infection à helicobacter pylori révélée par une polyarthrite chronique fébrile : à propos...

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67 e congrès de la Société nationale franc ¸ aise de médecine interne – 5, 6 et 7 juin 2013, Marseille / La Revue de médecine interne 34S (2013) A85–A186 A97 troubles la marche apparaissent neuf jours après. La patiente est hospitalisée 15 jours après le début de l’éruption cutanée. L’examen retrouve une apyrexie, des lésions vésiculeuses nécrotiques dif- fuses, prédominant aux paumes et plantes avec desquamation en doigts de gant réalisant un « syndrome papulo-purpurique en gants et chaussettes », un énanthème, une faiblesse des membres inférieurs avec marche impossible, une abolition des réflexes ostéotendineux aux membres inférieurs, une ataxie propriocep- tive. Il existe des adénopathies non centimétriques dans les aires ganglionnaires superficielles. La biologie retrouve une hyponatré- mie à 117 mmol/L, un syndrome inflammatoire. L’analyse du LCR retrouve une dissociation albumino-cytologique (protéinorachie à 0,87 g/L, aucun élément). La recherche d’anticorps anti-GM1 est négative. L’électromyogramme élimine une atteinte axonale. La patiente rec ¸ oit des immunoglobulines polyvalentes intraveineuses (0,4 mg/kg par jour pendant cinq jours). L’évolution sera lentement favorable avec cicatrisation des lésions cutanées et reprise pro- gressive de la marche. Le suivi à 14 mois montre une autonomie parfaite et une abolition isolée des réflexes des membres inférieurs. Le bilan infectieux élimine : une syphilis, une infection par C. jejuni, par le HIV, par le parvovirus B19, par un virus du groupe herpès ou par un entérovirus. La sérologie Toscana virus par technique d’immunofluorescence montre une positivité forte en IgM, repro- ductible sur un deuxième échantillon. La recherche de RNA viral dans le sang et dans le LCR est négative. Deux mois après les IgM disparaissent et apparaissent des IgG spécifiques qui perdurent à distance. Cas 2.– Un Brésilien âgé de 18 ans, lors de son premier voyage dans le sud de la France à la mi-juillet, présente en trois jours des paresthésies des extrémités, puis une fatigabilité musculaire conduisant à son hospitalisation. À l’examen, il est retrouvé une faiblesse musculaire aux membres inférieurs, une aréflexie géné- ralisée et un ptosis à gauche. Le scanner cérébral avec injection est normal. L’électromyogramme montre une démyélinisation sans argument pour une myasthénie. L’analyse du LCR montre un liquide stérile, aucun élément et une protéinorachie à 0,46 g/L. Il n’y a pas de syndrome inflammatoire. Les anticorps anti-GM1 et anti-GQ1b sont retrouvés positifs. Le patient rec ¸ oit des immuno- globulines polyvalentes intraveineuses (0,4 mg/kg par jour pendant cinq jours). En quelques jours il est noté la récupération de la marche permettant sa sortie. Le bilan infectieux élimine : une syphilis, une infection par le HIV, par le parvovirus B19, par un virus du groupe herpès ou par un entérovirus. La sérologie Tos- cana virus par technique d’immunofluorescence est positive en IgM. La recherche de RNA viral dans le sang et dans le LCR est négative. Discussion.– Dans le premier cas l’apparition d’une séroconver- sion permet d’affirmer le diagnostic d’infection à TOSV. Un tableau cutané a pu être rapporté dans la littérature. Dans le deuxième cas, malgré l’impossibilité de suivre la sérologie dans le temps, la pro- babilité d’une primo-infection à Toscana virus est forte : patient non originaire du bassin méditerranéen éliminant une fausse posi- tivité de la sérologie, présence d’IgM, séjour en période épidémique. Dans les deux cas, la recherche de RNA spécifique par technique de realtime RT-PCR est négative. Cette recherche a eu lieu après la phase virémique alors que le tableau neurologique était installé. Le SGB est une manifestation neurologique inflammatoire secon- daire à une réaction immunitaire croisée (concept de mimétisme moléculaire). Conclusion.– Le Toscana virus peut entraîner des manifestations cliniques plus variées que celles décrites initialement : syndrome grippal, méningite ou encéphalite. Pathogène émergent du pour- tour méditerranéen, il mérite donc d’être recherché devant tout tableau infectieux en période estivale. Pour en savoir plus Sanbonmatsu-Gamez S, et al. Emerg Inf Dis 2009;15:347–8. Yuki N, et al. N Engl J Med 2012;366:2294–304. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.029 CA025 Infection à Helicobacter pylori révélée par une polyarthrite chronique fébrile : à propos d’un cas H. Bouziane , M. Moudatir , K. Echchilali , F.Z. Alaoui , H. El Kabli Médecine interne, CHU Ibn-Rochd„ Casablanca, Maroc Introduction.– Helicobacter pylori est un bacille Gram négatif qui colonise le tractus digestif. Exceptionnellement il peut être respon- sable d’arthrites réactionnelles. Nous en rapportons un cas. Patients et méthodes.– Une patiente de 21 ans a été hospitalisée pour étiqueter une polyarthrite chronique fébrile avec altération de l’état général. Un examen clinique approfondi, un bilan biologique et radiologique complets ont été réalisés. Résultats et observation.– Une jeune patiente de 21 ans était hospita- lisée pour bilan étiologique une polyarthrite chronique fébrile avec altération de l’état général. L’anamnèse avait trouvé un amaigris- sement de 16 kg en trois mois, une anorexie, des sueurs nocturnes, une dyspnée stade 2 de NYHA, une symptomatologie digestive faite de vomissements et constipation, ainsi qu’une polyarthrite chro- nique fixe et additive touchant les coudes et les épaules. L’examen avait noté une fièvre à recrudescence nocturne, des adénopathies axillaires, et une douleur épigastrique. Il existait un syndrome inflammatoire important (VS à 123, CRP à 218). Les bilans immu- nologiques et infectieux étaient négatifs. L’échographie cardiaque était sans anomalies. Les radiographies des articulations atteintes ne montraient pas de géodes. Le bilan exhaustif à la recherche d’une néoplasie était négatif. La fièvre prolongée restait donc inexpliquée. La fibroscopie digestive haute avec biopsies a montré une gastrite fundique ainsi qu’une antrite nodulaire avec présence d’H. pylori. Un traitement séquentiel de l’HP a été prescrit avec une bonne évo- lution clinique et biologique. Il n’y avait plus de fièvre ni de poussées d’arthrites, l’état général s’était amélioré, la CRP s’était négativée et la VS était descendue à 35. Le diagnostic d’arthrite réactionnelle chronique à H. pylori a été donc retenu. Conclusion.– Bien que l’HP soit responsable de plusieurs autres pathologies : ulcères peptiques gastriques et duodénaux, de can- cers gastriques et lymphomes de type MALT [1] ; il serait incriminé dans plusieurs manifestations systémiques. Aussi on devrait y pen- ser devant toute polyarthrite chronique non étiquetée ou encore toute fièvre prolongée inexpliquée. Référence [1] Defuentes G, et al. Rev Med Interne 2007;28:101. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.030 CA026 Rhumatisme post-streptococcique de l’adulte jeune en Tunisie K. Ben Abdelghani , L. Souabni , A. Ben Tekaya , S. Miladi , S. Kassab , L. Zakraoui Service de rhumatologie, hôpital Mongi Slim, La Marsa, Tunisie Introduction.– Encore fréquent dans les pays en voie de dévelop- pement, le rhumatisme articulaire aigu (RAA) n’est pas seulement une maladie de l’enfant et de l’adolescent mais peut survenir éga- lement chez l’adulte, prenant plutôt l’appellation de rhumatisme post-streptococcique (RPS). En l’absence de critères diagnostiques spécifiques, cette affection demeure de diagnostic difficile. Le but de ce travail était de relever les particularités du RPS vu en Tunisie. Patients et méthodes.– L’étude a porté sur les dossiers des patients âgés de plus de 16 ans et répondant aux critères de Jones du RAA entre 1985 et 2012. Les données épidémiologiques, cliniques et thé- rapeutiques ont été étudiées. Résultats.– Vingt patients ont été inclus (14 femmes). L’âge moyen était de 18,4 ans [16–34]. Dans 12 cas, il s’agissait d’une rechute dont la première poussée était survenue avant l’âge de 16 ans. Le début était articulaire dans tous les cas, à type de polyarthralgie fugace et mobile dans 19 cas et fixe et additive dans un seul cas.

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Page 1: Infection à Helicobacter pylori révélée par une polyarthrite chronique fébrile : à propos d’un cas

67e congrès de la Société nationale francaise de médecine interne – 5, 6 et 7 juin 2013, Marseille / La Revue de médecine interne 34S (2013) A85–A186 A97

troubles la marche apparaissent neuf jours après. La patiente esthospitalisée 15 jours après le début de l’éruption cutanée. L’examenretrouve une apyrexie, des lésions vésiculeuses nécrotiques dif-fuses, prédominant aux paumes et plantes avec desquamationen doigts de gant réalisant un « syndrome papulo-purpurique engants et chaussettes », un énanthème, une faiblesse des membresinférieurs avec marche impossible, une abolition des réflexesostéotendineux aux membres inférieurs, une ataxie propriocep-tive. Il existe des adénopathies non centimétriques dans les airesganglionnaires superficielles. La biologie retrouve une hyponatré-mie à 117 mmol/L, un syndrome inflammatoire. L’analyse du LCRretrouve une dissociation albumino-cytologique (protéinorachie à0,87 g/L, aucun élément). La recherche d’anticorps anti-GM1 estnégative. L’électromyogramme élimine une atteinte axonale. Lapatiente recoit des immunoglobulines polyvalentes intraveineuses(0,4 mg/kg par jour pendant cinq jours). L’évolution sera lentementfavorable avec cicatrisation des lésions cutanées et reprise pro-gressive de la marche. Le suivi à 14 mois montre une autonomieparfaite et une abolition isolée des réflexes des membres inférieurs.Le bilan infectieux élimine : une syphilis, une infection par C. jejuni,par le HIV, par le parvovirus B19, par un virus du groupe herpèsou par un entérovirus. La sérologie Toscana virus par techniqued’immunofluorescence montre une positivité forte en IgM, repro-ductible sur un deuxième échantillon. La recherche de RNA viraldans le sang et dans le LCR est négative. Deux mois après les IgMdisparaissent et apparaissent des IgG spécifiques qui perdurent àdistance.Cas 2.– Un Brésilien âgé de 18 ans, lors de son premier voyagedans le sud de la France à la mi-juillet, présente en trois joursdes paresthésies des extrémités, puis une fatigabilité musculaireconduisant à son hospitalisation. À l’examen, il est retrouvé unefaiblesse musculaire aux membres inférieurs, une aréflexie géné-ralisée et un ptosis à gauche. Le scanner cérébral avec injectionest normal. L’électromyogramme montre une démyélinisation sansargument pour une myasthénie. L’analyse du LCR montre unliquide stérile, aucun élément et une protéinorachie à 0,46 g/L. Iln’y a pas de syndrome inflammatoire. Les anticorps anti-GM1 etanti-GQ1b sont retrouvés positifs. Le patient recoit des immuno-globulines polyvalentes intraveineuses (0,4 mg/kg par jour pendantcinq jours). En quelques jours il est noté la récupération de lamarche permettant sa sortie. Le bilan infectieux élimine : unesyphilis, une infection par le HIV, par le parvovirus B19, par unvirus du groupe herpès ou par un entérovirus. La sérologie Tos-cana virus par technique d’immunofluorescence est positive enIgM. La recherche de RNA viral dans le sang et dans le LCR estnégative.Discussion.– Dans le premier cas l’apparition d’une séroconver-sion permet d’affirmer le diagnostic d’infection à TOSV. Un tableaucutané a pu être rapporté dans la littérature. Dans le deuxième cas,malgré l’impossibilité de suivre la sérologie dans le temps, la pro-babilité d’une primo-infection à Toscana virus est forte : patientnon originaire du bassin méditerranéen éliminant une fausse posi-tivité de la sérologie, présence d’IgM, séjour en période épidémique.Dans les deux cas, la recherche de RNA spécifique par technique derealtime RT-PCR est négative. Cette recherche a eu lieu après laphase virémique alors que le tableau neurologique était installé.Le SGB est une manifestation neurologique inflammatoire secon-daire à une réaction immunitaire croisée (concept de mimétismemoléculaire).Conclusion.– Le Toscana virus peut entraîner des manifestationscliniques plus variées que celles décrites initialement : syndromegrippal, méningite ou encéphalite. Pathogène émergent du pour-tour méditerranéen, il mérite donc d’être recherché devant touttableau infectieux en période estivale.Pour en savoir plusSanbonmatsu-Gamez S, et al. Emerg Inf Dis 2009;15:347–8.Yuki N, et al. N Engl J Med 2012;366:2294–304.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.029

CA025Infection à Helicobacter pylori révélée par unepolyarthrite chronique fébrile : à propos d’un casH. Bouziane , M. Moudatir , K. Echchilali , F.Z. Alaoui , H. El KabliMédecine interne, CHU Ibn-Rochd„ Casablanca, Maroc

Introduction.– Helicobacter pylori est un bacille Gram négatif quicolonise le tractus digestif. Exceptionnellement il peut être respon-sable d’arthrites réactionnelles. Nous en rapportons un cas.Patients et méthodes.– Une patiente de 21 ans a été hospitaliséepour étiqueter une polyarthrite chronique fébrile avec altération del’état général. Un examen clinique approfondi, un bilan biologiqueet radiologique complets ont été réalisés.Résultats et observation.– Une jeune patiente de 21 ans était hospita-lisée pour bilan étiologique une polyarthrite chronique fébrile avecaltération de l’état général. L’anamnèse avait trouvé un amaigris-sement de 16 kg en trois mois, une anorexie, des sueurs nocturnes,une dyspnée stade 2 de NYHA, une symptomatologie digestive faitede vomissements et constipation, ainsi qu’une polyarthrite chro-nique fixe et additive touchant les coudes et les épaules. L’examenavait noté une fièvre à recrudescence nocturne, des adénopathiesaxillaires, et une douleur épigastrique. Il existait un syndromeinflammatoire important (VS à 123, CRP à 218). Les bilans immu-nologiques et infectieux étaient négatifs. L’échographie cardiaqueétait sans anomalies. Les radiographies des articulations atteintesne montraient pas de géodes. Le bilan exhaustif à la recherche d’unenéoplasie était négatif. La fièvre prolongée restait donc inexpliquée.La fibroscopie digestive haute avec biopsies a montré une gastritefundique ainsi qu’une antrite nodulaire avec présence d’H. pylori.Un traitement séquentiel de l’HP a été prescrit avec une bonne évo-lution clinique et biologique. Il n’y avait plus de fièvre ni de pousséesd’arthrites, l’état général s’était amélioré, la CRP s’était négativée etla VS était descendue à 35.Le diagnostic d’arthrite réactionnelle chronique à H. pylori a étédonc retenu.Conclusion.– Bien que l’HP soit responsable de plusieurs autrespathologies : ulcères peptiques gastriques et duodénaux, de can-cers gastriques et lymphomes de type MALT [1] ; il serait incriminédans plusieurs manifestations systémiques. Aussi on devrait y pen-ser devant toute polyarthrite chronique non étiquetée ou encoretoute fièvre prolongée inexpliquée.Référence[1] Defuentes G, et al. Rev Med Interne 2007;28:101.

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2013.03.030

CA026Rhumatisme post-streptococcique de l’adultejeune en TunisieK. Ben Abdelghani , L. Souabni , A. Ben Tekaya , S. Miladi ,S. Kassab , L. ZakraouiService de rhumatologie, hôpital Mongi Slim, La Marsa, Tunisie

Introduction.– Encore fréquent dans les pays en voie de dévelop-pement, le rhumatisme articulaire aigu (RAA) n’est pas seulementune maladie de l’enfant et de l’adolescent mais peut survenir éga-lement chez l’adulte, prenant plutôt l’appellation de rhumatismepost-streptococcique (RPS). En l’absence de critères diagnostiquesspécifiques, cette affection demeure de diagnostic difficile. Le butde ce travail était de relever les particularités du RPS vu en Tunisie.Patients et méthodes.– L’étude a porté sur les dossiers des patientsâgés de plus de 16 ans et répondant aux critères de Jones du RAAentre 1985 et 2012. Les données épidémiologiques, cliniques et thé-rapeutiques ont été étudiées.Résultats.– Vingt patients ont été inclus (14 femmes). L’âge moyenétait de 18,4 ans [16–34]. Dans 12 cas, il s’agissait d’une rechutedont la première poussée était survenue avant l’âge de 16 ans. Ledébut était articulaire dans tous les cas, à type de polyarthralgiefugace et mobile dans 19 cas et fixe et additive dans un seul cas.