lecture analytique « les corbeaux », rimbaud...

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Lecture analytique « Les Corbeaux », Rimbaud Quelques informations préliminaires : Définition du terme « Corbeau » : Grand oiseau au plumage noir, au bec fort et légèrement recourbé, réputé charognard. Au XIXème, ce terme désigne aussi de manière populaire, un prêtre revêtu d'une soutane noire. Le corbeau est réputé criard et souvent agressif. Dans le dictionnaire des symboles (Jean Chevalier / Alain Gheerbrant, édition Robert Laffont), on peut trouver les indications suivantes : A l'article « Corbeau » : « On le considère, en effet, dans les rêves, comme un oiseau de mauvaise augure, liée à la crainte du malheur. C'est l'oiseau noir des romantiques, planant au-dessus des champs de bataille pour se repaître de la chair des cadavres. » A l'article « Anges » : « Êtres intermédiaires entre Dieu et le monde », « messagers du Seigneur », « Les anges forment l'armée de Dieu, sa cour, sa maison » A l'article « Chêne » : « Arbre sacré dans de nombreuses traditions », « il indique particulièrement solidité, puissance, longévité, hauteur au sens spirituel ou matériel », « synonyme de force », « l'instrument d'une communication entre le Ciel et la Terre » Quelques définitions : « angélus » : Prière latine qui commence par le mot angelus et se récite matin, midi et soir. La sonnerie de cloches qui, trois fois par jour, annonce l'heure de cette prière « calvaire » : Représentation de la passion du Christ. Au figuré, épreuve longue et douloureuse. « charmé » : Soumis à un charme, à un pouvoir magique. « fauvette » : petit oiseau à plumage fauve et au chant agréable. Présentation du poème : Il s'agit d'un poème qui, malgré sa simplicité et la limpidité de sa syntaxe et de son organisation, est difficile à interpréter. Tableau d'une atmosphère étrange et de désolation, prière qui s'infléchit en plainte, constat désespéré, ultime bravade face à un Dieu indifférent, mise en scène pathétique d'un créateur qui se croyait démiurge? Il s'agit d'une description d'un paysage étrange et désolé (sans doute un champ de bataille après le combat) sous la forme d'une prière à Dieu qui s'infléchit en une supplication désespérée. Problématique : Quelle forme prend la révolte antireligieuse et antimilitariste de Rimbaud ? I) De la prière à la supplication : la composition du poème Composé en sizains d'octosyllabes (rimes ABBACC), le poème comporte 3 mouvements. a) Une prière adressée à Dieu (1ère strophe) On note l'apostrophe « Seigneur » mise en valeur par la ponctuation (rythme 2/6). Le poème débute comme une prière sans doute adressée à Dieu (hypothèse soutenue par un lexique associé à la religion par la suite) L'impératif « faites s'abattre » présuppose l'existence d'un énonciateur (= le poète) qui profère cette prière. La première strophe est composée d'une seule phrase qui débute par deux subordonnées de temps juxtaposées avec une reprise anaphorique : « Quand froide est la prairie / Quand dans les hameaux abattus. ». Ces deux subordonnées de temps évoquent une atmosphère de désolation ( la prairie est « froide », les hameaux « abattus », la nature « défleurie »). Mais paradoxalement, on assiste à une inversion blasphématoire dans la proposition principale (« Sur la nature défleurie / Faites s'abattre ... » : au lieu de réclamer réconfort et consolation, le poète demande à Dieu d'envoyer les corbeaux sur la terre. La surprise est ici préparée par la versification : effet d'attente lié aux points de suspension du vers 3 et rejet du COD « Les chers corbeaux délicieux » à la fin de la strophe. Le verbe « s'abattre » connote la violence et le corbeau est symboliquement associé au Mal (le noir = le deuil = le malheur = le Mal) : la prière semble réclamer qu'un châtiment divin s'abatte sur les hommes (et le poète ?). b) Une série de commandements adressés aux corbeaux (2ème et 3ème strophe) Le poète s'adresse maintenant aux « corbeaux » comme en témoigne l'apostrophe « Armée étrange aux cris sévères » (v7), l'emploi du pronom « Vous » (v9), et les impératifs (« Dispersez-vous », « ralliez-vous », » « Tournoyez », …) qui forment une série de commandements dont la formulation rappelle des ordres militaires. La structure des 2 strophes est symétrique d'un point de vue syntaxique ( 1 phrase sur 2 vers qui se termine par un point d'exclamation, 1 phrase sur 4 vers + exclamation // 1 phrase sur 4 vers + exclamation, 1 phrase sur 2 vers + exclamation). La présence du poète s'affirme par l'expressivité liée aux exclamations : peut-être l 'expression d'une rage et d'un désespoir extrême face aux atrocités dont sont capables les hommes (les « morts d'avant hier » sont ceux de la guerre franco-prussienne de 1870 ou de la Commune de 1871 et l'expression rappelle « Le dormeur du val »). Peut-être aussi une délectation morbide, macabre qui coïncide avec un désespoir extrême

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Lecture analytique « Les Corbeaux », Rimbaud

Quelques informations préliminaires :– Définition du terme « Corbeau » : Grand oiseau au plumage noir, au bec fort et légèrement recourbé, réputé

charognard. Au XIXème, ce terme désigne aussi de manière populaire, un prêtre revêtu d'une soutane noire. Le corbeau est réputé criard et souvent agressif.

– Dans le dictionnaire des symboles (Jean Chevalier / Alain Gheerbrant, édition Robert Laffont), on peut trouver les indications suivantes :– A l'article « Corbeau » : « On le considère, en effet, dans les rêves, comme un oiseau de mauvaise augure,

liée à la crainte du malheur. C'est l'oiseau noir des romantiques, planant au-dessus des champs de bataille pour se repaître de la chair des cadavres. »

– A l'article « Anges » : « Êtres intermédiaires entre Dieu et le monde », « messagers du Seigneur », « Les anges forment l'armée de Dieu, sa cour, sa maison »

– A l'article « Chêne » : « Arbre sacré dans de nombreuses traditions », « il indique particulièrement solidité, puissance, longévité, hauteur au sens spirituel ou matériel », « synonyme de force », « l'instrument d'une communication entre le Ciel et la Terre »

– Quelques définitions :– « angélus » : Prière latine qui commence par le mot angelus et se récite matin, midi et soir. La sonnerie de

cloches qui, trois fois par jour, annonce l'heure de cette prière– « calvaire » : Représentation de la passion du Christ. Au figuré, épreuve longue et douloureuse.– « charmé » : Soumis à un charme, à un pouvoir magique.– « fauvette » : petit oiseau à plumage fauve et au chant agréable.

Présentation du poème : Il s'agit d'un poème qui, malgré sa simplicité et la limpidité de sa syntaxe et de son organisation, est difficile à interpréter. Tableau d'une atmosphère étrange et de désolation, prière qui s'infléchit en plainte, constat désespéré, ultime bravade face à un Dieu indifférent, mise en scène pathétique d'un créateur qui se croyait démiurge? Il s'agit d'une description d'un paysage étrange et désolé (sans doute un champ de bataille après le combat) sous la forme d'une prière à Dieu qui s'infléchit en une supplication désespérée.

Problématique : Quelle forme prend la révolte antireligieuse et antimilitariste de Rimbaud ?

I) De la prière à la supplication : la composition du poèmeComposé en sizains d'octosyllabes (rimes ABBACC), le poème comporte 3 mouvements.a) Une prière adressée à Dieu (1ère strophe)

– On note l'apostrophe « Seigneur » mise en valeur par la ponctuation (rythme 2/6). Le poème débute comme une prière sans doute adressée à Dieu (hypothèse soutenue par un lexique associé à la religion par la suite)

– L'impératif « faites s'abattre » présuppose l'existence d'un énonciateur (= le poète) qui profère cette prière.– La première strophe est composée d'une seule phrase qui débute par deux subordonnées de temps juxtaposées

avec une reprise anaphorique : « Quand froide est la prairie / Quand dans les hameaux abattus. ». Ces deux subordonnées de temps évoquent une atmosphère de désolation ( la prairie est « froide », les hameaux « abattus », la nature « défleurie »).

– Mais paradoxalement, on assiste à une inversion blasphématoire dans la proposition principale (« Sur la nature défleurie / Faites s'abattre ... » : au lieu de réclamer réconfort et consolation, le poète demande à Dieu d'envoyer les corbeaux sur la terre. La surprise est ici préparée par la versification : effet d'attente lié aux points de suspension du vers 3 et rejet du COD « Les chers corbeaux délicieux » à la fin de la strophe. Le verbe « s'abattre » connote la violence et le corbeau est symboliquement associé au Mal (le noir = le deuil = le malheur = le Mal) : la prière semble réclamer qu'un châtiment divin s'abatte sur les hommes (et le poète ?).

b) Une série de commandements adressés aux corbeaux (2ème et 3ème strophe)– Le poète s'adresse maintenant aux « corbeaux » comme en témoigne l'apostrophe « Armée étrange aux cris

sévères » (v7), l'emploi du pronom « Vous » (v9), et les impératifs (« Dispersez-vous », « ralliez-vous », » « Tournoyez », …) qui forment une série de commandements dont la formulation rappelle des ordres militaires.

– La structure des 2 strophes est symétrique d'un point de vue syntaxique ( 1 phrase sur 2 vers qui se termine par un point d'exclamation, 1 phrase sur 4 vers + exclamation // 1 phrase sur 4 vers + exclamation, 1 phrase sur 2 vers + exclamation). La présence du poète s'affirme par l'expressivité liée aux exclamations : peut-être l 'expression d'une rage et d'un désespoir extrême face aux atrocités dont sont capables les hommes (les « morts d'avant hier » sont ceux de la guerre franco-prussienne de 1870 ou de la Commune de 1871 et l'expression rappelle « Le dormeur du val »). Peut-être aussi une délectation morbide, macabre qui coïncide avec un désespoir extrême

poussant le poète à une postulation vers l'anéantissement (c'est le principe de la double postulation1 baudelairienne, idée reprise des romantiques).

– Les deux derniers vers (« Sois donc le crieur du devoir, / Ô notre funèbre oiseau noir ! ») procèdent d'un mouvement d'allégorisation (le passage au tutoiement est révélateur : le Corbeau devient l'allégorie du devoir) et de généralisation (le possessif « notre » indique l'implication d'un lecteur, spectateur de la mise en scène macabre du poète). La formulation pose problème : de quel « devoir » s'agit-il ? d'un devoir de mémoire, de la célébration du souvenir de héros morts pour la France ? Connaissant les positions antimilitaristes de R., il semble peu probable que le poème célèbre un sentiment patriotique et que le devoir en question soit celui qui exige que l'on meure pour sa patrie. Faut-il lire la phrase ironiquement ? Le « devoir » serait alors ce qui entraîne la mort, la dévastation et auquel il faudrait absolument se soustraire en considérant les résultats produits (i.e. le déferlement des charognards sur les cadavres dans une plaine désolée).

– Notons aussi l'incidente « n'est-ce pas » (v16) et le terme « passant » qui postule l'existence, une fois de plus, d'un lecteur-spectateur de la mise en scène poétique.

c) La supplication finale– La dernière strophe débute par la conjonction « Mais » (mise en valeur par la ponctuation : rythme 1/3/4) qui

indique une rupture.– A qui s'adresse le poète dans cette dernière strophe ? Est-ce à Dieu ? (hypothèse confortée par la structure

symétrique du poème où la dernière strophe - d'une seule phrase - serait le pendant de la première). Au corbeaux (« armée » de Dieu) ou aux « saints du ciel » ? (qui serait alors une apostrophe, mais l'identification reste alors problématique). Je préfère, mais ce n'est qu'une hypothèse, considérer que le poète s'adresse à Dieu (l'expression « saints du ciel » étant alors un apposition aux « fauvettes de mai », seul espoir pour le poète).

– Notez que la prière initiale et les ordres martiaux adressés aux corbeaux laissent place à une supplication désespérée : le verbe « Laissez » v20 est beaucoup moins injonctif, beaucoup moins violent que les précédents impératifs. Le poète dans sa prison terrestre (verbe « enchaîne », négation « on ne peut fuir ») fait le constat d'une défaite radicale (« la défaite sans avenir », terme mis en évidence par la dramatisation liée au rejet du sujet du verbe « enchaîne » à la fin du poème) et se fait implorant : qu'il lui soit permit de conserver un peu d'espoir, aussi ténu soit-il.

– Notez l'expression « pour ceux » (v22) et le pronom indéfini « on » (v23) : une manière pour le poète d'impliquer le lecteur, de donner plus de force pathétique à cette prière.

II) Un paysage étrange et de désolationa) La nature désoléePlusieurs éléments caractérisent ce paysage « étrange ».

– Le poème évoque une atmosphère nocturne ( l'expression « soir charmé » au vers 20 conforte cette hypothèse), dominée par le noir (noir uniforme du corbeau « oiseau noir »), une immensité plane et rase (« prairie », « les champs »), le froid (« froide est la prairie », « les vents froids », « l'hiver »), un paysage immobile et désert (la seule présence humaine est résumée dans le terme « hameaux »), un paysage où plane un silence inquiétant (« les longs angélus se sont tus »), en un mot un paysage naturel où se lit l'accablement et la souffrance (termes « abattus », « fleuves jaunis », « calvaires », les « fossés » et le « trous » évoquant les ravages de la guerre).

– C'est, en somme, un paysage abandonné de Dieu. Rappelons que le froid est un attribut satanique, que si Dieu est le Verbe, le silence est associé à Satan. [rappel : Dieu était indifférent aux souffrances des hommes dans le sonnet Le Mal]. Le poème va plus loin et suggère que Dieu a une part de responsabilité dans cette désolation : voir le parallèle « hameaux abattus » / « faites s'abattre », emploi du terme « calvaires » au v. 10

– Au total un paysage désolé, accablé, comme écrasé (peut-être une réminiscence, toutes proportions gardées, du vers de Baudelaire « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle »), ce que semble montrer la reprise systématique et parfois anaphorique de la préposition « sur » : le poète est exilé, écrasé au sol, dans sa prison terrestre.

– La dévastation du paysage est aussi lisible dans la forme même du poème (versification) : relevons, par exemple, la dissonance au vers 2 de la succession sonore « quand dans », le hiatus « les hameaux », la diérèse « vieux calvaires », omniprésence de la sonorité désagréable [r] (allitération) et [i] (assonance) dans les 3 premières strophes…

– Peut-être peut-on parler ici d'un paysage état d'âme (écho de l'intériorité ravagée du poète) ?

b) les corbeaux– Au paysage précédemment évoqué semblent s'opposer « les chers corbeaux délicieux » : après le silence, voici le

cri désagréable des nuées de corbeaux (« Armée étrange aux cris sévères » : notez l'allitération en [r] et le

1 "Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan. L'invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre".

hiatus, « le crieur du devoir ») ; à l'immobilité du paysage dévasté s'oppose les mouvements martiaux des corbeaux => verbes de mouvement : « s'abattre », « dispersez-vous », « ralliez-vous », « tournoyez », le v13 (3/3/2) mime le mouvement circulaire des oiseaux, alors que le rythme des v11 à 12 souligne la rigueur militaire (4/4 – 4/4) ; au paysage privé de présence humaine s'oppose la multitude des corbeaux qui semblent envahir littéralement tout l'espace (usage répétitif des pluriels, reprise de « sur » soulignant l'étendue, expression « par milliers », ...)

– Le choix du corbeau participe à l'impression d'étrangeté et de désolation car il symbolise le deuil, la mort : c'est l'oiseau du malheur qui s'est abattu sur l'humanité en proie au mal de la guerre.

– Les vers 5 et 6 (« Faites s'abattre des grands cieux / Les chers corbeaux délicieux ») sont particulièrement importants : notons l'antiphrase « chers corbeaux » (à moins que ce ne soit un symptôme de la délectation morbide et désespérée du poète), de même que l'allitération en [r] et la diérèse sur « délicieux » qui installe la disharmonie dans le vers, en même temps qu'elle fournit une chute admirable à la 1ère strophe par l'évocation du caractère charognard du corbeau : ce n'est pas le corbeau qui est « délicieux » mais la charogne dont il se repaît. Dans ce contexte, la rime « grands cieux » / « délicieux » est particulièrement provocatrice et blasphématoire.

c) Les les fauvettes de mai– Les fauvettes de la dernière strophe s'opposent aux corbeaux : noir / couleur fauve – cris / chant agréable – le

printemps du mois de « mai » / « l'hiver » - le mouvement / l'immobilité d'une sorte de phare - le mouvement descendant des corbeaux vers la prison terrestre, l'ici-bas, le matériel (« au fond », « dans l'herbe ») / la verticalité, la hauteur, la spiritualité (« haut », « chêne », « mât »).

– Les fauvette représentent symboliquement l'espoir, certes fragile et ténu, pour échapper à cette « défaite sans avenir », défaite militaire et sans doute plus largement, peut-être littéraire, voire existentielle.

III) La révolte rimbaldiennea) Un poème antimilitariste ?

– La thématique militaire est évidente comme l'indique le champ lexical suivant : « abattus », « s'abattre », « armée », « attaquent », « dispersez-vous », « ralliez-vous », « champs de France »

– La condamnation de la guerre se lit dans les effets sur la Nature maintenant désolée (comparez par exemple avec sa célébration lyrique dans le sonnet Le Mal). [Rq : La ville natale de Rimbaud se trouve à 30 km de Sedan, zone de combat pendant la guerre franco-prussienne, et Rimbaud a vécu La Commune]

– Les morts, les cadavres ne sont pas évoqués sur un mode réaliste : ils sont à peine suggérés dans les vers suivants : « sur les champs de France / Où dorment des morts d'avant-hier ».On sent une forme de tendresse, de compassion de la part du poète dans l'euphémisme et le bercement créé par l'allitération en [d]. Bien évidemment, ceci est à mettre en relation avec le poème Le Dormeur du val.

b) Un poème antireligieux ?– La thématique religieuse est évidente comme en témoigne la présence du champ lexical de la religion :

« Seigneur », « angélus », « grands cieux », « calvaires », « funèbre », « saints du ciel »– Le texte est traversé par de nombreux éléments que l'on pourrait interpréter comme de véritables

blasphèmes : invoquer Dieu pour qu'il fasse s'abattre des corbeaux sur la Terre est doublement blasphématoire car c'est associer le mal (le corbeau noir en est le symbole) à Dieu, principe premier du Bien, et c'est trahir la volonté de Dieu qui veut le Bien de l'homme. Par la suite, assimiler les corbeaux à l'armée de Dieu est blasphématoire puisque c'est superposer l'image des anges à celle des corbeaux. Enfin, la série des commandements impérieux qu'adresse le poète aux oiseaux est un nouvel outrage à la divinité puisque celui-ci se substitue alors au Créateur dans une geste démiurgique.

– Par ailleurs, si l'on considère la polysémie du mot corbeau, qui peut désigner péjorativement un prêtre, on saisit mieux en quoi le poème est anticlérical, car assimilant implicitement les représentants du clergé à des charognards [rappel : le sonnet Le Mal développait l'idée d'un clergé vénal qui s'enrichissait, se repaissait des hommes]

– Concluons sur ce point en ajoutant, qu'à la fin, le seul espoir permis est profane, ce sont les « fauvettes de mai »

Conclusion (à rédiger)