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Philippe Bruneau Lampes corinthiennes, II In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 101, livraison 1, 1977. pp. 249-295. Citer ce document / Cite this document : Bruneau Philippe. Lampes corinthiennes, II. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 101, livraison 1, 1977. pp. 249- 295. doi : 10.3406/bch.1977.2024 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1977_num_101_1_2024

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  • Philippe Bruneau

    Lampes corinthiennes, IIIn: Bulletin de correspondance hellnique. Volume 101, livraison 1, 1977. pp. 249-295.

    Citer ce document / Cite this document :

    Bruneau Philippe. Lampes corinthiennes, II. In: Bulletin de correspondance hellnique. Volume 101, livraison 1, 1977. pp. 249-295.

    doi : 10.3406/bch.1977.2024

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1977_num_101_1_2024

  • LAMPES CORINTHIENNES (II)

    Les pages que l'on va parcourir font suite un article intitul Lampes corinthiennes (cit dsormais L. cor. I ), paru dans le BCH de 19711, o j'ai publi cinquante-quatre lampes corinthiennes des 11e et 111e sicles de notre re et deux imitations qui en ont t produites hors de Corinthe (nos 1 56). Je prsente ici vingt-sept autres lampes et deux imitations que j'ai rcoltes dans diffrents muses, en Grce et hors de Grce (57 85). Cette chasse obstine aux lampes corinthiennes peut sembler quelque peu futile et doit tre justifie. D'une faon gnrale, l'ambition, constante chez les antiqui-

    sants, de constituer des corpus exhaustifs s'explique aisment par la disparition d'un si grand nombre d'objets antiques qu'elle oblige traquer le moindre individu si l'on veut pouvoir raisonner sur des populations statistiquement suffisantes (alors que les modernistes, au contraire, submergs par l'information, doivent accepter de raisonner sur des corpus tacites ), et il n'est gure douteux qu'en bien des domaines, c'est de la comptabilisation que nous pouvons attendre des rsultats nouveaux ou mieux assurs.

    Dans le cas particulier des lampes corinthiennes, le corpus existant parat encore d'autant plus lacunaire que son mode d'exploitation en est plus immdiatement clair. En effet, la vise, d'une part, est explicite : alors que l'archologie rassemble souvent par principe des monuments dont l'utilisation documentaire n'est pas d'emble vidente, il s'agit ici d'tudier un ensemble chronologiquement et gographiquement homogne dont l'intrt est considrable, tant du point de vue iconographique (cf. ci-dessous, passim) que technologique, conomique et sociologique, parce qu'il nous est donn de saisir de nombreux ateliers, leurs ventuelles spcificits, leurs rapports mutuels (79 b et 80 b), certains de leurs modes de fabrication, l'aire de leurs exportations (74 c) et, travers leurs produits, le public qui s'en portait acqureur (59 c)2. Mais, d'autre part, le recensement est encore insuffisant : bien que nous disposions d'un fichier de 879 lampes corinthiennes et imitations (y compris 107 lampes signes de Preimos dont on sait qu'il se range la fois parmi les fabricants corinthiens et les

    (1) Ph. Bruneau, BCH, 95 (1971), pp. 437-501. Depuis lors la bibliographie du sujet ne semble pas s'tre sensiblement enrichie; l'tude de K. S. Garnett, Hesperia, 44 (1975), pp. 173-206, concerne les lampes corinthiennes des ve et vie sicles.

    (2) J'avais dj soulign plusieurs de ces points dans L. cor. I , pp. 439-441.

  • 250 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    fabricants attiques)3, j'ai eu tort d'crire en 1971 que la population recense sufft fournir un facis que les dpouillements et dcouvertes ultrieurs ne devraient plus considrablement modifier4, car ce n'est vrai qu'en gros; si, en effet, dans bien des cas, le caractre rptitif du matriel archologique permet de se contenter d'une population assez rduite, la production des lampes corinthiennes prsente des particularits qui obligent des investigations plus amples : les fabricants ont t nombreux (j'en connais actuellement soixante-huit), ils ont trait des thmes parfois trs rares (cf. 46 b) et, bien qu'il s'agt d'objets mouls, n'ont souvent tir du mme sujet qu'un tout petit nombre d'exemplaires. Aussi une nouvelle lampe, mme d'apparence banale, apporte-t-elle frquemment une ou plusieurs informations prcieuses :

    nom d'un fabricant nouveau (par exemple 62 a, 66 a) ; mise en vidence de rapports entre ateliers, comme l'apparition chez l'un d'eux

    d'un sujet qui n'tait connu encore que chez un autre (79 b) ; confirmation de rapports numriques (74 c) ; sujet jusque-l non reprsent dans le rpertoire des lampes corinthiennes

    (70 a); identification d'un sujet encore incompris (84 b); signification de certains choix iconographiques (59 c) ; confirmation d'hypothses antrieures (28 add. a; 57 a) ;

    et mme chaque nouvelle lampe rayons (62, 66, etc.) permet de mieux apprcier la place de ce type banal dans l'ensemble de la production corinthienne.

    S'agissant d'un matriel comme le ntre dont l'identification est assure et la problmatique dj suffisamment labore, les difficults thoriques que soulvent la constitution et l'exploitation des banques de donnes sont presque effaces5 et l'on rve d'un monde archologique o chaque dcouverte serait immdiatement signale, o chaque lampe, chaque fragment serait disponible sans excessive perte de temps ni longues dmarches. Que d'heures et de papier gagns si la totalit des lampes corinthiennes aujourd'hui exhumes pouvait tre traite d'ensemble, quantifie en bloc. Ce rve est lgitime s'il est vrai que l'utopie aide vivre et fournit parfois les modles du monde de demain, mais on comprendra, pour le prsent, mon empressement rsign, si drisoires soient-elles, poursuivre sur un matriel qui mrite bien, pour l'poque impriale, l'intrt que d'autres portent avec quelque excs la peinture de vase archaque et classique ces publications au compte-gouttes . Encore ne sont-elles possibles que grce la gnrosit et l'aide de nombreux collgues qui voudront bien trouver ici l'expression de ma gratitude6.

    (3) Ce fichier, tabli par Mlle J. Kuntz (cf. L. cor. I , p. 438), a t tenu jour depuis 1971. C'est lui que je me rfre chaque fois que j'avance des chiffres dans les pages qui suivent.

    (4) L. cor. I , p. 438. (5) J'ai indiqu les difficults qui m'apparaissent dans BCH, 100 (1976), pp. 121-126. (6) Mes remerciements vont MM. Kallipolitis (lampe du Pire), Williams (Corinthe), Kritsas (Argos),

    Mmes Dlaki-Protonotariou (Nauplie), Konstantinou et de Sik (Delphes), MM. Tsirivakos (Mytilne), L. Bnakis et Kalligas (lampes de la collection Bnakis), Alain Pasquier (Louvre), Borger et Mme Gahn (Cologne) et les conservateurs des Muses de Bologne et Allard Pierson d'Amsterdam.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 251

    Conventions et abrviations Je conserve les conventions et abrviations indiques dans L. cor. I , pp. 446-447. Je rappelle ici les

    plus importantes : Description. Toutes les dimensions s'entendent en centimtres : H. = hauteur. D. = diamtre (non compris le bec

    et l'anse). L'absence d'indication de lieu de trouvaille signifie que la provenance est inconnue. Dates. Les dates s'entendent ap. J.-G. (sur les raisons pour lesquelles je ne propose pas une date prcise de

    chaque lampe, cf. L. cor. I , p. 445). Abrviations bibliographiques. Agora : J. Perlzweig, The Athenian Agora, VII, Lamps of the Roman Period (1961). Argos : A. Bovon, tudes ploponnsiennes, V, Lampes d'Argos (1966). Br. Mus. : H. B. Walters, Catalogue of the Greek and Roman Lamps in the British Museum (1914) Corinth : O. Broneer, Corinth, IV 2, Terracotta Lamps (1930). Dlos : Ph. Bruneau, Exploration archologique de Dlos, XXVI, Les lampes (1965). - Siebert : G. Siebert, Lampes corinthiennes et imitations au Muse National d'Athnes , BCH,

    90 (1966), pp. 472-513. L. cor. I : Ph. Bruneau, Lampes corinthiennes, BCH, 95 (1971), pp. 437-501. Rfrences internes. Les rfrences sont faites non la pagination de L. cor. I et du prsent article, mais aux numros de

    publication des lampes (1 56 pour L. cor. I et 57 85 ici-mme) suivi d'une lettre minuscule indiquant la partie incrimine du commentaire.

    La mention add. renvoie aux addenda prsents ci-dessous.

    ADDENDA ET CORRIGENDA L. COR. I

    Avant de prsenter de nouvelles lampes, j'apporte quelques complments ma publication de 1971.

    4. Rayons (gine). Signature : j'ai eu tort d'tre hsitant sur la lecture. On lit bien coo[jiivou (plutt, comme

    me l'a fait observer J. Bousquet, que Zocofjtivoo qui ne serait d'ailleurs pas correct).

    17 et 28. Scne de sacrifice ( ?) (Delphes). Identification du sujet et parallles : il m'avait chapp que la mme image apparat sur

    une lampe provenant de Chypre et non signe qui est conserve au Victoria and Albert Museum de Londres. D. M. Bailey, qui l'a publie, l'interprte comme Thse et le Minotaure7. A tort, selon moi, car il s'agit srement d'un animal et non d'un monstre mi-humain et mi-animal. D. M. Bailey m'crit qu'il doit s'agir d'une imitation d'une lampe corinthienne excute Chypre par un potier local, ce qui est d'autant plus probable que de telles imitations chypriotes sont dj attestes8, et ajoute qu'un fragment semblable a t trouv Sidi Khrebish Benghazi (sur les imitations, cf. 76 b).

    (7) D. M. Bailey, Lamps in the Victoria and Albert Museum , OpAth., 6 (1965), p. 52, n 161. (8) Cf. L. cor. I , p. 445 et n. 31. Ce peut tre aussi le cas de trois lampes de Nicosie publies par

    Th. Oziol, Salamine de Chypre, VII, Les lampes du Muse de Chypre (1977), nos 622-624.

  • 252 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    20. Chevreau (Delphes).

    Lampes corinthiennes et reliefs pittoresques : relevant des analogies entre certaines de nos lampes et la srie dite aussi traditionnellement qu'inadquatement reliefs pittoresques , j'aurais d citer une lampe de Berlin signe de 27tc[(navoj] connue depuis 1852 : Pan est assis sur un rocher, ct d'un arbre o s'appuie un bouc dress et entre les branches duquel parat le buste d'un personnage fminin gnralement interprt comme cho9.

    23. Dionysos et la panthre (Delphes).

    a) provenance : l'hron du sarcophage de Mlagre, que j'ai dsign plus brivement comme Ncropole Est et d'o proviennent cinq lampes corinthiennes de Delphes, a t rcemment rtudi par M. -A. Zagdoun10.

    b) modification du dcor : aux indications concernant les seules lampes corinthiennes que j'avais donnes en 1971, il convient d'ajouter que de. telles rlaborations du dcor sont observables dans d'autres catgories de lampes d'poque impriale, comme l'avait montr jadis Fr. Fremersdorf : d'un disque deux personnages, par exemple deux gladiateurs, on tire, par un nouveau cadrage, un disque un seul personnage isol du groupe originel11. Cf. 60 b, 63 b, 72 c, 79 b.

    28. Scne de sacrifice ( ?) (Delphes).

    a) signature : les deux premires lettres semblent tre et P; la signature est ensuite illisible sur une longueur de 1,2 cm; viennent enfin 2IIOC. Peut-tre p 'agit-il donc de la signature nPEIMINOC (cf. 63 a).

    b) iconographie : cf. ci-dessus 17 add.

    32. ros enchan? (Delphes) (fig. 1).

    Le commentaire de 1971, o je me contentais de citer, la suite de P. Perdrizet, cinq pigrammes hellnistiques (Anth. Pal., XVI, 195-199), tait insuffisant.

    a) parallle corinthien : la mme image se retrouve probablement sur une lampe du Muse de Split, signe de Loukios, qui a t signale sans tre illustre12.

    b) imagerie d'ros enchan : la suite de P. Perdrizet, j'ai admis qu'il s'agit d'un ros dont les mains sont attaches dans le dos. S'il en est bien ainsi, nos lampes appartiennent une srie de documents trs complexe qui a fait jadis l'objet d'une courte tude de L. Gurtius13 et que je ne reprends que pour l'effleurer.

    (9) G. Hres, Die rm. Bildlampen der Berliner Antiken-Sammlung (1972), p. 78, n 487 avec la bibliographie.

    (10) Cf. M.-A. Zagdoun, FD, IV 6 (1977), pp. 127-132. (11) Fr. Fremersdorf, Rm. Bildlampen (1922), pp. 54-65; cf. pp. 86, 87, 92 et 93. (12) Bull. arch, dalmale, 30 (1907), p. 132, n 835. (13) L. Curtius, Poenitentia , Fesls. fur James Loeb (1930), pp. 53-62.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 253

    ros a parfois le pied enchan14, mais je m'en tiens ici un autre schma, celui de nos lampes : ros ayant les mains lies dans le dos. En voici quelques exemples susceptibles d'clairer la question15.

    STATUETTES. 1. Statuette de marbre blanc de Dlos, A 5430 (fig. 2). H. : 31. Aphrodite demi nue; prs de sa jambe

    gauche, pilier ou arbre ou rocher auquel est adoss un petit garon les mains dans le dos (aucune trace d'ailes). ne-ier sicle av. J.-G. J. Marcad, Au Muse de Dlos (1969), p. 440 et pi. XLV.

    2. Fragment de statuette de marbre blanc de Dlos, A 5109. Seul subsiste un ros dans la mme position que le prcdent. Mme date. J. Marcad, op. cit., p. 440, n 5 et pi. XLVIII.

    3. Statuette du Vatican. ros les mains lies dans le dos ; arc et carquois contre le support de la statue. G. Kaschnitz-Weinberg, Sculpture del Magazzino del Museo Vaticano (1937), p. 168, n 364 et pi. 38 ( = S. Reinach, Rp. Stat. gr. et rom., I, p. 356) avec parallles.

    4. Statuette de Wilton House. ros(?) les mains lies dans le dos. A. Michaelis, Ancient marbles in Great Britain (1882), p. 703, n 146 ( = S. Reinach, op. cit., I, p. 358).

    CRAMIQUE. 5. Assiette de Cals, Louvre, H 255 (flg. 4). D. : 40 ; mdaillon : 5,5. ros assis, les mains semblant

    attaches dans le dos ; derrire lui, dans la partie droite du mdaillon, un arbre sans feuilles ; dans la partie gauche, une espce d'autel. R. Pagenstecher, Die calenische Reliefkeramik (1909), p. 59, n 70 et pi. 9.

    6. Lampe de l'Ermitage provenant de Chypre. ros les mains lies dans le dos prs d'un arbre ; devant lui, base ou autel(?). Compte rendu... St-Ptersbourg, 1877, p. 121 (avec dessin reproduit dans Greek Anthology [Class. Loebl, V, p. 273).

    PIERRES GRAVES. 7. Cornaline, Rritish Museum. ros agenouill, mains lies dans le dos. A. Furtwngler, Anlike Gemmen,

    pi. XVIII, 40. 8. Pierre grave. ros agenouill, mains attaches dans le dos. A. Furtwngler, op. cit., pi. XXX, 32. 9 et 10. Pierres graves. ros accroupi, mains lies dans le dos au pied d'un arbre. A. Furtwngler, op.

    cit., pi. XXVII, 4 et 5. 11. Sardoine. ros assis, mains lies dans le dos, le pied droit pris au pige ; devant lui, vole Psych-pap

    illon. A. Furtwngler, op. cit., pi. LXIV, 60. 12. Pierre grave. ros assis sur un autel ; ses mains, qui portent une torche allume, sont lies dans le

    dos. P. Fossing, The Thorvaldsen Museum, Catalogue of the Antique engraved Gems and Cameos (1929), n 218. 13. Pierre grave. ros assis au pied d'une colonne laquelle ses mains sont attaches ; un autre ros

    tend les bras vers un papillon. A. Furtwngler, op. cit., pi. XXIX, 24. 14. Cornaline perdue. ros assis terre les mains lies dans le dos; devant lui, Nmsis. Caylus, Recueil

    d'antiquits, pi. 81, 2. 15. Amthyste de Florence. ros assis sur un rocher, les mains lies dans le dos ; devant lui, statue

    de Nmsis sur un rocher. L. Curtius, op. cit., p. 59, flg. 9.

    (14) Outre deux statuettes de Florence et de la Galerie Borghse qui sont le point de dpart de l'tude de L. Curtius, op. cit., cf. pour les gemmes, A. Furtwngler, Antike Gemmen, pi. LVII, 9 : G. Sena Chiesa, Gemme del Museo nazionale di Aquileia (1966), n 287 (avec bibliographie). Encore n'est-ce pas la seule autre posture d'ros : sur une lampe volute de Dresde cite par L. Curtius, op. cit., ros est pendu un arbre par ses deux mains lies ; sous lui, une torche embrase : AA, 1889, p. 168.

    (15) L. Curtius. op. cit., et W. R. Paton, The Greek Anthology (Class. Loeb), V, pp. 272-275 (cf. lgendes p. ix) ont rassembl divers documents. Je reprends ceux qui utilisent le schma des mains lies dans le dos en enrichissant la liste.

  • 254 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Fig. 1. Muse de Delphes : ros enchan 32 (chelle 4:5).

    Fig. 3. Cornaline de Gotha (d'aprs A. Furtwngler, Ant. Gemmen, pi. LXI, 62).

  • 1977J LAMPES CORINTHIENNES 255

    Fig. 4. Muse du Louvre, assiette de Cals (inv. H 255).

    Fig. 5. A. Alciati, Emblemata (Paris, 15831, n 110.

  • 256 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    16 et 17. Pierres graves. ros debout les mains lies dans le dos. P. Fossing, op. cit., nos 753 et 754. 18. Pierre grave. ros debout, attach une colonne. P. Fossing, op. cit., n 755. 19. Pierre grave. ros adoss une colonne ou l'enchane Psych-papillon. S. Reinach, Pierres graves

    (1895), p. 41, n 79, 4. 20. Cornaline, Muse de Gotha (fig. 3). ros, les mains lies dans le dos ; un second ros, agenouill ses

    pieds, est en train de l'enchaner; un arbre l'arrire-fond. A. Furtwngler, op. cit., pi. LXI, 62, qui interprte le second ros comme wohl Anteros .

    21. Crtule de Dlos. ros adoss une colonne laquelle un autre ros parat en train de lui attacher les mains. Indite ie.

    Cette liste, si peu exhaustive soit-elle, permet plusieurs remarques :

    ros est reprsent les mains lies dans le dos au moins depuis l'poque hellnistique (ns 1,2, 5 et 21 )17;

    le sujet est particulirement frquent sur les pierres graves (nos 7-21), mais est trait aussi en d'autres techniques in03 1-6) ;

    les postures d'ros sont varies, tantt assis ou accroupi et tantt debout; le schma d'ros aux mains lies est utilis dans des mises en scnes trop multiples

    pour qu'on soit oblig de penser avoir affaire un unique thme18; il est trop vident qu'un mme schma peut servir des thmes diffrents et inversement.

    Or, si l'on admet le plus souvent qu'ros est enchan par Psych (cf. n 19), L. Gurtius a propos d'en faire aussi le prisonnier de Nmsis (cf. nos 14 et 15) et d'interprter ainsi la clbre peinture de la Casa dell'Amore punito (Pompi, VII, 2, 23)19. Mais il a exist un troisime thme : ros est parfois enchan par un autre ros (nos 20 et 21) et l'on songe alors tout naturellement au combat d'ros et d'Antros20 : une reprsentation en est expressment cite par Pausanias dans sa description du Gymnase d'lis (VI, 23, 5 : v tuv TOxXauTTpwv [ ttcoc " sxcov eTtsipyaafxevov xal tov xaXofxsvov 'Avrpcora * yzi Ss [iiv cpoivixo "Epco xXSov, Se cpsXscrOai tov cpovixa 'AvTcpoo) et l'on peut interprter dans le mme sens divers documents figurant le combat des deux ros21.

    (16) Je remercie M.-Fr. Boussac qui je dois connaissance de cette crtule. Sur les crtules de Dlos, cf. G. Siebert, , 99 (1975), p. 721.

    (17) Selon L. Curtius, op. cit., pp. 58-59, notre n 7 driverait d'un original de la premire moiti du ive sicle.

    (18) Ce qui explique l'embarras de certains auteurs : propos des nos 1 et 2, J. Marcad, op. cit., p. 440, parle d'un ros puni , mais ajoute : s'il arrive qu'il se fasse gronder et corriger, il est rare de le voir ainsi, les mains attaches par derrire et en quelque sorte au pilori ; propos du n 5, l\. Pagenstecher, op. cit., p. 59, crit : der Stempel ist undeutlich .

    Aussi bien le schma n'est-il mme pas rserv ros ; il est utilis aussi dans l'imagerie d'Attis : St. Karwiese, Der gefesselte Attis , Fests. Fr. Eichler [OJh, I. Beiheft, 1967), pp. 82-95.

    (19) L. Curtius, op. cit., pp. 59-62. K. Schefold, Pompeianische Malerei (1952), pp. 109-111 et 197 ( = La peinture pompienne [1972], pp. 160-162 et p. 258 avec bibliographie augmente) pense que les deux ros incarnent l'amour et le sentiment rciproque .

    (20) C'est ainsi que A. Furtwngler, op. cit., interprte le n 20. (21) Outre un relief de Naples reproduit par S. Reinach, Rp. Reliefs grecs et romains, III, p. 73, cf. les

    documents cits par Y. Garlan, BCH, 89 (1965), p. 578, propos de la mosaique thasienne des ros combattant.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 257

    Je me demande si nos lampes ne reprsentent pas l'issue du combat d'ros et d'Antros. C'est quoi m'a fait songer le plus troit parallle que j'aie trouv nos lampes, une vignette publie en 1583 par A. Alciati dans ses Emblemata et jadis tudie par E. Panofsky22 (fg. 5) : ros est li un arbre dans une attitude trs proche, malgr plusieurs diffrences, de celle de nos lampes : mme prsentation de trois quarts gauche, mme posture du bras gauche et de la jambe droite, et surtout mme figuration des armes d'ros dans la partie infrieure gauche du tableau. Mais ces armes brlent, incendies sans aucun doute par un second ros qui enchane le premier : E. Panofsky interprte l'emblma Alciati comme la fin du combat d'ros et d'Antros.

    Il est vrai que je suis incapable de produire une image antique exactement analogue, mais il a bien d y en avoir, car on ne peut gure admettre ni que les ressemblances soient fortuites entre nos lampes et l'emblma d'Alciati et que celui-ci ait rinvent le schma, ni qu'il ait copi nos lampes. Il est vrai aussi que des ressemblances de mise en scne n'impliquent pas une identit de thme; mais il est plausible et admissible titre d'hypothse de travail que nos lampes offrent un extrait d'une scne plus vaste o, comme chez Alciati, un des ros dsarmait et enchanait son vaincu; ce ne serait pas la seule fois qu'un imagier antique, et spcialement un dcorateur de lampe n'aurait reprsent qu'une partie d'une scne plus ample (cf. 23 add. b).

    33, 36, 37 et 38 (Delphes). Provenance : comme 23 (cf. 23 add. a).

    45. Tych (Patras).

    Vernis : les lampes corinthiennes vernisses sont trs rares (cf. 57 a). L'absence habituelle de vernis peut s'expliquer par l'influence du groupe des lampes de fabrique non vernisses dont les premiers fabricants de lampes corinthiennes ont d s'inspirer23; mais la principale raison est, mes yeux, celle qu'avance O. Broneer : le vernis tenait difficilement sur l'argile corinthienne24. Le mme phnomne se constate en effet dans d'autres sries corinthiennes : lampes plus anciennes25, vases vernis noir, toujours caills alors que ce n'est pas le cas des vases attiques ou botiens contemporains26, bols hellnistiques reliefs27. L'absence de vernis sur nos lampes peut ainsi apparatre comme une preuve supplmentaire de leur origine corinthienne.

    46. Attis mourant (Patras). Sujet et iconographie : la bibliographie que j'avais indique, ajouter l'article de St.

    Karwiese, Der tote Attis , OJh, 49 (1968-1971), Hauptblatt, pp. 50-62 : il reprend l'tude des reprsentations de l'autocastration d'Attis propos d'un moule en terre cuite trouv phse en 1969. La lampe de Sparte, reproduite d'aprs le dessin de la publication de A. Furtwngler,

    (22) E. Panofsky, Der gefesselte Eros , Oud Holland, 50 (1933), pp. 193-217 et spcialement p. 195 et fg. 3.

    (23) Corinth, p. 93. (24) Corinth, p. 95. (25) Corinth, p. 44. (26) Je l'ai constat souvent, Argos [BCH, 94 [1970], p. 443, n 2.4; p. 444, n 3.6; p. 448, n 4.12)

    comme Mdon [Mdon de Phocide, V [1976], p. 38, n 41.5 ; p. 41, n 59 A.2 ; p. 43, nos 59 A. 4 et 5). (27) Comme l'observe G. Siebert dans sa thse indite sur les bols reliefs hellnistiques du Ploponnse.

    17

  • 258 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    est dcrite p. 57 sans lecture nouvelle : selon St. K., l'arbre doit tre un pin, ce que proposait dj A. Furtwngler; il accepte aussi de reconnatre, en bas droite, un tympanon et, suspendue l'arbre, une paire de cymbales, en prcisant qu'il reprend l l'identification de A. Furtwngler. Au contraire, la suite de la parution de L. cor. I , M. J. Vermaseren m'crivait n'tre toujours pas convaincu qu'il s'agisse d'une paire de cymbales et se demander si le tympanon n'est pas une patre (je songeais, quant moi, entre autres possibilits, une urne renverse vue de face).

    MUSE DU PIRE

    Signature Aoukou

    57. Aphrodite et deux ros (fg. 6 et 7). Aphrodite, debout de face, est nue l'exception d'un manteau qui couvre sa jambe droite, flchie, et qu'elle retient par-derrire de sa main gauche leve. De la main droite, elle touche un miroir (le manche est apparent) que lui prsente un petit ros figur de trois quarts arrire avec la tte presque de face. A sa gauche un autre ros, de trois quarts avant avec la tte de profil, tient deux mains un objet qui parat tre une coquille.

    Inv. BK 2169. Signale par B. Kallipolitis, Arch. Delt., 19 (1964), II, p. 69 et pi. 66 a. Le Pire, terrain Vitoyanni.

    H. : 3,5. D. : 8,5. Argile crme clair. Bec en cur noirci. Plusieurs dtails, par exemple la tte de la desse, semble retravaills la pointe.

    Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux. Signature : AOYKIOY.

    a) la forme du bec et l'alelier de Loukios : la lampe est corinthienne en tous points sauf un seul, le bec en cur . Certains ateliers ont d'abord utilis des formes de lampes autres que celle qui caractrise nos yeux les lampes corinthiennes (cf. 74 a). Ainsi s'explique le bec en cur qui remplace ici le bec incisions trapzodales et dont je ne connais, parmi les centaines de lampes recenses dont le bec est conserv, que deux autres exemplaires : une lampe de Phlabios, fabricant qui n'est pas connu par ailleurs28, et une lampe de Nicopolis, galement signe de Loukios, reprsentant Artmis chasseresse29. Ce type de bec tant courant sur les lampes non corinthiennes du dbut du ne sicle30, on peut admettre que les deux lampes de Loukios sont contemporaines des lampes bec en cur et mme supposer que, ne prsentant pas le bec typique des lampes corinthiennes, elles comptent parmi les plus anciennes de celles-ci.

    La lampe du Pire apporte ainsi un argument en faveur de l'anciennet de l'atelier de Loukios ; les traces de vernis observables sur la lampe 79 peuvent tmoigner dans le mme sens (cf. 2 a, 23 a, mais toutefois 45 b)31. La chronologie d'ensemble de l'atelier reste malgr tout tablir (cf. 58 a).

    (28) H. Menzel, Antike Lampen in rm. german. Zentralmuseum zu Mainz (1954), n 541. (29) A. Philadelpheus, ArchEph, 1922, p. 70, n 7. Cf. aussi la lampe anse centrale Agora n 287

    signe de Loukios. (30) Cf. Agora, p. 5 et nos 160-167. Becs en cur dans la production de Romansis : cf. Dlos,

    n* 4633 et 4634. (31) De toute manire, on admet que l'atelier remonte au ne sicle : Agora, nos 238, 253, etc.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 259

    Fig. 6 et 7. Muse du Pire, Aphrodite et deux ros 57 et revers (chelle 4:5).

    Dans l'tat actuel des recensements, c'est aussi le plus gros producteur avec 52 exemplaires et celui dont on a trouv le plus grand nombre de lampes hors de Grce (cf. 74 c, tableau) : Alexandrie, phse, Split, en Italie (et cf. encore 79 a).

    b) sujet : une lampe signe de Gaios et pourvue du bec habituel incisions trapzodales, provenant de Km Sciugafa (Alexandrie), semble porter le mme motif32.

    MUSE DE CORINTHE

    Signature Aoukou

    58. Artmis Laphria (fig. 8). Mme disposition que sur 79, mais un petit autel est figur derrire le chien.

    Inv. L 4246 A. Painted Tomb . H. : 3. D. : 8,5. Argile crme. Moule de pltre. Bec noirci. Manquent la partie infrieure droite de la lampe et plusieurs fragments de la bordure et du revers. Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux. Signature : AOYKIOY.

    (32) Bull. Soc. arch. Alexandrie, 7 (1905), p. 80 et g. 31.

  • 260 PHILIPPE BRUNEAU

    [BCH 101

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 261

    a) chronologie; atelier de Loukios : la lampe a t trouve sur le sol de la Painted tomb dcouverte en 1962; cette tombe ayant t utilise du Ier au 111e sicle33, le contexte archologique ne nous apporte aucune prcision utile la chronologie de la production de Loukios. Sur cet atelier, cf. 57 a.

    b) parallles et sujet : cf. 79 b et c.

    Signatures non conserves.

    59. Aphrodite arme (fg. 9). Aphrodite, debout de face, la tte tourne vers sa droite, le buste nu, les jambes drapes jusqu'aux hanches, tient, le long de son bras droit, un bouclier rond; sous le bouclier, un arc est dress; gauche de la desse, une sorte de base carre (?) au-dessus de laquelle une torche ( ?) est pose obliquement.

    Inv. L 71-14. Agora, Sud-Ouest. H. : 3. D. : 8,5. Argile beige orang. Moule de pltre. Manquent le revers et des clats de la bordure. Bordure : unie avec panneaux.

    a) parallles et identification du sujet : avec des variantes, le mme sujet apparat au moins sur deux autres lampes corinthiennes trouves l'une Gorinthe et signe de []8 {Corinth, n 590), l'autre phse et signe de Faiou34, ainsi que sur deux lampes attiques (cf. Agora, n 638) et sur des monnaies corinthiennes de l'poque impriale35.

    On admet depuis longtemps que monnaies et lampes doivent reproduire la statue de l'Acrocorinthe mentionne par Pausanias, II, 5, 1 (vsXOouat, Se s tov 'AxpoxopivGov vao iXio[Lvi] xal "HXto xal "Epco ej^cov to^ov), bien que l'adjectif (bcXiafiivT] puisse paratre mal convenir une Aphrodite portant seulement un bouclier36.

    Certaines monnaies et la lampe de Pardos prsentent la desse seule; d'autres monnaies associent Aphrodite et deux petits ros37. Le document le plus proche de notre lampe est la lampe de Gaios phse o l'on voit, crit Fr. Miltner, die korintische Aphrodite mit ihren Attributen Schild, Bogen, Fackel und Ziste 38; j'ajoute que la ciste porte un motif dcoratif qui parat tre une sorte de grand bol et qui n'apparat pas sur notre lampe dont le relief est beaucoup plus fruste. L o Fr. Miltner voit des attributs d'Aphrodite, 0. Broneer qui crit situla tandis que le savant autrichien parle de Ziste pense avoir affaire aux attributs d'ros39; de fait, Pausanias prcise que l'ros de l'Acrocorinthe portait l'arc et les monnaies

    (33) Cf. BCH, 87 (1963), pp. 722-724, et 89 (1965), p. 697 et fg. 15 et 16. Mr Williams veut bien m'indiquer qu'un des sarcophages de la tombe contenait une monnaie d'Antioche date de 264-266, mais notre lampe a t trouve en dehors des sarcophages.

    (34) Fr. Miltner, Ephesos, IV 2, p. 109 et pi. I, 75. (35) F. Imhoof-Blumer et P. Gardner, A Numismatic Comm. on Pausanias, pp. 25-27 et pi. G;

    Corinth, pp. 93-98. Bien qu'Hiode Atticus ait fait bnficier Corinthe de ses libralits, il me parat indu de placer l une Aphrodite ZvotcXo que le Sophiste aurait rige en offrande selon Damascius, apud Photius, Bibl. (dit. R. Henry, VI, p. 26, 87 = Overbeck, n 2367) comme on l'a suppos (cf. P. Graindor, Herode Atticus [1930], p. 213, qui reprend une hypothse de H. Diptmar) ; il s'en faut en effet que le type de l'Aphrodite arme ait t propre Corinthe.

    (36) Cf. E. Will, Korinlhiaka (1955), pp. 225-227. (37) F. Imhoof-Blumer et P. Gardner, op. cit. (38) Fr. Miltner, op. cit. (39) Corinth, p. 99.

  • 262 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    associent souvent Aphrodite et ros. L'interprtation de Fr. Miltner aurait l'avantage d'armer un peu plus cette Aphrodite iiikia^ivri, mais l'absence de ces attributs sur les monnaies est trange. En dfinitive, les deux objets de droite sont d'identification trop incertaine pour que s'impose une explication : ils sont illisibles sur notre lampe et, sur celle d'phse, j'estime que ni la torche ni la ciste ne sont assures.

    b) lampes corinthiennes, statues et monnaies : imitation de statues clbres sur les lampes corinthiennes: cf. 3 c, 63 et 79 ; rapprochements entre lampes et monnaies de Gorinthe : cf. 3 d et 79

    c) les sujets locaux sur les lampes corinthiennes; la clientle des lampes et le tourisme d'art dans la Grce impriale; les lampes corinthiennes taient-elles des souvenirs de Corinthe? : j'ai soulign en 1971 que nos lampes sont frquemment dcores de sujets locaux (3 e) et j'en apporte ici de nouvelles preuves (ci-dessus, a, et ci-dessous 60 d et 70 b). 0. Broneer arguait jadis de quelques-uns de ces sujets pour dmontrer l'origine corinthienne de nos lampes40, mais aujourd'hui que ce point d'tat-civil n'a plus tre dbattu, le problme se dplace et il importe de s'interroger sur les causes de ces choix iconographiques. Il est immdiatement vident que les raisons allgables pour les monnaies qui portaient traditionnellement des emblmes nationaux ne valent pas pour les lampes dont les fabricants n'taient pas soumis aux mmes impratifs41; en un temps o le rpertoire des lampes grco-romaines tait d'une extrme varit, ce n'est pas non plus par manque d'imagination que nos potiers se rabattaient sur des sujets locaux et je n'irai pas davantage les taxer d'un excessif chauvinisme. Convaincu d'emble que c'est vraisemblablement par intrt mercantile qu'ils procdaient comme ils l'ont fait, je me demande si les lampes corinthiennes dcores de sujets locaux ne pouvaient pas tre proposes des gens de passage et donc jouer le rle de ce que nous appellerions aujourd'hui des souvenirs de Corinthe . Je ne me dissimule naturellement pas qu'une telle hypothse se rfre des habitudes modernes. Mais il ne faut pas, sous prtexte de ruiner un universalisme que j'ai moi-mme plusieurs fois dnonc, s'interdire d'prouver la validit d'interprtations qui peuvent au premier abord paratre anachroniques. Or des constatations de deux ordres me semblent donner quelque assise mon hypothse :

    1) La physionomie de la clientle des lampes corinthiennes est partiellement reprable travers les lampes elles-mmes : les lampes moules, corinthiennes ou non, prsentent en effet deux traits intressants : d'une part, objets de terre cuite, elles comptaient ncessairement parmi les produits bon march ; d'autre part, fabriques en srie par le procd industriel du moulage, elles n'taient pas excutes sur la commande d'un client dtermin (nos contemporains diraient que ce n'taient pas des objets personnaliss), mais taient destines des acheteurs anonymes dont, tout la fois, et un peu la faon de nos mass media, elles pouvaient sans doute contribuer former le got artistique, mais au dsir desquels, pour tre commercialement rentables, elles devaient aussi largement rpondre. Si l'on admet donc, pour des raisons conomiques simples, parce qu'il fallait qu'elles se vendissent, que les lampes se conformaient aux gots de la clientle, la physionomie de celle-ci se dessine aisment42. Or,

    (40) Corinth, pp. 101-102. (41) Comme je l'avais dj indiqu dans L. cor. I , p. 451. (42) J'ai soulign rcemment, AntCl, 44 (1975), pp. 455-456, l'intrt d'une tude de la clientle, tout

    en reconnaissant les difficults de l'entreprise. Le prsent dveloppement a donc en tout cas l'intrt de suggrer une mthode d'investigation.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 263

    par opposition aux autres lampes de l'poque impriale, les lampes corinthiennes se signalent par deux particularits notables43 :

    du point de vue de la fabrication, la facture trs soigne du dcor produit presque toujours au moyen de moules de pltre, l'habitude de ne tirer d'un moule qu'un petit nombre de lampes, la tendance varier le rpertoire et mme souvent choisir des sujets rares, la prsence constante de signatures le plus souvent graves la pointe, c'est--dire inscrites la main sur chaque exemplaire et non pas mcaniquement imprimes, confrent aux lampes corinthiennes deux caractres, la qualit d'excution et l'unicit, qui les rapprochent de ce qu'on tenait l'poque pour des uvres d'art;

    du point de vue iconographique, le dcor de nos lampes est souvent en relation directe avec le grand art; en particulier, des statues clbres s'y trouvent assez souvent reproduites (cf. ci-dessus, b) et l'on a pu mettre en vidence des parents avec les reliefs pittoresques (cf. 20 et 20 add.).

    Fabriques en srie et vendues sans doute bas ou trs moyen prix, mais soigneusement excutes et porteuses de sujets d'art, les lampes corinthiennes qui, dans la hirarchie du temps, relevaient de ce qu'on appelle souvent aujourd'hui les arts mineurs , c'est--dire taient les succdans de produits plus priss pouvaient procurer un public peu fortun les satisfactions que de plus riches trouvaient dans la possession de sculptures d'appartement, ou, mieux, de copies en grandeur relle de grands originaux, ou, mieux encore, pour les plus favoriss, d'originaux clbres44. Et mme, en un temps o la culture, y compris la connaissance artistique, confrait du prestige et o la collection d'ceuvres rputes, ou du moins de leurs copies, contribuait manifester le statut social des puissants, je me demande finalement si nos lampes n'offraient pas aux clients l'occasion de se montrer cultivs, par consquent de s'lever socialement suivant un mcanisme qu'une certaine sociologie de notre monde contemporain met clairement en vidence45. En tout cas, considrer l'ensemble des traits qui distinguent les lampes corinthiennes des autres lampes contemporaines, tout se passe comme si les potiers corinthiens avaient travaill pour une clientle sensibilise l'art, entendu la fois comme capacit technique suprieure et comme corpus d'uvres illustres.

    2) Un tourisme culturel, dont le tourisme d'art est un aspect, a certainement t pratiqu l'poque impriale. La notion de tourisme est videmment trs moderne46 et l'on chercherait vainement, je crois, un mot quivalent en grec ancien. Mais chacun sait qu'une chose, pour exister, n'a pas besoin d'un mot qui la dsigne. Si l'on considre la fonction des voyages dans

    (43) Je regroupe sous les deux rubriques qui sont utiles ma dmonstration des traits dj relevs pour la plupart dans L. cor. I , pp. 438-439.

    (44) II est inutile de justifier en dtail ces faits dont une sociologie de l'art de l'poque impriale rassemblerait d'innombrables exemples : la sculpture d'appartement est rpandue ds l'poque hellnistique (cf. J. Marcad, Au Muse de Dlos [1969], passim) ; nos muses sont pleins de copies romaines d'originaux grecs et nous savons par les textes, par exemple Lucien, Philopseudes, 18, que ces copies pouvaient orner des demeures particulires ; quant aux collections d'originaux classiques, ralises par l'achat ou le rapt, les textes en font aussi souvent tat (par exemple, selon Sutone, Tibre, 44, Tibre avait reu en legs un tableau de Parrhasios ; sur les pillages d'uvres d'art, cf. ci-dessous, nn. 56 et 57).

    (45) Cf. M. Dufrenne, Art et politique (1974), pp. 146-147. (46) Le mot touriste apparat en franais ds 1816 et transcrit le mot anglais correspondant dont

    l'usage remonte au xvnie sicle (A. Dauzat, Dictionnaire tymologique de la langue franaise [1938], p. 717).

  • 264 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    l'Antiquit47, il est clair qu' date ancienne, on se dplaait pour visiter des sanctuaires, en thories ou individuellement, pour se rendre en ambassade, pour commercer ou traiter des affaires (ce qui ressemblait parfois des ambassades prives comme il apparat au dbut de X ne du Ps.-Lucien); des voyages d'tude, comme ceux d'un Hrodote, n'taient gure frquents. Mais peu peu, et en tout cas l'poque impriale, on voyage souvent des fins culturelles : sans parler des historiens que la mthode de l' autopsie 48 obligeait professionnellement se dplacer, comme le souligne la raillerie de Lucien envers un historien qui n'avait jamais quitt Corinthe (Comment il faut crire l'histoire, 29), la Grce et surtout Athnes attirent bien des visiteurs49; les motivations de ces visites peuvent tre quivoques quand il s'agit des hommes du pouvoir qui viennent l'occasion d'un dplacement politique ou militaire, comme Caton l'Ancien, Auguste, Germanicus, Nron, Hadrien, etc.50, ou quand se manifeste l'attrait des mystres d'Eleusis ou de Samothrace51. Mais le but du voyage peut tre purement culturel, au sens large du terme, dans le cas d'un Virgile52, d'un Properce53 ou des tudiants : Ovide tait venu faire ses tudes Athnes54 et Philostrate (Vit. Apoll., VIII, 15) nous apprend que du monde entier, la jeunesse venait tudier Athnes : vsot/j ) 7) Tj yyj 'AYjvas & (il convient, je crois, d'entendre

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 265

    auquel s'adonnaient les gnraux romains depuis le 11e sicle av. J.-C.56, que les empereurs pratiqurent encore l'occasion57 et que doublait sans doute un commerce d'art58; sous une forme plus proche de nos habitudes modernes, c'est le voyage que Properce, pour oublier un amour douloureux, fait Athnes en s'attendant y admirer peintures et statues (III, 21, 29-30), ou ceux des lecteurs de Pausanias qui il signale ce qu'il vaut la peine de voir, 0sa aiov (passim).

    Il me parat donc hors de doute : 1 que les acheteurs des lampes corinthiennes taient beaucoup plus sensibiliss l'art du temps que ceux des autres lampes de l'poque impriale; 2 que, dans la Grce de l'poque impriale, on pratiquait le tourisme d'art ou qu'en tout cas les voyages finalit non touristique s'assortissaient souvent de la visite des curiosits locales. Dans ces conditions, il n'est pas invraisemblable qu'on ait propos aux visiteurs de Corinthe des objets qui, pour rester utilitaires (le noir de fume conserv sur bien des lampes nous assure qu'elles ont servi), n'en rappelaient pas moins quelque beaut de l'endroit. La notion de souvenir de voyage n'est nullement trangre l'poque : un passage des Actes des aptres (19, 24) bignale phse la fabrication en forte quantit de temples d'Artmis en argent (vao apyupou 'ApTSfuSo) ; et plusieurs parties de la Villa Adriana de Tivoli offraient Hadrien comme un mmorial de ses voyages (cf. Hist. Aug., Vila Hadriani, 26 : Tiburlinam uillam mire exaedificauit, Ha ut in ea et prouinciarum et locorum celeberrima nomina inscriberet, uelut Lycium, Academian, Prytanium, Canopum, Pecilen, Tempe uocaret, et, ut nihil praeler miller et, etiam inferos finxit)59.

    On ne saurait trop redire que les problmes relevant traditionnellement de l'histoire de l'art, comme l'imagerie, ne peuvent tre tudis sans enqute socio-conomique : les facteurs conomiques et socio-culturels que j'ai tent ici de mettre en vidence me semblent expliquer dans une large mesure certains des choix iconographiques oprs par les fabricants de lampes corinthiennes.

    60. ne ( ?) saillissant une femme a TERGO (fig. 10). Sur un lit drap d'une couverture une femme entirement nue, vue de profil mais le visage de face, est agenouille, le corps pench en avant et reposant sur les avant-bras. Derrire elle, un quid pourvu d'une queue de cheval , demi dress sur ses jambes postrieures, est prt introduire un sexe bien visible. Sous le lit, une cruche et une espce de bol ou de jatte.

    (56) Sur les pillages d'oeuvres d'art l'poque rpublicaine, cf. les rfrences que j'ai rassembles dans Recueil Plassart (1976), p. 16, n. 2, et ajouter un passage d'ailleurs assez imprcis de Cicron, /. L. Pison., XL, 96.

    (57) Caligula fit enlever des statues de Grce et Claude les ft restituer, en particulier l'ros de Praxitle que possdait Thespies et que reprit Nron : Dion Cassius, LX, 6, 8 : (Claude) ptiv o5v xal xa Tz6ksGi to vSpiavTa ou Fato oct&v (7[. Pausanias, IX, 27, 3 : 7rpwxov 8k cyaXfxa xivvjaat tou " Xyouai Ftov SuvaoTecravTa sv 'Pc^t), KXauSou Se omo( eaTrteGaiv ^^ Npcova a50i Seuxepa va7iaaTOV , xal tov [ikv cpXo aTOGt 8i

  • 266 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Inv. L 4188. Acrocorinthe, sanctuaire de Dmter. Dimensions max. : 6,2x6,5. Argile crme. Moule de pltre. Sont conservs six fragments recolls du disque. Bordure : file d'oves ; l'tat de conservation du fragment ne permet pas de savoir si elle tait, comme

    d'habitude, interrompue par des panneaux.

    a) le symplegma d'une femme et d'un quid sur les lampes de l'poque impriale : en 1965, dans un article intitul Illustrations antiques du Coq et de l'ne de Lucien 60, j'ai rassembl diverses lampes, corinthiennes ou non, reprsentant le symplegma amoureux d'une femme et d'un quid; j'y ajoute une lampe de Chypre que m'a signale V. Karageorghis (fig. 13). La scne se prsente sous trois schmas diffrents :

    la femme est agenouille et l'animal se dresse derrire elle (fig. 10 et 11); l'animal est couch sur le dos et la femme s'accroupit sur lui (fig. 12 et 13) ; la femme est demi allonge sur un lit et l'animal lui fait face.

    b) le sujet sur les lampes corinthiennes ; modifications du dcor : trois de ces lampes sont corinthiennes : le prsent fragment et un autre de l'Agora d'Athnes qui relvent du premier schma [Agora, n 229) et une lampe complte qui relve du second (Gorinthe L 2650; fig. 12).

    Le fragment de l'Agora (fig. 11) est trs proche de celui que j'tudie ici. Bien que la posture des deux amants soit la mme, les deux fragments ne drivent pourtant pas du mme moule ni d'une mme patrice 61( mme modifis, car l'examen charactroscopique semble indiquer que, de l'un l'autre, les personnages ne sont pas exactement superposables). De fait, on observe au moins trois diffrences importantes :

    la ligne de terrain du fragment de l'Agora devient sur le fragment de Gorinthe un lit par l'adjonction de deux pieds; du coup, on ne comprend plus sur quoi marche l'animal;

    l'apparition du lit permet d'ajouter deux rcipients censs tre poss au sol; plusieurs dtails ont t renforcs la pointe sur le fragment de Gorinthe : la cou

    verture du lit, la crinire, les jambes et la queue de l'animal portent de fortes incisions. La premire diffrence, aboutissant une composition quasi absurde, montre que le

    fragment de l'Agora prsente le schma originel et que le fragment de Gorinthe en offre une rlaboration ultrieure. Je commenterai plus bas la seconde diffrence (ci-dessus, 5). Quant la troisime, elle importe l'identit de l'animal reprsent sur nos lampes et, partant, l'interprtation gnrale de la scne.

    c) l'identit de l'quid et les rapports de la scne avec l'ne du Ps.-Lucien et l'ne d'or d'Apule : chacun sait qu'un ne a des oreilles allonges et une queue cordiforme, qu'un cheval a des oreilles courtes et une queue trs fournie et qu'un mulet associe les oreilles de l'ne et la queue du cheval. Sur cette base zoologique, on peut raisonner ainsi :

    1. Cheval, ne ou mulet? En 1965, j'avais observ que mes prdcesseurs avaient rgulirement parl de l'accouplement d'un cheval et d'une femme, mais qu'en fait il s'agissait plus probablement d'un ne, d'abord .parce que sur plusieurs lampes l'animal a une queue d'ne, entre autres sur le fragment de l'Agora (fig. 11) et sur la lampe de Gorinthe L 2650 (fig. 12), ensuite parce que l'ne est connu, dans la mentalit grecque, pour tre lascif (Ps.-

    (60) Ph. Bruneau, BCH, 89 (1965), pp. 349-357. J'y renvoie ici par l'abrviation Illustrations . (61) Le mot est expliqu dans L. cor. I , p. 441.

  • 19771 LAMPES CORINTHIENNES 267

    - - .

    Fig. 10. Muse de Corinthe : ne saillissant une femme 60 (chelle 1:1).

    Fig. 11. Muse de l'Agora : fragment de lampe L 3565 = Agora, n 229 (chelle 1:1).

    Fig. 12. Muse de Corinthe : lampe L 2650 (chelle 2:3).

    Fig. 13. Lampe de Soli, CS 1506/28 (chelle 1:2).

  • 268 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Aristote, Physiognomonica, IV, 808 : ... t&v fxsv ofrv Xocpopcov xoivv mv 66pt, tcov Ss ovtov te xoci ctuc5v 7) 71 cppoSna e^i ; Lucien, Pcheur, 34 : creXyaTspoi. tov vcov ; etc.) et pour s'battre volontiers avec des humains, femme ou homme comme il ressort la fois des textes (par exemple Ps.-Lucien, ne, 32) et des monuments figurs62, alors que de tels apptits sont rarement imputs au cheval63.

    Ce disant, j'avais t en fait trop systmatique : si les lampes corinthiennes que je publiai en 1965 reprsentent le cot d'un ne et d'une femme, il existe bel et bien des lampes o l'quid est un cheval64. Mais, sur notre fragment, il ne s'agit ni d'ne ni de cheval : le potier, par ses retouches, a transform la queue cordiforme de l'ne originel, bien identifiable comme tel sur le fragment de l'Agora, en une queue paisse de mulet. Du point de vue sexologique, cette transformation n'a rien de gnant car le mulet passait pour partager les gots de l'ne65.

    2. Hypothse des rapports avec l'histoire de Lucius. Mais c'est du point de vue iconographique que la mtamorphose de l'ne en mulet me cre quelque embarras. En effet si, en 1965, je tenais tant identifier comme nes les quids de nos lampes, c'est que je pouvais ainsi considrer celles-ci comme des illustrations d'un pisode clbre du roman de l'ne tel qu'il est narr par Apule, Met., X, 19-22, et par le Ps.-Lucien, ne, 50-52 : Lucius, devenu ne, se trouve dans l'obligation d'assouvir les ardeurs amoureuses d'une dame de haut rang. Puis, intervenant dans le dbat philologique ouvert depuis longtemps sur les rapports des ouvrages d'Apule et du Ps.-Lucien avec un rcit similaire, perdu, que Photius (BibL, 129) attribue un certain Lucius de Patras66, j'avais avanc l'ide que, les premires lampes dcores du symplegma d'une femme et d'un ne datant du Ier sicle av. J.-C. et se trouvant donc antrieures Apule et au Ps.-Lucien, elles devaient illustrer une uvre plus ancienne qu'on pouvait identifier avec le roman de Lucius de Patras : on confirmait ainsi l'historicit de cet auteur qui, en outre, apparaissait comme l'inventeur de l'pisode des amours de l'ne et de la dame.

    Cette construction comportait donc deux hypothses corrlatives mais distinctes, soutenues chacune par un argument :

    partir de l'identification de l'quid comme ne, je m'autorisais tenir nos lampes non pas pour de simples scnes de genre, mais pour l'illustration d'un pisode littraire prcis;

    de l'apparition du thme au ier sicle de notre re, je tirais indice en faveur de l'historicit du mystrieux Lucius de Patras.

    Or aucun des deux arguments n'est absolument irrfutable. Je dirai plus bas ( 4 et 5) qu' mes yeux tout n'est pas pour autant ananti de ma thse de 1965, mais il importe en tout

    (62) Cf. Illustrations , p. 352 et notes 4-6. (63) J'avais cit, ibid., n. 3, le texte de Pline, H. N., VIII, 155, relatif Smiramis : equum adamatun

    a Samiramide usque in coitum Iuba auctor est (G. Goossens, Hirapolis de Syrie [1943], p. 136, n. 6, indique qu'au tmoignage du pome de Gilgamesh, le cheval et le lion taient les amants d'Ishtar). Je ne crois pas qu'on puisse tirer de Diodore de Sicile, VIII, 22, qu'un cheval avait successivement dflor et dvor la fille d'Hippomne, comme l'crit G. Devereux, REG, 88 (1975), pp. 203-205. D'autres cas de zoophilie sont signals par M. Dtienne, Dionysos mis mort (1977), pp. 77 et 125, n. 130.

    (64) A. Jodin, Les tablissements du roi Juba II auxtles purpuraires (Mogador) (1967),pp. 167-168, n25, fragment de lampe de Mogador : motif erotique, femme accole un cheval . Cf. encore ci-dessous, 3 et fig. 14.

    (65) Cf. Illustrations , p. 352, n. 6. (66) Cf. Illustrations , pp. 354-357. Une grosse tude a paru depuis lors : H. van Thiel, Der Eselroman

    (Zetemata, 54/1 et II. 1972) (cf. le compte rendu de Ren Martin, REG, 87 [1974], pp. 476-478).

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 269

    Fig. 14. Figurine de Thysdrus (Tunisie).

    cas de complexifer l'argumentation. En premier lieu, s'il reste assur que l'quid est un ne sur les lampes des fg. 11 et 12, c'est un mulet sur le fragment de la fig. 10 : l'objection n'est pas dirimante, puisque nous avons affaire la transformation d'un ne originel par un potier qui a pu mconnatre l'importance de ce dtail, et d'autant plus aisment, je le rpte, que le mulet passait pour aufsi dvergond que l'ne. En second lieu, il est incontestable que le thme des amours d'une femme et d'un ne est antrieur au Ier sicle ap. J.-G.

    3. Antcdents du thme de la femme et l'ne. La publication de mon article de 1965 m'a valu quelques lettres instructives. J'ai appris ainsi de B. Gouroyer qu'on connaissait en Egypte depuis la XXIIe dynastie des maldictions analogues au proverbe franais que Balzac nous a transmis sous la forme que l'aze le saille et qu'il existe des reprsentations gyptiennes de libertinage d'une femme et d'un ne67. De son ct, L. Foucher m'a signal la dcouverte en Tunisie d'une figurine de terre cuite,1 qui pourrait tre antrieure l'poque d'Apule, reprsentant le cot d'une femme et d'un quid qu'il identifierait plutt, juste titre, je crois, comme un cheval (fig. 14).

    4. Rexamen de l'hypothse du rapport des lampes avec le rcit de Lucius de Patras. Remarquant en 1965 que la copulation d'une femme et d'un ne tait un phantasme erotique reprable du point de vue linguistique, tant en grec qu'en latin o ovo comme asellus peuvent

    (67) H. Bonnet, Reallexikon der gypt. Religionsgeschichte (1952), s.v. Esel, p. 172. Sur l'ne dans les croyances gyptiennes , cf. J. Yoyotte, Ann. cole prat. des Hautes tudes, Ve Section, sciences religieuses, 1969-1970, pp. 185-191 ; J. Hani, RPhil, 47 (1973), pp. 274-280. Le proverbe franais est cit par H. de Balzac, Contes drolatiques, Le cur d'Azay-le-Rideau (dit. de la Pliade, t. XI, p. 579).

  • 270 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    dsigner un homme d'une ardeur et d'une vigueur amoureuses exceptionnelles (Juvnal, VI, 332-334, et IX, 92; Ptrone, Sat., 24; Vita Commodi, 10), je supposais que, dans l'histoire de Lucius mtamorphos en ne, l'invention du premier narrateur avait consist prendre au pied de la lettre une expression figure, mettre en scne les rapports d'une femme et d'un asellus (ou vo) et tirer comiquement les consquences de la substitution de Vasellus quadri- pde l' asellus bipde68. Cette conclusion, dont j'indiquais d'ailleurs prudemment en 1965 qu'elle reposait sur un argument ex absentia69, ne peut plus maintenant tre accepte sans examen, mais deux interprtations sont possibles : ou bien Ton s'en tient une interprtation difusionniste en admettant que le thme de la femme et l'ne est pass de l'Egypte prhellnistique (voire d'Afrique, si l'on prend en compte la terre cuite tunisienne) dans le monde grco-romain en une poque d'gyptomanie70 et l'aventure de Lucius, loin d'tre l'invention d'un crivain particulier, n'est alors que l'utilisation littraire d'un motif dont l'histoire est aussi longue que celle de l'ne musicien71; cette interprtation, qui trouverait confirmation dans les implications gyptiennes qu'on a rcemment propos de reconnatre sous l'expression bizarre d'Asinus aureus choisie comme titre par Apule72, ruine videmment ma conclusion de 1965. Ou bien l'on considre le cot de la femme et de l'ne comme un phantasme qui relve de la psychanalyse et peut toujours tre spontanment retrouv, et mon opinion de 1965 reste plausible. Mais, comme on ne saurait choisir en toute certitude entre l'interprtation difusionniste de type historiciste et l'interprtation psychanalytique de type structural, je prfre ne plus imputer Lucius de Patras l'invention de l'pisode des amours de la femme et de l'ne.

    5. Rexamen de l'hypothse du rapport des lampes avec les rcits d'Apule et du Ps.- Lucien. Mais ce n'est l qu'un des deux volets de ma thse de 1965. L'autre me parat intact : en effet, l'anciennet du thme de la femme et l'ne ne doit pas faire ngliger qu'il connat un brusque dveloppement sur les lampes, et spcialement les lampes de Grce, prcisment l'poque o il est littrairement utilis par Apule et le Ps. -Lucien; lorsqu'on se rappelle la relative frquence des illustrations d'uvres littraires dans l'imagerie du temps73, cette concomitance ne peut gure paratre fortuite et je crois mme que les deux rcipients que le fabricant de notre fragment 60 a ajouts sous le lit vont en ce sens : non seulement la figuration d'un lit et l'adjonction de deux vases situent l'vidence l'pisode dans l'intrieur d'une maison et non dans le cadre vague d'un phantasme, mais nos auteurs prcisent que la dame fit

    (68) Illustrations , p. 354. (69) Illustrations , p. 357 et n. 1. (70) L'gyptomanie est sensible dans la partie latine de l'Empire comme le prouvent la faveur des thmes

    nilotiques (dont je suis personellement convaincu qu'ils n'ont pas t imports d'Egypte mais invents en Italie), les transferts Rome d'oblisques gyptiens, l'gyptianisation des cultes gyptiens (cf. M. Malaise, Les conditions de pntration et de diffusion des cultes gyptiens en Italie [Et. prl. relig. orient. Empire romain, 22. 1972], p. 513, Index, s.v. gyptisant). En Grce, le phnomne est beaucoup plus restreint, mais on a cependant trouv deux statues gyptisantes Marathon (reproduites, par exemple, l'une, par P. Graindor, Hrode Atticus [1930], fig. 11 ; l'autre dans BCH, 94 [1970], p. 925, fg. 78-79).

    (71) Sur ce motif connu de l'Egypte et du Proche-Orient antique jusqu'en plein Moyen ge occidental, cf. la bibliographie que j'ai rassemble dans BCH, 99 (1975), p. 302, n. 132, passim.

    (72) Ren Martin, REG, 83 (1970), p. xix ; et REL, 48 (1970), pp. 332-354. Ces tudes ont suscit le travail de J. Hani, op. cit. (supra, n. 67).

    (73) Outre les cas cits dans Illustrations , il convient de rappeler les illustrations des comdies de Mnandre sur des mosaques de Mytilne (S. CHARiTONiDist, L. Kahil et R. Ginouvs, Les mosaques de la Maison du Mnandre Mgtilne [1970]) et celle d'une glogue de Virgile sur une lampe du British Museum (Br. Mus., n 661).

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 271

    *, : ' ":& Fig. 15 et 16. Muse d'Argos : Artmis chasseresse 61 et signature (chelle 3:4).

    Fig. 17. Muse national d'Athnes, lampe MN 3106.

    tendre des tapis et prparer un lit, au sol, il est vrai, et qu'elle usa d'une essence parfume contenue dans un vase d'albtre (ne, 51) ou d'tain (Met., X, 21).

    d) Corinthe et le thme de la femme et Vne : je crois donc que la parent des lampes corinthiennes et des aventures de Lucius tait sensible aux gens de l'poque, et d'autant plus vraisemblablement que les bats de Lucius-ne et de la dame taient censs avoir eu lieu Corinthe. Le Ps.-Lucien ne donne aucune prcision gographique, mais Apule (Met., X, 19) commence le rcit de l'pisode par ces mots : at ubi partim terrestri partim maritimo itinere confedo Corinthum accessimus... Une fois de plus des lampes corinthiennes sont dcores d'un sujet local74, ce qui renvoie au dveloppement que j'ai consacr plus haut leur possible emploi comme souvenirs de Corinthe (59 c). J'ajouterais volontiers, par un raisonnement que j'espre tre une spirale et non un cercle, que la frquence de sujets locaux sur les lampes corinthiennes pourrait confirmer dans l'ide que nos lampes illustrent un pisode qu'Apule situe prcisment Corinthe.

    (74) J'ai dj indiqu le rapprochement dans Illustrations , p. 353, n. 3, et L. cor. I , p. 453.

  • 272 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Vig. 18 et 19. Muse de Nauplie : rayons 62 (chelle 2:3) et signature (chelle 1:1).

    Fig. 20 et 21. Muse de Nauplie : Hphaistos 63 et signature (chelle 1:1).

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 273

    MUSE D'ARGOS

    Signature lumjpiSa

    61. Artmis chasseresse (fig. 15 et 16). Sur une ligne de terrain, Artmis s'avance vers la droite, vtue du chiton, la main gauche tenant l'arc et prenant de la main droite une flche dans son carquois. Un chien bondit derrire sa jambe gauche.

    Inv. 4283. Terrain Dem. Patoura (45 Parodos Angelou Georganda), 21. 7. 1972, fouille dirige par Ch. Kritsas.

    H. : 3, 1. D. : 10,7. Argile crme fonc. Moule de pltre. Bec noirci. Manque un clat derrire la desse. Bordure : zone dcore de deux files de petits points en relief et interrompue par des panneaux. Signature : 1.

    a) atelier : 14 exemplaires recenss (sur 433 lampes ou fragments signs). b) parallle et sujet : Artmis chasseresse se rencontre plusieurs fois sur les lampes

    corinthiennes, entre autres sur une lampe de Nicopolis signe de Loukios75, mais c'est une autre lampe de Loukios (Muse nat. n 3106) qui fournit un parallle exact (fig. 17) : en face de la lampe d'Argos o manque un clat important, elle prsente l'avantage d'tre intacte et donc de nous conserver une image complte; malheureusement, je ne suis pas parvenu identifier ce qui est figur derrire la desse.

    MUSE DE NAUPLIE

    Signature 'A&ciou

    62. Rayons (fig. 18 et 19).

    Inv. 707. Provenance inconnue (don de l'archevque Nicandros). H. : 3,3. D. : 8,4. Argile crme. Bec noirci. Bordure : feuilles de vigne et grappes de raisins alternes. Signature : 10.

    a) signature : il semble peu douteux qu'on doive lire 'AXsxtou. C'est la premire fois que nous recensons cette signature.

    b) dcor : le dcor de rayons, associ diffrentes bordures dont la plus frquente est celle que nous avons ici (pour le dtail, cf. 4 6), se rencontre sur un trs grand nombre de lampes corinthiennes, trs prcisment 128 fois dans notre fichier, et, dans l'tat de nos relevs, 33 fabricants sur 68 l'ont utilis, soit presque 50 % (encore doit-on considrer que certains ateliers ne sont connus que par des revers ou par un seul exemplaire et que, dans ces conditions, l'absence de lampes rayons n'est pas statistiquement significative).

    Signature npcijiivou

    63. Hphaistos (fig. 20 et 21). Buste d'homme prsent de profil gauche, barbu, coiff d'un pilos et portant un manteau qui est accroch sur l'paule gauche et, plutt que d'tre dcollet en V, semble laisser nues l'autre paule et une partie de la poitrine.

    (75) A. Philadelpheus, ArchEph, 1922, p. 70, n 7.

    18

  • 274 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Inv. 437. Provenance inconnue (don Olymnopoulos). H. : 3. D. : 8,2. Argile crme. Moule de pltre. Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux. Signature : nPEIMIUJNOY. a) atelier : cette signature rgle deux cas en suspens : celui d'un fragment de la Pnyx

    o l'on avait lu F1PEI[.]I1NO et restitu LTpt,[[x]i

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 275

    MUSE DE DELPHES

    Signature 'Aktcou

    65. Buste d'Athna casque (fig. 23 et 24). La desse prsente son profil gauche (l'usure du relief empche une description dtaille, mais on identifie aisment une image connue ailleurs : cf. ci-dessous, b).

    Inv. 7887. Fouille sous le Muse de Delphes. J. Konstantinou, ArchDelt, 20 (1965), II, p. 305, n 14 et pi. 359.

    H. : 2,9. D. : 8,5. Argile beige ros. Bec bris, manque une partie du disque (visage de la desse), relief trs us. Bordure unie panneaux. Signature : AKTAIO[Y].

    a) signature et atelier : 3 signatures recenses (il faut srement restituer la signature au gnitif au lieu de 'Axtoo comme l'crit J. Konstantinou).

    b) parallles et sujet : le buste d'Athna Promachos apparat sur des lampes issues d'ateliers divers : Abaskantos (cf. 2 b), Loukios, Sposianos82.

    Fig. 23 et 24. Muse de Delphes : buste d'Athna 65 et signature (chelle 4:5).

    (82) Loukios : Corinth, n 582; D. M. Bailey, Greek and Roman Pottery Lamps (British Museum, 1972), pi. 13 a. Sposianos : G. Heres, Rom. Bildlampen der Berliner Antiken Sammlung (1972), n 485.

  • 276 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Signature (sic).

    66. Rayons (fig. 25 et 26).

    Inv. 7885. Fouille sous le Muse de Delphes. J. Konstantinou, op. cit., n 12. H. : 2,9. D. : 7,8. Argile beige ros. Bec noirci. Bordure : file d'oves. Signature : |.

    a) signature : la signature, parfaitement lisible, est aberrante. J. Konstantinou a d'emble crit ()

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 277

    Fig. 25 et 26. Muse de Delphes : rayons 66 (chelle 2:3) et signature

    (chelle 1:1).

    Fig. 27 et 28. Muse de Delphes : rayons 67 (chelle 2:3) et signature

    (chelle 4:5).

    Fig. 29 et 30. Muse de Delphes : Athna en armes 68 et signature (chelle 4:5).

  • 278 PHILIPPE BRUNEAU \BCH 101

    Non signe.

    69. Rayons (fig. 31). Inv. 8375. Provenance : Amphissa TB6. H. : 4,2. D. : 9. Argile beige ros. Bec bris. Bordure : files d'oves.

    a) l'absence de signature, exceptionnelle dans les lampes corinthiennes, peut donner penser qu'il s'agit ici d'une imitation (cf. 76 b).

    b) dcor : cf. 62 b.

    Fig. 31. Muse de Delphes : rayons 69 (chelle 2:3).

    MUSE DE MTHYMNA (MYTILNE)

    Signature non conserve.

    70. Buste d'Artmis d'phse (fig. 32). La desse est vue de face; sur la chevelure, spare en deux bandeaux par une raie qui est dans l'axe du visage, est pos une espce de polos. Sur la poitrine, un collier en forme de croissant auquel pendent onze pendeloques. La tte se dtache sur un nimbe dont la circonfrence est en fort relief; de part et d'autre de la tte de la desse, une petite tte de lion vue de face (l'une d'elles a t dtriore par le percement du trou d'alimentation).

    Dimensions max. : 5, 1x5, 3. Argile crme (avec traces d'engobe blanc). Moule de pltre. Sont conservs la plus grande partie du disque et un peu de l'entourage circulaire dans les deux angles

    suprieurs du fragment.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 279

    Fig. 32. Muse de Mthymna : Artmis d'phse 70 (chelle 1,5 : 1).

    a) Artmis d'phse sur les lampes de Vpoque impriale : l'iconographie d'Artmis d'phse a t assez tudie rcemment pour qu'il ne vaille pas la peine d'y revenir ici d'une faon gnrale83. Il convient seulement de noter que la desse apparat occasionnellement sur des lampes appartenant d'autres sries de l'poque impriale, d'ailleurs sous des formes diffrentes de celle qu'elle a ici84. En revanche, je ne connais aucune autre lampe corinthienne prsentant le mme sujet.

    b) Artmis d'phse et Corinthe : si Artmis d'phse ne peut donc surprendre sur une lampe, elle n'a rien non plus pour tonner sur une lampe de Grce o le culte de la desse est attest85. Mais une lampe corinthienne de ce type est d'un intrt tout particulier : Pausanias (II, 2, 6), en effet, nous apprend qu'il existait sur l'Agora de Corinthe une statue d'Artmis d'phse : 'criv ouv rcl 9]

  • 280 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Septim Svre reprsentant Artmis phsia debout87. L'intrt du fragment de Mytilne est alors double :

    c'est une nouvelle preuve que les lampes corinthiennes illustrent souvent des cultes locaux (9 c) et, plus gnralement, que leur dcor s'explique frquemment par le contexte corinthien, au point qu'elles me sont presque apparues comme des souvenirs de Gorinthe (69 c; cf. 60 d);

    il nous renseigne assez prcisment sur l'aspect de la partie suprieure de la statue de Gorinthe qu'il a toute chance en effet de reproduire (je laisse aux spcialistes d'Artmis phsia le soin de situer le type figur dans l'iconographie gnrale de la desse).

    MUSE D'APOLLONIA (ALBANIE)

    J'illustre ici les trois lampes corinthiennes qui figuraient l'exposition sur l'Art albanais prsente Paris, au Petit Palais, de dcembre 1974 fvrier 1975.

    Signature '

    71. Hracls (fig. 33 et 34). Hracls, debout, barbu, la tte penche sur sa gauche, porte la peau de lion, bien visible sur l'paule gauche mais qui laisse nu le devant du corps ; la main droite il tient la massue.

    Vart albanais travers les sicles (catalogue de l'exposition du Petit Palais), n 184 (sans illustration). Ncropole d'Apollonia.

    D. : 8. Argile beige. Moule de pltre. Bec noirci, mutil. Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux. Signature : EniTYN|XANOY.

    a) atelier d'pitynchanos : 8 signatures recenses; celle-ci est la seule qui ait t trouve en dehors de Grce, mais il s'y ajoute peut-tre une lampe de Buthrotum dont la signature me parat avoir t mal comprise (cf. ci-dessous, c).

    b) parallle corinthien : la mme image est partiellement conserve sur un fragment de lampe de Gorinthe (Corinth, n 580).

    c) exportations de lampes corinthiennes en pire septentrionale el Illy rie : les trois lampes prsentes ici confirment que le territoire de l'actuelle Albanie appartient la zone de diffusion des lampes corinthiennes (cf. 74 c). On en connat plusieurs exemplaires Buthrotum qui n'ont d'ailleurs pas t publis comme tels :

    L. M. Ugolini, Albania antica, III, Vacropoli di Butrinlo (1942), p. 150, n 11 et fig. 151 : couronne de chne . Pas d'indication de signature mais trs probablement corinthienne.

    Op. cit., p. 163, n 3 et fig. 167 : reprsentation erotique; inscription en caractres partiellement cursifs, dont ne se lit bien que la premire moiti : 1 TON . Il faut srement lire 'ETUTuyxavoij.

    Op. cit., p. 188, n 33 et pi. XXIV : trois masques, signature TAIOY. Op. cit., p. 189, n 35 et pi. XXIV : gladiateurs, traces non lisibles d'une signature.

    (87) F. Imhoof-Blumer et P. Gardner, A Numismatic Commentary on Pausanias, p. 19.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 281

    Fig. 33 et 34. Muse d'Apollonia : Hracls 71 et signature (chelle 1:1).

    Op. cit., p. 190, n 49 et fig. 195 : fragment, trois masques. Signature non conserve. Cas incertain : op. cit., p. 191, n 52 et flg. 195 et 196 : fragment, Dionysos devant une vigne.

    Signature KoAXrrou

    72. Divinit ( ?) (fg. 35 et 36). Personnage debout, vu de face, drap (il semble qu'un manteau, pos sur le chiton, laisse dcouvert le haut de la poitrine et forme un bourrelet oblique au niveau de la taille); la main gauche tient un objet allong dont l'extrmit suprieure est renfle et qui pourrait tre un thyrse (ou une torche ?) ; la main droite, pendante et lgrement carte du corps, tient un objet non identifi.

    L'art albanais, n 183 (sans illustration). Ncropole d'Apollonia. D. : 8,5. Argile beige. Surface caille. Bec noirci. Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux. Signature : KAAAICT|OY.

    a) rtelier de Kallistos et ses exportations hors de Grce : 27 signatures recenses, dont 2 sur des lampes trouves hors de Grce (cf. 74, c), celle-ci et une lampe de Salona (Yougoslavie).

    b) parallles corinthiens et sujet : un fragment de Gorinthe, interprt dubitativement comme une Artemis {Corinth, n 586), prsente une image identique. Toute complte qu'elle soit, la lampe d'Apollonia ne me parat pas fournir la cl d'une identification, les deux objets tenus par le personnage restant nigmatiques.

  • 282 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    c) modification du sujet : en revanche le schma utilis ressemble beaucoup celui du Dionysos la panthre 23 qui est nu mais dont l'attitude gnrale, la position des bras et mme les attributs sont trs semblables. C'est un nouvel exemple de la modification d'un schma des fins thmatiques diffrentes (cf. 23 add. b, 60 b, 63 b, ?B b).

    Signature

    73. Pan (fig. 37 et 38). Pan avance vers la droite, tenant un pedum dans la main gauche et soutenant de la main droite les pattes antrieures d'un bouc ou d'une chvre qui se dresse sur ses pattes postrieures ; la ligne de terrain est indique.

    L'art albanais, n 187 (sans illustration), o la lampe est donne comme provenant del ncropole d'Apol- lonia. Cependant il semble bien qu'il s'agisse d'une lampe dj publie par L. M. Ugolini, op. cit., p. 189, n 37 et pi. XXIV, parmi les trouvailles de Buthrotum bien qu'il soit surprenant que le revers, parfaitement lisible, ait donn lieu cette mention : a tergo una parola illegibile .

    H. : 3. D. : 8,5. Argile beige. Moule de pltre. Bordure unie panneaux. Signature : MAP pastille en creux KOY.

    a) atelier de Markos : 5 signatures recenses, dont 2 sur des lampes trouves hors de Grce (cf. 74 c), celle-ci et une de Gonstantza (Roumanie).

    b) parallles sur les lampes : le mme sujet se rencontre sur des lampes non corinthiennes antrieures88 et sur une lampe non signe de Salamine de Chypre qui peut tre corinthienne mais a toute chance d'tre une imitation89. Bien que Pan apparaisse plusieurs fois sur des lampes corinthiennes (56; 20 add.; Dlos, n 4661), on n'a donc ici chercher aucune relation avec le contexte corinthien et c'est, au contraire, un cas intressant de fidlit d'un fabricant corinthien au rpertoire antrieur des lampes.

    COLLECTION L. BNAKIS (ATHNES, PROVENANT D'EGYPTE)

    Signature 'Avtcovou

    74. Sans dcor (fig. 39 et 40).

    Inv. M.TZ 745. Acquise en Egypte (Alexandrie), dpose au Muse national d'Athnes. Signale dans Agora, n 255.

    H. : 3,2. D. : 7,2. Argile chamois. Bordure : file d'oves. Signature : ANT deux cercles concentriques U)NIO|Y.

    a) atelier et absence de dcor : 4 signatures recenses. Une des lampes d'Antonios (Delphes) est d'une forme trs inhabituelle qui semble tre antrieure celle qui a prvalu dans l'ensemble de la production corinthienne90 : Antonios doit donc tre un des plus anciens fabricants de lampes

    (88) Agora, n 205; A. Philadelpheus, ArchEph, 1922, p. 72, n 17. (89) Br. Mus., n 1218. Sur les imitations de lampes corinthiennes, cf. 76 b. (90) P. Perdrizet, FD, V, n 509 et fig. 805. Autres lampes du mme type : L. cor. I , p. 445,

    1 (non signe) ; VI. Olympia Bericht, p. 58, flg. 43 d (Gaios).

  • 19771 LAM

    PES CORINTHIENNES 283

  • 284 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Fig. 39 et 40. Collection L. Bnakis : lampe 74 et revers (chelle 4:5).

    corinthiennes. Cette anciennet explique peut-tre l'absence, assez exceptionnelle, de tout dcor sur le disque; les disques non dcors sont au contraire relativement frquents sur les lampes non corinthiennes des Ier et ne sicles.

    b) exportation de lampes corinthiennes en Egypte : les deux lampes corinthiennes de la collection Bnakis ont pour principal intrt d'avoir t acquises en Egypte et d'attester l'existence d'importations corinthiennes dans cette province de l'Empire; quelques autres lampes corinthiennes ont dj t signales Alexandrie91.

    c) /' exportation de lampes corinthiennes hors de Grce propre; les ateliers exportateurs : la prsence de lampes corinthiennes dans des rgions comme l'Egypte ou l'Albanie (71-77) invite s'interroger sur les conditions de l'exportation de ces lampes hors de Grce propre, en entendant par l peu prs le territoire de la Grce moderne. C'est en effet de Grce propre que provient la plupart des lampes recenses et seulement 31 lampes, soit 7 % du total, ont t trouves en d'autres rgions. Deux problmes se posent alors :

    1) quelle est l'aire gographique de diffusion des lampes corinthiennes, Grce propre non comprise? seules sont actuellement reprsentes Pergame-Prine-phss (6 exemplaires), l'Egypte (6), l'Albanie (7), la Yougoslavie (4), la Roumanie (2), la Hongrie (1) et l'Italie (5).

    2) quels sont les ateliers exportateurs ? cet gard, il est intressant de combiner dans un mme tableau (ci-contre) la liste de ces ateliers avec celle de ceux dont nous possdons un nombre relativement lev de lampes. En fait, les chiffres sont gnralement assez bas, beau-

    (91) Bull. Soc. arch. Alexandrie, 7 (1905), p. 80 (deux lampes de Loukios et une de Gaios) et 9 (1907), p. 70 (une lampe de Loukios) ; Br. Mus., n 1226 (revers non conserv). Cf. 76 b.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 285

    coup plus que ceux des lampes attiques dont la production a t bien plus abondante que celle des lampes corinthiennes; mais, l'intrieur de la production corinthienne, les ateliers paraissent avoir t d'ampleur trs ingale : sur 68 ateliers recenss, 53 ne sont connus que par un nombre trs rduit d'exemplaires, allant de 1 5; admettant toutefois, la faon d'un sondage, que les chiffres disponibles refltent en gros le facis antique, j'ai donc considr comme gros ateliers ceux dont nous avons recens de 6 20 lampes et trs gros ateliers ceux dont nous connaissons plus de 20 lampes.

    Exportation des lampes corinthiennes hors de Grce propre Les noms des trs gros ateliers (plus de 20 lampes recenses) sont imprims en petites capitales

    et ceux des gros ateliers (de 6 20 lampes) en italiques.

    Ateliers

    Aktaios Antonios pagathos piktlos pitynchanos Euporos Gaios Kallistos Karpos Kreskens Lnaios Loukios Markos Minikios Oktabios Pouplios (Preimos) Posphoros Sekoundos Spsianos Slridas Zsimos

    Total des lampes recenses

    3 4

    22 6 9 9

    10 27 12 13 7

    52 5 4 6 6

    (107) 19 46 29 14 8

    Lampes exportes recenses

    1 1

    1 2

    3 2

    1

    12 2 1 1 1

    (2)

    1

    Si l'on nglige le cas de Preimos qui risque de perturber les rsultats puisqu'une part de sa production est attique sans qu'il soit toujours possible de la distinguer srement de sa production corinthienne (cf. 46 c), deux faits apparaissent :

    sur 13 ateliers exportateurs, 6 sont des gros ateliers et 3 des trs gros ateliers ; 3 des 5 trs gros ateliers et 6 des 12 gros ateliers sont exportateurs.

    Il s'en faut, certes, que les trs gros et gros ateliers aient l'exclusivit des exportations hors de Grce propre, ce qui s'explique aisment si l'on croit comme moi que les lampes corinthiennes ont pu jouer le rle de souvenirs de Gorinthe (59 c) achets sur place et

  • 286 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    ventuellement exports au loin par des particuliers. Mais la tendance va en ce sens : d'une part, si tant est qu'on puisse asseoir des pourcentages sur des chiffres si faibles, 80 % des exportations hors de Grce propre sont issus des gros ateliers ; d'autre part, 50 % des gros ateliers et 60 % des trs gros ateliers se livrent l'exportation contre seulement 8 % des petits ateliers. Exemplairement Loukios est la fois le plus gros fabricant et le plus gros exportateur.

    Signature

    75. Rayons (fig. 41 et 42).

    Inv. Mtc 750. Mme provenance. Signale dans Agora, n 222. H. : 2,8. D. : 8. Argile chamois. Bec noirci. Bordure : feuilles ovales. Signature : KPHCK deux cercles concentriques ENTOC.

    a) atelier : 13 signatures recenses. b) dcor : cf. 62 b. Bordure analogue sur la lampe 67.

    Imitations ( ?) non signes.

    76. Triton et Nride (fig. 43). Une Nride est assise sur la queue d'un Triton s'avan- ant vers la gauche.

    Inv. 751. Mme provenance. H. : 2,5. D. : 7. Argile chamois ros. Bordure : file de petits oves interrompue par des panneaux.

    a) parallle : la mme image se retrouve sur la lampe de Delphes 16.

    b) le problme des imitations; les imitations en Egypte : mais plusieurs traits font prsumer qu'il s'agit non pas d'un produit corinthien, mais d'une imitation sans doute locale : le format plus petit et le relief plus mou qu' l'ordinaire qui trahissent souvent le surmoulage, l'absence de signature qui est trop exceptionnelle dans la production corinthienne pour n'tre pas un indice (cf. 69 a).

    Les imitations de lampes corinthiennes paraissent avoir t relativement nombreuses (cf. L. cor. I , p. 445, et 17 add.). En Egypte, outre les deux lampes publies ici, la collection L. Bnakis comprend d'autres imitations signes EPMEINOY et flAPAMONOY excutes en argile rouge locale, donc sans respect de la couleur chamois des produits authentiques; au contraire, si notre lampe 77 est, elle aussi, une imitation, le fabricant a copi troitement les procds corinthiens, jusqu' employer un moule de pltre (cf. 77 b).

    77. Sphinx (fig. 44). Sphinx vue de profil droit, aile et pourvue de mamelles apparentes, assise sur son arrire-train qui repose sur une ligne de terrain; hachures obliques sous cette ligne.

    Inv. 747. Mme provenance. H. : 2,8. D. : 9. Argile crme blanchtre. Moule de pltre. Bec noirci. Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 287

    Fig. 41 et 42. Collection L. Bnakis : rayons 75 et signature (chelle 3:4).

    Fig. 43. Collection L. Bnakis : Triton et Nride 76 (chelle 4:5).

    Fig. 44. Collection L. Bnakis : sphinx 77 (chelle 4:5).

  • 288 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    a) sujet : la sphinx n'est apparue jusqu'ici sur aucune autre lampe corinthienne. Doit-on penser que, sur une lampe trouve en Egypte, elle est spcialement topique, la faon dont on a cru parfois reconnatre une adaptation des sujets de lampes corinthiennes leurs acheteurs (cf. 9 c)? Certes, le sphinx gyptien avait un autre aspect et la sphinx de type grec a continu d'tre traite l'poque impriale92, mais l'identit du nom facilitait forcment le rapprochement.

    b) imitation ? l'absence de signature et l'aspect inhabituel de l'argile me fait considrer notre lampe comme une imitation (cf. 76 b), mais la qualit d'excution Vaut celle des bonnes lampes corinthiennes. S'il s'agit d'une imitation, il est notable que le fabricant a pouss le soin jusqu' user d'un moule de pltre.

    MUSE DU LOUVRE

    Signature 0

    78. Artmis Laphria (fig. 45 et 46). Mme disposition que sur 79.

    Inv. Cp 4413. D. : 9. Argile beige. Moule de pltre. Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux. Signature a) atelier de Phlhongos : 3 exemplaires recenss. b) parallles et sujet : cf. 79 b et

    MUSE DE BOLOGNE

    Signature Aoukou

    79. Artmis Laphria (fig. 47). La desse, vtue d'une tunique courte et d'un manteau drap sur l'paule gauche, le carquois en bandoulire (extrmit visible au-dessus de son paule droite), pose sa main droite sur sa hanche et tient de la main gauche un grand arc qui parat reposer sur un petit autel bas plac sa gauche; prs de son pied droit, un chien assis portant un collier lui tourne le dos mais lve sa tte vers elle.

    Inv. 6129. G. Anti, AnnScAlene, 2 (1916), p. 184. Provenance inconnue. D. : 8,2. Argile chamois. Traces de vernis brun. Bordure unie panneaux. Signature : AOYKIOY.

    a) atelier de Loukios : sur son anciennet probable, cf. 57 a. Sur l'importance de ses exportations, cf. 74 : quoique notre lampe et la suivante soient de provenances inconnues93,

    (92) Cf. G. Bmont et R. Joffroy, RA, 1972, pp. 345 et 356-357. (93) Une note de G. Anti, op. cit., p. 185, n. 6, est rdige en sorte qu'on pourrait croire que la lampe de

    Bologne provient d'Egypte. En fait, les lampes d'Alexandrie mentionnes dans la dite note sont des exemplaires bordure d'oves et aucune d'elles ne peut donc tre identifie avec celle de Bologne.

  • 19771 LAMPES CORINTHIENNES 289

    Fig. 45 et 46. Muse du Louvre : Artmis Laphria 78 (chelle 3:4) et signature (chelle 1:1).

    Fig. 47. Muse de Bologne : Artmis Laphria 79 (chelle 3:4).

    19

  • 290 PHILIPPE BRUNEAU [ BCH 101

    il est possible qu'elles n'aient pas t rapportes de Grce, auquel cas elles s'ajouteraient encore aux douze lampes de Loukios trouves jusqu'ici hors de Grce.

    b) parallles corinthiens : diversit des ateliers et modification du dcor : le mme motif se retrouve sur quatre autres lampes corinthiennes au moins :

    Loukios. Gorinthe. Gi-dessus, 58. Loukios. Km Sciugafa (Alexandrie). Bull. Soc. arch. Alexandrie, 7 (1905), p. 80 et

    fg.31. Loukios. Ncropole de l'Ibrahimieh (Alexandrie). Bull. Soc. arch. Alex., 9 (1907),

    p. 70 et fig. 19. Phthongos. Louvre. Ci-dessus 78.

    A l'exception de celle de Gorinthe '58), toutes ces lampes prsentent le mme motif; entre notre lampe de Bologne et celle du Louvre (78), signes l'une de Loukios et l'autre de Phthongos, on observe quelques menues diffrences (bras droit de la desse, pan du manteau, pattes antrieures du chien) qui paraissent indiquer que la communaut du sujet ne s'accompagne pas d'une identit de moule. En revanche, l'intrieur de l'atelier de Loukios, il apparat qu'on a utilis deux motifs diffrents puisque, par une modification de dcor souvent constate sur les lampes corinthiennes (23 add. b, 60 b, 63 b, 72 c), un autel a t ajout derrire le chien sur la lampe de Gorinthe, mais la mutilation de cette dernire empche de savoir si cet autel est le mme que celui qui apparat ordinairement droite de la desse ou si deux autels taient figurs.

    c) identification du sujet; c'est en traitant du type d'Artmis Laphria que G. Anti avait publi notre lampe de Bologne. L'identification du sujet ne peut en effet faire aucun doute : une figure identique apparat sur des monnaies de Patras frappes l'effigie de divers empereurs, Galba, Domitien, Hadrien, Marc-Aurle, etc. et s'accompagne parfois de la lgende DIANA LAPHRIA94.

    On a depuis longtemps rapproch ces types montaires d'une notice de Pausanias relative Patras : il y a sur l'acropole de Patras un sanctuaire d'Artmis Laphria ; si le nom de la desse est tranger, la statue a t aussi apporte d'ailleurs. (...) Auguste remit aux gens de Patras, entre autres dpouilles de Galydon, la statue de la Laphria qui est encore honore de nos jours sur l'acropole de Patras. (...) L'attitude de la statue est celle d'une chasseresse; elle est chryselephantine et c'est l'uvre des Naupactiens Mnaichmos et Sodas; on admet qu'ils sont de peu postrieurs Ganachos de Sicyone et Gallon d'gine (VII, 18, 9-10)95. Au vu de ces derniers mots, on s'est tonn que l'Artmis des monnaies de Patras ne prsente aucun trait archaque; diffrentes solutions ont t envisages qu'il est inutile de rappeler ici, les uns tenant que les monnaies reproduisent malgr tout la statue de Mnaichmos et Sodas, les autres

    (94) Cf. L. Lacroix, Les reproductions de statues sur les monnaies grecques (Bibl. de la Fac. de Phil, et Lettres de l'Univ. de Lige, 116. 1949), pp. 233-234, avec bibliographie.

    (95) Pausanias, VII, 18 : 8. Se v cxpa ) tcXsi Aacppia iepv scttiv 'AprfAtSoc svixv fjtlv Tfj 9 6vo[xa, a7]Yfj[ivov 8 xpwev xal yaX[i.a. (rappel de la ruine de l'tolie et de Calydon par Auguste) 9. 8 t&v x KaXuS&vo Xacppcov xal 8tj xal tjc Aatppac Soxs [, 8tj xal ti v xfj xpOTiXet Tfl LTaTpajv sxe Tifjic. (explication de l'piclse Laphria ). 10 (...) [xv *)^ [ 6] anv, Xcpavxo 8 xal / [)1, Naurobmoi 8 Mvaixpto xal SoiSa slpyaavTO Tsx^apovxai 8 acp Kavxou tou Eixucovou xal AytvjTou KXXwvoc o yevaOai tivI rjXixiav crrpou. (11. culte d'Artmis Laphria). La traduction est mienne.

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 291

    rejetant cette identification96. En tout cas, la concordance iconographique des monnaies et des lampes prouve sans conteste que les unes et les autres reproduisent une statue clbre de Patras et que cette statue est une Artmis Laphria.

    d) lampes et monnaies : sur la communaut de sujets des monnaies et des lampes corinthiennes, cf. 3 d et 59 a-b.

    80. Gladiateurs (fig. 48). A gauche, un gladiateur casqu, tenant le poignard dans la main droite et le bouclier dans la main gauche, a le genou gauche terre; droite, un second gladiateur pareillement quip, le genou gauche flchi, semble s'avancer vers la droite et tourne la tte vers son adversaire.

    In. 6130. Collection Palagi. D. : 9. Argile brun violac. Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux. Signature : AOYKIOY (une feuille sous l'anse de la lampe).

    a) atelier : cf. 57 a et 74 c. b) parallles : un parallle corinthien est fourni par la lampe de Cologne 81 qui est signe

    de Kointos. C'est un nouvel emploi d'une mme image par des ateliers diffrents : cf. 11 b et 79 b. Elle apparat aussi sur des lampes attiques (Agora, nos 838-840, non signes).

    c) iconographie : sur les scnes de gladiateurs des lampes corinthiennes, cf. 34 b97.

    ROMISCH-GERMANISCHES MUSEUM (COLOGNE)

    Signature Kovtou

    81. Gladiateurs (fig. 49 et 50). Mme image que sur 80.

    Inv. W 1700. Acquise Rome, mais provenance exacte inconnue. D. : 8, 6. Argile crme. Moule de pltre. Bec noirci. Bordure unie panneaux. Signature : KOINTOY.

    a) atelier : 2 signatures recenses. b) parallle et iconographie : cf. 80 b et c.

    Signature Zirucuavo

    82. Grotesque (fig. 51). Un homme macrophallique, portant un bonnet pointu et un pagne, vu de profil droit, joue de l'aulos double devant une colonne torse.

    Inv. N 6914. Provenant de Rhodes. D. : 8. Argile crme. Moule de pltre. Bec noirci. Bordure : file d'oves interrompue par des panneaux. Signature : CFNDCIANOY.

    (96) Rsum des thses en prsence dans L. Lacroix, op. cit., pp. 235-238. (97) Je remercie A. Sadurska de m'avoir signal que les reprsentations de gladiateurs des lampes de

    l'poque impriale ont t tudies par M. Vegas, Novaesium II (1966), pp. 89-94 (non uidi).

  • 292 PHILIPPE BRUNEAU [BCH 101

    Fig. 48. Muse de Bologne : gladiateurs 80 (chelle 3:4).

    Fig. 49 et 50. Rmisch-Germanisches Museum de Cologne : gladiateurs 81 (chelle 4:5) et signature

    (chelle 1:1).

  • 19771 LAMPES CORINTHIENNES 293

    Fig. 51. Rmisch-Germanisches Museum de Cologne : grotesque 82 (chelle 4:5).

    Fig. 52. Rmisch-Germanisches Museum de Cologne : rayons 83 (chelle 1:1).

    a) atelier : 29 signatures recenses. b) iconographie : je ne connais pas de parallle notre lampe et je ne sais pas dire si

    rimage a un sens prcis (le dtail de la colonne torse est en tout cas notable) ou s'il s'agit d'un de ces grotesques comme on en rencontre sur plusieurs lampes corinthiennes (17 et 28; Agora, n 236; Corinth, n 656; Siebert, n 17, image qui se retrouve sur une lampe de Nicopolis98) issues de diffrents ateliers.

    Signature

    83. Rayons (fg. 52).

    Inv. W 2653. Acquise Rome, mais provenance exacte inconnue. H. : 3,7. D. : 7,5. Argile crme. Bec noirci. Bordure : file d'oves. Signature : ZU)C cercles concentriques IM

    a) atelier : 8 signatures recenses. b) dcor : cf. 62 b

    (98) ArchDelt, 26 (1971), II, p. 337 et pi. 314 (selon un procd trs regrettable mais trop frquent, on signale l trois lampes corinthiennes dont l'une porte la signature FAAHNOT , sans qu'on nous dise laquelle).

  • 294 PHILIPPE BRUNEAU

    Fig. 53 et 54. Muse Allard Pierson d'Amsterdam : Aphrodite (?) 84 et revers

    (chelle 3:4).

    Fig. 55. Muse Allard Pierson d'Amsterdam : ros assis 85 (chelle 1:1).

  • 1977] LAMPES CORINTHIENNES 295

    MUSE ALLARD PIERSON (AMSTERDAM)

    Signature [|8?] 84. Aphrodite ( ?) (fig. 53 et 54). Une femme nue, le corps de trois quarts et la tte de

    face, prend appui sur la jambe droite; la jambe gauche est plie et leve et la main droite se pose sur la cuisse; le bras gauche s'appuie sur un pilier sur lequel est pose une draperie.

    Inv. 864. Ancienne collection G. W. Lunsingh Scheurleer. Algemeene Gids Allard Pierson Museum (1937), n 1726 : Venus.

    H. : 3,5. D. : 9,5. Argile beige tournant par endroits au rose ou au gris violac. Moule de pltre. Bec restaur ; base incomplte. Bordure : file d'oves interrompue par des pannea