la democratisation des musiques actuelles-1

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La Democratisation Des Musiques Actuelles-1

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Couverture, crdit photo: Marie Joly

IUT de Tours

Dpartement Carrires SocialesLa dmocratisation des musiques actuelles

Quelle prise en compte des politiques publiques?

Marie JOLY

Anne 2005

Directrice de mmoire: Anne TAILLANDIER

Sommaire

6Introduction

9Les musiques actuelles et leur public

9I. Les musiques actuelles

9A. Dfinition

13B. Les secteurs dactivits

15C. Les associations reconnues des musiques actuelles

17II. Le public des musiques actuelles

17A. Les pratiques culturelles des franais

22B. La composition du public

26III. Les enjeux des musiques actuelles

26A. La place de la musique dans la socit

27B. La construction de lidentit

29C. La culture jeune

33Les musiques actuelles et les politiques culturelles

33I. Histoire de la culture en France

33A. Andr Malraux et la dmocratisation de la Culture

36B. Lentre deux Mai: de Malraux Lang

37C. Jack Lang et la dmocratie culturelle

41II. Les musiques actuelles et lEtat

41A. La lente prise en compte du rocknroll

43B. Les actions et les engagements du Ministre

46C. Organisation du Ministre et budgets des Musiques actuelles

48III. Les collectivits de proximit: les chefs de file des musiques actuelles

49A. La dcentralisation de la culture

50B. Les rgions

52C. Les politiques culturelles des villes et des dpartements

55D. Initiatives et engagements

60tat des lieux des musiques actuelles

60I. La diffusion

61A. Le disque et la mdiatisation

63B. Les SMAC

66C. Les cafs-concerts

67D. Les festivals

68II. La formation, laccompagnement des pratiques amateurs et la cration

69A. La formation des musiciens

71B. Laccompagnement des pratiques amateurs

72C. La cration

74D. Les formations de formateurs

78Conclusion

81Annexes

87Bibliographie

Introduction

Introduction

Le milieu des musiques actuelles est essentiellement associatif. Il existe souvent grce aux militants passionns et bnvoles qui se battent continuellement pour permettre aux artistes nouvellement professionnels ou en voie de professionnalisation de pouvoir se produire. Ce milieu, bien que pris en compte de plus en plus par les politiques, a toujours et dautant plus besoin de lEtat pour se dvelopper face la demande du public et pour survivre.

Lamnagement du territoire franais en quipements culturels est trs important mais le pourcentage des salles diffusant des musiques actuelles nest encore que trs minime et insuffisant en milieu urbain, voire ngligeable en milieu rural.

Les salles existantes rencontrent, pour bon nombre dentre elles, des difficults financires avec des subventions qui diminuent ou disparaissent mme, des difficults de fonctionnement avec des emplois souvent prcaires.

Les problmes de diffusion ne se limitent pas un amnagement mdiocre du territoire en salles de concerts mais aussi au refus de plus en plus frquent des cafs-concerts de produire des groupes suite lapparition de lois antibruit trs rpressives. Le caf-concert est un lieu cl dapprentissage pour les musiciens en voie de professionnalisation, et il permet galement une programmation de dcouverte accessible un public de proximit.

En terme denseignement auprs des artistes et daide la gestion de carrire, le nombre de professionnels est quasi inexistant. Les coles de musique offrant un enseignement des musiques actuelles: rock, rap, lectro, nexistent pas ou alors en milieu associatif. Les coles municipales de musique ,les conservatoires rgionaux ou nationaux sont en nombre impressionnant sur toute la France, mais leur enseignement reste classique, harmonique ou la limite jazz, identique la formation des professeurs et des directeurs.

La privatisation des mdias naide pas les artistes dbutants percer dans le milieu professionnel. Une bonne communication mdiatique facilite laccs. Les chanes de tlvision prives ou les radios prives et commerciales diffusent majoritairement des artistes connus du grand public, qui nont pas ncessairement besoin de telles publicits ou de diffusions rptitives. Les radios et tlvisions associatives assurent le plus important de la programmation. Le service public devrait avoir un rle plus actif. Mises part les missions spcialises de courte dure ou diffuses des heures tardives, la promotion de petits artistes est illusoire, la diffrence de ceux, promus par les grands labels internationaux, qui trouvent toute leur place dans les programmes tlviss ou radiophoniques.

Il me semble quaujourdhui, avec lvolution de la place occupe par les musiques actuelles dans la socit, il convient davoir une rflexion relle sur la place quelles occupent, de leur prise en compte; danalyser la reconnaissance des politiques culturelles afin de permettre un meilleur accs aux musiques actuelles.

Voil lobjet de cette tude.

Pour cela, il est fondamental davoir une connaissance concrte du secteur des musiques actuelles en France, de son public et des consquences quelles ont sur la socit; puis une conception gnrale de la politique culturelle franaise, de son histoire et de sa reconnaissance dans le domaine des musiques actuelles.

Les musiques actuelles et leur public

Les musiques actuelles et leur public

I. Les musiques actuelles

A. Dfinition

Il convient avant tout de se demander quand est apparu le besoin de regrouper des styles de musique diffrents (on tudiera lesquels par la suite) sous un mme terme: celui de musiques actuelles et/ou musiques amplifies.

Lexpression musiques actuelles a connu une forme dofficialisation avec le dispositif Scnes de Musiques Actuelles et la commission nationale des musiques actuelles, ainsi quavec la cration de lIRMA (centre dInformation et de Ressources pour les Musiques Actuelles) en 1994.

Le dispositif SMAC (Scnes de Musiques Actuelles) reprsente un label produit par le Ministre de la Culture et de la Communication, pour dfinir les salles de spectacles rpondant diffrents critres, en partie celui daccueillir le public de ces musiques.

La Commission Nationale des Musiques Actuelles a t cre en 1998 la demande de Madame Catherine Trautmann, alors Ministre de la Culture et de la Communication, lors du festival des Transmusicales de Rennes pour rflchir autour de deux axes fondamentaux non conomiques: les conditions de cration de lartiste et les garanties de dmocratisation pour les publics afin de dfinir une politique globale, cohrente et spcifique des musiques actuelles.

Cest donc pendant la seconde moiti des annes quatre-vingt-dix que le besoin damalgamer les musiques sous une mme appellation est venu. Mise part la cration de lIRMA, association loi 1901 cre par des militants de la culture non lus ni politiss, on peut conclure que les termes musiques actuelles et/ou musiques amplifies sont dordre politique, ministriel.

Il est vrai que jusqualors, il ne semblait pas ncessaire de parler de musiques actuelles ou de musiques amplifies pour voquer le rap, la techno et dautres musiques, alors quun bon nombre de ces genres existait dj. Ils ne sont pas apparus en mme temps que le terme musiques actuelles.

Il est convenable de prciser avant tout chacun des deux termes qui se prvaut continuellement: musiques amplifies et musiques actuelles qui dfinissent souvent les mmes styles de musique.

Les musiques amplifies reposent sur un procd damplifications sonores et pour lesquelles la notion de son est trs importante voire mme plus importante que la notion de note. Llectricit est la base dun certain nombre de ces musiques, le rocknroll nexiste pas sans lectricit. Marc Touch, sociologue/chercheur au CNRS, donne la dfinition des musiques amplifies la plus courante, la plus utilise aujourdhui, qui semble faire rfrence car elle est prsente dans plusieurs ouvrages.

Les musiques amplifies ne dsignent pas un genre musical en particulier, mais se conjuguent au pluriel pour simplifier un ensemble de musiques et de pratiques sociales qui utilisent llectricit et lamplification sonore comme lment majeur des crations musicales et des modes de vie (transport, stockage, conditions de pratiques, dapprentissage). A la diffrence des musiques acoustiques qui ncessitent lappoint ponctuel de sonorisation pour une plus large diffusion, les musiques amplifies sont cres, joues partir de la chane technique constitue par les micros et la pr amplification (travail sur les frquences, les effets sonores) ainsi que lamplification et les haut-parleurs. Sy ctoient les musiciens de recherche, les diverses formes de rocknroll, rap, jazz rock, jazz, hard rock, funk, reggae, chanson, house music, tous rvlent les drivs de la culture rock.

La qualification des musiques comme amplifies est due son aspect esthtique, physique: lamplification. Ce terme rassemble les musiques utilisant llectricit dans la conception.

Lexpression musiques actuelles runit le jazz, la chanson et les varits, les musiques traditionnelles (ou musiques du monde) et les musiques amplifies. Pour tre plus explicite, elles dsignent les musiques rock, lectro, pop, reggae, rap, techno, Le terme musiques actuelles est alors plus gnraliste et passe au-dessus de laspect esthtique de la musique. Le contresens est au niveau de la qualification actuelle, elle dsigne la musique selon son aspect temporel, alors que certains des genres ne sont pas rcents. Le rock date des annes 60. Lexpression est dautant plus dprciative, elle suppose lide de prissable, et elle prsume le non pass et le non futur. La signification lexicale du terme est diffrente du sens ministriel que lon peut lui donner: les musiques actuelles englobent les musiques daujourdhui, celles qui apparaissent et celles qui voluent.

Un dbat smantique existe depuis lapparition de ces deux formules. Les musiques telles que le rock, les musiques lectroniques, le rap, le reggae, le jazz sont difficiles apprhender, elles changent sans cesse dun point de vue esthtique comme dun point de vue smiologique, les tiquettes sont extrmement diverses et se conjuguent. Il est difficile pour les acteurs du secteur culturel des musiques actuelles (artistes, professeurs, administrateurs) de donner un nom gnraliste des genres qui existent distinctement. Et quel que soit le terme utilis, l'apparence dvalorisante est toujours prsente car cette catgorisation ne reconnat pas les spcificits de chaque courant.

Mais le temps dtre pragmatique est apparu en mme temps que lexpression, le terme a t dfini en partie par le Ministre de la Culture et de la Communication dans le souci de crer une politique adapte. A partir du moment o un terme est adopt, et mme si on y rsiste, le fait est que lexpression simpose et quelle dfinit des mondes.

Les musiques voques dans cette tude englobent celles de la culture jeune, qui a une histoire, des traditions esthtiques, rythmiques, vestimentaires [] elle touche plus de monde que les seuls jeunes. La notion musiques jeunes nest pas exacte non plus car, on le verra plus tard, le public des concerts nest pas spcifiquement jeune. Ces musiques dfinissent plus toutes les musiques qui ne sont pas savantes dsignant les musiques classiques, contemporaines qui sont reproduites partir dun texte prcis: la partition - lexception du jazz qui a une place particulire dans les musiques actuelles car il laisse une grande part limprovisation. On pourrait galement parler des musiques qui sont coutes debout en concert.

Dans le monde des musiques non savantes, rock, etc., il y a quand mme une ide rpandue, cest quen gros on est plus dans le registre du fun plutt que dans celui de lintello.

Marc Touch voquait prcdemment les pratiques sociales gnres paralllement aux pratiques musicales.

Le lien social gnr lors dun concert est un aspect important des musiques actuelles. En effet dans la majeure partie des concerts que lon voque, non seulement le public est debout mais il sinvestit souvent fortement en dansant, dans les free parties la danse est llment essentiel de la soire. Le rle de la pulsation dans ces musiques-l consiste distribuer du plaisir pour le corps de ceux qui le font et de ceux qui y participent. Le lien social se cre ainsi entre le groupe qui joue sur scne, le meneur qui est un chanteur bien souvent et lassemble.

Le caractre social cr par une pratique ou une coute musicale a toute son importance dans le domaine des musiques actuelles par le monde gnr autour de celles ci. Une personne pratiquant un style de musique bien prcis aime le partager, le vit individuellement ou collectivement. Aimer la musique ce nest donc pas seulement aimer des notes ou des sons, cest aimer un ensemble qui comprend tout un monde dobjets, de techniques, de lieux et de faon dtre. Cette caractristique est dautant plus marque chez les personnes sidentifiant un des nombreux genres de musiques actuelles.

La signification des diffrentes appellations est quasiment identique, ainsi, pour tre pragmatique et aller dans le sens des institutions et du Ministre, jutiliserai dans ce mmoire, le terme musiques actuelles.

Il est important aussi dvoquer le disque dans les particularits des musiques actuelles. Dans lhistoire de la musique, lapparition de celui-ci a son importance. Quand un artiste enregistre, il fixe sa musique sur un support. Le disque cr en studio parat avec les musiques amplifies. La porte est alors, de faire autre chose quune simple photo, recrer une atmosphre qui ne changerait jamais coute aprs coute. Au dbut de lhistoire du disque, les artistes arrivaient en studio, se produisaient dans les conditions similaires celles de la scne et repartaient. Aujourdhui, la spcificit des musiques actuelles telles que le rap, le rock le reggae ou la techno, est quil se passe autre chose dans le studio, qui ressemble plus au cinma, un travail de montage, de cration avec les artistes.

Le domaine des musiques actuelles est fortement htrogne. Il existe des dizaines et des dizaines de styles diffrents rpertoris ou non. On voit sur des affiches de concerts les termes dfinissant les groupes de punknroll, electro-pop, speed punk, drumn tech, post hardcore, free afro jazz beat, power pop, autant dappellations existent que de groupes crs. A lapparition de nouveaux grands courants, comme le reggae, ceux dj existants comme le rock ou le jazz, sen sont empars, souvent pour le faire connatre et pour que les musiciens de ces genres diversifient leurs pratiques. Ainsi le mlange a cr de nouveaux genres de musiques. Aujourdhui, les styles shybrident, se mlangent. La dure de chacun nest pas dfinie. Ils apparaissent comme ils disparaissent, par exemple la musique disco qui est toujours coute de nos jours mais qui nest plus produite.

B. Les secteurs dactivits

Les secteurs dactivits des musiques actuelles sont divers, nous pouvons cela dit les diviser en deux ples majeurs: un autour du public et un autre autour des artistes. Lun ou lautre est plus ou moins lucratif pour lactivit financire de lEtat.

Le ple cr autour de lartiste dveloppe diverses activits, celles de la pratique musicale, du disque, du spectacle vivant.

La pratique musicale est une activit sociale qui regroupe adultes et enfants et toutes classes socioprofessionnelles confondues. Cest une activit qui associe professionnels de la musique et amateurs. Les pratiques sont diffrentes, nous le verrons dans une prochaine partie de cette tude.

Le disque est le support sur lequel un artiste fixe sa cration musicale. Le disque est apparu en mme temps que lusage de llectricit dans la pratique, paralllement lapparition du rocknroll et de la guitare lectrique. Pour produire un disque, lartiste passe par un studio denregistrement. Aujourdhui, les pratiques ont beaucoup volu, dans le studio on ne fait pas simplement une photo, comme on a longtemps fait avec le classique ou le jazz, on utilise le studio comme un outil de cration. Le phnomne denregistrement a normment chang ces dernires annes, les pratiques sont distinctes, avec lapparition des home studios, les studios la maison, lenregistrement de la musique est devenu plus accessible. Le disque a une place importante dans la socit.

Le spectacle vivant fait partie dune longue rflexion idologique depuis peu de temps. Ce secteur a connu ces deux dernires annes un important dveloppement, avec le changement de statut dintermittent. Les dates de concerts sont de plus en plus nombreuses afin de permettre chacun de garder un statut, cependant prcaire pour les plus novices et les plus passionns. Loffre est de plus en plus importante par rapport la demande du public, et le secteur associatif des musiques actuelles parfois dnormes difficults, entre autres, financires, survivre. On peut dire aujourdhui que le spectacle vivant, le concert pour le musicien, vise deux finalits: la possibilit de se produire en public, ainsi que le moyen dobtenir un contrat reconnu par lEtat pour justifier de son statut dartiste et dintermittent.

Le ple dactivits cr autour du public est trs ressemblant celui de lartiste, mais les enjeux conomiques sont totalement diffrents. Ce secteur est rentable compar au prcdent.

Nous pouvons observer depuis des annes le dveloppement des secteurs du disque, du spectacle vivant, des mdias et des nouvelles technologies, de la prvention auditive et de la toxicomanie, de la vente de produits drivs parallle lidentification sociale.

Le march du disque est srement le secteur conomique le plus important des musiques actuelles, et galement celui de la culture aujourdhui.

La frquentation des spectacles vivants est lie laccroissement de loffre. La proposition de concerts est de plus en plus importante. Les politiques tarifaires propres aux structures accueillant le public permettent laccs plus ou moins facile ces spectacles. Les tarifs les plus intressants manent la plupart du temps, des structures aides financirement par lEtat qui encourage la dmocratisation culturelle.

De nos jours les mdias et les nouvelles technologies ont une place consquente dans la diffusion et la promotion de la culture et de la musique. Les mdias, avec les nombreuses missions promotrices de culture, prsentent un ventail de nouveauts musicales. Des artistes mergent chaque jour; dcouverts par des personnalits mdiatiques, ils parviennent petit petit tre reconnus du grand public. Nous examinerons les bienfaits et les mfaits des mdias pour une meilleure reconnaissance des artistes, ainsi que les enjeux quils engendrent sur le public. Paralllement, les annes 2000 ont vu merger les nouvelles technologies: Internet (temple international de la publicit), les lecteurs MP3 et le piratage. Nous nous interrogerons ainsi sur les consquences de ces nouvelles pratiques et des prises en compte de lEtat.

La sant auditive est souvent voque lorsquon aborde le sujet des musiques actuelles. La fatigue auditive est de plus en plus courante chez les personnes frquentant des lieux musicaux (concerts, discothques). Aujourdhui un jeune sur vingt est atteint dune dficience auditive dont lexcs de musique peut tre un des facteurs.. De mme, certaines pratiques musicales engendrent des pratiques addictives. Ces aspects des musiques actuelles sont des points forts tudis et de plus en plus pris en compte par les acteurs du secteur.

Les secteurs dactivits des musiques amplifies, particulirement les structures de diffusion, sont souvent rgis par des associations cres par des militants et des passionns de musique. Elles reprsentent les musiques actuelles auprs de lEtat.

C. Les associations reconnues des musiques actuelles

Le monde des musiques actuelles est depuis longtemps soutenus par des militants associatifs qui au fur et mesure des annes ont trouv toute leur place auprs des lus politiques locaux et nationaux. Les structures, la plupart du temps associatives, ont des activits de soutien, dinformation et de mise en rseau des acteurs.

1. Le Centre dInformation et de Ressources pour les Musiques Actuelles - IRMA

LIRMA est une association loi 1901 cre en 1986 et reconnue par le Ministre de la Culture et de la Communication en 1994. Cest un centre dinformation, dorientation, de conseil et de formation ouvert tous les acteurs des musiques actuelles. Il est LE lieu dchange du secteur. LIRMA met ses ressources au service des particuliers et des professionnels via des entretiens, des ralisations dtudes, des confrences, des actions et des conceptions doutils. Il est soutenu notamment par le Ministre de la Culture, le Ministre de la Jeunesse et des Sports, la SACEM (Socit des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique) et lADAMI (Socit pour lAdministration des Droits des Artistes Musiciens Interprtes).

2. La Fdurok

La Fdurok, association loi 1901, a t cre en 1994, dans le souci de dfendre les salles de musiques actuelles et soutenir celles en construction. La Fdurok associe lensemble des acteurs des musiques actuelles. Elle a pour but danalyser, dfinir et corriger [] les freins et les carences juridiques, conomiques, politiques et sociaux rencontrs dans le secteur du spectacle vivant. Elle est la principale reprsentante du secteur culturel des musiques actuelles et elle est aussi devenu lempcheur de tourner en rond. Elle a une approche trs politique du secteur, ce qui la rend lgitime face aux pouvoirs publics. Actuellement, cette association soriente plus sur lanalyse des lieux et la mise en place doutils dobservation, linformation, la sensibilisation et la formation des professionnels du secteur et des adhrents, et la construction dun partenariat avec les organismes professionnels et les structures publiques (fdrations, syndicats).

3. Les ples rgionaux des musiques actuelles

Les ples rgionaux ont t initis par la Direction Musique et Danse (DMD) en 1993 et crs dans le souci de favoriser lchange et la circulation dinformations entre les diffrents acteurs des musiques actuelles en rgion et dinscrire leurs actions dans des dynamiques rgionales. Ce sont, pour la grande majorit, des associations loi 1901. Leurs buts premiers sont de sensibiliser les collectivits publiques aux enjeux lis aux musiques actuelles, de favoriser la mise en rseau des partenaires publics, des acteurs associatifs et des musiciens, la formation des professionnels, linformation des acteurs du secteur par le dveloppement et lharmonisation des outils et la cration dun environnement favorable pour le dveloppement des projets des musiciens. Ils sont prsents, galement, pour encourager, pour aider lvolution des projets artistiques des praticiens amateurs et les soutenir dans leur cration. La plupart de ces ples sont des relais de lIRMA et fonctionnent similairement celui-ci dans un contexte rgional.

Ces associations ont des rles importants et complmentaires. Chacune trouve sa place auprs des musiciens et des collectivits locales. Elles tmoignent, aujourdhui, de la volont de chacun de lutter pour tre mieux reconnu par lEtat.

II. Le public des musiques actuelles

Le public des musiques actuelles est dordre diffrent. Nous pouvons en effet distinguer le public des concerts et celui des studios de rptition. Dans cette tude, nous considrerons que le public des musiques actuelles est comparable la population ayant des pratiques relatives celles-ci.

Ecouter la musique de nos jours est une pratique commune mais pas familire tous. David Perchirin, matre de confrence lUniversit de Rennes crit Ecouter la musique, cest avant toute chose avoir lhabitude et le temps dcouter de la musique.. Quen est-il des pratiques des franais vis--vis de la musique? La socit a souvent estim les pratiques musicales comme des pratiques de jeunes. Il est vrai que les enqutes rcentes sur lusage du temps libre [] indiquent que les jeunes [] ont plus de loisirs que leurs ans: dans le domaine du sport ou de lcoute musicale, de la frquentation des concerts mais nous confirmerons ultrieurement que les pratiques musicales ne sont pas exclusivement jeunes.

A. Les pratiques culturelles des franais

En 1973, suite une priode o le peuple a labor un esprit de contestations et de remises en cause de la conception que lEtat a de la culture, entre autres une critique des intellectuels sur les ingalits des classes rsultant du discours de Pierre Bourdieu en 1965 dans son ouvrage Un art moyen, le Ministre va gnrer sa propre critique en effectuant une enqute statistique sur les pratiques culturelles des franais. Il savre que les rsultats confirment le propos de Bourdieu sur le fait que laccs la culture est plus facile pour les privilgis. Depuis ce premier sondage, une enqute est effectue tous les huit ans. La dernire, datant de 1997, devient sommairement obsolte en particulier avec lapparition et la familiarisation des nouvelles technologies telles que la platine CD, Internet ou les lecteurs MP3. Les pratiques culturelles et les analyses relates dans cette tude retranscrivent cependant la ralit des loisirs des franais en 1996.

Il subsiste deux grandes conceptions sur les pratiques culturelles des franais.

En 1965, Pierre Bourdieu a dvelopp celle de la lgitimit culturelle qui postule une correspondance hirarchique entre les uvres et les consommateurs. Selon lui, les classes sociales suprieures sont avantages voir des uvres de haute qualit, ce que Bourdieu baptise la culture cultive: les uvres dart, le thtre, la musique savante

Joffre Dumazedier a propos une seconde thorie sur le temps libre. Il a dfinit comme pratiques culturelles toutes formes de loisirs comme le sport, la tlvision, les magazines, la photographie, le cinma

Aprs quatre enqutes, en 1973, 1981, 1989 et 1997, les statistiques diffrent peu et les rsultats sont souvent identiques: les classes populaires, vont toujours aussi peu au muse, et les classes favorises squattent toujours autant les traves des opras

On peut donc distinguer deux types de publics, les spectateurs / auditeurs et les praticiens. Leurs pratiques culturelles sont dordre plus ou moins tendues.

1. Spectateurs et auditeurs

a) Les gots musicaux des franais

La chanson et la varit franaise appartiennent aux genres musicaux les plus couts, viennent ensuite les varits internationales et la musique classique. Nous pouvons remarquer que les principaux styles de musique couts font partie de la famille des musiques actuelles: la chanson et les varits internationales qui souvent sapparentent cette catgorie. Contrairement ce que lon pourrait penser, le rock de moins en moins est cout. Olivier Donnat explique cela par lmergence des nouveaux genres tels que le rap, le hard-rock ou des musiques du monde; dans le formulaire du Ministre de la Culture, le questionn ne pouvant donner quune seule rponse. Si ces nouvelles catgories navaient pas t introduites, lcoute du rock serait srement plus consquente.

Les jeunes de 15 24 ans prfrent, quant eux, les varits internationales. 70% dentre eux admettent couter un genre musical appartenant la famille des musiques actuelles, en particulier les lycens. Cela dit le rap est plus apprci des plus jeunes et des hommes, le rock et le jazz, ils sont plus cits par les tudiants.

Dans le domaine des musiques actuelles, le sexe des personnes influe sur le type de musique cout. Ainsi les femmes sont plus attentives la chanson et les hommes au rap, au rock et au hard rock. Nous retrouverons des rsultats similaires dans le public des concerts.

Les gots musicaux dpendent galement de la classe sociale dappartenance. Les personnes de classes sociales suprieures et diplmes mentionnent grand nombre lcoute de la musique classique ou du jazz. Les classes suprieures diplmes ne se distinguent pas seulement [] par un penchant particulier pour la musique savante, mais aussi par lclectisme de leur got, alors que les classes populaires se dfiniraient plutt par des gots exclusifs..

b) Lquipement musical et frquence dcoute des supports musicaux

Il est aujourdhui rare quun mnage ne possde pas dquipement pour couter de la musique dans le foyer. En 1997, trois quarts des franais possdaient une chane hi-fi, et huit personnes sur dix, un lecteur de CD. Avec lapparition des nouveaux modes de diffusion musicale, nous pouvons imaginer quaujourdhui, huit ans aprs, ces chiffres sont suprieurs.

Le nombre de disques par foyer environnait les 50 en 1997, mais l encore, nous pouvons croire que le chiffre na cess daugmenter, en particulier avec lmergence du graveur de CD et le peer to peer (musique gratuite tlchargeable sur des sites Internet). Similairement lcoute, les genres musicaux possds par les franais en supports sont, du plus important au moins important, la chanson franaise, la musique classique, le rock et les musiques du monde. Les jeunes de 15-19 ans se distinguent l encore avec leur possession incroyable de varits internationales (78%), de rap (51%), de hard rock (39%). Plus de la moiti des personnes entre 15 et 54 ans possdent des disques de rock, cela peut sexpliquer par la date de parution de ce genre musical, qui a marqu plusieurs gnrations, spcialement celle des soixante-huitards.

Plus dun franais sur quatre coute de la musique tous les jours. Parmi ceux-ci, un tiers joue de la musique. Lcoute est lie la frquentation des concerts; les personnes qui affirment couter la musique tous les jours sont nombreuses tre alles un concert au cours des douze derniers mois.

Ce qui est tonnant, cest quil existe apparemment une liaison entre lcoute de musique et toutes les pratiques culturelles. On constate [] que la frquentation des thtres ou des salles de cinma, par exemple, au mme titre que la proportion de forts lecteurs de livres, augmente [] avec la frquence dcoute musicale.

c) La radio

La radio est un mdia considrablement cout: jusqu 69% des personnes coutent la radio environ 18 heures par semaine et cette dure moyenne est manifestement semblable pour toutes les catgories socioprofessionnelles. Dans les statistiques, nous pouvons remarquer que les jeunes accordent plus de temps dcoute la musique et les plus gs linformation. 51% des 15-19 ans et 42% des 20-24 ans affirment lcouter pour les chansons, les varits et le rock donc pour les musiques actuelles.

d) La frquentation des spectacles vivants

Il est important de considrer les rsultats des enqutes pour la frquentation des spectacles vivants. Nous distinguons rapidement que sur dix personnes, huit ne sont jamais alles lopra, sept un concert de musique classique et quatre une pice de thtre joue par des professionnels! A linverse, les spectacles amateurs ont vu leur public slargir, particulirement avec la frquentation des jeunes de 15 24 ans (27%). Cela dit, la frquentation des concerts est peu significative, seulement trois franais sur dix sont alls un concert au cours des douze derniers mois.

La fte de la musique fait partie des grandes apparitions culturelles et politiques de la fin du 20me sicle, nous voquerons son histoire politique et sociale ultrieurement. En ce qui concerne sa frquentation, elle est srement lactivit culturelle la plus pratique par les franais. 79% des franais sont dj alls une fte de la musique au cours de leur vie.

2. Les pratiques amateurs

On ne saurait rduire le public ses dimensions de spectateur ou dauditeur sans oublier quune partie des individus qui le compose peut aussi avoir des pratiques musicales.

En rgle gnrale, les franais pratiquent rgulirement et en grand nombre, des activits culturelles et artistiques; particulirement les jeunes. Mais le phnomne nest pas exclusivement propre cette gnration, mme sils sont les plus concerns. Il apparat plusieurs moments de la vie dcisifs dans la pratique dactivits en amateur. Nous pouvons percevoir, en effet, un certain nombre dabandon ds linstant o les personnes sinstallent dans leur vie familiale et / ou leur vie professionnelle, ainsi quune reprise de ces activits au moment o ces aspects de la vie sallgent.

Les pratiques sont diverses et varies. Et, au fur et mesure des annes, les franais ont tendance avoir de plus en plus dactivits artistiques, ceci est srement d laugmentation du temps de loisirs.

Nous pouvons tout de mme nous apercevoir, quaprs lusage de lappareil photo, les franais pratiquent beaucoup la musique. Un quart des franais savent jouer dun instrument de musique. Il est vrai que sur ce nombre important de personnes, plus de la moiti nen nont pas jou depuis plus dun an. La proportion dinstrumentistes amateurs en activit stablit par consquent 13% des franais. Avec les 4% de chanteurs, nous pouvons estimer quen 1997, la proportion de musiciens amateurs, tait de 17% de la population. Aussi, il me semble important de prciser que 11% des franais ont dj particip la fte de la musique en tant quamateur. Le nombre de praticiens amateurs est minent chez les jeunes de 15 19 ans (60%) et dcline rgulirement ds que lon dpasse la gnration des 25 34 ans. Olivier Donnat explique ce nombre important de praticiens est li aux volutions de lducation musicale, particulirement lcole et dans les moments de temps libres. Les modes dapprentissages divergent selon lge et le sexe des personnes. Lcole est un lieu de formation largement dominant chez les 15 19 ans, comme chez les femmes (39% dentre elles). Les hommes, quant eux, dclarent avoir appris le plus souvent seul ou avec des amis.

B. La composition du public

1. Les publics des concerts

Contrairement aux ides reues, les concerts de musiques actuelles attirent des jeunes issus de milieu urbain, les sondages dmontrent une grande diversit des publics, le brassage des gnrations et des classes sociales. La frquentation dun quipement musiques amplifies semble davantage motive par les types de pratiques ou de sorties culturelles que par lappartenance une classe dge ou un lieu dhabitat spcifique.

La composition du public peut tre tudie selon plusieurs critres: lge, le sexe, la catgorie socioprofessionnelle ou la proximit du lieu de concert, mais aussi selon les familles musicales. Les chiffres donns ultrieurement sont issus dtudes effectues dans plusieurs salles de concerts par le Dpartement des Etudes et de la Prospective en 1998 : le Florida Agen, le Biblo, la Clef, la Cl des Champs dans les Yvelines et la MJC de Montluon dans lAllier.

80% des spectateurs ont entre 16 et 30 ans, et un tiers a plus de 25 ans, ge auquel nous ne sommes administrativement plus si jeunes! Au Florida, Agen, la moyenne dge est de 25,4 ans et elle est suprieure 30 ans dans plus dun concert sur cinq.

En ce qui concerne le sexe des spectateurs, nous distinguons que deux tiers du public, en moyenne, est masculin mais les ges restent identiques.

Ltude des catgories socioprofessionnelles des spectateurs montre particulirement lhtrognit des populations des concerts de musiques actuelles.

Les catgories socioprofessionnelles des spectateurs

Mme si le nombre dtudiants, demploys et de professions intermdiaires reprsente plus de la moiti du public des concerts, les rsultats montrent en gnral la diversit des populations et le mlange des catgories socioprofessionnelles. Les jeunes sont reprsents 46% tout de mme dans les concerts. Les variables qui entrent dans le choix individuel daller un concert, couter, voir, partager avec dautre personnes des motions, sont le prix de la place, lartiste, le lieu du concert ou lorganisateur, mais ces variables dpendent aussi de largent disponible, de lge, du sexe, de la place de la musique dans lidentit (lment que nous tudierons postrieurement) et de la rticence des parents, notamment chez les jeunes filles.

La frquentation dune salle de concert dpend aussi de la proximit du public. Les rsultats sont diffrents selon limplantation de la salle. Il apparat que plus une salle est situe dans un tissu urbain dense, comme la banlieue parisienne, moins les habitants de la ville dimplantation sont fortement reprsents. En revanche, plus la salle est dans une ville centre isole, plus le public de la salle proviendra de cette ville [] mais aussi de communes plus ou moins loignes de la ville de rfrence.. Au Florida, la rpartition gographique du public est trs htrogne, cette salle reprsente un quipement culturel central dun dpartement, voire mme dune rgion, les publics ont des provenances plus larges que celles de la ville centre ou de son agglomration.

Comme voqu antrieurement, la composition du public dpend aussi du style de musique du concert apprci. Ainsi, les concerts rock ont un public dune moyenne dge de 25 ans avec 65 80% de moins de 26 ans; les femmes y sont reprsentes entre 25 et 35% et ce sont les concerts o les catgories socioprofessionnelles sont les plus mlanges. Le hard rock attire un public plus jeune, g en moyenne de 20 ans avec tout de mme 80% de moins de 26 ans; nous trouvons peu de femmes (25% au maximum) et les catgories socioprofessionnelles les plus reprsentes sont les lycens, les tudiants, nous remarquons aussi une prsence marque des sans-emploi. La famille du hip hop est aussi jeune, 20 ans en moyenne et la quasi-totalit du public a moins de 26 ans; contrairement ce que lon pourrait imaginer, les femmes sont prsentes hauteur dun tiers mais le brassage social est peu remarquable avec quasiment des lycens, des tudiants, des employs et des professions intermdiaires. Enfin, nous pouvons considrer le jazz comme la quatrime et dernire grande famille des musiques actuelles. Son public est beaucoup plus g, 29 ans en moyenne; les femmes sont nombreuses (30%) et les cadres moyens et suprieurs reprsentent la catgorie socioprofessionnelle la plus leve avec plus de la moiti du public!Ces chiffres sont singuliers, le public des concerts de musiques actuelles nest pas uniquement jeune. Les familles les plus anciennes telles que le rock ou le jazz sont apparues dans les annes cinquante. Le public a merg en mme temps que les concerts; et les fans de lpoque sont encore souvent amateurs aujourdhui. Nous pouvons voir qu' prsent, 44% des personnes possdent des enregistrements de rock (47% des 45-54 ans, 62% des 35-44 ans, 50% des 25-34 ans, 48% des 20-24 ans et 52% des 15-19 ans) Le style musical cout est aussi partag entre les gnrations. Nous ne pouvons pas qualifier, aujourdhui, le public des concerts de musiques actuelles de jeune et urbain. Cest bien l le cas des musiques amplifies, qui de leurs espaces particuliers, parfois singuliers participent au brassage des cultures. On sy mlange plus que dans le public de la musique classique, a fortiori que dans celui de lopra

2. Les praticiens amateurs

Les pratiques amateurs dans le domaine de la musique ont t trs peu tudies car elles sont ne prises en compte que depuis trs peu de temps par les pouvoirs publics. Les agglomrations squipent petit petit, depuis une dizaine dannes, de studios de rptition pour favoriser ces pratiques.

Le groupe dEtudes des Musiques Amplifies le GEMA a men en 1997, une enqute auprs des musiciens rptant la MJC de Montluon. Les enqutes sont encore rares, ces rsultats seront une base dexemple et de reconnaissance. Elle a t effectue auprs de soixante-dix-sept musiciens. La population des musiciens est, ici, quasiment exclusivement masculine (97%) et jeune (22 ans). Mais il est important de remarquer que les plus de 30 ans reprsentent tout de mme 13% de lensemble. La situation matrimoniale est fortement lie la moyenne dge puisque les musiciens sont clibataires 77% et concubins 18%. Les catgories socioprofessionnelles sont aussi diverses que dans les concerts, avec une grande proportion de scolaires et dtudiants (66%), 11% de chmeurs, 20% de classes sociales moyennes et 3% douvriers.

Les styles jous dans ces studios sont du nombre de quarante-trois sur soixante-dix-sept musiciens interrogs, ce qui tmoigne de la diversit des familles des musiques actuelles. Le rock, nonc comme prcisment je fais du rock nest jou que par 11% des musiciens, ceci est encore srement d aux nombreux genres mergents du rock. Il y a dans ces studios peu de musiciens hip hop car leurs besoins sont spcifiques et le personnel devrait tre plus qualifi pour accueillir dans les meilleures conditions ces types de musiciens.

La proximit immdiate des musiciens utilisant les studios de rptition garantit de lutilit de ceux-ci et du besoin important pour les praticiens. A Montluon, plus de la moiti des musiciens rptent galement lextrieur, dans des garages ou des caves, notamment ceux qui avaient commenc la musique avant lapparition de ces studios.

III. Les enjeux des musiques actuelles

A. La place de la musique dans la socit

Aujourdhui, la musique est constamment prsente, dans nimporte quel espace de notre socit. On aurait tendance parler de musicalisation de la socit. Lessor des musiques amplifies est au cur du phnomne de musicalisation de la socit qui caractrisera, trs vraisemblablement, la seconde moiti du vingtime sicle.. Dsormais, la musique est prsente dans tous nos espaces de vie, dans les espaces collectifs comme dans les espaces intimes. Les lieux publics ont vite t investis par la diffusion musicale, spcialement les centres commerciaux, les salons de coiffure, les transports en commun, lors des priodes de ftes, mmes les rues de certaines grandes villes sont des lieux de diffusion musicale. Les espaces de vie prive sont eux aussi de plus en plus investis, majoritairement sous linfluence des jeunes. La croissance de taux dquipement dappareils dcoute et de reproduction musicale est fulgurante depuis plusieurs annes. Dans la famille, la musique est inlassablement prsente dans les voitures, les cuisines, les ateliers; et mme si ce ne sont pas les plus culturelles, les missions tlvises musicales regroupent la famille autour dun thme commun? Les musiques ont profit de cette expansion [] mais ce sont les musiques amplifies, privilgies pas les industries musicales, plus populaires, portes par des idoles qui occupent, de loin, la place principale..

Paralllement linvestissement permanent des espaces publics et privs par la musique, nous avons pu observer une homognisation des pratiques et des consommations culturelles, ainsi quune demande entre les milieux ruraux et les milieux urbains.

Puis rcemment, avec lmergence des nouvelles technologies lectroniques et informatiques, nous voyons apparatre de nouvelles formes de cration et de production musicale, mais aussi et surtout de nouvelles formes daccs la musique; sujet trs actuel dans le milieu musical.

Nous pouvons en conclure que la musique connat actuellement un phnomne de popularisation, de nationalisation; elle est prsente constamment et partout, elle rythme la vie de chacun et a srement beaucoup dinfluence sur celle-ci. Hier la musique scoutait, aujourdhui il est possible de la regarder, travers des chanes musicales qui diffusent des modles de tenues vestimentaires, du hip hop au phnomne lolita.

B. La construction de lidentit

Depuis plusieurs annes, nous pouvons observer un processus de normalisation des concerts avec des pratiques du public et des groupes de musique assagis, transforms.

La valeur de la musique a chang et reste diffrente aux yeux de chacun. Franois Ribac, musicien, compositeur et auteur douvrages littraires associe le plaisir dcouter de la musique aux objets que lon aime manipuler. Et le plaisir se module diffremment selon les genres musicaux. Donc, on peut chercher mesurer le plaisir en observant la manire dont les gens aiment la musique mais en aucun cas disqualifier ou dconsidrer un genre en disant simplement que dans tel ou tel genre, il ny aurait que du faux plaisir.. Chaque style de musique possde son type dauditeur. Lcoute de la musique est de plus en plus lie dautres pratiques. Franois Ribac ajoute cet effet aimer la musique ce nest donc pas seulement aimer des notes ou des sons, cest aimer un ensemble qui comprend tout un monde dobjets, de techniques (y compris corporelles), de lieux et de faon dtre (ensemble).

La priode de construction de lidentit sociale chez les jeunes est fortement jointe celle de la construction de lidentit musicale. Rmi Demange, programmateur de NRJ parle, dans un entretien men par luniversit de Paris Sorbonne, de plusieurs ges de la jeunesse lis la construction des gots musicaux. On est jeune plusieurs ges, mais pas jeune de la mme faon. Il y a des passages radicalement diffrents entre ces ges, o la musique est consomme de faon radicalement diffrente. Les adolescents nont pas souvent encore leur propre identit musicale, et ils consomment au dpart ce que les parents coutent. Plus tard, au lyce par exemple, la notion de groupe devient trs importante, il y a une sorte de mimtisme musical qui se dveloppe cet ge-l. Puis 25 ans, on revient souvent vers ses propres gots musicaux.. La rflexion de ce programmateur musical est dterminante. Aujourdhui, la place de la musique chez les jeunes est un phnomne que lon ne peut pas ignorer. La musique est dsormais la forme artistique la plus utilise pour se dmarquer. Les genres musicaux ont toute leur importance dans la construction mentale de la jeunesse et de lidentit par le style choisi, la tribu, la famille. Mais attention, tous les jeunes nont pas des pratiques et des loisirs exclusivement musicaux. Ces pratiques sont souvent lies la porte quils prtent la musique, surtout comme un outil de socialisation.

couter de la musique, aller un concert sont aujourdhui des pratiques autant collectives quindividuelles. De nos jours, chacun cherche plus exprimer sa personnalit, affirmer ses choix qu se rfrer un modle collectif [...] les musiques sont indissociables des profonds changements comportementaux.. La musique reste un des moyens de se distinguer, de se rapprocher des personnes que lon frquente, qui nous sont socialement proches. Une aspiration couter le mme type de musique est un moyen de slection de ses relations.. Les pratiques musicales font constamment ressortir le mariage paradoxal de lindividualisation et de la participation collective. On retrouve ce paradoxe aussi bien dans les concerts, auprs du public, que dans les pratiques musicales de groupes. Dans ces pratiques, le partage dmotions, de sensations est trs recherch. Malgr une individualisation trs frquente dans les pratiques, chacun a besoin dune rfrence constante aux autres pour justifier ses gots.

Chez les jeunes en pleine socialisation, en plus dtre une activit plus ou moins collective, la musique permet llaboration dune stratgie de distinction et de reconnaissance. La musique a un sens pour les jeunes qui se rendent dans les concerts. La signification et limportance quils prtent la musique dterminent pour partie leur faon de vivre et de penser.. Les pratiques musicales des jeunes, lorsquelles sont consquentes sont parfois aussi lies une affirmation dune apparence, dun discours ou malheureusement de consommation de toxique. Il convient de se demander si aujourdhui la musique est devenue un business, si elle influence la mode des jeunes. Il apparat cependant une rsistance.

Dans tous les cas, la distinction un style musical nest pas un phnomne rcent, il sest dvelopp dans les annes cinquante avec lapparition en masse des mdias. Aujourdhui le phnomne ne peut qutre amplifi avec la surmultiplication des mdias. La distinction physique un genre musical est existante mais les significations ont beaucoup volu. Les signes ne sont plus perus de manire violente ou drangeante, mais simplement en tant que signes dappartenance. Le partage dun signe fait rfrence une culture, une tribu, une famille [...] Les cheveux fushia, les piercings ne correspondent pas forcment un signe de rvolte ou de refus. Ils sont plutt un signe didentification.

C. La culture jeune

Comme vu prcdemment, nous avons tendance associer les musiques actuelles un public jeune; alors que les chiffres dmontrent le contraire. Il est vrai que le terme actuelle utilis rappelle le rcent, le nouveau et gnralement, la mode et lactualit sont rgies et prsides par les jeunes. Il est donc banal, de parler de culture jeune. Mais lutilisation de ce terme est complexe, la culture jeune a une histoire, des traditions esthtiques, des habitudes vestimentaires et est initie par des jeunes. Mais elle touche en fait plus de monde que les seuls jeunes.

Les difficults demploi de cette expression culture jeune proviennent certainement des difficults que nous rencontrons pour dfinir la jeunesse. Les gots et les comportements culturels des jeunes sont lis leur position dans le cycle de la vie (lves, tudiants, clibataires) ainsi qu la nouvelle appartenance gnrationnelle. En effet, nous distinguons depuis peu une nouvelle gnration, celle qui a de grandes facilits entrer dans lenseignement suprieur et qui a des difficults trouver un emploi. Cest cette gnration qui initie la culture jeune et elle avance en ge [...] elle stend progressivement toutes les catgories sociales et professionnelles.. Nous ne pouvons plus faire correspondre la culture jeune lunivers culturel adolescent car ce dernier pouvant se prolonger plus ou moins longtemps en fonction des rythmes et des formes dinsertion professionnelle et familiale..

Il est vrai que les jeunes se distinguent de leurs ans sur de nombreux points mais leur univers culturel a tendance tre de plus en plus similaire. Les gots des jeunes sont moins diffrents de ceux des adultes, aujourdhui, que dans les annes soixante, soixante-dix. Les parents de notre gnration ont eu des pratiques identiques celles de leurs enfants dans leur jeunesse et ne les ont pas obligatoirement abandonnes.

La culture jeune est issue dune gnration marque par plusieurs caractristiques. En premier lieu, en terme de sorties et de rencontres, cette gnration prfre les activits qui les sort de chez eux. Ainsi, les moins de 25 ans frquentent plus les discothques, les ftes foraines, les concerts ou les cinmas.

Cette gnration est aussi imprgne par laudiovisuel. Les foyers o rsident des adolescents sont ceux qui atteignent les niveaux dquipement les plus levs pour les magntoscopes, les micro-ordinateurs, les consoles de jeux vidos et, bien entendu, les platines laser et les baladeurs.. Lcoute musicale est probablement la pratique culturelle la plus caractristique des jeunes.

Enfin, nous pouvons noter que cette gnration est en pleine construction identitaire, comme tudi dans le paragraphe prcdent. La musique fait partie intgrante de cette construction, de cette socialisation.

Pour conclure sur la notion de culture jeune, nous pouvons dire que lallongement de la priode scolaire, le dveloppement du march pour la jeunesse, le renforcement de lidentit des jeunes dans la socit ont permis lmergence de cette nouvelle culture. Dans les cultures contemporaines occidentales, la notion de jeune correspond moins une tranche dge qu une modalit de perception et de rception qui vont bien au-del de la tranche dge adolescente. Ainsi, la notion de musiques actuelles est dabord associe une culture jeune qui ne correspond pas forcment une dure prcise en terme de temps.

Les pratiques culturelles, des Franais ont suivi lvolution de la culture en France. Le rock et les musiques actuelles ont trouv toute leur place dans ces pratiques, les dernires enqutes du Ministre lont dmontr. Les phnomnes sociaux sont de plus en plus important: dveloppement de lespace que la musique prend dans la vie quotidienne, identification des jeunes et de plus vieux des signes distinctifs de genres musicaux.

LEtat ne peut aujourdhui ignor ce phnomne de musicalisation de la socit. La musique et ces pratiques devient lobjet du service publique. Quen est-il de la reconnaissance de ces musiques? Depuis quand, lEtat intgrer une politiques en faveur des musiques actuelles dans sa politique globale de la culture? Qui prend les initiatives?

Il est convenable dtudier maintenant comment les politiques publiques ont pris en compte lvolution des musiques actuelles.

Les musiques actuelles et les politiques culturelles

Les musiques actuelles et les politiques culturelles

IV. Histoire de la culture en France

A. Andr Malraux et la dmocratisation de la Culture

1. La cration du Ministre

Le Ministre de la Culture a t cr en 1959 avec la 5me Rpublique et portait le nom, cette poque, de Ministre des Affaires Culturelles.

Ce ministre jeune est n de la relation amicale entre le Gnral De Gaulle, lu Prsident de la Rpublique et Andr Malraux, alors Ministre Dlgu la prsidence du Conseil et charg de lInformation. Le Gnral de Gaulle tmoigne de cette amiti pour Andr Malraux et linfluence quelle a sur lui dans son uvre Mmoire dEspoir ma droite, jai et jaurai toujours Andr Malraux. La prsence mes cts de cet ami gnial, fervent des hautes destines, me donne limpression que, par-l, je suis couvert du terre terre. Lide que se fait de moi cet incomparable tmoin contribue maffermir. Je sais que dans le dbat, quand le sujet est grave, son fulgurant jugement maidera dissiper les ombres. Cette estime et cette admiration vont conduire le Gnral de Gaulle a plac son ami la tte de la gestion de la Culture Franaise et lui laisser une libert daction significative.

Alain Peyrefitte, bras droit du gnral, annonce en juillet 1958 Andr Malraux Andr, le Gnral a prvu pour vous de faire quelque chose de grandiose. Mais il faut que nous le prcisions ensemble. Il voudrait que vous vous occupiez de la culture. Il voudrait que vous vous occupiez dart. Il ny a dans la tradition de la 3me et de la 4me rpublique quun misrable sous-secrtariat ou secrtariat dEtat aux Beaux-arts, sans moyens et sans allure. Il faut aller beaucoup plus loin que cela, il faut faire quelque chose qui soit la plus haute fonction de lEtat.

Ainsi le 22 juillet 1959, Andr Malraux reoit le titre de Ministre dEtat charg des Affaires Culturelles et commence lhistoire des politiques culturelles publiques en France.

2. Les missions et les finalits du Ministre des Affaires Culturelles

Le dcret du 27 juillet 1959 dfinit les missions du Ministre charg des Affaires Culturelles. Il est dsormais lgitime:

de rendre accessible les uvres capitales de lhumanit, et dabord de la France, au plus grand nombre possible de franais,

dassurer la plus vaste audience au patrimoine culturel franais,

de favoriser la cration des uvres dart et de lesprit qui lenrichissent.

Les finalits du nouveau ministre sont donc la dmocratisation de la culture, la diffusion et la cration.

Ces trois nouvelles missions de lEtat sont les premires traces de la revendication dmocratique culturelle de la France.

De manire plus utopique, Andr Malraux dclare en 1967 lAssemble Nationale Il faut bien admettre quun jour on aura fait pour la culture ce que Jules Ferry a fait pour linstruction: la culture sera gratuite.

3. Les actions du Ministre

Les actions du Ministre en 1959 ont t diverses et novatrices. Les politiques culturelles existaient encore trs peu et les actions ntaient que minimes. Andr Malraux a dvelopp un certain nombre dactions en direction du patrimoine, de la musique, de la danse, du cinma, du thtre ou de la cration contemporaine. Mais il a surtout dvelopp laccs la culture avec la cration des Maisons de la Culture.

En terme de patrimoine, Andr Malraux a dsir mettre en valeur les grands monuments et les quartiers historiques. Sa plus grande opration au sein du ministre fut la rhabilitation des ces monuments et quartiers.

Andr Malraux a galement uvr pour la musique, mme si son intervention a t tardive. En 1966, il cre un Service de la Musique sous la tutelle du Bureau des Thtres, avec sa tte un Directeur nomm Marcel Landowski. Il donne la priorit lenseignement, aide la diffusion de qualit, soutien la cration et met en place des infrastructures rgionales comme les orchestres, les conservatoires ou les thtres lyriques.

Une grande avance est connue dans le cinma. Le Ministre sengage soutenir les jeunes ralisateurs en crant une aide davance sur recettes. Cette prise en compte va permettre une plus large mergence du cinma franais et du cinma dart et dessai.

Le thtre, art privilgi des politiques publiques car rvlateur de la langue franaise, va tre fortement soutenu, en particulier le Thtre National Populaire de Jean Vilar, avec une augmentation importante de ses crdits pour des meilleures crations et diffusions.

Pareillement, lEtat montre sa volont de soutenir la cration contemporaine et les artistes en votant une loi sociale (1964) relative laccord dune assurance maladie, maternit et dcs aux artistes. Mais la liste dartistes sera restreinte et ce droit accessible quaux artistes consacrs comme Chagall, Braque ou Giacometti.

Luvre la plus remarqu du Ministre Malraux fut les Maisons de la Culture. Andr Malraux ambitionne de crer ces lieux de lexcellence culturelle, offrant une culture de qualit ds 1966. Dans ces maisons, Malraux va privilgier les mouvements davant-gardistes et encourager la rencontre entre lartiste et le public. La culture promue dans ces quipements provinciaux sera majoritairement celle qui slabore Paris, haut lieu de la cration artistique pour le Ministre.

Lieux de sacralisation de lart et de la culture litiste, les Maisons de la Culture vont vite connatre lchec! Les collectivits locales freinent le dveloppement de celles-ci car lEtat se dsengage financirement et elles deviennent trop chres.

Mme si Andr Malraux a eu un rle fondateur, sa politique a t fortement conteste. La dmocratisation culturelle na pas abouti. A la fin des annes soixante, la culture ntait majoritairement accessible quaux nantis. Les premires recherches qualitatives, menes ds le milieu de la dcennie, dmontrent lchec relatif de la dmocratisation culturelle [...]: seul un public cultiv, issu le plus souvent des classes moyennes, bnficie de cette offre culturelle dexcellence.

B. Lentre deux Mai: de Malraux Lang

La priode politique qui a claire la France entre les ministres Malraux et Lang a t nomme lEntre deux Mai.

En 1971, le Ministre charg des Affaires Culturelles est Jacques Duhamel. Sa politique est diffrente de celle de Malraux mais vient dans la continuit: il souhaite insrer la culture dans la vie quotidienne de la socit. Ces grands objectifs sont daiguiser la sensibilit des enfants aux uvres dart et daller au devant des publics adultes. Suite lchec des Maisons de la Culture et lanalyse qui a pu tre faite, le Ministre a de nouvelles directives: la Culture doit associer le Ministre de la Culture et les collectivits territoriales (locales, municipalits et associations), cest alors une premire approche du rapport transversal des politiques publiques dans le domaine de la culture (elle sera de plus en plus dveloppe avec la dcentralisation).

En ce qui concerne la gestion du patrimoine, opration mene grande chelle par Andr Malraux, Jacques Duhamel, met en place une nouvelle idologie qui va rduire les frais du ministre en terme de rhabilitation, et ces fonds pourront servir dautres investissements. Il dit dailleurs pendant son mandat Plutt sauver pour cinquante ans mille monuments publics et privs que cinquante grands palais pour mille ans.

Le mandat de Jacques Duhamel ne durera que deux ans. Il quittera le Ministre en 1973.

Cette poque est imprgne du court mandat de Georges Pompidou (dcd en 1974). Il a soutenu fortement lart contemporain et en mettant en place le chantier du Centre de cration dart contemporain de Beaubourg, aujourdhui Centre Georges Pompidou. Ce centre va dailleurs ponctionner le budget de la culture.

La priode de lEntre deux Mai est aussi fortement marque par de grandes controverses. En effet, un esprit de contestation et de remise en cause de la conception que lEtat a de la culture se met en place, paralllement la sortie de louvrage de Bourdieu en 1965 Un art moyen. Dans cette uvre littraire, Bourdieu classe les champs esthtiques selon trois catgories et transcrit une classification sociale. La culture nest accessible quaux privilgis. Ce discours va avoir une forte emprise sur les milieux intellectuels. Pour gnrer sa propre critique, le Ministre va enquter, pour la premire fois, sur les pratiques culturelles des franais. Les rsultats vont confirmer la thorie de Bourdieu. Suite cette enqute, les intellectuels mettront en avant lexistence dun non public, celui qui est dlaiss par la culture officielle et les ingalits culturelles entre les classes sociales et entres les lieux (Paris / province, rural / urbain). Vient alors la ncessit dune reconnaissance dun pluralisme culturel et de llargissement de la notion de culture au-del de la culture savante.

Les gauchistes prendront le relais et dvelopperont une culture des classes domines, une contre-culture. Le Parti Socialiste (PS) se distinguera des autres avec un projet culturel innovant: la culture pour tous par tous, dans lequel il reconnat la potentialit culturelle de chaque individu. En 1977, le PS remporte les lections municipales en grande partie.

Les villes deviendront les terrains dexprimentation du projet culturel socialiste et assureront la plus grande partie des dpenses de la Culture. En effet, entre 1963 et 1978, les dpenses culturelles des municipalits sont multiplies par 18! Les villes centres dagglomrations dpensent le plus avec leurs nombreux quipements et leur offre danimation multiforme. Cette russite encouragera la population porter la gauche au pouvoir lors des lections prsidentielles de 1981.

Les politiques locales et nationales divergent et un ministre non dconcentr a des difficults pour mener une politique globale sur lensemble du territoire. En 1977 est vot le dcret sur la cration des Directions Rgionales des Affaires Culturelles (DRAC), services dcentraliss du Ministre de la Culture en rgion. Cest le dbut de la dcentralisation culturelle.

Pierre Cabanne, critique dart, dresse un bilan de lEntre deux Mai Malraux avait fait de la culture le luxe dun Etat fond sur le prestige; ce prestige sest dlit et le luxe sest rtrci jusquau trompe-lil.

C. Jack Lang et la dmocratie culturelle

Larrive de la Gauche au pouvoir sera un grand tournant pour la culture en France. Le 17 novembre 1981, lAssemble Nationale, Jack Lang dclare Les Franais ont franchi la frontire qui spare la nuit de la lumire en voquant la culture.

Avant de dcrire les missions de ce premier Ministre de la Culture de Gauche, il est ncessaire de revenir sur lhistoire de Jack Lang, qui a promut la nouvelle politique.

Jack Lang, tudiant puis professeur en droit, cre le Festival international du thtre universitaire Nancy avec son ami Edouard Guibert en 1963. Il est alors mendsiste et a lutt contre la guerre dAlgrie. Sous le ministre Duhamel, il est directeur du Thtre de Chaillaud et ce nest seulement quen 1977 quil adhre au Parti Socialiste. En 1979, au congrs socialiste de Metz, il devient Dlgu national la Culture et porte le projet de la culture pour tous par tous. Enfin, en 1981, il est nomm Ministre de la Culture.

Contrairement au Gnral De Gaulle, Franois Mitterrand sintresse fortement la culture. Il est passionn et interviendra dans les dcisions auprs de Jack Lang pendant toute la dure de son mandat. Malgr un cart dge important entre les deux hommes, des carrires et une vie politique diffrentes, Franois Mitterrand apprcie Lang car il a lart de mobiliser les gens par une mise en scne thtrale de la politique.

1. Les missions du nouveau Ministre

Le dcret du 10 mai 1982 dfinit les nouvelles missions du Ministre de la Culture. Ainsi, il est rglementaire:

de permettre tous les franais de cultiver leur capacit dinventer et de crer,

dexaminer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix,

de prsenter le patrimoine culturel national, rgional, ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivit tout entire,

de favoriser la cration des uvres dart et de lesprit et de leur donner la plus vaste audience,

de contribuer au rayonnement de la culture et de lart franais dans un libre dialogue des cultures du monde.

Ces nouveaux objectifs du Ministre de la Culture mettent de ct la dmocratisation culturelle. La culture devient le libre panouissement individuel par la cration, dans le respect des cultures rgionales et internationales, voire mme sociales, un changement radical, qui laisse la place aux pratiques culturelles jusqualors marginalises. Jack Lang instaure une part de social dans la politique culturelle.

LEtat abandonne la dmocratisation de la culture (culture pour tous) au profit de la dmocratie culturelle (la culture de tous et par tous) qui tait depuis 1977 le projet du Parti Socialiste et qui fut mise en place dans de nombreuses municipalits de France. Dsormais les politiques nationales et locales peuvent saccorder autour dune politique globale.

2. Les actions

La premire action caractristique du nouveau ministre concerne le budget de la Culture. Jack Lang a pris la responsabilit de remettre niveau le budget de la culture ds son arrive au sein du Ministre. En 1982, le budget a doubl. Jack Lang sest permis de raliser et de mettre en uvre les ides quavaient eues ses prdcesseurs. Il a cr des centres dart contemporain, de trois la France est passe quatorze! Il a subventionn plus de 600 compagnies de thtre, aid la danse prendre son envol et modernis les muses.

Ds le dbut du mandat de Lang, nous avons vu ladministration se moderniser notamment avec les lois de dcentralisation de 1982 1983. Suite lapplication de ces lois, lEtat a sign de nombreuses conventions avec les collectivits territoriales et la dconcentration sest acclre. Les acteurs culturels se sont professionnaliss. Le Ministre de la Culture est devenu un ministre gal aux autres avec un rayonnement politique significatif.

Jack Lang a dvelopp la formation aux arts en France. Il a subsquemment cr de nouvelles coles, comme lInstitut des Hautes Etudes Cinmatographiques, des conservatoires nationaux de musique ou encore lEcole Nationale du Patrimoine. Il a galement renforc et tendu laction de lEcole du Louvre et conu de nouvelles formations universitaires spcialises en mdiation culturelle.

Une de ses priorits a t lducation artistique en milieu scolaire o les crdits ont t multiplis par 100. Il est apparu de nouvelles initiatives comme les options artistiques dans les lyces ou lopration Collge au Cinma qui prennise.

Le Ministre des annes quatre-vingt a reconnu un nombre consquent de nouvelles pratiques jusqualors considres comme mineures. Ce fut le cas pour le jazz, le rock, la chanson, la BD, les arts dcoratifs, la mode, le rap ou encore le tag. Lintuition de Jack Lang a t quen largissant le champ culturel consacr par lEtat, on pouvait largir en mme temps le public de la culture au-del des lites cultives au sens traditionnel, et du mme coup populariser le concept de culture.

Pareillement, pour faciliter laccs la culture de tous, Jack Lang a initi de grandes oprations nationales de sensibilisation qui ont connu et connaissent toujours un succs incontestable: la Fte de la Musique et les Journes du Patrimoine.

Jack Lang, a t le premier vritablement prendre en compte les industries culturelles et en mesurer les consquences conomiques. Ainsi, il avait une relle connaissance des enjeux conomiques de la culture. Il a port beaucoup dintrt au march priv du livre, du disque ou du cinma, limit les abus capitalistes et encourag le mcnat pour varier la cration et la diffusion duvres dart.

Lpoque Lang a t la priode des Grands Travaux grandes oprations darchitecture et durbanisme - dans la capitale, actions qui ont engag de lourds financements. Les Grands Travaux ont t initiateurs du Muse dOrsay, du Parc de la Villette, du Muse des Sciences, de lInstitut du Monde Arabe, de lOpra Bastille, de lArche de la Dfense, du Ministre des finances, de la Cit de la Musique, du Musum, du Grand Louvre et de la Bibliothque Nationale de France pour un cot total de 34,239 milliard de francs! Ces actions ont dautant plus creus le dsquilibre entre Paris et la province et ont raffirm la position hgmonique de la capitale dans le systme culturel franais.

LEtat sest ouvert sur ltranger et accueille toutes les cultures du monde Paris et en Province. Ce dispositif est valable pour la diffusion duvres mais aussi pour la prise de direction de centres dart (danse, thtre, art contemporain)

Les actions de Jack Lang ont t nombreuses au sein du gouvernement. La culture a connu une nouvelle forme aprs son passage au Ministre mme sil a t fermement critiqu. Beaucoup ont dnonc le tout culturel quil a cr avec la valorisation des expressions peu reconnues. Ce fut un ministre de la Culture populaire, en 1986, la veille des lections lgislatives 51 % des franais souhaitent quil reste ministre de la Culture quel que soit le rsultat des lections.

Si lon cumule ses mandats, il est rest plus de dix ans la tte du Ministre quil a quitt en 1993 quand la droite a gagn pour la deuxime fois les lgislatives. Depuis aucun homme politique de Gauche na repris la direction du Ministre de la Culture.

V. Les musiques actuelles et lEtat

Une politique culturelle est un plan daction dlibr visant constituer un ensemble cohrent dquipement et de services, fonctionnant laide de personnels spcialiss se rfrant des symboles stratgiquement organiss.

Comment les collectivits territoriales ont-elles ragi face au secteur mergent et culturellement non lgitimdes musiques actuelles ?

A. La lente prise en compte du rocknroll

Les musiques actuelles sont arrive en France dans les annes cinquante avec le rocknroll et la guitare lectrique. Le rock est vite devenu une musique populaire et a engendr des comportements et des modes de vie spcifiques cette pratique culturelle. La guitare lectrique a galement trouv toute sa place auprs de la population jeune et des musiciens, cest cette priode que la musique a connu de grandes innovations et que les pratiques amateurs ont commenc se dvelopper.

Cest en 1959 avec la cration de la 5me Rpublique qua merg une politique musicale. En 1966, Andr Malraux a cr le Service de la Musique au sein du Bureau des Thtres du Ministre des Affaires Culturelles. Il a nomm sa tte, Marcel Landowski, personnage important de l'apparition de la politique musicale en France. Ce fut, en effet, linitiateur des premires reconnaissances.

Dans ses actions, il a donn la priorit lenseignement artistique, la diffusion et la cration des uvres de qualit. Il a t le premier dcentraliser la culture en rgion avec son Plan: mise en place dinfrastructures dans chacune des vingt-deux rgions telles que les conservatoires, les orchestres ou les thtres lyriques. Il dclare ds le dbut de son mandatLa bataille pour la musique est lance.

Malgr une prise en compte apparente de la musique par le gouvernement de De Gaulle, il est important de savoir que les musiques populaires, comme le rock, qui commenaient faire leur apparition, ont vite t mises part des engagements politiques en terme de musique.

Les arguments taient tels: les pratiques et les comportements lis lcoute du rock taient excessifs. Les personnes coutant ce genre de musique ont rapidement taient qualifies de blousons noirs par De Gaulle, et le gouvernement, en constante opposition avec ces musiques, essayait de canaliser leur nergie.

Paralllement ces critiques gouvernementales, le rock ne ncessitait pas dtre dmocratis au mme titre que les autres formes dart, tant lui-mme dj trs populaire. Lorsquon parle de la pleine reconnaissance des musiques actuelles, on a coutume daccompagner cette revendication du dsir de voir sy effectuer une meilleure organisation de leur professions, de leur diffusion et de leur mdiatisation, mais rarement de leur dmocratisation. Comme si leur accessibilit allait de soi, comme si en ce domaine les habituelles barrires socioculturelles avaient t miraculeusement leves.

Les mouvements politiques de Gauche ont eu un rle fondamental dans la reconnaissance des musiques actuelles et leur prise en compte par les politiques publiques dans les annes soixante.

Le Parti Communiste Franais fut lun des principaux prcurseurs des actions en faveur du rock. En 1963, il dite un nouveau magazine de musique, en concurrence Salut les Copains, Nous les garons et les filles dans lequel le rocknroll a une place considrable. Le rock fait galement son apparition dans les ftes politiques dextrme gauche. La Fte de lHumanit a t lune des premires a programmer des grands rockeurs de renomme internationale. Il devient ds lors le principal acteur de lacclimatation du rock en France.

Dans les annes soixante-dix, le rock influenait les comportements selon les politiques. Il devenait mme un danger, qui pouvait entraner une nouvelle rvolution aprs la crise de 1968. Il existait un lien entre le rock et la volont de changer le monde!

En effet, cette poque, le rock est une forme active de rapport la socit.

Dans les annes soixante-dix le gauchisme franais connat une mtamorphose. Les mouvements sociaux disparaissent progressivement. Les effectifs des syndicats baissent singulirement, le militantisme est en crise, les mouvements fministes et dcologie seffacent petit petit. Simultanment, les franais dcouvrent lapathie, les individus se dpolitisent de plus en plus. Le rock place la jeunesse dans un processus rvolutionnaire, et les politiques dnoncent son influence.

La prise en compte nest encore que nfaste la fin des annes soixante-dix.

La reconnaissance du rock sera le rsultat dun travail militant des associations, des nouvelles professions du travail social, de lducation populaire, de lanimation socioculturelle et des actions politiques des militants du rock, de plus en plus concerns et forms, auprs des lus.

Ce nest quen 1981 que le rock et les musiques actuelles, nomms populaires lpoque, sont officiellement reconnus avec le gouvernement de Gauche de Franois Mitterrand et la prsence de Jack Lang la tte du Ministre de la Culture.

Les raisons sont multiples. Il trouve sa place dans les politiques culturelles via les politiques de la jeunesse ou durbanisation. Le caractre multiforme du rock, art, problme social et expression culturelle fait quil trouve de nombreux moyens de sinscrire dans les politiques damnagement urbain, dans les politiques dinsertion ou dans ce quon nomme la modernisation de lappareil culturel.

Au fur et mesure des annes, grce au gouvernement de gauche et des actions de Jack Lang en faveur de la musique, les musiques actuelles trouvent toute leur place au sein du Ministre, et surtout au sein des collectivits locales. Lvolution sera longue mais des mesures verront le jour petit petit.

B. Les actions et les engagements du Ministre

En 1981, larrive de la Gauche au pouvoir et de Jack Lang au Ministre de la Culture occasionnrent une rupture significative pour la culture en France. Jack Lang a mis en place le concept de dmocratie culturelle, cest--dire de rhabilitation des cultures spcifiques des groupes sociaux et la dhirarchisation des valeurs artistiques en opposition la dmocratisation de la culture litiste dAndr Malraux. Cest parce que se dveloppe la logique de la dmocratie culturelle que peut se mettre en place une politique vis--vis du rock comme expression du groupe juvnile. Mais cest aussi parce que le rock est bien dmocratiser, dont il faut faciliter laccs, quil convient dagir en sa faveur. La politique musicale connat un nouveau tournant grce au ministre et au directeur de la Musique et de la Danse de lpoque, Maurice Fleuret,qui ont rapidement mesur lchec des politiques prcdentes et initi les mesures fondatrices de la reconnaissance des musiques actuelles.

En une dizaine dannes, les engagements se concrtisent avec en tout premier lieu la cration de la Fte de la Musique, vnement trs populaire. Puis se met en place le programme dquipements de diffusion: les Zniths, la cration du Centre Nationale de la Chanson, de lOrchestre National du Jazz, du Fonds de Soutien, du FAIR, du Rseau Printemps et des premiers ples rgionaux, la baisse de la TVA et lautorisation des publicits tlvises sur le disque. En 1989, apparat la premire formation professionnelle des acteurs des musiques actuelles Issoudun, en management.

LEtat compte dsormais dfendre le pluralisme culturel, et les musiques actuelles font partie intgrante de la Culture et tmoignent de sa diversit.

La dcentralisation favorise laction culturelle en faveur des pratiques culturelles des jeunes et des musiques actuelles car elle met en place des politiques culturelles au sein des collectivits territoriales.

Ds le dbut des annes quatre-vingt-dix, les musiques actuelles trouvent toute leur place au sein du Ministre avec, premirement la cration du label Cafs Musiques en 1990, puis la reconnaissance de lIRMA par le Ministre, un des principaux acteurs du secteur, et la mise en place du label SMAC (Scne de Musiques ACtuelles) par Philippe Douste Blazy, Ministre de la Culture de 1995 1997.

La seule anne de Catherine Trautmann la tte du Ministre change totalement la prise en compte des musiques actuelles par les politiques nationales. Lmergence des musiques actuelles tmoigne la fois dune prodigieuse vitalit mais aussi dattentes spcifiques vis--vis desquelless les pouvoirs publics doivent pouvoir donner de vraies rponses avec des moyens dactions appropris. Elle demande ds lors la cration dune Commission Nationale des Musiques Actuelles, runissant professionnels et acteurs du secteur. Le but est de faire un tat des lieux gnral afin de dterminer la logique dactions mettre en place ainsi quune politique globale, cohrente et spcifique pour les musiques actuelles. Suite ltude de ce rapport Catherine Trautmann, le secteur des musiques actuelles connatra une nouvelle reconnaissance. Le Ministre tudie la cration dun Observatoire des musiques actuelles pour tudier les pratiques et les comportements ainsi que lconomie de la musique.

Paralllement, le Ministre cr le label Scne de Jazz, apparat la Chartre des missions de service public, qui favorisent lmergence de nouvelles SMAC et laissent aux quipes une plus grande libert daction.

Avec le passage de Catherine Trautmann la tte du Ministre de la Culture et de la Communication, on avait le sentiment que les musiques actuelles trouveraient dsormais leur place dans le champ des politiques culturelles et artistiques publiques.

Catherine Tasca, de 2000 2002 a tent une certaine identification, Laccent sera mis sur le programme des scnes de musiques actuelles, qui atteste de notre prsence auprs des collectivits territoriales, des artistes et des publics jeunes dans ce domaine. Mon Ministre apporte son concours ds lors que les projets privilgient la cration et laccompagnement des artistes en dbut de carrire. Mais leffacement sexercera petit petit jusqu disparatre des priorits culturelles, sous les ministres de Jean-Jacques Aillagon et Renaud Donnedieu de Vabres (soutien aux Zniths et aux SMAC mais le budget manque).

Aujourdhui lEtat a une priorit conomique, il soutient prioritairement le secteur marchand (spectacle vivant, industrie du disque), et son caractre est limit, les chiffres le montrent.

Pourtant lEtat devrait tenir un rle essentiel de partenariat avec les collectivits territoriales. Il est garant et moteur de la dimension nationale des politiques.

C. Organisation du Ministre et budgets des Musiques actuelles

1. Organisation administrative du Ministre de la Culture et de la Communication et les musiques actuelles

Depuis 1959 et linvention de la politique culturelle, la Culture a connu diverses formes dadministration publique, le Ministre charg des Affaires Culturelles, le Ministre de la Culture et depuis peu le Ministre de la Culture et de la Communication.

A sa tte se situe le Ministre, responsable de treize services et des vingt-et-un directeurs des Directions rgionales des Affaires Culturelles et des tablissements publics sous tutelle (cf. annexe B).

La DMDTS est lun des treize services, il a en charge les musiques actuelles. Cest en 1998, avec larrive de Catherine Trautmann au Ministre, que la DMDTS sest modernise. Auparavant, il y avait deux directions, une regroupant la musique et lautre le thtre et le spectacle vivant. Dans le souci de mettre les ressources administratives en commun et davoir une politique dactions plus globale, la Direction Musique et Danse est devenue la DMDTS avec sa tte, un directeur Dominique Wallon (cf. annexe C).

2. Investissements publics des musiques actuelles

Comme soulign prcdemment les musiques actuelles ont t officiellement reconnues en 1981 avec larrive de la Gauche au pouvoir. Largent dbloqu pour des subventions ne peut tre dtermin qu partir de cette date.

AnneMontant Millions de FrancsActions

19810,5pratiques amateurs

premier soutien aux salles de diffusion

soutien des festivals de jazz (2,5MF)

198413,5Znith de Paris

Festivals Printemps de Bourges et Les Francofolies de la Rochelle

198521Soutien au Centre d'Info Jazz et au Centre d'Info Rock

Znith de Montpellier

Subvention de fonctionnement et d'quipement aux petites salles

199446Suite

199538,5soutien l'installation des magasins spcialiss en disques

15,8 dconcentrs

199651,5Hall de la Chanson au Parc de la Villette

25,5 dconcentrsCration et soutien des SMAC

Soutien des petits lieux et des ples rgionaux

199767Suite

199832soutien aux structures de dcouverte, d'information et d'insertion professionnelles

35 dconcentrssoutien aux fdrations et associations de professionnels (Fdurok, GEMA)

Festivals Printemps de Bourges, Les Francofolies de la Rochelle, Banlieues Bleues

199935Fonctionnement et quipement des SMAC

Rsidences Chanson et Jazz

Orchestre National de Jazz

Festivals

Ecoles associatives

Cration de Postes d'enseignants dans les coles contrles et quipement spcifique

Soutien aux structures pour l'exportation de productions nationales

Formation, Diffusion

200047,2 (7,2 M)Formation professionnelle : mise en place de diplme denseignement

Education artistique: spcification des intervenants musique lcole

Enseignement spcialis / pratiques amateurs

Cration : rsidences chanson, aide aux ensembles de Jazz, ONJ

Diffusion : renforcement de la politique des SMAC

Patrimoine: Hall de la chanson

Industries musicales: Observatoire National de la Musique, Fond de Soutien

Investissement: SMAC, Hall de la Chanson, Znith de Rouen

La ralit est telle, au cours des vingt-cinq dernires annes, le Ministre a investi tant pour telles actions. Nous ne pouvons pas ignorer la prise en compte budgtaire de plus en plus importante. De 1981 2000, le budget allou aux musiques actuelles a t multipli par 95! Et, en plus de ces chiffres les budgets dconcentrs sont plus importants que les budgets du Ministre lui-mme.

Mais la prise en compte est dsquilibre compare aux autres secteurs financs par la DMDTS.

En 1997, le budget de la DMD (la rforme Trautmann date de 1998 pour la DMDTS) est de 1,973 milliards de Francs. Le budget des musiques actuelles est de 67 MF, soit 3.4 % du budget total. Il est important de savoir que lEtat encaisse prs de 2 milliards de Francs de TVA sur le disque (20,6 %) - dont 93 % proviennent des varits - ainsi que la TVA sur les instruments de musique (20,6 %) et les droits dauteurs des concerts (5,5 %). La musique classique reprsente 93 % du budget de la DMD. Les principaux consommateurs de musique sont majoritairement des jeunes et leurs gots sont plus dirigs vers les musiques actuelles. La consommation de musiques actuelles est la plus consquente alors que la musique classique ne concerne que 10 % de la population. La musique est le seul secteur culturel o lEtat reoit de la TVA plus quil ne redistribue.. Le budget de la DMD (1.973 milliards) est infrieur la taxe perue sur les disques (2 milliards).

Les diffrents genres de musique sont ingalement pris en compte, un srieux dsquilibre sobserve entre les musiques savantes et les musiques populaires (cf. annexe D). Un rquilibrage savre ncessaire.

VI. Les collectivits de proximit: les chefs de file des musiques actuelles

Bien que les engagements tatiques se soient particulirement dvelopps en une vingtaine dannes, les premires prendre en compte les musiques actuelles dans leurs politiques, sont les municipalits. Bien avant 1981, elles soutenaient dj le milieu.

Bien qutroitement lies aux normes et aux financements tatiques, ces politiques doivent beaucoup au volontarisme propre des municipalits, dpartements et rgions.

Paralllement, les lois de dcentralisation ont fortement favoris le dveloppement des politiques en faveur des musiques actuelles.

A. La dcentralisation de la culture

En 1969, sous Andr Malraux, apparaissent, pour exprimentation, les trois premires Directions des Affaires Culturelles (DRAC). Cest le dbut de la modernisation administrative du Ministre de la Culture.

Cest en 1977, quest rdig le dcret sur la cration des DRAC. En 1982 puis 1983, elles sont formalises avec les lois de dcentralisation. Il y a dsormais vingt-et-une DRAC, autant que de rgions.

Ds lors lEtat, avec une meilleure proximit, devient partenaire des collectivits locales.

Par dfinition, une DRAC est place sous lautorit des prfets de rgion (nomms par le Ministre de lIntrieur), elle est un service dconcentr du Ministre de la Culture. Chaque DRAC dispose de conseillers spcialiss en thtre, musique, danse,. Elle a deux rles. Le premier, plutt lgislatif, est de contrler lapplication des normes et des rglementations dictes par lEtat. Le second, rle de partenariat, est daccompagner les collectivits territoriales et les institutions culturelles et artistiques dans la ngociation de projets, ladministration de divers organismes

En 1982, simultanment aux lois de dcentralisation, lEtat a mis en place des conventions de dveloppement culturel avec les rgions et les dpartements. Les objectifs de ces conventions sont de dfinir des politiques culturelles porteuses dinnovations et dactions en faveur de certains publics comme les jeunes ou les quartiers sensibles, et damplifier, coordonner les initiatives culturelles des diffrents partenaires. La culture, ds lors, est dcentralise; les collectivits de proximit ont, soudainement, eu des responsabilits politiques culturelles et ont su dvelopper des actions.

En 1992, de nouvelles lois sur la dcentralisation sont apparues, et ont permis une meilleure dconcentration des fonds budgtaires en rgions. La loi du 6 fvrier 1992 sur ladministration territoriale de la Rpublique et le dcret du 1er juillet 1992 portant chartre de la dconcentration conduisent une vritable rvolution administrative. Le Ministre de la Culture, dont la pratique est traditionnellement centralise et sectorielle, se voit dans lobligation de donner la priorit ses services dconcentrs tout en redfinissant les missions de ses services centraux.

Ds lors, la dconcentration sest accrue, elle est devenue de plus en plus importante. En effet, en 1999, elle reprsente 63 % du budget de la DMDTS alors quen 1997, linverse, elle ne reprsentait que 38 %.

La dcentralisation va favoriser le dveloppement des financements croiss, chaque collectivit est invite contribuer une opration. Cest aussi le dbut du partenariat entre lEtat et la rgion, et la naissance des politiques culturelles rgionales.

B. Les rgions

La culture nest pas aujourdhui un secteur prioritaire de laction des Conseils Rgionaux. Malgr cette ralit, lengagement des rgions se dveloppe de plus en plus dans le champ culturel. Dans celui des musiques actuelles, la prise en compte est rcente et minime, pareillement au Ministre. Les rgions ont-elles une relle volont de simpliquer dans ce domaine?

1. Laction culturelle

Chaque collectivit a des comptences propres. Les objectifs gnraux de laction culturelle en rgions sont:

soutenir la cration et la diffusion artistiques,

permettre la conservation et la diffusion du patrimoine architectural et musal,

dvelopper lanimation culturelle,

soutenir la culture scientifique, technique et ethnologique (champ dactions rcent),

favoriser la diffusion et lenseignement culturel en milieu rural,

soutenir la production cinmatographique et audiovisuelle,

dvelopper la formation professionnelle des acteurs culturels.

La rgion est de plus en plus axe sur la diffusion du spectacle vivant et les productions artistiques. La conservation du patrimoine occupe tout de mme une part importante du budget, comme dans les autres collectivits territoriales et le Ministre.

Lvolution de laction culturelle des rgions dpend de lvolution des processus de dcentralisation et de dconcentration. Plus la dconcentration sera importante, plus laction culturelle pourra se dvelopper.

2. Les dpenses culturelles

Les dpenses culturelles des rgions sont modestes. Le financement des diffrentes oprations culturelles reprsente la part la plus faible des collectivits publiques. Les dpenses ont connu un dveloppement important dans les annes quatre-ving