jacker magazine #13

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A magazine about the street culture. Graffiti, Street Art, Extreme Sports, Music and more.

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Au commencement, Jacker changea les cieux et la terre. La terre était informe et fade, il y avait les ténèbres à la surface de l’abîme, les médias étaient vendus, la musique et l’art mal représentés et l’esprit des nôtres se mouvait au-dessus des faux.

Jacker dit : Que le magazine gratuit soit. Et le magazine gratuit fut.

Jacker vit que le hip hop indépendant était bon, et Jacker sépara le hip hop indépendant du commercial. Il appela ce dernier les ténèbres. Ce fut le premier jour.

Jacker dit : Qu’il y ait une étendue entre ceux qui font de la trottinette et ceux qui pratiquent le skateboard. Et Jacker fit l’étendue, il appela ça le Style. Ce fut le deuxième jour.

Jacker vit que la couleur était bonne, il sépara la couleur de la grisaille. Il appela la couleur graffiti, et il appela la grisaille béton. Ainsi, il y eut une rue, et il y eut un spray : ce fut le premier flop. C’était le troisième jour.

Le quatrième jour Jacker dit : Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, de grosses têtes bien grasses que ses pèlerins allumeront en son nom. Et il fut ainsi.

Puis Jacker créa l’homme. Il lui donna un sexe de la taille d’un cierge et une paire de couilles semblables à des boules de pétanque. Puis Jacker créa le cochonnet.

Le sixième jour, Jacker réalisa qu’on n’y voyait que dalle, il créa alors le jour et la nuit. La nuit il créa des lieux où ses enfants s’adonneront aux vices et aux infrabasses en s’imbibant d’alcool. Ainsi, il y eut une soirée, et il y eut un after.

Le septième jour Jacker ne se leva pas, il était trop bourré de la veille. Il se reposa de toute son œuvre. Jacker bénit le septième jour, et il le sanctifia. Mais il envoya quand même Moïse charbonner dans le hall pour pas niquer le bénef.

Béni soit-il l’homme de bonne volonté qui, au nom de la rue se fait le berger des incultes qu’il guide dans la vallée du mainstream. Car il est le gardien de son frère mon frère, et la providence des brebis égarées. Ainsi soit-il.

In the beginning, Jacker changeth the heaven and the earth. The earth was without form and totally lame ; and darkness was upon the face of the deep as the media had sold out and art and music were representeth falsely. And the spirit of Jacker moved upon the face of the wankers.

And Jacker said: Let there be free magazines. And there were free magazines.

And Jacker saw that Independent Hip Hop was good. And Jacker divideth the Independent from the commercial which he calleth The Darkness. And the evening and the morning were the first day.

And Jacker said : Let there be a firmament between those who do the scooter and those who skate. And Jacker made the firmament and calleth it Style. And this was the se-cond day.

Jacker saw that colour was good, and separated it from the grey. He calleth the colour graffiti, and the grey, concrete. Thus there was a street, and a can : and this was the first bombing. It was the third day.

On the fourth day Jacker said : Let the earth bring forth grass, the herb yielding seeds, and big fat juicy buds that the faithful may light in my name. And it was so.

And Jacker createth man. He giveth him a tool the size of a candlestick and a pair of balls liken unto the balls of the Pétanque. And then Jacker created the kitty that playeth with the balls.

On the 6th day Jacker realised that you couldn’t see shit, and so created the day and the night. And for the night, he createth a place where his children would give themselves to vices and mega bass whilst imbibing alcohol. Thus there was a party, and an after-party.

On the 7th day, Jacker riseth not, being too hungover from the night before, and he rested on the 7th day from all his work which he had made. And Jacker blessed the 7th day and sanctified it. But he sent out Moses anyway to work the stands to make sure that no one fucked with his cash.

Blessed be the man who in good cheer, and in the name of the Street is like a shepherd unto the ignorant and foolish, who he guideth away from the valley of the shadows of the mainstream, for he is his brother’s keeper, and the savior of lost sheep. Amen.

L ’ I V R E D E L A G E N È S E

egoditoeGOdito

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Joey Bada$$

Meggs

Zeus 40

Maxime Garlenc

Naughty Ride

Matt Miller

Jacker FW15

Karim Sahraoui

Rudcef Dronkers / Herer

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Sommaire

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FoundersRoman Soler

Aurélien Courbon

Art Director Aurélien Courbon

Advertising Roman Soler

Digital Manager Daniel Boris Iglesia

Operations and Finances Matthieu Cozzolino

Print Editors Arnaud Catayée Quentin Alogna

Graphic DesignersMaxime Bardou

Manuel De Lignères

Community Manager Jorlan Mariotat

MarketingMichael Kahn

Web EditorsThomas Khenouche

Arthur Chambon

Jacker Workshop Maxime Chevaillier

Video Florent Marti

Translators Emiliy ReesKeryl E Allahdua

Events / DJ’s Renaud Odde Dimitri Gilles Geoffrey Courbon

CollaboratorsPaul GonnetAlexandre GillesCoralie Bonnat Charly Ferrandes Jérôme DufourEtienne LallementLucien DartoisMaxime GarlencThomas CalvetValentin Dumont

Advertising Inquiries [email protected]

PrintImprimerie Nouvelle - Apt

W W W. J A C K E R M A G . C O M

Big up to ...

Guillaume Chollet, Cedric Benoit, Peck, Sandro Leal, Julien Pirrello, Annette et Patrick, Brice Vergez, Pierre Allaire, Manuel Ibanez,

Clément Chaptal, Olivier Pelazza, Hugo et Gérard Justinesy, Brice Rancou, Denis Voyant, Michel Cozzolino, Astrid Arditi,

Paul Puche, Jean Baptiste Besson, Guimball, Laetitia Richaud,Marvin Saint-Réquier, Mathilde Chapoutix, Marley Courbon,

Julia Veyrier, Louis Chalandon, Philippe Auvignen, Mailys Arsal, Stephanie Hung, Aymeric, Seb Brilleau, Seb Serra, Tekilla, Biggie,

Poupa Lost, Clémence Bertic, Barbara Leleu, Berthille Brandicourt, Jane Vinot, Clémence & Claire Castinel, Vito FPC, Abde & Le Rif1,

Goer, ES Crew, Exode Films, Jérémy Stadler.

Jacker Magazine est édité par la société Paper Haze.

Paper Haze / Jacker Magazine35 rue Faubourg du Courreau - 34000 Montpellier

Toute reproduction est strictement interdite, sinon on vous plonge la tête dans un seau de merde.

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What’s up ?

Electric X David GonzalezSur un doux fond de heavy metal, David Gonzalez re-présente à merveille ce style Trasher qui nourrit une grande part de cette culture, surplombant les spots tête dans les genoux et prenant un malin plaisir à faire couiner des rails de 18 mètres. Le Skater of The Year 2014 vient de signer une montre et deux lunettes avec Electric, une collab en adéquation avec son ADN.

David Gonzalez has got that heavy metal thrasher style on and off a skateboard. He’s much more likely to jump 18 flights of stairs with his head between his knees pumping heavy metal. The 2014 Skater of The Year’s DNA comes across perfectly in the watch and two pairs of glasses that he designed in collaboration with the Electric team.

www.electriccalifornia.com

DC Shoes X Sean Cliver Présent dans la culture skate depuis ses débuts, Sean Cli-ver a illustré les planches les plus mythiques de la disci-pline. Il est aussi l’auteur de “The disposable skateboard bible”, un ouvrage qui retrace l’histoire des graphiques du skateboard, que chacun d’entre nous devrait avoir dans sa bibliothèque. DC Shoes a frappé fort en collaborant avec cet artiste légendaire et le résultat décliné sur plusieurs produits est remarquable.

Present in the skateboarding culture since the begining, Sean Cliver illustrated the most mythical skateboards of the scene. He is also the author of “ The disposable skateboard bible”, a book that outlines the story of skate-boarding graphics and that everyone should have in their library. The result of this collaboration betwin DC Shoes and this legendary artist is remarkable.

www.dcshoes.fr

WRUNG X URBAN FIXIE On vous disait que Wrung enchaîne les collabora-tions, en voici le dernier né. Nos potes de Wrung se sont associés à Urban Fixie, concepteur de vélo lyonnais, afin de donner naissance à ce beau bébé en édition limitée. Et ce, peint à la main dans les moindres détails, pour un résultat terriblement efficace.

We were telling you about Wrung’s many collabora-tions, here is the latest one. Our bros from Wrung got into a partnership with Urban Fixie; a Lyon based bike-designer, giving birth to this beauty in limited edition. Believe it or not, this one is hand-painted and the result is just outstanding.

www.wrung.fr

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What’s up ?

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What’s up ?

Cayler & Sons // Copper LabelLa marque de caps la plus technique du game vient de sortir son dernier capsule label, finalement plus germanique. Influencée très US, elle revient à ses racines avec sa nouvelle création, la Copper, un savant mélange entre tradition, souci du détail, et mélange de matières.

One of the most technical cap brands on the mar-ket has just released their last capsule label, which is surprisingly more Germanic. Strongly influenced by the US, the brand has now gone back to their roots with this new creation, the Cooper; a clever mix of tradition, close attention to detail and a good combi-nation of materials.

www.caylerandsons.com

CHEAPO X SKATEISTANL’ONG Skateistan utilise depuis des années le skate pour motiver et éduquer des enfants dans le tiers monde. CheapO a décidé de faire une faveur de plus à cette organisation responsable et déterminée à rendre les jours meilleurs pour quelques kids défavorisés. Ils ont sorti une montre appelée “Nawroz”, “Nouveau Jour” en perse. 100% des ventes sont redistribuées. Chapeau bas !

For years the NGO, Skateistan has been using skateboar-ding to motivate and educate children in third world countries. CheapO decided to support this organization that is committed to making better days for disadvan-taged kids. They released a watch called “Nowruz”, which means “New Day” in Persian. 100% of the profits go to the association. Hats off!

www.cheapo.se

Dream Paris // FW 15La marque parisienne est toute jeune et présente malgré tout une gamme déjà très étoffée et pour le moins originale, de par sa qualité et sa direction. Dream Paris est née de trois skateurs parisiens dont la volonté est d’offrir une marque qui sorte des sentiers battus, basée sur une sélection de tis-sus haut de gamme.

This Parisian brand is still very young, but already has a varied and original range, thanks to its ex-cellent quality and management. Dream Paris was created by three Parisian skaters who wanted to put forward a brand that breaks conventional rules with its choice of premium fabrics.

www. dreamparis.fr

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hip-hop• Ocean Wisdom - Splittin’ The Racket

• Bishop Nehru - The Alert • Stalley - Voila

• Kendrick Lamar - These Walls • Oddisee - Belong To The World

• K-os - Crucify • Apollo Brown - Neva Eva (feat. The Barrel Brothers)

• Jazzy Bazz - Les Chemins • Redman -Dope Man

• Propaganda - Excellent • Juli x Caballero - Traigo Mas • Dead Players - Call Us Now

• Freddie Gibbs - Pronto • Joey Bada$$ - Paper Trail$ • Tyler, The Creator - Buffalo

• Action Bronson & The Alchemist - Bitch I Deserve You • Michael Christmas - Are You Around ft. Polyester The Saint

• Statik Selektah - Beautiful Life ft. Action Bronson, Joey Bada$$ • Emtooci - Siamois (Prod. Fred Killah)

• Dizzy Wright - I Can Tell You Needed It ft. Berner

techno• Tyler Friedman - Wallouian [Kontra-Musik]

• Levi Verspeek - Mirehc [BodyParts] • Egal 3 - Altfelnu [Sound of Vast]

• Arapu - Flash (Original Mix) [Kina Music] • D’julz - Serendipity [Bass Culture Records] • Makcim & Levi - Pointless [Raum Musik]

• Flashmob - Little Helper 190-2 [Little Helpers] • Kokaz - Sauna [Kootz Music]

• Abstract Matters - Mennie [Cynosure] • Abstract Matters - Interplanetary Connection [Cynosure]

• Andrea Fiorito - The Biggest Love [Cynosure] • Signal - Spacedrive [What.if]

• Archie Hamilton - Mind Blank [Fuse London] • Amin Ravelle - Pretherina (Original Mix) [Arupa Music]

• Doubtingthomas - Anpe [Amam] • Nami - Fantasma [Nami]

• Loxique - Inherent [Tzinah Records] • The Mountain People - Mountain 011.2 [The Mountain People]

• Ross 248 - Jj Got Fucktion [Fathers & Sons Productions] • White Brothers - Little Helper 182-1 [Little Helpers]

Flava in ya ear

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JOEY BADA$$GoodVibes

T e x t e : A U R é L I E N C O U R B O N - P h o t o s : D a v i d D A U B & M R M A S S

JOEY bada$$Maintenant que le hip-hop a sa place dans un monde

où il est désormais reconnu à sa juste valeur, sa qua-lité est encore parfois perturbée par de vieux démons.

On va pas se mentir, sa prostitution, ses alliances insensées avec la pop ne lui ont pas fait du bien, mais ont au moins eu le mérite d’ouvrir son panel d’auditeurs. Elles ont peut-être permis à tes grands-parents de tomber un jour sur un Jay Z en featuring avec je-ne-sais-qui, et de trouver ça “pas si dégueulasse que ça”. Bon, on est encore loin de Mamie Josette qui danse le c-walk sur C.R.E.A.M… mais c’est déjà ça. Tout ça pour dire que la frontière entre le rap dit “mainstream” et le rap “underground” s’amincit peu à peu, et qu’il fallait quelqu’un pour réunir les deux. Joey Bada$$ est l’homme de la situation. En quelques années, il est devenu un acteur incontournable de la scène hip-hop internationale, a tourné dans le monde entier et compte déjà à son actif plus de 4 projets tous aussi bons les uns que les autres, sans jamais avoir été tenté par Lucifer (représenté dans cet article par David Guetta en legging en strass avec les nichons de Miley Cirus). Une voix éraillée, un style affûté, un crew (Pro Era) extrêmement actif, Joey Bada$$ a de la personnalité, des textes sensés, posés sur des instrus extrêmement bien produites, et pour couronner le tout, fait preuve de créativité dans tous les clips qu’il entreprend.... Ah oui j’avais oublié, il n’a que 20 ans. C’est un mec marrant et humble que nous avions devant nous à Nice ce jour-là, en espérant que ça dure avant que le show busi-ness ne le grignote jusqu’à la moelle.

Jacker / Donc tout a commencé avec ce premier freestyle sur Youtube quand tu avais 15 ans c’est ça ?

Joey / Ouais, enfin, ce n’était pas ma première vidéo mais c’est celle qui a attiré mon manager d’aujourd’hui tu vois. J’ai posté cette vidéo et il m’a contacté après l’avoir vue, et le reste appartient à l’histoire.

J / Donc après, tout a explosé ?

JB / Pas tout de suite, mais les choses sont devenues plus claires tu vois, comme si soudainement j’avais une fenêtre qui s’ouvrait sur ce que je voulais être.

J / C’était quoi ta vie avant, au lycée, parce que tu étais au lycée quand tout ça s’est passé. Comment as-tu géré ça avec les cours ?

JB / Au début, c’était quelque chose que je pouvais faire en même temps, mais petit à petit, je suis arrivé au point où je devais faire un choix tu vois. Je me suis dit “Ok, tu vas perdre ton temps à l’école pendant les 8 prochaines années”, parce qu’il y a la fac après, “ou alors tu vas continuer à tenter de vivre ton rêve”. Et j’ai choisi de poursuivre mon rêve. Et voilà où on en est, maintenant les facs me payent pour venir faire des concerts !

Now that hip-hop has won its place in a world where everyone recognizes its true value, its quality is some-times haunted by demons of the past. Let’s be honest,

its prostitution and its insane alliances with pop did no good for the hip-hop scene. At least it served to increase the number of listeners. It might have allowed for your grand-parents to accidently stumble upon a Jay Z featuring god knows who; and to find it “not that bad”. Well, we’re far from GrandMa Josette dancing the c-walk on C.R.E.A.M… but that’s still something. Let’s just say, that the border that separates “mainstream rap” from “underground rap” is getting thinner and thinner. We really needed someone to bring the two together. Joey Bada$$ is definitely the man for the job. In a few small years, he be-came one of the greatest artists of the international hip-hop scene. He is now, touring around the world and already has 4 projects on the go, one just as great as the other; God bless him, and he never got tempted by Lucifer (which is represented in this article by David Guetta wearing glitter leggings and the tits of Miley Circus). Joey Bada$$ has a strong character; his husky voice, sharp style, very energetic crew, well-thought out texts, excellent instrumentals, and last but not least, his great level of creativity in every clip that he has produced… and all this coming from a 20 year old. When we met him in Nice, he came across as a very funny and humble guy, let’s hope that this is going to last until show business starts to break away at him piece by piece.

Jacker / So it all started with your first Youtube freestyle video when you were 15, am I right?

Joey / Yeah, well it wasn’t my first video, but it was the video that attracted my manager today, you know. I put that video up and then he reached out to me after watching that video, and the rest is pretty much history.

J / So after that everything exploded?

JB / Not right away, but things definitely got brighter you know, like all of a sudden I have a window into where I wanna be.

J / So what was your life back then, in high school, because you were in high school when all of this happened. What was it like dealing with it?

JB / At first it was something that could be balanced, but then as things progressed, it got the point where I had to make a choice, you know, I was like, “OK, so you gonna spend your days here at school, for like the next 8 years?’ You know cuz of college after. “Or are you gonna chase this dream?’ And I made the choice to chase my dream. And here I am today, now colleges pay me to come to them!

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J / Donc après tu as enregistré 1999 ? Comment ça a été de travailler sur cette mixtape ? Ça a été facile ? Combien de temps y as-tu passé ?

JB / Tu sais, 1999 a été mon premier projet, donc concrète-ment ça m’a pris 17 ans pour le faire. J’ai toujours entendu les grands artistes le dire, comme Jay Z a dit qu’il avait passé sa vie entière à créer Reasonable Doubt. L’album suivant, 18 mois, tu vois ce que je veux dire ? Donc dès que tu es devenu un artiste, tu réalises que le temps passe très vite et que tu dois faire tout ce que tu peux pour aller de l’avant. Dès que tu as un peu de temps libre tu vas t’enfermer pour faire de la musique, parce que si tu ralentis, quelqu’un d’autre prendra ta place.

J / Tu as saisi cette opportunité et tu as réalisé ton rêve. Quand est-ce que tu t’es vraiment rendu compte que tu étais dans le game ? Est-ce qu’il y a eu un moment spéci-fique où tu t’es dit “ Merde, c’est confirmé ” ?

JB / Ouais, quand j’ai été nominé pour le BET Hip Hop Award pour la meilleure mixtape de l’année pour 1999 en 2012. Lorsque j’ai vu ça à la télé, j’ai chialé. Tu vois ce que je veux dire, c’était vraiment un moment émouvant. Ouais c’est à ce moment-là que j’ai réalisé, “Yoo, je l’ai fait !”. Ça a plus été la même à partir de là.

J / On a entendu dire que 9th Wonder t’as écouté et aurait dit que tu étais le nouveau MF Doom. Qu’est-ce que tu penses de cette comparaison ?

JB / Je dirais pas que je suis MF Doom, parce que je suis pas en mode incognito ou mystérieux, mais je comprends complètement cette comparaison parce que MF Doom, à son époque et pour sa génération, était un des bons, mais il n’était aussi pas dans les starting blocks. Il a toujours été en dehors de la conversation jusqu’à peu, donc oui, dans un sens, je me sens un peu comme ça.

J / Puis tu as réalisé Summer Knights. L’album semble bien plus chill, est-ce intentionnel ? Est-ce que c’était un autre moment de ta vie ? Comment as-tu géré ce changement ?

JB / Ben, j’ai fait Summer Knights à une période sombre de ma vie. Je passais par un tas de trucs, et c’est plutôt marrant parce que tous les morceaux dans Summer Knights étaient au départ faits pour B4 da $$, mais une année est passée, et j’ai réalisé que les gens s’attendaient à ce que je sorte un album ou quelque chose bientôt. Je me sentais comme à 18 ans à ce moment, comme si je devais encore beaucoup mûrir, je n’étais pas prêt à sortir un album. Donc Summer Knights est à peu près comme, je ne sais pas quels mots utiliser, comme un projet passerelle, c’est ce qu’il y avait au milieu qui a relié les deux, tu vois ce que je veux dire ? C’était comme remplir ce vide, mais j’adore Summer Knights, c’était plutôt comme une compilation de ma musique.

J / Tu parles beaucoup de l’influence musicale exercée par ta mère, qui écoutait Biggie et d’autres. Est-ce qu’il y a un morceau particulier qui a vraiment marqué ta vie ?

JB / J’ai été hypnotisé par Hypnotize ! (Rires) Ma mère m’a dit que quand cette chanson passait, je ne savais juste pas quoi faire de mon corps !

J / So after that you recorded 1999. Work wise, how did you evolve working with the mixtape? Did you find it easier?

JB / Well you know, 1999 was my first project, so realistically it took me 17 years to create 1999. I always hear the great artists say, like Jay Z says this countless times, Reasonable Doubt, it took him his whole life to make it, next album, 18 months, you know what I’m saying? So once you get into the flow of being an artist, you realize that the time is always ticking and you gotta utilize as much of that as you can as you go on, know what I’m saying? When you got any free time you gotta lock into making some music, cuz the moment you slow down, somebody else is gonna rush in and take your place.

J / You talked about getting that opportunity and then ac-tually realizing your dream. At what point did you actually realize that you were in the game? Was there like a specific moment where you went, “shit this is getting certified”?

JB / Yeah, when I was nominated for the BET Hip Hop Award for the best mixtape of the year, for 1999 back in 2012. Like, when I saw that on TV, I started crying. You know what I’m sayin, it was a real emotional moment... Yeah, that’s when I realized, “yoo, I made it!” It hasn’t been the same since then.

J / They say 9th Wonder heard you and said that you were the new MF Doom. Do you feel comfortable with this com-parison?

JB / I wouldn’t say I’m MF Doom, cuz you know I’m not inco-gnito or as mysterious or mischievous, but I definitely unders-tand the comparison because MF Doom, during his time and his generation he was one of the greats, but he was always left out of the gate. He was always left out of the conversation until very recently, so yeah in a way I do kinda feel like that.

J / Then you made Summer Knights, the album sounds a lot more chilled out, was it intentional? Was it a different time in your life? How did you manage that mood change?

JB / Well, umm, I made Summer Knights in a dark period of my life. I was going through a lot of things, and it’s pretty funny cuz all of the tracks in Summer Knights, I was originally making for B4 da $$, but like a year went by and I realized that people were expecting me to put out an album or something soon. I was like 18 at the time, I was like I still have so much growing to do, I’m not ready to put out an album. So summer Knights is pretty much like, I don’t know what words to use, it was like a drawbridge project, it was the in-between that connected the two... you know what I’m saying? It was like fil-ling that void, but I love Summer Knights, it was more like a compilation of my music.

J / You talk a lot about the musical influences you had from your mom, listening to Biggie among others. Is there a par-ticular tune that really marked your life?

JB / I was hypnotized by Hypnotize! (laughs) My mom told that when I was a child and that song came on, I just didn’t know what to do with myself!

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J / Tu as mentionné dans une interview que quand tu regardais un film étant enfant, puis que tu le regardais adulte, tu en avais une perception différente. Est-ce que ça t’es arrivé avec Hypnotize ?

JB / Ça m’arrive avec le rap, point ! Tout le rap. Quand tu es enfant, la seule chose que tu choppes vraiment c’est le refrain, parce que c’est la partie qui est répétée, et tu ne saisis même pas forcément le sens, tu le chantes juste parce que c’est en-traînant. Quand tu grandis et que tu entends tout le schéma de rimes, “Escargot, my car go”… D’ailleurs, j’ai goûté pour la première fois des escargots hier ! C’était vraiment pas appé-tissant, mais pas si mauvais… (Rires)

J / La fille d’Obama a pris une photo d’elle avec un t-shirt Pro Era. Qu’est-ce que les gens de ton entourage ont dit à ce propos ?

JB / En fait les gens m’ont regardé sous un autre jour. Genre “Wow, la fille d’Obama qui porte le t-shirt de ces mecs, c’est fou”. C’est comme si dans leurs têtes, à chaque fois qu’ils me voyaient, j’essayais d’oublier ça. Mais ouais, ça m’a vraiment donné un coup de boost, et juste à temps pour l’album, tu vois ce que je veux dire ? Je dis toujours que c’était un don du ciel, parce que je n’avais pas de plan marketing pour l’album, et ce truc s’est produit !

J / Alors, la prochaine question est à propos des Euro-péens. Est-ce qu’ils sont plus réceptifs que les Américains comme public ?

JB / Je pense qu’ils sont plus réceptifs en Europe, même mal-gré la barrière de la langue. Ils sont bien plus engagés, tu vois ce que je veux dire ? Ils ressentent la musique. Comme si personne n’essayait d’afficher un comportement, ou d’agir comme s’il était quelqu’un, ou quoi que ce soit, tu vois ? Et ce n’est pas comme s’ils restaient plantés là (il imite une statue), tu vois ? (Rires) Ils sont à fond dedans, j’apprécie vraiment ça à chaque fois que je viens par ici. Parce que je fais beaucoup de shows aux States, et je peux le dire, tu vois parfois des gens complètement tendus, tu vois. C’est cool, ça chille, chacun a sa personnalité, mais pour moi les gens en Europe sont beau-coup plus simples.

J / Quel a été ton meilleur concert en Europe jusqu’ici ?

JB / Londres. O2 Academy. Il y avait dans les 2000 personnes, cette nuit c’était de l’or, je ne peux même pas l’expliquer. C’était une nuit magnifique.

J / Tu as eu l’opportunité de travailler avec J Dilla, Statik Selekta, et j’en passe. Avec quel autre producteur aimerais-tu bosser ?

JB / J’aimerais bosser avec n’importe quel producteur qui ferait de bons beats, qui pourraient résonner avec moi. N’im-porte qui dans cette industrie, n’importe qui qui passe, je ne fais pas de discrimination, pour moi l’important ce n’est pas le nom, c’est la musique.

J / You mentioned in an interview that when you watch a movie as a kid, and then watch it as an adult you get a completely different meaning to it. Did you find that with Hypnotize?

JB / I find that with rap, period! All rap. Like as a kid, the only thing you get really is the chorus, cuz that’s the part that’s repeated, and even the hook you probably don’t even unders-tand, you just singing it cuz its catchy. When you grow up and you hear the whole rhyme scheme, “escargot, my car go”... By the way I just had escargot for the first time yesterday! It was really disgusting looking, but it didn’t taste so bad… (laughs)

J / Also, Obama’s daughter took a photo of herself in a ProE-ra T shirt, What did people around you say about that?

JB / It actually made people look at me in a new light. They was like “Wow, Obama’s daughter’s wearing these dudes’ shirt... It’s crazy”. It’s like in the back of their head everytime they see me, I tend to forget that. But like yeah, it definitely gave me a boost, and it was just in time for the album, you know what I’m saying? I always say that was a blessing from above, cuz I didn’t really had a marketing plan for the album, and that just happened!

J / So, the next question is about Europeans, are the Euro-peans more receptive than the Americans as an audience?

JB / I think they’re more receptive in Europe, even despite the language barrier. They’re way more engaged, you know what I’m sayin? They feel the music. It’s like nobody’s trying to put up a front, or act like they’re someone, or anything you know? And it’s not like they stand there (he imitates a statue), you know? (laughs) They’re into it, genuinely, I appreciate that so much everytime I come over here. Because I play a lot of shows in the States, and I tell you, you see people sometimes all tensed up, you know, I mean that’s cool that’s chill, everybody has their own different character, but I see people in Europe just way more simple.

J / What’s been your best gig in Europe so far?

JB / London. O2 Academy. There were like 2000 people, that night was golden, I can’t even explain it... It was a beautiful night.

J / You’ve had the opportunity to work with J Dilla, Statik Selekta, among many others. What other producers would you like to work with?

JB / I’d like to work with all of the producers, like any producer that makes good beats that can resonate with me. You know like anybody in the industry, anybody up and coming, like I don’t discriminate it’s not about the name to me it’s the actual music.

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J / Donc tu te fiches du nom, tant que tu sens le beat.

JB / Tu sais, le nom c’est cool, ça ajoute de la valeur, mais la musique doit toujours passer en premier. Parce que tu peux avoir un gros nom, mais avoir des beats pourris (rires), tu vois ce que je veux dire ?

J / Tu as parlé des attentes que les gens ont vis-à-vis de toi, comme quand tu sors un album. Du coup tu les prends en considération quand tu travailles sur un album ? Je veux dire, est-ce que tu ressens cette pression quand tu bosses sur un projet ? Est-ce que c’est une pression d’ailleurs ?

JB / Ouais, je pense que c’est un genre de pression, parce que c’est quelque chose qui me préoccupe quand je fais de la musique, mais je peux te dire que je ressentirai toujours ça à partir de maintenant. Tu sais, une fois que tu as fait tes pas dans le game, tu sais, c’est tout. Les gens se réfèreront toujours à ça. Et c’est comme ça. Jusqu’à aujourd’hui, les gens jugent toujours Jay Z en se référant à Reasonable Doubt, tu vois ce que je veux dire ? Donc pour toujours les gens se réfè-reront à 1999, mais c’est bon, ça ne me dérange pas. Chaque projet que je sors est meilleur que le précédent, tu vois ? Je ne vais jamais sortir un projet qui ne sera pas meilleur que les précédents. Les gens pourraient ne pas être d’accord, mais moi je sais ce que j’ai fait de différent, ce que j’ai mis dedans, tu vois, donc…

J / OK, donc dernière question : trois albums que tu squattes en ce moment.

JB / Oh, récemment ? J’écoute toujours l’album de ce gosse Joey Badass… cet album c’est de la balle (rires), tu vois ce que je veux dire ? J’aime beaucoup l’album de Kendrick Lamar, et en ce moment j’écoute aussi le nouvel album d’A.S.A.P Rocky.

J / So you don’t care about the name, as long as you feel the beat.

JB / You know the name is cool, it’s gonna add some value, but the music’s gotta be right first. You know cuz you could get a big name and he sends you wack beats (laughs) know what I’m saying?

J / You talked about people having expectations of you, like when you put out an album. So you take these into conside-ration when you’re working on an album? I mean, do you feel that pressure when you’re working on a project, is it even a pressure?

JB / Um… I mean yeah I guess it is some type of pressure you know because it is something that weighs on my mind when I’m doing music, but I can tell you I will never not experience that from this point on. You know once you make your step in the game you know, that’s it. People are always gonna hold you to that. And that’s just how it is. To this day people still hold Jay Z to Reasonable Doubt standards, you know what I’m saying ? So forever people will be like 1999, but it’s all good, I don’t mind. Like each project that I put out is better than my last anyway, you know what I’m saying? I ain’t gonna put out a project that ain’t better than my previous works. People could disagree but I know what I did different, I know what I put into this, you know, so...

J / OK, so last question: Three albums that you’re digging now.

JB / Oh, the recents? I’m still listening to that kid Joey Ba-dass’ album... still listening to that, his album is really dope (laughs) you know what I’m saying? I like Kendrick Lamar’s album a lot, and I’m currently listening to A.S.A.P Rocky’s new album too.

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matt millerSkateboarding

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matt miller

It’s hard to choose a skater that stands out from the crowd of professionals, all just as good as each other. Of course there are the overhyped ones that everyone talks about, those

that’ve been at the top for years. And then there are the others, who despite their impressive level, know how to act discreetly. When you really focus on the style and on the energy emula-ting from each skater, you start to realize that these underdogs deserve a closer look. Matt Miller is no stranger, he’s got his own signature model with DC and he’s regularly participating in the semi-finals of the Street League, but he remains discreet and has always tried to keep his distance from the business side of skating. While newbies to skate would only see a couple of well-executed tricks, true amateurs would see an outstan-ding pop, some unbelievable switch ollie, followed by a “nollie backside 360 backside nosebluntslide” executed on a picnic table (which no one was expecting). A hint of hip-hop in the background, and there you go: his video for the launching of his new shoes, definitely worth a watch. I had to know more about this guy.

Jacker / Hey Matt, how was the last Street League, it took place last week-end in New Jersey right?

Matt / Yeah Was fun, was a great time.

J / How was the atmosphere in this kind of contest, was it more like chilling with the pros or were you all in compe-tition?

M / No, everyone is homies with each other. Everyone wants their friends to do well too. There is no like, crazy competition between each other, although everyone wants to do well for themselves too. It’s definitely crazy. There are many people in the arena so it’s definitely intense.

J / Tell us more about you, where did you grow up?

M / I was born in northern California and then I moved a bit everywhere in Cali. I grew up skating in San Francisco and right now I live in Long Beach.

J / You don’t seems to make many interviews, are you a quiet guy or are you just not into the skateboarding business?

M / I’m not like that. I’m more like flying on the other radar kind of guy. I don’t know (laughs).

Difficile de choisir un skateur qui sort du lot dans cette masse de professionnels aussi bons les uns que les autres. Bien sûr, il y a les superstars surmédiatisées

dont tout le monde parle, ceux qui squattent le haut du tableau depuis des années. Mais certains savent se faire discrets, mal-gré un niveau exceptionnel. Alors on se recentre sur le style, sur l’énergie que dégage chacun, et en y regardant de plus près, on s’aperçoit que des mecs que l’on avait vus passer rapide-ment méritent le détour. Matt Miller n’est pas un inconnu, il a sa paire de pompes chez DC Shoes et fait régulièrement partie des demi-finalistes de la Street League, mais c’est un rider discret loin des méandres du skate business. Les non-initiés ne verront que des tricks qui s’enchaînent avec style, les autres noteront un pop traumatisant, des switch ollie pas raisonnables assortis de “nollie backside 360 backside nosebluntslide” sur une table de pique-nique qui n’avait, de toute évidence, rien demandé à per-sonne. Un soupçon de hip-hop en fond sonore et le tour est joué, sa part pour le lancement de ses pompes, sortie l’année dernière, vaut définitivement le détour. Il me semblait nécessaire d’en sa-voir un peu plus sur ce mec.

Jacker / Salut Matt, comment s’est passée la dernière Street League, c’était le week end dernier dans le New Jersey c’est ça ?

Matt / Ouais c’était cool. J’ai passé un bon moment.

J / Comment est l’ambiance dans ce genre de contest ? Est-ce que c’est plutôt juste chill entre pros ou il y a vrai-ment un esprit de compétition ?

M / Non, tout le monde est potes là-bas, tout le monde connait tout le monde, ce n’est pas une super compétition entre nous. On essaye tous de donner le meilleur de soi-même. C’était vraiment fou, il y avait énormément de monde à l’Arena, c’était vraiment intense. J / Dis nous en plus sur l’endroit où tu es né et où tu as grandi. M / Je suis né dans le nord de la Californie puis j’ai bougé un peu partout en Californie. J’ai grandi en skatant à San Francisco et maintenant, j’habite à Long Beach. J / Tu ne fais pas beaucoup d’interviews, est-ce que tu es un gars discret ou tu es juste un peu à part du côté business du skateboard ?

M / Je suis pas comme ça. Je suis plutôt le genre de type qui vole en-dessous des radars. Je sais pas. (Rires)

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J / Peux-tu nous décrire tes journées ?

M / Une journée typique ? Je me lève, je vais promener mon chien puis je skate toute la journée avec mes potes. Je rentre le soir, puis je revois mes potes, généralement on fait un bar-becue et on se bourre la gueule, des fois on va traîner au ska-tepark le soir aussi. J / Quels sont les skateurs avec qui tu skates tous les jours ?

M / Habituellement je skate avec mes potes ici à Long Beach, j’ai beaucoup de très bons amis ici, et il y a beaucoup de bons skateurs aussi. Mais je skate aussi beaucoup avec la team DC parce qu’on filme beaucoup de tricks pour les parts. J / J’imagine que tu voyages beaucoup avec eux aussi, quel a été ton meilleur skate trip jusqu’à maintenant ?

M / Oh mec, il y en a tellement, beaucoup trop pour n’en choisir qu’un. Chaque trip est mon préféré car chaque trip est différent tu vois ? Mais nous sommes tous allés en Asie l’année dernière pour la sortie de mon modèle de chaussures. C’était énorme, les trois derniers jours on est allés sur des îles prendre du bon temps. C’était dingue.

J / Could you tell us what is your typical day?

M / A tipical day is wake up, take the dog for a walk and then skate all day with the homies and then come back at night and meet up with all the homies again and we would do a barbeque and get pissed or do whatever there is to do around us, some-times we would go to the skate park and hang out.

J / Which skaters do you skate with on a daily basis?

M / Basically I just skate a lot with my homies here in Long Beach. I have a ton of good friends around, there are a lot of good skaters that live around here. I also skate with DC too as we are going to so many trips and that forms part of the daily stuff too for sure.

J / I imagine that you travelling a lot with DC team too, what was your favourite skate trip?

M / Oh man, so many, too many to pick one, every one is my own favourite because every one is different you see ? But if I had to chose one right now I think I would say a trip we did last year for my shoe launch. It was awesome, we went to some islands the last three days and enjoyed the time we spent there so much. It was pretty amazing.

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J / You just turned 30 right? How did your vision in skate-boarding and life changed over the years?

M / I still enjoy it as much as I’ve been enjoying it since the beginning. I still feel young. You are as old as you feel and I de-finitively don’t feel old. I don’t know, I feel more mature though, I’m not that young punk kid living in SF anymore that’s for sure but I’m still having fun and I still love skating and I’m doing it for the right reasons, I’m skating with all the homies even if there’s no camera recording, just have fun all day you know? That’s what’s all about.

J / How did the Matt Miller DC Shoe design process come about?

M / DC Shoes asked me what I wanted for my shoe, so I thought about all the best features I like from all the shoes I skated with and the desi-gners put it altogether. What came out was pretty awesome, we went through some iterations and the result was sick so I stayed with that.

J / Are there any other sports besides from skateboarding that you enjoy?

M / I was raised watching American Football all my life, as my family comes from Pittsburg it was a natural thing, we were always watching soccer and golf too.

J / What are your favourite skateboarding spots of all time?

M / I grew up skating in Pier 7 in San Francisco so I guess there are some attachments to that place, back then that was the spot, I use to go there everyday.

J / Tu as trente ans depuis peu ? Comment est-ce que ta vision du skate et de la vie a changé avec le temps ?

M / Je continue à les apprécier autant que je les apprécie depuis le début. Je me sens toujours jeune. Je ne me sens pas vieux du tout. Je sais pas, je me sens plus mature, je ne suis plus ce jeune punk qui vit à San Francisco, mais je continue à aimer le skateboard. Je le fais toujours par passion et pour de bonnes raisons, je skate toujours avec mes potes même s’il n’y a aucune caméra qui enregistre, juste prendre du plaisir tous les jours sans me prendre la tête. C’est tout. J / Comment s’est passée la collaboration avec DC Shoes pour le design de ta paire de pompes ?

M / DC m’a demandé ce que je voulais pour ma chaussure. J’ai pris toutes les choses que j’ai aimées chez toutes les paires de pompes que j’ai skatées, et le designer les a concentrées dans une chaussure. Ce qui en est sorti était super. J / Quels sont les autres sports que tu aimes ?

M / J’ai grandi en regardant du football américain, comme ma famille vient de Pittsburgh, c’était naturel. On regardait beaucoup de foot et de golf aussi. J / Quel est ton skate spot favori ?

M / J’ai grandi en skatant à Pier 7 à San Francisco, donc je suis très attaché à cet endroit, à l’époque c’était vraiment LE spot. J’y allais tous les jours.

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J / We know that the US is pretty repressive in what concerns skateboarding. What was the last time you had issues with security or cops?

M / Oh man, it’s pretty mellow, last time I was in Philadelphia skating around Love Park a couple security guards came all normal and punched one of my homies and started running after me and my other homie, so we broke up separate ways, they chased me two and a half blocks, it was during the night and it was pitch black so they couldn’t see us. We came back the next night and the security guards were in normal clothes. He said he had a gun and was looking for some kid that skated on some court house or something among those lines, it wasn’t us but I looked my homie and told him - “Let’s get the fuck out of here”. The situation was pretty sketchy.

J / What was your biggest influence in skateboarding?

M / Oh man, a lot of people, that’s a hard one bro. As a kid I would watch Stevie Williams and obviously Kalis. I’m a huge fan of Reynolds too and dudes like that. I guess all the legends we know. I guess the one I watched the most of is Mike Caroll.

J / What music genre do you listen to? You seems to be a hip-hop fan.

M / Well to be honest I’m listening to a lot of classic rock right now and old school rap. Those are my two main genres I guess.

J / On sait que les Etats-Unis sont très répressifs en matière de skateboard. Quelle est ta dernière altercation avec des mecs de la sécu ou des flics ?

M / D’habitude c’est plutôt tranquille. Mais la dernière fois, j’étais à Philadelphie, je skatais au Love Park, et quelques mecs de la sécu sont arrivés calmement et ont commencé à frapper un de mes potes. Ils ont commencé à courir après un autre pote et moi, alors on s’est séparés, ils m’ont suivi pen-dant au moins deux blocs et demi. C’était la nuit, il faisait sombre donc ils n’ont pas pu voir nos visages. On est revenus la nuit suivante et ces mêmes mecs étaient là, habillés en civil. L’un deux m’a dit qu’il avait un flingue et qu’il cherchait des kids qui skataient le Palais de Justice ou un truc comme ça, ce n’était pas nous mais j’ai regardé mon pote et je lui ai dit “barrons nous d’ici”. La situation était plutôt bizarre. J / Quelles sont tes plus grosses influences dans le skate ?

M / Il y a beaucoup de monde, c’est une question difficile. A l’époque je regardais beaucoup Steevie Williams et bien sûr Kalis. Je suis aussi un grand fan d’Andrew Reynolds. Je pense à toutes les légendes que nous connaissons tous. Mais celui que j’ai le plus regardé, c’est sûrement Mike Carrol. J / Pour finir, quel genre de musique écoutes-tu ? A regar-der tes vidéos, tu sembles être un fan de hip-hop.

M / Pour être honnête, en ce moment je suis dans une pé-riode classic rock et hip-hop old school. Ce sont les deux styles que j’écoute le plus.

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Si son style plutôt old school en rendra nostalgique plus d’un, Zeus 40 n’est pourtant pas un “ancien” à proprement parler. Depuis qu’il a commencé à

peindre dans les années 2000, il écume sans relâche les jams du monde entier aux côtés de deux crews qu’on ne présente plus, les Wild Boys et les VMD, partageant ses murs avec des bêtes de graff comme Opium, Pencil, ou encore le toulousain Reso. Originaire de Naples, une ville rongée par la mafia où le graffiti est le dernier des sou-cis des forces de l’ordre, il enchaîne les pièces et les expos à vitesse grand V. Mais bon, laissons de côté les clichés, Zeus 40 s’est fait une place et fait désormais partie de ceux qui comptent dans la scène graffiti internationale, et à force de voir ses lettrages inonder mon mur Facebook, une petite entrevue s’est imposée.

Jacker / Salut Zeus, est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ?

Zeus 40 / Salut tout le monde, je m’appelle Zeus 40 et je fais partie des crews VMD et Wild Boys. Je suis de Naples, j’ai 35 ans et j’ai commencé le graffiti il y a maintenant 15 ans.

J / Dis-nous en plus sur Naples, est-ce que la ville est comme tout le monde pense qu’elle est ?

Z / Je suis né et j’ai grandi ici. C’est une ville difficile, belle et absurde en même temps, magnifique et méchante. Mais crois-moi quand je te dis qu’elle ne correspond pas à l’image que tout le monde s’en fait. J’ai beaucoup d’amis qui viennent de différents endroits dans le monde qui en sont tombés amoureux et qui reviennent tous les ans. Donc je pense que c’est le genre d’endroit qu’on adore ou qu’on déteste.

J / La mafia est toujours aussi présente qu’avant ?

Z / La Camorra est toujours active, mais avec les années elle a appris à se fondre dans la masse. Aujourd’hui ils s’habillent comme tout le monde, mais vivent dans les immeubles les plus puissants.

J / Comment est la scène graffiti là-bas ?

Z / La scène graffiti se porte très bien, il y a beaucoup de crews actifs. Je pense qu’il y a un bon turnover.

His old school style gives off a nostalgic feeling, yet Zeus 40, himself, is not an “oldy”. Since he started painting in 2000, he goes relentlessly from Jam to

Jam worldwide alongside two crews, who are no longer in need of an introduction : the Wild Boys and VMD, sharing his walls with the big boys of graffiti like Opium, Pencil, and Reso from Toulouse. Originally from Naples, a city run down by the mafia where graffiti remains one of the last concerns of the police force, he’s able to produce art works and exhibitions one after the other. Well, leaving clichés aside, Zeus 40 has found a place for himself amongst those who really count in the international graffiti scene, and after seeing his graffiti art flooding over my Facebook wall, I just had to set up an interview with him.

Jacker / Hey Zeus, can you present yourself ?

Zeus 40 / Hello everybody, my name’s “Zeus 40” and my crews are VMD and WildBoys. I’m from Naples, I am 35 years old and I started making graffiti 15 years ago.

J / Tell us more about Napoli, is it like everybody think it is?

Z / I was born and raised here. Napoli is a hard city, beauti-ful and absurd at the same time, wonderful and mean, but believe me when I say it’s not the way everybody pictures it. I have many friends from different places in the world who fell in love with it and every year they come back here, so I believe that is one of those hate-it-or-love-it kind of places.

J / Is mafia still as present as back in the day?

Z / Camorra is still active but in years it learned to melt in society layers, maybe nowadays they dress smart and they live in the Power buildings.

J / How is the graffiti scene? Z / Graffiti scene is in good health. There are many active crews, old and new and I think there is a nice age turnover.

ZEUS 40Graffiti

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J / La police est plus ou moins répressive contre le graffiti que dans les autres villes ?

Z / Je pense que la police est moins agressive avec les graf-feurs que dans les autres villes d’Italie, il n’y a pas vraiment de section “anti vandales”. Peut-être parce que le taux de crimes est élevé, notre police est occupée avec des opérations plus importantes.

J / Raconte-nous comment tu as commencé ta carrière dans le graffiti.

Z / J’ai commencé à peindre en 2000, beaucoup plus tard que beaucoup de graffeurs. J’avais déjà 20 ans. J’ai toujours aimé dessiner et j’étais vraiment attiré par ces images pleines de couleurs que je voyais dans mon quartier. Un peu plus tard on m’a dit que c’était du graffiti, mais c’était vraiment déroutant pour moi avant que je sache ce que c’était. Puis j’ai rencontrés des graffeurs qui étaient en train de peindre un hall of fame, j’ai commencé à poser des questions et à les suivre un peu partout quand ils faisaient des gros murs. Petit à petit, j’ai commencé à faire des sketchs et à lire des livres sur le sujet, acheter des magazines. J’y ai puisé énormément d’in-formations sur le graffiti et le monde du Hip-Hop à l’époque. J’étais comme une éponge, à partir de là c’était facile de com-mencer à peindre. Depuis, je n’ai jamais arrêté.

J / Are the police, more or less, repressive against graffiti than other cities?

Z / I believe the Police are less aggressive to the writers than in other italian towns, there is not a real “vandal squad”. Maybe this is because of the high crime rate, let’s say our police are involved in more important operations.

J / Tell us how you started your career in graffiti.

Z / I started painting graffiti in 2000, much later than the other writers, I was already 20. I always loved to draw and I was attracted to these colorful things that I used to see on my hood walls (soon after they told me it was graffiti), but they were absolutely puzzling to me since I didn’t know what they were. Then I met a writer while they were pain-ting in a hall of fame and I started asking questions and following them when they were creating big walls. Slowly I began to sketch a little and to read books on the subject and to buy magazines; I earned a lot of information on graffiti writing and Hip-Hop world at the time, I was literally a sponge, and from there it was easy to start painting on the wall. Since then I never stopped.

La police nous a pointé avec des lampes torches, mais lorsque les policiers ont vu vingt supporters arriver vers

eux, ils sont partis sans s’arrêter.

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J / Quelle est l’action vandale qui t’as le plus marqué ?

Z / Je n’ai pas trop fait d’action vandale à proprement parler. Je peignais illégalement dans mes premières années. La police m’arrêtait mais toujours sans grosses conséquences. A chaque fois ils pensaient que j’étais en train de cambrioler une maison, une école ou peu importe, puis quand ils réalisaient que j’étais juste en train de peindre ils me laissaient partir. Mais je peux te raconter une histoire qui illustre mieux ma ville. Une nuit, je me suis retrouvé à peindre un gros block style illégal pour le club de supporters Hooligans des Ultras de Naples. Vingt personnes étaient avec moi dans la rue principale de mon quartier. La police nous a pointé avec des lampes torches, mais lorsque les policiers ont vu vingt supporters arriver vers eux, ils sont partis sans s’arrê-ter. C’était vraiment marrant.

J / Tu fais partie des Wild Boys, tu peux nous dire comment ça a commencé et qui en fait partie ?

Z / Tout a commencé en 2009. Certains d’entre nous faisaient partie d’un crew qui a marqué l’histoire de ma ville au début des années 2000, le TCK Crew. Le crew fut dissous en 2007, donc beaucoup se sont retrouvés sans crew. Puis un jour, en rentrant d’une jam on a décidé d’en créer un nouveau, et pendant qu’on était en train de chercher un nom cool, il y avait le titre “Wild Boys” de Duran Duran qui passait à la sono. C’est comme ça que le crew est né. Aujourd’hui il y a moi, Rota, Opium, Pencil, Reso, Druid et Dizer.

J / Which vandal session marked you the most in your life?

Z / In my career I didn’t do so many vandal actions, I just painted illegally in my first years. Sometimes police stop-ped me but always without big aftermaths. Everytime they thought I wanted to break in to some house, school or wha-tever and when they realized I was just painting they let me go. I can tell you a story that could picture my city in an appropriate way: one night I found myself painting a huge illegal Block style for an Ultras group (Napoli football club supporters/hooligans). About 20 people, we were on the main street of my neighbourhood, a police car pulled out flashing lights, but when policemen saw 20 supporters coming by they just went away without stopping. It was very funny.

J / You belong to the wild boys crew, could you tell us how it started and who belongs to it?

Z / Everything started in 2009. Some of us were part of a crew that in the early 2000’s marked the history of my city, TCK crew. In 2007 this crew ended so some of them found theirselves painting without being part of any group. Then a day coming back from a jam we decided to start a new crew and while we were looking for a nice name stereo played Duran Duran’s “Wild Boys”. This is how our crew was born. Today it counts me, Rota Opium, Pencil, Reso, Druid and Dizer.

A police car pulled out flashing lights, but when police-men saw 20 supporters coming by they just went away

without stopping.

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J / Tu fais aussi partie des VMD.

Z / J’ai beaucoup voyagé ces dernières années et ça m’a per-mis de rencontrer et de peindre avec des gros artistes comme Dizer, Reso, Wire, et beaucoup d’autres membres des VMD. Avec le temps, c’est devenu des bons amis, et on a partagé beaucoup de choses. Puis un jour j’étais en France pour une jam avec Reso, Aroe (que je considère comme mon men-tor) et d’autres amis. Et ils m’ont proposé de rejoindre cette grande famille.

J / Aujourd’hui tu vis du graffiti ou ce n’est encore qu’un hobbie ?

Z / Avec le temps, ma passion pour le graffiti est devenue un job à plein temps, et je pense que je suis quelqu’un de vraiment chanceux. Je voyage dans le monde entier et rencontre des per-sonnes incroyables, juste en faisant ce que j’aime faire.

J / Quel est l’endroit qui t’as le plus marqué ?

Z / Il y a deux moments qui ont vraiment marqué mon style et mon esprit dans ma carrière. La première fois c’était à Brighton lorsque j’ai peint avec Aroe, la deuxième était à Toulouse avec Reso.

J / Et pour finir, quel mur tu aimerais peindre dans le futur ?

Z / Peut être un mur du Bronx à New York.

J / You also belong to the VMD.

Z / I travelled a lot in last years and this allowed me to meet and to paint with big artists as Dizer, Reso, Wire, and many others old members from VMD. Within time, we became good friends and we shared lots of nice things. Then one day while I was in France for a graffiti event together with Reso, Aroe (who I consider my mentors) and other friends, I was proposed to join this big family.

J / Nowadays can you live of graffiti or is it just a hobby?

Z / Overtime graffiti as a passion became a full time job, and I think I am a very lucky person because this allows me to travel and meet up with incredible people, simply doing what I love to do.

J / Which place that you’ve painted marked you the most?

Z / I believe there’s two places in particular marked a style and mind turn in my writing career: first one was Brighton, where I painted with Aroe; second was Toulouse, where I painted with Reso.

J / Which wall would you love to paint?

Z / Maybe a Bronx wall in New York.

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karim sahraouiGoodVibes

T e x t e : R O M A N S O L E R - P H O T O S : c o u r t e s y o f t h e a r t i s t

karim sahraouiÀ la fois charismatique et simple, Karim est un peu la

force tranquille de la scène techno, arborant un com-portement fidèle à lui-même qui le caractérise tant.

Vingt ans après sa première gig, il a signé autant pour des labels qui aujourd’hui n’existent plus que pour des références pointues de l’industrie tel que Transmat. Il y a quelques années, Derrick May le prend sous son aile, lui valant quelques voyages sur un des lieux de pèlerinage incontournables pour tout bon pas-sionné de techno : Détroit. Un endroit qui l’influencera dans ses productions et sa vision de la musique et des majors... On a eu la chance de le recroiser pour une interview des plus intéressantes.

Jacker / Quand et comment as-tu cotoyé la musique électro-nique pour la première fois ?

Karim / Ma première expérience dans la musique électronique a été lorsque j’ai commencé en tant que DJ en 93. L’ami que j’avais mixait dans des clubs underground en Italie (où j’ai habité quelques années), et c’est lui qui m’a initié et prêté ses MK2. Ma première expérience en tant que compositeur a été en 2000 sur un label de Miami qui aujourd’hui n’existe plus (comme beau-coup d’ailleurs).

J / On t’a aussi bien connu sous le nom de Djinxxx, Soul Mon-key ou encore Electronic Resistance. Pourquoi ce choix ? Seu-lement une question d’univers musical ?

K / Le choix s’est fait par rapport aux projets musicaux que je signais. Les labels étaient variés musicalement et je pensais que c’était bien de différencier mon pseudo, mais aujourd’hui je pense que c’est le contraire qu’il faut faire. Si j’avais dû recom-mencer j’aurais gardé mon vrai nom pour plusieurs raisons.

J / On s’est rencontrés avec Derrick May, avec qui tu sortais un EP sur Transmat. Comment s’est déroulée cette approche ?

K / La première fois que j’ai vu Derrick était en 96 je crois, nous avons joué ensemble lors d’une soirée organisée à Montpellier dans un club qui n’existe plus aussi, qui s’appelait le Bus. L’anec-dote la plus incroyable est qu’il a joué avec mes disques car les siens n’avaient pas suivi avec son vol, j’étais assis sur un tabouret à côté de lui et je lui passais les disques.

J / Continuons sur la lignée des labels de renom. Tu viens de signer sur Cocoon c’est ça ?

K / Oui je viens de re-signer deux projets, le premier est sorti ce mois-ci sur la compilation collector “O”, un morceau qui s’appelle “The Comforter” et le deuxième sera un EP avec deux morceaux et devrait sortir courant novembre.

Charismatic and down-to-earth, Karim is the underdog of the Techno scene. He has always stayed true to himself, dis-tinguishing himself so much from many others. 20 years

after his first gig, he has found himself working with just as many labels no longer existent today as infamous labels of the music in-dustry such as Transmat. A few years ago, Derrick May took him under his wing; which gave him the opportunity to travel, more than once, to the inevitable pilgrimage site of every techno-lover: Detroit. A place that not only influenced his work, but also his vision of the music industry and of the majors…. We were lucky enough to cross paths with him, once again, for a very interesting interview.

Jacker/ When and how did you first get into contact with elec-tronic music?

Karim / My first experience in electronic music was when I started in 1993 as a DJ. One of my friends was mixing in some under-ground clubs in Italy (where I lived for a few years); it was him that introduced me to electronic music and that lent me his MK2. My first experience as a composer was in 2000 on a Miami based label, a label that doesn’t exist anymore (like many of them).

J / We used to know you very well under the name of Djinxxx, Soul Monkey and Electronic Resistance. Why this choice? Was it a question of musical environment?

K / I made this choice, depending upon the different musical pro-jects that I was signing for at the time. The labels were diverse, musically speaking, and I thought it was a good thing to differen-tiate my pseudo name, but I think that nowadays you have to do the opposite. If I could start all over again, I would have kept my real name, for many reasons.

J / We met together with Derrick May, while you were produ-cing an EP on Transmat. How did this meeting go?

K / The first time I met Derrick was in ‘96. We played together at a party organized in a club in Montpellier called “le Bus” which, by the way, doesn’t exist anymore. The funny thing is that he en-ded up playing with my records because his didn’t arrive with his flight; I was just sitting on a stool passing him the records.

J / Let’s get back to the well-known labels, you just signed for Cocoon records, right?

K / Yes, I just re-signed for two projects. The first one was released this month on the collector compilation “O”; The track is called “The Comforter” and the second will be an EP with two tracks that should be released around november.

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J / Tes projets à venir ?

K / Normalement j’ai la deuxième partie de mon EP “Eternal Life” sur Transmat qui devrait sortir cette fin d’année, un EP aussi sur un label italien qui s’appelle ARTS vers fin octobre, et aussi mon EP sur Cocoon prévu en fin d’année aussi.

J / L’anecdote de DJ que tu sors à chaque fois que t’as un coup dans le nez tellement elle est mythique ?

K / Déjà je bois très rarement ! Mais il y a une anecdote qui restera toujours, c’est lors de mon voyage en solo en novembre 2005 à Détroit. J’y ai passé dix jours avec le crew d’Underground Resistance, et plus particulièrement avec Mike “Mad” Banks qui m’a montré la vraie face de Détroit.

J / Est-ce une fierté pour toi d’avoir signé sur le label de Derrick May, et d’être l’artiste qui inaugure le “retour” de Transmat ?

K / Oui, je suis vraiment fier de la reconnaissance de Derrick. Ce qui me touche le plus c’est ce qu’il m’a dit à Détroit lors de mon voyage l’année dernière : “Je ne signe pas de morceaux, mais je signe un artiste” ; c’était une belle aventure qui commençait.

J / Quel genre de “mentor” est Derrick May ? De quelle façon travailles-tu avec lui ?

K / Derrick a toujours soutenu mes compositions, il est franc et critique, cela m’a fait beaucoup avancer dans ma façon de créer. Et puis comment n’écouterais-je pas celui qui a lancé un si grand nombre d’artistes ? Le travail que nous faisons ensemble est sur-tout d’ordre relationnel, de partage de points de vue afin d’avoir une même vision.

J / Do you have up-coming projects?

K / The second part of my EP “Eternal Life” on Transmat should be released by the end of the year; Another EP on an Italian label called ARTS around the end of October, and lastly my EP on Co-coon will also be released by the end of the year.

J / What is the funniest DJ story that you bring up every time you’ve had a bit too much to drink?

K / Firstly, I barely drink! But there is one story I will always re-member, it happened during my first solo-trip in November 2005 in Detroit. I spent ten days with the Underground Resistance crew, especially with Mike “Mad” Banks and he showed me the real side of Detroit.

J / Are you proud to have signed with Derrick May’s label and to have been one of the artists of Transmat’s comeback? K / Yes, I feel very proud to be recognized by Derrick. What mostly touched me was last year during my trip to Detroit when Derrick told me: “I am not signing tracks, I am signing artists” ; I felt like a great adventure was just starting.

J / What kind of “mentor” is Derrick May? How do you work together? K / Derrick always supported my compositions, he is straight and critical and this made me move forward in my creations. How could I not listen to the advice of someone that launched such a great number of artists? The way we work together is more about our relationship and sharing our perspectives in order to have the same vision.

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J / Dans ton “Hall of Fame” personnel, que représente le trio Atkins-May-Saunderson, les Belleville Three ?

K / Des trois personnes, le seul que je n’ai jamais rencontré est Kevin. Ce sont pour moi ceux qui ont un jour mis leurs talents en commun. Leur force a été d’être un groupe solidaire avec une même vision, tout en prenant conscience d’être différents mais complémentaires, ce qui s’est un jour matérialisé par le succès. Total respect.

J / Penses-tu que les créateurs originels de la techno de Détroit (et de la house de Chicago) sont reconnus à leur juste valeur aujourd’hui, notamment par le jeune public ?

K / Non je ne pense pas qu’ils soient reconnus à leur juste valeur, parce que le jeune public doit essayer d’approfondir ses connais-sances dans cette musique. Il y a une grande ferveur pour tout ce qui est nouveau, un désir d’obtenir le dernier morceau en avant-première. S’il y avait la même curiosité pour découvrir ce qu’il se passait avant, nos créateurs originels seraient sur le devant de la scène. Il y a aussi beaucoup d’artistes de Détroit et de Chicago qui ont surfé sur la vague de leurs origines et qui ne se sont pas remis en question. Il y a certains artistes qui sont toujours là après des décennies de carrière car ils innovent et gardent une ligne de conduite ordonnée.

J / Comment pourrais-tu décrire ta musique ?

K / C’est toujours assez délicat de parler de soi-même, je dirais que j’essaye de musicaliser au maximum la musique électro-nique que je compose. L’atmosphère et l’histoire d’un morceau sont pour moi très importantes, j’essaie d’apporter de la vie dans mes sonorités.

J / Quelles sont les idées ou les sensations que tu souhaites transmettre dans Eternal Life ?

K / L’idée de Eternal Life est de se plonger dans l’univers origi-nel de Détroit, en mélangeant des sonorités Jazz qui rappellent en partie la musique noire américaine, tout en gardant un son futuriste. Le titre Eternal Life est issu de la Bible, qui est mon livre préféré.

J / Selon toi, dans quelle direction le son techno a-t-il évo-lué au fil des années, de Strings of Life à tes productions par exemple ?

K / Selon moi, la musique intemporelle de qualité ne perd pas de sa valeur après les années et ne vieillit jamais. Si on cherche à être dans un mouvement “Hype” on devient périssable. Pour ma part, je trouve la musique actuelle assez similaire, il n’y a rien de nouveau depuis 20 ans, c’est juste la façon de créer qui a évo-lué avec les nouvelles technologies.

J / Le métier de DJ et celui de producteur ont-ils beaucoup changé ces dernières années ?

K / Concernant le métier de DJ, ce sont surtout les cachets des artistes qui ont changé ! Sincèrement, à part la technologie et le support musical qu’est ce qui a changé ? Un bon DJ vous pouvez le mettre dans une petite salle vide ou une grande salle pleine avec 2 platines quelconques, il fera toujours danser les gens.

J / In your personal “Hall of Fame”, what does the trio Atkins-May-Saunderson, otherwise known as “the Belleville Three” represent? K / Out of the three, Kevin is the only one I’ve never met. These guys brought their talent together; their strength has always been in the unity of the group and their common vision. They recognize the complementary nature of their differences and this is what has brought them to success. Full respect. J / Do you think that the original founders of Detroit’s tech-no –and of Chicago’s house music- are recognized for their true value, especially by the younger audiences? K / No, I don’t think that their value is fully appreciated because the younger audiences still have to develop their knowledge of this type of music. There is still an obsession with what’s new, a desire to get the latest released track. If people still felt that same curiosity, to discover what has been done previously, then the original founders would be front stage. There are a lot of Detroit and Chicago artists that have been surfing on the waves of their past, never questioning themselves. Some other artists are still on the stage after decades of working, conti-nuing to innovate while respecting their roots.

J / How would you describe your tracks? K / It is always very difficult to speak about yourself. I would say that I try to make the electronic music that I compose as musical as possible. In my opinion the atmosphere and the story behind a track are both very important; I try to bring life into my music.

J / What are the ideas or feelings that you want to express with Eternal Life?

K / The idea of Eternal Life is to dive into Detroit’s original uni-verse, by mixing some Jazz tones that recall African American music while keeping a futuristic aspect to the sound. The title Eternal Life comes from the Bible which is my favorite book.

J / In your opinion, how has techno music evolved over the years, from Strings of Life to your productions, for example?

K / In my opinion, good quality music is timeless, it doesn’t lose any of its value with the passing of time and never gets old. If you’re trying to get into the “Hype” movement, you won’t last. In my own works, the actual music is pretty similar. There hasn’t been anything new for 20 years, it’s only the way of pro-ducing that has evolved thanks to new technology.

J / Do you think that the professions of both DJ and producer has changed over the years?

K / The major change in the DJ profession is the artist’s fee! Besides technology and musical support, what’s really changed? You can put a good DJ with 2 basic turntables either in a small empty room or in a big crowded room; he will always make people dance.

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Par contre le métier de producteur ou de compositeur a bien sûr changé. Pour le côté positif, je dirais qu’il a évolué concernant la facilité de composer avec les nouvelles technologies. Avant il fallait des tonnes de matériel pour avoir “presque” le même résultat. Maintenant, pour moi, le côté négatif de tout ça est que comme les instruments, les logiciels, etc… sont abordables et accessibles à tous, faire un disque ou sortir un morceau est à la portée de tous et n’a plus la même valeur qu’avant. Aujourd’hui tout le monde peut prétendre être compositeur.

J / La “chute” des majors est-elle une bonne chose pour les artistes ?

K / Oui cela a démocratisé la chaîne, le processus de réalisa-tion d’un support musical. Cependant cela a amené pas mal d’amateurisme dans la scène de la musique électronique. Avant il fallait s’investir financièrement pour réaliser et produire un disque, ce qui amenait l’engouement et la rareté, chaque sortie était un événement et le public l’attendait ! C’était un sacré travail pour sortir un disque ! Aujourd’hui il y a 1000 nouveautés par semaines en digital et environ 200 en vinyle, pour moi la quan-tité n’a jamais fait la qualité.

J / La techno originelle se définissait en grande partie comme une musique militante, confrontée au système, aux majors, aux barrières sociales et parfois raciales (Un-derground Resistance de Mad Mike et Jeff Mills, auquel tu as fait référence avec Electronic Resistance). Les musiques électroniques sont-elles encore des musiques de résistance aujourd’hui ?

K / Oui il y a des mouvements et des musiques qui sont un-derground et elles influencent encore beaucoup de courants musicaux. Si vous prenez tous les labels qui pressent 500 vinyles et font 300 téléchargements, ça c’est underground, et une résis-tance en soi. Il y a un renouveau aujourd’hui de passionnés, de labels, et à nouveau une prise de risques, et cela me fait énor-mément plaisir de voir que le mouvement originel revient avec force et ferveur !

However, the profession of producer or composer has changed a lot. The positive aspect is that things are much easier thanks to new technology. Before, you had to use tons of material to reach a “similar” result. On the other hand, the negative aspect is that instruments, software etc… are now much more affordable and accessible to the public. Producing a record or releasing a track does not have the same value anymore. Today, everyone can pre-tend to be a composer.

J / Is the “collapse” of the majors a good thing for artists?

K / Yes, it has liberated access to the process of producing music. However, it has brought quite a few amateurs to the electronic music scene. Before you had to take money out of your own pocket in order to produce a record, which had a lot to do with the ener-gy and the rarity of it. Each new record was a big event and the crowd was waiting for it! Producing a record was a hell of a lot of work!! Nowadays there are almost 1000 new records in digital and almost 200 in vinyl. Quantity will never be a substitute for quality.

J / Original techno is seen as a kind of “activist’ music, opposed to the system, majors, social barriers; it can even be seen as radical sometimes (ex: Underground Resistance of Mad Mike and Jeff Mills, which you make reference to in Electronic Resis-tance). Is electronical music still a music of opposition, today?

K / Yes, there are movements and music that remain under-ground and they are still influencing their time. If you consider all the labels that press 500 vinyls and make 300 uploads, THAT is underground and that’s a kind a resistance. There is a revival of passionate people, of new labels and there is, once again, risk-taking. I’m really pleased to see that the original techno movement is having a strong and powerful comeback.

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meggsStreet Art

T e x t e : R O M A N S O L E R

meggsMeggs, c’est ce coup de bombe nerveux, cette onde

de choc colorimétrique, visuellement déflagratrice. Et c’est peu dire tant il brise les quelques règles

tant peu établies, au point d’en concilier abstrait, réalisme et conscience. C’est alors une harmonie, un flow qui s’installe entre les différentes textures et pensées de ses œuvres surdi-mensionnées. Comme si une balance s’était installée entre la pop et la street culture, les pièces de celui qui a finalement su transmettre ses émotions l’ont fait voyager aux quatre coins de la Terre. Un combat des temps modernes, consistant non seulement à fondre une œuvre dans un certain univers, mais aussi à délivrer un message visuel puissant. Ses talents l’ont donc poussé à travailler et collaborer avec quelques-unes des plus grandes marques telles que Stüssy, Nike ou encore New Balance. Nous avons posé quelques questions à l’enfant terrible du street art pour une interview haute en couleur.

Jacker / J’ai pu lire que ton blaze t’étais inspiré de Jimmy Bancks, un pionnier du comics. Pourquoi ça ?

Meggs / Jimmy Bancks a créé l’icône du personnage australien “Ginger Meggs”, qui est un gamin rouquin, une représentation du tant aimé “larrikan” australien, un symbole anti-autoritaire qui brise les règles pour les bonnes raisons. J’avais beaucoup de ces comics étant gosse, et rouquin comme lui, ça m’allait parfaitement comme blaze à adopter pour peindre dans la rue.

J / Où est-ce que tu vis et bosses aujourd’hui ?

M / Je vis et travaille actuellement à l’ouest de Los Angeles.

J / Il est toujours difficile pour un artiste de parler de son œuvre, explique-nous plutôt ce que tu considères être ton fil directeur artistique.

M / Mon travail consiste essentiellement en un fond design et illustré, que je combine ensuite avec mon amour de l’abs-trait. Je suis constamment à la recherche de ma propre balance entre forme et abstrait. J’aime combiner des éléments de comics, d’art contemporain, de dynamiques abstraites et de mouvement, de manière à capturer un instant surréaliste. Ça implique un message social, de manière très dynamique et expressive. Mon travail a toujours eu cette notion de dualité, que je reflète avec la notion de forme et d’abstraction, mais c’est aussi ma manière de chercher les réponses à mes problèmes personnels.

Meggs is a violent hit of spray-paint, a shock wave of colors, and an explosive result. And that’s not saying much, seeing the way in which he breaks the

unestablished rules of graffiti, to the point of reconciling abs-tract, realism and consciousness. He creates a kind of harmony and flow between the different textures and the imagination found within his supersized artwork. It’s as though a balance has been established between pop and street-culture, and we can clearly see the authors’ emotions that have pushed him to travel the world. A modern day fight, which not only consists of inserting an artwork within an environment but also of deli-vering a powerful visual message. His talents led him to work and collaborate alongside some of the biggest brands such as Stüssy, Nike and New Balance. We asked a few questions to this unruly child of street art.

Jacker / I recognize your name was influenced by Jimmy Bancks, a pioneer in term of contemporary comics. What was the reason for this? Meggs / Jimmy Bancks created the iconic Australian character “Ginger Meggs”, who is a red-headed mischief maker kid, a representation of the beloved Australian “larrikan” nature, an anti-authoritarian symbol of rule-breaking for the right rea-sons. I owned several of these comics as a kid, and having red hair, it seemed a fitting nickname/street name to adopt when painting on the streets. J / Where are you living and working nowadays?

M / I’m currently living and working on the West Side of Los Angeles, USA.

J / It’s always hard to describe somebody’s own work as an artist, but at least, you might talk more about a guideline.

M / Essentially my work comes from a design and illustrative background, which is then combined with my love for the abs-tract. I’m on a constant search to find my own unique balance between form and abstraction. I like to combine elements of comic-style illustration, fine art, painting, abstract strokes and movement in a way thats like capturing a surreal moment in time. It implies a social message, in a very dynamic and ex-pressive way. My work has always stemmed from the notion of duality, which is reflected in the form vs abstraction, but is also my search from answers as a personal struggle.

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www.houseofmeggs.com

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J / Quelles ont été tes influences et inspirations ?

M / Mes influences et inspirations viennent de partout, surtout au début. J’étais très influencé par la science-fiction, la fantaisie et les films, les comics, le graffiti et les cartoons. Puis j’ai grandi avec l’influence de l’art contemporain, de l’abstrait jusqu’au por-trait et l’art style Renaissance. Il est difficile de donner des noms tant il y a de monde qui m’ait inspiré ces dernières années.

J / Quand as-tu quitté l’Australie pour la première fois grâce à ton travail ?

M / J’ai beaucoup voyagé de moi-même au milieu des années 2000 et j’ai peint des endroits complètement différents tels que Tokyo, Kuala Lumpur, Londres, Barcelone, ce qui était pure-ment du graffiti, avec aucune œuvre spécifique en tête, juste dans le but de voyager, rencontrer des gens et peindre. Je pense que mon premier job d’artiste payé en dehors de l’Australie était à Singapour, en 2008, pour peindre une collection de pièces pour un Night Club.

J / Quelle est ta motivation principale lorsque tu peins un mur ou une toile ?

M / Ma principale motivation lorsque je fais un mur est de re-présenter la culture et l’endroit d’où l’œuvre est peinte, ainsi que d’y glisser un message inspirant. Les murs sont une manière de contribuer à la fierté de la communauté locale et de propager l’appréciation de l’art, de façon gratuite et pour le peuple. Mes toiles et mon travail en studio sont plus personnels dans la ma-nière d’explorer des problèmes et des idées qui me concernent moi et qui reflètent ma manière de ressentir les expériences et les émotions avec lesquelles j’évolue. Ces deux aspects se croisent continuellement et s’influencent, que ce soit par le message ou la technique. Actuellement mon travail en studio devient encore plus une exploration de l’abstrait, ce qui ressortira davantage dans mes murs à l’avenir.

J / What has been your influences and inspirations?

M / My influences and inspirations come from all over. Essen-tially in the beginning. I was very influenced by sci-fi, fantasy art and movies, comic books, graffiti art and cartoon artwork. That grew into more fine art influences from abstraction to portraiture and Renaissance art. It’s hard to name names as there are so many artists that have inspired me over the years.

J / When did you leave Australia for the first time because of your art?

M / I travelled a lot on my own dime during the mid 2000’s, and painted in various places such as Tokyo, Kuala Lumpur, London, Paris, Barcelona, which was purely street art and graffiti related - with no specific “work” purpose in mind, just travelling, meeting people and painting. I guess my first official “paid” painting trip outside of Oz, was to Singapore in 2008 to paint a collection of pieces for a nightclub.

J / What would you describe as your main motivation when you paint a wall or a canvas?

M / My main motivation when painting walls to create a piece of work that I feel represents the culture and place the mural is in as well as imply an inspiring message. Murals are a way to contribute to community pride and spread the appreciation of art in a way thats free and for the people. My canvas/stu-dio work is more personal in the way that I explore issues and ideas that matter to me and reflect the way I’m feeling and experiences and emotions I’m dealing with at the time. The two continually cross over and influence each other, whether it’s in the message or in the techniques. My studio work is now becoming even more an exploration of abstraction, which is something that will be coming out more in my murals from now on.

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J / Tu peins beaucoup pour des ONG, peux-tu nous en parler ?

M / Je suis absolument certain que l’art est un outil puissant qui devrait participer à l’évolution positive de notre monde. Je travaille avec des organisations et des gens qui chapeautent des problèmes et des opportunités en lesquelles je crois, comme la justice sociale, l’égalité, le développement durable ou encore la préservation des océans. Pour moi, c’est vraiment gratifiant de pouvoir aider une cause tout en embellissant l’espace pu-blic. C’est en quelque sorte la même chose, mais je suis fier de peindre un message plus spécifique pour une cause en laquelle je crois.

J / On peut voir beaucoup de pop culture, d’animaux, de nature et d’enjeux culturels dans tes œuvres. Quelle est la signification et la philosophie de ce crossover ?

M / Le mix d’éléments dans mon travail représente mes in-fluences, mes enjeux et la beauté naturelle que l’art m’inspire. Je suis très influencé par la pop culture, ayant grandi en ban-lieue et en ville. Mais j’ai toujours beaucoup aimé la nature, les océans et les animaux. À la base, mon art était plus pop art et reflet de ma personnalité, mais en vieillissant, j’ai com-pris que certains enjeux sociaux et environnementaux étaient plus importants à mes yeux, et je vois mon art plus comme un moyen, je l’espère, de contribuer à des changements positifs, et d’influencer les autres à faire de même.

J / Tu as déjà eu une periode vandale ? Une anecdote ?

M / Je viens d’un milieu plus ancré dans le street art et le design, je n’ai jamais été un “graffiti writer”, mais j’ai fait beaucoup d’œuvres illégales au fil des années. Des stickers aux poses, en passant par les collages et quelques graffs, persos, grands murs…

J / You are painting a lot for non-profit organizations, can you talk more about this with us? M / I’m a firm believer that art is a powerful tool which should contribute to positive change in our world. I work with organi-zations and people who are championing issues that I believe in, such as social justice and equality, sustainability and ocean preservation. For me its very rewarding to make work that helps a cause as well as beautifies our public space. They are somewhat one and the same, but I’m proud to paint a more specific message for a cause that I believe in.

J / We can see lot of pop culture, animals, nature and cultu-ral issues in your artworks. What’s the meaning and philo-sophy behind this mixture?

M / The mixture of elements in my work represents all the influences, issues and natural beauty that inspires me to make art. I’m very much a pop-culture influence person, growing up suburbs and the city. But I have always had a love of nature, the ocean and animals. Originally my art was much more pop-culture driven and more self-reflective, but as I get older I found theres certain social and environmental issues that are more important to me, and I can see my work more as a way to hopefully contribute to positive change and inspire others to do so.

J / Have you ever been a vandal graffiti writer? Any story to tell us if so?

M / I come from a street art and design background, was never a “graffiti writer” but I had to put up a lot of illegal work over the years. From stickers to tags, paste-ups/postering, throw-up characters, graffiti characters (and some pieces), roller pieces to larger murals.

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J’ai été longtemps dans un collectif australien, Everfresh, qui m’a exposé et poussé à proposer mon travail à travers diffé-rentes techniques et styles, qui peuvent être considérés comme du vandalisme. Ça a été essentiellement une expérience avec différents éléments de street art et de graffiti, pour développer et trouver ma propre voie en tant qu’artiste. J’ai un tas d’his-toires impliquant les flics, se faire arrêter à Tokyo, s’enfuir des spots, explorer des endroits abandonnés et étranges, rencon-trer des gens fous, des teufs de malade, sujets que je ne vais pas creuser ici.

J / Qu’est-ce que tu considères comme ta pièce maîtresse ?

M / C’est une question difficile parce qu’avec les murs, j’ai l’im-pression de toujours m’améliorer d’une certaine façon. Mon plus grand mur à ce jour est le “Rise Up” (560 m²), le mur avec le tigre à Détroit, dont je suis très fier pour sa taille et son exécution. Je l’adore d’autant plus qu’il a été fait gratuitement, avec l’aide de crews locaux passionés par l’idée d’amener de la vie et du positif à leur ville. Je suis très intéressé par le dévelop-pement durable et la communauté au-delà de l’industrie seule-ment motivée par le profit. C’est pour cela que je me sens inté-ressé par le potentiel des mecs de Détroit, dans une ville qui a subi les hauts et les bas de la culture capitaliste américaine.

J / Dernier mot à nos lecteurs ?

M / Remettez en question le statu quo. J’ai pu lire quelque part que le rôle d’un artiste est de “déranger la paix”, ce qui me convient très bien étant donné que l’art a le pouvoir de présenter des enjeux environnementaux et sociaux, et d’inspirer les gens au changement.

My time in the Australian collective, Everfresh, exposed and influenced me to put up work in a variety of techniques and style, which much of the afortementioned is technically consi-dered vandalism. Essentially it’s been a journey of experimen-ting with different elements of street art and graffiti to develop and find my own voice as an artist. I have a bunch of stories which involve dodging police, being arrested in Tokyo, running from spots, exploring abandoned and weird places, meeting crazy people, crazy parties and so on, which I won’t elaborate on here just yet.

J / What do you consider as your masterwork?

M / Thats a tough question, because with murals, I feel I’m always improving in some way. My largest mural to date (6000sq feet) is the “Rise Up” tiger mural in Detroit. Which I’m still really proud of for its size and execution and that it was painted unpaid, with assistance from local crew who are pas-sionate about bringing life and positive change to their city. I am very interested in the progression of self-sustainability and community over profit driven industry, which is why I feel ins-pired by the potential of Detroiters and a city which has lived through the highs and lows of American capitalist culture.

J / Last word to our readers?

M / Question the status quo. I read somewhere that the role of an artist is to “Disturb the Peace” which resonated with me, as the means that which art has the power to present social and environmental issues and inspire people to make change.

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MAXIME GARLENCMAXIME GARLENCWelcome

Monter une team est quelque chose qui nous trotte dans la tête depuis un bon moment. Mais le manque de temps et la facheuse tendance que l’on a de travail-

ler beaucoup plus que la moyenne française nous laissait peu de place pour entreprendre la démarche. Jusqu’à ce terrible jour. Ce jour-là, mon pote Amen m’a sorti du bureau plus tôt que d’habitude pour aller frotter du grip, histoire de me décrasser les rotules. On s’était donné RDV au park de la Mosson à Mont-pellier, un de ces parks encore épargnés par ces saloperies de trottinettes. Tout était réuni pour passer une bonne soirée. Puis Maxime est arrivé pour sa session journalière, et m’a très vite coupé l’envie. Ce mec a littéralement tué le park, à froid, pendant une bonne quinzaine de minutes sans poser un genou à terre. C’était beau, c’était fluide, notre premier rider Jacker venait de tomber du ciel et je comptais bien ne pas le laisser partir sans lui avoir proposé de rouler pour nous. Chose faite. En attendant une video part siglée Jacker qui arrivera prochainement, voilà de quoi est capable la bête. Welcome Maxime !

Putting a team together is something that’s been running around our heads for a good while. But the lack of time and our annoying tendency to work way more than

the french average leaves us little room to take that step. Until that dreadful day : That day my friend Amen manages to get me out of the office earlier than usual to go rub some grip, you know, just to polish up my kneecaps. So we rendezvous at the Mosson Park in Montpellier - one of the few parks still untouched by those motherfucking scooters. We were all set for a good evening. But then Maxime arrives for his daily session, and quickly knocks the wind out my sails. The guy literally killed the park, without even warming up, he went on a 15 minute assault without putting a knee to the ground. It was beautiful, it was fluid, our very first Jacker rider had just drop-ped from the sky, and I wasn’t planning on letting him leave without asking him to roll with us. Done deal. So, pending a video-part stamped Jacker, here are a couple of photos of the beast. Welcome Maxime!

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Stigmates d’une société qui aimerait tant nous faire croire que les Etats-Unis ne sont autres que le nombril du monde, la possibilité de passer à côté de véritables talents, autres que

français ou américains, guette chacun d’entre nous. Contraire-ment à leurs voisins du Nord, les Sud Coréens ont, eux, le droit de se procurer de quoi s’exprimer, sans réelles contraintes qui seraient susceptibles de brider leur créativité. Ses personnages stylisés ou encore ses multiples représentations du modèle “Sex, Drogue, Money” nous renvoient à un style graphique atypique et à une terrible vision de ce qui l’entoure. Voilà ce que le jeune ar-tiste nous balance sous la rétine. Il y a de cela un mois, j’arpentais les méandres d’Instagram. J’avais pour but de dénicher, parmi une montagne de publications destinées à flatter d’innombrables égos dont la taille avoisine celui de notre camarade Kanye West, des créations originales ainsi que de jeunes artistes non-média-tisés. C’est après avoir cliqué sur une illustration représentant le rappeur américain Joey Bada$$ que j’ai eu la chance de découvrir l’univers de Rudcef. On ne va pas se mentir, Rudcef prend son pied à représenter les artistes qu’il côtoie ou apprécie. Mais après m’être intéressé de plus près à ses créations, je me suis vite rendu compte que son travail allait beaucoup plus loin que ça...

Jacker / Salut Rudcef, peux-tu te présenter ?

Rudcef / Salut, je suis Rudcef, je viens de Corée du Sud et je suis né en 1983. Pour faire simple, mon style demande beaucoup de temps. Donc je dessine toute la journée, pour moi mais aussi pour des clients. De temps en temps je gère des commandes d’outremer ou je produis des marchandises.

J / Quand as-tu commencé à dessiner et comment ? Quand tu étais jeune, quel genre de dessin faisais-tu ?

R / En fait, j’étais sur le point d’être diplômé en statistiques et je me préparais à avoir un job en 2009. Mais peu après mon cousin est décédé suite à un cancer. Je pensais sérieusement au sens de la vie à cette période, car il avait seulement 10 ans. Après cela, Michael Jackson est décédé aussi, mais je ne pensais pas qu’il était mort, parce qu’au même moment j’écoutais une de ses chansons, enregistrée avant même ma naissance. Et j’ai pensé que si je me lançais dans le domaine de l’art et que je laissais quelque chose derrière moi avant ma mort, ma vie aurait un sens. Voilà l’his-toire. Je n’ai rien dessiné du tout avant 2009, et je ne savais même pas qui était Andy Warhol.

In a society that wants us to believe that the United Sates of America is the center of the world; the chance of missing out on talents that are neither French nor

American is highly likely. Unlike their neighbors from the north, the South Koreans, have the chance to express them-selves without any true barriers to their creativity. Rudcef ’s very unique characters and his representation of the “Sex, Drug, Money” model, brings us back to an atypical gra-phic style and to a terrible vision of what is surrounding him. That’s what he throws in our face. A month ago, I was going through the endless posts on Instagram. I had one thing in mind which was to find, amongst the mountain of publications destined to flatter countless egos, you know, the Kayne West types, some original creations by young non-mediated artists. It was not until I clicked upon an illustration representing American rapper Joey Bada$$, that I had the opportunity to discover the world of Rudcef. To be frank, Rudcef gets off on representing artists he meets or admires. But after having a closer look, I quickly came to the realization that his work goes much deeper than that …

Jacker / Hey Rudcef, could you present yourself ?

Rudcef / Hi, I’m Rudcef from far-east, South Korea and I was born in 1983. Basically my style needs huge time to complete. So I draw all day for me and also clients. From time to time handle a print order from overseas or make merchandise.

J / When did you start drawing and how? When you were young what type of drawings would you do?

R / Actually I was about to graduate university majoring Statistics and prepare to get a job in 2009. But soon my cousin passed away from cancer. I thought about the mea-ning of life seriously that days coz he was only 10yo. Later that year Michael Jackson passed away too. But I didn’t think he die coz I was listening his song in that moment which recorded before I was born. And I thought if I jum-ped into art field and left something in this world before I die, that would be a meaningful life. That’s the story. Well I didn’t draw at all before 2009 and even didn’t know who Andy Warhol is.

www.rudcef.com

RUDCEFIllustration

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RUDCEF

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J / Maintenant, comment procèdes-tu pour faire une œuvre d’art ? Est-ce que tu utilises un ordinateur ?

R / Au départ, je n’ai rien dit à mes parents, parce que ma fa-mille était pauvre et qu’ils voulaient que j’ai un emploi stable. Je ne pouvais donc pas me constituer un endroit pour me consa-crer au dessin à la main. J’ai donc décidé de dessiner dans des bibliothèques publiques, avec un ordi portable et une tablette. Et jusqu’à aujourd’hui, je n’ai dessiné que via un ordinateur. Je des-sine à la main de temps en temps, pour le fun.

J / J’ai aussi remarqué que tu utilises fréquemment des artistes de la scène hip-hop américaine comme modèles. Tu peux nous en dire plus là-dessus ? Est-ce que tu considères ton art comme une espèce de fan art ?

R / J’écoute toujours de la musique pour créer une ambiance quand je bosse. Et j’aime particulièrement les chansons hip-hop parce que leurs paroles me donnent envie d’aller de l’avant. Comme Tupac, A$AP Rocky, K.dot, et d’autres. C’étaient des personnes normales, comme moi, mais qui essayaient d’y arri-ver encore et encore. Et au final, le monde connaît leurs noms. Je les dessine donc par gratitude, mais je ne pense pas que ce soit comme du fan art. J’essaie généralement de décrire certaines choses que je ressens pour eux dans mes créas.

J / L’univers de l’illustration accueille de nouveaux artistes chaque jour, et n’a pas cessé de croître depuis que les nouvelles technologies sont devenues une norme pour le travail d’illus-trateur. Comment envisages-tu ta carrière ?

R / En fait je suis très con ! (Rires) Et je ne suis pas du tout du genre à me projeter dans l’avenir non plus. Si je pouvais penser au futur, peut-être que je n’aurais pas commencé à dessiner. Désolé mais je n’ai aucune idée de comment ça va évoluer. Je dessine juste ce que veux, et vis au jour le jour. Et parfois de bonnes choses viennent de n’importe où, comme quand j’ai rencontré A$AP Rocky.

J / Qu’est ce qui s’est passé avec A$AP Rocky ? R / C’est une vielle histoire. Il y a deux ans A$AP Mob sont passés dans mon pays pour un concert du coup j’ai fait une illustration, je l’ai imprimé pour la faire passer à A$AP Rocky. Il l’a vue et m’a demandé de le rejoindre pour discuter de sa nouvelle mixtape intitulée The beauty and the beast. Un mois plus tard, il m’a invité dans sa maison à New York et nous avons bossé ensemble durant 2 mois.

J / Sur quoi travailles-tu actuellement ? Des projets ou colla-borations ?

R / En ce moment je fais des t-shirts pour les gens qui aiment mes œuvres. C’est beaucoup de boulot car j’aimerais les faire comme de vrais produits de marque. Je dessine un portrait custom com-mandé de New York, et puis mes œuvres perso comme toujours.

J / Quand je vois ton style ça me rappelle l’univers Marvel, dans le genre surréaliste. Tu fais apparaître les os, les muscles et la peau, mais sans te soucier que ce soit une parfaite repré-sentation de la réalité. Peux-tu nous en dire plus à ce propos ?

R / C’est la raison pour laquelle j’ai commencé à dessiner, comme je le disais. Mais, pour faire simple, j’ai une sorte de problème mental/verbal qui fait que je rencontre peu de gens.

J / Nowadays, how do you proceed to make an art piece? Do you use a computer?

R / At first, I didn’t tell my parents coz my family was poor and they wanted me to get a stable job. Couldn’t make en-vironment for hand drawing. So I started to draw in a pu-blic library with a laptop and tablet. I’ve been drawing only by computer. I do hand drawing for fun from time to time.

J / I also noticed that you frequently use artists from the American hip-hop scene as models, could you tell us more about it? Do you consider your art as some sort of fan art?

R / I always listen to music to make the mood for my work. I especially like hip-hop songs coz the lyrics about their lives make me to have earnest vision for moving forward. Like tupac, A$AP Rocky, K.dot.. and so on. They were normal people like me but been trying to make things real again and again. So finally now world knows their name. So I draw them for gratitude. But I think it isn’t like just fan art. I usually try to describe certain elements which I felt from them in it.

J / The universe of illustration welcomes new artists on a daily basis and hasn’t ceased increasing since new techno-logies set a market standard for illustration work. How do you invision your career?

R / In fact I’m dumb af haha. And also I’m not the type to prepare for the future at all. If I could think about the future, maybe I wouldn’t have started to draw. Well I’m sorry that I don’t have any idea about how fields will go. I just draw what I want and feel day after day. Then some-times good things come from everywhere like when I met A$AP Rocky.

J / What’s happened with A$AP Rocky? R / It’s old story. 2 years ago A$AP Mob visited my country for performance and I drew and printed to pass it to A$AP Rocky. He saw that and called me to his spot to discuss about his new mix tape titled “The beauty and the beast”. After one month, he invited me to his house in NY and worked with him for two months.

J / What are you currently working on? Any projects or collaborations?

R / Currently, I’m making T-shirts for people who like my work. A lot to handle coz I want to make them like real brand merchandise. I have a custom portrait order from NY. And personal work as always.

J / When I see your style it recalls the universe of Marvel as well as a subrealist style, you make the bones, muscles and skin appear but you don’t worry whether it’s a perfect representation of reality. Could you tell us more about it?

R / There is the reason why I started to draw as I wrote on previous question. But basically I have some sort of men-tal-verbal problem so that I barely meet people.

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Pour combler l’absence de conversation, je dessine et parle à des gens via mes dessins. C’est comme une conversation visuelle, sans langage, avec moi-même. Ça veut dire que je dessine par sympathie. Je veux que les gens sachent que ce qu’on retrouve dans mes dessins peut s’appliquer à eux-mêmes. Pour décrire ça, je choisis l’anatomie parce que tout le monde a des os et des or-ganes, et ça veut dire que les personnages qui apparaissent dans mes dessins pourraient être vous. J’utilise l’anatomie pour rendre mes dessins faciles à comprendre.

J / Notre magazine porte sur la street culture. Je peux voir que tu es inspiré par cette culture, pourrais-tu nous dire pourquoi, et de quelle façon ?

R / Je pense que tout part de la rue. La rue contient tout ce qui fait un être humain, et comme je dessine des gens, la rue devra tou-jours faire partie de mes œuvres. Je n’ai fait qu’étudier les chiffres jusqu’à 27 ans, comme je l’ai dit. J’aime vraiment la rue, et mon histoire commence toujours dans la rue, mais je ne sais toujours pas ce qu’est vraiment la street culture. Je dessine juste ce que j’aime, et tout est dans la rue. C’est peut-être pour cette raison que tu ressens ça venant de mes œuvres.

To fill absence of conversation I draw and talk to people via my works. It’s like visual conversation without language to myself. That means I draw for sympathy. So I want to let people know the situation of my works can be applied to all. To describe this thought, I choose anatomy coz everyone has bones and organs and that means figure who appear in my works can be yourself. To make it easy to understand my drawings, I use anatomy.

J / Our magazine talks about street culture, I can see you are inspired by this culture, could you tell us why and how?

R / I think everything starts from the street. Street contains all of human being. And I draw about people. So street should always be a part of my works. Well I had been stu-dying digits until 27yo like I said. I really like street and my story always starts from street but I still don’t know what exactly street culture is. I just draw what I like and they are all in streets. Maybe that’s the reason why you felt like that from mine.

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J / Je me souviens avoir lu sur ton site que tu étais plutôt asso-ciable. Quand j’ai lu ça, je t’ai imaginé comme un artiste tor-turé, enfoui chez lui sous des boîtes de pizza ou autre bouffe, accro à la caféine, bossant sur ses projets jour et nuit. Pour-tant, en échangeant avec toi, je n’ai pas cette impression. Est-ce que tu te considères comme misanthrope ?

R / Merci beaucoup, mais si on se rencontrait face à face, tu ver-rais que je ne suis pas si sociable. Je ne sais pas pourquoi, mais quand je rencontre des gens, certains symptômes anormaux pourraient te mettre mal à l’aise. Je suis optimiste je pense. En fait, il y a eu des incidents bizarres dans ma vie. Des choses malheu-reuses arrivaient encore et encore. Penser au futur me semblait extravagant à l’époque, et je ne savais pas quelle était ma raison de vivre. Je pense que mes symptômes avec les gens viennent de cette période. J’étais vraiment misanthrope avant d’atterrir dans ce milieu. Maintenant je rêve d’une vie qui a un sens, j’aimerais que les gens parlent avec mes dessins après ma mort. Ce but me pousse à aller de l’avant et me rend optimiste. Mais la plupart de mes œuvres sont basées sur des choses malheureuses. C’est parce que mes expériences dans la vie ont surtout été malheureuses que je peux les décrire mieux que des choses heureuses.

J / I remember reading on your website that you were rather unsociable, when I read that, I imagined you as a tortured artist at home buried under pizza boxes and other sort of munchies packages, addicted to caffeine, working on his projects day and night. However when exchanging messages, I do not have this impression. Do you consider yourself misanthropist?

R / Thank you very much. But if we meet face to face you will know I’m not that sociable. I don’t know why but whe-never I meet people, some abnormal symptoms occur which make me feel uncomfortable. I’m optimist I think. Actually there were bizarre incidents in my life. Miserable situa-tions come over and over again. Thinking about the future seemed like an extravagance to me in those days. I didn’t know why I was living. Maybe I think my symptoms from people come from those days. So I was harshly misanthro-pist before I jumped into this scene. Now I have a dream for meaningful life that want people to talk with my drawings after I die. Goal makes me keep on moving forwards and optimistic. But my almost works are based on a negative mood. Thats because my experiences in my life were almost unhappy coz I can describe them more than happy moods.

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Pour les 20 ans de la cultissime Jack Herer lancée en no-vembre 1994 par Sensi Seeds, nous avons voulu retracer l’histoire d’une amitié hors du commun, celle d’un rêve

partagé. Une de ces rencontres que l’univers semble avoir en-gendré nécessairement, et qui permis d’ériger le superbe mou-vement communautaire que l’on observe aujourd’hui autour du cannabis.

Cette fameuse première fois

Avant 69, Jack Herer était encore un conservateur loin des idéaux hippies qu’on lui connaît, fier de son Amérique du Viet-nam. Son amour pour une femme l’amena cependant à fumer pour la première fois sur un joint. Son opposition au cannabis et le fait qu’il ne sache pas du tout à quoi s’attendre ne lui per-mirent pas de sentir ses effets lors de ses premières défonces, à tel point qu’il se crut immunisé. Sa compagne n’abandonna pas pour autant : un soir, elle le laissa s’enfumer convenablement avec de la Sativa, première vraie défonce mémorable.

Ben Dronkers a lui fumé pour la première fois à Rotterdam quelques années auparavant, sur le pont Maasbrug en compa-gnie d’un ami. Le même processus s’observa puisqu’il ne put réellement percevoir les effets qu’après sa deuxième ou troi-sième fois. Dans une interview pour le Sensi Seeds Blog, il déclare que “la première fois, tu n’es pas réellement conscient d’être défoncé. Tu observes souvent ça chez les premiers fu-meurs, ils sont complètement défoncés mais ne le réalisent pas vraiment. Dans mon cas, j’étais juste très heureux d’être là, sur ce pont à m’éclater, c’était fantastique !”. Sans compter que sa mère lui transmit une sensibilité toute particulière envers les plantes : ces principes de récupération de la résine, du séchage des fleurs et de l’effet particulier qu’elle produisait chez les gens le fascinaient tout simplement. Cela l’encourageait vivement à pousser ses recherches.

Une implication de plus en plus forte

Dès lors qu’il s’ouvrit à cette fameuse plante, Jack s’intéressa soudainement aux convictions qui s’opposaient auparavant aux siennes, tout fervent conservateur qu’il était. Il devint de plus en plus progressiste et se mit même à publier des BD qui parlaient de ganja dès 1973. Il ne tarda plus à s’immerger tota-lement dans cet univers qui lui souriait. Lorsqu’il découvrit que le chanvre avait permis à l’Humanité de se vêtir, se soigner ou se nourrir depuis des milliers d’années, ses doutes envers la prohibition en vigueur et sa propagande aux Etats-Unis ne firent que se confirmer.

T o celebrate the 20th birthday of the legendary “Jack Herer” put on the market in November of 1994 by Sensi Seeds, Jac-ker Mag invites you to discover the story of an extraordinary

friendship deeply connected with a common dream. That particu-lar friendship seems to be the result of one those meetings that were meant to happen. And as a consequence, the wonderful commu-nity movement surrounding the culture of cannabis would keep on growing.

That very first time

Before 1969, Jach Herer was still kind of a conservative person, pretty far from the hippie ideals he is known to have, and also very proud of his beloved American country fighting in Vietnam. However, he smoked his first joint because of his love for a woman. Considering that he was a strong opponent to cannabis and that he basically had no idea what he could expect from the psychoactive substance, he did not feel anything the first time, which made him think that his mind was actually immune against the effects of the plant. His girlfriend did not give up though : one night, she let him smoke a Sativa type of weed, which made him truly high for the first time.A couple of years before that, Ben Dronkers shared his first joint with a friend on the Maasburg bridge in Rotterdam. The similar process took place as he would start to feel the psychoactive effects of the plant after the second or the third time he would use it. In an interview given to the Sensi Seeds Blog, Ben Dronkers claims that “the first time, people don’t really notice how high they are. It is not seldom to watch this kind of attitude with unexperienced pot smokers : they are completely high, but they don’t get it. As far as I’m concerned, I was just very happy to stand there, just having fun on that bridge, it was fantastic!”. Besides that, his mother would develop his sensibility toward plants : the different ways to collect resin, how to make the flowers dry and also the various effects it would bring on people’s mind would simply fascinate him and incitated him to push his work with cannabis further.

A growing involvement

As soon as he opened up his mind to the cannabis world, Jack’s curio-sity about the arguments of what used to be opposite to his conser-vative point of view would rapidly grow. He started to promote a progressive look at the burning issue that was cannabis back then and even published comics dealing with the topic in the early 70s. Soon, he would fully take part in a world that was willing to welcome him. When he understood that the use of hemp helped the Huma-nity to put clothes on, to develop medical treatments and even to feed people, all his doubts concerning prohibition and the propaganda on the issue would find reasons to grow.

DRONKERS / HERERDRONKERS / herer Lifestyle

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THE PIONEERS OF THE CANNABIS REVOLUTION

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De son côté, Ben put s’imprégner des nombreuses vertus de la weed. Ses voyages en Turquie, au Pakistan et en Afghanis-tan dès le début des 70’s le familiarisèrent “matériellement” avec la plante. Quelques fermiers des environs lui donnèrent des graines, et dans ces contrées où les différentes variétés de chanvre poussent comme des champignons, le potentiel de cet or vert se révéla à lui. Il se lança alors tout naturellement dans le ganja farming, croisant des variétés et combinant les pro-priétés de chacune tout en voyant son amour pour la plante s’intensifier lui aussi. Cela l’encouragea à en apprendre davan-tage sur la récolte et à voyager dans les quatre coins du monde qui font l’héritage spirituel du chanvre depuis un millénaire.

En clash avec la législation

En janvier 1981, Jack récoltait des signatures au profit de l’uti-lisation du chanvre juste avant l’investiture de Reagan, avec cinq autres types, à LA, devant un bâtiment fédéral. Quand Reagan est arrivé sur les lieux, il les prit d’abord pour des mani-festants canadiens (confondant la feuille d’érable et celle que nous connaissons mieux) puis les fit arrêter sans autre forme de jugement. Les compères durent payer cinq dollars d’amende par tête, mais Jack n’eut pas cette chance et fut retenu en prison deux semaines, de quoi alimenter son amertume...

A la même période Docteur Dronkers faisait pousser de la ganja et croisait des espèces pour créer de nouvelles variétés. À ce moment donné, c’est surtout du hash que nos amis hol-

On his side, Ben could take advantage from the various ver-tues of weed. In the early 70s, his trips to Turkey, Pakistan and also Afghanistan would help him to develop his practical knowledge about the use of the plant. Some local farmers gave him seeds. Ben started to see the true potential of the green gold from where numerous varieties of hemp grew easily. Thats how he naturally got into ganja farming: trying to chemically associate various types of weed so that he could combine with each other the different and largely unknown effects from the plant. Therefore, he would try to improve his knowledge about the harvest of weed while travelling around the places in the world where hemp is a milenary heritage.

Having troubles with the law

In January 1981, in front of a federal building in LA, Jack and five fellows were collecting signatures to support the use of hemp right before the Investiture ceremony of Ronald Reagan. When Reagan arrived at the location, he confused them with Canadian demonstrators (same with the maple leaf and the one we know better ...) and had them busted right away. Each member of the group had to pay a five dollar fine exept Jack who was kept in jail for two weeks. Such an unfortunate event help his bitterness to grow more and more.

At the same time, the Doctor Dronkers was growing ganja and combining species to develop new varities.

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landais consommaient, le cannabis étant relativement inconnu et importé de Thaïlande ou d’Afrique en gros blocs compacts. Quand Ben en proposa dans son premier coffee shop, le succès fut loin d’être unanime, certains l’appelèrent même “spinach” (épinards). Durant ces années, Ben fut arrêté et emprisonné de nombreuses fois. Il était souvent détenu quelques heures ou quelques jours. Même si les peines n’étaient pas aussi lourdes à l’époque, il sentait tout de même cette volonté d’ouverture du cannabis grandir en lui.

Deux événements décisifs

Quelques années auparavant, en 1974, Jack Herer eu une vision éclairée qui l’amena à entamer l’œuvre de sa vie. Il voulut montrer au monde que le chanvre avait le pouvoir de sauver la planète. Le biocarburant qu’il offrirait en remplaçant les énergies fossiles, son utilisation dans la confection de papier contre la déforestation ; autant d’utilisations alternatives pour lesquelles le chanvre ouvrirait à une logique respectueuse de l’environnement. Ce “switch” aurait la possibilité de sauver le monde : mais comment toucher les gens si ce n’est en écri-vant son propre bouquin ? Derrière les barreaux, la machine fut lancée pour devenir ce que nous connaissons aujourd’hui comme l’un des plus célèbres ouvrages concernant les thème du chanvre, de l’activisme et bien sûr du cannabis, “L’empe-reur est nu”. Ce best seller publié en 85 (même année que la création officielle de Sensi Seeds) attira l’attention du monde entier. D’ailleurs, Jack Herer maintient aujourd’hui encore son challenge de $100 000 à quiconque sera capable de réfuter les propos qu’il avance.

Les séjours carcéraux provoquèrent également un gros déclic pour Ben Dronkers. En lisant l’Opium Act, il réalisa qu’il n’était pas illégal de vendre des graines de cannabis... mais comment te procurer des graines si tu n’es pas autorisé à en faire pousser ? C’est en présentant ce grand classique du paradoxe de l’œuf et de la poule qu’il obtint la permission de cultiver du cannabis pour la production de graines. La combinaison gagnante d’un esprit entrepreneurial et de son amour fort pour tout ce qui touchait de près ou de loin à cette plante put s’opérer. Dès lors, il se lança dans une lutte pour le retour du chanvre industriel (à checker notre #12 où nous vous présentions la société Hemp-Flax), ainsi que pour l’usage médicinal et récréatif du cannabis. Il fonda ainsi Sensi Seeds en 85 et ouvrit le Hash Marihuana & Hemp Museum à Amsterdam.

Le lancement de la légendaire Jack Herer

Peu après cet événement capital, Ben eu l’idée de rendre hom-mage à son compagnon de croisade et à leur relation, car une amitié forte les unissait désormais avec certitude. Pour lui, il n’y avait qu’un moyen de le faire : créer une toute nouvelle et unique variété capable de porter le nom de son ami Jack Herer. En 2004 et après des années de recherches, la Jack Herer fit enfin son apparition en présence de l’homme lui-même et d’éminentes figures du milieu. C’est avec beaucoup de fierté et d’honneur que Sensi Seeds voit depuis 20 ans maintenant que cette variété occupe une place de choix au sein de la commu-nauté. Une part de Jack Herer vit indubitablement à travers cette plante qui aide, rassemble et inspire autour d’elle.

.

Back then, the Dutch were mostly hashish smokers, canna-bis being almost unknown and imported from Thaïland and Africa. When Ben commercialized some weed in his first coffee shop, the success did not knock at his door right away. Some would even name the weed “spinach”... Ben was going in and out of jail. He was often kept prisonner for a couple of days or even for a couple of hours. The sentences regarding cannabis were not heavy back then and Ben truly wanted to develop the use of the plant.

Two main events

Few years back, in 1974, Jack Herer had an enlightened vision which brought him to start what would become his lifetime achievement. He wanted to show the entire world that hemp could save the planet we live on. Biofuel could replace fossil fuels and be used for paper confection against deforestation; a bunch of alternative ways by which hemp opens an environ-mently friendly logic. This “switch” could save the world : but how could it be possible to touch people if it’s not by writing his own story ? Behind bars, the machine was laid to become what is known today as being one of the most famous testimony about hemp, activism and of course cannabis, “The emperor wears no clothes”. This best seller published in ’85 (same date as Sensi Seeds official creation) attracted the world’s attention. Jack Herer still maintains his $100 000 challenge to anyone who’d be able to refute his allegations.

The time he was put in jail helped Ben Dronkers to find the perfect solution to his problems. While reading the Opium Act, he realized that it was not illegal to sell cannabis seeds ... but how can someone buy the seeds if it is illegal to grow them ? Be-cause he pointed out that classic question dealing with the egg and the chicken, he got a licence to grow cannabis in order to produce seeds. The mix between an entrepreneurial spirit and a strong love for everything that is connected to the plant was now in motion. By then, Ben Dronkers started to fight in favor of a new industrial use of hemp (cf. Number 12 and the article about the HempFlax company), but also to support both the medical and recreationnal use of cannabis. Thus, he founded Sensi Seeds in 1985 and opened the Hash Marihuana & Hemp Museum in Amsterdam the same year.

The launch of the legendary “Jack Herer”

Not long after that major event, Ben wanted to honor his mate because from now on, their relation was nothing but a strong friendship. There was only one way to do it properly : the point was to name a completely new variety and unique enough to carry the name of his buddy Jack Herer. In 2004 and after years of research, the “Jack Herer” was officially born in presence of the man himself and some prominent faces of the world of cannabis. It has been with pride and honnor that Sensi Seed noticed that the Jack Herer type of weed distinguished itself in the pot smoker community. Some part of Jack Herer him-self lives through this particular plant that helps, make people come together but inspire them, too.

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- Gumball 3000 -

- Element - - Cayler & Sons -

-Wasted - - Grand Scheme -

- DC Shoes-

- Majestic -

- Levi’s -

- 10 Deep-

Shopping

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- Dream Paris -

- JVGBD -

- Primitve -

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JACKER WORKSHOP - 35 RUE DU FAUBOURG DU COURREAU - 34000 MONTPELLIER - FRANCE

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