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sur la lecture professionnelle 1 On n’apprend à lire que parce qu’on lit ( Jean Foucambert) L’objectif est de faire acquérir aux lecteurs les notions principales de la lecture efficace. Avec une approche méthodologique des théories sur la fixation visuelle, et de nombreux exercices pratiques, il s’agira, après quelques entraînements personnels et en formation, de leur venir en aide dans leurs techniques de recherche d’emploi, entre autres le repérage précis dans la recherche des rubriques dans les pages de petites annonces, le décryptage et la localisation des informations recherchées. Il s’agit aussi de leur apporter des facilités complémentaires à la lecture des ouvrages qu’ils auront à utiliser dans l’exercice de leur profession, de développer leurs capacités de compréhension et d’analyse au cours d’études et de recherches dans leur cadre professionnel, de développer leur mémoire en mettant en jeu une puissance de lecture accrue dans l’identification et l’anticipation du sens. « Lire consiste à prélever des informations dans la langue écrite pour construire directement une signification » ( Jean Foucambert). Introduction La majorité des problèmes qui se posent aux lecteurs vient de l’inadaptation des méthodes scolaires d’apprentissage de la lecture et bien souvent de la méconnaissance de techniques simples visant à la faciliter. Les yeux déchiffrent l’imprimé par un mouvement de fixation qui n’est pas régulier. Celui-ci se fait par saccades qui appréhendent environ dix lettres à chaque fois. On nomme cela « le point de fixation visuelle ». Les saccades ont une durée approximative d’un tiers à un quart de seconde en moyenne, pour chaque temps d’arrêt de fixation. Le temps de pivote- ment, pour le passage d’une fixation à la suivante est d’un quarantième de seconde. Lecture et lisibilité Document #4

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On n’apprend à lire que parce qu’on lit ( Jean Foucambert)

L’objectif est de faire acquérir aux lecteurs les notions principales de la lecture efficace. Avec une approche méthodologique des théories sur la fixation visuelle, et de nombreux exercices pratiques, il s’agira, après quelques entraînements personnels et en formation, de leur venir en aide dans leurs techniques de recherche d’emploi, entre autres le repérage précis dans la recherche des rubriques dans les pages de petites annonces, le décryptage et la localisation des informations recherchées. Il s’agit aussi de leur apporter des facilités complémentaires à la lecture des ouvrages qu’ils auront à utiliser dans l’exercice de leur profession, de développer leurs capacités de compréhension et d’analyse au cours d’études et de recherches dans leur cadre professionnel, de développer leur mémoire en mettant en jeu une puissance de lecture accrue dans l’identification et l’anticipation du sens.

« Lire consiste à prélever des informations dans la langue écrite pour construire directement une signification » ( Jean Foucambert).

IntroductionLa majorité des problèmes qui se posent aux lecteurs vient de l’inadaptation des méthodes scolaires d’apprentissage de la lecture et bien souvent de la méconnaissance de techniques simples visant à la faciliter.

Les yeux déchiffrent l’imprimé par un mouvement de fixation qui n’est pas régulier. Celui-ci se fait par saccades qui appréhendent environ dix lettres à chaque fois. On nomme cela « le point de fixation visuelle ».

Les saccades ont une durée approximative d’un tiers à un quart de seconde en moyenne, pour chaque temps d’arrêt de fixation. Le temps de pivote-ment, pour le passage d’une fixation à la suivante est d’un quarantième de seconde.

Lecture et lisibilité

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Vitesses de lecture :

– Lecture à haute voix 9.000 mots/heure 50.000 signes/heure – Lecteur lent 13.000 mots/heures 70.000 signes/heures – Lecture chuchotée 20.000 mots/heure 110.000 signes/heure – Lecteur moyen 28.000 mots /heure 150.000 signes/heure – Lecteur rapide 60.000 mots/heure 330.000 signes/heure, – soit un rapport de 1 à 7

La vitesse de lecture est proportionnelle au nombre de signes appréhendés par point de fixation visuelle.

Lorsqu’un lecteur lit plus vite, c’est qu’il appréhende plus de signes par point de fixation.

D’où le corollaire suivant :

« Si, lorsque le nombre de signes par point de fixation double, la vitesse double aussi, c’est donc que le point de fixation est constant ».

« L’oeil du lecteur rapide ne se déplace pas plus vite que celui du lecteur lent. C’est simple-ment la capacité d’appréhension pendant le temps de pose qui est très supérieure ».

Lorsque notre oeil regarde un paysage, nous sommes capables de le reproduire plus ou moins bien sur une feuille de papier. Mais, lorsque nous lisons, aucun souvenir visuel ne subsiste, il ne reste que la mémorisation.

« Si bien qu’il n’est pas possible d’affirmer objectivement que nous avons vu les lettres ou les mots du passage que nous lisons avec le plus d’attention. Il ne subsiste que le sens ».

Ce paradoxe débouche sur un questionnement concernant les mécanismes de lecture. Nous sommes en situation à la fois d’observateur et d’observé, car nous assemblons en phrases des mots. Mais aussi, nous sommes amenés, dans le même cadre, à nous interro-ger sur les structures linguistiques qui commandent ces phrases et ces mots et ce qu’ils initient. Nous produisons alors du sens.

Donc :

Plutôt que de se demander : « Qu’est-ce ? » Nous nous poserons plutôt la question : « Qu’est-ce que cela produit? »

Rapports entre les facteurs de nature visuelle et la lecture

Ils sont de deux ordres :1. Les caractéristiques de vision du lecteur.2. Les caractéristiques de la structure typographique.

Sauf cas extrêmes, il n’y a pas de corellation entre ces facteurs :– l’acuité visuelle des bons lecteurs n’est pas supérieure à celle des mauvais lecteurs, – la perception instantanée n’est pas meilleure chez les bons lecteurs, – le dessin des caractères : proportion, épaisseur des jambages, empattements,

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pleins et déliés, etc. ne semblent influencer les performances de manière significative.– la dimension de ces caractères n’a pas non plus d’incidence,

sauf dans le cas de petits caractères.

Processus mentalEn 1905, un ophtalmologiste français nommé Javal, suite à des expérimentations, en dé-duit deux lois :1. le nombre de saccades est indépendant de la distance entre l’observateur et le livre »,2. La grandeur oculaire de la section de la ligne imprimée dont la lecture se fait sans mou-

vement des yeux est inversement proportionnelle à la distance entre l’oeil et le livre.Explication :

Il existe deux moyens de faire varier la grandeur angulaire des lettres ou des mots d’un texte lu :– soit rapprocher le texte de l’oeil : l’angle rapproché optique de chaque lettre ou de

chaque mot issu de l’oeil du lecteur augmente ou diminue.– soit de composer le texte en caractères plus gros ou plus petits, la distance entre l’oeil

et l’imprimé variant peu.

Dans les deux cas, on constate que le nombre de signes perçu par fixation visuelle est pratiquement constant et donc indépendant de la valeur angulaire du faisceau optique de lecture.

Le faisceau optiqueIl grandit quand le texte est :– soit rapproché– soit composé en caractères de corps plus gros.

Il diminue quand ce texte est :– soit éloigné,– soit composé dans un corps plus petit.

Rapports entre les facteurs de nature mentale et la lecture

On relève par contre des relations significatives entre les performances de lecture et cer-taines aptitudes mentales des lecteurs.

On constate une corellation entre :– le Q.I. des lecteurs,– la mémoire immédiate des lecteurs,– la mémoire à moyen terme du lecteur.

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Les principaux rouages de la méthodologie de la lecture ne sont pas de nature ophtalmo-logiques, mais de nature mentale.

Ils ne dépendent pas de l’acuité visuelle, mais des facteurs concernant nos capacités de communication nerveuses (neurones), de mémorisation et d’intelligence.

On peut tirer cinq postulats (Richaudeau) :

1. Quelle que soit la quantité d’informations à décoder et l’intelligence du lecteur, il faut à l’oeil un temps incompressible d’environ 1/3 à 1/4 de seconde pour transformer les signes visuels en images mentales.

2. La quantité d’informations acquises par fixation visuelle est à peu près indépendante de la distance entre l’oeil et le texte, du type de caractères et de leur grosseur, donc de la dimension du bloc de signes (signe graphique) appréhendé en une fixation.

3. Dans les cas extrêmes de perception optique anormale, la vitesse de lecture sera ré-duite dans de faibles proportions : de 10 à 15%.

4. La quantité d’informations varie dans des proportions de 1 à 7 suivant les lecteurs.5. Le temps de fixation n’est pas dû à des servitudes ophtalmologiques. On peut donc

supposer que cette constante de temps (1/3 à 1/4 de seconde) est fonction du stade ultérieur du processus de vision : transmission nerveuse, décodage, assimilation et enregistrement.

Perception et mémorisation du textePerception visuelle de la lettre et du mot :

Que voit l’oeil pendant le temps de fixation ? La réponse que l’on est tentée d’avancer est : les lettres.

En observant les exemples ci-dessous, on s’apercevra qu’il n’en est rien :

lecture eutcelr

Le second contient les mêmes lettres que le premier, mais il est plus difficile à lire et à re-tenir, en opposition au premier qui nous est familier et qui fait partie de notre patrimoine de vocabulaire.

curer difficilement

abbé construction

lettre opposition

cerveau informations

oeil exemples

codage ophtalmologie

faible typographie

dure complication

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On s’aperçoit qu’on lit aussi vite les mots de la première colonne que ceux de la secon-de, malgré la différence du nombre de lettres. On en déduira l’accès direct des informa-tions au cerveau, non pas lettre par lettre mais mot par mot («signe graphique» - termi-nologie de Jean Foucambert).

Premier postulat :– le « tout » est perçu avant ses « parties » (gestalt-thérapie).

Deuxième postulat :– les variations de « signification » d’un élément en fonction d’un « ensemble » distin-

guent le « signifiant » du « signifié », le « signifié » variant en fonction de la structure de « l’ensemble » qui le contient.

Codages courts et codages longsLa lettre n’est qu’un chaînon intermédiaire. L’oeil, indifférent à leurs formes et à leur dimensions ne perçoit que le dessin des mots, leur forme globale. La lettre cède la place à un nouvel ensemble qui devient un « signe graphique » dès le stade de la vision.

Le «signe graphique» peut être un mot seul ou un groupe de mots avec sa ponctuation : virgule, point, guillemet, point d’exclamation, etc.

Le lecteur lent déchiffre environ deux mots par fixation. Le lecteur rapide pourra doubler et même quintupler ce chiffre.

Pour améliorer ses performances, le lecteur pourra utiliser deux moyens :– mettre en jeu une puissance de lecture plus grande, donc percevoir davantage de

mots durant chaque fixation.– rechercher un meilleur rendement, transmettre une information plus riche, par un

meilleur codage du message, une élimination des éléments visuels ou linguistiques parasitaires.

Ces deux voies ne sont pas antagonistes et on pourra les associer chez tout bon lecteur.

Codage par groupe de motsUn lecteur normal perçoit un texte mot par mot. Ce processus permet une codification plus économique, donc une lecture plus efficace.

Mais si on allonge ce codage en passant du mot au groupe de mots (signe graphique), puis à la phrase, le perte de rendement (la redondance) est à nouveau réduite.

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L’écrétage du texteC’est une technique de réduction d’un message. Il n’agit pas de la même façon sur les différents aspects du message dénaturant peu les uns,détruisant presque intégralement les autres. L’écrêtage est un filtre qui laisse passer, subsister l’information de manière sémantique, tandis qu’il retient, supprime l’information esthétique.

Exemples d’écrétage et de lisibilité :

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Les textes en bas de casse sont plus lisibles que les capitales

L’objectif de la lecture efficace est de faire acquérir aux lecteurs les notions principales de la lecture efficace. Avec une approche méthodologique des théories sur la fixation visuelle, et de nombreux exercices pratiques, il s’agira, après quelques entraînements person-nels et en formation, de leur venir en aide dans leurs techniques de recherche d’emploi, entre autres le repérage précis dans la recherche des rubriques dans les pages de petites annonces, le décryp-tage et la localisation des informations recherchées. Il s’agit aussi de leur ap-porter des facilités complémentaires à la lecture des ouvrages qu’ils auront à utiliser dans l’exercice de leur profes-sion, de développer leurs capacités de compréhension et d’analyse au cours d’études et de recherches dans leur ca-dre professionnel, de développer leur

L’OBJECTIF DE LA LECTURE EFFICACE EST DE FAIRE ACQUÉRIR AUX LECTEURS LES NOTIONS PRINCIPALES DE LA LEC-TURE EFFICACE. AVEC UNE APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE DES THÉORIES SUR LA FIXATION VISUELLE, ET DE NOM-BREUX EXERCICES PRATIQUES, IL S’AGI-RA, APRÈS QUELQUES ENTRAÎNEMENTS PERSONNELS ET EN FORMATION, DE LEUR VENIR EN AIDE DANS LEURS TECH-NIQUES DE RECHERCHE D’EMPLOI, EN-TRE AUTRES LE REPÉRAGE PRÉCIS DANS LA RECHERCHE DES RUBRIQUES DANS LES PAGES DE PETITES ANNONCES, LE DÉCRYPTAGE ET LA LOCALISATION DES INFORMATIONS RECHERCHÉES. IL S’AGIT AUSSI DE LEUR APPORTER DES FACILITÉS COMPLÉMENTAIRES À LA LEC-TURE DES OUVRAGES QU’ILS AURONT À UTILISER DANS L’EXERCICE DE LEUR PROFESSION, DE DÉVELOPPER LEURS

Redondance linguistique du texteLes lecteurs rapides sont, en général, des sujets cultivés. Leurs métiers ou leurs goûts les conduisent à pratiquer la lecture. C’est leur vocabulaire plus étendu qui leur permet d’évi-ter les ralentissements provoqués par le déchiffrage des mots peu ou mal connus. Leurs connaissances, mêmes intuitives, des structures du langage constitue aussi un facteur de vitesse important.

Parmi les différents mots d’une phrase, une partie est choisie librement par l’auteur, l’autre est déterminée par les structures du langage. Ils n’apportent donc aucune information ori-ginale et constituent un élément de redondance du texte lu.

Selon Noam Chomsky, (linguiste, in « structures syntaxiques », Le Seuil, 1969) nous choi-sissons au début de chaque phrase un schéma d’ensemble squelettique : un « noyau » de quelques mots qui sera à l’origine d’une structure arborescente basée sur la représenta-tion que l’on se fera du style de l’auteur, de la fréquence des mots et tournures de phrases revenant fréquemment. On a constaté une «redondance» d’environ 55% du Français.

Bien entendu, un lecteur cultivé réussira mieux ces épreuves de reconstitution de texte avec coupures.

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Écrêtage psychologique du texteIl est possible que certains mots ou groupes de mots dénués d’intérêts ou chargés de significations négatives pour le lecteur ne soient pas perçus par lui.

Nous tombons là dans la psychologie de la perception. Les réponses données par des sujets lors d’expérimentations montraient des réponses en rapport avec leurs caractéris-tiques psychiques, démontrant qu’ils retenaient ce qu’il leur était agréable et qu’ils occul-taient ce qui les choquait. Il faut alors se méfier à ne pas dénaturer le texte même et donc lui supprimer tout son sens.

Vers une super-lecture ?Jean Foucambert (Chercheur à l’INRS, créateur de l’AFL, Association Française de Lecture), introduit deux processus fondamentaux et indissociables dans la pratique de la lecture : l’identification et l’anticipation.

Dans l’identification, le lecteur a en mémoire sa propre ressource de mots, ses acquis personnels, plus ou moins importants selon sa culture : « Il est capable d’associer instan-tanément une signification à une forme ou à un ensemble de formes écrites ».

Dans l’anticipation, le lecteur anticipe le «signe graphique» suivant le contexte, le sens et aussi sa propre sensibilité : exemple d’un mot hors du sens dans une phrase.

L’identification et l’anticipation portent sur les significations des mots entre eux. C’est leur organisation qui donne le sens. Un mot écrit n’est qu’une représentation du signifié parmi toutes celles qu’il peut avoir. Ce sont ces codages que nous retenons et qui nous servent de balises. Le lecteur n’est jamais passif, mais créatif. La projection qu’il fera à partir de la lecture sera fonction de son cadre de références, de sa sensibilité, de son vécu, de sa culture, avec son mode de fonctionnement.

« La lecture est un équilibre entre le processus d’identification des mots qu’on ne peut guère prévoir donc qui informent, et le processus de vérification de l’anticipation des mots qu’on peut prévoir, mais qui informent moins ».

L’anticipation n’est pas réservée aux lecteurs rapides. Elle existe par elle-même, sinon la lecture ne serait pas. C’est bien là que se situent les difficultés des mauvais lecteurs : dé-chiffrer est leur but unique, au détriment de l’anticipation et donc du sens.

Il faut aussi prendre en considération les effets de la mémoire immédiate qui ne peut retenir que trois à quatre mots au maximum.

Le dernier mot chasse l’autre.

Si on ne lui a pas donné de sens, il disparaît, et sans représentation mentale de ces mots ou de ces « signes graphiques », on n’aura rien retenu !

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Si l’assemblage des mots lus n’a pas pris de signification, si tous ensemble ils ne signifient rien pour le lecteur, son acte de lecture n’aura servi à rien.

« Dès lors, le lecteur va au devant des mots nouveaux avec cette signification, et les mots nouveaux s’incorporent à elle, la transforment et en font une nouvelle signifi-cation qui demeurent tant qu’ils disparaissent, etc. ».

« La possibilité d’extraire une signification et de parvenir à une compréhension diffè-rent donc totalement selon que l’on questionne quatre lettres ou douze mots. Parado-xalement, on voit que la facilité n’est pas du côté des éléments simples ».

ON NE PEUT IGNORER CE FAIT LORSQU’ON EST EN SITUATION D’APPRENTISSAGE!...

L’oeil adapte plus ou moins consciemment son fonctionnement au type de texte lu, en vue d’aller rechercher les informations.

On ne lit pas de la même manière Balzac, le Parisien, le Monde ou un livre sur la physique nucléaire. Le but recherché est le maximum d’efficacité.

A partir de là et des techniques «d’écrêtage» et d’anticipation déjà vues, on peut, avec un peu d’entraînement, augmenter sensiblement sa vitesse de lecture.

Puis, ensuite d’après le début d’une phrase, voir tout de suite si elle a de l’intérêt pour ce que l’on cherche. Sinon, on sautera à la phrase suivante.

Le « repérage » est la recherche de ce qui constituera la clé de l’information recherchée (« signe graphique clé »). Il faut malgré tout avoir de bonnes notions de la lecture mot à mot.

L’oeil balaie la surface imprimée. Lorsqu’il y a superposition du «signe graphique clé», et de son image mentale, le lecteur entame le processus de lecture.

Lecture d’écrémage sélectiveL’oeil va à la recherche d’autres «points d’ancrage». C’est une combinaison de «l’écrêtage» et de « l’écrémage ». Il prend en compte des facteurs visuels de style : majuscules au début des phrases, ponctuation, textes en gras ou en italique, en majuscules, qui permettent de hiérarchiser le texte.

Ces « points d’ancrage » définissent deux alternatives :– passage sans intérêt : l’oeil continue son balayage de prospection.– passage intéressant : l’oeil entame un processus «d’écrémage»,

jusqu’à lecture complète.

Il y a parfois des erreurs de progression dans la lecture. Si le sens apparaît confus, même en contradiction avec l’idée directrice, l’oeil va revenir en arrière afin de mieux reconnaî-tre et de trouver les compléments d’information. C’est le processus de « feedback » ou « rétroaction ».

Il faut procéder avec flexibilité et adapter sa vitesse de lecture en fonction de la difficulté du texte lu. Il ne sert à rien de lire vite sans compréhension.

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Lecture à une ou deux dimensionsC’est une mutation par rapport aux autres modes de lecture. les phrases ou les paragra-phes ne se lisent plus chronologiquement. L’oeil ne se propulse plus de droite à gauche, mais de façon aléatoire à la recherche des informations. Il établit des ponts de liaison mentale entre plusieurs concepts et le cerveau établit les synthèses.

« Penser, c’est se souvenir » : le secret de l’intelligence est-il celui de la mémoire?

Niveau de mémoire immédiate :– Exemple des numéros de téléphone,– Mise en cohérence de la programmation des gestes

Mémoire à moyen et long terme :– Fonctionne de quelques heures à une vie entière.

Qu’est-ce qu’un mot ?Est-ce un segment arbitraire de la chaîne parlée?A l’écoute, on entend les mots, pas les lettres!La réception d’un même mot vient s’inscrire dans la mémoire; donc, le délai d’identifica-tion de chaque mot dépend de sa fréquence dans la mémoire.Le mot «maman» se déchiffre plus vite que «oxyribonucléique».Les mécanismes d’intégration linguistique du cerveau fonctionneraient donc par empilage. La fonction de reconnaissance se ferait donc selon la constitution statique de la «banque mémoire» qui s’est constituée petit à petit selon les messages reçus.Les lecteurs rapides retiennent mieux que les lecteurs lents :

La mémoire immédiate assure la fonction de repérage signifiant et parfois esthétique du texte lu, que ce soit un mot au même groupe de mots (« signe graphique »).– Empan : capacité de rétention des informations en mémoire immédiate une fois que

le sens a été donné. Il permet de nous souvenir des premiers mots de la phrase ou d’un portion de phrase pour lui donner ou garder le sens;

– Image mentale : l’oeil balaie la surface imprimée. Lorsqu’il y a superposition du « Signe graphique clé» et de son image mentale, le processus de lecture débute.

La création du sens global prend le nom de « pattern ».

La capacité de mémoire immédiate d’un lecteur rapide est supérieure à celle d’un lecteur lent.Le lecteur trop lent, arrivé à la fin d’une phrase ne se souvient plus du début par manque de repères linguistiques (« banque mémoire ») et donc de fil conducteur pour saisir le sens, provoquer des enchaînements et des associations cohérents.La lecture se fait donc en trois temps :– Premier temps : répertorisation des mots et groupes de mots.– Deuxième temps : signification sémantique.– Troisième temps : la mémoire à court terme transfère les informations à la mémoire

à long terme.

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Donc, c’est avec l’amélioration de l’entrelacement de ces trois temps que l’on arrivera à la lecture intégrale qui permettra la confrontation et la conjonction d’éléments, venant de plusieurs phrases, indépendants les uns des autres linguistiquement d’où un raisonne-ment plus riche et plus complexe.

«Car toute la page est vraie en même temps».

On en tirera donc quatre nouveaux postulats :1. au signe initial, «la lettre», est substitué le mot ou groupe de mots (« signe graphi-

que »), puis le pattern, symbole cérébral adapté à notre structure de mémoire,2. un écrêtage visuel élimine les éléments redondants de la matière visuelle du texte,3. un autre écrêtage, chez le bon lecteur, atténue ou élimine les éléments redondants

comme les mots inutiles à la compréhension du texte,4. La compréhension et la mémorisation du texte sont limitées par la capacité de la mé-

moire à court terme.

Visibilité et lisibilité :– La vitesse de lecture croit avec la lisibilité,– La compréhension croit avec la lisibilité,– La mémorisation croit avec la lisibilité,– La fatigue décroît avec la lisibilité.Les effets de fatigue oculaire commencent à se faire sentir au bout de trente minutes.Deux facteurs influent sur la performance du lecteur :– sa vitesse de lecture,– sa mémorisation.

Dimension du signe :

La dimension du signe n’influe pas sur la vitesse de lecture (du 7 au 14, ou plus).

Formule de lisibilité :

Or, en général, le plus petit corps disponible et utilisable étant le corps 5, cela nous laisse une grande latitude d’utilisation.

Donc :– composer vos textes dans un corps minimum de sept points.– ne pas exagérer la longueur ou l’étroitesse des lignes.

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Conclusion : le su de lucidité (Gustave Guillaume)

Vous ne devrez pas oublier que la lecture est un travail d’équipe. Celui qui crée le texte et celui qui le lit. On est alternativement l’un et l’autre. Comme dans toute chose, c’est le respect de l’autre qui prime.Le souci premier de l’écrivain, du rédacteur, du typographe, du graphiste et de l’éditeur est de faire passer un « contenu » dans un « contenant » qui doit être le plus agréable et le plus lisible possible.

Il s’agit là des seules règles de lisibilité que l’on peut édicter.

Bibliographie :Jean Foucambert - La manière d’être lecteur, Bibliothèque Richaudeau, Albin Michel,François Richaudeau - Méthode de lecture rapide, Retz,François Richaudeau - La lisibilité, Denoël,François Richaudeau - L’écriture efficace, RetzFrançois Richaudeau - Des mots, des neurones et des pixels, Ateliers Perrousseaux,Adrian Frutiger - L’homme et ses signes, Ateliers Perrousseaux,Charline Licette - Le guide de la lecture rapide et efficace, Studirama,Jean Cloutier - Petit traité de communication, Télémédiatique, Québec, Canada,Jérôme Peignot - De l’écriture à la typographie, Idées, NRF.

Nombre de mots

Nombre de signes

Temps de lecture

Nombre de mots à la minute

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