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Histoire des Arts Témoigner de l’univers concentrationnaire nazi Si c’est un homme de Primo Levi I Je présente et je situe l’œuvre et son auteur Primo Levi (1919-1987), juif italien de naissance, docteur en chimie, est emprisonné en 1944 à Monowitz en Pologne (un des trois camps du complexe concentrationnaire et de mise à mort d’Auschwitz) où il devient le matricule 174517. Il est affecté dans une usine de caoutchouc au Arbeitslager de la Buna à Monowitz où il obtient grâce à sa formation professionnelle de scientifique un poste relativement privilégié d'assistant de laboratoire. En 1945, alors qu'il a échappé aux marches de la mort à cause d'une scarlatine qui l'oblige à rester dépérir dans le bloc infirmier du camp, il est libéré par l'Armée Rouge (ancien nom de l'armée russe) Après sa libération en 1945, les alliés demandent à Primo Levi de constituer un rapport technique sur le camp d'extermination d'Auschwitz et son fonctionnement, avec l'aide d'un autre déporté. Ce rapport ainsi qu'un brouillon rédigé à l'intérieur même du camp durant sa détention serviront de point de départ pour l'écriture de Si c'est un homme (Se questo è un uomo en version originale italienne). Dans son œuvre, Primo Levi décrit sans détour la vie dans les camps, les moyens de survie et les méthodes misent en place visant à la déshumanisation totale des déportés. Il considère que survivre et témoigner sont inextricablement liés. Le mot-clef « comprendre » est central dans ce livre. Pour l'écriture de Si c'est un homme , l'auteur s'est appuyé sur de nombreux témoignages, et de discussions lors de réunions d'anciens déportés. Très affecté par la montée du révisionnisme et de l’indifférence, souffrant d'une dépression liée au syndrome du survivant (culpabilisation...), il se donne la mort le 11 avril 1987. Sur sa tombe sont inscrits son nom et 174517, son matricule à Auschwitz. Si c'est un homme parait en 1947 à 2500 exemplaires et passe inaperçu. Ce n'est que lors de la sortie de son deuxième livre la Trêve en 1963 (racontant le voyage accompli par Primo Levi depuis la libération d’Auschwitz jusqu’à son retour à Turin, le 19 octobre 1945) que Primo Levi est remarqué et que Si c'est un homme est enfin reconnu. L'œuvre de Primo Levi fut traduite en allemand en 1991, soit quarante-quatre ans après sa parution originale. La France quant à elle ne permit une traduction française qu'à partir de 1987. 1) Présente le document à analyser : nature, genre, date de rédaction et de publication, résumé bref du livre, et explication du contexte de l’extrait à analyser. 2) Rédige une brève biographie de Primo Levi pour présenter l’auteur et indique quel élément de sa biographie a motivé cette œuvre. II Je présente et comprends le contexte de l’œuvre 3) Lis l’extrait de la préface reproduit ici ainsi que le poème en exergue du livre et explique le titre Si c’est un homme. PRÉFACE J'ai eu la chance de n'être déporté à Auschwitz qu'en 1944, alors que le gouvernement allemand, en raison de la pénurie croissante de main-d’œuvre, avait déjà décidé d'allonger la moyenne de vie des prisonniers à éliminer, améliorant sensiblement leurs conditions de vie et suspendant provisoirement les exécutions arbitraires individuelles. Aussi, en fait de détails atroces, mon livre n'ajoutera-t-il rien à ce que les lecteurs du monde entier savent déjà sur l'inquiétante question des camps d'extermination. Je ne l'ai pas écrit dans le but d'avancer de nouveaux chefs d'accusation, mais plutôt pour fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine. Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que "l'étranger, c'est l'ennemi". Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente ; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y a le Lager ; c'est-à-dire le produit d'une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse ; tant que la conception a cours, les conséquences nous menacent. Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme. Je suis conscient des défauts de structure de ce livre, et j'en demande pardon au lecteur. En fait, celui-ci était déjà écrit, sinon en acte, du moins en intention et en pensée dès l'époque du Lager. Le besoin de raconter aux "autres", de faire participer les "autres", avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence impérieuse d'une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires ; c'est pour répondre à un tel besoin que j'ai écrit mon livre ; c'est avant tout en vue d'une libération intérieure. De là son caractère fragmentaire : les chapitres en ont été rédigés, non pas selon un déroulement logique, mais par ordre d'urgence. Le travail de liaison, de fusion, selon un plan déterminé, n'est intervenu qu'après. Il me semble inutile d'ajouter qu'aucun des faits n'y est inventé. Primo Levi, Turin, janvier 1947.

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Histoire des Arts Témoigner de l’univers concentrationnaire nazi Si c’est un homme de Primo Levi

I – Je présente et je situe l’œuvre et son auteur

Primo Levi (1919-1987), juif italien de naissance, docteur en chimie, est emprisonné en 1944 à Monowitz

en Pologne (un des trois camps du complexe concentrationnaire et de mise à mort d’Auschwitz) où il devient le matricule 174517. Il est affecté dans une usine de caoutchouc au Arbeitslager de la Buna à Monowitz où il obtient grâce à sa formation professionnelle de scientifique un poste relativement privilégié d'assistant de laboratoire. En 1945, alors qu'il a échappé aux marches de la mort à cause d'une scarlatine qui l'oblige à rester dépérir dans le bloc infirmier du camp, il est libéré par l'Armée Rouge (ancien nom de l'armée russe)

Après sa libération en 1945, les alliés demandent à Primo Levi de constituer un rapport technique sur le camp d'extermination d'Auschwitz et son fonctionnement, avec l'aide d'un autre déporté. Ce rapport ainsi qu'un brouillon rédigé à l'intérieur même du camp durant sa détention serviront de point de départ pour l'écriture de Si c'est un homme (Se questo è un uomo en version originale italienne).

Dans son œuvre, Primo Levi décrit sans détour la vie dans les camps, les moyens de survie et les méthodes misent en place visant à la déshumanisation totale des déportés. Il considère que survivre et témoigner sont inextricablement liés. Le mot-clef « comprendre » est central dans ce livre. Pour l'écriture de Si c'est un homme, l'auteur s'est appuyé sur de nombreux témoignages, et de discussions lors de réunions d'anciens déportés. Très affecté par la montée du révisionnisme et de l’indifférence, souffrant d'une dépression liée au syndrome du survivant (culpabilisation...), il se donne la mort le 11 avril 1987. Sur sa tombe sont inscrits son nom et 174517, son matricule à Auschwitz.

Si c'est un homme parait en 1947 à 2500 exemplaires et passe inaperçu. Ce n'est que lors de la sortie de son deuxième livre la Trêve en 1963 (racontant le voyage accompli par Primo Levi depuis la libération d’Auschwitz jusqu’à son retour à Turin, le 19 octobre 1945) que Primo Levi est remarqué et que Si c'est un homme est enfin reconnu. L'œuvre de Primo Levi fut traduite en allemand en 1991, soit quarante-quatre ans après sa parution originale. La France quant à elle ne permit une traduction française qu'à partir de 1987.

1) Présente le document à analyser : nature, genre, date de rédaction et de publication, résumé bref du livre, et explication du contexte de l’extrait à analyser. 2) Rédige une brève biographie de Primo Levi pour présenter l’auteur et indique quel élément de sa biographie a motivé cette œuvre.

II – Je présente et comprends le contexte de l’œuvre 3) Lis l’extrait de la préface reproduit ici ainsi que le poème en exergue du livre et explique le titre Si c’est un homme. PRÉFACE

J'ai eu la chance de n'être déporté à Auschwitz qu'en 1944, alors que le gouvernement allemand, en raison de la pénurie croissante de main-d’œuvre, avait déjà décidé d'allonger la moyenne de vie des prisonniers à éliminer, améliorant sensiblement leurs conditions de vie et suspendant provisoirement les exécutions arbitraires individuelles. Aussi, en fait de détails atroces, mon livre n'ajoutera-t-il rien à ce que les lecteurs du monde entier savent déjà sur l'inquiétante question des camps d'extermination. Je ne l'ai pas écrit dans le but d'avancer de nouveaux chefs d'accusation, mais plutôt pour fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine. Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que "l'étranger, c'est l'ennemi". Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente ; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y a le Lager ; c'est-à-dire le produit d'une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse ; tant que la conception a cours, les conséquences nous menacent. Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme. Je suis conscient des défauts de structure de ce livre, et j'en demande pardon au lecteur. En fait, celui-ci était déjà écrit, sinon en acte, du moins en intention et en pensée dès l'époque du Lager. Le besoin de raconter aux "autres", de faire participer les "autres", avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence impérieuse d'une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires ; c'est pour répondre à un tel besoin que j'ai écrit mon livre ; c'est avant tout en vue d'une libération intérieure. De là son caractère fragmentaire : les chapitres en ont été rédigés, non pas selon un déroulement logique, mais par ordre d'urgence. Le travail de liaison, de fusion, selon un plan déterminé, n'est intervenu qu'après. Il me semble inutile d'ajouter qu'aucun des faits n'y est inventé. Primo Levi, Turin, janvier 1947.

III- Je resitue l’œuvre dans le thème choisi « témoigner de l’univers concentrationnaire

nazi »

4) Je définis rapidement l’expression « témoigner de l’univers concentrationnaire nazi ». 5) J’explique en quoi l’extrait de Si c’est un homme à analyser (cf. p2) s’inscrit dans cette

thématique.

IV- J’analyse l’œuvre : Dans le chapitre 2 du récit, intitulé "Le Fond", Primo Levi décrit l'arrivée au camp et la manière dont les hommes sont dépouillés de tout.

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Au signal de la cloche, on a entendu la rumeur du camp qui s'éveille dans l'obscurité. D'un seul coup, l'eau jaillit des conduites, bouillante...Cinq minutes de béatitude. Mais aussitôt après quatre hommes (les barbiers de tout à l'heure, peut-être) font irruption et tout trempés et fumants, nous poussent à grand renfort de coups et de hurlements dans la pièce glacée qui se trouve à côté ; là, d'autres individus vociférants nous jettent à la volée des nippes indéfinissables et nous flanquent entre les mains une paire de godillots à semelles de bois ; en moins de temps qu'il n'en faut pour comprendre, nous nous retrouvons dehors dans la neige bleue et glacée de l'aube, trousseau en mains, obligés de courir nus et déchaussés jusqu'à une autre baraque à cent mètres de là. Et là, enfin, on nous permet de nous habiller. Cette opération terminée, chacun est resté dans son coin, sans oser lever les yeux sur les autres. Il n'y a pas de miroir, mais notre image est devant nous, reflétée par cent visages livides, cent pantins misérables et sordides. Nous voici transformés en ces mêmes fantômes entrevus hier soir.

POEME PLACE EN EXERGUE DE SI C'EST UN HOMME

Vous qui vivez en toute quiétude

Bien au chaud dans vos maisons, Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis,

Considérez si c'est un homme Que celui qui peine dans la boue,

Qui ne connaît pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain,

Qui meurt pour un oui ou pour un non. Considérez si c'est une femme

Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux

Et jusqu'à la force de se souvenir, Les yeux vides et le sein froid

Comme une grenouille en hiver. N'oubliez pas que cela fut,

Non, ne l'oubliez pas : Gravez ces mots dans votre cœur. Pensez-y chez vous, dans la rue,

En vous couchant, en vous levant ; Répétez-les à vos enfants.

Ou que votre maison s'écroule, Que la maladie vous accable,

Que vos enfants se détournent de vous.

Primo Levi, 1947

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Alors, pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour exprimer cette insulte : la démolition d'un homme. En un instant, dans une intuition quasi prophétique, la réalité nous apparaît : nous avons touché le fond. Il est impossible d'aller plus bas : il n'existe pas, il n'est pas possible de concevoir condition humaine plus misérable que la nôtre. Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s'ils nous écoutaient, ils ne nous comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste. Nous savons, en disant cela, que nous serons difficilement compris, et il est bon qu'il en soit ainsi. Mais que chacun considère en soi-même toute sa valeur, toute la signification qui s'attache à la plus anodine de nos habitudes quotidiennes, aux mille petites choses qui nous appartiennent et que même le plus humble des mendiants possède : un mouchoir, une vieille lettre, la photographie d'un être cher. Ces choses-là font partie de nous presque autant que les membres de notre corps, et il n'est pas concevable en ce monde d'en être privés, qu'aussitôt nous ne trouvions à les remplacer par d'autres objets, d'autres parties de nous-mêmes qui veillent sur nos souvenirs et les font revivre. Qu'on imagine maintenant un être privé non seulement des êtres qu'il aime, mais de sa maison, de ses habitudes, de ses vêtements, de tout enfin, littéralement de tout ce qu'il possède : ce sera un homme vide, réduit à la souffrance et au besoin, dénué de tout discernement, oublieux de toute dignité : car il n'est pas rare, quand on a tout perdu, de se perdre soi-même ; ce sera un homme dont on pourra décider de la vie ou de la mort le corps léger, sans aucune considération d'ordre humain, si ce n'est, tout au plus, le critère d'utilité. On comprendra alors le double sens du terme "camp d'extermination" et ce que nous entendons par l'expression "toucher le fond". Häftling : j'ai appris que je suis un Häftling. Mon nom est 174 517 ; nous avons été baptisés et aussi longtemps que nous vivrons nous porterons cette marque tatouée sur le bras gauche. Primo Levi, Si c’est un homme, 1947

Lis l’extrait ci-dessus puis réponds aux questions suivantes qui pourront être la trame de ton analyse pendant l’oral de l’HIDA :

6) Résume en quatre phrases l’extrait à analyser ( n’oublie le jour de l’oral de lire un passage de cet extrait puis de la commenter).

La description de l’arrivée au camp et les étapes de la déshumanisation : 7) Quelle personne le narrateur emploie-t-il pour raconter ? Pourquoi ce choix ? 8) Quel est le temps verbal dominant ? Quelles sont ses valeurs ? 9) Dans le second paragraphe, que sont devenus les hommes ? Comment se rendent-ils

compte de leur transformation ? Quel sentiment éprouvent-ils alors ? 10) Que perdent, sur le plan matériel, physique puis moral, tous les hommes qui entrent dans

le camp ? 11) Dans le premier paragraphe, quels mots et structures de phrases traduisent la rapidité de

cette déshumanisation ? Un témoignage collectif : 12) Que vise le système concentrationnaire d'après ce témoignage ? 13) A qui le narrateur s'adresse-t-il aux lignes 24 et 31 ? Quelle est son intention ? Qui prend des allures de manifeste, de garde fou : 14) Que signifie l'expression "touché le fond" (ligne16) ? Combien de fois est-elle répétée ?

Que veut montrer le narrateur ? 15) Relève l’ensemble des mots (lignes 23 à 37) appartenant aux champs lexicaux de

l’argumentation et de la démonstration scientifique. 16) Synthèse : sous la forme d'une réponse construite, précise de quoi témoigne Primo Levi

dans cet extrait et les raisons pour lesquelles il témoigne.

V- Je mets en relation avec d’autres œuvres et je conclus 17) Présente rapidement ces quatre œuvres (auteurs, natures, titres, dates de création et de

parution) 18) J’explique pourquoi elles peuvent être mises en relation avec l’extrait de Si c’est un

homme étudié. Si tu choisis de présenter ce texte sur ta liste d’histoire des arts n’oublie pas de répondre aux deux questions suivantes : Pourquoi as-tu choisi cette œuvre ? En quoi te touche-t-elle ?

Maus de Art Spiegelman : Art Spiegelman est un illustrateur et auteur de bande dessinée américaine, né le 15 février 1948 à

Stockholm (Suède). Figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 1970-1980.

En 1986, il publie le premier volume de « Maus : Un survivant raconte », qui retrace la vie de sa famille

(racontée par son père) pendant l'holocauste. La suite et fin de

cette histoire (« Maus: from Mauschwitz to the Catskills »

édité en français sous le titre Et c'est là que mes ennuis ont

commencé) sort en 1991. L’auteur de Maus est très impliqué par l’histoire qu’il

raconte puisqu’elle renvoie au vécu de son propre père et la

difficulté qu’il a eu à le comprendre. Le discours est très

distancié, chaque épisode est introduit par le propos d’un

témoin. En même temps, la dimension mémorielle est

entièrement assumée. Pour pouvoir transmettre sereinement,

l’auteur utilise un code narratif très abouti. Chaque «

nationalité » est représentée par une race d’animal : les

allemands sont représentés sous la forme de chats, les français

sous la forme de grenouilles, les juifs sous la forme de souris

etc.

Les vivres des morts pour les vivants, huile sur carton, peinte par David Olère :

Nuit et brouillard, film réalisé par Alain Resnais, 1956 :

C’est un film documentaire qui traite de la déportation et des camps de concentration nazis en application des dispositions dites « Nuit et brouillard » (décret du 7 décembre 1941). Le film tire son titre du nom donné aux déportés aux camps de concentration par les nazis, les N.N. (Nacht und Nebel).

Ce film dure trente-deux minutes, c’est un mélange d’archives en noir et blanc et d’images tournées en couleur. Il montre tour à tour comment les lieux des camps de concentration ainsi que le travail d’extermination pouvaient avoir une allure ordinaire, comment cette extermination était organisée de façon rationnelle et sans état d’âme, « technique » en un mot, et comment l’état dans lequel ont été conservés les lieux est loin d’indiquer ce qui jadis s’y perpétrait.

Les images sont accompagnées de la lecture d’un texte de l’écrivain français Jean Cayrol, résistant déporté dans le KZ Mauthausen en 1943. www.wat.tv/video/nuit-brouillard-2-film-alain-2yez5_2fquh_.html Nuit et Brouillard, chanson écrite et interprétée par Jean Ferrat, 1963

Sortie en décembre 1963 sur un album éponyme, cette chanson a été écrite, composée et interprétée

par Jean Ferrat. C’est une chanson en mémoire des victimes des camps de concentration nazis, et en

particulier en mémoire de son père, juif émigré de Russie, mort à Auschwitz. Le titre fait référence à la

directive « Nacht und Nebel » signée en 1941 par Hitler, qui stipule que les personnes représentant une

menace pour le Reich ou l’armée allemande dans les territoires occupés seront condamnées à mort ou

déportés. « Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers/Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés/Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants/Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent … » www.youtube.com/watch?v=3k8VsijdTwo

David Olère 1902-1985

Ancien décorateur de cinéma et affichiste juif, David Olère est un survivant d’Auschwitz où les nazis l’employèrent comme fossoyeur à l’un des crématoires. Il fut l’un des très rares témoins des scènes inhumaines au seuil des chambres à gaz. Après la guerre, il a reproduit dans de nombreux dessins et tableaux ce qui restait enfermé dans sa mémoire comme dans un appareil photographique.