histoire de la république du congo
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Histoire de la République du Congo La République du Congo actuelle est un pays d'Afrique centrale, parfois
appelé Congo-Brazzaville pour le différencier d'avec la République démocratique du
Congo (appelée Congo-Kinshasa pour la même raison). La République du Congo a
aussi été connue sous le nom de République populaire du
Congo de 1969 à 1992 avant de reprendre son nom d'origine.
Période précoloniale
Les premières sources écrites sur la région à laquelle correspond aujourd'hui le territoire de la
République du Congo sont issues des premières explorations européennes. Les Portugais
s'aventurent dans le golfe de Guinée à partir de la fin du XVe siècle ; Diogo Cão atteint
l'embouchure du fleuve Congo en 1482. Il effectue un nouveau voyage deux ans plus tard, au
cours duquel il dit avoir remonté le cours du fleuve sur plus de cent kilomètres, jusqu'aux chutes
de Yellala.
La colonisation française
Premières explorations La colonisation française débute en 1875, date de la première
expédition de Savorgnan de Brazza dans ce territoire. De 1875 à
1878, celui-ci remonte l'Ogooué, puis la Mpassa. En 1880, lors d'un
nouveau voyage, il rencontre le Makoko de Mbé, Iloo, un chef
exerçant son autorité sur des chefs de terres autour de l'Alima et du
fleuve Congo. Savorgnan de Brazza obtient par traité l'autorisation
d'installer une station française à l'endroit où se trouve l'actuelle
Brazzaville. En octobre 1880 le premier établissement français est
donc créé, sur le site de Mfoa sur les rives du fleuve Congo. Au fur
et à mesure de l'expansion coloniale, la France dépêche des
émissaires, qui obtiennent des traités similaires avec les autres
chefs de terre du territoire. Les premiers missionnaires s'installent
dans la région en 1883, à Linzolo (environ 30 kilomètres au sud de
Brazzaville) et Loango (au nord de l'actuelle Pointe-Noire. Un vicariat
apostolique du Congo français est créé en 1886, avec à sa tête Mgr Carrie. En 1903, le Congo
Français devient territoire du Moyen-Congo.
Le territoire du Moyen-Congo
En 1910, le Moyen-Congo fait partie de l'ensemble de colonies du gouvernement général de
l'Afrique-Équatoriale française (AEF), avec l'Oubangui-Chari, actuel Centrafrique et Tchad ; son
chef-lieu est Brazzaville. À partir de ces années, le territoire du Moyen-Congo est livré aux
compagnies concessionnaires, exploitant notamment le caoutchouc, le bois et d'autres produits
tropicaux. Le travail forcé et les mauvais traitements infligés aux habitants de la région suscitent
à plusieurs reprises d'importantes polémiques en métropole. Une commission d'enquête est mise
en place, mais elle ne publie jamais ses conclusions. Les compagnies concessionnaires qui sont
à l'origine de cette exploitation sont, pour les plus importantes : la SCKN. Société
concessionnaire du Kouilou-Niari, la C.C.S.O. Compagnie Concessionnaire de la Sangha-
Oubangui, la CFAO. Comptoirs Français de l'Afrique Occidentale, la SHO-Congo Société de
Haut-Ogoué et du Congo...
L'Afrique-Équatoriale française
En 1910, Pointe-Noire devient capitale du Moyen-Congo, tandis que Brazzaville est capitale de
l'Afrique équatoriale française. En 1911 une première mission hydrographique à partir du Gabon,
dirigée par le lieutenant de vaisseau Audoin, est lancée, pour le tracé d'un chemin de fer en
Afrique centrale, de Brazzaville, et qui arriverait à Libreville.
Ce chemin doit permettre l'évacuation des matières premières des territoires de l'AEF sans trop
de difficultés. Une autre possibilité de tracé est évoquée par le détracteur de l'arrivée à Libreville,
deux arguments à leur avantage, tracé long, et manque d'eaux profondes à Libreville. Le tracé au
sud offre la possibilité de deux baies en eaux profondes et d'être le plus court possible. Il ne reste
qu'à choisir entrePunta Negra - aujourd'hui Pointe-Noire et pointe indienne. Le 13 juillet 1914, est
signé le décret autorisant la construction du chemin de fer et de ses deux ports Brazzaville sur le
fleuve et Punta Negra sur la mer. Le site de Punta Negra est choisi pour le port en mer.
En 1921, est donné le premier coup de pioche des travaux de la construction du chemin de fer et
de ses ports par le gouverneur général Victor Augagneur.
Le bureau régional pour l'Afrique de l'Organisation mondiale de la santé s'installe à Brazzaville en
1952.
Vers l'indépendance
Les premières élections municipales ont lieu en 1956 ; l'abbé Fulbert Youlou est élu maire de
Brazzaville, et Stéphane Tchitchelle maire de Pointe-Noire. L'idée de l'indépendance fait son
chemin, notamment grâce à l'influence du matsouanisme sur les milieux politiques laris du Pool
(l'abbé Youlou revendique l'héritage d'André Matsoua), même si, comme dans le reste de
l'Afrique équatoriale française, elle est moins avancée qu'en Afrique occidentale1. En novembre
1958, à la suite de la loi-cadre de Gaston Defferre de 1956, le territoire du Moyen-Congo devient
la république du Congo ; elle est dotée de l'autonomie, mais non de l'indépendance. Le Congo se
prononce pour l'entrée dans la Communauté, et l'Assemblée nouvellement élue transfère la
capitale à Brazzaville.
La République du Congo de 1960 à 1992
Les premières années du Congo indépendant
Le 15 août 1960, le Congo accède à l'indépendance, comme la plupart des pays colonisés de
l'Afrique noire sous domination française en Afrique, d’abord sous le nom officiel de « République
congolaise » jusqu’en 1965 (pour la distinguer de la première « République du Congo », ex-
Congo belge devenu indépendant peu avant la même année). Depuis cette période de confusion,
les deux pays seront informellement mais couramment désignés avec le nom de leurs capitales
respectives (Congo-Brazzaville pour l’ancien Congo français au nord-ouest du fleuve, et Congo-
Kinshasa pour l’ancien Congo belge), d’autant que le nom des deux pays a changé plusieurs fois.
En 1960, l'abbé Fulbert Youlou, alors premier ministre, devient le premier Président de la
République du Congo. Il reste à ce poste jusqu'en 1963. Au cours des événements des 13, 14 et
15 août 1963 - ces journées sont appelées les « Trois Glorieuses » - l'abbé Youlou, est contraint
à la démission sous la pression des syndicalistes. Le général de Gaulle ne le soutient pas à cette
occasion - alors que l'armée française intervient six mois plus tard pour rétablir Léon Mba à la
tête du Gabon.
De 1963 à 1968, Alphonse Massamba-Débat remplace l'abbé Youlou à la tête de l'État ; celui-ci,
avec son équipe gouvernementale formée en grande partie dans les écoles occidentales, se
rapproche de la Chine communiste en matière de politique internationale, et se prononce en
faveur du socialisme. Le président utilise l'expression de « socialisme bantou », instaure un parti
unique, et abandonne le pluralisme politique. Pascal Lissouba puis Ambroise Noumazalaye sont
Premiers ministres. Beaucoup des cadres politiques de l'époque sont fascinés par le socialisme
scientifique ; mots d'ordre et articles de presse s'inspirent du style alors en usage en URSS, en
Chine et dans les démocraties populaires. En témoigne ce mot d'ordre publié en une de
l'hebdomadaire Etumba en juin-juillet 1968 :
« Que ceux qui se sont infiltrés dans les rangs des comités révolutionnaires pour se servir et non
pour servir le peuple tremblent. Car le châtiment de ce même peuple les attend au tournant.
Que ceux qui ont été portés aux comités révolutionnaires par la confiance des militants
continuent comme par le passé à travailler sans relâche pour la cause de tous avec abnégation
et désintéressement et le peuple lui-même saura reconnaître leurs mérites2. »
La politique économique privilégie les sociétés d'État en matières d'équipement (logement, etc.)
et les sociétés mixtes. Le secteur privé reste toujours très puissant par le biais des sociétés
étrangères, notamment la CPC (Compagnie des Potasses du Congo), ELF-Congo dans le
secteur du pétrole, et plusieurs sociétés d'exploitation du bois, qui représente la première
ressource budgétaire.
En 1965, des Brazzavillois expulsés de Kinshasa par le gouvernement de Moïse
Tshombe reviennent au Congo. À cette date, la voisine « République du Congo » (à Kinshasa)
devient la première « République démocratique du Congo » par décision présidentielle (dans une
quête de légitimité et « d’authenticité »), et la « République congolaise » (ex-Congo français au
nord-ouest du fleuve Congo) gardera pour elle le nom de « République du Congo » ce qui
ajoutera à la confusion entre les deux pays, et entérinera pour longtemps la désignation
informelle de « Congo-Brazzaville »
Le 2 août 1968, à la suite du soulèvement de certains éléments de l'armée, Massamba-Débat est
contraint de se retirer à Boko (région du Pool), son village natal, puis de donner sa démission le 4
septembre 1968. L'élément déclencheur du putsch a été l'arrestation du capitaine Marien
Ngouabi, officier de l'armée congolaise connu pour ses convictions socialistes. Libéré le 31 juillet
par un groupe de parachutistes, celui-ci crée le 2 août le CNR (Conseil national de la Révolution),
dont il prend la tête. Le capitaine Alfred Raoul, proche de ce dernier, fait fonction de chef de l'État
jusqu'à ce que le CNR s'autoproclame « organe suprême de l'État » le 31 décembre 1968. À
partir de cette date, Marien Ngouabi, qui s'est entretemps promu au grade de commandant, est
chef de l'État congolais.
La république populaire du Congo
Le 31 décembre 1968, le capitaine Marien Ngouabi devient président du Congo, celui-ci
réaffirmant l'option socialiste du pays. Le Congo connaît sa deuxième république, cette fois une
république populaire. L'administration est centralisée à Brazzaville, les principaux postes sont
occupés par les cadres du Parti congolais du travail (PCT), qui a tenu son congrès constitutif du
29 au 31 décembre 1969 à Brazzaville. La République du Congo devient « République populaire
du Congo3 », elle adopte le drapeau rouge et un nouvel hymne national, Les Trois Glorieuses, qui
fait référence aux trois journées de soulèvement qui avaient entraîné la chute de Fulbert
Youlou en août 1963.
Le régime est instable et doit faire face à de nombreuses tentatives de coup d'État : à la tête d'un
commando, le lieutenant Kinganga s'empare des bâtiments de la radiodiffusion et télévision
congolais le 23 mars 1970, avant d'être abattu ; le 22 février 1972, le lieutenant Ange Diawara
tente de prendre le contrôle de Brazzaville, avant de prendre le maquis dans la région du Pool,
où il résiste au pouvoir jusqu'au printemps 1973. De nombreuses vagues d'arrestations touchent
les personnalités soupçonnées d'être impliquées dans ces tentatives, notamment l'ancien
Premier ministre Pascal Lissouba, arrêté à plusieurs reprises, notamment à l'occasion des grèves
de 1976 à Brazzaville et de l'assassinat de Marien Ngouabi en 1977.
Au cours de cette période, le Congo reste dépendant de l'extérieur, en particulier en ce qui
concerne les produits alimentaires et manufacturés ; son économie repose sur les exportations
de matières premières brutes (bois, potasse, pétrole, fer, etc.). Les ressources pétrolières restent
modestes, et le pays est loin d'atteindre la prospérité relative du Gabon voisin.
Le 18 mars 1977, le président Marien Ngouabi est assassiné dans sa résidence. Dans les jours
qui suivent, le cardinal Émile Biayenda, archevêque de Brazzaville (le 22 mars) et l'ancien
président de la République Alphonse Massamba-Débat sont également assassinés. Le 5 avril
1977, le colonel Joachim Yhombi-Opango, devient président de la République, et ce jusqu'en
février 1979.
Le 5 février 1979, le colonel Denis Sassou Nguesso, prend le pouvoir ; il qualifie par la suite son
coup d'État de « riposte résolue de l'ensemble des forces de gauche de notre pays contre le
courant droitier », visant à rompre avec « la politique d'irresponsabilité, de démission nationale,
d'obscurantisme et d'aplatissement devant l'impérialisme des éléments de la bourgeoisie
bureaucratique4 ». Il reste au pouvoir jusqu'en août 1992. D'une manière générale, les
successeurs de Ngouabi ne modifient guère la gestion des affaires de l'État, qui reste fondée sur
le monopartisme et la centralisation de l'activité politique et administrative (système dit
« Obumitri » pour « oligarchie, bureaucratie, militarisme et tribalisme »). Denis Sassou-Nguesso
se pose en seul héritier légitime de Marien Ngouabi, la presse gouvernementale (notamment le
journal Etumba) le présentant comme le mokitani ya Marien Ngouabi (« digne successeur de
Marien Ngouabi » en lingala).
Les tensions s'accentuent à la fin de la première présidence de Sassou-Nguesso, en particulier
après l'adoption d'un plan d'ajustement structurel en juin 1985, la dette extérieure du Congo étant
devenu impossible à maîtriser. Des émeutes lycéennes se produisent les 9 et 11 novembre 1985.
Mais le régime ne commence réellement à perdre le contrôle de la situation qu'au milieu de
l'année 1990. La Confédération syndicale congolaise (CSC) présidée par Jean-Michel Bokamba-
Yangouma, s'oppose à un projet d'abaissement de l'âge de la retraite des fonctionnaires de 60 à
55 ans, et se détache peu à peu du parti unique. Elle prend son indépendance le 16 septembre
1990. La fin de l'année est marquée par de nombreuses grèves.
Le Congo depuis 1991
La Conférence nationale souveraine
La Conférence nationale s'ouvre le 25 février 1991, et se proclame immédiatement souveraine.
Elle est présidée par l'évêque d'Owando, Mgr
Ernest Kombo. Y siègent des représentants de
l'État, de partis politiques et d'associations de la société civile. Le président Sassou-Nguesso se
voit retirer la plupart de ses prérogatives, mais n'est pas destitué. La restauration des symboles
de la 1ère République, la Congolaise, l'hymne national et le drapeau tricolore proposé par Mbiki
De Nanitélamio le président du RPR : est approuvée. Un Conseil supérieur de la République
(CSR) remplace l'Assemblée nationale populaire.
Une nouvelle constitution est approuvée par référendum le 15 mars 1992, avec 96,3 % de oui. La
République populaire du Congo redevient « République du Congo », la question de distinction
avec le Zaïre voisin n’étant plus pertinente non plus. La désignation informelle du pays « Congo-
Brazzaville » est cependant réapparue en 1997 lorsque le Zaïre voisin a repris aussi
officiellement son ancien nom de « République démocratique du Congo » à la fin du régime
de Mobutu, causant des disputes diplomatiques entre les deux pays au sujet de l’appropriation du
nom (pourtant légitime historiquement et géographiquement) repris par l’ex-Zaïre (qui a voulu
même aussi reprendre le nom Congo sans qualificatif, une requête maintenant abandonnée).
Dans la foulée de l'adoption de la nouvelle constitution se tiennent les différents scrutins :
municipal et régional en mai 1992, législatif en juin-juillet. Lors des législatives, l'UPADS (Union
panafricaine pour la démocratie sociale) de Pascal Lissouba arrive en tête devant le MCDDI
(Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral) de Bernard Kolélas et le
PCT. Lors de l'élection présidentielle, en août, Pascal Lissouba et Bernard Kolélas passent le
premier tour avec respectivement 35,9 et 20,3 % des voix. Denis Sassou-Nguesso arrive en
troisième position avec 16,9 % des voix ; au deuxième tour, il apporte son soutien à Pascal
Lissouba, qui est élu avec 61,3 % des suffrages contre 38,7 % à Bernard Kolélas.
Les années Lissouba
Lors des pourparlers en vue de la constitution du gouvernement, Lissouba propose à son allié
Sassou trois ministères contre sept qu'exigeait le PCT, dont l'Agriculture et les Sports. Contre
l'avis de son parti, Sassou accepte et transmet à Lissouba la liste de ses trois poulains, Grégoire
Lefouoba, Isidore Mvouba et François Ibovi.
Malgré cette interdiction, Grégoire Lefouoba fait défection et accepte le poste de ministre de
l'agriculture. Maurice-Stéphane Bongho Nouarra (UPADS) est Premier ministre. Sassou change
alors de camp et s'allie à Bernard Kolélas, l'infortuné du 2e tour de l'élection présidentielle. C'est
le début d'un bras de fer entre d'un côté le président Lissouba et de l'autre la nouvelle alliance de
l'opposition sous le label URD-PCT et apparentés. Cette nouvelle coalition majoritaire à
l'Assemblée vote une motion de censure contre le gouvernement en place qui tombe. Lissouba
doit dissoudre l'Assemblée. Des manifestations ont lieu : trois personnes succombent à des tirs
de police (fusillade dite « du Centre culturel français ». Les 2 et 3 décembre, l'Armée sous la
direction de son chef d'État major, le général Jean Marie Michel Mokoko tente un coup de force
avec la formule de gouvernement 60/40 basée sur la signature d'un protocole d'accord par tous
les partis. Le 24 décembre, Claude Antoine Da Costa (UPADS) est nommé premier ministre et
forme un nouveau gouvernement majoritaire de l'opposition.
L'opposition URD-PCT conteste le résultat du premier tour des élections législatives de mai-juin
1993 et perturbe le deuxième tour, qui ne peut se tenir dans toutes les circonscriptions. C'est le
début d'affrontements armés. Sassou fournit une aide logistique conséquente à Kolelas qui crée
une milice de Ninjas (ces miliciens pour la plupart sont issus du Pool, un département du sud ; on
parlera de "Ninjas de Kolélas"). Sassou de son côté continue à s'aider de la milice des Cobras du
PCT. Lissouba, qui constate que l'armée refuse d'affronter les Ninjas, crée la milice des
Cocoyes. Jacques Yhombi-Opango est nommé Premier ministre en juin.
En juillet 1993, les Cocoyes et les Ninjas s'affrontent dans les quartiers sud de Brazzaville
(Bacongo, quartier d'origine de plusieurs habitants du Pool). C'est le premier affrontement civil.
En 1994, dans un souci d'apaisement, Kolélas intègre le gouvernement, comme "opposition
constructive". En mai-juin 1994, une loi dite de décentralisation est votée, consacrant ainsi
l'autonomie de gestion reconnue dans la constitution de mars 1992.
Sassou est hostile au compromis d'« opposition constructive » et met à profit cette période pour
préparer un coup d'État : de 1995 à 1997, il voyage beaucoup entre sa région d'origine (Oyo,
dans la région de la Cuvette), le Gabon et la France. Il rencontre dans le nord de nombreux
réfugiés, civils et militaires, d'origine rwandaise (dont les miliciens "Hutu Power"). Ceux-ci, arrivés
avec le HCR, ont même créé leurs propres villages dans divers endroits. Sassou en intègre
certains au sein de sa milice Cobra, en tant qu'instructeurs. Des réfugiés civils rwandais sont
formés aux combats. En parallèle, Sassou continue à recevoir des armes depuis plusieurs pays
voisins (Gabon, Angola).
En 1997, Sassou veut entrer dans une ville du nord, Owando, sur une chaise à porteur
traditionnelle réservée aux dignitaires locaux. Les villageois s'y opposent. Les Cobras, présents,
ouvrent le feu et font plusieurs morts. Sur la route de Brazzaville, Sassou s'arrête à Oyo où il
continue à faire massacrer les fuyants d'Owando.
Le 5 juin 1997, des militaires gouvernementaux entourent la résidence de Sassou à Brazzaville,
sur mandat d'amener du procureur d'Owando contre deux officiers impliqués dans les violences
des semaines précédentes. Sassou déploie alors un impressionnant armement (chars légers,
canons) et ses troupes combattent l'armée congolaise5.
Le 15 octobre 1997 la guerre civile du Congo voit la victoire de Denis Sassou-Nguesso, aidé par
des troupes angolaises. Il abroge la constitution de 1992.
Le retour de Denis Sassou-Nguesso
Article détaillé : Guerre civile du Congo-Brazzaville.
Après une période de relatif apaisement, le président Sassou met en place des instances
provisoires de gouvernement, notamment le Conseil national de transition (CNT). Le conflit
reprend à la fin de l'été 1998. La population des quartiers sud de Brazzaville doit fuir en
décembre 1998 ; l'armée y mène ensuite une opération de « nettoyage » qui fait de nombreuses
victimes.
Le pouvoir ne reprend le contrôle de la quasi-totalité du territoire qu'à l'automne 1999 ; une partie
du Pool reste aux mains de la rébellion. À la fin de l'année, Sassou-Nguesso tente de relancer
une politique dite de réconciliation nationale. Il signe des accords avec la République
démocratique du Congo et le HCR pour le retour des réfugiés qui avaient fui la guerre civile en se
réfugiant à Kinshasa. Au cours de ces retours, plusieurs centaines de disparitions ont été
constatées par les familles et les observateurs internationaux. De nombreux réfugiés ont été
exécutés par les forces de sécurité congolaises : c'est « l'affaire des disparus du Beach ». Le
chiffre de 353 disparus est évoqué6.
En 2002 est adopté une nouvelle constitution supprimant le poste de premier ministre, renforçant
les pouvoirs du président de la république. Le président est élu pour un mandat de 7 ans
renouvelable une seule fois. La même année a lieu l'élection du président de la république ;
Denis Sassou-Nguesso est reconduit à son poste.
Le Congo depuis 2002
Le septennat de Denis Sassou-Nguesso de 2002 à 2009 est marqué par le retour à la paix civile,
même si des troubles subsistent dans l'Ouest du Pool. La flambée des cours du pétrole enrichit
considérablement l'État, dont le budget annuel dépasse pour la première fois les 100000 milliards
de francs CFA. De nombreux projets de construction d'infrastructures sont entrepris (port de
Pointe-Noire, autoroute Pointe-Noire - Brazzaville...) en coopération avec des États et entreprises
étrangers (France, Chine...).
Références
1. ↑ « Le Moyen-Congo était fort en retard par rapport aux autres colonies françaises
d'Afrique, notamment celles de l'AOF : les partis politiques, les syndicats, la presse en
étaient encore à leurs balbutiements. Une prise de conscience tardive et, sans aucun
doute, l'attitude plus conservatrice des Blancs d'Afrique centrale expliquent en partie la
situation. » (Sophie Le Callennec et M'Bokolo, Elikia, « L'évolution comparée des deux
Congo, belge et français - 1956-1965 », dans Charles-Robert Ageron et Marc
Michel (dir.), L'ère des décolonisations, Actes du colloque d'Aix-en-Provence, Paris,
Karthala, 1995, p. 214.
2. ↑ Etumba, numéro 64 daté du 29 juin 1968.
3. ↑ En 1971, la première République démocratique du Congo devient Zaïre. L’ancienne
désignation informelle « Congo-Brazzaville » disparaît temporairement, et le nom Congo
désigne alors le pays au nord-ouest du fleuve.
4. ↑ Alphonse Mboudo Nesa (dir.), Denis Sassou-Nguesso, l'homme des masses,
Présidence de la République congolaise, 1989.
5. ↑ Le président actuel a fait installer un char sur un rond-point faisant face à sa résidence,
sur lequel il est écrit « Plus jamais ça ».
6. ↑ Patrice Yengo, La Guerre civile du Congo-Brazzaville, Paris, Karthala, 2006, p. 33.
Historiographie
Catherine Coquery-Vidrovitch, Le Congo au temps des grandes compagnies
concessionnaires (1898-1930), Paris-La Haye,Mouton, 1972
Hervé Brisset-Guibert, Histoire de Brazzaville, identité coloniale, identité nationale,
mémoire de maitrise, Poitiers, 1988, 257p.
Élisabeth Dorier-Apprill, Abel Kouvouama et Christophe Apprill, Vivre à Brazzaville -
Modernité et crise au quotidien, Karthala, 1998
Marie Élion, La Formation de la conscience nationale en République populaire du
Congo, Anthropos, 1977
Grégoire Ndaki, Crises, mutations et conflits politiques au Congo-
Brazzaville, L'Harmattan, 1997
Théophile Obenga, L'histoire sanglante du Congo-Brazzaville (1959-1997) - Diagnostic
d'une mentalité politique africaine, Présence africaine, 1998
Marcel Soret, Histoire du Congo Brazzaville, Berger-Levrault, 1978.
Patrice Yengo, La Guerre civile du Congo-Brazzaville 1993-2002, Karthala, 2006
Partenaire : Wikimedia Delit Music Group Unit Jam Group Up Dead Films Sacirc