet iqu e ai r

La regie deli : ca r elle efface (10a) et peut ~

(10) REGLE D

a. A­

b. ;:l ­

(ou

La regie ge nt exemple de c fina le de mot.

Un autn con sonnes en varietes du fr: regi stres fam i consonne fin precedee dur

(11 ) a . ltabl

b . /livs

c. /syk

d. /dat

94

Page 9: Lecture: Brousseau et Nikiema

1

La phonologie dans Ie paradigme de la grammaire generative

. C et D

.ypes de

.hono lo­rule »).

isible au 1 gauche spective-A ou B

penthese

ifinition s

plic ation

arion est

lent sous certain

:l gauche

te vers la

ntale.

tale .

ermet de ·nomenes

4.3.1.1 Regles d ' epenthese

La regle d'epenthese insere un segment dans un contexte donne. Elle a la forme generale en (9a) et peut se realiser specifiquement comme en (9b) .

19 ) REGLED'EPENTHESE

a. ~ ~ B IC D

b. ~ ~ [j] I V[+haute, -arrondi] _ V

La regle generale en (9a) stipule qu'un segment Best insere entre C et D; elle est utilisee pour representer les cas OU un nouveau segment est introduit dans une suite, generalernent pour respecter des contraintes au niveau syllabique. Les exemples depenthese n'abondent pas en francais mais, a titre d'illustration, on peut considerer le cas des semi-voyelles epenthetiques dans les mots comme priere et brievement. Dans la forme phonologique /bri .e.vo.ma/, la semi -voyelle [j] est inseree entre les deux voyelles pour combler un hiatus (sequence de deux voyeIles). La forme phonetique ainsi derivee est [bsijevma] (apres chute du E caduc).

4.3.1.2 Regles d'ellsion

La regle d'elision (ou d'effacement) est l'inverse de la regle d'insertion, car elle efface un segment dans une suite. Elle a la forme generale en (10a) et peut se realiser plus specifiquernent comme en (lOb).

( 10 ) REGLE D'ELISION

a. A ~ ~/C_D

b. ~ ~ ~ I [+cons., -voc.] _ ## (ou ## represente la frontiere du mot)

La regle generale stipule qu'un segment A s'efface entre C et D. Un exemple de ce phenornene en francais est l'elision du schwa en position finale de mot , comme dans balis e ([baliz)), table ([tabl)) ou vide ([vid)) .

Un autre cas d 'effacement est celui de la reduction des groupes de consonnes en position finale . Ce phenornene est observe dans plusieurs varietes du francais, dont Ie francais quebecois, particulierernent dans les registres familiers ou populaires. Comme on peut le voir en (11), une consonne finale (apres la chute du E caduc) s' efface lorsqu' elle est precedee d 'une autre consonne.

(11 ) a. /tablo/ [tab] table

b. lliVR~1 [Iiv] livre

c. IsykR~1 [sYk] sucre

d . Idiitist~1 [datis] dentiste

95

Page 10: Lecture: Brousseau et Nikiema

]

]

I

LaPhonologieet morphologiedu francais

Toutefois, Ies donnees en (12) suggerent que I' effacement de Ia consonne finale ne se produit pas Iorsque Ia consonne qui precede est une Iiquide, soit une con sonne specifiee [+vocalique] .

(12) a . IpeR1~1 [peRI]I*[peR] perle

b . Is::>Id~1 [soldl/" [sol] soide

c. /kalms/ [kalm]l* [kaI] calme

d. IfaRs~1 [faRs]l*[faR] farce

L'effacement se produit seulement dans Ie contexte ou Ia consonne qui precede est une vraie consonne, specifiee [s-cons., -voc .]. En tenant compte de ces precisions, on peut formuler Ia regle d'elision de Ia con sonne comme suit :

(13) C ~ \1l I C[+cons., -voc .] _

4.3.1.3 Regles d'assimilation

Une regle d'assimilation decrit un changement phonetique que subit un segment sous I'influence d'un autre segment qui lui est adjacent. La regle en (14) represente I'assimilation d'un segment par un autre qui Ie precede; il s'agit d'une assimilation progressive.

( 14) REGLE 0' ASSIMILAnON PROGRESSIVE

a. A ~ B IC

b . V ~ [+nasaI] I C[+nasaI] _

La regle generale en (14a) stipule que Ie segment A se change en un B, Iorsqu'il est precede de C. En general, Ie segment acquiert une ou deux proprietes phonetiques du segment adjacent, comme dans Ia regle speci­fique en (14b) . Celle-ci decrit Ie processus de nasalisation progressive que l'on observe en creole haitien, par exemple dans Ies mots fime [firne] ("fumee") ou moun [rnun] ("personne") .

Lorsque I'assimilation est declenchee par un segment qui suit Ie segment affecte, il s'agit d'une assimilation regressive:

( 15) REGLE 0' ASSIMILAnON REGRESSIVE

a. A ~ B/_D

b. [s-voise] ~ [-voise] 1_ C[+cont.; -voise]

La regle generale stipule qu'un trait du segment B affecte Ie segment A Iorsque celui-ci est suivi de D. La regle specifique en (15b) decrit I'assimilation observee en francais dans des formes comme en (16), ou une con sonne occlusive perd son voisement devant une fricative sourde.

(16) a . obs

b. me,

Un autt

des voyelles [d5], qui alte ce processus

(17) V ~

La regle sti]; consonne na specifiee pari on a bon [b5

La neutralis segments, pc ments appar: En francais, linterieur d comme Ie m

(18) a . col

b. co

c. CO

d . co

On par d'une neutra

(19) REGLE

::> ~

Cette regie c [0] en positi

II exis Ies contexte : texte phono latin Iors du

(20) REGLE

V: latin

96

Page 11: Lecture: Brousseau et Nikiema

La phonologiedans Ie paradigmede Ia grammaire generative

a consonne me liquide,

nsonne qur En tenant

sion de la

ue subit un nt. La regle utre qui Ie

ge en un B, ne ou deux regie speci­gressive que f ime [firne]

qUI suit Ie

~ segment A I ISb) decrit en (16), ou

ve sourde .

(16) a . observer hbseRve/ [opsenve]

b. medecin /rnedse/ [rnetse]

Un autre cas d'assimilation regressive en francais est la nasalisation des voyelles devant consonnes nasales, par exemple, bon [b5] ou don [d5J, qui alternent avec bonne [bon] et donne [don], La regie qui decrit ce processus est la suivante:

(17) V ~ [+nasal] / _ C[+nasal] ##

La regie stipule qu'une voyelle se nasalise lorsqu'elle est suivie d'une consonne nasale qui se trouve en finale de mot. La position doit etre specifiee parce que Ie processus ne s'applique pas a I'Interieur des mots: on a bon [b5] mais bonifier [bonifje], don [d5] mais donner [done] .

4.3.1.4 Regles de neutralisation

La neutralisation (ou syncretisme) designe Ie cas 00 Ie choix entre deux segments, possible dans certaines positions, est annule; un seul des seg­ments apparait dans les contextes ou Ie choix etait initialement possible. En francais, par exemple, la difference entre [0] et [;,] est pertinente a linterieur d 'un mot (jsoll/lsol] saule/sol) , mais pas en position finale, comme Ie montrent les donnees ci-dessous

(18) a. collaborateur [kolabonateea]

b. collabo [kolabo] et non *[blab;,]

c. condominium [kodorninjom]

d. condo [k5do] et non *[k5d;,]

On parle de neutralisation contextuelle dans ce cas, puisqu'il s' agit d'une neutralisation qui est declenchee par un contexte precis :

( 19) REGLE DE NElJfRALISATIONCONTEXTUELLE DE0/;'

;,~o/ ##

Cette regie de neutralisation contextuelle stipule que la voyelle [;,] devient [0] en position finale de mot.

I! existe egalement un type de neutralisation qui intervient dans tous les contextes. I! s'agit de regles de neutralisation absolue, 00 aucun con­texte phonologique n'est specifle. L'abregement des voyelles longues du latin lors du passage au gallo-roman, au Ve siecle, est un tel type de regie:

(20) REGLE DE NElJfRALISATION ABSOLUE DESVOYELLES LONGUES

V : ~ V/ latin gallo-rornan

97

Page 12: Lecture: Brousseau et Nikiema

l

La phonol Phonologie et morph ologie du francai s

La regie stipule que toutes les voyelles longues sont devenues des voyelles breves dan s tous les contextes. Les regles de neutralisation absolue sont souvent utili sees pour decrire des faits diachroniques; elles s'opposent aux regles de neutralisation contextuelle qui, elles, peuvent etre synchroniques .

On definit les differents types de neutralisation de la facon suivante:

• Neutralisation: cas ou Ie choix entre deux segments est annule; un seul des segments apparait dan s les contextes ou Ie choix etait initialement pos sible.

• Neutralisation contextuelle: neutralisation qui s' applique dans un contexte precis.

• Neutralisation absolue: neutralisation dont Ie contexte phonologique n' est pas specific.

4.3.1.5 Regles it contexte syllabique

Certaines regles ont la partfcularite de s'appliquer dans un contexte defini non pas en termes de traits, mais en termes d'une unite qui est hierarchiquement superieure au phoneme: la syllabe. Contrairement aux regles precedentes, il n'y a pas de lien phonetique evident entre Ie changement observe et Ie contexte dan s lequel il a lieu. En francai s quebecois populaire, des formes a voyelles longues alternent avec des formes adiphtongues, comme Ie montrent les donnees ci-dessou s:

(21) a. [fe :te] feter [fajt] fete

b. [are .te] arreter [anajt] arrete

c. [Re:VRi] reverie [najv] reve

L'examen de ces formes montre que les voyelles longues apparaissent en syllabe ouverte et que les diphtongues apparaissent en syllabe fermee (syllabe se terminant par une consonne) . La nature de la consonne finale n'est d'aucune importance: la diphtongaison est observee avec les occlusives comme avec fricatives, avec les sourdes comme avec les sonores, etc. On dit que Ie contexte d' application de la diphtongaison est la syllabe, que nous notons de facon lineaire au moyen du symbole ]a' La regie de diphtongaison est formulee comme suit:

(22) e : ---7 aj / _ C],

Le crochet fermant apres la consonne delimite la frontiere de syllabe et Ie symbole o, Ie noeud syllabique. La regie stipule que la voyelle longue [e:] se tran sforme en diphtongue [aj] lorsqu'elle est dan s une syllabe ferrnee . Comme on peut Ie voir, la formulation de cette regie decrit Ie

phenomene, mais e changement (di pht c lequel il se produit fermee peut-elle av phoneme? Nou s H

posent de telle s re ~

l'instant Ie deuxiern

4.3.2 Les re Les regles transt changements qui at plu s complexes q tran sformationnelle

(23) REGLETRA'\SP

X A E 1 2

description sn

La regie specific u dan s la suite del imi regles transformatic des fait s diachroniq pas sage du latin i occasionne des cas

(24) C V (

1 2

formaticum

Plus pre s d comportent un phi voyelles qui suiveru ou les segments SOl

(25) a . aeroport

b. grenouillt

c . grelot

Pour decrire chang surface [gaalo] . on

(26) g R d

12 3

98

Page 13: Lecture: Brousseau et Nikiema

La phonologie dans Ie paradigme de la grammaire generative

s des voyelles absolue sont

'opposent aux ynchroniques.

90n suivante:

.st annule; un ~ choix etait

que dans un

pho nolog ique

; un contexte un ite qui est

rairernent aux de nt entre Ie , En francais lent avec des 5S0 US:

te

Tete

elles longues iparaissent en I nature de la 1 est observee imrne avec les itongaison est ymbole ]0. La

, de syllabe et oyelle longue 5 une syllabe ·egle decrit Ie

phenornene, mais elle ne rend pas compte du lien phonetique entre Ie changement (d iphtongaison de la voyelle longue) et Ie contexte dans lequel il se produit (syllabe ferrnee). Comment une structure de syllabe ferm ee peut-elle avoir un impact sur la realisation (phonetique) d ' u n phoneme? Nous verrons, dans Ie prochain chapitre, les problemes que posent de telles regles pour la theorie phonologique. Examinons pour I'instant Ie deuxierne grand type de regles: les regles transformationnelles.

4.3.2 Les regles transformationnelles

Les regles transformationnelles sont utilisees pour decrire des changements qui affectent plus d'un segment ala fois et qui sont souvent plus complexes que les simples changements de traits. Une regle transformationnelle a Ie format general ci-dessous :

(23) REGLETRANSFORMATIONNELLE

X A B Y ~ X B A Y I 2 3 4 I 3 2 4

de scription structurale changement structural

La regle specifie un changement d'ordre dans une suite de segments: dan s la suite delirnitee par X et Y, la suite AB devient la suite BA. Les regles transformationnelles sont plut6t rares; elles refletent generalernent des fait s diachroniques ou des phenomenes en cours de changement. Le passage du latin 11 l'ancien francais (vers la fin du Xll" siecle) a occasionne des cas de metathese comme dans l'exemple ci-dessou s:

(24) C V C C C V I 2 3 I 3 2

formaticum fromage

Plus pres de nous, certaines varietes du francais quebecois comportent un phenornene de metathese entre la con sonne [R] et les voyelles qui sui vent ou qui precedent. Ce phenornene est illustre en (25) , ou les segments soulignes sont ceux qui font l'objet de la metathese,

(25) a. aeroport [aesopoal/Iaaeopoa]

b . grenouille [gaanujl/lgcanuj]

c. grelot [gaolo]/[g;}Rlo]

Pour decrire changement de la forme phonologique /gaolo/ 11 la forme de surface [goalo] , on formulera la regle tran sformationnelle suivante:

(26) g R ;} I 0 g ;} RIo I 2 3 4 5 1 324 5

99

Page 14: Lecture: Brousseau et Nikiema

I

Phonologie et morphologie du francais

La sequence segmentale [gno] dont l' ordre des elements est 123 devient une suite [gas] avec un ordre 132, c'est-a-dire inverse pour les deux derniers segments.

Pour conclure cette section sur les regles, mentionnons que les regles phonologiques (elision, insertion, epenthese, assimilation ou meta­these) peuvent etre obligatoires ou optionnelles; elles peuvent, selon le cas, produire des alternances ou pas. Certaines regles phonologiques entretiennent des relations avec d' autres regles; dans ce cas, l' ordre dans lequel elles s'appliquent peut etre determinant. Dans la prochaine section, nous examinons l'ordre d'application des regles phonologiques.

4.4 L'ordre d'application des regles

Lorsque l'on considere l' ensemble des regles phonologiques d' une langue, il peut etre necessaire de determiner leur ordre d'application. Deux regles sont non ordonnees lorsque Ie contexte d'application de chacune d'elles est completement independant de l' autre . Le resultat de la derivation ne change pas, peu importe l' ordre dans lequel on applique les deux regles. En revanche, deux regles sont ordonnees lorsque Ie contexte d'application de I'une resulte de I'application prealable de I'autre. On dit alors de ce s deux regles qu'elles entretiennent une relation d' alimentation :

• Alimentation: relation entre deux regles ou le contexte d' application de I'une resulte de I'application prealable de l'autre.

En d'autres termes, une des deux regles ne peut s'appliquer que si l'application de la premiere cree le contexte favorable.

En francais quebecois, les regles d'assibilation et de reduction de groupe consonantique en position finale (regle d' elision) sont non ordonnees parce qu' elles n' entretiennent entre elles aucune relation. Leurs contextes d' application sont totalement independant 1'un de l' autre: l'assibilation se produit devant une voyelle anterieure haute, alors que l'elision de consonne se produit en position finale de mot, derriere toute consonne qui n'est pas une liquide.

En revanche, la regle de relachernent des voyelles hautes en syllabe ferrnee est ordonnee apres celle d'effacement du schwa en position finale. En effet, la regle de relachernent ne peut s' appliquer qu' en sy llabe fermee (de type CYC). Or l'elision du schwa (en position finale) produit justement ce contexte: suite a son application, la syllabe precedente devient une syllabe ferrnee. En appliquant les deux regles dans le bon ordre, on obtient les derivations ci-dessous:

100

(27)

a. /

b. I

c . I

La regie d regle du I

termes. la

La c toutes les .

(28) a. I

b . I

c. I

Ces donne lorsqu 'il i

dan s la me trouve dar syllabe fe suivante :

(29) ~ ­

La regle d cree Ie co Le schwa (CYC ). cr ce genre c schwa en proposero

Cn determini compte c nasali sati: correctern mon ami opposes ~

paradoxe

Les suivantes:

Page 15: Lecture: Brousseau et Nikiema

La phonologie dans Ie paradigme de la grarnmaire generative

123 devient iur les deux

ons que les Ion ou meta­'ent, selon Ie io no log iques lordre dans

lame section, ues.

iques d'une I' application. iplication de .e resultat de

on applique .s lorsque Ie prealable de

une relation

d' application

iguer que si

reduction de 1 ) sont non une relation . ant I'un de e haute, alors mot , derriere

.es en syllabe »siti on finale . u ' en sy llabe nale) produit e precedente

dans Ie bon

(27 ) ELISION RELACHEMENT

a. /Rut';J/ ~ [Rut] ~ [RUt] route

b . /vit:dl ~ [vit] ~ [vrt] vite

c . /Jyt';J/ ~ [Jyt] ~ [JYt] chute

La regie d'elision du schwa s'applique d'abord, permettant ensuite a la regie du relachernent des voyelles hautes de s 'appliquer. En d'autres termes, la regie d' elision alimente la regie de relachement.

La chute du schwa alimente une autre regie, que l'on retrouve dans toutes les varietes de francais: Ie changement de /';J/ en [e] :

(28) a. /sulove/ [sulve] soulever [sulev] souleve

b . /apole/ [aple] appeler [apel] appelle

c . /ajcte/ [ajte] acheter [ajet] achete

Ces donnees montrent deux choses. D'abord, Ie schwa peut s 'effacer lorsqu'il est entre deux consonnes simples, dont la deuxierne n 'est pas dan s la me me syllabe . Ensuite, Ie schwa se transforme en [e] lorsqu 'il se trouve dans une syllabe fermee (CVC). La regie d'ajustement du schwa en syllabe fermee permettant de decrire ce deuxierne phenornene est la suivante:

(29) ';J ~ e / _ C]a

La regie d'elision du schwa alimente la regie d 'ajustement du schwa: elle cree Ie contexte syllabique necessaire (syllabe fermee) a son application. Le schwa se transforme en [e] lorsqu'il se trouve dans une syllabe ferrnee (CVC), creee par l'elision de la voyelle finale. Le probleme que souleve ce genre de regles est qu'elle rend arbitraire Ie lien entre I'ajustement du schwa en [e] et la structure de syllabe ferrnee. C'est pourquoi nous proposerons une autre analyse de ce phenornene au chapitre 6.

Un des problemes majeurs de I'approche en regles est celui de determiner leur ordre, d'une facon unitiee qui permette de rendre compte de tous les phenomenes. La relation entre la liaison et la nasalisation en francais pose ce genre de problemes . Si l' on veut deriver correctement des formes comme bon ami [bonami] et des formes comme mon ami [m 5nami], on se bute a la situation paradoxale ou deux ordres opposes sont necessaires. Voyons plus precisernent comment se pose ce paradoxe d 'ordonnance des regles .

Les deux types de formes sont derives au moyen des trois regles suivantes:

101

Page 16: Lecture: Brousseau et Nikiema

I

Phonologie et morphologie du francais La pho

(30) a. Liaison: C##V ~ ##CV

b. Nasalisation I: V ~ [+nas.] I _ C[+nas.] # Nasalisation II : V ~ [+nas.] 1_ C[+nas.] C

La regle en (30a) stipule qu ' une consonne en finale de mot est deplacee en position initiale du mot suivant. Les deux regles en (30b) specifient qu 'une voyelle se nasali se devant une consonne nasale qui est suivie, so it par une frontiere de morpheme (#), soit par une autre consonne (C) .

On observe que , dans bon ami, la voyelle de bon reste orale. II faut done empecher que la regle de nasalisation ne s ' applique. Si la regle de liaison s' applique la premiere, elle modifie l'environnement de la voyeIle: celle-ci n ' est plus dans Ie merne morpheme que la consonne nasale. La regle de liaison prive done la voyelle du contexte necessaire pour que s'applique l'une ou I'autre regle de nasalisation . La liai son doit done etre ordonnee avant la nasalisation, comme Ie montre la derivation suivante:

(31) Forme sous-jacente: /b;,n##amil 1) liaison : b;,##nami 2) nasalisation : Forme de surface [bonami]

En revanche, dan s man ami, la voyelle de man devient nasale. II faut done s'assurer que la regle de nasalisation puisse s ' appliquer. Or cela n'est possible que si elle est ordonnee avant la regle de liaison; l' ordre inverse la priverait de son contexte d'application. La derivation doit done proceder de la facon suivante:

(32) Forme sous-jacente : Im;,n##amil 1) nasalisation: m5n# # ami 2) liaison: m5# # nami Forme de surface [m5nami]

Dans un cas, la liaison precede la nasalisation, et dans I'autre, c'est la nasalisation qui precede la liaison, d'ou Ie paradoxe.

Pour resoudre Ie paradoxe, on a logiquement troi s options: 1) refor­muler les regles qui sont a l' origine du paradoxe; 2) rejeter les regles ordonnees ou, a defaut, tenter d'en restreindre l'usage; ou 3) poser que l'usage des regles est simplement aeviter, Nous verrons dans les chapitres subsequents que c' est cette derniere option qui a ete choisie dans les developpements de la phonologie. Elle conduira a I' abandon du forma­lisme de SPE et a l'avenement d'une phonologie sans regle: l'approche en contraintes, principes et parametres.

102

4.5 Les conven

Dans Ie form ali st notation appele s tion sont nee s dr pour la simplicit devenait de plu s regles partagent l

un schema de re: de distinguer ent conceme Ie type . une abreviation tions d' abreviati c ne sont pas route tons brievernent.

Si deux re l'une est proprer d 'autres regle s 0

peut les fusionne Soient les deux r,

(33) a . R, : A

b . R 2: A

On voit bien que (33a). On peut al

(34 ) SI : A ~ I

Le schema S I es est ordonnee d I' expansion C s: termes, on appli: d'appliquer le cc

Si deux re~

partie continue, nancees entre les accolades ( << bra

(35) a . R3: A

b . R4 : A

Les regles partag

(36) S2: A ~

Page 17: Lecture: Brousseau et Nikiema

1

La phonologie dans le paradigme de la grammaire generative

est deplacee Ib ) specifient -st suivie, soit .ne (C).

ora le . II faut,ila regie de Ie la voyelle: Ie nasale. La Ire pour que oit done etre I suivante:

II faut done )r cela n' est ordre inverse

doit done

utre, c'est la

ms: I) refor­er les regles 3) poser que les chapitres

isie dans les [1 du forma­: I' approche

4.5 Les conventions d 'abreviation

Dans Ie formalisme des regles, Ie modele SPE utili se d'autres elements de notation appeles conventions d' abreviation. Les conventions d' abrevia­tion sont nees du souci deconomie des regles, avec une preoccupation pour la simplicite de la description des phenomenes, car Ie formali sme devenait de plus en plu s lourd et complexe. Lorsque deux ou plusieurs regle s partagent une partie de leur contexte, ces regles sont fusionnees en un schema de regles par certaines conventions d'abreviation, II y a lieu de distinguer entre un form at de regie et un schema de regles; Ie format concem e Ie type , la forme de la regie, alors que Ie schema de regles est une abreviation de deux ou plusieurs regles en une seule. Les conven-, tions d 'abreviation ne sont plus beaucoup utilisees en phonologie et elles ne sont pas toutes pertinentes pour une langue don nee. Nous les presen­tons brievernent, pour donner un portrait complet du formalisme de SPE.

Si deux regles sont reliees d'une facon telle que Ie contexte de l'une est proprement indus dans Ie contexte de l'autre, et s'il n'y a pas d'autres regles ordonnancees entre les deux regles en question, alors on peut les fusionner par Ie biais des parentheses (« parenthesis notation »). Soient les deux regles ci-dessou s (R}et R2):

(33) a . R}:A ~ B/CD_E

b. R2: A ~ B / C _ E

On voit bien que Ie contexte de (33b) est proprement indus dans celui de (33a). On peut alors fusionner ces deux regles par Ie schema suivant (S,) :

(34 ) S}:A ~ B/C(D)_E

Le schema S I est l'expansion des deux regles R} et R 2. L'expansion CD est ordonnee disjonctivement avant I' expansion C, c' est-a-dire que l'expansion C s'applique seulement si CD ne s'applique pas . En d'autres termes, on applique Ie contexte Ie plus long (qui contient l'autre) avant dappliquer Ie contexte Ie plus court.

Si deux regles sont reliees d 'une facon telle qu' elles partagent une partie continue de leur contexte, et s' il n'y a pas d'autres regles ordon­nancees entre les deux regles, alors on peut les fusionner par Ie biais des accolades (« brace notation »). Soient les regles R3 et R4:

(35) a. R3: A ~ B / C _ D

b. R4:A ~ B/C_E

Les regles partageant Ie contexte C, on les fusionne par Ie schema S2:

(36) S2: A ~ B / C_ {D, E} (l'ordre n'est pas pertinent ici)

103

Page 18: Lecture: Brousseau et Nikiema

i

;

l

'

!

Phonologie et morphologie du francais

Le schema S, est I'expansion des deux regles R3 et R4 • Les expansions D et E sont ordonnees conjonctivement. En d'autres termes, l'expansion E peut s'appliquer merne si celle de D ne s'applique pas, et vice-versa.

Si deux regles sont reliees de facon telle qu' elles partagent facul­tativement deux ou plusieurs traits interdependants dans leur contexte respectif, et s'il n'y a pas d'autres regles ordonnancees entre les deux regles, alors on peut les fusionner par Ie biais des pointes (<< angled bracket notation »). Essentiellement, ce type de notation est utilise pour ex primer certaines dependances entre segment affecte, changement et contexte d'une regie. Ce schema de regles est ordonne disjonctivement.

Admettons les deux regles suivantes (ou a, b et c representent des traits phonologiques):

(37) a. R5: [+a] ~ [-b] / _ D

b. R6: [+a, +c] ~ [-b, -c] / _ D

Ces deux regles sont correlees de facon linguistiquement significative. En effet, Ie contexte des deux regles est identique (_ D). De plus, les seg­ments affectes ont un trait en commun ([+a]) et Ie changement structural est en partie Ie merne ([-b]). Toutefois, la regie R6 a des specifications supplernentaires : Ie trait [+c] qui devient [-c]. Ces deux regles auront un schema unique qui est Ie suivant:

(38) S3: [+a ] ~ [-b ] <+c> <-c> / _ D

Les traits entre les pointes sont interdependants, Le schema S3 se lit comme suit: tout segment [+a] devient [-b] dans Ie contexte D et si ce segment est egalement [+c], il devient en plus [-c].

4.6 La notation alpha

La notation alpha (« a notation») est utilisee dans les regles lorqu'on veut evlter de specifier la valeur d'un trait donne en forme sous-jacente. Elle a ete proposee par Sanford Schane (1968, French Phonology and Morphology) pour la description de deux regles d' elision en francais . Chomsky & Halle ont adopte cette notation parce qu'elle permet d'exprl­mer de facon naturelle certaines regularites phonologiques. Une de leurs demonstrations a l'appui de cette notation (et de loin la plus cruciale) porte sur les processus d'elision et de liaison en francais, caracterises justement par Schane (1968) .

Observons les contrastes reveles par les formes suivantes:

104

La

(39)

a. peri

b . Ie

c. che

d . par

Les mots per, par les sons d (Ie), les liquic finale de peri semi-voyelle : se prononce e semi-voyelles dans tous les

La gen qu'une cons qu'une voye reprendre la t

(effacees) de les voyelle s s semi-voyelles formuler deu

(40) R7 [+c(

(41) R8: [-ce

Chomsky & de faire resse vue formel. Ii peut pas les e independante

(42) R9 : [+

(43) RIO: [+e

Pour pallier variables (no de syrnetrie c abregee par 1

(44) S4 [excc

Page 19: Lecture: Brousseau et Nikiema

La phonologie dans Ie paradigme de la grammaire generative

Les expansions D res, l'expansion E ~t vice-versa.

s partagent faeul­dans leur contexte ee s entre les deux

pointes (« angled on est utilise pou r te o changement et disjonctivement.

c representent des

-nt significative. En I , De plus, les seg­angement structural a des specifications ]X regles auront un

e schema S3 se lit contexte D et si ce

les regles lorqu'on forme sous-jacente.

nch Phonology and eli sion en francais . ~I1e permet d'expri­Igiques . Une de leurs »n la plus cruciale) fran cais, caracterises

ui vantes :

(39 ) CONSONNE VOYELLE SEMI-VOYELLE

a . peti(t) [poti] bebe [petit] ami [petit] oiseau

b. le [I~] bebe [I] ami [I] oiseau

c. cher [feR] bebe [jcs] ami [jcn] oiseau

d. pareil [panej] bebe [panej] ami [pasej] oiseau

Les mots petit, le, cher et pareil ont ete choisis parce qu'ils se terminent par les sons des quatre classes majeures : les consonnes (petit), les voyelles (Ie ), les liquides (cher) et les semi-voyelles (pareil). En (39a), la consonne finale de petit se realise lorsque le segment qui suit est une voyelle ou une serni-voyelle; elle s'efface devant une consonne. En (39b), la voyelle de le se pro nonce devant les consonnes, mais s' efface devant les voyelles et les semi-voyelles. Les liquides et semi-voyelles finales (39c,d) se prononcent dans taus les cas.

La generalisation qui emerge de l' observation de ces donnees est qu'une consonne finale de mot s'efface devant une autre consonne et qu'une voyelle finale s'efface egalernent devant une autre voyelle . Pour reprendre la terminologie de Schane, les consonnes finales sont tronquees (effacees) devant les segments [+cons.] (les consonnes et les liquides), et les voyelles sont tronquees devant les segments [-cons.] (les voyelles et les semi-voyelles). Les liquides et les semi-voyelles ne s'effacent pas. On peut formuler deux regles pour decrire ces deux cas d'effacement:

(40 ) R7: [+cons., -voc .] ~ 01 _ # [+cons]

(4 1) R8: [-cons., +voc.] ~ 01 _# [-cons]

Chomsky & Halle ont remarque qu'une telle formulation ne permet pas de faire ressortir la syrnetrie du processus de troncation . D 'un point de vue formel, les deux regles ne refletent pas le lien qui les unissent et on ne peut pas les distinguer de deux autres regles qui seraient, elles, tout a fait independantes, comme les suivantes:

(42 ) R9: [+voc ., -posterieur] ~ 01 _ # [-cons]

(4 3) RIO:[+cons.,-haut] ~ 0/_# [+nasal]

Pour pallier cette lacune, Schane (1968) avait propose l'utilisation de variables (notation alpha), dans un schema de regle qui represente les cas de syrnetrie de facon unifiee. La paire de regles en (40) et (41) etait ainsi abregee par le schema suivant (<< French Truncation Rule »):

(44 ) S4 [acons., -avoc.] ~ 01 _ # [acons]

105

Page 20: Lecture: Brousseau et Nikiema

l

i

/

Phonologie et morphologie du francais

Ce schema se lit comme suit: un segment avec une certaine valeur pour Ie trait [cons.] et la valeur opposee pour Ie trait [voc.] est efface lorsqu ' il precede un segment ayant la merne valeur pour Ie trait [cons.].

4.7 En resume

Le modele SPE a jete les bases de la phonologie generative en proposant deux innovations: les representions phonologiques bidimensionnelles et les regles , Dans ce modele, Ie phoneme n ' est plus reconnu comme Ie constituant ultime: les representations correspondent it des matrices de traits. Ces matrices definissent les phonemes en regroupant des traits qui refletent leur proprietes articulatoires. Les traits sont distinctifs s'i1s per­mettent d'etablir des paires minimales dans une langue. Pour definir les segments du francais, on a recours aux traits suivants, qui s' apparentent aux traits du chapitre 3 sans leur etre tout afait identiques:

(45) TRAITS DEMODED' ARTICULATION

[consonantique] [vocalique] [sonantique] [continu] [relachement retarde] [nasal] [arrondi] [voise]

(46) TRAITSDELIEUD'ARTIC ULATION

a. CONSONNES

[anterieur] [posterieur] [coronal] [strident] [ferrne]

b. VOYELLES

[haut] [bas] [anterieur] [posterieur] [tendu]

II existe deux types de regles phonologiques dans le modele SPE. Les regles derivationnelles sont les plus utilisees dans les analyses; elles comprennent les regles d'epenthese, d'elision, d'assimilation et de neutra­lisation. Les regles transformationnelles decrivent des changements d' ordre dans une suite de segments. Elles sont surtout utilisees pour decrire Ie processus de metathese.

Les operations produites par les regles sont les suivantes: 1) chan­ger un segment (un ou plusieurs de ses traits); 2) effacer un segment; 3) inserer un segment; 4) fusionner des segments; 5) decomposer des segments en des unites plus petites; 6) permuter des segments. Les regles

106

peuvent et puisqu'ell :-ran~ a is . p relache rne . elacherne .egrouper .iefini par ment n af:

L 'ol primer ta

cornpeten des visee s .1 ete utili s qui indiq i logique. q dun locu

4.8 Exe

1. Dor qUI

[3m [3b\

[3bt [- 21.)­

[3\~

, Ana I ' CS

ma l I ~C

da

a.

b. -. . d c .

3. A .

Page 21: Lecture: Brousseau et Nikiema

La phonologie dans Ie paradigme de la grammaire generative

-ur pour Ie e lorsqu'il

proposant onnelles et comme Ie ratrices de -s traits qui 5 s'ils per­definir les

.pparentent

odele SPE. .lyses; elles de neutra­

iangernents .isees pour

;: 1) chan­eg rnent; 3) rposer de s

Les regles

peuvent etre non ordonnees, mais la majorite des regles sont ordonnees puisqu'elles entretiennent entre elles des relations d'alimentation. En francais, par exemple, la regie d'elision du schwa doit preceder celle du relachement des voyelles hautes. L' ordre inverse priverait la regie de relachement du contexte necessaire a son application . II est possible de regrouper les regles phonologiques sous la forme d 'un schema de regles defini par des conventions d'abreviation, dan s la mesure OU ce regroupe­ment n' affecte par I' ordre d ' application des regles.

L'objectif avoue de la phonologie generative est, d'une part, d'ex­primer to utes les regularites d'une langue et, d'autre part, de refleter la competence du locuteur. De fait, la phonologie generative a toujours eu des visees cognitives. Le fameux argument de la « realite psychologique )} a ete utilise pour justifier la distinction entre la representation phonetique, qui indique comment la forme est realisee, et la representation phono­logique, qui correpond a la forme abstraite stockee dan s Ie lexique mental d 'un locuteur.

4.8 Exercices

1. Donnez la forme phonologique du morpheme je , ainsi que la regie qui rend compte des altemances ci-dessous.

[3ma3] je mange UP::>Rt] je porte [3bwa] je bois Ut5b] je tombe [3bu3] je bouge Ukun je couche [3gRY3] Je gruge UkRi] je erie lsvel je vais Ufe] je fais

2. Analysez Ie phenomene de spirantisation dans les donnees de I' espagnol ci-dessous. Donnez la forme sous-jacente de chacun des morphemes, puis decrivez les changements sous forme de regles. (Notez que, dan s chaque cas, il n'y a pas de changement du lieu d' articulation.)

a. [banka] "bane" [la13anka] "Ie bane" b. [demora] "retard" [Iaoernora] " Ie retard" c . [gana] "de s i r" [Iayana] "Ie desir" d . [ka sa] " ma iso n" [Iakasa] "la mai son " e. [marina] "marine" [lamarina] "la marine"

3. A . Comparez les donnees ci-dessous. En postulant que la forme sou s-jacente comporte une sequence voyelle orale+consonne nasale, formulez les regles qui derivent la voyelle nasale.

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