juifs et antisémitesby bernard lazare
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Juifs et antisémites by Bernard LazareReview by: Michael LöwyArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 82 (Apr. - Jun., 1993), p. 290Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30118541 .
Accessed: 10/06/2014 17:13
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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
82.58 LAZARE (Bernard).
Juifs et antisimites. Paris, Editions Allia, 1992, 224 p. (Jd. 6tablie par Philippe Oriol).
Ce recueil de textes de B.L. sur la question juive, pour la plupart devenus introuvables, est un document du plus grand int6ret, aussi bien du point de vue historique que comme expres- sion d'un personnage exceptionnel dans le pa- norama intellectuel du judaisme frangais. Cet 6crivain anarchiste que Charles P6guy consi- d6rait comme << un des grands parmi les pro- phbtes d'Isral >> (malgr6 son ath6isme) a 6t le premier dreyfusard et par la suite, I'inven- teur d'un nationalisme juif A coloration liber- taire.
Ce recueil permet de suivre pas i pas les 6tapes de son itin6raire spirituel et politique. Au d6but (1890), B.L. semble fortement tent6 par l'antis6mitisme de Drumont; il distingue soigneusement entre les << isra61ites frangais >> vivant depuis des sibcles en France et la foule << des usuriers russes, des cabaretiers polonais et des Galiciens pr~teurs sur gage, avec la- quelle ils n'ont rien en commun >>. Mais bien- tit il commence h pol6miquer contre l'antis6mitisme. Dans un article contre l'anti- s6mite Edmond Picard il 6crit: << L'usurier aryien est aussi vil que l'usurier s6mite et le pobte simite, s'il est bon, 6quivaut au pobte aryien. Spinoza et Bacon s'apparient, Rotschild 6gale Van der Bilt, Heine r6pond i Schiller, et puisqu'il faut conclure, Karl Marx par exem- pie, me parait etre plus capable de sociologie, de philosophie et de logique que M. Picard >>.
Toutefois, c'est l'affaire Dreyfus, dans la- quelle il jouera un r61e central (auteur de la premiere brochure pour la d6fense du capi- taine), qui constitue le v6ritable tournant dans son chemin vers la d6couverte de son identit6 juive. II deviendra un pionnier du mouvement sioniste, sans pour autant renier ses convic- tions socialistes libertaires. Dans un article de 1898 intitul6 << Le prol6tariat juif et l'antis6- mitisme >> il souligne: << Que reproche aux Juifs l'Eglise ? Elle leur reproche d'8tre dans le monde, un ferment rfvolutionnaire. (...) Elle sait que les plus terribles anathbmes contre les riches, les puissants, les tyrans du peuple, sont sortis de la bouche des prophbtes. iElle sait quel admirable manuel d'anarchisme on pourrait ti- rer de la Bible. (...) Les antis6mites bourgeois et cl6ricaux reprochent done aux Juifs d'etre des r6volutionnaires. Travaillons A m6riter ce reproche >>.
Pour r6pondre aux antis6mites, qui font du trafic et de l'usure la quintessence du ju-
dafsme, il 6crit en 1898 un long article sur << La conception sociale du judaisme >>, qui examine d'un point de vue sociologique les textes de la tradition juive. Pour B.L., toutes les maximes de la Bible sont agrariennes : les pro- phttes avaient I'amour de l'agriculture et le m6pris du commerce. Aussi bien la loi mosai'- que que la talmudique interdisaient I'usure. Quant A l'6poque moderne, c'est la bourgeoisie juive qui est devenue trafiquante, et non les << Juifs >>, qui sont, dans leur grande majorit6 (en Russie, Galicie, Roumanie, Londres et New York) des pauvres et des prol6taires.
Son adh6sion au mouvement sioniste sera de courte dur6e : en 1899 il rompt avec Herzl et en 1902 il d6nonce dans la revue Pro-Armenia l'hommage rendu par le Congrbs sioniste au Sultan Abdul-Hamid, malgr6 les massacres d'Arm6niens commis par les autorit~s otto- manes. Contre ce qu'il appelle << la diplomatie d'op6rette >> de Herzl et ses amis, il oppose << la grande ceuvre g accomplir >>, << l'oeuvre de la r6g6n6ration intellectuelle et morale du peuple juif >>.
Ce recueil est pr6c6d6 d'une utile introduc- tion de P. Oriol et d'une pr6sentation d6taill6e de la provenance des textes.
Michael L6wy.
82.59 LEVINE (Daniel H.).
Popular Voices in Latin American Catholi- cism. Princeton, Princeton University Press, 1992, 404 p.
Cet ouvrage nous propose une remarquable vue d'ensemble sur les nouvelles formes de re- ligiosit6 populaire surgies en Am6rique Latine autour des communaut6s de base. L'auteur est professeur de sciences politiques i l'Universitd de Michigan (Ann Arbor) et occasionnelle- ment, collaborateur des Archives de Sciences Sociales des Religions.
Ii s'agit du r6sultat de plusieurs ann6es de recherche sur le terrain en Colombie et au V6- n6zuela. Il t6moigne non seulement d'une connaissance intime de la vie des communau- t6s de base mais aussi d'une grande familiarit6 avec la croissante bibliographie sur le sujet.
La premiere partie du livre analyse les prin- cipaux aspects de cette nouvelle religion po- pulaire: la th6ologie de la lib~ration et les communaut6s. Il s'agit d'un processus de chan- gement profond, grace auquel des groupes populaires deviennent des sujets autonomes,
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