la peinture murale à l'époque romane

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www.cuxa.org ACC : 33 rue du Conflent, F-66500 Codalet tél. +33 (0)4 68 96 27 40 47 èmes Journées romanes , 2015 La peinture murale à l'époque romane . résumés des conférences Lundi 6 juillet Christian Davy (Service régional de l'Inventaire du Patrimoine culturel des Pays de la Loire) 1811 - 2015. De l'invention à l'exploration de la peinture murale romane En deux siècles, la peinture murale romane est passée d’un objet de découverte à un objet esthétique reconnu, mais elle a aussi été, dès sa révélation, un objet de recherche et elle continue plus que jamais de l’être. Les mises au jour continuelles et l’irrégularité de fonctionnement des relais d’information contrarient l’établissement du corpus des peintures murales romanes pourtant nécessaire à une recherche sereine. Malgré le handicap du caractère fuyant de son objet d’étude, celle-ci progresse par étapes depuis le texte fondateur de Toussaint-Bernard Émeric-David écrit en 1811. La prise en compte des différentes facettes de cet art de la couleur, associée au retour des historiens de l’art de la peinture murale sur le terrain, au voisinage des conservateurs- restaurateurs, permet une approche de plus en plus fine d’une réalité qui se révèle de plus en plus complexe. Le temps n’est plus de dire que la peinture murale romane était la bible des illettrés et qu’elle était exécutée dès la fin du chantier architectural pour couvrir la totalité de l’édifice. La recherche actuelle évolue entre une constante relecture d’œuvres, souvent considérées comme majeures du fait de leur découverte dès le XIX ème siècle, et une attention de plus en plus soutenue accordée aux autres parfois dévalorisées à cause de leur mauvaise état de conservation. L’intervention s’attache, à travers quelques exemples pris dans les trois domaines traditionnels du style, de l’iconographie et de la datation, à présenter l’évolution des connaissances, un part de son cheminement et des résultats qui s’avèrent parfois être de véritables surprises. Jordi Camps, Mireia Mestre (Museu Nacional d'Art de Catalunya) Conserver et gérer la peinture murale romane dans un musée. La collection du Museu Nacional d'Art de Catalunya (Barcelone). Il est bien connu que la collection de peintures murales romanes contitue un élément unique et distinctif du Musée national d’Art de Catalogne (MNAC). Depuis son transfert au musée au début du XX ème siècle, elle a caractérisé et conditionné les actions de conservation, l’étude et la diffusion de la collection d’art roman de l’institution. Et bien qu’il existe de nombreux musées qui contiennent et exposent de la peinture murale, Barcelone est celui où elle a un poids déterminant. L’étude et la gestion de ces véritables monuments de l’histoire de l’art, qui

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Résumés des communications des 47èmes Journées romanes de Cuxa, 6-11 juillet 2015 Association culturelle de Cuxa, www.cuxa.org

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  • www.cuxa.org

    ACC : 33 rue du Conflent, F-66500 Codalet tl. +33 (0)4 68 96 27 40

    47mes Journes romanes, 2015 La peinture murale l'poque romane

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    rsums des confrences Lundi 6 jui l let Christian Davy (Service rgional de l'Inventaire du Patrimoine culturel des Pays de la Loire) 1811 - 2015. De l'invention l'exploration de la peinture murale romane En deux sicles, la peinture murale romane est passe dun objet de dcouverte un objet esthtique reconnu, mais elle a aussi t, ds sa rvlation, un objet de recherche et elle continue plus que jamais de ltre. Les mises au jour continuelles et lirrgularit de fonctionnement des relais dinformation contrarient ltablissement du corpus des peintures murales romanes pourtant ncessaire une recherche sereine. Malgr le handicap du caractre fuyant de son objet dtude, celle-ci progresse par tapes depuis le texte fondateur de Toussaint-Bernard meric-David crit en 1811. La prise en compte des diffrentes facettes de cet art de la couleur, associe au retour des historiens de lart de la peinture murale sur le terrain, au voisinage des conservateurs-restaurateurs, permet une approche de plus en plus fine dune ralit qui se rvle de plus en plus complexe. Le temps nest plus de dire que la peinture murale romane tait la bible des illettrs et quelle tait excute ds la fin du chantier architectural pour couvrir la totalit de ldifice. La recherche actuelle volue entre une constante relecture duvres, souvent considres comme majeures du fait de leur dcouverte ds le XIXme sicle, et une attention de plus en plus soutenue accorde aux autres parfois dvalorises cause de leur mauvaise tat de conservation. Lintervention sattache, travers quelques exemples pris dans les trois domaines traditionnels du style, de liconographie et de la datation, prsenter lvolution des connaissances, un part de son cheminement et des rsultats qui savrent parfois tre de vritables surprises. Jordi Camps, Mireia Mestre (Museu Nacional d'Art de Catalunya) Conserver et grer la peinture murale romane dans un muse. La collection du Museu Nacional d'Art de Catalunya (Barcelone). Il est bien connu que la collection de peintures murales romanes contitue un lment unique et distinctif du Muse national dArt de Catalogne (MNAC). Depuis son transfert au muse au dbut du XXme sicle, elle a caractris et conditionn les actions de conservation, ltude et la diffusion de la collection dart roman de linstitution. Et bien quil existe de nombreux muses qui contiennent et exposent de la peinture murale, Barcelone est celui o elle a un poids dterminant. Ltude et la gestion de ces vritables monuments de lhistoire de lart, qui

  • comprennent Santa Maria dneu, Sant Climent de Tall et la salle capitulaire du monastre aragonais de Sigena comporte donc un travail constant de conservation, de diffusion et de recherche dans laquelle la peinture murale a toujours eu un traitement prfrentiel. Les ensembles ont t prsents dans des structures reproduisant les espaces dorigine des peintures selon un systme qui, au fil du temps, a chang et a t insr dans les salles de diffrentes manires. Toujours, cependant, par le volume quils occupent et leurs dimensions, ils imposent leur hirarchie et marquent normment le contraste avec les objets dautres techniques et typologies qui composent les collections du muse. Depuis la premire prsentation, en 1924, cela a t constant, malgr les diffrents domaines et circonstances. Le transfert de fragments de peintures murales dposes, qui avaient perdu leur support original, savoir le mur et les couches denduit, sur un nouveau support en toile a t ralis au dbut du XXme sicle, avec un adhsif protinique driv du lait. La surveillance permanente des matriaux ajouts qui ont invitablement vieilli et le contrle exhaustif de lenvironnement nous ont permis dviter des interventions drastiques sur les ensembles de peintures murales romanes. Dautre part, la perspective, dans les annes 1980, de dplacements des structures murales lintrieur du muse cause des changements musographiques a suscit de nombreux rapports sur leur condition, des tudes scientifiques et des propositions daction. Au cours des dernires dcennies, la dcouverte de restes de peintures originales dans les mmes glises ainsi que le dsir de reproduire les ensembles complets in situ ont galement stimul lanalyse des matriaux et une tude plus approfondie de la technique picturale. Le partenariat entre la recherche scientifique conduite au Muse et celle dautres institutions catalanes et franaises est le dfi du futur immdiat. Pour parler des ensembles au muse, la base toute action lie aux peintures murales est le fait que dans le muse elles sont dcontextualises. voquer ou reconstituer les aspects de leur contexte dorigine, partir les rsultats de la recherche scientifique, est lun des axes de travail qui devraient tre prioritaires. Pour cette raison, il est important dexpliquer les peintures au muse avec l'aide des nouvelles technologies, dinternet et des diverses applications de communication. En outre, les expriences effectues dans quelques monuments pour reproduire les peintures, comme la projection qui recre lensemble de Sant Climent de Tall, la fois prserv Barcelone et visible in situ, marquent aussi une partie de ce quest lavenir des peintures murales. Mardi 7 juillet Giulia Bordi, Elisa Tagliaferri (Universit degli studi Roma Tre) Lacs, nobles et parvenus dans la peinture murale romane Rome et dans le Latium du VIIIme au XIIme sicle

    Ce rcit deux voix a le but dexposer une enqute sur la prsence croissante des vergtes et des dvots lacs dans les peintures romaines et du Latium entre le VIIIme et le XIIme sicle. Des familles entires ou des donateurs individuels ont laiss un souvenir deux-mmes, par des inscriptions ou par leur image et dans les cas plus heureux leur nom aussi dans les marges des cycles hagiographiques ou des peintures votives. Giulia Bordi montrera les uvres conserves Rome, en partant des reprsentations du primicerius Teodotus et du consul et dux Constantinus, dont on a connaissance lintrieur des glises de S. Maria Antiqua et de S. Adriano al Foro, dans la deuxime partie du VIIIme sicle, en passant ensuite aux nouvelles familles de llite moyenne qui, entre le Xme et le XIme sicle, ont confi leurs images aux parois des glises comme, pour nen nommer que quelques-unes, S. Maria in

  • Pallara, S. Urbano alla Caffarella, S. Maria in Via Lata et S. Clemente, jusqu la commande dissimule de la puissante famille Frangipani dans lglise de S. Maria Nova au milieu du XIIme sicle.

    Elisa Tagliaferri, par contre, sans avoir la prtention de dresser une liste complte des reprsentations des commanditaires dans le Latium, du VIIIme au XIIme sicle, essaiera de saisir dans leurs images les marques de la mobilit sociale dans la rgion. On dcouvrira que les religieux ntaient pas les seuls commanditaires des peintures murales du Latium: il y avait aussi des lacs, mme si ctaient en gnral des reprsentants de laristocratie locale. On mettra en vidence, toutefois, quil existe une exception remarquable cette habitude, cest--dire limage dun dvot lac habill comme un paysan, peint sur le niveau infrieur dun cycle pictural du XIIme sicle. On pourra apprcier aussi les diffrences entre les reprsentations des commanditaires lacs, qui ne se limitaient pas leur portrait en petites dimensions cot du saint, mais usaient aussi dautres formes de reprsentation. Ces commanditaires sont des personnages intressants, la plupart inconnue de lhistoire, dont le tmoignage ouvre un nouveau domaine de recherche, ajouter celui des sources crites, indispensable pour connatre le profil social des groupes dominants Rome et au Latium entre le VIIIme et le XIIme sicle, en se rfrant Chris Wickham, dans le passage de la vieille la nouvelle aristocratie et dans laffirmation de lambitieuse lite moyenne et des clientles ecclsiastiques.

    Marcello Angheben (Universit de Poitiers, CESCM) Le dcor peint des sanctuaires et ses relations avec la liturgie Depuis les premiers sicles de lart chrtien, les dcors des sanctuaires comportent systmatiquement une thophanie et, plus rarement, une Vierge lEnfant, que ce soit dans le cul-de-four, la vote qui le prcde ou larc absidal. Ces innombrables thophanies ont gnralement t interprtes comme des visions de la fin des temps, mais le contexte architectural et de nombreux indices pigraphiques et iconographiques permettent de voir dans de nombreux exemples une volont de matrialiser la prsence invisible de Dieu et de ses anges dans lglise au moment du sacrifice eucharistique. Dans un premier temps, il sera question des principaux thmes composant ces thophanies : les Vivants, les sraphins et les chrubins chantant le Sanctus, les archanges-avocats transmettant les requtes du Pater Noster, les Vieillards de lApocalypse exposant des calices et le Christ-prtre agrant et transformant les offrandes qui lui sont prsentes. Sera ensuite dtaill le programme du sanctuaire de Sant Quirze de Pedret qui comporte trois thmes interprtables dans cette perspective : lAdoration de lAgneau par les Vieillards, lange dApocalypse 8 encensant lautel des martyrs et le Sacrifice de Can et Abel. Alexandre Gordine (Muse de l'Ermitage, Saint-Ptersbourg) Le premier ge roman dans la peinture murale du Centre-Ouest de la France Les origines de la peinture murale romane sur les territoires formant le noyau du royaume de France demeurent obscures. Son grand essor la charnire du XIme et du XIIme sicle, est-il un aboutissement dune longue volution ou bien un saut rvolutionnaire ? La diversit des styles, entre les rgions notamment, remonte-t-elle lpoque carolingienne ? Chaque fragment, chaque morceau denduit peint compte pour percer la vrit. Lauteur tente den dresser le premier inventaire. Les rsultats des fouilles, bien que dcevants propos de la quantit et du niveau artistique de la production du Xme et du dbut du XIme sicle, voire de lre carolingienne, confirment la

  • prsence d'uvres de qualit, comme le dcor de Saint-Solenne de Blois, par exemple. La technique est la plus proche de la fresque, avec une couche picturale particulirement fine. Lenduit lest aussi, dordinaire, mme sur un support irrgulier. On suppose lusage du bleu minral et, encore plus, du cinabre, tandis que la terre verte est trs rare. Ni le fait que la Touraine se trouve aujourdhui la mieux documente pour la priode intresse, ni le prestige du sige mtropolitain ne suffisent encore pour faire de Tours un foyer preminent de lart mural du Centre-Ouest. Des foyers, il y en avait plusieurs. Les prmices du style roman du Poitou datent, au moins, du troisime quart du XIme sicle. Lauteur insiste aussi sur la puissance et lanciennet de la tradition de peinture murale en Berry, sur lautonomie dun foyer comme Limoges, et sinterroge sur lventuel rle de Nantes dans la transmission des influences aquitaines au Nord de la Loire et dans la formation dune tradition rgionale perue comme angevine. Milagros Guardia (Universitat de Barcelona, IRCUM) Une nouvelle gographie de la peinture murale romane ? Les recherches du groupe Ars Picta actuellement en cours se centrent sur la dfinition dune nouvelle gographie artistique de l'art roman et, en particulier, sur la caractrisation de la zone pyrnenne. En suivant les apports de Marcel Durliat et les travaux initis par John Ottaway, on considre la chane pyrnenne comme un lieu de rencontres, comme un carrefour essentiel o, dans un grand laboratoire exprimental, vritable membrane vivante, des formes sont cres et des modles artistiques et iconographiques particuliers sont crs. Il s'agit d'valuer les relations courte et grande distance, les voies de communications et les apports de l'extrieur, mais aussi les phnomnes de "fossilisation", tout aussi bien que ceux d'expansion vers de nouvelles zones gographiques, suivant les conqutes militaires (Castille). A cette session des Journes de Cuxa, seront prsents certains des rsultats obtenus, comme la mthodologie mise en oeuvre. En particulier, la cartographie systmatique des ensembles peints et les conclusions que ces outils mthodologiques apportent la recherche relative certains thmes particuliers, comme la reprsentation de la parabole de Dives et Epulo ou des anges portant les symboles des vanglistes. Carolina Sarrade (CNRS-Universit de Poitiers, CESCM) : Comprendre les des peintures romanes par le relev stratigraphique : exemple de Saint-Savin-sur-Gartempe Le relev stratigraphique met la disposition du chercheur une nouvelle mthode danalyse des peintures murales. Le travail consiste tudier la technique, proposer un rsum graphique des diffrents stades dlaboration et dterminer une chronologie relative des dcors dans lensemble du programme pictural. Le dcalque extrmement fidle donne naissance une reproduction entire de luvre taille relle sur laquelle il est possible de restituer ltat originel et de combler certaines lacunes iconographiques sans intervenir directement sur le mur. Anne Leturque (Universit Paul-Valry, Montpellier, CEMM) Concevoir et raliser un dcor monumental au Moyen ge en Catalogne : les exemples de Saint-Martin de Fenollar et de Sainte-Marie de la Cluse-Haute Lintrt pour la matrialit des peintures mdivales peut sprouver travers ltude des uvres, lexprimentation des techniques ou lappui de sources crites comme les traits de technologie artistique. Le Liber diversarum artium (Ms H277, Bibliothque inter-universitaire de mdecine de Montpellier), par exemple, permet dclairer tout un processus de formation

  • du peintre mdival entre le XIIe et le dbut du XIVe sicle, tant par la connaissance des matriaux et des techniques quil acquiert (mise en place de la composition picturale grce des outils, tracs ou dessins prparatoires, prparation des pigments et des liants, application de lor et de largent, choix de la technique dexcution, etc.), que dans son habilet les mettre en oeuvre. Les modes opratoires dvelopps couvrent un large spectre de savoirs et de savoirs-faire, dmontrant que la ralisation dun dcor peint ne simprovise pas. Les peintures murales catalanes du XIIe sicle, et plus spcifiquement les dcors de Saint-Martin-de-Fenollar et de Sainte-Marie de la Cluse-Haute, illustrent ce propos. Jeudi 9 jui l let Emmanuel Garland (Docteur en Histoire de l'Art), Jean-Louis Rebire (Architecte en chef des Monuments historiques) L'glise Saint-Pierre d'Ourjout (Les Bordes-sur-Lez, Arige) et son dcor peint indit La modeste glise romane couserannaise dOurjout (Arige) a fait lobjet dune importante dcouverte en 2012 lorsque le retable du XVIII sicle surmontant le matre-autel a t dpos pour tre emmen en atelier afin dy tre restaur. Sont apparus cette occasion les vestiges du dcor peint primitif de labside : cinq aptres rpartis de part et dautre de la baie daxe, disposs au-dessus dune frise prsentant un exceptionnel zodiaque. Certes le dcor est seulement partiellement conserv mais ce qui lest est dune grande fracheur. Suite un premier dgagement des peintures en partie masques par un badigeon, la ralisation dune tude pluridisciplinaire fut dcide, afin de runir toutes les informations possibles concernant ldifice, ltendue des dcors peints romans conservs, ltat sanitaire de ldifice et enfin les techniques mises en uvre. Malgr labsence totale de documentation ancienne, quelques points semblent acquis : - ldifice, situ dix-huit kilomtres au sud-ouest de la cit piscopale de Saint-Lizier, quoique simple et rustique, nen est pas moins le plus soign de la valle ; - il se composait lorigine dune courte nef de plan carr sur lequel se greffait un chur compos dune longue trave droite ouvrant sur une abside semi-circulaire claire seulement par une fentre axiale ; un tel plan laisse supposer que ldifice fut primitivement destin abriter une petite communaut de clercs plutt quune communaut paroissiale ; - ldifice a subi de nombreuses transformations au cours des sicles, soit pour des amnagements liturgiques (ajout de chapelles au nord et au sud ayant entran le percement des murs de la trave du chur ; ouverture de larges baies dans labside pour apporter de la lumire celle-ci et clairer le retable baroque rajout, reprise du portail dentre, etc.) soit pour rparer des dsordres structurels probablement dus des mouvements telluriques (effondrement de la vote de labside et dune partie de son mur sud) ; cela il faut rajouter des rfections du dcor peint (en particulier sur ce quil reste de la trave droite du chur) ; - la construction de ldifice roman, que lon doit situer au cours du premier quart du XII sicle, a fait appel des tailleurs de pierre-sculpteurs qui ont travaill sur le chantier de la cathdrale du Bourg, Saint-Lizier, renforant limpression quun lien troit unissait le clerg de la cit piscopale et Saint-Pierre dOurjout. Quant aux peintures murales romanes qui couvraient tout le moins labside et la trave droite du chur, excutes aussitt aprs lachvement du gros uvre, elles prsentent aujourdhui deux ensembles distincts, uvre dun unique atelier : labside tait orne de huit figures daptres sous arcades (cinq subsistent dont saint Pierre en habit liturgique, bnissant) sous lesquels courrait une frise de mdaillons figurant le zodiaque (cinq mdaillons subsistent, dont quatre aisment identifiables) ; la trave droite conserve ltat trs parcellaire et non

  • encore totalement dgage - prsentait, elle, lAnnonciation et dautres scnes relatives lIncarnation (?) ct nord, et le Baiser de Judas et une remarquable Crucifixion ct sud ; tant par la technique picturale employe que par liconographie, la parent entre latelier dOurjout et celui de Santa Maria de Tall est vidente, mme si ce sont probablement des mains diffrentes qui uvrrent ici et l. Dautres informations importantes, en particulier sur la technique picturale et les pigments employs, ont t obtenues au cours de ltude interdisciplinaire qui dmontre une fois de plus si cela tait ncessaire limportance des foyers artistiques nord-pyrnens et la circulation des ateliers picturaux des deux cts des Pyrnes

    Ourjout, crucifixion (page de croquis de J.-L. Rebire) Ccile Voyer (Universit de Bordeaux Montaigne) Le dcor peint et la culture visuelle des chanoines de Saint-Junien et des Salles-Lavauguyon au 12me sicle dans le diocse de Limoges Jusqu la mise au jour des dcors peints du prieur canonial Saint-Eutrope des Salles-Lavauguyon et de la collgiale de Saint-Junien dans les annes 1980, la peinture monumentale du XIIe sicle en Limousin ntait connue que par une scne de lAnnonciation situe dans le couloir sud du dambulatoire de la crypte de la cathdrale Saint-tienne. Grce ces trois sites, il apparat quau dernier tiers du XIIe sicle, les chanoines des Salles-Lavauguyon et Saint-Junien partagent la mme culture visuelle rfrences communes, langage formel que lvque. Dans le prieur des Salles-Lavauguyon, filiale de la puissante collgiale de Saint-Junien, les intentions des commanditaires, des chanoines rguliers, se lisent dans les six cycles hagiographiques conservs comme dans lensemble des images quils ont choisies. Une image hagiographique ou plusieurs dentre elles, son inclusion au sein du dcor permettent une communaut de se dfinir. Comme les communauts religieuses ne se pensent jamais seules, le dcor, les images des saints et larchitecture impriment lappartenance leur famille spirituelle restreinte ou largie. La clture nisole pas les rguliers des Salles, ils nouent un

  • ensemble de relations rciproques avec les lacs, les chanoines de Saint-Junien et lpiscopat. En raison de ces changes, les uvres visuelles traduisent souvent la position revendique par les communauts au sein dun monde religieux pluriel, de lglise locale et universelle. Le dcor peut livrer limage que la communaut donne delle-mme, de sa mission mais aussi de sa place au sein de lglise locale et universelle. Lanalyse du dcor peint des Salles montre bien que les dimensions universelle, locale et historique de lglise sinterpntrent, rsum parfait de lexprience canoniale. Le dcor de la deuxime trave de la nef de Saint-Junien a t ralis lors des embellissements et des nouveaux amnagements liturgiques de la collgiale au cours de la seconde moiti du XIIe sicle. Limage peinte, une composition exceptionnelle, est mettre en relation avec la liturgie et la mission canoniale dans le cadre des grandes rformes de ce sicle. Les images peintes des Salles-Lavauguyon et de Saint-Junien nous donnent voir la spiritualit et la culture profonde des chanoines commanditaires dont lidentit sest constitue en miroir de lvque dans un contexte de rforme.

  • Carles Mancho (Universitat de Barcelona, IRCVM) : Saint-Pierre de Sorpe : la complexit de la peinture murale pyrnenne Lensemble de peinture murale de lglise Saint-Pierre Sorpe se place parmi les plus exceptionnels ensembles de peinture romane de Catalogne. Dans notre intervention nous allons prsenter ses caractristiques les plus remarquables, ainsi que les problmes ns de la dpose de la plupart des peintures de cette glise tout au long du XXe sicle, aprs leur dcouverte. Ces Journes romanes nous offrent la possibilit de montrer les caractristiques principales du projet de reconstruction virtuelle des peintures que nous ralisons dans le cadre d'Ars Picta, ainsi que ltude du programme dcoratif. Il sera surprenant de comprendre la complexit et la richesse de liens quexpriment cet ensemble, qui nous amnent, depuis les Pyrnes, jusquau Saint-Spulcre de Jrusalem. Marina Falla Castelfranchi (Universit del Salento, Lecce) La peinture rupestre byzantine en Italie mridionale et ses particularits Jrg Goll (Service archologique des Grisons (Suisse, Monastre Saint-Jean de Mstair)) Les peinture murales romanes de Mstair (Suisse) Le monastre Saint-Jean de Mstair a t inscrit, notamment grce ses peintures murales uniques, sur la liste du patrimoine mondial de lUNESCO. Llment dominant est sans aucun doute le cycle de fresques carolingiennes qui se trouvent dans lglise du monastre, auquel sajoute le renouvellement des peintures murales lpoque romane, vers 1200. Au cours des dernires annes, plusieurs fresques carolingiennes ont t dcouvertes et dgages dans la chapelle de la Sainte Croix.

  • A ct, dans le monastre, se trouvent dautres uvres moins spectaculaires et fort peu connues. Elles documentent cependant, de manire impressionnante, la continuit de la tradition de la peinture murale durant les XIme et XIIme sicles. Au XIme sicle, la reprsentation image sappauvrit au profit de nombreuses inscriptions peintes, tandis quau XIIme sicle la tendance des scnes narratives prsentes en frises se dveloppe. Ces anciennes peintures murales furent, pour ainsi dire, les prcurseurs des chefs-duvre romans de lglise du monastre. Marina Paniagua (Universitat de Barcelona) Les inscriptions peintes des glises romanes catalanes Les inscriptions peintes que l'on rencontre frquemment dans la peinture murale romane des Pyrnes se sont rvles tre une source d'information trs importante au moment d'tudier cette peinture, soit parce que grce elles on a pu dater certains ensembles (les cas les plus connus tant, par exemple, Sant Pere del Burgal ou Sant Climent de Tall), soit parce qu'elles aident prciser l'iconographie, lorsque celle-ci est confuse, ou l'oeuvre peinte mal conserve. Cependant, bien que l'historiographie ait recouru l'pigraphie en d'innombrables occasions, il n'existe toujours pas d'tude pigraphique d'ensemble qui ait valoris ces inscriptions elles-mmes, en les tudiant et en les publiant de manire scientifique et systmatique. Nous voudrions prsenter ici une mthode d'tude des tituli picti de la peinture murale romane, ainsi qu'un systme de transcription et d'dition conforme aux normes utilses en pigraphie classique, avec comme but la fidlit au texte original. Il est en effet primordial de pouvoir s'appuyer sur des ditions fiables des sources, sans lesquelles, sans le savoir, nous pourrions fausser l'Histoire. En outre, la collaboration entre les diffrents acteurs du travail concernant les peintures et leurs inscriptions (historiens de l'art, pigraphistes, conservateurs, restaurateurs) est la seule voie qui permettra, terme, d'tudier ces inscriptions avec toute leur porte. Vendredi 10 jui l let matin : Ille sur Tet - Casesnoves Prsentation : le programme de recherche factura Le programme de recherche factura a t initi par le Centre dtudes mdivales de Montpellier (Universit Paul-Valry, EA 4583) et la Direction rgionale des Affaires culturelles du Languedoc-Roussillon. Il rassemble des universitaires, des professionnels de la restauration et de la conservation, des ingnieurs. Il consacre ses travaux ltude matrielle et technique des arts picturaux mdivaux dans les territoires catalans. Le groupe de recherche a labor des mthodes de travail alliant nouvelles technologies et observations de terrain. Deux grands axes ont t dfinis : la cration dune mthode systmatique dtude et de documentation des uvres et llaboration dun rpertoire des techniques. Les acteurs du programme dveloppent individuellement et collectivement des activits de recherche, de conservation et de valorisation : tudes duvres in situ, journes dtudes, ateliers techniques, expositions, publications. Un site permet de donner au public, une lecture de ce travail : http://factura-recherche.org/.

  • Trence Le Deschault de Monredon (Universit de Genve/Universitat Autnoma de Barcelona) La peinture murale figurative dans l'habitat roman Si le dcor peint figuratif de la maison mdivale lpoque gothique est peu connu, celui de la maison romane lest encore moins. Les raisons de cette mconnaissance sont dues en premier lieu la raret des vestiges conservs, mais aussi au manque de sources documentaires. Cependant, quelques textes permettent de se faire une ide des thmes qui pouvaient tre reprsents depuis lpoque carolingienne jusquau commencement du XIIIme sicle dans les demeures les plus riches. Les thmes dcrits se retrouvent dans des exemples un peu plus tardifs, laissant supposer que ceux-ci sont issus dune longue tradition dans le dcor peint de lhabitat. Lanalyse des quelques dcors conservs de la priode romane permet en outre dentrevoir lvolution qui sest joue dans ce domaine entre les XIIme et XIIIme sicles. Manuel Castieiras (Universitat Autnoma de Barcelona) La peinture autour de 1200 et la Mditerrane : voies d'change et processus de transformation entre Orient et Occident Michele Bacci (Universit de Fribourg, Suisse) Le statut de l'image peinte dans l'Occident mdival : quelques rflexions Cette intervention se propose de faire un bilan des tudes qui ont t consacrs aux fonctions liturgiques et dvotionnelles des images peintes au Moyen ge, tout en mettant laccent sur le rle spcifique des peintures murales de lpoque romane dans lexprience religieuse individuelle et collective. Par rapport aux images peintes sur tableau, qui ont t souvent inspires par le modle orientale de licne, les peintures murales ont t rarement perues comme des objets dignes dune forme autonome de vnration : physiquement lies larchitecture, elles ont contribu faonner lespace liturgique, marquer la distinction hirarchise de ses diffrentes parties, orienter la dvotion des fidles pour la sacralit de la messe ou la saintet dun locus sanctus. Autour des tombeaux des saints, elles fonctionnent en tant quencadrements monumentaux, capables par le biais dune slection efficace des scnes narratives dillustrer et de visualiser la spcialisation thaumaturgique du personnage tant lobjet de la vnration collective. Il sagit pour la plupart dune forme de dcoration visant enrichir limpact visuel dune glise, en orienter la perception, communiquer des messages religieux. Toutefois, cest lpoque romane que les peintures murales commencent tre utilises aussi avec des buts diffrents. On les utilise parfois afin de raliser des portraits sacrs, associs avec le dsir individuel de salvation de lme : exhibs sur les murs et en particulier sur les colonnes de lglise, ils se prsentent souvent comme des icnes murales, nayant aucun lien avec le programme dcoratif du reste de lespace sacr ; frquemment ils accueillent aussi des signes renvoyant lidentit individuelle ou familiale des commanditaires. Des icnes murales sont utilises cette poque, comme on les voit en particulier dans les glises de Croiss Jrusalem et en Terre Sainte, pour visualiser les vnements de lhistoire sacre ayant eu lieu dans les diffrents loca sancta. A ce propos, on se posera la question si ces dveloppements ont t favoriss ou pas par lintensification des changes culturels et artistiques avec le monde byzantin et les Chrtients dOrient.

  • Samedi 11 jui l let Cristina Tarradellas (Universitat de Barcelona) La peinture murale d'Andorre : Sant Mart de la Cortinada, Sant Joan de Caselles, Santa Coloma Le riche patrimoine pictural de lpoque romane conserv dans la principaut dAndorre a t considr pendant longtemps marginal et rsiduel dans le panorama pictural catalan. Mais les dernires tudes montrent une situation bien diffrente qui dmontre que ce nest pas un territoire isol comme on le pensait, mais quil maintenait dimportantes relations avec les territoires proches du sud et du nord des Pyrnes. Les peintures murales des ensembles de Sant Mart de la Cortinada, le purs important conserv sur place, de Sant Joan de Caselles, avec lexceptionnelle crucifixion qui mlange peinture et stuc dans la mme oeuvre, et de Santa Coloma, sont une bonne preuve que la peinture andorrane du XIIme sicle connaissait et savait adapter aux murs de ses glises les modles iconographiques qui dominaient dans le reste de lEurope.