le périneuriome intraneural : à propos de cinq cas et revue de la littérature

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446 Congrès annuel de la Société fran¸ caise de chirurgie de la main / Chirurgie de la main 30 (2011) 419–480 BMNM peut être limitée à la zone d’anastomose et les branches peuvent être identifiées par electro-stimulation. Ainsi, le traumatisme et la dévascularisation nerveuse sont limités, réduisant la fibrose périnerveuse. Nous pouvons alors espérer obtenir une réinnervation plus rapide des muscles effecteurs donc une récupération motrice significative des muscles intrinsèques de la main. Conclusions.– Dans les lésions hautes du nerf ulnaires ou du nerf médian, une neurotisation de leur branche motrice par la branche motrice du carré pronateur réalisée en même temps que la suture primaire est techniquement faisable et pourrait permettre une récupération motrice de meilleure qualité sans séquelle fonctionnelle majeure. doi:10.1016/j.main.2011.10.071 CP071 Restauration de la flexion du coude par neurotisation au canal brachial, dans les atteintes plexuelles post-traumatique c5c6 et c5c6c7. Comparaison entre simple et double neurotisation. résultats d’une série de 29 patients P.-Y. Barthel a,, S.-B. Barbary a , F.-D. Dap a , C.-A. Apredoaei b , P.-M. Mansat b , G.-D. Dautel a a Service de chirurgie plastique et reconstructrice de l’appareil locomoteur, centre chirurgical Émile-Gallé, CHU de Nancy, Nancy, France b Service de traumatologie et d’orthopédie, CHU Purpan, Toulouse, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] Mots clés : Neurotisation ; Plexus brachial ; Paralysie Introduction.– Afin de restaurer une fonction en ciblant un ou plusieurs muscle(s) déficitaire et de diminuer le temps de dénervation, différents opérateurs ont cherché à rapprocher le front de repousse axonale au plus près de la jonction neuromusculaire. La flexion du coude représente un modèle simple, pour lequel ce concept a été appliqué au début des années 1990 par Oberlin à partir d’un transfert partiel du nerf ulnaire. Au niveau du canal brachial, les transferts ner- veux sont indiqués pour la restauration de la flexion du coude dans les paralysies C5C6 ou C5C6C7 avec avulsion des racines. Ils peuvent également être utilisés en complément de greffes nerveuses. Nous présentons les résultats d’une revue rétrospective des patients ayant bénéficié de ces techniques. Patients et méthode.– Vingt-neuf patients ont été opérés d’avril 2003à janvier 2010. Quinze simple transfert (transfert partiel du nerf ulnaire sur le nerf du biceps) et quatorze double transfert (simple transfert et transfert partiel du nerf médian sur le nerf du brachialis) ont été réalisés. L’âge moyen était de 30,2 ans, le délai opératoire moyen était de six mois, et le recul moyen de 34,3 mois. Nous avons choisi pour l’évaluation finale un recul minimum d’au moins 15 mois. Les deux populations présentaient des caractéristiques cliniques équivalentes, excepté pour la proportion des paralysies C5C6 qui était de 20 % dans le groupe simple transfert et de 50 % dans le groupe double transfert. Dans le groupe simple transfert, 60 % des patients ont récupéré une force M4 au dernier recul, avec une force de 2,2 kg avant-bras en supination. Le délai moyen de restauration d’une force M4 était de 13,2 mois. Dans tous les cas d’atteinte C5C6 (trois cas), les patients ont récupéré une force M4. Dans le groupe double transfert, 85 % des patients ont récupéré une force M4, avec une force de 2,9 kg. Le délai moyen de restauration d’une force M4 était de 11 mois. Dans tous les cas d’atteinte C5C6 (sept cas), les patients ont récupéré une force M4. Nous n’avons pas mis en évidence de différence significative entre les deux groupes. Dans la population complète la force de préhension globale (JAMAR) atteignait 50 % de la force controlatérale. Le délai de réinnervation (cotation M1) moyen était de 5,1 mois. Parmi les patients, 77,3 % âgés de moins de 40 ans ont récu- pérés une force M4, contre 57,1 % des patients de plus de 40 ans. Pour un délai opératoire inférieur ou égale à six mois, 75 % des patients ont récupérés une force M4 4 transferts des épitrochléens (Steindler) ont été réalisés en cas d’échec de la neurotisation (trois dans le groupe simple transfert).Sept patients présentaient un déficit au testing clinique comparativement au côté controlatéral ; trois patients avec un déficit sensitif, et quatre patients avec un déficit moteur. Aucune gêne n’était exprimée par les patients. Discussion et conclusion.– Deux éléments attirent notre attention dans la compa- raison des groupes étudiés. D’une part, il nous semble difficile de standardiser les lésions nerveuses rencontrées, en raison de la variabilité de l’anatomie du plexus brachial et de la diversité des associations lésionnelles. D’autre part, les patients avec une atteinte C5C6 présentaient de meilleurs résultats dans le délai de récupération et dans la force contre résistance. Ce résultat n’est pas seule- ment lié aux compensations que le patient utilise, mais bien à la plus grande efficacité du biceps réinnervé. Dans la population complète, la force musculaire était supérieure avant bras en supination, position d’action plus efficiente pour le biceps. Les résultats de notre série sont comparables à ceux de la littérature. La double neurotisation nous semble permettre l’obtention de meilleurs résul- tats dans la proportion de force M4 et dans le délai de restauration d’une force M4, malgré la proportion plus importante d’atteinte C5C6 (pas de différence significative établie). L’analyse clinique retrouvait un déficit dans sept cas sur 29, déficit considéré comme non gênant par le patient. doi:10.1016/j.main.2011.10.072 CP072 Le périneuriome intraneural : à propos de cinq cas et revue de la littérature M. Brun a,, Z. Belkheyar b , C. Oberlin c a Orthopédie et traumatologie, CHU La Milétrie, Poitiers, France b Orthopédie et traumatologie, clinique Paris-Montmartre, Paris 18 e , France c Orthopédie et traumatologie, hôpital Bichat, Paris, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] Mots clés : Périneuriome intraneural ; Pseudobulbe d’oignon ; Déficit moteur Introduction.– Le périneuriome intraneural (PIN) est une tumeur nerveuse, bénigne, isolée, de découverte récente. Cette tumeur, d’origine ectodermique, correspond à une prolifération localisée intraneurale de cellules périneurales en pseudobulbe d’oignon. Sa spécificité est son caractère d’emblée déficitaire et son évolution progressive. Patients et méthode.– Seuls les périneuriomes intraneuraux périphériques des membres et du plexus brachial ont été étudiés. On répertorie 55 cas dans la revue de littérature et 31 cas décrits par la Mayo Clinic. Notre série comprend cinq patients, âgés de 17 à 65 ans avec un recul de deux ans postopératoires. La localisation tumorale est dans deux cas le nerf fibulaire, deux cas le plexus brachial et un cas le nerf sciatique. Le diagnostic a été posé d’un an à neuf ans après ses débuts cliniques. Quatre patients sur les cinq ont été opérés. La prise en charge thérapeutique a été un traitement non conservateur par biopsie exérèse complète et greffe nerveuse dans 3/5 des cas et biopsie exérèse et suture directe dans un cas sur cinq. Le traitement palliatif a été associé en un temps opératoire, selon le déficit moteur, dans quatre cas. Résultats et discussion.– Cette tumeur a ses propres caractéristiques qui la dif- férencient d’autres types de tumeur nerveuse. Elle touche l’adulte jeune, ses localisations sont multiples que ce soit au niveau du membre supérieur, membre inférieur et plexus brachial ; le déficit moteur est présent dans 100 % des cas. Les résultats d’IRM sont consensuels, ainsi que ceux des marqueurs d’immuno- histochimie. La méconnaissance de cette tumeur et son caractère progressif conduisent à un délai de prise en charge tardif et un déficit moteur trop évolué lors du diagnostic. La prise en charge thérapeutique n’est pas standardisée. On ne retrouve pas de récidive locale postopératoire et l’évolution après un traitement chirurgical non conservateur donne de bons résultats cliniques. Conclusion.– La spécificité du PIN permet de poser son diagnostic à l’aide de la clinique, l’EMG et l’IRM. La prise en charge chirurgicale doit être un traite- ment non conservateur en un temps opératoire, associé à un traitement palliatif selon le déficit moteur. Une nouvelle avancée dans la chirurgie nerveuse a vu le jour récemment : l’IRM de diffusion et de tenseur de diffusion ou tractogra- phie nerveuse, qui pourrait réduire le délai de prise en charge de ce type de tumeur. doi:10.1016/j.main.2011.10.073 CP073 Le traitement des névromes au poignet par lambeau « antalgique » hypothenarien cellulograisseux de strickland à propos de 52 cas

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MNM peut être limitée à la zone d’anastomose et les branches peuvent êtredentifiées par electro-stimulation. Ainsi, le traumatisme et la dévascularisationerveuse sont limités, réduisant la fibrose périnerveuse. Nous pouvons alorsspérer obtenir une réinnervation plus rapide des muscles effecteurs donc uneécupération motrice significative des muscles intrinsèques de la main.onclusions.– Dans les lésions hautes du nerf ulnaires ou du nerf médian, uneeurotisation de leur branche motrice par la branche motrice du carré pronateuréalisée en même temps que la suture primaire est techniquement faisable etourrait permettre une récupération motrice de meilleure qualité sans séquelleonctionnelle majeure.

oi:10.1016/j.main.2011.10.071

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estauration de la flexion du coude par neurotisation auanal brachial, dans les atteintes plexuellesost-traumatique c5c6 et c5c6c7. Comparaison entre simplet double neurotisation. résultats d’une série de 29 patients.-Y. Barthel a,∗, S.-B. Barbary a, F.-D. Dap a, C.-A. Apredoaei b,.-M. Mansat b, G.-D. Dautel a

Service de chirurgie plastique et reconstructrice de l’appareil locomoteur,entre chirurgical Émile-Gallé, CHU de Nancy, Nancy, FranceService de traumatologie et d’orthopédie, CHU Purpan, Toulouse, France

Auteur correspondant.dresse e-mail : [email protected]

ots clés : Neurotisation ; Plexus brachial ; Paralysie

ntroduction.– Afin de restaurer une fonction en ciblant un ou plusieurs muscle(s)éficitaire et de diminuer le temps de dénervation, différents opérateurs ontherché à rapprocher le front de repousse axonale au plus près de la jonctioneuromusculaire. La flexion du coude représente un modèle simple, pour lequele concept a été appliqué au début des années 1990 par Oberlin à partir d’unransfert partiel du nerf ulnaire. Au niveau du canal brachial, les transferts ner-eux sont indiqués pour la restauration de la flexion du coude dans les paralysies5C6 ou C5C6C7 avec avulsion des racines. Ils peuvent également être utilisésn complément de greffes nerveuses. Nous présentons les résultats d’une revueétrospective des patients ayant bénéficié de ces techniques.atients et méthode.– Vingt-neuf patients ont été opérés d’avril 2003 à janvier010. Quinze simple transfert (transfert partiel du nerf ulnaire sur le nerf duiceps) et quatorze double transfert (simple transfert et transfert partiel du nerfédian sur le nerf du brachialis) ont été réalisés. L’âge moyen était de 30,2 ans, le

élai opératoire moyen était de six mois, et le recul moyen de 34,3 mois. Nousvons choisi pour l’évaluation finale un recul minimum d’au moins 15 mois.es deux populations présentaient des caractéristiques cliniques équivalentes,xcepté pour la proportion des paralysies C5C6 qui était de 20 % dans le groupeimple transfert et de 50 % dans le groupe double transfert.ans le groupe simple transfert, 60 % des patients ont récupéré une force M4 auernier recul, avec une force de 2,2 kg avant-bras en supination. Le délai moyene restauration d’une force M4 était de 13,2 mois. Dans tous les cas d’atteinte5C6 (trois cas), les patients ont récupéré une force M4. Dans le groupe double

ransfert, 85 % des patients ont récupéré une force M4, avec une force de 2,9 kg.e délai moyen de restauration d’une force M4 était de 11 mois. Dans tous lesas d’atteinte C5C6 (sept cas), les patients ont récupéré une force M4. Nous’avons pas mis en évidence de différence significative entre les deux groupes.ans la population complète la force de préhension globale (JAMAR) atteignait0 % de la force controlatérale. Le délai de réinnervation (cotation M1) moyentait de 5,1 mois. Parmi les patients, 77,3 % âgés de moins de 40 ans ont récu-érés une force M4, contre 57,1 % des patients de plus de 40 ans. Pour un délaipératoire inférieur ou égale à six mois, 75 % des patients ont récupérés une force4 4 transferts des épitrochléens (Steindler) ont été réalisés en cas d’échec de la

eurotisation (trois dans le groupe simple transfert).Sept patients présentaient unéficit au testing clinique comparativement au côté controlatéral ; trois patientsvec un déficit sensitif, et quatre patients avec un déficit moteur. Aucune gêne

’était exprimée par les patients.iscussion et conclusion.– Deux éléments attirent notre attention dans la compa-

aison des groupes étudiés. D’une part, il nous semble difficile de standardiseres lésions nerveuses rencontrées, en raison de la variabilité de l’anatomie du

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a main / Chirurgie de la main 30 (2011) 419–480

lexus brachial et de la diversité des associations lésionnelles. D’autre part, lesatients avec une atteinte C5C6 présentaient de meilleurs résultats dans le délaie récupération et dans la force contre résistance. Ce résultat n’est pas seule-ent lié aux compensations que le patient utilise, mais bien à la plus grande

fficacité du biceps réinnervé. Dans la population complète, la force musculairetait supérieure avant bras en supination, position d’action plus efficiente poure biceps. Les résultats de notre série sont comparables à ceux de la littérature.a double neurotisation nous semble permettre l’obtention de meilleurs résul-

ats dans la proportion de force M4 et dans le délai de restauration d’une force4, malgré la proportion plus importante d’atteinte C5C6 (pas de différence

ignificative établie). L’analyse clinique retrouvait un déficit dans sept cas sur9, déficit considéré comme non gênant par le patient.

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e périneuriome intraneural : à propos de cinq cas et revuee la littérature. Brun a,∗, Z. Belkheyar b, C. Oberlin c

Orthopédie et traumatologie, CHU La Milétrie, Poitiers, FranceOrthopédie et traumatologie, clinique Paris-Montmartre, Paris 18e, FranceOrthopédie et traumatologie, hôpital Bichat, Paris, France

Auteur correspondant.dresse e-mail : [email protected]

ots clés : Périneuriome intraneural ; Pseudobulbe d’oignon ; Déficit moteur

ntroduction.– Le périneuriome intraneural (PIN) est une tumeur nerveuse,énigne, isolée, de découverte récente. Cette tumeur, d’origine ectodermique,orrespond à une prolifération localisée intraneurale de cellules périneurales enseudobulbe d’oignon. Sa spécificité est son caractère d’emblée déficitaire eton évolution progressive.atients et méthode.– Seuls les périneuriomes intraneuraux périphériques desembres et du plexus brachial ont été étudiés. On répertorie 55 cas dans la

evue de littérature et 31 cas décrits par la Mayo Clinic. Notre série comprendinq patients, âgés de 17 à 65 ans avec un recul de deux ans postopératoires.a localisation tumorale est dans deux cas le nerf fibulaire, deux cas le plexusrachial et un cas le nerf sciatique. Le diagnostic a été posé d’un an à neuf ansprès ses débuts cliniques. Quatre patients sur les cinq ont été opérés. La prisen charge thérapeutique a été un traitement non conservateur par biopsie exérèseomplète et greffe nerveuse dans 3/5 des cas et biopsie exérèse et suture directeans un cas sur cinq. Le traitement palliatif a été associé en un temps opératoire,elon le déficit moteur, dans quatre cas.ésultats et discussion.– Cette tumeur a ses propres caractéristiques qui la dif-

érencient d’autres types de tumeur nerveuse. Elle touche l’adulte jeune, sesocalisations sont multiples que ce soit au niveau du membre supérieur, membrenférieur et plexus brachial ; le déficit moteur est présent dans 100 % des cas.es résultats d’IRM sont consensuels, ainsi que ceux des marqueurs d’immuno-istochimie. La méconnaissance de cette tumeur et son caractère progressifonduisent à un délai de prise en charge tardif et un déficit moteur trop évoluéors du diagnostic. La prise en charge thérapeutique n’est pas standardisée. On neetrouve pas de récidive locale postopératoire et l’évolution après un traitementhirurgical non conservateur donne de bons résultats cliniques.onclusion.– La spécificité du PIN permet de poser son diagnostic à l’aide de

a clinique, l’EMG et l’IRM. La prise en charge chirurgicale doit être un traite-ent non conservateur en un temps opératoire, associé à un traitement palliatif

elon le déficit moteur. Une nouvelle avancée dans la chirurgie nerveuse a vue jour récemment : l’IRM de diffusion et de tenseur de diffusion ou tractogra-hie nerveuse, qui pourrait réduire le délai de prise en charge de ce type deumeur.

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