DANS CE NUMÉRO : LA DURABILITÉ SOUS LA LOUPE HANDICAP ET INTÉGRATION : FAIRE FI DES DIFFÉRENCES PAUL DE GRAUWE TIRE LA SONNETTE D’ALARME ÉCOSTYLISME POUR LES TOUT-PETITS

UNE PUBLICATION DE LA BANQUE TRIODOS - NUMÉRO 126 - AUTOMNE 2014 WWW.TRIODOS.BE

COULEURL’ARGENT

LA

DE

05Une équipe à votre écoute

LES DILEMMES DE LA

DURABILITÉLA

COULEUR DE

L’ARGENTNO.126

14Handicap et intégration

13 À quoi sert mon argent ?

Un soutien publicau changement

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LES DILEMMES DE LA

DURABILITÉLA

COULEUR DE

L’ARGENTNO.126

FINANCER LE CHANGEMENTL’édito d’Olivier Marquet, directeur de la Banque Triodos.

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LA DURABILITÉ SOUS LA LOUPEDurable ou non durable ? La banque face à certains dilemmes en matière de crédits ou de placements.

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FAIRE FI DES DIFFÉRENCESBienvenue à l’Essentiel, un habitat collectif pour adultes avec un handicap. Une ruche bourdonnante d’activités !

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SIGNAL D’ALERTE AUX AUTORITÉSSans mesures publiques drastiques, pas d’économie durable, prévient l’économiste Paul De Grauwe.

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CRÉDITS HABITATIONDes chiffres en forte croissance.

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L’ÉCODESIGN, C’EST BEAU Recyclage et écologie synonymes d’élégance dans le magasin anversois Rewind.

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22TRIODOS ET MOI J’épargne, j’investis, j’emprunte de manière durable.

LA COULEUR DE L’ARGENTest une publication de la Banque Triodos, envoyée gratuitement aux clients et relationspour les informer des activités de la banque.

À QUOI SERT MON ARGENT ?En images, 4 projets financés par Triodos.

13

sommaire

4ÉDITO ACTUALITÉ DURABLE

Durant la séance de clôture de la Brussels Sustainable Economy Academy 2014, le Triodos Sustainable Impact Award, d’une valeur de 2.500 euros, a été décerné à Fyteko. La BSE Academy encourage l’entrepreneuriat vert en Région bruxelloise. Huit équipes d’entrepreneurs verts débutants ont été sélectionnées et vont bénéficier de formations et d’un coaching individualisé.Fyteko, l’un des projets récompensés, poursuit le développement d’un produit naturel augmentant la résistance des cultures à la sécheresse. « Fyteko apporte une solution innovante à un problème majeur au niveau mondial. Ce projet a remporté le Triodos Award en raison de son impact positif potentiel ainsi que des qualités entrepreneuriales de l’équipe qui le porte », commente Quentin de Crombrugghe, responsable du département crédits de la Banque Triodos. Le projet Simone à Soif, qui vise la commercialisation d’une gamme de boissons désaltérantes naturelles, artisanales et fabriquées à base de produits locaux, a remporté le BSE Award et le Prix du public.La BSE Academy, qui en est à sa troisième édition, est une initiative d’impulse.brussels (ex-Agence Bruxelloise de l’Entreprise), soutenu par ICHEC Brussels Management School, Les Ateliers des Tanneurs et la Banque Triodos. WWW.BSEACADEMY.BE

PRIX TRIODOS POUR UN

STARTER VERT

FINANCER LE CHANGEMENT

De belles histoires de clients crédits, il y en a une fois de plus dans ce numéro de La couleur de l’argent. À commencer par celles de l’Essentiel, Vents du Sud et Rewind Ecodesign : leurs initiatives soufflent un vent nouveau sur le plan social, énergétique ou environnemental. On pourrait raconter bien d’autres histoires du même type. Au niveau macroéconomique, par contre, l’économiste Paul De Grauwe voit peu de choses évoluer (interview en page 16). La société post-combustibles fossiles n’est pas encore en vue, loin s’en faut. Ce qui n’empêche pas Paul De Grauwe d’être convaincu de la nécessité du changement.Le fossé à combler reste énorme et en ces temps de crise, l’enthousiasme à l’égard d’un renouveau sociétal diminue. Si tellement peu de choses bougent au niveau macro, quel est vraiment l’intérêt d’avoir des acteurs ‘durables’ ? Leur nombre et leurs chiffres d’affaires sont en hausse, ce qu’il faut saluer. Leur importance va cependant bien au-delà des chiffres qu’ils annoncent. « Nous avons besoin d’une multitude de pratiques durables concrètes », affirme la sociologue allemande Harald Welzer. Plus il y a d’exemples, mieux nous pourrons nous imaginer de manière concrète comment faire les choses autrement. De nouvelles façons de penser auront ainsi l’opportunité de se diffuser, que ce soit en matière d’énergie, de mobilité, d’habitat ou de consommation. C’est précisément l’objectif poursuivi par la Banque Triodos : financer, avec l’argent que lui confient les épargnants, des entrepreneurs qui forgent ce renouveau économique et sociétal. Ils sont les acteurs du changement. Rencontrez-les sur www.triodos.be.

Olivier MarquetDirecteur

33.000 NOUVEAUX CLIENTS

EN EUROPE

Durant le premier semestre 2014, la Banque Triodos a enregistré plus de 33.000 nouveaux clients en Europe (Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Espagne et Allemagne), ce qui porte le total pour le groupe à 550.000. Grâce à la croissance des dépôts et des crédits, le total du bilan a augmenté de 6% au premier semestre, contre une croissance de 11% durant la période correspondante en 2013. Cette diminution résulte de la contribution obligatoire à la nationalisation de la banque néerlandaise SNS Reaal.En Belgique, l’épargne déposée à la Banque Triodos se chiffrait à plus de 1,3 milliard d’euros à la fin juin (+ 4% sur six mois) et les crédits atteignaient 923 millions d’euros (+ 11%). La succursale belge employait 108 personnes à la même date, tandis que le nombre de clients s’établissait à 65.000.Olivier Marquet, directeur de la Banque Triodos : « Ce sont de bons résultats. Nous convertissons 70% de l’épargne confiée par nos clients en crédits finançant des projets avec un impact positif sur l’environnement et la société. La transparence concernant nos clients crédits est totale. »

5 ACTUALITÉ DURABLE

TAUX D’INTÉRÊTHISTORIQUEMENT

BAS

Les taux d’intérêt sur les comptes d’épargne sont en ce moment historiquement bas, les comptes d’épargne de la Banque Triodos ne faisant pas exception à la règle. Pieter Vanderick, directeur adjoint de la Banque Triodos en Belgique, nous en explique la cause : « La principale explication est à rechercher du côté de la Banque Centrale Européenne (BCE) qui tente de stimuler l’économie en appliquant des taux plancher : elle veut encourager ainsi les consommateurs à épargner moins et dépenser plus, et pousser les entreprises à emprunter et investir. Depuis le 4 septembre, le taux directeur de la BCE s’élève à 0,05%. » « Nous offrons à nos épargnants un taux qui nous permet de convertir leur épargne en crédits octroyés à des entrepreneurs locaux et durables, à un prix conforme au marché. Notre bénéfice est généré par la marge d’intérêt, c’est-à-dire la différence entre le taux d’intérêt auquel la banque prête et le taux d’intérêt de l’épargne – l’un et l’autre étant étroitement liés. Un taux plus élevé pour l’épargne devrait donc signifier aussi un taux d’intérêt plus élevé sur les crédits pour les entrepreneurs que nous finançons. »On se console comme on peut de ces taux extrêmement bas : l’inflation est, elle aussi, historiquement basse. En août, elle atteignait 0,02% en Belgique (contre 0,34% en juillet). Une bonne nouvelle pour notre pouvoir d’achat !

1-11/10/2014SEMAINE DU COMMERCE ÉQUITABLEParticipez durant dix jours consécutifs, dans toute la Belgique, à des activités permettant de vous familiariser, de manière ludique, avec le commerce et les produits équitables. Le label du commerce équitable veille à ce que le travail des producteurs du Sud soit correctement rémunéré afin qu’ils puissent se construire un avenir meilleur. À la Banque Triodos, le café, le thé, le cacao et le sucre sont issus du commerce équitable. La banque organise également, chaque année, un petit-déjeu-ner fairtrade dans le cadre du Fairtradeday. WWW.SEMAINEDUCOM-MERCEEQUITABLE.BEWWW.MAXHAVELAAR.BE

1-2 ET 8-11/11/2014PORTES OUVERTES ÉCOBÂTISSEURSDurant les Portes Ouvertes Écobâtis-seurs, une initiative d’écoconso et du Bond Beter Leefmilieu, vous pourrez visiter gratuitement plus de 300 habitations écolo-giques et économes en énergie. De quoi vous inspirer ! Découvrez les avantages de l’habitat durable grâce aux explications d’experts et aux témoignages de personnes qui ont fait ce choix.WWW.ECOBATISSEURS.BE

UNE ÉQUIPE À L’ÉCOUTE. Une gestion durable de votre patrimoine, selon des critères stricts et en accord avec vos valeurs : voilà ce que vous propose Triodos Private Banking.

Dans nos bureaux de Bruxelles ou lors d’un rendez-vous à votre domicile, un de nos collaborateurs vous accompagnera dans vos choix en matière de placements, qu’il s’agisse de votre patrimoine privé ou de celui de votre entreprise/association. Notre partenaire Puilaetco Dewaay assure la gestion financière. Plus d’infos via personalbanking@triodos.be, au 02 549 59 62 ou sur www.triodos.be/fr/gestion-de-patrimoine.

GESTION DE PATRIMOINE

PURIFIÉPAR L’ART

ULTIMA VEZ « L’art peut nous confonter à la tragédie sans qu’aucune vie ne soit mise en danger. Ce que vous voyez sur la scène n’est pas la réalité : ce n’est qu’une histoire. La catharsis est importante. Notre société ne laisse plus aucune place au risque et au tragique. La sécurité est devenue une obsession, alors que l’incertitude est tellement plus belle. C’est ce qui rend l’art si précieux. » Ainsi s’exprime le choré-graphe Wim Vandekeybus, directeur artistique de la compagnie de danse Ultima Vez, pris en photo ici lors du spectacle ‘Talk to the Demon’.

À la fin 2012, Ultima Vez a déménagé vers un nouveau siège social à Molenbeek. La Banque Triodos a financé pour moitié l’achat et la rénova-tion durable de l’immeuble. Depuis sa création, la banque est active dans le secteur culturel et accorde des crédits à des artistes, compagnies artistiques, théâtres, musées et institutions cultu-relles. En Belgique, le montant global des crédits octroyés au secteur culturel s’élevait à 19 millions d’euros au 30 juin 2014. Au niveau européen, ce montant représentait 221 millions d’euros, soit 6,2% du portefeuille de crédits. WWW.ULTIMAVEZ.BE

(Photo : Danny Willems)

GAGNEZ DES PLACES GRATUITESNous vous offrons 5 x 2 places gratui-tes pour assister à la représentation de ‘Talk to the Demon’ d’Ultima Vez, le samedi 11 octobre 2014 au KVS à Bruxelles. Intéressé(e) ? Envoyez vos coordonnées à communication@triodos.be avant le 9 octobre, ainsi que les réponses aux deux questions ci-dessous. Bonne chance !

• Dans l’article consacré à Ultima Vez dans www.lacouleurdelargent.be, Wim Vandekeybus explique sa moti-vation à œuvrer en faveur d’un monde meilleur. Quelle est cette motivation ?

• Question subsidiaire : combien de participants nous auront-ils envoyé un mail avant le 8 octobre à minuit ?

À QUOI SERT VOTRE ARGENT

LES DILEMMES DE LA DURABILITÉ. Générer par ses activités une plus-value sociétale est la mission première de la Banque Triodos. Pour autant, la vie d’un banquier durable n’est pas un long fleuve tranquille car les choix, que ce soit au niveau des crédits ou en matière d’investissements, ne sont pas systématiquement blancs ou noirs. Entre ces deux extrêmes, il y a une vaste palette de possibilités…

texte CHANTAL SAMSON ET MARLEEN WAUTERS photos LISA DEVELTERE, REPORTERS, BANQUE TRIODOS

LES DILEMMES DE LA

DURABILITÉ

8

9 DOSSIER CRÉDITS ET INVESTISSEMENTS

La Banque Triodos fait un usage réfléchi de l’argent des épargnants en octroyant des crédits à des projets durables portés par des entreprises et associations locales. Elle effectue par ailleurs, sur la base de critères de durabilité, la sélection d’entre-prises cotées en Bourse dans lesquelles les fonds de placement investissent. La même sélection est utilisée par les gestionnaires de patrimoine agissant pour le compte de clients investisseurs. Des missions simples ? Pas nécessairement. Comme n’importe quelle personne dans sa vie quotidienne, votre banquier peut lui aussi être confronté à des choix cornéliens.

La mécanique des créditsFinancer des entreprises et organisations locales, dont l’activité a un impact positif sur le plan social, culturel et/ou environ-nemental, est le cœur de l’activité de la Banque Triodos : producteurs d’énergies renouvelables, maisons médicales, hôpi-taux, théâtres, écoles, projets immobiliers durables, entreprises à finalité sociale… « Dans 80% des dossiers de crédits, notre position est claire dès le départ. Les 20% restants se situent dans la zone grise et nécessitent une réflexion plus approfondie. À ce stade, notre méthode de travail diffère également de celle de nos collè-gues banquiers traditionnels », détaille Quentin de Crombrugghe, responsable du département crédits.

Examen attentif du dossier de créditCes dossiers “ni blancs ni noirs” sont examinés par un comité spécifique, le First Assessment Committee. Celui-ci

examine l’adéquation du projet avec les valeurs et la mission de la Banque Triodos, avant toute analyse classique du risque financier. En moyenne, un dossier sur cinq reçoit le feu vert du comité. Le First Assessment Committee décèle assez rapidement les opérations de pur marketing vert (greenwashing) tentées par certaines entreprises. « Un exemple vécu est celui d’une entreprise pétrochi-mique désireuse d’investir dans un parc de voitures électriques », cite Quentin de Crombrugghe. « Mais nous avons été confrontés à d’autres types de dilemmes. Par exemple, une exploitation agricole qui a sollicité un crédit auprès de la Banque Triodos pour installer des panneaux photovoltaïques sur les toits de ses hangars. Puisque le porteur de projet pratiquait une agriculture intensive et n’avait d’autre objectif que d’accroître encore sa rentabilité en se muant en producteur d’énergie renouvelable, il a été débouté par le comité. »D’importants parcs solaires terrestres exigent également une attention particu-lière. Jan Poppe, responsable du départe-ment crédits Project Finance, spécialisé dans les énergies renouvelables : « Nous

examinons de façon systématique si de telles installations ne mettent pas en péril les cultures agricoles. Dans l’affirmative, nous ne les finançons pas. Si le sol est trop sec ou stérile, par exemple, un finance-ment est possible. En France, nous avons cofinancé un parc solaire de 126 hectares sur un terrain pollué en profondeur par les engrais utilisés dans l’agriculture inten-sive. L’implantation de panneaux solaires permettra une amélioration de la qualité des eaux souterraines. »Autre cas de figure : la demande de finan-cement d’une clinique médicale privée. La Banque Triodos finance de nombreux acteurs opérant dans le secteur des soins de santé, mais, dans ce cas précis, la demande de crédit visait la création d’une clinique spécialisée dans la chirurgie esthétique. Le crédit a été refusé. « Nous ne travaillons pas avec des œillères, car nous sommes en réflexion permanente par rapport à la diversification sectorielle de notre portefeuille de crédits », ajoute le responsable du département crédits. « La Banque Triodos entend jouer un rôle de pionnier et doit donc s’interroger sur les nouveaux secteurs qu’elle pourrait finan-cer dans le futur. »

EN TOUTE TRANSPARENCE Tant en matière de crédits que d’investis-sements, la Banque Triodos opère dans une transparence totale. Vous pouvez découvrir à quoi sert votre argent sur le site web de la banque où sont présentés les multiples projets financés grâce à votre épargne. De même, l’Univers d’investis-sement Triodos et la liste des entreprises figurant dans nos fonds ISR sont acces-sibles en ligne.

« Nous décelons assez rapidement les opérations de pur marketing vert

tentées par certaines entreprises. » Quentin de Crombrugghe, responsable du département crédits

Pour 80% des demandes de crédit auprès de la Banque Triodos, le fait que le projet présente

une valeur ajoutée sur le plan de la durabilité ou non apparaît très rapidement. Pour les 20%

restants, une analyse plus approfondie est nécessaire. En moyenne, un dossier sur cinq

reçoit ensuite un avis favorable.

Le montant moyen que les entrepreneurs empruntent

auprès de la Banque Triodos en Belgique (à la fin 2013).

À la fin juin 2014, la Banque Triodos comptait 5.702 clients professionnels (entrepreneurs, associations et ONG) sur le marché belge.

20% 381.911EUROS

5.702

10DOSSIER CRÉDITS ET INVESTISSEMENTS

Les investissements socialement responsables

La Banque Triodos n’investit pas en Bourse pour son propre compte et n’uti-lise jamais l’épargne de ses clients à des fins spéculatives. Toutefois, les clients ont la possibilité d’investir dans plusieurs fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) ou de recourir aux services de gestion de portefeuille durable. Dans ce cas, l’objectif financier d’un investisse-ment en Bourse va de pair avec un objectif sociétal : encourager les sociétés cotées à améliorer leurs performances en matière de durabilité, ce qui, au regard de leur taille, peut avoir des répercussions impor-tantes sur le secteur d’activités tout entier.

Sélection des entreprises dans lesquelles investir

Le choix des entreprises susceptibles d’intégrer l’Univers d’investissement Triodos – qui compte quelque 300 valeurs – pourrait sembler une évidence, il n’en est rien. Cette sélection résulte d’une enquête approfondie menée par le dépar-tement Research de Triodos Investment Advisory & Services, basé au siège central de la banque aux Pays-Bas. Ton Rennen, analyste de durabilité : « À travers notre analyse de durabilité, nous privilégions les entreprises contribuant directement à la durabilité de la société, par exemple dans les domaines de l’énergie, des soins de santé ou de l’épuration de l’eau. Mais nous prenons également en considération des entreprises qui proposent des produits ou services classiques tout en opérant de manière durable. » La sélection s’effectue en trois étapes (voir encadré ci-contre). Outre leur propre analyse, les analystes de Triodos Research s’appuient sur les services de Sustainalytics, un bureau d’études international réalisant des analyses de durabilité pour le compte du secteur financier et dont la Banque Triodos est actionnaire.

Les clients interpellent la banqueCette masse d’informations ne délivre pas forcément une image tranchée, ce qui place Ton Rennen et ses collègues face à certains dilemmes. « Nous vivons dans un monde où tout évolue rapidement et l’on attend de nous un suivi attentif », affirme l’analyste néerlandais. L’équipe est aussi interpellée régulièrement par les clients de la banque. La sélection de BMW a, par exemple, étonné un certain nombre d’entre eux, car le lien avec la durabilité n’est a priori pas évident. Ce constructeur automobile a été admis dans l’Univers d’investissement Triodos en raison d’un très fort engagement sur les plans social et environnemental, ainsi que dans le domaine de la gouvernance. Sa politique de réduction des émissions de CO2,

notamment, est très volontaire. BMW affiche également de grandes ambitions en ce qui concerne la production de véhicules électriques et hybrides. Autre surprise : en 2013, Solvay a été exclue de la sélection suite au rachat d’une entreprise produisant des substances chimiques pour l’extraction extrêmement polluante des gaz de schiste. Et plus récemment, Google a subi le même sort, après l’acqui-sition de sociétés travaillant sur le développement de robots susceptibles d’être utilisés en temps de guerre. Interrogé à plusieurs reprises, le géant américain s’est refusé à donner des garanties écrites concernant un usage exclusivement civil de ces équipements.

L’importance du dialogueUn dialogue régulier est engagé avec les entreprises susceptibles d’entrer ou déjà intégrées dans l’Univers d’investissement Triodos. Bien qu’H&M soit souvent épin-glée par les médias lorsqu’il est question de mauvaises conditions de travail dans l’industrie textile, cette multinationale fait partie des sociétés cotées susceptibles d’intégrer les portefeuilles ISR des clients de la banque. « H&M produit principa-lement dans les pays à bas salaires, mais se montre vigilante sur le plan social, au contraire de concurrents plus petits en quête de profits rapides », estime Ton Rennen. « Et en cas d’incident, H&M réagit vite et bien. Le fait que l’entreprise communique ouvertement est très important pour nous. » Jusqu’en 2010, le distributeur Colruyt ne faisait pas partie de l’Univers d’investis-sement Triodos en raison d’une attitude inverse. « Pionnière en matière de durabilité dans son secteur, Colruyt fonctionnait encore largement comme une entreprise familiale, ce qui revient à dire qu’on y travaillait dur et qu’on communiquait peu, alors que nous avions besoin d’informations pour établir une évaluation objective et vérifiable. La situation s’est progressivement améliorée, notamment sous l’influence du dialogue noué avec l’entreprise, et Colruyt est désormais intégrée dans notre sélection. » Être animé des meilleures intentions ne suffit pas. Ces quatre dernières années, nos fonds ISR ont été désignés comme les plus durables lors des Fund Awards Belgium. Tant en matière d’investisse-ments que de crédits, la Banque Triodos fonde ses choix sur une démarche rigou-reuse, qui a d’autant plus d’acuité encore lorsque la décision ne coule pas de source. Complexité du monde oblige...

QUELLE EST VOTRE OPINON AU SUJET DES DILEMMES DE LA DURABILITÉ ? DÉBATTEZ-EN SUR WWW.LACOULEURDELARGENT.BE

3 ÉTAPES DE SÉLECTION DES SOCIÉTÉS COTÉES La première étape consiste à vérifier que l’entreprise réalise plus de 50% de son chiffre d’affaires grâce à des produits ou services durables. Si elle est axée sur d’autres activités, elle fait l’objet d’une comparaison avec d’autres entreprises de son secteur. Septante indicateurs de durabilité per-mettent de désigner les entreprises “best-in-class” : 50% sont alors retenues, les autres exclues. La dernière étape consiste à vérifier si l’entreprise répond aux exigences mini-males de la banque. Ces exigences très strictes concernent, entre autres, l’énergie nucléaire, le com-merce des armes, le non-respect des droits de l’homme et du travail, les délits environnementaux, etc. Elles s’appliquent également dans le domaine des crédits.

ÉPARGNER OU INVESTIR ?Si vous épargnez au travers d’un compte d’épargne ou d’un compte à terme Triodos, la banque n’utilise votre épargne que pour accorder des crédits à des entreprises et orga-nisations locales et durables. Celui qui investit dans les fonds de placement Triodos place son argent dans des actions ou des obliga-tions d’entreprises internationales cotées en Bourse ou d’États, qui satisfont aux critères de durabilité de la Banque Triodos.Les principales différences entre l’épargne et l’investissement se situent au niveau du risque et du rendement : ces derniers sont générale-ment bas avec un compte d’épargne et (beau-coup) plus élevés avec un fonds de placement. Investir est une option intéressante si vous pouvez immobiliser tout ou partie de votre patrimoine durant au moins cinq ans et si vous acceptez que votre investissement puisse aussi perdre de sa valeur. Vous choisirez plutôt un compte d’épargne si vous ne voulez prendre aucun risque, préférez garder votre épargne à portée de main et appréciez que votre argent ait un impact positif sur l’économie locale.

79%

TAUX DE RÉPONSE DES ENTREPRISESEn 2013, l’équipe de Triodos Research a pris contact 554 fois avec 250 entreprises cotées en Bourse. Dans 79% des cas, l’entreprise interrogée a fourni les informations demandées.

4,2%

FONDS DURABLESLe marché belge des fonds totalisait, à la fin 2013, 153 fonds de placement socialement responsables – ce qu’on appelle également l’Investissement Socialement Responsable (ISR) -, soit une part de marché de 4,2%. Comme il n’existe aucune définition communément acceptée pour l’ISR, les critères ne sont, en vérité, pas toujours aussi stricts d’un fonds à l’autre.(Source : Belgian Asset Managers Association, www.beama.be)

99

MILLIONS D’EUROSC’est le montant total placé par les investisseurs belges dans les fonds de placement Triodos à la fin juin 2014 (+ 34% sur six mois).

11 DOSSIER CRÉDITS ET INVESTISSEMENTS

Quentin de Crombrugghe, responsable du département

crédits en Belgique.

Une ferme désireuse d’installer des panneaux solaires sur son toit est-elle susceptible de recevoir un crédit de la Banque Triodos ? Oui, si elle a fait le choix de l’agriculture biologique ; non, s’il s’agit d’agriculture intensive.

DÉCOUVREZ À QUOI SERT VOTRE ARGENT.Grâce à une carte interactive sur notre site web, vous pouvez savoir très précisément à quelles entreprises et organisations nous accordons des crédits. Cette transparence est unique dans le secteur financier. Jetez-y un coup d’œil et naviguez parmi des centaines de projets sur la base d’une localisation, d’un mot-clé ou d’un secteur.

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« Les entreprises qui jouissent d’une certaine image de

marque ne peuvent pas se permettre de

commettre des actes répréhensibles. »

Ton Rennen, analyste chez Triodos Research

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Un parc constitué de six éoliennes verra prochainement le jour en bordure de l’E411, à Hondelange, non loin d’Arlon. L’une de ces éoliennes est la propriété de la coopérative citoyenne Vents du Sud, fondée par une trentaine d’habitants du cru. Son objectif : donner à chacun l’opportunité d’investir directement dans des projets énergétiques verts au niveau local et pouvoir participer du même coup aux bénéfices futurs. Au terme de longues préparations et négociations, les travaux ont démarré à Hondelange. Dans l’intervalle, plus de 250 coopérants ont rallié Vents du Sud. La turbine de la coopérative a une puissance de 2MW et l’énergie verte qu’elle produira sera suffisante pour satisfaire la consommation annuelle de 1.230 ménages. La Banque Triodos a accordé un crédit à la société de projet Vents d’Autelbas, détenue à 100% par Vents du Sud, pour la construction de cette éolienne.WWW.VENTSDUSUD.BE

Un fonds visant l’acquisition de terres au bénéfice de l’agriculture biologique a été récemment constitué en Flandre par la nouvelle coopérative De Langenoten (Les Compatriotes), née d’un partenariat entre organisations de la société civile. Ce fonds rassemble des moyens privés (actions, legs et donations) afin d’acquérir des surfaces agricoles et de les donner en fermage à des agriculteurs bio. Le prix élevé des terrains agricoles représente souvent un obstacle important pour ces professionnels, qu’ils débutent ou non.Le Fonds Triodos a réalisé une donation en vue de financer l’étude préliminaire à la création du fonds. Il s’agit d’un des 24 projets ayant bénéficié, ces deux dernières années, du soutien du Fonds, qui finance principalement des projets belges de petite taille ayant un objectif sociétal clair. Ses moyens proviennent des épargnants de la Banque Triodos qui acceptent de céder tout ou partie de leurs intérêts.Le rapport d’activités 2012-2013 du Fonds Triodos, qui présente l’ensemble des projets soutenus, est disponible sur notre site web.WWW.TRIODOS.BEWWW.DELANDGENOTEN.BE

COOPÉRATIVE ÉOLIENNE

À ARLON

LE FONDS TRIODOS SOUTIENT

L’AGRICULTURE BIO

NOUVEAU PARTENAIRE :

WWFLa Banque Triodos accueille un nouveau partenaire : le WWF, une des plus grandes organisations mondiales de protection de la nature. Le WWF mène plus de 1.300 projets dans plus de 100 pays, dont le but consiste à sauvegarder la biodiversité et à atténuer l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. Les projets sont très variés, depuis les actions dans votre supermarché jusqu’à la création de réserves pour les espèces animales menacées. Le WWF-Belgique joue un rôle majeur en République démocratique du Congo, notamment au travers d’ambitieux projets de reboisement.Dorénavant, le WWF informera ses membres à propos de la Banque Triodos. En échange, l’ONG recevra une commission fixe pour tout nouvel épargnant qui, par son entremise, ouvrira un compte d’épargne Triodos. Plus tôt dans l’année, l’asbl EVA (Ethisch Vegetarisch Alternatief) a rejoint les rangs des partenaires Triodos.Une liste complète de nos partenaires est disponible sur notre site Internet. WWW.TRIODOS.BE WWW.WWF.BE

LISEZ L’INTERVIEW DE DAMIEN VINCENT, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE WWF-BELGIQUE, SUR WWW.LACOULEURDELARGENT.BE

triodos.be

Dans leur ferme biologique, BENOÎT REDANT et MÉLANIE BRONCKAERTS cultivent aussi bien des légumes traditionnels que des légumes ‘oubliés’, qu’ils vendent sur les marchés d’Amay et de Huy et via la livraison de paniers de légumes. C’est avec des animaux de trait et non un tracteur qu’ils travaillent leurs terres.

L’asbl COTHAN est un centre agréé de réadaptation fonctionnelle pour enfants présentant des troubles neurologiques ou moteurs. Il dispense un enseignement adapté et fournit l’accompagnement requis à quelque 40 enfants âgés de 2 à 14 ans.

VORMINGPLUS ANTWERPEN propose une offre variée de formations interactives pour adultes et s’adresse principalement aux groupes ayant un accès difficile à la formation. Des mamans désireuses de perfectionner leur néerlandais améliorent, par exemple, leur connaissance de la langue grâce à des exercices avec leurs jeunes enfants.

LIVING IN BRÛSEL est un Bed & Breakfast installé dans une maison de maître d’Etterbeek. Celle-ci a été rénovée de manière durable, avec des matériaux naturels. Des produits écologiques sont utilisés pour la lessive et le nettoyage. Au petit-déjeuner, les hôtes se voient proposer un large choix de produits bio, faits maison, locaux et issus du commerce équitable.

À quoi sert votre argent.La Banque Triodos s’engage à la transparence. À tout moment, vous êtes informé(e) des projets dans lesquels nous investissons votre épargne … des projets durables, porteurs d’avenir.

14HANDICAP ET INTÉGRATION

texte HIPPOLYTE BERTRAND photos JOHANNA DE TESSIÈRES

À Lasne, une ancienne maison de repos a été reconvertie en résidence d’accueil pour personnes handicapées adultes. Baptisé l’Essentiel, ce projet impressionnant se caractérise par une volonté de décloisonner très largement l’univers du handicap.

« Bienvenue ! » Le visage fendu d’un large sourire, Jason nous accueille dans la cuisine de l’Essentiel. Il y donne un coup de main « pour un peu tout », explique-t-il. C’est que préparer les repas quotidiens de ses 27 camarades rési-dents du centre et de la vingtaine d’éducateurs qui les accompagnent demande une organisa-tion sans faille. Dans la salle voisine règne un joyeux brouhaha. « Cette pièce est le cœur du bâtiment, c’est ici que tout se vit», souligne, enthousiaste, notre guide Dominique Hermans. Membre du comité de direction de l’ASBL, ce dernier se charge de lever une partie des fonds qui permettent à l’association de pérenniser l’encadrement et les activités offertes aux personnes handicapées adultes qui demeurent ici. Et celles-ci ne manquent pas : judo, cyclodanse (de la danse en chaise roulante), musique, arts plastiques, parcours de stimu-lation sensorielle, hippothérapie, jardinage, classe pédagogique pour apprendre à communiquer, atelier « looking » pour apprendre à prendre soin de soi... La palette proposée est particulièrement riche.

CHEZ EUXCOMME

15

TRANSFORMATIONEN PROFONDEURImplantée sur un terrain d’un hectare, l’ancienne maison de repos des Aumôniers du travail de Charle-roi a subi un sérieux lifting pour satisfaire aux normes d’accueil de personnes han-dicapées. Quelque 6,5 millions d’euros ont été investis dans ce projet. Un mon-tant financé par du mécénat sous forme de dons ou de prêts, par des apports extérieurs et par la Banque Triodos.Reconnue par

l’Agence wallonne pour l’intégration de la personne handi-capée (Awiph), « l’Essentiel » n’est pas subventionnée par cette dernière, mais bénéficie d’aides à l’emploi et d’un généreux subside de la Province du Brabant wallon. L’institution compte 28 chambres individuelles et deux chambres de «halte-répit », mises à dis-position de familles extérieures pour de courts séjours.

commente Julie Bodenghien. Une initiative couronnée de succès.De leur côté, poursuit-elle, deux autres pensionnaires donnent régulièrement un coup de main à l’équipe de la crèche des « Petits tambours » installée dans une aile du bâtiment et dont un tiers des places sont réservées à des enfants moins valides, tandis qu’un autre aide à la surveillance dans la petite école voisine.

Une mixité à multiples facettesInauguré en février 2013, le centre est l’aboutissement d’un projet imaginé par le Dr Michel Englebert. Papa d’un jeune garçon infirme moteur cérébral, celui-ci s’est trouvé face au questionnement qui hante la plupart des parents d’enfants han-dicapés : vu le manque de places d’accueil, comment garantir leur bien-être sur le long terme ? À force de persévérance, il est parvenu à fédérer autour de lui un groupe de personnes sensibles à ces questions,

raconte Vincent Rousseau, le directeur administratif et financier de l’association. « Ce projet tel que l’a voulu son fondateur est très intéressant dans sa dimension humaniste car il visait dès sa conception une mixité à plusieurs dimensions. La mixité de genres puisque nous accueillons des hommes et des femmes, la mixité générationnelle - les résidents sont âgés de 18 à 63 ans -, la mixité des handicaps en présence et la mixité sociale. »Une belle ambition qui n’est pas sans poser certaines difficultés, observe Vincent Rousseau car il n’est pas simple de mettre en œuvre un accompagnement indivi-dualisé pour 28 personnalités aussi diffé-rentes. « Nous sommes encore en phase d’apprentissage », reconnaît-il, soulignant que l’objectif est aussi de faire progres-sivement de l’Essentiel un centre de jour dont les activités seront accessibles à des pensionnaires extérieurs. WWW.ASBLESSENTIEL.BE

Mais « tout se fait au rythme des résidents », insiste Julie Bodenghien, l’une des deux cheffes éducatrices. « Nous travaillons sur base d’un schéma individualisé établi pour quatre mois avec chacun d’entre eux », précise notre interlocutrice en montrant le tableau où s’affichent les programmes du jour. Chaque pensionnaire peut ainsi se tourner vers un éducateur référent, lui-même spécialisé dans un registre d’activité particulier.Mi-salle à manger, mi-salle de jeu, cette vaste pièce lumineuse illustre bien la philosophie des lieux, basée sur l’échange et la convivialité. Au fond de celle-ci, une table de ping-pong est assaillie par un groupe de jeunes garçons et de jeunes filles qui se livrent des parties acharnées. « Ce sont des jobistes qui ont été accompagnés par certains de nos résidents pendant quinze jours. Ils ont réalisé ensemble divers travaux dans le cadre de l’opération « Été solidaire » de la commune de Lasne »,

RENCONTRE 16

Parcs éoliens, magasins bios, communes fairtrade, initiatives urbaines visant la neutralité climatique... Nous bâtissons une économie durable via de multiples initiatives, petites ou grandes. Toutefois, sur le plan macroéconomique, le chemin est encore long, si l’on en croit Paul De Grauwe. Selon lui, seules les autorités publiques peuvent forcer cet indispensable changement.

Dès 1989, le professeur en économie Paul De Grauwe plaidait en faveur d’une utilisation intelligente de la fiscalité environnementale dans son étude La croissance écologique : une utopie ou la réalité ? Pourtant, il réagit avec réserve lorsque nous le contactons pour un entretien sur la transition vers une économie durable : « J’ai peu de connaissances sur ce sujet, qui m’intéresse, mais à propos duquel je ne fais pas de recherches », précise-t-il. « Cela ne signifie pas que je n’accorde pas d’importance à une économie verte. »

Gaz de schiste et lignite« Je constate que d’importantes sommes d’argent sont investies pour rendre l’écono-mie plus durable. Mais en même temps, les investissements dans les combustibles fos-siles ne sont pas réduits. Les investissements dans le gaz de schiste aux États-Unis et les investissements continuels dans l’extraction de lignite pour la production d’énergie en Allemagne sont, au contraire, des facteurs désastreux pour une économie durable. Plus que jamais, on investit dans les formes les plus polluantes de production énergétique. »« Sur le plan macroéconomique, les marchés émergents continuent à croître de manière substantielle, en dépit de la crise. La plupart des pays en croissance suivent souvent une voie incompatible avec une économie verte et durable. Dans les pays développés, nous avons également connu cette évolution dans le passé ; seulement, dans les pays actuellement en croissance, cette évolution se fait à un rythme accéléré. De ce fait, les émissions de CO2 et la pression sur l’envi-ronnement augmentent chaque année, ce qui m’inquiète. L’impact des projets verts actuels reste relativement limité au niveau macroéconomique. »

Prendre en compte tous les fraisLa transition vers un secteur énergétique vert est cruciale, selon Paul De Grauwe : « Nous devons nous tourner vers d’autres sources énergétiques que les combustibles fossiles, sans quoi nous allons droit dans le mur. » Un autre secteur important à ses yeux est celui des transports. « Certaines formes de transport sont aujourd’hui trop bon marché. Pour le transport routier, par exemple, il n’est pas tenu compte actuel-lement de tous les frais, comme ceux de la conversion énergétique et de l’émission des gaz d’échappement. Certaines structures commerciales internationales qui ont cours actuellement ne sont pas efficaces non plus. Je pense notamment au transport par voie aérienne de haricots du Kenya vers les pays développés ! »

Une autorité publique correctriceComment le passage vers une économie durable peut-il malgré tout être accéléré ? « Il est évident que les autorités doivent imposer l’évolution vers une économie verte et durable par le biais de mesures fiscales. Dans un marché libre, tous les coûts ne sont pas compris dans les biens et services, ce qui se traduit par un prix du marché incorrect. L’État doit intervenir à ce niveau par le biais de la fiscalité et la subvention de nouvelles technologies. C’est le seul acteur qui puisse le faire. » Même si une telle approche n’a rien d’une évidence : « Une fiscalité environne-mentale suscite une grande résistance de la part de nombreux groupes de pression, tels que le secteur des transports. En Belgique, il existe toutefois un terreau politique pour des mesures écologiques. Ce n’est pas le cas au niveau international. Il devrait y avoir une plus grande coopération internationale

pour limiter les émissions de CO2, mais le protocole de Kyoto reste un ensemble de bonnes intentions sur papier. »Et le secteur financier ? Paul De Grauwe s’attend à peu d’initiatives de ce côté : « Les (grandes) banques accordent des prêts à des projets qui sont rentables pour elles et dont le risque est maîtrisable. Dans la marge, elles soutiennent une série de projets écologiques, mais ce n’est pas leur métier de base. C’est pourquoi les autorités publiques doivent décourager fiscalement les projets nuisibles pour l’environnement. Ce n’est qu’alors que le monde financier cessera de financer ces projets, devenus non rentables. »

VOUS PARTAGEZ LA VISION DE PAUL DE GRAUWE ? FAITES-NOUS EN PART SUR WWW.LACOULEURDELARGENT.BE

« UN SOUTIEN PUBLICAU CHANGEMENT »

texte WIM HEIRBAUT photo SOFIE VAN HOOF

Paul De Grauwe se qualifie de véri-table libéral, mais il reconnaît aussi les limites d’un marché totalement libre. Il enseigne aujourd’hui l’économie politique européenne à la prestigieuse London School of Economics. Précédemment, il enseignait l’écono-mie internationale à la KU Leuven et était professeur invité dans plu-sieurs universités du monde entier. De

1991 à 2003, Paul De Grauwe fut député fédéral (Open) VLD. En tant que membre du Group of Eco-nomic Policy, il a également conseillé José Manuel Bar-roso, ex-président de la Commission européenne. Il est spécialisé dans les relations monétaires internationales, l’intégration moné-taire, les marchés des changes étran-gers et l’économie de marché ouverte.

« Nous devons nous tourner vers d’autres sources d’énergie que les combustibles fossiles, sans quoi nous fonçons droit

dans le mur. »Paul De Grauwe

ACTUALITÉ TRIODOS 18

Que fait ma banque avec mon argent ? Quels sont les risques liés à des investissements nuisibles dans les armes ou les carburants fossiles, par exemple ? Quel produit est le meilleur pour moi ? Les réponses à ces questions et à bien d’autres encore se trouvent sur le site web de l’asbl FairFin, qui encourage une gestion responsable et durable de l’argent. La Banque Triodos a été analysée au même titre que les autres banques et reçoit une appréciation très positive.WWW.FAIRFIN.BE

L’activité bancaire peut-elle être une chose personnelle et positive ? C’est la question centrale qui sera posée le 23 octobre prochain lors de la première campagne mondiale de la Global

Alliance for Banking on Values (GABV), coordonnée au niveau international par ses membres. Ceux-ci interviendront par le biais d’actions locales et via les réseaux sociaux. L’objectif de

cette campagne est de donner une image concrète à la banque fondée sur les valeurs et de démontrer que cette évolution positive et massivement soutenue rend possible une évolution

sociale, économique et écologique de la société. La Banque Triodos est l’un des cofondateurs de la GABV, qui compte aujourd’hui 25 membres desservant ensemble 20 millions de clients.

WWW.GABV.ORG

Au moment de la mise sous presse de ce magazine, nous avions pratiquement franchi le cap des 9.000 fans sur notre page Facebook ! WWW.FACEBOOK.COM/TRIODOS.BE

Vous êtes actif dans une association ou organisation prônant des valeurs durables ? Dans ce cas, nous serions

très heureux de vous présenter ce qu’est la banque durable lors d’une Rencontre Triodos. Vous réunissez au

minimum 20 personnes et un(e) collaborateur(trice) de la Banque Triodos leur fera une présentation, puis répondra

à toutes leurs questions. Pour tout nouveau compte d’épargne ouvert dans la foulée, votre organisation

recevra 25 euros. Alors, on se voit bientôt ?Plus d’infos au 02 548 28 52 ou via info@triodos.be

RENCONTRE TRIODOS

APPRÉCIATION POSITIVE DE FAIRFIN

(I AM) #BANKINGONVALUES

FANS9.000

DES CAPITAUX POUR LE SECTEUR BIOAu début de cette

année, Triodos Invest-ment Management a lancé un nouveau

fonds, avec un horizon d’investissement à long terme, destiné à finan-

cer des entreprises de premier plan, mais

non cotées en Bourse, actives dans les sec-

teurs de l’alimentation biologique et des biens de consommation du-

rables (textile, produits de soins) en Europe. Le

Triodos Organic Growth Fund a démarré avec un capital de 25,3 millions

d’euros, qui devrait être porté à terme à

150 millions d’euros. Seuls des investisseurs

professionnels et qualifiés peuvent

investir dans ce fonds.

58%De nombreux clients

ont d’ores et déjà opté pour les extraits de

compte électroniques via l’Internet Banking : ceux-ci représentent 58% du volume total.

Cela permet d’écono-miser énormément de

papier et de réduire les coûts de la banque,

tout en étant meilleur pour l’environnement. L’Internet Banking est,

de surcroît, gratuit.

FAITS & CHIFFRES

CRÉDITS HABITATION. Plus votre logement est économe en énergie, plus votre taux est avantageux : c’est le principe du crédit habitation Triodos. De cette manière, nous encourageons la construction et la rénovation durables. Les habitations sont, en effet, de gros consommateurs d’énergie et rendre le marché résidentiel plus écologique représente toujours un potentiel très important. Vous voulez en savoir plus sur nos crédits habitation ? Surfez sur www.triodos.be.

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BRUXELLES

368.941EUROS

FLANDRE

212.265 EUROS

WALLONIE147.816 EUROS

BRUXELLES

225.895 EUROS

FLANDRE

211.138 EUROS

WALLONIE168.577 EUROS

PRIX MOYEN D’UNE MAISON (2013)

PRIX MOYEN D’UN APPARTEMENT (2013)

CRÉDITS HABITATION TRIODOS. Au cours du premier semestre 2014, la Banque Triodos a accordé 204 nouveaux crédits habitation, en hausse de 84% par rapport à la période correspondante de 2013. À la fin juin 2014, le nombre total de crédits habitation octroyés s’élevait à 1.066.

82% des clients ayant souscrit un crédit habitation Triodos vivent dans une maison ou un appartement avec

un niveau E50 ou inférieur.

Le Belge emprunte en moyenne 137.000 euros pour son crédit hypothécaire. Ce montant grimpe à 140.000 euros en cas de construction et est de 42.000 euros pour une rénovation (à fin juin 2014).

+84%

RÉDUCTION EN FAVEUR DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE . Plus le niveau de performance énergétique de votre habitation est bas, plus la réduction accordée sur le taux d’intérêt de votre crédit habitation sera importante. La réduction minimale de 0,50% s’applique éga-lement aux formes collectives d’habitat telles que l’habitat groupé ou les habitations kan-gourou, ainsi qu’aux rénovations écologiques.

-0,50%

-0,60%

-0,70%

E60<_ E50<_ E30<_

82%

137.000EUROS

Sou

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Des armoires réalisées avec des déchets de bois ou des sacs confectionnés à partir de bâches recyclées : celui qui déambule dans le magasin d’écodesign Rewind découvrira les merveilleuses possibilités du réemploi. Derrière chaque produit, il y a une histoire, qui démontre qu’esthétique et écologie se marient parfaitement.texte et photos LISA DEVELTERE

L’ÉCODESIGN, C’EST BEAU

À QUOI SERT VOTRE ARGENT21

MEVROUWTJE&MENEERTJEPour les tout-petits, Rewind Kids a lancé sa propre ligne de vê-tements, Mevrouwtje &Meneertje. Des dessins d’enfants ornent les T-shirts, shorts, barboteuses et bavoirs. « Nous organisons réguliè-rement des concours de dessins, avec une sélection de trois ou quatre dessins gagnants. Nous tra-vaillons désormais avec une trentaine de stylistes. » Les vêtements pour enfants sont confec-tionnés exclusive-ment avec du coton bio et teints avec des encres à base d’eau. Une partie des profits est reversée à la Fondation pour le Cancer des Enfants. La Banque Triodos a accordé un crédit à l’entreprise pour l’achat de son stock de vêtements. Elle avait précédemment financé l’installation du magasin Rewind.

Avant d’ouvrir Rewind, Liesbeth Wouters et Stijn Gilles, gérants de l’entreprise, ont suivi des parcours très différents. Alors que Stijn travaillait précédemment dans la production de films (publicitaires), Liesbeth opérait dans le secteur de la mode. « C’est un monde dur et incertain. Après cinq ans, j’étais prête à tourner la page », raconte-t-elle. « J’aspirais à créer quelque chose par moi-même. Lorsque j’ai découvert à Rotterdam un concept store axé sur le recy-clage, l’idée de Rewind s’est imposée. » Le couple a ouvert un premier magasin Rewind Design dans la Riemstraat à Anvers il y a cinq ans, puis, assez rapidement, la boutique en ligne Rewind. Suite au lancement de sa propre marque de prêt-à-porter pour bébés et enfants Mevrouwtje&Meneertje, un deuxième point de vente a été ouvert en 2012 : Rewind Kids.

La rigueur au service de l’élégance« De nombreuses personnes relient l’écologie à des produits artisanaux ou à du bricolage. Du coup, nos clients sont très souvent surpris de voir à quel point nos produits sont élaborés selon des règles strictes. Esthétique et écologie se marient parfaitement, et nous continuons à décou-vrir de jolies choses », souligne Stijn Gilles. Rewind vend principalement des produits fabriqués au départ de matériaux recyclés : des armoires réalisées avec des déchets de bois, des jouets au départ de bouteilles de lait recyclées, des corbeilles à fruits avec de vieux magazines ou des sacs confectionnés avec des bâches de camions recyclées de différentes couleurs. Tous les autres produits sont écologiques ou issus du com-merce équitable. « Il est agréable de vendre de jolies créations et de pouvoir raconter à ses clients une magnifique histoire au sujet de leur fabrication », enchaîne Liesbeth Wouters. Le concept de réemploi prôné par Rewind va bien au-delà de l’assortiment proposé. Les sacs de caisse sont réalisés à partir de vieux journaux, les cadeaux sont enveloppés dans des surplus d’affiches pro-venant d’une imprimerie du coin et les com-mandes effectuées sur la boutique en ligne sont expédiées dans des caisses recyclées.

Exposer le travail des étudiants« Au moment de l’ouverture du magasin, ce concept était tout nouveau, mais nous avions la conviction que le public était psychologiquement prêt », affirme Liesbeth Wouters. L’écodesign suscite également un grand intérêt auprès de la jeune généra-tion de designers, ajoute son compagnon. Rewind soutient les jeunes créateurs et organise dans son point de vente des expo-sitions sur le thème du recyclage, offrant ainsi l’occasion aux étudiants de présenter leur travail. « Même les grandes entreprises commencent à reconnaître l’utilité du recyclage. L’ensemble du monde du design devrait prendre ce train en marche. Ce vers quoi nous devons tendre, c’est la combinai-son de la technologie et du design, illustrée notamment par l’impression 3D. Il y a là un énorme potentiel pour réduire la montagne de déchets. Les possibilités sont infinies, il suffit de les saisir. »WWW.REWINDDESIGN.BE

« De nombreuses personnes associent écologie et bricolage et sont donc surprises de voir à quel point nos produits sont modernes. »Stijn Gilles, Rewind

LES DILEMMES DE LA

DURABILITÉLA

COULEUR DE

L’ARGENTNO.126

LA COULEUR DE L’ARGENT est une publication de la Banque Triodos, envoyée gratuitement aux clients et relations pour les informer des activités de la banque.

SI VOUS NE SOUHAITEZ PLUS RECEVOIR NOTRE MAGAZINE, vous pouvez nous le signaler via info@triodos.be, au 02 548 28 52 ou via Internet Banking / Paramètres / Communication Triodos.

ÉDITEUR RESPONSABLE Olivier Marquet, Rue Haute 139/3, 1000 Bruxelles, Belgique

RÉALISATIONFrançois Bertrand Donna De Coeyere Veerle Lauwers Lieve Schreurs Joris Smeets

RÉDACTION Hippolyte BertrandLisa DeveltereBusiness WritersJoris Smeets

CONCEPT & DESIGNStudio Roomwww.studioroom.nl

LAY-OUTHead Officewww.headoffice.be

PHOTOSJohanna de TessièresLisa DeveltereOlivier Papegnies

IMPRIMEUR Manufast

LA COULEUR DE L’ARGENT est imprimée sur du papier 100% recyclé et avec des encres végétales.

BANQUE TRIODOSRue Haute 139/3, 1000 Bruxelles T 02 548 28 28 F 02 548 28 29 info@triodos.bewww.triodos.be TVA BE 0450.507.887 RPM BruxellesSuccursale belge de Triodos Bank NV (Pays-Bas) Informations & Conseils : 02 548 28 52 Crédits : 02 548 28 10

LA BANQUE TRIODOS est spécialisée dans l’octroi de crédits à des projets, organisations et entreprises dans les secteurs culturel, social et environnemental.Elle offre des formules d’épargne et de placement aux clients particuliers et professionnels.

GÉNÉRIQUE

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CRÉDITS

GESTION DE PATRIMOINE

ÉPARGNE

PLACEMENTS

Je dispose de mon argent à tout moment.

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Je constitue une épargne pour mon enfant.

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Je reçois des conseils, mais je gère personnellement mon patrimoine.

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J’emprunte pour mon entreprise, mon association ou mon organisation.

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triodos.be

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• Je place mon argent à long terme, sans garantie de rendement ou de capital.

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LES DILEMMES DE LA

DURABILITÉLA

COULEUR DE

L’ARGENTNO.126

6 Purifié par l’art

8La durabilité

sous la loupe

13 À quoi sert mon argent ?

20L’écodesign, c’est beau

TRIODOS EN VISITEDANS VOTRE ORGANISATION ?Vous êtes actif dans une association ou organisation prônant des valeurs durables ? Dans ce cas, nous serions très heureux de vous présenter ce qu’est la banque durable lors d’une Rencontre Triodos.Plus d’infos à la p. 18, au 02 548 28 52 ou via info@triodos.be

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