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Thème d’année 2016/17 Le chemin vers la paix, c’est la paix. 1

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Thème d’année 2016/17

Le chemin vers la paix,c’est la paix.

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SommaireIntroduction

1. À propos du titre du chapitre : qu’entendons-nous par paix,qu’est-ce la paix ?

2. Des personnes qui nous ont précédés et qui ont emprunté deschemins de paix : la lutte des femmes, depuis l’Antiquité,contre la guerre et en faveur de la paix

3. La vraie paix prend le chemin de la justice, de la démocratieet des droits de l’homme, et non le chemin de la guerre

4. Le dialogue interreligieux est essentiel dans le chemin vers lapaix

5. Saint François d’Assise : le chemin de la paix avec toutes lescréatures

6. À partir de la paix intérieure on chemine vers une culture dela paix. À partir d’une culture de paix on construit la paix in-térieure. Quelques conclusions

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Introduction

Le présent thème a été pro-posé par les compagnons etcompagnes de Suède, et sontitre est repris de celui d’unlivre publié en suédois en 2013 :Fred är vägen till fred (littérale-ment : « la paix est le cheminvers la paix »). Son auteur enest l’archevêque suédois K.-G.Hammar, une personne engagéepour la paix et référence reli-gieuse et morale en Suède. Celivre fut écrit comme documentde débat pour la réunion géné-rale du Conseil Mondial desÉglises1 à Busan, Corée du Sud,en 2013.

Le livre de K.-G. Hammarcommence avec la préface qui

1Le Conseil Mondial desÉglises (CMI) est la principale or-ganisation œcuménique chré-tienne internationale. Fondé par147 églises le 23 août 1948 à Am-sterdam. Son siège est à Genève,Suisse ; lui sont affiliées 348Églises et dénominations avec prèsde 600 millions de chrétiens dansplus de 120 pays (source : Wikipe-dia).

suit : « L’histoire du mondemontre avec beaucoupd’exemples que nous avons cruque la guerre est le chemin versla paix. L’Église a elle aussi inci-té et justifié les guerres, maisles voix de la paix et de l’amourne se sont jamais tues. Avec celivre, on veut montrer le besoinde changer le centre de gravité,et que la réussite de la paix ar-rête de faire partie des objectifsmilitaires et devienne de la res-ponsabilité des civils ».

Au moment de proposer lethème, les compagnes et com-pagnons suédois se sont inspi-rés d’un autre document, “LAPAIX : C’est ce que veulent lesÉglises en Suède”. Ce texte, unecommande des leaders desÉglises, fut rédigé par ungroupe de travail constitué desreprésentants des Églises luthé-rienne, catholique et orthodoxe,des représentants des Égliseslibres, et d’experts du Mouve-ment Suédois pour la Réconci-liation et du Conseil Œcumé-nique des Femmes de Suède.

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Dans le prologue de ce do-cument, on affirme déjà :

« La paix est beaucoup plusque l’absence de conflit armé.La paix doit être une réalitédans les familles, dans lesquartiers, dans les villes, entregroupes et nations ».

Plus loin il est dit :

« L’histoire montre commentl’Église a été souvent impli-quée dans des actes de vio-lence et de guerre que l’on nepeut pas justifier avec l’aidedu dogme de la guerre justecomme, par exemple, les Croi-sades au Moyen Âge ou laconquête violente du continentaméricain tant en Amériquedu Nord comme du Sud ».

D’un autre côté, le PapeFrançois, dans une rencontreavec des enfants de la Cité duVatican, dénonce les intérêtsliés au commerce d’armes, rai-son pour laquelle les puissantsne veulent pas la paix :

Le pontife catholique s’atta-qua au commerce des armes,le décrivant comme « l’indus-trie de la mort » en réponse à

la question d’un enfant sur laguerre.

« Pourquoi tant de puissantsne veulent pas la paix ? Parcequ’ils vivent des guerres ! »,dit-il pendant une rencontreavec des enfants au Vatican.

Le Pape dit aux enfants quecertaines personnes font del’argent en produisant et ven-dant des armes.

« Voilà la raison pour laquelleil y a des gens qui ne veulentpas la paix », dit-il. « Ils fontplus d’argent avec laguerre ! ».2

Dans l’actualité, malheu-reusement, il y a des guerres : àl’est de l’Ukraine, en Syrie, enIrak, avec une partie de son ter-ritoire contrôlé par ce qu’on ap-pelle “État Islamique”; au Yé-men, pays agressé par l’ArabieSaoudite ; en Afghanistan, avec

2Harrison, Virginia (12/05/2015).“Pape François : Le commerce desarmes est une industrie de lamort’”. CNN. Disponible en :<http://cnnespanol.cnn.com/2015/05/12/papafrancisco-el-comercio-de-armas-es-una-industria-de-la-muerte/>

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une interminable situation deguerre ; au nord du Mali, etdans tout le Sahel en général ;au Nigeria, pays condamné àsupporter la terreur de BokoHaram ; dans le Kivu (est de laRépublique Démocratique duCongo), avec la guerre pour lecontrôle des ressources natu-relles ; en Somalie, soumise enun interminable conflit ; et enbien d’autres pays qui sup-portent de hauts niveaux deviolence, comme la Lybie, la Tu-nisie, la Palestine… À cecis’ajoute, en plus, le terrorismeglobalisé, qui a vu sa période laplus marquante exposée dansles médias occidentaux, avec lesdeux attentats de Paris de l’an-née dernière 2015.

Le chemin de la paix estdifficile et tortueux. Avec cethème, nous souhaitons, modes-tement, être un peu plusconscients que la violence nenous fait pas avancer sur le che-min de la paix, car seulement, lepardon, la réconciliation et ledialogue constant, conduisent àla paix.

1. À propos du titre duchapitre : qu’enten-dons-nous par paix, qu’est-ce la paix ?

La paix c’est le Shalom, quien hébreu signifie paix ou bien-être, et qui peut faire référenceaussi bien à la paix entre deuxparties qui s’affrontent, qu’à lapaix intérieure ou à la tran-quillité d’une personne. Shaloms’utilise aussi comme une for-mule de salutation, équivalentede “bonjour” ou “au revoir”. Laracine linguistique de Shalomest liée à le-shalem alechim, quisignifie compléter, rétribuer,compenser. Ainsi, on peut direque Shalom n’est pas seulementl’absence de conflit ou guerre,mais que cela signifie un retourà l’équilibre, à la justice et àl’égalité intégrale. Shalom, c’estle bonheur que tout être hu-main désire, c’est ce que donneà chaque personne le lieu qui luicorrespond, c’est la plénitude dela vie.

Alors, qu’entendons-nouspar paix ? Qu’est-ce que lapaix ? Quand nous parlons depaix, de quoi parlons-nous ?

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Quand nous parlons de justice,de quoi parlons-nous ? La pau-vreté a quelque chose à voiravec la paix ? La paix est-ellepossible avec l’injustice ?Voyons ce que dit J. Henri Bou-ché à ce sujet :

Si vis pacem – disaient les ro-mains – para bellum. Préparerla guerre pour construire lapaix ne semble pas aujour-d’hui une bonne solution.Mais, cependant, l’“art” de laguerre continue à être prati-qué, sous le prétexte de raisonstrès diverses pour réussir lapaix. Un mauvais chemin.

Nous ne trouvons pas justenon plus de considérer la paixcomme l’absence de guerre, vi-sion assez commune de nosjours. C’est un fait constatéque la fin de la guerre est unecondition nécessaire, mais passuffisante, pour l’établisse-ment de la paix. Nous pour-rions apporter beaucoupd’exemples pour confirmernotre affirmation. Là où règnela pauvreté, l’injustice ou latransgression des droits fonda-mentaux, même avec le silence

des canons, il n’y a pas depaix3

Au niveau global, la paix estvictime de l’injustice et l’inéga-lité. Dans les sociétés où le luxeet la pauvreté cohabitent, de-vrions-nous être surpris quedifférentes formes de violencesurgissent ? Partager les res-sources et la richesse soulageles tensions et apporte une im-portante contribution au biencommun et à la paix.

Nous vivons dans unmonde où les conflits armésprovoquent des millions de ré-fugiés ; comment pouvons-nousnous rapprocher des personnespour lesquelles il n’y a pas depaix ? Comment pouvons-nousêtre particulièrement attentifsaux réfugiés et aux migrants ?Comment pouvons-nous discer-ner les situations d’injustice etaccorder une protection auxpersonnes les plus vulnérables ?Sommes-nous capables d’iden-tifier les formes modernes d’es-3Bouché, J. Henri (2003). “La paixcommence par soi-même”. Educa-ción XX1 : pp. 25-43. Disponibleen :<http://148.215.2.11/articulo.oa ? id=70600602>

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clavage ? Pouvons-nous nousunir pour promouvoir la paix ?

Eh bien, un signe d’espé-rance, c’est que beaucoup depersonnes ne restent pas indif-férentes devant le drame provo-qué par le manque de paix. Il ya des collectifs et des personnesqui s’engagent pour promouvoirla paix, acceptant des responsa-bilités dans la vie publique deleur pays, dans des associations,des partis politiques, en mouve-ments sociaux pour la paix, dé-nonçant les injustices et les in-égalités, au service de per-sonnes avec des besoins parti-culiers, aidant et accueillant lesmigrants et les réfugiés… Onfait beaucoup, mais c’est insuf-fisant.

Un autre aspect importantdans cette réflexion sur la paix,ce sont les justifications desguerres et la propagande dissi-mulée en information dans lesmédias de communication demasse. Ceci est bien illustré parle texte d’Eduardo Galeano :

Les guerres mentent, aucuneguerre n’a l’honnêteté deconfesser “je tue pour voler”.

Les guerres invoquent toujoursdes motifs nobles, elles tuentau nom de la paix, au nom deDieu, au nom de la civilisa-tion, au nom du progrès, aunom de la démocratie. Et s’il yavait des doutes, pour que tantde mensonges progressent, voi-là les grands médias de com-munication disposés à inven-ter des ennemis imaginairespour justifier la conversion dumonde en un grand asile defous… et en un immenseabattoir. Dans Rey Lear, Sha-kespeare avait écrit qu’en cemonde les fous conduisent lesaveugles, et quatre sièclesaprès, les maîtres du mondesont des fous amoureux de lamort…

Chacun se demande, jusqu’àquand ?, jusqu’à quand lapaix du monde sera dans lesmains de ceux qui font des af-faires avec la guerre ?, jusqu’àquand continuerons-nous àcroire que nous sommes néspour nous exterminer mutuel-lement, et que l’anéantisse-ment mutuel est notre destin ?,jusqu’à quand ? Si le monde,ce monde, mérite d’être un

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autre monde, la marche pourla paix, la marche du 2 oc-tobre, réclame des millions etdes millions de pieds.4

Combien de personnes par-ticiperont aux manifestationspour la paix et contre lesguerres ? L’indifférence n’estpas un bon chemin pour la paix.

2. Des personnes qui nous ont précédés et qui ont emprunté des chemins de paix : la lutte des femmes, de-puis l’Antiquité, contre la guerre et en faveur de la paix

Tous les courants du paci-fisme convergent vers la figurede Gandhi, image imposante dela lutte pour la paix. Gandhi re-donna vie au pacifisme à traversla philosophie et la pratique dela non-violence. Gandhi suivit lechemin de la paix et devint laréférence indispensable de la

4Galeano, Eduardo (2009). “Adhé-sion à la marche pour la paix et lanon-violence”.

culture de la paix. Comme l’ex-plique Alberto López Escuer :

« Il n’y a pas de cheminspour la Paix, la paix est lechemin ». Cette phrase deGandhi est d’une véritableactualité de nos jours.Nous vivons dans unmonde nécessiteux de paix,une paix qui n’est pas l’ab-sence de violence mais unepaix totale et qui mainte-nant n’existe pas.Certains s’efforcent de cher-cher des chemins qui nousmènent vers la Paix alorsqu’ils n’existent pas, car leseul chemin qui existe, c’est lapaix elle-même, comme le rap-pelle Gandhi […].

Le chemin de la paix n’est pastrès fréquenté actuellement ; lechemin de la guerre et de laviolence a davantaged’adeptes, une violence quin’est pas seulement physiquemais aussi verbale […].

Il faut prendre le chemin de lapaix et le suivre, car sinon,toute l’humanité en sortiramoins gagnante que les sei-gneurs de la guerre, ceux qui

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font du bellicisme une affaireet un style de vie, sans se pré-occuper des conséquences. Of-frons une opportunité à lapaix, Gandhi fut un exemple.5

Après avoir montré queGandhi est une référence sur lechemin de la paix, tout commeMartin Luther King, nous vou-lons faire connaître dans ce cha-pitre un fait inconnu pour beau-coup de personnes : la lutte desfemmes pour la construction dela paix depuis les temps les plusanciens.

Il est très significatif que lapaix apparaisse, au début del’histoire de la culture occiden-tale, comme un don pour les po-lis de l’Antique Grèce, avec desattributs et un corps féminins,incarnée en la déesse Eirene,liée au bien-être, à l’abondanceet à la prospérité.

C’est ainsi que le drama-turge Aristophane (Athènes,444-385 av. J. C.) recueille cette

5López Escuer, Alberto(26/02/2013). “Il n’y a pas de che-mins pour la Paix, la paix est lechemin”. Salesianos Cooperadores– Bilbao. Cf. : https://lstu.fr/coobi

tradition dans son œuvre dethéâtre Lisistrata. Dans l’argu-ment de cette œuvre, Lisistrataest une femme d’Athènes, fati-guée et lasse de ne pas voir sonmari, car il est toujours à laguerre, qui décide de réunir ungroupe de femmes des diffé-rentes parties de la Grèce. Lisis-trata leur expose qu’après avoirbeaucoup réfléchi, elle est arri-vée à une solution pour en finiravec la guerre du Péloponnèse,et ainsi pouvoir voir leurs ma-ris : l’abstention sexuelle.

Dans un premier temps lesfemmes se scandalisent, mais fi-nalement elles acceptent, etelles établissent un pacte. Fai-sant le serment d’exciter leursmaris, elles s’engagent à ne paspratiquer le sexe. Chaquefemme se charge de propager leserment dans toute la ville, afinqu’aucun homme ne puisse sa-tisfaire son désir sexuel.

Les femmes prennentl’Acropole d’Athènes, où setrouve l’argent de la ville, pourqu’il ne puisse pas être utilisé àdes fins militaires. Au cours del’action, un chœur d’anciens es-saie de chasser les femmes de

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l’Acropole, soutenant uneconfrontation verbale avec lechœur des femmes. Quelquesfemmes essaient de le quitter,car elles ne le supportent plus,mais Lisistrata les convainc derevenir à leur poste de luttedans l’Acropole. Les hommes detoute la Grèce se plaignirent,car ils avaient “l’aine enflam-mée”.

Finalement, depuis Sparte,arrivent des ambassadeurs poursigner la paix avec Athènes, carle désir sexuel est si grand, qu’ilest plus puissant que la guerre.Ainsi chaque homme s’en vaavec sa femme, elles, heureusespour la fin de la guerre, et eux,heureux pour l’appétit sexuel.

Cette œuvre du théâtred’Aristophane a eu de l’in-fluence sur des époques posté-rieures. Actuellement, les ac-tions de protestation contre lesguerres, souvent occultées parles grands médias, ont eu lesfemmes comme protagonistesen divers conflits :

En Israël et Palestine, la colla-boration des femmes des deuxcommunautés, non seulement

a démontré que l’entente estpossible mais a aussi donnélieu à la construction d’unmouvement mondial desfemmes contre la guerre et lemilitarisme : Femmes en Noir.Ce mouvement s’est étendu àd’autres endroits du mondetouchés par des conflits armés,comme celui des Balkans oude la Colombie.

En Argentine, les Mères etGrand-mères de la Place demai, sans cesser de marcher,continuent leur dénonciationde l’impunité.

Les femmes nord-irlandaises— protestantes et catho-liques —, créèrent une coali-tion pour travailler dans lesnégociations de paix, pourl’égalité, les droits del’homme, et l’inclusion.

Les femmes du Sri Lanka par-ticipèrent au Subcomité deGenre créé dans le cadre desnégociations de paix.

Les femmes tamoules et sri-lankaises furent capablesd’élaborer un agenda com-mun, avec un même point dedépart : la reconnaissance des

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effets dévastateurs que leconflit armé avait eu dans lavie des femmes.6

En Afrique également, uncontinent très éprouvé par lesguerres, les femmes se sont mo-bilisées et ont levé la voix pouren terminer avec elles et réussirla paix :

Le 22 octobre dernier, le jour-nal Sudan Tribune, du SudSoudan, indiquait qu’ungroupe féminin d’activistespour la paix avait lancé unappel à toutes les femmes dupays et à celles qui viventdans la diaspora pour qu’ellesrefusent d’avoir des relationssexuelles avec leurs maris jus-qu’à ce que le conflit actuelque vit le pays trouve une so-lution. […]

L’idée d’une grève du sexen’est pas nouvelle. En 2003, la

6Manifeste “Roses blanches pour lapaix”, écrit pour l’action promuepar un groupe d’actrices espa-gnoles remettant des rosesblanches aux parlementaires espa-gnols, appuyant la fin du terro-risme de l’ETA en mai 2005, Secré-tariat de la Femme de l’Uniond’Acteurs de Madrid.

travailleuse sociale libérienneLeymah Gbowee décida de fé-dérer les femmes de son pays,en commençant par celles del’Église luthérienne, à laquelleelle appartenait, puis lesautres chrétiennes, et finale-ment, elle réussit à obtenirl’appui des musulmanes.

Habillées en blanc et avec ladevise : “nous, femmes du Li-béria, voulons la paix mainte-nant”, elles commencèrent àmanifester et à se mobiliser.Chaque jour, 2 500 femmes semassaient sur le marché, de-vant la résidence du présidentCharles Taylor, à Monrovia, etsur le passage de sa voiture.

Convaincues que les hommesétaient les principaux acteursde la violence, elles décidèrentde refuser le sexe à leurs marisjusqu’à ce que la guerre se ter-mine.

L’activisme de ces femmes fûtdécisif pour mettre fin au longconflit libérien, et en 2011,Laymah Gbowee fut récom-pensée du Prix Nobel de laPaix, pour son statut de leaderet son courage.

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Maintenant, les femmes sud-soudanaises veulent suivre lechemin des Libériennes, reprisdans d’autres pays tels que leKenya ou la Côte d’Ivoire,avec des effets divers.[…]

D’une façon ou d’une autre,l’important, je pense, ce n’estpas tant la stratégie choisieque l’implication des femmesdans le processus de paix, dansla droite ligne des Résolutions1325 (2000) et 2122 (2013) duConseil de Sécurité des Na-tions Unies, qui reconnaissentque la guerre touche lesfemmes de manière différentedes hommes, et réaffirment lebesoin de potentialiser le rôledes femmes dans l’adoptiondes décisions concernant laprévention et la résolution desconflits.7

En Afrique il faut aussi sou-ligner l’action de Victoire Inga-bire, une leader pacifiste ruan-daise, qui après avoir participé7Caballero, Chema (28/10/2014).“Est-il vrai qu’une grève du sexepeut en terminer avec uneguerre ?”. Blogs de El País : Áfricano es un paísCf. : https://lstu.fr/grgu

activement au Dialogue Inter-Rouandas pour réussir la paixdans la région des Grands Lacs,décida en 2010 de retourner àson Ruanda natal depuis la Hol-lande, où elle vivait avec sonmari et leur trois enfants, pourse présenter aux élections prési-dentielles dans son pays.

Pour cela, Victoire voyageaà travers le Ruanda, mais trèsvite, elle fût arrêtée et empri-sonnée, accusée de toutes sortesde délits inventés, appuyés surdes fausses preuves et des fauxtémoins. Après un long proces-sus dénué de la moindre garan-tie juridique, elle fut condam-née à 15 ans de prison.

Chaque jour, les autoritésde la prison lui rendent la vieplus difficile, allant jusqu’àpeindre en noir les fenêtres desa cellule pour qu’elle ne puisseplus lire ni écrire ; elle est entrain d’en perdre la vue. Ellescréent toutes sortes de difficul-tés pour qu’elle ne puisse pasrecevoir de visite, même de sesavocats. Mais chaque foisqu’elle quitte sa cellule ou com-munique avec l’extérieur, ellemontre un visage serein, qui re-

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flète son état d’espérance,ferme et résistant.

Soulignons aussi la figurede la pacifiste palestinienneJean Zaru, qui insiste sur la né-cessité d’analyser les causes dela violence et sur la globalisa-tion de la justice pour obtenir lapaix :

«[…] la seule chose qui chan-gera notre monde, ce ne serapas la vengeance ni la violencede haut niveau, ni davantagede vies perdues, mais de com-battre les vraies causes de laviolence et du terrorisme etd’établir la justice. Que çanous plaise ou non, si nousparlons de la globalisation del’économie, nous devons glo-baliser les thèmes de justice. Etquand quelque chose arrivedans un lieu, d’autres lieuxsont touchés par cet événe-ment, donc je pense que le mo-ment est arrivé pour que lesforces de paix unissent leursmains, qu’elles ne se laissentpas museler et disent : « plusjamais de vengeances, oui àla justice, et non à laguerre ». […]

Zaru, qui réalisa une tournéeà travers vingt villes auxEtats-Unis, avant et après lesattentats du 11 septembre,affirme que ces attentats illus-trent que tout le pouvoir mili-taire du monde échoue à assu-rer la paix chez soi :

« ce qui peut leur apporter lapaix c’est d’avoir des relationsjustes avec le reste du monde,au lieu d’essayer de le domi-ner. La violence nous mène àla violence, et quand les gensme demandent si cette situa-tion (la guerre des Etats-Uniscontre l’Afghanistan) va aiderla cause palestinienne, je ré-ponds que je ne crois pas quenous puissions recevoir aucuneaide d’une quelconque situa-tion violente ».8

8Rojas, Rosa(10/10/2001). La ven-geance ne changera pas le monde,affirme la pacifiste palestinienneJean Zaru. La Jornada.Cf. : https://lstu.fr/vgea

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3. La vraie paix suit le chemin de la justice, de la démocratie et des droits de l’homme,et non le chemin de la guerre

Peut-il y avoir justice sanspaix ? Peut-il y avoir paix sansjustice ? Nous cherchons tropsouvent la justice aux dépens dela paix, et la paix aux dépens dela justice. Concevoir la paix in-dépendamment de la justice si-gnifie mettre en danger l’espé-rance que la justice et la paixs’embrassent » (Psaume 85 :10).

Le plus grand attentatcontre la justice est la crois-sante inégalité. Un documentde Oxfam-Intermon affirme quel’inégalité économique croît ra-pidement dans la plupart despays. La richesse mondiale estpartagée en deux : presque lamoitié est dans les mains du1 % plus riche de la population,et l’autre moitié se partageentre le 99 % restant. À proposde l’inégalité et de l’injusticenous offrons une profonde ré-flexion de Leonardo Boff :

[…] Nombreuses et mysté-rieuses sont les causes qui dé-truisent la paix et empêchentsa construction. Je me limite àla première : la profonde in-égalité sociale mondiale. Tho-mas Piketty a écrit un libreentier sur L’économie des in-égalités (Anagrama, 2015). Lesimple fait qu’environ 1 % demultibillionnaires contrôlentune grande partie des revenusdes peuples, […] montre le ni-veau d’inégalité. Piketty re-connait que « la question del’inégalité des revenus du tra-vail est devenu le thème cen-tral de l’inégalité contempo-raine, si non de tous lestemps ». Des revenus extrême-ment hauts pour quelques-unset pauvreté infâme pour lesgrandes majorités.

N’oublions pas que l’inégalitéest une catégorie analytico-descriptive. Elle est froidepuisqu’elle ne laisse pas écou-ter le cri de souffrance qu’ellecache. Éthique et politique-ment elle se traduit par injus-tice sociale. Et théologique-ment, est un péché social etstructurel qui porte préjudice

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BRUNO
Note
VOICI ?
BRUNO
Texte surligné
BRUNO
Note
la grande majorité?
BRUNO
Note
ETHIQUEMENT ou sur le plan ethique ?
BRUNO
Texte inséré
elle
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au plan du Créateur, qui créatous les êtres humains à sonimage et ressemblance, avec lamême dignité et les mêmesdroits aux biens de la vie.Cette justice originelle (pactesocial et créationnel) se brisatout le long de l’histoire, nousfaisant hériter de l’injusticeatroce que nous avons actuel-lement, car elle touche ceuxqui ne peuvent pas se défendrepar eux-mêmes.

L’une des parties les pluscontondantes de l’encycliquedu Pape François sur le Soinde la Maison Commune estdédiée à “l’inégalité plané-taire” (nn.48-52) Cela vaut lapeine de citer ses paroles :

« Les exclus sont la plusgrande partie de la planète,milles de millions de per-sonnes. Aujourd’hui ils sontprésents dans les débats poli-tiques et économiques interna-tionaux, mais fréquemment ilsemble que ces problèmessoient posés comme un appen-dice, comme une question quis’ajoute presque par obligationou de manière périphérique,quand on ne les considère pas

comme un simple dommagecollatéral. De fait, à l’heured’agir concrètement, ils restentfréquemment à la dernièreplace… la justice devrait êtreintégrée dans les discussionssur l’environnement, pourécouter aussi bien le cri de laterre que le cri des pauvres »(n.49).

En ceci réside la principalecause de la destruction desconditions pour la paix entreles êtres humains ou avec laMère Terre : nous traitons in-justement nos semblables ;nous ne nourrissons aucunsens de l’équité ou de la soli-darité avec ceux qui possèdentle moins et ils subissent toutesorte de manques, condamnésà mourir prématurément.L’encyclique va au point né-vralgique : « Nous avons be-soin de fortifier la conscienceque nous sommes une mêmefamille humaine. Il n’y a pasde frontières, ni de barrièrespolitiques ou sociales qui nouspermettent de nous isoler, etpour cela même il n’y a pasnon plus d’espace pour la glo-

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balisation de l’indifférence »(n.52).

L’indifférence c’est l’absenced’amour, c’est l’expression ducynisme et du manque d’intel-ligence cordiale et sensible. Jereprends toujours cette der-nière dans mes réflexions,parce que sans elle nousn’avons pas l’élan pour tendrela main à l’autre, pourprendre soin de la terre, qui estaussi sujette à une grave in-justice écologique : nous luifaisons la guerre sur tous lesfronts au point de la faire en-trer dans un processus dechaos avec le réchauffementglobal et les effets extrêmesqu’il provoque.

En résumé, ou bien nous se-rons personnels, sociaux etécologiquement ensemble, oubien nous ne jouirons jamaisd’une paix sereine.

D’après ma façon de voir, lameilleure définition de la paixfût donnée par la Carte de laTerre en affirmant : « la paixc’est la plénitude qui résultedes relations correctes avecsoi-même, avec d’autres per-

sonnes, d’autres cultures,d’autres formes de vie, avec laTerre et avec le Tout dont nousfaisons partie » (n.16, f). Ici ilest clair que la paix n’existepas d’elle-même. Elle est le ré-sultat de relations correctesavec les différentes réalités quinous entourent. Sans ces rela-tions correctes (ceci c’es la jus-tice) jamais nous ne profite-rons de la paix.

Pour moi il est évident quedans le cadre actuel d’une so-ciété productiviste, consomma-trice, compétitive et non co-opérative, indifférente etégoïste, mondialement globali-sée, il ne peut pas y avoir depaix. Tout au plus un peu depacification. Nous devonscréer politiquement un autretype de société, qui soit basédans des relations justes entretous, avec la nature, avec laMère Terre et avec le Tout (lemystère du monde) auquelnous appartenons. Alors, fleu-rira la paix que la traditionéthique a défini comme

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BRUNO
Note
la paix est l’entité créée à partir de relations respectueuses envers soi-même, avec les autres, avec d’autres cultures et d’autres formes de vie, avec la Terre et l’ensemble de l’univers dont nous faisons tous partie.( TEXTE ORIGINAL DE LA CHARTE)
BRUNO
Note
charte
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« l’œuvre de la justice » (opusjusticiae, pax).9

L’inégalité économique ex-trême et le séquestre des pro-cessus démocratiques de la partdes élites économiques sont in-terdépendants. Le manque decontrôle dans les institutionspolitiques produit leur affaiblis-sement, et les gouvernementssont de façon accablante au ser-vice des élites économiquesmondiales, au détriment de lacitoyenneté ordinaire. Mais l’in-égalité extrême n’est pas inévi-table, ce n’est pas quelquechose que la nature produit, etpar conséquent cela peut et doitchanger le plus tôt possiblepour que la paix soit possible.

4. Le dialogue interre-ligieux est essentiel dans le chemin vers la paix

Le moine bouddhiste viet-namien Thich Nhat Hanh, acti-

9Boff, Leonardo (12/06/2016).“Paix : un bien rare et toujours dé-siré”. Servicios Koinonía.Cf : https://lstu.fr/paxB

viste pour la paix, résume exem-plairement les enseignementsdes religions sur la paix etmarque le chemin à suivre :

Conscient de la souffrancecausée par la destruction de lavie, je fais le vœu de cultiverla compassion et d’apprendredes manières de protéger la viedes personnes, animaux,plantes et minéraux. Je suisrésolu à ne pas tuer, à ne paslaisser que d’autres tuent et àne tolérer aucun acte morteldans le monde, aussi bien dansla pensée que dans ma façonde vivre.10

Les évangiles chrétiens eux-mêmes appellent “règle d’or”une maxime dans laquelle Jésusrésume “toute la Loi et les Pro-phètes”, qui dit : « traitez autruicomme vous aimeriez qu’ilsvous traitent ». Il se trouve quecette maxime de vie est pré-sente dans pratiquement toutesles religions majoritaires. Ce se-rait le meilleur point de départ

10Nhat Hanh, Thich (1996). Boudhavivant, Christ vivant. Barcelona :Kairós, p. 89.

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dans le dialogue entre les reli-gions.

Le Pape François, dans sonvoyage au Kenya, souligna quele dialogue interreligieux « n’estpas un luxe » pour la construc-tion :

« Chers amis : je vous remer-cie de votre présence ce matinet de l’opportunité de partageravec vous ces moments de ré-flexion. Je souhaite remercier,de façon particulière Monsei-gneur Kairo, Archevêque deWabukala, et le professeur El-Busaidy pour les paroles debienvenue qu’ils m’ont adres-sées en votre nom et en celuide vos communautés respec-tives.

À chaque fois que je rends vi-site aux fidèles catholiquesd’une église locale, je consi-dère important de pouvoir meréunir avec les leadersd’autres communautés chré-tiennes et traditions reli-gieuses.

J’espère que ce temps que nouspassons ensemble soit un signede l’estime qu’a l’Eglise pourceux qui suivent toutes les re-

ligions et qu’il consolide lesliens d’amitié qui déjà nousunissent.

En réalité, notre relation nousimpose défis et interrogations.Cependant, le dialogue œcu-ménique et interreligieux n’estpas un luxe. Ce n’est pasquelque chose d’ajouté oud’optionnel, mais de fonda-mental ; quelque chose dontnotre monde, blessé par lesconflits et les divisions, a be-soin de plus.

En effet, nos croyances et pra-tiques religieuses influent surnotre façon de comprendrenotre propre être et le mondequi nous entoure. Elles sontpour nous une fontaine de lu-mière, de sagesse et de solida-rité, qui enrichissent les socié-tés dans lesquelles nous vi-vons.

En prenant soin de la croyancespirituelle de nos communau-tés, au moyen de la formationde l’intelligence et du cœurdans les vérités et les valeursque gardent nos traditions re-ligieuses, nous devenons unebénédiction pour les commu-

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nautés dans lesquelles viventnos peuples […] ».11

On croit généralement quela paix est seulement une com-posante émotionnelle et spiri-tuelle des religions, mais cen’est pas ainsi. Le texte qui suitnous montre comment les reli-gions ont une importance fon-damentale dans la régulationdes comportements collectifs :

Le souhait de paix est unecomposante très importantedans la dimension spirituelleet émotionnelle de toutes lestraditions religieuses, et nousle trouvons ainsi dans le dhya-na hindouiste et bouddhiste oudans l’ascétisme chrétien, danslesquels, à travers le yoga oula méditation, on essaie d’at-teindre la paix intérieure. Demême, les mouvements mys-tiques de toutes les religionsprétendent – moyennantl’union avec le cosmos et/oul’être suprême, dans certainscas, à travers l’acceptation de

11Mora, Sergio (26/11/2015). “LePape au Kenya : Le dialogue inter-religieux n’est pas un luxe, il estfondamental”. Zenit.Cf. : https://lstu.fr/Keny

l’expérience ordinaire avec joieet sérénité, dans d’autres –atteindre la paix avec une pro-jection collective. Dans unautre ordre, la mendicité,comme pratique religieuse(ordres chrétiens mendiants,sangha ou moines jaïnistes,etc.), prend son fondementdans la charité et la solidaritéentre les différentes strates so-ciales de la communauté reli-gieuse.

A première vue, la finalité es-sentielle des religions est desatisfaire les aspects spirituelsde l’individu, cependant il estaussi consubstantiel aux reli-gions de réguler les comporte-ments collectifs, c’est-à-direles relations des membres dugroupe, entre eux et avec leurentourage ; par conséquentl’une des missions des reli-gions est de régler les conflitsqui peuvent surgir entre lesuns et les autres. Il est vraiqu’à certains moments les ins-titutions religieuses n’ont pashésité à justifier et même fo-menter, la résolution violentedes conflits, mais avec lamême normalité nous trou-

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vons ces mêmes institutions,créant et appliquant des mé-canismes de résolution paci-fique des conflits.12

Dans l’actualité nous assis-tons à une utilisation croissantede la religion pour justifier laviolence. Des groupes extré-mistes utilisent la religion, mê-lée de haine, pour perpétrer desattentats sans discriminationqui ont comme victimes despersonnes innocentes. Nous of-frons à continuation quelquestextes de réactions face aux at-tentats de Paris, qui peuventéclairer notre réflexion :

En parlant de monstres je mesouviens d’un célèbre tableaude Goya : “le rêve de la raisonproduit des monstres”. Cesmonstres du 13N n’auront-ils été produits, en partietout au moins, par le rêvede notre raison écono-

12Molina Rueda, Beatriz ; Cano Pé-rez, M.ª José ; Rojas Ruiz, Gloria(2004). “Cultures, Religions etPaix”. En : Muñoz, Francisco A.;Molina Rueda, Beatriz (eds.). Ma-nual de Paz y Conflictos. Grana-da : Universidad de Granada, pp.106-107. Cf : https://lstu.fr/CReP

mique ? Avec la raison du bé-néfice maximum, du moindresalaire, de notre monstrueuse“réforme” du travail, des re-traites de trois millions pourles banquiers, du saccage dutiers monde, du luxe, du gâ-chis et de l’ostentation, commemoteurs de l’économie, le cu-mul du pétrole et de l’arme-ment chaque fois plus grand,pour défendre tout cedésordre ?… Est-ce que ceux-cisont nos vraies valeurs ou lesautres, auxquels nous faisonsappel pour nous justifier ? Ilne faut pas oublier que, dansl’histoire, quand les choses sesont tordues et n’ont pas étéredressées à temps, elle ont finipar mener à des situations in-solubles, ou dont la solution nepeut venir que d’un change-ment radical de cap, que l’onne peut faire que petit à petit[…].

Ce “désordre établi” (Emma-nuel Mounier) ou ce “péchéstructurel” de notre monde dé-veloppé, dont nous jouissons etque d’autres subissent, ne se-rait-ce l’un des géniteurs deces monstres-là et peut-être

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Note
vous proposons ensuite ? OU" VOICI QUELQUES TEXTES DE REACATIONS "
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d’autres ? Car quand la hainerejoint la religion, celle-ci secorrompt, la haine devientpuissante, et on voit s’accom-plir le vieux refrain latin : “lacorruption du meilleur est leplus détestable”. Pour cela,étant donné que le nom deDieu peut être infiniment ma-nipulé, il est nécessaire de ré-cupérer ce que José A. Marinaécrivit autrefois : l’éthiquenait des religions, mais ensuiteelle doit critiquer sa mère,pour éviter que quelque chosed’aussi précieux qu’est la fidé-lité, soit confondu avecquelque chose d’aussi mons-trueux que le fanatisme (JoséIgnacio González Faus sj, teó-logo)13

Que brûlent les bougies dansles rues de Paris en mémoirede tous les morts et pour laconsolation des vivants. Que

13González Faus, José Ignacio(15/11/2015). “Ces monstres du 13novembre, n’auraient-ils pas étéproduits par le rêve de notre raisonéconomique ?”. Religión Digital.Información religiosa de España ydel mundo.Cf. : https://lstu.fr/m13N

monte la prière pieuse. Maissouvenons-nous de tous lesmorts, aussi de ceux de Raqqa,et n’oublions pas l’histoire. Lesattentats que nous subissons ettout ce qui se passe au Moyen-Orient n’est-il pas le reflet dumonde que, nous, pouvoirs oc-cidentaux avons contribué àconstruire ou continuonsd’être décidés à détruire ? Ré-fléchissons à l’Afghanistan,l’Iran, l’Irak, la Lybie,l’Egypte, la Syrie… Et la Pales-tine, la souffrante Palestine.Réfléchissons aux cent der-nières années d’invasion et despoliation des pouvoirs occi-dentaux au Moyen-Orient, àtous ces renversements de gou-vernements légitimes, quandla démocratie ne servait pasnos intérêts, à toute cette col-laboration avec les régimes lesplus corrompus et dictato-riaux, quand cela convenait ànos intérêts.

Devant les morts de Pariset devant les larmes des vi-vants, continuons à nousquestionner : Qui créa, f-nança et entraîna Al Qaï-da pour combattre la Rus-

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Texte surligné
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Texte surligné
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Texte surligné
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sie ? Et qui conçut et conti-nue à appuyer dansl’ombre l’Etat Islamiquepour déstabiliser tout leMoyen-Orient et tirer da-vantage de proft ? Est-ce-que ne s’assoient pas, auG20 des grands de cemonde, quelques gouverne-ments amis de pays, ArabieSaoudite en tête, dans les-quels trouvent soutienidéologique et fnancier lesdjihadistes qui nous com-battent et que nous disonscombattre ? Est-ce que lesintérêts de l’Etat Islamiquene coïncident pas étrange-ment avec ceux du pouvoirfnancier du monde occi-dental, auxquels sont sou-mis presque tous les mé-dias qui nous mentent ? Ilsne nous laissent pas respi-rer. (José Arregui, teólogo)14

Je me demande :

Est-ce qu’une guerre peut finiravec le terrorisme internatio-nal ? Non, n’est-ce pas ?

14Arregi, José (17/11/2015). “Devantle massacre de París” El blog de Jo-sé Arregi. Cf. : https://lstu.fr/amPa

Est-ce qu’un bombardier peutlâcher ses bombes sur une villesans que des innocentsmeurent ? Non, n’est-ce pas ?

Est-ce qu’une guerre peut ré-soudre un problème sans encréer d’autres beaucoup plusgrave ? Non, n’est-ce pas ?

Peut-on faire une guerre enfonction d’intérêts électoraux ?Oui, n’est-ce pas ?

Peut-on faire une guerre enfonction d’intérêts écono-miques ? Oui, n’est-ce pas ?

Est-ce que la guerre en Syriepeut réduire nos libertés jus-qu’à des limites que nousavions laissées derrière avec ladictature ? N’est-ce pas qu’ellele peut ?

Est-ce que la guerre en Syriepeut condamner à mort lesémigrants subsahariens, quicherchent une espérance enEurope ? Tout le monde saitque c’est ce qui arrivera,même si tout le monde faitsemblant de l’ignorer.

Et une dernière question :

Pourquoi bombarde-t-on laSyrie, alors que l’Etat Isla-

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Texte surligné
BRUNO
Texte surligné
faut il laisser en gras?
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Note
théologien
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mique est en France, en Bel-gique, en Espagne… ? (Santia-go Agrelo, Evêque de Tánger)15

Face à ceci, que pouvons-nous faire ? Nous laisser in-fluencer par la peur et lahaine ?, peut-être par le désir devengeance ? Où est la racine dufanatisme religieux ? Quelles ré-ponses donner à ce type de vio-lence extrême ? Réagir contrenos concitoyens et voisinscroyants d’autres religions ?

Tenons compte du fait quedepuis de nombreuses années,en Europe, nous cohabitonscomme personnes de différentesreligions. Nous vivons dans unesociété religieusement plurielle,dans laquelle parler de religionn’a pas de sens, en faisant réfé-rence à une seule religion. Affir-mer que la religion est violente,machiste, dogmatique, alié-nante ou libératrice est très ris-qué, parce qu’il y a des religionssi diverses même à l’intérieurd’elles-mêmes, qu’il est difficile

15Publié par Santiago Agrelo sur sapage personnelle de Facebook(25/11/2015).

de trouver des éléments com-muns.

Bien que les autorités reli-gieuses, de n’importe quelle re-ligion, veillent sur l’orthodoxie,elles ont toutes beaucoup de di-versité à l’intérieur d’elles-mêmes. À l’intérieur d’unemême religion on peut mainte-nir des positions contradic-toires. Dans chaque religion, il ya des courants révolutionnaireset réactionnaires, il y a dogma-tisme et travail en profondeur, ily a réflexion et émotion.

Avec une telle diversité eninterne, il est extrêmement diffi-cile de dire quelque chosed’exacte sur tout un groupe reli-gieux. Avec des façons de s’ex-primer telles que « Les chré-tiens disent… », « les juifspensent… » ou « les musulmanscroient… », nous courons lerisque de désigner le tout parl’une de ses parties.

A l’intérieur de chaque reli-gion il faut distinguer deuxgroupes : ceux qui comprennentleur foi comme une certitude et,par conséquent estiment que,celui qui ne partage pas cette

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même foi, s’éloigne de la véritéet ceux qui comprennent leurfoi comme une recherche, ou-verts au doute et à se laisser in-terpeler par des personned’autres croyances.

Ainsi, les généralisations nesont pas bonnes, car nousn’avons pas de relations avecles religions, mais avec des per-sonnes concrètes. Que ni labeauté ni la perfidie des reli-gions ne nous aveuglent et nouscachent les personnes ! Commepersonnes, nous sommes libres,les religions ne sont pas descompartiments étanches.

Le dialogue interreligieuxest fondamental pour laconstruction de la paix : le dia-logue qui a lieu entre autoritésreligieuses et le dialogue quenous avons avec les personnesau quotidien, cohabitant dans lerespect mutuel dans une sociétéreligieusement plurielle.

5. Saint François d’As-sise : le chemin de la paix avec toutes les créatures

Il n’y a pas de chemin pourla paix, la Paix c’est le chemin.C’est avec cet esprit que Fran-çois vécut la Paix et il nous lais-sa son témoignage de vie. Fran-çois d’Assise est, pour les Com-pagnons de Saint François, laréférence maximale à suivre surle chemin de la paix, en nousengageant et en travaillant pource qui est juste et bon pourtous, aussi pour la sœur mèreTerre, qui est toute bénédictionet nous maintient et nous nour-rit tous.

L’un des épisodes qui re-monte spontanément à la mé-moire, quand on évoque la fa-cette pacificatrice du “Pauvred’Assise”, c’est sa rencontreavec le sultan Al-Malik-al-Ka-mel. L’épisode apparait racontéquatre fois dans les sourcesfranciscaines (1 Cel 57 ; LM 9,7 ; Actus 27 ; Flor 24). Nous letrouvons aussi deux fois dansles écrits d’un témoin de valeuret que l’on pourrait presquequalifier de témoin oculaire : lecardinal Jacobo de Vitry, quiétait évêque de Saint Jeand’Acre quand François visita le

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Texte surligné
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sultan pendant le siège de Da-mieta en 1219.

Mais nous n’allons pas re-produire ici un chapitre de lavie de François d’Assise suffi-samment connu, sinon une vi-sion actualisée de toute une pé-dagogie de la paix, que le“Pauvre d’Assise” nous laissa :

Il y a toujours eu dans l’hu-manité, spécialement sous lepatriarcat, des conflits de toutordre. La façon prédominantede les résoudre a été et l’esttoujours l’utilisation de la vio-lence, pour soumettre l’autreet le cadrer dans un ordre dé-terminé. C’est le pire des che-mins, car il laisse chez lesvaincus une trace d’amer-tume, d’humiliation et de dé-sir de vengeance. Et ainsi onperpétue la spirale de la vio-lence, qu’aujourd’hui prendspécialement la forme de ter-rorisme, expression de la ven-geance des humiliés. Cette fa-çon sera-t-elle la seule pourque les êtres humains ré-solvent leurs disputes ?

Il y eut quelqu’un qui seconsidérait “un fou de Dieu”

(pazzus Dei), François d’As-sise, qui pourrait être aussil’actuel François de Rome, quichercha un autre chemin. Lechemin précédent était celuide gagne-perd. Ce dernier, legagne-gagne, vide les bases dudiscours belliqueux. Prenonsdes exemples dans la pratiquede François d’Assise. Son saluthabituel était de souhaiter àtous : « paix et bien ». Il de-mandait à ses suiveurs : « Ce-lui qui s’approche, soit ami ouennemi, voleur ou bandit, re-cevez-le avec bonté » (Reglano bulada, 7).

Considérons la stratégie deFrançois face à la violence.[…] Cette stratégie de renon-ciation à la violence apparaitclairement dans la légende duloup de Gubbio qui attaquaitla population de la petite ville.Une fois de plus on évite laschématisation, d’un côté le“loup énorme, terrible et fé-roce” et de l’autre, le village,mort de peur et armé. Se fontface deux acteurs dontl’unique relation est la vio-lence et la destruction mu-tuelle. La stratégie de François

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Texte surligné
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Note
premiere regle 7
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n’est pas de chercher une trêveou un équilibre de forces ré-gies par la peur. Il ne prendparti ni pour un côté ni pourl’autre, dans un faux pharisia-nisme : « c’est l’autre qui estmauvais, pas moi, pour cela ildoit être détruit ». Personne nese demande si dans chacun denous se cache un loup mau-vais et en même temps un boncitoyen.

Le chemin de François est cetteunion des contraires et il lesrapproche tous les deux pourqu’il y ait entre eux un pactede paix. Il voit le loup et luidit : « frère loup, tu es unmauvais criminel et tu méritesla pendaison, mais je recon-nais aussi que c’est la faimqui te fait faire tant de mal.Nous allons faire un pacte : lapopulation va te nourrir et tucesseras de les menacer ». En-suite il s’adresse à la popula-tion et prêche : « tournez-vousvers Dieu, cesser de pêcher.Procurez nourriture suffisanteau loup et le Seigneur vous dé-livrera des châtiments éternelset du mauvais loup ».

La légende dit que la petiteville changea ses habitudes,décida de nourrir le loup et ce-lui-ci se promenait au milieud’eux, comme s’il était un sagecitoyen. […]

Le fait est que la paix obtenuene fût pas la victoire de l’unedes parties, mais le dépasse-ment des côtés et des partis.Chacun céda, ne vérifia pas legagne-gagne et la paix fût ir-ruption, paix qui est fruitd’une construction collectiveentre les citoyens et le loup.

En conclusion : François ne sti-mula pas les contradictions etne remua pas la dimensionsombre dans laquelle pousse lahaine. Il confia dans la capaci-té humanisante de la bonté,du dialogue et de la confiancemutuelle. Il ne fût pas naïf. Ilsavait que nous vivons dans le“regio dissimilitudinis”, dansle monde des inégalités (Fio-retti, c. 37). Mais il ne se rési-gna pas à cette situation déca-dente. Il avait l’intuitionqu’au-delà de l’amertume, ilexistait au plus profond dechaque créature une bonté

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ignorée qu’il fallait rescaper.Et il en fût ainsi.

Un jour viendra où les êtreshumains assumeront l’intelli-gence cordiale et spirituelle,dont la base biologique fûtidentifiée par les nouveauxneurologues, qui complète laraison intellectuelle, qui diviseet atomise. Nous aurons alorsinauguré le règne de la paix etde la concorde. Le loup conti-nuera d’être un loup, mais ilne menacera personne. »16

La sage pédagogie de Fran-çois consista dans la découvertede la capacité humanisante dela bonté, du dialogue et laconfiance mutuelle, cherchant,non pas la victoire de l’une desparties, mais le bénéfice desdeux côtés.

16Boff, Leonardo (28/092015). “Uneautre façon de résoudre lesconflits”. Servicios Koinonía.Cf. : https://lstu.fr/rsCf

6. À partir de la paix intérieure on chemine vers une culture de la paix. À partir d’une culture de paix on construit la paix inté-rieure. Quelques conclusions

Nous commencerons parnous demander qu’est-cequ’une culture de la paix ? Ehbien, nous comprenons uneculture de la paix comme un en-semble de valeurs, d’attitudes etcomportements qui reflètent lerespect de la vie, de l’être hu-main et de sa dignité. Ces va-leurs mettent au premier planles droits de l’homme, le rejetde la violence sous toutes cesformes y la promotion et la pra-tique de la non-violence, à tra-vers l’éducation, le dialogue etla coopération solidaire.

La culture de la paix se ma-nifeste dans l’adhésion auxprincipes de liberté, justice, éga-lité, solidarité et respect, ainsique dans la compréhensionentre les peuples, les collectifset les personnes. De même elle

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comprend les efforts pour laprotection de l’environnementpour les générations présente etfutures ; le respect et le dévelop-pement de l’égalité des droits etopportunités des femmes et deshommes ; le respect et le déve-loppement du droit de toutesles personnes à la liberté d’ex-pression, d’opinion et, le plusimportant, à une informationvéridique.

La construction d’uneculture de la paix est un proces-sus lent qui suppose un change-ment de mentalité individuelleet collective. Dans ce change-ment de mentalité l’éducation aun rôle important dans la me-sure où elle influe sur laconstruction des valeurs des en-fants, permettant une évolutionpositive de la pensée sociale.Les changements évolutifs,même s’ils sont lents, sont ceuxqui revêtent un caractère plusirréversible et, dans ce sens,l’éducation aide à construire denouvelles façons de penser.Mais l’éducation formelle n’estpas suffisante pour que ceschangements se fassent en pro-fondeur. La société, depuis les

différents milieux impliqués etdepuis leur capacité éducatrice,doit aussi appuyer et participerdans tous les projets et pro-grammes éducatifs.

Dans la construction d’uneculture de la paix, commemembres du mouvement CDSF,que pouvons-nous faire chacund’entre nous ? Et que devrionsnous faire comme CDSF ?C’est-à-dire que nous devonsdécouvrir comment marcher surle chemin de la paix. Nous pro-posons pour cela :

1. Voir clairement et clari-fier que la guerre n’est pas unchemin pour la paix. « L’huma-nité a aujourd’hui la culture etl’expérience suffisantes pour re-fuser l’idée que la paix doit êtreimposée par les guerres. La paixpeut et doit être un objectifconscient de l’intelligence et lasolidarité humaines »17.

2. Faire attention aux mes-sages des médias de masse.

17Yepe, Manuel (25/02/2015). “Lapaix comme objectif de l’intelli-gence”. Blog de Manuel Yepe –Opiniones desde Cuba.Cf : https://lstu.fr/PXin

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Texte surligné
BRUNO
Texte surligné
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Texte surligné
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Texte surligné
devrions-nous
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Note
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Quelquefois leurs messagesnous désorientent dans le che-min de la paix. Eduardo Galea-no dit : « Les guerres invoquenttoujours des motifs nobles,tuent au nom de la paix et aunom de Dieu, au nom de la civi-lisation, au nom du progrès, aunom de la démocratie. Et si onavait des doutes et ces men-songes n’y suffisaient pas, voiciles grands médias disposés à in-venter des ennemis imaginairespour justifier la conversion dumonde en un grand asile d’alié-nés et en un immense abat-toir »18.

3. Rendre visible, valoriseret souligner l’action des femmesconstructrices de la paix. Ellessont présentes dans nos sociétéset nous tracent des cheminsavec leurs vies et leurs luttes.Chema Caballero, journalistespécialiste de l’Afrique, dit :« L’activisme de ces femmes fûtdécisif pour mettre fin au longconflit libérien et Laymah Gbo-wee fût récompensée par sonleadership et son courage avec

18Voir note 4.

le Prix Nobel de la Paix en2011 »19.

4. Travailler pour l’élimina-tion de l’inégalité et de l’injus-tice est un bon chemin pour lapaix. L’inégalité extrême n’estpas inévitable et est une énormeinjustice, et donc, source deconflits. L’inégalité extrêmen’est pas inévitable, ce n’est pasquelque chose que la natureproduit et donc on peut et ondoit la retourner le plus tôt pos-sible, pour que la paix soit pos-sible.

5. Cultiver la paix intérieureen gardant une attitude positiveenvers nous-mêmes et enversautrui, en voyant le bon côtédes choses, en valorisant ce qued’autres personnes font pournous, montrant de la reconnais-sance pour ce qui nous fait sen-tir bien et affrontant la vie aveccourage et confiance, avec durespect envers nous et enversles autres.

6. Développer les relationsinterpersonnelles et éviter l’in-dividualisme. Le chemin de lapaix sera collectif ou ne sera

19Voir note 7.

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Note
fait NOUs SENTIR bien ?
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pas. Le chemin de la paix est unprocessus mixte de création deconscience individuelle et so-ciale. En même temps que l’oncultive la conscience indivi-duelle on doit mener des trans-formations dans les structuressociales, économiques, poli-tiques et culturelles pour avan-cer dans la construction de lapaix.

7. Dénoncer l’utilisation desreligions comme justificatif dela violence, comme nous l’avonsvu lors des attentats de Paris en2015 et, plus récemment, lors del’attentat à Ouagadougou (Bur-kina Faso), et développer le dia-logue interreligieux. Nous nepouvons pas nous laisser em-porter par la haine entre les reli-gions.

8. Développer le dialoguepour la résolution de conflits estun bon chemin pour la paix.C’est-à-dire, chercher le biendes deux parties confrontées. Iln’est pas nécessaire qu’il y aitdes vainqueurs et des vaincus.Leonardo Boff dit : « Le faitc’est que la paix atteinte ne fûtla victoire de l’une des parties,mais le dépassement des côtés

et des parties. Chacun céda, onvérifia le gagne-gagne et la paixéclata, non par elle-même, maiscomme fruit d’une constructioncollective entre les citoyens et leloup »20.

9. Promouvoir l’éducationcomme l’un des chemins fonda-mentaux pour édifier uneculture de la paix. Parents,maîtres, politiques, journalistes,organes et groupes religieux, in-tellectuels, ont une fonction clédans la promotion d’une culturede paix, ainsi que ceux qui réa-lisent des activités scientifiques,philosophiques, créatives et ar-tistiques, les travailleurs de lasanté et des activités humani-taires, les travailleurs sociaux,ceux qui exercent des fonctionsdirectives à différents niveaux,ainsi comme les organisationsnon gouvernementales (ONG’s).

10. Ne pas rester indiffé-rents face au drame des émi-grants et des réfugiés. Dans unmonde où les conflits arméssont en train de provoquer desmillions de réfugiés, commentpouvons-nous approcher les

20Voir note 16.

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BRUNO
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le fait,
BRUNO
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gagnant gagnant?????
BRUNO
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de direction???
BRUNO
Note
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personnes pour lesquelles il n’ya pas de paix ?, comment pou-vons-nous être particulièrementattentifs aux réfugiés et aux mi-grants ?, comment pouvons-nous discerner les situationsd’injustice et donner protectionaux personnes les plus vulné-rables ?

Pour terminer, nous finironsavec une “perle” de la sagessede Pepe Mújica, qui nous inviteà lutter sur d’autres chemins…ceux de la paix :

[…] face à la culture de laguerre en ce moment de la ci-vilisation, je considère quel’homme, tant qu’il a besoinde la guerre, continue à vivredans la préhistoire et que l’ex-plosion technologique de cetemps transforme le recours“guerre” en une condamnationsans miséricorde des plusfaibles, qui directement ou in-directement finissent par enpayer le prix fort.

Il faut commencer à chasserde notre conscience l’usage dela guerre, ce qui ne signifiepas devenir des moutons oudes béats. […] Il faut lutter par

d’autres chemins et ilsexistent !… et apparaissent.21

(Pepe Mújica, ex président del’Uruguay, interviewé parRandy Alonso Falcón,30/01/2016)

Pedro Sanz, Espagne,Valladolid, 6 février 2016

21Interview de Randy AlonsoFalcón à Pepe Mujica(30/01/2016) : “Pepe Mujica : ‘Lesseuls vaincus sont ceux quibaissent les bras, ceux qui cessentde lutter’” Cuba Debate. La gaucheen Amérique Latine.Cf. : https://lstu.fr/bssB

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NDLR : les liens Internet com-mençant par « lstu » sont des liensraccourcis, qui amènent au site vou-lu, sans avoir à taper de longueslignes de caractères.

Nota : deux liens n’ont pu êtreraccourcis.

NB : les références indiquéesrenvoient vers les sources du docu-ment original en langue espagnole.Nous n’avons pas trouvé d’équiva-lents français, et il est à soulignerque dans le cas de ZENIT, les ar-ticles ne sont pas des traductions,mais sont écrits par des journalistesde chaque langue.

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