le monde 2006.09

36
www.lemonde.fr 62 e Année - N˚19183 - 1,30 ¤ - France métropolitaine --- Jeudi 28 septembre 2006 Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Jean-Marie Colombani Afrique CFA 1200 F CFA, Algérie 60 DA, Allemagne 1,70 ¤, Antilles-Guyane 1,80 ¤, Autriche 1,70 ¤, Belgique 1,30 ¤, Canada 3 $, Danemark 17 KRD, Espagne 1,80 ¤, Finlande 2,20 ¤, Grande-Bretagne 1,10 £, Grèce 1,80 ¤, Hongrie 495 HUF, Irlande 1,80 ¤, Italie 1,80 ¤, Luxembourg 1,30 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 20 KRN, Pays-Bas 1,70 ¤, Portugal cont. 1,80 ¤, Réunion 1,80 ¤, Suède 20 KRS, Suisse 2,50 FS, Tunisie 1,6 DT, USA 3.00 $. a Gagnants et perdants. Parmi les 34 missions budgétaires prévues par le projet de loi de finances, les plus fortes variations de crédit concernent les régimes spéciaux de retraite (+ 10,9 %), la justice (+ 5,2 %), la santé (+ 5,5 %), les transports (– 3,9 %), le travail et l’emploi (– 3,9 %). a L’avis de Méhaignerie. « En cinq ans, 120 000 emplois publics supplémentaires ont été créés », déclare le président (UMP) de la commission des finances de l’Assemblée nationale. « Nous pensons que l’Etat gère mal, car il est loin, et on peut rendre un meilleur service à un meilleur coût ». Pages 20-21 a La réforme fiscale. De la prime pour l’emploi au bouclier fiscal plafonnant les impôts à 60 % des revenus, de la déclaration préremplie à la télédéclaration, en passant par la mise en place d’un interlocuteur fiscal unique, le vade-mecum du contribuable. Lire nos informations page 27 et notre éditorial page 2 a Les orientations. Tablant sur une croissance comprise entre 2 et 2,5 % en 2007, Bercy a pour objectifs un déficit budgétaire limité à 41,6 milliards d’euros, une dette réduite de trois points de PIB, une dépense « maîtrisée », une réforme fiscale « centrée sur les classes moyennes ». P eter Gelb, le nouveau patron du Metropolitan Opera de New York, a pris une série de mesures qui bousculent l’éta- blissement lyrique le plus réputé du monde. « Faire adhérer le Met à la vie d’aujourd’hui », tel est son credo. La décision la plus specta- culaire est la diffusion, le 25 sep- tembre, de Madame Butterfly de Puccini sur grand écran et dans la rue. La répétition a également été ouverte aux New-Yorkais. D’autres initiatives ont été pri- ses comme l’édition de « disques instantanés » à acheter à l’issue des représentations, la diffusion d’opéras à la télévision, à la radio et dans des salles de cinéma. a Lire page 28 Budget 2007 : le gouvernement affiche rigueur et équité sociale Impôts Malgré les baisses annoncées, les prélèvements obligatoires restent élevés, à 43,7 % du PIB L’opéra de New York cherche son public dans la rue Ségolène Royal participera sans enthousiasme aux débats du PS A u Royaume-Uni, la célèbre banque d’affaires américaine veut racheter des fonds de pension d’entreprise. Alors que le régulateur britannique a récemment autorisé ces opérations, plu- sieurs assureurs ont fait connaître leur appétit pour un marché qui s’annonce très lucratif. Car les entreprises sont prê- tes à brader ces fonds qui plombent leurs comptes et leur avenir. Le système des fonds de pension à l’anglaise est virtuelle- ment en faillite : le déficit total du sec- teur atteignait 146 milliards d’euros en 2005. Goldman Sachs devrait donc créer une filiale d’assurance-vie, secteur dont l’institution était jusqu’ici totalement absente, pour accueillir et gérer ces futurs actifs. La banque compte sur son savoir-faire dans le domaine des pro- duits dérivés pour limiter les risques. a Lire page 16 J ’irai. » Ségolène Royal a décidé de participer aux débats publics que le Parti socialiste organisera entre les candidats à l’investiture avant le premier tour du vote des militants, le 16 novembre. En déplacement à Dakar, la favorite des sondages a jugé risquée cette confrontation interne, alors que la droite « n’a pas à passer cette épreuve ». Estimant être la seule à avoir « gardé la dignité du débat », elle s’est demandé « si la machine à perdre n’est pas enclenchée ». Interrogée par un militant qui l’adjurait d’« aller jus- qu’au bout », elle en a fait la promesse : « Ce sera le serment de Dakar. » A Paris, le maire, Bertrand Delanoë, est fragilisé par sa fidélité à Lionel Jospin après le ralliement de sept de ses adjoints àM me Royal. François Rebsamen, numéro deux du PS, estime dans nos colonnes que M. Jospin a « l’impérieux devoir » de ne pas être candidat. a Lire pages 10, 11, 19 et 22 Goldman Sachs s’intéresse aux fonds de pension PAGE TROIS Passeports et secrets de famille La demande de délivrance d’un passeport biométrique se heurte souvent à une très longue attente. La raison n’est pas technique mais déontologique : pour présenter sa demande, il faut d’abord obtenir une copie intégrale de son acte de naissance. Or cette copie, auparavant transmise de mairie à mairie pour les mariages, contient des renseignements très précis sur la filiation et peut révéler une naissance sous X ou une adoption. Craignant de provoquer des drames, les responsables de l’état civil cherchent à temporiser… Environnement L’éthanol reçoit un coup de pouce Le ministre de l’économie, Thierry Breton, a annoncé, mardi 26 septembre, l’installation, d’ici à la fin 2007, de 500 pompes distribuant un carburant moins cher et plus propre composé à 85 % d’éthanol. Après Ford, Saab, Volvo et Cadillac, les constructeurs Renault et Peugeot-Citroën se sont engagés à proposer des véhicules adaptés dès le premier trimestre 2007. Page 8 Football Des insultes sanctionnées C’est une première en Ligue 1 : un joueur du FC Nantes a été expulsé, dimanche dernier, du terrain pour avoir insulté un joueur adverse. Quelques jours plus tôt, Patrick Vieira (Milan AC) était sanctionné pour avoir insulté un arbitre. Page 18 L e dernier projet de loi de finances de la législature, que Thierry Breton et Jean-François Copé devaient présen- ter mercredi 27 septembre en conseil des ministres, montre que le pire est sans doute passé : avec le retour de la croissance et un effort de maîtrise des dépenses, le déficit budgétaire devrait être limité à 41,6 mil- liards d’euros en 2007 ; celui des finances publiques (Etat, Sécurité sociale et collecti- vités locales) être ramené à 2,5 % du PIB ; l’endettement doit se réduire de trois points de PIB en 2006 et 2007, après qua- tre années consécutives de hausse. Les pré- lèvements obligatoires (impôts et cotisa- tions sociales) devraient légèrement bais- ser, à 43,7 % du PIB. Mais MM. Breton et Copé ne veulent pas se laisser enfermer dans une querelle d’héri- tage, alors que le PS a qualifié le quinquen- nat de « cinq années perdues pour la Fran- ce ». Ils ont choisi d’attaquer sur la ques- tion du pouvoir d’achat et de la paupérisa- tion des classes moyennes. Accusés par la gauche d’avoir creusé la fracture sociale et fait des cadeaux fiscaux aux 10 % de Fran- çais les plus aisés, les deux hommes assu- rent que les 4 milliards de baisses d’impôts liées à la refonte du barème bénéficieront dans les trois quarts des cas à des ménages gagnant moins de 35 000 euros par an. Un célibataire touchant deux fois le smic sup- portait jusqu’à présent 2 000 euros d’im- pôt sur le revenu. Il en paiera, selon Bercy, 300 de moins. La forte revalorisation de la prime pour l’emploi, cet impôt négatif mis en place par Lionel Jospin, auquel 1 mil- liard supplémentaire est consacré dans le budget de 2007, jouera en faveur des reve- nus modestes. « Si l’on ajoute les effets cumu- lés des baisses d’impôts, de la revalorisation du smic et de la hausse de la PPE, un célibatai- re au smic commence le mois avec 130 euros de plus en 2007 qu’en 2002 », avait insisté M. Copé dès le 19 septembre. L’exemple, qui n’a pas été contesté par l’opposition, devrait beaucoup servir pour conquérir l’électorat ouvrier et employé. a Claire Guélaud Des New-Yorkais assistent dans la rue à la retransmission sur grand écran de « Madame Butterfly ». JAKE PRICE/WPN POUR « LE MONDE »

Upload: api-3749914

Post on 07-Jun-2015

1.796 views

Category:

Documents


2 download

DESCRIPTION

Le Monde 2006.09.28

TRANSCRIPT

Page 1: Le Monde 2006.09

www.lemonde.fr

62e Année - N˚19183 - 1,30 ¤ - France métropolitaine --- Jeudi 28 septembre 2006 Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Jean-Marie Colombani

Afrique CFA 1200 F CFA, Algérie 60 DA, Allemagne 1,70 ¤, Antilles-Guyane 1,80 ¤, Autriche 1,70 ¤, Belgique 1,30 ¤, Canada 3 $, Danemark 17 KRD, Espagne 1,80 ¤, Finlande 2,20 ¤, Grande-Bretagne 1,10 £, Grèce 1,80 ¤, Hongrie 495 HUF, Irlande 1,80 ¤, Italie 1,80 ¤, Luxembourg 1,30 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 20 KRN, Pays-Bas 1,70 ¤, Portugal cont. 1,80 ¤, Réunion 1,80 ¤, Suède 20 KRS, Suisse 2,50 FS, Tunisie 1,6 DT, USA 3.00 $.

a Gagnants et perdants.Parmi les 34 missionsbudgétaires prévues parle projet de loi de finances,les plus fortes variationsde crédit concernentles régimes spéciaux deretraite (+ 10,9 %), la justice(+ 5,2 %), la santé (+ 5,5 %),les transports (– 3,9 %),le travail et l’emploi (– 3,9 %).

a L’avis de Méhaignerie.« En cinq ans, 120 000 emploispublics supplémentaires ont étécréés », déclare le président(UMP) de la commissiondes finances de l’Assembléenationale. « Nous pensonsque l’Etat gère mal, car il estloin, et on peut rendre unmeilleur service à un meilleurcoût ». Pages 20-21

a La réforme fiscale.De la prime pour l’emploiau bouclier fiscal plafonnantles impôts à 60 % des revenus,de la déclaration préremplie àla télédéclaration, en passantpar la mise en place d’uninterlocuteur fiscal unique, levade-mecum du contribuable.Lire nos informations page 27et notre éditorial page 2

a Les orientations.Tablant sur une croissancecomprise entre 2 et 2,5 %en 2007, Bercy a pourobjectifs un déficit budgétairelimité à 41,6 milliardsd’euros, une dette réduitede trois points de PIB,une dépense « maîtrisée »,une réforme fiscale « centréesur les classes moyennes ».

P eter Gelb, le nouveau patrondu Metropolitan Opera deNew York, a pris une série

de mesures qui bousculent l’éta-blissement lyrique le plus réputédu monde. « Faire adhérer le Metà la vie d’aujourd’hui », tel est soncredo. La décision la plus specta-culaire est la diffusion, le 25 sep-tembre, de Madame Butterfly de

Puccini sur grand écran et dansla rue. La répétition a égalementété ouverte aux New-Yorkais.

D’autres initiatives ont été pri-ses comme l’édition de « disquesinstantanés » à acheter à l’issuedes représentations, la diffusiond’opéras à la télévision, à la radioet dans des salles de cinéma. a

Lire page 28

Budget 2007 : le gouvernementaffiche rigueur et équité socialeImpôts Malgré les baisses annoncées, les prélèvements obligatoires restent élevés, à 43,7 % du PIB

L’opéra de New York chercheson public dans la rue

Ségolène Royalparticipera sansenthousiasmeaux débats du PS

A u Royaume-Uni, la célèbre banqued’affaires américaine veut racheterdes fonds de pension d’entreprise.

Alors que le régulateur britannique arécemment autorisé ces opérations, plu-sieurs assureurs ont fait connaître leurappétit pour un marché qui s’annoncetrès lucratif. Car les entreprises sont prê-tes à brader ces fonds qui plombent leurscomptes et leur avenir. Le système desfonds de pension à l’anglaise est virtuelle-ment en faillite : le déficit total du sec-teur atteignait 146 milliards d’euros en2005. Goldman Sachs devrait donc créerune filiale d’assurance-vie, secteur dontl’institution était jusqu’ici totalementabsente, pour accueillir et gérer cesfuturs actifs. La banque compte sur sonsavoir-faire dans le domaine des pro-duits dérivés pour limiter les risques. a

Lire page 16

J ’irai. » Ségolène Royal a décidé departiciper aux débats publics que leParti socialiste organisera entre lescandidats à l’investiture avant le

premier tour du vote des militants, le16 novembre. En déplacement à Dakar, lafavorite des sondages a jugé risquée cetteconfrontation interne, alors que la droite« n’a pas à passer cette épreuve ». Estimantêtre la seule à avoir « gardé la dignité dudébat », elle s’est demandé « si la machineà perdre n’est pas enclenchée ». Interrogéepar un militant qui l’adjurait d’« aller jus-qu’au bout », elle en a fait la promesse :« Ce sera le serment de Dakar. »

A Paris, le maire, Bertrand Delanoë, estfragilisé par sa fidélité à Lionel Jospinaprès le ralliement de sept de ses adjointsà Mme Royal. François Rebsamen, numérodeux du PS, estime dans nos colonnes queM. Jospin a « l’impérieux devoir » de nepas être candidat. a

Lire pages 10, 11, 19 et 22

Goldman Sachss’intéresse auxfonds de pension

PAGE TROIS

Passeports et secrets de familleLa demande de délivrance d’un passeport biométriquese heurte souvent à une très longue attente. La raisonn’est pas technique mais déontologique : pour présentersa demande, il faut d’abord obtenir une copie intégralede son acte de naissance. Or cette copie, auparavanttransmise de mairie à mairie pour les mariages,contient des renseignements très précis sur la filiationet peut révéler une naissance sous X ou une adoption.Craignant de provoquer des drames, les responsablesde l’état civil cherchent à temporiser…

EnvironnementL’éthanol reçoit un coup de pouceLe ministre de l’économie, Thierry Breton, a annoncé,mardi 26 septembre, l’installation, d’ici à la fin 2007, de500 pompes distribuant un carburant moins cher etplus propre composé à 85 % d’éthanol. Après Ford,Saab, Volvo et Cadillac, les constructeurs Renaultet Peugeot-Citroën se sont engagés à proposer desvéhicules adaptés dès le premier trimestre 2007. Page 8

FootballDes insultes sanctionnéesC’est une première en Ligue 1 : un joueur du FC Nantesa été expulsé, dimanche dernier, du terrain pour avoirinsulté un joueur adverse. Quelques jours plus tôt,Patrick Vieira (Milan AC) était sanctionné pour avoirinsulté un arbitre. Page 18

L e dernier projet de loi de finances dela législature, que Thierry Breton etJean-François Copé devaient présen-

ter mercredi 27 septembre en conseil desministres,montre que le pire est sansdoutepassé : avec le retour de la croissance et uneffort de maîtrise des dépenses, le déficitbudgétaire devrait être limité à 41,6 mil-liards d’euros en 2007 ; celui des financespubliques (Etat, Sécurité sociale et collecti-vités locales) être ramené à 2,5 % du PIB ;l’endettement doit se réduire de troispoints de PIB en 2006 et 2007, après qua-tre années consécutives de hausse. Les pré-lèvements obligatoires (impôts et cotisa-tions sociales) devraient légèrement bais-ser, à 43,7 % du PIB.

MaisMM.Breton etCopé neveulent passe laisserenfermerdansunequerelled’héri-tage, alors que le PS a qualifié le quinquen-nat de « cinq années perdues pour la Fran-ce ». Ils ont choisi d’attaquer sur la ques-tion du pouvoir d’achat et de la paupérisa-tion des classes moyennes. Accusés par lagauche d’avoir creusé la fracture sociale etfait des cadeaux fiscaux aux 10 % de Fran-çais les plus aisés, les deux hommes assu-rent que les 4 milliards de baisses d’impôtsliées à la refonte du barème bénéficierontdans les trois quarts des cas à des ménagesgagnant moins de 35 000 euros par an. Uncélibataire touchant deux fois le smic sup-portait jusqu’à présent 2 000 euros d’im-pôt sur le revenu. Il en paiera, selon Bercy,300 de moins. La forte revalorisation de laprime pour l’emploi, cet impôt négatif misen place par Lionel Jospin, auquel 1 mil-liard supplémentaire est consacré dans lebudget de 2007, jouera en faveur des reve-nusmodestes.« Si l’onajoute leseffets cumu-lés des baisses d’impôts, de la revalorisationdusmicetde lahaussede laPPE,uncélibatai-re au smic commence le mois avec 130 eurosde plus en 2007 qu’en 2002 », avait insistéM. Copé dès le 19 septembre. L’exemple,qui n’a pas été contesté par l’opposition,devrait beaucoup servir pour conquérirl’électorat ouvrier et employé. a

Claire Guélaud

Des New-Yorkais assistent dans la rue à la retransmission sur grandécran de « Madame Butterfly ». JAKE PRICE/WPN POUR « LE MONDE »

Page 2: Le Monde 2006.09

En choisissant de s’installer à Barrachit,un plateau difficile d’accès dans le suddu Liban, les soldats français avaienten mémoire le souvenir du camp duDrakkar. Lors de cet attentat à la voitu-

re piégée, le 23 octobre 1983, à Beyrouth, revendi-qué par le « Mouvement de la révolution islamiquelibre », 58 parachutistes avaient été tués.

Les musulmans chiites fanatiques composantcette organisation paraventavaient probablement été mani-pulés par les services de rensei-gnement syriens, mais la planifi-cation de cette action terroristeest attribuée à Imad Moughnieh, chef du serviceextérieur du Hezbollah. Vingt-trois ans après cetraumatisme, les soldats français opèrent, sousles couleurs de l’ONU, un retour à hauts risquesau pays du Cèdre.

Les troupes internationales composant la For-ce internationale des Nations unies au Liban(Finul) achèvent ces jours-ci leur déploiement ausud du fleuve Litani, alors que l’armée israélien-ne se retire de l’autre côté de la « ligne bleue »,abandonnant ses positions aux soldats de l’ar-mée libanaise. Ce chassé-croisé s’est effectuéavec un calme et une discipline qui laissent bienaugurer du mandat des casques bleus. Pourtant,les services de renseignement occidentaux sontinquiets.

Des Etats – la Syrie et l’Iran – et une myriaded’organisations islamistes voient sans plaisirs’installer en terre d’Islam des milliers de « sol-dats chrétiens ». Les médias proches du Hezbol-lah alertent déjà l’opinion arabe sur les arrière-pensées présumées des « troupes d’occupation »

des pays qui contribuent à la Finul : ceux-ci sontsoupçonnés d’utiliser la résolution 1701 desNations unies (l’arrêt des hostilités et l’envoid’une force internationale au Liban) comme« bras armé » de la résolution 1559 (qui prévoitle désarmement des milices, c’est-à-dire notam-ment du Hezbollah).

Leurs alarmes sont infondées : la Finul, pasplus que l’armée libanaise, n’a l’intention de s’im-

pliquer dans le désarmement duHezbollah.Celui-cipeut être tran-quille : le « désarmement des mili-ces » est une antienne pour chefsd’Etat occidentaux, qui n’a et

n’aura aucune traduction concrète sur le terrain.Certes, l’armement des casques bleus –en particu-lier celui des soldats français –en impose, et ils dis-posent de « règles d’engagement » suffisamment« robustes » pour restreindre les velléités de fau-teurs de troubles potentiels, qu’il s’agisse de Tsa-hal, de l’armée libanaise ou du Hezbollah.

Sauf que la Finul est un colosse aux pieds d’ar-gile. C’est une force de dissuasion, et non d’inter-position. Il suffirait qu’une des parties décide dereprendre les hostilités pour la placer dans unesituation politique et militaire intenable. Si dessoldats français étaient amenés à ouvrir le feucontre ceux d’Israël ou contre des combattantsdu Hezbollah, les conséquences en seraient incal-culables : tempête diplomatique et escalade mili-taire d’un côté, intensification de la menace terro-riste de l’autre.

Bien des étincelles pourraient remettre le feuaux poudres dans le sud du Liban : une salve deroquettes en territoire israélien, un autre enlève-ment de soldats de Tsahal, entraîneraient un nou-

vel engrenage, avec le risque de voir une arméeisraélienne, dangereusement humiliée lors de laguerre du 12 juillet, vouloir restaurer son mythed’invincibilité en anéantissant cette fois le poten-tiel militaire du Parti de Dieu.

Même s’il faut relativiser les rodomontadesd’Hassan Nasrallah, qui affirme détenir encore« plus de 20 000 roquettes », les spécialistes occi-dentaux conviennent que le Hezbollah disposede « réserves » humaines suffisantes pour rem-placer ses combattants tués (entre 400 et 500),de ressources financières quasi illimitées grâce àla rente pétrolière de l’Iran, et d’armes puissantesnon encore utilisées, comme les roquettes Zel-zal-2, d’une portée d’environ 150 kilomètres, quine sont encore que des armes de dissuasion dansun équilibre de la terreur avec Israël.

Pourtant, en dépit d’un potentiel militaire quireste menaçant, le Hezbollah a besoin de tempspour reconstituer ses forces et restaurer son ima-ge de marque. La Finul pourrait donc connaîtreune période de relative tranquillité, du moinstant que le Hezbollah n’aura pas acquis la convic-tion que sa stratégie politique consistant à provo-quer la chute du gouvernement de Fouad Siniorapour imposer un « gouvernement d’union nationa-le » ne mène nulle part.

C’est à ce moment-là que le risque d’une fuiteen avant terroriste peut se produire, à l’initiativedu Parti de Dieu ou d’autres acteurs. Si la menacede sanctions internationales pour punir Téhérande son programme nucléaire militaire se précise,le régime des mollahs pourrait être tenté de lan-cer un avertissement aux Occidentaux, en choisis-sant de frapper la Finul. La Syrie, si le rapportBrammertz sur l’assassinat de l’ancien présidentRafic Hariri devait désigner des commanditairesau sein du régime alaouite, pourrait, elle aussi,choisir d’adresser un « message » fort auxNations unies. Comment ne pas songer à l’assas-sinat de l’ambassadeur de France Louis Delama-re, en 1981 ?

Candidats potentielsFace à cette double incertitude, la France est

dans une position vulnérable. Outre qu’elle faitpartie de la troïka européenne sur le dossier ira-nien, l’attitude solitaire de Jacques Chirac, quipersiste à refuser tout dialogue avec la Syrie, pour-tant l’une des clés d’une stabilisation à long ter-me de la région, n’est pas de bon augure.

La Syrie, pas plus que l’Iran, n’aurait besoind’agir à visage découvert, y compris via le Hezbol-lah. Celui-ci est passé maître dans l’art de se dissi-muler derrière des groupuscules, comme ceuxqui ont revendiqué, dans les années 1985 et 1986,une série d’attentats à Paris et d’enlèvementsd’Occidentaux à Beyrouth. Mais il existe biend’autres organisations islamistes au Liban, sus-ceptibles de prêter leur concours aux deux puis-sances régionales, en agissant seules ou sous le« label Al-Qaida ». Les groupes salafistes établisà Tripoli et à Saïda, comme Osbat Al-Ansar, lesPalestiniens du FPLP-CG (Front populaire delibération de la Palestine-Commandement géné-ral) d’Ahmed Jibril, les activistes du PSNS (Partisocial national syrien), sont quelques-uns descandidats potentiels à l’action terroriste.

Le Hezbollah ne contrôle pas tous ces mouve-ments, mais on dit à Beyrouth que le Parti deDieu a « tissé un tapis » au sud du Liban. Celasignifie qu’aucune action violente ne pourrait s’yproduire sans avoir, au minimum, son accordtacite. Au total, cela fait bien des menaces poten-tielles pour la Finul. Et des raisons de penser quecelle-ci, envoyée en gendarme de la paix auLiban, pourrait bien se retrouver en positiond’otage. a

Kolo Barst chante pour le premier festi-val caribéen à Paris (arts plastiques,conteurs, débats, du 27 septembre au1er octobre, à la Maison des cultures dumonde : 01-42-64-58-22). Kolo Barst

est l’auteur de Février 74. Ce lent blues créolearracherait des larmes à un ministre de l’inté-rieur. Il raconte les événements de février 1974en Martinique (punch, cocotiers, sable fin) : lalutte pour le smic horaire à Bas-se-Pointe ; sa féroce répres-sion ; les morts de 1974.

Aimé Césaire est né à Basse-Pointe en 1913. Puisqu’il est lepoète le plus vivant, le grand crinègre, on l’oublie. Février 2006, dans sonbureau :

« Comment vivait-on à Basse-Pointe dans lesannées 1920 ?

– Les planteurs avaient remplacé les esclavespar de nouveaux immigrés venus d’Inde, les“coolies”. Mon père avait appris quelques motspour les saluer, les encourager. Plus loin, unegrosse usine : les Nègres en étaient les ouvriers,des Nègres presque purs. Et plus loin encore, lesBlancs, les propriétaires. Ce petit point de notrepetite île résumait donc le vaste monde : Blancs,Asiatiques, Noirs. J’ai toujours été curieux descivilisations, des tempéraments. Très vite, mon

caractère très personnel s’y est trempé. J’écrivaissur tout ce qui me tombait sous la main. On metrouvait vraiment bizarre.

» Quand je suis arrivé au grand lycée Schœl-cher de Fort-de-France, je ne me sentais pas tou-jours d’accord avec ce que racontaient mes pro-fesseurs. Dans toutes les matières, je retrouvaismes problèmes : en latin, dans l’histoire des Gau-les, dans la formation de la langue française,

l’histoire générale des colonisa-tions, chez les Grecs, partout.

» Je ne lâche jamais les parti-cularismes du créole. Je les sui-vais depuis les langues ancien-nes. Je me suis très tôt passion-

né pour les règles phonétiques très précises aux-quelles le créole – sans qu’intervienne en rien lehasard ou l’ignorance – répond. Le créole, c’estla langue des maîtres appréhendée par desoreilles africaines et restituée par des gosiers afri-cains : ce que m’ont confirmé mes cours de pho-nétique historique en Sorbonne. L’âme africai-ne, vous ne la retrouvez pas dans le vocabulaire,mais dans la syntaxe.

– Césaire, c’est un nom d’esclave ?– Evidemment : le nom du propriétaire de

mon arrière-arrière-grand-père. La premièrefois que mon ami Senghor m’invite au Sénégal,je lui demande de visiter la Casamance. Fantasti-

que ! On dirait la Martinique : je reconnais lesarbres, les climats, c’est une tout autre Afrique.Senghor souhaite me présenter la personne quidirige la région, il s’agit d’une reine, la reineSebeth. Elle décide d’organiser une réception enmon honneur, avec tous les hommes éminentsde la région. Par tous les sentiers de la forêt, ilsdéboulent en tenue d’apparat. On m’assied dansle salon. Brusquement, une porte s’ouvre. Entreune petite dame : la reine Sebeth. Je me lève, jevois la reine, je reste sidéré, je veux l’embrasser :tout le portrait de ma grand-mère Eugénie,Maman Ninie… Mes aïeux viennent de là.

» Je comprends tout à coup pourquoi magrand-mère, dans sa petite commune du Lor-rain, en Martinique, elle qui n’était rien, jouait lerôle de reine du quartier. Aucun évêque, aucundirecteur d’école ne pouvait prendre possessionde sa charge sans rendre visite à Maman Ninie.Qui l’avait nommée ? Personne. Mais tout lemonde l’avait toujours considérée comme unereine, la reine du quartier. Elle n’en savait rien.On m’avait envoyé chez Maman Ninie parcequ’il n’y avait pas d’école à Basse-Pointe. C’estelle qui m’a appris à lire. Un jour, je l’entends quigueule après une jeune fille qui lui demandaitconseil. Elle hurlait : “Epouse-le, il te foutra descoups, et après tu ne viendras pas te plaindre.”Maman Ninie était une reine morale. » a

Variations caraïbes

Bio ma non troppo par Colcanopa

CULTURE

CHRONIQUEFRANCIS MARMANDE

Mission périlleuse au LibanÉDITORIAL

Effort tardif

Société éditrice du Monde SAPrésident du directoire : Jean-Marie Colombani

Directoire : Jean-Marie ColombaniPierre Jeantet, directeur général

Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves RomainDirecteur général adjoint chargé de la presse régionale :

Noël-Jean BergerouxDirecteur de la publication : Jean-Marie Colombani

Directeur délégué : Gérard Courtois,directeur général délégué : Patrick Collard

Directeur des rédactions : Gérard CourtoisDirecteur de la rédaction : Eric Fottorino

Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Le Monde 2), Laurent Greilsamer,Patrick Jarreau, Michel Kajman,

Sylvie Kauffmann et Franck Nouchi (« Le Monde des livres »)Responsable de la conception : Eric Azan

Directeur artistique : Quintin Leeds ; chef d’édition : Françoise TovoDélégué général : Olivier Biffaud, secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco

Médiateur : Robert SoléDirecteur des relations internationales : Daniel Vernet

Conseil de surveillance : Alain Minc, président,Marie-Béatrice Baudet, vice-présidente

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet(1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991),

Jacques Lesourne (1991-1994)Le Monde est édité par la Société éditrice du Monde SA

Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social :149 017 497 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Associés,Société des rédacteurs du Monde, Société des cadres du Monde, Société des employés du Monde,Société des personnels du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Société despersonnels du groupe des publications de la Vie catholique, Association Hubert-Beuve-Méry, Sociétédes lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le MondePresse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Investmonde.

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21

Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;Par courrier électronique : [email protected]

Médiateur : [email protected] : Par téléphone : de France 0-825-000-778 (0,15 TTC/min) ;

de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48. Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/.Changement d’adresse et suspension : 0-825-022-021 (0,15 TTC/min)

Tarif 1 an : France métropolitaine : 349 ¤Internet : site d’information : www.lemonde.fr ; finances :

http://finance.lemonde.fr ;Emploi : www.talents.fr ; Immobilier : http://immo.lemonde.fr

Télématique : 3615 lemonde. Documentation : http://archives.lemonde.frCollection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40

« Le Monde » sur microfilms : 03-88-04-28-60

ANALYSELAURENT ZECCHINI

Le ministre des finances, Thierry Breton,devait présenter, mercredi 27 septembre, unprojet de budget 2007 qu’il a placé sous lesigne de la « responsabilité ». Il prévoit undéficit réduit à 2,5 % du produit intérieur

brut (PIB) et souligne qu’il aura diminué de deuxpoints la dette du pays entre 2006 et 2007.

On peut relever les cadeaux offerts par le premierministre il y a un mois (prime pour l’emploi, allocationsaux étudiants, primes de transport, etc.). On peut argu-menter que le taux de croissance entre 2 et 2,5 % pour2007 sur lequel sont calculés les éléments budgétairesest, selon les économistes indépendants, trop optimis-te. On peut aussi mettre en doute le surcroît de consom-mation des ménages de 0,5 % que produiront les bais-ses d’impôts programmées l’an prochain. Il n’empê-che : l’effort de M. Breton de tenir les comptes de lanation est louable et peu fréquent en année électorale.

Mais il est bien tardif. D’abord parce que ce budgetn’est qu’un demi-budget qui sera logiquement remisen cause par le prochain gouvernement, quelle que soitsa couleur, issu des urnes à la fin du printemps. Sur-tout parce que le quinquennat aura été marqué par qua-tre premières années de grave dérive budgétaire quecet effort de dernière minute est loin de compenser.

Tout le programme électoral de Jacques Chirac étaitappuyé sur une croissance de 3 % l’an. Dès 2002, l’ex-pansion est tombée à 1,2 %, et la France s’est enferméedans une paralysante quasi-stagnation. Mais le gouver-nement, espérant toujours que le ciel allait s’éclairciren cours d’année, n’en a pas tiré les conséquences surses dépenses budgétaires. Le déficit est dès lors passéau-dessus de la barre de Maastricht de 3 % en 2002,2003 et 2004, et est tout juste revenu à 2,9 % en 2005.

La dette du pays a grimpé de huit points de PIB, attei-gnant un record inquiétant, comme en témoigne lenombre de livres qui sortent cet automne sur le thème« On a ruiné nos enfants ». La cause de ces mécomptesest l’inflation des dépenses publiques, qui ont crû tou-tes ces années plus vite que l’économie, alors qu’ellesallaient dans l’autre sens avant 2001.

Le gouvernement a baissé les impôts et vante la réfor-me fiscale qui s’appliquera l’an prochain. Mais, commeil a fortement augmenté les taxes et autres impôtslocaux, le total des prélèvements pesant sur les Fran-çais reste très lourd.

La situation des finances publiques s’est donc forte-ment dégradée sous ce quinquennat. L’effort de M. Bre-ton est tardif et reste largement insuffisant. Surtout, laprise de conscience de l’état réel des finances du paysau sein du monde politique ne semble pas faite, ni chezles socialistes, dont le « projet » prévoit des dépensesnon financées, ni à l’UMP, dont le président hésite sursa philosophie budgétaire. a

0123

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA). La reproduction de toutarticle est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications etagences de presse n° 0707 C 8197 ISSN 0395-2037

PRINTED IN FRANCE

Président : Patrick CollardDirecteur général : Stéphane Corre

80, bd Auguste-Blanqui 75707 PARIS CEDEX 13

Tél : 01-57-28-39-00 - Fax : 01-57-28-39-26

Imprimerie du Monde12, rue Maurice-Gunsbourg

94852 Ivry cedex

2 Jeudi 28 septembre 2006

Page 3: Le Monde 2006.09

Elle a, comme beaucoup, deman-dé une copie intégrale de sonacte de naissance afin d’obtenirun passeport biométrique. Maiselle s’attend, comme certains, à

patienter plusieurs semaines, voire plu-sieurs mois. « Tout ça parce que ma mère aaccouché sous X et que j’ai été adoptée dansles années 1950 !, raconte Graciane, la vice-présidente de l’association Les X en colère.Lesmairies refusentdedélivrerdes copies inté-grales d’acte de naissance aux personnes néessous X ou adoptées, de peur de leur révéler dessecrets sur leurs origines. C’est ridicule et celanous empêche d’obtenir notre passeport !Nous sommes désormais assignées à résiden-ce sur le territoire français. »

Depuis le printemps, tous les citoyensqui demandent un passeport biométriquedoivent présenter à la préfecture une copieintégrale de leur acte de naissance. « Il nes’agit pas d’un simple extrait de naissancemais d’une véritable copie des registres d’étatcivil, précise un magistrat. Ce documentmentionne les lieux et dates de naissance,mais aussi les changements de nom, de pré-nom, de nationalité ou de sexe, les mariages,les divorces, et surtout, la filiation. Si une per-sonneestnée sous X, la copie intégrale lepréci-se. Si une personne a été adoptée, elle lepréciseaussi. Et si cette adoption a eu lieu avant lacréation de l’adoption plénière, en 1966, lacopie indique même le nom des parents biolo-giques. »

Au fil des demandes, lesmairies ont donc appris àmanier ces documents avecd’infinies précautions. « Sinous tombons, en établissantune copie intégrale d’acte denaissance, sur unaccouchementsous X ou une adoption, nousfaisons toujours très attention àne pas dévoiler brutalement cesinformations aux demandeurs,explique Françoise Valette, lachef duservice d’état civilde lamairie du 14e arrondissement,à Paris. C’est à leur famille, pasànous,de leurapprendre lavéri-té sur leurs origines. »

Jusqu’à cette année, ces situationsétaient rares : la copie intégrale de l’acte denaissance n’était demandée que pour lemariage et elle était souvent transmise demairie à mairie sans que les futurs épouxl’aient en main. Depuis l’instauration dupasseport biométrique, des milliers decitoyens se sont adressés à leurs mairiessans se douter que ce document pouvaitleur révéler des secrets de famille. A Lyon,un homme à qui ses parents adoptifsavaient toujours tu son histoire a ainsidécouvert la vérité de sa filiation en faisantrefaire son passeport.

Pour éviter qu’une telle demande setransforme en drame familial, la plupartdesmairiesappliquent l’instructiongénéra-le relative à l’état civil : pour obtenir unecopie intégrale de leur acte de naissance,les personnes adoptées avant 1966 doiventclairement indiquer qu’elles savent avoirété adoptées. Mais que faire si la personnene mentionne pas son adoption ? Com-ment lui refuser un document auquel elle a

droit au motif qu’elle pourrait y découvrirune vérité que ses parents lui ont cachée ?Et comment justifier les délais de réflexion,voire les refus ?

Dans ces situations, les services d’étatcivil tentent, comme ils peuvent, de s’assu-rer que la personne connaît son histoire.« Nous les prenons à part pour les faire par-ler un peu, poursuit Françoise Valette. S’ilsnous disent tout de suite qu’ils ont été adop-tés, nous leur délivrons le document. S’ilsconnaissent des bribes de leur histoire, desrumeurs, des bouts de conversation enten-dues ici et là, nous faisons attention. Enrevanche, si ça ne vient pas, nous évitons deleur remettre la copie en main propre. Nousleur disons par exemple que nous allonscontacter la préfecture. »

Ces précautions, qui aboutissent sou-vent à la saisine du parquet, ont fini parengendrer des lenteurs et des embarrassuperflus. Des personnes qui savaient par-faitement qu’elles étaient nées sous X ontattendu des semaines leur copie intégraled’acte de naissance sans que la mairie leurdonne la moindre explication. Des hom-mes d’affaires pressés qui s’apprêtaient àpartir à l’étranger ont vu leur demande depasseport bloquée alors qu’ils n’ignoraientrien de leur histoire. « J’ai été saisi de troiscas, j’en ai ensuite découvert d’autres, et lesproblèmes iront crescendo au fil des renouvel-lements de passeport, explique le député(UMP) du Rhône, Philippe Cochet. Ces

citoyens adoptés avant 1966font leur demande, mais lesmairies ou les parquets ne leurdonnent aucune nouvelle sansleur expliquer pourquoi. »

Dans une question écritepubliée au Journal officiel le8 août, Philippe Cochet ademandéau ministèrede l’in-térieur de mettre un terme àces difficultés « particulière-ment préjudiciables ».« Nous avons eu le cas d’unegrand-mère qui n’a pas purejoindre ses enfants à l’étran-ger pour les vacances faute de

passeport biométrique alors qu’elle savaitqu’elle était adoptée », poursuit le député.Le ministère de l’intérieur n’a pas encorerépondu à cette question écrite, mais il aprécisé au Monde que les difficultésseraient « traitées au cas par cas afin d’évi-ter que les usagers se voient privés de passe-port et qu’ils apprennent fortuitement la véri-té sur leurs origines ».

Pour le Conseil national pour l’accèsaux origines personnelles (CNAOP), quitente, depuis 2002, de faciliter le rappro-chement entre les enfants adoptés ou néssous X et leurs parents biologiques, les réti-cences des mairies et des parquets sontd’un autre âge. « Elles sont empreintesd’une culture du secret qui n’est plus en adé-quationavec les principesd’aujourd’hui,sou-ligne la secrétaire générale du Conseil,Marie-Christine Le Boursicot. Depuis2002, nous cherchons, au contraire, à aiderles personnes adoptées ou nées sous X àretrouver leurs parents biologiques. Il fauts’adapter à l’évolution de la société. » a

Anne Chemin

Une copie intégrale de l’acte de naissance est exigée lors d’une demande de passeport biométrique.Pour les personnes adoptées ou nées sous X, c’est parfois l’occasion de douloureuses révélations

Le passeport qui en dit trop

SÉCURITÉET ÉTAT CIVIL

Paris Charles De Gaulle et Turinplus proche que jamais.

Réservations auprès desagences de voyages ou surwww.flyairone.it/fr

The Ad Store Italia

104,53*

273,53*

Dès le 29 octobre, découvrez

les nouveaux vols à partir de

Classe Affaires à partir de

the One you choose**

*Le

tari

f,al

lers

impl

e,es

tsuj

età

ladi

spon

ibili

téde

plac

esda

nsla

clas

sedé

diée

,tax

esd’

aéro

port

etsu

rcha

rge

incl

ues.

**l’u

nqu

etu

choi

sis

Découvrez tout le plaisir de voyager avec Air One etvisitez Turin en même temps. Air One c’est le confortdans nos lounges en Italie et ailleurs, c’est Miles &More et d’autres programmes de fidélisation. AirOne, c’est un réseau en expansion, et des connectionsfaciles pour découvrir l’Italie comme vous voulez.

A Lyon, un hommeà qui ses parentsadoptifs avaient

toujours tuson histoire a

découvert la véritéde sa filiation

en faisant refaireson passeport

LYON

CORRESPONDANTE RÉGIONALE

L’histoire circule au palais de justice deLyon. Un homme se serait suicidé en juinen apprenant à la lecture de la copie inté-grale de son acte de naissance, nécessaireà l’établissement de son passeport, qu’ilétait un enfant adopté. Le procureur de laRépublique Xavier Richaud confirme quel’information lui est parvenue mais qu’iln’a pu la vérifier. Saisie d’une autre affairesimilaire mais moins dramatique, la pro-cureure adjointe, responsable de l’étatcivil, Christiane Poli-Dauchelle, a deman-dé au chef du parquet d’interroger la chan-cellerie pour savoir si elle devait ou non

autoriser la mairie de Lyon à transmettrede tels documents susceptibles de romprela confidentialité de la filiation desenfants adoptés avant 1966. « Lorsquenous recevons les dossiers, explique MmePoli-Dauchelle, nous ignorons totalement si lespersonnes concernées connaissent leur vérita-ble filiation. Comment donc juger de l’oppor-tunité de leur communiquer ce document ?Nous avons deux textes qui se contredisent.Nous ne savons que faire ».

En août, M. Richaud a saisi le chef dubureau du droit des personnes au ministè-re de la justice de cette question. Il n’a tou-jours pas reçu de réponse. En attendant, leparquet a décidé de geler ces décisions.

Huit demandes transmises par la mairiede Lyon sont en attente de traitement. A lachancellerie, on indique qu’une réunion aeu lieu entre le ministère de la justice etcelui de l’intérieur, mais qu’aucune solu-tion n’a encore été dégagée. Place Beau-vau, on précise que des instructions ontété données aux préfectures de « traiter lesdossiers au cas par cas ». Le procureur deLyon espère une « réponse globale, applica-ble dans tous les parquets de France, qui per-mette de satisfaire l’exigence de cette pièce,voulue par le gouvernement dans un souci deprévenir la fraude documentaire, sans atten-ter au respect de la vie privée ». a

Sophie Landrin

A Lyon, l’embarras des magistrats

PAGE TROIS0123Jeudi 28 septembre 2006 3

Page 4: Le Monde 2006.09

LE RAPPORT de synthèse du renseigne-ment américain (National IntelligenceEstimates) est intitulé « Tendances duterrorisme mondial : implications pourles Etats-Unis ». Extraits.

« Nous estimons que le mouvementdjihadiste mondial, qui inclut lesréseaux affiliés à Al-Qaida, des grou-

pes terroristes indépendants ainsi que desréseaux et cellules émergentes, se dévelop-pe et s’adapte aux efforts antiterroristes(…). Les activistes qui s’identifient commedes djihadistes (…) augmentent à la fois ennombre et en termes de dispersion géogra-phique. Si cette tendance se poursuit, lesmenaces contre des intérêts américainsaux Etats-Unis et à l’étranger vont êtreplus nombreuses, conduisant à une aug-mentation des attaques dans le monde.Le conflit irakien est devenu une causecélèbre [en français dans le texte] pour les

djihadistes, nourrissant un profond res-sentiment envers l’engagement améri-cain dans le monde musulman et susci-tant des sympathisants pour le mouve-ment djihadiste au niveau mondial.Les djihadistes considèrent l’Europecomme un lieu important pour attaquerdes intérêts occidentaux. Les réseauxextrémistes dans la diaspora musulma-ne en Europe facilitent le recrutement etpréparent le terrain à des attaques urbai-nes comme cela a été illustré (…) àMadrid en 2004 et à Londres en 2005.S’il y avait une perception de victoire dji-hadiste [en Irak], cela inspirerait plus decombattants à poursuivre la lutteailleurs (…), si les djihadistes avaientl’impression et donnaient l’impression,en quittant l’Irak, d’avoir échoué, nouspensons que moins de combat-tants seraient inspirés pour pour-suivre la lutte.

WASHINGTON

CORRESPONDANTE

A45 jours des élections législativesaméricaines du 7 novembre, le cli-mat s’est subitement durci entre

les républicains, qui s’efforcent deconcentrer les débats sur la « guerrecontre le terrorisme », et les démocrates,qui entendent replacer l’Irak au centre dela campagne. Alors que la gauche bénéfi-ciait d’un net avantage dans les sonda-ges, le « septembre sécuritaire » des répu-blicains, doublé d’une diminution nota-ble du prix de l’essence, a vu l’écart seréduire, provoquant la nervosité desdémocrates et l’entrée en piste de l’an-cien président Bill Clinton.

Depuis fin août, le président GeorgeBush avait réussi à imposer un ordre dujour correspondant au sujet qui donneencore un léger avantage à son camp, laprotection des Américains. Le Congrès,qui n’a encore voté aucune loi de finan-

ces et encore moins la réforme de l’immi-gration, a été entièrement mobilisé surles projets de loi sur la détention des sus-pects d’Al-Qaida, les écoutes téléphoni-ques et la sécurité des ports.

En parallèle, une polémi-que s’est développée sur laprétendue faiblesse desdémocrates de l’équipe Clin-ton. Alors qu’il avait acceptéde parler de ses œuvres cari-tatives sur la chaîne conserva-trice Fox News, l’ancien pré-sident s’est soudain retrouvéobligé d’expliquer pourquoiil n’avait pas plus vigoureuse-ment pourchassé OussamaBen Laden, le chef d’Al-Qai-da. Il s’est penché en avant, l’index accu-sateur. « Au moins, j’ai essayé, a-t-il dit.Contrairement à certains… »

Son épouse Hillary, candidate dansl’Etat de New York, l’a défendu en esti-

mant que George Bush était mal placépour critiquer, ayant reçu un mois avantles attentats une note l’informant queBen Laden cherchait à « frapper à l’inté-rieur des Etats-Unis ».

La secrétaire d’EtatCondoleezza Rice, qui étaità l’époque conseillère à lasécurité nationale à la Mai-son Blanche, a vertementrépliqué. « Les démocratesn’ont pas laissé de plan straté-gique » contre le terrorisme,a-t-elle dit. Les chaînes detélévision ont immédiate-ment montré son témoigna-ge devant la commissionofficielle d’enquête sur le

11-Septembre. Elle y reconnaissait quel’équipe Clinton avait laissé « un ensem-ble d’idées », certaines étant potentielle-ment opérationnelles.

Dimanche, l’Irak est tout à coup reve-

nu au premier plan avec la parution dansla presse d’articles résumant la teneurd’un rapport confidentiel du NationalIntelligence Estimates (NIE), rédigé parles seize agences du renseignement etremis au Congrès le 26 avril. Le docu-ment affirme que la guerre a accentué lamenace terroriste et que le mouvementdjihadiste mondial est en expansion.

Le président Bush, visiblement agacé,a dénoncé ces fuites mardi et a pris ladécision, très inhabituelle, de mettre ledocument sur la place publique. Il nes’agit que de trois pages mais les extraitssont sans appel. Dès le milieu de l’après-midi, tous les médias reprenaient l’ex-pression de « cause célèbre », en françaisdans le texte, contenue dans le rapportpour décrire ce qu’est devenu l’Irak pourles djihadistes.

Les démocrates ont tenté de profiterau mieux de la situation. Leur chef de fileà la Chambre des représentants, Nancy

Pelosi, a essayé d’obtenir un débat enséance, mais il a été rejeté. Les républi-cains ont contrecarré en soulignant quele NIE indique qu’un retrait d’Irak seraitconsidéré comme une victoire par les dji-hadistes. Selon eux, M. Bush a donc rai-son lorsqu’il fait de l’Irak le centre de laguerre frontale qu’il entend menercontre Al-Qaida et ses affiliés. « Mon opi-nion est que, si nous n’étions pas en Irak, ils(les djihadistes) trouveraient une excusequelconque parce qu’ils ont de l’ambi-tion », a lui-même assuré M. Bush. Lesdémocrates lui ont demandé de déclassi-fier l’ensemble du rapport.

La stratégie irakienne de l’administra-tion n’a pas évolué. M. Bush attend lesconclusions du groupe de réflexion surl’Irak conduit par l’ex-secrétaire d’EtatJames Baker. Celui-ci a déjà prudem-ment indiqué qu’il ne publiera pas sesrecommandations avant les élections. a

Corine Lesnes

VERBATIM

Une « cause célèbre » pour les djihadistes

A l’hôpital Yarmouk de Bagdad, les malades et leurs pro-ches attendent, mardi 26 septembre, la fin de la grève illimitéelancée par les médecins de l’établissement. Le personnel médi-cal entend protester contre l’attitude d’un commando de policeirakien qui a passé à tabac un des médecins de l’hôpital parcequ’il tardait à prendre en charge l’un de leurs coéquipiers blessé.Selon l’établissement, le policier a été soigné et sauvé un peuplus tard. Les médecins ont prévenu que la grève durerait jus-qu’à ce que le ministère irakien de la défense mette en place des

mesures pour les protéger de la violence des commandos depolice.Selon l’Agence France-Presse (AFP), les violences en Irak ontfait, mardi, au moins 22 morts. Un kamikaze à moto a foncé surle siège du Parti communiste à Bagdad, tuant 5 personnes. Dansle quartier Zayouna (centre), deux bombes ont explosé, tuantdeux civils et blessant 26 personnes. Au sud-ouest de la capita-le, des heurts entre groupes armés ont fait trois morts et dixblessés, selon la police.

« SILENCE ! Personne ne parle ! Saddamdehors ! », a hurlé le juge à l’accusé. Pourla seconde fois en une semaine, le jugeMohamed Al-Oreibi Al-Majid Al-Khalifaa ordonné, mardi 26 septembre, l’expul-sion de Saddam Hussein. Depuis l’ouver-ture du procès de l’ex-raïs, jugé pour géno-cide contre les Kurdes dans l’affaire descampagnes « Anfal » en 1988, les cris etles gesticulations font plus de bruit que lestémoignages des victimes qui se succè-dent à la barre.

Un premier juge, Abdallah Al-Amiri, aété révoqué, le 19 septembre, après avoirdéclaré au tribunal que « Saddam Hus-sein n’était pas un dictateur ». Sa révoca-tion a entraîné le boycottage des avocatsde la défense, l’arrivée d’avocats commisd’office par le nouveau juge. Et, finale-ment, une confusion totale qui a conduit,mardi, le juge à suspendre les audiencesjusqu’au 9 octobre.

« Ce n’est pas le procès que nous atten-dions, déplore Seywan Barzani, représen-tant des Kurdes d’Irak en France. Ildevait être retentissant. Nous voulions quetous les Irakiens apprennent notre histoire.Au final, c’est du sabotage ! Ce procès reflè-te l’état actuel de l’Irak. Il est chaotique,mal foutu et communautariste. »

Soulagement chez les KurdesOutre les incidents liés au renvoi du

premier juge, M. Barzani critique le choixdes juges, opéré, selon lui, d’après des cri-tères confessionnels. Lors du premier pro-cès de Saddam Hussein, qui concernaitl’assassinat de 218 chiites à Doujaïl en1982 et dont le verdict est attendu en octo-bre, le juge était kurde. Aujourd’hui, oùl’on juge un « génocide » contre les Kur-des, le juge est chiite. « Comme si c’étaitun gage d’intégrité ! s’insurge M. Barzani.Pourquoi n’est-il pas kurde, chrétien ou sun-nite ? Ce choix institutionnalise, dans l’en-ceinte du tribunal, les divisions communau-taires de l’Irak. Le dialogue de sourds que selivrent la défense et la partie civile est égale-ment significatif. Les uns dénoncent “les cri-

mes d’un monstre”, les autres “des traîtres àla solde de l’Iran”. Les témoins évoquent les“peshmergas”, la défense les “rebelles”… Lesavocats ne sont même pas parvenus à s’ac-corder sur un lexique commun. Comment,dans ces conditions, espérer un résultat ? »

Un enjeu du procès repose en partiesur les termes utilisés. Pour prouver qu’ily a eu génocide, les avocats de la partiecivile doivent démontrer que les Kurdesont été visés en tant que groupe ethni-que. Outre que les traductions des témoi-gnages sont, selon M. Barzani, « lentes etincorrectes », les témoins ont été choisisau hasard. « L’un d’eux raconte qu’il a per-du sept de ses proches, un autre vingt-cinq,commente-t-il. Sur le plan juridique, celane fait pas avancer le procès. »

Chris Kutschera, expert du Kurdistan,porte un regard plus positif sur le procèsde l’ancien raïs. De retour d’un voyagedans le Kurdistan irakien, il décrit « la fiè-vre qui s’est emparée des Kurdes, clouésdevant leurs postes de télévision chez euxou, en foule, dans les tchaïkhané, “les mai-sons de thé”. Pour la génération qui a vécules campagnes d’Anfal, entendre les détailsde ce qu’elle a subi est un grand soulage-ment. “Ce que nous avons souffert est entrain de rentrer dans l’Histoire”, m’a dit unKurde de Dohouk. »

Les élites locales, en revanche, regret-tent les lacunes du procès. « Ils estimentque les experts ne sont pas suffisammentarmés juridiquement pour mener un procèspourgénocide,explique M. Kutschera. Poureux, ce tribunal n’est pas à la hauteur du défiposé. » « J’espère que ce procès révélera qu’ila existé des soldats irakiens qui ont déposéleur fusil et refusé les ordres, conclut-il. Onsait pratiquement tout sur Saddam Hussein.Mais on ignore comment sa machine à tuer apu fonctionner si longtemps, sans le moindregrain de sable pour la faire vaciller. » a

Cécile Hennion

»

« Au moins,j’ai essayé

[de pourchasserBen Laden],

contrairementà certains… »

Bill Clinton

IRAK UN HÔPITAL DE BAGDAD EN GRÈVE POUR PROTESTER CONTRE LES VIOLENCES POLICIÈRES

En pleine guerre antiterroriste, leprésident du Pakistan, Pervez Mus-harraf, a eu le temps d’écrire ses

mémoires et de les publier chez un édi-teur américain. Entre deux rendez-vousavec le président George Bush, il fait lapromotion de son livre sur les chaînes detélévision et dans les cercles de réflexionaméricains.

Mardi 26 septembre au soir, M. Mus-harraf était l’invité du « Daily Show » deJon Stewart, une émission télévisée trèspopulaire mais politiquement très incor-recte, diffusée par Central Comedy. C’estla première fois qu’un chef d’Etat se pro-duit dans ce programme, a fortiori unancien général parvenu au pouvoir parun coup d’Etat. Il a fait le salut militaireen arrivant sur le plateau.

Cinq ans après le 11-Septembre,M. Musharraf parle en toute franchise,sans ce soucier de froisser les responsa-bles américains, afghans et indiens.

Dans son livre, In the Line of Fire, il affir-me que, tout de suite après les attentats,les Etats-Unis l’ont menacé de ramenerle Pakistan « à l’âge de pierre » s’il ne pre-nait pas le parti de Washington. Les inté-ressés ont démenti avoir utilisé cetteexpression.

« Plus d’extrémisme dans le monde »Mardi, M. Musharraf a confirmé ce

qu’il avait écrit sans développer davanta-ge. Il révèle dans ses mémoires que lePakistan a capturé 689 suspects et en aremis 369 aux Etats-Unis. « Nous avonsgagné des millions de dollars de prime »,a-t-il dit. Il met notamment en cause lesEtats-Unis et l’Arabie saoudite pouravoir produit un « monstre » en soute-nant les islamistes contre l’URSS dansles années 1980.

Dans un entretien à la chaîne de télévi-sion CNN, M. Musharraf a reproché àHamid Karzaï, le président afghan, de

« faire l’autruche » et de ne pas voir« l’insurrection pachtoune » qui est entrain de se développer dans son pays.M. Karzaï a répondu qu’il « connaissaitparfaitement ses difficultés ». Les deuxhommes doivent participer à un dînermercredi autour de M. Bush.

Cela n’empêche pas M. Musharraf decontredire le président américain sur laguerre en Irak. Selon lui, elle a « certaine-ment conduit à plus de terrorisme et d’ex-trémisme dans le monde ».

« De George W. Bush ou Oussama BenLaden, qui gagnerait un vote populaire auPakistan ? », lui a demandé Jon Stewart.« Je pense qu’ils perdraient tous les deuxlamentablement », a répondu le chef del’Etat pakistanais. La semaine dernière,des rumeurs de putsch ont traversé lePakistan alors que M. Musharraf était àNew York, trahissant la nervosité quirègne à Islamabad. a

C. Ls (Washington, correspondante)

IRAK JUSTICE

Confusion au procès de Saddam Husseinjugé pour « génocide » des Kurdes

wwwSur lemonde.fr : « Les visages de Saddam

Hussein, de la guerre au procès » (portfolio).

KHALID MOHAMMED/AP

M. Musharraf : 369 suspects contre des millions de dollars

ÉTATS-UNISCondamnation d’un Pakistanaisaccusé d’avoir voulu acheterdes missiles pour Al-QaidaSAN DIEGO. Un Pakistanais, accuséd’avoir voulu revendre de la drogue afind’acheter des missiles antiaériens pourle mouvement djihadiste Al-Qaida, a étécondamné, mardi 26 septembre, à dix-huit ans de prison par un tribunal de

San Diego (Californie). Syed MustajabShah, 55 ans, arrêté en 2002, avait plai-dé coupable. Ses deux coaccusés, lePakistanais Muhammed Abid Afridi etun Américain d’origine indienne, IlyasAli, avaient été condamnés en avril àcinq ans de prison.Les trois hommes s’étaient rendus deKarachi (sud du Pakistan) à Hongkongle 15 septembre 2002 pour négocier

l’échange avec des Américains de 5 ton-nes de haschisch et 600 kg d’héroïnecontre la valeur de quatre missiles antiaé-riens portables Stinger, destinés, seloneux, à Al-Qaida ou aux talibans afghans.Leurs interlocuteurs américainss’étaient avéré être des agents gouverne-mentaux, et les autorités de Hongkongles avaient ensuite extradés vers lesEtats-Unis. – (AFP.)

INTERNATIONAL

Etats-Unis La « guerre contre le terrorisme » domine la campagne pour le scrutin législatif du 7 novembre

L’Irak et Al-Qaida, enjeux des élections américaines

4 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 5: Le Monde 2006.09

LE DOSSIER libanais et les relations aupoint mort entre l’Elysée et la Syrie sontvenus jeter une ombre sur le 11e Sommetde la francophonie, qui se tient, jeudi 27et vendredi 28 septembre à Bucarest, enprésence de Jacques Chirac et d’unesoixantaine de chefs d’Etat et de gouver-nement. Le président du Liban, EmileLahoud, a accusé, mercredi, la Franced’avoir exercé des pressions sur la Rouma-nie pour qu’il ne soit pas invité.

M. Lahoud a jugé « profondémentregrettable que le président roumain se soitsoumis aux pressions directes exercées par leprésident français, Jacques Chirac, et n’aitpas adressé une invitation au chef de l’Etatlibanais, contrairement aux us et coutumesinternationales ». Il a annoncé que leLiban boycotterait le sommet, et que tou-te participation d’un responsable libanaisserait considérée comme une « présencepersonnelle ».

Le porte-parole de l’Elysée, JérômeBonnafont, a démenti, mercredi, que lamoindre pression ait été exercée sur laRoumanie en vue d’écarter M. Lahoud. Ila affirmé qu’il n’y avait eu, sur cette ques-tion, aucun contact entre M. Chirac et leprésident roumain, Traian Basescu. « LaRoumanie a souhaité inviter le Liban dansles formes qui mettent les actions de la fran-cophonie en conformité avec les décisions del’ONU », a dit M. Bonnafont.

Le premier ministre libanais, FouadSiniora, qui, lui, a été invité, a décidé dedécliner l’offre, compte tenu des tensionsque suscite cet épisode au sein du pouvoirlibanais. M. Siniora a fait savoir qu’ildépêcherait à Bucarest son ministre de laculture, Tarek Mitri, à titre personnel.

Le président Lahoud est accusé par lamajorité parlementaire au Liban d’êtrel’homme de la Syrie, dont les relationsavec la France se sont détériorées en2004 lorsque Paris et Washington ont tra-vaillé de concert au vote de la résolution

1559 du Conseil de sécurité de l’ONU. Cetexte réclamait le départ des troupessyriennes du Liban et la tenue dans cepays d’une élection présidentielle libre detoute ingérence.

M. Lahoud s’oppose au désarmementdu mouvement chiite Hezbollah, qui estappuyé par la Syrie et l’Iran. Il impute à laFrance sa mise en quarantaine par unepartie des pays occidentaux, depuis l’as-sassinat, en février 2005, du premierministre libanais Rafic Hariri, avec lequelM. Chirac entretenait des liens étroits.M. Siniora a été, à l’inverse, l’interlocu-teur privilégié de la France lors des effortsdiplomatiques visant à mettre fin auconflit de juillet et août entre le Hezbollahet Israël. Cette activité diplomatique adébouché sur le vote de la résolution 1701à l’ONU et le renfort de la force internatio-nale déployée au Liban sud. Cette présen-ce militaire renforcée et le rôle éminentqu’y jouent les troupes françaises ont étécritiqués par M. Lahoud, qui a estimé quecela équivaudrait à imposer un nouveaumandat au Liban.

M. Chirac, qui a fait de son soutien auLiban un élément important de sa politi-que étrangère, devait saisir l’occasion dusommet de Bucarest pour mobiliser lespays francophones autour du thème de lareconstruction du pays du Cèdre et de larestauration de sa pleine souveraineté.

La déclaration finale du sommetdevrait comporter plusieurs paragraphesconsacrés au Liban. Beyrouth avaitaccueilli, en 2002, un Sommet de la fran-cophonie, événement perçu comme unsymbole de la reconstruction du paysaprès la guerre civile. M. Lahoud avait àl’époque joué l’hôte du sommet, au coursduquel la France avait pesé pour que ladimension politique de la francophoniesoit renforcée. a

Natalie Nougayrède(avec Mouna Naïm à Beyrouth)

Dans un entretien au « Monde »,le Sud-Coréen se dit « trèsencouragé » par les scrutinsinformels organisés au Conseilde sécurité. Le mandat deM. Annan expire le 31 décembre

mod

.GA

428

GA

415

ww

w.g

iorg

ioar

man

i.com

Ban Ki-moon, soutenu par Washington,est favori pour succéder à Kofi Annan

NEW YORK (Nations unies)CORRESPONDANT

Le ministre des affaires étrangèressud-coréen, Ban Ki-moon, un diplo-mate effacé, a émergé comme favori

pour succéder, après le 31 décembre, àKofi Annan au poste de secrétaire géné-ral de l’ONU. A la veille d’un scrutin infor-mel, mais potentiellement décisif, prévujeudi 28 septembre à l’ONU, le candidatsud-coréen bénéficie, selon des sourcesdiplomatiques, de l’appui discret desEtats-Unis et ne semble pas susciter l’op-position des quatre autres membres per-manents du Conseil de sécurité.

Dans la suite d’un l’hôtel, en face del’ONU, M. Ban, entouré de son équipe,affiche un sourire modeste. « Je suis trèsencouragé par mes premiers résultats »,déclare au Monde le ministre, dans unfrançais hésitant. Visage lisse, lunettesfines, le candidat, âgé de 62 ans, a toutesles raisons d’être optimiste. Au cours dudernier scrutin informel, le 14 septem-bre, il a remporté le soutien de 14 des15 pays siégeant au Conseil de sécurité.

Officiellement, il revient aux 192 mem-bres de l’Assemblée générale de l’ONUde nommer le successeur de Kofi Annan,sur recommandation du Conseil de sécu-rité. Dans les faits, les cinq membres per-manents du Conseil (Chine, Etats-Unis,France, Grande-Bretagne et Russie)départagent les candidats au cours d’unprocessus très secret, fait de votes infor-mels, à bulletins secrets. Cette année, envertu d’une tradition de rotation entre les

continents, le poste doit revenir à l’Asie.M. Ban n’est réputé ni pour son cha-

risme ni pour son éloquence. Son débitest lent, sa voix timide et ses paroles, enanglais comme en français, prudentes etmesurées. « Lorsque c’est nécessaire, j’élè-ve la voix », se défend M. Ban. « Mon sty-le de leadership est, pourrait-on dire,“soft”, mais j’ai à gérer des dossiers très dif-ficiles, et si j’étais peu actif ou timide, mongouvernement ne m’aurait pas nommé àce poste », poursuit-il.

De fait, M. Ban est un professionnelde la diplomatie, cordial, doté d’une soli-de expérience de médiateur. En presquequarante ans de carrière, il a occupé lesplus hauts postes, y compris auprès del’ONU, et a personnelle-ment géré la crise nucléairenord-coréenne. « J’ai étédeux fois conseiller à la sécuri-té nationale, pour deux prési-dents différents », fait-ilvaloir.

M. Ban fait campagne surle thème de la réforme del’ONU, si cher à Washing-ton, et prône un « change-ment de culture » de nature à« relever le professionnalismeet l’intégrité » de l’organisation. Il veut« réduire les incompréhensions » entrel’ONU et les Etats-Unis.

Selon des sources diplomatiques, lesEtats-Unis, qui n’ont jamais voulu d’unhomme fort à la tête de l’ONU, ont indi-qué à quelques pays, notamment par lavoix du numéro trois du départementd’Etat, Nicholas Burns, qu’ils soute-naient Ban Ki-moon et souhaitaientaccélérer le processus. Si, jeudi, le sou-tien des cinq permanents du Conseildevient apparent, son élection pourraitêtre précipitée. Mais les revirementsfont aussi partie du processus.

Shashi Tharoor, l’adjoint de Kofi

Annan chargé de la communication, luiaussi candidat, n’a d’ailleurs pas jetél’éponge. Arrivé second, avec 10 voix sur15, l’écrivain indien espère rallier despays qui ont soutenu plusieurs candi-dats à la fois. L’homme est brillant,loquace, en français notamment, et àl’aise devant les caméras.

La France, elle, reste très discrète surson candidat. « Nous sommes attachés àce que le secrétaire général puisse tra-vailler en français », explique toutefoisl’ambassadeur de France à l’ONU, Jean-Marc de la Sablière. Ban Ki-moon l’acompris. Il prend quatre heures decours de français chaque week-end.

Les observateurs jugent sa campagne« très professionnelle ».Lorsque le président fran-çais, Jacques Chirac, a pré-senté à l’ONU son projet detaxe sur les billets d’avionspour financer la luttecontre le sida, M. Ban a prisla parole pour annoncer, enfrançais, que son gouverne-ment participerait au pro-jet. Il a voyagé dans tous lespays membres du Conseilde sécurité, distribuant à

l’occasion les largesses que peut sepayer un pays à l’économie florissante.

Aucun des candidats de dernièreminute ne semble en mesure de renver-ser la tendance. Ni la présidente lettone,Vaira Vike-Freiberga, contre laquellejoue le jeu régional, ni l’universitaireafghan Ashraf Ghani, peu connu. Arrivétroisième, le premier ministre adjoint dela Thaïlande, Surakiart Sathirathai, aété affaibli par le coup d’Etat dans sonpays. Et les candidatures des diploma-tes jordanien, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hus-sein, et sri-lankais, Jayantha Dhanapa-la, n’ont jamais décollé. a

Philippe Bolopion

« Mon stylede leadership est,pourrait-on dire,

“soft”, [mais] lorsquec’est nécessaire,j’élève la voix »

Ban Ki-moon

DIPLOMATIE ÉMILE LAHOUD ACCUSE JACQUES CHIRAC

La crise avec la Syrie exclut le Libandu Sommet de la francophonie

EST-CE la fin de l’état de grâce en Mauri-tanie ? Alors que les échéances électora-les se rapprochent – législatives et muni-cipales en novembre, présidentielle enmars 2007 –, les critiques pleuvent sur lajunte au pouvoir, accusée de mettre encause le processus du retour à la démocra-tie présenté, jusqu’à présent, comme unmodèle pour l’Afrique.

Paradoxalement, l’ancienne forma-tion au pouvoir, le Parti républicain pourla démocratie et le renouveau (PRDR), seretrouve au côté d’une kyrielle d’organi-

sations qui lui étaient opposées pourdénoncer « l’ingérence » de la junte dansle processus électoral.

Ces accusations laissent de marbre lechef de la junte, le colonel Ely OuldMohammed Vall, président d’un payspauvre et peu peuplé mais doté de res-sources minérales, halieutiques et pétro-lières considérables.

De passage mardi 26 septembre àParis, où il a été reçu par le président fran-çais Jacques Chirac, avant de participerau Sommet de la francophonie à Buca-

rest, cet officier austère s’est défendu derevenir sur ses promesses. « On fait denous des boucs émissaires. Nous ne remet-trons pas en cause nos engagements. Lesélections seront libres, transparentes. L’ad-ministration restera neutre. Les observa-teurs indépendants seront les bienvenus etaucun des responsables actuels ne se présen-tera », affirme-t-il au Monde.

Si, en France, l’ancienne puissancecoloniale, le discours continue à séduire,en Mauritanie les partis politiques redou-tent que, derrière les mots, la junte ne

cherche à susciter des candidats « indé-pendants » pour faire pièce aux forma-tions traditionnelles et barrer la route àun possible retour du parti de l’ex-prési-dent Maaouiya Ould Taya. Des réunionsà la présidence avec des personnalités dela société civile nourrissent ces craintes.

Les calculs prêtés à la junte agacent lecolonel Vall. « On ne force personne à seprésenter, affirme l’homme fort de Nouak-chott. Mais les partis traditionnels sont fos-silisés. Ils ne séduisent qu’une minorité deMauritaniens, peut-être un électeur sur

dix. Les autres sont tentés de se tourner versdes indépendants. Les partis classiques nepeuvent pas s’y opposer. »

Quant à l’hypothèse d’une victoire duparti de l’ancien chef d’Etat, aujourd’huiexilé à l’étranger, le président la balaied’un revers de la main. « Les Maurita-niens ont tiré un trait sur le passé et çam’étonnerait qu’il gagne. Mais si ce devaitêtre le cas, nous respecterions le choix desMauritaniens. Nous sommes des arbitres.Pas des joueurs. » a

Jean-Pierre Tuquoi

MAURITANIE AVANT LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DE NOVEMBRE

Le chef de la junte mauritanienne se présente en « arbitre » du processus démocratique

INTERNATIONAL0123Jeudi 28 septembre 2006 5

Page 6: Le Monde 2006.09

JAPON

Shinzo Abe formeun cabinet à tonalitéconservatrice et veutrenforcer ses pouvoirsLa chasse aux corrompus, dont la

dernière victime est le chefdu PC à Shanghaï, s’inscrit dansune lutte de factions opposantl’actuel président et les prochesde son prédécesseur, Jiang Zemin

TOKYO

CORRESPONDANTLe cabinet formé mardi 26 septembrepar le nouveau premier ministre japo-nais, Shinzo Abe, a une forte tonalitéconservatrice. Plus que la diversité dessensibilités au sein du Parti libéral démo-crate (PLD), sa composition témoigne dusouci de M. Abe de s’entourer de person-nes partageant ses idées sur les dossiersqui lui tiennent à cœur et de celles quil’ont soutenu dans sa campagne. Il reflè-te également les priorités du premierministre : mettre l’accent sur la diploma-tie et la sécurité nationale.

M. Abe entend renforcer les pouvoirsde décision du bureau du premier minis-tre en prenant modèle sur le NationalSecurity Council de la Maison Blanche. Ila augmenté le nombre de ses conseillers.Des postes nouvellement créés revien-nent ainsi à Yuriko Koike, chargée de lasécurité nationale, et à Kyoko Nakayama,qui suivra la question des kidnappés japo-nais par des agents nord-coréens dansles années 1970-1980. Une question surlaquelle M. Abe a toujours fait preuved’une intransigeance qui lui a valu unebonne part de sa popularité. Le secrétairedu cabinet et porte-parole du gouverne-ment, de fait le « numéro 2 » de l’équipeau pouvoir, Yasuhisa Shiozaki, économis-te de formation, ancien vice-ministre desaffaires étrangères, est une personnalitétrès proche de M. Abe.

Réformes économiquesLe ministre des affaires étrangères Taro

Aso, qui conserve le portefeuille qu’il avaitdans le précédent gouvernement, s’estengagé au cours d’une conférence de pres-se à favoriser une rencontre au sommetentre M. Abe et le président chinois, HuJintao. Peut-être, dès novembre dans lecadre du Forum économique Asie-Pacifi-que. M. Aso, qui est arrivé en seconde posi-tion dans la course à la présidence du PLDaprès M. Abe, semble avoir assoupli saposition vis-à-vis de la Chine et de la Coréedu Sud après avoir attisé la tension par desdéclarations quelque peu provocatrices.

L’autre rival de M. Abe dans la campa-gne pour la présidence du PLD, Sadaka-zu Tanigaki, ministre des finances ducabinet sortant, a été écarté du gouverne-ment. Il a été remplacé par Koji Omi.

M. Abe, qui s’est engagé à poursuivreles réformes structurelles de son prédéces-seur Junichiro Koizumi, n’a pas confié lesportefeuilles économiques à des « poidslourds » du PLD. Hiroko Ota, professeured’économie, prend les fonctions de minis-tre d’Etat chargée de la politique économi-que et budgétaire. Proche de Heizo Take-naka, qui fut à différentes fonctions l’arti-san du redressement du système bancaireet des réformes dans les cabinets Koizu-mi, Mme Ota devrait poursuive sur cettevoie sans que l’on s’attende à de nouvellesinitiatives. Le portefeuille de l’économie,du commerce et de l’industrie (METI)revient à un bureaucrate, Akira Amari,qui a été ministre du travail dans lesannées 1990 et a fortement soutenuM. Abe dans sa course au pouvoir. a

Philippe Pons

TRENTE ANS D’HISTOIRE ET DE RÉVOLTES

ManiManière de voir 89re de voir 89Bimestriel, octobre-novembre 2006

TRENTE ANS D’HISTOIRE ET DE RÉVOLTESUN AN APRÈSLes raisons d’une colère, par Laurent BonelliCasser l’apartheid à la française, par Dominique VidalComment la droite américaine exploitait les émeutes, par Serge HalimiQuartiers populaires et désert politique, par Abdellali Hajjat, etc.

SÉGRÉGATION URBAINELa gauche et les cités, un rendez-vous manqué,par Olivier MascletReplis communautaires à Sarcelles,par Akram B. EllyasCe que Dreux nous a appris, par Paul Moreira, etc.

ENFANTS DE L’IMMIGRATIONLes femmes des quartiers sortent de l’ombre,par Marina Da SilvaIl n’y a pas de « modèle », par Gérard NoirielEnseigner dans des banlieues perdues,par Maurice LemoineCes « étrangers » si vulnérables, si coupables,par Alain Gresh, etc.

100 pages - 7 € - Chez votre marchand de journaux

LE MONDE diplomatique

En Chine, la lutte anticorruptionconforte l’influence du président Hu Jintao

84 rue de Rennes33 rue P.Champs25 rue du Commerce115 rue d’Alésia52 rue St-Placide91 rue la Boétie

Paris 6Paris 1Paris 15Paris 14Paris 6Paris 8

M°RennesM°BourseM°P.-GrenelleM°AlésiaM°St-PlacideM°F.-Roosevelt

SHANGHAÏ

CORRESPONDANTLe scandale des fonds de pension quisecoue Shanghaï illustre l’ampleur desdistorsions que, en matière de techni-ques de gestion et de lois du marché,peut générer un système d’administra-tion essentiellement non démocratiqueet non concurrentiel des affaires publi-ques et privées. Que Shanghaï, la plussophistiquée des économies chinoises,soit au cœur de la tourmente, accroît lesenjeux.

Depuis l’installation à Shanghaï enaoût d’inspecteurs de la Commission disci-plinaire centrale du parti, se dessine unecartographie des pratiques dont se nour-rit la transition économique chinoise. Aumoins une dizaine de personnalités del’élite de Shanghaï sont aujourd’hui inter-rogées par les enquêteurs, pour un détour-

nement de fonds de près de 3 milliards deyuans (300 millions d’euros).

Comme les autres collectivités locales,Shanghaï reçut, à la fin des années 1980,la mission de gérer elle-même les retraitesde ses quelque 17 millions de résidents.L’administration concernée crée d’abordune société mais subit de lourdes pertes.Pour plus de sécurité, les fonds sontconfiés à un professionnel de la finance,la Shanghai Pudong Development Bank,qui s’engage sur un taux fixe de retour.Or la banque, liée au pouvoir local, vafinancer plusieurs projets immobiliersde grande envergure.

En 1997, le gouvernement central,conscient des dérives, impose que lesfonds de pension soient placés dans desbons du Trésor. Le Bureau du travail etdes affaires sociales de Shanghaï mettraplusieurs années à recouvrer les fonds

confiés à la Pudong Development Bank,mais procédera à d’autres placementsvia de nouvelles entités. En outre, la cais-se qui regroupe les contributions patro-nales n’est pas concernée.

Nouvelles règlesSont aujourd’hui éclaboussées par le

scandale Shanghaï Electric, le fournisseurd’électricité de la mégapole, Fuxi Invest-ment, qui a financé avec l’argent des retrai-tes l’autoroute Shanghaï-Hangzhou, ouencore le groupe New Huangpu. Autrepromoteur concerné, Shui On Land, lasociété de Hongkong qui a créé Xintiandi,un quartier « branché » au cœur de Shan-ghaï : elle vient d’annoncer le rembourse-ment anticipé des prêts accordés par laShanghai Pudong Development Bank.

Si Pékin a déjà fait savoir que de nouvel-les règles allaient être mises en place, et que

la gestion des fonds de pension pourraitêtre recentralisée, on peut douter que toutela lumière soit faite sur l’audit de Shanghaï.Déjà, la presse officielle se félicite que« presque toutes les sommes ont été récupé-rées ». In fine, c’est le système politique quiserait mis en question par la population quiest exaspérée par les compensations à basprix, les procédés mafieux des sociétés dedémolition, le silence des médias locaux etl’impossible recours à la justice.

Mercredi 27 septembre, devant leBureau du travail et des affaires socialesde Shanghaï, où ils manifestent chaquesemaine depuis trois ans pour que leurpension soit relevée, des retraités avaientsorti un écriteau conciliant : « Nous soute-nons la décision sage du gouvernement cen-tral contre les officiels corrompus. » Un poli-cier s’empressa de l’arracher. a

Brice Pedroletti

PÉKIN

CORRESPONDANT

Une fois de plus, le régime pékinoisvient de mettre en pratique le vieuxproverbe chinois recommandant la

méthode suivante : « Il faut tuer un pouletpour effrayer les singes. » Le poulet, en l’oc-currence, est Chen Liangyu, secrétaire duParti communiste de Shanghaï limogépour corruption, lundi 25 septembre.C’est un cacique d’importance puisqu’ilétait à la fois le numéro un du Parti com-muniste chinois (PCC) dans l’entité urbai-ne la plus prospère du pays et un membredu bureau politique.

Depuis l’éviction et la condamnation àquinze ans de prison, en 1995, de ChenXitong, l’ex-maire de Pékin, on n’avait pasvu un dignitaire aussi haut placé faire lesfrais d’une purge anticorruption. Lanomenklatura de Shanghaï se retrouvesous haute surveillance : des policiers ontété déployés dans les ports et aéroports dela cité pour éviter la fuite de responsablessoupçonnés tandis que les passeports deshauts dirigeants locaux ont été confis-qués, selon les quotidiens hongkongaisTa Kung Pao (proche de Pékin) et Hon-gkong Economic Times.

La strangulation du poulet supposantqu’il y ait des singes à effrayer, le messageenvoyé par le président Hu Jintao, égale-ment chef du PCC, est limpide : il s’agit deréaffirmer la prééminence, urbi et orbi, dela direction centrale du parti auprès desprovinciaux,dont les responsables ont ten-dance à prospérer dans leur jungle respec-tive. Les observateurs voient dans ce limo-geage hautement médiatisé en Chine unefaçon de dire aux gradés du parti que per-sonne n’est à l’abri de la punition impéria-le et de démontrer au public qu’en cestemps incertains, où le rythme de la crois-sance creuse les inégalités, les « crimes éco-nomiques » ne resteront pas impunis.

Mardi, la presse s’est fait l’écho de l’évé-nement, souvent en « une » des journaux.L’organe du comité central du parti, LeQuotidien du peuple, s’est offert le luxe depublier une page réservée aux commentai-res des internautes. Il en a été de mêmesur le site de l’agence de presse Chine nou-velle, Xinhua.net, où l’on pouvait lire desréflexions du genre : « Le pouvoir absolupeut provoquer la corruption absolue. Il fautdonc en finir avec le clientélisme, rendre aupublic la gestion des affaires publiques etveiller à la transparence dans la promotiondes cadres… » M. Chen est aussi la premiè-re victime d’importance d’une campagneanticorruption déclenchée au printemps.

Des têtes tombent : en juin, le vice-mai-re de Pékin, Liu Zhihua, a été limogé pourcorruption et « comportement dissolu »

après avoir été notamment accusé d’entre-tenir à grand frais une concubine. Lemême mois, le vice-chef d’état-major de lamarine, Wang Shouye, qui était égale-ment membre du Comité permanent del’Assemblée générale du peuple (ANP), aété démis de toutes ses fonctions pour« crime économique ». En août, le direc-teur du bureau municipal du travail et desaffaires sociales de Shanghaï, Zhu Junyi, aété écarté pour avoir touché des pots-de-vin et pioché dans la caisse de son départe-ment. La liste est non exhaustive.

Vers le 17e congrès du partiMais derrière la volonté affichée de pur-

ger les « ripoux », se cache le souci du pré-sident Hu d’assurer son contrôle de l’appa-reil : Chen Liangyu était non seulement le

secrétaire du parti de la capitale économi-que de la Chine mais aussi le chef de file dela soi-disant « clique de Shanghaï », dontl’ancien président Jiang Zemin fut lepatron. A l’approche du 17e congrès du par-ti, l’année prochaine, il s’agit pour Hu Jin-tao de se débarrasser des affidés deM. Jiang, dont l’influence reste importan-te à Shanghaï et même parmi les 24 mem-bres du bureau politique. Mais le quoti-dien hongkongais The South China Mor-ning Post estimait, mercredi, que le limo-geage de l’ancien homme fort de Shan-ghaï indique que l’« ère de Jiang Zemin seclôt tandis que l’aube se lève vraiment désor-mais sur celle de Hu Jintao ». La mainmisede M. Hu sur la direction collégiale du par-ti semble en effet en bonne voie. a

Bruno Philip

Des habitants de Shanghaï ont manifesté, jeudi 21 septembre, devant le Bureau du travail et des affaires sociales après avoir apprisle scandale des fonds de pension. Le chef du Parti communiste de la ville a, depuis, été limogé. PATRICK ZACHMANN/MAGNUM

ISLAMLa Conférence islamiqueexige des excuses du papeNEW YORK. Réunis en marge del’Assemblée générale des Nationsunies, les ministres des affairesétrangères de l’Organisation dela Conférence islamique (OCI) –qui regroupe 56 Etats musul-mans – ont demandé au papeBenoît XVI, mardi 26 septembre,de présenter ses excuses après

son discours du 12 septembre enAllemagne sur l’islam et la violen-ce. Exprimant leur « profondregret » devant de telles déclara-tions, les ministres exigent duVatican qu’il les « retire » ou les« corrige ». Ils disent craindreque ces propos « n’engendrentune situation de tension entre lemonde musulman et le Vatican, audétriment des intérêts des deux par-ties ». – (Reuters.)

CATHOLICISMEMgr Milingo, ex-archevêquede Lusaka, excommuniéVATICAN. Emmanuel Milingo,76 ans, ancien archevêque de Lusa-ka (Zambie), a été excommuniépar le pape, mardi 26 septembre,après avoir ordonné, dimanche àWashington, quatre évêquesmariés. Les relations entre Romeet Mgr Milingo étaient depuis long-temps orageuses. Connu pour sestalents d’exorciste, il avait épousé,en mai 2001 à New York, MariaSung, une Coréenne de 48 ans,membre de la secte Moon. Mais,en août suivant à Castelgandolfo, ilse repentait devant le pape, provo-quant à Rome des manifestationsde la secte Moon et une grève de lafaim de Maria Sung. Réapparais-sant en juillet 2006 à Washington,Mgr Milingo avouait avoir repriscontact avec la secte et revivre avecMaria Sung. Il se lançait dans unnouveau combat pour le mariagedes prêtres, que le Vatican, aprèsavoir « attendu avec une patiencevigilante », vient de sanctionner.

IRAN-RUSSIELa centrale nucléairede Bouchehr devraitdémarrer en septembre 2007MOSCOU. La Russie et l’Iran sesont mis d’accord, mardi 26 sep-tembre, sur le lancement de lacentrale nucléaire de Bouchehren septembre 2007. Ce projet est,en principe, destiné à produirede l’énergie nucléaire civile.Selon cet accord, « la centralecommencera à produire de l’éner-gie en novembre 2007 et le combus-tible nucléaire y sera livré au plustard six mois avant le lancementde la centrale, c’est-à-dire enmars 2007 », a précisé SergueïNovikov, porte-parole de l’Agen-ce fédérale russe de l’énergie ato-mique (Rosatom). La Russie envi-sage d’envoyer dès mars 2007environ 80 tonnes de combusti-ble nucléaire à Bouchehr. Uneaccélération des travaux, souhai-tée par Téhéran, aurait obligé lesRusses à livrer le combustiblenucléaire dès cet automne. –(AFP.)

Le scandale de Shanghaï illustre les travers d’un système opaque

INTERNATIONAL6 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 7: Le Monde 2006.09
Page 8: Le Monde 2006.09

Le ministre de l’économiea annoncé que la France aura500 pompes de ce biocarburantd’ici à la fin de 2007

POLLUTION UN PROJET DE DIRECTIVE EUROPÉENNE

Désaccord entre les instancesde l’UE sur la qualité de l’air

Le ministre de l’économie a annoncé,mardi 26 septembre, que la Francedisposera d’ici à la fin de 2007 de

500 pompes pour distribuer de l’E85, uncarburant composé à 85 % d’éthanol et à15 % d’essence. Thierry Breton « souhaiteque le gouvernement soutienne sans réserve[son] lancement dans l’intérêt du pouvoird’achat des Français, de notre indépendanceénergétique et de nos filières industrielles ».

Le rapport sur le sujet, commandé le7 juin à l’ancien champion du monde deformule 1 Alain Prost, a été rendu publicmardi. Ses recommandations devraientdéboucher sur des mesures gouvernemen-tales, probablement annoncées lors duMondial de l’automobile qui s’ouvre le30 septembre. Le rapport Prost appelle lesacteurs principaux de la filière – agricul-teurs, pétroliers et constructeurs automo-biles – à proposer très vite une alternativeaux produits pétroliers.

La distribution de l’E85 nécessite desvéhicules flex-fuel. Ilspeuvent recevoir jus-qu’à 85 % d’éthanol, mais aussi rouleravec 100 % d’essence sans plomb. La plu-part desconstructeurs maîtrisent une tech-nologie qui concerne 75 % des voituresneuves vendues au Brésil : Ford proposedéjà une Focus flex-fuel ; Saab, Volvo etCadillac sont prêts ; PSA Peugeot-Citroënet Renault se sont engagés à en commer-cialiser début 2007. Le système flex-fuelcoûte environ 200 euros et l’on ne sait passi les constructeurs en feront cadeau à leurclient.

Pour M. Breton, l’E85 devra être venduà un prix « assez proche du prix du gazole »,autour de 0,80 euro le litre. Une mise enœuvre qui risque d’être compliquée carl’éthanol a une densité énergétique trèsinférieure au gazole : pour parcourir lamême distance qu’avec un litre de gazole,il faut environ 1,56 litre d’E85. Parailleurs, le rendement d’un moteur dieselétant supérieur de 10 % à celui d’unmoteur essence, le différentiel en termesde surconsommation atteint au total 72 %.L’E85 devrait par conséquent être venduenviron 0,60 euro pour supporter laconcurrence du gazole.

Tout dépendra donc de l’effort fiscalqu’est prêt à consentir le gouvernement. Iln’a avancé aucun chiffre. Jean-Louis Schi-lansky,délégué général de l’Union françai-se des industries pétrolières (UFIP), indi-que que « 1 % de biocarburant incorporécoûte 200 millions d’euros par an à l’Etatpour que son prix soit compétitif avec celui del’essence ou du gazole ». « L’E85 sera fonda-mentalement plus cher que les carburantsclassiques, affirme-t-il, et pour concurrencerle gazole, il faudra une défiscalisation massi-

ve. » L’E85 à 0,60 centime le litre ? C’est àpeu près le prix de revient pour les agricul-teurs capables d’en fabriquer. Commentgagneront-ils leur vie ? « Il faudra descontrats avec les pétroliers pour que les pro-ducteurs ne soient pas lésés », répond leministre de l’agriculture, Dominique Bus-sereau. Car « les exploitants n’ont plus demarge de manœuvre pour faire baisser leursprix », prévient Philippe Pinta, présidentd’Orama, qui regroupe les filières céréales.

« Vigilant »À long terme, les agriculteurs français

auront-ils assez de terres pour assurer laproduction ? Les pétroliers ne seront-ilspas tentés d’acheter de l’éthanol à basede canne à sucre au Brésil, à un coûtmoindre coût pour un rendement énergé-tique supérieur ? M. Bussereau ne veutpas « substituer une nouvelle dépendanceaux bioénergies importées » à la dépen-dance actuelle aux hydrocarbures et assu-re qu’il se montrera « vigilant » dans lesnégociations sur la levée des barrièresdouanières.

Par ailleurs, le prix devra intégrer lesurcoût de l’équipement des stations-ser-vice pour les pétroliers. « Cela implique

un investissement dans la logistique et la dis-tribution, même s’il n’est pas énorme »,note M. Schilansky. Il estime qu’avec500 stations-service équipées de pompesE85 (sur 13 500), « on atteint la masse cri-tique si elles sont placées dans les grandes vil-les et sur les axes routiers importants ».

Chez Total, on rappelle que l’« on faitdes biocarburants depuis douze ans » etque le groupe va fournir en E85 la flotteautomobile de la Ville de Paris. En octo-bre, il mettra en service la première pom-pe de la capitale. Il n’en reste pas moinsque le pétrolier défend surtout le biodie-sel. Près de 70 % des nouvelles immatricu-lations sont des véhicules diesels, et laFrance doit importer le quart de saconsommation de gazole. Agriculteurs,constructeurs et pétroliers privilégientaussi l’incorporation directe de biocarbu-rants (à peine 2 %) dans l’essence et legazole. Les voitures actuelles peuvent entolérer jusqu’à 10 % sans modificationtechnique, alors que l’objectif fixé par legouvernement prévoit que les biocarbu-rants devront représenter 5,75 % de laconsommation totale fin 2008. a

Jean-Michel Bezat, Laetitia Clavreulet Stéphane Lauer

QUESTIONS D’INFOLe Monde - LCP-Assemblée nationale - France Info

Frédéric Haziza, LCP-Assemblée nationalePatrick Roger, Le Monde

et Marie-Eve Malouines, France Info

reçoivent Brice Hortefeux, ministre délégué auxCollectivités Territoriales, secrétaire général délégué de l'UMP.

sur LCP-Assemblée nationalejeudi 28 septembre à 20 heures

Rediffusions : jeudi 28 septembre à 00 h 15, vendredi 29 septembre à 13 h 30et 21 heures, samedi 30 septembre à 12 h 30 et dimanche 1er octobre à 23 h 30.

QU

EST

ION

SD

’IN

FO

STRASBOURGBUREAU EUROPÉEN

A quel rythme l’Union européen-ne doit-elle lutter contre la pollu-tion atmosphérique ? Cette ques-tion oppose le Parlement, qui aamendé une directive sur la quali-té de l’air, mardi 26 septembre, etla Commission, qui avait proposéun calendrier plus soutenu pourl’élimination des petites particulesqui se déposent dans les poumons.

Le commissaire StavrosDimas, en charge de l’environne-ment, a indiqué, mardi, qu’il nepourrait accepter certains votesdu Parlement européen, parcequ’ils « affaibliraient » son texteà l’excès. Et ce en dépit de la largemajorité qu’ils ont obtenue : 494voix contre 126 et 17 abstentions.

Bien que le rapporteur du Parle-ment, Holger Krahmer (libéralallemand), affirme avoir fait preu-ve d’« ambition », c’est manifeste-ment le réalisme qui l’a emporté àStrasbourg : « Si vous créez tropvite une législation trop contrai-gnante, personne ne pourra l’appli-quer et elle ne servira à rien ! », aexpliqué, sans états d’âme, l’euro-députée conservatrice néerlandai-se Ria Oomen-Ruijten, lundi25 septembre. Les Verts, les com-munistes et les socialistes fran-çais, notamment, ont condamnésans succès les sursis accordés auxEtats, qualifiés de « honteux », parl’écologiste suédoise Satu Hassi.

M. Dimas n’accepte notam-ment pas les nouveaux reports quele Parlement souhaite octroyerpour l’élimination des particulesPM 10 (d’un diamètre inférieur à10 microns, soit 1/100ede millimè-tre). Il estime avoir fait une conces-sion suffisante, en proposant dereculer au 1er janvier 2010 l’obliga-tion faite aux Etats, dès le 1er jan-vier 2005, de ne pas dépasser plusde 35 jours par an un plafond deconcentration de 50 µg par mètrecube.

M. Dimas a fait cette concessionaprès avoir constaté que seuls qua-tre pays (Suède, Finlande, Dane-mark et Irlande) pourraient tenirles délais. En juin, le Conseil aapprouvé son nouveau calendrier,alors même que certains de sesmembres réclamaient des déroga-tions plus larges, notamment lesPays-Bas.

Ambitions modéréesLe Parlement propose néan-

moins d’attendre 2013 pour impo-ser un plafond de 33 µg par jour,qui pourrait dépasser 55 jours paran. Le Bureau européen de l’envi-ronnement, ONG basée à Bruxel-les, critique le « changement cosmé-tique » qui consiste à abaisser leplafond de 50 à 33 µg, tout enallongeant les délais. Du fait que lecommissaire rejette cet amende-ment, il ne pourra être adopté auConseil qu’avec l’unanimité desVingt-Cinq, et réintroduit au Parle-ment en deuxième lecture qu’avecla majorité des voix des inscrits.

Les eurodéputés n’ont pas osérevenir sur la principale innova-tion de la directive, qui consiste àlégiférer sur les plus fines particu-les, les PM 2,5 (dont le diamètreest inférieur à 2,5 microns) : elles« raccourcissent l’espérance de viestatistique dans l’Union européennede huit mois », selon la Commis-sion.

Les Etats-Unis ne tolèrent pasplus de 15 µg par m3 depuis desannées et l’OMS en recommande10. Les ambitions modérées de laCommission (25 µg en 2010, avecdérogation possible jusqu’en2015) ont été fort critiquées par lacommunauté scientifique et lesONG. Après bien des atermoie-ments, le Parlement a renoncé àles réduire encore. Il s’est pronon-cé pour un plafond de concentra-tion de 20 µg par m3 et par an, au1er janvier 2015. a

Rafaële Rivais

M. Breton désire accélérer l’implantation de la filière éthanol

DROIT INTERNATIONAL DOMMAGES ÉCOLOGIQUES DE LA GUERRE

Le Liban demande réparation à Israël pour la marée noire

LE LIBAN entend poursuivreIsraël devant une instance juridi-que internationale en raison desdommages que l’invasion israé-lienne a causés à son environne-ment cet été.

C’est ce qu’a déclaré au MondeYaacoub Sarraf, le ministre liba-nais de l’environnement. « Le gou-vernement a pris la décision d’éta-blir un dossier pour être prêt à enga-ger une procédure en droit interna-tional, indique-t-il. Nous prépa-rons ce dossier en collectant les don-nées et en recoupant les informa-tions sur les dommages avec lesministères concernés, qui sont ceuxdu tourisme, de la santé et de l’agri-culture. Nous sommes en contactpermanent avec le ministère de lajustice pour les modalités, les confir-mations des rapports, la validationdes données. De son côté, il étudieles options possibles pour présentercette plainte. »

Le Liban se plaint de la maréenoire provoquée par le bombarde-ment de la centrale électrique deJiyeh, au sud de Beyrouth, les 13 et15 juillet. Les bombes ont éventré

lesréservoirsdepétroledelacentra-le : « De 10 000 à 15 000 tonnes decarburant », précise le ministre, sesont déversées dans la mer, provo-quant une pollution d’une ampleurjamais vue dans l’est de la Méditerra-née. »SelonM.Sarraf, lamaréenoi-re et la pollution atmosphériqueprovoquée par l’incendie de la cen-traleontcausédesdommagesàl’en-vironnement, à la pêche, au touris-me, et à la santé, du fait des retom-bées de la pollution sur les zonesagricoles. 120 km de côtes sontsouillées.

De surcroît, dit-il, « nous som-mes quasi certains que des bombesau phosphore ont été utilisées »,tandis que de nombreux incen-dies se sont produits. « Il est possi-ble que l’armée israélienne ait initiédes incendies pour essayer de délo-ger des résistants, dit M. Sarraf.Une commission du ministère del’agriculture examine tous les sitesd’incendie pour tenter d’en détermi-ner les causes. »

L’environnement n’avait enco-re jamais été invoqué par un Etatcomme motif de querelle juridi-

que liée à une intervention militai-re. Un traité sur ce thème, la« Convention sur l’interdictiond’utiliser des techniques de modifi-cation de l’environnement à desfins militaires » est certes entré envigueur en 1978. Inspiré de la des-truction des forêts par les herbici-des utilisés par l’armée américai-ne lors de la guerre du Vietnam, iln’a, depuis, jamais été activé. Ladémarche libanaise pourraitcréer une jurisprudence si elle par-venait à son terme.

« Crime de guerre »La Cour pénale internationale

(CPI) pourrait être saisie, à partirde l’article 8 du « Statut deRome », qui est entré en vigueuren 2002. Selon le texte, est quali-fié de « crime de guerre », surlequel la Cour a juridiction, le faitde « lancer intentionnellement uneattaque en sachant qu’une telleattaque causera (…) à l’environne-ment naturel un dommage étendu,durable et sévère qui serait claire-ment excessif relativement auxavantages concrets et directs antici-

pés ». Mais la CPI juge en princi-pe les personnes, pas les Etats.Par ailleurs, ni le Liban ni Israëln’en sont parties. La Cour de jus-tice internationale est une autrepossibilité mais sa saisine suppo-se que les deux Etats concernésen soient d’accord. Il est douteuxqu’Israël se joigne au Liban danscette voie.

Une autre voie serait celle durecours au Conseil de sécurité desNations unies. En avril 1991, celui-ci avait établi une commission decompensation des dommages – ycompris environnementaux – cau-sés par l’Irak dans son invasiondu Koweït. Mais la procédure sup-pose l’accord unanime duConseil.

Une commission des Nationsunies est venue au Liban pour exa-miner le dossier, indique M. Sar-raf. « Je ne sais pas si nous parvien-drons au but, poursuit-il. Le minis-tère de la justice cherche à trouverles moyens légaux pour que notrecause soit entendue et que notre dos-sier soit accepté. » a

Hervé Kempf

CERTIFICAT DESPÉCIALITÉ

en Marketing industrielCours et séminaires

d’études de cas200 heures sur 9 moissoirs et samedis : 350 €

MASTERMercatique

Interentreprises

Cours et séminairesd’études de cassoirs et samedis

Brochure sur demande écrite au :CNAM – Marketing Industriel

40, rue des Jeûneurs – 75002 PARISm 01 40 27 21 30 - 01 40 27 29 78

mail : [email protected]

MARKETING INDUSTRIEL

Conservatoire Nationaldes Arts et Métiers

TROIS UTILISATIONS

En France, le bioéthanol est produitavec du blé, des betteraves ou du maïs.Il peut être utilisé :Directement mélangé à l’essence. Ilest alors incorporé en faible proportion(5 % en France, 10 % en Suède…).Transformé en ETBE avant d’êtremélangé à l’essence. Les pétroliersont le monopole de la productiond’Ethyl tertio butyl éther (49 % de bioé-thanol et 51 % de produits pétroliers).Sous forme d’E85. Ce carburant, com-posé de 85 % d’éthanol et 15 % d’essen-ce, alimente les véhicules flex-fuel.

Dans le port de Beyrouth, mardi 26 septembre. De 10 000 à 15 000 tonnes de carburant ont été déversées, selon le gouvernement libanais. M.NAAMANI/AFP

ASTRONOMIEUn nouvel instrumentdétecte deux exoplanètesAvant même son inaugurationofficielle, prévue le 30 novembre,le spectrographe Sophie (Spectro-graphe pour l’observation desphénomènes sismologiques etexoplanétaires), installé à l’Obser-vatoire de Haute Provence, a per-mis la détection de deux nouvel-les exoplanètes. L’instrument bri-tannique SuperWASP, installéaux Canaries, a également été uti-lisé. Situées à 1 000 et 500

années-lumière de la Terre, cesdeux planètes, des géantes gazeu-ses, ont été baptisées WASP-1b etWASP-2b. Toutes deux évoluentsur des orbites très proches deleurs étoiles respectives.

GRIPPE AVIAIRESuspicion de contaminationinterhumaine en IndonésieUn Indonésien dont le frère et lasœur sont suspectés d’avoircontracté la grippe aviaire a étéconfirmé porteur du virus H5N1,ont annoncé, mercredi 27 septem-

bre, les autorités sanitaires indo-nésiennes. Une enquête est encours sur une éventuelle contami-nation interhumaine. L’Indoné-sie fait face à une situation sani-taire en rapide dégradation. Ledimanche 24 septembre, Djakar-ta annonçait les 50e et 51e décèshumains causés par le H5N1 surson territoire. Un 17e décès a étésignalé en Thaïlande le mardi26 septembre. 147 personnessont mortes de la grippe aviairedans le monde depuis 2003. –(AFP.)

ENVIRONNEMENT & SCIENCES8 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 9: Le Monde 2006.09

BRUXELLES

BUREAU EUROPÉEN

Tandis que les manifestationsanti-gouvernementales s’essoufflent àBudapest, le premierministre hon-grois,Ferenc Gyurcsany, a été vive-mentencouragé, mardi 26 septem-bre, par la Commission européen-ne à appliquer rigoureusement sapolitique d’austérité. Le collègedes commissaires a approuvé leplan de convergence hongrois etrecommandé aux ministres desfinances européens d’accorderune année supplémentaire, jus-qu’à la fin 2009, au gouverne-ment Gyurcsany pour la mise enœuvre.

Joaquin Almunia, le commissai-re européen chargé des affaireséconomiques et monétaires, esti-me « globalement plausible » lescénario présenté par M. Gyurcsa-ny, qui prévoit que le déficit publicpasse du niveau « record » de

10,1 % cette année, à 3,2 % d’ici àtrois ans. « L’accord de la Commis-sion tranche le débat en Hongrie surla nécessité de mettre en œuvre leplan d’austérité », a commentémardi le ministre des finances,Janos Veres, à Budapest : « Celadémontre que le pays se trouve surla bonne route. » C’est l’aveu dupremier ministre d’avoir mentisur sa politique économique quiavait déclenché les émeutes enHongrie.

Le plan avalisé par la Commis-sion prévoit, notamment, de rédui-re les dépenses publiques, de rele-ver les prix du gaz de près de 30 %et de l’électricité de plus de 10 %,et d’augmenter les impôts. ViktorOrban, leader de l’opposition(Fidesz, droite conservatrice), pro-met, au contraire, des baisses d’im-pôts en cas de retour au pouvoir.

En guise d’avertissement,M. Almunia a cependant rappelé

que la Commission et le Conseilont déjà constaté à deux reprises,en janvier et en novembre 2005,que le gouvernement de M. Gyurc-sany « n’avait pas pris les mesuresnécessaires pour mettre un terme audérapage des comptes publics »depuis l’adhésion de la Hongrie àl’Union en 2004.

Il s’est enfin défendu de vouloirinterférer dans la vie politiquehongroise à quelques jours desélections municipales du 1er octo-bre. Il a rappelé que l’évaluationdu programme transmis par Buda-pest le 1er septembre, avant ledéclenchement des émeutes, a eulieu à la date prévue : « Si nousdevions tenir compte des calendriersélectoraux des uns et des autres,nous ne ferions jamais rien », a-t-ilaffirmé, en promettant de suivre« rigoureusement » l’applicationdu plan. a

Philippe Ricard

Faut-il avoir peur de la Roumanie etla Bulgarie dans l’Union européen-ne ? Quatre mois après un rapport

très critique sur la lutte contre la corrup-tion et les dysfonctionnements de la jus-tice dans ces deux pays, et, concernantles Bulgares, sur la criminalité organisée« toujours active », la Commission a fina-lement officialisé, mardi 26 septembre àStrasbourg, son avis favorable à l’entréede ces deux pays dans l’Union européen-ne au 1er janvier 2007.

Cette décision, qui est assortie de certai-nes précautions, doit être entérinée par leConseil européen de décembre. Il ne faittoutefois aucun doute qu’elle sera suivie,l’idée ayant depuis longtemps prévaluequ’en définitive il ne servait àrien d’attendre et que l’Unionauraitplus de moyens de pres-sions pour demander à cespays de résoudre leurs problè-mes s’ils sont à l’intérieur del’Union.

L’optimisme, ou du moinsla sérénité de Bruxelles, estpartagé en France, où lesexperts se veulent rassurants.« Il n’y aura pas d’invasion ducrime ou de la corruption enEurope », estime NadègeRagaru, de l’IRIS (Institut desrelations internationale et stratégiques).Au contraire, « les soutiens financiers euro-péens devraient permettre un renforcementde la coopération policière », expliqueChris-tian Flaesch, chargé des brigades centralesà la Police judiciaire à Paris. Le rapport dela Commission prévoit que des objectifsprécisenmatièrede luttecontre lacrimina-lité et la corruption seront fixés et qu’un« mécanisme de coopération et de vérifica-tion » sera mis en place pour mesurer lesprogrès accomplis.

« Ces pays ont voulu préparer leur entrée

dans l’Union, poursuitM. Flaesch.Deséqui-pes entières de la PJ ont été accueillies à Buca-rest. »« La coopérationpolicière miseen pla-ce en 2002 [GLO, groupe de liaisonopérationnelle]pour lutter contre laprostitu-tion des enfants roumains fonctionne trèsbien, nous avons d’excellents contacts et leurpolice est très structurée », précise-t-il.« Quantà lagrandecriminalité, ses ramifica-tions sont déjà en place et l’entrée dansl’Union n’y changera rien. »

« La décision de durcir les exigences enversla Bulgarie a sans doute eu un effet positif »,ajoute Mme Ragaru. Un nouveau procureur« très efficace », Boris Veltchev, a été nom-mé en février. Le 30 mars, le Parlement deSofia a adopté une série d’amendements

constitutionnelspour réduirel’immunité des députés etdes magistrats. En juin, laBulgariea renforcé sa législa-tion en matière de blanchi-ment d’argent. A la mi-août,laBanquenationaledeBulga-rie signait avec le parquetgénéral un accord l’enga-geant à transmettre touteindication portant sur unemalversation financière et àfaciliter l’accès du parquetaux comptes suspects. Finaoût, un rapport gouverne-

mental bulgare faisait état du démantèle-ment de 112 groupes criminels, d’une bais-se de 36 % des meurtres et d’une réductionde 7 % des crimes en général en 2006.

Comme pour les nouveaux adhérents de2004 qui attendent toujours, l’entrée de laBulgarie et de la Roumanie dans l’espaceSchengen ne sera pas non plus immédiate.La suppression des contrôles aux frontiè-res intérieures ne sera possible que lorsqueles deux Etats auront fait la preuve qu’ilssont prêts à se conformer aux règles com-munautaires.

En ce qui concerne la libre circulationdes travailleurs, la procédure prévue pourla Bulgarie et la Roumanie sera celle qui aété appliquée aux Etats d’Europe centraleet orientale. Chaque pays pourra choisir deleur imposer une période transitoire, pou-vantaller jusqu’àsept ansà partirde ladated’adhésion.

Le risque d’une vague de travailleursimmigrés venus des deux futurs membres,lesplus pauvresde l’Union,sontminimisésà Paris. Au ministère de l’emploi de GérardLarcher, on se déclare serein, rappelantque des accords bilatéraux devront fixer lesrègles de circulation avec les deux pays

comme ceux qui ont déjà été conclus ousont en passe de l’être avec les autres paysentrés dans l’Union en 2004. Depuis lemoisdemai, legouvernementa ouvert l’ac-cès des salariés de l’Est à certaines profes-sions.Maisrien n’estencore décidéconcer-nant les deux futurs nouveaux entrants,indique-t-on au ministère de l’emploi.

L’Espagneet l’Italieontaccueilli cesder-nières années bon nombre de Roumainsarrivés la plupart du temps illégalement.Leurnombreest estiméà 300 000enEspa-gne. Mais la crainte d’une vague d’immi-grants roumains et bulgares a été surtoutémise, ces dernières semaines, par les Bri-

tanniques, qui avaient renoncé lors del’élargissement de 2004 à appliquer lesclauses transitoires prévues par les accordsd’adhésion, accueillant depuis lors plus de500 000 immigrants de l’Est. Londres alaissé entendre qu’il pourrait être cette foisplusrestrictif.Dansune interviewauFinan-cial Times, le premier ministre roumain,CalinTariceanu, s’estvoulurassurant mar-di 26 septembre. « Des personnes avec unniveaud’éducation élevé peuventvouloir allerau Royaume-Uni, mais je ne pense pas qu’il yen ait tellement », a-t-il dit. a

Henri de Bresson et Anne Rodier(avec Thomas Ferenczi à Bruxelles)

TEL.

01.5

5.35

.20.

20•

WW

W.T

OD

SON

LINE.

FR

« Les soutiensfinanciers

européens devraientpermettre

un renforcementde la coopération

policière »Christian Flaesch,

Police judiciaire de Paris

BRUXELLES, STRASBOURG

BUREAU EUROPÉENIl n’y aura pas de nouvel élargisse-ment sans réforme préalable desinstitutions, a affirmé, mardi26 septembre à Strasbourg, le pré-sident de la Commission euro-péenne, José Manuel Barroso, enannonçant l’entrée de la Bulgarieet de la Roumanie dans l’Unionen 2007. « Après l’achèvement dece cinquième élargissement, a-t-ildéclaré devant le Parlement euro-péen, je crois qu’un aménagementinstitutionnel doit précéder toutélargissement futur. C’est le moyend’assurer que l’Union élargie fonc-tionnera d’une manière efficace etharmonieuse. »

La veille, le premier ministrefrançais, Dominique de Villepin,en visite à Bruxelles, avait approu-vé M. Barroso. « Avec la Rouma-nie et la Bulgarie, nous atteignonsune étape, avait-il dit. Il est impor-

tant que nous puissions progresserdans les règles avant d’aborder denouvelles étapes ».

Des négociations d’adhésionsont en cours avec la Croatie et laTurquie depuis 2005, alors qu’unprocessus de préadhésion a étéengagé avec quatre autres paysdes Balkans. Le président JacquesChirac a fait adopter en 2005, pen-dant la campagne référendairesur la Constitution européenne,une disposition constitutionnelleimposant un référendum en Fran-ce pour tout futur élargissementaprès celui de la Croatie.

Le président de la Commissioneuropéenne s’est défendu, mardi,de préconiser une « pause » dansle processus d’élargissement. Il asouligné que le Conseil européende juin 2006 avait décidé que desmesures doivent être prises « auplus tard au cours du deuxièmesemestre de 2008 » pour poursui-

vre le processus de réforme del’UE et qu’aucune nouvelle adhé-sion n’était prévue avant cettedate. Il a aussi rappelé que le trai-té de Nice fait obligation de réfor-mer la composition de la Commis-sion à partir du moment où l’UEcomprend vingt-sept Etats.

Au Parlement européen,Daniel Cohn-Bendit, coprésidentdu groupe des Verts, hostile à l’ad-hésion immédiate de la Bulgarieet de la Roumanie, a vivement réa-gi. « M. Barroso vient de nous faireune déclaration extraordinaire :pour la prochaine fois il faudra uneréforme institutionnelle. Nousavons dit cela quand on était dix,(…) nous disons cela à vingt-cinq etje vous promets qu’on dira cela àtrente, trente-cinq, quarante, qua-rante-cinq. Il y en a assez de nousmentir comme cela. » a

Thomas Ferencziet Raphaëlle Rivais

HONGRIE LE PREMIER MINISTRE GYURCSANY OBTIENT L’APPUI DE L’UE

La Commission soutient le plan d’austérité hongrois

Union européenne L’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie au 1er janvier 2007

La police française sereine face à la criminalité de l’Est

M. Cohn-Bendit dénonce les « mensonges »de M. Barroso sur le processus d’élargissement

EUROPE & POLITIQUE0123Jeudi 28 septembre 2006 9

Page 10: Le Monde 2006.09

DAKAR

ENVOYÉE SPÉCIALE

J ’irai. » Informée de la décision prise parl’ensemble des responsables socialistesréunisen bureau national, mardi26 sep-

tembre, d’organiser six débats publicspour confronter les candidats à l’inves-titure présidentielle du PS, Ségolène Royala réagi depuis le Sénégal : « Par rapport àces débats internes qui vont être imposés,j’irai, parce que je ne veux pas qu’on dise :elle refuse », a-t-elle expliqué aux militantset sympathisants socialistes français qu’el-le avait conviés en fin de journée dans un

cercle français de Dakar. « En mêmetemps, a ajouté la candidate favorite dessondages, j’ai une responsabilité très impor-tante, c’est que ces débats servent le combatsuivant, et que ce temps-là ne soit pas perdupour les Français. »

En réponse à une question de la sallesur ce sujet, la présidente de la région Poi-tou-Charentes n’a pas caché son peu d’en-thousiasme pour ce qu’elle qualifie de« spectacle un peu curieux ». « Ça va êtreune période assez pénible, a-t-elle déclaré,au sens où elle est risquée si ces débats ne ser-vent pas le pays. »

A contrecœur, Mme Royal se plie à ladécision adoptée par le parti. « La droite,elle, n’a pas à passer cette épreuve de débatsinternes, de vote », a-t-elle souligné, avantde dénoncer les « attaques » dont elle esti-me être l’objet permanent de la part de sesconcurrents : « Je suis la seule à avoir gardéla dignité du débat. C’est parfois un peulourd à porter », a-t-elle affirmé. Une miseau point qui ne l’a pas empêchée de déco-cher ses flèches. « Si on commence à penser

que n’importe qui peut être élu, alors on n’aqu’à tirer au sort », a ironisé Mme Royal.Après le premier débat public de Lens, Lio-nel Jospin avait estimé que tous les candi-dats pouvaient « perdre ou gagner ».

Sur sa lancée, Ségolène Royal apoursuivi : « Je vois qu’il y a déjàdes contestations [du vote]. C’est à sedemander si certains n’ont pas envie deperdre, si la machine à perdre n’est pasenclenchée. Il va falloir être forts, nous, lesmilitants qui avons envie de gagner. »

La confrontation entre les futurs candi-dats déclarés du PS n’est pas de nature,toutefois, à entamer sa détermination, et,mardi soir, Mme Royal l’a de nouveauprouvé. Quand un militant, après luiavoir reproché d’avoir « un concurrent aufoyer, ça fait désordre », l’adjurait d’aller« jusqu’au bout », elle a répondu dans unéclat de rire : « Je vais suivre le conseil quim’est donné. Ce sera le serment deDakar. » a

Isabelle Mandraud

Le PS adopte une « charte du débat »LE BUREAU national du PS a adopté le26 septembre une « charte d’organisationdu débat interne » pour la désignation deson candidat. Six débats seront organi-sés avant le premier tour du 16 novem-bre : trois télévisés (10 et 17 octobre,7 novembre sur LCP-AN et Public Sénat),trois dans des fédérations (19 et 26 octo-bre, 9 novembre, retransmis sur www.par-

ti-socialiste.fr). Chaque débat aura unthème : questions économiques et socia-les, questions de société, d’environne-ment et de démocratie, questions inter-nationales et place de la France en Euro-pe et dans le monde. Les candidats dispo-seront de trente minutes chacun sansconfrontation directe et répondront tousaux mêmes questions. a

GRANDE-BRETAGNE

Tony Blairtourne la pageen galvanisantles travaillistes « J’irai », a lâché à contrecœur

Mme Royal, en visite au Sénégal,après avoir été informéede la décision prise par sonparti d’organiser six débatspublics entre les candidatsà l’investiture du PS

LONDRES

CORRESPONDANTTony Blair a réussi ses adieux au Parti tra-vailliste. Son treizième et dernier discoursdevant le congrès du Labour, mardi26 septembre, à Manchester, prononcéune heure durant, dans une atmosphèrechaleureuse où alternaient l’optimisme,l’humour et l’émotion, fut de l’avis géné-ral l’un des meilleurs de sa carrière.

Ce fut une allocution énergique, sansnostalgie et entièrement tournée versl’avenir : « Le seul héritage qui comptepour moi, c’est une quatrième victoire élec-torale du parti. » Certes, a reconnuM. Blair, la voix brisée, « c’est dur de par-tir, mais on ne peut pas continuer pour tou-jours ». Après avoir défendu le bilan deson mandat, y compris la guerre en Irak(« Le terrorisme n’est pas de notre faute. Iln’est pas la conséquence de notre politiqueétrangère »), le premier ministre a exhor-té son parti à l’audace et au combat : « Lecourage est notre ami, la prudence notreennemie. La première règle en politique,c’est qu’il n’y a pas de règle. Chacun crée sapropre chance. Si vous perdez foi en vous-même, les gens perdront foi en vous. »

Service minimumComme prévu, Tony Blair n’a ni préci-

sé la date de son départ de DowningStreet ni adoubé comme successeur sonministre des finances, Gordon Brown. Illui a rendu un hommage fort, mais bref :« Sans Gordon Brown, le New Labourn’aurait jamais vu le jour ni remporté troisvictoires électorales. C’est un homme remar-quable, un serviteur remarquable de sonpays. Voilà la vérité. » Il a préféré réagiravec une plaisanterie à la gaffe prêtée laveille à sa femme Cherie qui aurait lancéaprès un propos de Gordon Brown :« C’est un mensonge. » « Au moins, adéclaré M. Blair, à propos de sa femme, jen’ai pas à m’inquiéter de la voir filer avec lebrave type de la maison d’à côté. » GordonBrown qui travaille dans « la maison d’àcôté », au 11 Downing Street, n’a pu répri-mer un éclat de rire. Mais nul doute qu’ilaurait préféré que M. Blair fasse un peuplus que le service minimum.

Sans cesse, Tony Blair a tenté, mardi,de galvaniser ses troupes : « Soyez fiers devotre bilan. Ignorez les mauvais sondages. »Il a incité le Labour à croire en son avenir,à défendre ses valeurs, à défier les conser-vateurs : « Les tories ? Mon conseil : occu-pez-vous d’eux. » Son discours pourraitaider les travaillistes à tourner la page surles déchirements des dernières semaines.

Les derniers mots prononcés – « Vousêtes l’avenir. Faites-en le meilleur pro-fit » –, M. Blair eut droit à neuf minutesd’ovation debout et ses plus zélés suppor-teurs brandissaient d’affectueuses pan-cartes : « Merci Tony », « Tu es trop jeune[53 ans] pour prendre ta retraite », « Tuas rendu la Grande-Bretagne meilleure ».

Le mot de la fin pourrait revenir à unancien ministre, Geoffrey Robinson :« Maintenant, nous allons devoir appren-dre à vivre sans lui. » a

Jean-Pierre Langellier

DAKAR

ENVOYÉE SPÉCIALEUn peu gênée, Majdiguène Cissé avoue ne« pas très bien connaître la position de Ségo-lène Royal » sur la régularisation des immi-grés clandestins. Peut-être est-ce pour cet-te raison que l’ancienne porte-parole dessans-papiers à Paris, rentrée au Sénégalen 2000, s’emmêle en appelant la socialis-te française « Mme Sarkozy ». Passé lemoment de surprise, ce lapsus déclencheles rires des deux femmes, mardi 26 sep-tembre, dans les salons de la résidence del’ambassadeur de France à Dakar.

Il n’entache pas leurs convergences devue sur un autre volet, l’aide au développe-ment. « Là, on est d’accord », souligneMme Cissé, qui travaille sur un projet de« cité des femmes » dans la capitale séné-galaise. Comme Mme Royal, elle évoque l’ar-gent de l’Europe qui n’arrive pas aux desti-nataires et comme la socialiste françaiseelle bâtit son projet en mettant en avant laquestion des énergies renouvelables.

C’est la méthode Royal, que Jean-LouisBianco, ancien secrétaire général de l’Ely-sée sous François Mitterrand devenu l’unde ses porte-parole de campagne, résumeainsi : « En rupture avec la politique France-Afrique traditionnelle, respectueuse des paysen développement. » Cette rupture, la candi-date à l’investiture s’ingénie à la promou-voir sans relâche depuis son arrivée, lundi,au Sénégal, pays où elle est née il y a cin-quante-trois ans. Pas de grand discours depolitique étrangère, pas de « plan », pasde programme : elle est, répète-t-elle, « enphase d’écoute et de contact ». En visitedans un bidonville de la capitale sénégalai-se, MmeRoyal s’attache donc à parler avecles pileuses de mil et les lavandières quisouhaiteraient créer une centrale d’achats.

Elle prend soin de mettre en avantauprès du président Abdoulaye Wade sonidée de construire des réchauds solaires,plutôt que de parler des flux migratoires.« Il s’est montré intéressé, il a même qualifiéce projet de révolutionnaire », s’est-elle félici-

tée à la sortie avant, tout de même, de préci-ser le contexte : « Il m’a reçue en tant quefille du pays, présidente de région et en tantque personnalité politique engagée dans unprocessus dont on ne connaît pas l’issue. »

Accueillie peu après par le Parti socialis-te sénégalais, au milieu d’une foule quiscandait son prénom, Mme Royal a poursui-vi son leitmotiv : réformer l’aide au déve-loppement, débloquer l’argent de l’Euro-pe, mieux la répartir dans des actions« décentralisées » constituent pour elle lameilleure façon de « maîtriser » les fluxmigratoires. « On ne construira pas des bar-belés autour de l’Europe », prévient-elle.

Mieux vaut donc « donner les moyens auxjeunes de rester dans leur pays ».

A plusieurs reprises, la candidate éludeles questions directes sur l’immigration endonnant la parole aux élus socialistes quil’accompagnent, Gilbert Roger, maire deBondy, ou bien Victorin Lurel, présidentde la région Guadeloupe. Ou bien elle enparle à petites touches : « Ce sont toujoursles mêmes quartiers qui reçoivent l’immigra-tion clandestine, il faudra avoir la capacitéde bien répartir sur tout le territoire », affir-me-t-elle, devant des militants socialistesfrançais qui l’interrogent sur le sujet.

« Il faudra revenir à une régularisation

régulière avec les dix ans [disposition quipermettait aux étrangers d’être régularisésau bout de ce laps de temps sur le sol fran-çais supprimée par le gouvernement] etensuite faire du cas par cas », a-t-elle indi-qué. Mercredi, Mme Royal devait rencon-trer le collectif des mères de famille deThiaroye qui luttent pour empêcher les jeu-nes de s’embarquer sur des bateaux de for-tune pour l’Espagne et dont la présidente,Yayi Bayam Diouf, a perdu un fils dans cescirconstances tragiques. Cela fait partiedes « contacts » qu’elle souhaite pour« avoir une vision globale des choses ». a

I. M.

©P

hD

enis

Cha

poul

lié

Albin Michel

sa mère...Redevenir la fille de

LE ROMAN LE PLUSÉMOUVANT

DE LA RENTRÉELITTÉRAIRE

Ségolène Royal redoute les confrontations au PSqui pourraient « enclencher la machine à perdre »

A Dakar, la candidate privilégie « l’écoute et les contacts »

Mme Royal visite le centre Enda Ecopole, où les gens peuvent apprendre à retraiter leurs déchets, le 26 septembre près de Dakar. AXEL DE RUSSE/ABACAPRESS.COM

EUROPE & POLITIQUE10 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 11: Le Monde 2006.09

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë,a prévu de réunir, vendredi 29 etsamedi 30 septembre, à Marcoussis

(Essonne), son équipe municipale augrand complet, composée d’adjoints PS,Verts et PCF pour un séminaire de ren-trée annuel. A l’ordre du jour : la circula-tion à Paris. Les débats promettent d’êtreanimés, car pour la première fois, les mai-res d’arrondissement sont conviés.

Plusieurs d’entre eux (3e, 4e, 13e) criti-quent violemment l’adjoint aux transports(Verts) Denis Baupin qui, dans le projet deplan de déplacement de Paris qui sera votédébut 2007 au Conseil de Paris, envisagede nouvelles restrictions pour les voituresà Paris (Le Monde du 20 septembre). Lemaire de Paris se dit soucieux « d’apaiserla voirie parisienne ». Le budget 2008 de laVille devrait consentir un effort importantpour les transports en commun, notam-ment plus de bus dans les nouveaux cou-loirs, a-t-il promis, lundi 25 septembre.Mais « je ne serai pas l’otage du lobby auto-mobile », a-t-il aussitôt ajouté.

L’opposition UMP et UDF n’entendpas laisser la majorité seule accaparer ledébat. M. Delanoë est « l’homme qui ainventé les embouteillages la nuit », s’estexclamé, lundi 25 septembre, Françoisede Panafieu. Avec d’autant plus devigueur que la candidate (UMP) à la Mai-rie de Paris a été élue, le même jour, –51 voix sur 51 votants – à la tête du groupeUMP à l’Hôtel de Ville. Ce qui lui permetde prendre la tête d’une famille enfin« unitaire et soudée », a-t-elle insisté.

M. Delanoë se retrouve, lui, dans latourmente des primaires internes au PSpour la candidature à la présidentielle de2007. Sa fidélité à Lionel Jospin, qu’ilconsidère comme « le meilleur présidentpour la France pour 2007-2012 », le meten porte-à-faux par rapport àune bonne partie des mili-tants et de responsables socia-listes parisiens. Dans sa sec-tion du 18e arrondissement,celle de Lionel Jospin, uncomptage récent place Ségo-lène Royal largement en têteparmi les militants. En un an,la fédération de Paris, la plusimportante de France, est pas-sée de 9 000 à 19 000 adhé-rents. « C’est grâce à l’effetSégo », clament les supporters de la prési-dente de la région Poitou-Charentes. Or,parmi les plus actifs partisans de cette der-nière se retrouve une partie de l’équipemunicipale de M. Delanoë.

Mercredi 27 septembre, à l’invitationde Roger Madec, maire (PS) du 19e et

« royaliste » de la première heure, septadjoints (PS) au maire de Paris – Christo-phe Caresche (porte-parole deMme Royal), Christian Sautter, Olga Tros-tiansky, Christophe Girard, FrançoisDagnaud, Lyne Cohen-Solal, Mireille

Flam – devaient participer àune réunion d’organisationde la campagne deMme Royal à Paris. Un appelparisien en sa faveur, lancémardi dans les sections duPS, comporte leur signatureavec celle de Dominique Ber-tinotti, maire (PS) du 4e etd’une cinquantaine de res-ponsables PS parisiens. Lesamis de Mme Royal espèrentaussi le ralliement de

Patrick Bloche, président de la fédérationsocialiste de Paris.

M. Delanoë n’a rien tenté pour dissua-der les membres de son équipe de rallierMme Royal. « Je ne suis pas un notable quifonctionne dans le clanisme, dit-il. Ce n’estpas à moi de dire où est le bien et le mal. »

Tous lui reconnaissent ce mérite. Celan’empêche pas M. Caresche, député du18e arrondissement, fief de M. Jospin, etadjoint à la sécurité du maire de Paris, des’inquiéter. « Les primaires à Paris ris-quent d’être très violentes, dit-il. Si Lio-nel Jospin se présente, je n’exclus pas desmanifs de militants PS contre lui, rue duRegard [domicile de M. Jospin] ». PourBertrand Delanoë, poursuit un autre élu« royaliste » parisien, « il sera du couptrès difficile d’aller expliquer son choix auxmilitants ».

Pour beaucoup, le maire de Paris ris-que de faire les frais de son soutien àM. Jospin. « Il faut qu’il se méfie, avertitun socialiste parisien, tout se passe commesi l’image de la rénovation qu’incarnaitDelanoë dans la vie politique au niveaulocal et national était en train de lui échap-per au profit de Ségolène. » La droiteexploite le filon : « Bertrand Delanoë seringardise en soutenant Jospin », affirmeJean-François Legaret, maire (UMP) du1er arrondissement, porte-parole du grou-pe à l’Hôtel de Ville.

M. Delanoë a pris une nouvelle fois sesdistances, lundi, vis-à-vis de Mme Royal :« Atypique, Ségolène ? Je la trouve assezclassique, au contraire, dans sa manière defaire de la politique. La démocratie partici-pative, je n’en parle pas, moi, je l’ai fait ! »,s’est-il exclamé.

Première adjointe à la mairie de Parisqui soutient M. Jospin, Anne Hidalgo lepense aussi : « Le ringardisme n’est pasforcément là où on le dit. Delanoë incarne larénovation en profondeur et non en appa-rence. » Lundi, le maire de Paris confiait :« Je n’ai pas peur et j’ai le sens du temps. »Avant de laisser planer, comme à chaquefois que la question lui est posée dans lesmoments délicats, des doutes sur sa volon-té de se représenter aux élections munici-pales de 2008. a

Béatrice Jérôme

MARS 2008, telle est, en principe,l’échéance des prochaines élections muni-cipales après l’adoption de la loi du15 décembre 2005 prorogeant d’un an ladurée du mandat des conseillers munici-paux et des conseillers généraux.Ce report était destiné à éviter la concen-tration sur la seule année 2007 des scru-tins présidentiel, législatifs et sénato-riaux ainsi que des élections municipaleset cantonales. Défendu par le ministre del’intérieur, Nicolas Sarkozy, ce calendrierne satisfait guère le président de l’UMP,Nicolas Sarkozy. Le candidat à l’élection

présidentielle préférerait, en cas de victoi-re, que cette dynamique puisse bénéficierà son parti dans les scrutins suivants.Aussi envisage-t-il une réorganisation ducalendrier électoral de telle sorte que lesmunicipales aient lieu en octobre 2007.« Ce que la loi a fait, la loi peut le défai-re », plaide son bras droit, Brice Horte-feux, ministre délégué aux collectivitésterritoriales. Un scénario que BertrandDelanoë juge « inconcevable ». Le mairede Paris a prévu d’achever plusieurs deses chantiers fin 2006 pour ménager unepause avant les municipales. a

M. Delanoë réunira son équipemunicipale pour un séminairede rentrée, dans l’Essonne,à partir de vendredi. La droiteparisienne se rangederrière Mme de Panafieu

M. Sarkozy voudrait arrimer les électionsmunicipales à la présidentielle de 2007

Le maire de Paris est fragilisé par sa fidélité à M. Jospinaprès le ralliement à Mme Royal de plusieurs adjoints

« Si Lionel Jospinse présente,

je n’exclus pasdes manifs de

militants PS contrelui, rue du Regard »

Christophe Careschedéputé « royaliste » du 18e

SECTESLa commission d’enquête del’Assemblée confirme M. HunaultLe bureau de la commission d’enquête del’Assemblée sur les sectes et les mineurs aentendu, mardi 26 septembre, les explica-tions de Michel Hunault, député (UDF)de la Loire-Atlantique, sur sa présence, enjuillet, à un colloque organisé par une éma-nation de la Scientologie (Le Monde du18 septembre). Les parlementaires ontestimé qu’« il ne s’agissait que d’une présen-ce purement fortuite et subreptice qui neremet en aucune manière en cause la légiti-mité de son secrétaire à poursuivre ses tra-vaux au sein de la commission ».

PARTI SOCIALISTELe strauss-kahnien Alain Richardtend la main à Lionel JospinAlain Richard, proche de DominiqueStrauss-Kahn, souhaite que Lionel Jos-pin reprenne « un rôle politique actif ».Dans un communiqué, diffusé mardi26 septembre, l’ancien ministre de ladéfense estime que l’engagement auxcôtés de « DSK » ne doit conduire « ni àdénigrer la réflexion politique de Lionel Jos-pin ni à manquer de respect pour sa person-nalité ». Il se démarque ainsi de Jean-Marie Le Guen, autre proche deM. Strauss-Kahn, qui avait reproché àM. Jospin « une démarche personnelleteintée de mépris pour les autres ».

UNION EUROPÉENNEConflit social entre le Parlementet son personnel d’appointLe Parlement européen va se défaired’ici au 31 décembre de 300 personnesembauchées à Strasbourg pour les ses-sions plénières. Le Parlement a signé uncontrat avec l’agence Manpower, quiimpose un recrutement prioritaire despersonnes actuellement en poste. Lesagents ont décidé de l’attaquer devant laCour de Luxembourg. « Une société d’in-térim commet un délit de marchandagequand elle met du personnel à dispositiond’une personne morale de droit public », aexpliqué, mardi 26 septembre, leur avo-cat, Me Ralph Blindlauer, qui demandeque les contrats soient requalifiés enCDI à temps partiel. – (Corresp.)

EUROPE & POLITIQUE0123Jeudi 28 septembre 2006 11

Page 12: Le Monde 2006.09

La proposition du ministre délégué àl’enseignement supérieur de Fran-çois Goulard d’instaurer un entretien

avant l’inscription à l’université pour unemeilleure orientation des futurs bacheliers(Le Monde du 22 septembre) a été plutôtbien accueillie par les universités. Nombred’entre elles, conscientes de la nécessité delimiter les échecs massifs en premièreannée, ont déjà mis en place des solutionspour professionnaliser les parcours et pro-poser du soutien aux plus faibles.

« Plusieurs dizaines d’universités propo-sent lors du premier semestre des modulesd’enseignement visant à construire un projetprofessionnel », assure Yannick Vallée, pre-mier vice-président de la Conférence desprésidents d’université (CPU). C’est le casnotamment à Aix-Marseille-I ou à Poitiersqui tirent un bilan positif de ces initiativeset souhaitent les élargir aux filières littérai-res et de sciences humaines alors qu’ellesétaient réservées jusqu’alors aux scientifi-ques.

« Bilan de compétences »« La plupart des étudiants s’engagent

dans des disciplines qu’ils n’ont jamais étu-diées au lycée, comme la psychologie. Ils sefont des idées fausses sur le contenu descours et sur les débouchés, explique Jean-Pierre Gesson, président de l’universitéde Poitiers. L’option “projet personnel etprofessionnel” que nous avons mise en pla-ce leur permet de discuter avec un interve-nant extérieur sur ce qu’ils souhaitent faireplus tard et éventuellement de se réorien-ter. »

Mais de tels enseignements sont forte-ment consommateurs de moyens.« Notre ambition est de généraliser dès l’an-née prochaine cette initiative, assure PaulTardo, président de l’université d’Aix-Marseille-I. Mais cela nécessite un encadre-ment énorme. Pour être efficaces, les grou-pes ne doivent pas dépasser dix étudiants. »

Les 3,7 millions d’euros accordés surprojet à une cinquantaine d’établisse-ments d’enseignement supérieur par legouvernement au titre de l’égalité deschances ont toutefois apporté une petitebouffée d’oxygène comme à Lille-II ouParis-XIII (Villetaneuse). A Lille-II, dèscette année, les étudiants en échec à la findu premier semestre seront reçus par unenseignant pour identifier l’origine deleurs défaillances et leur proposer, sinécessaire une réorientation. Cette dispo-sition, qui concerne les filières des scien-ces et techniques des activités physiqueset sportives (STAPS) et de droit, devraitégalement concerner, en juin 2007, les

étudiants en fin de deuxième année delicence dont les notes sont très faibles.

Dans un second temps, à la rentrée2007, les étudiants qui s’inscriront dansces filières passeront « un bilan de compé-tences » et ceux qui auront des lacunesimportantes devront suivre une remise àniveau sous forme de travaux dirigésdurant le premier semestre. « Nous envisa-geons de rendre ce cours obligatoire, indiquePierre Mathiot, vice-président en chargede la vie universitaire. Car le principe duvolontariat ne permet pas de toucher les plusconcernés. » En 1997, François Bayrouavait tenté de développer la possibilité dese réorienter en fin de premier semestre etle soutien par le tutorat mais les étudiantsle plus en difficulté y ont peu recouru.

« L’orientation, si elle n’est pas dirigée, nesert pas à grand-chose, confirme Alain Neu-man, président de l’université Paris-XIIIqui accueille 45 % de boursiers. Quant aututorat, ça n’est pas facile non plus car ce sontles meilleurs qui viennent voir les tuteurs.Nousallons essayer demettre en placedes dis-positifs un peu plus contraignants. »

Parallèlement à ces initiatives, de plusenplus d’universités tentent de développerdes filières ouvertes sur le marché du tra-vail. Ainsi, Grenoble-II qui compte22 licences professionnelles va monter à30 à la rentrée prochaine. Confrontée àune baisse de 500 à 700 étudiants à cetterentrée et de 1 300 l’an dernier, l’universitéRennes-II (lettres, sciences humaines etsociales) ambitionne, de son côté, de tri-pler le nombre de licences professionnellesd’ici à 2008 – elle en compte cinq aujour-

d’hui. Elle projette également de réorgani-ser son offre de formation en cinq parcoursà finalité professionnelle : métiers de l’ac-tion sanitaire et sociale, de l’administra-

tion, de l’information et de la communica-tion, du livre et de l’édition, du patrimoine.« Nous voulons rendre les réalités d’insertionplusvisibles et il est fauxde direque les univer-

sités de sciences humaines et sociales sont desfabriques à chômeurs », considère MarcGontard, son président. a

Martine Laronche et Catherine Rollot

BIBLIOTHÈQUE MODULABLE

80, rue Claude-Bernard - 75005 PARISTél. : 01.45.35.08.69 - www.decoractuel.com

RIEN N’EST FIGÉ.

FAITES DURER LE PLAISIR

LES CINQ fédérations d’enseignantsFaen, Ferc-CGT, FSU, Sgen-CFDT etUnsa-Education ont appelé à une grèvenationale, jeudi 28 septembre pour pro-tester contre le projet de budget 2007,qui prévoit la suppression de 8 700 pos-tes. Dans le premier degré, 600 postesseraient créés alors que 2 400 seraientsupprimés dans le second degré. Unebaisse de 3 600 postes équivalant à desdécharges statutaires serait égalementprévue, à laquelle s’ajoute la suppres-sion de 3 600 postes d’enseignants sta-giaires. Enfin 500 postes administratifsdisparaîtraient tandis que 350 emploisd’infirmières et d’assistantes socialesseraient annoncés. Le budget définitifdevait être présenté le 27 septembre. a

CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

NOUVEAUHORS-SÉRIE

Université Paris-XII (Créteil), 15 mars. Le monde universitaire a réservé un bon accueil à la proposition du ministre déléguéà l’enseignement supérieur, François Goulard, d’instaurer un entretien avant l’inscription à l’université. JULIEN DE WECK POUR « LE MONDE »

LE RÉSEAU éducation sans fron-tières (RESF) appelait à une jour-née nationale de manifestation,mercredi 27 septembre, devanttoutes les préfectures, pourdénoncer les conditions d’applica-tion de la circulaire du 13 juin. Acette occasion, dans plusieursgrandes villes, devait être effectuéun dépôt groupé de recourscontre les décisions préfectoralesde refus de régularisation.

Depuis la rentrée scolaire, lespermanences des collectifs de sou-tien ne désemplissent pas. Le mar-di soir, dans le local de la rueSaint-Maur, à Paris, où le collectifdes écoles du 11e tient une perma-nence, c’est une véritable bouscu-lade. La dizaine de bénévoles pré-sents, quelque peu débordés,écoutent et conseillent, une à une,les familles déboutées qui brandis-

sent leur lettre de refus de régula-risation. Ils s’appliquent dansleurs conseils, dictant scrupuleu-sement le texte précis du recours« à recopier à la main, de sa plusbelle plume », pressant les parentsd’apporter de nouvelles piècespouvant témoigner de leur pleineintégration : une photo de classede leur enfant, une lettre de l’asso-ciation des parents d’élève dontils sont membres… Autant d’ef-forts qui risquent de rester vains.

« Les familles s’accrochent à cetespoir : le recours est pour elles uneétape dans leur parcours du com-battant pour être régularisées.Mais ce recours au préfet risqued’être une nouvelle source de désillu-sion », s’inquiète Anne de Blic,l’une des bénévoles.

Les familles non régulariséesont la possibilité de déposer un

recours gracieux auprès du préfetou un recours hiérarchiqueauprès du ministre de l’intérieur.Même s’ils les aident dans leursdémarches, les collectifs de sou-tien ne se font guère d’illusionssur les chances de succès de cesrecours. « Pour M. Sarkozy, l’opé-ration est bouclée, explique Jean-François Martinez du Grouped’information et de soutien desimmigrés (Gisti). Il avait annoncé6 000 régularisations. Il y en a eu6 924 et il n’entend pas en accepterune de plus. Les préfectures, quantà elles, ont fait ce qui leur avait étédemandé, dans le cadre du quotaqui leur a été fixé. Il n’y a donc pasplus de chances d’obtenir satisfac-tion auprès d’elles. »

Faibles chances de succèsRestent les recours conten-

tieux, devant les tribunaux admi-nistratifs (TA). Mais là encore, leschances de succès sont faibles. Eneffet, contrairement à une loi ouun décret, une circulaire ne créepas de droits, elle n’a donc aucunevaleur juridique contraignante. Ily a donc peu de chances que lesTA annulent des décisions prisessur le fondement de la circulaire.

Cependant, les juristes spécia-listes du droit des étrangers four-bissent leurs armes et n’écartentpas la possibilité d’engager desrecours contentieux en se fondantsur le respect du principe d’égali-té. « Même lorsque l’administra-

tion exerce son pouvoir discrétion-naire, elle est tenue de respecter leprincipe d’égalité », expliqueMe Dany Cohen, avocat à Mar-seille et membre du Syndicat desavocats de France (SAF, gauche).Ce principe pourrait être évoquélorsque dans un cas l’administra-tion a accordé un titre de séjour etdans d’autres refusé une tellerégularisation, et ce, alors que lesfamilles déboutées ou régulari-sées se trouvaient dans la mêmesituation. « Les cas de familles auxsituations comparables mais ayanteu une réponse de la préfecture diffé-rente sont nombreux », relèveMe Cohen.

Dans l’avis qu’elle a remis le4 septembre, la Haute Autorité delutte contre les discriminations etpour l’égalité (Halde) a appelé leministre de l’intérieur à être atten-tif aux « contraintes attachées auprincipe d’égalité qui commandentun traitement égal des personnesplacées dans une situation compa-rable ». RESF songe d’ailleurs àsaisir une nouvelle fois la Halde,non plus sur la circulaire en géné-ral, mais sur des cas particuliersen invoquant ce principe d’égali-té.

Pour l’heure, enseignants etparents d’élève mobilisés autourdes familles entendent maintenirla pression. Et ressaisir l’adminis-tration est un moyen de montrerque le dossier n’est pas refermé. a

Laetitia Van Eeckhout

L’éducationnationale en grève

A Nantes, l’accès en psychologie limité par la sectorisation

VOTE DES ÉTRANGERSRéférendum à Gennevillierset à La CourneuveLa mairie (PCF) de Gennevilliers(Hauts-de-Seine) a annoncé, mar-di 26 septembre, son intentiond’organiser, le 12 novembre, unréférendum sur le droit de votedes résidents étrangers sur sacommune. En Seine-Saint-Denis,La Courneuve organisera le sienle 1er octobre. Saint-Denis, Stains,Le Blanc-Mesnil et Aubervilliersont déjà organisé des consulta-

tions du même type. – (AFP.)

CULTES45 % des Français contrela critique des religionsUn sondage de l’hebdomadaire LaVie réalisé par l’institut CSA, les 20et 21 septembre, auprès de 1 004personnes, indique que 45 % desFrançais estiment qu’il ne faut pascritiquer les religions et 53 % queles tensions entre chrétiens etmusulmans vont augmenter dansles années à venir.

CETTE ANNÉE, seuls les bacheliers deLoire-Atlantique et de Vendée ont pu s’ins-crire en première année de licence de psy-chologie à l’université de Nantes. Cerecours à la sectorisation devrait permettrede désengorger l’unité de formation et derecherche (UFR) de psychologie, l’une desplus demandées dans la filière des lettreset sciences humaines à Nantes. 424 étu-diants sont ainsi inscrits en premièreannée cette rentrée, contre 649 l’an passé.

Président de l’université, François Res-che justifie ce choix en invoquant les capa-cités d’accueil limitées et le nombre insuffi-sant d’enseignants dans cette filière. Lesinterrogations concernant les débouchésdes étudiants en psychologie ont égale-ment pesé sur cette décision. M. Rescheestime ainsi qu’un important travail doit

être fait au niveau de l’orientation : « Lapsychologie est peu ou pas enseignée au lycée,et certains étudiants en ont une idée floue lors-qu’ils s’inscrivent. C’est une discipline qui ases débouchés, mais beaucoup ne franchis-sent pas le cap de la première année ».

En phase avec M. Resche concernant lemanque de moyens, Mathias Tessier, prési-dent de l’Unef à l’université de Nantes,condamne une décision prise « sans concer-tation ». Estimant qu’il est « impossible deprédire quels seront les débouchés dans cinqou dix ans », il regrette la mise en place decette « sélection ».

Depuis plusieurs années, les universitésfranciliennes ont recours, elles aussi, à lasectorisation dans certaines filières, afinnotamment d’éviter un déséquilibre entreles établissements parisiens et ceux de ban-

lieue. A Nantes, ce procédé est déjà appli-qué à la filière santé et à l’UFR des scienceset techniques des activités physiques etsportives (Staps). « En psychologie, il y aune spécialisation en fonction des universités,précise Mathias Tessier. Quelques étu-diants, même s’ils sont minoritaires, font lechoix d’aller dans une université plutôtqu’une autre en fonction du contenu descours. » Pour la direction de l’université,« cette motivation ne peut être prise en comp-te », l’enseignement étant « quasimentidentique » d’une faculté à l’autre en pre-mière année. Si une dizaine de dérogationsont été accordées, un grand nombre d’étu-diants ont été réorientés vers les UFR depsychologie des deux autres universités del’académie, celles du Maine et d’Angers. a

Fabien Roux

SOCIÉTÉ

IMMIGRATION DÉPÔTS GROUPÉS DE RECOURS CONTRE LES REFUS DE RÉGULARISATION

Manifestations de soutien aux sans-papiers devant les préfectures

Education Professionnalisation des parcours et soutien aux étudiants les plus faibles sont expérimentés

Les solutions des universités contre l’échec

12 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 13: Le Monde 2006.09

L’industriel, décédé en juillet2005, était soupçonné d’avoiraccordé des pots-de-vin auxprévenus qui comparaissent pour« recel d’abus de biens sociaux »et « corruption passive »

Un fantôme hante la 11echambre cor-rectionnelle du tribunal de Parisdevant laquelle comparaissent,

depuis le 25 septembre, le député (UMP)Pierre Bédier, ancien secrétaire d’Etataux programmes immobiliers de la jus-tice, Jacques Masdeu-Arus, égalementdéputé (UMP), Gilles Forray, élu munici-pal (UMP) de Poissy (Yvelines) et unexpert comptable, Jean-Pierre Pécriaux(Le Monde du 26 septembre).

Ce fantôme, c’est celui de Michel Del-fau, décédé en juillet 2005 à 72 ans, alorsqu’il était poursuivi pour « abus de bienssociaux ». Cet industriel, propriétaire desociétés de nettoyage et de gardiennageétait soupçonné d’avoir accordé des lar-gesses aux prévenus qui répondentaujourd’hui de « recel d’abus de bienssociaux » et de « corruption passive ».Quel homme se cachait derrière le por-trait tout en contraste brossé à l’audien-ce ? « Un colosse, bâti comme un deuxièmeligne de rugby, un entrepreneur dynami-que », qu’on imagine truculent à enten-dre M. Bédier que Michel Delfau considé-rait comme « son fils adoptif » ? « Un mer-veilleux fou animé d’une grande bonté »,dont son ami M. Forray a gardé le souve-nir ? Ou cet individu « extrêmement auto-ritaire, hautain, désagréable et méprisantauquel il ne fallait pas tenir tête », qu’adécrit M. Pécriaux ? A moins que MichelDelfau n’ait été ce personnage « pervers »qui se serait livré, il y a près de vingt ans, àdes attouchements sur les enfants de sonépouse, Yann Lorant et sa sœur Elise,

comme ces derniers l’ont assuré dans lecabinet du juge Philippe Courroye ?

Michel Delfau, qui partageait avec Pier-re Bédier « la passion du gaullisme »depuis que les deux hommes s’étaient ren-contrés au début des années 1980, « secroyait intouchable », a affirmé Jean-Pier-re Pécriaux, son expert comptable. « Toutlui était permis. » Il gérait ses sociétéssans se soucier des banques qui récla-maient ses bilans. Toujours selonM. Pécriaux, « travailler avec lui était stres-sant ».

Le Delfau dont M. Pécriaux parle, celuiqui dans les années 1970« réglait les problèmes avec les syndicatspar la force », n’a rien du Delfau que Pier-re Bédier a côtoyé pendant près de vingtans. « Avec Michel on a sympathisé au pre-mier regard », a expliqué l’an-cien secrétaire d’Etat. Ledébit rapide et la faconded’un homme habitué àmanier le verbe en public, l’ac-tuel président du conseilgénéral des Yvelines a évo-qué la relation qu’il entrete-nait avec son ami. « J’avaisun principe avec Michel : tum’invites, je t’invite. »

Ainsi, au dîner chez Ducas-se, offert en janvier 2002 parMichel Delfau à 969 euros la soirée, Pier-re Bédier assure avoir répondu par undéjeuner à la terrasse du Ritz. « Moins coû-teux que chez Ducasse, mais l’addition étaittout de même coquette, M. le président »,a-t-il lâché. Et Pierre Bédier tient à le direhaut et fort : il ne croit rien des « déclara-tions infâmes et monstrueuses » faites enaoût 2003 par Yann et Elise Lorant. Selonlui, il n’y a là qu’« un tissu de mensonges »confectionné par Aloka Delfau, l’épousedélaissée de Michel. Toutefois, PierreBédier le concède, « il y a eu deux pério-des » dans ses relations avec Michel Del-

fau. Avant 1998, Pierre Bédier connais-sait un homme amoureux d’Aloka, aveclaquelle il rêvait de vivre la moitié de l’an-née à Pondichéry en Inde dans « lepalais » qu’il s’était acheté. Après cettedate, « ce n’était plus le même ». Meurtripar « une trahison conjugale », il n’a plusqu’un souci : « Je brûlerai la chandelle parles deux bouts », aurait-il confié àM. Bédier.

De fait, Michel Delfau multiplie lesconquêtes féminines. Il roule en Ferrari –« une pompe à gonzesses », comme il dit –séduit les copines de ses fils qu’il emmènedans des hôtels prestigieux à Deauville età Cannes. Il dépense sans compter, àcoups de cartes de crédit ou en puisantdans la trésorerie de ses sociétés. A celas’ajoutent les pots-de-vin qu’il verse à cer-

tains élus, dont, selon l’accu-sation, Pierre Bédier etGilles Forray. Quand, endécembre 2001, Aloka Del-fau, épousée en 1989, décidede dénoncer cette dérive à lajustice, leur relation s’estdétériorée depuis près detrois ans. Ils vivent encoresous le même toit. Lui refusele divorce et attend qu’elles’en aille. Elle écrit au juge àdeux reprises. Mardi 26 sep-

tembre, le président Olivier Leurent a ludes extraits de ses dépositions. « Il secroyait au-dessus des lois », a-t-elle déclaréau juge tout en indiquant que ni « la ran-cœur » ni « le ressentiment » ne moti-vaient sa démarche. D’autres proches deMichel Delfau, auditionnés par le jugeCourroye, mais qui comme Aloka Delfaun’ont pas été cités comme témoin au pro-cès, ont abondé dans le même sens, évo-quant sur procès-verbal un homme qui« s’estimait intouchable et croyait que touts’achetait ». a

Yves Bordenave

TOUT autour de Philippe Gon-doux, presque à le frôler, sont assisses anciens « patrons ». Sonex-supérieur hiérarchique, lors-qu’il était affecté au bureau desélections du 3e arrondissement deParis, l’ancien maire de cet arron-dissement, Jacques Dominati, etses plus proches collaborateurs.Un peu plus loin à droite, il ne peutmanquer d’apercevoir deux desreprésentants de l’actuelle majori-té municipale, Yves Contassot(Verts) et Lyne Cohen-Solal (PS).

Il a toujours été politiquementproche des premiers, aujourd’huiprévenus. Il est, en qualité de fonc-tionnairede la VilledeParis, auser-vice des seconds, parties civiles. Ilest aussi témoin dans le procès quiles oppose devant la 16e chambredu tribunal correctionnel de Paris.C’est peu dire que la situation deM. Gondoux, mardi 26 septembre,

est inconfortable. Le rappel, par leprésident Jean-Claude Kross, deses déclarations devant les gendar-mes puis devant le juge d’instruc-tion lui est un supplice. Il est vraique le témoin s’était montré plutôtbavard pour expliquer les prati-ques qui sévissaient au bureau desélections du 3e arrondissement encette fin 1988, veille d’échéancesmunicipales importantes pour lamajorité d’alors et pour son maire,Jacques Chirac, qui venait d’êtrebattu à l’élection présidentielle.

Imprimés viergesIl avait notamment raconté

comment le premier adjoint deJacques Dominati, Jack-Yves Boh-bot, ou la secrétaire générale del’époque se faisaient remettre desimprimés vierges d’inscriptionsur les listes électorales et en rap-portaient d’autres dûment rem-plis, sans que les personnes dési-reuses de s’inscrire ne se soientprésentées au bureau des élec-tions.

« C’est normal, selon vous, dedonner des imprimés à remplir à lasecrétaire générale ?, lui demandeM. Kross. – C’était ma supérieurehiérarchique, répond le témoin. –Et à des élus ? – Euh, peut-être, jene sais pas. – Avez-vous une idée del’usage de ces imprimés vierges ? –Je préfère la garder pour moi – Onvous a peut-être demandé de ne pasrespecter la procédure ? – Je ne

connais pas la procédure. – Maismonsieur, vous êtes fonctionnaireau bureau des élections ! », s’excla-me le président. Jean-ClaudeKross reprend ses lectures. « Vousavez déclaré : “Les dossiers des fauxélecteurs étaient bien sûr incom-plets”. Confirmez-vous ? – Quandles informations venaient par lavoie hiérarchique, je ne les vérifiaispas. – Mais avez-vous constaté desirrégularités ? – Je n’en ai constatéqu’une, c’était la mienne », soufflede plus en plus bas le témoin, quifigure lui-même parmi les élec-teurs frauduleusement inscrits.Le vice-procureur, LaurentZukowicz, l’interrompt. « Et votrefemme ? – Euh, oui aussi. – Et lasœur de votre femme ? » Un« oui » vient mourir dans lemicro.

Le président lui cite un autreextrait de ses procès-verbaux,dans lesquels il évoquait « une lis-te de faux électeurs que nousdevions retirer nous-mêmes et nepas poster », et qui était ensuite« remise à M. Bohbot ». « C’est parerreur que j’ai dit ça ! affirme letémoin. – A vous entendre, on al’impression, monsieur, que vousavez le trouillomètre à zéro !, obser-ve M. Kross. Un peu de courage,voyons ! » Puis, comme s’il se par-lait à lui-même, il ajoute : « Enfin,après tout, personne ne vous deman-de d’être un héros ! » a

Pascale Robert-Diard

LILLE

CORRESPONDANTL’affaire avait ému l’opinion publique. Le16 janvier 2004, Sébastien Nouchet,35 ans, cuisinier, vivant en couple depuisquatorze ans avec un autre homme, étaitretrouvé brûlé dans son jardin de Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais).Selon ses décla-rations, il venaitd’être agressépar troisvoi-sins. Immédiatement, on évoque un acte àcaractère homophobe. L’émotion suscitéeavait conduit les députés à voter, le8 décembre 2004, une loi créant la HauteAutorité contre les discriminations etincluant un dispositif contre le sexismeet l’homophobie.

Lundi 25 septembre, après plus dedeux ans et demi d’enquête, Sophie Chou-navelle, juge d’instruction au tribunal deBéthune (Pas-de-Calais), a rendu un non-lieu dans cette affaire (Le Monde du27 septembre).

« Il ne résulte pas de l’information judi-ciaire des charges suffisantes contre la per-sonne incarcérée puis libérée en cours deprocédure », a estimé la justice. « Nousavons cherché dans toutes les directions,agression ou suicide, sans résultat, souli-gne le procureur de la République deBéthune, Louis Wallon. Dans ce dossier, lavictime avait subi en novembre 2002 desactes de violence élucidés ; là le mystèredemeure. Selon l’avocat de monsieur Nou-chet, ce non-lieu indique que nous pensonsqu’il y a eu agression ; mais non. Si Me Del-clos le croit, il doit faire appel dans les dixjours. »

Brûlé au troisième degréL’avocat de Salon-de-Provence, Jean-

Jacques Delclos, qui a repris le dossier,n’en a pas l’intention. « Ce non-lieu ne nousfait pas plaisir, reconnaît-il. Un renvoi dususpect en cour d’assises n’a aucune chanced’aboutir. Je ne conseille pas à mon client defaire appel mais j’aimerais qu’il me le confir-

me. Ni sa mère ni moi ne parvenons à le join-dre depuis vingt-quatre heures. »

Sébastien Nouchet, d’abord repartidans sa région d’origine, serait actuelle-ment en Normandie. « J’estime que la théo-rie de l’agression n’est pas remise en cause etque la tentative de suicide n’est pas reconnue,rectifie l’avocat. Je connais mieux les Corsesque lesNordistes mais je m’aperçois que ceux-ci sont aussi “taiseux”. J’espère seulementqu’un jour un témoin parlera dans le bassinminier. » Car Me Delclos réfute la thèse dusuicide. « Ses tentatives antérieures ont tou-jours été du théâtre symbolique, justifie-t-il.S’immoler ne cadre pas à sa personnalité. Làil a subi une souffrance atroce, il est handica-pé, arrive à peine à parler. »

Brûlé au troisième degré, le cuisinieravait été hospitalisé à Charleroi (Belgique)et subi plusieurs greffes de peau. A l’épo-que, il avait désigné trois hommes commeétant ses agresseurs : d’anciens voisins,dont un jeune homme né en 1983, ouverte-menthomophobe, condamné etemprison-né après l’avoir agressé deux ans plus tôt, àLens.

L’affaireavait été très médiatisée : appa-ritionde la mèreet ducompagnon de lavic-time sur les plateaux télé, lettres de Jac-quesChirac et Jean-Pierre Raffarin au cou-ple homosexuel… Et réception de la mèrede Sébastien par Dominique Perben : legarde des Sceaux de l’époque demandaitau procureur de compléter son réquisitoi-re pour obtenir la circonstance aggravanted’homophobie. Et promettait un dispositiflégislatif nouveau, traduit dans les faitspar la loi du 8 décembre 2004. « L’affaire apris une tournure qui a dépassé le dossier,reconnaît Louis Wallon, le procureur deBéthune. Il en est sorti du positif. » Quantau président de l’association SOS-Homo-phobie, Jacques Lizé, il a rappelé, mardi,les « 131 cas d’agression physique signalésen 2005 et les nombreux procès en cours ». a

Geoffroy Deffrennes

Le fantôme de Michel Delfaus’invite au procès de Pierre Bédier

Au dîner chezDucasse à 969 ¤,

offert parMichel Delfau,

M. Bédier assureavoir répondu par

un déjeuner au Ritz

PROCÈS L’AFFAIRE DES FAUX ÉLECTEURS DU 3e ARRONDISSEMENT DE PARIS

« On a l’impression, monsieur,que vous avez le trouillomètre à zéro ! »

JUSTICE L’AFFAIRE AVAIT CONDUIT AU VOTE D’UNE LOI

Après un non-lieu, interrogationsautour de l’agression d’un homosexuel

LA BOUTIQUE AUX1000 TABLES

LA SEULE BOUTIQUE PARISIENNECONSACRÉE AUX TABLES BASSES

C lassiqueSContemporaineS

En fer forgé, métal, boiSPierre, verre, altuglasSCarrées, rectangulaireSRondes ou ovaleS“SUR MESURE”

OBJETS DE DÉCORATIONLISTES DE MARIAGE

Ouvert du mardi au samedi

89, av Paul Doumer - 75116 ParisTél. : 01.45.27.87.59

Métro : La Muettewww.vuesurtables.com

FAIT DIVERSUne adolescente retrouvéechez un homme rencontrésur InternetUne adolescente sri-lankaise de14 ans, résidant en Suisse, dispa-rue depuis près de trois mois, aété retrouvée, le 21 septembre, àMiramas (Bouches-du-Rhône)chez un retraité de 56 ans, avecqui elle correspondait sur Inter-net depuis plus de deux ans.L’homme a été mis en examenpour « atteintes sexuelles sur

mineure de quinze ans, sans violen-ce, contrainte, menace ni surpri-se ». L’adolescente était entrée encontact avec l’homme, qui se fai-sait passer pour une jeune fille,sur Internet. Elle aurait ensuitesuivi librement le retraité, venula chercher en voiture en Suisse,le 6 juillet. La fugue de l’adoles-cente « semble motivée par des pro-blèmes familiaux et scolaires »,selon Jean-Christophe Sauterel,porte-parole de la police du can-ton de Vaud. – (AFP.)

SOCIÉTÉ0123Jeudi 28 septembre 2006 13

Page 14: Le Monde 2006.09

PSA-Peugeot-Citroën a annoncé,mardi 26 septembre, un plan derigueur afin de redresser sa rentabi-

lité. Le deuxième constructeur européena perdu un demi point de parts de mar-ché sur les huit premiers mois, tandisqu’au premier semestre sa marge opéra-

tionnelle est tombée à 2,4 % contre 4,1 %un an plus tôt. Pour affronter cette situa-tion, le PDG, Jean-Martin Folz, qui aannoncé son départ à la retraite début2007, tente d’optimiser l’outil industrieldu groupe mais sans entreprendre uneprofonde restructuration.

Mesure la plus spectaculaire et la plusimmédiate : une réduction du nombredes intérimaires et des contrats temporai-res. Au total, l’effectif des sites européensaura diminué de 10 000 personnes entrejanvier 2006 et janvier 2007.

Compte tenu des 2 000 embauches réa-lisées dans son usine de Trnava (Slova-quie), ce sont près de 12 000 départs quiauront lieu.Cechiffrecomprend2 000 sup-pressions d’emplois au Royaume-Uni,conséquence de la fermeture de l’usine bri-tanniquede Ryton, annoncée enavril. Pourle reste, « l’essentiel des départs, qui concer-nent la France et l’Espagne a déjà été réali-sé », précise-t-on dans le groupe. Le but estd’optimiser le taux d’utilisation des usinespour le ramener à 100 % dès 2007 contreun peu plus de 90 % actuellement.

Parallèlement, les embauches sontgelées. Cette maîtrise de la masse salaria-le couplée à une réduction des frais géné-

raux, devrait se traduire par une écono-mie annuelle de 125 millions d’euros surle second semestre 2006.

Par ailleurs, PSA veut ramener sesdépenses d’investissement à 2,5 mil-liards contre 3 milliards actuellement.« Il ne s’agit pas de lancermoins de modèles, mais derationaliser nos investisse-ments grâce à la montée enpuissance des coopérationsdéjà nouées ou en cours del’être avec d’autres construc-teurs », explique un porte-parole du groupe. Ce volet duplan comprend l’arrêt du pro-jet de construction d’uneseconde usine en Slovaquie,déjà annoncé le 7 septembre(Le Monde du 9 septembre).

Le groupe veut aussi amé-liorer la productivité de ses activités dedéveloppement de nouveaux modèles.L’objectif est de réduire de 15 % les coûtsde R & D. Il s’agit notamment d’accélérerle rythme des lancements et de raccourcirles délais de développement. « Jusqu’àprésent les modifications ou les ajustementssur un projet étaient effectués au fil de l’eau.

Désormais, afin de ne pas perturber le calen-drier de lancement et le coût du développe-ment, ces interventions n’interviendrontque lors de fenêtres de tir très précises et entout cas pas au-delà de 18 mois après le lan-cement du projet », explique au Monde

Gilles Michel, directeur de lastratégie industrielle dePSA. L’accélération du ryth-me des lancements vise à sta-biliser l’âge moyen desmodèles du groupe à 3,3 ansà partir de 2008 contre4,5 ans aujourd’hui.

PSA veut aussi passer à lavitesse supérieure à l’inter-national. Le constructeurprévoit de lancer huit nou-veaux modèles en Chineentre 2007 et 2009. Au Mer-cosur, 5 nouvelles voitures

seront commercialisées sur la mêmepériode. En Europe, six nouvelles sil-houettes viendront s’ajouter à la gammed’ici à 2009. Trois sont déjà connues : laC4 Picasso, qui complète l’offre de monos-pace de Citroën ; un petit véhicule utilitai-re fabriqué en collaboration avec Fiat etun petit 4 X 4, qui sera lancé en 2007.

Ce plan n’a rien d’une révolution. Ildoit être interprété comme un ensemblede mesures – dont une bonne part étaitdéjà connues – susceptibles de permettreà PSA de traverser sans trop de casse unepériode délicate.

Jean-Martin Folz veut laisser la placenette à son successeur, sans pour autantprendre des options stratégiques sur les-quelles il serait ensuite difficile de reve-nir. La Bourse a trouvé une certaine logi-que à cette position : le titre Peugeot affi-chait mercredi matin une hausse de2,46 % à 44,76 euros.

Pourtant les problèmes de PSA sontloin d’être résolus. Les performances deplusieurs modèles comme les Peugeot107 et 407 restent décevantes. La 207remplit ses objectifs, sans plus.

Dans ce contexte, le groupe a deux outrois années difficiles devant lui avant lelancement de la Peugeot 308 en 2008.Par conséquent, le plan présenté mardine comprend aucun objectif précis de ren-tabilité ou de ventes. PSA vise toujoursune marge opérationnelle de 6 % du chif-fre d’affaires, mais quand ? Ce sera ausuccesseur de M. Folz de le dire. a

Stéphane Lauer

LA COMPÉTITIVITÉ de la Fran-ce est à nouveau mise en causedans le Global CompetitivenessReport 2006-2007, le palmarèspublié, mardi 26 septembre, parle World Economic Forum(WEF), organisateur du célèbreForum de Davos. La France, clas-sée dix-huitième, régresse de sixplaces, tandis que la Suisse accèdeà la première marche. Les Etats-Unis glissent de leur côté de la pre-mière à la sixième place.

Le WEF mélange des donnéesmacro et microéconomiques pourétablir ce classement visant à indi-quer aux investisseurs les paysdans lesquels l’environnement estle plus propice aux affaires. Lesindicateurs pris en compte sontquantitatifs (déficit public…) etqualitatifs (état des infrastructu-res ou du système éducatif parexemple). Ces derniers sont issusd’un sondage mené auprès de11 000 décideurs de 125 pays.

Certains « maux », aux yeux duWEF, sont communs à la Franceet aux Etats-Unis. La fiscalité enparticulier, qu’il s’agisse des tauxd’imposition ou de la législationfiscale. Mais « le coût du terroris-me » pénalise les Etats-Unis tan-dis que la France pâtit de la rigidi-té du marché du travail, entreautres. Le rejet du contrat premiè-re embauche (CPE) a marqué lesauteurs du rapport.

Sinon, « le pays possède unesuperbe infrastructure physique enmatière de transport, d’énergie et decommunication ». L’enseigne-ment primaire et le système desanté sont également bien notés.

Objectivité critiquée« On perd en tout et pour tout

huit centièmes de point de compétiti-vité sur une échelle de un à sept, aprécisé mardi sur BFM la ministredéléguée au commerce extérieur,Christine Lagarde. Cela ne meparaît pas dramatique. »

Institutions, qualité des infras-tructures, niveau d’innovationtechnologique, dépenses des entre-prises en recherche et développe-ment et système de propriété intel-lectuelle sont autant d’atouts quiont propulsé la Suisse en premièreplace. Les pays nordiques sont aus-si bien placés grâce à leurs surplus

budgétaires, leurs faibles niveauxd’endettement, et leurs systèmesde santé et d’éducation.

En revanche, la Chine passe dela quarante-huitième à la cinquan-te-quatrième place. Son taux decroissance, conjugué à une faibleinflation, et à un des taux d’épar-gne parmi les plus élevés du mon-de, ne suffit pas à compenser leseffets négatifs d’un système ban-caire encore en grande partie étati-que, ou de taux de scolarisation etd’équipementen nouvelles techno-logies encore faibles.

Ce palmarès, comme la vingtai-ne d’autres diffusés et analyséspar l’Agence française des inves-tissements internationaux dansson étude sur La réalité des classe-ments internationaux, n’est cepen-dant pas à prendre au pied de lalettre. Dans l’avant-propos de cet-te étude, Elie Cohen, directeur derecherche au CNRS et membredu Conseil d’analyse économi-que, en critique sévèrement l’ob-jectivité. a

Annie Kahn

NOUVELLEFORMULE

Tous les mercredis

NOUS SOMMES DURS,

VOUS ÊTESPIRES

Ce plan doitpermettreau groupe

de traverser sanstrop de casse

la périodede succession

de M. Folz

MONDIALISATION PALMARÈS DE LA COMPÉTITIVITÉ

Attractivité : la France en baisse,selon le Forum de Davos

CHIFFRES

Effectifs. Le groupe employait208 500 personnes fin 2005 (dont140 055 pour la seule division automobi-le), contre 172 440 à la fin 2000. Leseffectifs à l’international ont été multi-pliés par trois en dix ans. Ils s’élevaient à82 440 fin 2005, contre 28 400 fin1996. 64 190 personnes travaillaient enEurope, 18 250 dans le reste du monde.Chiffre d’affaires. Il s’est élevé à56,2 milliards d’euros en 2005(+ 0,3 %), et à 22,98 milliards d’euros(– 1,7 %) au premier semestre 2006.Résultat opérationnel. Il était de1,94 milliard d’euros en 2005, contre2,48 milliards en 2004, et de 691 mil-lions au premier semestre 2006, contre1,28 milliard sur la même période de2005.

Automobile Le patron du groupe, Jean-Martin Folz, chiffre à 10 000 les départs de salariés et d’intérimaires en 2006

PSA Peugeot-Citroën intensifie sa cure de rigueur

SIDÉRURGIEMittal contraint de lancerune OPA sur Arcelor BrasilLe régulateur boursier brésilien aconfirmé, mardi 26 septembre,que Mittal était tenu de lancerune offre publique d’achat (OPA)

sur les actions des minoritairesde la filiale brésilienne d’Arcelor.Cette décision est de nature à ren-chérir le coût du mariage Mittal-Arcelor de 3,5 à 5 milliardsd’euros par rapport aux 25 mil-liards d’euros de l’OPA initiale.

ÉCONOMIE & ENTREPRISES

CLASSEMENT DE L’ATTRACTIVITÉDES PAYS ÉTABLI PAR LE FORUMDE DAVOS

Un recul de six places

Source : World Economic Forum

4

2

7

3

5

1

10

6

11

9

14

17

8

16

23

13

15

12

18

20

RANG 2006 RANG 2005

SUISSE

FINLANDE

SUÈDE

DANEMARK

SINGAPOUR

ÉTATS-UNIS

JAPON

ALLEMAGNE

PAYS-BAS

ROYAUME-UNI

HONGKONG

NORVÈGE

TAÏWAN

ISLANDE

ISRAËL

CANADA

AUTRICHE

FRANCE

AUSTRALIE

BELGIQUE

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

14 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 15: Le Monde 2006.09

JUSTICE

Les dirigeantsde Palace Parfumscondamnés à trois ansde prison ferme

MADRID

CORRESPONDANTE

Les événements se bousculent dans lesecteur énergétique espagnol. Enl’espace de vingt-quatre heures, l’al-

lemand E.ON a été contraint d’améliorerles termes de son offre publique d’achat(OPA) sur Endesa, première entrepriseélectrique espagnole, tandis qu’un projetde fusion des numéros deux et trois dusecteur, Iberdrola et Union Fenosa, se pro-file sous la houlette du constructeur ACS.

Mardi 26 septembre, dans la soirée,E.ON a porté de 25,40 euros à 35 euros leprix offert pour l’achat des actions d’Ende-sa dans le cadre de la contre-OPA qu’il alancée en février sur ce dernier. Le numé-ro un de l’électricité en Espagne étaitalors la cible, depuis septembre 2005,d’une OPA hostile de la première entrepri-se gazière espagnole, Gas Natural.

L’entreprise allemande y a été pousséepar l’annonce, lundi soir, par Acciona,quatrième entreprise espagnole deconstruction et d’infrastructures, de l’ac-quisition de 10 % du capital d’Endesa.Cela fait d’elle le premier actionnaire del’électricien, devant Caja Madrid (9,9 %)et Axa (5,35 %).

L’entreprise, détenue à près de 60 %par la famille Entrecanales, n’a pas exclude monter jusqu’à 24,9 % du capital, leseuil au-delà duquel une OPA doit êtredéclenchée étant fixé à 25 %, afin de « luipermettre de participer à la gestion d’Ende-sa », selon la note remise à la Commis-sion nationale et marché des valeurs(CNMV), l’organisme de régulation de laBourse de Madrid.

Elle devra, pour cela, obtenir l’accordde la Commission nationale de l’énergie(CNE). Financé par le Banco Santander,Acciona a déboursé 32 euros par action,soit un montant de 3,4 milliards d’euros.Monter jusqu’à 24,9 % du capital lui coû-terait 8,4 milliards d’euros.

L’irruption d’Acciona semble avoirpris de court les autres acteurs de la luttepour la prise de contrôle d’Endesa. Elle

intervient au moment où, après des moisd’un combat rendu plus âpre et plusconfus encore par les ramifications politi-ques du dossier, la situation semblait jus-tement s’éclaircir au bénéfice d’E.ON.

L’offre de l’entreprise allemande étaitcertes apparue plus solideque celle de Gas Natural(21,30 euros par action),mais elle était combattue parle gouvernement espagnol.Désireux de faire naître uneentreprise énergétique natio-nale de taille à affronter lacompétition européenne,José Luis Rodriguez Zapa-tero a tenté de toutes ses for-ces de défendre son cham-pion, Gas Natural, contreE.ON, quitte à modifier lesrègles du jeu en cours de partie.

La Commission européenne a finale-ment sanctionné ces procédés et donnéraison au groupe allemand, mardi,jugeant que les autorités espagnoles

avaient violé les règles européennes enmatière de concurrence.

Madrid avait d’ailleurs semblé recon-naître la supériorité de la positiond’E.ON : lors de sa rencontre en Allema-gne avec la chancelière Angela Merkel, le

12 septembre, M. Zapateroavait assuré qu’il y aurait« une fin heureuse » à cettehistoire. Il faudra probable-ment encore patienter pourla connaître.

En quelques heures, l’ini-tiative d’Acciona est venuebouleverser ce scénario et acontraint E.ON à surenché-rir. D’abord parce qu’Accio-na a acheté les actions d’En-desa un quart plus cher quece que proposait E.ON ini-

tialement. En second lieu parce que l’unedes conditions posées par E.ON à laconclusion de l’OPA est la modificationdes statuts de l’électricien espagnol, quilimitent à 10 % les droits de vote d’un

même actionnaire. Un noyau hostile, ras-semblé autour d’Acciona, compliqueraitla suppression de cette clause.

Ce n’est pas la première fois que cegroupe, qui se trouve déjà au deuxièmerang espagnol de l’énergie éolienne, ten-te d’entrer dans le capital d’une compa-gnie d’électricité traditionnelle.

Il y a quelques mois, il avait été tentéd’entrer dans le tour de table actionnariald’Union Fenosa. Il avait alors été sup-planté par un autre constructeur espa-gnol, ACS, présidé par Florentino Perez.Or c’est précisément ACS, détenteur de35 % d’Union Fenosa, qui vient de don-ner un ordre d’achat de 10 % d’Iberdrola,à 37 euros par action, soit 11 % au-dessusde la cotation.

L’objectif d’ACS, qui deviendrait ainsile premier actionnaire d’Iberdrola,serait, spécule la presse espagnole, lafusion des deux électriciens, qui détrône-raient alors Endesa pour la place de pre-mier groupe énergétique espagnol. a

Cécile Chambraud

Le groupe allemand E.ONa relevé, mardi, son offred’achat. La veille, l’entrepriselocale de construction Accionaavait acquis 10 % d’Endesa,par ailleurs convoitépar l’espagnol Gas Natural

ROUEN

CORRESPONDANTLe tribunal correctionnel de Dieppe acondamné, mardi 26 septembre, à troisans de prison ferme et 50 000 eurosd’amende chacun les deux principauxdirigeants de la société Palace Parfumsqui, pendant les congés de Noël 2002,avaient déménagé les machines et lestock de l’entreprise, basée à Saint-Nico-las-d’Aliermont (Seine-Maritime).

Peggy Maaz et Nadim Khouri-Klink,les principaux actionnaires de la sociétéParfum des champs, maison mère dePalace Parfums, étaient poursuivis pourbanqueroute, abus de biens sociaux et tra-vail dissimulé.

Le tribunal a suivi les réquisitions duprocureur de la République et a confirméle mandat d’arrêt international lancécontre ces deux personnes, désormais ins-tallées au Liban, leur pays d’origine.

Le frère de Mme Maaz, Rony Maaz,gérant de Parfum des champs, a étécondamné à neuf mois de prison avec sur-sis. Philippe Nanot, gérant de Palace Par-fums, mais rapidement reconnu comme« l’homme de paille » de la famille Maaz,a de son côté écopé de douze mois de pri-son avec sursis.

L’affaire, qui avait jeté au chômage47 personnes, essentiellement des fem-mes occupant des emplois peu qualifiés,avait éclaté aux premières heures de jan-vier 2003 : les salariés avaient trouvé l’en-treprise vide. Des riverains avaient seule-ment remarqué des rotations decamions.

« Patrons voyous »L’affaire avait conduit le ministre des

affaires sociales et de l’emploi de l’épo-que, François Fillon, à parler de« patrons voyous », en dénonçant une« opération frauduleuse, passible de sanc-tions pénales pouvant aller jusqu’à la priva-tion de liberté ».

La procédure a traîné en longueur. Il afallu attendre un arrêt de la cour d’appelde Rouen, en janvier 2005, pour l’obten-tion des premières indemnités.

En juin 2006, l’audience du tribunalcorrectionnel de Dieppe a réservé unesurprise pour ces femmes, dont bon nom-bre n’occupent que des emplois précairesdans une région où le chômage dépasseles 12 %. L’avocat de Rony Maaz,Me Francis Szpiner, a remis à l’avocatedes parties civiles, devant le tribunal, unchèque de 112 500 euros signé par lamère des prévenus. « Nous avons considé-ré que les agissements de mes clientsavaient constitué un préjudice moral quidemande réparation et que nous tenions àhonorer », a-t-il expliqué.

« Enfin, ce sont les patrons qui sontreconnus coupables et non plus lesemployés », a souligné mardi SophieSomont, l’une des porte-parole des sala-riés, après l’énoncé du jugement. Leuravocate, Me Marie-Pierre Ogel, a reconnuun « jugement exemplaire et sans précé-dent » pour la « première affaire de démé-nagement à la cloche de bois jugée ».

Les ex-Palace Parfums ont obtenu1 500 euros de dommages et intérêts cha-cun. Le jugement du tribunal de Dieppeva leur permettre d’aller devant lesprud’hommes pour obtenir le paiementde travaux effectués à domicile et d’heu-res supplémentaires. a

Etienne Banzet

En Espagne, la bataille autour de l’électricienEndesa s’intensifie et se complexifie

©FF

T/D

irect

ion

dela

Com

mun

icat

ion

-Ph

otos

:Éric

Del

laTo

rre

-G

illes

Dan

ger

Le 12 septembre,M. Zapatero avait

assuré qu’il y aurait« une fin heureuse »

à cette histoire.Il faudra encorepatienter pour

la connaître

Un technicien d’Endesa sur le site de la centrale électrique de San Adria de Besos, dans la banlieue de Barcelone. MARIO FOURMY/REA

ÉNERGIEAlbert Frère n’exclut pas de monterau capital du futur groupe GDF-SuezAlbert Frère, premier actionnaire dugroupe français d’énergie et d’environne-ment Suez, n’exclut pas de monter aucapital du futur groupe énergétiqueSuez-Gaz de France, affirme-t-il dans unentretien au mensuel L’Expansion, mer-credi 27 septembre. « Je ne peux pas vousdire que je ne monterai pas dans le capi-tal », déclare ainsi M. Frère.A propos des modalités de la fusion, quecertains actionnaires de Suez jugentdéfavorables à leur égard, M. Frère affir-me qu’« on ne changera pas la parité ».« Mais les conditions d’échange, fixées enfévrier, ne sont plus nécessairement lesmêmes. On verra s’il y a lieu de donner undividende et s’il y a moyen de satisfaire lesactionnaires », ajoute-t-il. Selon le projetde fusion, une action Suez (actuellementproche de 35 euros) équivaut à un titre

Gaz de France (actuellement légèrementsupérieur à 30 euros), après versementd’un dividende exceptionnel de 1 euroaux actionnaires de Suez.

Les autorités russes menacentde mettre fin au projet Sakhaline IILe ministre russe des ressources naturel-les, Iouri Troutnev, a menacé, mardi26 septembre, d’arrêter le projet pétro-lier et gazier Sakhaline II si le groupe bri-tannique Shell ne règle pas les « domma-ges écologiques » infligés à l’île.M. Troutnev a annoncé qu’une équiped’experts était partie lundi pour Sakhali-ne afin de vérifier le respect des normesenvironnementales. Ces vérificationsconcernent la phase 2 du projet, qui englo-be la construction d’un gazoduc couplé àun oléoduc de 800 km du nord au sud del’île, d’une usine de gaz naturel liquéfié,de deux plates-formes pétrolières et d’unterminal pétrolier.

Moscou va vérifierle respect des engagementsde Total et TNK-BPLes autorités russes vont « vérifier » quela compagnie française Total et la russo-britannique TNK-BP respectent leurs« accords de licence » dans l’exploitationrespective du gisement de Khariaga etde Kovykta, a rapporté, mardi 26 septem-bre, l’agence Ria Novosti.Total contrôle 50 % du champ de Kharia-ga (Grand Nord). Le groupe a assuré res-pecter l’accord de partage de produc-tion. Ce contrat, passé entre le gouverne-ment russe et les compagnies étrangè-res, leur offre en principe des garantiesde stabilité en échange d’un partage desrevenus avec l’Etat russe. En visite àParis vendredi dernier, le président rus-se, Vladimir Poutine, avait déclaré queles rumeurs d’un retrait de licence deTotal étaient « fortement exagérées ».TNK-BP était menacé, mardi, d’un

retrait de licence, en raison de violationsde licence et de la loi sur le respect del’environnement.

SERVICESLa Poste : Bruxelles souhaitela suppression de la garantie d’EtatLa Commission européenne demandera« la semaine prochaine ou la semained’après » aux autorités françaises de sup-primer la garantie illimitée accordée parl’Etat à La Poste et qui permet à celle-cid’emprunter, a annoncé, mardi 26 sep-tembre, le porte-parole de Neelie Kroes,la commissaire européenne à la concur-rence.En autorisant, le 21 décembre 2005, lacréation de la Banque postale, la Com-mission européenne avait précisé que lagarantie illimitée de l’Etat à La Posteferait l’objet d’une « procédure séparée ».La Banque postale ne bénéficie pas decette garantie.

ÉCONOMIE & ENTREPRISES0123Jeudi 28 septembre 2006 15

Page 16: Le Monde 2006.09

VALEURS DU CAC40LES BOURSES DANS LE MONDE 27/9, 9h55

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2006 2006

ACCOR ............................◗.....54,65......53,80 .....1,58 ...17,63 ......54,65 .....42,30....1,15 ...FR0000120404AGF ....................................◗ .....98,20......98,20.......n/d ...17,32....105,00 .....83,20....3,60 ...FR0000125924AIR LIQUIDE ......................◗ ...160,80 ...160,70 .....0,06 .....8,86....167,60 ...140,26....3,85 ...FR0000120073ALCATEL A .........................◗........9,57 ........9,55 .....0,21 ....-8,60 ......13,82........8,27....0,16 ...FR0000130007ALSTOM.............................◗ .....74,65......74,55 .....0,13 ...53,54 ......84,80 .....48,52 .....n/d ...FR0010220475AXA ....................................◗ .....29,44......29,23 .....0,72 ...10,09 ......30,09 .....23,00....0,88 ...FR0000120628BNP PARIBAS ....................◗ .....84,60......84,30 .....0,36 ...24,77 ......85,00 .....66,65....2,60 ...FR0000131104BOUYGUES........................◗ .....41,86......41,82 .....0,10 .....1,36 ......47,40 .....36,05....0,90 ...FR0000120503CAP GEMINI ......................◗ .....42,23......42,19 .....0,09 ...24,54 ......47,90 .....33,71....0,50 ...FR0000125338CARREFOUR ......................◗ .....50,10......50,10.......n/d ...26,58 ......50,40 .....37,61....1,00 ...FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............◗ .....34,58......34,40 .....0,52 ...29,95 ......34,69 .....26,65....0,94 ...FR0000045072DANONE............................◗ ...110,30 ...110,40....-0,09 ...24,99....112,20 .....85,20....1,70 ...FR0000120644DEXIA.................................◗ .....20,11......19,96 .....0,75 .....3,18 ......22,19 .....17,50....0,53 ...BE0003796134EADS ..................................◗ .....22,75......22,60 .....0,66..-28,68 ......35,42 .....16,75....0,49...NL0000235190EDF .....................................◗ .....43,89......43,48 .....0,94 ...37,24 ......49,10 .....31,81....0,79 ...FR0010242511ESSILOR INTL.....................◗ .....79,15......79,50....-0,44 ...16,06 ......83,85 .....66,65....0,94 ...FR0000121667FRANCE TELECOM ............◗ .....17,95......17,95.......n/d..-14,48 ......21,94 .....15,50....1,00 ...FR0000133308GAZ DE FRANCE................◗ .....31,61......31,50 .....0,35 ...27,67 ......32,00 .....24,64....0,68 ...FR0010208488LAFARGE............................◗ ...101,00 ...101,80....-0,79 ...32,89....104,90 .....73,55....2,55 ...FR0000120537LAGARDERE ......................◗ .....56,95......56,60 .....0,62..-12,38 ......68,90 .....53,00....1,10 ...FR0000130213L'OREAL .............................◗ .....79,85......79,80 .....0,06 ...27,15 ......84,05 .....62,30....1,00 ...FR0000120321LVMH MOET HEN. ............◗ .....80,20......80,15 .....0,06 .....6,86 ......85,95 .....68,75....0,90 ...FR0000121014MICHELIN ..........................◗ .....56,05......55,60 .....0,81 ...18,05 ......60,60 .....43,21....1,35 ...FR0000121261MITTAL STEEL A ................◗ .....26,59......25,94 .....2,51 ....-1,59 ......27,37 .....23,00....0,07...NL0000361947PERNOD RICARD ..............◗ ...165,10 ...164,10 .....0,61 ...12,01....173,50 ...140,30....1,12 ...FR0000120693PEUGEOT ...........................◗ .....44,64......43,55 .....2,50 ....-8,34 ......54,30 .....38,91....1,35 ...FR0000121501PPR .....................................◗ ...117,00 ...114,20 .....2,45 ...22,96....117,30 .....87,85....2,72 ...FR0000121485PUBLICIS GROUPE ............◗ .....31,21......31,11 .....0,32 .....6,16 ......33,78 .....27,30....0,36 ...FR0000130577RENAULT ...........................◗ .....89,45......89,25 .....0,22 ...29,83 ......97,50 .....68,90....2,40 ...FR0000131906SAINT-GOBAIN .................◗ .....56,85......57,65....-1,39 ...13,13 ......60,80 .....49,06....1,36 ...FR0000125007SANOFI-AVENTIS .............◗ .....69,80......69,90....-0,14 ....-5,68 ......79,85 .....66,90....1,52 ...FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC.......◗ .....87,80......87,30 .....0,57 ...16,52 ......93,40 .....70,85....2,25 ...FR0000121972SOCIETE GENERALE ..........◗ ...127,90 ...127,70 .....0,16 ...23,10....129,40 ...101,00....4,50 ...FR0000130809STMICROELECTRONICS ...◗ .....13,39......13,31 .....0,60..-11,73 ......16,56 .....11,34....0,07...NL0000226223SUEZ...................................◗ .....35,38......34,87 .....1,46 ...34,52 ......36,15 .....26,34....1,00 ...FR0000120529THOMSON.........................◗ .....12,35......12,31 .....0,32..-30,23 ......19,32 .....11,65....0,30 ...FR0000184533TOTAL ................................◗ .....51,35......50,95 .....0,79 ....-1,94 ......57,40 .....46,52....3,48 ...FR0000120271VEOLIA ENVIRON. ............◗ .....47,70......46,77 .....1,99 ...24,74 ......49,45 .....36,49....0,85 ...FR0000124141VINCI..................................◗ .....87,40......86,75 .....0,75 ...22,51 ......87,40 .....69,53....1,30 ...FR0000125486VIVENDI.............................◗ .....28,33......28,43....-0,35 .....7,07 ......29,60 .....24,74....1,00 ...FR0000127771

FRANCE CAC 40 5239,55 27/9 0,38 5329,16 11/5 4564,69 14/6 13,00

CAC Mid100 6924,43 27/9 0,38 7678,54 11/5 6002,28 2/1

CAC Small 90 7552,16 26/9 0,17 8710,94 11/5 7242,38 18/7

SBF 250 3669,45 26/9 1,37 3755,62 9/5 3244,18 13/6 13,80

ALLEMAGNE DAX Index 5991,40 27/9 0,52 6162,37 11/5 5243,71 14/6 13,50

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5913,80 27/9 0,68 6137,10 21/4 5467,40 13/6 12,20

SUISSE Swiss market 8416,13 27/9 0,40 8427,60 27/9 7123,18 13/6 16,10

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 11669,39 26/9 0,81 11670,27 26/9 10661,15 20/1 15,10

Nasdaq composite 2261,34 26/9 0,55 2375,54 20/4 2012,78 18/7 24,70

JAPON Nikkei 225 15947,87 27/9 2,51 17563,37 7/4 14045,53 14/6 18,20

Mercredi 27 septembre 9h30Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

(Publicité)

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'anima-tion. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2006. n/d : valeur non disponible.

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteur

Dernier cours connu le 27/9 à 9h

Valeur Cours date

en euro valeur

Fonds communs de placementsECUR.1,2,3 FUTUR 53,86 25/9ECUR.ACTS EUROPEC 19,06 25/9ECUR.CAPIPREMIEREC 2523,19 25/9ECUR.CAPITAL.C 52,62 25/9ECUR.DYNAMIQUE +D 40,95 25/9ECUR.ENERGIE D 47,11 25/9ECUR.EURIBOR 1132,53 25/9ECUR.EXPANSION C 16628,36 25/9ECUR.INVEST D 58,05 25/9ECUR.MONEPRE.INSTC 107372,83 25/9ECUR.MONEPREMIEREC 2198,41 25/9ECUR.SECURIPREM.C 2366,65 25/9ECUREUIL SENSIPREM 3116,66 25/9ECUR.TRESORERIE C 61,00 25/9ECUR.TRIMESTRIEL D 264,34 25/9

ATOUT QUANTEURO D 116,07 25/9CAAM ACTS EUROPE C 352,97 25/9CAPITOP MONDOBLIG 65,81 22/9

Fonds communs de placementsATOUT EUROLAND D 171,03 25/9ATOUT EUROPE C 547,04 25/9ATOUT EURO MONDED 43,16 21/9ATOUT FRANCE C 229,80 25/9ATOUT FRANCE D 189,64 25/9ATOUT MODERATIONSC 105,93 25/9ATOUT MONDE C 45,29 22/9ATOUT VERT HORIZ C 15,03 22/9ATOUT VIVACTIONS C 109,94 25/9CAPITOP EUROBLIG C 125,67 25/9CAPITOP EUROBLIG D 85,91 25/9CAPITOP MONETAIREC 206,66 27/9CAPITOP REVENUS D 165,71 25/9

EURCO SOLIDARITE 261,51 25/9MONELION JOUR C 531,50 25/9MONELION JOUR D 420,92 25/9SICAV 5000 169,35 25/9SLIVAFRANCE 282,23 25/9SLIVARENTE 41,76 25/9SLIVINTER 136,34 25/9TRILION 797,69 25/9Fonds communs de placementsDYNALION EUROPE 94,92 25/9EGERIS AC 25-65C 189,23 25/9EGERIS AC 25-65D 155,54 25/9EGERIS AC 55-100C 175,68 25/9EGERIS AC 55-100D 149,09 25/9EGERIS AC PEA25-65 170,17 25/9EGERIS ACPEA55-100 64,91 25/9EGERIS PRUDENT 197,14 25/9INTERLION 301,42 25/9

Fonds communs de placementsCIC FRANCE D 37,05 26/9CIC EURO OPPORTUNI 35,34 26/9CIC EUROLEADERS C 41,74 26/9

CIC JAPON 6,82 25/9CIC OBLIGATIONS D 25,87 26/9CIC PLAN BOURSE 13,19 25/9CIC PROF.TEMPERE 161,93 25/9CIC PROFILE EQUILI 20,03 25/9CIC PROFILE DYNAMI 27,88 25/9CIC USA 13,25 26/9CIC OBLI C.T. D 134,40 26/9

Multi-promoteursCM ACTIONS EURO C 25,22 26/9CM FRANCE ACTIONSC 41,17 26/9CM MID-ACT.FRANCE 46,17 26/9CM MONDE ACTIONS C 275,27 26/9CM OBLIG.COURT T.C 186,69 26/9CM OBLIG.LONG T.C 137,33 26/9CM OBLIG.MOYEN T.C 411,26 26/9CM OBLIG.QUATRE 172,24 26/9CM OPTION DYNAM.C 37,73 26/9CM OPTION EQUILI.C 70,70 26/9Fonds communs de placementsCM OPTION MODER.C 23,41 26/9

Fonds communs de placementsHDF CAPITAL APPR. 480,41 22/9HDF EUROPE EQUITY 603,39 22/9HDF GLOBAL EQUITY 483,39 22/9HDF GLOBALOPPORTUN 539,71 22/9HDF MULTI ALTERNAT 421,97 22/9

LBPAM ACTIONS AMERIQUE C 21,71 25/9LBPAM ACTIONS AMERIQUE D 20,05 25/9LBPAM ACTIONS FRANCE C 103,79 25/9LBPAM ACTIONS MONDE C 208,69 25/9LBPAM ACTIONS MONDE D 178,85 25/9

LBPAM ACTIONS PACIFIQUE D 19,74 25/9LBPAM ACTIONS DEV DUR C 131,75 25/9LBPAM ACTIONS DEV DUR D 124,66 25/9LBPAM ACTIONS EURO R 30,20 25/9LBPAM ACTIONS FRANCE D 94,82 25/9LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE 41,75 25/9LBPAM ACTIONS INDICE EURO 97,31 25/9LBPAM ACTIONS MIDCAP C 120,38 25/9LBPAM ACTIONS MIDCAP D 113,54 25/9LBPAM ACTIONS PACIFIQUE C 21,92 25/9LBPAM MONETAIRE 1 C 117,76 25/9LBPAM MONETAIRE 2 C 109,00 25/9LBPAM OBLI COURT TERME C 22,74 25/9LBPAM OBLI COURT TERME D 17,79 25/9LBPAM OBLI LONG TERME 1 C 139,40 25/9LBPAM OBLI LONG TERME 1 D 129,15 25/9LBPAM OBLI MONDE C 142,91 25/9LBPAM OBLI MONDE D 123,70 25/9LBPAM OBLI REVENUS 767,94 25/9LBPAM OBLI MOYEN TERME C 224,10 25/9LBPAM OBLI MOYENTERME D 177,46 25/9LBPAM PROFIL 100 C 74,90 25/9LBPAM PROFIL 100 D 70,50 25/9LBPAM PROFIL 15 C 212,93 25/9LBPAM PROFIL 15 D 198,32 25/9LBPAM PROFIL 50 C 226,52 25/9LBPAM PROFIL 50 D 211,40 25/9LBPAM PROFIL 80 C 238,61 25/9LBPAM PROFIL 80 D 223,37 25/9LBPAM PROFIL 80 PEA C 89,08 25/9LBPAM PROFIL 80 PEA D 83,98 25/9LBPAM TRESORERIE 2 C 2904,68 26/9LBPAM TRESORERIE 2 D 2256,23 26/9Fonds communs de placementsLBPAM 1ERE MONETAIRE E 7894,01 26/9LBPAM 1ERE MOYEN TERME 10766,87 25/9LBPAM ACTIONS FINANCE 100,38 25/9LBPAM ACTIONS EUROPE C 71,08 25/9LBPAM ACTIONS EUROPE D 71,09 25/9LBPAM ACTIONS SANTE 110,58 25/9LBPAM ACTIONS TECHNOLOGIE 26,25 25/9LBPAM ACTIONS TELECOM 43,20 25/9LBPAM ALTERNA 10 E 6126,99 25/9

LBPAM ALTERNA 10 R 113,64 25/9LBPAM ALTERNA 25 E 10002,94 25/9LBPAM OBLI CREDIT 128,68 25/9LBPAM OBLI EUROPE C 113,61 25/9LBPAM OBLI EUROPE D 102,99 25/9

FCP Multi-gestionF&C BIOPHARMA 16,69 26/9F&C EM MKTS BD USD 12,65 26/9F&C EUR INFL LINK 10,23 26/9F&C EURO HI.YLD.BD 15,23 26/9F&C EURO.CORP. 18,68 26/9F&C EUROP SM CAP A 15,82 26/9F&C EUROPEAN EQTY 16,79 26/9F&C FAR EAST EQUIT 11,17 26/9F&C GL CONVER BOND 12,32 26/9F&C GL REAL ESTATE 18,25 26/9F&C GL.EMG.MKT.USD 17,38 26/9F&C COM GL EM MKTS 102,99 26/9F&C JAPAN.EQTY 27,41 26/9F&C NORTH AMER EQ. 23,18 26/9F&C PACIFIC EQTY 33,08 26/9F&C STEWARDSHI.INT 9,73 26/9

F&C US SM CAP USD 84,65 26/9

Fonds communs de placementsFED.ACTS.ETHIQUES 87,09 25/9FED.CROISSANCE C 52,35 25/9FED.EPAR.ACTS 65,08 25/9FED.EURO DYNAMIQ. 31,90 25/9FED MULTI ACTS EUR 143,17 22/9FED MULTI 21E SIEC 59,01 22/9PRO FED.OBL. 39,40 25/9PRO FED.OBL.CONVER 23,98 25/9FED OBLIG.VARIABLE 21,79 25/9..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pourl'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.n/d : valeur non disponible.

Achat Vente

dollar us ................................1,2689...........1,2692

yen .......................................148,6300 ......148,6600

couronne tchéque .............28,4120.........28,4320

couronne danoise ...............7,4584...........7,4594

livre sterling.........................0,6706...........0,6707

forint hongrois...............271,3700 ......272,3700

zloty polonais ......................3,9620...........3,9720

couronne suédoise ..............9,2968...........9,3018

couronne slovaque ..........37,3550.........37,4560

franc suisse ...........................1,5782...........1,5789

couronne norvég. ...............8,2810...........8,2850

rouble ...................................33,9220.........34,0210

livre turque...........................1,8966...........1,9066

dollar australien ................1,6885...........1,6895

dollar canadien ...................1,4140...........1,4150

yuan chinois .......................10,0192.........10,0292

won sud-coréen ............1197,3000 ....1198,3000

dollar néo-zéland...............1,9194...........1,9294

rand sud-africain................9,6582...........9,6682

TAUX D'INTÉRÊT LE 27/9Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

france 3,02 3,37 3,66 3,83

royaume-uni 4,85 5,07 4,51 4,30

italie 3,02 3,37 3,94 4,21

allemagne 3,02 3,37 3,67 3,88

japon 0,35 0,42 1,62 2,18

états-unis 5,28 5,36 4,65 4,86

suisse 1,68 1,76 2,33 2,51

COURS DE L'EURO

TAUX

OR

MERCREDI 27 SEPTEMBRE 9h55 Cours % var.

LIGHT SWEET CRUDE.......................61,01 ........1,40

DISTRIBUTION RECENTRAGE SUR LE PÔLE LUXE

Le groupe PPR réfléchiraità la cession de l’enseigne Fnac

Au Royaume-Uni, la banqued’affaires veut racheterdes « pension funds » privés.Les entreprises cherchentà se débarrasser de ce fardeauqui pèse sur leur avenir

JUSTICE

L’ex-PDG de WorldComet l’ancien directeurfinancier d’Enronen prison

SICAV ET FCP

AllemagneLe baromètre Ifo, mesurant le moraldes chefs d’entreprise, s’est établi à104,9 points en septembre, contre105 en août, a annoncé, mardi 26 sep-tembre, l’institut de conjoncture privé.La composante des activités actuellesdes industriels a grimpé à 111,3 points,mais celle des attentes sur six mois abaissé, à 98,9 points.

L’indicateur du moral des consomma-teurs allemands s’élève à 8,8 points,contre 8,6 un mois plus tôt, dans l’en-quête de septembre de l’institut GfK,publiée mercredi 27 septembre. L’indica-teur mesurant leurs attentes a augmentéd’un point en septembre, à 12,4 points.

EspagneLe déficit de la balance commerciale achuté de 17,1 % en juillet sur un an, à7,17 milliards d’euros, a indiqué, mardi26 septembre, le ministère du commerceet de l’industrie.

Etats-UnisL’indice de confiance des consomma-teurs a progressé à 104,5 points enseptembre, contre 100,2 points enaoût, a annoncé, mardi 26 septembre,l’institut de conjoncture privé Conferen-ce Board, alors que les analystestablaient sur une hausse à 103 points.

ArgentineLe gouvernement maintient sa politi-que d’excédent fiscal de 21,82 mil-liards de pesos (5,45 milliardsd’euros), soit 3 % du produit intérieurbrut, et de taux de change compétitif, àenviron 3,10 pesos pour un dollar, a affir-mé, mardi 26 septembre, la ministre del’économie, Felisa Miceli, en présentantle projet de budget 2007.

LE GROUPE PPR envisagerait devendre la Fnac. Selon Les Echosdu mercredi 27 septembre, lesbanques UBS et Goldman Sachsauraient contacté plusieurs trèsgros fonds d’investissement com-me Permira, KKR, CVC et Cinvenpour leur proposer de racheter lachaîne de produits culturels.

Selon nos informations, Jean-Paul Giraud, ancien PDG de laFnac et actuel patron deGO Sport, regarde également ledossier, sous la forme d’un rachatd’entreprise par endettement(LBO). Toutefois, à ce jour, lesbanques n’ont pas été officielle-ment mandatées par PPR, qui nefaisait aucun commentaire mer-credi matin.

La valeur de la Fnac aurait étéévaluée à environ 2 milliardsd’euros. Cette somme ne com-prend que l’exploitation desmagasins puisque l’enseignen’est pas propriétaire des murs.

Après les cessions (en mars2005) du distributeur Rexel, spé-cialisé dans le matériel électrique,et tout récemment des magasins

Printemps (Le Monde du 15 juin),les rumeurs vont bon train sur lavolonté de PPR de se désengagerdu secteur de la distribution pourse concentrer sur le luxe.

« Une telle opération serait forcé-ment bien accueillie par le mar-ché », soulignent les analystes dugérant Aurel Leven. Elle a effecti-vement du sens au regard des per-formances comparées de ces deuxactivités. Au premier semestre2006, le pôle luxe de PPR pesaitainsi 20 % du chiffre d’affaires dugroupe mais près de 40 % de sonrésultat opérationnel courant.

La Fnac, elle, pèse 25 % du chif-fre d’affaires du groupe, mais seu-lement 13 % du résultat. Avec unerentabilité de 3,6 %, elle peine àfaire la preuve de son potentiel decroissance. Le réseau de magasinsen centre-ville est saturé, d’où lavolonté de développer un concepten périphérie. Par ailleurs, l’ensei-gne souffre de la déflation sur lesproduits techniques et de l’effon-drement des ventes de disques. a

Cécile Ducourtieuxet Stéphane Lauer

LONDRESCORRESPONDANT

Que va faire Goldman Sachs dansles fonds de pension, un mondeque la célèbre banque d’affairesaméricaine ne connaît pas ? La

City s’interroge alors que le numéro unmondial des métiers financiers a confir-mé, mardi 26 septembre, son projet decréer une filiale d’assurance-vie pour selancer dans le rachat de fonds de pensiond’entreprises au Royaume-Uni. Il en ademandé l’autorisation à l’Autorité bri-tannique des services financiers (FSA).

En Grande-Bretagne, l’Etat ne versequ’une maigre indemnité aux retraitésdu privé. En complément de quoi, lesemployeurs ont longtemps garanti à leurpersonnel une pension calculée sur lesalaire de fin de carrière.

Ce système des fonds d’entreprises estaujourd’hui en faillite virtuelle. Il n’a pasrésisté à l’allongement de la durée de lavie, au sous-financement chronique desdernières années et aux erreurs de ges-tion. Le déficit total du secteur atteignaitplus de 100 milliards de livres l’an dernier(146 milliards d’euros).

La majorité des entreprises ont doncdécidé de fermer ces fonds traditionnels

à leurs nouveaux salariés. Désormais, cesderniers cotisent, au côté de leuremployeur, à un plan d’épargne-retraite.

Dans ce contexte, les employeurs sontprêts à brader ces fonds de pension,d’autant qu’ils sont désormais obligatoi-rement inscrits au bilan et surveillés deprès par les agences de notation et lesanalystes.

Un marché très lucratif s’est ainsi créé.La perspective de la prochaine réformedes retraites, qui doit être finalisée cetautomne, n’a pas freiné cet enthousias-me, même s’il est évidentqu’elle limitera la liberté d’ac-tion des propriétaires de cesfonds de pension.

Alors que la FSA a récem-ment autorisé le rachat deces « pension funds », onassiste, dans cette activité, àune véritable ruée des assu-reurs – Prudential, Legal& General et Swiss Re,aujourd’hui, Aviva et la filia-le britannique du néerlan-dais Aegon demain.

Goldman Sachs – une ins-titution qui s’apparente à un supermar-ché de la finance offrant toute la gammedes services, des émissions d’obligationsaux transactions en devises, des fusions-acquisitions au négoce de matières pre-mières… – est la première banque d’affai-res à se manifester sur ce terrain.

Elle estime disposer d’atouts supplé-mentaires. D’abord, l’institution de FleetStreet possède un vrai savoir-faire dansle domaine des produits dérivés qui per-

mettent de limiter, le cas échéant, les per-tes. Les avoirs des fonds de pension bri-tanniques sont investis à hauteur de60 % en actions.

La direction de la future compagnied’assurance-vie a d’ailleurs été confiée àAddy Loudladis, qui a fait une grande par-tie de sa carrière dans le secteur des pro-duits financiers sophistiqués.

Cette nouvelle aventure permet, au pas-sage, à Goldman de garder l’une des fem-mes les plus puissantes de la City, récem-ment écartée de la direction des activités

en Europe au profit du Fran-çais Yoel Zaoui.

Ensuite, ce nouveau cré-neau offre des possibilitésd’investissement très lucrati-ves à l’activité de capital-ris-que, en plein essor, de la ban-que d’affaires. Enfin, malgrél’existence d’une muraille dechine entre les entreprises etleurs fonds de pension, lapropriété de ces derniers nepeut que faciliter les liensavec ces premières.

Le rachat de fonds de pen-sion demande, en revanche, un savoir-fai-re que Goldman Sachs, contrairement auxassureurs, ne possède pas a priori : la pré-vision des évolutions démographiques.

Il s’agit de calculs complexes, commeen atteste l’augmentation de quatre ansde l’espérance de vie moyenne au Royau-me-Uni entre 2002 et 2005. Mais la ban-que d’affaires a les moyens d’embaucherdes spécialistes. a

Marc Roche

L’ANCIEN DIRECTEUR financier ducourtier en énergie américain Enron,Andrew Fastow (44 ans), a été condam-né, mardi 26 septembre, à six ans de pri-son et a été immédiatement incarcéré. Lemême jour, l’ex-PDG de l’opérateur télé-phonique américain WorldCom, BernardEbbers (65 ans), a lui aussi été écroué.

M. Fastow risquait dix ans de prisonpour avoir aidé à dissimuler l’ampleurdes pertes d’Enron, qui a fait faillite fin2001. Mais il a bénéficié de sa décision decollaborer avec la justice et de témoignercontre ses anciens patrons, Kenneth Layet Jeffrey Skilling.

M. Fastow avait créé et dirigé les socié-tés financières qui servaient à Enron àdissimuler l’ampleur de ses pertes et à fai-re croire aux marchés financiers que legroupe était en pleine santé.

M. Skilling connaîtra de son côté ladurée de sa peine de prison fin octobre. Ila été reconnu coupable de fraude en mai(Le Monde du 27 mai). M. Lay est décédéen juillet d’une crise cardiaque aprèsavoir été lui aussi reconnu coupable(Le Monde du 7 juillet).

Avant l’« affaire Enron », l’« affaireWorldCom » avait elle aussi symboliséles excès du capitalisme américain dansles années 1990. M. Ebbers, condamnéen juillet 2005 pour fraude et complot àla suite de la faillite de son entreprise,s’est présenté, mardi, à la prison d’Oakda-le, en Louisiane, pour commencer à y pur-ger sa peine de vingt-cinq ans. a

Goldman Sachs se lancesur le marché des fonds de pension

MERCREDI 27 SEPTEMBRE 9h55 Cours % var.

ONCE D'OR EN DOLLAR.................591,00 ........1,07

PÉTROLE

Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr

Le déficitdu systèmebritanniquedes fonds

d’entreprisesdépassait, en 2005,

les 100 milliardsde livres

chaque lundi avec

0123 daté mardi

TABLEAU DE BORD

ÉCONOMIE & FINANCES16 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 17: Le Monde 2006.09

Des négociations sont ouvertespour faire passer, dès 2007,les six unités régionales et les471 salariés de cette division auservice de l’ensemble du groupe

C ’est l’un des chantiers les plus impor-tants du virage éditorial et stratégi-que de France Télévisions », dit-on

dans l’entourage de Patrick de Carolis,président du groupe public. Depuis plu-sieurs semaines, la direction générale deFrance 3 planche sur une réforme de lafilière de production de cette chaîne.Début 2007, elle devrait se transformeren une filière transversale, au service del’ensemble du groupe. Les enjeux de cetteréforme seront présentés lors du pro-chain comité central d’entreprise de lachaîne, mardi 3 octobre.

Répartie en six unités régionales deproductions (URP) implantées dans huitcapitales régionales avec une coordina-

tion centrale à Paris, cette filière, issue dudémantèlement de l’ORTF en 1974,concourt à la production de fictions,magazines, documentaires et est utiliséepour tous les grands événements sportifsachetés par France Télévisions (Tour deFrance, Roland-Garros…). En tout, elleemploie 471 personnes à temps completsur les 5 000 salariés permanents quecompte France 3.

« Nous sommes la seule chaîne françaiseà posséder un tel outil de production mais ilest malheureusement déficitaire, souligneGeneviève Giard, directrice générale deFrance 3, chargée du dossier par la prési-dence du groupe. C’est dans un souci debonne gestion que nous voulons la ramenerà l’équilibre en la faisant travailler pourl’ensemble du groupe. » En2005, la filière de production,dont les résultats financiersapparaissent dans les comp-tes de France 3, affichait undéficit de 1,6 million d’eurospour un chiffre d’affaires de84 millions d’euros.

Promue « chantier partici-patif » – auquel doivent êtreassociés les personnels et lessyndicats – par la présidencede France Télévisions, cetteréforme suscite débats et polé-miques depuis plusieurs années au seind’une chaîne tiraillée entre sa vocationrégionale initiale et ses ambitions de chaî-ne nationale.

Début 2006, un rapport de l’Inspectiongénérale des finances (IGF), commandépar le ministre de l’économie Thierry Bre-ton, dans la perspective de la négociationdu contrat d’objectifs et de moyens(COM) de France Télévisions jusqu’à

2010, pointait la mauvaise situation finan-cière de France 3 et de son réseau de 24stations régionales. Pour y remédier, lesexperts de Bercy recommandaient, entreautres, « la cession » de la filière de pro-duction en raison de ses coûts « hors dumarché » et de la « distorsion de concurren-

ce » qu’elle induit entre sec-teur public et privé.

Si M. de Carolis s’estdéclaré en « désaccordtotal » avec ces mesures, il aengagé une rationalisationdes moyens de productionde France 3. « Il n’existeaucun plan social à l’étude,assure Mme Giard. Sans par-ler de rentabilité, le but est enpriorité de rétablir l’équilibrede la filière et d’élargir le péri-mètre de ses clients. » Et desouligner : « Nous sommes

très attendus par l’Etat actionnaire sur cesujet. La réussite de cette réforme sera lesigne que l’entreprise est capable de semoderniser et de bouger ». D’autant que legroupe vient de se voir octroyer une haus-se de 2,5 % de sa dotation publique issuede la redevance audiovisuelle (Le Mondedu 31 août).

La directrice générale de France 3 pré-

conise, entre autres, une baisse des char-ges variables et fixes de la filière, la péren-nité de l’emploi et le financement desmoyens de production en haute défini-tion (HD).

« Pour l’instant, ce chantier n’a de parti-cipatif que le nom », déplore pour sa partMarc Chauvelot, secrétaire du syndicatnational CGT de la radio télévision(SNRT). Pour sauver et équilibrer la filiè-re, la CGT a déjà proposé dans un « Livreblanc », publié en mai 2006, la créationd’un groupement d’intérêt économique(GIE) qui permettrait d’échapper à lafilialisation, et d’être surtout « un vérita-ble partenaire du groupe ». Selon la CGT,l’avantage de cette proposition serait de« déplacer la filière du terrain financier àcelui de l’économie ».

Le syndicat réclame aussi la révisiondes « décrets Tasca » de 1986, obligeantles chaînes publiques à externaliser, engrande partie, la production de leurs pro-grammes. « Si nous n’avons pas de signestangibles de la part de la direction, nousallons être vite en désaccord », prévientM. Chauvelot. Début novembre, au coursd’un comité central extraordinaire, ladirection de France 3 devrait présenterson projet élaboré pour la filière. a

Daniel Psenny

France Télévisions veutrentabiliser la filière deproduction de France 3

« La réussitede cette réforme

sera le signeque l’entreprise

est capablede se moderniser

et de bouger »Geneviève Giard

PRESSELaurent Joffrin ne quittera pas le« Nouvel Obs » pour « Libération »Le directeur de la rédaction du NouvelObservateur, Laurent Joffrin, ne viendrapas diriger celle de Libération, a-t-il indi-qué sur le site Internet nouvelobs.com.« J’ai passé beaucoup de temps à Libéra-tion, donc le sort du journal ne m’est pasindifférent, mais je n’ai pas l’intention dequitter le Nouvel Observateur », précise lejournaliste, qui fut rédacteur en chef àLibération jusqu’en 1988, avant derejoindre l’hebdomadaire de Claude Per-driel et Jean Daniel. Edouard de Roths-child, le principal actionnaire du quoti-dien, qui souhaitait la venue de M. Jof-frin, a rencontré mardi 26 septembre, àla veille du conseil d’administration dujournal, un autre candidat, Edwy Plenel,ancien directeur de la rédaction duMonde.

PUBLICITÉWPP et Universal marientmarques et musiqueLe groupe publicitaire britannique WPPet la maison de disques Universal Musicont annoncé, mardi 26 septembre, lacréation d’une coentreprise baptiséeBrandAmp. Cette société installée à Lon-dres aura pour mission de développerdes partenariats entre les marques clien-tes du groupe publicitaire et les artistessous contrat avec Universal.

RADIOArrêt de travail très suiviau sein du réseau France BleuL’arrêt de travail de 24 heures, auquelavait appelé l’ensemble des syndicats deRadio France, mardi 26 septembre, a ététrès suivi au sein du réseau France Bleu.Selon les syndicats, 34 stations sur 41ont été perturbées. La direction de RadioFrance estime que 183 journalistes surles 285 en fonction ce jour-là se sontdéclarés en grève pour protester contreles conditions de titularisation des jour-nalistes. Le plan de la direction de RadioFrance prévoit la titularisation, sur troisans, de 45 journalistes en situation pré-caire (CDD et pigistes), dont 30 en2006.

MOYENS DE PRODUCTION

6 unités régionales de production(URP) emploient 471 personnes en Fran-ce et regroupent les moyens de tourna-ge et de post-production de France 3.6 cars de vidéo mobile assurent la cap-tation de spectacles vivants, jeux, mani-festations sportives (Roland-Garros,Tour de France, Intervilles...). Ilsdevraient être équipés en haute défini-tion numérique à partir de 2007.4 équipes de tournage assurent lamajeure partie de la réalisation des télé-films de France 3. Elles sont basées àLille, Lyon, Marseille et Bordeaux.

Geneviève Giard, directrice générale de France 3. DAVID ADEMAS/PIXPALACE

MÉDIAS0123Jeudi 28 septembre 2006 17

Page 18: Le Monde 2006.09

Groupe ESteaua Bucarest-Olympique lyonnais (0-3) ;Real Madrid-Dynamo Kiev (5-1).Groupe FBenfica Lisbonne-Manchester United (0-1) ; Cel-tic Glasgow-FC Copenhague (1-0).Groupe GArsenal-FC Porto (2-0) ;CSKA Moscou-Hambourg SV (1-0).Groupe HLille-Milan AC (0-0) ;AEK Athènes-Anderlecht (1-1).

RÉSULTATS

Le défenseur du FC NantesMauro Cetto a été expulsé,dimanche 24 septembre, pouravoir insulté un joueur adverse.Une première en Ligue 1

LA DIRECTION du Paris-Saint-Ger-main a diffusé, mardi 26 septembre, uncommuniqué annonçant que VikashDhorasoo était convoqué à « un entretienpréalable », certainement lundi 2 octo-bre, et qu’en attendant le joueur faisait« l’objet d’une mise à pied conservatoire ».Ce même communiqué justifie ces déci-sions par « les déclarations publiques etles comportements récents » de l’interna-tional français.

Durant le week-end, Vikash Dhora-soo, qui, depuis quatre matches, avaitété relégué avec l’équipe réserve, avait

exprimé son sentiment d’« être humi-lié » et estimé que l’entraîneur, GuyLacombe, avait « menti » à son sujet.Celui-ci avait alors parlé de « fautes pro-fessionnelles », réclamé des sanctionspour « voir la force du club » et des« excuses publiques » (Le Monde du26 septembre).

La procédure engagée par les diri-geants du club peut déboucher sur unesanction financière ou un licenciement.Le joueur, âgé de 33 ans, est sous contratavec le club parisien jusqu’enjuin 2007. a

Mauro Cetto ne comprend pas :« J’ai été insulté par Carrasso[gardien de l’OM], je lui répète la

même chose. Et c’est moi qui sort. » Diman-che 24 septembre, lors de la rencontreopposant son équipe à l’Olympique deMarseille, le défenseur argentin duFC Nantes l’a appris à ses dépens : lesinsultes, longtemps tolérées sur les ter-rains, y auront désormais la vie dure. Aus-si loin que peut remonter dans ses archi-ves la direction des activités sportives à laLigue de football professionnel (LFP),jamais un joueur n’avait été expulsé pourinsulte.

Quelques jours auparavant, PatrickVieira, avec le Milan AC, était exclu pourtrois matches. Si les fautes commises lorsde la rencontre contre l’AS Rome lui ontvalu deux cartons jaunes, synonyme d’unmatch de suspension, il a été plus lourde-ment sanctionné pour avoir insulté l’arbi-tre au moment où celui-ci l’avertissaitpour la seconde fois.

« Un match sans insulte, c’est imagina-ble, affirme Matthew Leggett, maître deconférences à l’université Paris-X etauteur d’une étude sur l’insulte dansl’univers politique. Il suffirait d’appliquerdavantage les règles envers l’autre et, sur-tout, envers l’arbitre : le joueur canalise safrustration vers le seul symbole d’autoritésusceptible d’aller contre ses intérêts. »

L’observation d’une rencontre suffit à

se rendre compte des tensions existantesentre les joueurs évoluant, notamment,dans une même zone de jeu. Quand untacle régulier ou un débordement ne suffi-sent plus à effacer un adversaire, lerecours à l’insulte peut offrir une alterna-tive commode – et, jusqu’à présent, peucoûteuse – à sa déstabilisation. « L’inju-re, l’intimidation, le harcèlement verbalfont aussi partie de l’arsenal des joueurs,explique Patrick Mignon, responsable dulaboratoire de sociologie de l’Institutnational du sport (Insep). Qu’elle agissedans le registre sexuel ou raciste, la paletteest large. Le but est de mettre l’adversairesous pression jusqu’à ce qu’il commette unefaute avec, à la clé, un coup franc, un penal-ty ou une expulsion qui peuvent être déter-minants. »

L’épisode « Zidane »A ce titre, la confrontation entre Ziné-

dine Zidane et Marco Materazzi estemblématique. Largement diffusée surles écrans du monde entier, l’altercationentre le meneur de jeu français, auteurd’un coup de tête contre le défenseur ita-lien lors de la finale du Mondial, est-elle àl’origine de cette prise de conscience ducorps arbitral ? Pour la première fois,l’« agressé », également tenu responsa-ble pour avoir « provoqué » verbalementson adversaire, a été sanctionné par laFédération internationale de football(FIFA).

« Outre la multiplication des comporte-ments haineux émanant de certains suppor-teurs ou du banc de touche, l’épisode« Zidane » n’est pas étranger à cette repri-se en main par les arbitres, affirme PatrickMignon. Mais cela devrait aussi changerla pratique des entraîneurs. » Selon le

sociologue, ils sont soumis à une ambiva-lence : « D’un côté, ils veulent être« réglos », de l’autre, ils veulent tout fairepour gagner. L’entraîneur doit aussi se rap-peler qu’il est un éducateur. »

Profitant de l’éclairage exceptionnelde cet épisode, Joseph Blatter, le prési-dent de la FIFA, a annoncé qu’il souhai-tait organiser une cérémonie de réconci-liation publique entre Zinédine Zidane etMarco Materazzi. Alors que PatrickMignon n’y voit qu’« un effet d’apparatde plus » du patron du football mondial,Matthew Leggett estime qu’elle pourraitavoir des vertus pédagogiques : « Si lesjoueurs sont vraiment sincères, cela peutréparer des dommages, non seulement surle plan sportif, mais aussi sur le plan social.Et pas seulement en France. » a

Jean-Jacques Larrochelle

Les insultes ne restentplus impunies sur lesterrains de football

FOOTBALLNewcastle licencieson entraîneur adjointMis en cause dans une émissionde la BBC sur la corruption dansle football anglais, Kevin Bond aété démis de son poste d’entraî-neur adjoint de Newcastle (Pre-mier league), mardi 26 septem-bre.

RUGBYNouvelle défaite de BiarritzLe champion de France, Biarritz,a enregistré son 3e revers de la sai-son en s’inclinant sur la pelousedu promu Montauban (19-13),mardi 26 septembre, lors de la8e journée du Top 14. Le Stadefrançais, qui s’est imposé à Bri-ves (21-6), conserve la tête duclassement devant Toulouse,vainqueur de Castres (35-3).

LENSENVOYÉ SPÉCIAL

Il faut du temps pour structurerun club. Il faut des années pourse forger un palmarès. Face auMilan AC, six fois champion d’Eu-rope (1963, 1969, 1989, 1990,1994 et 2003), Lille a signé unmatch nul (0-0) prometteur, mar-di 26 septembre, au Stade Bol-laert de Lens, pour le compte dela 2ejournée de la première phasede la Ligue des champions.

Si la première période fut insi-pide, les Dogues peuvent se tar-guer d’avoir fait jeu égal avec uneéquipe qui alignait cinq joueurssacrés champions du monde enjuillet 2006 : Gennaro Gattuso,Alberto Gilardino, AlessandroNesta, Andrea Pirlo et FilippoInzaghi.

« Ce soir, mes joueurs ont beau-coup appris, a expliqué l’entraî-neur des Lillois, Claude Puel.Face à cette équipe, ils ont acquisde l’expérience. S’il y a eu du décheten première mi-temps, c’est parcequ’ils voulaient trop en faire,notamment dans la récupération.Ils retiendront que dans un matchde ce niveau il faut prévoir des pla-ges de repos. Milan le sait depuisbien longtemps. »

L’apprentissage continue donc

pour les Lillois, qui, grâce à cerésultat, conservent leurs chancespour la suite de la compétitionpuisque, dans l’autre rencontredu groupe H, l’AEK Athènes aconcédé le match nul devantAnderlecht (1-1). Avec deuxpoints, le LOSC se classe derrièrele Milan AC (4 points), à égalitéavec Anderlecht. « Franchement,ce Milan AC ne m’a pas plusimpressionné que ça », a déclarél’Ivoirien Kader Keita, qui s’estcréé l’une des plus belles occa-sions du match en s’offrant un sla-lom dans la vieille garde milanai-se (57e).

Prendre exemple sur LyonLille devait se rassurer. Après

deux déconvenues consécutivesen Ligue 1, contre Toulouse (1-3)et à Lyon (1-4), cette équipe répu-tée pour sa solidité patinaitdepuis quelques semaines. Si lalutte pour le titre s’annonce déjàhypothétique – le Losc est 9e

après sept journées –, le club n’ajamais caché son ambition de par-ticiper aux 8es de finale de la Liguedes champions. Ce résultat face àl’un des grands d’Europe peut-ildonner une nouvelle impulsion àl’équipe ? « Rassurer n’est pas lemot, a confié Claude Puel après le

coup de sifflet final. Si on a retrou-vé nos vertus en Coupe d’Europe,on a encore du mal à se reposition-ner en championnat. »

« A la fin du match, les joueursétaient fiers mais je ne pense pasqu’on ait franchi un palier, a affir-mé le capitaine, Grégory Taffo-reau. On le fera lorsqu’on arriveraà être réguliers, à jouer plus sou-vent comme on l’a fait en secondepériode. On doit prendre exemplesur Lyon. En matière d’état d’espritet de régularité, Lyon est un modè-le. »

Le LOSC, qui jouait l’annéedernière au Stade de France enLigue des champions, accueilleral’AEK Athènes, le 17 octobre, ettoujours à Lens. Entre-temps, ilrecevra Nice à Villeneuve-d’Ascq,le 30 septembre, pour le comptede la 8ejournée de L1. Car Lillen’a toujours pas de terrain à lui.La future enceinte de 50 000 pla-ces qui sera destinée au club ver-ra le jour en 2009 ou 2010.

La Communauté urbainedevra se prononcer courant octo-bre en faveur d’un partenariatpublic-privé, qui devra être validépar une mission du ministère desfinances. Il faut aussi du tempspour bâtir un stade. a

Pierre Lepidi

89eMINUTE : après un beau mou-vement collectif, Juninho, à la limi-te de la surface de réparation,talonne pour Karim Benzema, quimarque le troisième but de l’Olym-pique lyonnais. Tous les specta-teurs du stade Steaua Bucarest selèvent et applaudissent malgré ladéfaite de leur équipe (3-0).

Mardi 27 septembre, les quintu-ples champions de France ontencore montré la densité de leurjeu et leur efficacité : « Pour moi,a résumé leur entraîneur, GérardHoullier, c’était une démonstrationde beau football et de sang-froid ».En remportant ainsi son deuxiè-me match de la première phase dela Ligue des champions, l’OL apris la tête du groupe E.

Gérard Houllier s’est déclaré

« confiant » pour la suite de lacompétition et la qualificationpour les huitièmes de finale. Dansla deuxième confrontation dugroupe, l’autre prétendant, quel’OL a battu (2-0) le 13 septembre,le Real Madrid, a largement domi-né le Dynamo Kiev (5-1). a

Le PSG convoque Vikash Dhorasooà un « entretien préalable »

POUR ABORDER LA RENTRÉE EN TOUTE CONFIANCE...

Numéro de septembre 2006 En vente chez votre marchand de journaux

Dossier - Comment leur donner confiance ?Aider le jeune à s’exprimer en public, à accepter son corps et à construire une véritableestime de soi en dépit des notes.Enseignants et psychologues vous donnent des clés pour partir sur de bonnes bases.

Supplément spécial - Faire réussir les « nuls »Comment aider l’enfant en difficulté scolaire ? Conseils pour démarrer la rentrée sereinement.

EN CADEAULes meilleurs extraitsde « Apprendre à lire

à l’école »

Lille poursuit son apprentissage européen

Lyon s’impose à Bucarest

L’arbitre Tony Chapron expulse le défenseur argentin du FC Nantes Mauro Cetto, dimanche 24 septembre. LAHALLE/PRESSE SPORTS

SPORTS18 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 19: Le Monde 2006.09

1955Naissance à Marseille.

1969Adhère au Parti socialiste.

1995Devient membre du courantGauche socialiste.

2002Lâché par la fédérationdes Bouches-du-Rhôneaux élections législatives.

2004Vice-président de la régionProvence-Alpes-Côted’Azur.

2006Fait campagnepour Ségolène Royal.

PARCOURS

Tout à la fois gardedu corps, loueurde voitures,guide spécialisédes baronniessocialistes, cette figurede la fédération desBouches-du-Rhôneest l’homme à toutfaire de la favoritedes sondages

PatrickMennucci «Ségolin»

le bateleur deSégolène

DécryptagesPortrait

Son nom n’apparaît mêmepas sur le carton d’invita-tion envoyé par Jean-NoëlGuérini, président duconseil général des Bou-ches-du-Rhône, et Eugè-ne Caselli, patron de lafédération socialiste du

département, pour le premier grand mee-ting de campagne de Ségolène Royal, ven-dredi 29 septembre, à Vitrolles. Depuissept mois, Patrick Mennucci est pourtantle bateleur de la candidate socialiste favo-rite des sondages.

Tout à la fois garde du corps, loueurde voitures, guide spécialisé des baron-nies socialistes, il est, dit-il, « celui quiouvre les portes » et « cela [lui] va trèsbien ». Il a ouvert celles des fédérationssocialistes à Ségolène Royal et commen-cé en parallèle, le 9 septembre à Caen,une tournée solitaire pour expliquer auxmilitants le principe de l’« adhésionRoyal » : « On ne fait pas un courant, onsoutient une candidate. »

Avec son 1,85 mètre et ses 100 kilos,Patrick Mennucci ne passe pas inaperçu.Du Chili, où il a accompagné SégolèneRoyal au mois de février, aux Fêtes de larose bretonne ou ariégeoise de septem-bre, son visage rond apparaît sur toutesles photos, à l’arrière-plan de la candida-te. Cette suite de pérégrinations ininter-rompues lui a valu le surnom, lancé dit-on par le maire UMP de Marseille, de« Ségolin ». A sa massive stature devenuefamilière s’ajoute une voix tonitruanteaux accents chantants du Vieux-Port.

Avec un haut-le-cœur, des responsa-bles socialistes racontent encore le dînerde clôture de l’université d’été du PS, àLa Rochelle, fin août, lorsqu’à la table desprésidentiables « Ségolin », assis à côtéde « Ségolène », appelait au rassemble-ment à sa façon : « Allez, y aura à mangerpour tout le monde ! »

Un mois plus tard, sa diatribe contre« l’école du vice », le Mouvement des jeu-nes socialistes (MJS) ainsi qualifié pourchercher des noises à Ségolène Royal, afailli lui coûter cher. Jugé « trop impul-sif » par la candidate, il ne devait plus s’oc-cuper que des déplacements. Mais le vice-président du conseil régional de Provence-

Alpes-Côte-d’Azur n’aime guère être prispour un simple tour-opérateur. « Etre unbon organisateur, plaide-t-il, c’est être capa-ble de savoir s’il faut une Vel Satis ou unEspace pour un déplacement et de parlerpolitique à la présidente du Chili ou audirecteur de cabinet du président du conseilgénéral de l’Aude. »

C’est sa compétence, fondée sur uneconnaissance encyclopédique de la tradi-tion orale du PS, qui a fait de cet enfant nédans le sérail socialiste marseillais undirecteur de campagne recherché. S’ils’est aujourd’hui un peu brouillé avec sonprésident de région Michel Vauzelle, celui-ci ne tarissait pas d’éloges à son proposlors de sa campagne de 2004. Et quand, lamême année, Michel Rocard fut désignétête de liste de l’insaisissable circonscrip-tion sud-est pour les européennes, on fitencore appel à lui pour guider, avec suc-cès, l’ancien premier ministre des tribu-nes de l’OM à la tombe de l’incontourna-ble Gaston Defferre.

Pour cette « connaissance intime » duparti, vantée par François Hollande, Ségo-lène Royal s’est décidée à son tour à faireappel à lui après le test du Chili, puis, aumois de mars, une première réunionpublique ratée à Arras, dans le Pas-de-Calais.

Curieux attelage que celui d’une candi-

date prompte à bousculer les habitudesdes caciques du parti pour soigner sonimage de « rénovatrice », avec un hommequi en sait un bout sur les manœuvresd’appareil. Petit-fils d’immigré de Tosca-ne, Patrick Mennucci a grandi dans lequartier historique d’implantation italien-

ne, la Cabucelle, non loin d’une certainefamille Livi – celle d’Yves Montand. Sonpère, ouvrier, communiste, successive-ment employé dans une huilerie, unecimenterie et les docks de Marseille,devint le protégé de l’influent députéAndrieux, chauffeur de taxi et par lamême occasion membre enthousiaste dela SFIO. Sa mère est déjà socialiste. Le filsunique suit sans broncher le chemin fami-

lial : à 14 ans, il a sa carte. Depuis, PatrickMennucci a gravi tous les étages. D’abordà « l’école du vice », le Mouvement des jeu-nes socialistes, puis à la MNEF, avantd’être élu pour la première fois adjoint aumaire de Vitrolles en 1977, et enfin à Mar-seille en 1983. Redevenu « simple mili-tant », entre 1989 et 1995, il ouvre ungarage Renault à la Timone, mais repartde plus belle dans les batailles socialistesen rejoignant le courant Gauche socialis-te cofondé par son ami Julien Dray.

Dix ans plus tard, le voilà président dugroupe socialiste à la mairie de Marseille,membre de la direction et du bureau natio-nal du PS – où, fait-il remarquer, « il n’y apas que des perdreaux de l’année » –, instal-lé aux premières loges de la prochaineélection présidentielle. Oublié le sérieuxaccroc des législatives de 2002 quand,pour cause d’union de la gauche, la fédéra-tion des Bouches-du-Rhône du PS sou-tint contre lui… un candidat communiste.

A l’époque, Patrick Mennucci, anima-teur local de la Gauche socialiste, affirmaitqu’ilgênaitdanssonparti« ceux quinepen-sent qu’à se partager des territoires »,c’est-à-dire tous ses chefs. Il s’opposaitalors« àladérive social-démocratequerepré-senterait un “blairisme” à la française ».

Diplômé de Sciences Po à Aix-en-Pro-vence et titulaire d’un DESS de gestion, il

tient à rappeler que, dans une fédérationpeu friande de débats intellectuels, il a tou-jours « animé les discussions de fond », ets’il s’est rallié au panache de la présidentede Poitou-Charentes, c’est bien « sur desquestions de fond ».

« En trois phrases, elle s’est fait entendredes couches populaires qui ne nous écou-taient plus », soutient-il, en prenant pourexemple ses propositions sur la sécurité etle traitement des délinquants. Lionel Jos-pin, pour lequel il a collé tant d’affiches,appartient pour lui à une époque révolue :« Opposer la démocratie représentative à ladémocratie participative comme il le fait,c’est idiot. »

Aujourd’hui, il se verrait bien députédu centre de Marseille, dans l’ancien fiefde Gaston Defferre, et supporte de plus enplus mal son image d’homme d’appareil :« J’en ai un peu marre, lance-t-il, qu’on meprenne pour un bœuf. »

Dans le monde de « Ségolène », l’an-cien pilier de courant, habitué descongrès et des AG, militant du non à laConstitution européenne, tente de gom-mer ses réflexes, tout en confessant unpetit regret : « C’est quand même une équi-pe où on est souvent seul. » a

Isabelle Mandraud et Michel SamsonPhoto Olivier Metzger

pour « Le Monde »

J’en ai un peu marrequ’on me prennepour un bœuf

0123Jeudi 28 septembre 2006 19

Page 20: Le Monde 2006.09

UN DÉFICIT budgétaire limité à41,6 milliards d’euros en 2007, une detteréduite de trois points de produit inté-rieur brut (PIB) en deux ans, une dépen-se « maîtrisée », plus de 15 000 fonction-naires non remplacés après leur départ àla retraite : le dernier projet de loi definances du quinquennat et, probable-ment, de la présidence chiraquienne, aété placé sous le signe de la « responsabili-té » et de l’« efficacité ».

Soucieux de ne pas être accusés d’avoircédé à la facilité et à la tentation du laxis-me à sept mois de l’élection présidentielle,le ministre de l’économie Thierry Breton,le ministre délégué au budget Jean-Fran-çois Copé et leurs équipes assurent s’êtrebattus sur tous les fronts : la maîtrise de ladépense – bien que cette dernière reste àun niveau très élevé (52,9 % du PIB) –, ladiminution d’un endettement qui avaitbattu des records en 2005 (atteignantalors 66,6 % du PIB), la modernisation rai-sonnée de l’Etat et une réforme fiscalequ’ils assurent « centrée sur les classesmoyennes ».

Le rebond de la croissance en 2006 etses 5 milliards d’euros de plus-values fisca-les ont fait beaucoup aussi pour donnerau ministère des finances la possibilité deprésenter, mercredi 27 septembre, enconseil des ministres, un projet de budgetqui permette à la France de tenir ses enga-gements européens et de s’inscrire, selonles vœux de Dominique de Villepin, dansune trajectoire de désendettement.

Comme l’avait souhaité et proclamé àplusieurs reprises le ministre de l’écono-mie, la dette publique devrait être rédui-te de deux points en 2006 et d’un pointsupplémentaire en 2007 pour s’établirautour de 63,6 % du PIB. Le déficit desfinances publiques (Etat, Sécurité socialeet collectivités locales), légèrement révi-sé à la baisse cette année, tombera à2,5 % du PIB dès 2007. Un niveau dit« stabilisant » car il permet à la dette decesser de prospérer. Les prélèvementsobligatoires (impôts et cotisations socia-les), qui étaient restés stables cetteannée, baissent à 43,7 % du PIB.

Pour bâtir le projet de loi de finances,Bercy a retenu la même fourchette decroissance qu’en 2006 (2 à 2,5 %) alorsque la plupart des conjoncturistes pré-voient un léger tassement de l’activité enFrance. Mais les prévisions du ministèreintègrent également un prix du baril depétrole élevé (70 dollars) et une élasticitédes recettes fiscales à la croissance plus fai-ble qu’en 2006. Des hypothèses relative-ment prudentes pour pouvoir faire face àune conjoncture plus dégradée, si lesralentissements américain, avec le reculdes mises en chantier, et allemand, avec lahausse prévue de trois points de TVA, se

mettaient à peser davantage sur l’écono-mie française.

A Bercy, qui fait de la maîtrise des finan-ces publiques une sorte de leitmotiv, lescabinets de MM. Breton et Copé ne sontpas peu fiers de pouvoir afficher, aprèstrois années de stabilisation, une premiè-re sous la forme d’une diminution de 1 %des dépenses de l’Etat en volume (horsinflation). Elles s’élèveront au total à268 milliards d’euros. Et serviront notam-ment à financer les lois de programma-tion (défense, sécurité intérieure…) et àporter l’aide publique au développementà 0,5 point de PIB, comme l’avait souhai-té le président de la République.

L’année 2007 doit aussi marquer l’en-trée en vigueur de la réforme fiscale pré-sentée en 2005 et votée avec le budget2006. D’un montant global de 6 milliardsd’euros, elle comporte plusieurs volets. Enparticulier un allégement global d’impôtde près de 4 milliards d’euros, « centré surles classes moyennes », grâce à une refontedu barème de l’impôt sur le revenu (réduc-tion du nombre de tranches de 7 à 5, dimi-nution des taux et intégration de l’abatte-ment de 20 %).

Selon les calculs de Bercy, les deuxtiers des gains générés par cette réformesont concentrés sur des ménages dont lesrevenus annuels sont inférieurs à 35 000euros. Ils ne font pas partie, tant s’enfaut, des 10 % de Français les plus richesauxquels sont allés, affirme le Parti socia-liste, 5,5 milliards des 8,5 milliards

d’euros de baisses d’impôt décidéesdepuis 2002.

Un autre dispositif sera égalementapplicable dès le mois de janvier 2007 : le« bouclier fiscal », qui plafonne lesimpôts directs (impôt sur le revenu,impôts locaux et, éventuellement, impôtde solidarité sur la fortune) à 60 % desrevenus et dont, selon le ministère, 90 %des bénéficiaires sont des contribuablesaux revenus modestes.

Autant de mesures qui avec la forterevalorisation de la prime pour l’emploi(PPE – 948 euros au niveau du smic) –devraient contribuer à soutenir laconsommation et à prendre, le caséchéant, le relais de la demande intérieu-re. En l’absence de réforme, le pouvoird’achat des ménages croîtrait de 2,2 % à2,3 % en 2007.

Avec les baisses d’impôts, sa progres-sion serait bien supérieure puisqu’elleatteindrait 2,8 %, a calculé Bercy. Lesentreprises, elles, bénéficieront du plafon-nement attendu de la taxe professionnelleà 3,5 % de la valeur ajoutée et d’un certainnombre de mesures plus ciblées sur lespetites et moyennes entreprises de crois-sance, les fameuses « gazelles » chères àRenaud Dutreil.

Le gouvernement les soigne d’autantplus qu’elles sont généralement très créa-trices d’emplois et qu’il s’attend dans lesmois qui viennent à être jugé sur sa capaci-té à faire baisser encore plus le chômage. a

Claire Guélaud

Source : ministère des finances * Enseignement et recherche (dont – 8 701 : enseignement scolaire)

Mission par mission, les choix de l’EtatEN RYTHME D’ÉVOLUTION DES CRÉDITS

BUDGETS EN AUGMENTATION

BUDGETS EN DIMINUTIONBUDGETS EN DIMINUTION

EN CRÉATIONS OU SUPPRESSIONS DE POSTES

Santé

Régimes sociaux et retraites + 10,9+ 5,5

Justice

Sécurité sanitaire

Défense

Ville et logement

Travail et emploi

Transports

+ 5,0

+ 4,2

+ 2,2

– 2,6

– 3,9

– 5,3

EN AUGMENTATION

EN DIMINUTIONEN DIMINUTION

Gendarmerie

Recherche + 1 568+ 1 387

Justice

Agriculture

Transport, équipement

Bercy

Défense

Education nationale*

+ 548

– 2 988

– 3 000

– 936

– 1 267

– 7 133

en %

Budget 2007Les gagnants, les perdants

Le budget 2007 est ledeuxième à être organi-sé selon les règles de laloi organique relativeaux lois de finances(LOLF) votée en 2001.Désormais, le budgetest divisé en 34 mis-sions (sécurité, trans-

ports, justice, etc.), découpées en plus de130 programmes. Chaque mission peutrelever de plusieurs ministères, ce quicomplique la tâche des conseillers budgé-taires et de ministres très attachés à pou-voir se targuer d’avoir arraché à Bercy descrédits en hausse pour leur ministère. Voi-ci, dans le projet de loi de finances pour2007, quelques missions qui ont connules plus fortes variations de crédits.

Les régimes spéciaux de retraite(+ 10,9 %). L’Etat consacrera, en 2007,près de 5 milliards d’euros à l’équilibredes caisses de retraite des régimes spé-ciaux de la SNCF (2,7 milliards d’euros),de la RATP (354 millions d’euros), maisaussi des mineurs et des ouvriers de laSeita (devenue Altadis, 973 millionsd’euros) ainsi que des marins et salariésde la pêche (719 millions d’euros).Allouée au titre de la « solidarité nationa-le », cette subvention concerne 875 000pensionnés, plus nombreux que les actifscotisants.

Si une réforme du financement est ensuspens à la RATP, aucun projet n’estengagé à la SNCF. Faute de lancer laréforme de ces régimes, l’Etat envisage

des économies sur leur gestion. Lors dela présentation du projet de loi de finance-ment de la Sécurité sociale, mardi 26 sep-tembre, Philippe Bas, ministre délégué àla Sécurité sociale (PLFSS), a assuréqu’« il ne peut être question que les salariéset retraités du régime général aient à sup-porter le financement même partiel »d’une réforme qui, selon le chef de l’Etat,n’est pas à l’ordre du jour.

La justice (+ 5,2 %). En affichantune hausse de 5,2 % de ses crédits de paie-ment (6,27 milliards d’euros), le ministè-re de la justice bénéficie toujours d’uneffort soutenu. Celui-ci s’inscrit, sans l’at-teindre, dans le cadre fixé par la loi de pro-grammation pour la justice de 2002, quivisait un budget de 7 milliards d’euros etla création de 10 100 nouveaux emploisen cinq ans. Le budget de la justice judi-ciaire (les tribunaux, hors justice admi-nistrative) se monte à 2,6 milliardsd’euros, contre 2,48 milliards en 2006.La maîtrise des frais de justice, qui absor-bent une part majeure des crédits de fonc-tionnement, n’est pas réglée.

L’administration pénitentiaire reste ladeuxième mission par ordre d’importan-ce, avec 2,24 milliards d’euros de crédits.Ceux de la Protection judiciaire de la jeu-nesse augmentent de 60 millions(799 millions d’euros). Le budget de l’ac-cès au droit diminue (338 millions,contre 350 en 2006), même si l’aide juri-dictionnelle (323 millions d’euros) pro-gresse de 6 %. Enfin, la mission Conduiteet pilotage, qui avait absorbé l’essentiel

Réduire le déficit public et soutenir la consommation

Le cadre général du budget

DETTE PUBLIQUE

58,2

62,464,4

66,664,6

63,6en % du PIB

50

2002 03 04 05 06* 07*

Source : ministère des finances * prévisions

PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES

43,1 42,8 43,144,0 44,0

43,7

en % du PIB

40

2002 03 04 05 06*

CROISSANCE DU PIB EN VOLUMEen %

DÉFICIT PUBLIC

– 3,2

– 4,2– 3,7

– 2,9 – 2,7– 2,5

en % du PIB

0

2002 03 04 05 06* 07*

DÉFICIT BUDGÉTAIREen milliards d’euros

30

2002 03 04 05 06* 07*

44,6 +1,2

+1,1

+2,3

+1,2

0

2002 03 04 05 06* 07*07*

entre 2 et 2,555,1

Loi de finances initiale

Réalisé

30,4

45,2 46,9

42,7

49,3

56,9

43,9 43,541,6

Régimes spéciauxde retraite et santéaffichent de forteshausses de crédits.« Accès et retourà l’emploi »et transportssont les deuxlaissés-pour-compte.Le projet de loide finances, présentémercredi 27 septembre,vise à ramenerle déficit de l’Etatà 41,6 milliards d’euros

Source : ministère des finances

Plafonds 2007, en milliards d’euros

Les principaux postes de dépense par mission

Engagements financiers de l’Etat

Enseignement scolaire 60,340,9

Défense

Recherche et enseignement sup.

Sécurité

Travail et emploi

Solidarité et intégration

Transports

36,2

21,2

15,7

12,6

12,2

9,0

Focus20 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 21: Le Monde 2006.09

INSTALLANT, lundi 25 septembre àl’Elysée, le Haut Conseil de la science etde la technologie, Jacques Chirac se félici-tait : « La science, la recherche et l’innova-tion sont des priorités nationales. J’ai vouluque la France se donne les moyens de sonambition. Avec la loi sur la recherche, lanation consent un effort financier sans précé-dent depuis un quart de siècle : en trois ans,6 milliards d’euros de plus, 6 000 postes sup-plémentaires. »

Les chiffres sont ronds, font impres-sion, mais appellent, à la lecture du projetde loi de finances 2007, une analyse pluspoussée. Les 6 milliards d’euros annoncéscorrespondent à la promesse faite en jan-vier 2005 par le chef de l’Etat, en réponseà la fronde des scientifiques, d’accroîtreleurs crédits de un milliard d’euros par anpendant trois ans. Soit, en cumul, 6 mil-liards d’euros (1 milliard la premièreannée, 1 [+ 1] la deuxième, 1 [+ 1+1 ]latroisième). Ce milliard supplémentairesera bien dépensé en 2007, comme il l’aété en 2006 et 2005.

Mais l’argent supplémentaire ne bénéfi-ciera pas à la seule recherche, désormaisregroupée avec l’enseignement supérieurau sein de la Mission interministériellerecherche et enseignement supérieur(Mires). En outre, la moitié seulementde ce « bonus » est inscrite au budget dela Mires, qui avoisine 21,2 milliardsd’euros, contre 20,7 milliards en 2006,soit une hausse d’environ 2,5 %. Le restese répartit entre l’Agence nationale de larecherche (ANR) et les aides fiscales auxentreprises, telles que le crédit d’impôtrecherche.

La situation financière des laboratoiresne devrait donc guère s’améliorer,d’autant que l’enveloppe de la Mires est,pour l’essentiel, affectée aux salaires.« En 2005 et 2006, dans les labos, on n’apas vu la moindre évolution positive. En2007, les crédits de fonctionnement vontencore stagner à un niveau notoirementinsuffisant », déplore l’association Sau-vons la recherche (SLR).

Quant aux postes, un peu plus de 1 500devraient être créés en 2007 dans les orga-nismes et les universités. Il y en avait eu3 000 en 2006 (et seulement 150 en2005). Les 6 000 ne sont donc pasatteints, même en comptabilisant les1 000 postes universitaires obtenus de hau-te lutte par les chercheurs au printemps

2004, et dont l’ouverture effective s’étaitreportée sur 2005. Or, en août 2005, àReims, le chef de l’Etat avait publique-ment fait état de « 3 000 postes supplémen-taires en 2006 et autant en 2007 ».

« Le non-respect de ses engagements parl’Etat constitue un signal extrêmement néga-tif pour les jeunes. Il n’est pas de nature à res-taurer la confiance et la dynamique dontnotre recherche a besoin », regrette Ber-trand Monthubert, président de SLR.Même déception pour Jacques Fossey,secrétaire général du Syndicat nationaldes chercheurs scientifiques (SNCS-FSU) : « L’objectif de consacrer 3 % du PIBà la recherche et au développement, en 2010,est clairement abandonné. » a

Pierre Le Hir

Le budget 2007 prévoit plus de15 000 suppressions de postes dansles ministères. Est-ce une rupture parrapport aux années précédentes ?Aborder le problème de l’emploi publicsous le seul angle de l’administrationd’Etat est réducteur, car la fonction publi-que d’Etat et la fonction publique territo-riale sont fortement imbriquées et leurchamp d’intervention respectif n’est passuffisamment délimité. Le projet de bud-get pour 2007 prévoit de ne pas rempla-cer 15 000 fonctionnaires qui partent àla retraite. Critiquer cette mesure de bon-ne gestion de l’Etat alors qu’en 2007 lescollectivités locales vont créer au moins30 000 emplois publics supplémentairesne me semble pas responsable.Le solde des emplois publics d’Etat, quiest en légère régression, et celui desemplois publics des collectivités locales,qui est en forte progression, représen-tent 120 000 emplois publics supplémen-taires sur cinq ans. Leur nombre avaitdéjà été accru d’un million au cours desvingt années précédentes. A ce titre, laFrance représente une anomalieen Europe.Comment analysez-vous cette excep-tion française ?Nos voisins européens ont l’habitude dedire que la France est suradministrée etsous-organisée. Le président socialisted’une région du sud de la France meracontait récemment qu’il avait réuniautour d’une même table les différentsacteurs concernés par un projet d’implan-tation d’entreprise et qu’ils étaient aunombre de 27. Il n’est plus possible decontinuer ainsi : il faut s’atteler à la simpli-fication de la vie des Français et des entre-prises, et ainsi passer d’une société dedéfiance à une société de confiance. Dansce domaine, la rupture est nécessaire.Contrairement à ceux qui défendent l’idéequ’il faut plus d’Etat, plus de dépensespubliques et plus de règlements, nous pen-sons que l’Etat gère mal car il est loin etque l’on peut rendre un meilleur servicepublic à un meilleur coût. Le Canada, leDanemark et d’autres pays ont su réduireleurs dépenses publiques et le train de viede l’Etat, tout en favorisant le retour auquasi-plein emploi. Pourquoi pas nous ?En France, les politiques publiques nesouffrent pas d’une insuffisance demoyens mais d’une confusion de leursobjectifs et d’une complexité desprocédures.Par ailleurs, le rôle du Parlement n’est pasde légiférer toujours plus mais de rendre

davantage efficient le contrôle de la dépen-se publique. Si à chaque fois nous nousdemandions : cette dépense sert-elle l’in-térêt général ? Le projet qu’elle financepeut-il être réalisé à moindre coût ? Pour-rait-il être rendu par une autre administra-tion ou confié au secteur privé ? Ce « ben-chmarking » nous permettrait de réduiredavantage l’endettement, de sécuriser lesystème de santé et de retraites et d’amé-liorer le pouvoir d’achat de ceux qui, parleur revenu, estiment ne pas appartenir àla classe moyenne.

Quelle rupture prônez-vous ?Pour entraîner l’opinion publique, ilfaut que les réformes soient accompa-gnées d’un esprit de justice et d’exem-plarité. Cela passe notamment par lamise en place d’un gouvernement res-serré autour de quinze ministres et parla réduction des dépenses des grandesinstitutions, y compris du Parlement. Sil’exemplarité au sommet va de pair avecl’esprit de responsabilité, nous convain-crons. a

Propos recueillis par C. Gu.

PIERRE MÉHAIGNERIE, PRÉSIDENT (UMP) DE LA COMMISSION DES FINANCES DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE

« En cinq ans, 120 000 emplois publicssupplémentaires ont été créés »

SOUS-ESTIMATION des dépenses, trans-formation de ces dernières en moindresrecettes, etc. : il existe différents moyenspour présenter un projet de loi de financessous un jour favorable. Député (UDF) dela Marne et membre de la commission desfinances de l’Assemblée, Charles Amédéede Courson, formé dans une grande écolede commerce (l’Essec) et magistrat de laCour des comptes, se fait chaque annéeune spécialité de traquer les petites etgrandes astuces comptables qui permet-tent à Bercy d’afficher, parfois à bon comp-te, une rigueur budgétaire.

Ainsi, pour 2007, la baisse de 1 % eneuros constants des dépenses de l’Etat netient pas compte du prélèvement sur recet-tes de quelque 2,7 milliards d’euros au pro-fit de l’Union européenne et des collectivi-tés locales, ni des dégrèvements et rem-boursements de 600 millions sur lesimpôts locaux, encore moins du milliardde la prime pour l’emploi. Nombre dedépenses nouvelles, fait remarquerM. de Courson, sont basculées en créditsd’impôt : les 170 millions d’euros d’aideaux restaurateurs, les 60 millions d’eurosaccordés aux petites et moyennes entrepri-

ses en forte croissance, ou encore le chè-que transport (30 millions d’euros). Autotal, la dépense brute progresserait de 7,4à 7,5 milliards d’euros, soit trois fois plusque les 2,1 milliards retenus par M. Copé.

Compte tenu de ce constat et de sonanalyse des dépenses de Sécurité sociale,qui progressent à un rythme de 4 % en2007, le spécialiste UDF des questionsbudgétaires ne croit guère à la possibilitéde réduire l’endettement de deux points.Avec un déficit de l’Etat d’environ 42 mil-liards d’euros, il faudrait vendre, selon lui,quelque 77 milliards d’euros d’actifs par-mi les 120 milliards encore cessibles pourdiminuer la dette. « Avec 16,6 milliardsd’euros de produit de cessions d’actifs affec-tés au désendettement, on était loin du comp-te en 2006 », s’exclame le député.

M. de Courson redoute que l’Etat, pourdiminuer la charge des intérêts de la detteet en limiter la progression à 200 millionsd’euros, soit tenté de transformer une lar-ge part de la dette à taux fixe de la Franceen une dette à taux variable à court terme.Avec tous les dangers que recèlerait un telchoix sur le marché monétaire. a

C. Gu.

des nouveaux fonctionnaires de greffe en2006, affiche 282 millions d’euros(260 millions en 2006).

Santé (+ 5,5 %) et sécurité sani-taire (+ 4,2 %). La mission Santé, quienglobe les programmes d’action et deprévention en matière de santé publique,augmente de 8,07 % avec 430,56 mil-lions d’euros contre 398,39 en 2006. Laplupart des crédits, intégrés au program-me Santé et prévention (290 millionsd’euros) sont dévolus au renforcementde la prévention du sida, au dépistage ducancer et aux programmes de diminu-tion de la consommation d’alcool et detabac. 104 millions d’euros seront consa-crés à la poursuite des réformes hospita-lières (gouvernance, mise en place de latarification à l’activité). Le programmeDrogue et toxicomanie subit une diminu-tion de 33,87 % (37 millions d’euros en2007 contre 55 en 2006) expliquée en par-tie par un transfert de crédits vers le pro-gramme Santé et prévention.

Lamission Sécurité sanitaire est en aug-mentation globale de 4,2 %. Le program-me Veille et sécurité sanitaire, qui vise àrenforcer la capacité de réponse de l’Etataux crises sanitaires, augmente de 2,1 %avec 105,25 millions d’euros contre 103,09millions en 2006. 555 millions d’euros,inclus dans le programmeSécurité et qualité sanitairede l’alimentation, serontconsacrés à la surveillancedes conditions de productiondes végétaux (biocides,déchets, OGM) et au contrôledes animaux d’élevage.

Défense (+ 2,2 %).Pour la cinquième annéeconsécutive, les crédits duministère sont conformesaux objectifs de la loi de pro-grammation militaire2003-2008. L’enveloppe glo-bale de 47,7 milliards d’euros (47,8 mil-liards d’euros en 2006) représente unbudget de continuité, les crédits d’équipe-ment progressant de 2 %. Rien ne permetdonc d’étayer la crainte que les créditsmilitaires soient la « variable d’ajuste-ment » du déficit budgétaire à l’occasionde la campagne présidentielle. Les mis-sions Défense et Sécurité mobilisent97 % des crédits. 3,7 milliards d’eurossont alloués aux anciens combattants.

Le budget permettra la création de1 012 emplois, dont 950 pour la gendar-merie, et une cinquantaine pour la direc-tion générale de la sécurité extérieure(DGSE). La multiplication des opéra-tions extérieures a conduit à porter leurscrédits de paiement à 375 millionsd'euros (contre 175 millions d’euros en2006).

S’agissant des programmes, la mesurela plus significative est l’inscriptiond’une deuxième tranche de 700 millionsd’euros pour le deuxième porte-avions,ce qui manifeste la volonté du gouverne-ment de couper court aux prédictions decertains spécialistes pour qui ce projet,trop cher, ne se fera pas.

Ville et logement (– 2,6 %). Lebudget de la mission Ville et logementdevrait bénéficier de 7,16 milliardsd’euros de crédits de paiement en 2007,dont près de 6 milliards sont captés pardeux programmes consacrés à l’habitatet aux plus démunis. Le premier pro-gramme, qui représente presque 5 mil-liards d’euros, recouvre, pour l’essentiel,les aides personnelles au logement, accor-

dées à 6 millions de ménages pour leurpermettre de trouver un toit ou de s’ymaintenir. Ces aides seront revaloriséesde 1,8 % au début de l’année 2007.

Le développement et l’amélioration del’habitat constitue le deuxième poste dedépenses (un peu plus de 1 milliardd’euros). En 2007, 100 000 logementslocatifs sociaux devraient être réalisés(contre 80 000 financés en 2005). Aprèsavoir diminué en 2003, les moyens del’Agence nationale de l’habitat vont légè-rement s’accroître : + 27 millions d’eurosen « autorisations d’engagement » pourremettre sur le marché locatif des habita-tions inoccupées ou « à loyer maîtrisé ».

La politique de la ville et le program-me national de rénovation urbaine repré-sentent l’autre volet de la mission. L’inter-vention financière de l’Etat pour les opé-rations de démolitions-reconstructionsdans les zones urbaines sensibles devraitêtre plus importante.

Travailetemploi (– 3,9 %). Les cré-dits de paiement de la mission Travail etemploi, avec un total de 12,64 milliardsd’euros, affichent une baisse d’environ4 % comparés à 2006, soit quelque530 millions d’euros en moins. Dans ceposte, tous les programmes voient leursdotations augmenter sauf celui consacré à

« l’accès et le retour à l’em-ploi ». Le recul est de 13 %pour ce programme quireprésente près de 50 % descrédits de paiement, et quiest consacré à la lutte contrele chômage, à la promotiondes parcoursadaptés, notam-ment, ou encore les disposi-tifs d’accompagnement etd’orientation des 16-25 ans.Cette baisse s’expliqueraitnotamment par une diminu-tion de la dotation au Fondsde solidarité, qui verse l’allo-

cation spécifique de solidarité.Les quatre autres programmes voient

leur budget augmenter ou stagner. Laplus forte hausse (42 %) concerne le« développement de l’emploi », avec lesactions en faveur de la création d’emplois,la compensation de certains allégementsde charges ciblées, les mesures pour lesservices à la personne ou les hôtels, caféset restaurants, pour un total de 1,255 mil-liard d’euros. Le ministère de l’emploi faitvaloir que l’engagement de l’Etat enfaveur de l’emploi représente au total quel-que 42 milliards d’euros : les 12,64 mil-liards de la mission Travail et emploi,20,2 milliards au titre des compensationsd’exonérations de charges qui apparai-tront dans le PLFSS 2007 et 3,7 milliardsde la prime pour l’emploi.

Transports (– 5,3 %). Le budget dela mission Transports bénéficiera de8,81 milliards d’euros de crédit de paie-ment, dont près de 1,3 milliard d’euros autitre de la contribution de l’Etat au désen-dettement de Réseau ferré de France et dela SNCF. L’Agence de financement desinfrastructures de transport de France(AFITF), qui finance les nouveaux projetsd’infrastructures de transports, voit sonrôle confirmé.

La modernisation de la sécurité mariti-me sera engagée notamment avec l’instal-lation de stations radio et de radars à Guer-nesey et à la pointe du Raz.

Le Comité interministériel de la Sécuri-té routière a décidé de déployer 500 radarsautomatiques en plus des 1 500 déjàannoncés. a

Source : Le Monde, Quid, ministère des finances * prévisions

en %

L’effort consenti pour les chercheursÉVOLUTION DU BUDGET... DE LA RECHERCHE

DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

0

+2,05+ 2,23

+1,08 +1,01

+2,94 +3,50

+5,39

+2,5

– 1,34

2002 2003 2004 2005 2006 2007*

Les créditsde paiementde la missionTravailet emploiaffichentune baissed’environ4 % comparéeà 2006

La rigueur, une affaire de présentation ?

La fonction publique de l’Etat en chiffres

SELON LE GOUVERNEMENT

EMPLOIS BUDGÉTAIRES ÉQUIVALENTSTEMPS PLEINTRAVAILLÉS**

SELON L’INSEE

en millions d’équivalents temps plein

0

4,7

4,8

4,9

5,0

5,1

5,2

* hors appelés, hors mesures d’ordre et hors budgets annexes** mode de comptabilisation des emplois selon la LOLF

6 5534 973 5 378

13 675

17 214

– 993

– 4 537

– 7 392– 5 430

– 15 032

1998

1990 92 94 96 98 00 02 0491 93 95 97 99 01 03 05

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

L’évolution de l’emploi public

Recherche : en deçà des promesses

0123Jeudi 28 septembre 2006 21

Page 22: Le Monde 2006.09

Jospin a-t-il le devoir de se présenter ?Le Parti socialiste s’est renouvelé, il n’attend pas de recours. Il veut assurer la victoire en 2007

Lionel Jospin, l’homme, lecamarade qui a théorisé « Jedis ce que je fais, je fais ce queje dis », celui qui a déclaré aumois de juin : « Je ne seraipas un candidat de plus, jeveux être une solution et non

un problème », fait chaque jour sem-ble-t-il un pas de plus vers l’annonce desa candidature. Il en a bien sûr le droit,mais en a-t-il le devoir ?

Posons-nous simplement cette ques-tion : qu’est-ce qui justifierait la candida-ture de Lionel Jospin ?

L’intérêt du Parti socialiste ? Celui-cicompte, en 2006, 210 000 adhérents,soit près du double qu’en 1995, lorsqu’ilfallut départager Henri Emmanuelli, pre-mier secrétaire, et Lionel Jospin, à cetteépoque porté par les sondages. Serions-

nous moins forts aujourd’hui ? Depuis2003, nous avons remporté toutes lesélections intermédiaires ; certes nousnous sommes divisés sur l’Europe maisnous avons su restaurer notre unité aucongrès du Mans.

Dès lors, quel sens pourrions-nousdonner au mot recours que voudraitincarner Lionel Jospin ? Recours par rap-port à quel danger ?

François Hollande a été très large-ment réélu premier secrétaire, il est encela le garant de notre cohésion. Notre

rassemblement n’est nullement menacé,les socialistes n’ont pas peur de leursdébats et des arguments qu’ils échan-gent. Ils ne craignent pas la comparaisonentre les candidats, mais ils redoutent leseffets d’une confrontation provoquée,non maîtrisée, que rien ne justifie.

Serions-nous alors à la recherched’une candidature pour gagner et quinous ferait défaut aujourd’hui ? Ce n’estfaire injure à personne que de constaterque la candidature de Ségolène Royal estsouhaitée par de nombreux militants etqu’elle dispose, à six mois de l’électionprésidentielle, d’un potentiel électoralsusceptible de faire gagner les socialisteset la gauche.

Serions-nous à la recherche de candi-dats capables de diriger le pays ? Tous lescandidats déclarés ont du talent et l’expé-

rience requise ; tous ont été ministres,élus ou réélus députés.

Enfin, peut-il y avoir un doute sur lalégitimité de nos candidats déclarés àreprésenter le Parti socialiste ? C’est là lecœur de l’argumentation développée parLionel Jospin pour justifier sa proprecandidature, laissant penser que celle deSégolène Royal menacerait la conceptionqu’il se fait de notre parti. Un telargument n’est pas recevable, car lesoutien affiché d’ores et déjà par près dela moitié des dirigeants des fédérationssocialistes, un très grand nombre deresponsables et d’élus, garantit, si besoinen était, notre unité et l’adéquation de lacandidature Royal à l’identité du Partisocialiste, ainsi que son ancrage dans nosvaleurs communes.

Les Françaises et les Français veulentardemment un renouvellement du per-sonnel politique et une profonde rénova-tion qui puisse leur redonner espoir etconfiance dans leur avenir. SégolèneRoyal incarne plus que tout autre cetteattente, c’est pour cela que sa candidatu-re pèse et s’impose dans notre débat.

Ce débat affecte différemment LionelJospin. Son histoire dans le Parti d’Epi-nay, ses luttes avec nous, devraient luidonner une vision claire de notre histoirecollective. Sa place et son rôle au cours deces trente années font partie de notre

culture militante. Les socialistes luidemandent de conserver cette noblesseet cette vérité qu’il a théorisées dans l’ac-tion politique. Les pages qu’il a écritesavec les socialistes font notre fierté etfigurent en bonne place auprès de cellesde François Mitterrand, Léon Blum ouJean Jaurès.

Mais depuis son départ, notre partis’est transformé, le cours des choses quenous avons façonné appelle un change-ment lisible, franc et durable dans lequelpourra se reconnaître avec la gauche unemajorité de nos concitoyens. Lors ducongrès de Dijon, François Hollandeconcluait en mai 2003 au retour des socia-listes et clôturait nos travaux par cettephrase : « Nous sommes aujourd’hui encharge de la responsabilité du Parti socialis-te. C’est à notre tour d’ouvrir une nouvelleétape, d’écrire une nouvelle page, d’amor-cer un nouveau cours. »

Le devoir de Lionel Jospin, en cette ren-trée, c’est conformément à l’histoire duParti socialiste de transmettre le meilleurde son expérience, c’est d’aider les socia-listes à construire leur avenir avec lesFrançais, c’est enfin de se mettre à noscôtés au service de la victoire en mai 2007qui seule lavera l’affront du 21 avril 2002.

Pour toutes ces raisons, pour l’unité denotre parti, Lionel Jospin a l’impérieuxdevoir de ne pas se porter candidat à lacandidature. a

Aucourrierdeslecteurs

Marketing politique

Comme l’a remarqué François Bayrou, ledébat public est bien trop polarisé sur leduel Sarkozy-Royal. Ne devrait-on avoirle choix finalement qu’entre deuxproduits politiques issus des études demarketing les plus « fines » : tablesrondes des citoyens consommateurs surun site Internet pour l’une, bâtonsrompus avec les citoyens clients del’autre ? D’après les études de tendance,le peuple réclamerait de la fermeté et del’autorité. Eh bien, on lui en donnera,faisant assaut de démagogie et defausses bonnes idées ! Il faut ratisserlarge (…), un coup à droite un jour, uncoup à gauche un autre. Ou bien ils nousfont le coup du chiffon rouge agité dansle but de créer la réaction inévitable dutaureau furieux. J’en ai assez de cessempiternelles polémiques (…). Ces deuxpersonnages politiques sont-ils capablesd’émettre des opinions non« marketées » ? (…) Ça fait assezlongtemps déjà que j’ai dépassé le stadede l’overdose avec Nicolas Sarkozy, et je

commence à atteindre mon point limiteavec Ségolène Royal. (…)

Christine LourdouVillejuif (Val-de-Marne)

Enseignants-chercheurs

Le projet de préinscription des lycéens àl’université semble a priori une bonneidée (Le Monde du 22 septembre). Maisqui va gérer cette procédure ? Qui vaéplucher les centaines de dossiers descandidats et, comme le prévoit laréforme, recevoir individuellement ceuxqui feraient un choix d’orientation peujudicieux ? Assurément de jeunes maîtresde conférences, à qui l’on demande parailleurs de prendre des responsabilitésadministratives de plus en plus lourdes,d’assurer des cours de qualité dans desconditions souvent difficiles et, surtout,de publier régulièrement des travaux derecherche pointus dans unenvironnement de plus en plusconcurrentiel. Or il faut le dire : remplirces différentes missions avec consciencen’est possible qu’au prix d’uninvestissement en temps déjàconsidérable. Dès lors c’est tromper leslycéens que de leur faire croire que leurdossier pourrait faire l’objet d’un examenpersonnalisé. En ce sens, la question

récurrente des moyens alloués àl’université en dissimule une autre,étrangement absente des débats : celle dela reconnaissance du travail desenseignants-chercheurs. La pauvreté del’université française ne peut se gérerindéfiniment par l’augmentation de lacharge de travail de personnels. (…)

Jacques RodriguezLille (Nord)

« Trialogue »

Je relève avec surprise, dans le titre, puisen conclusion d’une des tribunes librespubliées dans Le Monde du 23 septem-bre, le terme « trialogue », désignant enl’occurrence le dialogue entre les troisreligions monothéistes. En effet « trialo-gue », qui ne figure dans aucun diction-naire, est bel et bien un barbarisme, fon-dé sur l’idée que, dans « dialogue », lepréfixe dia- signifie « deux ». Or il n’enest rien : dia- signifie « entre » (deux ouplusieurs personnes), et un dialogue res-te un dialogue, même s’il réunit troisinterlocuteurs ou davantage, comme, parexemple, ceux de Platon, les divers Dialo-gues des morts ou le Dialogue des orateursde Tacite.

René MartinAntony (Hauts-de-Seine)

0123 Pour vous les hommes !

Supplément gratuit de 72 pages, le jeudi 28 septembre avec 0123 daté vendredi 29 septembre 2006

Découvrez les derniers modèles de voiture, les tendances de la mode,les accessoires en vogue et les nouveautés high-tech...

Le cours des chosesque nous avons façonnéappelle un changementlisible, franc et durabledans lequel pourrase reconnaître avecla gauche une majoritéde nos concitoyens

L’œil sévèred’un philosophe

Proaméricain, parce que les Etats-Unis incarnent et garantissentles libertés fondamentales, pro-israélien, parce que l’Etat d’Is-

raël est légitime et démocratique, sévèreenvers l’Europe et la France, parce qu’el-les oublient leurs propres valeurs en fai-sant le jeu du totalitarisme islamiste, voi-là un essai qui tranche !

Il s’appuie sur un choix philosophiqueclair et net en faveur des valeurs de ladémocratie, et en tire les conséquences demanière cohérente. Une telle évidenceparaît souvent, hors de France, aussibanale qu’elle semble ici discutable. Cespages sont donc à méditer, au moment oùs’aiguisent les affrontements dans le mon-de entier, et où s’ouvrent ici les débatspréélectoraux.

Evidemment, le philosophe n’est ins-crit à aucun parti, ne donne aucun conseilde vote. Mais il invite, en solitaire, chacunà réfléchir, à se poser des questions gênan-tes, inhabituelles, voire désagréables. Se

soucier de ce qui est vrai plutôt que de cequi flatte l’opinion, s’efforcer de combat-tre les aveuglements, c’est une fonctionessentielle de l’intellectuel. On sera recon-naissant envers Christian Delacampagnede lui rendre sa singularité.

Il est vrai que cet intellectuel est atypi-que. Normalien, agrégé de philosophie, ila passé une grande partie de sa vie à par-courir le globe au lieu de rester enferméentre une bibliothèque et une salle de clas-se. Il a vécu, entre autres, au Caire et à Tel-Aviv, sillonné l’Afrique et l’Asie, avant departager son temps entre France et Etats-Unis. Auteur d’une trentaine d’ouvrages,dont une Histoire du racisme et une Histoi-re de l’esclavage, il a longtemps collaboréau Monde et enseigne aujourd’hui à laprestigieuse université Johns Hopkins deBaltimore.

Ses voyages, géographiques autantque philosophiques, lui ont appris à voirle monde, et les enjeux politiques du siè-cle, bien autrement qu’on ne se les imagi-ne en France ou même en Europe. Aprèsavoir crié, autour de 1968, « Elections, piè-ge à cons ! », le penseur s’est convaincuque la démocratie et ses valeurs ne peu-vent être abandonnées.

La menace la plus grave provient dutotalitarisme islamiste, nouvelle forme defascisme : Delacampagne soutient,contrairement à d’autres, que ce fonda-mentalisme progresse dans le monde dejour en jour. Augmentent donc, corrélati-vement, les risques de perte des libertés,d’intolérance, de suppression de l’égalitédes sexes, de disparition de la laïcité.

Face à ce danger, l’Europe s’aveugle,devient nihiliste, sombre dans l’oubli deses propres valeurs. Au lieu de défendrela démocratie, elle temporise dans la pluspure tradition munichoise. A cet aveugle-ment participent certains intellectuels derenom : Delacampagne cite les bêtisesproférées par Baudrillard, ou par Derrida,à propos du 11-Septembre.

Dans ce processus autodestructeur, laFrance semble atteindre des sommets.Ses blocages, ses pannes politiques, sapolitique étrangère aberrante font systè-me avec son non à l’Europe. Le philoso-phe démonte les contradictions altermon-dialistes et forme le vœu que l’Europe etla France retrouvent leur place dans lescombats pour les libertés. a

Roger-Pol Droit

Politique par Napo

Lelivredujour

François RebsamenMaire de Dijon,numéro deux du Parti socialiste

Il faut croire en la politiquede Christian DelacampagneEditions de La Martinière, 216 p., 17 ¤

Débats22 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 23: Le Monde 2006.09

Nous ne rembourseronspas vos dettesDes jeunes, éduqués, plutôt de droite pointent l’injustice faite à leur génération F

idéliser le client est le rêve de qui-conque fait profession de vendre.Les grandes firmes pharmaceuti-ques en rêvent aussi, dans leurpuissantmouvementdebanalisa-

tion de la consommation pharmaceutique.Car elles savent qu’il est bien moins coû-teux de fidéliser un client que d’en trouverun nouveau : six fois moins coûteux, seloncertaines études. Et elles estiment qu’ellesperdent chaque année 30 milliards de dol-lars de ventes (sur 600 milliards de ventesmondiales), parce que des patients inter-rompent leur traitement.

Depuisquelquesannées, les firmesphar-maceutiques ont investi dans la fidélisationde leurs « clients », les patients, sous pré-texte de les aider à bien suivre leurs traite-ments chroniques. L’« observance » destraitements a ses bons et ses mauvais côtés.Il est dommage d’interrompe un traite-ment trop tôt. Parfois, le patient a bien rai-sonde l’interrompre enraisond’effets indé-sirables, ou parce qu’il est inefficace.Maisla poursuite ou non du traitement est uneaffaireàdiscuterentrepatientetprofession-nels de santé.

L’intrusion des firmes pharmaceutiquesdans l’« accompagnement » des patients àbien suivre leur traitement a commencéaux Etats-Unis, où la marchandisation desmédicaments est plus avancée qu’en Euro-pe. Là-bas le prix des médicaments estlibre, les firmes peuvent faire de la promo-tion auprès du public pour des médica-ments de prescription, et les « programmesd’aide à l’observance », forme sophistiquéede cette publicité, se multiplient. Ces pro-grammes arrivent en France, par la petiteporte. Les députés français doivent bientôtse prononcer sur un projet de loi d’« adap-tation au droit communautaire dans ledomaine du médicament ». Son arti-cle 29-10 prévoit d’autoriser le gouverne-ment à légaliser les « actionsd’accompagne-

ment des patients soumis à des traitementsmédicamenteux, conduites par les établisse-ments pharmaceutiques » par voie d’ordon-nance, donc sans possibilité pour le Parle-ment d’en débattre, alors que ces program-mes s’apparentent à de la publicité grandpublic pour médicaments de prescription.Or cette publicité est interdite en Europe.

Ce projet d’ordonnance prévoit que lesfirmespourrontmettre enplacedes « dispo-sitifs individualisés (relance téléphonique,numérovert, éducationpersonnalisée pour lespatients, envoi d’infirmiers à domicile,etc.) ». Ainsi la boucle serait bien boucléedans un monde organisé par « Big Phar-ma » : forte implication dans la « forma-tion » initiale et continue des profession-nels et dans l’« information » des patients,influences déterminantes dans le proces-sus d’autorisation de mise sur le marchédes médicaments, et, pour clore le disposi-tif, contrôle du malade pour être sûr qu’ilprend bien toutes ses gélules et atteint bienson quota de consommation…

Il est temps de mettre un terme à cettedérive dangereuse. L’un des constats d’unrapport sénatorial récent sur le médica-ment(LeMondedu 14 juin2006) était l’om-niprésence des conflits d’intérêts et laconfusiondes genres qui sévit dans le mon-de médico-pharmaceutique. Avec ces nou-veaux programmes, elle deviendrait tota-le : comment imaginer qu’une firme, jugeet partie, soit en mesure d’expliquer à unpatient qu’il ferait mieux d’arrêter son trai-tement ou d’en changer ? Les patients quenous sommes tous ont besoin que les parle-mentaires en débattent sur le fond et refu-sent d’en être dessaisis par voie d’ordon-nance. a

Jacques Juillard, présidentde l’association Mieux prescrireBruno Toussaint, directeur de la rédactionde la revue « Prescrire »

Nous nesommes pas une jeu-nesse égoïste. Nous ne fai-sons pas le procès de nosaînés. Nous demandonsune prise de conscience. Cemessage est le cri d’alarmed’une classe d’âge. Nos

grands-parents ont reconstruit notre pays.Nos parents ont découvert le chômage demasse. Quant à nous, nous devons vivredans une société plus instable, précaire etconcurrentielle que jamais.

Le manque de moyens de nos universi-tés, les difficultés à trouver un emploi sta-ble, les problèmes pour se loger ne sontque quelques-unesde nosdifficultés quoti-diennes. Notre pays subit déjà la concur-rence des nouvelles puissances comme laChine ou le Brésil. Notre place sur la scèneinternationaledécroît, l’Europe est enpan-ne. Tout cela nous le savons et sommes enmajorité prêts à l’assumer. Par contre,nousrefusons devoir notreavenirhypothé-qué. Depuis vingt-cinq ans, tous nos diri-geants ont agi comme s’il allait de soi quenous allions assumer la dette publiquequ’ils accumulent. Aucun ne s’est deman-dé si nous le pourrions et, encore moins, sicela était juste.

Avec 2 000 milliards d’euros de dette(dont 900 milliards d’engagements deretraites, chiffres cités par le rapport Pébe-rau), la France assume une charge quipèse lourdement sur ses finances publi-ques : les intérêts de la dette. Chaqueannée,notreEtatdépense45 milliards uni-quement pour attendre. La dette n’est pasremboursée, elle nous est transférée au

prix de 125 millions d’euros par jour, soitl’équivalent de 84 écoles maternelles.

Si elle avait servi à préparer l’avenir, elleserait saine, supportable et juste. Ce n’estpas le cas. Dans une société qui construitl’avenir, les dépenses publiques de R & Det de formation augmentent plus vite quela moyenne. En France, depuis vingt-cinqans, c’est le contraire. De 1993 à 2003, lesdépenses de formation par étudiant secontentaient d’une croissance de 0,4 %par an contre 2,7 % pour la dépense publi-que globale. Celles de R & D ont baissé enpoints de PIB et le patrimoine de l’Etat aété divisé par trois en vingt-deux ans.

Cette dette n’est pas saine. Due à la folledépense de ces vingt-cinq dernièresannées, elle est le fruit d’une complètedésorganisation de notre administration.Le Parlement n’a jamais eu si peu de pou-voir. Nos structures administratives sontpléthoriques et désorganisées. Nos diri-geants ne connaissent qu’une réponse : denouvelles dépenses. Ils ne se demandentpas si les mesures prises sont efficaces. Ilsse contentent de les empiler.

Cette dette n’est pas juste. Si certainsaffirment que le transfert à notre généra-tion de 2 000 milliards de dette sera sansconséquence, c’est une tromperie. Lestitres de la dette sont possédés par les plus

richesdesFrançais, etpardes fondsde pen-sion en majorité anglo-saxons. Le rem-boursement de la dette publique implique-ra un transfert d’argent de la France versl’étranger et des plus pauvres vers les plusriches. Et, chaque année, notre Etat rogne-ra les services publics pour payer les inté-rêts de la dette. Enfin, cette dette n’est passupportable. Des centaines d’entrepriseset de futurs entrepreneurs quittent notreterritoire fautedecontreparties satisfaisan-tes à des impôts historiquement élevés.

Mais le pire est la menace que cet endet-tement fait peser sur nos parents : le non-paiement de leurs retraites. Seule dette del’Etat à pouvoir juridiquement être remiseen cause, les retraites serviront de variabled’ajustement. C’est en cela que, si rienn’est fait, nous ne paierons pas vos dettes.Sacrifier le paiement des retraites pour évi-ter de réformer notre Etat est un choix quia été fait par deux fois, en 1993 et en 2003.Ce choix, nous le refusons, et c’est pour-quoi il faut réformer notre Etat. La réformeest possible, la Suède et le Canada l’ontprouvé. Quatre principes ont guidé lesdiri-geants de ces pays et doivent guider lesnôtres : repartir de la feuille blanche ; fairepartagerà tous l’effort, historique ; laréfor-me doit être rapide ; l’exemple doit venird’en haut.

Nous nous sommes concentrés sur laméthode. Les choix concrets, eux, incom-bent à nos dirigeants politiques. Eux seulsont la légitimité du vote populaire. Etnous, nous devons, par la mobilisationcitoyenne, faire de la dette publique l’enjeude cette année présidentielle. a

« Big Pharma » nous surveilleFirmes, ordonnances et conflits d’intérêts

Clément PittonPrésident d’Impulsion Concorde, groupede réflexion d’étudiants et jeunes actifs

Débats0123Jeudi 28 septembre 2006 23

Page 24: Le Monde 2006.09

Le pays où

Le long des routes droi-tes qui traversent desgroupements de fer-mes proprettes en bri-ques rouges, les affi-ches de l’extrême droiteallemande, une semai-ne après les électionsrégionales du 17 sep-

tembre,donnent encore le ton : « Défendez-vous ! », « Courage pour le changement »,« Ça suffit ! » Près de la frontière polonai-se, dans l’est du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, certains villagesont voté jusqu’à plus de 30 % pour les néo-nazis du Parti national démocrate (NPD).Un score qui vient jeter une ombre sur cet-te région peuplée de champs, de forêts etde lacs, prisée des vacanciers berlinois et,au nord, ses plages de sable blanc baignéespar la mer Baltique.

Bourgade de 12 000 habitants,Pasewalk passerait presque pour modé-rée : « seulement » 9,7 % de l’électorat ontopté pour le NPD. Le clocher en ardoise del’église se voit de loin dans cette plaine quifut l’un des greniers de l’ex-Républiquedémocratique d’Allemagne (RDA). Sur laplace du marché, surdimensionnée auregard de la faible activité qui y règne, troisjeunes assis sur un banc s’ennuient ferme.« Il n’y a rien à faire ici », bougonne

Andreas, un blond filiforme de 23 ans aucrâne presque rasé. Pour passer le temps,lui et ses amis se racontent les cancans ducoin et commentent le feuilleton vu à la téléla veille au soir.

Les élections du 17 septembre ? « Non,on n’en parle pas entre nous. De toute façon,elles ne changeront rien », lâche Andreas.Au fil de la discussion, le jeune homme, quirefuse de donner son nom de famille,admet toutefois qu’il a donné sa voix auNPD. Approuvé par ses copains, Andreas« espère que ce parti fera quelque chose »pour lui trouver un travail.Depuis qu’il a quitté le lycée, il adécroché quelques stages chezdes artisans, mais rien de dura-ble. Il attend, comme tantd’autres. Le chômage frappeprès de 30 % de la populationactive de Pasewalk.

Le canton d’Uecker Randowest l’un des plus pauvres dupays. Le tourisme vert n’a pas suffi à rem-placer les emplois garantis par les abattoirset les entreprises agricoles d’Etat,du tempsde la RDA. Depuis la réunification du pays,il y a seize ans, plus de 200 000 des 2 mil-lionsd’habitantsdeMecklembourg-Pomé-ranie-Occidentale – le « Meck-Pom »dans le jargon local – l’ontquitté pour trou-ver du travail dans l’ouest de l’Allemagne,

voire à l’étranger. Andreas y pense parfois,mais il ne se sent pas armé pour. « Ce sontsurtout les filles qui s’en vont, elles sont plusdébrouillardes que les garçons », note JuttaHartlich. Psychothérapeute, elle tient per-manence en haut de la place du marché dePasewalk, pour conseiller les alcooliques etles drogués du canton. « Beaucoup d’hom-mesdu coin ont perdu tout espoir d’améliora-tion. » Les plus fragiles sont « dans un étatdépressifprochede la léthargie ».Hélas,souf-fle-t-elle, bon nombre de communes n’ontplus les moyens ou l’idée de proposer à la

jeunesse des activités pourbriser le désœuvrement.

Le NPD et ses sympathi-sants se sont engouffrésdans cette brèche. Depuisquelques années, ils ontmultiplié les initiatives auniveau local. Pas seulementen organisant, ici et là, desconcerts de rock nationalis-

te ou de musique dite « white power », van-tant la suprématie de la race blanche. Ilsont voulu ratisser plus large en s’adressant,demanièreanodine, auxadolescents etauxjeunes parents.

AUeckermünde, l’extrêmedroite aorga-nisé un tournoi de football. A Hammer,c’est une kermesse folklorique, avec dansesen costumes traditionnels, qui a permis de

célébrer les racines germaniques. Ailleurs,d’autres fêtes ont eu lieu en l’honneur desmoissons ou des nouveau-nés du village,dont les parents ont été réinvités plus tardautour d’une bière gratuite.

« Là où il sent qu’il y a du répondant, leNPD multiplie ses efforts pour enfoncer leclou », constate Markus Birzer, qui dirigeune organisation régionale de préventioncontre l’extrême droite, l’Académie pour lapolitique, l’économie et la culture. Elle estinstalléeà Schwerin, la capitaledu« Meck-Pom, » où siègent désormais six élus duparti néonazi. Selon lui, la stratégie duNPD se révèle payante. Peu à peu, les idéesqu’il véhicule, grâce aux revues et aux CDde musique distribués gratuitementdevant les lycées, deviennent la norme chezles adolescents des campagnes de l’ex-RDA.

Ici, désormais, mieux vaut arborer unecoupe de cheveux ultra-courte pour éviterles ennuis. Ceux qui refusent ou se rangentdans le camp des « antifascistes » fontattention de ne pas sortir seuls dans la rue.Le fils de l’oculiste d’Ueckermünde s’estfait tabasser pour l’avoir oublié. Dans ceszones rurales, Markus Birzer constate « undébut d’hégémonie culturelle » de l’extrêmedroite. Un exemple : lorsqu’on a demandéau public comment baptiser des louve-teaux qui venaient de naître au zoo d’Uec-

kermünde, ce sont les noms de Thor etWotan quisont arrivésentête. Deuxdivini-tés issues de la mythologie, reprises à soncompte par le régime d’Adolf Hitler et trèsen vogue dans les milieux d’extrême droiteactuels.

Dans la circonscription la plus défavori-sée d’Ueckermünde, bourgade de 10 000âmes, le NPD a recueilli plus de 30 % desvoix. Le parti n’y a toutefois pas pignon surrue, non plus que dans la plupart des com-munes de la région. Tout juste existe-t-ilune boîte postale et, sur le site Internet duparti, un numéro de téléphone portable –qui sonnait dans le vide lors de nos nom-breux appels. Tino Müller, le candidatNPD dans la circonscription, n’est pasdans l’annuaire. Son visage souriant dejeune homme propre sur lui, tempes déga-gées et chemise à carreaux, trône pourtantsur de nombreuses affichettes accrochéesaux lampadaires et aux poteaux du moin-dre hameau du coin.

Ancien des Jeunesses vikings,cet ancien maçon de 28 ansdirige une des « camarade-ries libres », groupusculeslocaux de néonazis, sur les-quelles le parti s’est appuyé

en vue des régionales. Il s’est distingué enprenant la tête d’une « initiative decitoyens » contre le transfert d’un camp dedemandeurs d’asile à Ueckermünde – oùseulement 1 % de la population est d’origi-ne étrangère, comme dans le reste du« Meck-Pom ». En dépit de ce maigrepedigree, Tino Müller a été élu le 17 sep-tembre au Parlement régional. Tout com-me le chef de file régional du NPD, StefanKöster, condamné pour avoir frappé unefemme à terre lors d’une manifestationantiraciste. Ou encore Udo Pastörs, tête deliste, qui a publiquement regretté qu’« unHitler ne naisse que tous les mille ans ».

Lechômageet ledésœuvrementdes jeu-nes ne suffisent pas à expliquer la percéeduNPD. Il y a aussi l’insécurité psychologi-que provoquée par l’adhésion à l’Unioneuropéenne de la Pologne voisine, enmai 2004. « L’extrême droite a exploité lapeur du Polonais qui vient prendre le travailou les allocations des Allemands, en oubliantde dire que nos voisins créentdes emplois cheznous », souligne Lothar Meistring, le mai-re de Löcknitz, la dernière bourgade avantla frontière.

Seize ans après la réunification, ajoutecet ancien cadre de l’ex-Parti communisteest-allemand, les gens qui sont dans lepétrin se sont tournés vers le NPD parceque « c’est le seul parti qui, depuis, n’a pasencore participé au gouvernement régio-nal ». Dans sa commune (2 900 habi-tants), ce vote protestataire a valu au NPD19 % des voix, alors qu’un de ses deuxsym-pathisants déclarés a été condamné pouravoir dégradé le monument à la mémoiredes juifs persécutés ici, lors de la Nuit decristal, en 1938.

Pour Jutta Hartlich, il y a aussi un pro-blème d’éducation. Le fait que, du tempsde la RDA, le nazisme était assimilé, dansle discours public, à l’Allemagne de l’Ouesta laissé des traces dans l’esprit des gens.« A l’école, on apprenait que nous, à l’Est,nousn’avions rien à nousreprocher », sesou-vient la quinquagénaire.Aujourd’hui enco-re, dit-elle, « ce n’est pas perçu comme unproblème nous concernant directement ».

Enfin, le NPD a mené une campagneélectorale nettement plus active que sesadversaires. Sur les affiches, ses slogans sefontsouventciblés, en phase avec lespréoc-cupations des gens : « Gardez les écoles ! »,« L’avenir plutôt que l’ANPE ». En face, leParti social-démocrate (SPD), qui dirige lacoalition sortante au pouvoir depuis huitans, proclamait : « Le succès continue »… Ila perdu dix points par rapport au précé-dent scrutin, à 30 %.

Pour sa campagne dans le « Meck-Pom », estimée à plus de 400 000 eurospar les autorités, le NPD a pu compter surl’argent et le coup de main de militantsvenus de Saxe, le seul autre Land du paysoù il siégeaitdéjà dans un Parlement régio-nal, grâce à un score de 9,2 % en 2004.Deux ans après, le bilan de son action àDresde donne de l’espoir à certains oppo-sants. Le parti est en perte de vitesse dansles sondages.

Ses provocations incessantes commen-cent à lasser ses électeurs d’un jour. LeNPD, simple feu de paille ? A Pasewalk,Detlef Nase, responsable de la Croix-Rou-ge locale, n’y croit guère : « Hélas, ce partiest là pour durer, déplore-t-il. Ses cadres vontgagner en expérience et les jeunes d’aujour-d’hui continueront à voter pour lui. » a

lesnéonazisIci, mieuxvaut arborerune coupede cheveuxultracourte pouréviter les ennuis

Antoine JacobBerlin, correspondant

font la norme

En Mecklembourg-Poméranie-Occidentale,

le score obtenupar le parti néonazi

allemand lorsdes élections

régionalesen septembre

n’a pas surpris.Chômage aidant,l’extrême droite

impose désormaisses idées

ALLEMAGNE

FRANCE

SUISSE

LUX.

POLOGNE

RÉP.TCHÈQUE

AUTRICHE

M e r d u N o rdM e r

B a l t i q u e

BELG.

Berlin

Dresde

Schwerin

Mecklembourg-Poméranie-Occidentale

Saxe

Ueckermünde

250 km

Promenade dans la région pendant lacampagne électorale. « Touristes bienvenue,demandeurs d’asile dehors », peut-on liresur une des affiches. ARNO WIEGMANN/REUTERS

Reportage24 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 25: Le Monde 2006.09

0123

LE CINÉMA DU MONDE, UNE SÉRIE DE 12 DVD À COLLECTIONNER, chaque samedi en région parisienne et le dimanche partout en France.

* Le Monde + « Le Monde TV&Radio » + le DVD = 6,50 €.

Le DVD seul est disponible à la boutique du Monde au prix de 5,20 € (80, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris)

NOUVELLESÉRIE

à partir du 30 septembre

ANTONIO DAS MORTES

Un film de Glauber Rocha

avec Le Monde daté dimanche 17 - lundi 18 décembre

LA DERNIÈREVAGUE Un film

de Peter Weir

avec Le Monde daté dimanche 10 - lundi 11 décembre

LA VIE D’O’HARU,

FEMME GALANTEUn film

de Kenji Mizoguchi

avec Le Monde daté dimanche 3 - lundi 4 décembre

VERS SA DESTINÉE

Un film de John Ford

avec Le Monde daté dimanche 26 - lundi 27 novembre

CLAIR DE FEMME

Un film de Costa-Gavras

avec Le Monde daté dimanche 19-lundi 20 novembre

LE GARDE DU CORPS

Un film d’Akira Kurosawa

avec Le Monde daté dimanche 12 - lundi 13 novembre

LES AMANTS DIABOLIQUES

Un film de Luchino Visconti

avec Le Monde daté dimanche 5 - lundi 6 novembre

L’ÉNIGME DEKASPAR HAUSER

Un film de Werner Herzog

avec Le Monde daté dimanche 29 - lundi 30 octobre

OCTOBRE + LA GRÈVE

Deux films de Sergueï Eisenstein

avec Le Monde daté dimanche 15 - lundi 16 octobre

L’ANGUILLEUn film de

Shohei Imamura

avec Le Monde daté dimanche 8 - lundi 9 octobre

LA VOCE DELLA LUNA + IL BIDONE

Deux films de Federico Fellini

avec Le Monde daté dimanche 1 - lundi 2 octobre

CHARULATAUn film de

Satyajit Ray

avec Le Monde daté dimanche 22-lundi 23 octobre

Chaque week-end, avec Le Monde, offrez-vous un grand classique du cinéma.6,50

€*

Page 26: Le Monde 2006.09

fichepratiqueOù manger. L’Oscar desmeilleurs « chippies » en 2005,décerné par la Sea Fish IndustryAuthority est allé àHodgson Chippy, 96th ProspectStreet, Lancaster. En deuxièmeposition figure Andy’s Fish Bar,53-55 Market Street, Church Gres-ley, Swadlincote. S’est classé troi-sième : McDermott’s Fish andChips, 6th The Forestdale Centre,Featherbed Lane, Addington,Croydon, Surrey.S’organiser. La plupart des res-taurants fish and chips n’accep-tent pas les réservations. Il fautdès lors s’armer de patience et fai-re la queue, en particulier le week-end. Certains établissements sontdépourvus de licence permettantde vendre de l’alcool. On peutdans ce cas apporter vin ou bière,à condition de régler la « taxe dutire-bouchon ».

La Petite TourCuisine Française de tradition

11, rue de la Tour01 45 20 09 97Fermé le dimanche

PARIS 16e

GastronomieMoghol Indienne

« Un restaurant élégant qui respirel’ame indienne par la tradition etl’art culinaire du pays ».« Un restaurant où bat le cœur del’Inde éternelle ».9, rue de la Trémoille - Champs Elysées01.40.70.01.09 - Service traiteur - voiturier - clim.

PARIS 8e

Renseig. Publicité

“GASTRONOMIE”m 01.57.28.39.35Fax : 01.57.28.39.26

Maisonclassée,fondée

en 1904

Cuisinetraditionnelleet du marché

Service continu TLJ de midi à 1h du matin142, bd Saint-Germain - 01.43.26.68.18

A la Cloche d’Or« Excellente cuisine de tradition

et belle carte de vin »Ouv. TLJ jusqu’à 5h du matin

- Fermé dimanche3, rue Mansart - m 01.48.74.48.88

PARIS 9e

LE POLIDOR depuis 1845« Ce lieu que fréquentèrent, tour à tour,Verlaine, Hemingway, Gide et Boris Vian...maintient des bons plats bien de cheznous, à prix modérés et la belle carte desvins perpétue la tradition ».Menu midi 12 € (entrée, plat, dessert)et 20 € - 41, rue Monsieur Le Princem 01.43.26.95.34 - O.T.L.J. jusqu’à 0h30

PARIS 6e

PARIS 6e

UN INDIEN FÊTESES 35 ANSLa presse gastronomique est unanime :« Yugaraj est l’un des meilleurs et des plusauthentiques indiens de Paris ». Ses atouts :un grand chef et son savoir-faire, des produitsnobles à la hauteur de sa réputation, un beaudécor, un service attentionné. Les vins lesmieux adaptés, des plats inédits. Ici l’on sortdes sentiers battus : gambas au cumin, caillesfumées au poivre rouge de Pondichéry, ananasVictoria rôti aux épices. MENU 29,80 €,FORMULE à midi en semaine 19 €, CARTE 36 €environ. YUGARAJ - 14, rue Dauphine - Paris 6e

Tél. 01 43 26 44 91 - Fermé lundi et jeudi midi.

PARIS 6e

e célèbre palais des viandesde qualité rouvre ses portesaprès une rénovation des plus

réussies. Que les fidèles amateurs serassurent : le cadre a conservé soncachet et la personnalité qui faitson charme. Rafraîchi plutôt quetransformé, l’authentique décorannées trente a encore gagné enespace et en confort pour seshôtes. La superbe porte à tambouret l’immense baie vitrée, réchaufféede rideaux clairs, offrent une belleclarté. Les tons naturels et le boisdemeurent, tonifiés de luminairesornés de cornes de bovin en métalet habillés d’abats jour rouges,rappelant l’âme des maquignonsde La Villette. Large sourire,immenses assiettes et proportions

géantes sont toujours au rendez-vous pour savourer une viandebien née, rassise et persillée commeil faut. Pavé du chevillard ou desmandataires, chateaubriand desbidochards, onglet… s’ils sont dits“maigres” dépassent tout de mêmeles 300 g et la pièce de bœuf les500 g ! Pour les “petites” faims,certains morceaux sont proposésen 200 g. Notez qu’on n’a surtoutpas changé les fameux desserts nila judicieuse carte des vins !

Au Bœuf Couronné188, avenue Jean Jaurès75 019 Paris - Tél. : 01 42 39 44 44

Ouvert 7 jours sur 7, de midi à 15 h et de 19 h à minuit.Service voiturier midi et soir.

L

L’IDÉE GOURMANDE DE LA SEMAINE

AU BŒUF COURONNÉ : UN ROYAUME DE SAVEURS

RATN

Le « fish and chips » allégéLe poisson frit dansle jus de rôti de bœuf,les larges fritesau vinaigre, le toutarrosé de thé au lait :ce mets « so British »mais un peu grasse réinvente

Bonne table35º Ouest a rouvertPascal Yar, ancien directeur duGaya Rive Gauche, a rouvert350 Ouest, club des amateurs depoissons du 7e arrondissement deParis. Un sobre décor, des nappesimmaculées, des assiettes rondes,et c’est reparti avec le jeune Red-dy Merienne qui trousse une cuisi-ne parfumée et colorée : sardinestièdes en rougail, tartare de pois-son sauce Caesar (aux anchois) etlangoustines poêlées servies en

accompagnement d’un velouté decresson. Le bar rôti aux cèpes etjus de veau réduit comme le saint-pierre aux coques et câpres serviavec un jus légèrement mousseuxrenouvellent le genre, sans excès.Quelques desserts gourmands,des vins au verre, cave très courtemais judicieuse.Petit menu au déjeuner (vin et café com-pris) : 29 euros. A la carte, compter55 euros. 35, rue de Verneuil, 75007Paris. Tél. : 01-42-86-98-88. Ouvert dumardi au samedi.

Rendez-vousGoûts

WHITBY (Yorkshire)

ENVOYÉ SPÉCIAL

Si par hasard vous avezl’outrecuidance dedemander à Sharon, laserveuse du MagpieCafé, la recette de la

pâte à frire du « fish and chips »,la réponse, d’une voix rugueuse,venue du fond du Yorkshire, estsans appel : « C’est comme le Coca-Cola, c’est secret. » Dans ce restau-rant de Whitby, petit port depêche du nord-est de l’Angleterre,on ne badine pas avec la traditiondu plat national qu’est le fish andchips.

On vient en effet de partoutpour communier à Whitby, dansune discrète connivence faite degestes partagés, dans la gloire decette institution. En ce samedi, il afallu faire quarante minutes dequeue sous la pluie avant de pou-voir accéder, par un escalier à ram-pe, à la salle à manger du MagpieCafé.

Avec une purée de poisA l’instar des bonnes vieilles

valeurs de la cuisine d’Albion, lesprincipes du fish and chips sontéternels. Le poisson, entier, est fritdans le jus de rôti de bœuf. Il estsouvent accompagné de sauce tar-tare, voire de ketchup. La moruevient largement en tête du hit-parade des préférences, suivie duhaddock, de la plie ou du merlan.Les frites, larges, pas trop cuites,sont assaisonnées de vinaigre etde sel. Ce plat qui se moque desmodes est servi avec une purée depois épaisse, légèrement sucrée.Le pain blanc est conseillé pourcaler l’estomac.

Les puristes ne songeraientjamais à commander une bou-teille de vin blanc. Ils préfèrent ledéluge de thé au lait, voire, pourles plus coriaces, la stout, la bièrebrune qui remonte à la nuit des

temps. Après la dernière bouchéeabsorbée aussi lentement qu’unehostie, il ne reste plus qu’à digé-rer, à l’aide d’un chocolat à lamenthe.

Il paraît bien loin, le temps dupoisson frit emballé dans untabloïd – le Sun de préférence,qui, paraît-il, absorbait bien l’hui-le. La section des plats à emporterdu Magpie Café sert le poissondans un papier spécial absorbant.« Malgré la hausse du prix du pois-son, les affaires ne vont pas tropmal, merci. C’est du classique, dubétonné », affirme Ray, le patron.Le fish and chips reste le numéro

un incontesté de la restaurationrapide britannique, loin devantles hamburgers, currys ou kebabs.

Selon la Sea Fish IndustryAuthority, l’organisme britanni-que de la promotion de la pêche,en 2005, les 11 500 restaurants,baraques et vendeurs ambulantsont débité 280 000 portions à par-tir de 60 000 tonnes de poisson.Le chiffre d’affaires de cette indus-trie florissante représente plus de1 milliard de livres (1,5 milliardd’euros). Deux amateurs sur troisle consomment à la maison.

« Le poisson-frites a un effet denivellement social, apprécié des

riches comme des pauvres. C’est unrepas consistant, bon pour la san-té », indique le chroniqueur gas-tronomique Terry Durack. Al’écouter, Winston Churchillappréciait à ce point cette spéciali-té qu’il l’avait exclue du rationne-ment pendant la guerre.

Portions gargantuesquesA l’instar des pubs, le fish and

chips s’exporte désormais dans lemonde entier, en particulier dansles pays du Commonwealth. Man-hattan, à New York, possède qua-tre établissements de ce type, auxportions gargantuesques. A Shan-

ghaï doit s’ouvrir la réplique d’unrestaurant du Dorset, où rien nemanquera sur la table, pas mêmel’obligatoire vinaigre au malt decouleur brunâtre made inEngland.

Mais le fish and chips estaujourd’hui la cible de la luttecontre l’obésité, devenue la priori-té du gouvernement Blair enmatière de santé publique. Eneffet, les Britanniques se classentdésormais au deuxième rang dusurpoids en Europe, derrière lesGrecs, mais devant les Allemands.Les diététiciens dénoncent sa for-te teneur en sucre, graisse anima-le, sel et acides gras. Une petiteportion « pèse » 870 calories enmoyenne.

Pour survivre, le fish and chipsse réinvente. L’heure est désor-mais à la friture à l’huile végétale,en particulier de tournesol. Unnombre croissant de restaurantsoffrent une formule vapeur ougrillée. Le riz ou les pâtes rempla-cent progressivement les frites.La sauce est allégée : huile d’oli-ve, salsa, hollandaise ou auxherbes.

Résultat de cette pincée de fan-taisie provoquée par la chasse auxkilos superflus : les plus grandsrestaurateurs anglais mettent lefish and chips – nouvelle formu-le – à leur menu. Basé enCornouailles, le chef Rick Stein aconcocté une version moderne enproposant de la sole, du thon, dumaquereau ou du turbot pour

remplacer la morue venue d’Islan-de, trop souvent congelée. L’Ivy,restaurant de Covent Garden, àLondres, offre ainsi à sa clientèlebranchée une fine tranche demorue grillée, quelques pommesallumettes et des petits poisvapeur. Aux dernières nouvelles,le mannequin Kate Moss enraffole. a

Marc Roche

Magpie Café, 14 Pier Road, Whitby, NordYorkshire, www.magpiecafe.co.uk

26 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 27: Le Monde 2006.09

Vous êtes

• DIRECTEURDES RESSOURCES HUMAINES

• DIRECTEURDU PERSONNEL

• RESPONSABLEDU RECRUTEMENT

Bénéficiez d’un abonnement gracieuxde 6 mois au Monde du lundi daté mardi

et à sonsupplément*

en nous envoyant votre cartede visite professionnelle.Le Monde Publicité - Service Emploi - Aurélie Porquet80, boulevard Auguste-Blanqui - 75707 Paris Cedex 13.*offre limitée.

Avec Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, président ducercle de réflexions La République des idées.Isabelle Falque-Pierrotin, conseiller d’État, déléguée générale duForum des droits sur l’Internet.Bruno Patino, président du Monde Interactif, éditeur du Monde.fr.Thierry Solère, responsable du site Internet de l’UMP, élu au conseilgénéral des Hauts-de-Seine.Young-Shim Park, correspondante en France d’OhmyNews, premierjournal en ligne coréen axé sur le processus démocratique.Etienne Chouard, professeur à Marseille, artisan du « non » auréférendum et animateur du site Plan C pour une constitution citoyenne.... et d’autres invités.

Un débat coanimé par Gérard Courtois, directeur des rédactions du Monde,et Serge Marti, association pour la Fondation Le Mondeen partenariat avec TNS Sofres, et avec l’intervention de Brice Teinturier,directeur général adjoint - directeur du département Stratégies d'Opinion.

Lundi 9 octobre 2006 à 20 h 30« La démocratie.fr »Comment Internet bouscule la politique, sa communication et sa pratique

*SDL, abonnés du Monde, du Monde de l’éducation, du Monde « Dossiers et documents », du Monde.fr et du Théâtre du Rond-Point, sur présentation d’un justificatif.

Dans la limite des places disponibles.

en association avec le Théâtre du Rond-Point, direction Jean-Michel Ribes

0123vous propose…

Réservations :2 bis, avenue Franklin-D.-Roosevelt - 75008 ParisTél.: 01-44-95-98-21 - www.theatredurondpoint.fr

■ Tarif : 15 € ■ Réduit* : 12 € ■ Moins de 30 ans : 8, 50 €

Informations : www.lemonde.fr/debats

Les débats du Monde

Quelle maison pour les enfants du divorce ?

Laurène, 12 ans, s’inquiète : elle aencore oublié son livre de mathschez son père, alors que, cettesemaine, elle réside chez samère. Benjamin, 7 ans, sedeman-

de s’il va pouvoir suivre des cours de ten-nis avec ses copains. Ils ont lieu près dechez sa mère, mais son père acceptera-t-ilde l’accompagner ? Milan, 14 ans, n’osepas réclamer à sa belle-mère les fournitu-res scolaires qui lui manquent…

Pour les enfants qui vivent en résiden-ce alternée une semaine chez leur père,une autre chez leur mère, la rentrée sco-laire est l’occasion de renouer avec unemploi du temps compliqué. Aux tracasliés au transfert des affaires personnelleset scolaires d’un domicile à l’autre, par-fois tous les trois ou quatre jours, s’ajou-tent les soucis habituels d’un mois de sep-tembre. Qu’il s’agisse des réunions entreparents et professeurs ou des invitationsd’anniversaire, l’enfant en garde alternéepasse son temps à jongler.

Le plus souvent pratiquée à l’amiable,cette forme de garde a été formalisée parla loi du 4 mars 2002. Elle devrait êtrecomplétée par la « possibilité du partagedes allocations familiales » dont PhilippeBas, le ministre de la famille, a annoncémardi 26 septembre l’inscription dans leprojet de loi de financement de la Sécuri-té sociale pour 2007. Sur les 2 millionsd’enfants dont les parents sont divorcésou séparés, on estime aujourd’hui à 10 %ceux dont la résidence alternée est impo-sée par voie judiciaire.

« Désormais, les juges aux affaires fami-liales la préconisent pour des enfants de plusen plus jeunes », s’alarme l’association gre-

nobloise L’Enfant d’abord, à l’origine dela publication du Livre noir de la gardealternée (à paraître le 5 octobre chezDunod). Des pédopsychiatres y exposentles effets négatifs de ce mode de garde surles enfants de moins de 4 ou 6 ans. Seloneux, la rupture répétée entre le jeuneenfant et sa figure primaire d’attache-ment (la mère) peut conduire, plus tard, àdes troubles de la personnalité (étatdépressif, difficulté à se lier). « Les consé-quences nocives chez l’enfant de sa sépara-

tion avec l’adulte privilégié ont été étudiéesdepuis la première moitié du XXe siècle. Ellessont d’autant plus difficiles à supporter parl’enfant que celui-ci est plus jeune et que laséparation est plus longue », écrit le doc-teur Hana Rottman. Ainsi, lors du trans-fert d’un domicile à l’autre, des cris, un cer-tain mutisme ou des crises d’asthme peu-vent traduire l’angoisse du très jeuneenfant qui, s’il aime son père, ne possèdepas encore la « mémoire » de sa mère, etva se vivre comme seul au monde.

La garde alternée est une « bombe àretardement », affirme de son côté lapédiatre Edwige Antier dans son livreDolto en héritage, tout comprendre, pastout permettre (éd. Robert Laffont, 2005,282 p., 19 euros). Les enfants qui viventen garde alternée « ont un sentiment d’an-xiété permanent (quel jour sommes-nous ?,qui vient me chercher ?, je reste à l’étude ouje sors à 16 h 30 ?) », auquel s’ajoute lefait qu’« ils sont parfois incapables de sesituer dans le temps », témoigne une insti-

tutrice parisienne chargée d’enfants de 7à 8 ans.

Cependant, ce partage du temps de viede l’enfant en deux parts égales « a priorifonctionne car il positionne les deux parentssur un pied d’égalité », affirme Alain Caze-nave, président de l’association SOS-Papa. A condition, toutefois, que les deuxdomiciles soient proches et que chaqueparent ait les moyens d’allouer un espacepropre à l’enfant. Pour aider à l’organisa-tion de la famille décomposée, la sociétéFilomédia commercialise depuis le 1er sep-tembre le MémoCarnet, « une sorte desupercarnet de correspondance entre papa etmaman pour que le quotidien des trois ne setransforme pas en galère ».

Un week-end sur deuxConvaincu, Arnaud n’avait pas hésité

à accepter, en septembre 2005, la gardealternée que son ex-femme lui proposait.« Je pensais que c’était pour moi le moyende partager un peu de quotidien avec monfils de 4 ans, de lui transmettre mesvaleurs », dit-il. Mais, après un an, il estinquiet. Chez lui, son fils paraît joyeuxmais il « flotte », ne sait pas où est « sa »maison et fait des cauchemars. « Il seréveille en disant que sa maman part enAfrique et qu’il veut aller avec elle maisqu’elle n’a pas le temps », raconte ce père.Pour que son enfant soit « chez lui quel-que part », Arnaud vient de décider de nepartager avec son fils qu’un mercredi etun week-end sur deux. En attendant qu’ilgrandisse.

Sur fond de bataille pour la pension ali-mentaire, « il ne faut pas que les parentsoublient que c’est le confort de l’enfant quiest prioritaire. Il est normal de voir les deuxparents autant que possible, mais, selon lesâges, les besoins vont être différents »,confirme Catherine Audibert, psycholo-gue. Car ce que l’adulte pense être un ano-din changement de lieu consiste chaquefois pour l’enfant à changer de parent,d’univers et de vie. a

Florence Amalou

LA RÉFORME fiscale présentéeen 2005 prévoit une refonte dubarème couplée à une baisse de4 milliards d’euros de l’impôt surle revenu et la mise en place d’un« bouclier fiscal » plafonnant lesimpôts à 60 % des revenus. Cesmesures s’appliqueront dès jan-vier 2007. Elles supposent que lescontribuables, même non imposa-bles, fassent des démarchesauprès de l’administration pouren bénéficier.Prime pour l’emploi (PPE). Les250 000 bénéficiaires de la PPE,auxquels l’administration réclametout ou partie des sommes tou-chées comme acompte, doivent,« dans les meilleurs délais, se signa-ler auprès de leur trésorerie, (…) afinde bénéficier de l’octroi d’une remisegracieuse chaque fois que leur situa-tion le justifie ». Tel devrait être le

cas des 125 000 personnes qui ontperdu cette prime pour avoir bas-culé dans le chômage.Déclaration préremplie (DPR)et télédéclaration. Testée en2005, la DPR a été généralisée cet-te année. 16 % des contribuablesont dû cependant la rectifier, pourtrois raisons : l’information étaiterronée ou incomplète, l’abatte-ment spécial de certaines profes-sions n’était pas pris en compte ouencore l’administration fiscaleavait commis des erreurs. En2007, la DPR pourrait être éten-due aux rémunérations desemployés à domicile payés à l’aided’un chèque emploi-service uni-versel (CESU). Par ailleurs, l’avan-tage de 20 euros accordé aux télé-déclarants (5,7 millions en 2006)est maintenu l’an prochain.Baisses d’impôt. Les premiè-

res diminutions de l’impôt sur lerevenu interviendront dès ledébut de l’année sous la formed’une baisse de 8 % (dans la limi-te de 300 euros) des acomptes defévrier et de mai ou des premiersversements mensualisés. Dès jan-vier, le ministère de l’économiemettra une calculatrice en ligne àla disposition des contribuablesqui choisissent de moduler leursacomptes en raison de rentréesd’argent irrégulières.Bouclier fiscal. Pour bénéficierde ce dispositif plafonnant à 60 %des revenus les impôts directs(impôt sur le revenu + taxe d’habi-tation + taxe foncière + impôt desolidarité sur la fortune), il fautdéposer au fisc, à partir du 1er jan-vier 2007, une demande de rem-boursement de trop-perçu. Sontpris en compte dans les revenus :les salaires et les pensions, lesbénéfices industriels et commer-ciaux, les revenus fonciers et lesintérêts et plus-values de place-ments. Un outil de simulation surInternet aidera les contribuablesà savoir s’ils font partie des quel-que 100 000 personnes potentiel-lement concernées.Interlocuteur fiscal unique.Dès le début 2007, 7 millions defoyers fiscaux pourront effectuerleurs démarches fiscales couran-tes dans un même lieu : soit unhôtel des finances regroupant lesservices des impôts et du Trésorpublic (60 devraient être ouvertsdébut 2007), soit dans un point« accueil finances », testé dansl’Ain, l’Essonne, le Loiret et enMeurthe-et-Moselle.Services en ligne. Sur le siteimpots.gouv.fr (rubrique Particu-liers), un compte fiscal est propo-sé à chaque usager. Il lui offre unevision globale de ses données fisca-les personnelles sur les trois der-nières années. Il est aussi possiblede s’abonner à une lettre d’infor-mation fiscale personnalisable. a

Claire Guélaud

JACQUES GUILLET

Selon certainspédopsychiatres,la résidence alternéeserait dommageableà long terme, notammentpour les jeunes enfants

FISC DES DÉMARCHES À EFFECTUER AUSSI POUR LES NON-IMPOSABLES

Bien s’y prendre pour profiterdes baisses d’impôts en 2007

MODES DE VIE0123Jeudi 28 septembre 2006 27

Page 28: Le Monde 2006.09

En quoi vous distinguez-vous devotre prédécesseur, Joseph Vol-pe ?

Je crois beaucoup à la régénéra-tion du genre par des artistes exté-rieurs à la mise en scène d’opéraet par des metteurs en scène quine sont jamais venus au Met, com-me Patrice Chéreau ou Luc Bon-dy. Joseph Volpe, que je respecteet avec lequel j’ai bien travaillépendant la période où il m’a passéle relais, ne voyageait pas. NotreMadame Butterfly est une copro-duction avec l’English NationalOpera de Londres. Ce signed’ouverture est nouveau.Le Met était surtout connu pourses stars du chant, pas pour sesmises en scène…

Le Met reste la maison desstars du chant que le public ado-re. Mais ce public s’est érodé, il y amoins de monde et il nous fautmodifier la donne. Je pense que ladimension théâtrale peut régéné-rer les choses. La nouveauté nefera pas fuir le public traditionnelet risque sûrement d’attirer ceuxqui ne viennent jamais au Metparce qu’ils pensent que c’est letemple du vieillot. Je compte beau-coup sur La Flûte enchantée resser-rée et « familiale » de Julie Tay-mor, à la fin de l’année.Pourquoi commandez-vous aus-si des comédies musicales ?

A Broadway, les vrais artistesne trouvent plus les conditionsqu’a encore connues le jeune Ste-phen Sondheim à ses débuts. S’ilavait 20 ans aujourd’hui, il nepourrait travailler selon l’exigen-ce qui a été la sienne.

Adam Guettel est l’un des com-positeurs les plus brillantsd’aujourd’hui, mais le systèmecommercial de Broadway ne luipermet pas de s’exprimer.

Dans le cadre de ce program-me, il ne fera pas fortune mais iltrouvera de vrais moyens artisti-ques. Ces œuvres seront donnéesau Théâtre Vivian-Beaumont,

attenant au Lincoln Center, etpourront, j’espère, créer un pontentre les deux publics.Comment s’est passée la négo-ciation des droits de diffusion etd’édition des spectacles et avecles puissants syndicats du Met ?

Les trois principaux syndicatsde la maison ont été vite cons-cients qu’il fallait emboîter ce paspour assurer l’avenir du Met etqu’il s’ouvre sur le cœur de la villeet au-delà.

Cette maison est celle de tout lemonde, pas celle d’un clan de pri-vilégiés et d’initiés. a

Propos recueillis par R. Ma.

Les informations recueillies à cette occasion sont exclusivement destinées au Monde et à ses partenaires.Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des données vous concernant (art. 27 de la loi informatique et libertés).

... au cinémapour découvrir le film de Jean-Pierre Darroussin

LEPRESSENTIMENT

0123 vous invite…

Pour recevoir

votre invitation

valable pour

deux personnes(100 places au total)

envoyez vos coordonnées à :

opération « LE PRESSENTIMENT »Le Monde Publicité - Service Culture80, boulevard Auguste-Blanqui - 75707 PARIS Cedex 13

Lundi 25 septembre, des milliers de New-Yorkais ont assisté à la retransmission sur écran géant, à Times Square, de « Madame Butterfly »,de Puccini, donné en ouverture de saison au Metropolitan Opera (à gauche). JAKE PRICE/WPN POUR « LE MONDE » - KEN HOWARD / METROPOLITAN OPERA

A New York, l’opéra grand public

PETER GELB, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU METROPOLITAN OPERA DE NEW YORK

« Le Met s’ouvre au cœur de la ville »

findepartieBernardLevyladernièrebande/Krapp’slasttapeXavierMarchand/HenryPillsburyledépeupleurMichelDidym

à l’athénée28 sept › 9déco153o51919www.athenee-theatre.com

festivalbecketta malte martin atelier graphique | assité par adeline goyet | licence nº 19125

MUSIQUE

Le patron du Meta pris des mesuresinédites visantà capter l’audiencela plus large

NEW YORK

ENVOYÉ SPÉCIAL

Dans la file d’attente, àl’entrée du Metropoli-tan Opera de NewYork, en cette soiréed’ouverture de saison,

lundi 25 septembre, deux critiquesmusicaux américains toisent lacohue huppée qui foule un tapisrouge. Une présentatrice de télévi-sion s’entretient sur grand écranavec David Bowie ou Susan Saran-don. « Je n’ai jamais vu ça : on secroirait aux Oscars ! », ironise lepremier. « Rien ne sera plus commeavant », philosophe le second.

Le Met n’est plus le mêmedepuis que Peter Gelb le dirige.Nommé en 2005, cet ancien

patron de Sony Classical, manageret producteur de musique classi-que, a pris les rênes cet été du pre-mierétablissement lyriqueaumon-de. Bien décidé à faire adhérer leMet à « la culture générale et à la vied’aujourd’hui », bref à l’ouvrir auxNew-Yorkais et même au monde.Et à le faire savoir, avec un insolenttalent pour la communication.

Depuis des lustres, l’ouverturede la saison du Met était d’unconservatisme figé : des stars don-naient des extraits d’opéras dansdes mises en scène sans risquesalors qu’un dîner rassemblaitmécènes – essentiels pour un opé-ra financé surtout par le privé et lavente de billets – et personnalitésqui avaient les moyens de se payerun fauteuil (jusqu’à 1 500 dollars).

Cette saison, tout a changé.D’abord, une œuvre intégrale estprésentée dans une nouvelle pro-duction(MadameButterfly, dePuc-cini, mise en scène par le cinéasteAnthony Minghella, l’auteur duPatient anglais). De plus, le specta-cle est retransmis en direct, enplein air et gratuitement, à la fraî-

che, sur deux sites : un écran géantest installé sur la façade de l’opéradevant la Plaza, et à quelques cen-taines de mètres, à Times Square,trois autres sont accrochés sur desimmeubles de Broadway dont latour Nasdaq.

Ce n’est pas la première foisqu’un opéra est ainsi diffusé. Lanouveauté est que cette opérationva au-delà du coup médiatique en

s’inscrivant dans une série demesures qui visent à ouvrir le Metau public non spécialisé.

Quelques exemples : l’ouverturegratuite de la répétition générale deMadame Butterfly aux New-Yor-kais et une visite des coulisses et duplateau(unepremière) ; lanégocia-tion avec les syndicats du Met enfaveurde ladiffusiontéléviséeet/ouradiodiffusée d’une centaine dereprésentations sur le site Internetdu Met (www.metopera. com) et,quatre fois par semaine, sur la chaî-ne par satellite payante Sirius(www.sirius.com/metopera), ensus de la transmissionsur des chaî-nes publiques américaines (avecun relais en France assuré parFranceMusique)des célèbresmati-nées du samedi ; une collection deDVD ; l’édition de disques « ins-tantanés » à acheter à l’issue de lareprésentation ; la diffusion endirect, à partir du 30 décembre, desix représentations dans des sallesdecinémaauxEtats-Unis, auCana-da et en Europe via Odeon/UCI.

Par ailleurs, le Met lance un pro-gramme de commandes de comé-dies musicales et poursuit, en l’ac-centuant, la politique en faveur dela création ou de premières à New

York d’opéras contemporains(signés Tan Dun, John Adams ouOsvaldo Golijov). Le « vieux »Met, raillé en Europe pour sonconservatisme, dépasse de plu-sieurs têtes tout ce qui a été imagi-né jusqu’ici pour que l’opéra passele cap du XXIe siècle.

Grand art et HollywoodAinsi, sur la Plaza, un vaste par-

terre de sièges pliants est alignédevant l’écran géant. Un couple,avec deux petites filles méduséesdans les bras, regarde, jusqu’à ceque les gamines crient un peu :« Ici au moins, elles ne dérangentpersonne ! » plaisantent-ils. Ellesne dérangent pas ce jeune garçonqui regarde les images sans avoirquitté le casque de son iPod, bran-ché sur une autre musique. Plustard, à Times Square, des passantsdemandent de quoi il s’agit. Unepolicière assure : « C’est en directde Carnegie Hall », confondantdeux grosses institutions musica-les de la ville.

Beaucoup appellent leurs amisau téléphone et leur font entendrele son des chanteurs à travers lerécepteur. Les touristes prennentdes photos de Butterfly. Une étu-

diante se plonge dans le program-me distribué par des appariteurs :« Je ne suis jamais allée à l’opéra,mais je regarderai sur Internet »,promet-elle.

En raison du vacarme de TimesSquare, on ne jugera pas les chan-teurs, mais le spectacle est assuré-ment… spectaculaire, dans ungenre très épuré. La Butterfly deMinghella est superbe visuelle-ment et a la qualité rare de plaireau public traditionnel et à ceux quePeter Gelb souhaite attirer. Il sem-ble avoir réussi son « coup », ceque confirme le New York Times du26 septembre, qui consacre à l’évé-nement une photo en « une » etplusieurs articles à cet « hybridepresque étrange de grand art etd’Hollywood ». AnthonyTommasi-ni conclut sa critique : « Tout lemonde va parler du Met. On ne sesouvient pas de la dernière foisqu’une telle chose a pu être dite. » a

Renaud Machart

Madame Butterfly, de Giacomo Pucci-ni. James Levine (direction), AnthonyMinghella (mise en scène), MetropolitanOpera de New York, jusqu’au 18 novem-bre. Tél. : 00-1-212- 362-60-00.www.metopera.org

CULTURE28 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 29: Le Monde 2006.09

Peut-on sauver l’Ecomusée d’Alsace ?Ce site atypique, dontla fréquentation resteimportante, est situéprès de Mulhouse. Il estaujourd’hui étranglé pardes problèmes financiers

PatrimoineLa Russie ne restituerapas d’œuvres d’artà l’AllemagneLa Russie ne rendra pas à l’Allema-gne les œuvres d’art saisies parl’Armée rouge à la fin de la secon-de guerre mondiale, a déclaré, mar-di 26 septembre, le ministre de laculture russe, Alexandre Sokolov.Ce dernier n’envisage que des« compensations ». – (AFP.)

Un vitrail de Rouenretrouve ses couleursLe vitrail Saint-Pierre de la cathé-drale de Rouen (première moitiédu XVe siècle) sera de nouveau visi-ble, à partir du 18 octobre, aprèsune longue restauration (d’uncoût de 90 000 euros) entreprisegrâce au mécénat de la Fondationd’entreprise Gaz de France.

Art« La Joconde » en forme,selon des expertsLa Joconde, le chef-d’œuvre peintpar Léonard de Vinci, est encore

en bonne forme malgré ses cinqcents ans, et le public devrait pou-voir continuer à l’admirer « trèslongtemps » si l’on en prend biensoin, ont annoncé, mardi 26 sep-tembre, des experts canadiens.Des chercheurs du Conseil natio-nal de recherches du Canada(CNRC) ont utilisé une techniqued’imagerie numérique en troisdimensions pour étudier letableau. Le CNRC a analysé pen-dant un an les données recueilliesau Louvre pendant seize heuresavec un scanner 3D, par bandesde 4 cm. – (AFP.)

La Caisse des dépôtsoffre des photographiesau Centre PompidouQuelque sept cents photogra-phies réalisées entre 1980 et 2003par plus de deux cents artistesviennent d’être données par laCaisse des dépôts au Centre Pom-pidou. Cette collection, rassem-blée de 1990 à 2005, est présentéedans une exposition à Beaubourg,dans son intégralité, à partir du

27 septembre. La donation est esti-mée à 2,3 millions d’euros. Ellepermet l’entrée dans les collec-tions nationales d’œuvres d’artis-tes français et étrangers, peu ou

pas représentées, tels que Tho-mas Struth, Andreas Gursky, Tho-mas Ruff, Martin Parr, Eric Poite-vin, Sophie Ristelhueber, KarenKnorr ou Lynne Cohen. – (AFP.)

HAUTE COUR DE JUSTICE °N 1813 DE 2006DIVISION DE LA CHANCELLERIETRIBUNAL COMMERCIAL

DANS L’AFFAIRE DE LA COMPAGNIE D’ASSURANCE SUISSE « WINTERTHUR »- et -

DE TENECOM LIMITED- et -

DE LA LOI DE 2000 SUR LES SERVICES ET LES MARCHÉS FINANCIERS,

AVIS EST PAR LES PRESENTES DONNE, conformément à l’article 114(2) de la Loi de 2000 sur

les Services et les Marchés Financiers (la « Loi »), qu’une ordonnance a été prononcée par laHaute Cour de Justice de Sa Majesté le 7 septembre 2006, conformément à l’article 111 de la

Loi, sanctionnant un projet (le « Projet ») relatif à la cession à Tenecom Limited des polices

souscrites au nom de la Compagnie d’Assurance Suisse « Winterthur » par H.S. Weavers

Underwriting Agencies Limited entre le 1erjanvier 1967 et le 31 décembre 1983. Dans le cadre du

Projet, la cession entrera en vigueur le 30 septembre 2006.

En ce qui concerne toute police, dans la mesure où :

1. le risque est situé en France ; et

2. le titulaire de la police est en droit d’annuler la police suite au Projet conformément aux

dispositions du droit français,

le titulaire de la police disposera alors d’un délai de 21 jours suivant la date de publication de cet

avis en France (ou, le cas échéant, toute période plus longue autorisée par le droit français) pour

annuler ladite police.

Date : 27 septembre 2006

Lovells (Réf. : C4/CSR)

Atlantic House, Holborn Viaduct, London EC1A 2FG

Tél. : 020 7296 2000, Fax : 020 7296 2001

Avocats de la Compagnie d’Assurance Suisse « Winterthur » et de Tenecom Limited

L’Ecomusée d’Alsace, à Un-gersheim, commune de1 900 habitants du Haut-Rhin,peut-il être sauvé, et à quel prix ?Situé entre Mulhouse et Colmar,

il traverse une grave crise financière surfond de querelles politiques.

L’établissement, emblématique, a étéplacé en observation dans le cadre d’uneprocédure de sauvegarde au mois de mars.Voilà qu’il n’a plus de directeur : MarcGrodwohl, qui l’avait fondé en1984, a don-né sa démission le 17 septembre, en mêmetemps que le président de l’association del’Ecomusée, François Capber. M. Grodwo-hl a également quitté sa fonction de prési-dent du directoire de la société anonymeEcoparcs, qui gère le restaurant, la bouti-que et l’hôtel de l’Ecomusée.

Les deux hommes n’avaient guère lechoix : le conseil général du Haut-Rhin etla région Alsace avaient déposé en août unplan de reprise de la structure posant com-mecondition l’arrivée d’une nouvelle équi-pe. La chambre commerciale du tribunalde grande instance de Colmarse prononcera sur ce plan le24 octobre.

En vingt ans, le départe-ment et la région ont investirespectivementdans l’Ecomu-sée 22 et 11 millions d’euros.Dans leur « projet de pérenni-sation », le président duconseil général, Charles But-tner, et le président de larégion, Adrien Zeller (UMP),expriment la crainte que les« deniers publics investis » soient « diluésen cas de cessation d’activité », reprochantdes « erreurs de gestion économiques et com-merciales » et un « échec de la stratégie ».

Ni M. Buttner ni M. Zeller n’ont souhai-té s’exprimer, la procédure judiciaire étanten cours. Leur plan prévoit, entre autres,de supprimer 49,5 emplois et de « couvrir

2,2 millions d’euros de passif au mois dejuin 2006 » – incluant un plan social de500 000 euros ayant conduit à la suppres-sion de 12 postes en juin. Surtout, ce planprévoit « une politique commerciale et pro-motionnelle » en « concertation active »

avec le Bioscope,unparc d’at-traction mitoyende l’Ecomu-sée, consacré à l’environne-ment et au développementdurable. Pour l’instant, larégion et le département ontbudgété 35 millions d’euros,entre 2001 et 2016, pour sou-tenir le Bioscope, qui aouvert ses portes au mois dejuin et a connu une médiocrepremière saison.

Ce rapprochement n’en-chante guère les salariés de l’Ecomusée,réunis en collectif. Filiale à 100 % de laCompagnie des Alpes – une entreprisecotée en Bourse qui détient 35 parcs de loi-sirs, dont le Musée Grévin et le Parc Asté-rix –, le Bioscope, un partenariat entrepublic et privé, présente une culture d’en-treprise affirmée.

Tout l’inverse de l’Ecomusée d’Alsace,structure associative née d’un « projet defous ». Dans les années 1970, Marc Grod-wohl militait pour la sauvegarde et la res-tauration d’habitats ruraux. Certains d’en-tre eux ne pouvant être réhabilités sur pla-ce, il a eu l’idée, avec des amis, de démon-ter les maisons et de les reconstruire àl’identique dans un autre lieu. Au fil desans, M. Grodwohl a étendu son domaine,notamment en annexant le site d’uneancienne mine de potasse. S’étendantdésormais sur 110 hectares, l’Ecomuséeest un village de 70 maisons avec des espa-ces naturels, des animaux, une rivière etl’une des plus grandes collections d’artforainenFrance.Lesitea su toucherun lar-ge public : 350 000 visiteurs par an dansles périodes fastes, 6 millions depuis sonouverture. Mais sa fréquentation chute –même si les chiffres actuels (260 000 visi-teursparan) feraientpâlird’envie n’impor-te quel musée local.

Dès l’origine, l’Ecomusée a déclenchédes réactions enthousiastes ou indignées– « déraciner » les habitations a été consi-déré comme un sacrilège par les profes-

sionnels du patrimoine, qui n’ont jamaisporté l’Ecomusée d’Alsace dans leur cœur.Marc Grodwohl, éternel franc-tireur, n’ajamais obtenu le titre de conservateur et laCommission nationale d’évaluation desMuséesde France luia même refusé l’habi-litation à gérer scientifiquement ses collec-tions. Décrit comme une forte tête, il a eulongtemps de mauvaises relations avec laFédération des écomusées et musées desociété (FEMS), quiestimait queson entre-prise relevait plus du parc d’attraction qued’un établissement scientifique.

La présidente de la Fédération, JulieGuiyot-Corteville, a écrit le 19 septembre àla directrice des Musées de France, Franci-ne Mariani-Ducray, car elle « pense à toutce savoir-faire qui pourrait disparaître ».« L’Ecomusée d’Alsace est un symbole. Il aréussi le pari d’une démocratisation culturel-le, il s’autofinance à 80 %, ce qui est excep-tionnel pour un musée », expliqueMme Guiyot-Corteville, qui déplore « undésengagement notoire de l’Etat, qui se réper-cute sur les collectivités locales et met à malles projets associatifs ». a

Clarisse Fabre

ENINTERPRÉTANT l’intégraledes chan-sons de Georges Brassens, MaximeLe Forestier avait inventé un jeu : toutchanter, avec une guitare, sans chichis niordre, après un tirage au sort agile opérépar le public. Bernard Lavilliers n’a paschoisi ce cours délicieux et ludique pouraborder l’œuvre de Léo Ferré, qui se prêtepeu au butinage. Ferré, selon Lavilliers,c’est du sérieux. Du politique et de la révo-lution. Le Forestier chaussait ses lunettesde vue pour tourner les pages de son ency-clopédie Brassens. Lavilliers force sur lecuir et les ors, anneau à l’oreille, pantalonnoir. Vingt-trois chansons, poèmes et réci-tations : le voyage qu’il propose serpentedans les différentes périodes du maître,sans souci dechronologie, si cen’est la pro-position initiale, La Vie d’artiste, composéeen 1950 (poème de Francis Claude).

Le Forestier chantait Brassens dans lapetite salle de L’Européen, à Paris, avantd’assurer des dizaines de dates. Lavilliers achanté Ferré une seule soirée parisienne,en grande pompe, au Théâtre du Châtelet,le 25 septembre, avec un orchestre sym-phonique. Avant une tournée de huitconcerts. Lavilliers chante Ferré réunitdans la salle deux tribus parfois désunies :les amoureux de Léo Ferré et les incondi-tionnels de l’auteur de Fensch Vallée. Cerécital est l’aboutissement d’une longuesérie d’hommages à Léo Ferré rendus parLavilliers – dans les festivals (La Rochelle,Bourges), et ses concerts où Poètes… vospapiers et Est-ce ainsi que les hommes viventsont devenus des rendez-vous attendus.

La voix n’y suffit pasIl y aura donc ici les grands succès (Avec

le temps, La « the » Nana, Merde à Vauban,C’est extra), les textes fleuves (La Mémoireet la Mer,Franco la Muerte) ouencore Com-me à Ostende, Le Temps du tango, magnifi-quement habillés par l’Orchestre sympho-nique Pasdeloup. Au commencement, leroi est nu : seul avec un pianiste (XavierTribolet, qui reprend ensuite toutes sortesde claviers) pour les cinq premiers mor-ceaux. La voix, grave, de Lavilliers n’y suf-fit pas. Il est perdu, sans sud, dans uneâpreté mélancolique qui accepte mal l’exo-tisme et la rythmique rock. Les mélodiestrès particulières, à la fois linéaires et ser-pentines, que Ferré interprétait d’une voixvibrante, plongent Bernard Lavilliers dansla perplexité. Les mots sortent mal, la dic-tion s’emprunte dans les cabotinages.

Neuf autres chansons sont livrées enquartet (Xavier Tribolet avec Vincent Fau-cher à la guitare, Gil Gimenez à la batterieet l’excellent Thierry Fanfant à la contre-basse), le reste avec l’Orchestre Pasdeloup,que Ferré lui-même avait dirigé en 1975.Ainsi entouré, Lavilliers reprend ses mar-ques, revenant au mambo pour MonsieurWilliam (Caussimon/Ferré), au baroquepour Les Corbeaux (Rimbaud/Ferré) et àl’énergie farouche pour une Etrangère(Aragon/Ferré) encore plus manouchequ’à l’origine. a

Véronique Mortaigne

Lavilliers chante Ferré, le 29 septembre à Gen-nevilliers, le 6 octobre à Avignon, le 8 à Bruxellesau Cirque royal, le 10 à Roubaix, le 13 aux Sables-d’Olonne, le 14 à Eysines, le 21 à Toulouse,le 24 à l’Auditorium Maurice-Ravel à Lyon.

Le site a su toucherun large public :

350 000 visiteurspar an dans

les périodes fastes,6 millions depuis

son ouverture

Parmi les 70 bâtiments de l’Ecomusée d’Alsace, cette maison de vigneron, construite en 1706 à Wettolsheim. BERTRAND RIEGER/HEMIS.FR

C’EST UN PAS DE PLUS vers la construc-tion d’un réseau mondial permettant laconsultation en ligne de milliers d’ouvra-ges en différentes langues. Mardi 26 sep-tembre, lesdirigeants dumoteur derecher-che américain Google ont annoncé avoirconclu un partenariat avec l’universitépublique Complutense de Madrid – unedes plus anciennes et des plus importantesd’Espagne – sur le programme « Googlerecherche de livres ». Celui-ci permettra lanumérisation en masse des ouvrages defonds de la bibliothèque de la facultémadrilène. Une percée majeure pour leplus grand projet actuel de bibliothèqueen ligne.

Pour Google, il s’agit en effet de la pre-mière signature d’un accord avec une uni-

versité européenne non anglophone. Jus-qu’à présent, le moteur américain avaitsigné des accords avec la Bibliothèque duCongrès ainsi qu’avec la New York PublicLibrary, les universités du Michigan et deCalifornie, celles de Stanford, et Harvard,plus en Grande-Bretagne, l’universitéd’Oxford.

Carlos Bertoza, président de l’universi-té Complutense, précise que l’accord neconcerne que « les ouvrages tombés dans ledomaine public » qui seront désormais« accessibles au plus grand nombre ». Cettebibliothèque universitaire, qui comprend3 millions d’ouvrages, est l’une des plusimportantes du monde hispanophone, ladeuxième après la Bibliothèque nationaleespagnole. Elle contient des milliers

d’ouvrages en espagnol tombés dans ledomaine public, des œuvres de Cervantèsà celles de Sor Juana de la Cruz, mais ausside nombreux livres en français, allemand,latin, italien et anglais.

En partenariatPour les dirigeants de Google, cet

accord est une manière de rappeler que leprogramme « recherche de livres » n’estpas « exclusivement américain » et qu’il aaussi pour but de « se tourner vers d’autrescultures et d’autres langues ». Les deux ins-titutionssontcensées travaillerenpartena-riat pour assurer la numérisation desouvrages hors copyright. A terme, serontmis en ligne des centaines de milliersd’ouvrages hispanophones. Les chefs-

d’œuvre de la littérature espagnole serontaccessibles sur la Toile, en Espagne, enAmérique latine et par tous les Hispano-Américains. « Il existe plus de 400 millionsd’hispanophones à travers le monde », expli-quent les dirigeants de Google.

Cet accord constitue une pierre dans lejardin de Jean-Noël Jeanneney, présidentde la BNF et surtout chef de file du projetconcurrent de bibliothèque numériqueeuropéenne (BNE). Au printemps,M. Jeanneney avait même fait une tournéeen Amérique latine pour exhorter lesbibliothèques sud-américaines à numéri-ser elles-mêmes leur patrimoine littéraire,et à réagir au projet Google de numérisa-tion de 15 millions de livres. a

Alain Beuve-Méry

LIVRE L’UNIVERSITÉ COMPLUTENSE DE MADRID S’ASSOCIE AU PROJET DU MOTEUR DE RECHERCHE AMÉRICAIN

La bibliothèque de Google fait une percée en Europe

CHANSON

Bernard Lavilliersabordel’écueil Ferré

CULTURE0123Jeudi 28 septembre 2006 29

Page 30: Le Monde 2006.09

Dans sa mise en scènede Bérénice, de Racine,Jean-Louis Martinellia choisi, pour l’actiondes comédiens, un dis-

positif bifrontal. Le public n’estpas assis face à la scène, mais desdeux côtés d’un espace rectangu-laire où vont et viennent les comé-diens. Il n’y a pas de décor aveccolonnes ou autres. La vision,libre, ne s’attache qu’aux acteurs.Chéreau avait fait la même chosequand il avait présenté Phèdre.

L’essentiel de la mise en scènede Martinelli est la vérité dumoment. L’air est calme. Lesacteurs sont à ce qu’ils disent àl’instant où ils le disent. Il n’y a nidistanciation ni aucun académis-me. Les silences comptent pourquelque chose, chacun prend letemps de répondre, de s’orienter,de ne pas être pris de court. En unsens, nous avons le sentiment den’être pas au théâtre.

Bérénice ne va pas comprendrepourquoi Titus ne l’épouse pas.Elle le croit très troublé encorepar la mort de son père. Titus, deson côté, dans le dos de Bérénice,donne plusieurs fois pour prétex-te qu’il ne peut enfreindre « leslois » de Rome. C’est-à-dire qu’ilne peut, à Rome, promulguerimpératrice une femme quid’autre part est une reine. Béréni-ce laisse entendre que le cœur du

peuple lui est acquis, mais Titusne prend au sérieux que ce qu’ilredoute de la réaction du Sénat.

La piste antisémiteQuelle est la pensée de Raci-

ne ? Il pense que Titus est remisde la mort de son père. Et la véritéde l’Histoire – Titus le sait bien –est que, lorsqu’il est tombé amou-reux de Bérénice en Judée etl’a fait venir à Rome, elle n’étaitla reine de quoi que ce soit. Oubien alors Racine, ou bien Titus etBérénice font les innocents.Le nœud du conflit, la raisondu renvoi de Bérénice, est qu’elleest juive.

Quand Racine écrit sa pièce, lesjuifs sont interdits de séjour enFrance. Il y a quelques petits ghet-tos à Bordeaux, Nantes, Rouen, etle pape, à Avignon, protège« ses » juifs. Mais les lettrespatentes de 1615 sont en vigueur :« Nous avons dit, ordonné, voulu etdéclaré : Que tous lesdits juifs qui setrouveront en cestuy notre royaumeseront tenus sous peine de la vie etde la confiscation de tous leursbiens d’en vuider et de se retirer horsd’iceluy, incontinent. »

L’antisémitisme, en ce temps,est partout en France, y comprissous les plumes publiques. C’estMalherbe : « Le judaïsme s’est éten-

du jusqu’à la Seine. Il serait à sou-haiter qu’il fût demeuré sur le Jour-dain, et que cette canaille ne fûtpoint mêlée, comme elle est, parmiles gens de bien. » C’est, à Ver-sailles même, Bossuet : « Peuplemonstrueux, qui n’a ni feu ni lieu. »C’est Massillon : « Ce peuplefurieux demande que son sang soitsur lui et sur toute sa postérité. »

Seule une voix se consacre auxjuifs, à leur histoire, à leur destin,à leur religion, avec droiture etdes soins particuliers : c’est cellede Blaise Pascal. Et commentoublier que le futur auteur de Béré-nice, le jeune Jean Racine, atraduit, de Flavius Josèphe et de

Phocion, de longues pages consa-crées aux esséniens : « Ils sont infi-niment plus soigneux que tout le res-te des juifs, dit-il, à s’abstenir detout travail des mains les jours desabbat. »

Les éditeurs, commentateurs,enseignants tiennent pour rien lanaissance de Bérénice en Judée.Dans la dernière édition du théâ-tre de Racine dans la Bibliothè-que de la Pléiade, Georges Fores-tier précise tout de même, ennote, que « la juive Bérénice ne pou-vait se mêler aux cérémonies romai-nes ».

La mise en scène de Jean-LouisMartinelli est avant tout dans ladirection du jeu. Elle est d’unetrès rare approche. Les acteursdisent les alexandrins comme siles vers étaient la nature même des’exprimer. Ils vivent, ils respi-rent, c’est comme s’ils ne savaientrien par cœur. Marie-Sophie Fer-dane (Bérénice) est d’une sincéri-té, d’un sérieux et d’une aisancequi touchent vraiment.

Patrick Catalifo (Titus) estauthentique et naturel. HammouGraïa donne une consciencedéchirée d’Antiochus, mais avecla même réalité réfléchie. Une bel-le approche de Bérénice, hors detoutes les idées reçues. a

Michel Cournot

Bérénice, de Jean Racine. Mise en scè-ne : Jean-Louis Martinelli. Avec PatrickCatalifo, Marie-Sophie Ferdane, Ham-mou Graïa, Zakariya Gouram, MounirMargoum… Théâtre Nanterre-Aman-diers, 7, avenue Pablo-Picasso,Nanterre (Hauts-de-Seine). RER Nanter-re-Préfecture, puis navette. Tél. :01-46-14-70-00. Du mardi au samedi à20 h 30, dimanche à 15 h 30, jusqu’au29 octobre, puis du 7 au 19 novembre.De 12 ¤ à 24 ¤.

Une autre et belle lecture de « Bérénice »

Les informations recueillies à cette occasion sont exclusivement destinées au Monde et à ses partenaires.Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des données vous concernant (art. 27 de la loi informatique et libertés).

... au cinémapour découvrir le nouveau film de Tony Gatlif

TRANSYLVANIA

0123 vous invite…

Pour recevoir

votre invitation

valable pour

deux personnes(100 places au total)

envoyez vos coordonnées à :

opération « TRANSYLVANIA »Le Monde Publicité - Service Culture80, boulevard Auguste-Blanqui - 75707 PARIS Cedex 13

en salles le 4 octobre

Il y a trois ans, la scène finaled’Idoménée, opéra de Mozartjoué au Deutsche Oper de Ber-

lin, avait juste causé quelquesremous. A l’issue de l’ultime note,Idoménée, le roi de Crète, reve-nait sur scène avec un sac ensan-glanté. Contrairement au livret, lepersonnage ne sortait pas la têtede son fils, réclamée par Poséidonpour pouvoir retourner sur sonîle, mais celles du dieu de la mer,de Jésus, de Bouddha et de Maho-met. Aujourd’hui, cette scène,imaginée par le metteur en scèneHans Neuenfels, vaut l’annula-tion des représentations de cetteœuvre, qui devait être rejouée ennovembre, de peur qu’elle ne sus-cite des réactions parmi les musul-mans.

Au nom du principe de précau-tion, la direction du DeutscheOper, l’une des trois salles d’opé-ra de Berlin, a décidé, lundi25 septembre, de déprogrammerIdoménée et de proposer à la pla-ce Les Noces de Figaro et La Tra-viata. Il en va de « la sécurité dupublic et des collaborateurs del’opéra », plaide la directrice del’établissement, Kirsten Harms.La police régionale de Berlinavait en effet mis en garde ladirection de l’opéra contre d’éven-tuelles réactions inopportunes dela part de musulmans suscepti-bles d’être offensés. La police aaffirmé ne pas avoir été informéede menaces à l’encontre du Deuts-che Oper. Tout juste a-t-elle reçu,en juin, un coup de téléphoneanonyme d’une personne ayantvu Idoménée qui s’inquiétait del’impact de la scène finale. Lapolice s’est « contentée » de fairepart de l’évolution de la situationaprès les réactions suscitées parl’affaire des caricatures de Maho-met.

Publiés à l’automne 2005 dansun quotidien danois puis dansd’autres pays dont l’Allemagne,ces dessins avaient provoqué lacolère de bon nombre de musul-mans de par le monde. La repré-sentation blasphématoire du pro-phète aurait été l’élément décisifayant incité des jeunes Libanais àvouloir commettre des attentatsà la valise piégée, le 31 juillet,dans deux trains régionaux alle-mands. Mal conçues, les valisesn’avaient pas explosé.

La décision surprise du Deuts-che Oper a suscité un vaste débatsur la liberté d’expression. Peut-onrenoncer à ce principe sans aucundébat, à la simple évocation d’uneéventuelle menace ? Quand bienmême la menace serait vraisembla-ble, doit-on reculer de la sorte ?L’annulation d’Idoménée nerevient-elle pas à donner raisonaux extrémistes de tous bords ?

La polémique va bon trainoutre-Rhin. Les responsablespolitiques, notamment, ontdénoncé, tant à droite qu’à gau-che, cet « acte d’autocensure ».Hans Neuenfels, l’auteur de lamise en scène, a reproché à ladirectrice du Deutsche Operd’avoir cédé à « l’hystérie ».

Tout en affirmant qu’Idoménéereviendrait un jour à l’affiche,Mme Harns a tenu face au tollé decritiques. Elle soutient que si unincident avait eu lieu lors des qua-tre représentations prévues, onlui aurait reproché de ne pasavoir tenu compte des avertisse-ments de la police et du contextetendu autour du thème religieux.

Une des rares personnalités àavoir approuvé sa décision est leprésident du Conseil de l’islam,une des organisations représen-tant les quelque trois millions demusulmans – en grande majoritédes Turcs – résidant en Allema-gne. Ali Kizilkaya aurait souhaitéqu’Idoménée, dans la mise en scè-ne d’Hans Neuenfels, n’ait mêmejamais eu lieu. a

Antoine Jacob(Berlin, correspondant)

Marie-Sophie Ferdane, touchante de sincérité dans le rôle-titre de « Bérénice ». BENOITE FANTON/CIT’EN SCENE

THÉÂTRE

Jean-Louis Martinellimet en scène la piècede Racine au Théâtredes Amandiers,à Nanterre

N’EST PAS Christoph Marthalerqui veut. Lui-même peine parfois às’égaler. Le metteur en scène suis-se a en effet été plus visionnaire etinspiré que dans ce Winch Only (lit-téralement, « réservé au treuilla-ge »), titre de son dernier specta-cle théâtral et musical, créé en maiau Kunsten Festival des arts deBruxelles, et présenté en ouverturede saison au Théâtre de Chaillot àParis.

Au début, cela ressemble à duMarthaler pur jus. Au rez-de-chaussée, la juxtaposition sommai-re d’un prétoire de tribunal surfond de salon de famille cheminée-piano-fauteuil ; à l’étage, la vitrineà bibelots et trophées, le portant àcostumes avec son armada detutus accrochés comme volailles àla chaîne d’abattage.

Oraison du soirTrois hommes en costumes cra-

vates – Marc Bodnar, GrahamF. Valentine, Bendix Dethleffsen(également pianiste) – et trois fem-mes, mère et filles – Olivia Grigol-li, Rosemary Hardy, Sasha Rau –,tous remarquables comédiens,jouant avec une savoureuse virtuo-sité la geste « marthalérienne »,de la tendresse iconoclaste aupathétique par défaut, de la poésiedécalée au ridicule qui fait vivre.

Le sujet du spectacle convoquela famille au banc des accusés, viaLe Couronnement de Poppée deMonteverdi (sombre histoire desexe, meurtre et pouvoir). Est-ced’en avoir dénoncé les abus de pou-voirs et l’entropie affective, la péni-ble cohabitationdes corps, l’impos-sible copulation des esprits ? Il y aiciunesurenchère dupropos. Com-me si, aspiré par son sujet, le met-teur en scène s’était pris au jeu duprocès par accumulation de preu-ves, à l’instar de ces enquêteurszélés devenus assassins par procu-ration.

Reste que le spectacle regorgede moments forts et fous. « Ce

n’est pas en entassant néant surnéant que nous pouvons espérer »,profère la jeune intello à lunettes,sœur de la grande tige sexy. Maissi, répond Marthaler quand il unitles voix en une apaisante oraisondu soir sur le Lied Du bist die Ruhde Schubert, soigne le fils viscérale-ment attaché à sa mère avec unepile de 45-tours de Mireille Mat-thieu, piège un hilarant choral deBach pendant la photo de famille,mime par le bruitage des voixfaçon dessin animé l’abus du pèreincestueux et dominateur. Maiscocu.

Quand à la mère, qui boit encachette, pète à l’étage, et chanteavec une possessive hystérie quifait bramer la famille entière levibrionnant « Pleurez, pleurezmes yeux », extrait du Cid de Mas-senet, sans doute cache-t-elle sousle tailleur léopard trop court, lesbas résille trop larges, et la coiffureplaquée 1930 le chagrin de cejeune fils disparu, dont l’éternelportrait souriant, bras tendus, trô-ne au-dessus du foyer sans feu. Il ya dans Winch Only le treuillaged’épaves d’espérances, de naufra-ges solitaires. Les morts travaillentchez les vivants. Juste retour deschoses puisque « les vivants sontdes morts en vacances ». a

Marie-Aude Roux

Winch Only, conception et mise en scè-ne de Christoph Marthaler, d’après destextes d’Henri Michaux, Franz Kafka etMaurice Maeterlinck. Avec Anna Wie-brock et Frida Schneider (scénogra-phie), Sarah Schittek (costumes), DierkBreimeier (lumière), Juliette Galamez(son). Théâtre national de Chaillot, 1, pla-ce du Trocadero, Paris-16e. Tél. :01-53-65-30-00. Le 26 septembre. Pro-chaines représentations les 27 et 28 sep-tembre, à 20 h 30. De 17 ¤ à 33 ¤.www.theatre-chaillot.fr. Tournée françai-se : Strasbourg, du 12 au 16 octobre ;Toulouse, les 18 et 19 novembre ; Bor-deaux du 23 au 25 novembre ; Dijon, du30 novembre au 3 décembre.

THÉÂTRE « WINCH ONLY », À CHAILLOT

La famille en délireselon Marthaler

Un opéra retiréen Allemagnepar peurde réactionsislamiques

CULTURE30 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 31: Le Monde 2006.09

ACHATSACH. 100 à 120 m2 Parisavec ou sans travx paie cpt.01.48.73.23.55. même soir

VENTESAPPARTEMENTS

Paris 1er

ENCHERENOTAIRE 01.47.03.68.7015 rue du LOUVRE

2 Pces 38,90 m2Mise à prix : 170 000 €

Visites le 3/10 de 14h à 16het 7/10 de 11h à 13h

Paris 5e

JARDIN DES PLANTESQuartier Arènes LutèceSecteur Convivial/CommercesRARE 2P. 48m2 + Terrasseprivative - 446.000 €

4P. 113m2 s/cour paysagéeCalme lumineux Park 936.000 €

01.55.07.69.45www.nexity-saggel.fr

LYCEE HENRI IV 3P.74m2, 4°Vue, plein SoleilCLOSERIE DES LILASExceptionnel, Dernier ét.93m2, 4/5°asc., TerrasseLITTRE 01.45.44.44.45

DANTE SEINEPierre/T. 4° asc. SoleilBeau 2/3 P. 66m2 - Visite15/18h. 01.43.26.43.43

Paris 6e

JOSEPH BARA 5 pièces calmess/ verdure pierre de T. 3° ét. Park.A rafraichir.ASSAS Duplex s. cour verdure5 pièces parfait état charmeASSAS 3 pièces s. cour lumineuxcalme, 3° ét. Travx à prévoirCities : 01.44.07.00.22www.cities.fr

ODEON Imm. XVIIème107m2 Charmant AuthentiqueVolumes, parquet VersaillesRUE DE SEINEComme une Maison 4/5P.Duplex 130m2 - 15 fenêtresLITTRE 01.45.44.44.45

Paris 7e

UNESCO - Bel immeubleSuperbe 92m2, 4°asc.Balc.STS PERES/GRENELLECharmant duplex 106m2 4°étSAINTE CLOTILDESuperbe imm.,7P. 238m2 SudLITTRE 01.45.44.44.45

Paris 13e

ENCHERENOTAIRE 01.44.82.24.828 R. ESPERANCE

4 P 76, 30 m2, 1er étageMise à prix : 330 000 €

Visites le 2 octobre de 11h à 13het le 7 octobre de 14h à 16h.

Paris 14e

DENFERT Bel imm.63m2 3°asc Travx 495.000 €

PLANTES / ALESIASuperbe 72m2, 8°asc., BalcLITTRE 01.45.44.44.45

Paris 16e

IMMEUBLE RECENTDE PRESTIGEDans un cadre verdoyantAppt 5/6P. 178m2, Séj.65m2+ 4 chbres, Cave et 2 Park. inclus,1.889.000 €

01.55.07.69.44www.nexity-saggel.fr

Paris 17e

UNIQUEImm. récent de prestigeVERDURE - BEAUX VOLUMESStudio 28m2 6°ét. 325.580 €

Cave et Parking Inclus6P. 163m2 Vue SoleilMagnifique récept. 4 chbresBalc. 11,50m2 - 1.845.450 €

cave et 2 park. inclus01.55.07.69.39www.nexity-saggel.fr

Paris 20e

Maréchers Résid. 66 Bon état8° ét. Asc. Belle vue E/SE2 pièces. TravauxTerrasse 20m2 285 000 €

Tél. 01 43 72 87 44

MAISONS

78 YVELINES

MARSINVAL (Vernouillet)Ds un cadre calme et verdoyant,maison 4 chb, SDB & SDE équipéescuis. amén., cheminée, garage surterr. 600 m2. Branch. inclushors frais de not. 500 000 €.VDF tél. : 01.34.51.64.64

ORGEVALBien située géo, maison de 4 chb,bureau, SDE, SDB, cuis aménagée,cheminée, garage. Belles prest.Dispo ss 3 mois. Branch. inclushors frais de not. 547 000 €.VDF tél. : 01.34.51.64.64

92 HAUTS DE SEINE

Vanves limite 15e Maison de villerénovée, 205 m2 hab, 3 nivx,6 chbres, langerie, bureau,garage, terrasse arborée 100 m2plein sud, prox métro, commerces,lycée Michelet. 1 200 000 €.Tél. : 06 07 69 13 41

MONTROUGEPTE DE CHATILLONAppt 74 m2, 3 pièces, 3e étagesans asc. Charme de l'ancien,parquet chêne massif, gdehauteur sous plafond, cheminéesmarbre, trumeau, cuis. équipée,WC séparés, s. de bains, dressing,2 chambres, s. à manger, cave,place de parking, faibles charges,proche toutes commodités,commerces, transports, école.Prix : 340 000 €

Part. : 01.57.28.39.76 (h. bur.)06.15.92.66.57 (soir)Agences s'abstenir.

PROVINCE

Maison au bord de la mer (80 m)construit en 1982, environ 150 m2,deux étages et souterrain, garage,cheminée, véranda verrière,jardin, terrain de 441 m2,15 mn de la gare de Lorientet de l’aéroport régional, près duterrain de golf, vente directe400 000 € négociables.Tél. : 0049.69.590102 (rép.automatique) ou 0049.69.773833,fax 0049.69.557818

ETRANGER

Turin 75 km, dans "belle valléed’Andorno" (Chateaubriand),maison XIXe, à l’intérieurappartement indépendant, duplexsur 2 niveaux, pièces voûtées,charme. Tél. : 39 333 28 25 703

A 37km de Florence collinevendons. Construction d’époquede 1500 m2 + 4 hectares de bois.Avec projet de restaurationassure. Affaire a saisir.Port 39 333 400 97 20

Magnifique golf en Espagne20 km de la frontière, vente depied -à-terres et luxueuses [email protected]

PROPRIETES

Prop. 9 ha maison de maîtreNbr dépend. Outil exceptionInstallation ht de gammeRH-Alpes 900 000 €

www.lasauvagette.comTél. : 04.76.07.59.62.

DOMAINE

SOLOGNE1 h 50 de ParisDomaine de chasse et d’agrémentde 21 ha dont 7 ha d’étang,bon biotope. Maison de 165 m2,4 chambres, terrasse et puits,dépendances de 800 m2.Dans village tous commerces,golf à proximité,Prix : 1 800 000 €

Tél : 06.68.44.23.11

VIAGER

VIAGER PREVOYANCERecherche viagers Paris, toutesrégions. Estimation gratuite189, rue de la Pompe, Paris 16e.Tél. : 01.45.05.56.56.www.viagers.net

LOCATIONS

APPARTEMENTS

Paris 16e

Face Hippodrome d’AuteuilImm. PDT, vaste 3 pcs de 90 m2étage élevé. Loyer : 2790 €

Honoraires : 2304,18 €

MEQ Tél. : 01.41.46.50.50

MAISONS

92 HAUTS DE SEINE

Colombes - Les ValléesBelle maison entièrement refaite,double séjour, 4 chambres,jardin et garage. Loyer : 2 000 €

Honoraires : 2 042, 24 €

MEQ Tél. : 01.41.46.50.50

LOCAUXCOMMERCIAUX

230 m2 à usage artistique oubureaux sur PlaceJean Jaurès à Montrouge2 400 €/ moisTél. : 06 84 54 47 40

ImmobilierTous les mercredis datés jeudi

Tarifs 01/09/06 Tél: 01 57 28 30 00 • [email protected] 5 lignes Particuliers Professionnels

1 parution 49€ TTC 49€ HT

La ligne supplémentaire 15€ TTC 15€ HT

31 caractères ou espaces par ligne. Modules : nous contacterReproduction interdite

VENTE PARISRare maison individuelle.

Œuvre majeure del’Architecture Art Déco.

65, rue du faubourg Saint-Honoré - 75008 [email protected] - www.barretimmobilier.com

01 43 55 11 75

PARIS

Bonnes Affaires

ANTIQUITEANTIC PARIS XVIachète comptant mobilier, glaces,cheminées, lustres, pendules,tableaux, cadres, poupées, malles,livres.PARIS 16 AV VERSAILLES01.42.79.98.62CARPEAUXANTIQUITES18 rue Paul Bert - 93 Saint-Ouen

ACHETE CHERAU COMPTANTBronze, Tableaux, PendulesLustrerie, Objets anciensTél. : 01 48 77 22 68Portable : 06 60 40 63 06

Achat tableaux 19 et 20eme écolefrancaise et étrangère, étatindifferent, gouache, affichesanciennes, livres illustrés, fondsd'ateliers.M.Marek 55 rue de la Pompe75016 - 0615061830 maison serieuse

ACHETETABLEAUXANCIENS MODERNES, MEUBLES,BIBELOTS, PENDULES, BRONZE,ARGENTERIE. M COHEN de pèreen fils - rue de Siam, paris 16ème.

06.03.16.14.1001.77.10.17.00. Estimationet déplacement gratuitsFrance entière

ARCHITECTEMarianne Le BerreARCHITECTE DPLG.S'occupe de la rénovationcomplète de votre appartementTél. : 06 22 70 81 30

BIJOUXACHATPAIEMENT COMPTANTEXPERT GEMMOLOGUEDIAMANTS TAILLES, BRUTS,BIJOUX, OR, MONTRES,ARGENTERIEDIAMANT BLEU119 AV. DU MAINE PARIS 14èmeM° GAITE Ouvert lundi au vendredi01 40 47 59 8601 45 38 55 00

CYCLESuperbe arrivage de vélosHOLLANDAIS de randonnéerévisés et garantis BICLOUNE93 BD Beaumarchais - PARIS 3Tél. : 01.42.77.58.06

DIVERSRédaction de contrats et recoursdomiciliations, autorisations

SUISSEJURIDIQUETEL00.41.22.3000.332

EDITION

FORMATION

RENTREEOCTOBRE 2006THÉATREFormation à l'annéeDirigée parJean Paul DENIZON13 ans de travail avec Peter BrookRENS: 01.43.58.73.87www.compagnie-aia.com

Studio Théâtre Alain de BockFormations de comédiens :Intensive, Non intensivePrépa concours nationaux.chant, clown, Commedia...www.studioalaindebock.comTél. : 01.47.07.67.44

PSYCHOLOGIEOsez l'ART-THÉRAPIE !Créer = se créer pour êtreheureux ! Se former.L'Atelier le Fil d'Arianeouvre ses portes 14-16/10/06entrée libre - 01 48 59 44 [email protected]

LANGUECOURS DE PORTUGAISAMBASSADE DU PORTUGALInstitut Camoes a ParisPortugais Langue EtrangèrePortugais Langue SecondeCours intensif et individuelsSéminaire de langue et deCulture PortugaisesInscription: jusqu'au 06/10/09Tél. : 01.53.92.01.00Fax : 01.45.24.64.78

LIVRESACHAT LIVRESANCIENS ET MODERNESR JONARD06.09.82.34.7901.42.29.37.97Déplacement Paris-Province

TRAVAUXTRAVAUX RENOVATIONAménagement attentionnésadaptés à votre budgetPavillons, Appartementsprix raisonnable. Devis gratuitT: 06.20.77.63.62/01.45.55.54.47

CoursFormationsérieuseClasse Pro.

Paris 13 et 1er

TEL: 01.43.87.26.91.

www.scenedaujourdhui.com

28 ans d’éditionau service des

ECRIVAINSMaison fondée en 1979

Envois de manuscrits :Editions LA BRUYERE

Service L.M128, rue de Belleville

75020 Paris

Tél. : 01.43.66.16.43www.labruyere.fr

ACHAT ORBIJOUTERIE BOTTAZZI

PAIEMENT COMPTANTBijoux Anciens, Modernes, Signés, Or Cassé, Or Dentaire

Lingot, Monnaies, Diamants, Montres Rolex, Cartier, Jaeger,Breitling, Patek, Piaget, Vacheron, Breguet, Audemars, Etc…

Jean-Marc BOTTAZZI Julie BOTTAZZI61, rue de Dunkerque 11, rue Caumartin

75009 Paris 75009 ParisM° GARE DU NORD OU ANVERS M° OPERA OU HAVRE CAUMARTIN

0145 26 59 44 01 44 71 05 72

Pour communiquer danscette rubrique appelez le :

01.57.28.39.76

0123Les Bonnes Affaires

Forfait à partir de 49 €TTC*

pour les particuliers

Tél. : 01.57.28.30.00* tarifs au 01/09/06 - 5 lignes minimum.

0123Les petites annonces

immobilières

PROVINCE

0123Les petites annonces

immobilières

Pour communiquer danscette rubrique appelez le :

01.57.28.30.00

Page 32: Le Monde 2006.09

9 8 4

6 8

5 2 1 9

5

3

3 1 8 7

9 1

2 3 7 9

6 5Realise par Koalog (http://sudoku.koalog.com)

9 2 6 4 1 3 8 5 7

1 7 4 8 9 5 6 3 2

3 8 5 7 6 2 9 4 1

7 3 2 5 8 6 4 1 9

8 6 9 2 4 1 3 7 5

5 4 1 9 3 7 2 6 8

6 1 7 3 2 8 5 9 4

4 5 8 6 7 9 1 2 3

2 9 3 1 5 4 7 8 6

MoyenCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

SUDOKU Nº 276 Solution du no 275

PLUS DURE SERA LA CHUTELes ouvertures de barrage sont

toujours très gênantes pour lesadversaires, tandis que le parte-naire sait en général à quoi s’entenir. Dans cette donne jouéedans un tournoi en Espagne, l’ad-versaire en Ouest, avec son beaujeu, était obligé de contrer lesenchères de Sud.

Ouest ayant entamé le 9 de Car-reau, comment le coup a-t-il pu sedérouler pour que le déclarant per-de 2 000 points (sept levées dechute) au contrat de QUATREPIQUES ?

RéponsePour limiter les dégâts, le décla-

rant espérait une répartition 3-2des atouts et le Roi de Cœur enOuest. Il a donc pris l’entameavec l’As de Carreau et joué le 7 dePique du mort. Après avoir fait le10 de Pique sec, Est a contre-atta-qué le Valet de Trèfle. Le décla-rant a fait l’As et continué atout.Mais le ciel lui est tombé sur latête, car Ouest s’est empressé detirer As, Roi et Dame de Pique.Ensuite, il a fait ses quatre Trèflesaffranchis avant de jouer le 9 deCœur. L’impasse échouant, ladéfense a encore fait le Roi deCœur et le Roi de Carreau, la dixiè-me levée du flanc ! Bref, le décla-

rant n’a réalisé que ses trois As ets’est consolé en pensant qu’entournoi par paires cette chute ver-tigineuse n’était quère qu’unzéro, exactement comme un petitcontrat qu’on serait le seul à chu-ter !

LE SACRIFICE D’ARGINECe coup très brillant est un bon

exercice de technique. Il a été réus-si au cours d’un match entre leBlue Team italien et la France.

Mettez-vous à la place du décla-rant en Sud en cachant les mainsd’Est-Ouest et faites votre plan dejeu.

Après avoir entamé le Roi deTrèfle, Ouest contre-attaqua le2 de Pique, qui était certainementun singleton. Comment le décla-rant en Sud a-t-il gagné le contratde QUATRE CŒURS contre tou-te défense ?

Note sur les enchèresAvec seulement 10 points

d’honneur et un puissant bicolorede majeures, l’ouverture de« 1 Pique » était possible. Lecontre d’Ouest était un contred’appel (léger !), et l’enchère de« 2 Cœurs » était la « couleurd’exclusion », ainsi que le« 2 Piques » d’Ouest, conventionspéciale du système romain.

Philippe Brugnon

Unjeupourchaque jourLundi daté mardi Affaire de logiqueMardi daté mercredi ScrabbleMercredi daté jeudi BridgeJeudi daté vendredi L’art en questionSamedi daté dimanche-lundi Echecs

� A R 4� 8 7 6 5� R V� D 8 7 6

� 2 N

� 8 6 3� R 10 3

O E � 9� 8 6 5 4 3 � A D 9 7 2� A R 10 2

S � V 9 5 4

� D V 10 9 7 5� A D V 4 2� 10� 3

Ann. : S. don. Tous vuln.

Sud Ouest Nord Est1 � contre surc. 2 �

contre 2 � contre 3 �3 � passe 4 � passe...

BRIDGE Nº 2 221

LeLotoLes résultats sontpubliés dans cette pagedans nos éditions datéesdimanche-lundi, mardiet vendredi

T DD D

DA

H

AA

H

980

990

990

1005

1000

1020

10201010

1010

1010

1010

1015

1015

1015

1015

En France

Météorologue en direct au 0899 700 703

(1,34 € l’appel + 0,34 € la minute) 7 jours/7 de 6h30-18h

Service proposé par MeteoNewsen partenariat avec Le Monde

http://www.meteonews.fr

Région

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

DA

< 1 mm

1-5 mm

5-15 mm

15-50 mm

> 50 mm

Jours suivants

>40°35 à 40°30 à 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°< -5°

>40°35 à 40°30 à 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°< -5°

ParisParis

MadridMadrid

LisbonneLisbonne

SévilleSéville

RabatRabat

AlgerAlger

TunisTunis

RomeRomeBarceloneBarcelone

TripoliTripoli

Le CaireLe Caire

JérusalemJérusalem

BeyrouthBeyrouth

AthènesAthènes

BerneBerne

AmsterdamAmsterdam

BruxellesBruxelles

BerlinBerlin

LondresLondres

EdimbourgEdimbourg

DublinDublin

OsloOslo

StockholmStockholm

CopenhagueCopenhague

RigaRiga

VarsovieVarsovie

KievKiev

AnkaraAnkara

IstanbulIstanbul

SofiaSofia

OdessaOdessa

BudapestBudapestVienneVienne

PraguePrague

MunichMunich

ZagrebZagrebMilanMilan

BelgradeBelgradeBucarestBucarest

St-PétersbourgSt-PétersbourgHelsinkiHelsinki

MinskMinsk

MoscouMoscou

Paris

Madrid

Lisbonne

Séville

Rabat

Alger

Tunis

RomeBarcelone

Tripoli

Le Caire

Jérusalem

Beyrouth

Athènes

Berne

Amsterdam

Bruxelles

Berlin

Londres

Edimbourg

Dublin

ReykjavikReykjavik

Oslo

Stockholm

Copenhague

Riga

Varsovie

Kiev

Ankara

Istanbul

Sofia

Odessa

BudapestVienne

Prague

Munich

ZagrebMilan

BelgradeBucarest

St-PétersbourgHelsinki

Minsk

Moscou

AmsterdamAthènesBelgradeBerlinBerneBratislavaBruxellesBudapestBucarestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavikRigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienne VilniusZagreb

AlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobiNew DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashington

CayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

221526222414211320112512221426152216201316151716

209211726102620241624922182213271720633231914221310522112814201418112292519241125112292410

271634182923292322122513312332243629282334163021401721920142714362624122713251024132510322724122810271827182415

292431252417282230252418

couvertorageuxcouvertaverses éparsesassez ensoleillébeau tempscouvertassez ensoleillépluvieuxtrès nuageuxfaible pluiecouvertensoleilléorageuxtrès nuageuxbeau tempsassez ensoleilléensoleillépluie éparsetrès nuageuxassez ensoleillébeau tempsassez ensoleilléaverses éparsesassez ensoleilléassez ensoleilléensoleillébeau tempsfaible pluieassez ensoleilléassez ensoleilléaverses éparsestrès nuageuxbeau tempsassez ensoleillébeau temps

beau tempsbeau tempsaverses modéréesbeau tempsensoleilléassez ensoleilléensoleilléassez ensoleillébeau tempsbeau tempsbeau tempsaverses éparsesbeau tempsensoleilléaverses éparsesassez ensoleillébeau tempsensoleillébeau tempsassez ensoleillébeau tempsensoleillétrès nuageuxassez ensoleillébeau tempsassez ensoleillébeau tempsorageux

beau tempsassez ensoleilléassez ensoleilléensoleilléaverses éparsesbeau temps

11°22°

15°24°

19°39°

25°35° 21°

34°

18°27°

8°21°

27°35°

14°33°

25°28°

17°37°

6°10°

23°40°

15°26°

10°13° 16°

27°

17°28°

11°17°

11°17°

13°22°

17°25°

14°28°

19°27°

14°27°

8°21°

19°28°

20°23°

15°28°

8°20°

25°29°

24°30° 25°

32°

19°29° -0°

13°

9°24°

21°27°

11°19°

16°20°

15°21°

16°21°

15°21°

12°23°

10°22°

12°22°

13°24°

14°24°

10°21°

10°22°

14°21°

14°21°

13°21°

14°23°

10°22°

14°21°

10°22°

5°19°

13°22°

11°25°

10°23°

11°22°

16°25°

14°25°

17°24°

16°25°

9°23°

14°23°

15°20°

14°23°

11°23°

14°22°

15°21°

12°24°

13°24°

15°24°

13°25° 15°

25°17°24°

14°22°

14°21°

17°21°

15°22°

14°23°

16°21°

14°21°

14°22°

14°22°

17°24°

15°26°

17°27°

17°24°

17°26°

16°27°

07h44 14h2719h35 21h45

VendrediSamedi Dimanche Lundi

Jeudi 28 septembre 2006 28.09.200628.09.2006

28.09.2006

30 km/h

20 km/h

30 km/h

10 km/h

10 km/h

Températuresà l’aube et l’après-midi

11°22°

Los Angeles

Anchorage

Vancouver Québec

Miami

Paris

Le Cap

Abidjan

Marrakech

Yaoundé

Khartoum

Ankara

Riyad

Kaboul

OmskIrkoutsk

Karachi

Kuala Lumpur

Hanoi

Shanghai

Auckland

Honolulu

Alice Springs

Vladivostock

Tripoli

AntananarivoLa Paz

Managua

Rio de Janeiro

Santiago du Chili

Caracas

PARIS

Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

CaenCaen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

Nice

Clermont-Ferrand Lyon

Chamonix

Bordeaux

Biarritz

Limoges

Besançon

Rouen

Châlons-en-Champagne

Toulouse

Dijon

Grenoble

Lille

Chicago Barcelone

St-Pétersbourg

Lima

Bagdad

Port Moresby

EN EUROPE DANS LE MONDE

OUTREMER

Dans le monde Le violent typhon “Xangsane”traverse le nord des Philippines

Los Angeles

Chicago

Anchorage

Vancouver Québec

Miami

Paris

St-Pétersbourg

Barcelone

Le Cap

Abidjan

Marrakech

Yaoundé

Khartoum

Ankara

Riyad

Kaboul

OmskIrkoutsk

Karachi

Kuala Lumpur

Hanoi

Shanghai

Auckland

Honolulu

Alice Springs

Port Moresby

Vladivostock

TripoliBagdad

AntananarivoLa Paz

Lima

Caracas

Managua

Rio de Janeiro

Santiago du Chili

PARIS

Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

Ajaccio

Nice

Clermont-Ferrand Lyon

Chamonix

Bordeaux

Biarritz

Limoges

Besançon

Rouen

Châlons-en-Champagne

Toulouse

Dijon

Grenoble

LilleQuelques pluiesà l’ouest

Jeudi, une perturbation de faible activité intéressera une partie ouest de la France, avec de nombreux nuages à l'ouest d'une ligne passant par les côtes charentaises et le détroit du Pas de Calais, et quelques pluies par endroit en journée. Sur le reste d'une large moitié nord de la France, éclaircies et passages nuageux parfois importants alterneront, avecencore quelques grisailles matinales dans certaines vallées ou plaines. En direction de la Méditerranée ou des Pyrénées, le soleil brillera davantage avec quelques passages nuageux. Les températures afficheront des valeurs douces pour la saison.

ST-VENCESLAS

COEFF. DE MARÉE:62

Cumul pluviométrique le

En Europe

LEVER: COUCHER:PARIS

COUCHER:PARIS

LEVER:

Le 12h TU

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr

Solution du n° 06 - 228HorizontalementI. Vaporisateur. - II. Equeutage.Na. - III. Russe. Gênais. - IV. Ii.Dandy. - V. Flirte. Tu. Hé. - VI.Ionesco. For. - VII. ENA. Alcaline. -VIII. Para. BA. On. - IX. Séti.Mercure. - X. Energétiques.

Verticalement1. Vérifieuse. - 2. Aquilon. En. - 3. Pus. Inapte. - 4.Œstre. Air. - 5.Rue. Tsar. - 6. It. Déclame. - 7.Saga. Oc. Et. - 8. Agent. Abri. - 9.Tendu. Lacq. - 10. Aÿ. Fi. Uu. - 11.Uni. Honoré. - 12. Rassérénés.

II.. Ne facilite pas la compréhen-sion. IIII.. Production tyrolienne.Se jette dans la Baltique. IIIIII..Bien grasses. Label de qualité.IIVV.. Présida l’Angola. Ettore etRembrandt. VV.. S’occupe de toutà la Chambre. Fort et piquanten cuisine. VVII.. Vieux ruminantdisparu. Etat en Inde. Pan dansla jupe. VVIIII.. Fournir des infor-mations. VVIIIIII.. Dans les tradi-tions. Petit ensemble organisé.Population africaine.IIXX.. Surveillance et dépendance.Enfant de la capitale.XX.. Travailleras pour pouvoirrécolter demain.

11.. Agréable à table dans le verreet dans l’assiette. 22.. A souventun air louche. Tourne la nuit. 33..Apprécie les forts tirages. Pourles proches. 44.. Complètementdépouillés. 55.. Dans les comptesà la City. Sans aucune valeur.66.. Sorti de l’esprit d’Alfred.Beau morceau pour l’artiste. 77..Opposé au pouvoir. Préposition.88.. Surmonté de chantilly. 99.. Fitdu tort. On la retrouve camée.1100.. Premier tour de cadran.Possessif. Le petit est fort. 1111..Philosophe fasciste. Sur la table.1122.. Passerais par le chas.

Philippe Dupuis

HORIZONTALEMENT VERTICALEMENT

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

� V 9 8 7� A V 5 3� A� A 9 6 3

� A R D 4 N

� 10� 9 8 2

O E � R 7� 9 � 10 7 6 5 4 3 2� R D 10 8 4

S � V 5

� 6 5 3 2� D 10 6 4� D V 8� 7 2

Ann. : E. don. N.-S. vuln.

Ouest Nord Est Sud– – 4 � passe

passe contre passe 4 �contre passe passe 4 �contre passe passe passe

THE INNOVATORS OF COMFORT™ **

www.stressless.fr

Parce que le confort ne

se décrit pas. Il se teste.

Venez faire le Comfort test™*

chez votre concessionnaire

Stressless® le plus proche !

**Les innovateurs du confort • *Le test de confort

(1)

prix

cons

eillé

encu

irBat

ick

•Pho

tono

nco

ntra

ctue

lle

Fauteuil Stressless® Orionet son pouf1560 €

(1)

REDUREAU CREATION149, avenue DaumesnilM° Montgallet75012 Paris

HOME SALONS DOMUSCentre Commercial Domus93110 Rosny sous Bois

MOTS CROISÉS Nº 06 - 229

MÉTÉO & JEUX32 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 33: Le Monde 2006.09

Le Carnet

Annoncez vos événements

par téléphone : 01 57 28 28 28

par e-mail :[email protected]

par fax : 01 57 28 21 36

au journal ou par courrier :Le Monde - Carnet

80 boulevard Auguste Blanqui75707 Paris cedex 13

Tarif : à partir de 18 f TTC la ligneUn justificatif d’identité sera demandé.

Réduction abonnés

Téléphone abonnements : 0 825 000 778

CHINE- INDELes deux géants bouleversent le monde.

Faut-il en avoir peur ?

DÉCOLONISATION1956-2006 :

une histoire sans fin ?

LES CLÉS DE L’INFO

L’essentiel de l’actualité du mois

Octobre 2006 chez votre marchand de journaux

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

C'est une fille !

Entre été et automne,

Rosalie SAVIGNEUX,

est née le 20 septembre 2006, à Béziers(Hérault).

Nous sommes tous très contents !

Melchior et Théophile,ses frères,

Laurence et Luc,ses parents,

(Valros, Hérault),Anne, François SAVIGNEUX,

(Grenoble, Maubec, Isère),Nicole et Roland CHAUVELOT,

(Neuilly-sur-Marne, Seine-Saint-Denis),ses grands-parents,

Liliane et Raymond LOINTIER,(Paris 17e),

ses arrière-grands-parents.

Décès

Toute l 'équipe de Charlie Hebdo,a la douleur de faire part du décès de

Bernar,Bernard BOULITREAU,

décédé le jeudi 21 septembre 2006, aumatin.

Nos pensées vont vers sa famille et tous les lecteurs de Bernar.

Jacques et Anne-Marie Dauplais,ses parents,

Annick et Mustapha Farès,Elisabeth et Philippe Salomon,Armelle Dauplais et Michèle Harinthe,Agnès et Martin Cellerier,Bruno et Nadège Dauplais,Marie-Pascale et Thierry Varène,Emmanuelle et Guillaume Redaud,

son frère, ses sœurs, ses beaux-frères etsa belle-sœur,

Ses neveux et nièces,Ses filleuls,Les familles Dauplais et ThirouinEt ses nombreux amis,

ont la douleur de faire part du décès de

Marie-Christine DAUPLAIS,

survenu le 26 septembre 2006, à l'âge decinquante-quatre ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 29 septembre, à 10 heures, enl'église Notre-Dame de Tourny (Eure).

Danielle Herrbach,sa femme,

Ses enfantsEt les familles Lasry, Herrbach-Vidal,

Domec,ont la tristesse de faire part du décès de

René HERRBACH,professeur agrégé d'Allemand,

survenu le 23 septembre 2006, dans saquatre-vingt-quatrième année.

La cérémonie aura lieu au crématoriumde Valenton, avenue de la Fontaine Saint-Martin (Val-de-Marne), le 28 septembre, à 14 heures.

19, boulevard Voltaire,94210 La Varenne-Saint-Hilaire.

Mme Jacqueline Honoré,

Sa famille,Ses amis,Ses anciens collègues,

ont la profonde douleur de faire part dudécès de

M. Jacques HONORÉ,agrégé de l'Université,

ancien professeur à l'École normale d'Auteuil,

le 25 septembre 2006, à Tours.

Une cérémonie religieuse aura lieu enl'église Sainte-Julitte de Saint-Cyr-sur-Loire, le vendredi 29 septembre, suiviede l'inhumation à Paris, au cimetière duMontparnasse, à 15 heures.

Cet avis tient lieu de faire-part.

37 bis, rue Rouelle,75015 Paris.

Andrée HUISMAN,dite Dédée,

aurait eu soixante-quinze ans aujourd'hui.

Elle nous a quittés brutalement, le 12 juillet 2006,

Ses anciennes camaradesdes lycées Victor Hugo et Fénelon,du groupe « Ames Vaillantes »,

Ses collègues d'Algérie, de Moselle etdu Bas-Rhin, de la Région parisienne etdu Sud-Ouest,

Sa famille proche et lointaine

et a rejoint nos parents dans le vieuxcimetière de Vieux-Boucau (Landes).

M. Alfred Laloum,son époux,

Le docteur Olivier Laloumet son fils François,

Mme Béatrice Chateauet son fils Maxime,

Mlle Sylvie Laloum,ses enfants et petits-enfants,

M. et Mme Jacques Laloumet leurs enfants,

Mme Marc Laloumet son fils Philippe,

M. et Mme Pierre Faucogneyet leur fils Laurent,ses sœur, beaux-frères, belles-sœurs,neveux et nièce,ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Andrée LALOUM,née NÉDELEC,

survenu le 22 septembre 2006.

Ses obsèques ont eu lieu dans la plusstricte intimité.

Poitiers.

Catherine Dumas,Sylvie et Clément Jouelis,Nadine Lepève-Charron,Philippe et Florence Lepève,

ses enfants,Ses petits-enfantsEt son arrière-petit-fils,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Agathon LEPÈVE,professeur d'Éducation physique

à la retraite,chevalier de la Légion d'honneur,

chevalier de l'ordre national du Mérite,chevalier des Palmes académiques,

médaillé de la Jeunesse et des Sports,

survenu le 24 septembre 2006, dans saquatre-vingt-sixième année.

La cérémonie religieuse aura lieu lejeudi 28 septembre, à 15 heures, en lacathédrale Saint-Pierre de Poitiers, suiviede l'inhumation au cimetière de la PierreLevée, dans l'intimité familiale.

Cet avis tient lieu de faire-part et deremerciements.

Mme François Mariani,son épouse,

Colomba Mariani,Marie-Françoise et Charles-Henri

Flammarion,Jean Mariani et Emmanuelle Wollman,

ses enfants,Sébastien et Nathalie, Mathieu et Vita,

Noémie, Louise-Laure, Colomba, Adrien,Simon,ses petits-enfants,

Thomas,son arrière-petit-fils,ont la tristesse de faire part du décès du

docteur François MARIANI,

survenu à Paris, le 16 septembre 2006,dans sa quatre-vingt-seizième année.

Les obsèques ont eu lieu dans l'intimitéfamiliale.

233, rue de Vaugirard,75015 Paris.

Mme Huguette Mongrolle,Ses enfants,Ses petits-enfants et arrière-petits-

enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Yves MONGROLLE,

survenu le 20 septembre 2006, à l'âge dequatre-vingt-six ans.

La cérémonie religieuse a eu lieu enl'église Saint-Sulpice et l'inhumation aucimetière Montmartre.

Saintes.

Mano,son épouse,

Claude,sa fille,

Michèle et Guy Lett,sa sœur et son beau-frère,et leurs enfants

Françoise Monodsa belle-sœuret ses enfants

Et toute la famille,

ont la douleur de faire part du décèsbrutal du

docteur Christian MONOD,

survenu le 24 septembre 2006.

Un dernier hommage lui sera rendu lejeudi 28 septembre, à 15 heures, autemple protestant de Saintes, courReverseaux.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Françoise MONTIER,née BADER,

nous a quittés le 24 septembre 2006, à16 heures.

François,Tes enfants et leurs conjointsEt tes petits-enfants

te garderont toujours dans leur cœur.

Mimi on t'aime.

Son nom sera rappelé au cours del'office du Shabbat qui sera célébré rueCopernic, le vendredi 29 septembre, à18 heures.

L'enterrement aura lieu dans la plusstricte intimité.

[email protected]

On nous prie d'annoncer le décès de

M. Jean ŒCONOMOS,ingénieur en chef hors classe à la SNCF,

survenu à Paris, le 9 août 2006, à l'âge dequatre-vingt-un ans.

L'inhumation a eu lieu dans la plusstricte intimité, au caveau de famille, àMeung-sur-Loire (Loiret).

43, rue Château-Landon,75010 Paris.

Mme Michelle de Raffin de la Raffinie,son épouse,

Emmanuel de Raffin de la Raffinie,Anne de Raffin de la RaffinieEt Thierry Lejeune,

ses enfants,Arthur, Alix, Auriane,

ses petits-enfantsEt toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Louis de RAFFINde la RAFFINIE,

survenu le 23 septembre 2006, à l'âge desoixante-dix-neuf ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 28 septembre, à 11 heures, enl'église Saint-Merri, 78, rue Saint-Martin,Paris 4e.

Ni fleurs ni couronnes.

L'inhumation aura lieu le vendredi29 septembre, à Aurillac (Cantal).

Aline Picault,sa sœur,

Laurence Wilputte-Verdenne,sa fille et Noël,

Jean-François, Laurence et JulienFressard,

Ses prochesEt toute sa famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme Georgette VERDENNE,

veuve de

M. Roger-Serge VERDENNE,

survenu en son domicile le 22 septembre2006, dans sa quatre-vingt-unième année.

Les obsèques ont eu lieu le mercredi27 septembre, à 14 h 45, au crématoriumde Saintes (Charente-Maritime).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Anniversaires de décès

Nous rappelons à votre souvenir

Rabah BELAMRI,poète et romancier,

qui nous quittait le 28 septembre 1995.

à l'aube le cœur s'en va vers le poèmeplanter la soif dans un mot

R.B.

Charles.

Il y a un mois, tu nous quittais.

Nous pensons à toi chaque jour.

Nos fous rires nous manquent.

Tes amis au travail.

Il y a quinze ans,

Philippe COULAUD

nous quittait brutalement.

Il avait trente-trois ans.

Il aimait passionnément la vie.

Nous te porterons dans notre cœur à jamais

Toi, mon fils, mon frère, mon ami.

Avis de messeLe 14 août 2006,

M. Olivier LECERF

était inhumé à Reugny en Touraine.

Une messe en sa mémoire sera célébréele vendredi 13 octobre, à 19 h 15, enl'église Notre-Dame de Grâce de Passy,10, rue de l'Annonciation, Paris 16e.

De la part deBertrand Collomb,

président de Lafarge,Bruno Lafont,

directeur général,Les membres

du conseil d'administration,du comité éxécutif

Ainsi que tous les collaborateurset collaboratrices de Lafarge.

Conférences

Les conférences de la FondationFranco-Japonaise Sasakawa

reprennent avecdeux conférences démonstrations

• le jeudi 28 septembre 2006, à 17 heures,« Un monde ouvert : connaître sa culturepar la découverte d’une autre culture »,

par Jérôme Wacquiezet Masato Matsuura

de la Compagnie des Lucioles (Théâtre),

• le jeudi 12 octobre 2006, à 17 heures,« La flûte Shakuhachi en France,

Pratique et tradition »,par Daniel Lifermann (musique)

Fondation Franco-Japonaise Sasakawa27 rue du Cherche-Midi, Paris 6e.

Entrée libre et gratuitedans la limite des places disponibles

Réservation : [email protected]

FormationsProspective et stratégie

des organisations :Les formations de Master

et de doctorat en Sciences de Gestiondu Conservatoire national

des arts et métiers reprennent le lundi 2 octobre 2006,

à 18 h 15, amphithéâtre 3, 2, rue Conté, Paris 3e.

Cours du soir sur la prospective et ses méthodes,

la planification par scénarios, le management stratégique,

les grandes tendances du futur, le développement durable

et la prospective territoriale.Renseignements : 01 40 27 25 30.E-mail : [email protected]

Site internet du LIPSOR :http://www.laprospective.fr

CoursCOURS D'ARABE

Tous niveaux, jour, soir, samedi,Inscriptions AFAC : 01 42 72 20 88.

La Cité de l'architecture et du patrimoinelance à partir du 26 octobre 2006,

les cours publics, consacrésà l'histoire de l'architecturede l'Antiquité à nos jours,

tous les jeudis de 18 h 30 à 20 h 30.Les conférences thématiques,les lundis de 18 h 30 à 20 h 30.

Les cours et conférences auront lieu auPalais de Chaillot, Trocadéro, Paris 16e.

Informations, programme et tarifsau 01 58 51 59 98.

Dossiers d'inscription disponibles surwww.citechaillot.fr

CARNET0123Jeudi 28 septembre 2006 33

Page 34: Le Monde 2006.09

20.00Journal, Météo.20.50 Une femme

d’honneur.Violences conjugalesSérie. Michaël Perrotta.Avec Corinne Touzet,Guillaume Zublena d.Enquête sur le meurtred’une jeune femmequi avait trouvé refugedans une associationpour femmes battues.

22.35 La MéthodeCauet.Divertissement.Invités : Lionel Richie,Djibril Cissé,Rossy de Palma.

0.55 Star Academy.1.40 Les Coulisses

de l’économie.2.40 Reportages.

Mon chien est unchampion (25 min) d.

20.10 La Starde la famille.Série (S1, 1/25). Lesdeux font la paire d.

20.40 Kaamelott. Série.20.50 Prison Break.

Cause perdue.Un de trop Série(S1, 10 et 11/22) 0.Avec Wentworth Miller,Dominic Purcell, RobinTunney, Frank Grillo(Etats-Unis) d.

22.25 11-11 : les portesde l’enfer.Téléfilm. M. Bafaro.Avec Laura Mennell,Paul Dzenkiw,Christie Will (Canada,2004, d) 2.

0.20Météo.0.30Vive la cantine !

[2e volet] Documentai-re (105 min).

20.20 Plus belle la vie.20.55 Stupeur et

Tremblements a

Film Alain Corneau.Avec Sylvie Testud,Kaori Tsuji, Taro Suwa.Drame (Fr., 2002) d.Une jeune Belgetravaillant dans uneentreprise japonaiseest mutée à l’entretiendes toilettes.

22.45 et 23.25 Ce soirou jamais.Magazine.

23.00 Soir 3, Keno.0.35 NYPD Blue. Série

(S3, 17/22). Hollieet le poisson-lune.

1.20 Espacefrancophone.Chanter dans la franco-phonie : concertà Bucarest (25 min).

20.50 L’Hommede ta vie.Téléfilm. LaurenceKatrian. Avec ArielleDombasle, MichèleBernier, Bertrand Lacy(Fr. - Bel., 2006, d).Une artiste futile,amoureuse d’un méde-cin humaniste, tented’attirer son attention.

22.35 Close to Home/Juste cause.Le Bon Docteur 0.Sous la menaceSérie (S1, 11 et 8/22).Avec Jennifer Finnigan,Kimberly Elise d.

0.10 Affairesnon classées.Série (S1, 7 et 8/8) d.Un secret meurtrier[1-2/2]. Avec AmandaBurton (95 min) 0.

20.50 Envoyé spécial.Magazine présentépar Guilaine Chenu,Françoise Joly.Sommaire : Les bleusde la justice ; Turkmé-nistan : bienvenue àNiazovland, etc. d.

23.00 Infrarouge.10e Chambre instantsd’audience a a Film

Raymond Depardon.Documentaire(France, 2003) d.Une immersion dansles audiences de la 10e

chambre. Une vision del’institution judiciairede l’intérieur.

0.45 Journal, Météo.1.10 Infrarouge.

L’Amour à l’ombre 2

Reportage d’Alain-MichelBlanc (55 min) d.

20.10 Touche pasà mes filles.Série (saison 3, 24/24).Amour, chèvreet margaritas d.

20.40 Kaamelott.20.50 Missing.

La Peur au ventre.Rien ne sert de courir.L’Homme sans visageSérie (S3, 4 à 6/20) 0.Avec Caterina Scorsone,Vivica A. Fox.

23.15 Mayday : alertemaximum.Documentaire.Vol JAL 123 :les commandes nerépondent plus 0.Erreur sur la cible.

1.05 Enquêteexclusive.Le gang qui terrorisel’Amérique (45 min) 2.

20.05 Le GrandJournal, la suite.

20.50 DesperateHousewives.Sexe, voisins et vidéo.L’Ex-Femme de sa vieSérie (S2, 7-8/24) 0.Avec Teri Hatcher,Marcia Cross, FelicityHuffman (2005) d.

22.15 Weeds.Sur les bancs de la fac.Le Feu d’expiationSérie (S1, 7-8/10) 0.Avec Mary-Louise Par-ker, Elizabeth Perkins.

23.10 Concert privéde Placebo.

0.10 Assaut surle central 13 a a

Film J.-François Richet.Avec Ethan Hawke(Etats-Unis - France,2004, 105 min, d) 2.

20.50 Vie privée,vie publique.Argent, famille :un sujet qui fâche ?Magazine présentépar Mireille Dumas.Avec Brigitte Bardot,Charlotte de Turckheim,Nathalie Corré, AlainSoral, Olivier Seban… d.

22.50 et 23.25 Ce soirou jamais.Magazine présentépar Frédéric Taddéï.

23.00 Soir 3, Keno.0.00Le Meilleur

pour la fin.Magazine.

1.00 NYPD Blue.Série (S3, 16/22).Solidarité féminine.Avec Jimmy Smits,Dennis Franz(45 min) d.

20.00Le Journal de laculture. Magazine.

20.10 Arte Météo.20.15 Le Monde

des courses.[4/5]. Les sabots decristal. Documentaire.Patrick Jan.

20.40 UrgaFilm Nikita Mikhalkov.Avec Badema, Bayaertu,Vladimir Gostyukhin,Babouchka (Russie,1991, v.o., d).

22.40 Placebo/FranzFerdinand.Summer Tour 2006Documentaire. ArnaudLegoff (2006, v.o.).

0.10 Tracks. Magazine.1.00 La Vie en face.

La Trace vermillonDocumentaire(55 min).

20.55 L’Etat de Grace.Feuilleton [1 et 2/6].Pascal Chaumeil.Avec Anne Consigny,André Marcon,Zinédine Soualem(France, 2006) d.

22.50 L’Arènede France.Magazine présentépar Stéphane Bern.Les politiques sont-ilsdes « peoples » com-me les autres ?Faut-il donner tous lesdroits aux homos ?Invités : Jean-LucRomero, Macha Méril...

1.05 Journal, Météo.1.30 Des mots

de minuit.Magazine présentépar Philippe Lefait(90 min).

20.10 Football.Girondins Bordeaux -PSV EindhovenLigue des champions(1re phase, 2e journée,groupe C).20.45 Coup d’envoien direct de Bordeaux.22.35 Les autres ren-contres de la soirée,dont Levski Sofia -Chelsea, WerderBrême - FC Barcelone,Liverpool - Galatasaray,Valence - AS Roma...

0.00Mon beau-père,mes parentset moiFilm Jay Roach. AvecBen Stiller, Robert DeNiro, Dustin Hoffman,Barbra Streisand(Etats-Unis, 2004,v.o., d, 110 min).

20.15 Le Mondedes courses.[3/5] Casaque bleue.

20.40 Les Mercredisde l’Histoire.Victoiredans le Pacifique[2/2] L’invasion duJapon. Documentaire.Austin Hoyt (2005).

21.35 Arte reportage.22.30 Le Dessous

des cartes.Magazine. Papouasie,la question Grasberg.

22.40 La Saisondes goyaves a

Film Nhat Minh Dang.Avec Bai Binh Bui, LanHuong Nguyen (Viet. -France, 2000, v.o., d).

0.20Arte info.0.35 Court-circuit.

Magazine (50 min)

19.00 Le Magazine de lasanté au quotidien.

20.00Bonsoir les zouzous.20.35 Opération survie.

[4/7] Nuage mortelsur Tchernobyl.

21.35 Défis et histoiresdes sciences.La grande histoire du gène.

22.30 C dans l’air. Magazine.23.40 C’est notre affaire.

Invité : Marius Fabre.0.10 Le Crocodile du Nil,

éternel survivant.Documentaire (50 min).

MAGAZINES20.45 En quête d’action.

Professions nocturnes. W 920.50 Les Dossiers de Téva.

Femmes d’élite : entre enferou passion. Téva

0.45 93, faubourgSaint-Honoré. DînerSerial Lover. Paris Première

DOCUMENTAIRES19.50 Pilot Guides. Chine. Voyage20.10 Quand les marmottes

sifflent. Planète20.45 « La Boudeuse »

autour du monde.[1er volet]. Direct 8

21.35 Le Raidsur Dieppe. Histoire

21.40 Mariage à l’anglaise.[1 et 2/6]. Odyssée

23.35 L’Ecoledes Roms. Odyssée

0.05Afghanistan, un Etatimpossible ? Histoire

SPORTS EN DIRECT20.45 Football.

Ligue des champions(1re phase, 2e journée) : InterMilan - Bayern Munich. Sport+

20.45 Football.Ligue des champions : Liverpool -Galatasaray. Canal + Sport

MUSIQUE20.40 Concerts sauvages.

Louise Attaque. France 423.10 Joshua Redman.

Jazz à Juan 2003. Mezzo

FILMS20.45 L’Arnaqueur.

Robert Rossen (Etats-Unis,1961, N., v.m., 140 min). TCM

22.15 Le Doulos.Jean-Pierre Melville (1961, N.,110 min). TPS Ciné Club

23.55 Guêpierpour trois abeilles.Joseph L. Mankiewicz (EU, 1966,v.m., 125 min). TPS Cinétoile

TÉLÉFILMS20.50 Délivre-nous du mal.

Bradford May 2 13ème RUE

SÉRIES20.45 Star Trek : Voyager.

Un futur en danger [2/2]. LeSeigneur de la guerre. Querellede succession (S3). Jimmy

20.50 Columbo.SOS Scotland Yard. TV Breizh

23.15 Meurtres à l’anglaise.Solidarité oblige (saison 2,1/4, v.m.). Jimmy

0.05Chapeau melonet bottes de cuir. Steedet la voyante (S8). TV Breizh.

JEUDI 28 SEPTEMBRE

La sériePrison Break20.50 M6 Suite des aventurescarcérales de Michael Scofield,emprisonné volontaire pour faireévader son frère Lincoln, condamnéà la peine capitale pour un meur-tre qu’il dit ne pas avoir commis.Dans les deux épisodes diffusésce soir, la tâche se compliquepour le petit groupe de candidatsà l’air libre. Non seulementl’accès au tunnel devient compli-qué mais un nouveau prisonniervient se greffer au groupe.

Le documentairePlacebo/Franz Ferdinand22.40 Arte Ce documentaireinédit d’Arnaud Legoff et Fred Fiol,sous-titré « Summer Tour 2006 »,est une sorte deroad movie musical,entrecoupé de larges extraitsde concerts. La fraîcheur des FranzFerdinand, avec leur musiquefougueuse et dansante, trancheavec la maturité, par momentssombre et torturée, de Placebo.« Parfois, les festivals sont trop grandspourmoi, je trouve ça intimidant,c’est difficile d’avoir une connexionavec les gens », confie le chanteurde Placebo, Brian Molko, à quices tournées estivales laissent unsentiment mitigé.

Le magazineEnvoyé spécial20.50 France 2 Après le scandalede l’affaire d’Outreau, ValérieGaget-Deslandes et MatthieuBirden sont allés à Bordeauxpour suivre, pendant six mois, lapromotion 2006 de l’Ecole natio-nale de la magistrature (ENM),considérée par certains comme« l’école du doute ». Ce reportagedu magazine « Envoyé spécial »est suivi de l’excellent film docu-mentaire de Raymond Depardon,Instants d’audience, la 10e cham-bre, programmé à 23 h 00, dansla case « Infrarouge ».

MERCREDI 27 SEPTEMBRE

La fictionL’Etat de Grace20.55 France 2 Une femmeprésidente de la République ? EnFrance, il faut, pour l’instant, setourner vers la fiction téléviséepour imaginer un tel scénario.C’est ce qu’a fait France 2 aveccette comédie en six épisodesd’une heure chacun, qui racontel’histoire de Grace Bellanger(Anne Consigny), ancienne mili-tante associative, élue présidenteau grand dam de ses comparsesmasculins. Sous ses airs decomédie légère, cette fictionne se prive pas de décortiquerles rouages de la vie politiquefrançaise et d’en égratignerle machisme ambiant.

L’animationPanshel13.30 Piwi Depuis la rentrée,la chaîne jeunesse du câble etdu satellite propose une nouvellesérie animée en 3D, dont lepersonnage central est un petitpanda ailé. Pansha vit avec sesamis au sein d’un royaume auxcouleurs éclatantes, qui rappelleles premiers jeux vidéo. Petiteparticularité qui gâche la viedu jeune héros : il est le seulà ne pas pouvoir décoller. Maisle Pandasan, dieu du royaumeaux faux airs de Bouddha, décideque, à force d’entraînement,il pourra s’envoler.

La ThemaLa Génération précaire15.15 Arte Les récentes manifesta-tions anti-CPE ont mis en lumièreles inquiétudes de la jeunesseface au manque de débouchésprofessionnels, aux bas salaireset aux stages à répétition. Cette« Thema » allemande racontele quotidien de stagiaires longuedurée et revient, en détail,sur les grandes manifestationsdu printemps 2006, en France.

19.00 Le Magazine de lasanté au quotidien.

20.00Bonsoir les zouzous.20.40 Ubik. Magazine.21.35 Le Bateau livre.

Invités : CK Williams, RaymondFederman, Umberto Eco,Lionel Naccache.

22.33 Les Rimaquoi.22.35 C dans l’air. Magazine.23.45 On n’est pas

que des parents. J’airencontré mon amour au Népal.

0.15 Les Lièvres d’Ecosse.Documentaire (45 min).

DÉBATS20.30 Questions d’info.

Invité : Brice Hortefeux. LCP

MAGAZINES22.15 Les Livres de la 8.

Amélie Nothomb, Jean-EricBoulin, Robert Badinter. Direct 8

22.45 Les Dossiers de Téva.Chirurgie esthétique :Rêve ou enfer ? Téva

DOCUMENTAIRES19.50 Les Ours, mon fils et

moi. National Geographic19.50 Pilot Guides.

Marrakech et Dubaï. Voyage

20.45 Call Centerà Bombay. National Geo

22.25 Légion : la grandeaventure. [3-4/4]. W 9

22.50 Pilot Guides. Chine. Voyage23.00 Jazz Collection.

John Coltrane. Mezzo23.10 Au-delà

de la haine. Planète

SPORTS EN DIRECT19.30 Football. Coupe de l’UEFA

(1er tour retour) : Auxerre -Dinamo Zagreb. Sport+

21.30 Football. Coupe de l’UEFA(1er tour retour) : Tottenham -Slavia Prague. Eurosport

MUSIQUE1.00 Stefano Di Battista.

Marciac, en 2003. Mezzo

FILMS19.40 Cujo.

Lewis Teague (EU, 1983,80 min) 2 TPS Cinextrême

20.50 Spartacus.Stanley Kubrick (Etats-Unis,1960, 185 min). Histoire

22.20 Vidéodrome.David Cronenberg (Canada,1982, v.m., 100 min) 2 TCM

0.15 Brazil.Terry Gilliam (GB, 1984, v.m.,135 min). TPS Home Cinéma

TÉLÉFILMS20.40 Dalida.

Joyce Bunuel. [2/2]. France 4

SÉRIES20.45 Brigade spéciale.

Paris sur Internet. Autoroutenuméro 1. Harcèlement(saison 3, 8 à 10/13). TMC

20.45 The Shield.Sol Negro. Dérapage. La Cordeau cou (S3, 7 à 9/15) 0 Jimmy

23.15 La Part du diable. Scalp[1-2/2] (S2, 1-2/6) 0 TMC

0.10 Six Feet Under.Rendez-vous à Black Forest(S4, 10/12, v.m.) 0 Jimmy.

CÂBLE, SATELLITE, TNT

CÂBLE, SATELLITE, TNT

CHRONIQUE DOMINIQUE DHOMBRES

La « joie infernale » de Ségolène

MERCREDI 27 SEPTEMBRE

Journée spéciale« Indigènes »2 000 ans d’histoire13.30 France Inter Avec la sortiedu film Indigènes, Patrice Gelinetreçoit Eric Deroo (La Force noire,Tallandier).

Le Choix des livres15.30 France CultureTewfik Hakem s’entretientavec Eric Deroo pour ses différentsouvrages consacrés à la questioncoloniale.

La Bande à Bonnaud16.30 France Inter Frédéric Bon-naud reçoit Rachid Bouchareb,le réalisateur d’Indigènes, et SamiBouajila, l’un des comédiens.

Prima la musica20.00 France Musique Gurrelieder,d’Arnold Schönberg.

Mercredi27septembre

France 5

France 5

TF1 France 2 France 3 Canal + Arte M 6

TF1 France 2 France 3 Canal + Arte M 6

C’EST devenu une habitude chez elle, et celane lui a pas trop mal réussi jusqu’ici. SégolèneRoyal ne fait rien comme les autres candidatsà l’investiture du Parti socialiste pour l’élec-tion présidentielle.

Dans les journaux télévisés du soir, mardi26 septembre, on les voyait se bousculerdevant les grilles de la rue de Solférino commedes usagers de la SNCF prêts à tout pour obte-nir des billets de TGV à 5 euros. Ils venaientdiscuter au siège du PS des conditions d’orga-nisation de la campagne interne, en particu-lier des trois futurs débats télévisés.

Au même moment, l’intéressée, royale, c’estle cas de le dire, était à des milliers de kilomè-tres de là, à Dakar. Elle y était reçue avec tousles égards dus à une princesse socialiste, nati-ve du lieu, qui plus est. « La population vousaccueille dans la thématique d’une joie inferna-le », lui disait une Sénégalaise, tout de blanc

vêtue. « Une joie infernale, cela me va trèsbien », répondait Ségolène en riant. On pou-vait voir la scène sur France 2, suivie d’undépôt de gerbe sur la tombe de Léopold SédarSenghor et d’une audience avec le présidentAbdoulaye Wade.

Même chose sur TF 1, avec, en prime, untacle destiné à Nicolas Sarkozy, venu deuxjours plus tôt à Dakar pour tenter de lui volerla vedette. « C’est le hasard, vous ne croyezpas ? », lançait-elle. Mais sa flèche la plusdure, elle la lâchait un peu plus tard en évo-quant les luttes internes au Parti socialiste.« C’est à se demander si certains n’ont pas enviede perdre, si la machine à perdre n’est pas déclen-chée », disait-elle.

Un certain Lionel Jospin, à la fois responsa-ble et victime de la calamiteuse campagne de2002, lequel s’efforce actuellement de revenirsur le devant de la scène et de lui barrer la rou-

te, a dû, à ce moment-là, entendre ses oreillestinter.

Ségolène Royal n’a pas, en tout cas, malchoisi son moment pour se rendre au Sénégal.Indigènes, le film de Rachid Bouchareb avecJamel Debbouze, sort mercredi 27 septembredans cinq cents salles. Il raconte l’histoire destirailleurs sénégalais et maghrébins qui ontcombattu, pendant la seconde guerre mondia-le, du mont Cassin jusqu’à l’Alsace, pour lalibération de la France.

Jacques Chirac devait annoncer, le mêmejour, une revalorisation de leurs pensions,gelées depuis 1959. Ségolène leur a rendu hom-mage, à Dakar, et rappelé que son père, militai-re de carrière, avait jadis commandé certainsd’entre eux. Cela avait évidemment plus d’allu-re que de se presser rue de Solférino pourrégler des détails de cuisine interne.

Elle est vraiment infernale, non ? a

Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants d.

En vente chez votre marchand de journaux

JEUDI 28 SEPTEMBRE

2 000 ans d’histoire13.30 France Inter 1956 : la pre-mière centrale nucléaire française,avec Jean-Pierre Poirier, historiendes sciences.

A l’air libre18.00 Europe 1 Pierre-MarieChristin, ancien directeur-adjoint de l’information sur RTL,anime un débat quotidien entreauditeurs et journalistes.

Travaux publics18.30 France Culture La troisièmegénération des néo-ruraux,en direct du cyber café de Faux-la-Montagne (Creuse).

Littérature et histoire22.15 Judaïques FM Haïm Cherkireçoit la romancière MichèleHalberstadt pour son livre Caféviennois (Albin Michel).

Jeudi28septembre

Lasélectionradio

Lasélectiontélévision

TÉLÉVISION & RADIO34 0123Jeudi 28 septembre 2006

Page 35: Le Monde 2006.09

Un retraité en colère attend les premiersvisiteurs du musée de la photographiede Charleroi, mardi 26 septembre.

« J’ai vu les autorités de la ville, j’exige le retraitde cette image », grogne-t-il. Il désigne dudoigt, sans le regarder, un grand panneau quiorne la façade et reproduit un nu du sulfureuxphotographe japonais Nobuyoshi Araki. Seulmais affirmant s’exprimer au nom d’un grou-pe de protestataires, l’homme attend de piedferme le directeur, Xavier Canonne, et agit, dit-il, « pour le bien-être de la société ».

La très belle image géante, représentantune jeune Nipponne nue, gants et bas noirs, lesexe masqué par des plumes de la même tein-te, était depuis quelques jours un sujet de polé-mique à la place des Essarts. L’exposition de4 000 photographies d’Araki, venue en droiteligne de Londres, où elle n’a suscité aucunepolémique, est ouverte depuis trois jours et lerestera jusqu’au 14 janvier 2007.

A Mont-sur-Marchienne, quartier populai-re où le musée s’est installé il y a une vingtained’années, les commerçants parlent d’une péti-tion. Au café Le Central, à la librairie Huwartet au restaurant La Gallina, on se divisait surla nécessité d’exposer ce portrait, sans tou-jours remarquer qu’il est étrangement sur-monté d’une statue pieuse. Le musée a, il estvrai, installé ses collections et ses expositionsdans un ancien couvent de carmélites.

Dans la nuit de dimanche à lundi, la polémi-que a pris une autre tournure. « Une sale tour-nure », commente un officier de police. Des

cocktails Molotov ont été lancés contre le bâti-ment. Ils n’ont causé que peu de dégâts, ne par-venant qu’à endommager très partiellementle grand portrait extérieur. Mais cette attaque,la première du genre, a créé la consternation.Au lendemain des faits, les employés sont ten-dus et Xavier Canonne est sorti de son bureaupour parler à chacun. Il bénéficie d’un soutienunanime quand il affirme qu’il résistera à tou-te censure et ne retirera jamais l’affiche.

Dans les salles, l’expositionillustre l’incroyable prolixitéd’Araki, qui, aujourd’hui âgé de66 ans, a réalisé des millions declichés et rédigé trois centslivres. Araki mêle constammentl’insolite et le réel. Commel’écrit l’un de ses critiques, il« provoque – solitairement etsalutairement – le désastre dansle monde, de tous les arts et de tou-tes les idées sur l’art ».

Les fleurs, Tokyo, desenfants, des plats cuisinés, sonchat Chiro, sa femme Yoko –morte en 1990 : Araki a tout mis« en boîte », constituant un gigantesque puzz-le qui mêle la beauté, la vie et la mort.

Au Japon, où il est l’objet d’un véritable culte,et ailleurs dans le monde, il est surtout connupour ses nus audacieux, parfois marqués par lesublime, parfois par la complaisance, ainsi quepour ses images de femmes ligotées. Evidentesobsessions sexuelles ? L’artiste a expliqué qu’il

voulait, en fait, « ligoter la réalité » : « Je veuxficeler le réel parce que je ne peux ficeler riend’autre. Ni le cœur de Yoko, la femme que j’aime,ni celui de personne. On ne peut pas ficeler lesâmes, elles sont intouchables. Et c’est parce que lesâmes sont intouchables que je veux ficeler le visi-ble, en prendre possession pour moi seul. »

Les premiers visiteurs de l’exposition ontconsigné leurs impressions dans un livre d’or :« Honneur à la Belgique, quellebelle afficheà l’en-

trée ! », écrit une étrangère. Unedame confesse, en revanche,qu’elle est « outrée » : « A-t-onpensé aux hommes perturbés quiont déjà du mal à maîtriser leurspulsions ? » « Etonnons-nousensuite que des musulmans inté-gristes viennent perpétrer desattentats », se lamente une autrevisiteuse.

Etonné, fâché, le directeurdu musée souligne qued’autres expositions consa-crées ici à la grande pauvreté,aux femmes en prison ou auxenfants de la guerre ont suscité

bien moins de réactions et interroge le retraitéen colère : « Est-ce plus acceptable qu’un corpsnu de femme ? », demande-t-il. « C’est la réali-té, monsieur », réplique l’autre. Qui promet derevenir « accompagné » si l’affiche n’est pasôtée dans les 24 heures. a

Jean-Pierre Stroobants(Charleroi, envoyé spécial)

IL Y A 50 ANS DANS « LE MONDE »

La mort de Lucien Febvre

La Nipponne nue qui choque Charleroi

LUCIEN FEBVRE, membre de l’Institut, professeur honoraire au Col-lège de France, est mort à Saint-Amour (Jura), où les obsèques serontcélébrées demain matin vendredi 28 septembre.

Lucien Febvre était né à Nancy le 22 juillet 1878. Ancien élève del’Ecole normale supérieure, agrégé de l’université, docteur ès lettres, ilfit toute sa carrière dans l’enseignement. Professeur à la faculté des let-tres de Dijon, puis à celle de Strasbourg, il fut appelé en 1930 au Collè-ge de France, où fut créée pour lui la chaire d’histoire de la civilisationmoderne.

En même temps, il enseignait à l’Ecole pratique des hautes études,où il devait créer une section des sciences économiques et sociales. De1935 à 1940, il fut le président du comité de l’Encyclopédie française,dont il avait conçu le plan et dont il dirigea la rédaction.

L’importante œuvre historique laissée par Lucien Febvre portad’abord sur le XVIe siècle, et particulièrement sur la Franche-Comté àcette époque, ainsi que sur la période de la Réforme. Dès le début deses recherches, il s’était appliqué à mettre en valeur l’importance dufacteur économique et à découvrir d’une façon générale les causes pro-fondes des événements.

Lucien Febvre exerça ainsi une action considérable sur l’évolutiondes études historiques et leur organisation. C’est dans le dessein derapprocher historiens, économistes et sociologues qu’il avait fondé etdirigeait la revue Annales d’histoire économique et sociale. a

(28 septembre 1956.)

DÉCRYPTAGESPORTRAIT19 Patrick Mennucci.Cette figure de la fédérationsocialiste des Bouches-du-Rhôneest l’homme à tout faire deSégolène Royal.

FOCUS20 France. Le budget 2007.

DÉBATS22 Jospin a-t-il le devoirde se présenter ?Par François Rebsamen.23 Nous ne rembourserons pasvos dettes, par Clément Pitton.« Big Pharma » nous surveille,par Jacques Juillardet Bruno Toussaint.

ENQUÊTE24 Allemagne. Le Land oùles néonazis font la norme.

GOÛTS26 Mets. Le « fish and chips »s’allège et se réinvente.

MODES DE VIE27 Divorces. La résidencealternée remise en cause.

CULTURE28 Musique. New Yorkmet le Met sur grand écran.29 Patrimoine. Commentsauver l’Ecomusée d’Alsace ?30 Théâtre. Une autreet belle lecture de Bérénice.

SERVICES32 Météo & Jeux. 33 Carnet.34 Télévision & Radio.

ÉDITORIAL & ANALYSES2 Editorial. Effort tardif.Mission périlleuse au Liban,par Laurent Zecchini.Variations caraïbes.La chronique « Culture »de Francis Marmande.

PAGE TROIS3 Biométrie. Le passeport quien dit trop pour les personnesadoptées ou nées sous X.

INTERNATIONAL4 Etats-Unis. Vive polémiqueentre M. Bush et les démocratesà propos de la guerre en Irak.5 ONU. Entretien avec le Sud-Coréen Ban Ki-moon, favoripour succéder à Kofi Annan.Francophonie. La criseavec la Syrie exclut le Liban.6 Chine. La lutte contrela corruption et la présidence.

SCIENCES & ENVIRONNEMENT8 Bioéthanol. 500 pompes pouren distribuer d’ici à fin 2007.Marée noire. Le Liban veut obte-nir réparation de la part d’Israël.

EUROPE9 Criminalité. Faut-il avoir peurde la Roumanie et de la Bulga-rie ?Hongrie. La Commissionsoutient le plan d’austérité.

POLITIQUE & SOCIÉTÉ10 PS. Ségolène Royal redoutela « machine à perdre ».11 Paris. Plusieurs adjointsde M. Delanoë, prochede M. Jospin, se rallientà Mme Royal.12 Education. Les solutionsdes universités contre l’échec.13 Justice. Après l’agressiond’un homosexuel.

ÉCONOMIE & ENTREPRISES14 Automobile. Plan de rigueurchez PSA-Peugeot-Citroën.15 OPA. L’allemand E.ONrelève son offre sur Endesa.16 Banques. Goldman Sachsrachète des fonds de pension.

MÉDIAS17 Télévision. Réformede la production à France 3.

SPORTS18 Football. Les insultesne restent plus impunies.

L’ACTUALITÉ

RENDEZ-VOUS

SOCIÉTÉ DES RÉDACTEURS DU MONDE

0123.fr

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE dela Société des rédacteurs du Mon-de (SRM) a approuvé, mardi26 septembre, trois résolutions.271 journalistes actifs ou retrai-tés, représentant 1 002 parts (surles 1 416 que compte la SRM), ontparticipé au vote.

Trois principes ont été adop-tés : la création d’une structuredestinée à mettre à l’abri la mar-que Le Monde (à 89,6 %) ; la dis-sociation des fonctions de prési-dent du directoire de la société LeMonde Partenaires et associés(LMPA) et de directeur de l’exploi-tation et de la publication du quo-tidien Le Monde (78,4 %) ; la

mutualisation d’une partie desdroits de la SRM avec la Sociétécivile des personnels des Publica-tions de la Vie catholique(83,6 %).

Les deux premières résolutionsne pourront être mises en œuvrequ’après leur adoption par lesconseils de surveillance du grou-pe Le Monde.

L’assemblée générale de laSRM, réunie extraordinairement,a adopté une réforme de ses sta-tuts portant, notamment, sur lesconditions d’admission à la socié-té et la possibilité pour un cogé-rant d’effectuer trois mandatsconsécutifs de trois ans. a

Sur la façade du musée,une image

géante représenteune jeune femme nue,

gants et bas noirs,le sexe masquépar des plumes

de la mêmeteinte

Vendredi 29 septembre en région parisienneet samedi 30 septembre partout en France

0123

a Tirage du Monde daté mercredi 27 septembre 2006 : 424 208 exemplaires. 1 2 3

Faut-il supprimer la cartescolaire ? Débat en directavec Faride Hamana, présidentde la Fédération des conseilsde parents d’élèves, jeudi à11 heures. Un chat à la « une ».Les sorties cinémadu mercredi 27 septembreLes critiques, portraitset entretiens du Monde surles principaux films à l’affiche,en une sélection d’images.Un portfolio à la « une »et en séquence Cinéma.

Jeudi 28 septembre 2006 35

Page 36: Le Monde 2006.09

La nouvelleOpel Corsa.

Mondial de l’Automobile - Hall 5.2

Come on ! Allez-y ! Venez découvrir la nouvelle Opel Corsa. Que ce soit en modèle 3 ou 5 portes, tout dans la nouvelle Opel Corsaest conçu pour transformer le moindre de vos trajets en partie de plaisir. Ses formes audacieuses et musclées, son nouvelintérieur sont autant d’invitations au fun. Installé à son bord, vous éprouverez une étonnante sensation d’espace. La console rétro-éclairéeillumine doucement l’habitacle d’une ambiance surprenante. Pour encore plus de plaisir, la nouvelle Opel Corsa est disponible avec un choixde 5 motorisations dont 3 nouveaux moteurs Diesel CDTI de 75 à 125 ch.Conso : 1.3 CDTI 75 ch / 1.4 BVA (l/100 km) 4.6/6.8 et CO2 (g/km) : 124/163.

* Allons-y