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Page 1: La lutte au doryphore de la pomme de terre, où en sommes nous · L’utilisation rationnelle des insecticides Lorsque la population dépasse un seuil critique, particulièrement

Pour lutter contre le doryphore de la pomme de terre, adopter une stratégie gagnante Bruno Bélanger, agr. M.Sc., Institut de recherche et de développement en agroenvironnement Un bref rappel Au début des années 1990, la lutte au doryphore de la pomme de terre présentait un défi de taille. L’insecte était devenu résistant à presque tous les insecticides. La diversification des moyens de lutte et l’arrivée de nouveaux insecticides, dont principalement le ADMIRE®, ont permis de renverser cette situation. Aujourd’hui, le doryphore est bien contrôlé sur l’ensemble du territoire québécois mais il faut demeurer vigilant car un danger nous guette : le développement de la résistance à ces nouveaux insecticides. Depuis 1998, le Québec participe à une étude pan canadienne qui a pour objectif de suivre l’évolution de la tolérance du doryphore à l’insecticide ADMIRE. Les données de 2004 nous indiquent qu’ils faut des doses de plus en plus fortes pour observer les mêmes taux de mortalité que par le passé. Il faut en déduire que le processus de résistance est bien enclenché. Les ingrédients d’une approche gagnante :une diversité de moyens de lutte La rotation des cultures La rotation des cultures est le premier élément d’une gestion efficace du doryphore. Cette pratique ne vous garanti pas que les doryphores adultes ne pourront trouver vos champs mais elle permettra à la pomme de terre de bien s’implanter avant l’arrivée de l’insecte. Dans ces conditions, il est plus facile de contrôler l’insecte et les plants tolèrent des populations plus élevées. Le piège fosse Un piège fosse placé au bon endroit peut capturer jusqu’à 50% des adultes printaniers. L’efficacité de cet outil vient du fait que ces adultes, lorsqu’ils sortent de terre, marchent quelques jours à la recherche de la pomme de terre avant de s’envoler. Un piège fosse placé sur leur chemin à cette période en fera la capture. Pour le construire, il suffit de recouvrir de plastique une tranchée faite dans le sol. Par exemple, on peut placer ce piège entre un boisé où hiverne les adultes du doryphore et un champ de pommes de terre. Il sera également très efficace entre deux champs dont l’un était en pomme de terre l’année précédente.

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L’utilisation rationnelle des insecticides Lorsque la population dépasse un seuil critique, particulièrement au moment de la floraison, le recours aux insecticides devient nécessaire. Généralement les interventions sont dirigées contre les jeunes larves de la première génération, celles qui apparaissent au début de l’été. Si les traitements ont été efficaces, habituellement il n’est pas nécessaire d’intervenir contre les larves de la deuxième génération. Au Québec, il a été démontré qu’un seuil de 5 larves par plant est sécuritaire. Quelques rangs de pommes de terre traités avec un insecticide chimique au sol peuvent jouer un rôle qui s’apparente au piège fosse et conduire à la destruction d’un nombre important d’adultes qui migrent au printemps. Dans ces conditions, il peut être possible de réduire de façon globale la quantité d’insecticide appliquée dans l’ensemble des champs. Il est aussi recommandé d’alterner les insecticides utilisés. Si chez vous les pyréthrines de synthèse (CYMBUSH, DECIS, MATADOR, RIPCORD) ou d’autres familles d’insecticides sont toujours efficaces, l’alternance avec ces produits est intéressante pour retarder l’apparition de résistance. Il faut également se rappeler qu’un insecticide qui n’est plus utilisé dans une zone peut redevenir efficace et permette l’alternance qu’on recommande. L’insecticide SUCCESS, qui fait partie d’une nouvelle famille de produit, a été plus largement utilisé en 2004. Dans le cadre de nos travaux à Deschambault, nous avons obtenu d’excellents résultats avec ce produit. Lorsque la décision de traiter est prise, si l’on veut déterminer le meilleur moment pour une première pulvérisation foliaire, la technique du « boum d’éclosion » devient un outil précieux (voir l’encadré et le feuillet technique sur ce sujet disponible sur ce site). Enfin, l’emploi d’un pulvérisateur bien réglé et son utilisation dans des conditions climatiques optimum sont primordiaux. En faisant appel à une diversité de moyens de lutte, des entreprises réussissent à contrôler le doryphore en faisant moins de deux traitements foliaire lorsque l’on considère l’ensemble des superficies. Si l’on doit faire plus de deux traitements insecticides, une lumière rouge devrait s’allumer et il faudrait revoir notre mode de gestion du doryphore. Et les autres insectes de la pomme de terre Les entreprises qui sont en mesure de diminuer le nombre d’arrosage pour lutter contre le doryphore peuvent se voir confronter à un nouveau phénomène : des insectes qu’on qualifiait de secondaires auparavant deviennent plus importants. Ces insectes sont principalement l’altise de la pomme de terre, la cicadelle de la pomme de terre, la punaise terne et les pucerons. Un feuillet technique de même qu’un guide d’identification de ces insectes sont disponibles sur ce site.

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Toute intervention contre ces insectes doit être précédée d’un dépistage afin de s’assurer que l’insecte est bien présent et que leur nombre justifie une intervention. Pour conclure Les insectes comme le doryphore de la pomme de terre ont une longue histoire derrière eux. Au fil de leur évolution, ils ont été capables de développer des mécanismes de résistance aux insecticides. Dans cette bataille incessante contre ces ravageurs nous devons jouer de finesse. Pour y arriver, il faut diversifier les moyens de lutte car il est démontré que les insecticides seuls ne peuvent suffire à la tâche. Une méthode pour cibler un premier traitement foliaire contre les larves du doryphore de la pomme de terre : le boum d’éclosion des oeufs. Identifier au champ 30 masses d’œufs (ex. avec un petit ruban rouge), 5 à 6 jours après le début de la ponte. Suivre à chaque jour ces masses d’oeufs et notez le nombre de masses chez lesquelles on observe de l’éclosion. Lorsqu’on atteint 30% d’éclosion ou 9 masses d’œufs éclos sur 30, le premier traitement doit être fait dans un délai de 4 à 9 jours. L’intervalle le plus court s’applique lorsque la température est chaude, donc très favorable au développement du doryphore. À Deschambault, où nous utilisons cette méthode, nous avons calculé qu’il s’écoule en moyenne 175 degrés–jours ± 10 entre le moment où nous avons atteint 30% d’éclosion et le premier traitement foliaire. Lors de la première pulvérisation, les grosses larves ne devraient pas dépasser 10% de la population larvaire.