frederic les dieux du bouddhisme

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Louis Frederic LESDIEUX DU BOUDDHISME Guide iconographique Flammarion

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Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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Page 1: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Louis Frederic

LESDIEUX DU BOUDDHISME

Guide iconographique

Flammarion

Page 2: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Chez le meme editeur:

La Bible et les saints. Guide iconographique par Gaston Duchet-Suchaux et Michel Pastoureau

A paraltre: Dieux et heros antiques. Guide iconographique par Irene Aghion, Claire Barbillon et Franc;;ois Lissarrague

1 ·• / cl)

I\ Ll L

Illustrations de Ia couverture: photo R.M.N.

Planches XIX et XXIV: documents Shimizr1

© Flammarion, Paris, 1992 ISBN: 2-08-011741-6

Avant-propos Inttoduction GeneralirCs

SOMMAIRE

I EVOLUTION DES REPRESENTATIONS BOUDDHIQUES En lnde eta Ceylan, lS En Asie du Sud-Est, 20 Au Tibet et au Nepal, 23 En Chine et en Coree, 24 AuJapon, 26

II GENE RALITES ICONOGRAPHIQUES Les diagrammes (mandala), 30 Les gestes symboliques (mudrU), 35 Les postures de clivinit€s, 48 Les sieges des divinites, 54 Les aureoles des divinit€s, 57 Les attributs et accessoires (lakshana), 58 Les accessoires du culte, 69

III LE BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDI-IA Le Bouddha historiqLtc, 77 Les Bouddha de vCnCration (]ina), 107 Les Bouddha du passC, 128 Le llouddha du futur, Maitreya, 130

IV LES GRANDS BOUDDHA DE SAGESSE ET L'ADI-BUDDHA Les Cinq Grands Bouddha de sagesse, 134 Mahavairocbana, 137 Akshobhya, 142 Ratnasambhava, 144 Amitfibha, 145 Amoghasiclclhi, 145 L'Adhi-Budclha, 146

V LES BODI-!ISA TIV A DE COMPASSION Avalokiteshvara, 153 DivinitCs « donneuses d'enfants "• 179

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9 13

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29

73

1.33

Page 3: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

VILES BODHISATTVA ORDINAIRES Mafijushrl, 182 Samantabhadm, 187 AkUshagarbha, 188 Kshitigarbha, 190 Yaku-6 et YakujO Bosatsu, 196 Sarvanlvaranavishkambhin, 196 MahUpratisarfi., 197 Simhanfu:la, 197

VII LES ROIS DE SCIENCE MAGIQUE Achalanfitha, 201 Trailokyavijaya, 206 Kufidall, 207 Yamfintaka, 208 Vajrayaksha (Vajrapani), 209 Rfigavidyfi.tija, 211 Lcs mttres Vidyilrfija, 212

VIII LES DIVINITES FEMININES Lcs Tara, 218 PrajfHi.pfi.tamitU, 221 Sarasvatl, 222 VasuclhilrU, 225 1-Htrkhl(VajmvarfiH), 227 Divinites fCminines mineures, 227 Les groupes de clivinitCs fCminines, 229

IX DEFENSEliRS ET GARDIENS DE LA LOI BOUDDHIQUE Les Dharmapiila, 234 Les rois-gardiens, 241 Les Ni-6, 247 Les animaux-gardicns, 219

X LES GROUPES DE DIVINITES Les dix rois des enfers, 252 Les cinq grands rois, 255 Les Yi-dam, 256 Les Dcva, 258 DivinitCs mineures et syncrCtiques, 269

XI JlTR!iS DIVINS ET PERSONNAGES HISTORIQUES DIVINISES Les protecteurs du monde, 276 Les divinitCs ascrales, 282 Les personnages historiques, 283 Les lamas tibCtains, 284 Sh6toku Taishi, 286 Autres personnages religieux, 287

Table de caracthes japonais Correspondances sanskrit-japonais Notes Bibliographie Index general

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199

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233

251

275

289 297 301 344 351

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AVANT-PROPOS

« Maintenant .r'mtvra le magasin deJ pm'oles mystiquCJ Ot't ICJ trisllrr caches viennent tom au jo11r, Oii tolttes !es vertm et les pttissatJcCJ re comdti.rent. Les Dottddha drms !es innomhrahle.r ruyaumes bo11ddhiques Ne sont jJas autre chose que l'Uniqtte Bouddha au fond de notre Jme ,' Et les lot!tJ d'or, mr.r.ri nombreux que les gouttes d'eatt da l'odan, C'est notre corp.r, »

KObO Daishi (774-835)

Cet ouvrage a pour but principal de dCcrire la plupart des divinitCs du bouddhisme qui ont fait l'objet de representations en Inde, a Ceylan, en Asie du Sud-Est, au Tibet, en Chine, en Coree et au Japon, et de faciliter leur identification. Tfiche a premiere vue difficile, en raison de leur nombre et de leur organisation au sein d'un panthCon touffu et quelque pen deroutant pom le lectem ou !'amateur d'art occidental. Donner nne liste de ces divinirCs par ordre alphabCtique n'aurair pas Cte d'une grande utilire, les noms de ces divinires n'Ctant pas familiers a la plupart d'entre nous. Aussi avons-nous prefere les presenter selon l'ordre rraditionnel bouddhique qui les classe en groupes selon leur importance. Un index final pcrmettra cepcndant de retrouver aisemenr rclle ou telle divinitC dans l'arborescencc des representations.

Chaque divinire esr done dCcritc ici sous ses noms traditionnels (avec leurs transcriptions dans les diffc§rentes langues asiatiques) et sous ses divers aspects religieux, populaires ou locaux. Suit unc sortc d'his­todque des representations ainsi que leur signification religieuse, les rites de veneration qui leur sont attaches et les legendes les concernant. Pour chaque grande divinite, on a rente de decrire ses aspects divers ainsi que les personnages divins qui lui sonr rattaches. De ues nom­breuses notes permettront au lecreur curieux d 'approfondir ses connais­sances de se reporter, si besoin est, il. des ouvragcs particuliers. Dans ces notes, nous avons donne, lorsque cela nons erair possible, la loca­lisation des peintures, gravures er sculptures des divinites decrircs, dans des musees ou des temples.

Les premiers chapitres sont consacres a une breve histoire du boud­dhisme et a l'Cvolurion de ses manifestations artistiques dans rous les pays concernes ainsi qu'a la description des << accessoires >> particuliers aux divinitCs bouddhiques, comme les postures (§:sana), les mouvements des mains (muddi), les sieges, les ameoles, atrriburs, etc., qui souvent

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Page 4: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

permettent une_ identification prCdse. Chacun des chapitres suivants est consa:re a un grou~e de divinites, le Bouddha et les bouddha les Bodlusattva, I:s <<rots de Science magique >), les dieux ordinaires 'etc

~n ~e qm.con.cerne les divinitCs du lama'ismc tibCtain, une form~ to~t ~ fmt partLC~Illtre du bouddhisme, nous n'avons ici d(krit que les pttnCipales. Une tconographie du bouddhisme tibCtain demanderait er effet ~n volume a el~le seu~e, tat~.t le s~jet est complexe et foisonnant~ Le lecteur p~urra neanmoms, st le sujet l'intEresse plus particulitre­ment, se ~·eferer aux ouvrages citCs dans la bibliographie genCrale .

. En fm de volume, on voudra bien trouvet·, outre une bibliographie succwcte, des tables de correspondancc des noms de dt'v1'n't' ( 1 · · · 1 · · · 1 es sans (flt Japonats, c 11nots) avec leurs caractCres idCographiques · · ' · 1 ' ~ ~ 1 d · , , f: .

1. I , atnsl qu un tnc ex

genera es~rme a .·act 1te1: es recherches dans le corpus de l'ouvragc. La presentatton logtgue des divinitCs du bouddhisme posait de

nombreux pro __ bltn:es, ~esquels ne sonr pas encore cons resolus, mais il nons a .semble. uttle d. exposer dans route sa complexite le pantheon bouddhtque « tnrernattonal » afin que le lectem puisse plus facilcment se rerrouver clans son arborescence et mieux comprendre fa raiso I" . de d · · · " · , J!. n c etre

1V1111tes qm sont vend·Ccs dans une grande partie clu mondc asiarique.

1 '

I

INTRODUCTION

Si, selon une idee judCo-chrCtienne, la DivinitC a crCC l'homme a son image, celui-ci, en rout temps et en tout lieu, a cherche a retrouver l'image de cerre DivinitC. Parfois unique, mais vue de diffCrentes ma­nitres, parfois multiple dans ses manifestations comme dans son essence. Les divinites ainsi creCes par les hommcs (ou dont l'image s'est imposCe a eux, par intuition ou par J"Cvelation) ant pu Cue impersonnelles, abstraites _ ou encore des idoles, des fetiches, des supports, des sym­boles -, trCs frustes au au contraire tres Cvoluees. Dans la majoritC des cas, l'idCe mCmc de la DivinitC a fait l'objet de representations, concrCtes ou symboligues. Ces representations sonr extrCmement nom­breuses. Le mCme Dieu (ou la mCme Divinirt) fut reprCsenre de diverses fa~ons selon les pays et les Cpogues. Ces formes innombrables ont ere con~ues pour illustrer des mythologies, des concepts philosophiques, mttaphysiques au mCme sociaux, et leurs representations ont, a leur tour, donne naissance a d'autres mythes, d'auu·es croyanccs : il y eut sans cesse, a travers ages et pays, interaction entre l'idec que les hommes se faisaicnt de la DivinitC et les representations qu'ils en donnaient. Comprendrc les raisons d'Ctre de ces dieux ou divinitCs, de leurs repre­sentations et de l'Cvolution de ces dernitres, c'est penCtrer plus avant dans la mythologie des peuples, et, par 13. mCme, mieux comprendre la psychologic de l'€tte humain. Car en dCfinitive, on ne peur concevoir (mE:me si cela existe) de Divinite sans l'E:tre humain.

L'ouvrage que nons prCsentons ici est consacrC aux divinitCs du bouddhisme, des bouddhismes, devrait-on dire, rant les philosophies comme les formes de representation de ses divinirCs soot diffCrenres suivant lcs regions, Inde, Sud-Est asiarique, Tibet et Mongolie, Chine, Cor& ou Japon. Il a done pour but essentiel de decrire lcs divinirCs des pantheons bouddhiques, leurs raisons d'Ctre comme leurs diffe­rences, de don11er une idCe de leur origine, leur appartenance, leur si­gnification, de signaler les variations des formes iconographiques gu'elles ont prises au emus des siecles ou selon les doctrines et les pays, et enfin de fournir des informations sur les representations de celles qui ant donne lieu a des manifestations artistigues, soir en sculpture, soit en gravure ou en peinture.

Il est bien evident qu'il ne saurait Cue question de presenter ici, dans leur complexitC, routes les divinites du bouddhisme. Beaucoup de cclles-ci soot toujours demeurees thCoriqucs, seulement dCcrires dans les innombrables sfitra ou ecritures canoniques, et n'ont jamais fait l'ob-

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I

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INTRODUC'fiON

jet d'une representation ou mf:me d'un culte. Nous avons done dtHibC­rCment laisse de cOte ces divinites theoriques pour ne dCcrire que celles qui ant fait (ou font encore de nos jours) l'objet d'une veneration, ou dont le souvenir demeure encore clans l'esprit des hommes. Nous avons distingue dans cet ouvrage trois sortes de bouddhismes : celui des ecoles du Sud, qui prolonge la tradition des Ccoles anciennes, et dont les diverses sectes ant Cvolue en Inde, a Ceylan et dans les pays du Sud-Est asiatique ; lc bouddhismc « lamal"guc ~> et tantrigue, plus particulier au Nepal, au Tibet et a la Mongolie; enfin le bouddhisme du Nord, qui sc developpa principalement en Chine, en Coree, au Japan et au Vif:t-nam.

En cc qui concerne le bouddhismc dn Nord, nous avons plus particnliCrement mis !'accent sur le bouddhisme japonais. Le Japan, en effct, nons paralt @rre nne sorte de « consetvatoirc » de routes les tra­ditions bouddhiques aujourd'hui perdues en Chine on ailleurs. A ce titre, il garde intactes de nombreuses formes iconographiques qui de­puis longtemps ont disparu des autres pays. De plus, les scctcs « eso­teriques >> de ce pays ant representC de rd:s nombreuses divinitCs qui ne furent jamais (au presque) l'objet d'un cnlte ou de representation dans les autres regions de 1' Asie. Le bouddhisme japonais concentra done une grande partie de notre attention, et nons nons sommes atta­ches a en decrire les formes en derail, dans le cadre general du boud­dhisme du Nord.

Afin de bien replacer routes les divinitCs du panthCon bouddhique dans leur contexte historique ou artistique, nous avons fait preceder leur description de breves histoires de l'Cvolution des sectes bouddhi­gucs dans les divers pays oi:t elles prospCrCrent. Avant de passer aux descriptions des divinires elles-mCmes, nons avons consacre quelques pages aux accessoires des representations de ces divinitCs, tels que po­sitions du corps, mouvements des mains (mudrd), siCges et attributs divers, afin que le lecteur puisse plus aisCment se retrouver dans la foret des symboles caractCrisant ces divinitCs.

Un appcnclice comportera pour cl1.'1que chapitre tout l'appareil scientifique de notes, explications, localisation des principales ceuvres anistiques ; a la fin, une bibliographie et des index, indispensables a un tel ouvrage, devront permettre au lecteur curieux d'approfondir ses connaissances s'il le desire.

Les noms des divinitCs bouddhiques ainsi que ceux des ouvrages religieux Ctant pour la plupart tires des sources indiennes et variant selon les langues ou les pays, il nous a paru indispensable de joindre un index multilingue, afin de facilirer les recherches a l'intCrieur de l'ouvrage.

Les illustrations au trait ont, pour la plupart, ere tirCes d'un ou­vrage japonais sur les divinitCs du bouddhisme, le ButsuzO-ztJ-i, Cdire en gravure sur bois au XVII" siecle. Elles nons parurent en effet utiles a plus d'un titre car elles decdvent en quelques traits simples les di­vinires clans leurs formes communes a routes les sectes clu bouddhismc du Nord ; elles indiquent en caracteres sino-japonais le nom de cette divinite ; enfin elles donnent, en japonais, quelques explications. De plus, sur ces gravmes sont indiquCs les btja correspondant a ces divi­nitCs. Ces gravures sur bois ant, pour la plupart des divinitCs anciennes, ere dessinCes d'apres des mandala chinois. Elles representent done bien la pluparr des formes iconographiques que nous decrivons ici.

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Nous aimedons que cette Crude (qui doit beaucoup, !'auteur se pla1t a le reconnaltre, aux auteurs cites dans la bibliographie et dans les notes) pennette au lectcur de faire des distinctions parmi routes les divinirCs du pantheon bouddhique et de mieux comprendre lem raison d'@rre, leur organisation et les culres qui leur sont attaches. Le boud­clhisme, en effet, est nne des religions majeures du monde. Il a modclC I' esprit et les sentiments, apporte des philosophies et des mCtaphysiques a route l'Asie, a une Cpoque ou a une autre, a des degrCs divers. Et des centaines de millions d'hommes lui sont redevables de Ia civilisation dans laquelle lls vivent. Bien qu'il ait disparu de certains pays d'Asie, qu'il soit en regression devanr les idCes modernes dans d'autres, il n'en fur pas mains, pendant plus de deux mille ans, !'esprit mf:me des peu­l~les asiariques. Dans .notre eff~rt de comprChensi?n. de ceux-c~, c'est un fait a ne pas oublter. De meme, les formes art1st1qnes, arclutectu­rales, sculprurales ou picturales qu'il engendra constituent encore la majoritC des ceuvres d'art de la plupart des pays d'Asie. A ces ritres, le bouddhisme dans son ensemble est un fait culture! extr@mement important qu'il est necessairc de bien connaltre.

Nons esperons que cer ouvrage contribuera a la diffusion de la connaissance eta !'appreciation de la pcnsCe bouddhique, en permettant au lecteur de penCtrer plus avam dans nne des formes cssentielles de la pensee asiatique.

C'est ici pour moi nn agreable devoir que celui de remercier mes maltrcs et amis qui, nombreux, onr bien voulu s'intCresser a mon projet depuis le dCbut et qui, par leurs encouragements, leurs suggestions er leurs remarques, ont permis 8. cct ouvrage d'@ne plus qu'un simple catalogue. A ce titre nons aimerions remercier plus pa~riculiel'ement M. le Professeur Paul LCvy, qui fur man directeur a l'Ecole pratique des hautes Crudes, M. Bernard Prank) profcsseur au College de France, qui jamais ne mCnagea sa peine en dirigeant avec competence et gen­tillesse mes recherches, er surtout M. Andre Bareau, professeur au CollCge de France, qui a bien voulu relire entiCtement cet ouvrage et y apporter de nombreuses conections et precisions.

Ma gratitude va egalemenr 8. M.6tani ChOjun, religieux boud­dhiste japonais et professeur a KyOto, ainsi qu'aux nombreux amis qui m'ont soutenu tout au long de l'Claboration du manuscrit de ce livre.

Louis Frederic (Tokyo-Paris, 1989)

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Note sur les transcriptions

Dans cet ouvmge nous avons utilise dlverses transcriptions des noms et mots d'otigine asiariquc, ce qui nous a amene a modifier quelque peu les transcriptions elites « scientifiques » afin que le lectem ne soit pas dCrourC par leur aspect rCbatbatif. Notons qu'en general, les voyellcs tongues sont indiquCes par un accent drconflexe, comme en fran<;ais dans « fime 11 ou «pOle)),

En sanskdt, nous avons conserve la forme univetsellemcnt acceptCe, en supprimant tou­tcfois les signes diacritiques. Les sanskritistes comme ceux qui sont familiarises avec cette langue pomrom sans difficult€ rcnouver les signes diactitiques faisant ici dCfaut. C'est ainsi que nous avons transcrit chaque fois less suscrits et less souscrits par Jh. La voyclle r souscrit a ere rendue par ri. Le c se pronons;ant comme notre « tch », nons l'avons transcrit parch. On voudra bien sc souvenir que la lettre tt a toujours le son « ou », que leg est toujours dur, comme dans gare, et que les voyellcs longues sont incliquees par un accent circonflexe (a, 1, U). Notons enfin qu'en sanskrit les voyelles sont toujours longues.

En chinois, nous avons utilise la methode modemc dire Pinyin, sans toutcfois noter les tons. Rappelons que clans ce systhne de transcription, le c se prononce un peu comme << ts »,

que le q est l'Cquivalent de << tch >> 1 et que zh est quclque peu similaire a notre « dj >>. Enfin la lcttre It se prononce notmalemenc <<au>>, sauf lorsqu'elle suit les consonnes j, q et x, cas dans lesquels elle se ptononce comme le « u » fran~ais (ou le << li » allemand).

Le japonais a ere transcrit selon le systeme Hepburn, maintcnant univetsellement adoptC, et dans lequel toutes lcs lettres sc prononcent commc en latin. Notons cependant que le son « r )) se prononce entre« r >> et << 1 >>.

Le mongol a pose quelques problCmes, Ctant donnC les differences de transcription prCco­nisCes par les auteurs. Nous avons de preference utilise les systCmes de transcritJtion du systCmc allemand, avec toutefois quelques variances.

En tibCtain, les groupes de consonnes ne sont pas toujours prononc6s comme ils sont t!crits, ct quelques auteurs erudits transctivent parfois les « lettres muettes » en minuscule, Ccrivant les consonnes rCelles avec des majuscules (ou le contraire). Nons avons pris ici le patti de transcrirc toutes les lettres, sans nons occuper de leur prononciation. Incliquons seulement que les lettres g, d, bet m, gCnCmlement muettes lorsqu'elles se trouvent au dCbut d'un phoneme, soot vocalisCes lorsqu'elles suivent un mot se terminant pat une voyelle : c'cst ainsi, par exemple, que Sku-bum sc prononcera << Kum-bum », et que Bla-ma se lira <<La-ma"· En rCgle generate, on prononce seulement les lettres p1·ecedant ou suivant une voyelle. Enfin, notons que, lorsque les voyelles a, o et u se trouvent suivies par les lettres muettes d, n, l au .r, elles sc prononcent comme les lettres allemandes« a», << 0 )) et « ii "·

Les autres langues soot transcrites selon la prononciation gCnCralement en usage.

Note sur les legendes des illustrations

En japonais, les suffixes -ji, -tera (-dew.) ou -dO indiquem des temples bouddhiques, -jinja et -jingU dCsignent des sanctnaires shintO, enfin le suffixe -si en chinois .~ignale un temple au monastCre bouddbique (par exemple : KOrylt-ji, le temple KOryU). C'est sons cette forme qu'ont ere localisees les peintmes et sculptures clans les tegencles des illustrations.

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GENE RALITES

Ne en Indc au VI" siCcle avant notre ere, le bouddhlsme, ou « philoso­phic du Bouddha », n'Ctait, ll- l'origine, gu'une secte panni beaucoup d'autres, vivant generalement en bans termes avec celles-ci, rechet-chanr egalemcnt unc methode de salnt, une explication a la condition hu­maine et un remCde aux maux door souffre l'humanitC. 11 est probable que le Boudclha- un personnage historique, lc fils d'un petit souverain des marches indo-nepalaises - n'invenra pas Sa doctrine. 11 ne fit que concrCtiser les pensCes ct rCflexions de nombreux ascetes errant commc Lui a la recherche de la VCritC. Il eut le mCrite de formuler Sa philo­sophie en termes simples, accessibles a taus, et de proposer a travers celle-ci nne solution aux problCrncs de l'humanitC qui satisfaisait !'esprit hindou de l'Cpoque. 11 eut Cgalemcnt la chance d'avoir l'appui des puis­sants, bien qu'Il pr0n3.t une sorte d'CgalitC des hommes au sein de Sa communautC. Nc se heurtant pas aux conceptions rcligieuscs fonda­mentales de son Cpoque ni aux institutions politiques, Sa philosophie fut facilement acceptCe et se developpa relativement rapidcment en Inde clu Nord, puis, grace a !'impulsion que lui donnerent quelques souve­rains puissants - comme le celebre Ashoka au III" siCcle avant notre ere -, Cotlquit rapidement tOute l'Inde, des marches indo-grecques c\u Nord-Ouest a l'lle de Ceylan. Des les premieres annCes de none ere (avant mCme, selon certains), le bouddhisme franchit les montagncs ct les mers pour se repandre dans les pays de l'Asie du Sud-Est, puis, a travers les dCserts d'Asie cennale, en Chine. De la, il passa tout natu­rellcment en Coree puis au ]apo11 oil il arriva vers 538. Du Bengale il conquit le Nepal, puis se rCpandit au Tibet vers le VII" siecle, s'Ctendant sur route la Mongolie. Le bouddhisme est attestC en Chine des le II" siCclc de notre ere, bien que certaines traditions peu sllres le fassent remonter au Ie'· siecle. Mais apres six siecles d'existence, c'est-a-dire aux environs de notre Cre ou un peu avant, la doctrine bouddhique exposCe pat le Bouddha subissait une sorte de crise : de simple 1Jhilosophie de vie qu'elle se voulait erre, destinee avant toute chose a permettre aux hommes de vivre en harmonie tout en leur faisant rCaliser un plus grand progres spirituel (et ainsi d'abrCger le nombre de leurs reincar­nations afin d'Cchapper plus rapidement au cercle infernal des naissances et renaissances qui, selon la croyance commune en lode, conditionnait leur existence rerrestre), le bouddhisme devint progressivemcnt un en­semble de doctrines religieuscs, faisant de la personne du Bouddha une divinitC au meme titre que les clivinitCs hindoues. Si le Bouddha Lui-

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L'empereur de Chine voit Je Douddha lui apparairre en songc, gmvure sur bois extraite du Shijirt IV!It~i Yinghll<l Sijl ~:hi no is, Cpoque Ming

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GENE RALITES

Fideles birmans en adoration devant une image du Bouddha

m@me se prtoccupait surtout de mettre un terme aux renaissances successives des @rres, s'Il ne precha jamais !'adoration d'une divinite particuliere (bien qu'Il admlt, en bon Indien, !'existence de nombre de divinites du panthCon bdbmanique), Ses fideles (venus pour la plupart de la religion bdihmanique) dCsiraient neanmoins avoir nne foi mains austere et plus chargee d'espCrance : en un mot, ils se scntaient depen­dants d'une Entire supCrieure et ne pouvaient concevoir une vie qui puisse se passer d'une foi en Celle-ci. L'homme est ainsi fait gu'il pent difficilement vivre seul avec sa raison, fl1t-ce celle d 'un Bouddha. Son· imagination, les reves qu'il chCrit, la soif de l'Inconnu qui, depuis qu'il est sur terre, le hantent et le poussenr sans cesse a la recherche de lui-m@me, l'ont toujours lncitC a projeter sur l'infini, l'incoocevable et l'ioconnaissable un moi idCal qu'il oe parvient pas a definir ... Or le Bouddha Lui-m@me nc Se posait nullement eo incarnation divine et encore mains co divinitC, ni m@me ne S'imposait en maltre absolu : Il ne demandait a chacun qu'une realisation personoelle, par un effort de reflexion, des vCritCs qu'Il Cnonc;ait, a savoir que tout ici-bas est CphC­mere, sujet a changement et, par consequent, source de douleur; que ce soot les dCsirs qui engendrent en ronde inccssante cette imperma­nence et cette doulcur; et qu'il est done necessairc de se debarrasser de ces desirs pour parvenir a se libtrer du cycle des renaissances (Sam­sara) et a atteindre cnfin le Nirvana, cet erat de bCatitude absolue et d'absence de dCsir dans lequel il n'existe plus de renaissance possible. Les voies qu'il proposait pour arriver a la realisation de ces vCritCs, appeh~es le « Noble Octuple Sen tier >>, supposaient un effort constant de la part des hommes, effort qui ne pouvait porter rCellement de fruits que s'ils abandonnaienr le monde pour entrer dans la Communaute monastique (Samgha) afin d'y suivre avec applicatio11 la Bonne Loi (Dharma), cc qui, evidcmment, n'Ctait possible que pour une minoritC. Les la'ics, eux, avaient peu d'espoir d'arriver au salut dans cette vie-ci (ou mCme dans uoe autre plus proche). Cette vue « Elitiste » ne pouvait satisfaire les aspirations de la plus grande masse, celle des la'ics. Aussi des schismes ne tarderent-ils pas a se produire car, des l'epoquc meme du Bouddha ou peu aprCs la mort de Celui-ci, nous voyons des concep­tions propremcnt religieuses se greffer sur Ses enseignements. Les di­vinitCs br8.hmaniques (qui, nous l'avons vu, n'Ctaient pas formellemcnt recusEes par le Bouddha) furent annexees par certains moines boud­dhistes, puis plus tard la personne m@me du Bouddha fur con~uc comme une entitC divine pouvant prendre diffCrents aspects, et tout un panthCon, tire en grande partie de celui de l'hindouisme, s'organisa autour de cette nouvelle RCalitC suprCme qui avait nom le Bouddha, le Tathdgata, « Celui qui est venu », ou le ]ina, « Vainqueur ». De nombreuses theories vimcnt Ctoffer ce thCme; les pamles que lc Baud­elba avait prononcees, et qui formaient jusqu'alors le fond des textes canoniques du bouddhisme (slitra, d'un mot sanskrit qui veut dire « fil »), s'accmrent d'innombrables textes d'exegese ou d'explication, souvent assez fantaisistes, o\:1 !'imagination avait une large parr. Ces nouvelles thEories religieuses, conc;ues a l'ofigine par des moines pour des moines, furent bien acceptCes par les la'ics indiens qui se retrou­vaient en pays de connaissance et voyaient en elles un aliment a leurs espoirs. Cependant, quelques m9ines refusaienr ces nouvelles thEories et s'en tenaient a la lettre des Ecritures. 11 y eur dot1e deux grandes « Ccoles » de bouddhisme, l'une plus ou mains fidtle a la doctrine

14

philosophique et monastique prCchee en Son temps par le Bouddha, representant !'ensemble des sectes antiques, l'autre recouvranr un mou­vement complexe compose de philosophies diverses et dont les premiers Elements apparurent peu avant notre ere. Elles furent designees, la pre­miCre sous le vocable de Hlnaydna, «Petit Moyen de Pmgression , ou « Petit VChiculc », terme quelque peu dCrogaroire furgC par les tenants de la seconde, le Mahayana, « Grand Moyen de Progression , ou «Grand VChicule ». Ces deux « vChicules » Ctaient des voies, etmite ou large, permettant d'accCder au mCme Nirvana. 11 y eut, bien enten­du, uncertain nombre d'ecoles intermCdiaires qui prCtendaient concilicr les deux points de vue ...

Les sectes du Mahayana se rCpandirent en lnde, au Nepal, au Tibet, en Chine, en Coree et au J apon, plus tard au ViCt-nam. Quant a celles appartenanr au Hlnay8.na, si elles accompagnerent les autres jusqu'au Japan, elles connurent un bien moindrc sucd~s aupres des masses ; elles finirent mCme par clisparaltre peu a peu de leur pays d'origine er ne se trouvent plus maintenant qu'a Ceylan et dans quelques pays du Sud-Est asiatique (Birmanic, Tha:ilande, Laos, Cambodge) oil elles de­meurent trCs vivaces. En Chine, les theories du Mahayana furent confronttes aux philosophies confucCennes et tao'iques er mCme, par

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c;t1Nfm_ALI'l'ES

Le plus grand temple bouddhique de Boddh-Gayii en Inde

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Lions d' Ashoka, symboli­sant la force de la Loi du Bouddha, Inde, Sarnitth, m" si<::cle avant notre h-e

l'intermCcHaire de l'Asie centrale, aux religions iraniennes et chretiennes (nestorianisme). En Chine, le bouddhisme fut m@me confonclu, dans les premiers siecles, avec le taolsme, auquel il emprunta certains termes religieux. De ce fait, il donna naissance a de nombreuses sectes locales. Au Tibet, oU il ne parvint qu'asse:t. tardivement, au VII" siCclc, il se relnta de pratiques appurtenant aux cultes indigenes (bOn-po) cr se dCveloppa en une sane de bouddhisme paniculier, participant des doctrines tantriques indiennes, qui cleborda sur les pays de Mongolie et ne tarda pas a impregner les doctrines de quelques sectes mahaya­nistcs chinoises.

Le bouddhismc du Mahayana s' eloigna ainsi progressiv:ement de la pensee du Bouddha Gautama, et se divisa en de nombreuses sectes et sous-sectes, le panthCon de ses dieux et demi-dieux s'accroissant sans cesse d'Clements nouveaux puises aux diffCt·ents folklores : ce fur une des raisons de son rayonnement et de sa popularite. Ce bouddhisme du Mahayana, ou bouddhisme des sectes, est Cgalement appelC, d'une ma­niere gCneralc, « bouddhisme des Ccoles du Nord», par opposition aux sectes bouddhiqucs traditionnelles qui forment le « bouddhisme des Ccoles anciennes» (TheravJ.da) ou << bouddhisme du Sud}}.

Le bouddhisme des Ccoles du Nord, qui appartient pour l'cssenticl aux philosophies religieuses des sectes du Mahayana, differe assc:t. fm­tement des fo1·mes de bouddhisme ClaborCes en Inde, rant dans scs conceptions philosophiques que par les representations qu'il donne des divinires et des « forces }) venerees par ses nombreuses sectes et ecoles.

C'est au Japan, peut-€tre, que ces divinires du Mahayana furem les plus diversifiCes et lcs plus couramment reprCsentCes. Afin de pre­senter dans un ordre plus coherent les nombreuses divinitCs du boud­dhisme du Nord, nous nons sommes fondCs sur deux mcmdala (diagrammes cosmologiques) parriculiers aux sectes esotCriques ou tan­triques. En effet, les representations des divinitCs du bouddhisme ja­ponais relevent en grande partie (surtout a partir du debut du IX" siecle) de la tradition du bouddhisme esorerique, c'esr-a-dire du bouddhisme dans sa forme la plus Claboree, oU les « forces >} des divinitCs sont les plus diffe1·enciCes et reprCsentCes. Il s'agit ici de deux grands mandala complCmentaires, le Vajradhatu, « monde du Diamant >} (jap. Kongfi-kai Mandarct), et le Garbhadhitu (ou MahJ.kanmJ.garbha Mandala), « monde de l'Embryon >> (jap. Taizfi-kai Mandara). Les reprCsentatiotts des divinitCs n'apparcenam pas aces deux mandala majeurs parcicipettt soit de la tradition du bouddhisme ancien (mete au Japon de certaitts ClCmet1ts tsotCriques des avant le IX" siecle, parfois ap11ele Ko-mikkyfJ ou CsotCr.isme ancien), soit a des fmmes du bouddhisme CsotCrique tcls que le chan chinois (le zen japonais) ou les sectes vCnCrant Amitftbha, soir au bouddhisme lamarque du Tibet et de Mongolie, soit enfin au bouddhisme populaire qui, en Chine, en Coree et surtout au J apon, est trCs souvent syncrCtique, m@lant a ses croyances des formes appattenanr au taoi·sme, au confucianisme religieux ou encore a des cultes indigenes anciens (au shintO dans le cas du Japan).

On voir que la matiere est genereuse. Et l'on pourrait appliquer au bouddhisme en general cette opinion d'un moine japonais : « Le bouddhisme [. .. } est tlll systhne si vaste, un tel conglomtrac de difft:C:­rentes tendances qu'aucun observateur, sans une ample connaissance de son arriere-plan historique, ne sam·ait s'emp2cher d'erter en essayant de trouver tout ce que cela signifie. >>

Grand Bouddha, Birmanic, prCs de Mandalay, X!Xe siCde.

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Mandala d' Adi-Buddha, peinture sur toile, Tibet, xrxe siecle, collection privCe.

II

I

EVOLUTION DES REPRESENTATIONS BOUDDHIQUES

Le Parinit·vfina du Bouddha, Japon, KongObu-ji, date 1086

En Inde et a Ceylan En Asie du Sud-Est

Au Tibet et au Nepfil En Chine et en Coree

Au Japon

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EvOLUTION DES REPRESENTATIONS BOUDDHlQUilS

Fidele venerant L1. roue de Ia Loi, Inde, Sifichl, I"' siCcle

EN INDE ETA CEYLAN

Les tout dCbuts de la statuaire bouddhique en Inde ne nons sont pra­tiquement pas connus. Tout au plus avons-nous retrouve quelques pe­tits bas-reliefs representant une femme nue aux cheveux Cpars dans d'anciens st('Ipa, associCs a des reliques. Encore n'est-oo pas certain que ce soient 18. des effigies appurtenant au bouddhisme. Parmi les premieres ceuvres d'art proprement bouddhiques - mises a part les statues d'ani­maux (lions de Samfl.th, taureau de Rimpurwii, etc.) de l'epoque du roi Ashoka et qui s'apparentent au style des AchemCnides -, on ne pent guere citer avec une relative certitude que les statues, souvent colossales, de Yaksha (gCnies locaux) retrouvCes a Parkham, Mathur& ou Piitalipu­tra clans la vallCe du Gange. La ronde-bosse est encore assez fruste et un style « indien )) proprement dit ne commence a faire son apparition que vers le r•' siecle avant notre ere, avec d 'nne part les bas-reliefs ornant les partes (torana) du stUpa de BharhUt et les peintures des premieres grottes d'Ajantii (grotte n "10). Les bas-reliefs et sculptures bouddhiques des partes du stl1pa de Siifichl (I''' siecle de notre ere) momrent deja tm certain progrCs dans !'organisation de l'espace, bien que la ronde-bosse ne soit pas encore tres affirmee. En revanche, la peinmre semble bCne­ficier d'une technique deja remarguablement e!alxJlte. Aux environs de none ere, trois ecoles artistiques bouddhiques font leur apparition pres­que simultanCment celle du GandhUra, celle de Mathud et celle d'Amadivatl (dans le Sud-Est de l'Inde). Les sites de l'Ccole d'Amadvati (Amariivatl, Jagayapeta, Nfigarjunfikonda, Goli, etc.) nous ant livre de nombreux vestiges de stUpa ornes de plaques de marbre sculptees en bas-relief. Les premihes Ccoles bouddhiques ne reprfsentent pas la per­sonne m&me du Bouddha qui est seulement symbolisCe par un trOne, une fleur de lotus, une empreinte de pas, etc. Les divinites bdhmani­ques assocites aux cultes bouddhiques suivent genCralement les canons hindous. Parmi les rares sculptures en ronde-bosse de ce temps, on peut citer les « divinitCs des arbres )) des partes des stUpa de Bharh11t et de Sfi.fichl. A Amadvatl, la ronde-bosse Ctait rare. Dans le Nord-Est de l'Inde, en revanche, la oU les sarrapies d'origine grecque eraient floris­sautes, la confluence de Ia plastique grecque et des canons indiens aboutit a nne representation de la personne humaine du Bouddha er des diverses divinitCs ou Ctres divins honorCs par le bouddhisme. L'ClCgance des silhouettes larques de l'art d'Amadvatl se m€lant d'heu­reuse maniere aux canons grecs, apparaissent des images de moines et des Bouddha, le Bouddha historique ayant peut-Ctre succCde, clans Ses representations, a celles du Bouddha futur, Maicreya. Le profil des

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visages, tout d'abord nettement grec, s'indianise progressivement, a 1 'cxem.ple de la statuaire de Mathurii : la protuberance crUnienne, d'abord un simple chignon de chevcux, devient plus plate et s'orne de bouclettes ; lc drape de la mbe monastique, cl'ahord traitf en plis am­pies a la maniere clu khitfJn grec, s'assoupl.it et adhere au corps en plis reguliers. Apparaissent aux cOres des Bouddha des Ctres divins tels que les anges ailfs ct nombre de personnages accessoires, de £<tcture hellf­nique ou trCs influencee par l'art grec tardif. Ces critCres voyagemnt avec les missionnaires et seront a l'origine des styles bouddhiques an­ciens de Cey Ian et de la Chine.

La pCriode de !'empire des Gupta (V''-IX" siCcles), marquatu nne sorte de floraison des arts indiens en gCnCral, voit l'art bouclclhique parvenir au classicisme. Les caracteres de la personne du Bouddha soot alors nettement dCfinis et, tirant la lc\on des styles preo§dents, s'india­nisent compleremem. L'art suit alors les prfceptes des anciens traitCs techniques (les Shi!pa.rhcZrtra) et se conforme aux traditions esthftiques indiennes, recherchant dans l'apprChension des sujets la stabilitf et la sCn~nitC. En sculpture comme en peinture, Bouddha et Bodhisattva sont d'un style elegant, d'une purete de lignes extreme. Les statues du Boucl­dha sont souvent de grande taille, et leur robe s'applique Ctroitement au corps, dont la musculature est seulement suggeree. A partir du V" siCcle, le drape devient a peine visible, laissant apparaltre le modele tres subril du corps. En contraste, les images des Bodhisattva et des Ctres divins sont plus dCcorees. GCnCralcment re11rCsemCes nues jusqu'a la taille, avec une jupe longue a grands plis (comme les dhoti actuels), elles soot ornees de bijoux (colliers, diadCmes, bracelets, boucles d'oreilles), a l'image clu v@tement des princes incliens de l'epoque. Les aureoles, autrefois rares, deviennent de plus en plus courantes et sont,

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EN INDE ETA CEYLAN

Vue gCnCrale des gmttes de Sil.fich'i, Inde

Reunion des fidC!cs bouddhistes, Indc, Siifichl, pilier de tomnn (ponique), stflpa n" 1

Veneration de Ia muc de Ia Loi, Imlt, mC&ulloo de SiUichi, r'" sif.cle

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EVOLUTION DES REPRESENTATIONS BOUDDI-IIQUES

Gmnd Bouddha de Milthurii, Inde, v" siCcle, musec de Delhi

dans le cas surtout des images du Bouddha, parfois td~s omCes. Avec les VI" et VII" siCcles, les positions se « standat·disent », et les parures et bijoux des Bodhisattva et eues divins divers s'alourdissent. Les attitudes, de souples gu'elles eraient, deviennent plus hiCratigues. Sculptures en ronde-bosse et bas-reliefs tombent facilement dans le pon­cif, alors que la peinture se dCveloppe pleinement (notamment a Ajantil) et complete les representations divines avec des scenes lalques et des decors floraux et animaux trCs rCalistes. La figure humaine (divinltCs au jolies femmes) est infinlment gracicuse (Sigidya, v• siecle, Bfigh, par exemple). Mals a partir du rxe siCcle, alors que l'art hindou semble se diversifier, l'art bouddhique se sclerose un pen : il ne survit vCrita­blement que dans les ecoles d'art locales, notamment cellcs des dynas­ties Pilla et Sena au Bengale (XIII" siCcle). Ce soot ces Ccoles locales qui influenccnt a leur tour, grace aux Cchangcs de moines, les Ccoles artis­tiques du Nepill et du Tibet. En revanche, les arts bouddhiques ClaborCs jusgu'au VI" s.iecle environ dans le Gandhfi.ra se propagent en Afghfini­stfi.n et en Asie centrale, et de leur cOte influencent les styles chinois des le IVe siCcle.

11 ne nons reste pratiquement pas cl'a::uvre sur bois, bien qu'il air dl1 en cxister. La plupart des sculptures en ronde-bosse soot rCalisCes en piene, en general un gres relarivemcnt tendre de la vallCe du Gange (cauiCrc de Chlmar), ainsi que les bas-reliefs. A Amaravatl, c'est le marbre qui domine, merveilleusement traitC en bas-reliefs door le style se retrouvera d'ailleurs a la mtme Cpoque dans le Gandhilra, sur les plaquettes d'ivoire retrouvCes a BegrUm. Par ailleurs, dans le Gandhara, les premieres statues soot faites en schiste, matiCre difficile a travailler, et qui fur assez tOt remplacee par la terre cuite, puis par lc stuc, surtout pour les sculptures dCcorant les stltpa. Le bronze est principalement utilise pour les a::uvres transportables dans le Sud-Est de l'Inde et au Nepal, comme d'aillems a Ceylan. Dans cette derniere, la piene est reservee aux images plus grandes et fixes, qui ornent les monuments et edifices. Dans cenains monastCres bouddhigucs tardifs de l'Inde, comme a Nillanda, les styles des bas-reliefs et sculptures bouclclhigucs montrent d'une part une certaine degenerescence de l'esthCtique, et de l'autre des influences CtrangCres, chinoise surtout, apportCes par les nombreux pClerins qni venaient Ctudier dans cette cClCbre universire.

Le bouddhisme, dCgCnCrant en Inde du Nord, se rCfugie pour tm temps dans le sud de la pCninsule, mais ne produit plus d'a::uvre ma­jeure dans cette region, Ceylan exceptC. L'art bouddhigue se cantonne des lors, et cela jusqu'a l'arrivCe des musulmans au debut du XIII" siCcle, au Bengale d'oi:1 il dispara'i't a son tour ...

EN ASIE DU SUD-EST

Les missionnaires bouddhistes om rrCs tOt apportC leurs doctrines er leurs canons esrhCtiques dans les pays du Sud-Est asiatique, avec plus ou moins de succes. DCs les premiers siCcles de notre ere, des statues en bois du Bouddha debout appamrent en Cochinchine (Go-oc-Co) et

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dans le Funan (sud du Cambodge). Les missionnaires ayant Cgalement pCnCtrC dans Ia basse vallee de 1 'Irawady ct dans celle du Menam Chao Phraya, des Brats bouddhistes se crCent (Dvfi.ravat'i'), qui eltvent de grands monuments (stll.pa, monasretes), dCcores de sculptmes de factmc indienne obCissant plus ou moins aux canons des Ccoles Gupta et post­Gupta. Cependant, les effigies representant le Bouddha prennent une allure locale, les visages des divinitCs Ctatlt influences par les types ethniques et les canons esthCtiques de ces rCgions. Les attitudes soot encore raides. On utilise surtout la pierre, pat'fois la brique sculptCe. Sur la ct'ite orientale de l'lndochine, le bouddhisme se dCveloppe concurremment avec le bdhmanisme, mais ce n'est qu'au IXe siecle que l'on voit appam'i'trc au Champa de grandes reuvres bouddhiques avec

EN ASIE DU SUD-ES'f

T6tc de Bouddha, bois, Viflt-nam, Go-oc-Co,

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~ ~:·~

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Effigie de Lokeshvara, Cunbodge, J\ngkor, Banteay-kdei, fin XII" ~Jt-cle

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EVOlUTION DES REPRESENTATIONS BOUDDHIQUES

Grand Bouddha du Kyaik Pun, Birmanic, Pcgu, 1476

Bouddha de l'Arakan Birmanie, Mandalay, resrame au xvm' siede

le monasthe de DOng-du'o'ng. Ces reuvres, des sculptures et des bas­reliefs, appartiennent non plus aux sectes du Petit V ehicule comme en Basse-Birmanie et dans le royaume de DvUravatl, mais au Mahayana. Les personnages representCs ne sont plus seulement la personne du Bouddha historique, mais d'autres divinitCs appartenant aux pantheons du Mah<lyiina. Les silhouettes des personnages sont trapues et leur type ethnique est accuse : levres epaisses, moustaches, arcades sourcilihes continues, peut-etrc sons !'influence de l'art bouddhique de Java. Vers la mCme epoque le Champa produit quelques images de bron:te, repre­sentant principalement Avalokiteshvara.

En IndonCsie, olt il semble que le boucldhisme soit arrive nes tOt (on a retwuve des statues en bron:te de facture indienne, sur les cOtes occidentales de Bomeo, datant du V" siCcle), le bouddhisme du Ma­hiiyUna se developpe considerablement au VIII" siecle, principalement a Java, avec les ensembles monumentaux clu Borobudur. L'art du bas-re­lief atteint ici son apogee pour representer, a cOte des images des Jina (de facture influencee par les styles Gupta), d'innombrables divinites sur des bas-reliefs histories. Les grandes statues soot rares (Bouddha assis du Bombudur, statues du Chandi Mendut), mais d'excellentes pro­portions. Biles soot en pierre. Le bronze ne fur, semble-t-il, utilise que pour de ues petites statuettes. Apres le IX" siCclc, l'art bouddhique semble decroltre pour faire place a l'art brahmaniquc.

Au Cambodge, aprCs un certain declin, l'art bouddhique connalt un renouvcau avec l'arrivee au pouvoir de rois bouddhistes. Le plus celebre de ceux-ci, Jayavarman VII (1180-vers 1218), couvre le pays de monuments, d'images bouddhiques. C'est alOl's le triomphc des repre­sentations de Lokeshvara et de divinites minemes du Mahayana, ainsi que des ApsarUs dont les danscs decorent la plupart des monuments.

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En Birmanie, apres unc breve apparttton des doctrines du Ma­l "y6:oa venues du Bengale, ce sont les scctes du Petit vehicule qui ~~mposent, surtout a Pagan, oil des apports de Ccylan viennent quelque

5 ~u modifier !'ancien style crCe dans b basse valh~e de l'Irawady : c'est !ftors la bdque sculptee qui predomine, la pierre etant relativement :·are. Les statues soot al01's realisees en bdque, en terre cuite ou en bois. Nombre de celles-ci soot d'ailleurs influencees par les styles indiens du Bengale. Par la suite, ce style continuera, mais en se degradant. Le giganrisme sera de regie pour reprCsenter le Bouddha assis ou couche. Les corps en brique seront reconverts d'enduit et peints, souvcnt de brillantes couleurs.

AU TIDET ET AU NEPAl

En Thai'lande, lc bouddhisme des ecoles de Dvaravatl se perpetue dans le N01'd et se tmnsforme petit a petit, d'une part SOLIS !'influence des Khmers, qui occupent un temps la vallee du Chao Phraya, et de !'autre par une sorte de « siamisation » des attitudes, qui suivent a la lettre certains textes appartenant aux doctrines du HlnayUna. Les tCtes Bouddha de Nakhon des Bouddha s'allongent, les nez se recombent en« bee de perroquet >>, Pathom, Tha'ilande, VI"siede

les attitudes sc font tres souples, presque fluides. Nombre d'ecoles se creent, et l'art clu bronze est florissant. Par la suite, cet art devient plus hierarique et perd la plupart de ses caracteristiques : les poses deviennent mides, les doigts sont tous de la mCme longueur, les orne-ments surchargent les silhouettes. L'art laotien suit la tcndancc sia-moise, avec cependant des differences locales ... La aussi le bmn:te est utilise de preference, ainsi que le bois. Apparaissent dans ces styles le type du « Bouddha marchant », et les ffises de soubassement des stltpa formCes de protomes d'e!Cphant (comme a Ceylan et au Siam) ou de processions de disciples. De nombreuses statues du Bouddha assis ou debout ornent les faces et les erages des stltpa.

AU TIBET ET AU NEPAL

L'art bouddhique ne penCtre au Tibet qu'avec !'introduction des doc­trines boucldhiques dans cc pays au VII" siCcle, venues de eli verses regions de l'Inde, mais principalement du Bengale oU s'cst developpCe une forme particuliere de boucldhisme du Mahayana, fortement teinree de doctrines syncretiques et tantriques. L'art tibetain (et, par voie de conse­quence, nepalais) obeit done aux canons indiens er s'efforce de rcpro­duire fidelement les images des divinites telles qu'elles se trouvent clecrites dans les tcxtes sanskrits, lesquels appartiennent presque tous aux doctrines du Mahayana. Les imagiers, des moines pour la plupan, ajoutent au pantheon mahayUnique indien de nombreuses divi­nites « de circoosrance >> ou evoluees clu pantheon de l'ancienne religion populaire tibetaine, le bOn-po. L'art tibCtain se concentre principale­ment dans la realisation de peintures (thangka) dcvanr servir a la me­ditation des moines. Ces peintures soot le plus souvent realistes sur toile. Elles soot ainsi plus aisCment transportables. La sculpture ne comprend pas (ou a peu d'exceprions pres) de grandes ceuvres mais de petites statuettes de metal, dont le style est tout d'abord inspire par

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Akshobhya, tr:l'l't' pt'illtl',

Bhlltan, XX" siCdr:, coli. dt·l'aureur

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EVOLUTION DllS REPRJiSENTA'l'IONS BOUDDHIQUES

les modCles venus du Bengale, De nombreuses Ccoles voiem le jour par la suite, creees par les grands monastCres. Peintures et sculptures, a partir du XVI" siCcle, revelent souvent une nette influence chinoise. Les statues de plus grande taille, qui ornent lcs lamaseries, sont en general faites en terre moultc et stchec, alors que les decors de taille moyenne sont lc plus souvent realists en bois sculpte et dare (patfois sur fond de laqne rouge). l.a pierre est rarement utilisee. La plupart des a:uvres sont polychromes, d'autres don~es. Les sculptures de mCtal, tout d'abord rCalisees selon le procCdC de la cit·e perdue, sonr par la suite moultes en deux ou plusieurs parties, puis soudCes entre elle'), ou bien travaillees au repousse et soudCcs de la mCme maniCrc.

EN CHINE ET EN COREE

Les premieres images sculptCes de divinitts bouddhiques qui apparais­sent eo Chine, probablemcnt en provenance du Gandhfira par le tru­chement des oasis de l'Asic centrale, dans les premiers siedes de notre ere, sont copiCes sur les modeles imporres. Il s'ensuit que lcs plus an­ciennes images du Bouddha rCalistes en Chine (probablemcm vers le milieu du IV'. siCcle) soot fortemenr influencCes par le style indo-grec. Les sculptures representant les divinirts du pantheon mahfiy:1nique or­nenr tout d'abord les grottes, lesquelles sont creustes scion des modCles indiens. Elles soot rarement exCcutCes en pleine ronde-bosse, mais pin­rOt en ham-relief, pour Ctre vues frontalement, et decot·ent les murs des chapelles et des grottes. DCs la premiCt·c Cpoque, lef> styles appa­raissent diffCrents scion les rCgions. Cependant, le style majeur, celui de l'Cpoque des Wei, montre des images des pcrsonnages divins avec un large front, un nez a l'arete aiguC, une petite bouche souriante. Les plis du vCtement rerombent largemcnt en ondulations qui se superpo­sent rccouvrant le socle de la statue, laissant seulemcnt un ou deux pied's apparenrs (comme a Longmen). Les attitudes sont raides et hit­ratiques, pleines de majesre, les visages er les corps sam maigres, Clan­ces. Les aureoles sont larges ct en forme de feuilles pointues. Bien que la terre snit le mattriau de predilection des sculpteurs chinois jusqu'au VI" sitcle, de petits bronzes du mCme style sont coules en assez grand nombre. Ces derniers sont exportCs, notamment en Coree, oil ils sonr copies.

Au cours des siCcles suivants, les images bouddhiques subissent une transformation radicale : de nouveaux modeles sont alors venus de l'Inde, presenrant les caractE~ristiques des styles Gupta. Les debuts de la pCriodc des Tang voienr done se transformer les images des Bouddha qui se denudent de plus en plus et ont tendance a prendre des formes plus pleincs. Les verements des Bodhisatrva commencent a se surcharger d'ornements (bijoux, diadCmes, bracelets, pendentifs, etc.). Les corps prennent une attirude plus souple, en Tribhanga, « triple flexion »

chere a la plastique indienne, surtout dans les images des divinitCs debout. les halos deviennent, comme dans l'art des Gupta, roods, et sont dCcores de motifs floraux. Cependant, les !ignes generales demeu-

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rent encore raides er l'allure des Bouddha hiCratique. Les visages s'hu­manisent nCanmoins quelque peu et deviennent plus tCalistes (sculp­tures du Tianlongshan). Les traditions chinoises et indiennes tentent de s'interpCnCtrer, au benefice toutefois des styles indiens. Des Ccoles locales sc fmment, les unes oi:t seuls des arrisres chinois travaillent, d'aurres aU il semble que viennenr a:uvrer des artistes indiens. Les cous (des images des Bouddha s'orncnr, comme en Inde, des "trois plis de beautC », et les decorations de lotus apparaissent de plus en plus nom­breuses. Les robes, a peinc esquiss€es, ne recouvrenr plus lc siCge des divinires ...

Vers la fin du VII' sitcle, les sryles Cvoluent sensiblemenr ec suivcm plus franchement les canons chinois les visages deviennent plus rea­listes, la flexion du corps plus accusee. Les plis des v@rements sonr armnges avec ordre. Les visages sont maintenant pleins, avec des pau­piCres lourdes ; les coiffures sonr compliquCes ct les bijoux nombreux

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EN CHINE ET EN COREE.

Gt·and Bouddha des gt·ottes de Yiingang, Chine, vi" siecle

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EVOLU'TION DES REPRESENTATIONS BOUDDHIQUES

et dCraillCs. C'est toujours l'art de la decoration des grottes qui prCda­mine, la statuaire de petite taille Ctant plus tare, en bois ou en piene.

C'est a l'Cpogue des Tang que commence a apparaltre la sculpture bouddhique en poterie, art qui atte.indra son plein dCveloppement pen­dant la pCriode suivante, celle des Song. Mais il semble qu'it partir de la fin du rx· siCcle l'art de la sculpture tombe quelque pen en defaveur au profit de la peinture. Les patois des grottes (Dunhuang) et les murs des monasthes d'Asie centrale se couvrent de fresgues admirables, alors que la peinture sm rouleaux se dCveloppe pleinement en Chine meme. Les peintres de cour abordent taus les sujets bouddhiques, bien que leur preference aille a des sujets mains austeres, comme la representa­tion des Luohan ou des divinires mineures. Ces peintres suivenr les tendances generales des arts de leur Cpaque. Par la suite, l'art boud­dhiquc chinois tom be en decadence : on reproduit sans cesse ies memes images, on copie avec plus ou mains de banheur les ~uvres anciennes ... AprCs les persecutions de 845, le bouddhisme dCclinant en Chine, les moines-artistes ne produiscnt plus que des images mediocres.

En Coree, o-L1 les premiCres images bouddhiques arrivenr de Chine, les styles suivent d'assez pres, quoique comme une ecole pmvinciale, lcs le~ons chinoises. Les Careens, cependant, n'accordenr pas roujours leur predilection aux memes sujers que les Chinois, et les imagiers pamissent plus a l'aise dans la representation des divinires bouddhiques appartcnant aux €coles CsotCriques, representations qui influenceront largemenr les images japonaises ...

AUJAPON

On peut decomposer l'arr bouddhigue japonais en periodes correspon­dant approximativement aux pCriodes historiques. Cer art prCscnte une evolution continue, presque jusqu'a nos jours.

A l'Cpoque de Nara (710-794), les sculptures, jusqu'alars impor­rees de Coree et de Chine, ou rCalisees au Japan suivanr le style par­ticulier qui caracterise les c:euvres de la pCriode prCcCdente (Asuka, 538-710), prennent au debut une allure plus spCcifiquement japonaise. A cctte Cpoque, les arts de la Chine des Tang sont, dans unc certaine mesure, influences par les reuvres de la statuaire bouddhique de l'Inde, des religieux-voyageurs comme Xuanzang ayanr rapporre de ce pays ecrirures sacrees et images des monasteres bouddhiques alors florissanrs du Cachemire et de N&Janda. les artistes japonais (pour la plupart des religicux), qui se sonr rendus en Chine et en ant a leur tour rapporre des images, suivent la meme ligne d'inspiration, et leurs ceuvres portent tout naturellement la marque de !'influence Gupta. Uncertain realisme, deja discernable dans les statues de l'Cpoque d'Asuka (la plupart d'origine coreenne), semble s'accenruer, et le sourire archa:isant typique de cette pCriode disparalt de presque taus les visages. Le rraitement des plis du verement a tendance a se simplifier. Lcs peintures (fresques du KondO du H6ryi1-ji) montrenr un trairement qui n'est pas sans analogie avec celui des peintures des grottes d'Ajantft en Inde. A la fin

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de l'Cpoque de Nara, l'art bouddhique japonais semble se dCtacher qucl~ que pcu de !'influence de l'art des Tang. Le bronze est de mains en mains utilise, au profit de mareriaux plus souples, rels que le bois, la laque seche, la terre. Bien que les corps deviennent plus raides, les images acquiCrent plus de puissance, Les visages sont !Jlus rCalistes et expressifS, les aureoles prennent !'allure de veri tables travaux d'orfevre­rie. De grandes statues de bronze sonr encore realisCes (Daibutsu du TOdai-ji, 749), mais elles sont rares. On prCfere maintenant tailler en plein bois. Quant a la peinture religieuse, confiee aux peincres des bu­reatlx officiels (qui compraicnr des artistes chinois dans !ems rangs), elle se limite a !'illustration de sUrra et a la confection d'images tracees a l'encre de Chine et brillamment colorees, a !'imitation des reuvres chinoises ou d'Asie centrale.

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AUJAPON

Statue de Skaka Nyorai, bronze,Japon, VIII" siCcle

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L'Cpoque suivanre, celle de Heian (794-1185), voit, avec !'appa­rition des doctrines CsotCrigues et leur cortege de divinitCs, !'apogee de l'an bouddhigue au Japan. Cette pCriode marque la transition entre l'art d'influence Tang de l'Cpogue de Nara et l'arr de style proprement japonais qui s'imposera a partir de l'Cpoque des n§gents Fujiwara, au X" siecle. Les moines ont rapporre de Chine de nombreuses images, peintes et sculptCes, des divinitCs du pantheon Csoterique. Les textes, mieux connus, inspirent les artistes qui vont s'efforcer de prodL1ire d'in­nombrables images des divinites confonnes a ceux-ci mais egalement a leur gtnie propre. L'heure n'est plus a la servile imitation des modeles careens on chinois, mais U une vCritable recreation. Le bois est dCsonnais presque uniquement utilise, patfois laisse nu (bois odori£Crams), mais le plus souvent laquC et clare. Trois styles se patTagent alors la faveur des artistes : ceux qui sont directement dCrivCs de la pCriode prCcCdcnte, ceux qui sont influences par les styles chinois de la fin de la pCriode des Tang, enfln les styles provinciaux ... Vers la fin de la petiode, les sculptures en plcin bois font progressivemenr place a des ceuvres composites, en morceaux assembles, ce qui permet de fabriquer des series. Les peinrures consistent surtout en mandala et en bannieres, puis, a partir du XII" siCcle, la peinrure est presque exclusivemcnt vouCe aux representations caractCristiques des cultes d'Amida.

L'Cpoque de Kamakura (1185-1333) voir le triomphe de la sculp­tute rCaliste, en bois colore, avec incrustations d'yeux en verre. De ve­ri tables portraits de moines sont n~alises, et l'anatomie est mieux rendue. Les peintures deviennent de veritables tableaux, et d'innom­brables rouleaux sont pcints, parfois avec un sens caricatural trCs incisif, sur des sujets bouddhiques.

Apres cette periode, l'art de la sculptme dCcline et disparai't pres­que completement au pl'Ofit des images peintcs. L'iconographie popu­laire tend a remplacer l'iconographie bouddhique traditionnelle qui, depuis le XIV" siCcle, ne s'esr pratiquement pas renouvelCe. Cette ico­nographic populaire, extremement riche, f01·mera l'essentiel des repre­sentations bouddhiques japonaises jusqu'a l'epoque moderne.

II

GENERALITES ICONOGRAPHIQUES

Mit·oku Bosatsu, bois de pin, Japon, fin du vn• siede, K0L"y0.-ji, KyOto.

Les diagrammes (mandala) Les gestes symboliques (mudrU)

Les postures des divinitCs Les sieges des divinitCs

Les aureoles des divinitCs Les anributs et accessoires des divinites (lakshana)

Les accessoires du culte

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G:ENERALITES ICONOGRAPHIQUES

LES DIAGRAMMES (mandala)

Ancienne tradition brUhmanique reprise par le tantrisme, la confection de diagrammes representant la Divinite et ses tOrces, on bien des grou­pemcnts de divinites, demeure la meilleure maniCre de reprCsenter l'univcrs invisible des forces qui n§gissent le cosmos. Ces representations << organisCcs » de l'univers divin sonr encore largement utilisees en Inde m€me en de nombreuses occasions, rituelles ou autres, pour in­vaguer la DivinitC, Cloigner les esprits malCfiques, se concilier les Umes en·antes ou encore demander une faveur aux puissances celestes. En tCmoignent encore de nos jours les dessins rituels traces sur le sol clevant leur maison par les femmes dans les campagnes incliennes (Alpona du Bengale, Aripana du Mithila, Osa en Orissa, Chowk en Uttar Pradesh, Mehnd.i Mandana du Riijasthftn, Rangoli au Mahftd.shtra, Kolam au Tamilnadu, Sathia au Gujadt, etc.). Ces diagrammes rituels sont en fait une sorte d'ecdture pour conespondre avec les divinites et tirenr peut-€tre leur origine de signes magiques. L'Agni Purdna, un des plus anciens textes en sanskrit, decrit l'un de ces diagrammes, le Sarvato­bhadra, considere comme l'un des plus puissants, constitue de quarante­cleux croix attachees ensemble ... Ces representations collectives de sym­boles ou de divinitCs sont rCputCes avoir nne tri':s grande force magique. Il n'est done pas Ctonnant que le bouddhisme se soit cmparC de certe idee et ait elabore lui aussi des mandala servant son besoin d'organi­sation du mondc matCriel comme du monde subril. Dans un mandala (jap. mandara ; tib. dkyil-'kor) les divinirCs (ou lems symboles), assem­bltes selon un certain ordre, repnEsentent « l'univers emier dans ses lignes essenrielles, dans le dualisme de son processus, cl'une emanation divine er de sa resorption dans l'humain, dans sa dialectique de desin­cegrarion et de rCintCgration, un cosmogramme qui est le pmadigme de revolution et de l'involution cosmigue1 )},

Un mandala est toujours organise amour d'une divinitC, d'un point (binclu) ou d'un symbole majeur. Au Tibet, il est partOis cennC sur un personnage historique, comme Padmasambhava ou le traclucteur Marpa. Il est fonne d 'enceintes concemrigues circulaires ou carrees, munies de quatre « partes » orientCes suivant les points du compas (au Tibet, le Sud est reprtsentt a gauche, le Nord a droire, l'Est et le ZCnith Ctant en bas, l'Ouest et le Nadir en ham). Chaque cercle ou enceinte est occupe par des divinitCs ou des symboles. Lorsque la divinite centrale est nne divinite « courroucee })' un cercle exrCrieur renferme des images des lieux de Cl'Cmarion ou des « huit chamiers ''·

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GtnCralement, Ia divinire centrale est enromee de trois cerclcs de pCtales de lotus, de 1Jajrct (foudres) et de flammes. Mais cela n'est qu'une convention, ct les mandala peuvent avoir de rres nombreuses enceinccs. En f.'lit toute figure formee par nne divinitC centrale entourCe d'autres divinitCs (aspects, emanations, acolytes, symbolcs ct pcrsonnages acces­soires) consrirue un mandala.

On disringue en general, dans le monde bouddhique, quatre categories de mandala, representations gmphiques dans lesquelles sont groupCes, iconographiguement et symboliquement, tomes les puis­sances et forces du monde phenomenal et de I' esprit, et door Ia rCunion organisee forme la personne, l'entite du I3ouddha identifie a l'univers. Ces mandala, clCcrits en derail dans de nombreux sUrra, diffCrents les uns des aurres suivant les textes, soot en general peints sur soie, eaton ou papier, parfois sur bois, graves sur metal ou bois. Au Japan, certains furenr realises en bas-reliefs de bronze. Dans de nombreux temples bouddhiques, au Tiber comme en Chine ou au Japan (par exemple au TOdai-ji de KyOto ou au SangarsudO du T6dai-ji de Nara), les statues des divit1itCs, par leur groupemcnt mtme, forment des mandala. Le plus grand mandala bouddhique est sans conresre formC par les terrasses concentl'iques du stUpa du Borobudur, a Java, datant du VIII" siecle. Ce glgantesque monument, coiffanr le sommcr d'uoe collit1e, est en effet compose de plusieurs ten·asses carrees surmonrees d'une triple terrasse circulaire que couronne un stllpa central. C'est un monument initiati­que, sotte de labyrinthe cosmique. La structure mCme du complexe rend a devenir une representation du cosmos. Elle comprend trois ni­veaux : le monde des DCsirs (K3.madhitu), cache par uoe grande rerrasse additionnelle ; le monde de la Forme (RUpadh3.tu), consistanr en quatre

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LES Dli\C RAM.\lES

Gtand mandala d'Adi-Buddha, Tibet, XIX" siedc, coil. de l'autem

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GENERAUTES ICONOGRAPHIQUES

Mandala des Gochi Nyorai du KongO-kai

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terrasses carrees dCcorees de mille huir cents bas-reliefs representant la vie du Boudclha Shakyamuni C':Jautama, les }Jtaka (2• et 3' galeries), puis les Bouddha a venir ; cnfin le monde sans forme ou de Pure Per­ception, qui est reprCsenrC par les quatre autrcs terrasses circulaires : la premiCre sans decoration, les trois atttres ornees de Bouddha a demi ca.ch~s dans. des stG.pa ajn~tr~s (soixanre-douze en tour). Le croyant qui fart 1 asccnsron de ce prodtgteux monument parcourt les cercles succes­sifs d'un mandala, partant de la terre et de ses dCsirs, suit l'enseigne­ment du_ Bou~dha en parcourant les galeries carrees (aspect terrcstre), pour enfm arnver aux cercles ali plus rien ne vient le distrain~ de sa ~editation ambulante. Face au grand stllpa central, il pent alms mC­~hter_sur le _Tout sa~s forme, la personne m@me du Bouddha supreme yamats attetnte, gut ne pent &tre perc;ue ni con~ue, ct qui n'a ni commencement ni fin. En fait, rout temple ou stllpa est un mandala e? lui-m@me, et les terrasses door s'entourent les stltpa, en lode comme atlleurs, sont les enceintcs concentriques qui entourenr la divinite cen­trale. En lode brfihmanique, le plan des temples Crait Cgalemenr conr.;u comme un mandala.

Les quatre grandes categories de mandala se rrouvenr en fait rCu­nies dans les deux grands mandala que nons a vans choisis pour ordonner notre propos. Ils se trouvent Cgalement taus les quatre dans l'un d'eux le Vajradhtitu Mandala : le mandala des Elements (Mahdbhfita Mandala;

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jap. Dai Mandara), lc mandala des Attributs (Samaya Mand-ala ; jap. Sanmctya Mandara), le mandala des Lettres-Symboles (Dharma Mandala au Bfja Mandala ; jap. HiJ Mandara) ct le mandala des Actions (Karma Mandala ; jap. Katsuma Mandara) 2

Selon le Guhya T antra, le nombre des mandala pouvant entrer dans ces categories serair de trois mille cinq cents. Mais ce nombre n'est aucunemenr limitatif, lcs mandala pouvant, thCoriquemenr, etre une infinite. Bien que leur origine soit indienne, ils furent utilises au Tibet et en Chine pour les besoins des secrcs tantriques et esoteriqucs. Leur apparition auJapon coi'ncide avec la creation, sur le modele chinois du Shenyan, de la secte Shingon, au debut du IX" siecle. Ccs mandala furent rapportes de Chine par les moines qui s'y Ctaient rendus, bravanr les dangers des voyages sur mer, pour y chercher de nouvelles doctrines. Ils ont al01's revetu au Japan une importance extreme, bien plus qu'en Chine, car ils permirent aux moines-artistes de se fonder sur eux pour €laborer les innombrables statues et peinrures de divinires que les sectes ct les temples rCclamaienr. En effet, Ia plupart des divinites bouddhi­ques vCnerCes au Japan dans le cadre des doctrines esotCriques ont ere tirees principalement des deux grands mandala adoptes par la secte Shingon, ainsi que par d'autres, telle celle du Tendai (chin. Tiantai), ceux clu mandala double des Deux Mondes (jap. RyOkai Mandara), le Garbhadhtitu Mandala (jap.TaizO-kai), parfois appele « mandala des

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lES DIAGRAMMES

Mandala des Gochi Nyorai du TaizO-kai

Page 18: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

G:ENERALrrEs ICONOGRAPHIQUES

lcs deux mandala du Tai­zO-kai et du KongO-kai, peinture sur soie, Japon, KyOto, TO-ji, !Xe siE-cle

Emanations des Trois Etages » (jap. Sanju Mandara), ct le Vajradh!ttu Mandala (jap. KongfJ-kai), donr nons avons deja padC.

Le Garbhadh!tttt M?mdala (M?th!tkarunJgarbha Mandctla) est symC­triquement dispose : amour du Grand Illuminateur, le Bouddha Ma­havairochaoa (jap. Dainichi Nyorai), se trouveot repartis, dans l'orclre de leur importance et suivam leur horizon, tons les groupes de divinitCs du panthCon du bouddhisme CsotCrique, lesquelles sont reprCsentCes tellcs que le vent la tradition iconographique religieuse. Ces groupes de divinitCs som divisCs en « classes » suivant leurs foncrions. Le Vaj­rttdh!ttu M?tnc/ctla qui le complete est compose de neuf mandala diffC­rents, appartenaot aux quatre categories sus-memionnees, disposes, a partir du cemre, en spirale en tournaot dans le sens des aiguilles d'une montre, et chacun est consacrC a une certaine categoric de divinitCs, de symboles ou de lettres-symboles (bfja ; jap. Jhilji). Il est plus abstrait ct symbolique que le premier mandala, qui ne l'Cf>rCsente que le monde des apparences, alors que le mandala du Vajradh&tu symbolise les forces spirituelles. NCanmoins, ces deux mandala sont inseparables.

En dehors de ces deux grands mandala, les mandala divers qui om, soit en Chine, soit att Tibet ec au Japon, inspire peintres et sculp­teurs en definissant pour eux formes et attitudes des divinites boud­clhiques, sont relativement nombreux. Tons ces mandala eurent une trCs grande importance, non seulement en tam que support materiel pour les meditations des moines, mais Cgalement pour l'enseignement. Ils clefinisscnt en effct visuellement chaque divinitC en lui assignant nne place precise dans l'ordre cosmique par rappon ala divinite centrale et par rapport a l'homme, en incluant ce clernier dans des classes << qua­litatives », selon les lois de la logique bouddhique. Un mandala repre­sente done ala fois la Divinite supreme dans son Unite ou sa Diversite, le monde Cl'Ce dans son organisation cosmique, 1 'ensemble de l'huma­nire par rapport a cette clerniere, et finalement l'homme lui~meme dans sa totalite, materielle et spirituelle. 11 est done a lui seul nne visuali­sation particuliere de tout l'univers.

Tout cela n'Ctait bien compris que des moines. Pour l'homme du commun, la veritable signification des mandala demeurait impenetra­ble : il n'y voyait qu'une sorte de reflet proteiforme de la DivinitC.

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LES GESTES SYMBOLIQUES (MUDRA)

D tres nombreuses positions de mains furent utilisees dans la sculpture e/la peintul'e bouddhi9ue~, tant en I,nde qu'au .Tibe~, en Chine, en Coree et au Japan, P?~r .u~drquer au fi;Iele, de man1ere s1mple, la nature t la fonction des diVmttes reprCsentees.

e Ces mudd (jap. in-z8 ; chin. yin) sont des « signes » ou sceaux·l}} qui symbolisent des forces ou des manifestations divines.

UrilisCcs par les moines dans leurs exercices spirituels de meditation t de concentration, elles sont censCes creer des <{ forces }} et « appeler »

~a DivinitC. Ce~ mud:& soot u~ilisCes .de fac;:on c~ura~te par les moines dans le\.trs prauques ntuelles d adoratton, de conjuratiOn ou de concen­tration. Toutefois, les Ccoles du Sud ne les utilisent pas lors de leurs

ll·atiques (hormis peut-Ctt·e la mudra de veneration, Afijali, pom la ) ' 1 ' . priCre) et n'en ont gardC que quelques-unes pour eurs representatiOns de la personne du Bouddha, principalement celles de !'absence de crainte (Abhaya-mudrfi), rCalisCe avec nne ou deux mains, celle de l'accueil ou de l'offmnde (Varada-mudnl), celle de la prCdication de Ia Doctrine (Dharmachakra-mudd), ou de !'argumentation (Vitarka-mu­dril), enfin celle de la prise a tCmoin de la terre par le Bouddha (Bhlt­mishparsha-mudra). Rares sont les representations du Bouddha en In de, a Ceylan ou dans le Sud-Est asiatique qui prCsentcnt des mudd diffC­rentes de celles-ci. L'Afijali (veneration) est de regie pour les representations d'orants. Dans les ecoies du Nord, en revanche, les mudrii furent largement utilisees. Elles correspondent pour la plupart a celles qui furent pratiquees par le bouddhisme indien des sectes du Mahayana et qui, relativcment tardivemem, furent completees par les religieux des sectes du bouddhisme lamai'que ribCtain, et des sectes chinoises et japonaiscs. Au Japan, elles ne furent pas utilisees systCma­tiquement avant le retour de Chine de Kl1kai (KObO Daishi) 1 • On en rencontre done rres peu au Japon avant le debut du IX" siCcle, sauf peut-€tre sur des copies d'reuvres chinoises ou corCennes. On remarque unc de ces rnudra dans un groupe de cinq personnages ornant une

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LES GESTES SYMBOLIQUES

Main de Miroku Bosatsu, bois et Iague sCchc, Japon, Nata, HOryCI-ji, vm•siCdc

Main d'Amida en accueil (JO-in), bois Ct Iuque sec he, Japon, X"siE-cle

Page 19: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENERALI'rES ICONOGRAPHIQUES

Main en Abhaya-mudrii, Thai'lande, xvm• siecle, coll. de ]'auteur

plaque de cuivre repousse montrant le Bouddha ShUkyamuni en Dhar­mac:hakm entoure de Bodhisattva et de deux ,, auditeurs », datant du VIII" siede (au HOryU-ji) : c'est peut-2tre Ja l'exemple le plus ancien d'une reprCsentation de muddi dans ce pays.

La classification traditionnelle reconnalt deux categories de mudd : sans forme, c'esr-a-dire sans attribut (jap. ttl!Jgy8), et avec fotme ou attribut (jap. ugy8)5

• Nous ne nous occuperons dans ce chapitre que des mudd de la premiere caregorie, les autres devant naturellement dCcouler des descriptions des divinites qui urilisent dans leurs repre­sentations des accessoires ou atrributs (lak.rhana). Pour plus de commo­ditC, nous diviserons ces mudd « sans forme » en trois classes :

1. mudrfi des Grands Bouddha ; 2. mudri utilisCes principalcment par les divinitCs mineures et les Bodhisattva ; 3. mudd des forces tenibles. Certaines mudrfi peuveot cependant appartenir a plusieurs de ces

classes a la fois. Les mudrfi soot tres oombreuses : le MahJvairochana-s/}tra, au cha­

pitre IX, en Cnumhe treote et une pour les Grat1ds Bouddha, cin­guantc-scpt pour les grandes divinitCs et guarante-eing pour lcs autres. Dans le chapitre XIV du meme sUrra, il est prCcise que les ncuf mudrfi CsotCdgues correspondent aux Cing Bouddha de sagesse et aux guatre grands acolytes de ceux-ci 6• Cependanc, nombre de mudd citCes dans les sUrra et autres textes canonigues nc furent pas (ou seulement tt·es rarement) utilisCes pour les representations de divinitCs. Seules nons occuperoot ici les mudd que l'on rencontre associCes a des images de divinires qui ont ere ou qui soot encore vCnCrCes en Asie. Quant aux autres mudd, plus ou mains rares ou thCoriques, nous ne les dCcrirons qu'ii !'occasion de la description des divinitCs qui les utiliseot exccp­tionnellement.

LES MUDRA DES GRANDS BOUDDHA

Ce soot celles qui caractCrisent les effigies du Bouddha dans les Ccoles du Sud, et les Cioq ]ina (parfois appeles dans certaines formes du boud­dhisme du nom collectif de Dhyini-Buddha) symbolisanc des « mo­ments >> de la vie du Bouddha historique. Ccs mudrit, qui concrerisent la nature et les fonctions de ces Bouddha, soot souvent realisees avec les deux mains, soit separCes, soit rCunies. Elles soot cependant parfois utilisees par des Bodhisattva ou pat d'autres divinites, sauf toutefois celles qui soot particulieres a Mahfivairochana et a ses diverses formes esotCriques.

Abhaya-muddi (chin. Shiwuwei Yin; jap. Semui-in)

Cette mudd symbolise !'absence de crainte, la protection, la bienveil­lance, la paix. Dans les ecoles du Sud, elle est gCnCralement faite avec la main dmite levee a la hauteur des epaules, le bras repliC, la paume de la main en avant, les doigts levCs et joints. Dans ce cas, la main gauche pend le long du corps. Cette muclrft est associCe, en Tha'ilande et au Laos surtout, au mouvement du Bouddha marchant (aussi appele Bouddba posant l'empreiote de Son pied). Elle est presque toujours

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·1· ee jJar les images montrant le Bouddha debout, soit immobile et ut1JS · l D lSdE .. les pieds reunis, solt ma1:c1ant. ans e u ~ ~st astattque, on,..,rencontre

·tout des statues du Bouddha debout fatsant cette mudra avec les SUI ' • [ d' d j . • deux mains disposCes symerr~quement c e part et autre e a po1tnn~. U e vadante de cette mudra, appelte alors Bttddha.rmarana, « du fmt

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fixer son attention sur le Bouddha >>, est parfois, guoique asse~ ra­~ e 1ent utilisCe dans le Sud-Est asiatique : elle se fait avec la main denite ~n Abhaya, levee ala hauteur de la tCte. L'Abhaya-mudri est t:~ rarement rCalisCe par d'autres divinitCs que les Grands Bouddha ou les Bodhisattva. ~ " .

En Chine et au Japon comme en Coree, cette mudra de Ia mam droite est souvcnt utilisCe en combinaison avec une autre mudd faite fe la main gauche. Au Japon, selon I' opinion de quelques religieux, ~orsque le majeut· de la. m~in dt?ite en Ab~a~a. s~ trouve lCgercment projetC en avant, eel; m~tquet;'llt que. la dtvl111te relCve de Ia secte Shingon. Cette tX:~d_;a, ~Ul para~t .de ?nme a?ord un geste t~atutel.' fur probablement uttllsce des la prclustotre en s1gne de bonne mtennon : la main levee et sans arme propose l'amitiC, ou tout au moins la paix. Ce fur Cgalement, depuis l'AntiquitC, un geste affirmant la puissance : c'est la magna mamts des empereurs romains, qui legifere et donne la paix en mCme temps. Ce fur, traditionnellement, le geste d'apaisement que fit le Bouddha alors q.u'Il ~t~it attaquC pat, u~ ClCphant ~urieux, geste qui eut comme effet rmmec~1at .de calmer l antmal. D~ fatt, cett~ mudril indique non seulement 1 apatsement des sens, mars est auss1 !'absence de crainre. Elle confere Cgalement aux autres cette absence de pcur qui est libCrauice. Dans I' art du Gandhiira, cette mudrft fut parfois urilisCe pour indiquer l'action de precher, de meme qu'en Chi~1e. En effet, elle se renconrJ·e trCs communCmenr dans cc pays pom les 1mages du Bouddha des epoques Weier Sui principalcment (IV"-VJ< siecles).

Dans les representations bouddhiques des Ccoles du Nord, cette mudrfi est souvcnt rCalisCe par les clivinitCs, en association avec unc autre, faite de la main gauche, soit en Varada-mudrfi, soit, pour lcs positions assises, posCe paume tournCe vet'S le baut, sur les jambes ctui­sCes. Ces deux dcrnieres positions de mains (Abhaya-Varada) se nom­ment au Japan Segan Semui-in (ou Yogan Semui-in).

Varada-mudrft(jap. Yogan-in, Segcm-in, Seyo-in; chin. Shiyuan Yin)

Cette mudril symbolise l'offrande, le don, l'accueil, la charire, la compassion, la siocCdrC. C'est la mudrfi de l'accomplissemeot du vceu de se consacrer au saint des humains. Elle csr presque toujours rCalisCe avec la main gauche'. Elle pent erre faire avec le bras pendant naturel­lement le long du corps, la paume de la main ouvel'te se trouvant vers l'avant (cas le plus rCpandu dans les statues indiennes et du Sud-Est asiatigue), ou bien le bras replie, la paume offeree ou bien lCgh-ement tournCe vers le haut, ou bien encore le bras repliC sur le cOte du corps, la paume rournCe vers le haut, les doigts allonges ou rres lCgCrement plies. Cette mudt·fi est rarement urilisCe seule, mais le plus souveot en combinaison avec une autre mudrfi faite avec Ia main droite (en Abhaya au autre). Abhaya et Varada soot souvent rCalisees ensemble (main droite, main gauche), mudrfi double trCs coutante, surtout dans les representations chinoises et japonaises (jap. Yogan Semui-in, Segcm Semtd-in).

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LES GESTES SYMBOLIQUES

U n des Bouddha du T8dai-ji, bois dore, Japon, Nara, xvm" siecle

Abhaya-mudra

Doubll.l Abhaya-mudrii, Asie Ju Sud-Est

Page 20: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENJiRALI'rES ICONOGRAPHIQUES

Vitarka-nmdril.

Vitru_.ka-mudril., Tibet

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Abhaya-Vamda muddl

Dans les statues de l'epoque Wei en Chine et de la periode Asuka au Japon, les doigts sont raides, puis, petit a petit, les doigts s'assou­plissent, l~ majeur et l'index sont sCparCs des autres doigts, ou bien, dans certames statues commc celles de Yakushi dans le KondO du HOryU-ji, le petit doigt et l'annulairc sont seuls dCtachCs. Finalemenr, a l'Cpoquc des Tang, les doigts perdent route rigidire et s'incurvem naturellement. Alors que les textes canoniques disent que cette mudra peut @rre rCalisee avec la main droite, rares sont les Bouddha ou les Bodhisattva represenres avec cctte position. Certaines statues (KichijO­ten du HOryU-ji, KyOto) l'utiliscnt, ccpendant que la main droite tient un attribut.

Cette mudd. est, en Inde, caractCristique des images d'Avalokiw teshvara, depuis la pCriode Gupta (JV<-V" siCcles). Dans le K!irandawvyfl­ha, il est dit q~1'Avalokiteshvara, visitant le royaume des morts, laisse couler de sa mam en Varadawmudrii l'eau de vie qui ressuscite les morts.

Lorsque les mains en AbhayawVaradawmudrii ant les pouces qui se touchent (position principalement japonaise et appelCe Artwiwin), elles indiquent l'apaisement des sens 8 • Cette mudnl: composite est souvent confondue avec la Vitarka-mudrfi, qui est celle de !'argumentation ou de la discussion de la Doctrine. Cette derniCre ressemble en effet a l'An-i-in japonaise, mais alors que dans celle-ci la main gauche repose su1· le genou (dans les postures assises), elle en est nettement sCparCe dans celle-la ( voir a Vitarka-tnudr!i ).

Vitarka-mudrii (Vyiikhyiina-mudrii; jap. SeppO-in, An-i-in; chin. Anwei Yin)

Cette mudrfi ressemble soit a l'Abhaya, soit a Varada, mais se fait avec les deux mains en Abhaya-Varada, les potKes touchant le bout des index. Ell~ est surtout utilisCe pour les images des Grands Bouddha, et symbolrse alors une des phases de la predication du Bouddha, celle de la discussion (au argumentation) de la Doctrine. C'est la mudrii qui convainc l'auditeur, qui entralne sa conversion en lui expliquant la Bo?ne Loi. On lui donne done parfois le nom de « mudrfi de l'expli­cauon ». Lorsque la main droite est en Varada (Abhaya avec pouce et index joints) et que la main gauche tient un pan de la robe, la Vitarw ka-mudrii ainsi formee est dCnommCe Kesa Ken-irt au Japan. Cette der­niCre muddl est particuliCre aux effigies de Ratnaketu (jap. HOd)

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Nyorai), qui Ia realise loin du corps (Gai-Segan-in, main droite en Yo­gan-in extCrieur, main gauche tenant le pan de la robe clevant la poi­trine), et a Samkusumitarfija (jap. Kaifuke-0 Nyorai), alors appelCe Nai-Segan-in (main droite en Yogan-in devant la poirrine, main gauche tenant le pan de la robe sur la cuisse). Quelques m1tres divinitCs peuvent Cgalement rCaliser ce Kesa Ken-in, mais dans ce cas, la main gauche qui dent le pan de la robe est CcartCe du corps. Ces derniCres positions soot surtout reprCsentCes sur les peintures ct les mandala.

Une variante de cette Vitarka-mudrfi, particuliCre aux effigies chi­noises et japonaises de Bhaishajyaguru (jap. Yakushi Nyorai), est appclCe Yakushi-in au Japan : la main droite est en Abhaya, la gauche en Varada ou en Vitarka, tenant un pot a medecine.

\ Cette Vitatka-mudrfi peut presenter quelques variantes. C'est ainsi que lc ponce peut ne pas toucher complCtcment l'index, ou qu'il peut le dCpasser sur le cOtC. Une variante chinoise et japonaise (jap. An-i­sh8shu-in ; chin. Anwei Shechtt Yin), qui prend le sens de tranquilliser et de consoler, sc prCsentc comme une Vitarka-mudtii faite de la main gauche, cependant que la droite est ouverte en Varada a la hauteur de la hanche.

Au Japan, une autre variante montre l'annulaire joint au ponce : c'est la mudd de Bonne Fortune (KichijO) particulit:re a la dCesse KichijO-ten. Rares soot les Bouddha rcprCsentCs avec cette mudrii (Kichijo-in).

Lorsque le pouce ct l'index se joignent par leur extrCmitC, ceia forme un cercle qui reprCsente la perfection, ce qui est Cternel, notions assimilCes a la Loi du Bouddha. Au Tibet, ce cercle est realise par les Tara et les Bodhisattva par la jonction du ponce et de l'un ou l'autre des autres doigts (rib. Pa-dan rt.re-gst./.tn). Dans le bouddhisme CsotCrique ct les cultes consacres a Amid'i.bha, diffCremes sortes de Vitarka-mudrU sont utilisCes. Nous les Ctudierons a propos des representations d'Ami­tabha. Au Tibet, une variante utilisCe surtout par les divinitCs en Yab­yum (embrassement), les mains croisCes aux poignets, paumes vers la poitrine, doigts lCgCrement Ccart<~s, est appelCe PrajficllinganJbhirtaya.

Dans le stltpa clu Borobudur a Java, les statues des Bouddha de la cinquiCme balustrade, qui comonnent les Ctages carrCs du monu­ment-mandala, montrent routes la main droire en Vitarka-mudra, la main gauche demeurant sur le giron, paume tournCe vers le haut. Cette mudrfi semble alors 2tre parriculiCre au Bodhisattva Samantabhadra.

Dharmachakra-mudd. (jap. TenbtJrirt-in, Chikichi-jfi-in, HfJshin-.reppO-in ; chin. J uar~falun Yin) Lorsque les deux mains soot rapprochecs l'une de I' autre devant la poi­trine, la droire en Vitarka, paume en avant, la gauche Cgalemcnt en Vitarka, paumc tournCe vers lc hatlt au vers la poitrine, les doigts Ccarres d'une des mains touchant presque ceux de l'autre main, c'est la position de la mise en branle de la roue de la Loi, caractCrisrique du Bouddha pr@chant, et gCnCralcment rCservCe aux effigies du Bouddha Shfikyamuni. Cette mudrfi connut plusieurs variantes. Dans les fresques d'Ajanta (Inde), les deux mains sont nettement sCparees et les doigts ne se touchent pas. Dans les images du style indo-grec du Gandhfira, le poing ferme de la main droite semble coiH'er les doigts reunis au pouce de la main gauche. Dans les fresques du HOryG.-ji au Japan, les deux mains en Dhatmachakra dassique soot superposCes, la droite Ctant

39

LES GllSTES SYMBOUQUES

Main en Dharmachakra­mudr&, Java, XII' s1t-de

Page 21: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENllRALITES ICONOGRAPHIQUES ~r

Dharmachakra-mudrli

Dharmachakra-mud1·fi (autre forme)

Mains droites de la BbfimishpaL'sha-muddl. (variantes)

Bhfimisbparsha-mudrfi (normale)

au-dessus. Enfin nne autre variante, rres diffCrente, inconnue en dehors du Japan (aU eile est egalement trE:s rare), montre les mains dos ados . , dmgts entrelacEs se touchant du bout des phalanges.

Cette mudrii qui fait tourner la roue de la Loi est unc mudra solaire> symbolisant le roi Chakravartin de l'Inde classique. Lc Bouddha est ainsi assimllC, lorsqu'Il rCalise cette mudr!i, ii un Chakravartin door !'empire est universel, et qui « fait tourner le disquc du solei! ,,, dissipant de la clarte de son enseignement les renebres de l'ignorance. Lcs deux mains, composant chacune un « cerde mystique », formenr en quelque sorte les deux roues d'un chariot dont les pouces rCunis seraient l'essieu commun, montrant ainsi que les deux roues symboli­sant les deux aspects majeurs du monde, le matCriel et le spirituel, sont indissolublement liCes et perpCtuellement en mouvement. Ce sym­bole de la roue (qui dans les premieres reuvres bouddhiques indiennes reprCsentait la personne du Bouddha) est assimilC a celui de la fleur de lotus (qui elle aussi symbolisait le Bouddha), dont les pCtales seraienr les huit rayons de la roue representant le Noble Octuple Sender de la Doctrine bouddhique.

Pour le populairc, cctte Dharmachakra-muclrii symbolise un des moments les plus importants de la vie du Bouddha, celui du premier preche de la Loi a Ses anciens compagnons dans lc pare des Gazelles a Sarniith.

Seul en dehors du Bouddha Gautama, Maitreya, le Bouddha a venir, peur, en rant que dispensareur de Ia Loi, former cettc mudrii. En Inde, Maitreya est parfois reprCsentC dans la position assise « a l'europeenne >>, et rCalisant cette mudrfi. Cependant, quelques figures d'Amitiibha montranr celle-ci furent reprCsentCes au Japan, avant le IX" siCcle.

Bhfunishparsha-mudra (jap. COnta-in, Anzan-irt, Anchi-in, Sokuchi-in ; chin. Chudi Yin)

Cette mudd, qui est celle du gesre de la prise a tCmoin de la terre, symbolise le moment de Ia vie du Bouddha historique, oil, fort de Sa resolution de demeurer assis SOliS l'arbre pippal a Bodh-Gaya jusqu'ft ce qu'Il ait rCsolu le probleme de la suppression de la douleur, Il prit la terre a remain des mCrites qu'Il avait accumules lors de Ses prCcC­dentes incarnations. Elle est done le symbole d'une foi et d'une reso­lution inCbranlables 9• Elle est typique des representations du Bouddha historique et de celles d'Akshobhya. Le Bouddha Ctant reprCsentC assis en lotus (Padmfisana), la main droire touche la terre du bout des doigts pres du genou droit, tous les doigts allonges, ou seulement du bout de l'index, tandis que la main gauche repose, paume vers le haut, sur le creux des cuisses. Quelques varianres peuvent se trouvcr, dans les­quelles la main droite se trouve a plat sur le sol ou Ctcndue, paume en bas, parallClement a celui-ci. Au Japon, ces variantes se nommenr Anzan-in (pacification de la montagne) ou Amhi-in (pacification de la terre).

On rrouve dans les textes de nombreuses versions de la lCgende du Bouddha prenant la terre a tCmoin : tantOt Il prend la terre a tCmoin de Sa fermere, et celle-ci proclame que Gautama, de par Ses experiences passCes, a le droit de S'asseoir sur le << tr6ne de diamant >> (vajrr2sana); tant6t la terre envoie a la priCre du Bouddha une armee de divinitCs qUI tuent les demons de la horde de Mfi1·a. C' est alors la muddi de

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I I '

J -

i

Orant, bois colore, Cambodge, Delong, xvme siecle, musee de Phnom-penh.

III

Page 22: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Main en AbhayaNmLJdrfi, bronze, 'rha1lande, Ayuthyil., xvmc sitcle, collection privCe.

IV

2 ---

b"ugation des demons. Dans certaines representations Csoreriques, on 50

-,1 Akshobhya touchant la terre de la main droite, cependant qu'il

VOl h d b . . E c . . · , de la main gauc e un pan e sa ro e sur sa pottnne. .,n oree, llen d . . c · • h • d · confusion se pro utstt panots, a aute epoque, et e tares Images une .~:.. d' d'Amitilbha furent reprcsentees avec cette mu ra.

Dhyftna-muddi (Samadhi-mudrft; jap.j8-in, H8kaij8-in 10; chin. Ding

Yin) C'est la mudd de concentration sur le Dharma (la Lo.i bouddhique), d'arteinte ii la Bodhi, a la perfection. Elle est genemlement rCalisCe a h hauteur de l'estomac ou sur les cu.isses, les mains superposCes, paumes t~urnCes vers le haut, doigts allongCs et pouces se touchant par lem extr~mirC, formant ainsi un triangle mystique, symbolique du feu spirituelt 1• Cette mudrft, particuliCrc a Amitftbha, est parfois urilisee dans certaines representations de Bhaishajyaguru en rant que Bouddha de 1a mCdecine (Yakushi Nyorai au Japan). Dans cc cas un bol a mCdecine est pose sur les mains. Cette muddi n'est utilisCe que pour Jes representations assises des Grands Bouddha. Elle compone de nom­breuses variances et differents noms.

I.e type le plus commun, celui decrit plus haut, avec la main droitc au-dessus de la gauche, se rencontfe souvent en Indc 01\ il semble avoir son origine dans le Gandhftra, et dans laChine des Wei. Quel­quefois les doigts soot entrecroises, d'aurres fois les paumes des mains sont croisCes a quaranre-cinq degres. Cette mudnl est frequemment utilisCe dans les images du Bouddha assis du Sud-Est asiatique. Ccpen­dant, les pouces joints ne forment pas de « triangle mystique ~~ et sont accoles a la paume des mains.

Un autre type, semblable mais formant avec les pouces un triangle mystique, se trouve plus frequemment en Chine, a partir l' Cpoque des Wei. On ne le rencontre que tout a fait exceptionnellemcnt en Inde ct dans le Sud-Est asiatique. Des variantes de ce type soot assez nom­brcuses. Dat1s l'une de celles-ci, les pouces soot lCgCrcment Ccarres l'un de l'autre ; dans nne autre, c'est Ia main gauche qui se trouve placee sur la droitc (rres rare).

Un troisieme type de Dhyilna-mudr&., absent dans les representa­tions indiennes, pen frequent en Chine mais plus souvent utilise au Japan, surtout a partir du X" siCcle, montre les doigts des deux mains (index, majeurs ou annulaires) replies a angle droit vers le haur, dos a dos et rejo.ignant les pouces. Ccs positions des doigts, particulieres au culte japonais d'Amitabha (jap. Amida) et appelees Amida }6-in, reprC­sentcnt la meditation, l'enseignement et l'accueil dans le paradis d'Amida (la Terre pure), et correspondent aux neuf categories entre lesquelles se rCpartissent les enes a leur enu·ee dans la Terre pure. Ellcs sc font avec les deux mains reunies sur le creux formC par les jambes croisees, en Dhyfina-mudrft normal, avec les deux mains symetrique­ment disposCes devant la poi trine en trois variCtCs de SeppO-in ou avec les deux mains en Raig6-in (la main droite levee a hauteur de l'Cpaule en Vitarka~mudrfi, la gauche en Varada-mudril). Lorsque les pouces soot joints aux it1elex, c'est Ia position supCrieure (jap. ]8-bun) ; les pouces joints aux majeurs, c'esr la position moyenne (jap. Chi/bon) ; les pouces joints aux annulaires, c'est la position infCrieure (jap. Gebon). Nous decrirons ces mudra lorsque nons erudierons lc lJersonnage d'Amitfibha dans ses representations japonaises.

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LES GES'fES SYMBOLIQUES

Bhllmishparsha-muddl., gravure tibetaine

Dhyfina-mudrfi

Posture de mCditation, gravure JaponaJse

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Page 23: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENERALITflS JCONOGRAPHIQUES

Dainichi Ken-in

Dainichi Nyorai, pierre, CorCc, IX"siCclc seoul, musee national

Selon la tradition, la position normale de la Dhyiina-mudrii cleti~ verait de celle qu'avait prise le Bouddha lorsque, assis sous l'arbt·e pippal a Bodh-Giiya, Il s'etait livre a une intense meditation pour obtenir le Samiidhi et decouvrir le secret de la cessation de la douleur. C'est une position qui erait naturellement dCjft prise, des avant son Cpoque, pat les yogin pendant leurs exercices de meditation et de concenuation. Cette position indique aussi le parfait equilibre de la pensCe, le repos des sens, la tranquillitt.

La position de la Dhyiina-mudd., avec les pouces joints fmmant un triangle, est symbolique du 'L'riratna (Trois Joyaux) que constituent le Bouddha Lui-meme, le Dharma (Loi bouddhique) et le Samgha (Communaute monastique). Cettc forme tdangulaire stable indique egalement la fermere du corps (qui, dans la position du Padmiisana, est exttCmement stable) et celle de !'esprit. Les sectes CsotCdques om evldemment accordt a ce triangle mystique nne multitude de signifi­cations, dam la plus lmponante est celle de !'identification au feu mystique qui consume routes les impuretCs. Au Japan, dans l'intcrprt­tatioo esorerique des deux grands mandala complementaires du Vajra­dbltu et du Garbhadhiitu, les deux cercles formes dans la Dhyiina-mudd (troisibne variance) representeraient ces mandala. Et dans ce cas, elle est rCalisCe par Dainichi Nyorai (Mahfivairochana) dans le Garbhadhiitu. Cepcndant, les mudra qu'Amida peut prendre er qui font partie des mudd de concentration peuvent Ctre assez diverses et avoir difftrents noms, selon qu'ils appartiennent a l'un on l'autre des mandala des Deux Moodes.

Dainichi Ken-in (Mushofushi-in, RitO-in; chin. Wttsobuzhi Yin)

Cettc mudd du glaive de la Connaissance, typique de la Coree et du Japan, est particuliCre aux representations de Dainlchi Nyorai (Mahiivairochana) dans le mandala du TaizO-kai oU elle symbolise l'ubiquire des Trois Mysreres (parole, pensCe, action). Appelee egale­ment Mushofushi-in, RitO-in (du stilpa principal) et TO-in (du stf1pa), elle est formee par les mains jointes en attitude de pfiere, mais avec les deux index replies et joints par leurs exw§mires, les autres doigts de la main se touchant egalement par lems exuemires, mais allongCs. Cette mudd oe se rencontre guhe que dans les mandala et sur certaines peintures des sectes CsotCriques. Les trois ouvertures des doigts ainsi agences signifieraient les trois mysteres de l'Csorerisme : parole, pensee et action. Selon les sectes, divers noms Ont ere donnes a cette mudd, plus theorique que pratique, refs que Biroshana-in (muddi de Vairocha­na) au Mushofushi TO-in (mudrfi de l'ubiquitC du stlipa), ou encore San­tnitsu-in (mudrfi des Trois Mysteres).

Chiken-in (chin. Zhiquan Yin)

Cette mudrfi, ellc aussi rypique de Coree et du Japon, mais incoooue eo Inde, est paniculiere a Dainichi Nyorai (Mahavairochana) dans le mandala du Kong6-kai (Vajradbiitu). Appelee « mudra des six ele­ments » au encore « mudra du poing de sagesse ~>, elle est rCalisCe par l'emprisonnement de l'index clresse de la main gauche enfermCe dans le poing droit. Elle reprCsenterait Cgalemenr l'union mystique de la divinire avec sa Shakti (energie feminine passive de la divinite dans les doctrines tantriques). Elle est Cgalement appelee au Japon Kakush8-in et Daichi-in (mudrfi de la grande sagesse). Peu representee en Chine,

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; .

f . des mandala, clle le fur parfois au Japan et en Coree dans la saul sutre Peut-Ctte correspond-elle aux formes sanskdtes Vajratnudrd, scuptu · ,.. J"J2

Bodhytmgi-mttdra ou}fl!tna-muura ; ~ . . . Une variante de cette muclra, appelee Nyorat Ken-tn (pomgs de

, de Nyorai), les deux poings fermes et superposes devant la poi-sngesse . ' I . l . r I'" d d . ,. est rare. Parfots c est e p01ng gauc 1e qll1 en1erme m ex rolt. wne, 1' I'· I I C · d Cette mudd met accent sur Importance '- c a onnatssance ans

l (le Sl)l·rituel Les cinq doigts de la main droite representeraient e mon · . , , Cgalement, les dnq elements (terre, eau, a11·, feu, ether) protcgcant le sixieme, 1 homme. ~ . . ,. ~ ~ "

Une autre interpretatwn voudratt que lmdex dresse representat 1 Connaissance, laquelle se tmuve cachCe par le monde des apparences

(1a\ oing droit). Au Tiber, cette m&me mudd reprCscnterait l'union ep ··"' Slk. ' .. 11 Yb .c ire entre la divllltte et sa 1a t1 en ctr01te muon sexue e, a -

paua I 1 1· d Sl · ' ' r ' 1 de m€me qu'en Inc e e tngttm e uva est represente en1once

yun, I A d A • • I I dans la yoni. Cette muc ra rrouve one peut~erre son ongme en nc ~ (oi:t elle semble inconnuc) a travers ce symboltsme sexuel. Elle est auss1 utilisCe dans l'art tibetain (Bodhyagrf-mudrd).

Buddhapfirra-muddl. (jap. Buppat.rtJ-in; chin. Fobo Yin)

Cette mudrfi est particuliere aux representations du Bouddha hisrorique et a celles de quelques autres personnages du pantheon bouddhique, rels certains Bodhisattva. Les deux mains placCes horizontalement en opposition tiennent a hauteur de la poitrine un bol a ~umOn~s (pdtra ; jap. hachi) par-dessus et par-de;sous. ~e bol est parfots (ac:td~ntelle­ment) absent de certaines representations. Une f01'me parttcultCre de cette mudd., dans laquelle le bol est t·emplace par un « J oyau qui cxauce tollS fes c\esirs >~ (tnani ; jap. hJshu) et est tenu tres Serre, preod le nom de << mudrfi du bol-rresor ~> (jap. HObupjJatsu-in). Chez quelques aurres divinites du bouddhisme japonais, comme par exemple Seoju Kannon Bosacsu, les deux mains rCunies tiennent le bol par en dessous : c'est alors la mudra du bol (Hachi-in). Une autre variante, utilisee principa­lement par Seishi Bosatsu et ShO Kannon Bosatsu, est appelCe H8ky8-in (mudrfi de la cassette-trCsor) : ies deux mains en opposition semblent vouloir protCger uo perit objet. Cette derniCre mudrfi, laquelle ressem­ble bcaucoup a cellc dire HObttppatm-in, fur surtout representee au)apon et en Con~e avant !'apparition des doctrines Csoteriqucs dans ces pays. Cellcs-ci sont utilisCes par les divinitCs en position debout, alors que la Buddhapi'itra-mudrfi est genCralement rCalisCe par la divinitC assise en Yogfisana. Tres peu utilisee eo lode, cette mudd semble apparalrrc dans l'art du Gandhira avec les premieres images du Bouddha, repre­senre en moine querant sa nourrirure.

LES MUDRA DES AUTRES DIVINITES ET DES BODHISATTVA

Les muclra urilisees par les Bodhisattva et divinires ordinaires soot relativement pen nombreuses, et gCnCralement representatives d'une catCgorie bien dCfinie de divinirCs. Tilles servent principalement ii les distinguet' les unes des autres, tout en symbolisant leur nature et leurs fonctions. Nous ne dCcrirons dans ce paragraphe que les mudrfi les plus

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LES GESTES SYMBOLIQUES

Chiken-in (Vajra-muclril i')

Buddhapiltra-mudn1

Page 24: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

G:EN:ERALITES ICONOGRAPHIQUES

Grant avec les inains en A11jali-mudrft, bois colon'§, Cambodgc, musee de l)hnom-penh, xv<siecle

couramment utilisEes, nons rEservant de dCcrire les mains communes lorsque nons lcs rencontrerons au cours de notre Etude sur les diverses divinitCs.

Aiijali-mudrii (jap. Gctssh8-in, Renge Gassh8-in, Sashu GasshfJ-in, KitnyO Ga.rsh8-in, etc. ; chin. Hezhang Yin)

Ccst la mudd de l'offrande, de la vCnCration. Elle n'est Cvidemment jamais rCalisCe par les Grands Bouddha, lesquels se trouvent au sommet de la hiErarchic bouddhique dans le Mahayana, ni par le Bouddha dans les reprCsentaticms de Celui-ci appartenant au Hlnayana. Ellc se fait les deux mains jointes verticalement devant la poitrine, comme dans !'at­titude de la priere. C'est la mudd rCservee aux orants qui souvent accompagnent nne statue du Bouddha dans l'art de l'Iode ou du Sud-Est asiatigue. Elle est cepeodant exceptionnellemeot utilisEe par Amidtbha lorsque ce Grand Bouddha assume la fonction d'un Bodhisattva (notamment sous sa forme japonaise de GokOshiyui Amida).

Cette mudra, uoiverseilement utilisee par le commun des mortels en lode et dans le Sud-Est asiatique pour la salutation, Cvogue une offrande (de boos sentiments, de sa personne, d'un art, etc.) et indique egalement la veneration si elle est faite a la hauteur du visage.

Il existe plusieurs variantes de cette mudd, variantes qui om ere elaborCes tardivement par les sectes esoreriques et que l'on ne rencontre jamais dans l'art bouddhique du Sud. La Vajra-Aiija!ikartna-nutdrd (jap. KongJ Gassh8-in ; chin. Jingang I-Iezhang Yirt) se fait comme l'Afijali~

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2

" mais avec les pouces cmisCs l'un sur l'autre et les bouts des m~dra, ntrelacCs, les bras Ctant leghement projetCs en avant au lieu dOJgts e . U . d . . 1 d'erre collCs a la po~t~~ne. ne ~artante1 e cette pos~tt~on ~ontre ~s mains jointes en AfiJa dt ~ve~ seudement. es pouces ~tot~e~, e e

0est ut

1J­

lisCe dans les rites d'or ma1~to~ edcertadmes sec:es esote;tques. 11ansd a

b lique de ces scctes, unmn es eux mams represente ce e es

dsym 0parties du grand mandala des divinitCs, le Vajradhiitu et le Gar-

eux ' b 1· ' 1 1' · · · d d d ' bh dl aru. Elle sym o tse ega ement muon mttme u moo e es erres

( a· 1

gauche) et du monde du Bouddha (main droite). Cette position ~a~ralement appelee KimyfJ-Gassh8 ou bien Kenjitsushi-in au Japon. ~t gle cas particulier de Fukfikensaku Kannon Bosatsu, cette mudffi a~s prend alors le nom de }!l-in) montre les deux mains face a face

((~me pour l'Afijali, mais tres Iegerement espacCes et maintenant entre ~lies unc petite boule de crista! (laquelle a souvent dhparu dans les sculptures).

OngyO-in (chin. Yinxing Yin) Cetre mudrfi de la dissimulation des fmmes, utilisCe uniquement au Japan et en Chine dans quelques rares occasions, appelee Cgalement Marishi-tert HObyfJ-in (du prCcieux rEceptacle de Miirlchl), est censee conferer l'invisibilitC. C'est une mudrii magigue, spCcifique des sectes esotCriques. Elle se fait avec la main droite Ctendue, paume vers le bas, sur le poing gauche term fermC devant la poi trine n. Nons la dCcrirons plus en dCtail dans le chapitre consacre a Mfidchl. Cettc mudd, pour Ctre efficace, doit Ctre faite en mCme temps que soot rCdtCs les mantra coU'espondants, c'est-a-dire les formules rituelles d'invocation a la divinitC considCrCe (en !'occurrence Mfirlchl). Elle est utilisee non seu­lement pour se rendre invisible, mais Egalement pour" exorciser les d<~mons. Dans certaines sectes CsotEriques, elle sert a la concentration ; Ie poing gauche non complerement fermC forme une cavitC dans la­quelle celui qui se concentre doit tenter de pCnCtrer pat l'esprit afin de s'y lovet tout cntier, cependant qu'en un lent mouvement de rotation la main droite vient obturer le creux du poing gauche.

HOshu-in

Cctte mudtft du Joyau qui exauce tous les dCsirs (ce joyau Etaot appelC mani1 chintdmani en skt., h8sht.t1 nyo-i hfJshu eo jap., rttyizu eo chin., nor-btl en rib.) est spCcifiquement japonaise et particuliere a JizO Bosastu (chin. Dizang). On la rencontre parfois en Chine sur les reprEsentations de ce demier. Elle est utilisEe par d'autres personnages du panthEon bouddhique, surtout en peinture et dans les mandala. On la nomme €ga1ementjiz8-in. Une forme exceptionnelle de cette mudd est rCalisCe par la statue de la Guze Kannon du HOryU-ji, a Nara. Il arrive parfois que le chintamani ait dispam et que la main soit vide.

KichijO-it1

Cette mudd japonaise « dispensatrice de Bonne Fortune » serait, selon la tradition, particulif:re a KichijO-ten, mais on ne la trouve que rat·e­ment assodCe a cette divinitC de la Fortune. Elle se fait avec une seule main, le pouce rCuni a l'annulaire, les a.utres doigts restant allongCs. Cette mudta est, thCoriguement, une des trois mudd de Shakyamuni pr@chant Sa Loi 14 • Ce serait alors une forme de la Vitarka-mudci.. On la nomme aussi ChikichijJ-in.

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LES GESTES SYMBOUQUES

Afijali-mudrii (variances)

Ongy8-in

I I /

~

KichijO-in

Page 25: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENERALITJlS !CONOGRAPH!QUES

Abhishekha-mudr:'i

Nyorai Ken-in

"Poing de colere" (Funnu-in)

Mushti-muddi

Maitreya-mudt"i (jap. Shiyt-ti-in) Cctte mudd de Maitreya ou de la rCflcxion est surtout urilisCe pour lcs images de Maitreya (jap. Miroku ; cor. Mi-riig) des reprCscntations corCennes de la pCriode d'Asuka au Japan (VI"-VII" sifde). La main gauche est posee sur la cheville drolte (dans la pose dire Hanka-shiyui, <:< de la pensee >>) tandis que la droite, l'index et le majeur allonges, touche la j ouc.

Abhisheka-muddl (jap. KanjO-in ; chin. Guanding Yin)

Cest la mudrii de l'onction, caractCristique des saints personnages 15.

Les mains sont entrelacCes, paume conue paume, index dresses l'un contre l'autre. Elle est qualifiee au Japan de Nairenge-in lorsque les doigts soot entrelacCs vers l'interieur et de Gairenge-in lorsqu'ils le sonr vers l'extCdeur. Ce.s positions sc nomment Cgalement Naibaku-in ct Gebaku-in. C'est une mudrii qui est uniquemcnt utilisCe par les sectes esotCriques pour la cerCmonie de l'onction, faite lors de l'enw§e d'uo neophyte dans la communautC bouddhigue. Elle tire probablement son origine de l'ancienne habitude d'oindre la tCte d'un souverain pour montrer, lors de son investiture, qu'il a ere choisi. Les Veda indiens clCcrivent cette ceremonie. Dans le bouddhisme esorerique, cette prati­que d'ondoiement d'un neophyte lui confcre, magiqucment, les apti­tudes nCcessaires a ses Crudes spidtuelles. Cettc mudrft est alors realisee par celui qui te<;oit l'onction. Il peut Ctre un Bodhisattva, une « force ,, ou bien nne simple divinitC, un personnage des :Ecritures, ou encore un moine.

Mushti-muddi(jap. Ken-in)

On appelle ainsi route une categoric de mudrii (dont la Dainichi-ken-in, deja Cvoquee) appartenant aux poings de sagesse et utilisCes par de nombreuses divinitCs du pantheon esoterique. Dans les representations appartenant au domaine du Vajradhiitu, le poing est tenu ferme, ponce a l'inttrieur: elle est alors appelCe VajramtJshti-mudrfl (jap. Kong8 ken-in; chin. ]ingang Yin) et symbolise la fermete de !'esprit. Dans celles qui appartiennent au domaine du Garbhadhiitu, le pouce est a l'extCrieur du poing ferme : on la nomme Garbhamushti-mudrJ (jap. T aizfJ-ken-in). Lorsgue ces poings de sagesse soot croisCs aux poignets, paumes vers l'imeriem sur la poitrine, cette mudrfi. se nomme TrailokyavijayarJja­mttdrfl (jap. Sankaisaish8-in), c'est-a-dire « mudd du Vainqueur des Trois Mondes ». Lorsgue les paumes soot tournCes vets l'extCrieur, c'est la VajrahUmkara-mudrJ (jap. Bazara-kong8-in ; chin. ]uanyue!ehong ]in­gang Yin), mudd dans laguelle la main droite tienr parfois un vajra (foudre), et la gauche une ghantJ (clochette). Ces mudd sont caracre­ristiques des images de Vajrasattva et, au Japan, de KongO-z0-0.

Les Mushti-mudra peuvent etre faites avec une seule main (gCne­ralement la main gauche), posCe sur la hanche ou sur le creux de la cuisse. Mais parfois aussi la meme Mushti-mudd, ponce a l'imerieur, paume tournee vers l'exrCrieur, est utilisee par la forme terrible d'une divinite. Cest une muddi de colCre. Elle se nomme au Japan FJtnnu­ken-in.

Un autre aspect de ces Mushti-mudd, cependant guelgue peu different, est celui de la VajrarJja-mudrJ (jap. KongfJ-8-in ; chin. ]ingang Wang Yin) : les poings fermes sont croises sur la poitrine comme pour

46

( ..

1 mudrfi. du Vainqueur des Trois Mondes, mais avec les index dresses. ~ne autre forme, pen courante, monrre les deux poings fermCs avec les

1 ouces en dedans, paumes ve1·s l'interieur, superposes a quelque distance

l~un de l'autt'e, la gauche en dessous de la droite : c'est la Vajramush­ti-wtdr/1 (jap. Kong8-ken-in).

LES MUDRA DES FORMES TERRIBLES

Ces mudd (qui comprennent certaines Mushti-mudrfi.) soot particu­liCres aux formes terribles (parfois elites coltriques) emanees des Grands Bouddha ou des Bodhisattva pour vaincrc les desirs, les passions et lcs forces du mal, formes generalement appelCcs Vidyiidja (jap. My0-6), au « des rois de Science magique », entrant dans la catCgorie generate des forces mena~antes (Tarjanl; jap. Funnu).

Tarjan'i-mudd. (jap. Funntt-in, Fud8-in)

Cette muddi, paniculiCrc a Achalaniitha (jap. l~udO My0-6), indiquant la menace, se fait parfois avec unc seule main, l'auriculaire et l'index dresses, les autres doigts replies. Il est curieux de constater que cette mudd, qui est censCe avoir une puissance magique de malediction, est roujours pratiquee par nombre de peuples latins lors de la jettatttra, pour mcnacer d'une malediction ou pour jeter un sort. Ce sont les « comes du diable » des folklores occidentaux.

GOzanze-in

Cette mudd. des secres Csoteriques japonaises, aussi appelCe Niwa-in (des deux ailes) ou Shisetsu-in, est caractCristique du Vidyaraja Trailo­kyavijayadja (jap. GOzanze My0-0). Les deux mains soot rCunies sur la poitrine par les auriculaires entrelaces, paumes tournCes vers l'extCrieur, pouccs reunis aux majeurs.

Gundad-in

Cette mudrii est particuliCre a la forme esorerique japonaise du Vidya­riija Gundari (Kundall), appelC Gundari My0-0. Elle est realisCe avec unc seule main (la droite gCnCralcment), 1' index et lc majeur allonges, les autres doigts replies, la paumc tournCe vers le sol. Une variame de cette mudd, appelCe Tsurugi-in (du glaive), montre la main droite en­sen·ant les deux doigrs de la main gauche en Gundari Ken-in. On la nomme Cgalemcnt MyfJ-8-in.

BatO-in

Cette mudd japonaise est particuliCre a BatO-my0-0, une forme de Hayagfi'vfi. : les deux mains sont f.:'lce a face avec les doigts cnrrelacCs, doigts a l'intCrieur (Nai-bat8-in ou Nai-baktJ-in) ou a l'extCrieur (Ge­batfJ-in ou Ge-haku-in), sauf les majeurs et les auriculaires qui sont dres­ses les uns contre les autres.

Baku-in (chin. Quan Yin)

Cette mudrfi. esotCrigue est !"ormee par les doigts cmrecroises, a l'extC­rieur (Gai-haku-in) ou a l'imeriem (Nai-baku-in), paumes l'une contre l'autre, pouces croises, le droit sur le gauche. Elle serait censee signifier

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LES GESTF.S SYMBOLIQUES

Tarjan1-muddl

G8zanze-in (Niwa-in)

GundaL·i Ken-in

Gundari-in

Page 26: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENERAur.EsicoNOGRAPHIQUEs

A - Gai-baku-in B- Nai-baku-in

Bhadd.sana

que celui qui la realise s'est libCrC des liens du dCsir qui l'attachaient au monde et a atteint la perfection des dix Ctapes de la Connaissance, Elle n'est jamais rCalisCe par un Bouddha.

De nombreuses autres sortes de muddl, generalement dCrivCes des pdncipales, existent en thCorie, parfois dCcrites sur les mandala, mais qui ne se trouvent qu'exceptionnellement reprCsentCes par les sectes Csottdques. Cepeodant, indCpendammeot des mudci que nous venons d'exposer id, il existe de nombreuses autres positions de mains, classCes dans la catCgorie traclitionnelle des « mudci avec forme >> (jap. ugy8-in), lesquelles sont en rtalire des maniCres de tenir en main des objets rituels ou des atttibuts. Ce ne sont pas a proprement parler des mudd\.

LES POSTURES DES DIVINITES

Les postures (tlsana) que les representations des divinires peuvent adop­ter, tant dans la statuaire que clans la peinture, soot tres diverses et caractCristiques de la nature et de la fonctioo de ces divinitCs, tout comme les mudra. On pent les diviser en deux groupes principaux les postures stables et les postures dynamiques.

LES POSTURES STABLES

Elles sont gCntralement adoprees par la plupart des Bouddha et Bo­dhisattva, ainsi que par beaucoup de Deva. Ces personnages sont done le plus souvent reprtsentCs soit debout, les pieds lCgerement ecarres, les jambes tendues (Kdyotsarga ; jap. Ritsu-z8), sur un lotus, un tr6ne ou uo animal, soit en appui sur une seule jambe, le corps se trouvant alors legerement dChanche (Tribhanga ; jap. Yt2kyaku-z8).

Les postures assises ou couchees

Elles sont a la fois les plus nornbreuscs et les plus diversifiCes. En general reservCes aux Grands Bouddha, elles peuvent aussi avoir ere adoptCes par d'autres divinitCs.

Bhadriisana, Pralambapad&sana (jap. I-z8). C'est la posture assise elite ((a l'europeenne », ou encore « ala chinoise » 16

, soit la posture heureuse (Bhadrdsana), soit la posture aux pieds pendants (Pralambapr!iddsana), sur un siege quelconque, les deux jambes pendantes, pieds au sol, parfois croisCs aux chevilles (jap. K8kyaku-z8), genoux Ccartes. C'est une posture typique de Shikyamuni et de quelques images de Maitreya. On rencontre cette posture dans tons les pays bouddhiques. Dans l'art du Gandhara notamment, les pieds peuvent trre poses sur une sorte de petit tabourer, ce qui relCve les genoux. C'est en Inde une posture (Jsana) typique de la royautC. On rencontre cette posture « a l'europeenne » tres tOt dans le Gandhara et en Inde (Bouddha de Sarnfi.th, d'Cpoque Gupta, IV"-V" siecles), comme en Asie du Sud-Est (Chandi Mendut pres du Borobudur, Java,

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j '

VIII' siCcle), ainsi que dans nombre de statues et de peintures du Tibet, de Chine, de Coree ct du Japon (dans ces derniers pays, c'est une posture typique de Maitrcya).

Kiza-z6. Cette posture agenouillee, aussi appelee Sonky8-z8, est frCquem-

POSTURES DES DIVINITES

Bhadriisaoa

Bouddha en Bhaddl.sana, pierre, Java, !X" s.iecle musee de Jakarta

LalltRsana

ment utilisCe en Inde et en Asie du Sud-Est comme au Japon pour les ~ orants et les fideles. En Asie du Sud-Est, les images du Bouddha sont souvent flanquCes de statues d'orants agenouilles dans cette posture sur les talons, les mains en Afijali. AuJapon, aU cette posture est rclativcment rare (bien que ce soit 1a la posture habituelle des femmes japonaises), elle est Cgalement rCservCe aux orants et personnages mineurs representCs dans !'attitude typiquc de la veneration. Les personnages de Seishi Kannon (Mahasta~~aprapta) et ~h6 Kannon CAry8.valokiteshvara), en particulier, Kiza-zo sont parfots reprCsentes dans cette posture lorsqu'ils sont consideres commc les acolytes d'une autre divinite (en general Amitabha).

Lalltlisana (jap. 'I'Oka-z8). C'est la t)osture de la relaxation, une jambe rep liCe (la gauche generalement, mais parfois la droit e) sur le siege, l'autrc pendante ou reposant sur le sol, le genou plus ou moins t·elevC. La jam be pendant~ ~pent se trouver sm le cOte ou bien ramenCe au milieu, et reposet· sur un p1edescal ou nne fleur de lotus. Cette posture est souvent adoptCe po~1r les e~figies. des divinites reposa?t sur I: dos d'~nimaux-supports, bien qu elle smt habrtuelle pour des representattons asstses sur un tr6ne on tout autre siCgc. Tille est typique des images des Bodhisattva sur les peintures KOkyaku-zO

des grottes d'Ajanta comme des representations chinoises de Guanyin (Avalokiteshvara) a partir des Cpoques Tang ct Song.

Une variante de cette posture, la Rr!ijalt!J.sana (ou MahdrJjalilil­.ran~), post"';lre de l'aise royale : jambe gauche repliee il l'horizontale, la drotte repltCe a la verticale, talons se touchant Oll bien pied droit sur talon gauche, est caractCristique de nombreuses images de Mafijushrl er d'Avalc_>kiteshvara, bien qu'elle soit de temps a autre rtalisCe par ~l'aut.res chvinitCs. RCservee aux personnages royaux, cette posture n'est Jamats utilisee par des divinirCs mineures ou accessoires. Les person- Ril.jal!lasalla

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Page 27: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENERAL!TES ICONOGRAPH!QUES

Maitreyilsana

Maitreyil.sana

Grand Bouddha couchC, Birmanic, Pcgu, Swcta­lyaung, restam€ au xx" siecle

Parinirvilnllsana

nages qui adoptent cette attitude sonr souvent t·epresenres avec le conde (droit on gauche, selon la jambe qui est relevCe) nonchalamment appuye sur le genou, !'autre bras prenant appui sur le sol (ou le siege) dertihe ia cuisse replite a plat, afin de maintenir l'Cquilibre. Une variante man~ tl'e parfois lc personnage en LalftUsana, avec 1..'1 main droite en Varada~ mudra posCe sur le genou de la jambe pendante: c'est l'Ardha~ pary(mka-Jsana.

Le Bouddba Lui-meme fut, en de rares occasions (voir A. Getty, pl. X), reprCsentC dans cettc attitude, soit sur des images du Gandhara, soit sur des ceuvres relativemeot rCceotes (dans ce cas, les deux mains prennent appui sur le genou relevC). Cette posture en Mabarajalilisana est appelCe RinnfJ-z8 (on Rinn8-za-zfJ) au Japon.

Maitreyasana (jap. Hank(t-shiyui-z8). C'est la posture du ~< penseur »,nne jambe pendante (pied pose sur le sol ou sur un lotus), l'autre jambe reposant horizontalement, la cheville sur le genou de la jam be pendanre. Les mains sont en Shiyui-zO, c'est-U-clire lCgh·ement appuyCes sui' la joue. Cette posture est typique des anciennes reprCscntations de Maitreya en Chine, en Coree et au Japan, aU elle est Cgalcment nommCe Hanka-i-zfJ. Au J apon et en CorCe, Maitreya reprCscntC dans cette posture a le conde dmit reposant sur le genou droit, la main gauche Ctant posee sur la cheville du pied droit. Le plus ancien exemple d'image montrant cette attitude de rCflexion date de l'Cpoque de Mathudi en Inde (II" siecle ?). Cette attitude fur reprise par l'art du Gandharad'oli il est probable qu'cllc passa en Chine (Cpoque des Wei). Elle connut un grand sucd~s en CorCc des leVI" siecle, et surtout en Chine sons les Tang et les Song. LcJapon importa cette image de Coree et en realisa de magnifiques exemples (statue de Maitreya du Chligli-ji, a Nara). Au Japan toujours, cette attitude a Cgalement ere adoptCe pour reprCsenter Nyoirin Kannon (voir a Ava!okiteJhvara).

Parinil·vftnftsana(jap. Ga-zfJ, Nehan-zfi; chin. Daniepan). C'est I' attitude du Bouddha lots de Son Parinirvina, couchC sur lc cOtC droit, la main droite soutenant la tCte, les pied<; joints, le bras gauche allonge sur L-1 hanche gauche. La tete est parfois montt·Ce reposanr sur un coussin. Dans quelques rares representations peinres japonaises et chinoises, cependant, la main droite, au lieu de sourenir la rete, repose pres de celle-d, en

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yt .,

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I mttdrfi Cette position du Bouddha entrant dans le Nirvfina est Varn< a- '· · d d lh ' · I d ·

d . 1 arre positions maJeures u Bou c a, concrettsant e ernter uneesql, A. 11 " ~ ~ <(moment)) de la vie du MalXeS dc~tttrc .e ; est tres souv~~t represen~:e dans les images de l'Inde et u

1 ud- st asmtdtquMe, tha~t par KOnograp te

des sec res anciennes que par ce le es sectes u a ayana.

Les postures assises en lotus (Padmdsana) ~ ~ .

C t les postures les plus frCquemment representees pour les Images eson 1 1

.. des Grands Bouddha. El es ont p usteurs vanantes :

Vajrapatranka (jap. Goma-za-zfJ). Posture avec le pied gauche sur la cuisse drotte.

KichijO-za-zO (jap.). Posture ~~~ec_: le pied d1 roitc;u~ la cui.sse g

1a ucGhe. Ce

1s

1 x postures sont surtout uti tsees pour es eutgtes asstses c es ·ranc s

Be eu !dha. Cependant, la Kichij6-za-z6 est plus generalement utilisCe dans ouc , , . 1 G' ,

les representations. a1 p~arren~nt aux secres es,otet~t9ues qu{ a · o1~a-z~-zo, plus volontiers utt tsee pabr es1s~ctde~ non ;so

1 tcnques~ o~s9ue (es he~x)

· ds sont caches par la ro e, ce a to tquermr a nature esotettque cac ee {~tela divi11irC representee: c'cst le Paryankfisana. Ces postmes du lotus (j:p. Kekka-z8, Kekka_-fuza-zfi, Renge-za-z~) s~n5 des postures tmi~ersell~­mcnt adopn§es depllls la plus haute Anttquue (sceau de MohenJo-daro) par les hommes et les felfolmes dans tout !'Orient, et p~r~icu.liCrement en lode. C'cst la position pnse par tout ascCte pour la meduat10n. Dans les scctes non esoteriques, taus les Bouddha assis sont reprCsenrCs dans cette posture. Dans les rep~Csentation~ CsotCri_ques, c'cst toujours le pie~ gauc~e qui est place le premter sur la cut sse drotte. Cette posture est ausst appelee V(tjrcrparyanka.

Sattvaparyanka. Le Sattvaparyanka, ou «attitude noble », reprCsente la posture assise «en raille~u- », les deux jambes 1:~pliCes,', les pieds n~ :epos~nt pas sur les cuisses mats sur le sol ou le stege. C est la posmon cltte Yfl.g(t-za-z{J en japonais. Lorsque les genoux sont relcvCs et lcs jambes maintenues par une bande de tissu, afin de &ciliter la tenue de la posture pendant de tongues hcures de meditation, c'est le Yogc2sana, souvent t·cprCsenre en Inde et dans le Sud-Est asiatique pout' les ascetes en mCditatio11.

Vi'rftsana (postut'e du hCtos), ou Vajd.sana (posture du diamant), ou encme Ardhapadm3.sana (posture du demi-lotus). C'est une Padma­sana avec un seul pied apparent. Il en existe Cgalement deux variantes dans les representations des sectes CsotCriques : GOma Hanka-za-zO (jambe gauche sur jambe droite) ; KichijO Hanka-za-zO (jambe droite sm jambe gauche).

Sattvaparyanka Padmfisana

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POSTURES DES DIVINI'I':ES

' 4dli. Vajt·apatyanka (Goma-za z6)

II

I ~~ KkhijO-za-zO

I

Padmfisana

Page 28: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GtNJlRALITES ICONOGRAPI-IIQUES

Yab-yum

Ktlyotsarga

Les postures en emb1·assement

Ces postures, particulitres aux representations tantriques des divinires au Tibet et au Nepfil, montrent deux divinirCs complCmentttires, tme divinit€ prindpale er sa Shakri ou « Cnergie », face a face, en embras­sement rres Ctroit, sexes joints. Le dieu est generalement assis en Pnd­mfisana (mais pent Cgalement avoir une jambe qni pend hors du sitge, sa parCdre Ctanr face a lui, enserranr ses reins avec ses jambes). C'est la posture appelCe Yab-yum (ptre-mere). Dans les plus anciennes repre­sentations, la Shakti est simplement assise sur l'un des genoux du dieu. Cette dernitre representation, que l'on trouve frCquemment dans les images hincloues de l'Inde, fut parfois utilisee dans l'art khmer. Mais c'est principalemem au Nepfi.l et au Tibet que les attitudes dites « d'embrassement Ctroit }} sonr les plus courames. Elles reprCsement la force divine de creation, dtl « don de la vie }}.

Les postures debout

Elles pcuvent erre rangCes en deux categories debout et en position parfaitement frontale (Samdpctda, Kctyotsarga), ou au contraire adoptam la « triple flexion }) (Tribhdnga) indiquCe dans les traires d'an (Shilpa­sh!iJtra) iodiens. Ces positions pcuvcnt Ctre trf:s raides et symerriques ou bien plus ou moins dChanchCes. Dans ce dernier cas, c'est le plus souvent la jambe gauche qui sert d'appui, Ia droite Ctant tres tegeremenr avancCe. Ce soot des postures que peuvent prendre pratiquement routes les divinites, sauf toutefois les « Cmanations terribles >> (Vidyfidija) et nombre de divinires minemes du tantrisme (tiberain, entre aurres).

LES POSTURES DYNAMIQUES

Ces postures « dynamiques }) ou « eo mouveme11t }) sont relativement nombreuses dans les sectes du Mahayana er tantriques. Dans les secres des Ccoles du Sud, on en rencontre fort peu. La plus caractCristiquc semble erre l'image du « Bouddha marchant » (ou ~< posant l'em­pteinte de Son pied ») de 1' art thai' et laoticn. Dans ces images, qui semblent avoir ere « inventCcs )} d'apres certains textes a l'Cpoque de Sukh6rhai, peur-etre mCme dts le regne de Rama Khamheng (fin du XIII" sitcle), cette forme correspond generalemenr a la description don­nee du Bouddha dans quelques inrerprCrations du canon pflli. Certaines representations sont realisees eo brique et stuc et dressees contre un mur (a SukbOthai), d'autres fondues en bronze. L'attirude generale mon­tre le Bouc\dha marchaor, le pied gauche soutenant le corps, le dmit u11 peu en an·iere et legerement souleve. Dans ces images, Ia main gauche est en Abhaya-mudr&. Cependanr, il existe quelques images aU c'esr ia maio droire qui est en Abhaya-mudta, l'autre pendant le long du corps. Mais ce serait Ia nne mauvaise interpretation des textes, selon cenains religieux. Cette attitude de marche se retrouve, a SukhOthai Cgalement, dans des frises en tonde-bosse entouranr ia base d'un stUpa et montranr uoe file de disciples. Chez ceux-ci c'est le pied droit qui soutienr le corps, le gauche eranr en arriere. Ces disciples om les mains eo Afijali-mudrft sur Ia poirdne. Ces effigies soot, a notre connaissance> les seules postures « dynamiques » prCsentes dans l'al't bouddhique des

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s du Hlnayftna, si l'on excepte peut-€tre certaines images de Tevoda sectele Kimnara represeotCes dans l'art thai comme des divinitCs ou ( volantes. . , , . d M h' , 1 Dans les sectes taotnques et esotenques u a ayaoa, es postures d amiques sont beaucoup plus frCqueores. Elles sont adoptees par les y·n~gardiens (Charurmahiirfija), les emanations coleriques (Vidyftrfija),

f~:sfunnes terribles (Khrod~rfija) .et leurs a.c~ly.tes, les Dh~rmapiila, cer­taines dCesses du pantheon t1bCta111 et les d1vmues masculmes farouches.

Achala Asana C'est, thCoriquemen~, une t~ttitude typique d'Achalaniitha. Elle est rea­lisCe en flexion, le p1ed dro1t sur le sol, le genou gauche touchaor terre en al·riCre du corps, le pied gauche releve vers les fesscs. Cette attitude « de danse >~ est encore typique de certains momencs des danses rm­ditionnelles de la Birmanic (pwe), de Thailande et du Cambodge. Elle tendrait a representcr dans ces spectacles une divinire « volant dans les airs ». C'est ainsi que nombre d' « eues volants » (Tevoda, Tet)anom, Apsarfls, etc.) soot represenres dans les arts de l'Asie du Sud-Est. On rencontre cette attitude dans la representation des Hi-ten (€tres celestes) au Japan (Sui-eo du Yakushi-ji, Nara) et des Tianni't (divinitCs femi­nines celestes) de l'art de la Chine. Au Tibet, son usage para'it avoir ere assez resrreint. On la trouve cepcndant representee sur quelques statuettes de Mahfl:siddha (Los Angeles County Museum of Art), et Cvidemment sur des images representant Achalanfi.tha (colt. Al Farah~ nik, Bwxelles).

Ardhaparyanka

C'est une attitude dansante beaucoup plus commune, :;urrout au Tiber et dans l'art khmer. Ellc est typiquc au Tiber et en Chine de certaines dCesscs ou Dftkinl telles que Vajravariihl, Simhavakua (Victoria and Albert Museum), de Hevajra et, au Cambodge notamment, de certaines Apsarfis (piliers du Bayon, Angkor). Dans cette attitllde de danse, Ia jam be gauche eo lCgCre flexion repose sur le sol, soutenaot tout le poids du corps, cependant que la jambe droite est replite trCs haur clans l'entre-jambes. C'est parfois plus uoe attitude de « piCtinemcnt fit­touche » que celle d'une danse. Elle est peut-€tre nne evolution de l'attitude du Shiva Nlitanlja, roi de 1..:'1 clanse du pantheon hindou, mon­trant Shiva « dansant ~> la creation et la destruction clu monde, tout en piCtinant le nain MuHlyaka, symbole des passions humaines. Cette attitude de pietinement est egalement a rapprocher de certaines repre­sentations japooaises camcreristiques des Chaturmahiirftja (jap. Shi Ten­nO) et de certains Vidyii.rfija (jap. My6-0) monrres en position debour sm des dCmons, des animaux ou un mcher, uo pied lCgCremenr plus haur que l'autre qui est fermemenr aocre au sol. Certains acolytes de divinitCs (Achalanfttha, par excmple) et certaines formes colCriques spC~ cifiquement japonaises, comme Zao Googen, soot egalement monrrees en position de marche ou de pittioemeor, le pied droit soulevC. Ces deux positions sonr appelCes ja-ritxu-ztJ et 'fetfi-ritsu-zfJ au Japon.

Pratylilldha (posture fendue vers la dmite), Alldha (posture fen due vers la gauche)

Ces postures soot plus communes, surtout dans les representations tibCtaioes des D&kiol et des divinitCs masculines farouches. Le corps

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POSTURES DES DIVINITES

Bouddha marchant, bwnze, Viet-nam, XVll"siCcle

mu:;tt d~; H(lnoi'

Ardhaparya11ka

Page 29: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENllRALITES ICONOGRAPI-IIQUES

Siege de lotus

est alors en flexion sur la jambe droite ou gauche, la jambe opposee eranr tendue latCralement et rres CloignCe de l'aurre. Hevajra est ainsi parfois reprCsentC, embrassant sa parCdre donr la jambe gauche suit celle de la divinire. Les divinitCs qui adoptenr cette posture sonr sou­vent juchees sur des animaux ou des dieux d'origine hindoue, Cepen­dant, alors que les divinitCs masculines farouches (Kfi.lachakra, Yamiintaka, Hayagr'iva, Hevajra, Samvara, Mah&ldUa, Mahftvajrabhaira­va) du pantheon tibCtain adoptent plus volontiers !'attitude fendue vers la droite (PratyUlldha), les Dhiiranl optent plus souvenr pour celle fen­due vers la gauche (.Alldha), bien que souvenr elles soient, elles aussi, representCes en posture fCndue vers la droire.

LES SIEGES DES DIVINITES

Sieges er piCdesraux sur lesquels se trouvent placCes les divinires condi­tionnent souvent les postures (fisana) prises par celles-ci. Ces sieges (pith!i j jap. za1 daiz?t ; chin. zuo) apparaissent en Inde 8. Amariivatl et au Gandhfim vers le II" siCcle de noue Cre 17 • Ils furent par la suite universellcment utilises dans l'iconogmphie bouddhique. On les divise gCnCmlement en plusieurs carCgories : les sieges-lotus (padmap£th?t), les socles ou chaises (p£thik!i), les demons et divinitCs infCrieures (comme les Yaksha, par exemple) ou hindoues, enfin les animaux-supports, sou­vent des vflhana.

LES SIEGES ET PIIJDESTAUX DE LOTUS ( padmapftha; jap. renge-za)

Ils symbolisent la naissance divine, la puretC totale de l'Ctre divin qu'ils supportent. Ces fleurs de lotus comportent genCmlement trois rangCes de petales, la rangCe infCrieure avec les petales recourbCs vers le bas, la rangee superieure soutenant le plateau sur lequel repose la divinitC. Cependant certains lotus-supports peuvent avoir de nombreuses rangCes de pCtales. Ils peuvenr eue simples, a pCrales nonnaux ou inverses (jap. kaeribana), ou doubles, c'est-?t-dire posCs sur une plate-forme ou un piCdestal, soit encore en lotus double, avec la corolle du lotus superieur normale (jap. renben) er la corolle du lams infCrieur inversCe (jap. k?te­ribana) sCparees par une boule ou une cout·onne de sCpales horizontaux er des cols ou tiges (jap. shikin?tsU). Ce piCdestal particulier se nomme kamachi-Z?t au Japan.

Le plateau superieur supporre par les pCtales du lotus, et sur leguel se trouve, assise ou debour, la divinire, est parfois borde par les Ctamines de la fleur de lotus (jap. renniku). Le lotus pent d'ailleurs lui-meme erre pose sur une grande feuille de lotus (jap. kayO). II peur Cgalemen.r y avoir deux lotus, un pour chaque pied de la divinitC (jap.fumiwart­renge-za). Enfin ces flems de lotus peuvenr se trouver posCes sur le dos de monrures animates (v!ihana) correspondanr aux divinitCs qu'elles sup-

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t . ClCjJhant lion, tortue, oies, etc. (jap. chfJjli-Za1 kinjfi-za), on Parten · '. ,. . k

. d nuages styltses (Jap. t-tmo-za). sui. ~ertaines images de Maitre~a e.n Hanka Shiyui-z6 onr un siege . 1 mais component une proJectiOn supportant une fleur de lotus

sH11P e, " 1 · l h Il · " l sur laquelle se trouve pose ~pte~. gau~.e ... ~rrn:e e~a e~nent, s~u·t~ut dans le cas de la represe.ntattdon c LdH1C . tvtntte ~< a c evda ,

1 sur Ee fos

I Vilhana que les pteds e ce ernter reposent sur es orus. n 111 , e son • ' ' , , . r 'II

· es divinitCs sont representees, debout ou asstses, sur des 1eut es cernun de lotus (jap. kay8-za).

LJls SOCLES (jJtthikd; jap. z")

lis peuvent erre carrCs, ~ubiqu~s (jap. h8,.-za1 kong8-za). ou rCden.rCs, · 'rant lemont mythologtque Meru, appele pour cette ratson Shumt-La UTI! ' • I' £ ' d d 'd . '

Japan. Ce rr6ne parttcu ter est anne e eux pyramt es mversccs, au • . ___ ]· d · · ·l cune ayant thCoriquemenr setze graums correspon ant awst aux c .

1

~1te-deux divinitCs principales du monde du Vajradh&.ru. Ce tr6ne tre · II I ., d . 1e diamant (appele egalemenr va;raJana) rappc e c stege e pterre sur ~eguel le Bouddha s'Ctait assis pendant Sa meditation solitaire sons J'arbre pippal a Bodh-Gaya. Ce type de sode est surtout utilise pour les images des Grands Boudclha (panicul~erement en Chine, et au J~­pon), bien qu'il air Cgal,..,emenr ~re ~mploye pour su~porr~r d aurres dt­vinitCs, parfois Achalanatha. Il mdtque Ia fermetC d esprtt (va;ra) de la divinite. On les nomme au Japan shmni-za, sendai-za, .rhit.rtuhitm-za.

Les autres socles simples peuvent eue a plusieurs erages, can·es, reccangulaires ou octogonaux. Lorsqu'ils sont reconverts d'un tissu re­tombant en nombreux plis, ces sieges sot1t appeles au Japan ten-i-za. Ce dcrnicr type fur probablement cree dans le Gandhfira Ct sc reuouve dans tollS les pays bouddhistes. Les socles peuvent Cgalement erre constimes par un rocher, symbolc de srabilite et de fermetC (jap. iu_~a­Z?f.). Les Vidyat·aja sont souvenr re1xesent€s sur des roes, plus ou moms

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LES SlEGES DDS DIVINITES

Piedestal de sratue, Cambudgt", Angkur, Bakhcng, XI" si~de

Page 30: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GTINERALJ'l'ES ICONOGRAPI-IIQUES

Mahfimayfid sur son paon

Miirkhl sur son sanglie1~

stylises. On trouve egalement des « bards de riviCre Oll de plage )} (jap, .rt.thama-zct), un tatami ttis epais (jap. agedatami-zct), nne peau d'animal (jap. senku-za1 j!ihi-za), nne feuille de lotus aux bards inverses (jap. kashO-za), ou bien tm socle recrangulaire orne de panneaux histories stu· les cores (jap. raiban-zct).

Quant aux chaises et aux trOnes (ptthikd-)1 8, on distingue, Suttout

au Japan, les chaises pliantes simples (jap. kyokuroku-za), les fauteuils des rdigieux (jap. sha-za) et les tr8nes proprement clits. Ces derniers se trouvent le plus souvent, avec ou sans dossier, sur des peintures ou fresques (au KondO du H6ryf1-ji, a Nara, Japan) 19

LES DEMONS ET DIVINITES INFERIEURES

Les demons qui servent de socle (on de support) aux representations des divinirCs sont en gCntrai des Yaksha ou des divinitCs infCricures (comme Viniyaka). Ces socles-dCtnons sont appeles au Japan, aU ils sont nombrcux, JhfJryO-za. Parfois ce sane des dCmons-animaux qui rem­placent les dCmons ordinaires, mais cela est plus rare (Shi TennO du HOryll-ji, au Japan).

Dans l'art du Tibet, lcs animaux-symboles, divers personnages et des dieux hindous servcnt souvent de socle (et d'objct de piCtinement) aux Dfi.kini et aux divinitCs masculines farouches.

LES MONTURES ANIMALES (vdhana; jap. ch8ja-za, kmjd-za)

L'iconographie bouddhique associe souvent un animal a une divinitC, tom comme l'iconographie hindouc. On rencontrc, rant en peinture qu'en sculpture, de nombreuses divinirCs juchCes sur leur animal-sup­port (v&hana). Le bouddhisme des ecoles clu Nord ayant adoptC comme divinin§s accessoires de nombreuscs divinites hindoues, celles-ci sont Cvidemment symbolisCes par leur animal-support et sont souvent mon­rrCes juchees sur leur dos. C'est ainsi que l'on rencontre des lions (Grands Bouddha et Bodhisattva, tels Mafijushrl), des ClCphants (Bo­dhisattva, Indra), des paons, des Garuda, des chevaux, des buffles de diverses couleurs, et parfois, pour certaines divinitCs particulihes, des tortues (pour Varuna), des claims, des oies (pour Chandra, Brahma), un saoglier (pour Marlchl), des bones ou bCliers, etc. L'iconographie ribC­taine, et surtout japonaise et chinoise, fait un grand usage de ces ani­maux-supports, alors qu'ils sont trts tares dans les representations des divinitCs appartenant aux Ccoles du Sud.

56

:.

LilS AUMOLES DES DIVINITES (chakra; jap. kohai)

L . rrc/ ales, nimbes ou gloires qui indiquent la divinitC d'un person-

es at . , 1 ' d ., 1 1·· (au sa samtete) sc tmuvent p acees ernere a statue ou tmage,

nagc · 1 d"'l'Chk dd · ntitre, salt seu ement crnere a tete. es c. a ra sant e eux 501.t, : prindpales : les nimbes au aurCales de rete (shirashchakra ; jap. sot cs ' 1 I 1 · ( bh' I' · ky h" k' '-"hcri) et les aureo es <- e corps au g oues pra avct t ; pp. os m o-ZIIIW· ' 1 ' , 1 1 . . I

") Ces diverses aureo es peuvent etre s1mp es, en p usteurs parttes, "" . l . Ell ' I · ' "d' f1 mCes (jv!i a) Oll composttes. es peuvent etre p etnes, evt ees, or-

LES AUREOLES DES DIVINITES

~~~ de rayons, de £leurs de lotus, d'Apsaras, d'oiseaux celestes (Kala­'\nka) de musiciens celestes (Kimnara, Gandharva) on bien, dans le ~ou~tclhisme CsotCrique, de « corps de transformation, d'apparition »

(jap. Kclmtsu). Ces derniers sont parfois remplacCs par des joyaux sacres (chint!imani, m.ani ; j~~: hiJshu), ol; encore par/ des letnes-g~rmes sans-kt·ites (bf.ja; Jap. shttp). Ces atlt'coles, en metal ou en bats pour les Shit·ashchakmenflammC

sculptures, soot parf(Jis de delica~s ouvrages d'?rfevrerie. Ellcs sont soit fixCes au socle de la statue, salt, dans certams cas (comme dans la pCriode Asuka au Japan), au corps de la statue.

En Inde, les aurColes se remarquent rres rOt dans I' art bouddhique, mais cependant pas avant l'art du Gandhllra et l'art Kushana au I.\" siCcle de notre Cre. Elles sont alors rondes, parfois rres decorCes. Certains Nfigadija (Ajand., cave n" 19) ant twe sorte d'aurCole fotmCe de capu­chons de serpents Naga. Dans l'arr Pilla et Sena du Bengale, a partir des XI' et XII" siCcles, cette aureole s'agrandit pam englober tour le corps, « en gloire ••, et les teres des Bouddha et Bodhisattva s' on1ent Cgalement d'aurColes plus petites, de forme allongCe, qui semblent erre attachCes aux Cpaules. Dans le Sud-Est asiatique, les aurColes sont plus rates et gCnCralement simples, parfois allongees ct fixees aux Cpaules. En Asie centrale et en Chine, des la pCriode des Wei, le corps des Uouddha s'orne parfois d'une « mandorle », cependanr que la tCte elle­m@me est souvent aurColCe d'une sorte de nimbe pointu attachC aux C:::paules, parfois orne de dCcors symbolisanr les flammes de l'esprit. De nombreux personnages sont reprCsentCs avec un nimbe de corps poimu au sommet comme une feuille de pippa!. Cc nimbe se double d'une aureole de t2te. Lcs aureoles composites apparaissenr a l'epoque des Tang et serant courammenr milisees au Japan par les sectes CsotCriques. L'art du Tibet fera un grand usage de ces amColes composites.

tES AUREOLES DE TETE (.rhirashchakra ; jap. zttk8hai)

Elles sont le plus souvent de forme circulaire (chakra ; jap. enkOhai) et sont constituCes par un cercle dare au de couleur, ajoure ou plein, soit encore constituC par un simple cercle (jap. rinkfJhai) parfois enroure de myons debmdants. Ces aureoles prennenr parfois la forme (dans le cas des images des Charurmabar&.ja, entre amres) de roues a quaere ou lmit rayons (jap. rinb8k8hai). Certaines de ces aureoles de rere affectent une forme lCgCt·ement pointue vers le haut, soit en feuille de pippal (rare), soit en chint:lmani ((hintdmanichakra ; jap. h8Jhugatak8hai). D'autrcs sont ornCes de courres flammes. Ces aureoles de t€te sont le plus souvent

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Chintfimanicbakra

Page 31: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GllNERALITES ICONOGRAPHIQUES

A B

A - Kofunagatak6hai B - Shin-ftumgatakOhai

A

A- Kyoshink6hai B - Kumo-k6hai

A

A- Tokoshin-k6hai B - Kumo-k6hai

B

B

fixCes au corps de la statue, mais certaines d'et1tre elles peuvem Ctre fixees au socle ou au trOne. En rf:gle gCnCrale, plus l'aurCole est on

1ee

plus la divinitC est lmponarue. Mais ici comme ailleurs, rien n'es; codifiC, et les artistes ant fait jouer leur imagination.

LES AUREOLES DE CORPS Cprabhiivali; jap. kyo.rhink8hai)

Nons avons vu qu'elles peuvem affecter plusieurs formes : les aureoles simples peuvent @rre rectangulaires (rare) et l€!gE:t·emcnt poiotues au sommet, comme des pCtales de fleurs de lotus (jap. rengengatakOhai) soit avoir la forme d'un bateau, Crroites ala base (jap. kofiJnagatakffhat)' soit une forme en carene trCs pointue et recourbCc en avant comm~ pour protCger la tCte de la divinitC (jap. shin-funagatakfJhai). Ces am·Coles simples sont parfois dCcorCcs de tmages (jap. kumo-k8hai) ou d'etres dlestes (jap. hiten-kfJhai). Elles sont caractCristiques de certaines images divines de l'Cpoque des Wei en Chine et des images d'Amida au Japon.

Les mu·Coles en plusieurs parties sont habituellement composCes de deux aurColes rondes placCes l'une au-dessus de !'autre, soit simple­ment supetposCes et se touchant bord a bord, soit se chevauchant, la plus haute (celle de la tete) Ctant plus petite que celle qui entome le corps et chevauchant celle-ci, soit encore inscrites dans un troisiCme cercle (jap. ens8k8hai), ou encore formCes par unc aureole de tE!te placee sur une sorte de paravent rectangulaire (jap. mibu.-k8har). Elles indiquem la pluparc du temps que la divinitC qtt'elles entourent a1'partient au domaine de l'CsotCrisme.

Les aureoles flammees (jv!lla) sont celles qui entoment la tCte des divinitCs terriblcs ou furouches comme les Vidy:h·aja. Cepe11dam, quel­ques aureoles flammees peuve11t Cgalemcnt entourer la rete des Boud­dha. Elles pcuvent etre Cgalement constituees par des flammes l.ibtes enrourant le corps tout entier (cas des Vidyaraja, par exemple) : ces flammes dCvorent les passions et consument les dCsirs ; elles sont significatives de l'ardeur des divinitCs a dCfendre la Loi et le Bouddha. Les aureoles composites sonr relativement diverses, soit en mandorles trCs ouvragCes et ornCes de rayons d.ivergents (Fukilkensaku Kannon du T6dai-ji, au Japon), ou bien ornCes de << mille Bouddha " (jap. senbut­su-k8hai).

LES ATTRIBUTS ET ACCESSOIRES DES DIVINITES

Dans la categoric tradirionnelle des mudra avec forme (jap. 11gy8-in), les mains des divinitCs soot pourvues d'attriburs divers qui symboliseot les vertus et les pouvoirs (aussi bien materiels que spirituels) de ces divinitCs. Ces attribut.<; ou acccssoires, lakshana (jap. jimotJu ?) 2u ou chih~ na, « emblCmes » (aussi appelCs dhvaja, << Ctendard ,, ), pen vent, pour la commoditC de notre description, Ctre ranges en plusieurs categories,

58

LES ATIRIBUTS DES DIVINI'l'fis

rooins pom· les plus importants d'entre eux : les lotus (padma), ~~~1(;~~res (vajra), les dochettes Cijhanta), les roues ( ch(tkra), les. armes

ft .11 • . ,) les vases (kalasha), les batons ou massues (gada), les tnsnu-(tl.ytta-t:J(~ , · · 1 1·

· et accessoires de culte typ1ques de certames sectes. a tste que mcnts . 1 A h · ·1 donnons ici ne sauralt cepenc ant etre ex austlve, ces attn )Uts nous b . 11 1'' xu·emement nom reux ct vanant se on es sectes et es rcgwns. ctant e ' s d ' '1' ' b L'art du bouddhisme des ecoles du u n uti ise qu un nom re . reint de ces attributs. En effet, les effigies du Bouddha n'en compor-rest dl . 'd . ' ' 1 ' f1 . t aucun. Celles des Bo usattva se re msent en genem a une eur ~en lotus et parfois dans le cas de Bhaishajyaguru, a nne branche de

e le ou' un pot a ~nguent. En revanche, les sectes du MahayUtm ont sau ·~d . urilisi une grande quanttte e ces « stgnes >>.

LES LOTUS Cpadma; jap. renge ; chin. liat~hua)

Les lotus sont des symboles de rCgCnCrati~n. « spontanCe » (sv_.,Jya:nbhU) et symbolisent a ce titre la naissance dtvme. Selon lc LalttaVtJtara, « I' esprit du meillcur des hommes [ ... ] est sans tache, comm

1 e 1Te l~tus

nouveau dans l'eau {boueuse] qui n'adhh'e pas a lui21 », et, se on aj1ma Ry6jun 22, « dans lc bouddhisme Csote~:iqu:, le cceur des etres est comme un lotus non ouverr : quand s y developpent les vertus du Bouddha, le lotus s'Cpanouit j c'est pourquoi le Bouddha siCge sur un lotus bien epanoui ». Dans le rantrisme, il est le symbole du principe fCminin er, dans le shaktisme, il repn§sente le sexe feminin car, selon Ie ShatajJatha Br!lhmana, la feuille de lotus symbolise la matrice. Les lotus sonr generalement diffCrenciCs par leur couleur et par le~r grou­pement, en trois ou cinq flems, associCes ou non avec des femlles.

Le lotus blanc (pundar£ka ; jap. byakurenge)

II symbolise la pacification de notre nature et Ia Bodhi, l'Ctat de purere men tale totale et de perfection spirituelle. II a genCralement huit pCtales correspondant au Noble Octuple Sentier de la Doctrine. C'est lt1i qui se trouve au cceur du mat1dala du Garbhadhiitu, etant la matrice ou l'embtyon du monde. C'est done le lotus des Bouddha.

Le lotus rouge (kamala ; jap. gurenge)

Il symbolise la nature originelle du cceur (hridaya). C'est le lotus de !'amour, de la compassion, de la passion, de !'activit€ et de toutes les qualitCs du cceur ; c'est le lotus d'Avalokiteshvara.

Le lotus bleu (utjJ!i/a, n£/otp!ila ; jap. Jeirenge, shOrenge)

C'est le symbole de la victoire 21 de I' esprit sur lessens, de !'intelligence et de la sagesse, de la Connaissance. C'est celui qu'arbore Mafijushrl. Il est Cgalement un des attriburs de Prajfiiipfiramitii, la « Toute Sa­gesse ». Ce lotus bleu est toujours representC en bouton plus ou moins Cpanoui, et on ne voit jamais son centre, contrairement au lotus rouge.

Le lotus rose (padma; jap. renge; chin. lianhua)

C'est le lotus supn?me, en general reserve a la plus haute divinitC, parfois confondu avec le lotus blanc (bien que ce dernier soit caractC­ristique des secres Csoteriques). C'est le lotus du Bouddha historique.

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Feuilles N fleurs de lotus

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' I [·.

I ! . i

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Page 32: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

G:ENERALIT:Es ICONOGRAPHIQUES

Clochette et vajra, symboles CsotCriques, bronze, Tibet, coli. de ['auteur

Le lotus pourpt·e (kamala ? ; jap. shirenge)

C'esr le lotus mystique, uniquement reprCsenre dans les images appar­tenant a quelques sectes CsotCriques.

Ces fleurs de lotus peuvent etre largement Cpanouies et montrer leur creur (jap. kairenge), ou en bouton (jap. jirenge). Elles peuvent eu·e supportCes par une tige simple, triple (symbolisant les trois divisions du Garbhadhiitu: Vairochana, lotus et vajra) 24 ou quintuple (symboii­sant les Cinq Connaissances clu Vajraclhiitu). Les huit pCtales reprCsen­tent le Noble Octuple Sentier et les huit principales divinitCs acolytes de la divini re centrale Slll' les mandala. Les fleurs de lotus peuvent Cgalement @rre prCsentCes sur une coupe ou un plateau, en symbole d'hommage (jap. rengedai).

A la place d'une fleur de lotus, il anive que certaines divinires, comme Bhaishajyagum ou Avalokiteshvara, tiennent a la main une branche de saule (representant la medecine) ou une grappe de raisins, ou encore une autre fleur (ce qui est rare). Les plantes et les fleuts autres que celles-ci ne sont pas attribm~es aux divinitCs mais aux saints personnages et acolytes.

LES FOUDRES (vajra ; rib. rdo-rje ; jap. kongO-sho ; chin. jingangchu)

Les vajra ou « foudrcs » ont une origine lointaine (on les rencon.trc sur des effigies mCsopotamiennes) et mal definie. On ignore comment ils en sont venus a symboliser, dans le bouddhisme, les forces spiri­tuelles et la fermete de l'espdt 2l, Pen utilises en Inde m&me, ils furent surtout employes par le bouddhisme tantrique au Tibet, et dans lcs sectes CsotCriques chinoises et japonaises. Peut-etre peut-on les rappro­cher des tridents, souvent utilises en Inde pour symboliser Ia puissance.

60

LI!S A'f1'RIBUTS DES DIVINITJ1S

, . l'arme favorite d'Indm dans le panthCon hindou, grace a laquelle, C ~st t la tradition bouddhique, il pourfend les ennemis de la Loi boud­survan dbique. , b d . ( Le vajra represente dans nom re e sectes tantnques et notam-

t dans lc shaktisme) l'organe male, geniteur, et est alors souvent men •,: ala fleur de lotus eta la clochette (gantha), contreparties boud-assoCie d l · 1 · d C' l d' I d1 · es du linga et e a yom 11n ous. est e tamant c es sectes

uqu , . , . , d' . c · Csoteriques, Ia Ver1tebq~~1 ne( peut etre, etnutebpat' a)u~une ~orce 111 I:ar aucune artne. 11 sym. o tsc en t1~nr qu arme a

11sodue

1, a f:Lussan

1ce vtc-

··euse de la Connmssance sur tgnorance, ce e e esprit sur es pas­t?Il s << Le vaJ· ra symbolise la Connaissance comme la fleur de lotus la sron . l ' 'I '1 1 . . . 1 ' raison innCe26, »I es

1t censc an_11111 er ~ potso1 nsds~t~true1s et ~tre nne

, ·cie efficace contre es mauvatses pensees et es cstrs. es vaJm sont '11

.,.,5que roujours doubles. Ils sont alors placCs de part et d'autre d'un P'' ' l 1 . . 1 nche court et ouvrage. Dans que ques cas, e vaJra est strop e ct m~nte en manche de clochette ou au bout d'une corde. Objets de culte, res vajra sont sot~ve~t utilises dans le ri~u~l. d~es sectes esoteriques, et soot l'attl'ibut prtnnpal de nombre de dtvtnttes.

Parmi les vajra utilises comme accessoires du culte, on disringue plusieurs sortes :

Le vajra a une pointe (jap. tokkosho)

11 possCde une pointe seulement de chaque cOre d'un manche court. La pointe est de section carn::e, courre et peu effilee. Ce vajra symboliserait t'axe vertical de l'univers 21 et !'union du monde materiel avec le monde spirituel, ainsi que celle des deux grands mandala, le Vajradh:ltu ct le GaL"bhadhUtu.

Dans les secres tantriques, cet instrument n'est utilisC que par les religicux d'un rang inferieur (voir E. Dale Saunders, op. cit., p. 186). Jl represemcrait l'Unique RealirC du Dharma.

Le vajra a deux pointes (jap. nikoJho)

II ressemble aux pinces du perce-oreille et reprCsenterait la dualitC des apparences. II est tres rarement utilise ou reprCsenre.

Le vajra a trois pointes (jap. St:tnko.rho)

C'est le plus coumnt, m1quel s'applique le plus souvent le terme de vajra. II comporte trois pointes de chaque cOte, les deux pointes extC­rieUl'es sc recourbant vers la pointe droite du centre, ou bien trois pointes recourbees vers le milieu. Ces trois pointes represenreraient, dans les univers materiel et spirituel, le Triratna, les Trois Tresors du bouddhisme qui soot le Bouddha, le Dharma et le Samgha, ainsi que lcs Trois Mysteres de Ia parole, de la pensee er de l'acte m. Le karmavajra (jap. katsumasho) est forme de deux doubles vajra a trois pointcs mis en croix. II symboliserait les Quatre Connaissances et correspondmit a la roue de la Loi (dharmachakra). II est Cgalemem appele vishvavarna­vc~jra (jap. jr?.ji kongOJho).

Le vajra a quatre pointes (jap. JhikoJho}

C'est une forme assez rare. Il symboltseratt les quatre « moments 1> de la VIC clu Bouddha Sh&.kyamunt, les quatre penodes bouddhiques, les Quatre Grands Bouddha, etc. 29•

61

A B

A - Vajra a une pointe B- Chintil.manivajra

Vajm a tl'Ois pointes

Vajra a cinq pointcs

I

~ . I ' I li

l I.

Page 33: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENERALITES ICONOGRAPHIQUES

A B

A - Clochette a stfrpa ll - Clochctte a chiotilmani

c C- Vajraghanta a trois pointes D - Vajraghanta a une seule pointe

D

Le vajra a cinq pointes (jap. gokosho)

Les pointes de ce vajra soot disposCcs soit en couronne, soit en groupe de quatre disposes autour d'un axe. Il en existe de nombreuses varifte

5

seJon leur forme ou leur dCcoration. Nombre de ces .qui~tuples vajt~ decorent le manche de clochettes (ghanta). Ils symbohseratent les cin ClCmenrs, les Cinq ]ina (les Gochi Nyorai au Japan), les cinq sortes d~ sagesse, etc.

Le vaj1·a a neuf pointes (jap. kylikosho1 kukosho)

Ce vajra, assez rare, est pourvu de neuf pointes de chaque cOre, en general. groupCes en. cour~nne. Sa signification est imprecise. Peut-Ctre symbohse-t-11 les Cmq Jtna et les quatre grands Bodhisattva ? Jl est surtout utilise au Tibet. On trouve souvem ce vajra dans la main op~ paste 8. celle qui tient une clochette door if formerait le pendant Oll

serait le complement d'un ensemble. '

LES CLOCHETTES (ghanta ; jap. kongfJrei, kane ; chin. zhong ; rib. dril-bu)

Les clochettes se nouvent souvent, comme nous venons de le voir en opposition (ou en complement) des vaj ra dans les representations 'des d!:inires esoter.iques. Elles servent Cgalemenr, tout comme les vajra, d tnstmment de culte dans ces memes secres. Elles sont en general de pe~ites d~mensions et posseclent un manche court termine soit par un VaJra, sort par un petit stilpa ou un triple joyau (chintJmani). Elles symboliseraient le son, le verbe cl'Careur, la vibration engendrCe par la repetition d'un mantra et du blja, er auraient ainsi une fonction crea~ tries, invocarrice. Elles seraienr Cgalement dcsrinees a appeler les cccurs a l'Evcil. Lorsque vajra et ghanta soot associCs, ils rept'Csenreraiellt les deux grands mandala du Vajradharu et du GarbhadhUtu. Dans les secres tantriques, si le vajra symbolise le principe masculin, la clochette re­prCsenterait le principe fCminin. Le son Ctanr generalemenr assez bref, la cloche represente a travers son rintemem tout ce qui dure peu ce qui est Cphemere. On trouve au mains sept sortes de clochettes, s~lon la forme de leur manche : avec vajra a une pointe (jap. tokkorei), avec va~m ~ trois poi?tes (j~p. sankorei), avec vajra a quarre pointes (jap. shtkoret), avec vajra a cmq pointes (jap. gokorei, godai my8-8-rei), avec vajra a neuf pointes (jap. kyfikorei), avec manche rermine par un niplc joyau (jap. h8shurei), avec manche termine par un petit stilpa (jap. t{Jrei).

LES ROUES (chakra, dharmachakra ; jap. rinbf), h8rin)

Les roues symbolisent la roue de la Loi bouddhique, le cycle (SarnsJra) sans fin des naissances et renaissances. Elles sont rondes, a quatre ou huit rayons, ou octogonales. Dans ce dernier cas, elles symbolisenr le Nob~e Octuple Sentier. Dans le premier cas, elles symbolisent les Qua~ tre J ma ou les quatre « moments » de la vie du Bouddha. Les rayons parfois dCpassent le cercle, en pointes. Ces roues, represenrCes dans I' art de l'Inde des avant la pCr.iode du roi Ashoka, eraient en general pastes

62

LES A'f'fRIBU'fS DES DIVINITES

Karmavajra Deux formes de Dharmachal<ra

sur quatre lions adosses et regardanr les quatre points du compas. Elles soot Cgalement Ia contreparrie bouddhique du « disgue >> de Vishnu et reprCsentcnt, tout comme le vajta, l'arme absolue qui vainc les pas­sions et anCandt les desirs. Les vajra entrecroisCs (Karmavajra) sont parfois consideres comme des roues.

LES ARMES (dyadha ; jap. buki)

Les annes tenues par les divinirCs servenr a symboliser les combats livres par celles-ci aux forces adverses et aux clemons, a !'ignorance, a la sortise, et a pmtCger le Bouddha et la Loi bouddhique. Elles repre­scntcnt aussi, dans certains cas, des venus et des pouvoirs. Ces annes ne se trouvenr jarnais sur les representations appartenanr aux sectes du Hlnayana. Elles furent au contraire largemenr employees pour les re­presentations des divinitCs appurtenant au tantrisme et aux sectes Cso­tCriques, rant au Tiber qu'en Chine et au Japan. On peut les diviser en quatre grands groupes (mis a part les vajra et les chalcra que nous vcnons de passer en revue) : les glaives (khadga); les lances et tridents (knnta, trishtt!a, shula); les haches (jJ?trctsu, tanka); les arcs er les fleches (chJpa, Jhara).

Les glaives (khadga ; jap. ken, tsurugi, katana ; chin. jian)

lls servent a trancher I' ignorance et a attaquer les puissances du mal. Ils sont aussi un signe de commandement et de sagesse, de Connaissance supreme, d'intelligence parfaite. On en compte de nombreuses varietes :

Les glaives droits a deux tranchants. lls ant nne poignee door la garde est constituCe soit par un vajra a trois pointes (la lame formant la pointe centrale du vajra), soit par un vajra a cinq pointes (jap. sankotJIJka-no-ken, gokotsfJ.ka-no-ken). Le glaive de la Connaissance que tient souvent, vertica­lemcnt, Achalanarha, est souvent represenre entoure de flammes ou d 'un dragon. Ces glaives soot egalemenr appelCs au Japan gomagatana ou shibattchi.

63

Vajrakhadga

Page 34: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENERALITES JCDNOGRAPH!QUES

Trishula (trois fotmes)

Pat·ashu

Les sabres COU1'bes a un seul tranchant. Typiquement japonais (jap, katana1 tachi), ils ne sont guere utilises que par des personnages mineurs ou des Chaturmahar1ija ou Dharmap8:la, au Japan,

Les lances et tridents (kunta, triJhtda1 shu/a ; jap. sho, k81 hoko, sankogeki. chin. mou, sangtJji) '

Les lances, associCes a l'idCe clu feu et de la virilitC, symbolisent la puissance mille de penetration des forces du Bien et de la VCrire sur l'ignorance. Elles sont simples, terminCes par un vajra a une pointe on bien par un trident. Ces derniers som des symboles du Trirarna e~ du Tripitaka. Elles soot rres anciennes, ct on peut les voir sur au mains un sceau de la vallCe de l'Indus, couro11nant une divinitC assise. Des les premiers remains de l'art bouddhique, elles sonr reprCsentCes cou~ ronnant des roues de la Loi (comme a Sfi.fichl). U n « triple biiton » qt1i pourrait etre assimile a un trident, appelC tridanda, est, selon M.h'I'h. de Mallmann, un des attributs d'Avalokiteshvara en Inde, qui devait servir a l'origine de support a un vase. Les tridents sont nommCs au Japan sankogeki, st:tnJageki ou sanst:tbfJ. Lorsque les lances compottent a leur extrCmitC deux vajta a trois pointes fixes a angle droit, on lcs nomme ko (chin. ge), ou encore hfJko. Lorsqu'elles component en bout de pique trois vajra, elles se nomment au Japan katsuma-sho.

Les haches (parashu, tanka; jap. ono; chin.ju)

Elles symbolisem l'acte d'abattre les arbres, done de commence1· unc tfi.che, de dCbroussailler le chemin qui conduit a la Connaissance. Elles servent Cgalement aux divinitCs mineures (au a celles aux bras multi­ples) pour indiquer leur rOle de protection (du Bouddha ou de la Loi). Au Japan, elles sont Cgalement nommCes etsuftt, eppu.

Les arcs et les flckhes (chdpa, shart:t ; jap. yurni, sen, yt:t ; chin. gong, shi)

En m@me temps que ces armes servcnt a abattre les passions, ellcs symbolisent la concentmtion et la sagesse. Leur union (arc ct neche) peut egalement symboliser l'amour. Ces annes sont tenues chacune dans une main correspondante par les divinitCs a plusieurs bras (cer­taines divinitCs tiennent arc et neche dans nne seule main). Quelques flCches sonr tenninCes par une pointe a trois dents (trishttlashara) ou bien par des flcurs, comme c'cst le cas pam Aizen My0-0 au Japan, ol1 on nomme egalement ces armes hiJkyiJ et hfisen. La flCche de KUma, la divinitC de l'amour chamel, est constiruee par cinq fleurs mises bom a bout.

LES VASES (kalasha, kamandalu ; jap. by8 ; chin. ping)

Les vases symbolisenr les offrandes faites a la divinitC et parfois l'of­frande de rrCsors « Les flcurs du vase reprCsentent les innombrables vertus door l'Cpanouissement rCsulte de l'union de la raison innee et de la Connaissance 29 • }} On en distingue plusieurs sortes 30 :

Les vases a £leurs (kalasha, bhadraghata ; jap. kebyJ)

A panse rebondie et a col large, ils soot souvent utilises dans le riruel des sectes Csoteriques. Le vase a fleurs de lotus est un des attributs

64

Bonnet d'un lama du Tibet, dCtail representant une divinitC r:-n Yab-yum, 'J'ibet, xx~ sif.de, collection privt-e.

v

Page 35: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Tete d'un Bouddha marchant, bronze dare, Tharlande, Sukh6thai, XIVc siecle, musee de Bangkok.

VI

\'Avalokireshvara, certains textes esoreriques assurant que l'union du fonts et du vase est symbolique de l'union des deux grands mandala. Le vase a fleurs a une origine trts <mcienne, et on le retrouve en Inde \Cs Jes debuts de l'art bouddhique, soit en base de pilier, soit en clm­.~iteau, ou encore en decoration, .symbolis~nt la t.en:~" er__ ses richesses (jlflrttttgatha, ou « vases fastes » ; ;ap. honnogata, htch~tobyo).

Lcs vases a cau ou a nectru_· (amrita-kalashct, kuffdika1

Iis sont Cgalement divers er peuvenr avoir plusieurs formes. Ils ont en gCn€ral un long col et soot souvent munis d'un bee verseur (jap. suiby8, gmt)J, s8by81 .ruikan), au bien sont ornes d'une rete d'oiseau (jap. h8by8, k8by8). Cependant, la forme traditionnelle de la k!tiidik!J comporte un couvercle sonde, au centre duquel se tmuve un col Crroit. Ces vases tl cau sent Cgalement anciens et servaieot en lode au rituel de consCcration des rois. Ils jouent un rOle trCs important dans tons les cultes CsotCri­ques, Ctant presque toujoms associts au lotus, qui symbolise !'Intelli­gence supreme. Dans le cas d'Avalokiteshvara, le vase est cense contenit· Je nectar de sa Compassion : il apaise la soif de ccux qui l'implorent. Les vases representcnt aussi les Cinq ]ina, et sont a cc titre gCnCralement places aux quatre angles et au centre des autels. Ils sonr censes comenir routes lcs mCdecines, routes les nourritures, routes les bonnes choses et l'eau parfumec. Tout l'art du Mahayana a utilise cet instru­ment -symbole.

LES BATONS (clanda) et LES MASSUES (gada)

On distingue plusieurs types de ces accessoires

Lc bftton de Sagcsse (ou du TrCsor) (jap. h8b8)

II symbolise la possession par cclui qui le porte du Tn§sor infini de la Sagessc du Boucldha. Il est aussi appelC khatt1dngha.

Le sceptt·e de religieux (jap. nyo-i; chin. myi)

Celui-ci possede nne spatule recombCc en gratroir. Il est cense contenir un joyau (mcmi) ct est Cgalement appele .rekaki au .Japon.

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U:!S ATTRIBUTS DES DIVINITfiS

Kalasha (K.ufidikfi)

Sceptre de religieux dCt·ort= de cinq liom, Ccaille de tonue, or et argt"nt, Japon, IX' siC.cle

I I I I' I

I

Page 36: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

G:i'lN:Em.ALITES ICONOGRAPHIQUES

Kbakkara a six anneaux, symboligne cle Kshitigarbha

Le khakkhara (jap. shakujfJ ; chin. xizhang) Ce baron de pelerin ou d'alarme, orne a son extrCmitC supedeure d'an~ neaux libres en mCtal, au nombre de six pour les Boddhisattva (sy111~ bolisant les Six Voies - Gdti - de !'existence) et de deux pour les Arahant ct les sages mottels, est distinctif de certaines divinitCs (Bodhisattva) et des saints du bou.ddhisme. Il semblerait que son origine soit en Asie centrale, car les plus anciennes representations de ce type de baron furcnt retrouvees sur les peintures murales de Dunhuang (vers le V' siecle) et a TurH'tn. Il ne semble pas avoir ere utilise en Inde, En revanche, il le fut souvent en Chine, au Tibet et au Japan. Ce baron de religieux, destine a avertir les animaux du passage d'un saint homme, a prCvenir les v.illageois qu'un reiigieux arrive pour quCter sa nourrirure, fur utilise au Tibet pour chasser les demons 31

• En Chine, il £<tit partie des dix-huit objets qu'un moine doit possCder. Sa hampe est gCnCrale­ment en bois, de section hexagonale (ou ronde), et les anneaux sont en metal afin de faire du bruit en s'eotrechoquant. Le nombre de ces an­neaux varie sur les representations. ThCoriquement, le Bouddha Lui­me me a droit a un khakkhara avec douze anneaux. Les autrcs personnages peuvent a voir quatre, six ou huit anneaux selon lcs contn'!es et les Cpoques, des symbolismes differents erant attachCs a ces oombres. II est l'attribut tyt)ique de Kshitigarbha (jap. JizO Bosatsu ; chin, Di­zang) mais pent Ctre tenu par Amoghapfrsha ou Bhaishajyaguru en Chine, notammcnt (monte sur un ClCphant, voir De Visser, Ancient Bud~ dhism in }cljJan, p. 566). Ce bfrton est egalemenr appelC au Japon chi-.fO (biiton de la Connaissance), tokt-tjfJ (baton de la Verru), ou encore yflsh8jfi.

Les batons terminCs par un crfrne (jap. doktJrojfJ)

Ils peuvent @rrc aussi termines pat' une rete humaioe posee sur un croissant de luncH (jap. jintfJjfJ), on encore par une tete posee sur un mimirll, ou enfin par deux reres humaincs (attribut de Yamarfrja) et symbolisent !'impermanence ici-bas. Ce sont des accessoires magiques utilisCs pour chasser les demons.

AUTRES INSTRUMENTS ET ACCESSOIRES

Le bola aum6nes (jJ!itra; jap. hachi; chin. bo)

Le bol a aumOnes, que tOllS les moines bouddhistes doivent posseder et qui leur sert a collecter la oourriture offerte par les fideles, tire son origine de la lCgct1de selon laquelle le Bouddha, ayant re<;u de la nour~ drure de marchands et n'ayant rien pam la contenir, rCunit magiquc­ment en un seul quane bols de pierre qui leur avaient ere offerts par les quatre rois-gardiens. Il devint par la suite symbole de la Loi (Dhar­ma), c'est-8.-dire du Bouddha Lui-m@me. Son originc est indiscutable­ment indienne : on trouve des images du Bouddha tenant a la main le bol dans l'art du Gandhara. Les representations du Bouddha histo­rique (ou parfois d'Amidibha, plus rarement d'Avalokiteshvara) moo­trent ces divinites tenant le bol soit dans une main, soit avec les deux mairrs (voir plus haut a /3ucldht:t-jJc2tra). Bhaishajyaguru est Cgalement represent€ portant un pot a onguenr dans ses deux mains (ou plus souvent dans la main gauche).

66

LES AITRIBU'fS DES DIVINI'l'ES

Le rosaire (m!i!J; jap. nenju ; chin. nianzhu)

P bablemcnt une adoption par le bouddhismc du rosaire hindou, la ro ' d · d I · · T"b m/1/!l prit une gran e 11nportancde. a?s es rttes tahnt~tques.' au(d 1 c; et

Japan surtout. Ce rosatre a or Hlall'ement cent utt grams e mcme ·,~1 '!leurs que le rosairc hindou) plus quatre grains de separation (des-( "' 1 · e) I' Ch h' ' L . tinCs a un comptde"f~~us a1t~ , appe es .aturm

1a ar:t)~· es ArosaTtr~1s pe~t1-vent cependant t terer. e15erement. slllvant e.s reg•or:_s. u ~ 1 )et t

1s

t gCnCralement termmes par trots gros grams censes reprcscnter e ~?:~ratnct. Au Jap_on, Je symbolis:ne du Shin~o.n com1~liqua sa forme, l cent lmit grams etant partages en deux sertes de cmquantc-quatre es,. unc ou deux grosses pedes (bindtt; jap. odome et oyadama). C'est en

P" · " G "b d'A I k" l If\de, depms 1 ep~que .upta, un~ a~tft ut constant . va o ttes wara.;

1 5 cent huit grams dotvent theonquement symboltser les cent huH

~tssions humaines qu'Avalokiteshvara assume en egrenant le chapelet. ~mitfrbha est Cgalemenr rcprCsente tenant un rosaire, ainsi que quelques autres divinires et, bien entb·~ndu, les representations d

1 es sain~s ho,mmesf.

Cependant on reocontre, ten que tres rar~ment, c es rosatres .a ncu , dix-huit, vingt et un, quarantc-deux ou ctnquante-quatre grams. En Chine, celui de dix-huit grains rcprCsenterait les dix-huit Arahant.

Le « Joyau qui exauce tons les dCsirs » (chintJmani, rnt:tni; jap. hJ.rhu, nyo-i~shu ; chin. ruyizhu) C'cst le Joyau (perle ?) ou « gemme de la penste }) qui « pcnnet d'cxauccr tons les dCsirs }> (pcut-2tre une schCmatisation du fmit d11 myrobolam ?), en for~e de boul~ poin~ue_, ver~ 1~ ~aut. C'est l'un d~s Saptaratna, les « sept joyaux >> (Jap. Jhtppo, shtchtho)H, Il a le pouvotr de clarifier l'eau twuble, c'est-a-dire le cceur 1~. Cc joyau est tantOt reprCsentC seul, tantOt triple ou enroure de flammes. Les uiples joyaux places au bout d'un court manche, ala maniCre d'un vajra, constituent un instrument utilise dans les rituels CsorCriques et soot appclCs au Japan htishu.rho. Lc chintdtlutni symbolise le Bouddha et Sa doctrine ; c'est un emblemc de la purcrC de l'esprit, De nombreuses lCgcncles racontent l'originc de cette « perle magique », Elle represente tons les trCsors, et plus parriculierement cclui qui est constituC par la Connais­sancc de la Loi bouddhique. Celui qui connalt cette Loi, Ctant affranchi de taus lcs desirs, voit evidemment ceux-ci comblCs.

Lc chasse-mouches (chdmara ; ja1J. ho.uu ; chin. fuzi)

Il symbolise l'obeissance a la Loi bouddhique. Il esr rhCoriquement forme de pails blancs (de yak ou de cheval) ou de fines cordelettes fixes sm· un manche court. Certains textes le disent fait de pails de claim. En Inde brfihmanique, il Ctait !'insigne des courtisans. Dans l'art boud­dhiquc indicn, l'etftgie du Bouddha est souvent accompagnee de deux potteurs de chdmara. En fait, il devint l'accessoirc type de tourcs les representations de saints hommes. Le chasse-mouches, evitant de tuer les insectes, est devcnu un symbole de la Compassion d'Avalokiteshvara cnvcrs taus les Ctrcs, fussent-ils aussi minuscules que des mouches.

La conque marine (dharmasht:mkha ; jap. h8ra ; chin.faluo ; rib. dung­dkar)

Utilisee comme trompe en Inde lors des ceremonies religieuses et par lcs armCes, la conque marine, par son son grave et prolonge, symbolise

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I

Chintfi.mani, le "Joyau qui cxaun: rous les dCsirs"

Chfi.mara ou chasse­moucbes

Page 37: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

GENJJRAUTES ICONOGRAPI-IIQUES

Rcliquaire, bronze, Japan, XII" siecle KyClto, Kumma-dcra

Reliquait·e, bronze, 'Tibet

lc Son de la Loi bouddhique. Ce symbole, d'origine indienne (il est l'un des quaere attributs majeurs de Vislum), fur adopre par le bond~ dhisme pour symboliser la diffusion de la Loi par la voix du Bouddha,

Le miroir (adarsha ; jap. kagami ; chin. jing)

Il symbolise 1a vacuirC, ce qui est « idee >> et oppose a ce qui est << phenomene » 36

• ReflCtant les chases marerielles, i1 ne donne d'elles que des idees et leur Ore route realire. C'esr done un symbole de l'il~ lusion de !'existence. Mais il peut egalement reprCscnter le disque du soleil comme pour la divinire japonaise Nichi-ten.

Les c01·des (j;dsha ; jap. saku, kensctk!t, ryiisaku; chin. luoJO)

Les cordcs peuvent Ctrc simples, chaque bout eranr termine par un nc:eud, un vajra ou un crochet, ou bien hre des nc:euds coulants (ter~ mines ou non par une rete de dragon). Elles symbolisent l'instru111ent avec lequel les fimes sont liees, accrochees et attirCcs par la Loi baud~ dhique. Dans les mains de quelques divinites, elles sont les liens qui empCchent les dCmons de nuire. Mais elles symbolisent Cgalcmcnt les liens qui enchalnent l'fime au mondc materiel des desirs.

Le livre des :Ecritures (jm.Jhtaka ; jap. kyO, tJ-kyO ; chin. jing)

Il represente le Canon bouddhique qui derient la Loi, le Tripitaka. 11 est parfois associe au pinceau, et parfois remplacC par un rouleau.

Le reliquaire (stfij;a ; jap. sotobct, tO; chin. shuaidupo, ta ; tib. mchod-rten, chorten)

Tenu a la main. par certaines divinires, ou bien pose sur lcm rete, le stllpa en reductton (aussi considtre comme un rcliquaire) participe du mCme symbolisme que le stGpa, et represente lc corps du I3ouddha et Sa Loi. Il symbolise egalement la personoe du Bouddha historique, ainsi que le « corps spirituel >• (DharmakJya) de Celui-ci. Dans le sym~ bolisme Csottrique, sa forme fur schematisCe en une succession de fi~ gmes geomerriques simples (du bas vers le haur : carre, cercle, triangle,

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LES ATTRIBUTS DES DIVINJTES

·-cerclc mani ou flamme) superposees cr censees rept·esenter le cos­dernl Le can~C pour la maritre, le cercle pam la Connaissance, le triangle mos. l'Es[Jrit, le demi-cerde pour la Loi et la flamme pour le Principe !,our d' . , . I b l , , ·"me. Cependant, autres mterpretatwns c e ces sym o es ant ete sdupreCes qui diffhent suivant les scctes et les auteurs. Il symbolise la

onn , !G''(' 1 · )' 'E D

. 'nitC supreme. C est e ortnto stupa c es cmq sens Japonats. n !Vl . . 11 d A • • I I 11 . dque si la forme ongme e u stupa se mamtmt en nc e, e e se

pra difia 'tegerement dans le Gandhfira er au Tibet, pam devenir des 010

agades » en Chine et au Japan. Dans ces derniers pays, la forme « P inale du stf1pa ne se conserva que dans lcs reliquait'es et dans cct'­ong 1' h' • ] E I d '1 'b d , · nes pagodes appe ces tct o-to au apon. n n e, 1 est un attn ut e Maitreya, le futut' Boucl~ha, alors q,u'cn Chine et au. Japan. il est dis­. ctif des effigies de Vatshravana, l un des quatre rms~gardtens (Loka­

tl~~a Chaturmahfirfija). Dans le mandala du Garbhadhfrtu, il est p ' . l' I M 1 A • 1 l'attribut partlCU ter c e a mvauoc mna.

ATTRIBUTS ET ACCESSOIRES DIVERS

Ils sonr tenus par les divinitCs a multiples bras, afin de symboliser leurs pouvoirs matCriels et spirituels, surtout dans lc cas d'Avalokiteshvara a mille bras. Ils varient Cgalement avec les divinitCs mineures, indiquanr leur nature, CsotCrique ou non.

Parmi les plus communs de ces acccssoires (voir liste a A~'ctloki­teshvara), on notera :

le crochet a elephants (ctngkttshct ; jap. kO) ; la clC (kt.tnchikJ; jap. kagi ou h/Jydktt) ; l'Cventail, generalcmenr non pliant (appele au Japan uchiwa ou tensen, et jJsen s'il est en plumes de paon), ou Ogi s'il peut erre pliC ; les sand ales de paille (jap. U'araji); Ia bolte a sUrra (jap. kyfJk.yfJ) ; les cassolettes a encens, a manche (jap. egOrfJ) ou sans manche (jap. gOrO), qui sont Cgalcment des accessoires de culre ; le bouclier (khetaka ; jap. b8hai), parfOis ornC d'unc rete de moosrrc; le sceau (ou cachet), appclC hO-in en japonais; le « nuage de cinq coulcurs » (jap. goshiki-un), ere.

LES ACCESSOIRES DU CULTE

lis sont parfois representCs sur les images montrant plusieurs divinitCs et leurs officiants, surtout au Japan, rels que (en plus des cassolettes a cncens)

Legong

En bois sphCrique, en forme de poisson (jap. mokugyo) ou plat, egale­ment en forme de poisson (jap. gyoban), en metal, en forme de bol (jap. in-kin, kinsu), er servant a poncrucr la lecture des sUrra.

Lcs bfrt011s des moines zen (jap. JhtjJjJei)

Utilises pour mainrenir les moines Cveillts pendant les seances de zazen.

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Angkusha, crochet U CICphanr

l I, I

Page 38: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

I

' I

!:

GENERALI'r:Es ICONOGRAPI-IIQUES

Moulins i\ pri0res, exterieur ct inrerieur, cuivre repousse, 'fibet

Les paniers a fleurs (jap. keko)

Ou les plateaux destines a contenir les divers instruments des cultes esoreriques, comme les vajra et ghantfi, et appelCs kortgOban au Jat)on.

Les armoires portatives

Elles servent a contenir les effets personnels des moines itin€ranrs, ainsi que les accessoires des cultes et les rouleaux de _sUrra, utilises en Chine dCs le VI" sif:cle et appelCs au Japon oi et katabako, etc.

Au Tibet, on utilise dans le rituel, outre les instruments deja dCcrirs, trois autres « objets de culte }} qui jouent un rOle rres impor~ rant lots des ceremonies : le moulin a priCrcs, le phur-bu et le coupet·er.

Le moulin a prieres (hkor-brten)

11 est gCnCralemcnt constiru€ par un corps cylindrique en metal repous­s€, traverse dans sa plus grande longueur par un manche en bois au en metal. Le cylindre pent tourner au tour du manche, avec nne legere rotation du poignet, grace a une cordelctte ou une cha1nette lestCe qui le maintienr en mouvement. A l'intCrieur de ce cylindre se trouvent, Ccrits sur du papier ou de la peau, des tcxtes sacres, le plus souvem des formules d'invocation (dhrJrant au mantra), la plus commune €tant cclle d'Avalokiteshvara : « Om Mani Padme I-Jf)m }> (« 6 Toi le Joyau clans le Lotus >} ). Ces moulins a prieres peuvent erre de petites dimen­sions et pones par les pelerins, ou plus grands et fixes a la porte des monasteres au autour des stllpa et mchod-rten (comme a Bodhnfith, au Nepal). Le mouvement doit alter de dmite a gauche. Chaquc revolution du cylindre tquivaut thCoriqucment a Ia lecture du slhra ou de Ia for­mule qui y est enfermCe. Ces objets sont Cgalement appeles en cibttain chhos-hkor, « toumer la Doctrine >>, Certains, trb grands et enfermts dans de petites structures, tournent gdce a l'acrion d'un « moulin )) entra1nC par de l'eau.

70

LES AT'fRIBUTS DES DIVINITES

Le phu1·-bu " , . , , . . b (litttralement « clou }) ) peut etrc realise en metal, sunple-

Le phur- u c d' . I , 1 I · e' OU peint Il affecte la 10rme U11 potgoarc court a arne ot c esstn · , , A , • r.

m.e 1 ·. avec un manche orne d nne tete et dun vajta. Cette 11gure t nangu alle, l 1 c d, . . st udliste dans les rituels pour c 1nsser cs 10rces emontaques mng

1nque e1.·tclies Des dhJ.rarti sont souvent inscl'ites sur le manche ou

00 esttJa( · , ·t: . , ,

b le 1a lame Trois phur-bu reunts 10rmenr un mstrument repute o.h1 asec <' · ·

~res efficace.

Le couperet (kartrikil ; rib. ~ri~gug) . " ..

e Sorce de lame semt-ctrculmrc emmanchcc au mtlteu du cercle ('est un , . • · r er servant a <' trancher ltgnorance ». inteneu

sYMBOLES DIVERS

Lcs instruments de musique

A l l·nstrument de musique ne semble avoir CtC spCcifiqucment re-ucuJ · , . .1. , 11te en connection avec les personnages du pantheon bouddhtque

prcse . d , 1 E . !' 1 , en Inde comme en Asre u Sue- ~~t, sdr on excepte qu;1

ques (r1·;l?resen-

, · ns d'instruments entre lcs ma1J1s e personnages ce estes :-...rmnara ouo . r d'A ' ') L 1 1 .

Gandharva) ou la'ics (bas-relte1s maravat1 . n p upart c es mstru-et ' 1 '1' , 'l

'iltS typiquement indiens furcnt cepenc ant uti rses com me attrt )lltS me . 1 . ''!' des divinitts hindoues. Certams c e ces mstrumcnts ont ete ac optes par des sectes du bouddhisme esorerique des ecoles du Nor~, notamment au Tibet ct, exceptionnellement, au Japon. Les tambours a une ou_ deux peaux, ainsi que les diverses cy_:nbales en usag: en. Asic, font pa~ttc des instruments du culte, de meme que certams msrruments a vent, conques ct trompes diverses. Au Tibet, ~u1e sorre. de trompe cm~rte (ti~. rkang-gting), faire dans un femur humarn ou antmal, est parfots repre­sentee dans les mains des divinitCs. Au Tibet Cgalement fur adopt€ un instrument d'origine indicnne, le damarU, petit tambom a deux faces frappees par un petit poids fixe au bout d'une c?rde et qui, par un mouvement de rotation du poignet, frappe alternanvement chacune des deux peaux. Ce damarU est souvent fabrique avec deux ca_lottes cd­niennes accol€es. Enfin n'oublions pas les clochettes (nb. drt!-bu), clles aussi originaires de l'Inde.

Les divinitCs hindoues adoptCes par le bouddhisme (comme Stuas­vatl, par exemple, au Japan Bcnzai-ten) gardent leur instrument de musique spCcifique, quoique cclui-ci soit parfois remplacC par un ins­trument local correspondant.

Les sons-symboles (bfja ; jap. shtlji) Les sons-symboles ou letues-germes rcprCsentent symboliquement !'essence de chaque divinir€. Ce sont des lettres sanskrites tirCes de !'alphabet dit Siddham, dont la prononciation est censee evoquer La divinite correspondanre. On Lcs rrouve presque toujours associes aux representations des divinires tsottriques. Diverses opinions ont ere tmises quam a leur origine et a Leur attribution aux diverses divinitts, sans que l'on puisse les prtciser avec certitude. Dans cene erude, nons donnons ces bijfl, tirees du Bttt.fllzfi m-i, dans les illustrations ol1 elles

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Phur-b1t, poignard magiqnc. Tibet

Karcrikfi, couptt·c-t m<tgique, Tibet

Page 39: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

' i·

' '

Marques des picds du Bouddha, Birmanic, Pegu, XX" siecle

accompagnent le nom de la divinitC correspondante. Ces blja peuvent en peinture comme en sculpture, se trouver reprCse~1tCes avec elles' souvent sur les aureoles ou gloires qui les nimbent. '

Les cmpreintes

Enfin, un mot a propos de quelques images rencontrCes principalet11eut au Tibet sur les thangka : les empreintes des mains et des pieds des saints personnages, generalement apposees lors de la ceremonie de consecration de l'image. Dans tous les pays bouddhistes sont vCnerees des cmprcintcs du pied du Boudclha. Ccs empreintes (bt.tddhapt:Zdrt), rres scbCmatisCes, montrant gCnCralement tous les ortcils de la mernc 1011,

gueur, reprCsentCes en creux dans la pierre, portent souvent des matques qui les distinguem (notammcnt, en Inde, celles des pieds de Vishnu) soit un chakra au centre de la plante du pied, soit les cent lmit at; cent trcntc-deux signes distinctifs du Bouddha (parfois seuletnent trcnte-deux) gravC!l ou peints sur la plantc du pied et inscrits dans unc sone de damier. Ces empreintcs soot plus particuliErement vCnerees dans les contrCes d'obediencc HlnayUna oU on les protEge dans des structures spCciales, parfois trCs ClaborCes.

Les parures et les robes

La personne mCmc du Bouddha historiguc est rarement representee auuemeor que vente d'une robe monastique (kashdya ; jap. kasa) laissam nne Cpaule a decouvert (gCnCralemcnt Ia droite), dans les representations appurtenant aux Ccoles clu Sud, bien que certaines effigies elites « Boud­dha pare 1> aient pu apparaltre tardivement au Laos et en Thallandc. Dans les representations des Grands Bouddha ou Jina des Ccolcs du Mahayana, les deux Cpaules peuvenr Crre couvertes, diHCremment sui­vant lcs sectcs. Le Bouddha futur, lui, est presque toujours reprCsemC en Bouddha pare, avec une robe lui couvrant les deux Cpaules, une couronne (mukuta) au un diadCme, et de nombreux bijoux (bracelets, pendants d'oreille, bijoux de poitrine, etc.). AmitUbha peut, lui aussi, ainsi que les autres Jina, Ctre represent€ couvert de bijoux et comonnC. Presque taus les Bodhisattva soot habilles d'unc robe (couvrant ou non les deux Cpaules), et som richement oroes de bijoux et de tiares. Nons decrirons ces vetements avec les personnages du pantheon bouddhique. Les moines sont habill<'~s selon la coutume de leur secte. Ils nc portent presque jamais de bijoux.

La svastikfi (jap. manji ; chin. u•anzi ; tib. gyttng-drtmg, gzag-gsang)

Elle apparalt parfois, soic clessinCe sm Ia poitrine du Bouddha au de l'un des ]ina, soit sur la paume des mains au 1'1 planre des pieds de ceux-ci. Ce signe, trCs ancien, d'origine indiennc (et meme indo-euro~ pCenne), symbolise la roue de Ia Loi en train de touroer. II est utilise dans taus les pays boucldhiques pour incliguer l'appartenance au boud­dhisme d'une structure, d'une image ou d'un instrument.

III

LE BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDHA DE VENERATION (}INA)

La sonic du palais de Kapilavastu, lnde, Sfi.fich1, pilier de srllpa n" 1, r-·r siCcle

Le Bouddha historique Les Bouddha de vtntration (]ina)

les Boucldha du passC Lc Bouddha du futur, Maitreya

Page 40: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

'' '

LE BOUDDHA IlTLES GRANDS BOUDDHA

Si, clans le bouddhisme des Ccoles du Sud, les types de representation du Bouddha historique, Siddharrha Gautama Shakyamuni, Celui~lii. mCme qui vCcut et prCcha dans le nord de l'Inde au VI• siCcle avant notre ere et door la doctrine philosophique donna naissance aux divetses « religions » bouddhiques qui s'epanouirent par la suite en Asie, som relativement pen nombteux, et n::duits a symboliser quelques « ruo~ menrs )> de Sa vie tenestre, les representations imaginCes par les tenants des diverses sectes du Mahayana soor extrCmement nombreuses er di~ vcrsifiCes. On nomme ces aspects des Tarhagata 1 (jap. Butsu, Nyorai· chin. Rulai). L'Cpirhete de « Bouddha » signifie « Celui qui est Cveil~ lC ))' « Celui qui a atteint la Bodhi » (c'esr-a-dire la Connaissancc su~ preme, la VeritC) ct qui n'est plus soumis au cycle des renaissances<, Dans tout le bouddhisme, le personnage historique du Bouddha est devenu, plut6t qu'une divinire, un exemplc de perfection que tous ceux qui veulent faire leur salut personnel, ou qui dCsirent se devouer pour aider les autres a le rCaUser, doivent suivre. De nombreuses fois reprC~ scnre, rant en peinture qu'en sculpture, plus souvenc encore decrir dans les n'!cits que colporraient les moines ou mis en relief dans les histoires edifiantcs racontCes aux gens du peuple (ltgendes ou comes desjfltaka), le personnagc du Bouddha est rapidemenr devenu familier aux fmtlcs de l'Asie, autant en lode, oU on Le designe sons le nom de Bouddha, de ]ina ou de Tathigata, qu'en Asie du Sud-Est, au Tibet, en Chine, en Coree et au Japan (aU le populaire Le dCsigne, sans bien concevoir Son historicire ni mettre en doute les actions qu'on Lui prete, du nom gCnCrique de Hotoke, terme qui est Cgalement applique a ses divers aspects ainsi qu'a routes sones d'aurres divinitCs boucldhiques ou syn~ crCtiques). Dans les pays aU les doctrines du Mahayana triompherent, le peuple n'a, semble~t-il, jamais ere trCs soucieux de faire des diffe~ rences marquees entre les noms des diverses « fonctions divines )) qu'il venerait, saufles moines et les lettn~s, bien sUr. De meme qu'on attribue a ces I-Ioroke au Bouddha de rres nombreuses epirheres ; , on les venere de maniere clifferenre sclon les pays, lcs epoqucs, les sectes ... er les individus. Si lcs sectes du Petit Vehicule, a !'exception peut-ttre des Mahfisfunghika, n'admettent qu'un seul Bouddha historique a la fois dans le temps (Gautama aurait ere precede dans les Kalpa, Oll eres antCt·ieures, de nombreux auues erres eux aussi arrives a t'erat cl' « Cveillts )) a la Connaissance parfaire\ Ia plupart des sectes du Ma~ bayana en acceptenr plusieurs. Ces divers Boucldha ne seraient, selon l'interprCtation de Paul Mus\ que les representations de divers « mo~ ments >) caracreristiques de la carriere du seul et unique Bouddha his­torique dont !'existence est arrestee. les secres du Mahayana ant

74

. e les divers aspects du Bouddha pour en faire l'objet ' lement gro\lp 1 ·d' ' geo-=ra l • ·ollective · cependant elles es canst erent rous

' veneratiOn C ' ' ,.. ~ 1. ' . d unc . ,,·ons clifferentes d'une meme Rea tte tmmanente. des exptes . . ~ ,. ,. ' c~rnrne. . ar exemple, que les moines et r~hgteux one etc .ame~1es a C est aws

1, P bl deux Bouddha Shilkyamum (le Bouddha htstonque)

, '·er ensem e ' " b. d . · d vend un Bouddha des iiges passes, ou ten es groupes e P. bhC'ttararna, c · (N ·

et. ra. 'nires corrcspondant a des « corps de rranstormatton 5» . tr-tr~ts d!v

1. ·a). Bus.rhin ; chin. Yinght.ta), venerees en rant que « tnades

llft/!ld.krr.ya' J 1(. Sanzon) Us considerent Cgalement les Quatre Boud-·,lues )) ptp. . . 1 ·)

cosrnt e l'es ace (residant aux quatre honzoos 6 ct es gouvernant , et dbu d p. •roupe de cinq Boudclha qui assument, selon les tcxtes cnfin ~ttl autre 1g s deux grands mandala du Vajradhiitu et du Garbha­' ot:Cnques et e . 1, · . '' . dt.f'e~rents en ayant routefots un commun c enommateur I" des noms 11 ) • a! , . h

t ant, d. ·0 total )) du Grand Bouddha solmre M, 1avmroc ana l'·tSpect 1v1 « . . . . · en ' . · ·\ · Nyor·ti) rransfiguratwn purement chvme (au sens occt-(. Dmntc 11 ' , . . . 1 . 1· ' Jfl.P· d . lj·ectiD ommsoente et omtupotente de a persoona tte l 1cat e cer ac , . . . ~ . ( 1 l·

c et . ·I BotJddln pa1-fots gualtfte dans ccrtatnes sec res c u ,1-l matne c u '' ·" h · d. a! nt.. 'b't 'n surtout) d'Adi-Buddha ou « Boudd a pnmor t, ''· mats me t1 e at · · 1 c. · .. · d ' Il c t 1ssi aJ·outer aces grourJes arttfioc s tatsant parue es man-

lUll at ' . · · l' 1 S Cl·oy·1nces de certaines sectes (qm tentent amst une e.xp 1-lnlaouce ' ' · · '

<' ~ smique de la DivinitC) d'autres groupes, pranquement tgnores cacwn co . , ~ ~ · · · 1" · d 1 t er n'y faisant 1' objet d aucune veneratiOn parucu tete, o 1 au Japon ' h. B Ill (Sl 'l ' 't

1 · 1 s pt Boudclha clu 11asse ou Manus 1- nee 1a 1a.;:yamun1 e ce U1 c es e 1 . '1 S, E: e'11e"s I'ayant !-,recede). Quam au popu aue, 1 en est venu,

lcs !X Vl 1' c·.d 1 .-,· e a assigner (tout commc nons <woos tatt ans e ca­par syncre tsm , , , · . . ~ . c. £ . 1 I . , . chrCtien) a chaque JOUl' du ffiOlS son Bouddha spec111CJUC~ 01.­enc ncr d' · · ~ 1 1 ' · · t·attques , 'nsi un ensemble de tvtnttes pus t 1conques que P mant .u , . · " 1 (smtout au Jap~n) .et qt~i soot plus _ou

9

moms mvoquccs au cours c e ceremonies partiCulltres a chaque sccte ·. " ' . '

C 1 d l)t au JarJon comme en Chme, on ne reconna1t en reallte epe1a, .' · ... ·c. . ' n petit nombrc de ces ]ina (d'un terme sanskrit stgmna~t « vam-

qu u . pe1e's Nyora1· au Jaj1on DhyEini-Buddha par cettames sectes gueUJ », ap · ' , . ,. . I 1·1·bet Rulai en Chine) lcs aurtcs erant la1sses aux soms des savants c u • ' ' ~ ,. d, · I . ·l·gieux aux exCgeres des Ecriturcs sacrees (siltra) et aux evotwns c es "

1 ' · · · · 1·· ( 'd''· k ) L p1 s mystiques et pratiquants de dtsctplmes parttcu teres sa r:a a.. es ~

venerCs de ces Grands Bouddha sonr done le Bouddha h1s:onque, Sha­kyamuni, 1111 Boudclha <~ guCrisseur )) par excellen~e (~ha1shajyagur~1), et, parmi les Grands Bouddha de sagesse que nous ~tudter?ns plus lot~, Amitfibha dont la popularitC fur, rant au Tiber qu en Clune, en Coree et au Japot1, immense. Quant aux autres Bouddha et ]ina, Bouddha ~e sagesse au de mCditation, representCs sous des n.oms ;r ci;s. aspects chf­fCrents selon qu'ils sont considCres par les doctnncs esoter~ques. 0~1 po­pulaires et la place qui leur est assignee dans la cosmolog1e reltg1eusc, its ant connu, au cours des fl.ges er scion les pays, des faveurs fo~t diverses. Cependanr, malgre leurs denominations nornbreuses .et la ~1-versite des aspects qui leur ant ere donnes, il ne faur pas oublter qu Jls nc soot que des apparences d'une meme Realire, transce~dental~ et immanence. Ils n'exisrent qu'en rant que modeles de perfecrwn, gmd:s suprCmes des hommes cheminanr. vers une -y,.erire rot~le .CJ~li, unc fats atteinte, devrait permettre aux ftdeles de s evader defintt1ve~:nr du cycle infernal des renaissances (SamsJrrt) inherent au monde d tillfX'l'­manence de cette vallCe de lannes de l'existencc oi:t, selon les par?le~ memes du Bouddha Gautama, rout n'est gue douleur. Ils peuvent aJOSl

75

GENERAJ,ITES

Shaka Nyorai, bois, Japon, Mlno~ji, IX'' sieclc

Page 41: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

'.1

1.

LE BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDI-IA

parvenir au but supreme de !'existence, au Nirvana, c'est-a-dire a 1 cessation de tout dCsir ou encore a l'un.ion intime avec le Grand Tou;1

a la Connaissance totale de soi-meme, en fait a la Permanence, a 1~ Grande Pa.ix.

Le bouddhiste ne recherche pas la surhumanite ni un bonheur illusoire qui peut, selon les individus et les sociCtCs, prendre des formes totalcment differentes les unes des autres. Oblige de vivre dans un moncle trouble, il n'aspire qu'a la cessation de ce trouble, an repos de l'Un-.e, a la paix des sens. Et les exemples sont legion de cette recherche dCsesperee des funes de l'Asie, a travers les pratiques des cultes popu­laires comme a travers lcs extases mystiques ou les experiences du zeu qui nons montrent l'homme ayant accompli sa rUche terrestre (OL; cmyant l'avoir accomplie, ce qui revient au m@me), sans exces mais avec zele, brusqucment dCcidC a rechercher Ia paix ultime en abandon­nant le sitcle pour se raser Ia r@te, prendre un nom ct !'habit religieux et se retirer dans un monasthe ou en quelque ermitage perdu dans 1~ nature.

ATTRIBUTS CARACTERIST!QUES DES IMAGES DU BOUDDHA

Les Boudclha peuvent erre reprCsencCs en « Bouddha simple » ou en << Bouddha pare >>. Le Bouddha simple (quel que soit le nom qu'on lui donne) est presque roujours reprCsenrt vCtu d'une robe monastique lui couvrant l'epaulc gauche ou lcs deux Cpaules. Dans quelques rares cas, il est torse nu. Lc Bouddha pare est vi?tu en prince, avec de nom­bt·eux bijoux et une couronnc. Il pent Ctre debout on assis. Mais dans taus les cas il possede quelques signes distinctifs tels que les longs lobes d'oreille (de m@me que les Bodhisattva), souvenir des nobles de l'Inde ancienne qui avaicnr leurs oreillcs CtirCes par le poids des bijoux; la protuberance cranienne, souvenir du chignon de cheveux des pre­miCrcs 1'eprCsentations du Bouddha, appelee uJhnJsha, ct nne touffe de pails blancs au milieu du front ou entre les sourcils d'olt est ccnsCe Cmancr la lumihe : cctte firnJ est la plupart du temps symbolisCe par nne tache (protubCrante ou non) ronde, ou un joyau.

D'autres signes peuvenr Ctre disrinctifs des Bouddha (la tradition en enumtre tl'cnte-deux principaux et de nombreux autres, accessoires, pouvanr aller jusqu'a cent huit en tout) tels que les mains aux doigts palmts, le nez <~ comme celui cl'un perroquet 11 (surtout au Siam et au Laos), mais ils peuvent varier selon les types ou les regions. C'est ainsi que l'ushnlsha de la plupan des representations du Bouddha a Ceylan et dans le Sud-Est asiatique est surmontC d'une flamme plus ou mains stylisCe.

Mais guclles sonr ces divinitCs, ces Ctres divinises, ces Grands I3ouddha auxquels l'imagination des hommes a confere des formes vi­sibles, sculprCes, gravCes ou peintes, afin qu'elles puissent toujours @tre presences pour lui, si oublieux de scs devoirs, afin de lui rappeler sans cesse la n§alitC de l'existence et au besoin le guider sur le fil clu rasoir du chemin hCrisse (l'Cpines qui conduit vers elle ? C'esc cc que, main­tenant, nous allons essayer d'exposer.

76

LE BOUDDHA HISTORIQUE

)altrc fondateur du bouddhisme et plus ancien maltre de 11 wnt que n' . , . ) '1 ..: , . . nil . t l Doctrine (ausst appelee la << Bonne l.oJ » , 1 d<Ht tout ht Lor,! c e , a Asie Siddhfirrha Gautama le Bouddha so it vCnCre par re qu en · , . .

1 c. , , ,

natu . Jclamaient de Son enseigncment. En fmt, I 1ut vencre par , x qur se re ' . " 1 , cell 1 scctcs bouddhiques, a l'exceptton peut-etrc de a s:ctc ppo-to~ttes 1 ~jOdo~ShinshU'~ ou « vraic secte de la Terre pure "• qu~ consacre natse c t lusivcment sa veneration a nne de ses formes, Am1da Butsu Presque exc '11 A , l l , 'bl ) Mais au Japan commc at eurs en s1e, es mmmes ne se (Am1ta 1a · ' ' · · f. , t ne'pris sur le personnage lustonque de Gautama : sau peut­~~01 . . 11 5

1, . uelques cas aberrants et non offictellemcnt reconnus, nu e 1trecansq " · d' · ·" · ' considhe rCellement Shakyamuru com me nne IVtnttc mats ly1rt on ne .

', 1 to"t comme le jJlus parfait des samts hommes, comme un exem-bten P u · 1 · L , I , 1'· 1 des venus bouddhiqucs 10

• Bren que le cute qm m est rencu !Jle tce,t 1 . 1' ' ,

l , d veneration un peu comme ce ut que on voue a un ancettc (cu tc e ' ' l" ) bl · · , 1' , n1emoirc chCre a un mmtre c tsparu sem e avou· JOlll c nne ou a une · ' l J " . fltictu·tnte a travers ages et pays (comme par exemp e au apon wVCLH ' . , d ' '

1 t la Pel'iode de Heian 794-1185) 11, rl ne fut cepen ant pmats

Pencan ' · l' 1 1' . letement abandonne et sc trouva au contnure exa te par es re t-cump . d N' 1 · J l · des sectcs Chan en Chme, Zen et c te uren au apon ; cans gicux d ll d " L . f , les temples relevant de ces" scctes, es sa ~s ey.nere m t~re~:: spc-cialement rCservCes (shctkado au japon). Jl S enSUIVlt que les rcprCsenta­. lu Bouddha historique fmenr rres nombt·euses clans taus les pays

noose , .. · Sl d'Asie. Rappelons ici briCvemen~ I ongme de ces. rcprC.sen.tanot~s. ~on les textes rapportCs d'Incle en Chme par l~s pelenn.s_._ clunm~,Paxian (J~P· Hokken, vers 340-420 ?) et Xuanza~~ (J~P· GenJO, ~II" steele), la tta­dition mahfiy3.niste vent que les premJet·cs tmages representant le Bond-

77

Bow.ldha du SciryiHi, bms, Japon, XTV'-XV' sitcde~

Bouddha enscignam, schislt· poli, Inde, G;tndh:l:ra, v'· sitde

I

.I

Page 42: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LB BOUDDHA E'r LTIS GRANDS BOUDDHA

dha Gautama aient ere realisCcs de Son vivant pendant une ab C 1 . . I 'I , . , . ' ' senced e m-CI, a ors quI etatt monte au Ctel des rrenne-trois d' e (T ., .. I.· r~· J ~ d' .. • te'"" tal_YaStrt~S"1a, Jap. unten atlll y rendre V.\Stte a Sa mere dt'!ced' la retne Maya, par deux de Ses plus fideles disciples les rois · 1. ee, P .. Ud'' c · · ' ltlctens rasenapt et ayana. eux-c1 aura1ent alors fait realiser deux , 1" I 1 " . . , sranles a 1mage c e eur mattre spmtuel, 1 une en or, l'autre en bois d wuge 13

• Cette demiere image (on voit deja que ce portrait ~ santa[ 'd' 1 ' ' · d'" u sage 1 ea n a aucune pretentwn etre une rejxCsentation de Ia n· · ·

· · 1 1 , Ntn~ ma~s avatt a va eur dun souvenir) aurait ere emportCe par la su· ' Chtne (?) par le moine indien Kumflrajlva (340-409), en meme ;re etl que de nombreux textes sacres. La tradition ,·aponaise voudrait ClUl)S

· · ' que ce solt JUStement cette statue (laquelle se trouve maintenant au Se1·1. " .. , K , . ) . . r . 1 d'l YO·Jl a yoto qm a1t tournt e mo e e de toutes les autres statues japon · representant le Bouddha 14 • Cctte derniCre tradition pourmit avo' .ats~s

· d · · ' 11 Ims natssance tar rvemenr (vers le VII" stCcle ~) en nison d'une st't ·1· . · ' ntuude de style extstant entre cette statue du SeiryO-ji 15 et lc celebre ~~ B d dha de bout '' provenant de la citC de Mathura en lode et mainte ou ·

, l D lh' , , ' d' b nant au musce c e c 1, represente vetu une ro e monastique ad! '. , . letant etrortement au corps comme une robe mouillee formant de non b.

1. , 1. • 1 rem:

p 1s regu rers et couvranr les deux Cpaules la main droite en gest l 1, b l · · (Abh ' · ' ' , , e cc a sence c e ctatnte aya-mudra) clotgts legcrement ecarte's 1' , ' ',autre en geste d offrande (Varada-muddi) 16

• Cette tradition ne tient Cvid . t l . .,

1 . , , em

men pas compte c es stx stec es ql11 separent I reuvre du roi Ucla " l 11 ·r·. I' . yana ~ e ce c gut uut mamtenanr orguetl du musCe de Delhi et door des Images de style semblable avaient dfi parvenir en Chine [Jar l'intet ' d . d . m~

atre es mmnes-voyagcurs et, de la, passer au JajJOO. Mais les relig' d

, r . , . teux autrerots n ava1ent pas du temps, surtout en Asie une notion a · ' . II ' UU! prectse que ce e que nous a.vons aujourd'hui. Cette premiere image du

Bouddha descendant du Ctcl des trente-trois dieux dCnotait l'in p . . , . 1 a tten:e qu a~atent ses fideles de voir revenir le Maitre parmi eux. Les represenratwns de cette phase de la vie du Bouddha sont relativement r~res en. sc~lpture 1

•1

, et cette raretC m@me a dfi, dans les peri odes tat­cltves, atgtuser les unaginations ...

, .- On sait que dans ... les debuts. de l'ar.r l:ouddhique, peur-erre pa'r deference envcrs le Mattre, les artistes Cv1ta1ent de reprCsentet la per­sonne du Bouddha, laquelle trait symbolisCe par un trOne vide une fleur de lotus, l'emprcinte d'un pied, nne roue de la Loi (chakr;), un stUpa ... , al~lrs que l~s divinitCs du pantheon brfihmanique adoprees par le bouddhtsme anuen comme « accompagnant ~> le Bouddha Ctaient rept:Csenrees sous leur forme traditionnelle hindoue. Ce n'est qu'aux envm~ns de notre Cre que les premieres representations de la petsonne humamc du Bouddha apparurent dans le Gandhfira issues de !'influence de l'an helltnistigue sur le style d'Amarfivatl (sud~est de l'Inde). II est impossible de savoir quelle fur la premiCre de ces sculptures. Certains auteurs ont avance que les premiCres images du Maitre furent rCalisCcs dans la region de Mathurfi, vers la m@me Cpoque, les souverains KushUna Ctant devenus de fervents boudclhistes (voir la these de Coomaraswamy). En fait la plus ancienne statue censCe Ctre celle d'un Bouddha est nne statue en gd:s rouge, provenant de Matbura (mainte­nant au musee de Sarnfith), et qui porte une inscription indignant gu'elle Ctait un. don du moine Bala. Cette statue, rant par son style que par son trauement, ressemble beaucoup aux statues Kushilna des Yaksha ou d'autres personnages. La robe monastique laisse l'epaule

78

droite a dCcouvert, .le poing gauche retient un 'pan de la robe Sl~f la

I -t1e. Le bras droit est malhcureusemcnt casse. Cette statue, qu1 est

1UllC • _ ,.., datCc de 131 (ou 147) ~le nor.re ere, p~~~r ~ n etre probablement pa~ ~a

ius ancicnnc montre neanmoms que deJa a cette epoque on se souetatt ~~e representc; le Bouddha sous Sa forme huma~ne. Celle-ci connut un succCs grandissant clans tout le nord-ouest de 1 Inde e~ notammcnt au Gandhilra, d'oU il est probable qu'elle passa en pays Andhra, a Ama­ril.vatl. Nous savons en effet qu'il existait des liens Ctroits entre ccs deux rCgions eloignees. Sur les plus anciennes representations d'Ama­rllvarl, des medaillons de marbre traites en bas-relief, on peur en effet voir apparaltre le personnage du Bouddha, la robe couvranr les deux Cpaules, pacifiant un elephant fudcux. Dans ces r:_rem,iCtes i~agcs du Bouddha, la coiffure du Sage est seulement formee d un clugnon sut lc haut du crane. L'art grCco-bouddhique du Gandhara semble cepen­dant avoir reprCsentC tout d'abord (mais cela n'cst pas assmC) des Bo­dhisattva et Maitreya, le Bouddha du futur, peut-etre afin de parfaire une image du Maitre en faisant des essais sur des personnages moins importants.

Or !'art grec (hellCnistique) differe profondCment de l'art indien en ce sens que son iclCal se rrouve dans la personne humaine et sa perfection plastique, tandis que la tendancc inclienne, plus intCrieure, cherche a faire transparaitre !'esprit sons l'apparence. Les premiers Bouddha reprCsentCs ont done ces deux caractCristigues, un corps et une Ume. Le corps est vCtu, un peu ala mode grecque, d'une sorte de khitOn. La coiffure est tout d'abord ttaitCe a la grecque, en larges on­dulations. Les cheveux sonr rCunis au sommet en un volumineux chi­gnon. Peu a pen la coiffure change, ou plutOt se schCmatise : les cheveux som boucles vers la droite, le chignon devienr une bosse du crane (u.rh­nishct) symbolisant la puissance spirituelle. Plus tard les cheveux for­ment une infinite de petites boucles « en escargot » tournCes vers la droite et, dans le sud de l'Inde et le Sud-Est asiatique, le chignon est remplacC par une fleur de lotus ou une flamme. Tout un symbolisme

79

LE DOUDDHA HIS'l'ORIQUE

Shaka Nyomi de Saga, Japon, Ky8to

Shaka Nyorai du Zenk6-ji avec deux acolytcs,Japon, Nagano

Page 43: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LE BOUDDHA ET LJJS GRANDS BOUDDHA

Bouddha couwnnC d'Ajanta, 1nJe, gtottc n' ~. vets 600 (releve)

Les huits moments de Ia vie du Bouddha, clessin d'apt~s une terre cuite, Birmanie, Pagan, Xn' siCde

et toute une iconographic vont par la suite se dtvelopper autour de cette .image. I;e~ plis des ~erements, encor: traite~ de ma~iCre rtalistr: pendant la penode Kushana, font place a de s1mples ltgnes qlli , l'Cpogue Gupta, disparaissent parfois compleremenr. La robe, qui 'a a l 'b . I I ' I ' I • • •U c e ur couvratt es c cux cpau es, n en couvre p us qu nne, a Ia manter

du vCrement des moines. Le visage m@me du Bouddha s'indianise. Ap~ paraissent peu aprts, vers le v· siCclc, les socles de lotus sm lesque} on le voir bient6t presque toujours installC. Avec les apports de

1,8

peinture ct de la sculpture chinoiscs, il prend !'aspect gue nous tu'~ connaissons maintenant. Cependant, il semble que les bouddhistes in~ diens aient souveor hCsitC a reprtsenter le Bouddha Lui-m@me, et Lui aient l"JtCftrC maintes fois Son aspect de Bodhisattva qui permettait plus de libettC dans la facture (certains Bodhisattva ou Maitreya de !'art dtt Gandhara portent moustache) et dans l'omementation.

C'est, semble-t-il, vers la periode des Gupta (IV"-VI'' siCcles) que 1' image du Bouddha paralt se fixer. Les traits sont alors sereins, Ia face est pleine, lc lobe des oreilles est allongC (distendu par lc port des bijoux que les nobles ava.ient accoutume de porter). La robe couvre toujours les deux Cpat1les, et Il est reprtsenre debour, les pieds legere­ment ecartCs, dans nne postme frontale, soit les mains en Abhaya-Va­rada, soit la main droite en Abhaya er la gauche en Varada tenant un pan de la robe, on assis en PaclmUsana, la plante des pieds visible, ou faisant le geste de toutner la roue de la Loi (Dharmachakm-mudtfi). Le Bouddha de SarnUth est ainsi reprCsenrC, assis sur un tr6nc, nne large amtole ouvragee derriere la tCte. Entre les pieds clu tr6ne est sculptCc nne scene montrant les pt·emiers disciples veneranr la roue de la Loi. Deux @cres celeStes (peut-@tre des divinitCs hindoues) ornent l'aurtole. U ne autre effigie du Bouddha, de bout celle-ci, pwvenant elle aussi de Sarnihh, peur-erre plus rtcente que la prtcCdenre, est moins dtcorec. Un grand nimbe entoure tout le corps. Sm un des pilicrs octogonaux de la grotte n" 9 d 'Ajanta, une peinture datant vraisemblablement de la fin du V" sitcle monrrc le Bouddha debout avec unc amtole ronde clcrritre la t@te. Les sculptures du Bouddha des grottes d'Elloril, un peu plus tardives, montrent dans le mCmc style le Sage assis en posture « a 1' europCenne » et tournant la roue de la Loi (grotte no 2 er chaitya n" 10 par exemple). Au VI" siCcle, on rcncontre roujours dans les grottes (comme a Kanherl) des images du Bouddha debour, dans unc posture non << canooique » ; la main clroite est allongee le long de 1a cuisse, en Varada-mudn'i, randis que de la main gauche it retient un pan de Ia robe, a la hauteur de l'tpaule. A cette epoque, les positions du Baud­elba ne soot pas encore tour a fait definies. Elles nc commenceront a errc codifiees que vers la fin de la periode Gupta, dans des bas-reliefs dCcrivanr lcs « huic episodes de la vie du Bouddha » (musee de Sar­ni'ith), c'est-il-dire Sa naissance, Sa vic d'ascCte, Sa quCre de la Verite, Sa mtditation sons l'arbre pippal a Bodh-Gaya, Sa « prise a tCmoin de b rene >,, Sa victoire sur les forces de Mira, Son premier pr2che a Ses disciples a SarnUth, et Ctlfin Son entrCe dans le Nirvana. Ccs huit scenes soot bient6t rCduires a guatre, considen~es comme essenrielles ; Sa me­ditation, Sa « prise a remain de Ja rene )), Son prCche et Son entree dans le Nirvana. Ces guatre « attitudes '' soot adoptees par le bouddhisme du Mahayana qui les transforme en « emanations )) ayant chacune des camctf:res differenrs et gui constituent les Quarre Grands Jina. Le bouddhisme des ecoles du Sud conserve ces quatre attitudes

80 e " le musee de Nara. . d B ddha bronze clare, Japan, vm stec ' La natssance u ou '

VII

r I ' l: il

. ,,

''jl ! ~· I' ,I

il

Page 44: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

i.

!

Daibutsu de Kamakura, bronze (hauteur: 15 m.), Japon, 1252.

VIII

• lC symbollques des quatre plus grands evtnements de la vie du cOD111 }.. 1 ,. D 1vi "rre et les rt"!pt:tent sans ccsse, rant en scu pture qu en pemture. ans

1 a~ud-Est asiatigue, on a souvent ajoute a ces quatre attitudes nne

~ quieme, representant le Bouddha debout, avec les deux mains en ~bhaya-muddL Au Laos et en Thallande fur egalcment adoptee nne

tr·e ·tttitude, celle du Bouddha marchant ou posant l'empreinte de au ' Son pied. . . , .

Au Tibet, en Clune, en Coree et au Japan, les quatre attitudes f; ndamentales ant ere, nons venons de le voir, reservees aux Jina. Le ;ouddha Lui-m@me peut @rrc represenre soit dcbout, en Abhaya-Varada (statue du SeiryO-ji, Japan), au ~ans !'attitude de toumcr la rou~ d~ ~a Lo\. Son image ne dtffere guere (en dehors des styles) de 1 efftgre

indienne. On ignore quand exactement les premiCres images representant le

Bouddha furent introduircs en Chine, par l'intcrmEdiaire sans doute de moines venus des oasis de i'Asie centrale. Le boucldhisme pmgressant mpidement dans toutes les directions a partir de l'Cpoque Gupta, ct les moines erablissant des monastCres jusgu' en Afghanistan (Grands Bouddha de Bfrmiyfi.n, de style Gupta tardif, robe couvrant les deux ePautes), tcs exemptes, de .la sratuaire er de ta peimure bo~ctcthigues voyageaient avec les pelenns. Il est done probable que des tmages du Bouddha existaient en Chine des le III" siCclc de notre ere. Cepcndant, c'est seulement ala fin du v• siecle, avec la dynastic des Wei du Nord, que nons venons apparaltre de maniere courame des effigies de ShU­kyamuni. Pendant la periode des Six Dynasties (220-589), le boud­dhisme se dCveloppant considErablement en Chine, on vir I' excavation de nombreuses grottes bouddhiques. Lc style des Bouddha semble se prCciser tour d'abord dans lcs grottes de Yiingang jusque vets 495, puis dans celles de Longmen jusque vers le milieu du VI' siecle; enfin il paralt atteindre sa maturitE avec la dynastic des Tang (620-910). Le style des Wei du Nord montre des figures du Bouddha ayant encore des traces d'influencc hellenistiquc (Ylingang), al01's que le style Evolue dans les gmttes de Longmen montre des statues plus allongees, avec une profusion de draperies. La robe couvre toujours les deux Cpaules. Ce style passera en Coree, puis de l?t. au Japan, oi't il arrivera vers 538. Le style des Sui et des Tang fera lui aussi ecole dans ces deux derniers pays et y connaltra une grande faveur, avant d'2tre " nationalise }),

Au Tibet, oU le bouddhisme n'apparalt qu'au VII" siecle, on conser­vera plus ou moins l'image traditionnelle indienne. Cependant, avec la faveur dont jouirent dans ce pays les traditions du tantrisme et du Mahfiyfina, la personne du Boucldha historiquc sera moins souvent re­prCsentCc que celles des )ina. Tille contiotH;;ra d'@tre montrEe dans l'une des quatre attitudes marquant l'Cvolution spirituelle du Maitre.

Au Japon, il semble bien que !'introduction de la premiere image representant le Bouddha historique (rres differente de celle du Seiry&-ji) air eu lieu en 538, lors de l'envoi d'une statue de bronze de Celui-ci ct de textes sacres (parmi lesguels probablement un manuscrit enlumi­nt\ lnga-ky8, sur les « Relations de cause a effet » pr2chEes par le Boud­dha) a la cour du Yamato alors erablie a Asuka, par le roi de Kudara, un royaume de Coree lH, Cette image de bronze aurait ere confiee par l'emperem au chef du clan des Soga, alors chancelier du royaume. Mais une CpidCmie de variole s'Ctant declaree dans le pays, les adversaires de

,f'introduction du bouddhisme, religion Etrangere au J apon (et aussi

81

LE BOUDDHA 1-IISTORIQUE

Page 45: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LE BOUDDHA ET lES GRANDS BOUODHA

adversaires politiqtles du clan des Saga), s'empress?:rent de declater q cette statue etait responsable des maux qui accablaient le peuple. Ele consequence, l'emtJereur, qui n'erait sans doute pas loin de partag ~ cette conviction, ordonna de jeter cette statue reputee malCfique da er l d l ' ,, N' ' l ' d l ' l <llS es caux e a nv1ere antwa, non om e son pa ats, a ors situC ~

proximite de la ville actuelle d'6saka 19 • A cette Cpoque, les Japona.' appartenaient taus au shintO (bien que cet ensemble de croyances ~s portae pas encore ce nom), dont les adeptes croyaient aux « esN·ite superieurs ~> ou Kami et usaicnt de pratiques apparenrecs a celles clt chamanisme coreat1o-sibCrien : pour eux, un objet pouvait se tronve; habite par des puissances et, par la meme, erre pour les hommes be~ n~fiq~1e ou malefique. Cette statue. de Shfikyamuni, repechCe apr?:s Ia VICtoH'e du clan des Saga et le tnomphe a la cour des partisans du bouddbisme, se trouverait Ctre celle qui est acruellement installee dans Ia salle principale (HondO) de l'Ango-in (temple egalement nomme Asuka-dera) 20

• Cctte statue assise est de gmnde taille (2, 80 m). Cette derniere correspondrait a la hauteur (jap. 1 jfi 6 .rhaku) 21 attribuee par une tradition tardive a la personne physique du Bouddha et, parrant aux representations de celle-ci. Le Bouddha, grand par la pensCe, 11~ pouvait Ctre petit par la taillc : cette idCe conespond bien a l'esprit ancien qui voulait que, sm les representations, les personnages impor~ tams fussent depeints plus grands que ceux de condition infCricme, de manitre a frapper les esprits des simples mortels qui se sentaient saisis d'un respectueux effroi face a la taille gigantesgue des puissanrs de ce monde. On pent imaginer que les legendes concernant les geams de !'ancien temps ant pris naissance dans cette conception de la represen­tation des divinites ou l'Ois ... Mais en rCalirC, il est fort pen probable que la statue de l'Ango-in soit celle qui fur apportee de Coree: son transport eltt pose des problemes insolubles a cette epoque. Peur-errc n'est-elle simplement qu'une copie, faite aux dimensions prescritcs par la tradition d'aprts un modele portatif et realisCe sur place par des bronziers venus, comme celui-ci, de Corte. Par ailleurs son style, loin d'Ctre indien, serait au contraire a rapprocher de cclui de certains Boud­dha corCcns de mCme Cpoque ct de celui, plus monumental, de Binyangdong a Longmen, en Chinen. Quant a la statue du SeiryO-ji dom il a ere question plus ham 2\ elle pourrait Ctre d'origine chinoise: nne tmdition rappmtc qu'elle aurait ere apporree de Chine en 987 par un moine du nom de ChOnen "-1 et installee au monasrtre du TOdai-ji a Nara. A la mode chinoise, en effet, cette statue est creuse et contient, outre des objets de bronze, d'argent et des invocations Ccrites (dhdranf), des reproductions de visctres realisees en tissu n. Ce dernier element montre bien qu'aux yeux des fideles de l'Epoque, cette statue represen­rait un Ctre humain et non une divinite. 11 y a la une distinction trCs nette qui, par la suite, s'cstompera peu a peu.

Les Japonais ont pris !'habitude de vCnCrer la personae du Baud­elba, non pas toujoms seule, mais en groupe avec d'autres personnages. C'est ainsi pa1· exemple que dans le Nison-in de KyOto (temple d'obC­dience Tendai) et au KenkO-in (temple de l'Envoi et de l'Accueil, prCs de Takagamine)26

, les statues de Shaka (Shilkyamuni) et d'Amida (Amidbha) se trouvent plades cOte a cOte sur le mCme autel et font, symEtriquement, les gestes de !'absence de crainte (Abhaya) et du don (Varada). Selon les religieux de ces temples, les brochures distribuees aux fidEles du temple du KenkO-in (pourtant d'obCdience JOdo-Shin·

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27 t un texte de la secte Tendai (le Nihon Shaji Taikan), une for­sht'y e tribuCe aux deux « sauveurs )) (Shaka consolant les ames sur mu e ~ nida les consolant clans l'au-dela) dit que sm cctte rive-ci (du cerre, d

1 !'existence sCparant la vie de la mort), Shaka nons envoie en

n~uve 'e(( Va », tandis que sur l'autre rive, Micla (Amida)28 nous ac-<lisanr ' v· 29 'II en disant : « tens .» cuet ~e 111eme, dans le te~1ple de SennyCt~ji (Mitera)>n ?e KyOto, ~em-

. appartenait autrefots aux sectes Slungon, Tendat, Zen et Rttsu, ple qui 'ent, les images associ<~es de trois Boudclha, celle de Shaka (le seo~f~i~a historique) etal:t encadree par Amida ' 1 (le Bouddha de l'au-61 l') t par Miroku (Mattreya, le Bouddha futur) 1?.. Ce Sanzott (groupe ce a e b l' , d l , d ' , l d

·ois venerables) sym o tseratt one es trots moo es ou pcnoc es es <! ' " bl I' b' I' l

b lll1jques. Ces statues ne 10nt pas venta ement o Jet c un cute, oucc ll f'd'l l D , , · ensemble clles rappe ent au ·1 e e que a octnne extste pour

mms , b' d I d l' I l' les homrnes d'ici-bas, ausst ten que pour ceux u man< e e au-~ e a,

l 'il en sera de meme dans le furur 33 . et qt ' dll' l l d ' ' Mais en Aste bon ~ 11que, c peup e ne se contente pas e venerer

l, ersonne du Bouddha. S'il ne Lui rend pas, a proprement parler, de ·ll' 'I S ' , d I , l , lte du moins honore-t-1 a m~:motre en e mu ttp es occastons et

cu ·to~lt comme on le ferait pour un membre de la famille, lors des SUI ' I' ' (" ' ' ' Cl' (Y ' l ') niversaires, naissances et c eces... , est amst qu en 110e urn lllt :~au Japon (Kanbur~u-e), le 8 avril c~t l'anni'::ers~ire de la ~aiss~nce du Bouddha : on batgne Ses statues d eau parfumee et de decocuons particulieres. On fait de m~~~ en A~ie_ du Sud-Es~. ,Le Boudd~a ne pOUVUOt @:tl'C absent des aC.t1V1tes quottdtennes des ftdelcs, C~UX-Cl Ont ·tccoutumf, surtout en Chme, en Coree et au Japan, de Llll accorder, ~clon les jours, une influence faste ou m'faste: c'est ainsi qu'au Japan, et cela d'aprCs l'anden calendrier chinois, le jour de la semaine qualifie de B!ttJtttnetsu (mort du Bouddha) est repute particuliCrement nefaste. On nc doit rien entreprendrc ce jour-la: les entenemcnts soot seuls possibles. La mort ~u~ Bouddha er~nr consi?C~Ce comme ~n~ grand ~al­heur pour l'humantte, les Japon.-us ont amst « bouddhtse » un JOL11'

nCfaste selon le calendrier tao'iste chinois. Toute statue representant le Bouddha est censee erre animee er

posseder une cettaine puissance. Selon A.B. Griswold, «dans la croyance rraditionnelle, chaque image du Bouddha herite d'une fraction du teja.r, "Cncrgie" que le Bouddha Lui-mCmc possede en extrCme abondance, et qui est conventionnellemem representee par un halo, nne flamme sur­gissant du sommet de sa rCte, de la surface don~e de son corps [ ... ].)) II n'est done pas eronnant que le populairc attribue nne partie de ce tejas, de cette energie divine, aux Statues qui Le reprCscntent. Dans le Sud-Est asiatique, surtout en Birmanie et en Tha'ilande, on confectionne de tres nombrcuses petites statuettes du Bouddha que l'on insEre dans les .grandes, afin que les tejas cumulEs lui donnent plus de puissance. C'est Cgalement la raison pour laquelle de nombreux bouddhistes pm­tcnt en sauroir amour du con une petite image du Bouddha : elle est censee leur conferer une certaine puissance, et meme l'invincibilire selon certaines croyances populaires.

Une statue du Bouddha (ou d'un autre personnage bouddhique) ne peut ccpendant avoir la vie que si elle est « animCc », en d'autres termes si on l 'a consacree par la ceremonie de l'ouvetture des yeux (chin. Kaiguang ; jap. Kaigen-kugyO), une ancienne coutume bdl.hma­nique. Pour ce faire, il etait autrefois courant de menager au dos de la

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LE BOUDDHA HISTORIQUE

Sl1aka Nyorai, bois, Japon, IX" siedc

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Page 46: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LE BOUDDI-IA ET lES GRANDS BOUDDHA

statue nne cavirt dans laquelle on insCrait un petit animal, ou de images des visceres. La cavitC refermCe et les offrancles rituelles faitess un moine peignait (ou sculptait) les pupilles des yeux. L'image ains~ aoimCe erait rCputCe vivante. En Tha'ilande, a l'Cpoque d'Ayuthya 1~ mutilation cl'uoe image du Bouddha Ctait considCrCe comme un cd;ne' et punie comme tel. Toujours en Thai'lande, on croir communCmen~ que certaines statues du Boudclha sont plus puissaotes que· d'antrcs et qu'il arrive m&me que deux statues sc dCtestent (cas du << Bouddha d'Cmemude » et du Phra Bang, au XVIII" sif:cle, a Thonburi et Bangkok oll leur « combat » provoqua en 1867 une revolution et de mauvaise; r&oltes) .. , On croit m&me qu'en certaines circonstances, les effigies du Bouddha peuvent porter malheur a qui les possCde : le seul remCde est de confier ces images a un monasrere ... Des miracles ant d'ailleurs ere attribuCs a quelques statues du Bouddha reputees rres puissantes, telle celle appelCe Jinadija, a Phitshanulok (Tha'ilande), qui pleura des larmes de sang lorsque la region fur conquise par le prince d'Ayuthya, en 1438 ... Les exemples de cette croyance soot nombreux. De mbne il arrive frequemment que, clans les pays du Thcravtkla (Doctrine des Anciens), les fidelcs offrent des echarpes jaunes ou dmCes aux statues afin de les honorer. L'auteur de ces lignes eur !'occasion de rencontrer' en Birmanie, un gtand Bouddha de brique et de stuc, frakhemen~ tepeint, et que la piere villageoise avait ome de lunettes, « parce que le Bouddha Ctait un grand savant ''• expliqua un bonze.

Il est d'usage d'offrir aux statues du Bouddha des robes monasti~ ques et patfois des couronnes richement ornCes. En Thai'lande, le « Bouddha d'Cmeraude ,, (Bangkok) a ainsi trois sortes de costumes : l'un, de prince, pam la saison chaucle, nne robe roonasrique pour la saison des pluies (saison du jeUne annucl) et un manteau d'm pour la saison fralche.

Une statue du Bouddha, plus d'aillems qu'une peioture, est ge~ nCralement considCrCe comme un stUpa : elle est un substitut de Ia personne physique du Maitre, et elle contient souvent des teliqucs, tout comme nos reliquaires du Moyen Age cheerien Ctaient parfois fac;onnCs a l'image du saint dom ils contenaient les ossemenrs. C'est acquerir des mCrites (punya ; thai' tam-pun) que d'eriger un stl'lpa au une statue representant le Maitre, de taille colossale ou de dimensions tres rCduitcs. Au Tibet et au Nepal, les pClerins, afin d'acquCrir des merites, om coutume de fabriquer des images de stllpa ou du Bouddha au moyen de blocs de bois spCcialement gravCs, on de moules en metal.

De meme, unc statue representant le Bouddha doit erre traitCe avec deference : le fidele qui en insralle une chez lui le fera de telle maniere que les pieds de la statue se rwuvent a la hauteur de son visage. Ainsi le Bouddha sera-t-il toujours place plus haut que les hommes, et ne risquera-t-il pas d'&tre souille. Il sera toujours iostal!C dans la partie la plus belle du logement. Il est rare qu'un fidele consi~ dere une statue du Bouddha comme une simple ceuvre d'art. Si un erranger trouve une certaine joie en exposant chez lui une partie cl'une statue du Bouddha, rete ou main, le fidete boucldhiste trouverait cela sacrilege et morbide. Qui plus est, une telle pratique risquerait d'ap~ porter un mauvais sort dans la maison. Si une partie de la statue est trouvee ou dCterrCe, on doit la deposer immCdiatemenr dans un mo­nasrere les moines l'enfermeront dans uo reliquaire et l'inhumerom avec les prieres requises, au sein d'un stltpa erigC pour cet usage.

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LES JUJPRESENTATIONS DU BOUDDHA HISTORIQUE

:Nons avons vu que ~ petSOl~ne du B~t~~dha. h~s~to~ique ~vai~ e~e repre­sentt~e so us de nom. re(~1ses ;;_rm;_s.H e f ~s"-)c1 ecn

1vent .es ·1~ut scenes

00 aspects de Sa vte J~al?· . asso, - a

1.c .?tso

1 , r~ppe ant aud1s1

5es « r:;_o-

ts )} les plus caractcnsugues ou es pus tmportants e a carnere men terrestre.

Ln descente du del Tushita (jap. Tosotrtt Ten) L Tushita est lc « ciel " oU Gautama se trouvait en tant que Bodhi­'~ttva avant sa derniCre incarnation. Cette scCne, oil le futur Bouddha ~~t, rnontrC sons !'aspect d'un !lephanteau bl~nc desc.endant de~ nu~s ( nCdaillon du stupa de Bharhut, en Inde), n est prattquement ;amats r~prCsentee en dehors de l'Inde. La plupart des tenants du Mahayana ont guelque peu neglige cet aspect, tout en le conservant sons sa forme thCodque a la premiere place panni les << lmit scenes >•. Cette scCne est appelt~e Ge~ten ou encore Ge-tosotstt au Japan.

L'entrCe du futur Bouddha dans la matrice de sa mere

Elle est representee sons la forme d'un ClCphanteau blanc entrant par le flanc dwit de la reine Miiya (mCdaillon de Bharhlh, lode). Cette image

1 souvent confondue avec la premiere, n'est representee que rare­

mcnt (eo peinture surtout) hots de l'Inde. Elle est appelCc Nyfttai, Nitttti et T aktJtai au J apon.

La naissance du futur Bouddha

Cct aspect fur rres souvent reprCsentC, rant en Inde 1 ' gu'en Chine ct au Japan, car i1 est plus concret et appelle plus au sentiment qu'une lCgcnde incontr6lable. Les hommes savent ce qu'est une naissance, rom ce qu'elle peut apporter de joie dans un foyer. Et la naissance d'un

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lE BOUDDHA HJSTORIQUE

la dcscente du ciel Tushita, dcssin d'npres unc sculpture en bois, Birnmnie, Pagan, Xl!' siecl~

la conception du Boucldha, medaillon d'une balustrade dr; BhRrhut, Jnde, II" siCde >IVant notl"t' tr(;'

I

I

Page 47: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

i: I I' !

LE BOUDDHA E'f LTIS GRANDS BOUDDHA

Naissance dn Bouddha, bronze, Inde, Ni'ilandii, X'siEcle

Naissance du Bouddha, bronze dorC,Japon, VJlesiCcle, musee national de TOkyO,

Naissance du Bouddha, gravure chinoisc

futur Bouddha ne pouvait qu'Cmouvoir le c<£ur profondCment fa1111"j' 1 d A

. . ta es srattques, tout comme dans le monde chretien la naissance 1

!'enfant Jesus toucha pmfondement le ccrur des hommes. Le tcxte ~c Dt~ghdgrnna-sfitr~ (jap. ~hO A~ongy~ ; chin. FOJhliO chctng, .Ahang ]it~;~ all~gue qu~ le J~une pnnce Stddhanha Gautama aurait, des apres sa natss~nce (d. seratt, selon la tradition indienne, sorti du flanc dwit de sa m~re), fatt sept pas vers chacun des horizons et proclame : «Dans les. Cteux et sur la terre, je suis le seul qui so it venerable '~ ~~, expression qm est deven~1e ~ourante en Chine e~ au J apon oi:t ellc est employee quelque pcu tromquement pour taqwner quelqu'un qui affirme trop sa st~pCrioritC. On montre clone !'enfant Boudclha debout, nu jusqu'ft ~a cemn~re: le bras droit p,ointC vcrs le c,iel. Sous. cett.c forme, au Japan, tl est generalement place au centre d un bassm orculaire destine a contcnir era recueillir du thC doux (arnacha) 16 que les fideJes ant cou­tui?e de verser sur la statue, chaque annee le jour anniversaire de Ia natssa~ce du .Bouddha, jour traditionnellement fixe au 8" jour clu 4, mars (8 avnl) 17

• Cene fete est observCe par taus les fidtles des secres coreennes et japonaises (y .compris celle du J6do-Shinshll), ainsi que par de not~?reux 11011'-prattquants, car elle est prCtexte a des rejouis­sances famtltales. Elle est appelCe Kanbutsu-e (chin. Yufuhui) ou «fete de !'aspersion du Bouddha», populairement denommCe au Japon I-Iana M:atsuri, « fete des fleurs '8

''• parce que le temp lion Cleve dans la cour des temples pour abriter la statuette du Boudclha naissant (jap. TanjO­Butsu) est dCcore de fleurs (d'oU son nom de HanamidO, salle de vision des fleurs) 19

, la tradition rapportant que, lors de la naissance de Sid­dhartha Gaucama, les dieux (du panthCon hindou) en liesse laisserent tomber sur lui, clu haut de leur sCjour celeste, une pluie de fleurs ·lo et l'arroserenr de jets de poudres parfumCes ... Une courume populaire au Japon veut que si l'on frotte le corps des en£·mts malades avec de l'amacha qui a coule sur la statue en ce jour anniversaire, ces enfants seronr guCris -\I. C' est ta une association naturelle en Asie qui veut qu'un

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. des ames soit Cgalement un medecin des corps. A !'occasion rllCdecUl r.~'te les enfants calligraphient des poCmes. Mete a de l'encre de cette ,e '))' d' . ·c . . . 1 . l'amacha recue1 1, ecoctwn purlllcatnce, « aurmt auss1 a de Chlfedonner aux enfants une belle Ccriture-1

' ». vercu~~re coutume d'aspergel' d'eau les statues du Bouddha pour f@rcr

e ·vel'saire est universellement repandue en Inde bouddhique, a Sonannt lE .. M' , b' t dans les pays du Sue- "St asmuque. ms on n y atgne pas Ceylon e · · · 1 ' . e S[JCciale. En ce JOUr anntversatre, routes es statues represen-une statu 1 , , 1 . c ·

1 Bouddha his tori que sont avees a gram c eau, rcpemtcs et panors

nmt e .11 d' . vewes de felll es ol · . .. . ,

re Sur certains tanghka du, Tt~)et (au m~1see GUimet), l enfant Bou~-l ·t representC nu, dans 1 attuude de l Abhaya, et les sept pas qu tl

d ll\dess chaque direction sont symbolises par autant de fleurs de lotus. fit an l . 1 . d

J on les )Jeintures sont nom )reuses qur mont rent a nmssance e

Au ap ., . l 1 ' . Sl· k· et que l'on nomme Tan;o-e -H. Pal'mt es ceuvres sen ptces traltant 1<\ <J:~t et qui, pour la plupart, reprCsentent !'enfant Bouddha le bras

cem · ·· · lb l

· il convient de mentwnner tCl nne pcttte statuette ( e ronze, pent-eve, . . ' 1 . M' , b 1 . . ' " d'odgine chtnotse, representant a rcme aya en ro e c 111101Se a ~rre es manchcs, de l'une desquelles (la dwite) sort le jeune prince Sid­(_f1~~rrha, lcs mains jointes -1\ allusion a la manihe surnaturelle dont la

reine accoucha.

La sortie de la famille

C'cst la fuite du prince Siddhartha du palais royal de Kapilavastu, et parfois les ren~~ntres tr~clitionnelles ~u'll cette occasi,on lc. ~~1tur ~oud~ dha fit d'un vtetllard, dun malade, dun cadavre et dun ascete, ct dont parlent les textes canoniques les plus anciens. Cet aspect, reprCsenrC en Jnde des les premiers temps-15 de !'iconographic bouddhiquc et appele Shttkke au Japan, est rarcment montre, sauf sur des manuscrits enlu­minCs dCcdvant la vie du Bouddha, ou encore sur des bas-reliefs illus­rrant celle-ci. 11 est la plupart du temps remplace par des representations de « Shftkyamuni descendant de la montagne >), olt Il s·emit tout d'abord retire pom pratiquer l'asctse. Cecte partie de Ia vic du futur Bouddha est assez souvent representee, surtout en peinture, dans les pays aU le Mahayana est predominant, er clans lc Gandhflra. Cct aspect (dCnomme Shussan no Shaka, Shlltsuzan no Shaka, ShHJJan BtttSJt au Japan) symbolise l.'accomplissement du futur Boucldha qui descend des hauteurs (spirituelles) dans lesquelles Il s'Cmit rCfugie afin de chcrcher le moyen de sauver les etres, adoptam ainsi la conduite vcnueuse et salvanice d'un Bodhisattva 1~. Le 4" jour du J.2c mois de l'annee, en souvenir du jour oU le Boucldha Se resolur a abandonner les pratiques ascCtiques comme Ctant vaines, les picux boudclhistes cC­lCbrcnt une fete (jap . .JBdo-e) de !'illumination du Bouddha. A cetre occasion, en Chine, les fideles ant coutumc de manger un brouet spC­cialemcnt prepare a cet effet par les moines ct appelCs !abazhu. Cette fCte est cClebrCc le 8" jour de la 12" lune (voir DorC). Les bouddhistes prennent alors la ferme resolution d'aider, tel un Bodhisattva, les m1tres

, Ctres a fitire lem salut et de resister a la temacion Cgo'iste d'un salut personnel -11 • Les representations de ce « moment ,, de la vie du Boud­dba ne soot pas trCs communes. Les plus anciennes semblent avoir tte '~ invenrCes ~) au Gandhflra (110ir le ~~ Bouddha ascCcique " clu musee de Peshawar). Quant aux peinrures de ce type, elles paraissent avoir eu

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LE DOUDDHA HISTOlUQUE

Naissancc du Bouddha (Tanj0-t')

Unc de~ sorties du prilll'L'

Siddhil.rtha, lndl·, SCiiiLili,

dttail d'un tor.ma <ill ~lllpa

n< 1, 1" >ii:-de

Page 48: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LU BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDHA

Shilkyamuni descendant de Ia montagne (Shussan Shaka)

Le prince Siddhiktha se coupe les chcvcux, (d'apres un ham-relief) Bitmanie, Pagan, dCbm xu" siecle

leur origine en Chine. Les sectes Chan et Zen qui hooorent particulie­rement le Bo:_1ddl:a historiqw; voient ~ans cet aspect du Sage des Shilkya un cxemple a sutvre pour 1 accompltssemenr de leur but spirituel a travers leurs exerciccs de zazen (non-meditation assise). Cependant, c'est peut-erre au Japan qu'on trouve les representations les plus nombt·euses de ce type de Bouddha, soit en ascCte, maigre ct lc visage orne d'une courte barbe, les mains en Afijali-mudrii .Js (on lui donne alms le nom de Kugy6-z6), forme qui fut principalement en faveur dans les monas­tCres zen a partir du XIV' siecle ~9 , mais qui demeure cependant relati­vement rare ; soir vetu comme un prince, en Bouddha pare, et nomme Airaku-zO ; soit enfin tenant en main le bol a aumOnes (pdtra), symbole de Son ascCtisme ~0, et appclC dans cc cas Jihachi-s6 Shaka.

La victoire sur Mara

C'est la victoire sur le prince des Demons, dans l'atrirude de la prise de la terre a remain des bieofaits que Gaurama a accomplis dans Ses existences passtes er du droit qu'Il a acquis par ses merites a occuper le « trOne de diamanr » (vajrdsana) a Bodh-Gaya. Theme souvent represente dans l'iconographie des sectes des Ccoles anciennes comme dans celles du Mahfiyfina, oil il constitue !'attitude distinctive du Jina Akshobhya. Au Japan, cettc attitude fur assez peu representee, sauf sur des peinrures, et est assez souvent confondue avec la suivante.

L'accomplissement de la Voie (ou de la Bodhi)

Le Bouddha est alar~ monrre assis sur le « trOne de diamant >>, sous l'arbre pippal a Boclh-Gaya, en Inde. C'est !'aspect qui fut probablemcnt le plus souvent reprCsentC er sous lequel les secres Csorerigues L'ont eleve au rang de Grand Bouddha (jap. Nyorai). Ses formes peuvent alors erre fort diverses, et toujours assises; elles suivent I' iconographic generale des representations des Tathfigata.

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On rcpresente alors le Bouddha en position assise elite Padmfisana (du lotus), ou bien assis «ala chinoise » (on <<a l'europfenne >>, Bha­drfisana), avec la robe monastique (k!iJhdya ; jap. kesa) 51 couvrant ses deux Cpaules. Les doigts du Bouddha soot palmCs (converts d'un reseau, jtllfltlanaddhahastajJO.da ; jap. manm8zfi)>",_ un des .trente-deu.x sign.es di~­tinctifs dtl Bouddha selon les rextes anCiens. Il ttcnt la matn drolte so1t en absence de crainte (Abhaya-mudrfi), soit en discussion de la Doctrine (Vitarka-mudrfi), soit encore, mais plus rarement, en offrande (Varada­mudrfi), la main gauche Ctant presque toujours en Varada-muddi '\par­fois avec l'annulaire et l'auriculaire lCghement replies, ou bien encore (ce qui est assez frequent) reposanr, Ia paumc tournee vers le haut, sur le creux de la cuisse.

On Le represente Cgalement, surtout en Chine et au Japan, dans Ia posture de 1a prise de la terre a tCmoin~\ les doigts de Ia main droitc rouchant le sol ou les perales du lotus pres de Son genou droit (en BbUmishparhsa-mudrfi), mais assiste de deux acolytes, a gauche Mafi­jushrl et a droire Samaorabhadra, deux Bodhisattva de Connaissance. Cct ensemble prend alors le nom de << trois venerables de Shiikyamuni »

(jap. Shctka Sar!Zon). Dans les sectes japonaises Ritsu et Zen (lesquelles ne connaissent

pas les Bodhisattva), les deux acolytes clu Bouddha soot alors deux de Ses grands disciples (voir plus ~oin), K1ishyapa (jap. KashO), qui reprC­sente l'ascese connaissante, er Ananda (jap. Anan), l'auditeur parfaire­mcnt attentif des sermons du Malrre~\

Lorsque le Boucldha est simplement represenre assis en mCditation SOllS l'arbre pippal, Il est nomme au Japon Juka Shiyui-zO et, dans certaines sectes d'obedience zen, Il adopte la position des mains en mtditation (Dhyilna-mucldi; jap. Bursu JO-in)l6

• Cer aspect fur repris par les secres Csoreriques pout symboliser le Bouddha de meditation, Amirilbba.

En lode et surtout dans lc Sud-Est asiatique, paniculierement dans le Cambodge des Khmers, le Bouddha en meditation est souvent

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LE BOUDDHA HISTORIQUE

Shfikyamuni tenant le bola aurnOnes, gravure tib€taine

Page 49: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LE BOUDDHA E'T LES GRANDS BOUDDHA

Le Bouddha enscigne a ses dnq premiers disciples a S&rnfith, gravure chinoist, epoque Ming.

Shaka Nyomi prCchant

repr~sente a~sis sur les anneaux enroult~s du serpent (roi des Niiga) Mu~ chalmda qUI Le protege des intempEries grace aux capuchons dCploye de. scs, sept tCr:s. D'apres 1~ lCge?dc, ce serpent aurait abritC le Bouddh: lots~ une plUl; ~ya~t dure ~ept JOU_fS, ~lors qu'Il se trouvait a Sa sixieme semame de meclttatwn apres Son Evell. Le soleil Ctant revenLl M 1 f'd c . , UCla~ 1ll a se transiorma en un JCUne prince qui rendit hommage au B d

dh C' . . I . ' OL\ -,..a. est am~1 .q~e ; ~·ot des Nfiga, N3.garfija, symbolisant taus lcs

Naga et les Nag1111, gemes chtoniens miilcs ct fcmelles << possesseurs 11

clu sol, s~lot:- les plus anciennes croyances populaires du sud et du sud~ est de 1 As.te, ~urent ~ythologiquement associCs au personnage du Bouddha htstonque, fatsant .en quelque sorte de Celui-ci un « gCnie du sol >>, adaptation bouddhtque d'un culte ancien toujours ancre dans les mentalitCs populaires. .

La predication de la Doctrine

Cer aspect fur excellemment reprCsenre, en Inde surtout, par les sculp~ tures c~u type du ~ouddha de SarnU~h, de style Gupta n, ainsi qu'au Gandhara e.t en.Aste c~u Sud-Est. Son unage se rCpandit egalement dans le monde smo-japonars oU elle connut une grande faveur. Le Bouddha est alors. reprCsentC assis, les mains faisant le geste de tourner la roue de .1~ Lot (Dhannac.hakra-:nudra)jH ou bien rcialisant le geste de la dis­cus~wn d~ la Doctnne (Vttarka-mudd) avec Ses disciples, avec la seule ma111 dro1te, l.a gauche reposant la paume tournCe vers le haut sur le creme de la cursse 5 ~. Lorsque cette reprEsentation est rev€tue d'une robe ~ou~rant les deux Cpaules et qu'elle est ornCe d'un double halo, ellc md1gue son apparcenance a une secte esottrique. Cerre arrirude fut adoptee par ces memes sectes pour symboliser le Bouddha.

Dans c~tte mtme atrirude du prEche de la Loi ou de la discussion de la Doctrme, le Bouddha est parfois rhonue non plus assis mais clebout. Il a alors le plus sou vent les mains en Abhaya-Varada-mudril.

90

Le padl1 irvftna (jap. Nehan, Ga-zfJ) C'cst !'image ~u- Bouddha Sl~r ~e point de -'?asser de vie a trCpas. Cet

ect est inspH'e de la desc.rrptwn des dermers moments du Bouddha isp

5 1e texre du MahdparinirvJna-sUtra (jap. Nehan-gyiJ) et montre le

~nntddha couchC sur le cOre droit, le bras droit replie sons Sa tEte ou b·~~1 a hauteur de celle-d, le bras gauche reposant sur lc cOtC 60 (bien ~e quelques rates images reprCsentent le Bouddha couchC avec les

deux bras allonges le long du corps). L'imagerie chinoise et japonaise

0100rre souvent lc Bouc!dha sur S?n. blicher f;m~raire, entoure d'une

foulc de creatures, de d1eux, de d1sc1ples ct d antmaux se lamentant. Un aspect un pcu parriculier de ce Parinirvfina est au Japan cclui de « Shaka sortant d'un cercueil d'or » (jap. Kinkan Shutsugen-zO), illus­uant un Passage du slltra de la reine Miiya, le MahftmJyJ-kyO: « Lorsque lc Tathil.gata entra dans le Nirvana, Maya Bunin sa mere, apprenant la nouvelle dans le Ciel des rrcnte-trois dicux aU elle se trouvait, se joignit alors aux Deva qt~i descendaient sur terre pour mettrc son fils dans un cercueil d'or. Mms le dCfunt, soulevant le couvercle, sc dressa comme un lion CchappC, rCpandant une lumiere celeste au sein de laquclle on vit scintiller les Bouddha du passe ct de l'aveni1· 61

• >~ Au Japon, l'anniversaire de la mort du Bouddha est observe avec

relativement peu de ceremonial, chaque annCe le 15• jour du 2" mois62

Dans les aun·es pays, cet anniversaire est, de mCme, largement oublie. tes statues representant le Parinirvfina du Bouddha sont tres nom­breuses, surtout dans lc Sud-Est asiatique eta Ceylan oU elles atteignent des proportions gigaoresques. Eo Inde mCme, une des plus anciennes representations du «Bouddha couchC)> se trouve sculptCe dans le chaitya n" 26 d' Ajandt (vers 600-642).

Une curieuse lCgendc (probablemcnt tardive) tcndrait a expliquer t'origine des douze animaux qui caracterisent les annees du cycle de soixante ans, calendrier d'origine chinoise et qui fur adoprC par de

tE BOUDDHA HISTORIQUE

Lc Pa1·inirvfina Ju Bouddha, ,gravure chinoise, tpoljUt Ming

Page 50: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

lE BOUDDHA TITLES GRANDS :BOUDDHA

Kishfi Kumanoyu, Ofud>. (image pieLtse) du H6tok6-ji, Japon, Kumano

Gautama et Ptabhfttamtna, bronze, secte de Nichiren, Japan

Tah6 Nyorai, bois, J apon, Nara, T6sh8dai-ji, vm" siecle

nombreuses contrees d'Asie. Ces douze animaux sont dont ' d d d, . ' ' I' d . les ans or re eternunc. La egen e raconte en effet que lors de I' , lill

I N. ' d , entree c1

e uvana u Bouddha a Kushinagara (lode du Nord) 1 ans · d , ous ceux . avatcnt enten u Ses sermons se baterent vers le lieu de 1 , qu1 d S a cremat'

e. on corps terrestre afin de Lui rendre un dernier hom Ion an . f' d'l' mage Ie , 1maux, eux ausst, uent 1 rgence et arrivCrent les uns aj:Jrb 1 . ,' "s cl t d 1 d' · es <lUtte a 1~ un or re que a tra moo a conserve : le rat, la vache (ou lebo.: 8

le t1gre (on le chat au Viet-nam), le litvre (ou le lapin), lc dra 011

ll0, serpent, lc cheval, le mouton (on la chhre) le singe Jc c lg 1 '. le

l . I' I ' ' og, c c lie et, en c ermer Jeu, e sanglier (ou le pore). On donna done en .n le n d 1 fi l'·l · ' souvenu om e ces c ouze tc c es anttnaux aux annCes successives I ' zodiacal... c u cycle

Autres aspects

En dehors de ces << huit aspects » de la vie du Bouddha hlstor' trouve egalement d'autres aspects (ou formes) soit simples t.que, on , d C l . . , ' sott gt·ou pes, e e m-CJ, surtout dans les representations apJ:lartenant ., · ' '·' 1 <UXsectes esotertques et aux sectes c u Chan et du Zen qui ont en guelg

l . ' 1 , ' · 1 ' uc sane monopo 1se a venc:ratwn c u Bouddha (en exceptant, bien sUr tm ' les sectes - ou presque - du bouddhisme du Sud qui notts !'a ' ttcs ' '· 1 • vonsvu ne ve.netent que a personnc du Bouddha historlque en rant qu G 'd' parfait). Les sectcs esoreriques ont parfois associe dans Jectr· v' e, u: e j [ • ' ' eneratlOll

c eux ou P usteurs aspects (ou formes) du Bouddha (nous Ctudie · dernieres associations dans le chapitre sur les ]ina) Elles 11111 ,

10

1 ns ces " 1 c . ' · ega emem sou vent ~ssocte a 1ot·me du Bouddha historique avec celle d p. bl , taratna() T h"N ') B e ta lll-Ja J. a o I yorat , « un ouddha des ages anciens dont le Slit du ~otus (~addharmapundarika-sittra ; jap. Hoke-kyO) no us rapporte q~ ;~ S01'tlt un )OUt' de l'extase oiL il Ctait f:Jlonge pom invitet· Sha'k ~ 1' P

. . ., I. , yamunta artager son Stege et sa g otre 6~>>, Cette double image pr·obable

d' ' ' j . · b > ' n1COt ortgme cunotse 64

( mnze dore, datant de 518 musee Guimet) c egalemet t " ' ' c ' ' ' lllt , 1 vcneree en Ol'ee et au Japon. Dans ce demier pays elle trouvc pl · 1'' 1 , ' • se us part1cu 1erement cac 1ee dans les tah8-t8, structures rondes

92

LE BOUDDHA HISTORIQUE.

. arre (imitant les stUpa) caracteristiques de la secte Shingon, ainsi ~tOll' ct quelques rares peintures, gravures et bas-reliefs anciens65 s'ins-questl l' 1· · d I ''d d w· . , directement de art c uno1s e a perm e es e1. ptr.tn~ans la secte de Nichiren au Japan, on trouve egalement des . . :de ces deux Bouddha assis de part et d'autre d'une tablette un,tges II . . I c l d" . . ··cale sur laque e est mscnte a rormu e mvocatlon mystique au vern 1 ,,. (''l ] (it', dll LotttJ 66 , Dans es sectes csotcnques pnnClpa ement au apon, ;t .M on et Tendai), le Bouddha historique est parfois identifie a deux d;~~~pects japonais. (FukujOjt.I Nyor~i :r !<aifuke~O Nyorai) du Gran? D tddha solaire Vatrochana (jap. Datmclu Nyorat) 67 dont 11 est consl­d~l~ comme l'un des. deux acolyt~s~ formant .~insi avec Bhaishajyagum (jltp. Yalmshi Nyonu) une «Tt111Jte de Lu1mere('8 »,

DIVINnils ET PERSONNAGES EN RELATION AVEC LE BOUDDHA HISTORIQUE

En Asie, l'hommc scul nc saumit avoir d'existence : il est fonction de cclle des autres a laquelle i1 participe egalement. Aussi un sage, une divinitC, au mCme titre qu'un Ctre humain ordinaire, ne pcuvent Ctre con~us comme solitaires, mCme dans le cas d'une Divinite supreme. Lcs personnages que l'on rrouve le plus souvent a cOtC des divinitCs (ou parfois a leur place) ne sont en realitC que des assistants ou acolytes, des comparses qui soit concretisent leur pensCe, soit traduisent leurs vertus en acres ou encore ajourcnt leur proprc action a celle de la di­vinite majeure. Cela n'est pas le cas dans les sectes des ecoles du Sud oLt les representations du Bouddha, si elles se trouvent accompagnees, ne le soot que par des «temoins», des spectateurs ou des fideles, qu'ils soient humains ou divins ...

Dans !'esprit populaire des fidetes des sectes du Mahayana (en Chine, en Corte et au Japon principalement, a un moindre degre dans les autres pays comme Java), de meme qu'un grand seigneur ne pouvait sans dCroger agir lui-mCme mais seulement par personne interposCe ou par dClegation, la Divinite (que celle-ci soit ideation ou rCalite histo­rique, peu importe) Cmanc d'elle-meme des « forces » qui agissent a sa place, en son nom, avec nne specialisation qui leur donne plus d'effi­cacitC encore. Parfois (et c'est peut-etre lb. une raison d'etre des groupes de divinitCs que l'on rencontre si frCquemment, comme par analogie a Ia magie), les forces des diverses entites divines se cumulenr dans un but bien determine, en general pour sauver les etres ou encore pour vaincre les passions humaines ct ainsi aider les hommes sur le chemin du salut. Les divers syncretismes populaircs ont fait une large part a ces «emanations divines>,, au Tiber et au Japoo ptincipalement. Mais si, au Tibet, les divinites syncrCtiques se sonr parfaitement idenrifiees anx diffCrentes « forces » du bouddhisme tantrique, au Japon elles ne sont, selon la doctrine du Honji-suijaku, que la descente ou avatJra (jap. gongen) des divinites bouddhiques dans des Kami du shintO{,'), avatfira qui ne constituent que des manifestations temporaires. Au moins deux de ces Gongen (lesqueis sont relativement nombreux et furent crees selon les besoins des monasteres afin d'attirer au boud­dhisme les fideles du shintO) jouireot au Japon d'une assez grande faveur : ZaO Gongen et Izuna Gongen.

93

t;.;ii, 'iii J;" <I i

PrabhUtaratna (':l"'ah8 Nyorai)

I

Page 51: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Lil BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDHA

b:una Gongen

En dehors de ces Gongen ou manifestations temporaires ap" . ' d d · ~ · ·~ rUtte-nant a es octnnes syncrettques et souvent associCes a des « for

emanCes du Bouddha afin d'aider et de guider les fideles (en qu ~es » sorte des archanges armes comme notre saint Michel), on venerai: que trefois d'auues personnages historiques qui faisaient partie de l'e1 au,

d B ddl d . d d' . uou. rage u ou 1a, comme ses tx gran s tsctples, les cinq Arahant, la mere du Bouddha (MUy8.) et un personnagc plus tardi~ent~ connut un !?rand succts populaire, le moine B.odhidharma. Ces pers~~~ nages soot tmportants, non pas tant en fonctton des cultes qu'on 1 . a rendus dans le passe que pour la place considerable qu'ils om ' e1"' · d' d 1 ~ . . • a c es tttres tvers, tenue ans es representations teonographiques et d

l'art bouddhique en relation avec la personne du Bouddha histod ans dans taus lcs pays bouddhistes. que,

Bien que l'CnumCration de tons ces personnages puissc paralt. q:1el~ue. l?eu fa~tidieuse au}ecteur, il n~us a se~blC impCratif de ~~~ decnre tct, quo.tqt~e rres bnevement, car 11~ son~ st souvent reprCsemCs que leur dcscnptton ne pent que nous mdcl' a les reconnaiue a 1 · l 1 l ' l d \h' · · ' es sttuer cans e pant 1eon JOU c tque et amst nons permettre cl'aj,1xec·

' 1 ' 1 b d' b' ' ' ' '" a cur Juste. va em nom re o Jets d art clont le SUJet nsquerait, sans cette connatssance, de nons echapper.

Za6 Gongen. Cette divinitC syncretique japonaise semble avoir ere con<;ue ala suite d'unc vision qu'aurait eue au X" siecle sur lemont Yoshino lc moinc-sorcicr EnnO GyOja. Cette divinitC est dcpuis cette epoque !'objet principal du culte du ShugendO des religieux du Kumano-6ji-jinja Slll' le mont Kinbu 7 ~. Son image, parfois consideree comme celle d'unc force colerique (Krodha) ou d'un Vidy8.r5.ja, se tt·ouve souvent gravee sm des miro.irs rands que l'on suspendait au mur (kakebotoke ou hotokesuspendu) a la pl~ce d'une effigie de Shakyamuni. Elle est representee en pose dynamtque 71 (debout sur un rocher, le pied droit souleve comme pour Ccraser les passions, brandissant un vajra simple (tokkosho) ou a cinq pointes (gokosho) dans sa main droite levee, la gauche posCc sur la hanche et realisam une mudd de colere, sa figure enriere erant enveloppee des flammes dont la mission est de consumer les desirs du fidCle qui se met sons sa protection. Il serait une incarnation temporaire du Bouddha historique (?). Nous parlerons des autres aspects de cettc divinire a propos des divinires syncretiques.

lzuna Gongen. Cet aspect japonais, venere principalement par les rcli­gieux des sanctuaires shintO-bouddhigues dumont lzuna dans la province de Shinano, n'a pas de nom particulier : il n'est que le Gongen dumont Izuna. Le populaire confond souvent cette forme terrible (emanation de Shakyamuoi) avec Zao Gongen ou encore, lorsqu'elle affecte une forme humaine, avec Achalanatha (jap. FudO My0-6). On la reprfsente souvent avec nne rete d'oiseau, aun§olee de flammes, debout sur un renard blanc 71

,

tenant ala main droite un glaive muni d'une poignee armee d'un vajra a trois pointes (jap. Janko-ken) eta la main gauche nne corde terminee par un crochet en forme de tCte de dragon (jap. ryf2saku) pour attraper et licr les m&hants et les mettl'e ainsi dans l'impossibilite de nuire aux fideles qui l'invoquent. Selon une tradition, cette « force>> aurait ere per<;ue pour la premiere fois au temple du Hachi8-ji, sur lemont Takao, pal' le moine GyOki (670-7 49), qui commen<;a a diffuser les doctrines syncretriqucs du R y6bu-shint6 71

, derivees de l'tsottrisme de la secte Shingon.

94

LllS pJX GRANDS DISCIPLES DU BOUDDHA

e 1erait autrefois (leur culte semble avoir actuellement disparu) les

~n v. t nels disciples du Bouddha tels que la tradition bouddhique trans­dl~ g

1'",,rs caracttres : ces dix grands disciples Ctaicnt les compagnons

mJt' ' ' L'd 'L' I B uddha historique qm vecurent avec ut et ont certams ut sur-e ~1 ~nt (analogues en quelque sorte aux douze disciples du Christ). vcetll< . ' d 1 l . "1' 'b' . h' Jls sont rrCs souvent otes

1· yans. eskre:)~~s bs~ns <:rtts,

1pa 1, u e~tams, ~ t-

. t 1·aponais (comme e utma- yo , ten que eurs representattons

no1se . ~~ f 1 . l 1roupe atent ete assez tares, sau sur es pemtures montl'ant e

epn ,.g111

·rviina du Bouddha. Les differents textes les placent dans divers au ' '11 Mil" . J·es de preseance, mats e p us souvent ce soot auc ga yayana, J:\ rncla et Shfiriputra 7., qui se trouvent places en tCte de liste et dont

I n~mages sont quelquefois placees a cOtC de celle du Bouddha. On les cs rCscnte gCnCralement vetus de la robe monastique, le cdne rase, les re~ins 1· ointes, tenant le bol a aum8nes ou encore faisant des gestcs 01" d 1 ' 'd d"'" d " divers qui n'entrent p~. ;ms a categone es mu ra · ', ces ermercs Cntnt reservCes aux dtvmttes.

Mahfikfi.shyapa(PippalayUna; jap. MakakashO, Dai KashO; chin. Chang­mei Chanshi, Jigong Laofo Pusa ; tib. Od-srung Chen-po ; mongol Gas­db). ('est« Celui qui est le premier pour l'ascese », Il est repn§sentC avec un livre a la main ou appuyC a un long baron. Ce grand disciple est Cgalement l'un des Arahant (voir plus loin). La tradition rapporte qu'il fut Joue par le Bouddha pour son habiletC a precher comme a observer le vreu d'ascCse (Dhfitaguna). C'est lui qui prCsida aux funerailles du Bouddha, prit alors la dil'e~tion du Sa~gh~ (C_?.m~unaure monastiquc) et c~nvoqt~a le premier conctle bouddh1que a Ra,agnha, en Inde. De caste bdlhmant­que, il Ctait nC dans un village du Magadha. Il conquit une reputation d'exneme rigucur, non seulement covers lui-meme mais a l'Cgard des autres disciples. n mourut tres age.

Anand a (jap. Anan, AD<·mda; tib. Ktm-dgah-bo). C'est « Celui qui est le premier pour avoir entenclu la parole du Bouddha ». Il fur lc serviteur zele ec attentif du Bouddha dont iJ Ctait le cousin germain, nC lc meme jour que Lui. Pendantvingt-cinq ans il servit fidelement le Maitre, n'acceptant aucun privilege. Il insista aupres de Lui pour qu'Il accepte de fonder un ordre de nonnes et se chargea de !'instruction de celles-ci. Le Bouddha le designa comme ecant le meilleur pour !'erudition, la mCmoire,la bontC ct la rCsolution. Se rememorant routes les paroles du Bouddha, il fut convo­que au coocile de R8.jagriha et charge de rediget les sl2tra, qu'il commens;a toujours par la phrase ~<Evam maya Jhrutatn» (« Ainsi ai-je enteodu ~~). Scion certaines traditions, il aurait sucdde a Mah&.ldshyapa ala rete du Samgha. Sa doucem et son humilite le firent nommer « le saint Jean du bouddhisme ». On le reptCsente generalcment avec un visage de jeune homme, les mains jointes. Son effigie est souvent montree aux pieds (parfois a la rete, mais plus rarement) du « Bouddha couche ~> (pendant son Parinirvfina).

Shftriputra (Upatishya ; jap. Sharihotsu i chin. Sheli-fo, Sheli-zi; tib. Nid-rgyal). C'cst « Celui qui est le premier pour laSagesse » (Prajfid). Fils alnC spil'ituel du Bouddha, c'est lui qui, dans de nombreux sU.tra, enseigne la Loi. Il est le grand maitre de l'Abhidharma. 11 fur le regent du Samgha

95

Lil BOUDDHA HISTORIQUB

: i

H~··k~ ,,

Mahik1lshyapa (Dai KashO)

Page 52: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

lE BOUDDHA BT LES GRANDS BOUDDHA

Rfihula, gravure tib€taine

en charge de la discipline (Vinaya). Il mourut quelques mois avant l Boudclha. Ses reliques furent encloses dans le grand stllpa de SU5.ch! e I d 0 1 ' ' 1 · ' '1 (' h · en n e. n e represente tenant a a mam un eventat Jap. uc. tUJa) a lon manche. g

SubhUti (jap. Subodai, Shubodai; chin. Shubojia; rib. Rab-hbyor). C'est « Celui qui est le premier pour cxprimer la vacuire >> (shunya). Dans le textes clu MahilyUna, il est momre comme le principal intedocureur dt~ Bouddha (notamment dans les divers textes du PrctjndjJc7ramitJ-sfitrctn), A force de meditation sur ia bonre (maitri), il devint un Arahant, On le represente de bout, tenant un scepue de religieux (jap. nyo-i) ala main.

Pf1rna (Maitreyfiniputra; jap. Furuna). C'est « Celui qui est le premier pour expliguer la Bonne Loi », C'erait un richc marchand de la cOte nord-ouest du Dekkan (d'oU partirent de nombreux colons pam l'Asie du Sud-Est et laChine) qui se convertit en ecoutant un preche fait pa1· le Bouddha dans la ville de Shr8.vastl, et qui part it au loin pour repandre la Doctrine : il est de ce fait parfois considere comme lc protecteur des marins. On le represente tenant a deux mains une cassolette a encens a long manche (jap. egfJrO).

Maudgaly&yftna (Kolita; jap. Dai Mokkenren, Mokukenren, Mokuren; chin. Mttiian; rib. Mu-dga-li-bu). C'est « Celui qui est le premier pour lcs pouvoirs surnarurels » (Riddhipada). 11 serait ne le mCme jour que Sh&riputta et se serait converti en mCme temps que lui. Ses cendres seraient, elles aussi, enfcrmCes dans le stllpa n"l de Sfrfichi. On lc represemc gCnCralement avec un livre (ou nne boite) dans les mains, ou parfois avec un vase con tenant une fleur de lotus.

Kfttyoiyana (Nalada; jap. Kasenen). Ne a Ujjain (ouest de l'Inde), il fnt chapelain br&hmane des rois de cette citC. Converti par le Bouddha, a son tour il convertit son roi. 11 fur d'unc grande efficacire dans ses prCdications. On le represente avec un bola aumOnes a Ia main, ou bien lcs mains jointes, doigts entrelacCs.

Aniruddha (jap. Anaritsu). C'est « Celui qui est le premier pour l'acuitC de son ceil divin (Divyachakshus) et pour sa mCmoire », 11 erait lui aussi un cousin du Bouddha. 11 mourut aprts Celui-ci. On le reprCsente faisanr un geste d'explication (?) ou les mains jointes.

Upiili (jap. Ubari ; rib. Nye-var-khor; mongol Chikola Akchi). C'est « Celui qui est le premier pour le maintien de la discipline». Cerait un barbier indien qui avait pour dche de raser la tCte de ceux qui entmient dans le Samgha. Ses rCcirs de la rtgle de la discipline (Vinaya-jlitaka 1~) furent adoptCs au concile de Rftjagriha. On le reprCsente les mains jointes, index tend us, en Abhisheka-mudra.

Rfthula (jap. Ragom; chin. Luohuluo; rib. Sgra-gchan-jin; mongol Raoli). C'est « Celui qui est le premier pour les pratiques esottriques et pour le dtsir de s' instruire dans la Loi ». 11 ecair le fils clu Bouddha, nC le jour meme olt Ce dernier S'erait dtcidt a partir du palais de Kapilavastu pour aller a Ia recherche de la VCrire~. On le considtre comme l'un des Arahant (voir plus loin) et comme le patron de tousles novices. 11 mourut

96 Tete de Bouddha, pierre, Thai'lande, Nakhon Pathom, Vlt siecle.

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Page 53: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Ananda Shariputra

PO rna MauJgalyayana

Bouddha pr&chant, pierre, Java, Borobudur, vers 900. Aniruddha Up;tli

X 97

I.E BOUDDHA HISTORIQUE

Subhllti

Kityil:yana

Rfihula

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Page 54: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

::

Lll BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDHA

Les 500 Arahant (detail), peinture de Minch6 (1325-1451 ),Japon

avant lc Bouddha. On le reprCsente se tenant le poignet droit, ou bie avec un chasse-mouches (chJmara) dans la main droite et un rouleau .J

0

'· !1' l "" Ecntures cans a mam gauc 1e.

LilS ARAHAN1" (Arhat; jap. Arakan, Rakan; chin. Luohan ; rib. Gnas~ brran; mongol Batu-aqchi)

Les Arahant soot les « saints » ou les sages ayant plcinement realise Ct

eux le fruit de la Doctrine bouddhique 80• On les dit Ctre au notnbr~

de dnq cents (ce chiffre est pris en rCalirC comme synonyme de grande foule), mais ce nombre est le fftit d'une extrapolation tardive. On ne venere en effet que seize Amhant, lesquels sont peut-erre symboliques des quarre Arahant que la tradition assigne a chacun des quatre points cardinauxBt (ces derniers Ctant matCrialisCs pat une region de l'Inde Ol\

de laChine 82 et par un «paradis » particulier). C'est ainsi, par exemple que ic premier d'enrrc eux, Pindola Bharadvfija, est cense rCsider ave~ mille de ses disciples dans l'Aparagodan1 (a l'ouest) ; le second, Kana~ kavatsa, avec cinq cents disciples, au Kashmir (nord); le dixieme, Pan~ rhaka, avec mille trois cents disciples, dans le Ciel des trente-trois dieux (Tdiyastrimsha), etc. Ii semblerair que Pindola, demeure seul avec Ma­hfikfishyapa a ne pas Ctre entre dans le Nirvflna, apres la disparition de ce dernier serait devenu l'Arahant par excellence, et que lcs autres n'en seraient que des repliques ...

D'aprCs le Fazhtt U, traduir en 654 par le pelcdn chinois Xuan­zang, « i1 y avait a la capitale du roi Prasenfijit de Ceylan un Arahant du nom de Nandimitra qui expliqua comment le Bouddha, au moment d'enrrer clans son Parinirvfina, avait confie la Supreme Loi a seize grands Arahant et a leurs disciples, leur ordonnant de la prorCger contre !'ex­tinction et de la maintenir >>. Les Arahant seraienr done pdncipalemem des protectems et des mainteneurs de la Loi bouddhique. Ces seize Arahanr distingues par le Bouddha auraient fait partie des cinq cents qui, selon la tradition, assisrerent au concile de Rfijagriha : ils y amaient fait le vceu de renoncer au Nirvana afin de mieux pouvoir se consacrer au soulagemenr des misE:res humaines, rout comme les Bodhisattva. Ils sont considtres dans le bouddhisme du Nord en general et au Japon en particulier comme des Shdivaka (jap. ShOmon) ou auditeurs de Ia Bonne Parole, taus disciples du Petit VChicule, et comme des erres humains fort sages destines a devenir des Bodhisattva. Ils soot assez sou vent reprCsentCs, surtout en Chine ct au J apon, so it en sculpture, soit en peinture, dans des poses et avec des attributs souvent trCs dif~ ferents, ce qui rend leur identification parfois mala.isCe. Ils peuvcnt erre montrCs comme des hommes jeunes ou vieux (scion ie style du peintre et de l'epoque), generalement vCcus comme des moines, la rete rasee (sauf Rfihula). Ces seize Arahant (que seuls nous dtcrirons sommaire­ment ici, les aurres n'obCissant a aucune autre regie de representation que celle dictCe par Ia fantaisie des artistes) soot relativement peu connus des fideles qui leur rendenr (sauf pour Pindola Bharaclvfija au Japan) un culte global Hl. On leur donne a tons le titre de ((venerable)) (jap. sonja H·').

Leurs representations soot loin d'Cue immuables, er ces Arahant peuvent avoir CtC, a diverses epoques, imaginCs SOliS de nombreu~es formes difftrentes. Cependant, on les reprCsenre presque toujours (qu'J!S soienc seize ou cinq cents) en groupes plus ou mains importants (parfoJS

98

er) t de deux ou de trois dans le cas de peintmes). Ils peuvenr seu1etn b r ' d ' . d' . ·w egalernent etre sym1 ob l~es par es statues! Ia' peme egro~Sll~~· tal edes

h pierre ou e ots, on encore moe c ces en terre, a 1mage e dan.s ' Leur grand nombre augmentant lem pouvoir collectif, ils sont momes. , ' 0 1 r . . , d 1

1 souvent venet·es en groupe. n es trouve panots pnves e cur

1: P ~sme croyance populaire (au Japon) voulant qu'une rete cl'Arahant tet~ ;tlbonheur, les fidCles les cassent volontiers pom les emporter chez l)Otta ' d l . . 1 . A l ! .

81 Selon une legen e c llllOise, es onq cents ra lant c emeunuent eux · · · Ch' Q ' I' · · d · . 1e mont Ttantat, en me. uanr a ongme e ces cmq cents su~ 1 antHo les traditions sont diversement rapport6es. Selon lc MahJ­A1~1.1;rvc9rJ~-st1tra et le Saddharrncrptmclartka-siltra /!1, ils scraient cinq cents P""" . 1)'1d' ''d . endiants (ou momes aveug es qm, cans es vtes prece cotes, auratent (.- le riches marchands. Le Bouddha, ayant rencontrC ces marchands,

1:~/~mrait « rendu l~ lumiE:r~ » : _i'inrcr~tio~ r~oralisar.~ice du s.ymbole . Cvidentc. Ce seratt le mome Japonats Etsat (XII" steele) gut, ayant

est A 1 1 T' . . ' e ere ces cinq cents ra lant sur e mont tantat, en auratt rapporte '1 ~images au Japon. Celles-ci (cent kakemono peints, dont il ne reste es . I ) . , , 1' )ius actucllement qu~ quatt:e ~mg.r-c e~tx , a;U'aJCn~ e.re ceuvre, en lll78 des peimres-momes chmots Lm Tmggut et Sh1 Jtshang. lis sont onse~·ves au Daitoku-ji a KyOto. Leur culte aurait alors ere propage au

)apon par les moines des sectes Zen (Rinzai-shtt, S6t6-shlt et 6baku-5[1o). De trC:s nombreuses croyances populaires se rattachent aux cinq cents Arahant, differentes selon les regions, lcs temples, les sectes et les Cpoques et, plus qu'au pantheon bouddhique, ils appartiennent au folkloreHK. L'orclre dans lequel on les dtcrit peur varier. Les seize At·ahant (qui sont au nombre de Jix-huit en Chine) les plus souvent reprtsentts (et identifiables) soot :

Pindola Bharadv1lja (jap. Binzuru Sonja, Binzuru Baradaja, Bindora Baradaja, 6-BioL.uru-san ; chin. Bintouluo). Scion une des innombrables lCgcndes arrachCes a cet Arahant, i1 aurair CrC rCprimande par le Boucldha pour avoir fait montre, afin de confondre des brfihmanes indiens, de pouvoirs mcrveilleux en volant dans les airs pour aller chercher un bol qu'un marchand incredule avait place expres en haur cl'une perchew', et aurait CtC expulse de l'Inde er de la Communaute monastique, l'entrCe dans le Nirvana lui Ctatlt refusCc jusqu'U l'avenement du Bouddha du futur, Maitreya. Selon d'autres lCgendes, Pinclola amait ere chasse de la CommunautC pour avoir manque au va::u de chasrere. C:e seraient les raisons pour lesquelles son effigie est toujours placee au seuil des edifices

LE BOUDDHA HISTORIQUil

religicux (bien qu'elle soit parfois mise dans les refectoires des moines). Pindola Bhamdvfi.ja, Cependant, selon un commentaire hlnayiniste de 1' EkottaraAgama ShdJtra grawre tibecainc

(jap. Fttnhetm Kttdoku-ron) ou « ShUsrra sur la discrimination des merites ct des vertus ))' traduir en chinois sons la dynastic des Han orientaux (25-220), Pindola aurait ere, au contraire, felicirC par le Bouddha er appele « Celui qui est le premier pour la suppression de l'hCresiel'l' »,

Au Japan, ot1 il est surtout venere par le populaire, il est represenre comme un vieillard assis sur une haute chaise a dossier, avec des cheveux blancs et des sourcils touffus. Ses statues, en bois ou en pierre, et peintes, soot gtnCralemenr fon usees, les fidE:lcs ayant pour habitude de frotter Ia partie de l'effigie correspondant a l'endroit de leur corps atteint de maladie, ce Binzuru Sonja Ctant repute avoir le don de guC­rison. On lui fair aussi rres frCquemment des offrandes de bavcttes rouges et blanches et de bonnets d'enfant afin qu'il veille sur la sante

99

Page 55: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LEBOUDDHAETLTISGRANDSBOUDDHA

Vajraputra, bois,Japon, Ky8to, Mampuku-ji, xvu•siede

des bCbCs, ce qui fait que sa statue est souvent affublee d'oripea C'est le seul Arahant qui fasse I' objet d'une veneration populaite a;:· individuel. On le represente en peinture comme un vieillard assis s:e un rocher, tenant ala main nne sorte de sce!Jtte (jap. shaku ; chin. gu1~ 0~ _nne ~ofte a sUtt:a et u.n ~entail en plume~ 91

: Selon .les textes, PindoL'l restderatt, avec mille dtsctples, dans une regron occtdentale (jap. S·t'. kudani-sb-6}9

'·. On vCnere la plupart du temps tons les autres Arab~/ en la personne de ce Pindola Bharadvfija... ' lt

Kanak.abhai'advaja(jap. Kanakabaridaja; chin. Biliduoshe). Il est repre. senre debout clans les nuages, tenant a la main un rouleatt des Ecriturcs boucldhiques. Il est parfois accompagnC de l'un de ses six mille disciples qui frappe sur un gong. Il rCsiderait a l'est (jatJ. TOshOshin-shll).

Kanakavatsa (jap. Kanakabatsusa; chin. Jianuojia Facuo; tib. Gser­be-u). Il est reprCsentC assis sur des Images, un chasse-mouches ala mai

11 On lui assigne pour residence, avec cinq cents disciples, le Kashmir at; nord de l'Inde. '

Subinda (jap. Subinda; chin. Supinte). Il est reprEsentC assis sur uue natte, les mains jointcs posCcs sur lcs cuisses. I1 residcrait dans lc Notd (jap. Hokukunt-shl1) avec six cents disciples.

Nakula (jap. Nakora; chin. Nuojuluo). On le reprCsente accompagne d'un enfant et d'un mendiant, ou assis sur nne chaise, un rosaire ala main. En raison de ses merites accumulCs pendant ses vies passees, il est doue d'une loogCvitC cxceptionnelle. Il residerait clans le Sud (jap. Nansenbu. shU) avec huit cents disciples. Parfois aussi appelC Vakula (jap. Bakum).

Bhadra (jap. Badara; chin. Botuoluo). Il est sou vent accompagnC par un tigL·e, car il est repute etre un magicien. Il residerait dans le Tanmom-shQ (Japon) 9

'.

Kiilika (jap. Karika; chin. Jialijia). 11 est reprCsenre comme un vieillard lisant un texte. Il rCsiderait dans la region de SOkada (Japan) avec mille disciples.

Vajraputra (jap. Bajaraputara ; chin. Fasheluofucluoluo). 11 est reprCsentC avec un long baton. Il rCsiderait dans la rEgion clu Harana avec mille disciples~-1 .

Ji'vaka (jap. Jubaka). Fils d'une courtisane de RUjagriha, abandonnC a sa naissaoce, il clevint le mCclecin clu roi du Magadha Bimbisara, et se fit moine. Sa qualitC de mEdecin fait qu'on le confond souvent avec Pindola. C'est peut-ttre cl'ailleurs cette confusion qui a fait attribuer des vertus curatives aux statues representant Pinclola. Il est assis sur unc chaise, les mains cachCes dans ses manches. Un lotus est parfois pose a son d)tC 95 •

Panthaka (jap. Hanraka; chin. Banruojia). Il est lc frere d'un autre Arahant, Chlldapanthaka, er rCsiderait dans le Ciel des trente-trois dicux (Tnliyastl'imsha). Il tieot un chintarru'lni (joyau magique) ala main et esc accompagne par un dragon. Il est souvent reprCseme avec son frCrc. Il dirige mille trois cents disciples%.

100

LE BOUDDHA HISTORIQUE

'··--------=--··--·-·-----Kaoakabhadra Karralmvatsn

Bhaclm K1ilika

Vajraputm Panthaka

101

Page 56: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LE l30UDDI-IA ET LES GRANDS BOUDDHA

Angaja

Vanav&sin

ChUdatJanthaka

Rihula (jap. Ragora; chin. Luohuluo ; rib. Sgra-gchan-jin; mongol Raoli). C'est le fils du Bouddha et un de ses dix grands disciples (voir plus haut). 11 porte parfois la barbe et est souvent accompagne par un claim Ott

un disciple. On le represente parfois assis a cOre d'un bosguet de bambous les mains jointes. Sa residence est fixee dans le HiriyOku-shG. Qapon) ave~ mille disciples.

Nftgasena (jap. Nagasena). Ce sage aurait discure de la Doctrine avec le roi indo-grec Menandre (Milinda), si l'on en ctoit le texte du Mi!indapaflha 97 (« Enrretlens de Milinda >>),On le represente avec un bol d'oli jaillit la fontaine clu Savoir. 11 rCsiderait sur lemont Handoha avec mille deux cents disciples.

Angaja (jap. Ingada; chin. Yinjictuo). Cet Arahanr est Cgalement parfois confondu avec Pinclola, car i1 a de longs sourcils et est rept·esenre assis tenant un sceptre de religieux (jap. nyo-i). Il residerait sur lemont KOky6 Qapon) avec mille tmis cents disciples.

Vanavisin (jap. Banabasu ; chin. Fanaposi). Il est representC les mains jointes, assis a cOre d'un vase. 11 residerait sur le mont Kajlt avec mille quatre cents disciples.

Ajita(jap. Ajita, Daitaka; chin. Ashiduo). On le montre assis auprb d'un vase de fleurs, tenant ala main un long b8.ton. Il residerait sur lemont Jltbu avec mille cinq cents disciples.

Chlldapanthaka (jap. Chudahantaka ; chin. Zhucha Bantojia). C'cst le frhe de Panthaka. Il est repute pour sa stupidire. Cependant, grace au Bouddha, il put Ctudier la Loi et devenir un Arahant celebre pour ses prariques magigues <)H. Il est reprCsentC assis et regardant le ciel, avec un chasse-mouches ala main, souvent accompagnC de son frhe. Il rCsiderait sur lemont Jijiku avec mille six cents disciples.

Ces representations sont typiques mais non fixees. Elles dCpendent largement des lCgendes sur lesqueiles les artistes se sont fondCs pour les reprCsenter. Pour Ia plupatt nCes en Chine, les images des Arahant ont ere fortement influencees par les representations des divinitCs tao't'stes. ExceptC quelgues-unes, les rCgions qui leur soot assignees sont mythigues et font partie des mythologies indienne et chinoise. Le nom­bre des disciples qui leur est atcribue est pcut-Ctre symboligue de Ia force de leur pouvoir.

En Chine, on vCnhe traditionnellement un groupe de dix-huit Arahant (chin. Luohan), groupe qui ne vint a l'existence que vers la fin du xe sH~cle : leurs portraits furcnt realises vers cette Cpoque par le peintre-poete Guanxiu (832-912)9'J. Les deux Luohan qui furent alors ajoutCs a la liste traditionnelle eraiem d'origine chinoise (et apparte­naient probablement au pantheon tao't'que populaire). Il auraient CtC ajourCs par des bouddhistes afin de contrebalancer !'influence du tao'isme wo. En fait ces deux Arahant supplCmentaires, '< Celui qui dompte le Dragon>~ er << Celui qui dompte le Tigre ~~. sont purement imaginaires ; leurs noms memes varient d'un lieu a l'autt'c et d'une epoque a l'autre : on trouve ceux de Nandimitra, d'un second Pindola, de Kumarajlva, et mCme de Maitreya et d'Avalokiteshvara, sans

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Pindola Kanaka

Nakula Bhadra

]lvaka Panthaka

Angaja Vanavil:sin

LE BOUDDHA HISTORIQUE

Kanakavatsa

Kalika

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Ajita

103

ofri: ~r--&li /--

Subinda

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Page 57: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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Lll BOUDDHA ET LES GRANDS UOUDDI-IA

comprer ~~1ux ~e pcrso~u~ages telS que Li~ng, Wudi <?02-550)ou Ash~ vaghosha . D autres settes de Luohan chtnots furent mventees not

11 · ~~~d . •U111~ ment ce e qm est veneree ans cerrams temples de l'Anhui et .

bl . ' qrn

sem ent apparrenu, pour Ia plupatt 1 aux sectes du Chan : W k Chanshi 1 Zizai Chanshi (Ishvara, un moine indicn) Daotong Cl1 "1.'

1. . . • ansu

Fcnggan Chans u (VIIl" steele), Hutyuan Chanshi, Shide Zi et Han 1 ' Z. (d r , ) II . . Slall 1 eux 1atneux poetes , - utzang Chansht, Judi Heshang (le 111 · . d' G . I' . 1 I orne 1n ten unamatl, un c tsctp e c u Bouddha), Daoyue Chanshi Sin tj

1 ( . . ,. ) c 1 , g )U • . ap~ltra m01ne tnc ten, ongs 1en Chanshi (Ix• siecle), Rilhulata (moine tndten mort v. 113 avant J.-C.), Shenzan Chanshi (vets 742) Ku " raj.lva (360-415, moine.indien), Mahiikfishya1?a, Ashva!fhosha (ci1i11. ~:~ mmg Zunzhe), Budai 1-Ieshang ou Budat Chanslu (nne for1n 1

M . ) e ce

r attreya . Au Tibet, on vCnere les seize Arahant de la tradition indient

plus deux autres, les moines Dhannatrata et Huashan (ce dernier tr le, , b1 bl ' M . anr peut-ene sem a e a attreya). Les representations des Arahant chin ·

'b' . ' . bl 1 OIS et tl etams sont tres vana es. I y eut mCme des groupes de femm At. 11 nt 1112 b' 1' ~ · · 11 f' ' ' 1 es a a , 1en que cette qua tte sp11·1tue e ut genera ement refu ' aux femmes qu! clo~vent, en t~1C~rie du mains, se rCincarner dans :~,~ homme avant d attemdrc lc Ntrvana. Elles seraient au nombrc de eli si" l:o~ ~n c:oit une versi.on nCpalaise de l'i\v?tdana-shataka et l'ouvra~ palt mtttule Sanytttta-Ntktl.ya. Elles sont rarement reprCsemees.

AUTRES PERSONNAGES

La mC.re du Bouddha (Maya; jap. Maya Bunin ; chin. Moyo, Zhende Pusa ; tib. SgyU-phrul-ma)

Elle est pen souvent representee. Qu'il nous sutlise ici de rappeler la statuette decrite plus haut (voir «La naissance du futur I3ouddha ))) d'epoque Tang, statuette qui est accompagnCe de deux mitres person~ nages agenouilles, habilles eux aussi a la mode chinoise. Dans certains textes bouddhiques tardifs, Maya est parfois idenrifiee a un Bodhisattva a une T5.di. En Inde, surtout a l'Cpoque Pala, le theme de la naissanc~ du Bouddha fur souvenr reprCsenre, ainsi que sur des peintures bir­manes (au Lokathcikpan de Pagan, au XII' siecle, par exemple).

Bodhidharma (jap. Daruma ; chin. Damodashi, Puridoluo, Zunshe)

Il faut ici Cgalement evoquer Ull personnage bouddhiste, SLH'tOut v6n6re par les sectes Chan et Zen, dont la lCgende se rattache a celle de Shil­kyamuni, et qui n'est pas sans presenter quelgue analogie avec les Arahant. Il s'agit de Bodhidharma, personnage semi-mythique et dom l'effigie, devenue extr2mement populaire au Japan sons le nom de Da­ruma ou Bodai-daruma, est l'objet de beaucoup de croyances et de pratiques qui, pour la plupart, n'ont plus grand-chose en commun avec les doctrines religieuses du bouddhisme. Moine bouddhiste, Bodhidhar­ma aurair inrroduit en Chine, vet·s leVI" siecle, Jes techniques indiennes de medication du Dhyiina. On celebre en Chine l'anniversaire de sa naissance le 5' jour de la 10" lune. Il aurait vecu pendant neuf annees dans ~e monastere Chuzu'an (temple du Premier Patriarche) a Songshan (provmce du Henan), pendant lesquelles il serait reste en meditation tourne vers un rocher, perdant ainsi l'usage de ses bras et de ses jambes. Il y serait mort en 53 5. Selon la legende, Bodhidharma serait ne en

104

In~e. Il aurait aborde a Canton avec son frCrc Daxisekong, puis se serait rendu au palais du roi Liang Wudi en 527. Il serait ensuite alle dans 1e Henan randis que son frere restait dans un temple du Nanhai, oi:1 il 1110urut et rec;ut le titre posthume de Zhulihou. Le docrem Takakusu Junjir0101 cstimc que le pcrsonnage que les Japonais nomment Daruma 'n'est pas Bodhidharma mais reprtsenterait un moine bouddhiste (pcut­Ct1'e appel6 Dhyanabara ?) qui vint des Indcs en Corte olt il moumt en t363. Mais cette opinion, loin d'@rre partagCe par tons les Crudits, ne !'est gCneralement pas par les Japonais qui sont fermcmcnt persuades que Daruma et Bodhidharma ne font qu'un.

L'effigie de Daruma, au Japan, est devenue un jouet populaire. Certaines figurines appelees pous.rah (du nom chinois p1tsa, ~< Bodhisat­tva,>), et qui se nomment au Japan okiagari koboshi (le petit moine qui se relCve), ont parfois la forme des D?trmtta-.ran (Monsieur Daruma). Ces figurines, par l'effet d'un poids intCrieur et d'une base anondie, se redressent toujours aprCs avoir ere renversees. Ces sorres de jouets exis­taient fort probablement au Japan avant !'introduction des doctrines du Chan ct que fG.t connu le pcrsonnage de Bodhidhanna. La lCgendc de celui-ci fournissait un thCme naturellement aclapte a la conception d'un tel jouet, Bodhidharma Ctant lc plus souvent represenre (princi­palement en peinrure) assis en meditation, lcs jambes et les bras caches sous sa robe. Au Japan, on vend gCnCralement lcs effigies de Daruma (en papier mache peint) sans yeux, c'esr-a-dire les pupilles non tracCes, puisque Bodhidharma est cense ecre devenu aveugle vers la fin de sa vie. Ccux qui font un v~ru peignent alors nne pupille ct, si ce vceu se realise dans l'annCc, ils 1< donnent vie >> au Damma en peignant la seconde pupille. Cette petite cCrCmonie est peut-etre analogue a celle de l'ouverture des yeux donr nons avons deja parle IU-l et qui se retrouve dans routes les parties du monde et a toutes les epogues. Au Japan, ['expression << avoir les yeux ouverts » signifie « avoir de la chance )} : les effigies de Daruma soot done considCrCes comme des porte-bonhem. Bodhidharma-Daruma est aussi, natmcllement, un symbole religieux et un exemple : comme lui, aucune force ne pent abattrc dtfinicivement celui qui suit la Bonne Loi. Au Japon, cela se nomme Nanakorobi Yaoki (scp~ ~hutes, huit relCvemenrs), Bodhidharma ayant affirme, selon une tradttton, gue le fidele abattu sept fois se relCvera nne huiriCmc voulant ainsi montrer qu'on ne pent abattre un esprit fermement ~tabli, le nombre huit Ctant au Japon symbole cl'infinire er de stabilitC.

La figurine representant Daruma en vim rapidement a @ere consi­deree comme un puissant talisman. Elle est generalement peinte en rouge (couleur faste, de la chance et de la joie, en Chine comme au

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LE BOUDDHA HISTORJQUE

Nanakorobi Yaoki Dat·uma, 'rOky6, anc. coil. R. de Berval

Bodhi{lhm·ma

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"

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LE BOUDDHA E'f LES GRANDS BOUDDHA

Japan\ sauf le visage qui est blanc, barbu et moustachu, avec de gr yeux globuleux, des sourcils frances indignant une concentration res os lue, ce qui lui donne parfois un air farouche. Assez cudeusemem ~~ existe au Japan, dans certaines rCgions, des effigies fCminlnes de'

1

Daruma, alors appelCes hime-daruma (princesse Daruma). Son cor~: rouge est ornC de fleurs et de symboles. A Kanazawa notamment, c'est nne amulette efficace pour la protection des bebes. Une autte croyanc populaire veut que si l'on enferme un okiagari koboshi dans le tiroie d'une commode (jap. tarmt), celui-ci demeurera toujou.rs plein. Les G~ gurines de Damma sont des porte~bonheur que l'on offre volontiers a !'occasion de la nouvelle annee. Le « marche aux Daruma >>, dans ~~ quarrier de HachiOji a TOkyO, est ues frCquente ce jour-ta. Une croyance commune parmi les geisha du siecle dernier et beaucoup d'artistes de maintenant vent que celui ou celle qui arrive a voler nne figurine de Daruma a l'etalage d'un marchand sans etre Vll de ce dernier atlra clu bonheur pendant toute l'annee ; aussi le Premier de l'an, les con1mer~ ~ants gardent-ils l'ceil ouvert.

Quelques representations japonaises et chinoises, assez rares et probablement tardives, montrent un Daruma latgement hilare : la confusion est possible avec Warai Hotoke, le « Bouddha riant », gar­dien des bibliothCques des monasteres, ou peut-etre meme avec Hotei une des formes populaires du Bouddha des temps futurs, Maitreya. Le; figurines de Daruma sont, elles aussi, souvent groupCes, en couples, ou bien en pyramides de sept, huit ou neuf, ou encore, ce qui est plus commun, en series de huit (afin de multiplier leur efficacitC). D'autres effigies, enfin, se donnant pour des Daruma ne soot pas des poussah mais des ceuvres d'art ou des objets utilitaires. A KOfu (province de Yamanashi, Japan), certaines figurines de Daruma ont, peinte sur l'estomac, unc rete d'enfant (oyako ou kotrtochi darttma). La coutume (peu sou vent observCe, il est vrai) veut que 1' on brflle chaque annee au mois de fCvrier, en mCme temps que les decorations achetees a !'occasion des fetes du Nouvel an, les daruma acquis l'annCe precedente. Cela se passe durant la fete du ·Setsubun (changement de saison), ou bien le jour de Risshun qui marque le debut du printemps.

Bodhidharma fur le sujet favori des pcintres chan et zen, qui se soot cfforces de reproduire son image de routes les manieres possibles, aussi bien serieuses qu'humoristiques.

Les textes nomment et decrivent encore de nombreux personnages, plus ou mains historiques, en relation avec la vie du Bouddha. Ils ne sont pratiquemem jamais represeores, sauf peur-erre sur de rares pein­rures eo relation avec les evenements de la vie du Maitre, et ne font !'objet d'aucun culte: ils depassent done le cadre de cette etude.

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LES BOUDDHA DE VENERATION (JINA)

E dehors de la forme du Bouddha historique, venere en tant que tel, ~0 r~U-dire comme un Maltt·e, un « montreur de voie », le bouddhisme

c es ulaire a consacrC deux formes de Bouddha, ou plutOt de substituts ~opCelui-ci, qui connurent nne grande favem du fait de leur speciali­< e·'on meme : Bhaishajyaguru et Amidl.bha. Ces deux Bouddha, bien '"" 1·w ' c. I '1 ' 'essenticllement c 1uerents, representent en 1att c cux po es opposes qu. se rrouvent en dehors de la Doctrine strictement philosophique du q<U . A L . ' fC 1 ' . B uddha Lm-meme. e premter represente en e tet e « guensseur »,

tole secot1d le « consolateur » des etres.

e '

BHA!SHAJY AGURU (jap. Yakushi Nyorai; chin. Yaoshi Fo; tib. Sman-bla Manta ; mongol Oroclu)

Rien ne saurait mieux decrire cet aspect de la DivinitC boudclhique que les qualificatifs attribuCs a ce substitut dtt Boudha, considCrC cette fois comme une vCritable divinite que I' on invoque pour obtenir quel­que chose : le «Maitre aux remedes 10 ~)}. le «MCdecin des ames et du corps», le «Sage et Savant Docteur des maux de ce monde 106 ~>, appelC Bhishaka ou Bhaishajyaguru dans les textes indiens w7

• Selon une version tibCtaine de ces derniers am, Bhaishajyaguru aurait enseignC la medecine a un groupe de Rishi (sages de l'AntiquitC indienne). Bien que ce Grand Bouddha se trouve dEcrit dans de nombreux textes sanskrits, ses representations n'apparaissent pas avant que les doctrines du Mahayana ne lui donnent, selon la logique bouddhique (laquelle s'apparente a la logique mCdicale), nne specialisation qui en fera le Bouddha guCrisseur par excellence. En Inde meme comme en Asie du Sud-Est, ses repre­sentations soot relativement rares tu<J, alors qu'au Tibet et en Chine, oU Jes bouddhistes Ctaient fortement influences !Jar les pratiques parame­dicales des taoi'stes, son image sc retrouve plm fr&juemmcnt, surtom pendant I'Cpoque des Wei 110

• Il est alors momre dans les memes atti­tudes et de la meme manitre que le Bouddha Sh&.kyamuni dont il ne se distingue que par la figuration, au-dessus de lui, de ses sept « corps >>­

(voir plus loin). Au Tiber, aU ses images soot assez courantes, il est de couleur bleue. Il peut alors avoir cinq formes qui dCrivent peut-Ctre d'adaptations de textes CsotCriques des doctrines du Vajray3.na. Dans la plupart des peintures le representant, il est assis en Vajrfisana sur un soclc de lotus. Les paumes de ses mains sont teintes en rouge. Sa main droite est en Varada-mudd. sur le genou (parfois tenant un fruit de myrobolan), la gauche Ctant posCe clans le giron et portant une coupe (ou un vase plein de mCdecines ou de fruits de myrobolan). En general sa protubErance cr3.nienne est en forme de petit pain de sucre (contrai­rement a celle qui caractCrise le Bouddha Gaurama, qui est large et aplatie).

Au Japan, oU son culte fur tres en faveur jusqu'au XII" siecle, on le nomme Yakushi Nyorai (Yakushi RurikO Nyorai), le «Grand Boud­dha maitre des remedes a l'Cclat de bEryl >->, ou encore Dai-i-6, « grand roi des medecins 111 ». On le confond Cgalement souvenr dans ses fonc~ tions, surtout au sein du peuple, avec l'Arhat Pindola Bharadvfija (jap. Binzuru Sonja). Les Japonais lui accorderent rant d'importance qu'il

107

Bhaishajyaguru (Yakushi Nyomi)

LESJINA

I.

I , ,, !

Page 59: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LE BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDHA

Yakushi Nyo1·ai, bronze, Japon, Nara, KOfuku-ji, VII' siecle

Bhaishajyagm·u, gravure japonaise

Yakushi RurikO Nyorai

t ~ .W:··. '" ..

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fur meme, en certaines circonsrances, principalement dans les scctes CsotCriques, place au centre du pantheon bouddhique, a la place de Dainichi Nyorai (skt. Mahftvairochana) ou cl'Ashuku Nyorai (skt. Ak­shobhya)112, clans le mandala du Vajradhfttu de la secte Shingon, par exemple· 13 • A l'Cpoque de Kamakura (1185-1333), au cours de laquelle la ferveur pam le Bouddha Amida Ctait considerable, certains meme n'hCsirerent pas a I' identifier a ce dernier, ce qui Ctait tout a fait inor~ thodoxe. Trois sectes japonaises lui rendirent un culte sCparC et le consi~ dererent comme l'TintitC supreme, celles du HosshO-shU, du Tendai~shft et du Shingon-shU, alors que les atttres sectes ne le regarderenr que comme un simple aspect de la Divinire (secte Zen entl'e autres). Les sectateurs de la Terre pure d'Amida OOdo-shU) et de Nichiren ne lui accordent plus qu'une consideration tres limitCe 111 • Cependant la po~ pularitC de ce Bouddha guCrisseur dCpasse largement les cadres clog­matiques des sectes, et il est encore venere, a titre individuel, par beaucoup de Japonais.

Un des traits caracreristiques de ce Bouddha est le fait qu'il aurair prononcC, Ctant encore un Bodhisattva, dou:te grands vceux 11\ dont certains concernaient la guCrison physique des malades. Un autre de ses vceux erait d\~clairer le monde par la lumiCre emanant de son corps, et c'est la raison pour laquelle il est parfois identifie au Japan au Grand Boudclha de la lumiere solaire, Dainichi Nyorai 116. Comme chaque ]ina, il a une terre de predication. Celle-ci, que la tradition situe a l'est, c'est-B.-dire du cOre du soleillevant, le prtdestinait a devenir un Baud­elba essentiellement japonais, les lles du Japon, les plus orientales de l'Asie, erant placEes SOLIS le signe du soleil « ne de la mer>>. Et c'est peut-@tre la situation a l'est de sa rene de predication (ocean Pacifique) qui incita les hommes a penser que sa residence divine, son paradis en quelque sorre (lequel participe de son second vceu), erait une terre de

108

. . beryJll7», d'oU le nom qu'il prend Egalement de Bhaishajyaguru « P.~ . aprabhilsha (jap. Yakushi RurikO), « a l' eclat de bEryl >>. Ces Vru .t:ryl ritEs furent probablement dererminantes du fait que Bhaisha-partlcu a "' d' · · ' b ddl · ' ' ' ' ' . . fut l'une des premteres 1V1Llttes ou uques a etl'e vencrees Jyug~uu

11 et devint l'une des plus importantes. Le celebre temple du

tltlo!:'1rr~ji: a Nara, aurait en effet ere Cdifie par le. regent. Sh6rok~1 pot~r I:I by'ter une gmnde statue en bron:te de Yakuslu Nyorat, dans 1 espou· Y ,abr·l ir de ce Bouddha-medecin la guerison de l'empereur Y6mei doteo l ldYil'"f ., . 587). En 680 Cgalement, e temp e u a ms 11-Jl ut construtt a (vers alors la capirale du Yamato, sur l'ordre de l'cmperem Tenmu ~ara,l'obtcnir la guerison de l'impCratrice malade''H. Connu .au debut ,,w ( d l . f ' . 1 s sculs grands personnages e a cour, puts, au ur et a mesure p,tr \ fes doctl'ines bouddhiques se repandaient dans le pays, par des ~ue 1 es de plus en plus largcs de la population, la reputation de couc 1 c. l' ' . d "' l y k shi Nyorai ne tlt que granc 1r et, a parttr u vmc stec e surtout,

a ~~ulte prit une grande ampleur 11 ~. Des lectures du Yakttshi-kyfJ (texte s~n onicJUe d'invocation a ce Bouddha) etaient faites dans les temples (,\11 . l ' d ' . . l l' , l'on proced~ut Cga ement a es ceremomes c e repentance appe ees ~~kushi-keka!?.O a l'OCCaSiOO desquelles On aban~011~ait temp?raitetne~t

tte activitC de chasse ou de guerre et on relachalf des ammaux prl-rot .... 1 . bl niers. Ces cCrCmomes, qur comprenatent un nte c e ctrcumam u a-

~?~1 aurour de la statue de Yakushi (rite appele GyOdo-keka) 121 , Ct~ient f~ites soit dans le bur d'.obtenir nne J?u .. Cris?n 122

, so_}r, dan~ ceh~1 de conjurer des malhcurs nauonaux (calamttes dtverses, eptdCmtes, seche~ rcsse etc.) ou personnetsm. Dans ce m@mc but, les scctateurs du Tenciai~shft offraient a Yakushi Nyorai (tout comme a Dainichi Nyorai, \'ailleurs) des lampes et des lumihes, par analogie avec un rite magiquc ~~~stinC a augmenter la puissance lumineuse du solei!, alors identifiC au ((corps lumineux » de Yakushi ou de Dainichi Nyomi, a la fin de l'annCe, on pour chasser, en d'autres occasions, les puissances malCfiques des tCnebres 12 ~.

Les sept col'ps ou fol'mes de Bhaishajyaguru

Certains textes sanskrits, commc le Saptatathdgata-pTJrva-pranidhiinavi­chesha-vistara, ou chinois m dtcrivenr sept 0::{ cmps 1} ou emanations que Bhaishajyaguru pent assumer lors de ses fonctions de guCrisseur, parmi lesquels celui de Bhaishajyaguru lui-m@me. L'un de ces corps d'Cm~­nation (jap. BttSshin) 12'' est parfois considet·e au Japan comme une ch­vinitC indCpendante : ce Zen MyOshO Kichij0-6 Nyorai 127 est alors confondu avec Yakushi Nyorai. Ces emanations sont generalement rc­prCsenrCes au-dessus de l'image de Bhaishajyaguru 128 : elles ant une camation rouge ou jaune d'or et font des gestes differents, bien que ces divinitCs soient routes Cgalement assises en Vajrftsana (sur les pein­tures tibCtaines), ou bien placees sur son aureole corporelle, tenant ala main un chintfimani 1N. Ces emanations sont parfois sculemenr symbo­lisCes par leurs lettres-gennes respectifs (bija ; jap. shfiji) traces en ca­racteres Siddham sanskrits. On attribue a ces sept emanations des paradis distincts, rous situes a l'est, et un certain nombre de vocux llll.

Les representations de Bhaishajyaguru

Nous avons vu qu'au Tibet, er clans la peinture lama'ique en general, les images de Bhaishajyagum suivaient presque routes le m@me schema d'ensemble. En Chine ct au Japan, ses images soot plus diversifiees,

109

LESJINA

Bhaishajyaguru, bronze, JalJon, Nara, HOryCl-ji, VII" siede

Bhaishajyaguru (Yakushi)

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Page 60: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LE BOUDDHA TIT U\S GRANDS BOUDDHA

Bhaishajynguru

Yakushi Sanzon

bien qu'obCissant sensiblement aux memes regles : il est gener·tl A A • l . l. b •emellt representc assts, a mam c rotte en a sence de crainte (Abhaya) _

don (Varada), la main gauche Ctendue le long de la hanche (poo~t.en d b ) b. d 1 · sttto11 e out ou ten reposant ans e gtron, tenant (au non) le pot a decinel_j 1• Ce pot a medecine est parfois appelC, a tort, bola au~1 ~ne. 1'•'t ) E r · ' l b l ' Ad · bA 1 · ones \f'a ra : n ~a1~ c est e :' ? a me ecme en . cry >~ (pp. ruri yakko. La mam gut ttent la boue a onguent est toujours stmplement et y.) rada~mudrfi, la bolte (ou le pot, ou le gobelet) est simplemem

1

1 :-l l . l'Tl' ·. 10Sce c cssus, car es tmages c un at mgata soot COUJOUrs tmmuablemer .

A A Cl . J . 11 te-presentees, en 1mc comme au apon, sans objet, en muclta sin 1 U l . . l Y h. R 1 . N' y· · · 1P e n texre c uno1s, e . rtOJ t tt•at wnsong tgm (Jap. Yrtkttshi N, . : N G 'k ') ' . d l . )0/at enzu t t , precise cepen ant : « De a mam gauche faite jJOrt • ,

llh .l · • Ad. eta a1s 1ajyaguru un pot a me ecrne ou une pede ptCcieuse. La tn · droite sera dans la muddi de l'Union des trois mondes m. }> Cette lat~l

" l ' l ' ll l ' b . <et­mere muc ra correspon<- a ce e c e 1 a sence de cramte (Abhaya) · • l r · 1 . l l ,cest a tonne. ICo,n?gmp uque a p us co:uante au Japan et en Chine. H

semblerart d atlleurs que les plus annenncs rcprCsentations de Yaku 1 · Nyorai que nous commissions au Japan nc possCdent pas de bot a 1~;~ decine (mais peur-erre celui-ci a-t-il simplcment clisparu). Par aillet . Bl . h . . l r . l . ItS 1a1s" ajyagum smt es tormes 1conograp uques des Grands Bouddha (Tathagata) 11-1 ,

Cependanr, il convient de signaler une forme particuliere d Yal~ushi Nyorai (effigie au H6kai-ji, a Yamashiro, Japon) 114 dont le~ mams sont en Dharmachakra-muclrfi., tenant le pot a mCdecine. D'antres formes iconosraphiques e:xJste?t, fondCes sur des texres clifferents (par cxemple representant Bhatshajyaguru avec le ponce de la main droite touchant l'annulaire de la main gauche) 1 '~, mais ces diverses formes sont principalement menrionnCes dans des traitCs thCoriques ou bien ne se trouvent figurees que sur des mandala 116

Enfin, dCtail non expliquC, au J apon, Yakushi Nyorai ne fait pas partie des deux grands mandala du Vajmdh&.tu et du Garbhadhiltu de la secte Shingon. Tajima Ry0jun 1

-l7 donne les raisons qui pourraient

Cventuellement expliquer cette absence de representation. Cclles qui nons paraissent lcs plus tviclentes associent Yakushi Nyorai a Aksho­bhya (jap. Ashuku), le Boucldha de l'Est dans le Vajradhdtu Mandala, et a Mah&.vaiwchana (jap. Dainichi Nyorai) dans le Garbhadhdttt Man­dala.

Les acolytes de Bhaishajyaguru

Cctce clivinire se uouve souvent entouree, en sculpture comme en pcin­ture, par deux Bodhisattva, SUryaprabha (ou SUryavairochaoa; jap. Nik­kO Bosatsu), symbolisant la lumiere du soleil, et Chandraprabha (ou Chandravairochana; jap. Gakk6 Bosatsu), symbolisant celle de la lunc, l'un veillant sur les morrels pendant le jour, l'autre pendant Ia nuit llH,

Ensemble ils forment un groupe appelC « auguste triade de Bhaisha­jyaguruHY» (jap. YakUJhi Sanzon). Sfuyaprabha et Chandraprabha soot montrCs debout ou assis en Lallt&.sana. Stu-yaprabha est, en peinturc, representC de couleur orangee, alors que Chandmpmbha est de coulem blanche. Ils sont vetus d'une robe monastique a longues manches, sans ceinture, ant des souliers aux pieds (ce qui est exceptionnel dans le cas des Bodhisattva) et les cheveux noues en un haut chignon enroure d'unc couronne de soleils (pour Silryaprabha) ou de Junes (pour Chandrapra­bha). Cependant leur vetement peut varier d'une peinture a l'autre, de

110

,.. ue leurs bijoux et diademe. Bien que les mudra qui leur soot me~~~ ies ne soient pas absolument fixees, ils rtalisent souvent le gestc ilwl; bu ence de crainte et d'offrande (Abhaya-Varada), symttriquement de • 5 • b' l · A • A-· 1· , , r rapport a 1 autre, ou 1en ont es mams reuntes en np I-mu-lt.~lll't'' portent aussi parfois un lotus dans la main droite et un disque dnt· 5 l d l. l . hire (SUryaprabha) ou un otus ans a mam gauc 1e ct un croissant ~~'tune (Chandraprabha). On les montre aussi comme des adolescet;ts,

. les cheveux retombant en longnes meches. Le lotus blcu (t>~fjJrtlrt) avec , l . A . l' d. l . qu'ils tiennent alord·s a

1 a mEam cs.t Si..JL'm(S~~te sottbcl un tsq~e. so atr~,

soit d'un croissant . ~ une. .n p1ctnture, c urby~tpr~ 1

1a est

1 pCat

1·rmsdreprc-

e sur un char tire par trots C 1evaux, Oll 1Cl1 a C 1eva . 1an t'apnt­SbC[I~t est parfois montre chevauchant une oie 110

• Ces Bodhisattva soot 1'1 A A . d A d l Bl . l .

'1danttrarement representes 111 epen ammcnt c e · 1a1s 1aJyaguru.

cepe ' Lcs douze guerricrs de Bhaishajyaguru

Bhaishajyaguru commande Cgale~nenr a douz; guerriers (p:rf?is c.onsi; ICrCs comme des Yaksha1

-11 ou tttans), appeles au Japan Jmu Shmsho

(ou]Uni DaishO dans le BtttsttzO-ztt-i). Ils sont censCs protCger les fideles en presiclant aux heures de la joumee comme aux mois et directions le l'cspace. Ce sont douze (parfois seulemcnt neuf) gCntraux dont les ~rnu~es combattent les maladies. Ces douze guerriers scraient Cgalement ~cprCsentati6>. des d~uze vreux de Bhaishajy~guru. Ils ~0~1mancleraient aux quatrc-vmgt nulle pores. de la peau, defendant amst, au nom de Bhaishajyaguru, la sante des fideles 112

• Bien que decries dans les textes sanskrits 1·13, chinois1_,_, et japonais 1-1', les attributs qu'on leur donne ainsi que leur couleur (et parfois memc leur nom) peuvent varier. Les pein­tures d'Asie ccnnale (de Khara-khoto notamment) les reprCsentent comme des Yaksha indiens, avec des expressions farouchcs, pares comme des Deva ou Asura. Ils soot alors consicleres comme des gardiens de l'espace (Dikpiila). Ils sont Cgalement assimiles, surtout en Chine et au Japan, aux gardiens des quaere points cardinaux (les Lokap&.la ou Cha­turmahiidija), comme des guet·riers en armure. Ils sont rarement rept·C­sentCs indtpendammenr de Yakushi Nyorai, sans qui ils nc sauraient avoir cl'existence. Ce sont (dans l'ordre donne par lc BtJtmzfJ-z!t-i et le Bukkyff Daiji-ten) : - Khumblra (jap. Kubira) t-1", jaune, anne cl'un vajra. - Vajra (jap. Bazara, Bajira), blanc, armC d'un glaive. -Mikita (Mihira; jap. Mekira), jaune, anne d'un vajra. - Andira (jap. Anteira), vert, artnC d'un maillet ou d'un chassc-mouches. · - Anila (Majila; jap. Anira), rouge, anne d'un trident Oll d'une neche. - Shandila (jap. Sandeira), gris, arme d'un glaive Oll cl'une conque. - Indra (jap. Indara, Inclatsura), rouge, armC d'un biiron ou d'une hallebarde. - Pajira (jap. Haira), rouge, arme d'un maillet, d'un arc Oll d'une flCche. - Mah6raga (jap. Makara, Makura), blanc, arme d'une hache. - Sinclura (Kimnara; jap. Shindara), jaune, anne d'une corde ou d'un chasse-mouches et d'un bfiton de pelerin (khakhara). - Chatura (jap. Sh6tora), bleu, anne d'un maillet Oll d'un glaive. - Vikarfi.la (jap. Bikyara), rouge, arme d'un vajra a trois pointes.

lis sont gCnCralement reprCscntes debout, en armure, dans une attitude martiale ou mena<;ante, casques ou les cheveux hCrisses, avec une

Ill

LESJINA

Acolytes de Yakushi Nyorai, fresquc du HOryll-ji, Japon, Nara, vets 710

U n des gucrricrs de Bhaishajyaguru, ret'l'e stdw, Japon, Nata, Slun-Yakushi-ji, Vlll' sitde

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't'i 'J,

Page 61: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LE BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDHA

Khumblra Vajra Mikila

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Anila Shandila Indra

Mah8raga Sindura Chatura

112

Andira

Pajira

VikarS.la

)resslon feroce. Au Japan, aprCs la periode de Kamakura (1185-1~33), ces douze guerriers furent parfois confondus (ou associes) aux

1· uze animaux Otmi Shi) du cycle des annees. '

0 En dehors de ses deux acolytes et de ses douze guerriers, Bhai­

h!ljyaguru est thCoriquement entoure de huit grands Bodhisattva qui 5 >Ot : Mafijushri, Avalokiteshvara, Akshayamati, Mahfisthamaprapta, Mnitreya, Bhaishajyarfija et, au Japan, HOdange Bosatsu 147

• Ces huit B~dhisattva ant pour tache de montrer aux fideles le chemin du paradis d'Atnltftbha. Parmi ceux-ci se trouvent deux Bodhisattva de la medecine (au Japan Yaku-6 et Yaku-jO) q~i serai~n; deux frere~ de la s~ite d'AtnitB.bha dans sa « descente » (Jap. Ratgo) ou « accueil des fideles dan~ le paradis d'Amidlbha ~~. et qui representeraient la puissance pudficatdce du soleil 1 ~ 8 • En peinture, ils sont monrrCs tenant a la main une branche de saule 1w. Ccpenclant ces demieTes attributions de Bo­dhisattva a l'effigie de Bhaishajyagnru nons paraissent tres rardives et furent probablement des tentatives des sectes venerant Amitftbha pour essayer d'englober dans leurs doctrines celles qui sc rapportaient a Bhaishajyaguru et ainsi gagner a leur foi une partie au moins de ses fldEJes. On ne peut guere accorder de valeur symboliquc absolue a ces derniCres attributions qui demeurent, du rcste, tout a fait rhCoriques, ec dont les fideles se soucienr pen. Le populaire venere non seulement Ia divinitC de Bhaishajyagum, mais, par un phCnomCne qui se rctrouve sous toutes les latitudes et a routes les epoques, ses statues elles-m@mcs, qui deviennent ainsi, par transfert, des sortes de fetiches. Il venere ainsi certaines statues de Bhaishajyaguru comme Ctant plus ou mains efficaces dans leurs pouvoirs de guerison. Les vertus qui sont genera­lement atrribuCcs par les fideles aux statues de Bhaishajyaguru sont multiples : on les croit capables de veiller sur la santC des gens, de les prott':ger contre les epidCmies et les diverses maladies, contre les dangers qui guettent leurs families et les femmes en couches, de les preserver des pCrils encourus lors des voyages en mer, et m@me de guerir de la srCrilite 150

Il existe, au Japan surtout, de nombreuses effigies de Yakushi Nyorai (Bhaishajyaguru) auxquelles le populaire attribue des pouvoirs merveilleux cellc du KaizO-ji a Kamakura aurait ere decouverte - Ia tCte seulement- par un moine du nom de Genna alors qu'elle gCmissait mutes les nuits dans la terre oU elle se trouvait cnfouie a la suite d'un catadysmc. Ces gemissements auraient miraculcusement cesse lorsque le moine eut repare la statue 1 ~ 1 • Les Japonais vCnCrent egalement des statues de Yakushi Nyorai dans les stations thermales, notamment a Kumano Yunomine Onsen.

Enfin, roujours au Japon, nne divinitC syncretiquc appelee Gion Tenjin, protectrice du sanctuaire de Gion a Ky6to, est souvent iclenti­fiCe comme eranr une emanation de Yakushi Nyorai, laquelle ne serait autre que le heros mythique Susanoo no Mikoto, frere turbulent du Kami solaire Amaterasu 6mikami des lCgendes du shintO. Cette clivi­niH! n'a pas de forme fixee mais se distingue parfois, sons le nom de Gozu TennO, par un criine de b~uf pose sur sa rCte. Elle a l'apprence d'un Deva, avec deux ou plusieurs bras. Cependant cette identification syncrCtique est souvenr contestee.

On voir que, pour Bhaishajyaguru comme pour les autres divinirts du pantheon bouddhique, de nombreuses opinions partagent, non pas lcs fideles, mais les rheologiens. Il est roujours difficile, dans le

113

LESJINA

Bhaishajyaguru, ses deux acolytes et ses douze guerrieL·s, image pieuse japonaisc (O[uda)

f

Page 62: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LE BOUDDHA ET Ll:S GRANDS BOUDDI-IA

Amitil.bha, gravure tibCtaint a droite: Amid a Butsu

~~hayana, ~·~ff:rt;-Jer un dogm~"quelconque et de le definir avec re oswn : la drvrmte est, eomme l etre humain, sujette a d'infinies P_. ~ . . Ell . ' ' d ' ' l . vaua. t_wns. _ e auss1 n est qu _un ea ~-e genera qm ~e p~u; se satisfaite de

rCgles ~l.~p absolues qu; tlsqueraret~t, dans l~ur ngtd~te, et selon l'Cthi~ que astatlque, de leur oter toute vte : ce qm est vraunent vivant •

. l "'l· . ' ,cest ce q~u peu~ cJ mnget, c:-ro uer, s~rt~u~ ce qm pent etre eonc;u de mill mantCres cllfferentes smvant les mdlVtdus. Car en definitive la n,· · . e

, • < vtnttC nest que ce que les hommes veulent bien qu'Elle soit · Elle reste

1 · r . . · avant

tout Jumame, se transrorme et vtt parm1 les hommes qu'Elle a ·.·I l d''l c• . •pour mtsston c e sou ager, ate cr. Les 11deles ne sauratent La concevoi.

tremcnt sans s'Cloigner d'Elle. 1 au~

AMIT ABHA, LE BOUDDHA Dll L' AU -DELA

D'origine indiennc comme la plupart des atlttes fmmes du Bou Ill bistorique, Amid'ibha n'est cependant pas formellement atteste en r"d"

'd"'dl d ue, peut-etre u uut e a perte es textes qui en parlaient. Le [Jlus an · ' . I' . d' I Clen temo1gnage que on att un cu te rendu a Amidibha paralt en effet

dater du voyage que fit en Indc le pelerin chinois Huiren (Canmin) 71~-719. ~'est au VIII" siecle seulement que son culte aurait ere intr~~ du1t an T1bet par Padmasambhava m. Mais des sihra a la gl ·. d'A . 'bl , . l'" I oue mtta 1a eta1ent c cp trac uits en chinois, des les II" ou III'" siedes J notre ere: lc culte d'Amit:lbha avait done a cette epoque une certai1 e · 0 r · Je unportance. n a panots rente de lui trouver une origine iranienne ce qui p~ralt plausible ~n rais.on de la situation occidentale qu'il occ~tpe da~s ~ espf~Ce bouddhrque d nne part, et de son aspect solaire de l'autre. Il etatt evtdemment tentant d'en faire une sorre de « bouddhisation » de Mithra. Mais son origine n~·elle reste encore a determiner. Aucun aspect du Bouddha n'a fait couler autant d'encre sous la plume des tbeologiens et exegetes ni suscite autant d'opinions diverses sur sa per­sonnalitC que le personnagc d'Amidbha. Mais c'est justement ccla qui

114

permet, non pas de le dCfinir (il y faudrait consacrer plusieurs nou~ages), mais de le cemer avec suffisamment de ptecision pour que 0011~ puissions nous le reprCsenter comme le con~oivent scs fideles. oou Cet aspect du Bouddha, appele Amida au Japon (Mida par licence

Ctique), correspond aux formes sanskrites tat·dives d'Amit:lbha m, ~?Amitfiyus 1 5~ et d'Amrita 15

' car il est pratiquement ignore des doc-'nes du Petit VCbicule 156• On situe sa terre de predication (son paradis)

trouest. I1 symbolise clone, a l'oppose de Bhaishajyaguru, le soleil ' uchant. Et, roujours par opposition (et complCmentadtC a la fois), la c~e dnns l'au-dcla, ce que nons appelons chez nons la mort et la vie vlJJres celle-d. Son paradis occidental est la Terre pure (Sukh1vatlvyliha ; • k J'd > c r 1 , , " d 'b • d 1 ·up. Gokura u o o : « est a que es ames , e arrassees e eur ~fl.tl~ue d'impuretCs, pures de tout desir, sc rendent ft l'appel d'Ami-

tftbha 157• »

Amitiibha est le Bouddha qui aceueille, qui console dans l'au-delft. C'est Cgalement un Bouddha de « pouvoir intellectuel 1

l8 » : il est la

(( cause excellcnte ~> de la « sapience du disccrnemcnt merveilleux »

(Pratyavekshaii&jfiana) 1 s~. Toute compassion, il clelivre les Ctres de leuJ:s souffranccs et les accueille dans sa Terre pure.

Cependant, selon Paul Mus 1r,o, Amidbha scrait, de mCme que les autres Jina (aspects du Bouddha), une personnification de l'un des epi­sodes de la vie du Bouddha historique (voir au chapitre des « Grands Jina ~~). Al01'S qu'il n'etait encore qu'un Bodhisattva, Amit3.bha aurait mCditt pendant le temps de cinq Kalpa (Crcs bouddhiques et indiennes) avant de prononcer son grand vceu en quarante-huit points par lequel iJ s'engage a sauver tons les Ctres quels qu'ils soient et oU qu'ils se trouvent 1

(,1-

Cette fonction salvauice, jointe a la simplicitC de la doctrine des diverses sectes de la Terre pure, lui valur nne popularite considErable, tant au Tibet qu'en Chine ou au Japan (secte du JOdo-shU qui fit d'Amida sa clivinitC principale, et secte du JOdo-shinshll qui en fit sa divinitC unique). Il est d'aHlcurs difficile de dEterminer qui, de la per­sonnalitC p1'Dpre d'Amidbha ou de la simplicitt des doctrines (< ami­distes >), contribua le plus a !'immense faveur que connut Amidibha auprCs des fideles. Il est probable que !'aspect consolateur d'Amit:lbha parla autant au eceur des hommes que la simplieitE des doctrines fon­dCcs sur la foi plut aux masses illettrCes comme aux guerriers et aux aristocrates, peu soucieux de pratiques rituelles compliquCcs ... Il est d'aucre part certain que l'essor des cultes et des docuines amidistes au Japan U partir du IX" siecle 16" tmnsforma de fond en comble le boud­dhisme japonais dans ses rapports avec le peuple, en diffusant des bribes de ses doctrines jusque dans les couches les plus humbles de la popu­lation. On peut done affirmer que l'amidisme (d'abord celui de la secte du JOdo, puis celui du JOdo-shinshfl) a profondCment modifie les pro­cessus de pensCc clu peuple japonais, contrairement aux autres pays aU son influence ne fur guere plus importance que celle des autres divinitCs du pantheon bouddhique. Avant le IX" siCde, les Japonais voyaient les divinites bouddhiques (peut-erre a l'exeeption de Yakushi Nyorai) comme des entites CtrangCres, aristocratiques, qu'il Ctait bon, certes, de ne pas offenser et qu'il convenait de revCrer, mais avec lesquelles ils o'entretenaient pas de rapports directs, separCs d'elles qu'ils eraicnt par nne masse de textes religieux (pour la plupatt Ccrits en chinois, langue a laquelle leur instruction ne leur permettait pas d'avoir acces, a mains

115

LESJINA

Amitfibha, pierre, Java, Borobudur, fin vm'siecle Jakarta, musCr: national

Daibutsu Amida, bronze (hauteur : 1 5 m), Japun, Kamakura, 1252

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Page 63: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LE BOUDDHA E'r LES GRANDS BOUDDHA

Amitllbha, bronze dot€, Chine, XVI"-XVIIe sU~cles,

coli. part.

d'appartenir a la classe des grands aristocrates ou a celle des mo· d 1. . · . . d Illes) et par es re tgteux qm se souctatent peu e se mettre a leur j)Ott'

d 1 d . 1 · · c b M · ' ee" ont es 1scours cur paratssatent 10rt a scons... ats a panil' du 'd h ' d . l ll\Q. ment ou es onunes comme eux, et meme es pnnces ~._ e sang (cot

I 1 1 . !(' Sl , . ) ! . nn, nous e verrons p us 0111 avec uya 101110 et c es momes denmn· · ' · 1 ' '1 d 1 "" mtrent a parcounr es cunpagnes et a prec 1er ans cur langue

gens des campagnes, leur racontant des lCgendes qu'ils pouva·a~ comprendre et leur expliquant les textes sacres a l'aide de paraboletent d,. 1 J . d set tmages, es apona1s, rant ceux es campagnes que CCLIX des villes les guerriers, se sentirent invinciblement attires paJ: la personnal"te~

· d'A "d A 1 ' · · ' 1 e route compattssante m1 a. ce a s aJOutatt une sorte de ten . sacree de la fin du monde (la mCme, a peu de chose prCs, que celle. eu: fit trembler lc monde occidental aux approches de l'an mil), les moi~lll annon<;ant la venue du Mapp6 pour le milieu du XF siCcle, << Ere Js degenerescence de la Loi bouddhique » qui apparaissait aux fimcs sim~ ples de ces epoques troublees comme devoiJ: @rre une sorte de fin dl monde. En Chine, ce phEnomCne, bien qu'il flit connu des moines

1

n'affecta aucunement les populations, le bouddhisme Ctant deja a cett~ Cpoque (et cela depuis l'an 845) une religion peu rCpandue dans les masses et qui n'intEressait que quelques communautCs de fidCies. Chacun avait. done, au Japo.n, comme .un~ hfite de c,mir~ en quelque chose de medleur, se sentatt un besom rmmense d esperance en un au-dcla different des sombres angoisses d'un inconnu qui leur semblait effroyable. Certains qu'ils avaient dCsormais la possibilitC, queUes que fussent lems errances, d'avoir accCs, au prix d'un pen de foi, au paradis de la Terre pure d'Amida, ils en vinrenr a considCrer lem vie ici-bas d'une maniete diffCrente, la concevant dCsormais comme nne simple pCriode transitoire, et leurs conceptions, de concrCtes qu'ellcs Ctaient, sc spiritualisCrent ptogressivcment. Le sentiment de l'impermanence de route chose, idee chere au bouddhisme, imprCgna profondCment les esprits japonais et modifia de maniEre sensible le comportement des hommes : ce nouvel esprit ttansparalt clairement dans toutes les cruvres de l'epoque, dans les romans comme dans les comes Cpiques et m@me dans les correspondances particulihes et les notes intimes. Au XII' siC­de, periode troublCe au cours de laqudle de tragiques CvCnements don­nErent de plus en plus de poids a cette idee de !'impermanence, memc les guerriers les plus endurcis ne pouvaient s'empCcher de sanger sans cesse a celle-ci : d'une part elle lcs rendit plus acrifs, peut-Ctte parce que plus fatalisres, mais d'une autre elle contribua rres fortement a leur faire mepriset la mort, consideree non plus comme nne fin inevitable qu' il importait de retarder le plus possible, mais comme un simple « passage >; vers une vie meilleure, route de paix et de sCrCnitC. La sociEte japonaise s'en trouva transformCe. En Chine, Amitfibha fut tout d'abord assimilC a un Bouddha particulier, le Bouddha de la PfCcieuse Loi (Fabao), puis fur finalement idenrifiC comme Crant Omituo Fo (uanscJ:iption d'Amitfibha Bouddha). Son culre parut devenir important vers le V' siecle, avec !'apparition des doctrines de la Terre pure au du paradis de l'Ouest (chin. Xitian).

On le connut la sons de tres nombreux noms, tels que « Maitre originel » (Upadhy5.ya ; chin. Benshi Heshaog), « Souverain Maitre du paradis de l'Ouest » (chin. Xitian Jiaozhu), « Grande Compassion ct Sympathie » (chin. Daci Dabei), etc. On croit que le nom mCme cl'Omituo Fo (Amit:ibha) fut introduit eo Chine par un moine d'Asie

116

. 1 1 pele Jilugacan ou Jiloujiachan, qui s'installa au monasthe 'eo era e, a) · S") ' L f" d' d · 1

l , 1 Blanc (chin. Batma 1 a uoyang a 111 y tra mre es textes Ill (1eva ~ 1 · · ' a Amit:lbha. Son culte se deve oppa progress1vement, mats ·tlferents '"1 J D 1 . ', · it jamais l'ampleuJ: qu 1 eut au apon. ans ce pays, es espnts 11 ill'CC)l~~ S avaient dej·a etC quelque pen preparCs a i'apparition des cultes opuatre' ' . · ~b P u Bouddha Amida p~r .les d?c~n.m;s syncrCtt.ques (apparu~s au de ~tt

d x• ·ecle) qui assoCiarent dtvtmtes bouddluques et Kam1 du terrotr. du J, " · ( · d "d fut tout d'abord, dans cet espnt et auss1 e par sa nature so-J\tUI a j" · · ' 1 . 1 K . 1 1 . .. ) 'dentifiC a une autre c tvtntte so aue, e am1 e pus tmporranr laue, 1 1 d · · ' · 1 A 6 ·1 · d lte shintO anc@tre de a ynast1e unpena e, materasu m1 <amt, u eu ' · · 1 d'I D ' R 'b 1 . ' t. t. , dans le sanctuatre nattona se. ans ce meme yo u-s unto

vcncree c dA 1 II .. .. k d . d 1 l 'ne syncrCtique 10n ee sur e - onj1-SU1Ja u, ou « octnoe e a

(< oetrl ll d ' 1· ' ' · I

'te » ou avatJra), dans laque e uo rapport e rca Jte a mam-< eseen ' · 1 d" · · ' b ddl · '" 1 I( · d , tion erait erablt entre es tvinJtcs ou uques et es am1 u ,esta "d ·c A' II" l · Sl h" K · d Sl · tO Am ida fut Cgalement t entme a - tyos 11 lOS 111, un am1 u

un, Hiei (pres de Ky8to)164 , a ShOjo Gongen (Ietsu no Mikoto) de moo !( . 11 A

Kurnano, eta 1-Iachi:r;an.(?.u .. Yawata), amr ~e a guerre nom~e_,?ar-

1. du temple du 1odal-JI a Nara16s. A partir de la fin du IX steele,

(\CO 1 "d" ' '1 A d 1 J de trCs nombreu~ temp es ill!ll 1stes mren.r e ~ves ans tout e apo~, ·,par des foncttonnall'es, sott par des parttcuhers ou des communautes

SOl 'd'l d'A "d d ' A villagcoises, le oombr; des 11, e es . m~ a ne ce~san~ e s accrottre. Ccs temples furent denommes Amrda-do (salle d, Amrda), ou e~K.ore Mury0ju-int66 selon les cas ou selon l'apparten~nce .. a une sec.te mmdrste

1 esotCdque clu fondateur. Ces temples tendatent a reprodutre sur terre Ol 1 1 , F .. le «paradis d'Amida >>. En 1020, par exemp e, e regent UJtWata no Michinaga (966-1027) fit Clever le temple du H6j6-ji dans cette in­tention et, a son propos, le Higa-monogatari raconte qu'il « construisit tcllement de salles qu'il semblait que l'on avait la Terre pure sons les yeuxl67, ,, L'architecture des temples bouddhiqucs s'en trouva Cgale­ment transformee, car il erair alors essentiel que la statue d'Amida se trouvfit placCe au centl'e de la salle d'adoration, les fidCles devant faire unc circumambulation 16~ tout en rCcitant l'invocation rituelle du nom d'Amida ou NembtttJU tm. Certains temples devaient prendre des dimen­sions oblongues 1111 , afin d'abriter les neuf aspects (Kubon) d'Amida il. J'intCrieur de la Terre pure (aspects correspondant aux neuf clegres de maturite des erres re~us par lui dans son paradis). La decoration des remples, d'austCre qu'elle Ctait, chaogea Cgalement : les edifices devin­reot luxueux, s'ornereot de £leurs, de jardins et de lumiCres innombta­bles. Fetes et processions s'y deroulaient jour et nuit, parfois avec uo faste inoul, dans l'espoir d'arriver a Cgaler l'enchantemcnt de ce que le peuple pensait devoir etre Ia Terre pure d'Amida. La fine fleur de l'a­!'istocratie passait alors nne grande partie de son remps en priEres, chan­sons et danses dans ces temples. Les galaots s'y donnaient meme rendez-vous, les femmes de qualitC venaient y passer la nuit aupres de Ia Divinite car it Crait de bon ton d'y venir faire retraite.

Dans les ·villages, a c6tC des temples furent dressees des estrades couvertes oil paysans et moines venaieot danser joyeusemeot ensemble en chantant et en psalmodiaot le Nembutsu (le nom d'Amida). Le 14" jom du 6• mois Ctait le plus gai, qui Ctait le jour d'Amida, car ce << jam brillant , (jap. harebi) Ctait Cgalement ch6mC (tout au moins jusqu'a l'Cpoque de Kamukura) 171

• Eo Chine, on u~lebrait Cgalement avec faste le jour anniversaire de la naissance du Bouddha Omituo Fo, le 17• jour de la 11" lune.

117

Amida Nyomi (gravure japon~use)

LESJINA

Page 64: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LE BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDI-IA

La devotion il Amitiibha Ctait joyense et de ce fait eut cert · nne grande part dans la diffusion de son culte, les fideles ;tnement

1 1. • 1 · ' , . tant ,,

nature p us cnc tns a a gmete qu aux prattques austeres ... Il .Y' r I d ' ff · ' A · 'bl A · ' ava~ent a ors coutume o 1'11' a mtta 1a ( mtda ou Omituo Po) de t ·'

breuses lampes, afin de redonner plus de force et de vie au s tleslnorn~ l d , , . 1' d o ec cou c 1ant, au cours e ceremo111es appe ees Man o-e (myriade de 1 ., ~

] A . 'bl , , I ll!llcercs) au apon, m1ta 1a etant ega ement appele le << Bouddha a d 1 ., (' ]' 'k · ' •"X ouze um1eres » pp. um 6 Butsu). M.:us cette offrande Ctalt aussl b 1" · 1 f'd'1 f" · 1 · ' un sym. ~) ~ .. par. ce;. acte, ~ 1 .e e "'o 1ra1t ur-meme sa propre existence a 1 chvmttC, 11 s tmmolatt lut-meme symboliquement, et ce sacrif .~, .a

' ' ·'b1'ld''''N ,. ccecrau cense erre agrea e a a lVllllte. ous renouvons d mlleurs cett 'd 'fj . d 1 . d I" \' 'd I 1 I e 1 en. ti tcatwn e a VIe e me IVI u et c e a ampe allumCe vac'11

d d l "1k • <~ante ans e nomJreux to lores et meme dans Les MUle et Une N 11 ·1 1 ' . ' I I r d "· es SUKIC cs par e teu ans les pays bouddhistes n'eurent !Jrobabl

d' · · 1 c 1'1 ' cf . emenr pas autre ongmc : es IX e es s orrrment eux-memes, comme l lampe. llle

Amida Nyorai, dont le culte est devenu l'un des !Jlus pol"'' ·. d

. "' aues et est encore e nos JOUl'S extremement repandu au Japon (il a h ·

d · d ' rl'fltr~

quem~nt Isp.aru es autres pays), est generalement invoque, non obtemr des biens clans ce monde-ci, mais plut6t a des fins SJJiritu p1olur

af. I' b · d 1 · b e es, surtot~t 111 c o tentr e u1 nne « onne mort » et l'accueil dans son paradts de la Terre pure. Pour cela, !'invocation de son nom (J'ap N b r J · · ' · e/11-utsu ; 101'mu e chmotse Nanwu Omituo Po ; jap. Namtt Amida Btt ) ' J l { Jtt ' propagee. au . apon par . e moine K~tya Sh6nin au X" siecle, est rCputCe to~tte-t~utssant~. Mats st les se~tes Japonaises du JOdo-shU et du JOdo­shmshu (parfots celle du Tendar) font souvenr usage de cette invocati

11 .1.,

1 on,

e. e ·e·s't peu 1 ~lt1 tse~ _par es sectes Zen ct totalen~ent rejetCe par les n~chH;mstes . De ttes not;tbr~ux ~uvra?es popuhures furent tcrits et diffuses au Japon sur la devotwn a Amrdall_l, et de non mains nom­breuses ltg~ndes se greffet·enr sur ses fonctions, rapportant principale~ ment les mtracles que fit ce Boudclha sauveur. On raconte notammcotl11 qu'une famille Miyagi (d'Adachi, a T6ky6) demeurair sans descendance malgre les prieres ad,ressees a Kumano Gongen, une divinire syncrCti~ que. Cependant, apres de longues annees une fille vint a na'i'tre dans cette famille. Comme elle etait d'une grande bcautC on la smnomma Adachi Hime. (la pr.incesse d~t quartier d'Adachi). A' l'age de dix-sep~ ans on la mana; mats marrynsCe par sa belle-mere, elle se suicida avec cinq de scs servantes (cette forme de suicide collectif ou]unshi n'Ctait p~s rare dans le J~pon .ancien, et il arrivair frCquemment que des ser­vtteurs ou des amis suivent dans la mort leur maitre ou un Ctre cher afin de continuer d'etre avec eux dans le paradis d'Amicla). Son per~ fit alors sculpter dans le none d'un seul arbre six statues d'Amida afin que ce Bouddha daigne accepter dans sa Terre pure lcs ames de sa fille et de .ses fideles servantes, et plac:;a ces six effigies dans six temples de la rC910n. La coutume s'Ct~blit alors de faire un pelerinage annuel dans ce~ stx te;nples afin de pner pour les dCfunres er en meme temps sup­plier Amrda de permertre que les pelerins aient, eux aussi, une « bonne mort », De ces six temples, seuls demeurenr encore ceux du Keimei-ji (a Numada-machi) et du MuryO-ji (a Nishigahara) ... Rtcemment, et dans le meme esprit, nne statue d'Amida fur realisee avec des os calcinCs des victimes du grand tremblement de terre qui dCtruisit TOkyO en 1923. Ce souvenir macabre (il mesure un metre de ham et se trouvc actuellement dans un temple Cleve a la mCmoire des victimes de cette

118

catastrophe, le JikO-in, a T6ky6) n'est pas, pour les Japonais, de mauvais goltt: habitues a vivre avec l'idCe de la mort et point du rout effrayes par celle-ci puisqu'ellc clair leur permerrre d'acctcler a un monde meil­!eur (celui d'Amida), ils n'ont jmnais CprouvC cette terreur et cette hort·em· qui, chez la plupart des Occidenraux, est presque instinctive face a ce qui touche de pres a la mort ; tout au plus considerenr-ils celle~ci comme une souillme (du point' de vue du shintO). En commu­nion inccssante avec la nature, ils se sonr toujours habiruCs a regarder Ia vie comme une suite ininrcrrompue de naissances, de dCgradations et de morts. L'homme, faisant partie inrCgrante de la nature, nc saurait Cchapper a cette Loi universelle. Des lors, pourquoi perdre sa vie a deplorer une fin que l'on ne saurait Cviter ? Seule la peur d'un au-dela inconnu aurait pu faire frCmir d'apprChension : mais Amida n'Ctait-il pas la, pret a accueillir taus les erres ? ll suffisait done cl'avoit· foi en Lui, en Sa route-compassion, pour erre dClivre de l'angoissc de la fin er vivre plus sereinement.

Les rcp1·Csentations d' Amit&bha On ne trouve pratiquement pas, comme on pourrair s'y attendre, de representations d'Amitabha en Inde m, En Asie du Sud-Est, on en ren­contre sur les monuments appurtenant au Mahayana, notamment sur le grand stUpa du Borobudur (fin VIII" siCcle ~ debut IX" siCcle), a Java, ol1 quatre-vingt-douze de ses effigies (assises en position du lotus avec !es mains en meditation, Dhyana-mudrfi) garnissent les niches des ga­leries de l'Ouest 176 , ainsi que sur la coiffure des representations du Bo­dhisattva Avalokiteshvara (appclC Lokeshvara au Cambodge) 177

• Au Nepal et au Tibet 17~, Amitabha est souvent represenre en sculpture et sur les mandala, en Cuoit embrassement (Yab-yum) 17~ avec sa Shakti ou Cnergie feminine complCmenraire PUndarfi. Plus souvent on lc mon­tre sur les thangka ou les mandala sous sa forme d'Amicilyus (voir note 170), en Bodhisattva comonnC 1

H0

, assis en lotus, mains en meditation (Dbyfina-mudd.) supponant un vase d'ambroisie (amrita; jap. kanro), la liqueur divine d'immortalitC qui confere la sapience. Il est alors

119

LESJINA

Amida Nyorai, bois dorC, Ja1)on, KyOto, Sdry8-ji, debut x• siCde

a droitc : Le Bouddha Amida, bois dore,Japon, Uji, ByOc\0-in, 10)3

Ofuda (ilmtge pieuse) du Koyasu Amida-ji,Japun

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Page 65: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LE BOUDDHA ET lliS GRANDS BOUDDHA

Amitfibha, gravure tibCtaine

Gokoshiyui no Amida

parfois assis a cOtE d'un arbre Ashoka 181• En Chine, Amitfibha est tnon~

tre dans la m@me position, mais td~s souvent accompagne de ses deux acolytes, Guanyin (Avalokiteshvara) et Mahfisthfimaprapta assis a ses cOtEs. Lorsqu'il est reprEsentC debout, i1 porte alors en Chine le nom. de Jieyin Fo, « le Bouddha qui guide au Paradis». On lui attribue parfois de tres longs bras, ce qui lui permer d'attcindre taus ses fideles,

En Coree et au Japan, les images d'Amitfibha apparment tres tOt pratiquement en mCme temps que les doctrines du bouddhisme. Dn~ des plus anciennes images de ce Bouddha au Japon semble Ctre celle du zt.~shi (sorte d'autel portatif en forme d'armoire) ayant appartenu a nne dame de la famille Tachibana (VIII" siede) oU Amida est montrC assis en Vajrfisana (ou Ardhapadmfisana), cheville droitc sur cuisse gauche, les mains faisant uo gestc d'accueil non dt':fini (la main droite levee 1u2

, la main gauche en Varada), accompagoe de ses deux acolytes tal

debout sur des fleurs de lotus. Sur les autres images japonaises, H pent adopter des positions diffCrentes, avoir les mains en mCditation (Dhyfina-mudrfi), posEes l'une sur l'autrc, pouces et index rEunis de maniere a former deux triangles accolCs (Amitfibha Dhy1lna-mudrfi ; jap. Amida ]6-in), au encore avoir les deux pieds apparents, Ctre assis en Lalitfisana au, plus rarement, les mains faisant le gesre de tourner la roue de la Loi (Dharmachakra-mudr11) a hauteur de Ia poitrine, geste qui, nous l'avons vu, est generalement reserve a Shfikyamuni. En pein­ture, son image est souvcnt multiple, comme pour augmenter son efficacitC.

En sculpture, Amida est gCnCralcment reprCsentE assis avec les mains en Dhyfina-mudd ou en Vitarka-mudrfi, seul ou accompagnC de ses acolytes. On le montre aussi parfois debout (mais plus particulie­remcnt sur les peintures). Dans ce dernier cas, pour les sculptures ap­purtenant a Ia secre du JOdo, son aureole corporelle affecte la forme d'un bateau (jap. /unt:tgat?t-k8hai), afin de rappeler qu'Amida est le pas­seur des fidCles au-dela de l'ocCan des douleurs lll·1• Il semblerait que les formes les plus anciennes au Japan (pour la plupart disparucs) eurent les mains en Dhannachakra-mudn'i, Amida ayant alors CtC !'objet d'une certaine confusion avec le personnage du Bouddha historique. Sous !'in­fluence des doctrit1es japonaises de l'Csoterisme (Mikky6), Amida prC­sema ses mains en Dhyilna-mudd, surtout a partir de Ia periode finale de Heian (de vers 900 jusque vers Ia fin du XII" siecle) et pendant la pEriode de Kamakura, c'est-ft-clire jusqu'au debut du XIV' siecle. La forme d'Amida, qui, dans l'CsotCrisme, appartient au mandala du Vaj­radhant, qppele Amitfiyus (jap. Mury6k6 ; chin. Wuliang Guangming), « Lumiere infinie », se distinguc en ce que celui-ci prCsente un pan de sa robe retombant sur son Cpaule droite, alors que dans son aspect d'Amitfiyur (jap. Mury6ju; chin. Wuliang Shu), « LongCvitC infinie »

dans le mandala du Garbhadhiitu, ses deux Cpaules soot couvertes par sa robe 185

En tant que Bouddha principal de l'esotErisme, Amida porte une couronne. Son corps et sa robe (pan retombanr sur l'Cpaule droite) soot de couleur rouge : il est alors nommC au Japan Guhari-shiki no Amida, ou encore Guhari no Amida (Amida de couleur pourpre).

Il est parfois aussi, toujours en sculpture, assis avec les pieds en~ rierement caches par sa robe (signe d'appartenance a I'Esoterisme), une tres large coiffure (sa rete Ctant SUl)posee avoir grossi pendant le temps des cinq Kalpa que dura sa meditation prtcEdant la formulation de son

120 llouddha de l'Amkan, bronze, Birmanie, Mandalay, xv1e siCcle ( ?).

XI

Page 66: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Grand Bouddha du Kyaung-pyu, Birmanie, Pegu, X!Ve siecle.

Xll

.,r(tU) ts6, Ses ma~ns _so':t alors ~n Afij~li~mt:drfi 1117• ~n nom me cet aspect

rdcnlier GokoshtyUI no Am1da (Medttatwn des onq Kalpa) ou encore fa ni HOzO Nyorai (Grand Bouddha de meditation sur la Cause). n En pcinture, Amida est parfois reprCsenre (au Japon principale­ent) « apparaissant derriere la montagne » (Yamagoshi no Amida,

~1ucsugen no ~mida~, comme s'il e:ait h~ soleil couchant 18~. St~r q~1el~ ues peintures tl est cgalement represente debout sur un chemm sttue

qntre une riviCre de feu et une riviCre d'eau separant son paradis du \onde tcrrCStte, invitant dU geStC leS fideles a le SUiVtC lH~. n Les representations sculptCes ou peintcs d'Amid:bha sont extrC­mement divcrses et nombreuses, Ctant donne la faveur dont jouissait ce Bouddha. Au Japon, les particuliers lui elevaient de nombrcuses scantes et fa~aient peindre ses images. On raconte que Taira no Shi­genori (1138-1179) avait fait rCaliser quarante-huit statues d'Amida (sons sa forme de Jlmi-ko Butsu), une par point de son vceu 190, En ge

11et·al (mais cela est loin d'Ctre unc regle absoluc), les sectes esotCri­

ques l'ont reprCsentC assls sur une fleur de lotus, taodis que les sectes << amidistes » l'ont plus volonticrs montn~ debout, sans couronne, les mains en absence de crainte et don (Abhaya-Varada-mudd.). Cependant certaines sculptures et peintures, rCalisees pour illustrer des croyances particuliCrcs, peuvent presenter des formes cxceptionnelles 1 ~ 1 •

Enfin il est a noter que l'image d'Amitfibha, debout ou assise, se trouve presque toujours placee dans la coiffure ou sur la cm1ronnc d'Avalokiteshvara et de scs emanations, ceux-ci Ctant considtres comme des hypostases d'Amitabha. Lors des persecutions anrichretiennes qui eurent lieu au Japon pendant la pCriode d'Edo (XVII" et XVIll" siecles), certains chrCtiens, afin de ne point paraltre suspects, firent rCaliser des images d'Amida qu'ils placerent sur nne Cl'oix, a l'cmplacement nor­malement occupe par l'cffigie du Christ. Cette association Ctait route naturelle pour des hommcs habitues au syncrCtisme religieux, d'autant plus que la personnalitC salvatrice d' Amida pouvait, a certains Cgards, s'apparentcr a celle du Sanveur chrCtien. La foi chrCtienne pouvait ainsi fort bien, pom des catCchumenes japonais, s'allier a la foi en Amida. Cette association n'etait pas aussi hCrCtiquc que l'on pourrait le supposer tout d'abord ...

n est remarquable de constater que !'apparition dans le boud­dhisme d'un << Bouddha de l'au-del?t )) tel qu'Amitiibha correspondait a un desir profond des hommes d'Ctre rassurCs quant a leur devcnir apres 1a mort. Cctte vic dans l'au-dcla n'avait en effet jamais ere cnvi­sagCe par le Bouddha lui~m@mc, qui ne se preoccupait que de sanvcr les hommes des douleurs de cc monde. La philosophic du Bouddha historique ne comportant pas de metaphysique, les hommes curent tOt fait de remedier a cette lacune en crCant, coujours dans l'esprit de compassion du bouddhisme, une divinitC qui, demeurant clans cet an­dela inconnu, Ctait susceptible de les accueillir et de les rCconforter.

Les formes esoreriques d'Amit3.bha Nons avons vu qu'Amitiibha pouvait prendre au moins deux as­

pects, selon le mandala considCre : Amidlyus, « Lumiere infinie » et Amitilyur, « longCvitC infinie 11. Ces deux formes ne furent guerc re­prCsentCes que sur les mandala, sauf peut-etre l'aspecr d'Amitfiyus, qui fut en grande faveur au Tibet ol1 il est represcme comme un Bouddha pare, couronne, orne de joyaux com me un Bodhisattva, les deux pieds

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LESJ!NA

Yamagoshi no Am ida

Croix d'Amida, Japnn, KyDshi'l, XV!l"siedt {dessin)

Page 67: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

I.E BOUDDHA TITLES GRANDS BOUDDHA

Amida, Ofuda (image pieuse) de l'EikandO, KyOro,Japon

apparents sur les cuisses, et tenant dans ses mains en meditation 1 flacon d'ambroisie. Substitut d'Amidlbha dont il est le principal aspe e Amitayus est naturellement accompagnC des deux acolytes d'Atnitdbtt, Il est rarement accompagne de sa parCdre Pftndarft, mais pent &tre 1 ~ 1~' r · , • l · r (' " ) l eat­lOIS represcnte avec p us1eurs wces JUsqu a quatre et p usieurs b. (deux a huit). Sa monturc (vdhatta) est un paon, qui parfois <ll)Parr:s sur les images peintes. Quant a Amitftyur, il n'est pratiquement jama~t reprCsentC, sauf sur quelques mandala. ais

Sous sa forme d'Amitayus (chin. Changsheng Fo; tib. Tse~dpa ~ med; mongol Chaghlasi iigei Nasutu) ou de Bouddha de la Vie ere~~ nelle, ii est nettement diffCrencie par les TibCtains de sa forme normal d'Amitftbha, alors que les Chinois et les Japonais confondent les deu~ formes (sauf cependant dans les mandala). Les images le repn§sentent comme un Bouddha pare, richement vent et orne, avec lcs cheveux tombant sur les Cpaules ou nones en chignon. Il tient dans ses mains en Dhyfina-mudr6. le vase a ambroisie qui contient la drogue de vie Cteroelle (parfois syrnbolisCe sur les images tibCtaines par des chapelets de pilules ou une branche d'arbre Ashoka). 11 n'est jamais reprCseme sons cette forme en embrassement (Yab~yum) car il ne possede pas de Shakti.

En Chine, oU il est appelC Omituo Fo, il fut assimilC par les taolstes a une divinitt de longue vie (dont ils techerchaient depuis longtemps l'tlixir). 11 conquit done d'emblte la faveur des foules, et !'importance grandissante de son culte provoqua maintes controverses entre les tenants du confucianisme et les bouddhistes. 11 est representC comme les Bouddha de l'Inde et du Sud-Est asiatique, ou bien debout, avec les bras tres longs. Dans ce clernier cas, on le nomme Jieyin 110

(le Bouddha qui guide au paradis).

Les neuf sortes d'accueil (RaigO) d' Amitiibha en son paradis

Au Japan, Amitfibha (Amida) est trCs souvent reprCseme (en peinture) en RaigO, c'est~ii~dire en position d'accueil du fidele dans sa Terre pure de l'Ouest, entourC de vingt ou vingt~cinq Bodhisattva, d'Ctres celestes musiciens et autres 192 , Amida est alors, suivant les cas, assis ou debout Ia description de ce paradis d'Amitilbha, la Sukhilvatl, situCe a l'ouest, differe selon les s{hra et les auteurs. Selon le Saddharmaptmdarlkct-s&tra, les femmes ne sont pas admises dans ce paradis mais peuvent, gr~ce a leurs mCrites, y rena:i'rre sous la forme masculine. Dans d'autres Ecri­tmes, le sexe des « invites>> au paradis d'Amitabha n'est pas mentionnC du tout. Et, selon le 35< vceu de ce Bouddha, routes les femmes qui croient en lui doivent renaltre dans son Paradis ... Selon le texte japonais du Kan Mury8ju~ky8, il existe trois classes d'accueil comportant chacune trois degrCs correspondant aux qualitCs du fidele ret;u dans le J5do (Ter1·e pure) par Amida assistt de Kannon (Avalokiteshvara) et Seishi Bosatsu (Mahfisthilmaprapta) 19-l; a chacuoe de ces classes 194 ct de ces degrts correspondrait une mudd. (jap. bon, in) 195 caractCristique du fidele impCtrant : - La premiere classe, la plus haute (]Obon )196, est celle elite de la contemplation des Bodhisattva. Elle est tCservCe aux fideles qui ant en perfection les trois pensees de sinctritC, de foi et du ferme dtsir de renaltre dans la Terre pme. Ils sont accueillis sur un trOne de diamant. -La deuxitme dasse, moyenne (Chilbon) 19\ est celle dite de la contem~ plation des auditeurs (Shrdvaka; jap. Sh8mon). Elle esr rtservte a ceux

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LESJINA

JObonJOshO JObon ChUsh8 JObon Gesh8

ChilbonJOsh8 Chilbon ChUsho Chllbon GeshO

GebonJOsh8 Gebon ChllshO Gebon GeshO

123

Page 68: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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I.E BOUDDHA ET' LES GRANDS BOUDDI-IA

Amida Nyorai, bois et laque secbe, Japon, Nara, Saidai-ji, VIII" siCcle

des fideles qui, ayant sui vi d'autres voies de salut que la d.. , unique en Amida, n'en ont pas mains eu le desir de renaltre ~Votmn JOdo. Ccs fideles y seront accueillis sur des fleurs de lotns plans le

· ' · 1 1 ~ ltso,, moms epanomes se on eur purete. - La troisieme classe, inferieure (Gebon) 19~, est celle dire de la c

1 . I 1 .. Ell , , , 1 I onten,, p anon c es atcs. " e est reservee a to us es auttes 1ommes tnC ceux dont les fautes fment grandes, mais qui ont cependant er~ in ~1e. U I 1 D . /.. . , stntus

c e a octrme et ont prononcc, ne semtt-ce qu une seule fois l'' cation au nom d'Amida (Nembutm) au moment de lem mort.' Hwo.

Les trois degres de chaque dasse correspondent a la maturite au degre de perfection atteint par les fidHes appartcnant a chague cl et A h d d , d 1 , . . asse c acun e ces egres correspon une muc ra parncuhete. Il e . · . . fd , d c . 1 1 Xtste

~u,nst neu egre~ e pern~cuon entre esque s s~nt !·epa':'tis tous les ft. delcs ; chacun deux re~ott done, dans le paradts d Amtda, un ace .1 I , , . .

1 , . .

1, uet

corresponc ant a son etat spmtue , ctat qm est stgna e par la 011 1 .o ' 1' A 'd ' '1 1 '

1' "' que rca tse mt a au moment ou 1 c re<;ott en sa Terre pute :

1. ]Obon ]8sh8 : ]6-in, pouce sur index ; 2. ]Obon Chii.sh8 : SeppO-in, pouce sm index ; 3. ]Obon Gesh6 : Raig6-in, ponce sur index ; 4. Chii.bon ]8sh6 : ]6-in, pouce sm majeur ; 5. Chf)bon Chii.sh8 Sepp6-in, pouce sur majeur ; 6. Chii.bon GeshO : RaigO-in, pouce sur majeur ; 7. Gebon ]8sh8 : JO-in, ponce sur annulaire ; 8. Gebon Chii.sh8 : Sepp6-in, pouce sur annulaire 9. Gebon Gesh8 : Raig6-in, ponce sur annulaire.

Les positions les plus reprCsentCes sont les trois prcmiCtes, lcs autres, peut-@tl'e a ~cause de destructions accidente~les, etant beaucoup plus rares. II est egalement probable que les arttstes eurent a cceur (lorsqu'il ne s'agissait pas d'ensembles pour l'enseignement mais de peintures exemplaires) de montrer comment les fidCles les plus mCri­tants etaient accueillis dans la Terre pure, ce qui leur permettait de rCaliser une image du paradis plus frappante et surtout plus represen­tative aux yeux du peuple (et sCr.rement a leurs propres yeux); ce scrait une des raisons (et a notre sentiment non la moinche) qui font que lcs images montrant le Raig6 d'Amida dans la premiere classe sont beau­coup plus nombreuses.

On a beaucoup CpiloguC sur la signification exacte de ces classes et de ces mudd!. d'accueil et l'on a parfois emis !'opinion qu'elles ne concernaient pas uniquement les fideles d'Amida, mais Cgalement tous les hommes (premiere dasse, les fideles d'Amida etant re<;us au premier degre), les Preta (jap. Gakki) ou etres fantomatiques affames errant dans l'attente d'une reincarnation, un peu comme nos ftmes du purgatoire chretien, dans 1a seconde dasse, enfin les animaux dans la derniCre ...

Ces positions de l'accueil d'Amitftbha sont decrites dans le Sukha­vdtivyfl.ha et sont CvoquCes dans certaines piCces du theatre N6199• Cer­taines furenr m@me reprCsentCes en sculpture, notamment dans l'Amida-d6 du JOmri-ji pres de KyOto, et en peinture sur les murs du H60-d6 du ByOdO-in 8. Uji (datant de 1053) 2

l111

Au Japon, la secte du J6do-ShinshC't reprCsente generalement Amida debout, avec les mains en H6ben-I-I6shin (des moyens du Dhar­maldya), la droite levee paume en avant, index et pouce se couchant,

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h gauche Ccendue vers le bas faisanr la meme mudd, qui signifierait l:accueil d'Amida en son paradis de la Terre pure.

En peinrure surtout, les RaigO d'Amida sonr reprCsenres au Japon a partir du X" siecle 201 et semblent insp~res des pei~t~res murales. chi­noises de l'epoque des Tang 202 • Sur ces tmages, Amttabha est toujours accompagne de vingt ou vingt-cinq Bodhisattva 20

\ parmi lesquels lcs deux acolytes d'Amitabha, Avalokiteshvara et Mahfisthftmaprapta 20

'.

Amitfl:bha est aussi parfois montrC accompagne de ses douze corps de JumiCre, appeles en japonais Btmhin et KObtttstt 10

j. A ces divers Bodhi­sattva et emanations se joignent de nombreux musiciens ainsi que di­vers Ctres celestes, sortes d'anges (Apsaras ; jap. Tennin ; chin. Tiannii), de gardiens de l'espace (Lokapala), parfois aussi d'Arhat et d'oiseaux chanteurs, Gandharva et Kimnara. Sur la mCmc image, on trouve aussi quelquefois une representation des six destinees de la transmigration (Gati; jap. Rokud8) 206 selon la Loi bouddhique du Samsfira (cycle des renaissances). Ces acolytes d'Amidibha se trouvenr soit debout, soit assis ou agenouilles sur des 1mages et des fleurs de lotus.

On distingue trois types de peintures de RaigO (jap. Raig8-zu) : -Dans le plus ancien (appele !vffl.ka-e no Mand,ara au Japon), Amidl.bha et son cortege de Bodhisattva sont assis, de face, et leur groupe est dans le lointain, au-dessus d'un paysage. - Ceux que l'on a coutume d'appeler « descente d'Amidibha >>: celui-ci est assis ou debout comme ses acolytes. Le gwupe ainsi forme est mon­trC de trois quarts face comme s'il se dirigeair vers la terre, symbolisCe dans le bas de l'image par un paysage terrestre. - Amitftbha en '' descente rapide ». Ces images, nommees au Japon Haya Raig8-zu (RaigO rapide), montrenr le groupe dans un mouvement accemue de « dcscente vers la terre •> et donne une cenaine impression de rapidire. Elles furenr surtout exCcutees au Japon pendant la pCriode de Kamakura (1185-1333).

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Les neuf "muddl d'accucil" d' Amid a dans son Paradis de la 'Tert·c pm·e. A gauche, gravure japonaise. A droite, clcssin des positions des mains : en haut, classc superieure ; au centre, classe moyenne ; en lms, classc inf€ricure

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LE BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDHA

Amida Sanzon, la venerable tdade d'Amida gravure japonaisc

Lcs Bodhisattva acolytes, bronze, detail de I' aureole (Kohai), Japon, Nata, T6da_­ji (Nigatsn-d6), x'-xrr siedes

Enfin .il faut citer une fOrme exceptionnelle de Raig6, patticulie, au Japan et appelee Amidajizfi Raigfi, qui montl'e Amida accotnpagnt'e en plus de ses Bodhisattva habituels, de Kshitigarbha (jap. Jiz8 Bosa;~ su). Certaines images, comme l'Ofuda de l'Eikand6, fment egalernent realisees mais elles sont rares et constituent des exceptions207 ,

Les groupes d'Amidbha ct de scs acolytes

Lorsque Amitiibha est reprCsente avec seulement deux acolytes, gene~ mlement Avalokitcshvara qui personnit1e sa compassion envers tous les etres, et Mahilsthfi.mapdl.pta qui reprCsente sa sagesse et sa fmce (ce dernier pcut parfois, exceptionnellemcnt, Ctrc remplace, comme nous venons de le voir, par Kshitigarbha), la tdade ainsi formCe prend le nom de venerable rriade d'Amitfrbha (jap. Amida Sanzon). Avalokitesh~ vara tient alors a la main une fleur de lotus pour accueillir le fidete dans la Terre pure, tandis que Mahfi.sthiimaprapta garde les mains joiotes en Afijali-mudra2(J~. Parfois ces deux acolytes ont leurs mains en garde du trCsor (jap. I-IOkyO-in), mais cette position est rare. Dans un cas au mains, ces deux acolytes sont (on ignore pourquoi) debout sur un seul pied et torse nu. Mais ils sont generalement decrits comme etant debout, ou assis en Padmisana, ou encore agenouillCs, parfois simplcment accroupis, un seul genou touchant le sol.

On montre parfois aussi Amidibha en compagnie du Bouddha historique, sur le m@me autel, car Amidibha est (rarement) aussi associe au Bouddha historique ct a Maitreya : cette triade insolitc symboliserait, croit-on, les trois ages.

Un autre type d'ensemble, appele au Japan Atnida Goson, {( vent~ rable groupe de cinq }}' comprend, en plus d'Amida et de ses acolytes, deux Shrfi.valca ou (< auditeurs fideles de la parole du Bouddha ))' consi­deres soit comme des Arhat 209 , soit comme des Ctres aspirant simple­ment a deveoir des Bodhisattva. Une tradition japonaise les identifie a Kshitigarbha et au moine indicn Nfigilrjuna 210 (jap. RyUju Bosatsu).

Sur les mandala, il sc trouvc Cgalement diversemem entoure : sur celui du Vajradhiitu, il se nomme Amidyus (jap. Mury8k6; chin. Wu~ liang Guangming). Il est representC avec une couronne sur la tCte, les mains eo Dhyiioa-muddi tenant le vase d'Amrira, la robe lui couvrant les deux Cpaules. 11 est de couleur rouge et est assistC de quatre Bodhisattva.

Sur les mandala d'Amitfi.bha (tels que I'Amida Mandara), il est appele Amitiiyur (MuryOju; chin. Wuliang Shu) et est entoure de huit Bodhisattva debout ou assis sur ies huit pCtales d'une fleur de lotus dont il occupe le centre. Sur le mandala du Garbhadhiltu, il est entoure de quatre Bodhisattva qui symbolisent ses qualitCs et ses vertus 211

Enfin, certains ensembles, appeles au Japan ]ittai Amida, <( des dix corps d'Amitfi.bha }>, sont parfois reprCsentCs quatre « corps »

sont reprCsentCs de face, les autres de trois quarts.

Les acolytes et personnages associCs a Amit8.bha. Les acolytes habi­tuels d'Amitiibha sont, nous venons de lc voir, Avalokireshvara et Mahas~ thiimapriipta. Ces persoonages sont decries eo dCtail a leur place respective dans les chapitres tmitant des Bodhisattva, ainsi que le personnage Cpiso­dique du RaigO d' Amida, Kshitigarbha. Cependant, il nous a semble utile de les Cvoquer ici (tout au mains les deux premiers), afin de les mieux situer par rapport a Amitiibha.

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a1 1 iteshvat·a. 11 represente la route-compassion d'Amidlbha envers Av" ~' qui souffrent. C'est egalcment une hypostase 212 d' Amitfi.bha, le lcs'"'' · .,.d l''('

teur des mCrites de la compasswn mrrnte e ce ur-ct votr au dispensa chflpitre V).

h" thfimaprapta (chin. Daish.iL.e; jap. Dai Seishi). C'est « Celui qui :rvfa as d c · ' 1 f' · · 113 t l sse

b u une gran e 1orce )} et qm represente a orce e a sage ' o ten k ' d . , l' 'l d :rAmitiibha. 11 assiste, avec Avalo i_teshvara a sa torte, ~ acc~1e1 • es

l'l dans la Terre pure 214 , Peu represente en Inde et en Aste du Sud-Est, fice es · ' k' l d l d Y" .1

fi re en compagme d Avalo ttes 1vara ans es grottes e ungang en ,,gu · · · k · h V··d)C Cl

. (debout mam drmtc en Vrtar a, mam gauc e en ara a . e une ' · " d''~ · d M d B dhisattva est egalement cons!dere comme une etncatton e au ga-

l ~ " a ttn des dix grands disciples du Bouddha Gautama m. Peu de yayan,, , ...

les lui ont ere consacrCs et par consequent on trouve tres rarement te!Ul~gies isolCes de celles d'Amitfibha et d'Avalokiteshvara. Mahfi.sthii-ses ew . . l. h' D . l . l D h' ') rapta (jap. Seishi Bosatsu, Dat Sets 11 ; c 111. <US uz 1e, as tzr a

l~~ap cr general d'un Bodhisattva 216 • 11 est reprCsentC (en dehors des Raig8) aspc 'll' Il l · · · · assis en Lalidlsana, soit debout ou agenom e. a es mams )Otntes en

solt' A • d l A (' R . A • ) m 0 I . Ali'ali-mudra ou en Vttarka-Vara a-muc ra Jap. atgo-tn . n e rc-cor~nalt principalement ace qu'il porte un vase prCcieux sur sa cour?nne

( l's ce signe distinctif est fort souvent absent des representations, g . 'f'l

t -Ctre parce que l'on ne sait pas rres cxactement ce que stgnt te a peu . l , "l. 'sence de ce vase). 11 est parfois montre avec un otus epaoom a a marn ~~~ite, Ia gauche Ctant en une sorte de Varada-mudr&.(index a~lo~ge, autres doigts replies) ou tenant un~ fleur de lo~us 218

: Cepend~nt, amst que nous l'avons signalC plus haut, tl peut ausst avorr lcs mams en « garde du trCsor }} ou tenant une corolle de lotus pour reccvoir le fidele dans ~a T~r~e pure d'Amidtbha. Dans les peinr:ues montran~ la « des~ente ~~ Amtta­bha », Mahfi.srbamaprapta est prattquement toujours representc a gauche d'Amitiibha m,

Enfin, on pcut rattacher au culte d' Amitabha au Japon les ceuvres d'art representant le moine Kl'lya Sh6nin, rcligieux japonais. (904-972) que l'on dit Ctre un fils c~e l'e~pereur. Uda. Ce ;nome aur~tt, en 93 7, pr@che le Netrtbutsu Odorz ou mvocatwn chantee er dansee c~u nom d'Amida et contribue au developpement au Japon de la fete des Defunts (Ullambana; jap. Urabon-e) er des danses qui sc pratiqucnt a cette occasion (Bon Odori) pour invoquer les esprits des morts 210

• Kllya Sh6nin eut de son temps une grande acrivite itinerante er fut a l'origine de Ia construction de nombreux temples amidistesm et des estrades de c\anse. On le reprCsente comme un moine, maigre, le cdne rase, mar­cbant en s'appuyant sur un long b&.ton surmonte d'un bois de claim ou de cerf et frappant sur un gong place sur sa poitrine. De sa bouche jaillissent m des effigies representant Amida, liees entre elle comme le sont les paroles d'un st2tra (ce mot signifiant a la fois « f1l )) et <{ texte sacre >}) : elles reprCsenteraient les invocations ou NembtJt.ru prononcees par lui. Cependant, certaines statues ou peintures le reprCsentent comme un moine errant, sans artribut particulier.

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LESJINA

Mahi'isthil.maprapta

Kl1ya ShOnin, bois colore, Japan, KyOto, Rokuham­mitsu-ji, XIV" sitde

1 I I L

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Page 70: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LE BOUDDHA ET LES GRANDS BOUDDHA

Gautama et Prabhlttaratna, bronze dare, Japan, coil. part.

Le Bouddha et Prabhfttaratna, gravure chinoisc, Cpoqne Ming

LES BOUDDHA DU PASSE

ThCoriquement, le nombre de Bouddha ayant exisre est immense d 1 1 d' K 1 ,. ' 1a-cun ayant eu a c 1arge un a pa, en rant qu mstructeur et Maitre l

la Loi. On les d&rit souveot collectivement sons lc nom de «Mille Bouddha }} (chin. Qian Fa), et de nombrcuses grottes (notarnment e e Chine, a Dunhuaog) leur furent consacrees. En Birmanie (Pagan) 0 :

1

trouve Cgalement des plaquettes moulees elites des <<Mille Bouddl~a ,)1

Les textes donnent des listcs de cinquante-slx ou vingt-quaue Bouddh · humains, c'esr-a-dire non mythiques, mais seuls Vipashyi, Sikhi, Vish~ vabhi1, Krakucchanda, Prabhlttaratna, Dlpankara-Buddha, Kanakamu­oi, Kilshyilpa et ShUkyamuni ont ere pris en consideration par les fidetes. Parmi ceux-ci, quatre seulement, en dehors de Shakyamuni, ant filit l'objet de quelques representations et sont assez souvent cites dans les textes comme apparteoant a notre Kalpa present er Ctant des Bouddha humains : ce sont les Manushi-Buddha qui ant, comme taus les Boud­dha selon le sysreme du Mahayana, au mains trois corps (Kclya) : celui d'apparition, martel, ou Nirmdnak!iya ; celui de totale pmere et de pure connaissance, ou Dharmakdya ; enfin un corps d'essence abstraite ou SambhogakJya. Certaines sectcs attribuent encore au Bouddha deux autres corps, renfor~ant encore cette thCorie du Trik!iya de chaque Bouddha. Cependant, les Manushi-Buddha appartiennent au premier de ces corps, le NirmJnakJya.

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pttABBfrTARATNA (jap. Tah6 Nyorai; chin. Duobao Ru1ai)

Il est considCrC comme l'un des Bouddha du passe. En fait, il concrC­·serait dans sa seule personne taus les Bouddha des ages anciens. Il se c~rait lui~m@me divisC en sept Bouddha representant lcs Manushl­~ tddba (voir plus haut et au chapitre traitant du Bouddha historique). D~ns certaines sectes, notamment au Japan et en Chine, il remplace parfois, au sud et sur les mandala, Ratnasambhava.

D!PANI"ARA-BUDDHA (chin. Dingguang Fo; tib. Mar-me-msdad; mongol Chula Choqiaqchi)

II serait le 2it" maftre de la Loi avant Shakyamuni selon les Ccoles du Sud, le 52" selon le Mahayana. Il aurait vecu cent mille ans sur terre. Son nom, qui sign.ifie « Poneur de lampe "• est parfois prononcC Dvlpankara, c'est-8.-dire '' Bouddha des lies •>. Il fur done fait protecteur des marins er est vCnCrC dans routes lcs parties de la Grande Inde. Il est roujours reprCseore comme un Bouddha, la robe dCcouvrant l'Cpaule droite (quoique, en Inde, certaines statues le montrent avec les deux Cpaules couvertes, de m@me qu'au Japan dans scs plus anciennes repre­sentations). La main droice est generalement en Abhaya-mudra, la gauche tenant un pan de la robe. Au Siam, il t·Calisc parfois l'Abhaya­mudrft avec les deux mains symCtriques. En Chine, ce Bouddha du passe fur longtemps vCnere, et il est represent€ rres tOt dans les grottes de Yiingang, ainsi que dans celles de Longmen : il est le plus souvent assis, avec un pan de sa robe lui couvrant lcs deux Cpaules, Ia main droite en absence de crainte. Rarement reprCscnre seul, on le rrouve au centre de rriades composCes avec Manjushrl ct Vajrapfini (8. Java), Avalokireshvara ct Vajrapani (a Ceylan), ou Shfikyamuni et le futur Bouddha Maitreya (Nepfil et Tibet). Il est parfois rcprCsenre debout, surtout en Chine et au Siam.

KANAKAMUNI (chin. Jiunashimuni ; rib. Gser-thub ; mongol A! ran Chidakshi)

Le second Manushi-Buddha, Kanakamuni, n'est pratiquement jamais reprCsentC, de mCme que Krakucchanda, le premier d'entre eux.

KASHYAPA (jap. Kassapa, KashO-butsu ; chin. Jiaye flo ; tib. Hod-srung ; mongol Ghasiba, Gerclsaqiqchi)

C'est le rroisiemc Manushi-Buddha, le predecesseur immCdiar de Gau­tama Shfikyamuni. Il est rcpresentC comme un Bouddha, Ia main droite en Vamda~muddl. ct la gauche tenant un pan de sa robe pliC en deux. On le voir souvenr assis sur son vfihana, un lion ; il est de coulcur jaune (ou or) car il reprCsente la lumihe du soleil et de la tune.

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LES BOUDDHA DU PASSE !11 I, \

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Page 71: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LE BOUDDI-IA ET LES GRANDS llOUDDHA

Maitteya, gravure tibCraine

Maitreya (Miroku Bosatsu)

LE BOUDDHA DU FUTUR, MAITREY A (jap. Miroku; chin. Miluo Fo ; tib. Byams-pa; mongol Maijdari; viet. Di-lac ; careen Mi-rlig)

Selon la tradition bouddhique, l'tre de la Loi bouddhique se divise en trois stages : une premiere pCriode de cinq cents ans, de mise en branle de la roue de la Loi, une seconde periode de mille ans, de deterioration de la Loi (appelCe Mapp6 au Japan); enfin nne troisitme pCriode de trois mille ans apres laquelle, le boudclhisme ayant disparu, un nouveau Bouddha apparaltra qui remettra en branle la roue de la Loi. Ce futur Bouddha est encore dans le ciel Tushita, a l'etat de Boddhisattva, Ce serait le Bouddha Gautama qui l'aurait Lui-mCme intronisC commc Son successeur. Il est « le Bienveillant }} et vit prCsentement sa dernib·e existence de Boddhisattva, Anticipant sm sa pmchaine venue, on le considere parfois comme un Boudclha et on lui donne le titre de Tath&gatam,

LES REPRESENTATIONS DE MAITREY A

C'est le seul Boclclbisattva qui soit reconnu par les sectes du Petit VChicule, qui le represcnterent des les origines. Ses images apparaissem au Gandh8.ra, peut-etre meme avant celles du Bouddha (avec lequel il fut pcut-etre meme confondu): on le representc debout ou assis, en Bouddha pare, avec de longs cheveux epars sur les epaules ou reunis en chignon sur la tCte, les mains en Dharmachakra-mudr& lorsqu'il est assis, au en Vitarka-Varada-mudr& lorsqu'il est reprCsente debout.

Au Tibet, lorsqu'il est represeme assis, il a les jambes pendames (a l'europCenne) et est vetu comme un Bouddha. C'est la forme qu'il assume a Java dans le Chandi Mendut (VIII" siCcle).

Ses representations sont extremcment nombreuses dans toute l'Asic bouddhique. Il est cependant plus souvenr represenrC en Bodhi­sattva clebout er pare de bijoux (mains en Vitarka-Varada-mudrii), qu'assis. Sur certaines images le representant dans le ciel Tushita, il apparalt parfois assis avec lcs jambcs en P~dmUsana. On .le rcconnalt a ce qu'il porte un petit sti1pa dans sa c01ffure. Scs attnbuts peuvent varier, et ii peut tenir un vase ou une roue (chakr.a) poses s~u des fleurs de lotus. U ne Ccharpe lui ceint toujours les rems. Parfots une peau d'antilope lui couvre l'epaule gauche. 11 forme souvenr une triade avec Gautama et Avalokiteshvara.

En Coree et au Japan, oU son culte fut tres en fav~ur a partir d.u VIe siCcle il est souvent confondu (de mCme qu'en Chme) avec Amt­dbha n-1 ~t shakyamuni. En sculpture, il fur padOis confondu au Japo~ avec Nyoirin Kannon, une forme d'Avalokiteshvara. On lui donne.a~sst, dans ce pays, le nom de Jishi Bosatsu_, « Cel~ti qui es~ _plei~l de ptt!e >}.

11 fur tout d'abord assimile au Kamt Hacluman, detfLcatton de l em­pereur japonais Ojin (III" siCcle), puis fut plus tardivement cansidere comme une incarnation d'Amidibha, servant d'intermCdiaire entre Gau~ rama (le monde des mortels) et Amitiibha (le monde de l'au-dela)m. Le culte de Mairreya est atteste au Japan des le VII" siCcle dans la se:te HossO. En 612, le temple du Taima-deraur, lui aurait ere consacrC. Bten

130

e sa tradition demeur8.t pratiquement inintermmpue aujapon et que t1secte Shingon air attachC une grande importance au culte de Miroku

;osatsu221, celui-ci, malgrC les e~forrs de la secte ~hingon et d7s s.ccr:s de Nara, subit nne eclipse due a la fave.ur grandtssante dont JOl..USsatt A nida. On constate cependant un certam renouveau de son culte aux :x:l" et XIII". siecles: r:ans le Garbhadhtitu Mandala, Maitreya, sons le nom japonats de Jt~ht Bos .. atsu, s~ trouve ~lace au ~Ol'd-ou~st de Ma­hftvairochana 226 ou 11 rep.resente;att le « tres~r des etres qm profit_ent · epuisablement 229 }>, Mattreya etaot « la raCine, le bourgeon, la ttge, i~s fcuillcs qui. naisse~t dan~' le ~harba (la matrice) de la sra~ne du pt~r a::ur de Bodht (esprtt de 1 Eved) 2·10 }>, Dans le mandala realtse grapht­

c uement, Jishi Bosatsu se trouve place au nord-est de Vairochana, re-q ! 1 . d . d' . resen!ant alors la cause c c a saptence pro uctrtce actwns fKritydnttsthdnajfidna) 231 , accordant ainsi les demandes faites au Bouddha Oivyadundhubhimeghanirghosha. Dans le Vajradhtittt Mandala, il est l'un des seize Bodhisattva du Bhadrakalpa. Il est alors representC avec un flacon a la main ou parfois tenant un petit stlipa232

• Ce stllpa serait peur-etrc en relation avec la croyance se.lon laquelle ~aitr;y~; l~r~ de son avenement en rant que Bouddha, dolt ouvnr un stupa a lmteneur duquel Kfishyapa est censC attendre sa venue ...

Nons avons vu qu'on trouve ses representations dans tout l'art des Ccoles du Sud 233 et du Mahfiyfina, rant en Inde 234 qu'en Asie du Sud-Est, noramment sur les galeries du stltpa du Borobudur a Java. Au Tibet, i1 fut Cgalement trCs en faveur et reprCsente assis « a l'europeennem }}, et en Chine, des 680, un pieux donateur fit executer cinq cents de ses statues dans les grottes de Longmen. Maiueya est representC en Coree et au Japan soit assis en Padm8.sana, soit encore en posture pensive (Hanka-shiyui), jambes croisees, cheville droite sm genou gauche; jambe gauche pendante ou bien posee sur le sol, ou sur un lotus. Parmi tes nombreux types de representations de Maitreya au Japan, les plus souvent renconrres soot les suivants (ces representations furent d'ailleurs egalement rCalisees dans les autres pays bouddhistes) 206

: •

_ En Hanka-shiyu.i, torse nu, avec une couronne « en trois sommets de montagne }> ou «en mue de paon237 >}, ou encore avec deux chignons stylisCs en boules, le pied gauche reposant sur un lotus (separe du siege ou non), la main droite couchant a peine la joue (au avec sculement deux doigts), la main gauche reposant sur la chcville dmite. Cc type semble erre d'origine corCenne 238 : on le retrouve en effet sur de nom­breuses statuettes de l'epoque de Silla des VI' er vno sitcles. Au Japan, ce type fur surtout represeore avant et pendant la periode de Nara (jusqu'en 794). - Assis en Padm&sana, comme un Bouddha, la main droite en Abhaya ou tenant une fleur de lotus, la main gauche en Bhltmishparsha ou touchant un pCtale du lotus du siCge ; ou bien la main droite en Abhaya ou en Vitarka-mudrfi, et la main gauche rcposant, paumc tournee vers le haut, sur le creux de la cuissc. - Debaut, comme un Bouddha, la main droite en Varada, la main gauche en Abhaya-mudr&. - Assis en Padmfisana, comme un Bodhisattva, avec un haur chignon et une couronnc parfois ornee des effigies des Cinq Jina, la main clroire en Varada, la main gauche tenant un lotus ou un petit stltpa; ot~ bien les mains jointes tenant un petit stltpa 2w; ou encore avec les mams en Dharmachakra-mudra.

13l

LE BOUDDHA DU FUTUR

Mimku Bosatsu, bois de pin, Japon, KyOto, KOryO-ji, fin vn• siede

Miroku Bosatsu, bronze, Japan, Nara, Vll" siCck· : , .

Page 72: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Le peledn Xuanzang (Genj6)

Asanga, gravure tib€tainc Vasubandhu gravme tibetain~·

- Dcbout, en Bodhisattva, la main droite pendante, la main gauche tenant un vase dans lequel se trouve parfois un lotus supponant un petit stt'lpa. En pcinture, Maitreya est rcpresenrC, surtout vers la fin de 1' epoque de Kamakura au Japan, comme Amida Nyorai dans son RaigO: il tient alors parfois un lotus rouge ala main gauche 2~0 • Une forme exceptionnellc le montre assis en Padmasana avec mille bras w la main droite principalc avec l'index <-h·esse, la main gauche principal~ tenant un lotus sur lequel se trouve un stf'lpa, les autres mains avec des artributs divers, lotus, rouleau de si1tra, chindimani, vase, etc. -Au Japan, on le rrouve egalement sous la forme du clieu du bonheur Hotei, assis, avec un gros ventre, ct largcment souriant, Hotei etant considere comme une incarnation de Maitreya. C'est la forme du « Bouddha au gros ventre ,,, rres connue en Chine d'oU cUe fut im~ porrec au Japan au XVII" sieclc par la secre zen Obaku. Maitreya est particuliercment venere sous cctte forme au temple du Manpuku-ji a KyOto. 11 erait appelt Xiao Luohan en Chine, oit son image se trouvait installCe dans presque taus les temples. C'est, toujours en Chine, lc patron des orfevres et artisans, et dans ce cas il est parfois appele, en raison d'une lCgende populaire, Baisosheng, « Corde de cent brins »; les artisans qui le vCntrent cntourent en etfet son corps de nombrcux fils verts et rouges. 11 est egalement appelC par eux Ouji Fo ct Xiao Fo.

LES ACOLYTES DE MAl TREY A

11 est souvent reprCsenre, en dehors des triades, avec deux acolytes : Asanga (jap. Muchaku), fondateur de la secte HossO, ct son frCre Va~ subandhu (jap. Seshin). La tradition rapporte en effer que Maitreya descendir du ciel Tushita ala demande d'Asanga et de son frCre pam leur enseigner le contenu de cinq shdstraw. Ces deux Arahant compo­serent alors de nombreux aLltres shcistra edaircissant pam les fidCles lcs doctrines du Mahily:1na""l. Au Japan, Asanga est parfois appele GenjO et est alors confondu avec le pelerin chinois Xuam:ang. Asanga vivait en Inde, a Purushaputra, avec son frere, au IV'' siecle. On les reprCsente sous forme de moines, le titre de Bodhisattva qu'on leur a donne rar­divement ne signifiant pas qu'ils font partie des divinites. Au Japon, le culte de Mairreya et de ses acolytes n'est plus guCre entretcnu que par les sectes Zen et Shingon m.

IV

LES GRANDS BOUDDHA DE SAGESSE ET L'ADI-BUDDHA

Legrand Bouddha Vaimchana, brunze,Japon, Nara, TOdai-ji, 74l)

Les Cing Grands Bomldha de sagesse Mahilvairochana

Akshobhya Ratnasambhava

Amidbha Alnoghasiclclhi Acli-Buddha

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LES GRANDS BOUDDHA DE SAG ESSE

Le Bouddha Vairochana, bronze, Japan, 1x• siecle

LES CINQ GRANDS BOUDDHA DE SAG ESSE

Les Cing Grands Bouddha de sagesse, appelCs aussi les Cinq ]ina (~l'un terme sanskrit s.ignifiant « vaingueur '' ), ou encore les Cinq Tath&gata ant des origines mal determinees, bien que leur existence et leur~ representations paraissent relativement anciennes en Inde. De nom~ breuses thCories ant vu le jour, tendant a eclaircir leur origine et leur talson d'@ue. Correspondant aux cinq « orients » de l'espace indien (les guatres points cardi~aux .et le zenith~, .its ~ymboliseraient les cinq metn­bres du Bouddha lustonque. Le ro1 mchen Ashoka aurait en effet, si l'on en croit un rCcit du pelerin chinois Xuanzang 1, fuit Criger pres de Pfitaliputra (Patna), sa capitale, cinq stUpa en l'honneur du {{ Tathiigata compose de cinq parties 2

''· Selon cenains auteurs, ces Cinq Jina seraient des individualisations des principales mudr:J. urilisees pour sym­boliser, dans le bouddhisme esotCrique, les moments les plus caractC­ristiques de la carriere du Bouddha GautamaJ; selon d'autres, ils representeraienr les cinq Bouddha historiques 4 . Paul Mus, sans rejeter ces explications; ?st d'avis que la pensee. bouddhique peut avoir con<;u un Bouddha spmtuel condensanr clans ctnq hypostases les cinq grands moments historiques de la vie du Bouddha\ les Cinq Manushi Buddha (Bouddha humains, Nirmdnak&ya), les cinq elements types 6 de la lJhllosophie indienne et les cinq orients'. On peut neanmoins penser gu'en fin de compte, pris solidairement, ils hypostasient cinq attitudes fonctions ec attributs du seul Bouddha Shakyamuni. Ils en substanti~ fient pour ainsi dire cinq epithetes, ils fixent cinq episodes marquants de sa carriere dont cinq statues distinctes commemoreraient le souvenir. C'est 18. un point que les recherches de Paul Mus 8 ant admirablement mis en lumiere 9 • Selon Werner, {< l'idte semble @rre que chaque Baud­elba martel (ceux du passe, le Bouclclha histor.ique et celui du futur) possede sa contrepanie, pure et glorieusc, dans le monde spirituel, et libre des conditions conrraignames de cettc vie materielle ; au al01's que le Boucldha (historique) dans Sa condition matCrielle n'est qu'une apparence, le " reflet " ou emanation cl'un Bouddha immanent vivant dans les regions d'un monde cl'idee et de transe mystique. En conse­quence, le nombre de ces Bouddha de sagesse est theoriquement infini comme le nombre des Bouddha, bien que cinq seulement d'entre eux aient ere reconnus. »

Les stl1pa, que l'on dit derives des tumuli funeraires et devenus tardivement des monuments commemoratifs particuliers au boud­dhisme, Ctanr eux-m§mes des images du cosmos et symbolisant le Boucldha et Sa Doctrine, devaient, par voie de consequence, symboliser egalement les cinq aspects sous lesquels le Bouddha pouvait @ue con<;u. Mais il semble que les images des quatre Jina hypostases du Bouddha ne furent apposCes que tardivement w sur les flancs orienres des stl1pa. Quoi qu'il en soit, ces Cinq ]ina reprCsentcnt, pom le bouddhisme des

134

LES CINQ GRANDS BOUDDHA DE SAGESSE

ecoles du Nord et en particulier pour les sectes esotCriquesl le symbole essentiel de la Doctrine. Ces Cinq Bouddha de sagesse (Dhyilni-Bucldha, comme on les appelle dans certaines €coles du Nord) furent par la suite identifies avec taus les groupes de cinq objets ou idees existant clans la conception hindoue clu moncle : les cinq Boucldha historiques, les cinq sens, les cinq Skandhct (forme, petception, conscience, action et connaissance), les cing points cardinaux, les cinq vertus, etc., et un point de l'espace fut artribue a chacun de ces Bouddha. De m@me, par Ia logique des chases, ces Bouddha de sagesse, Ctant Cgalement des Bouddha de meditation (Dhy&ni-Buddha) par la puissance de leur concentration et de leur meditation contemplative, donnhent naissance a des sortes de reflets agissant d'eux-m@mes, ou Bodhisattva de medi­tation (Dhyilni-Bodhisattva), aussi appeles Bodhisattva de sagesse, dont Ia mission est de crCer le monde et de veiller sur lui. C'est ainsi que chaque ]ina est cense Ctrc, selon certaines theories, le reflet au la pro­jection magique d'un des cinq Douddha historiqucs (au nombre de sept au Nepal). En £'lit, chacun de ces Jina scrait trois entitCs en une seulc : un Boucldha historique, sa projection mystique et son emanation agis­sante. Nons avons done la correspondance :

zenith : Mahfivairochana - Krakucchanda - Samantabhadra Est : Akshobhya - Kanakamuni - Vajrapani Ouest : Amitfibha - Gautama - Avalokiteshvara Sud : Ratnasambhava - Kfi.shyapa - Ratnapilni Nord ;: Amoghasiddhi - Maitreya - Vishvapilni

I

Cependant, selon la tradition CsotCrique, ces Cinq ]ina correspon­clraient Cgalcment aux cinq Ctapes sur la voie du salut

Mahfivairochana esprit immacule, moyens de salut ; Akshobhya : esprit emmagasint, Cveil du cceur; Amitfibha esprit pur, eveil spirituel ; Ramasambhava : esprit passionne, ascese ; Amoghasiddh i : lcs cinq sens materiels, entree clans lc Nirvana.

Alors que les scctes du Petit VChiculc n'ont acceptC pour leur veneration que la personne du Boudclha Gautama, celles du boucldhisme clu Nord om fait de l'un ou de l'autre de ces Boudclha de sagesse l'objct pl'incipal de leur veneration. C'est ainsi que la secte japonaise du JOdo-shinshU ne venere qu'Amitftbha (Amida), alors que les sectes Cso­tCriques du Tendai et du Shingon om fait de Vairochana leur divinice principale. Les atltres « aspects >> n'ont jamais occupe qu'une place secondaire dans la veneration des fideles et n'ont, la plupart du temps, CrC representes que sur des mandala, ou en groupe avec les autres Jina. Selon le boudclhisme Csoterique des €coles du Nord, la reunion des deux grands mandala du Vajraclh1itu et du Garbhadhiltu montre l'har­monie existant dans l'univers entre les fot·ces qui le rCgissent, et concilie unite divine et diversitC des aspects 11

, ces aspects Ctant entire potentielle (Vajradh1itu) ct manifestations dynamiques (Garbhadhiltu). Les places respectives des Boudclha de sagesse et de leurs Bodhisattva correspon­dants y sont marquees en raison de leur puissance potentielle ou de leur activitC dans le monde. Ces deux mandala sont orientCs a !'inverse l'un de l'autre car leur reunion ne peut se faire que par confusion (ou co'incidence), face a face. Dans cenaines ceremonies CsotCriques, ils sont

135

Le Bouddha Vah·ochana, bois, Japon, Narn, MurO-ji, Miroku-dO, milieu rx' si(:ck

Page 74: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LES GRANDS BOUDDHA DE SAGESSTI

places l'un en face de l'autre, de part et d'autre des officiants, le mandala du Vajradhfttu tram suspendu au mur ouest, !'autre au mm est ...

Le Vrtjradhdttt Mandala montre, au centre du dhtgramme, Vairo~ chana eo concentration (muddl: en Chiken-in), entoure des quatre aurres Jina qui eveillcnt les forces dynamiques de l'univcrs. Ils sont assisres chacun de guatre Bodhisattva et ant taus un halo blanc t!,

I.e Gm·bhctdhJ.tt! l\1and,a/a montre les divers gmupcs de divinirCs et les etres clivins disposes selon leurs intentions, leurs forces ou bien leurs possibilires d'act.ion. Le centre de l'univers y est symbolise pat un lotus au centre duguel siege Vairochana, les mains en DhyUna-mu~ drfi, et sur les huits pCtales duqucl sc trouvent les guarre autres ]ina et guarre grands Bodhisattva entourCs d'un double halo de couleur rouge. Toutes les autres manifestations sont disposees aurour ainsi que leurs attributs, symbolcs et lettres-germes rcprCscntant le son (la vibration sonore crCatricc) qui leur correspond. Ces divinitiEs som sCparCcs en deux classes principales, de sagesse et de contemplation.

Diverses autres divinires sonc parfois associees, nous le verrons plus loin, aux Cinq Bouddha de sagcsse. Elles se trouvent egalement represenrees sur d'autres mandala.

Les deux grands mandala du bouddhisme esoterigue furent pro~ bablement .importCs de Chine au Japan par Kl'lkai 1

; en 8061 bien qu'il nc soit nullement impossible que d'autres copies aient pu Crre intro~ duitcs au Japan et en CorCc avant cette date. Leur Csorerisme fur prin­cipalement utilise par la sccte Shingon, mais aussi, de maniere fJlns accessoire et moins rig ide, par les sec res Tendai er quelques autres 1-1•

L'ordre de description et les noms memes des Cinq ]ina varient selon les sectcs. C'est ainsi qu'il arrive (au Japon principalement) que Bhaishajyaguru se trouve parfois mis a la place d'Akshobhya (ils SOnt

tons deux a l'est), que PrabhUtaratna remplacc Ratnasambhava ct que, dans certains cas, le Bouddha historique remplacc Amoghasiddhi. Kshi­rigarbha est parfois egalcment considere comme un Bouddha de sagesse 15 •

Les sectes qui venerent Amitfibha considerent que taus lcs Boud­dha de sagesse sont de simples Cmanations d'Amitfibha, et ne leur ren­dent aucun culte particulier. Lcs autrcs sectes du Mahayana les venerent de maniCres trb differentes, mais ce sont principalement les diverses formes de Vairochana d'une part ct le personnage d'AmitUbha de l'amrc qui obtinrent la plus grande f.'lveur aupres des fideles. On rend gCnC­ralement aux mitres un culte global avec celui des autres Bouddha de sagcsse.

Les representations des Cinq TathUgata soot relarivemcnt rares dans la sculpture inclienne ol1 on les rrouve sur les faces des stfipa tardif~ (comme le Dhamck a Sarnfith, et a NillandU par exemple, vers le VII' siCcle). En peinrure, ils sont plus souvent represenres, principa­lemcnt sur les ouvrages techniques et parfois sur les aureoles des DhyUni-Bodhisattva. Au Nepal, lcs statues des quaue Bodhisattva sc trouvent souvent aurour de la base des stltpa, Vairochami.' etant sym­bolise par lc corps m@me du stltpa. lis sonr egalement bien represcntCs clans le grand st(ipa-mandala du Borobudm, it Java (VIII' siCcle), olt leurs statues (quatre-vingt-dou:.-:c de chaque cOre) se trouvent situCes dans des niches correspondant a leurs horizons. Les statues de Vairo~ chana soot disposees a l'inrtrieur des stlipa ajoures des trois terrasses terminales de cet ensemble 1".

136

LES CINQ GRANDS BOUDDHA DE SAG ESSE

Au Japan, oU les doctrines esotCriques connurent un assez grand succes du IX• au XIV" siecle, les Cinq ]ina (jap. Gochi Nyorai) se trou­ent souvent reprCsenres en sculpture, disposes comme sur les manda­

~1 ... Un aspect de Vairochana (jap. Dainichi Nyorai), commun aux deux ~andala et qui semble fait·e la liaison entre cux, est Cgalement parfois reprCsenre : il est appele Ichiji Kinrin Nyorai (skt. Ekfikshara Ushnl­shachakra TathUgata). Enfin, certaines sectes reconnaissent un sixiCme ;fathilgata, Vajrasattva. Nons l'Ctudiewns plus loin 17

L'erude de ces divinitCs CsorCrigues est souvent arc\ue, et it est smwent rres difficile de comprendre quellcs furent leurs fonctions dans !'esprit des religieux qui les C1'CCrent ou qui les venerent. Mais elles furent si frequemment reprCsentCes que leur description s'impose, mCme si,'parfois, celle-ci s'avCrc guelque peu aride.

MAHAV AIROCHAN A (Vairochana; jap. Dainichi Nyorai ; chin. Palushena; mongol Masi Geigi.ilUn Djogiaqchi ; db. Rnam- par-snan-mdsad)

C'est, nous l'avons vu, 1a divinite principale, idenrique dans les deux grands mandala du VajradhUtu et d u GarbhadhUtu, des doctrines Csoreriques du bouddhisme des ecoles dn Nord, er principalcment des Joe trines de l'Ccole du Yogachara tH,

Au Japan, MahUvairochana (appel.& Dainichi Nyorai) est lc Grand Bouddha solaire de lumiCre et de verite 1 ~, « ayant rapport avec Celui qui est rcsplenclissant .:u }>. Il est la spirirualisation du Bouddha Gautama dans la Loi boudclhiquc. Il con:espondrait de ce fait a la « premiCrc mise en branle de la roue de la Lui >> par le Bouddha dans le jardin des Gazelles (lshipatana) a BCnares (VUdnasl). Sa mudrfi. type est done en Dharmachakra. La couleur blanche lui esc attribuee car elle est Ia synthCse de tomes les aurrcs couleurs et le symbole de tout ce qui est <<sans cache>> (jap. JJlltklf).-. 1

• C'est une personnification de l'Absolu. Les noms sous lesquels on lc desigoe ainsi que ses attribucs varient sclon les sectes et selon qu'on le consiclE-re comme le Bouddha supreme

I 37

Mahfivaimr.::bana, bois don~. Japon, t=poqtw de 1-Ieian, x''sii:·de

Dainichi Nyorai (Mahilvairocllllna) avec. it dmw:, Miroku Nyorai c·t, a gauch<e, Ashuku Nyonti, .J<tpon, mom KOy,t. Sambai-in Xlll' s1i\_ k

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Page 75: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LES GRANDS DOUDDHA DTI SAG ESSE

Dainichi Nyorai clu TaizO­kai

(M"ahfivairochana, le Grand Vairochana ; jap. Makabirushana) nne , d'Adi-Buddha ou Bouddha primordial (voir plus loin), ou 'com1 Sot~e premier parmi les Bouddha de sagesse (Jina, Dhyiini-Buddha) a~e el

.l , l 'V , l (' B' ' tque cas 1 est s1mp ement nommc: auoc una pp. trushana). Dans h T d . 'l ' B' h ( N. ' secte en m, 1 est nomme ltUs ana Butsu ou yorai) 22, Rushana B

Rh "D l Sl' D... ntsu au encore as ana . ans a secte ungon, amtchr Nyorai est vC , , . I'd B ddl ' (

110" sons trots aspects : ce m e ou 1a supreme Mahfivairochana) l

] . ( T h' . N ') l' V · I ' ' '' 1~1a ou at agata ; JaP· yorat appe e at roc 1ana, et comme V d • " " L . ]' l 'd. ' uu 1 yarap . cs quatre atttres ma soot a ors canst ercs comme et · l d ·r · d D · · l · N aut stmp ~?lent es ~an11estatwns ... e . a1.nrc 11 ~orai. N,ous avons cte·a

vu qu 1l est appele au Japan IchrJ1 Kmnn Nyoratlorsqu il est consict/e comme L~n!ficateu.r .des deux parties du monel: (les deux mandala). A part Amrtabha, Vauochana est le seul des Cmq Bouddha de sages

· · J l' b' d l · se qu1 so1t au apon o )Ct e cu tes VIVants, smtout parmi lcs fidCle des sectes esotedques Shingon et Tendai. Les m1trcs Tathfigata ne sem~ blent @tre la que pour remplir un besoin de symCtrie et jouer un rOl logique. S'ils furent vCnCrCs au dCbut de !'introduction des doctrine~ CsotCriques au Japan, ils ne connment guere de faveur par Ia suite e~ Ia tendance populaire fur de remplacer ces divers Jina par des divinites plus familiCres et plus accessibles a Ia comprehension de leur rOle comme Bhaishajyaguru, Shfikyamuni au encore Kshitigarbha. 11 11 ~ semble pas cependant que le culte de Vairochana ait donne lieu, au Japan ou aillems, a des formes ou a des pratiques culturelles populaires. Le bouddhisme esotCdque dcmeura un bouddhisme de moines, les doc~ trines tantriques Ctant bcaucoup trop complexes pour pouvoir Ctre aisetnent comprises et acceprees par le peuple. En Asie, les masses se sonr toujoms montrees plus affectives qu'intcllectuelles. Les hommes n'aiment guere (exceptC peut-etre les moines) philosopher sur la religion ou sur les attributions plus ou moins symbollques qu'il convient d'accorcler a telle ou telle divinitC. Ils preferent vivre leurs croyances « senrir " leurs divinitCs. Ils scram plus volontiers partes a rever devan~ une attitude qui leur inspirera un sentiment plutOt qu'a philosopher sur nne vertu divine inaccessible a leur entendement ou meme a lems possibilirts. L'homme « voir ,, Ia divinitC de la nature, il Ia sent, mais a Ia condition que cette nature lui soit proche et connue : le cosmos le laisse indifferent. En fair, i1 n'apprCcic que fort peu la dimension abstraite de la divinitt : il ne comprend bien son rOle que par analogic. Pour les Jappnais, Dainichi Nyorai est le Solcil, tout comme le Kami Amaterasu Omikami du ShintO a qui les doctrines syncrCtiques l'ont assimilt. Les atltres aspects solaires ou intellectuels de la divinite lui importent assez peu. En toute chose il demeure pragmatiquc.

MahUvairochana est considtre par certaines sectes CsotCfiques du bouddhisme du Nord, relies que les sectes HossO, Kegon, Tcndai ct Shingon au Japan, comme le transmetteur de la Doctrine du Yogflchara au sage indien Vajrasattva qui, selon la lt~gende, vivait dans une tour de fer en Indc du Sud. A son tour Vajrasattva transmit la Doctrine a NUgfirjuna et lui enseigna la signification du grand mandala en deux parties (Vajradhfitu e~ Garbhadhfitu). Apres lui, NUgabodhi, VajraboJhi et Amoghavajra intrbduisirent cette doctrine en Chine vers 720, d'oU elle passa ensuire en CorEe et au Japan, puis au NepUI et au Tibet. Dans cette doctrine, qui se greffa sur celles du Mahiiyftna au V" ou au VI'' siecle et qui fur exposCe par Asanga (lequel se prCtendait inspirC par Maitreya), le but principal du fidele est d'obtenir !'union mystique

138

LES CINQ GRANDS BOUDDHA DE SAG ESSE

1, ga mot pmvenant de la racine sanskrite yug qui signifie « union ")

( 0c la DivinitC supreme. Cette union est symbolisCc au Nepal et au

;:.~et par l' « embrassement >> de la DivinitC et de sa parCdre (on Shakti) / 15 !'attitude appelee Yab-yum, '' ptre-mtre », Ia divinitC Yab reprC­''\ant le monde du Vajradharu cependant que Yum reprCsente celui

sen ll' c · ll b 1· d l' · · · du Garb hac 1atu. ette ~ t~nwn sexue e sym. () tse one . un1~n mume du spiritt~el et du n~ate~rel,, sa~s laquel.le nen ne saura~t extstcr. ~lle

t rCmi111scente de I muon mume du ltngct et de la yom des docrnncs ~~ndoues des cultes de Shiva. En Chine et au Japan, cette representation (~Op evic~ente fu.t ren~placCe par ~e sxmbolc de 1~ mudrfl du poing de agesse (Jap. Cluken-111) ou des stx clements. Ma1s nous avons vu que ~~ personnalitE de cette grande divinitC pouvait Ctre cont;ue sons plu­Jeurs aspects,' selon les sectes et les pays : Divinite supreme, ]ina au ~rce terrible.

En rant que Bouddha supreme, les mudd. utilisCcs par les diverscs tOrmes de Mahavairochana sont dilfCrentes dans les representatio11s appartenant soit au domaine du Vajradhfitu, soit a celui du Garbha­dhiltu2\ bien que l'aspect general de la Grande DivinitC soit a pen pres le mCme : il a une tCte de Bouddha avec lcs cheveux coiffCs en un chignon cylindrique entourC d'une haute couronne (cette dernitre est parfois absente sur certaines sculptures, soit en raison d'une perte, soit en raison du non-conformismc de !'artiste). 11 est reprCsentC en Bouddha pare, avec une robe princihe, l'Cpaule droite denudee, et ii arbore col­liers et bracclets 26 • Dans le mandala du Vajraclhfitu, il a les mains en Dhyflna-mudrU (les pouces se touchant), tandis que dans cclui du Gar­bhadhltu, ses mains forment une mudd particulih'e, en poing de sagesse (jap. Chiken-in) ou des six C1Cments 2

\ representant l'Union mystique. Dans certains autres cas, il pent tenir dans les mains des attributs : dans la main droite un joyau magique (chintamani), un tri­dent, un glaive ou une cordc (comme Achalaniitha); dans la main gauche un vajra a trois pointes, un rosaire ou une clochette.

Il n'est pratiquemcnt jamais reprEsentC en sculpture au NepiU et au Tibet aU il apparaft cependant so~1vent en peinture, soit en rant que Mahflvairochana, so it reprCscntant l'Adi-Buddha. En Chine et au Japan, ses effigies en sculpture sont au contraire nombreuses, et sui­vent les rtgles iconographiques indiquees dans les deux grands mandala. Dans ce dernier cas, il est parfois reprCsente tenant dans ses mains en DhyUna-mudd une roue de la Loi.

Vah·ochana (jap. Rushana, Birushana ; chin. Palushena; cor. Birusa~bul, Tae-il Yo-rae; mongol Masi~Geiglillin Choquiqchi; tib. Rnam-spar snang-mclzad)

Sous ce nom, ce Grand Boudclha est considere non plus comme le 13ouclclha supreme mais comme un des Cinq Jina (jap. Gochi Nyorai). Le Bouddha historique en semit une forme provisoire. D'apres le Bon­IIJ8~ky8 2\ Vairochana, siCgeant sur un lotus a mille pCtales, aurait <{ emis ,) mille milliards de Bouddha reels"~ pour enseigner les mondes._ ll est alors reprCsentC assis sur une fleur de lotus, la main droite en absence de crainte, majeur incline (sccte Shingon), Ia main gauche reposant dans le giron, paume tournCe vers le haut. Son aureole est ornec d'une infinite (mille en principe) d'images du BoLtddha histori­que lu, Au Tibet, Vairochana est represeme veru de la robe monastique, avec les attributs habirucls du Bouddha : Urna, ushnlsha, etc., les mains

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Dainichi Nyorai du KongO~ kai

Rush ana Butsu (Vairochana)

Page 76: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LBS GRANDS BOUDDI-IA DE SAG ESSE

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Vajrasattva (KongO-satta)

Butsugcn ButsLlmo

en Dharmachakra-mudra. Lorsqu'il est reprCsentC en embrassement avec sa Shakd (appelee Lochanfi ou Vajrashfitlsvad), il est habille conune nn Bodhisattva et tient nne roue de la Loi et une clochette. Il est assis sur un lotus bleu. Lochanfi pour sa pan !'enlace Cnoitemcnt de ses jambes et tient une calotte crfi.nienne et un couteau (parfois un chaha). Leurs corps sont blancs. Le lion est leur animal-support (vfihana).

Vajrasattva 11 (jap. Kong6-satta; chin. Wozi Luosa-zin; tib. Rdo-rye Sems-dpa)

Dans la secte Shingon, il reprCsente, sous ce nom, une forme active de Mah&vairochana et est considere ~omme le Bouddha suprCme dans le rituel secretl2 , Il est, au Tibet, l'Adi-Buddha. 11 est Cgalement parfois considere comrne un « disciple direct » (ou emanation) de Mahilvairo­chana -11 • C' est, dans lc Garbhadh!itlt Mandala, le Bouddha supreme. On le rept·Csente assis en Padmasana sur un lotus, les deux pieds caches par la robe, vf!tu d'une simple robe monastique lui laissant l'epaule decouverte, avec un trCs haut chignon 14 et des bracelets. Sa main droite dent un double vajra a cinq pointes sur la poitrine, sa main gauche une clochette (avec un manche termint par un vajra a cinq pointes) sur la hanche au sur le creux de la cuisse. Ou bien, mais plus rarcment, all Japan surtm1t, il a lcs mains en Kong6-kcn-in (Vajramushti-mudril.) ou en Sankaisaish6-in. On pcut allSsi parfois lc voir rcprCscntC avec plusieurs bras et monte sur un ElCphant (rare) jj. Sa forme terrible est celle d'un Vidyfidlja, en general Rfigavidyfirfija ;''. 11 est alors accompa­gne, sous sa forme multiple et secrete, appelee Go-himitsu Bosatsu 11

au Japan, de quatre '' rois de diamant » (Vajmrfija) reprtsenres ensemble dans une mCme aurCole ct assis sur un mCme lotus 1~. Vajrasattva est souvent reprEsente accompagnt des quatre gardiens des quatres hori­zons, principalemcnt sur les mandala. 11 peut Egalement Ctre monte sut· quatre elephants orienres sur lesqucls sc trouvent les effigies des quatre Lokapfila. Dans sa couronnc peuvent se trouver reprCscntCs les Cinq J ina. Sa paredre est une Tfirii.

Au Japan) il peut prendre une forme terrible avec quatre on six bras, et avec un vajra et un cdne hurnain (ou une rete de lion) dans sa coiffure. Il tient alors le vajra et la clochette, un arc et une fleche, une corde et un glaive (voir a R!igcwidydrdja).

Mahivairochana identifit a Bhaishajyaguru \')

11 est alors reprtsentt comme un Bodhisattva, avec une haute couronne, Ia wbe laissant l'epaule clroite dtnudee, mais sans ornement. II pent alors avoir les mains soit en Dhydna-mudrfi (pouces se touchant), soit en Dharmachakra-mudd (ou en Chikcn-in). Cette identification est propre au Japan.

Mahivairochana identifit a Ekfikshara Ushnishachakra (jap. Ichiji Kinrin Nyorai)

II peur prendre plusieurs noms et aspects 40• Au Japan, cette fOrme est

Cgalement consicleree comme Etant « les yeux '' de Mahilvairochana. II pent avoir le nom de Buddhalochanl (jap. Butsugen-son, Butsugen But­sumo) dans le Garbhctdhc7tH Mcmda!ct et assumer une forme fCminine. 11 a parfois une r@te de lion sur sa coiffure et les mains rCunies en Dhyilna-mudrU (pouces se rouchant). Ce Bouddha supreme de Ia secte Tendai au Japan est symbolise par une roue d'or a lmit rayons. II peuc

140

U~S CINQ GRANDS BOUDDHA DE SAG ESSE

eg1llement prendre d'autres aspects suivant les mandala·11• Sous le nom

de Buddhalochanl, Ekfikshara Ushnlshachakra (mains en Dhyfina­mudra) fait la liaison entre lcs deux grands mandala et concilie les deux aspects cosmiques reprCsentCs par ceux-ci. Chaque secte ou sous-secte voit ce «pont)) s'effectuer de maniere diffCreme·i! et a con~u un grand

00rnbre d'aspects transitoires d'Bkftkshara Ushnlshachakra 1', aspects qui

soot loin d'etre toujours fixes et door les noms sont trCs souvent dif6§rents suivant la fonction et les pouvoirs, ou encore la place qu' on veut bien leur faire occupcr entre les conceptions que ces secres ant du Vajmdhfitu ct clu Garbhadhfitu 11

... Ekfikshara Ushnl-shachakra est parfois appelC au Japan DaishO KongO. Sous cette forme, il a clouze bras dont deux mains en Chiken-in et deux annes tenant la clochette et le vajra. L'es autres mains riennent, a droite : lc glaive, le rosaire, le bflton et le triple joyau; a gauche : la roue, la corde, le double vajra eo croix, lc lotus ouvert. Sa coiffure est nouee en sept chignons et il est assis en Paclmfisana sur un lotus. Il combine alors les forces de Mah:1vairochana et de Vajrasattva ''.

Mah&vairochana sous son aspect normal est presque toujours accompagne par quatre Bodhisattva assumanr unc forme feminine et appdes Pfiramita (jap. Haramitsu), symbolisant les quatre sapicnccs et le reliant aux grands Bodhisattva·H•,

Sudrishti ou Dh1·uva (jap. My6ken) My6d6 I3osatsu '7)

Sous ce nom, Dainichi Nyorai est invoque au Japon comme erant le Bodhisattva de l'l2toile polaire, « qui nc change apparemment jamais avec le temps, le point au centre du ccrcle dont on ne peut sonirm». Il est Cgalcmcnt idcntifiC au Somc/ (jap. Kanro), incarnant ainsi l'am­broisie divine, la liqueur d'immortalire. Cette forme est surtout veneree dans le nord du Japan, et plus particulierement a Fukushima et dans !'lie de HokkaidO oU elle est considtree comme protcctrice des chevaux er des animaux sauvages, sous le nom de S6zen (ce dcrnier nom aurait servi a designer, autrefois, un cheval blanc '9). On lc nomme aussi Sonsh6-6 et MyOjin lorsqu'il esr identifie au cheval blanc messager des Kami du shintO. Dans d'autres regions, My6d6 Bosarsu est wnsidtre commc le protecteur des vers a soie. On le represenre, smtout en pein­turc, assis sur un lotus blanc, une couronne sm la r@rc, les mains en Dhy&.na-mudril.,". Sur les mandala, My6d6 est reprCsentC accompagne des sept troiles de la Grande Out·sc~ 1 , lesquelles seraienr, scion une Iegendc japonaise, les sept vies du celebre guerrier rtvolre Taira no Masakado qui, en 939, osa se rcbeller er se prodamer empereur, mais qui fut vaincu l'annee suivante cr tuC au cours d'unc furicuse bataillc. Scion cenains, MyOdO Bosatsu serair Ia japonisation du dieu chinois de Ia LittErature Guixing (une Ccoile). On le represeme, en peincure, sous quatre formes principalcs : - Personnage ftminin ( ?) monrC sur un dragon, debout sur un seul pied dans les nuagcs, avec guatrc bras, les deux supCrieurs ponant des eroiles, les deux autres un pinceau ct un livre. Un Yaksha et un Deva sam ses acolytes habiruels l",

- Personnage fCminin ( ?) assis en Padmasana sur Lm nuage, la r@re couronnee, avec un haut chignon t'r une touffe de poils blancs entre lcs sourcils (flrnc7), la main droitc tt'nant une £leur de lotus sur laquelle repose la constellation de la Grande Ourse l', la main gauche en Varada-mudd.

141

khiji Kim·in Nyorai

DaishO KongO

Sudrishri (MyOkcn)

Page 77: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LES GRANDS BOUDDI-IA DE SAG ESSE

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UhO-dOji, bois,Japon, Na1·a, Hokkc-ji, XIV" siedc

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KC1kai (KObO Daishi)

- Personnage feminin ( ?) assis sur un tmage, la r@te herissee de serpents ct un rictus montrant des crocs, avec quatre bras (mains droites : glaive et pinceau i mains gauches : livres et cbakra) j

4•

- Homme debout ou assis sur une tortue et tenant un livre ou un glaive, parfois accompagne de deux acolytes.

Il est a signaler que MyOdo Bosatsu est parfois assimHe dans les croyances populaires a Kshitigarbha (voir note 49).

Enfin on trouve souvent une image de Vairochana dans la coiffure de MUrlchl.

Incarnation temporaire auJapon

Les doctrines syncretiques shintO-bouddhiques out creC une incarnation temporaire (Gongen) de Vairochana appclCc UhO-dOji. Cette divinitC feminine est rCplw:;e avoir le pouvoir de chasser la malchance. Tille affecte la forme gCnCrale des Kami (lorsque ccux-ci sont reprCsentCs sous forme humaine) mais avec un petit stG.pa (ou reliquaire, hritfJ), pose sur la r@te ~~. Elle tient un chintfimani dans la main gauche et un bUton de sagesse (jap. hfJbfJ) dans la main droite. Sm ses pieds marchc un tanuki (viverridf) blanc. On confond parfois cette divinite avec une des formes de M&rlchl (jap. Marishi-ten), Ses representations sont tares en sculpture et plus encore en peinrure aprCs l'epoque de Muromachi (XVI" siCdc).

Lemoine Kllkai (K6b6 Daishi, 774-835)

Il se serait revele lui-mCme comme Ctant une forme de Vairochana, lors de la discussion de la doctrine du Shingon avec les chefs des autres sectes 5('. Cette image est appelCe au Japan HasshUron Dainichi Nyorai (Vairochana des huit sectes), Vairochana-Kllkai est alors rcprCscntC avec un haut chignon sous un dais de sept eroiles, et realisant le poing de sagesse (Chiken-in).

Rappelons enfin que sa couleur esr blanche (ainsi gue celle de sa parCdre Lochanil), qu'il correspond a l'ClCment Cther, que son Bodhi­sattva de correspondance est Samantabhadra, enfin gu'il est censC representer le Bouddha historique Krakucchanda.

AKSHOBI-IY A (jap. Ashuku Nyorai ; chin. Achu; tib. Mi-bskyod-pa, Mi-khrugs-pa; mongol DW Kudeliiki)

C'est le second des Cinq Grands ]ina (ou Dbyani-Buddha), l'Immuable, l'InCbranlable ,., Tathfigata. 11 correspondrait au Bouddha historique Gautama lors de la prise a tCmoin de la terre par Celui-ci. Akshobhya subjugue done les passions demoniaques et manifeste le pur esprit de l':Evcil sans souillurc ~~. 11 a fonnule le vceu de n' Cprouver jamais ni colere ni repulsion et de demcmer intbranlable dans l'accomplissement de la rUche qu'il s'Ctait fixte. Il preside au paradis de l'Est Abhiratl (jap. MyOki) et, par rapport a Amitabha (soleil couchant), il correspond au soleil levant. C'est pourquoi il est parfois remplace, dans la ferveur populaire qui le connalt peu, par Bhaishajyaguru door la terre d'tlection se trouve egalement a l'est.

Akshobhya est mentionne des le dCbut du III" siCcle dans le Praj­fi!ipdramitd-sfitra, comme il le sera plus tard dans le Saddhar-

142

LES CINQ GRANDS BOUDDHA DB SAGESSB

mrtpttndarfka-.rfitra et le Sttkhc!vcttt-vyfiha. Son cultc paralt attestC en Chine des l'Cpoque des Han posrCrieurs. lntroduit au Japan en m@me cemps que lcs deux grands mandala, il ne connut guCrc de popuhu:itC ec fut remplace par Yakushi Nyorai, dont l'Ccl<lt eclipsa trCs vite le sien. AprCs la pCriode de Heian, pendant laquelle it fut venere par les tenants des scctes tsotCriques, il ne fut plus reprCsentC que sur les mandala, en compagnie des autres ]ina, dans la serie des Gochi Nyorai. Jl y a cepcndant lieu d'observer que dans ce pays, Ashuku fait toujours

1 , partie des treize Bouddha de la secte Shingon w. On lui prCte les vertus de « Connaissance du miroir » (Adar.rhaj­

ii!ina), c'esr-a-dire de la vacuite (lc miroir, symbolc de cette vacuire, peut egalement, rappelons-le, symboliser le soleil et, dans ce cas, i1 aurait la « connaissance parfaite » de Mahilvairochana). Dans le domaine du Gcr.rhhadhJtu Mandala, il prend lc nom de Ratnaketu (jap. HOt6 Nyorai) et reprCscnte le « respect du Bouddha >~.

En Incle et dans les pays oi:1 le bouddhisme des Ccoles du Sud fleurit, c'est cet aspect du Bouddha historique qui est le plus souvent ventre, dans !'attitude de la prise de la terre a rCmoin (Bhltmishparsha­mudd) ; on ne le nomme pas Akshobhya mais simplement le Bouddha. Ce n'est que dans les doctrines du Mahayana qu'il prend le nom d'Ak­shobhya et prend place dans le groupe des Cinq Bouddha de sagesse.

Au Tibet, il est represente comme erant le Bouddha Gautama mais prend parfois le nom de VajrUsana. 11 est alors reprCsenre en Bhfimishparsha-mudrU, mais avec un vajra pose dcvant lui sur le !otus-siCge (ce vajra est parfois placC sur la paume de sa main gauche), Toujours au Tibet, on peut le reprCsenter en embrassement avec sa Shakti (en Yab-yum) qui a le nom de Milmakl (aussi appelCe Lochana). Il est parfois supporte par un elephant, ct une svastikil est souvent gravee sur le socle de ses images ou sur sa poitrine.

Sur les mandala, on le reprCsente de couleur or ou bleue (couleurs opposCes ou confondues)t'', assis en Padmiisana, les deux pieds appa­rents, ou bien assis en VajrUsana (pied droit sur jambe gauche), la main droite en BhUmishparsha, la main gauche fcrmCc sur le genou, ou bien ouverte paume tournCe vers le haut, sur lc giron (tenant ou non un vajra), ou bien encore tenant un pan cle sa robe. 11 ne porte ni couronne ni bijoux.

143

Bouddha "Jinamt", bronze dare, Thailandc, Bangkok, fin xvuf siC:de

Akshobhya, pierre, Java, BorobudLU', fin vm"sii.'de,Jakarm, musee national

Ashuku Nyorai (Aksh(lbhya), formr: ewreriqne

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I.ES GRANDS BOUDDI-IA DE SAGESSE

Akshobhya (Ashuku Nyorai)

Rarnasambhava, pierre, Jnvn, Borobudur, fin vm•· siedc,Jakal'ta, musCc national

HOshO Nyomi (Ratnasam~ bhava)

Sur le mandala du Garbhadhtttu1 il est normalement assiste de quatre Bodhisattva61

• Sur celui du Vajradhtttu1 avec le nom de Ratna~ ketu, il est represcntC comme Akshobhya, mais sa main droite se trouvc a l'exrerieur et a la hauteur de son epaule, tandis que sa main gauche tient un pan de sa robe a haurem· de l'Cpaule. Il est rres rarement reprCsentC sous cette clerniere forme.

On trouve parfois une image cl'Akshobhya dans la coiffure de Mafijushrl, de Yamanraka, de Prajfiaparamitfr er des Tara. Dans sa forme tibCtaine en Yab-yum, il embrasse sa Shakti qui tient dans la main gauche une calotte crat1ienne. Lui-mCme tient un vajra vertical dans Ia main droite et une clochette dans la main gauche. Il porte alors un cliaclCme autour de ses cheveux coiffCs en haut chignon. Son corps est bleu foncC, tandis que celui de sa parCdre est bleu clair. Rappelons que le Bodhisattva qui lui correspond est Vajrapani et qu'il est cense reprCsenter lc Manushi-Buddha Kanakamuni. L'ClCmcnt air lui est attribue.

RATNASAMBHA VA (jap. H6sh6 Nyorai ; chin. Ilaosheng Fa ; rib. Rin-gbyun ; mongol Erdeni-in Oron)

C'est le Tarhagata qui est « la source des chases sacrees », « Celui qui gere les trCsors >>, ~< Celui qui est ne du joyau ». C'est le troisiCme des Jina de la sCric des Cinq Tathfigata (Dhyfini-Buddha), et peur~@tre le mains populaire de tons. Il siege au sud oU se trouvc sa tet·re de pre~ dication.

Ratnasambhava ne fait pratiquement jamais l'objet d'un culte en rant que divinitC indCpendanre du groupe des Cinq Jina. TrCs rarcment represent€ en sculpture (sauf au Borobudur a Java), on ne le rencontre que sur les mandala, oi:1 il csr parfois accompagnC de quatrc Bodhisattva (•2 • Sur le mandala du Vajradharu, il est rcprCsentC de con­leur or (ou jaune), assis en PadmUsana, la planre des picds appat·ente (p~H'fois, mais plus rarement, il est debout), l'tpaule droitc dtnudte ou non, parfois couronne. Sa main droite est en Varada sur le genou (avec parfois des bijoux coulant de ses doigts), et sa main gauche ticnr un pan de sa robe sur sa hanche ou au creux de ses cuisses ; cette main pent tgalement renir un chinramani ou @tre fi:l'mCe en poing de sagesse.

Sur le mandala du GarbhadhUtu, il prCsente le mCme aspect general, mais la main droitc est en Varada-mudd dcvanr la poitrine.

Au Tibet, il est souvent repn§senrt (dans le cadre des Cinq Grands Bouddha de sagesse) en embrassement avec sa Shakti Mamakl. Il est dare er tient dans la main droite un chintil.mani, clans la main gauche unc clochettc. Sa pathhc (de couleur jaune clair) ticnt une calotte cd~ nicnne dans la main gauche. Il est couronne er a lcs cheveux coiffCs en un haut chignon. Un cheval, son animal-support (vdhana), est parfois represenre sur son socle-lotus.

Il reprCsente le Manushi-Buddha Kashyapa, l'ClCment feu, et son Bodhisattva de correspondance est Ratnapfini. ThCoriquement, le lotus qui lui sert de trOne devrait Cere jaune. En fait il est presque roujours rose. Il est parfois remplacC, dans son horizon, par Prabhlhamtna.

144 BouddhaJinarat, brom:c dorC, Tha'ilande, Bangkok, XVI"' siCcle.

XIII

Page 79: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Bouddha Akshobhya, terre peinte, Bhlhan, xxc siecle, collection privee.

XIV

lES CINQ GRANDS BOUDDHA DE SAG ESSE

('est le guatriCme ]ina qui reprCscnte le Bouddha historique Shfrkya-1~uni Gautama, et dont nous avons padC prCcCdemment. Il est Cvidcm­ment venere avec le groupe des Cinq 'fathfigata, mais fait aussi, comme

110us l'avons vu, l'objet d'un culte completement indCpendant.

AMOGHASIDDHI (jap. Fukl!j6ju Nyorai ; tib. Dun-gtub)

Ce cinquiCme et dernier ]ina, « Celui dont l'accomplissement n'est pas vain "- 1", est << Celui qui preside au nord>> ol1 se trouve son paradis. On l'identifie parfois (ou on le remplace) par le Bouddha Gautama. Ne (;dsam jamais !'objet d'un culte sCpare, il est mrement reprCsentC autrement que sur les mandala et dans les gwupcs montrant lcs Cinq Tathfigata. Dans le domaine du Garbhaclharu, il est appei.C Divyadun­dhubbimeghanirghosha, « Celui dont la voix est scmblable a cclle du ronnerre » (jap. Tcnkuraion Nyorai). Il est appele MimyOshO Nyotai (jap.) dans lc Sm,arnaprahhcJsa-.dl.tra. Il est normalemenr accompagnC de quatre grands Bodhisattva '' 1

; scs mains ct scs pieds sont mchCs par sa robe. Dans le Vajradh!ltu Manclctlcr., il tient sa main droite en Bhfimish­parsha, sa main gauche Ctant fermCe sur le crcux de sa cuisse.

On lc reprCsente normalement en Bouddha de sagesse, de couleur vcrte, assis en Padmilsana, la main droite en absence de crainte, la main gauche tenant un pan de sa robe. Il est alors parfois assistC par deux Bodhisattva de Ia mCdecine, Bhaishajyadlja (jap. Yaku-0) ct Samudgata (jap. Yaku-jO), qui sont deux formes d'Avalokiteshvara.

En Chine, il fur parfois monrre assis « a l' europeenne }) , mains en Abhaya-Varada-mudrii (a Dunhuang notamment), reprCscnrant ainsi son Manushi-Buddha, Maitreya.

En Inde et en Asie du Sud-Est (U Borobudur, Java), il est rcprCsentC comme un Bouddha normal (cheveux formant de petites boucles, Urna, ushnlsha, Cpaule droite dCcouvet'tc, main dl'Oite en Abhaya-mudrfi, Ia gauche ouverte sur le neux des cuissts).

Au Tibet, il est parfois represenrC en Yab-yum avec sa Shakti, Tara, de couleur vert fone<'i (sa Shakti est plus claire), tenant a la main droitc un quadruple vajra, ct dans la main gauche unc clochette. Bien que son lotus-support soit th<'ioriquement gt'is-bleu, il est plus souvenc peint en rose. Sur son socle sont repJ·CsentCs ses vilhana, des nains ail6s ou des Kimnara (appeh::s Shenshang en chinois). II correspond a !'Cle­ment terre et au Bouddha du futur, Maitreya. Il est Cvidemment place au nord.

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Amoghasiddhi (.FukfljOju Nyorai)

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Page 80: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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ADI-BUDDHA (db. Dus-khyi-hkor-lohi Btsan, Mchog-gi Dang-po-hi sangsrgyas ; mongol AnghanBurhan)

Assez tardivement se dCveloppa, probablement au Nepfil vers le X" ou xp· siecle, une thEorie tendant a faire clu bouddhisme du Mahayana une religion monothCiste. Cettc thCorie, rCpandue parmi les sectateurs de l'Aishvarika, se fondait sur une phrase de la Gunakdr?tnda-vyfiha affir~ mant qu'il y avait UlJ Bouddha << Svayambhl1 » .<exist~nt de. par lui~ mCmc), aussi appelC Adi-Buddha (le BoLJ::ddha prtmordml), b1en avant toutes chases. Selon l'Ccole nCpalaise, cet Adi-Buddha, de tome Ctel'nitC, est infini, omniscient et pent eue considCrC comme le veritable crCateur de tout ce qui existe. De lui seraient CmanCs les Cinq Jina ou DhyUni-Buddha, aussi qualifies d'Anupapfidaka, «sans parents>>. 11 serait l'Emanation de la syllabe mystique Attm (tib. Om), reprEsentee par une flamme surgissant d'uoe fleur de lotus. Il n§siderait dans le plus haut des cieux, le treizieme, selon la cosmologie nCpalaise;, La secte (Cgalement nCpalaise) des Svfibhilvika imagina elle aussi un Adi-Bud­dha. Cet Btre suprCme prit plusieurs noms, tels que SvayambhU, tsh­vara, Svabhfiva, Vajrapfini, Vajrasattva, Vajradhfira, Vairochana ... Ces conceptions d'un Bouddha suprCmc ne furem pas acccprEes partout et, au Nepal comme au Tibet, ne connurem qu'une relative popularitC, chaque secte concevant son Adi-Buddha diffCremment, gCnCralemem assimilC a l'un au l'autre des Grands Bouddha de sagesse. Au Tiber, une ancienne secte reconnaissait Mafijushrl comme DivinitC supreme alors que les «Bonnets rouges » vCnCraient Vajrasattva et les « Bonnets jaunes » Vajradhfira. En Chine, ce fut principalement Vajrasa.ttva qui fut considere comme lc Bouddha suprCme, et au Japan, Varrochana (Mahfi.vairochana) en tint lieu pour les sectes CsotCriques. Dans lc Mahayina du Sud-Est asiatique (ct principalcment a Java), uoe entire supCrieure, principe de routes chases, appelee Advaya, Ctait veneree comme Bouddha primordial, invisible, omniscient. Au Japan encore, scion les sectes, divers Jina, tels Amitfibha au Bhaishajyaguru, tinrcnt la premiere place dans le pantheon bouddhique ...

Au Nepal (oil il est symbolise par une flamme sonant d'une flem de lotus) et au Tibet, l'Adi-Buddha est reprEsentE comme un Bouddha pare, c'est-a-dire avec tons les ornem"ents cl'un Bodhisattva. S~ partdre ou Shakti est alors Adi-dharmfi (on Adi-prajfia). Lill'sque cet Adi-Bud­dha est reprCsentC en Yab-yum avec sa Shakti, il se nomme Yogfimbara, et sa partdre prend le nom de Digfimbarfi ou Jfianeshvarl. Ils sont reprCsentCs comme des Bouddha, sans omement. Yogfi.mbara a les mains en Dharmachakra-mudd et Jfianeshvarl en Dhyfini-mudr6. 6~.

VAJRASATTVA (jap. KongOsatta; chin. Woziluosazui; tib. Rdo-rje sems-dpah)

Sous cetre forme, cet Acli-Buddha, venere particulitremeot au Tibet et en Chine, serait, d'aprCs l'Abhidanottara-tantra 6(', le « reprEsentant de taus les Bouddha ». Au Nepfil il est identique a Svabhfrva, selon la

146

les Svfibhfivika et il rCsiclerait (ou se serait manifestC) sur lemont sectec ' . !' · d -,..r • 11 est symbolisE par une flamme surg1ssant c un cro1ssant e 1v1-eru. 'd ' ' l . 1 osC sur une fleur de lotus, ou par un tn em pose sur cette meme une ' 'f M l, , l" . l d l fl r Il est dans le panthCon tardt · du uayana, eqmva ent e a d-~L~ ~itC hin~loue Braluna. Il rem place parfois Akshobhya dans le concert d~:

1

Cinq Jina, et porte parfois une petite image de ce Dhyfini-Buddha d ns sa chevelure (musEe de Jakarta). . .

a. GCnCralcmeot rcprCsentE en Bouddha pare et ass1s, 1.1 pent pren~Ire 1 .1·eurs positions de 1'ambes, Paryanldi:sana (le pied drott sur la cutsse

pus · · h '11 Jl he) P'tdmiisana ou alors les Jambes cr01sCes aux c ev1 es. est gauc , • • . , · l . •·1

·rout reprEsentC en sculpture au Ttbet, a Java et au Smm, a ots qu t surJaralt plus frCguemment sur les mandala au Nepfil et en Chine. Il :~~Jaralt Cgalement, mais en position dcbout, sur des stelcs, en ~ompa-

·e des autres Dhyfrni-Buddha et d'Akshobhya. Dans ce denucr cas, gnt .. 1

, . . ·1 plusieurs r@res et bras. Mats 1 ttent toujours un VaJra et une ~lo~hettc. Au Tibet, il est souvcnt r.eprCsent~ en Yab-yum avec sa Shakti Ghantapiini, et cette forme apparncnt au ntuel secret.

Au Japan, nolls avons vu prCcCdemmeot que, sons le nom de Kong6satta, il Ctait souvcnt reprEsentC no~n seulement sur l_~s~ ma~dala mais Cgalemeot en sculpture. Il est frequemmeot monue sur son vfihana, un elephant blanc.

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Page 81: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

V AJRADI-IARA (tib. Rdo-rje-hchan; mongol Ochirdara)

11 est souvent confondu avec Vajrasattva par certaines sectes, alors qu d'autrcs lui donnent une existence independante. C'est l'Adi-Buddh: des << Bonnets rouges r> et des « Bonnets jaunes ''. 11 est represent~ comme un Bodhisattva, pa1·e de rous ses ornements, les mains croisees sur la poirrine avec le vajra et la clochette, et de couleur bleu fonce Le vajra et la clochette soot parfois supporres par une branche tenn~ dans scs poings croises. Lorsgu'il est represenre avec sa Shakti Prajfifi­pUramita en position de Yab-yum, il tient scs deux attributs dans le dos de sa paredre.

Cet Adi-Buddha pent egalement Ctre appelC Kannavajra. Dans ce cas sa main gauche tieot un lotus et sa main clroite est en Vitarka-mudrft. Lorsqu'il est appele Dhannavajm, il tient un double vajra sur la poitrine et une clochette sur la hancl1e 67

Cependant ces deux aspect sont rares. Et les formes de Vajrasattva er de Vajradhfi.ra sont parfois peu distinctes l'une de l'aurre. Elles sont en fait confonducs avec les aspects tantriques de Mahilvairochana.

v

LES BODHISATTVA DE COMPASSION

Jl'lichimen Kannon, bois colore, ]>tpotl, Nam, MurO-ji, IX" sitcl~

Avalokiteshvara Divinitf~ ,, donneusc:s d'enbncs"

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Page 82: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LJ~S DODl-IISA'TTVA DE COMPASSION

Bodhisattva

les Bodhisattva sont des ~< erres destinCs a l'Evcil 1 >>, sortes de saints qui se prtparent a devenir, par leurs mCrites ct leuts vertus, des Boud~ cllm. Bien qu'en fait ils !Jtlissent etre les Cgaux des Bouddha, le lYiahfiyiina les a con~us comme ayant renonce a l'Ctat ultime par pure compassion envcrs tons les eues~. En tam que tels, «pour les plus dCvOts de leurs sectateurs, les Bodhisattva sont des Ctres de raison et n'exisrenr absolument pas 3 ». En efter, ce qu'on appelle Bodhisattva et « perfection de sagesse 4

" n'est qu'un nom, et ce nom de Bodhisattva n'est per~u ni intCrieurement, ni extCrieurement, ni entre les deux . Cependant on parle d'ttrcs divers, mais aucun erre n'existe. (<Tons ces mots soot simplement des dCsignations et n'existem gue comme dtsi~ gnat ions \ ))

Cependant, pour la plupart des sectateurs du bouddhisme des Ccoles du Nord (car nous <Woos vu que le seul Bodhisattva acccptC par les tenants du Hlnayfina trait en fait le fucur Bouddha Maitreya), les Bodhisattva representent des intcrmCdiaires entre le Bouddha inacces~ sible, inimaginable, indicible (tel qu'il est conc;u en rant que DivinitC suprCmc, Mah&.vairochana ou Adi-Bucldha), et les Crres vivant sur cette terre d'impermanencc et d'imperfection. Ce sont les inrercesseurs divins, les « heros de charite et de sacrifice 6 », pares de tomes les vertus cr de toures les qualites, pourvus de routes les forces ct d'une inCbranlable resolution clans l'accomplissemenr de leurs vccux. Ils sonr des modeles parfaits, chers an cceur des fidelcs car, clones de rendresse et de sensi~ bilire, ils lui soot plus proches ; a ce tine, ils soot plus gCntralement veneres et invogues que les Bouddha cux-mCmes. VQues au salut du monde souffrant, il ne leur est pas permis d'entrer erl totale concen~ trarion (Jam!idhi) : c'est pourguoi ils ne sonr pas normalemem rcprC­senres avec lcs mains en Dhy:lna ou Samiidhi-mudrii, mais dans des attitudes qui symbolisent le travail, l'activitt qui sonr les leurs. Ce sont des Ctt·es Cminemment actifs ils ant fait « vceu d'Cprouver tons les rourments a la place des @rres 7 >>. Aussi leur audience, dans rout le monde du boucldhisme du Nord, est-elle immense, et le nombre de leurs representations considerable. On leur donne de trts nombrcux noms qui tous traduisent les qualites ou venus (on activites) qu'on leur attribue. Car les fideles venerent un certain nombre de ces Bodhisattva en fonction de leurs attributions.

Dtja connus des doctrines du Petit Vehicule, les Bodhisattva sont dCcrits dans plusieurs traitCs religieux indiens~ et dans de nombreux traites ec sCm·a des sectes du Mahayana~.

Selon ceux-ci, les Bodhisattva proviendraienr de la pensee de Compassion (Kartm!ichitta), de la Connaissance exempre de dualire

150

Ad yajff!ina) et de la pensee d'Illuminarion (Bodhichitta) 10 : <\ Les

(B ·1"1~ ·attva sont Ia pousse (ankttr?t) gui surgit de la Grande Compassion 0

' "'' 1 f · 1 h l ; '1 · e" D' ' rand is que les Boud~ha en s1.om

1. c rdult {' a a e( ~tgn th, !I" ) apres

l'Avatamshaka-sfitra, 11 y a ~ 1x teux e nmssance 1cmma_.r na pour l Bodhisartva 12, Ccs dermers erant des Bouddha en pmssance ayant es nee~ au Nirvana afin c\'aider les Ctrcs a faire leur salut, ils crCent reno , 1 (N' , ) , , . ·ela des « corps de Inetamorp 1ose )) trmana ou \{ emanat10ns )~, potu c ' 11 '1 , ' !)

"CS1Jondanccs sous l'aspect desgue es 1 s apparatssent aux etres. e corr , r , 1 r , I 1' , " L I orte ils peuvent se manttester partout a a 101s cans umvers . es ; ~his;ttva furem connus rres tOt dans l'hisroire du bouddhismc L'L 0

·trurent en Chine dCs !'introduction des doctrines du Mahayan.l, apP· . · ' b1 A ' 1'' I , d d , ' 1 nr ils dcvinrent msepara es. pres Intra~ uctwn es occnnes csu~ ~:riques, 'leur culte se divcrs!fia, et de. non~bret:x Bodhisattva furen1 cJ:CCs pour s..1.d.sfairc ala dCv1~tiOn popAulaJtrc. Ccrr~m1 es for~es ccpcndan~ furent plus en faveur qu~ c auc~·es. u ap~n~ ~u .. cur cu te e~t ~t~csr: l's 1·t fin du VI'' sitde Jls devmrent les dtvmtccs les plus venerces a c e. ' . ' , . " ·u·tir de la periode de Heian. L empereur du Japan pouvatt memc, en

p~rtaines occasions, confCt·cr le titre de Bosatsu (Bodhisattva) a des ~cligieux particul.iCr~m~nt vCt!CrCs .1-1' ptatique _qui s'apparentait sans doute, dans le shmto, a la cletficanon en Kamt de pe1·sonnages ayanr reellemcnt exisre, ct qui Craie alors relativement courance. Le boucl­dhisme tsorerique rcconnalr quaere grands Bodhisattva ou (( grands aco­lytes )) (Mahftpa1·ivftra), qu1 sont les symboles des vettus du Grand Bouddha solatre Mah&.vauochana _Au sud~est : Samancabhadra, considtre comme le chef des Bodhisat~ tva 11. reprCsente les mCrites du (< creur de Bod hi)), _ Au nord~esr : Maitreya, qui repn§setlte la Grande Compassion du Bouddha. _Au sud~ouest: Maftjushrl, qui represente le mtrite de l'enscignement de la Loi. _Au nord-ouest: Sarvanlvaranavishkambhin, une forme d'Avalokitesh­vara qui represenre les merires resultant de la destruction des obstacles sm le chemin de la Bodhi.

Dans le mandala du Garbhadhftcu, certains Bodhisattva retJrCsen­tenr les causes door les quaere Bouddha en courant Mahftvairochana sont les effets. Dans le mandala du Vajradh:ltu, les Bodhisarrva, au nombre de seize, reprCsentent les vertus des quatre gmnds Bodhisattva. Us sont assistes par seize aurres Bodhisattva de conremplarion, quatre <( perfec­tions )) (PJramitcf}, huit « offrandes >) (Pf!.jc7) et quaere « moyens de conversion>> (Smngraha; chin. Shi).

Ces quatre Samgraha permetrent, selon le BnkkyfJ-Daijitcn (p. 1854), d',< appcler-inviter )) lcs €tres, de lcs diriger, cle les rctcnir fermemenc et de les rejouir ce sont des moyens ou des methodes de conveJ·sion ... Certains de ces Bodhisattva revCtent alors une forme feminine. A ce propos, il faut remarquer avec M. Andre Bareau que les Bodhisattva, n'tcam pas des divinicts au sens propre du rerme, sonc presque toujours considCrCs en Inde commc ecant du sexe masculin. En revanche, les dicux et divinitts (Deva, Devati'i) qui ne sont pas des Bodhisarrva (du mains par essence) sam sexues, done masculins ou fCminins qunnd ils apparricnnent au monde de Ia concupiscence (Kflmadhiltu) puisqu'ils sont soumis, commc tousles @rres de cc monde, dieux, hommes, animaux, etc., a la loi du dtsir sexuel; alors que les dieux des deux mondes suptriems Rltpadhiitu (monde de la fotme) et

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G.ENilRAL!TES

Vajrapilramitil (KongOharamitsu), bois don~, Nar·a, TO-ji, XV!l' sit-de

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Page 83: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LES BODHISATTVA DE COMPASSION

Arllpyadhiitu (monde sans forme) sont au contraire asexues. Les &tre i'ctmissant dans les paradis d'Amitilbha ou d'autrcs Boudclha om des corps d'hommc ; lorsqu'il s'agit des paradis (Svarga) des dieux (Deva)s tout dCpend du monde (Dhiltu) m1gucl appanicnt le paradis en ques~ tion 1&.

Le Mahfiyilna a con~u lcs Bodhisattva principaux comme con·es~ pondanr aux Grands Bouddha de sagesse (Dhyilni-Buddha; ]ina) et les a collectivement appelCs Dhy8.n.i-Bodhisattva. Ces Dhyilni-bodhisattva sont consideres comme Cranr les « corps cl'essence >> (Sambhogakdya) des ]ina : ce sonr Samanrabhaclra, VajrapUni, RarnapUni, Avalokiteshvaea ·et Vishvapilni. Selon certaines doctrines, chacun de ces Dhyilni-Bodhi~ sartva « crCc >> un monde pCrissable gu'il prCside jusqu'a la venue du Manushi-Buddha de son cycle, et gu'il dirige aprCs la mort de ce KirmUnakilya. C'est ainsi que Samantabhadra crea le premier monde de ce Kalpa, jusqu'a ce que son « pere spirituel » Va.irochana se mate­rialise sur terre comme le Bouddha Krakucchanda. De mCme Vajrapfini crea le det1xibne monde pour le compte d'Akshobhya et de Kanaka­muni, Ratnapilni crea le troisihne pam le compte de Ratnasambhava et de Kfi.shyapa, et enfin Avalokiteshvara est ccnsC avoir creC le mondc prCsent pour son pCrc spirituel Amitfibha ec lc Boudha Gautama : il dirige done le mondc actuel... Vishvapfini fcra de m@me lors de la venue de Maitreya.

Certaines sectes reconnaissent non pas cinq mais huit grands Bodhisattva, clivisCs en deux groupes de quatre Avalokiteshvat•a Aldlshagarbha, Vajrapllni, Kshitigarbha cl'une part, et Sarvanlvarana~ vishkambhin, Maitreya, Samantabhadra ct Mafijuslu:l de ]'autre. Leurs effigies sont reprCsentCes de part et d'autn.' de cclle d'un Bouddha.

En Chine et au Japan, on ne reconnalt que quatre grands Bodhi­sattva : Kshitigarbba qui preside ala terre, Avalokiteshvara qui preside a l'eau, Samantabhadra qui preside au feu, et Mafijushri' qui preside a l'Cther. Au Japan, ils se trouvenr rarement groupes, sauf sur lcs mandala et les peintures, et ils soot veneres indCpendamment les uns des autt·es. Cependanr, au Tibet com me en Chine, en Coree et au Japon, on bien dans le Sud~Est asiatiguc, c'est le grand Bodhisattva de compassion, Avalokiteshvara, qui est le plus venere, sous d'innombrables formes.

Les Bodhisattva sont toujours reprCsemCs v@rus commc des princes ct rcvCtus de treizc ornements unc couronne avec cinq cabochons, des boucles d'orcilles, un collier, un bracelet de bras, un brac~let de poignct, des bracelets de cbcville, de longs colliers, des Ccharpes, une ceintme, etc. Sur leur couronne pent se trouver l'effigie de leur << pCre spirituel »,

un des Cinq ]ina. Leurs cheveux sont noues en un haut chignon et ils ont un Cu·na sur le front. Ils sont gCnCralement reprCsentCs debout lors­qu'.ils sont vCnCrCs seuls, et assis lorsgu'ils se cmuvem en compagnie d'un ]ina. Au Nepal et au Tibet, ils sont parfois rcprCsenrCs en Yab­yum avec leur Shakti. Les sectes hunai'ques du Tibet cc du Ncpill nc reprCsenrenr gCnCralement que cinq Bodhisattva : Avalokiteshvara, Mafijushrl, Maitrcya, Vajrapilni ct Bhaishajyaguru, bien que les mitres Bodhisattva soienc pad-(Jis reprCscntCs en leur compagnie, ou seuls.

Leurs ornements, surtout au Tibet et au Japun, peuvent varier dans de grandes proportions, @rre plus ou mains de treize, ou bien meme se reduire a la seule haute coiffure.

152

A VALOKITESHV ARA (Aryavalokir:shvara, lol~e~hvat:a ; jap. Kannon,. Kanzeon ; chin. Guanym, Guanshtym ; nb. Spyan-ras-gz1gs ; mongol NidubarUsheckchi ; vier. Quan-&m)

Parmi les Bodhisattva, c'est .Aryfivalokiteshvara qui posstclc le plus ,n111d nombrc de formes ct qui est pcut-Cue la divinitC bouddhique [t plus vCnCrCc ct la plus populaire. Son sexe, a l'origine masculin, est parfois mnsidCrC, en Chine ou auJapon, comme fCminin, bien qu'aucun texte canonique ne puisse venir a l'appui d'une telle discrimination. On a ccpentlant pris !'habitude, dans le peuple ou dans certaines congre­gations religieuses, de qualifier de feminines certaines representations de ce Bodhisattva. Nous avons done mis un point d'interrogation aprCs chaque definition considCree comme « fCminine >}, afln de bien marquer cc que cerrc interpretation pcut avoir de domeux (quoiquc couramment admise en Chine ou au Japon). En rhCoric, un Bodhisattva nc peut €tre ni masculin ni fCminin ; attribuer un scxe a une divinirC transcetldanrale Cquivaudrait a renouveler la byzantine guerelle du sexe des anges. Dans Jc bouddhisme des Ccoles du Nord cependant, il est admis que les 2trcs fCminins ne peuvent Ctre acceptCs dans le paradis d'Amida (ou des autrcs Bouddha) que sous la forme d'Ctres masculins, et nous vcrrons en plusieurs occasions que certaines divinitCs om le pouvoir de trans­former le sexe des Ctrcs afin de leur permettre l'accCs au paradis. Cette interpretation est surtout populaire er resulte d'une tcndance a affirmer unc prCCmincncc masculine au scin des sociCtts. D'un autre cOre, lcs hommcs ont sou vent CtC tenres d 'attribuer une qualirC feminine a routes les divinitCs qui leur pamissaient dmH::es de vertus essenriellcmenr 11 fCminines ,, comme la compassion, la douccur, la mansuetude, la puretC, etc. C'est pourguoi Avalokireshvara, que !'on a souvenr compare ala Vicrge Marie du christianismc, fur sou vent, en Chine et au Japon, considCrC comme la « mere du genre bumain ,, et, a cc rirrc, vCnCrC sous l'aspect d'une femme ..

Avalokiceshvara fur connu du bouddhisme indicn rres t6t, lors du dCveloppemcm des doctrines du Mahayana, et connut une grande faveur jusqu'a la disparition du bouddhisme en Inde. Son culte passa d'Inde dans le Sud-Est asiatique et ii Jaw ol1 il renconrra un grand StKcb, de mCme qu'au Nepal, au Tibet (o\:1 il arriva avec le bouddhisme et oi:1 le roi Srong-btsan Sgam-po- 519-650- fur considCrC comme Cranr son incarnation) et en Chine, d'oi:t il passa en Coree et au Japon. Tous ces pays le con(,:urcnr sous des formes Jifl-erentes selon kur temperament ct leurs bcsoins spiriruds il prit Cgalement autant de noms ditTCrents. Certaines scctr:s reconnaissent quelques formes d'Avalokitcshvara cepen­dant quc d'autres m: lcs reconnaissent pas. La plupart dts formes som thCoriques (;'( rencontrCes seulenwnt sur des mandala particuliers ou des pcintures, d'autrts sunt syncrttiques ou apparciennent plus aux cmyances populaires qu'au veritable bouddhismc. Car, il fauc Je rappe­ler, il n'existe pas d'orthodoxie bouddhique, nuis des orthodoxies qui varienr avec les sectes. Et encore les doctrines de ces dernien~s varienr­elles souvenr avec le temps ou les disciples. Ensemble de cmyances vivanres, it-s doctrines bouddhiques som cssentiellement mouvantes, adaprables, transformables au gre dccs bommcs er des temps rien n'esr

I. 5 l

A V ALOKITESHV ARA

Avalukitcshvara "donneuse d'enfmus"

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LES BODI-IISATTV A DE COMPASSION

A valoldteshvara, piene, lncle, vrr•· ~i~dt, musee de Pncna

jamais fixe, sauf dans les textes. M~1is ceux~ci, de meme que les mandai qui les concrCtisent visuellcment, ne sont que des supports a la pensCea que des ordonnancements logiques destines a aider le fidelc dans s~ representation personnelle de la Divinite et de la place qu'elle occnpe pour lui dans l'univers. Il n'esr done pas Ctonnant qu'au cours des ftges rant de representations diffCrentes aient pu erre con~ues. Nous ne san­dons ici les dCcrire intCgralcment, mais nous donnerons seulement les raisons d 'CtTe de leurs formes les plus communes. Lc bouddhisme japonais ayant venere un rres grand nombre de ces formes et les ayant reprCsentCes car elles firenr l'objer de cultes plus ou mains impottanrs nons avons choisi de dEct·ire, pour Avalokiteshvara, les neuf formes d~ cette divinitC qui fment, a un titre ou a un autre, vCnCrCes. Ces fon11.es sont, a pen de chose pr?:s, celles qui fment ClaborCcs en Chine ct au Tibet.

Ses premieres reprEsentations en Inde (sons le nom d'Avalokita) rcssemblaient de pres a celles de Brahma, le dieu crCatem de l'hin­douisme, ou mCme a Shiva dont il emprunra le serpent comme symbole et qui tienr sa partdre, comme ce dernier, non pas en cmbrassement mais sur son genou. Les formes qu'il assuma sonr extr@mement diverses ainsi que les attributs et les mudd qu'on lui preta. Cependant la mudr1{

la plus caracreristique de cc grand Bodhisattva est en Varada, symbole de charitC et cle don.

Au Tibet, Avalokiteshvara esr associC avec les Dalai-lama qui seraienr ses reincarnations. Le palais des Dalai-lama, a Lhasa, le Potala, porte d'ailleurs lc nom du paradis d'Avalokitcshvara.

Au Viet-nam et au Cambodge, sous le nom de Lokeshvara, « Sei­gneur du monde », Avalokiteshvara fut particulierement honore, prin­cipalemenr du X" au XIII' siecle. Et au Siam son culte est egalemcnt atteste comme ayant joui d'une grande faveur populaire ...

Nous Ctudierons done rout d'abord les formes japonaises et chinoises, celles qui furent reprCseotCes au Tibet et enfin les formes caractCristiques des pays du Sud-Est asiatiquc.

LES FORMES SJNO-JAPONAISES D' A V ALOKITESHV ARA

On considCre qu'il y a au mains neufsortes de formes d'Avalokiteshvara a,u Japon et en Chine qui fmcnt vCnCrCes par la majorite des fideles : Aryavalokireshvara, Elddashamukha, Sahasrabhuja Sahasraneta, Chintft~ manichakra, Hayagriva, Chundl, Amoghap1ishiivalokiteshvara, Bhrikutl, et Avalokiteshvara sons sa forme fCminioc de 1' donneuse d'enfants ~~ (parfois assimilee a Chundl, que nous erudierons avec les divinirCs populaires et syncrCtiques, ses aspects appartenant plus au bouddhisme populaire gu'aux diverses orthodoxies). Au Japan, les sectes Shingon, Tendai, Zen et JOdo honorent plus particulierement le personnage d'Avalokiteshvara, sous des formes eli verses, plus spCcialemenr ShOKan­non Bosatsu. La secte Shingon ccpcndant ne reconnalt pas Amoghapiis~ hiivalokiteshvara (jap. FukQkensaku Kannon). La secte de Nichiren et celle du JOdo-Shinshli ne vouent, quam a elles, aucun culte 8. Avalo~ kiteshvara 11, bien que le Sfl.tra clu Lot11s dont elles se reclament lui consacre un chapirre, et que Shinran accept1it de reconnaltre ShOtoku Taishi comme ayant ere une incarnation de ce Bodhisattva.

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ShO J(annon Bosatsu

C'est le Bodhisattva sauveur par excellence, « Celui qui regarde en bas~~~~ les mistres du monde, le <<Seigneur qui brille 19 », le fils spiri­tuel d'Amidibha 20

Il serait ne, selon la lCgende, d'un rayon de lumiCrc CmanC de l'adl droit cl'Amirabha faisanr Cclore une £leur de lotus 21

• Il est aussi appele Lokeshvara, «Seigneur du monde », et Lokan1irha, « Protecteur du monde ». Le XXIV" chapirre du SUtra dtt LotuJ lui est consacrC 22

,

dans lequel il est appelC « Celui qui regarde de taus les cOtCs », appe­lation qui a peut-erre donne naissance a l'idCe qu'onr eue certains imag!ers de lui mettre des yeux dans les paumes des mains, afin de sytn boliser << 1; r~gatd. qui embrass~ le monde entie.r 21 » ·~ Il est aussi celui qui rafrarch1t, qut calme la so1f, comme tendratent a le montter des fresques des grottes de Dunhuang, en Chine, sur lesquelles on voir des Preta (etres desincarnCs, errants et perpCtuellement affamCs) avaler goullunent des gourres tombees du vase que rient a la main Avaloki­teshvara 21 • C'esr encore « le bon nautonniet » qui fait passer dans sa barque de misCricorde les Crres qui dCsirent se rendre dans la Terre pure cl'Amidibha 2 ~.

En Chine, il est appelC Guanshiyin, 1< Celui qui pen~oit les accents (du monde) », abrCgC en Guanyin. Le nom japonais de Kannon est une abrCviation pour Kat1Zeon, « Celui qui regarde ou Ccoure les voix (du monde) >>. Des formes plus anciennes de ce nom scraiem celles de Kan­jizai et KOzeon, « la Voix du monde de la lumitre26 ~~. Ce Bodhisattva fur aussi associC, syncrCtiquement, a Izanami, gCnitrice, avec son fiCre­epoux Izanagi, des lles du Japan selon les legencles anciennes appartc­nant au shintO. Dans le mandala du Vajradhfitu, Avalokiteshvara est appcle Vajradharma (jap. KongO-hO Bosaru) ; il se rrouve alors assis a l'est d'Amit1iyus, symbolisant la puretC de tons les Dharma que l'on compare a « la £leur de lotus que Ia fange ne souille pas 21 >~.

Dans le mandala du Garbhaclhiitu, il est appele Kanjizai Bosatsu (jap.) ; il y est assis au nord de Dainichi Nyorai (MahUvairochana), sur un lotus blanc, et est entoure de plusieurs autres Bodhisattva qui sym­bolisent ses venus de compassion 2~.

Nous avons Vll qu'Avalokiteshvara fur rres tOt reprC.sentC. Ala fin du IX'' siecle, le pelerin chinois Faxian signale son culte a Mathur&.. On rrouve quelques-unet; de ses represenrarions a Ajand (Inde) sur des fresques et en sculpture 2~, sur au mains un temple a BhflVaneshvar ;u

et en de nombreux aurres lieux de l'Inde comme a Nalanda, par exem­ple. En Asie du Sud-Est, des bronzes cham ll' des sculptures et bronzes javanais et sumatranais, prC-angkoriens 12 , ainsi que les bas-relief<> du stftpa du Botobudur a java prCfigurenr les gigantesques effigies a quatre visages de Lokeshvara, si typiques de l'epoque de Jayavarman VII (fin XII" siecle) au Cambodge, oU l'on trouve egalemenr des representations de Lokeshvara au corps couvert de cenraines de petites images de << Bouddha irradianrs 11 n et oi:t un sancruaire au moit1s, celui du Neak­pean a Angkor, lui aurair CrC dCdie.

En Chine, son image est le sujet d'importantes peintures, rant murales que sur soie, a Dunhuang (IX' siCcles) notamment, ec l'on sait la fonune qu'il connut sous le nom de Guanyin (consideree surtout comme « donneuse d'enfanrs »)au cours des sitcles gui suivirent'4

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AVALOKITESHVARA

KOzcon Bosatsu

Avalokitcshvara, gravtll't' tibt'itaine

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LES BODHISATTVA DE COMPASSION

Au Japan~ nous avons vu qu'Avalokiteshvara (jap. ShO Kannon) fut venere presque depuis le debut du bouddhisme dans ce pays. Ut des premiers temples consacres a une tdade d' Am ida (comprenan; Avaloldtcshvara) fut en effet Cleve en 602 par ShOtoku Taishi 1~ au Zen­kO-ji de Nagano (pres de Shinano). ShOtoku sera par h suite considere com me une incarnation de ShO Kannon Bosatsu 16

• Au Yakushi-j' (Nara), une statue en bronze d'Avaloldteshvara fut CrigCe a la fin dt~ VII" siecle. Ses vertus de Compassion infinic en firent le « Grand Compa­tissant », ,< Celui qui fait face a tout n. Dans les malheurs, dans les perils, c'est a lui que l'on recourt le plus volontiers : i1 ecoute lcs prieres, procure a ses fideles l'apaisement et la securitC, accomplit pour les sauver d'innornbrables miracles en <lssumant routes sortes de corps et de mCtamorphoses '7 • Associe a Amit&.bha dont il est, avec Mahils­thUmaprapta, l'un des acolytes, il fut trt:s frCquemment reprCsentCIH,

Il porte gCnCralemenc dans sa coiffure (sur celle-ci ou dans sa cou­ronne) une petite cffigie (jap. kelmt.w) d'Amitilbha debout ou assis w

Mais il semble que cette effigie, rappelant qu'Avalokiteshvara est un~ hypostase d'Amit8.bha 1 air ere ujouree assez tardivement 10 •

REPRESENTATIONS D'AVALOKITESHVARA

On reprCscnte gCnCralement Avalokiteshvara debout, avec une cffigie d'Amit&.bha dans sa coiffure. Ses attributs not'lnaux sont la flcur de lotus (symbole de purctC), le vase a cau em a fleurs (qui apaisc la soif et les sens) et le rosaire ?t quator:t:e, vingt-sept, cinquante-quatre ou cem huit grains (lequcl symboliscrait pcut~Crre la multiplicitf! de ses l)ouvoirs ?). En thCorie, sa monture (t 1tilkma) est une oie (halma) ou un paon (mayflra), parfois remplaces par un phenix ou un faisan, mais ces animaux sonr rarement representes en sculpture. Dans les s('ttra, il est classe seton trois de ses principales attitudes ' 1

:

- Dans l'Amit!ibha-shd.rtra Mandala, il est acolyte ci'Amit&.bha il a les mains en Afijali-mudd <m bien en Abhaya~Varada-mudd (main clroitc en Abhaya ou en Varada, indiffCrcmmcnt). -Dans le KcumutryfJju-kyfJ il n'a pas d'attitude fixCe, "son atcimdc Ctant mH.lela de toute imagination>>. Lorsqu'il est acolyte d'Amidl:bha dans sa « dcsccnte » (jap. Raiy,fi), il tient a la main une fleur de lotus (ou un plateau de fleurs de lotus) pour accueillir l'fime du fidele. -Dans le Sctddharmajmndari'ka Mcm&da (jap. Hoke-kyO Manclara), il est la clivinite qui repr6ente la Compassion.

Dans l'CsotCrisme, Avalokiteshvara est generalement reprCsente tenant dans la main dtolcc nne tigc de fl.eur de lotus ; il est alors debout, v2tu comme un Bodhisattva (avec ou sans effigie d'Amitfibha dans sa coiffurt>), avec un ushnlsha en f(mnc de mitre ou de haut chi~ gnon, les yeux mi-das avec de tongues oreilles er parfois une fine mous~ tache, les bras crCs longs ... Lcs types de reprCsentation cl'Avalokiteshvara diffCrent suivant les sectes, les pays, les Cpoques et parfois les artistes.

En lnde

Sous le nom de Padmap&ni (le Porteur de lotus), il est reprC::sentC en Jenne homme pare conune un prince, en attitude gracieuse, tenant a

156

1 11ain un lotus. Il est debout avec les mains en Vitarka-Varada-mudrfi.

Ca/,,~ la forme Ia plus ancienne d'Avalokiteshvara (peintures des grottes e, · l ' l d'Ajantft). Les Ccoles. tantrrques ~ t:_:pres_enter~nt avec quatre . xas, J<l11t le lotus et le lrvre, et un chrntamanL Mats les sectes tantrtques

te< ' ' d. A C l ·1 f J'ont egalement represcnte sous tvers autres aspects. ey an, r ut , r·fois rc(1rCsentC assis en aise royale (R&.jalllftsana) et tenant le lotus,

P·' · . Cl' . rtirude qUJ sera souvem repnse en Jrne. '1

Sons le nom de Simhanftda (avec nne voix de lion), il est represente ·it c6tC d'un lion couchC, ou bien assis sur un lotus suppone pat· un jion. 11 peut alors tenir un lotus, un glaive, un trident ou un crane humuin. Son corps est blanc. Il aurait ere invoquC pour guCrir de la lCpre. Cependant cet aspect est rare.

• Au Tibet Avalokiteshvara est reprCsentC comme un Bodhisattva, de couleur blanche ou rouge, tres souvent dans !'attitude du don (Varada-mudl'ft). Jl tient toujours un lotus a la main. Ici les formes tantriques prCclo~ minent, et Avalokiteshvara est parfois reprCsentC tenant Lm vajra dans Ill main droite ; par ailleurs il peut avoir unc pcau d'antilopc sur l'Cpaule gauche. Mais nous verrons qu'il peut Cgalemcnt prendre d'autres formes .

£n Asie du Sud-Est

Il prcnd le nom de Lokeshvara (Seigneur des Mondes). C'est principale­ment au Champft et au Cambodge que l'on trouve ses images. Il est gCnCralement reprCsentC la poitrine nue, et il est vetu d'un simple sarong Cres lCget(ou t!hoti), rercnu par une ceinture ouvragee. Il arbore parfois un troisieme ceil sur le front. 11 pent avoir de deux a lmit bras tenant divers atrributs tcls que lotus, vase, conque, rosaire, etc. Il est soit debout, soit assis en aise royale. II fut reprCsentC au Banteay Chhmar, a Angkor-thom

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AVALOKITESHVARA

Avalokiteshvara (LokeshvaL·a), g1·l-;, Cambodge, Angkor··thl>Ill, Bayon, xur ~itde

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Page 86: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LES BODI-IISA'f'fVA DE COMPASSION

A valokitcshva!"a, .T avu, Burolmdur, fin Vlll'"~ii·dl:

ShO Kannon (Sh8 Kanzeon)

(Bayon), au Neak~pean et sur de nombreuses steles. Au Simn, son effi.g· fur populaire avec quatre bras (parfois plus), une couronne (1itttkJtt. 1~ cont.e?ant une effigie ~l'Amitftbha. Sa parCdrc feminine, appelc§e Prajfiap~~ ramtta, est representee le buste nu, sans coumnne, mats avec l'ima d'Amitabha d~ns les chcv_eux; Sot~v;m cette divinin'i femi~1ine porte u~~ couronne, mats sans effiglC d Amaabha, et peut, elle ausst, tenir une ou deux fleurs de lotus.

En Chine Son culte con nut une rres grande faveur. Appelt Guanyin, il est reprC­senre, sons sa forme normale, avec seulement deux bras, debout sur Lm

lotus, tenant a la main une branchc de saule, un lotus ou un vase (ou parfois un rouleau d'Ccritures) et, mais plus rarement, avec lcs mains en Dhyina-mudrfi. Il est rres souvent assis, soit en Padmil:sana, sait en Lllasana. Il est Cgalement reprCsentC (sous une forme masculine au fCminine) en groupe de huir (Banan) ou de trente-deux (Guanyin Sans­hi'erxiang). Cependant, Avalokiteshvara peut Cgalement prendre de nombreuses autres formes : comme (( donneuse d'enfants » (Songzi Guanyio), represenree sm un nuage au sur la mer (Guohai Guanyin), avec une couronne de huit r@res, ou avoir dix, dix-huic ou mille bras. I1 existe Cgaiement un groupe de trente-trois formes de Guanyln, peut~ etre adaptC de la lCgende de Miaoshan, groupe qui est Cgalcment vCnere au Japan ...

AuJapon Il est appele Kannon au ShO Kannon. Ses effigies sonr Cgalement rres nombreuscs. On pent classer ses formes << normales }> (c'est-il-dire avec une rete et deux bras) en cinq types principaux d'aprCs les attitudes et Cpoques -Type d'Asuka (552-645): debout, les mains en Ongy6-in (tenant un objet rood, chintfunani ?), avec coumnne et diadCme orfevt·C . - Type de Nara (645-794) debont, la main gauche tenant un vase, la main drolte en Abhaya-mudrd. ou en Varada-mudd. (Yume Tagae Kannon Bosarsu) .

158

_. Type du H6ryll-ji (VII"" sitcle) :. debo~lt, la main gauche tenant un

1 ws ou en Abhaya-mudra, la m~un drotte pendante . ~Type du Y~kushi-ji (VIII" siCde) : deb .... out, main droite en Varada­

drfi la mam gauche en Abhaya-mudra. mu ' · ·c d b 1 , · 1· - < d · l 1 _ Type « mCdttati · » : e out, a tete HK mee ou ro1te , regarc ant

1 lotus tenu dans la main gauche, la main droite faisant le geste

d~effeuiller les pCtales. Avec ou sans effigie d'AmitU.bha clans la cou­

ronne. Ces cinq types, tons venus de Chine, sc retrouvent dans routes les

representations d'Avalokiteshvara, avec, bien cntendu, de nombrcuses vadantes dans les details. Ccpendant des formes aberrantes se trouvent parfois repn:'isemCes, qui prennent alors des noms particuliers selon leur ,1specctou les fonctions qu'on leur attribue. Panni ces formes irrCguliCres

~e rrouvcnt notammcnt celles que l'on a designees sous le terme gene­rique de « trcnce-nois formes de Kannon ».

LllS 'rRENTE-TROIS FOHMES DE SH6 KANNON

En Chine et au Japon on dit que Guanyin (Kannon) possCde trcnte­trois formes. En realire, il en a beaucoup plus si l'on compte les images qui ant rec;u des noms particuliers, soit en raison de leur provenance ou de leur origine, soit selon les qualires spCcifiques que le populalrc leur pr@te, soir encore sclon les diffCrents aspects qu'Avalokiteshvara esr susceptible de prendre dans des cas c\CtenninCs l!, Nous les erudie­rons plus loin.

Les trente-rrois formes qu'Avalokiceshvara-Kannon pent prendre, particuliCrcment au Japon, sont des Cmanations ou cmrcspondances (jap. Sanj{isan 6geshin ·H) qui seraient des ((corps de mCcamorphose·i·l )~, certaines se rapportant a des lCgendes japonaises ou chinoises (lCgencle de Miaoshan ·n), et sont trCs sou vent associCcs aux images des principales formes d'Avalokiteshvara ayant donne lieu aux pelerinages consacrCs aux « trente-trois sanctuaires des provinces de l'Ouest )) (SanjUsan ShO) du Japan ·16 • Une croyance vent que le fidCle ayant accompli le petcri­nage complct a ces sanctuaires soit a tout jamais dClivre de la crainte de l'enfer. A cet effct, les temples distribuent des effigies imprimCes de ShO Kannon sur lcsguelles soot rCservCes des cases olt, pour preuve de son pClerinage, le fidele doit faire apposer le cachet des autoritCs de chaque temple visitC. Au Japan, les diverses formes de ccs trente-trois Kannon sont plus ou moins tarclives et, pour la plupart, n'apparurent qu'aprts I'Cpoque de Kamakura (1333). Certaines furent souvent rcprC­sentCes, le plus sou vent en peinture '1, d'autres au contraire n'inspirtrent aucun artiste. Leurs noms val'ient Cgalement seton les auteurs et les textes. Certaines tirent leur nom des lCgendes, d'aurres de divinitts hindoues. Selon le Butsuz8-zu-i, ces trcnte-trois formes de ShO Kannon Bosatsu sont :

1. Y6ryft Kannon (Yaku-0 Kannon). C'est Kannon (( roi de Ia mCde­cine ))' « Kannon au saule pleureur }}' les feuilles et l'Ccorce de cct arbre contenant l'acide salicyligue qui est rCputC guCrir de nombreux maux et attCnuer la fiCvre, proprietCs mCdicinales connues en Asie depuis la plus haute AnriguitC et qu'en Europe nous ne redCcouvrlmes qu'avec l'aspi-

159

AVALOKITESHVARA

ShO Kannon, bois, Jnpon, KyOw, Kurama-deru, !226

ShO Kannon (Y umc Tagac),bmnzt",jfl.pon, N>ll\1, H6ryC:l-ji, vds 700

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Page 87: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

J.ES llODHISA'rTVA DE COMPASSION

13. Ichiy6 14.Sh6ky6 15. Jwku

160

12. Suigetsu

16. Enmei Le Parin.irvfina du Bouddha, peinture sur papier, XlXt siecle, copit' d\me peinture du xve siecle,Japon, collection privee.

XV

Page 88: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Grand Bouddha couchC, brique et stuc, Tballande, Aymhyil, xvnt· sif:de,

XVI

ttJ!llH !l!fiJr!Rit-j: r--------

_j 29. GasshO 30. Ichinyo 31. Funi

AVALOKI'I'ESHVARA

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28. MerOfu

32.jiren

161

Page 89: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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lES DODHISAT'fVA DE COMPASSION

rine ... C'est unc forme de Yakushi-Nyorai (Bhaishajyaguru), avec le le populaire le confond d'ailleurs. II est acolyte, avec YakujO Hosurstgu]J FukOjOju Nyorai. En sculpture il est reprtscnre debour, la boLtclle ouv~'.c e les somcils frances, avec un haur chignon - 1 ~. On le montre aussi t(te,

· ) · I'" 1'1' I · l · l '" pemturc assrs en '-ala r asana, a mam ( roite tenant une xanche de sa I le bras gauche accoude, main pen dante (cette derniCre peut eue' ~~ f• l?;lll:c~lr de la poi~rinc et, clans cc cas, ~Oryfi Kannoo assumerait une fo~rn~ lcmnune ([ ?}). Cetre forme de Guanym fur sou vent rcprCsemee en Chine.

2. RyUzu Kannon. Il est reprtscme comme une femme(?) assise sur l (. I' ' I l l' · nn c ragan Jap. '- yu) ou sur e cos c une tonne manne, son voile rabattu s . son hat~t chign~n (cachant e~1 parti~ l'im~g~ d'Amidlbha ~ans sa coiffur~;~ tenant. ala 111~111 un lotus epanou1 ?u reahsant nne .Dhyana-mudril avec les mams cachees sous sa robe. En Clune, cette forme trent parfois un enfat clans les bras, et est conf{mclue avec une <I donneuse d'en£'1nts ''· lt

3. JikyO Kannon. Il est ret;rCseme comme nne femme ( ?), tenant a Ia main droite un rouleau des Ecritures ...

4. EnkO Kmuwn. II est representC comme une femme ( ?) de laquelle Cmanent des rayons de lnmiere, ou bien assise sur un arc-en-del. Elle ales mains jolntes.

5. Yflge Kannon. C'est peut-@tre le Bodhisattva de la joie. Assis en aise royale sur un 1mage rayonnant. Forme feminine ( ?).

6. Byakue Kannon. C'est <I Karman en robe blanche )) 1''corrcspondant a Pilndaraviisint. Cette fonne fCminine (?)qui connalt de nombreuses repre­sentations >o est-g<~neralement assise en Padmiisana sur un lotus >t avec dans la main clt·oitc nn rouleau de sfitra de la Prajr7dpdramitd presse sur Ia poin·ine >~(au parfois un chintiimani), la main gauche posee sur le siCge et tenant un rosaire ou une cot·cle. Tille est sonvent figurCe avec un pan de sa robe recouvranr sa chcvelure) com meR yfizu Kannon avec laquelle elle est souvent confondue. Elle est aussi parfois assise sur un rocher, sans aucun attribut (peinture d 'orig.ine chinoise), ou encore debout sur deux lotus (un pour chaque pied), au bard de la merl\ rcnant ou non une fleur de lotus ala main, au bien avec les mains en Dhyiina-mudrii. Ce semit peut-Ctre une forme appelCc Guohai Guanyin en Chine (voir no 13). Elle tiem gtnCralement un rosaire dans la main dmite, mais dans certaines formes tantdques elle sc dent le poignet droit avec la main gauche. Ce dernier type Je Kannon que l'on retrouve sur une stele de Xi'anfn (Shanxi, Chine)) aurait Ctt a l'origine de la representation de la Nyoirin Katmon japonaisc. On Ia confond aussi parfois avec Byakushin Kannon (Shvetabhagavatl) 1 '.

7. Renga Kannon. Femme ( ?) assise sur un locus ...

8. Takimi Kannon. Ce serait un Bodhisattva de vertu. J:lorme feminine ( ?) regardant une cascade.

9. Seyaku Kannon. Kannon « donncuse de joie }) ( ?) reprCsentCe dans unc attitude pensive, au borcl de l'eau, rcgardant un lotus.

10. Gy01·an Kannon. Kmmon sous Ia forme d'une femme ( ?) tenant un panier de poissons, ou bien assise ou debout sur le dos d'une grosse carpe. Elle se rattacherait a une ancienne Iegende chi noise et semit le Bodhisattva

162

. , t &tres marins. Hokusai ( 1760-1849) en dessina nne renmr-l spOlssoose. . f f' , ' d c e

1 ses Manga et ce suJet ut ·reqnemment representc sur es

·tble cans ' 1 J' I ' II qtt. L'a[JjJarcnce gCneralc c e Gy01·an "'-annon est a memc que ce e kilke!U0110

• ' 'I · · ff · ' 1 K'mnon avec ll11 vot e recouvrant en partre sa cot ure. de [3ya nte • •

Toku~O Kannon. C'est Kannon « roi de vertu }}, Il dent a Ia main 11. b. che de saule et est souvent confondu avec YOryG Kannon. tHlC ran

Sui ,.ctsu Kannon. Il est reprCsente ass is en aisc royale sur un rocher, 12· 1 b g t 'ur une fCuille de lotus posee sur l'eau, regardant le reflet de la out e on s . " . b ,

l S l'cau Parfois (mais rarement) avec trots teres ct stx ras . lune can. .

I h 'voA Kant1on. << Kannon ala feuillc )), Parfois assis au dcbout sur 13 c '• 1' , c 1· I· · ' 1 ' c 'lie de lotus flottant sur Ocean. ette anne c 1ltlOtsc est ega e-une 1eUJ . . o

6 t al'!Jelee Guohai Guanym (votr n 1). men •

4 ShOkyO Kannon (Seitsu Kannon). 11 represente .Ntlakar:thl, {. 'A ·tlokiteshvara au cou bleu ))'surtout reprCseme en pemture. Cctte f~~tn;'ranrrique est assimilee a Shiva qui but le poison sorti de ~a mer de

I · c·c'>s son batattemenr et clont Ia gorge resta bleue par la sutte. Cette att ap · · · ['ff' I ' 1 11 0 forme est censCe a vOir le pouvotr de chasser lac 1 tell te ou .e mab~eur .. n le montre assis sur un lotus ou un .. rocher. Sa peau a ~tne te~nte eu-notr. Ses images offt·enc deux aspects : a deux l1J~~ (la ma

1m clrotte en Ab~1ay~,

Ia main gauche renant un lorus) ou accouc e a ~m roc 1er, un vase pose pres de lui ; a tl'ois retes et quatre br~s tenant Lm ba:on, unlotus, ut~ anneau et

C'))lC)LIC: Ia tCte de [nee exprunc la compassron) cellc de clrorte est celle unc l' 1. C' , d'un lion, cclle de gauche la hure c un sang ter. est pcut-etre un aspect de Mftrlchl.

15. Itoku Kannon. Kannon de majeste, assis en aise royale) u?e rise de lorus clans ht main gauche. C'est la forme la plus souvenr representee en Chine.

16. Enmci (EntnyO) Kannon. Kannon protectrice de Ia vie des ficleles. Elle ( ?) apparalt derriere un rocher ...

17. ShllhO Kannon. Kannon dispensatricc (?)des tresors. Assisc en aise royale.

18. Iwato Kannon. <I Kannon de Ia porte du rocher))' peut~2tre une <{ bouclclhisarion )> du Kami shintO Amatcrasu Omikami. Ellc est assise a l'cntrCe d'une grotre.

19. NOjyO (NOsh&) Kannon, Kannon qui donne Ia quietude. Tille est montrCe accoudCc a uo rocher.

20. Anoku Kat1non. ReprCsentt en femme ( ?) assise sur un rocher au bore\ de Ia mer) se tenant le genou ou ayaot a la main un rouleau de sCttra ou un chintftmani. Elle protCgcrait des demons aquatiqucs et de la noyade les fideles tombCs a l'eau "'.

21. Amadai Kannon. Cette forme., 7 aumit ere inrrodnite de Chine au Japan au IX" siecle.,~. Tille est representee en aise royale sur tm rocher ou sur un lion blanc. Elle a parfois U!lt" cere a trois yeux et quatre bras : les mains principales jouent du hokttp,fi (petit koto, cit hare d' origine coreennc) oncl'unc sortc de harpe chinoise ornCe d'une t@re de phCnix, la main droire

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A V AJ.OKI'rESHV ARA

Gym·an Kanno11, dessin de Hokusai

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Page 90: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

tES BODHISATTVA DE COMPASSION

haute. supportant un Haku-kichijO (htisan blanc, oiseau porte~bonheur) la mam gauche haute tenant un Makatsugyo (poisson fantastigue). 0 '

. • . d ' 0~ sa1t pas a qnor correspon ent ces attnbuts.

~2 .. ~ae (Hiyoe) ~(~n~1on s~. Cett~ forme de «;<annan qui porte des femlles » est peut-ctte rdentrfiable a Parnashavan ou Palashambari l sorciere aux feullles. )> du panthton.indie1~. Dan~ le Garhht:tdhfittt Ma~;,,; elle a deux bras et trent dans la mam dro1tc un Joyau entoure de flm111

d.

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1 ncs

ou une cor e ; sa mam gauc 1e tlent un otus. On la reprCsente avec L

peau tres bl~nche, parfois sons une apparence teminine (?) avec qua~~~: br~s :. les mams .dro1tes en Varada-mudra et tetl.:'lnt un chintftmani sur la pOitt'H~e, les mams gauches tenant une hachette et une cordc. Lorsqu'clle est ass

1 Jse

5sur une n~tte, o.u sur un. r

1ocher:_. Kellc cache ses mains dans ses

mane 1es. on nom esotenque senut ogyo ongO.

23. Ruri K.annon. « Kannon au j~yau de beryl >). Il a ala main un objet rond et se trent dcbout sur nne femlle posee sm l'cau.

24. Tarason Kannon (>() (Tarani Bosatsu). Ce serait une Tara, la Shakt' d'Avalokiteshvara deja mentionnee au VII" siecle par Xuanzang 61 , Pem~ 2trepeut-on tgalemen~ l'idcntifier a Bhrikuti? Cettc forme ftminine (?)

s1;r

1alt :<c-nee ~ieMl~ lum

1 1Cr; deds yeux d'Avalokiteshvara ». Certains s('ttra

1c entment a aya, a mere u Bouddha Gautama : dans le Garbhadh!ltl! Martda!ct, elle est representee comme nne femme d'flge mCtr. Dans le Mah!l:uairocharta~st?tra 62 , elle est de teintc blcuc ou blanche, et tienr un lotus dans ses mains jointes en Afijali-mudrfl. Elle peut rcv&tir deux ~spects ~rin~i~aux : debout ~ur un lotus avec un visage a trois yeux, nne 1mage d Am1tabha dans sa corffure, de couleur vert pftlc ou bleue, les mains en Abhaya-Varada-mudrft ou bien tenant ala main droite un coureau ou un gl~ive, a .la main gauche un lotus bleu, un crflne ou une grenade-fruit (ou b1en assrse sm un lotus, les mains reunies en Afijali-muclrft et tenant t~t? lotus ou .la main dwire en Varada-mudrft, couchant (es pCtales de son srege, la mam gauche tenant nne flcur de lotus). Kannon symboliserait la resolution prise par ce Bodhisattva de sauvet· tousles &tres.

25. KOri Kannon. « Kannon au coquillage >> ( ?).

26. Rokuji Kannon. « Kannon des six heures de la journee }> (les heures r,

de !'ancien temps valaient enviwn deux de nos heures actuelles). Il tient un livre a la main.

27. Fuhi Kannon. Kannon de la Compassion universelle. Ses mains soot cachEcs dans lcs manches de sa robe.

28. MerOfu Kannon. Representee commc nne marchande ou une dame cb~no~se. La lEgencle raconte qu'elle aurait ere l'epouse d'un saint hommc cbmors clu nom de Ma et serait consideree, en Chine, comme une incar­nation de Guanyin r,'.

29. GasshO Kannon. « Kannon aux mains jointes ».

30. Ichinyo Kannon. Kannon de l'Unicite (?). Assis en aise royale sur un Image.

31. Funi Kannon. « Kannon sans Egale ». Debout sur une feuille de lotus, les mains cwisEes sur le ventre.

164

3z.Jit·en Kannon. Kannon tenant nne fleur de lotus entre ses deux mains

jointes.

33 Shasui Kannon.Kannon de !'aspersion, de l'ondoiement ( ?). Il dent

un~ baguette dans la main droite et un bol dans la main gauche.

Cette liste et cet ordre ne sont pas immuables, et de nombreuses riances existent. De mCme, nombre de ces tOrmes ne sont pas dCfinies,

va · · ' b" ' . II d E t 011

ne smt pas tOUJours tres ren a qu01 e es correspon ent... n fait les aspects ci'Avalokiteshvara (Kannon, Guanyin ou Lokeshvara) ne ~ timitent pas a ces trente-trois formes. Avalokiteshvara, Ctant de par

sa nature nne divinitE misericorclieuse, fut toujoms tres venere par le ~euple. En consequence, celui·ci crea a routes les epoques et dans routes les rGgions des formes diffErentes de ce Bodhisattva, formes qui prirent bien souvcnt un aspect syncrEtique. Les aspects d'Avalokiteshvara furent parfois multiplies afin que leur nombre puisse accroltre la capa­citC de vision et de compassion de ce Bcxlhisattva. Ne citons ici pour mCmoire que les «cent Kannon » du HOjO-ji, les «mille Kannon }> du SanjUsangendO de KyOto, les « trois mille Karman}} de Shizuoka M pour le Japan ; les groupes de huit ct trente~dcux Guaoyin de Chine, les « mille Bouddha irradiants )> de l'art khmer ou birman ... Au Japan, olt ces formes sont les plus nombreuses, il convient de citer Cgalemcnt le Nurete Katmon (qui se dent sur l'eau) de l'Oku-no-in du Kiyomi­zu~dera (KyOto), que les fidCles ont pris !'habitude de venir ondoyer. Comme acolyte d'Amidibha dans sa « descente }> (jap. Raig8), Avalo­kiteshvara pent avoir l'une des formes normales deja decrites, mais pcut aussi prendre unc forme particuliere, torse nu et longue jupc par exemple ; il se tienr debout, le pied gauche leve, la jambe repliee, avec les mains joinres. Mahasrhfunaprapta lui fait alors pendant, symerri­quement, avec les mains en Dhyfina-mudrii. Cependant, Avalokiteshvara est plus souvcnt reprCsenre, sur les images de RaigO, a genom::, prCsen­tant a deux mains une fleur de lotus (ou un plateau de fleurs de lotus) au fidelc qui arrive dans la Sukhftvatl, la Terre pure d'Amidbha ...

FORMES ESOTERJQUES D' A V ALOKITESHV ARA

Afin de concrCtiser pour les fideles les pouvoirs multiples d'Avaloki­teshvara ainsi que son aptitude a atteindre tous les @tres, oU qu'ils soient et quelque nombreux qu'ils puissenr erre, d'aurres formes sont tres t6t apparues qui apparticnnent routes aux divers bouddbismes tantriques, ou tout au moins aux doctrines se rCclamant de l'Csoterisme. Parmi les plus venerees de ces formes, door les representations sont sut·rout nombreuses au Japan et en Chine, parmi d'autres nous dtcrirons celles cl'Ekadashamukha (aux onzetCtcs), Sahasrancta (aux mille bras), Chindmanichakra (au joyau), Bat6 Kannon (a la r@re de cheval), Chundl (la Pure, donneuse d'enfants), FukUkensaku Kannon (qui p&che les humains), de Bhrik:utl (qui fronce les somcils).

Avalokiteshvara aux onze cetes (jap. JCtichimen Katmon ; skt. Ekadashamukha) Cette forme d'Avalokiteshvara, correspondant peur-erre Egalement a Slt:itapatra, est caracrerisee par la presence de ooze t@tes qui sonr des

165

AVALOKITilSHVARA

Shasui Kannon

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Page 91: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LES BODI-IISAITVA Dil COMPASS! OK

HOshi OshO, bo.is,Japon, XI" si~cle, musee de KyOto

Jflichimcn Kannon, (A valokitcshvara aux onzc tCte.~), bois colore, Japon, Narn, HOtin-ji, IX'' siede

Avalokiteshvara aux onze tCtes, gravun: chinoisl'

formes apparirionnellcs (Nirmdnrtkdya) d'Avalokiteshvara, rercs appelCes kehutm au Japon, et qui se trouvent gCnCralement placCes sur sa cou­ronne, symbolisant les vertus principales de ce Bodhisattva, venus qui lui sont indispensables afin de pouvoir con~ruCrir les onze dCsirs pour attcindre a la Bod hi, a la perfection de l'Eveil ''\ et aider les teres a l'attcindre egalemcnt.

les ceres de la couronne de ce Bodhisattva sam reparries selon trois types principaux de groupement : -Tete principale surmonree de trois rangs de trois rhes, plus une au dos et une au sommet . - TCte principale surmonrCc de trois rangs de cinq, quatre er une tCtes, plus unc sur le devant de la coiffure . - TCtc principalc surmonree de dix ceres disposees en couronne et en­courant une onziCme. Cette derniCre disposition est rclarivement rare("'.

.Dans ces trois groupes, les t€tes seraient ainsi thCoriquement r&partiCS : - Trois faces sur le devant, sereines, rcprCsencanc les « trois rresors caches »

- Trois faces a gauche, furieuses, rcprCscnrant les « trois detCnseurs )}, - Twis faces il. droite, sereines mais montrant des crocs, representant les « trois gardiens >I •

- Unc face (r€te ou statuctre debout, jap. (hOjfJ btttJ!J) au sommet ou debout sur le devant de la coiffure et representant Amirabha.

lorsqu'il existe une face ou une t€te au dos de la coiffme, elle est souriante et repr&senterait le Karma. Selon le GarbhadhJ.f/1 Mandala, ces trois groupes de teres represenceraienr lcs sCries des « trois mondes ~> (des dCmons, des humains et des Bouddha).

Sur l'aurColc des representations d'Avalokiteshvara a onze tttes sont generalement mises les images de cinq soleils dt chaque c6tC ct d'un chindmani, symboles des onze formes apparitionnelles de ce Bodhisattva. On connalt, surtout au Japan, d'assez nombreux types de representations de cette divinit& :

166

b Sur un lotus avec deux bras tres longs : la main ch·oite en Deout ' dfl 1 "d" - d 1 main gauche tenant un vase e eurs ; ou a mam rmte en

Vnt"ta,a< d" 1 · l l ' l . tenant un cordon e JOyaux, a mam gauc 1e tenant sur a Va.ra~ a et n vase de fleurs de lotus ; ou encore la main clroite tenant 01trtne u " · ) 1 · l P 1 son echarpe celeste (pp. tem1e , a mam gauc 1e tenant un un pan c e

l ms au un vase . . 0 · It un lotus, avec quatre bras Am1da central de la COlll'onne AsSIS sr ' 1 11· l · · - b 1 t r@te du sommet avec une aureo e, un co ter c e p1errenes,

de out.' 5

1 droites tenant un rosaire et un baton de pClcrin (khakkhara),

les mal11 d fl ·05 gauches tenant un lotus et un vase e curs.

1esma1' A c b 'f Kumen (neuf teres) : cette rorme a errante ne comporte que - fyp~etes en couronne. Avalokiteshvara est alors debout, la main droite neu te b' d '1 . 1 . 1

d ~e au tenant un a ton e pe erm, a matn gauc 1e tenant un pen an 1. ~ 67 vase, le bras rep 1e .

D'autres types existent, assez nombrenx, qui sont gfnCralemenr dCrivCs de ces formes. Ils peuvent, ~mal.gre de legeres differences dans l c!Ctails &tre classes dans ces categones. es Une forme exccptionnelle, appclCe HOshi OshO et se rrouvant au

'c cle KyOto 0apon), en bois, d'Cpogue Kamakura, montre Jllichi­musc . . l' · C men Kannon apparatssant dans le vtsage ent~ouver~ c un

1 mo

1tt1c. . e

l- nier le cdne rase, v€tu de la robe monasttque, ttcnt cans a malO t'~~Jche 1

un vase et fait un geste d'apaisemcnt (Abhaya-mudd) de la g~ain droite. 11 est debout sur un lotus. Ce moine chinois, pr€dicareur 11ersCcutC, serait mort vert 514 en Chine, a !'age de quarre-vingt-dix­

~epr ans, et se serait revelC erre une inca~nation d'Ek~dashamukha Avalokiteshvara (>H, D'apres A. Getty (op. at.), une des Images de. la couronne de ce Bodhisattva serait celle de Kikuta SanzO, un mome indicn venu au Japan entre le VII" et le IX" siCcle : il a alors les mains cachCes par sa robe.

Avalokiteshvam aux mille bras (Sahasrabhltja Sahasranetra ; jap. Scnju Kannon) Ce Bodhisattva, dont lc nom sanskrit signifie << aux mille bras et aux mille yeux >~ (deux tpithCtcs de Umfi., tme parCdre de Shiva), est la divinitt de la Bonte pure, omniscieL1te, omnipotence. Lorsqu'il esr

167

AVALOKITESHVARA

Avalokiteshvara aux "mille bras", bois colon\ Japon, Nara, TO-ji, x''-XI" siCdes

Scnju Kannon A valokiteshvara aux " mille bras "

Avalokitcshvara all X

"n1ille bt'as", brunzl·, Jtvacentr.li, X' sii:-rlt', Jakarta, mus{e nat1onal

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Page 92: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LES BODHISA'fTVA Dl1 COMPASSION

appelC auJapon Senju Sengen Kanjizai Bosatsu, il correspond ala forme sanskrite de Sahasrabhlij:Jryavalokiteshvara. 11 possCde theoriquell1enr mille bras symbolisant la multitude de ses pouvoirs. Dans la reatire on le reprCscntc plus gCneralement avec seulemenr quarame-deux bms Cependant quelques rares images le tnontrenr, debout ou assis, avec ~e~ mille bras M, parfois avec onze ou vingt-sept t&tes. Ses mains suptrieures soot en veneration (Afijali-mudrft), tandis qu\me autre paire de mains supporte un bol a aumOncs (pc?tra). I.es autres mains, parfois ornees cl'un ceil dans la paume (idCc peut-&tre d'origine ribCrainc et qui sym­bolise la vision omnisdentc d'Avalokiteshvara), ricnnent chacune un symbole ou bien rCalisent nne mudd. Les mains les plus Clevees Cclles sont normalement clisposees en Cventail autom du corps du Bodhisattva) portent les effigies du soleil et de la lune. La liste suivante des attributs de ce Bodhisattva enumCrc ccux qui, au Japon principalemcnt, sonr lcs plus couramment utilises pour les representations comportant quarante­cleux bras.

Mains droiteJ (satt/ les deux pret~tii:nr) B8.ton de pClerin (khakkhara ; jap. shakttjO) Fleche (.rhara, bdna : jap. ya) Lune (JuJJJct, chcmdra; jap. gesseimani, geWtrin) Lotus blcu (lttj;a/a, nllotjM!t:t ; jap. seirenge) Vase (kctlasha ; jap. kebyo) Nuage de cinq couleurs (jap. go.rhiki-tm) Glaive (khadga ; jap. t.rurugi, km) Lotus blanc (jnmdartka ; jap. byakurenge) Crane (kaj;!//a ; jap. dokttro) Miroir (aclarshct ; jap. hOkyJ) Grappe de raisins (ckdkshd ; jap. lmdO) Hallebarde (sh12!a ; jap. kushitetJukO) Ecritures (s{Jtra ; jap. h8ky8) Varada-mudrft (jap ; yogan-in, ;;egan-in) Trident (triJh!Jla ; jap. hOgeki, sansageki) Rosaire (mdl!i. ak.rham!ila ; jap. jttzrt) Sceau (mttdr!i ; jap. hJ-in) Bouddha (jap. kebtttJt-t) Bol a couverclc (pdtrct ; jap. h8 hatSJJ., hoppatJJ.t)

Mctins gauches (sa;tf !eJ de11x pfemi?:reJ) Bouclier (khetctka ; jap. bohai), parfois orne d'un masque Palais celeste (vimdna ; jap. ke ky{Jden) Lacer, corde, nceud coulanr (fJ?tsha ; jap. saku, kenJ#krt) Chasse-mouches (chdmara ; jap. hoHu) Vajra double a une pointe ; (jap. tokkoJhu) Bolte ou livre (Jmshtaka ; jap. ky8ky8, h8ky8) Arc (dhamt.r, rhdjJa ; jap. hJky&) Lotus rouge (kamt:tft:t ; jap. gurenge) Conque (Jh#nkht:t ; jap. hOrt:t) Bracelet (kankana, n!Jpura; jap. gyokkcm, sen) Vase a eau (kamandalu ; jap. J8by8, gunji) Lotus pourpre (kamala ? ; jap. Jhirenge) Branche de saule (jap. yoji, yOrytf)

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LilS BODHISATTVA DE COMPASSION

Clochettc (ghanta ; jap. sctnkorci, bOtuk!t) Vajra a trois pointes (jap. sankosho) J oyau sacre (1'cltfla, chintJmatti ; jap. h8shtt) Roue de la Loi (dhctrmachakra; jap. fittctitenbOrin, hfirin) Hache f.pctrashtt ; jap. et.l'll/11, ono), etc.

En plus de ces artributs, ce Bodhisattva a deux mains en vener tion (Afijali-muclrfi) et deux mains en Dhy5.na-muclr:1. Ccs aw·u,,,a~

d' r ' 1" d J" l ' I ts soot ceux une rorme pattlCU tete c UK umen (annon (U vingt-se1

, ' 1 l H 1' .. I' ' ) · · >t teres ct quarante-< eux )ras, au oss lo-JI, "'-Yoto , mats tls peuven

varier selon les statues ou l'ordre clans leguel ils sont disposes. En fai~ tons les atrriburs conccvables peuvent lui erre ad joints, afin de symbo­liser sa puissance universcllc, son omniscience et sa facnltC de pouvoir atteiodrc tons les etres.''

Les origines des representations de ce Bodhisattva peuvenr erre retronvCes jusqu'en Inde, oU ses images a bras multiples sont cependanr rares er n'excedent generalemenr pas quatre, six ou douze bras !IJ.

Au Tibet, il est represenre selon les canons tradirionnels, mais scs effigies a plus de lmit bras sont exceptionnelles. Il est souvent entourC sur les mandala, d'autres divinitCs et d'Arahant ou de moines. Mai~ c'est surtout sa forme, confonduc avec celle d'Avalokiteshvara a onze rCrcs, qui est le plus souvent rcprCscnree.

Avalokiteshvara a mille bras ne possCdc gCnCralcment qu'une seule rete, ornec snit d'une haute couronne nue (jat!itf~Nkttta), soit d'une cou~ ronne plus bassc avec une figure d'Amitfibha debour au assise sur le devant (origine ancienne que l'on pent faire remonter jusgu'a l'art boud~ dhiquc du Gandh8.ra), soir encore d'une couronne ornee de nombreuscs r@tes (dans ce cas, il reunit aussi les attributs d'Avalokireshvara Ekil.­clashamukha). Mais il se trouve parfois couronnC de vingt-sept ou vingr­buit r@tes 71 qui reprtsenteraienr les vingr-huic gCnics protecteurs (jap. BushU) des fidCles et qui sont censts (au Japan tout au moins) assister Senju Kannon dans sa debe, les Nijl!hachi Bushl!. Dans le Gafbhadhclt!t Mt:mdct!a, ces vingt-huit t@tes sont dtcrites commc reprC~ sentant les vingt-huit constellations (Nakshatra) sous forme de divinitCs ordinaires (Deva).

Lorsque ce Bodhisattva est rcpresentt assis en Padmfisana, ses mains sonr disposees en aureole amour de son corps. Lorsqu'il preside aux vingr-huir Bushll, il possede un rroisiCmc ceil. En peinture, lors­qu'il est couronnC de onze t@tes et qu'il est alors confondu avec Eki'i­dashamukha, il possCde quatrc mains en Abhaya-muclra, symCtdques, deux mains en Afijali-mudd, les autres Ctant disposCes en Cventail 1

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Sur quelques mandala il esc montrC ass is avec mille bras, couronn& de ooze tCces, deux mains en Afijali-mudd, deux autres tenant le bol a aumOnes et quatre autres en Dharmachakra-mudra, les autres bras Ctam disposes en aureole.

Une forme parriculiere de ce Bodhisattva au Japon, appelCe Senju Yllgen Kannon, serait apparue a KCtkai sur le bateau qui ramenair (l'

moine de Chine en 806. 11 a une apparence de Deva, est couronnt de fleurs et apaise les floes d'un geste de la ITJain.

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I'SMilSSAGERS DE SENJU KANNON

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1 J(annon possCde e,t .comm~nde a vingt-h~tit messag~~~ ou ~~~s~1~

Sci~Jl c Fftjin, divinite japonarse clu vent (Vayu), et Ra1Jl11, diVmlte ~JUI, n.v·ee de l'orage et du tonnerre, sonr lcs vingt-huir servireurs J··pOihliS . d b Ill ' . J I' .. ' ',A .. 1 l{iteshvara '-\ Ils sonr sou es « ouc c usattons )> L e c tvmtto.::s d \tl 0 . . ' . 1 es soit des crCatwns puremcnt Japonatses June ou '

Misshaku KongO Rikishi (VajL·apani). C.' est aussi _l'un des deux 1· . 1. 11

s (J'ap. Ni-0) des temples et unc Cmanatton de Vatrochana. Il est gnrc !e . d . . 1 1 . l . . ~ entC rorse nu, la roam ro1te en pomg c e sagesse, a mam gauc 1e "P'" b' 1 . I . 1 ' 1 . posCe sur Ia hanche; ou A ten a mam c rotte evce, ouverte, et a mam

ch~ tenant un court baton. !(<HI

z. Makeishura-0 .<~~h~sh:ara). C'est ut~ asp:cr bouddhique ~c Shi:a, , \es grandes dtvtnrtes hmdoues. Represenre torse nu, la mam drorte

un~ <- I ,. 1' , 1' , ·rte la main gauc 1e tenant unc canne sommee c une tete c otseau ouve ' 1 1 ht. . , , I . (·. tNNfJ) ou bien en armurc, esc 1eveux t:::l'lSses, tenant a c cux mams J.tp. J , •

une feuille de pap !Cr.

~. Naracn Kong0-0 (Narayana). C'est un aspect du dieu hindou Vishnu. izeprCsentC rorse nu, la main dmite posCe sur la hanche ou le venue, la main gauche levee ou tenant un court bfiton. Il serair Cgalemenr un des

deux Ni-0.

.1, Kompit•a-0 (Kuvera ?). Guerrier en armure, la main droite armCe d'unc flCchc, la main gauche tenant l'arc (ou bien un chint8.mani).

5. Manzcnsha-6. Guerrier en armure, les cheveux htrissCs, tenant un maillet ala main droire et une corcle a Ia main gauche. Aussi rcprtsentC commc un jeunc homme tenant un maillct clans la main droire.

6. Mawara-0 (Mawara-nyo). ReprtsentC en Deva, debout, parfois aussi comme unc vieille femme, les mains jointes sur la poiuine'-1

7. Hitsubakara-0 (Hibakara-0, Bibakara-0). Guerrier en armure, par­fois barbu, les cheveux htrissCs, tenant a Ia main gauche un vajra ou une sorte de banniCre.

8. GobujO. Guerrier en armure, parfois avec une rete de sanglier dans sa coiffure, tenant un sabre ala main droirc ct un joyau dans la main gauche.

9. Taishaku-ren (Devendrachakra). C'est le chef des gucrriers. Repr6-senre en Deva, il rient un miroir ou un bol a la main droitc, et la main gauche esr posCe sur la hanchc ou bien fermCc ala hauteur de l'Cpaule.

10. Dai Benzai-tcn (Dai Benkudoku-ten). C'est Sarasvarl, dCesse hin­douc des arts et de la musiquc. Ellr: ticnr un chint5rnani dans la main gauche et parfois un glaive vertical dans ht main droit<::.

11. TOho-ten (Jikoku Tenn6). Guerrier tenant un vajra a trois poimes (jnp. JctnkOJho) ala main droitc:', un sabre COurbe ala main gauche, Oll aynm: lcs mains jointes en Afijali-mudr8..

12. Jinmo-ten (] inbo-ren). Represcnre en Deva, la main gauche ferm~L"­Ol! tenant des cymbalcs 8. deux mains.

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AVALOKITllSHVARA

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LES BODHISA'fTVA DE COMPASSION

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13. Biru1'okusha Tenn& (ZOch6 TennO). C'est l'aspect de Vlriidhaka, uo des quatre rois-gardiens des hol'i:wns (Lokapala). Il tient unc lance ala main droite (parfois sans lance et posCe sur la hanche), la main gauche pendante. Il a parfois aussi les mains en Afijali-muddL

14. Birubakuska Term& (KOmoku Tenn6). C'est un aspect de VlrU­pi\ksha, un de~ quatre gardiens des p~ints cardin~ux, la mai~ droite :~r ~a banche, la mam gauche tenant un tndent. Ou b1en les maws en Anplt­

mudd. 15. Bishamon TennO (Vaishravana). C'est le chef des Chaturmahftdja (jap. Shi Tenn8), gardiens des points cardinaux. Sur certaines listcs il est parfois remplad par Z8ch6 Tenn8. Il est representC en guerrier, la main droite tenant un trident ou une hallebarde, la main gauche supporrant un petit stG.pa.

16. Kujaku-TennO (Konjiki Kujaku-6). C'est Mahftmayliri, une divi­nite qui combat les poissons. ReprCsenre en guerrier, avec un phenix ou un paon sur la ttte, un sceau dans la main droite, un sabre courbe dans la main gauche. Il peut egalement tenir ie sabre a deux mains.

17. Basu Sennin. Peur-etre le sage indien Vasubandhu. Represenre comme un homme age, barbu, torse nu, s'appuyanr sur un baronet tenant a Ia main droi te un rouleau de sU tra.

18. Sanshi TaishO (Jinja Taish6, ShoryOchi TaishO). C'est Samjfieya, rep1•Csenre en guerrier 76 , brandissant un sabre courbe ou une hallebarde a Ia main droite, et tenant un seau ala main gauche. C'esr un Yaksha, assimile a Vaishravana dans la tradition esotCrique.

19. Nanda Ryf1-0. Peur-@rre une « bouddhisarion n de Susanoo, le Kami shintO des tempetes, vainqucur du dragon. ReprCsente en guerrier tenant Ia queue d'un dragon et un plateau de joyaux.

20. Sakara Ryfl-0 (Sakak:atsura Ryfl-6). C'est Sagara, un roi des Naga, reprCsenre comme un jeune guerrier brandissant un sabre courbe dans sa main droite et un serpent dans sa main gauche. Ses cheveux soot hCrjsses de serpents.

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LES BODI-IISATTVA DE COMPASSION

21. Ashura-0 (Asurarftja), C'est le roi des Asum le roi de la ca1·0 1 1'. 1 , • · . ' " let <1 a co cte. 1 a nne tete a trois faces et quatre on s1x bras. GCneralement . e

·1 · · · torse nu, 1 ttent un mlfoll'> un arc, une fleche (au le soleil et la lune) et d mains en Afijali-mudrii. Ses cheveux sane hCrisses. a cux

22. Kendatsuba-0 (Kendabba-6). C'est un Gandharva le roi .Jes . . 'I I . ' ) u . U1llSJ­Ctens cc estes. I est torse nu, ttent une roue de la Lot dans la ma1·11 1 ·

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et un sceau (au u.ne oite) dans la maw gauche. Pat·fois aussi reptt'senr' comme un guerner en armure avec une rete de lion sur sa coiffut E• c . '1 c . . . e. ll pe1nture 1 est panots assts en mse royale entoure des douze animat 1

1d • d · .' •lXcu eye e es annees et e trots acolytes. Il ttent alors dans la main droit

··d . 1 I 1, I , . e un til ent sur eque soot empa ees c es tetes et dans la matn gauch chintfimani. · ' ' e un

23. Kantra-6. C'est le roi des Garuda, oiseaux mythiques ennemis 1 serpents (Nilga) de la mythologie hindoue. Il est reprEsentC en guer·r~,e~ '1'. d 1 fl' c . ' d" !C( a1 e JOtumt e a nrc, partoJs avec une tete otseau, les cheveux hCrissfs.

24. Kinnara-6. C'est le roi des Kimnara ou musiciens celestes · l

. . , Ill!~ 1omme, m1-o1seau. ReprCsente comme un jenne homme (avec ou sans t" d. · ·cf · d etc 01seau sur sa cOHJ ure) JOUant u tambour.

25. Magotaka-6 (Mahod.ga). Guerrier torse nu, a I' expression furieuse aux cheveux hErisses, comme un dEmon, on bien comme un noble d' l'ancien temps jouant du biwa (sorte de luth japonais). e

26. Daibontenn6(Mahfrb1·ahmfrdeva). Forme japonaisedudieu hindot Brahmil. ReprEsente en Deva, la main droite tenant un sceau, la mai1~ gauche soutenant un pot a medecine ( ?), ou bien tenant a deux mains une cassolette a long manche.

27. K.indai-6. G~1errier p~sant la main droite sur sa hanche, la gauche brandtssant un VaJl~a. Parfo1s en noble barbu, en robe chinoise.

28. Mansen-6 (Mansen-nin). Guenier tenant un vajra dans la main droite et un trident dans la main gauche.

. Ces vingr-huit Bushfi, raremenr representes ensemble (effigies au SanJfisangendO, KyOto), ne font I' objet d'ancun culte separe. Ils ne sonr veneres qu'en rant que messagers d'Avalokiteshvara et ne sont pas consi­der~s comme sEparEs de celui-ci. A ces trois formes principales d'Ava­loklteshvara (ShO Kannon, Jfiichimen Kannon et Senju Kannon) la sectc japonaise Shingon ajoura trois antl'es formes : Nyoirin Kannon, BatO K~m~on e; Juntei I~a~mon. Ces six Kannon avaient pour principale m1SS1011 d apporter 1 atde du Compatissant Avalokiteshvara aux erres des « six voies '' (jap. RokudfJ) ou « destinees de la transmigration 77 )),

LES AUTRES FORMES DE KANNON

Nyoirin Kannon Bosatsu (skt. Chint:imanichakra · chin. Ruyilun Guanyin) '

Cette forme d'Avalokiteshvam fur representee ues tOt en Chine, notamment dans les grottes de longmen et de Yi.ingang. C'est une

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forme fCminine (?), « la roue du Joyau qui satisfait tons les desits ». Elle est reprEsentEe, en Chine, au Ti.irkesrfrn et au Japon, sous plusieurs formes (formes tantriques inconnues en Chine) : ~ Assis en PadmUsana, avec deux bras (plus rarement quatrc 78

), les mains en Abhaya-Varada-mudd. _ Assis en Vajdl.sana sur un lotus, avec deux bras, un haut chignon dEcor€, l'Cpaule droite dCnudee, la main dmite tenant un chintamani, la main gauche un lotus. _ Assis en Lal'itasana sm un socle, avec une haute couronne ornee de rrois joyaux, la main droite touchant la joue (attitude pensive), la main gauche posEe sur la cheville droite. Forme typiqnement chinoise. _Avec six bms 79 , assis en aise myale, torse nu ~0 , les poignets ornes de bracelets. Son aurEole est alors celle utilisCe pour les representations appurtenant aux sectes tantriques, formEe de deux halos rands ; la main droite principale touche sa joue (pose pensive) avec l'index on bien soutient sa r@re ; la main gauche princ.ipale est appuyee sur le lotus du siege ; les autres mains tiennent un chinrfimani pres de la poitrine er une roue de la Loi, parfois un rosaire.

lorsqu'il est represenre assis sur un rocher er regardant l'eau, il est souvent confondn avec Suigetsu Kannon, une des « trente-trois formes }} . Il fur reprEsenre en Chine des le X" siecle, notamment a Dunhuang, dans cette attitude. Nyoirin Kannon peut aussi assumcr d'autres formes, moins courantes, a huit, dix ou meme douze bras (en peinture). Dans les mandala 81 , les sept Ctoiles de la Grande Ourse se trouvent parfois groupCes aurour de ce Bodhisattva.

Nyoirin Kannon n'est plus, de nos jours, I' objet d'aucun culte. 11 fut cependant assez en faveur autrefois et utilise au Japan comme « divinitE de devotion privCe » (Nenji Butsu). On mconte que Taira no Shigemori (mort en 1179) possedait une petite statuette de Nyoirin Kannon de 9 em de hauteur qui Etait sa divinitC personnelle (actuel­lement au K6fuku-ji, a Nara). Une forme syncrCtique japonaise de Nyoirin Kannon, appelee Seiryfi Gongen, esr reprEsentee comme un Kami shintO feminin ( ?), en costume de cour de l'c§poque de Heian, tenant un chintfrmani dans la main droite. Cette forme aurait ere rapportee par KObO Daishi au monastere du Jingo-ji (KyOto).

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AVALOKITESHVARA

Nyoidn Kannon, pierre, )upon, xvrt- xvm• siCdes, Nara, Hannya-ji

a gauche : Nyoirin Kannon en pose pensive, bois, Japon, XIII" siCclc, musee de KyOto

Nyoirin Kannon

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Page 96: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LES DODI-IISATTV A DE COMPASSION

Bat6 Kannon

Hayagrlva, gravure tibfimine

BatO Kannon (skt. Hayagrlva)

Appele aussi parfois Mezu, Dairikiji My0-0 ou encore BatO My6-0 lor~ qu'il est ,considC~·C comme un mi de Science magklu; (Vi.dyUl'ilja), c:t aspect d Avaloklteshvru:a est une forme « bouddhrsee » Japonaise c1 Hayagrlva, incarnation bouddhigue tibttaine du dieu Vishnu du pan~ rhton briihmanique 82

• Dans le mandala dtt Garbhadhiitu, BatO Kannon est une personnification terrible d 'Amit1ibha : dans ce cas il ne porte pas de couronne.

Son effigie se trouve parfois placee au bord des chemins du ]apon ol1 le populairc croit gu'clle a lc pouvoir de chasser les mauvais esprits: Mais sous cer aspect, il est confondu avec Bat6 My0-0.

Au Japon les sanctuaires shintO de Kumano Oji venerent une tna~ nifestation syncrtrique de BatO Kannon sous le nom de KichijO Komagara. Cettc manitCstation Ctait dCjil connue au Kashmir comme unc divinitt des eleveurs de chevaux, ct est vouCe au salur de la desrinCe animate. Dans lc nord du Japon, un culte rres populaire lui est rendu en tant que protecreur des animaux H'l, en particulier des chevaux et du btrail. Dans certains des sanctuaires olt il est ventre, on lui offre des chevaux votifs blancs en bois et plfitre. Par ailleurs, on sait la faveur donr ont toujours joui, en Chine comme en Inde ou au Japan, les chevaux blancs, symboles de puissance et de chance, probablement une resurgence de croyances chamanigues : l'un des plus anciens temples bouddhiques de Chine, a Luoyang, s'appelait « monasth'e du Cheval Blanc » (Baima Si). Et dans les sancruaites shintO du Japon, souvem un cheval blanc est installe, considtre comme un messager des Kami..,

On represente generalement BatO Kannon sous deux aspects prin~ cipaux : - A vee une tCtc de cheval sur un corps humain ~-•. Cet aspect, mre, est parfois appclC Mczu. - Sous une forme humaine portant une ou deux reres de cheval sur sa coiffure c'est l'aspect le plus commun. BatO Kannon porte alors unc couronne basse ornee sur le devant d'une effigie c\'Amitiibha, une ou trois reres a trois yeux chacune, et il arbore une expression mena<;ante avec des crocs dtpassanr de la bouche, les cheveux dressCs en mtches. La rete de cheval, si elle est seule, est blanche; si elle est double, elle est blanche (purere) et bleue (puissance). La tCtc de cheval est parfois rcmplacec par un vajra ...

On represente BatO Kannon soit debour sur un lotus, soit assis en Padm§.sana ou en aise royale (parfois sm un buffle couchC). II dent souvent une hache dans la main dwire. Son aureole est enflammee commc ccllc d 'un V idyUrUja. Les images de Ban) Kannon ont gCnCra­lement huit bras. Les deux mains principales sont rCunies en Afijali­mudd, en Renge-no-in ou en BatO-in, les mitres tenant une roue de la Loi, un glaive, une massue (au un baton de sagesse, jap. h8bfJ), une corde, un vajra acing poinres (jap. gokoJho). Une variante habituelle le montre avec les mains principales en Afijali-mudrU, les aurres mains droites portant une hache, un rosaire et un glaivc, les aunes mains gauches tenant une roue a huit pointes (jap. rinb8), un bUton de sagesse, ou bien soot en Kersu-in (sorte de Varada-mudrft).

Cependant, l'iconogmphie japonaise connalt de nombreuses autres formes de I3at0 Kannon (pour la plupart confondues avec celles de BatO MyO~O) qui le monn·enr avec une rete er deux bras~~; trois ceres et

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Grand Bouddha couchC, pierre et ciment colore (longueur: 60 m.), Birmanie, Pcgu, Shvetayaung, xxe siecle.

XVII

Page 97: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

Amida dans son Raig&, peincure sur papier, Japan, 1708, mnsCe Guimet.

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I bras ; trois tCtes et quatre bras ; quatrc rCtes et deux bras ; quatre

leux . b "' , et butt ras ', etc. teres

Juntei J(annon Bosatsu (skt .. Chun~l) . ~ . C Bodhisattva (dont le nom japonats est parfo1s prononce}ttndet), « la

Pe » est une forme feminine d'Avalokiteshvara. C'esc aussi Jumei ure, 'I·Bldl · ••· Blltsu-mo, ~< l"a I?ere c es ouc 1a~ ••, ou, pour cerrumcs sectes ~sotcn-

,. Shiclugutet Butsu-mo, « Mere des Bouddha aux sept pomtes '' ques, " ') · 1' K · h" ~ ~ " 1 ' (S

1 cakotibuddhamatn , ausst appe ee otr-s rt, reputee errc a mere

[a Jsept cent mille Bouddha. C'est peut-Ctt·e Cgalemenr une forme ~.c onaise de Durga, une paredre indienne de Shiva. Mais on s'accordc 1;fr1cntlemcnt a la faire correspondre a Chunc\1 HI. Cctte manifestation ~e Kanhon, souvent confondue avec celle de Senju Kannon et surtout ·etresentCe en peinrure, n'esr pas, en principe, reconnue par la secte ~r~1dai HH, C'est une manifestation essenticllcment feminine, ayant une ·xpression tantOt douce, tantOt colCrique. Seton A. Foucher, Chunc\1 ~ou ChuncHL) serait a l'origine une divinire solaire, Ushas, dCcsse de 1\mrot·e. Seton Waddell, elle serait une metamorphose du soleil. On J'identifie aussi parfois avec Mftrlchl done les sept sangliers formant son piCdcstal ,, assumeraient le rOle des sept chevaux du soleil n. Elle est gCneralement montrCe assise ou debout sur un lotus et pourvue de deux, quaue, six, huit, dom:e, dix-huit, trente-deux ou mCme soixante­quatre bras. Elle porte une couronne ou une haute tiare cylindrique (ou cOnique). La forme possedant dix-huit bras est la plus commune­ment reprCsencee : elle a une expression douce, est vfttue d'une robe lui couvrant les deux Cpaules et ses bras sont ornCs de nombreux bra­celets. Derriere son effigie se tient une grande aureole en bateau (jap. fimagatcl k8hai ~~). Ellc ales mains droites principales en Abhaya-mudrU, Jes mains gauches principales (bras replie) en Abhaya ou Varada-mudrU, les autt·es mains droites en Abhaya, avec un glaive, un rosairc, un fruit, une hache, un croc a eiCphants (angkusha), un vajra, un peodentif (jap. !'Oman), etc., lcs mains gauches avec un bUton de religieux orne de flammes (jap. nyo-i hfJto), un lotus, un vase, nne corde, un anneau, une conque, une bolte a sl1tra, etc.

Lorsque Jumei est representee assise, elle tient ses quaere mains principales en Dharmachakra-mudrft et en Abhaya-mudrft devant sa poi­trine. Ses autres mains droites tiennent un trident, un rosaire, des fruits, un chindlmani, un glaive, un lotus, etc., tandis que ses autres mains gauches tiennent un lotus, une roue de la Loi, un pot (B. medecine ?), unc corde, un vase, etc. Elle a une Ccharpe celeste sur l'Cpaule gauche, des colliers et des bracelets, le reste du torse demeuram denude. Cette dcrniCre reprCsentation porte le nom de Shichiglltei Butsu-mo, et ne sc trouve que sur des mandala. Une forme particuliere de .Jumei Kan­non est rCputCe faciliter lcs accouchemccnts et protegee lcs enf8.nts, combattre aussi la sttrilire. Cette Koyasu Kannon est alors assimilee a une divinire ordinaire (Oeva) cc represemerait une forme de Harlt'i'. Nous l'€tudiemns avec cette derniere divinite.

Fukllkcnsaku Kant1.on

Cene forme japonaise d'Avalokiteshvara est paniculiere aux sectes de Nara ct du Tcndai. Fukltkcnsaku (prononce parfois Pukllkenjaku) correspond a Amoghapishfivalokiteshvara ou Amophavajra. C'est " Ce­lui qui p@che les humains pour les amener a l'Eveil ". Appartenant

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AVAT.OKITilSHVARA

Chundl, gravure tibtrainc

Juntei Kannon

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Page 98: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LES BODHISATTVA DE COMPASSION

Fukllkcnsaku

Amoghapasha, g1·avure tibr::taine

NikkO ct GakkCl Bosatsu, tcrre,Japon, Nam, T6dai-ji, Vlll' siCcle

principalement aux sectes Kegon et 'l'endai, et surtout representee dans le Gcwbhadh!itlt Mandala, cette forme n'est pas reconnue, tout au tnoins en principc, par la sccte Shingon.

Fuki1kensaku Kannon est represente comme un Bodhisattva · i1 a pom attribut principal une corcle (p!isha ; jap. sak11, kensak!i), 'avec laquelle il capture les humains, et un crochet ou hamec;on pam les pCcher dans les eaux troubles du monde. Ses autrcs attributs sont le lotus, le vase, le rosaire et le bfi.ton de pNerin (khc;kkhcwa). Il a une haute couronne, parfois ornee de r@res. Cependant ses attributs peuvent varier d'une l'epresentation a !'autre, ccs dernieres etant fort eli verses'"

On lui reconnalt deux acolytes, NikkO (SUrya) et GakkO (Chandra)· deux Bodhisattva symbolisant lc soleil et la lune. 11 assume plusieur; aspects : - avec un visage a trois yeux, huit bras dont deux en Afijali-mudra les autres bras avec des attributs variCs Jappartenant a cl'aurres forme~ d'Avalokiteshvara. Il a nne image cl'Amitfibha dans sa couronne er est toujours accompagne par ses deux acolytes ; - avec un visage a trois yeux et deux bras ; - avec un visage a tl'Ois yeux et quatre bras j - avec un visage a trois yeux et dix-huit bras ; - avec trois faces a tmis yeux ct quatre bras ; - avec trois faces a trois yeux, six bras, assis, les mains en Afijali-mudrfi et des attributs divers ; -avec trois faces a trois ycux et clix bras ; -avec onze faces et huit bras ; -avec onze faces et trentc­cleux bras, etc.

Bikuchi Kannon Bosatsu (skt. BhrikJtti)

Forme tantrique d'Avalokiteshvara, correspondant a Bhrikutl, <I Cellequi france les sourcils », elle serait nCe d'un froncement des sourcils cl'Avalo­kiteshvara clont elle reprCsente l'aspcct coiCrique. C'est la forme japonaisc de la Tfirfi <I jaune )> du panthCon tiberain, parfois confondue avec Tara Bosatsu (Darani Bosarsu). Aussi appe!Ce «Celle qui est ridee », elle est reprCscntCe comme une vieille femme au visage empourprC de colere. Daos k Gc!rhht~dhc?tll Mr:mdalct clle est assise en Paclmfisana, avec une effigie d'Amitfibha (donr dle serait aussi une hypustase) dans son chignon: clle

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LES "DONNEUSES D'ENFANTS"

lle Seule rete avec trois ycux. Elle a quatre bras (lcs mains clroites en ll u ' . ' 1 Vat'tda~muclril er tenant un rosaU'c, lcs mams gauches tenant un otus ,1'.,,'1oui un vase') I ouun rouleau de sUtm). Lorsgu'elle est reprCscmCe avec

"' ' . I I ' I trois ceres et six bras (rare), elie a deux mams en Varac a-muc m, es <mtres ceoanr un trident, un rosaire, un lotus, une guirlande ... Ala place de son rroisiCme ceil frontal ellc a parfois, com me lc Boucldha, une touffe de poils blancs (flrtu?).

Dans quelques sectes CsotCriques japonaises on la nommc par£0is JoshO KongO. Ceete t?rmc~d'Av,alokit~shvara, qui ne f;1it I' objet d'aucun culte reel, n'est representee qu en pemture au sur des mandala.

llhrikutl, gravure tib~taine

A droite: Darani llosatsu

DIVINITES "DONNEUSES D'ENFANTS, BhdkutnBamch; Ka""""'

Il cxiste une forme feminine d'Avalokiteshvara 1< qui fadlitc les accou­chements et protCge les enfuus ''· Au Japan, c'est un aspect populaire de Juntei Kannon Bosatsu. C'cst, nous l'avons vu, Hfiritl, mais une forme douce,,,, ,, bouddhisCe », de cercc « mere de clemons ». Ellc est souvent reprCsentCc assise sur unc chaise, vCtue ala chinoisc et tenant un enfmt dans ses bras (certaines images populaires Ia momrent don­nant le sein a un bebe ''1). En raison de cet aspect, elle fur vCnCrCe comme une representation de la Vierge chrCtienne pendant les perse­cutions contre les Japonais convertis au christianisme qui curcnt lieu pendant la pCriocle cl'Edo, aux XVII' et XVIII' siCcles surtout. C'est peut­Ctrc d'ailleurs des chretiens japonais qui neercnt cctce forme d'Avalo­kiteshvara donnanr le sein, cer aspect n'Ctant pas d'origine bouddbiquc ·~1 • On pense que cctte forme fur ClaborCe tardivemenr par le bouddhisme populaire afin de supplanter la divinitC (Kami) shintO des accouchements aisfs, Koyasu-sama ou Koyasu-gami, de m@me qu'cn Chine les effigies de Guanyin monrrtes avec un enfanr sur les genoux ne sont probablcment que des transpositions boudclhiques populaircs des divinitts rao'iques << donncuses cl'enfancs , telles que Tianxian

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Page 99: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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Songzi au Zhangxian ... En Chine, au Tonkin et au Japan, elle est ve l ntrte dans Ltn groutJe de vingt divinirCs, y tenant une place secondair -Au Japan, les sanctuaires shintO dCdiCs a Koyasu-sama le seraienr e. rtalitt a Konohana Sakuya Hime, la lCgende assurant que cctte princeset~ mythique (qui est Cgalement la dtesse du mont Fuji et des cerisiers se fl ) · 1 ' l' fi1 d · ' · en curs auratt accouc 1e c un 1 s pen ant que sa matson etatt devore par un incendie (peur-etre est-ce la une allusion ala creation des 1a·' 1 d, ' . d F .. ') !( ' ' " OJ:S U11C CtUpt1011 U 111011t UJl . . oyasu-Satna etalt SUl'tOut vtnCr{! dans lcs provinces du KantO (environs de TOkyO) ct de Chiba, aU 1 e femmes avaient coutume de venir lui demander, contre des offrand:s de riz, un bon allaitement apres leurs couches~'. Cette Koyasu-sama e~ vint par la suite a @rre confondue soit avec Avalokiteshvara, soit avec Kshitigarbha. La Koyasu-Kannon (ou Avalokiteshvara donncllSe d'en­fants) est parfois elle-mtme confondUe avec une forme « complc:-;men­taire ~>, identlque de forme et d'aspect, appelee Kishimojin et qui est la reprCsencation (terrible i\ l'origine car son image se ti'ouva gmnde­ment modifiee au cours des siCclcs) d'unc ogresse convertie au boud­dhisme~", I-Jarltl, ct devcnuc par la suite protectrice des cnfants, Son image aurait CtC popularisCe a l'Cpoque de Kamakura par Nichiren~' Dans la secte Shingon, elle se nomme Karitei-mo. On la represent~ assisc sur une chaise, tenant une grenade (jap. zakttro~H) dans la main droite (la grenade est, on le sait, en Asie comme en Europe, le symbole d'une progCnirure, sans doute en raison de ses trCs nombreux grains) et entouree d'enfants nus ou a demi nus (en gCnCral au nombre de trois, cinq, sepr ou neuf). Lmsqu'cllc est representee debout, elle tient un lotus dans la main droite (attribut d'Avalokiteshvara). En peinture, elle est parfois assise sous un dais octagonal somme d'un joyau, Elle tient alors un chasse~mouches eta deux petites filles comme acolytes ·n.

les temples les plus celebres oU elle est veneree soot CCLIX de Meguro et ZOshigaya a TOkyO. Scs ficleles croient qu'elle possCde Cgalement le pouvoir de guCrir lcs enfants maladcs. On la fete en novembrc.

La tradition raconte qu'unc statue de Koyasu Katmon aurait ere realiste au VIII" siCclc a l'image de l'impCratrice KOmyO (ou KOmei, 701-760), veuve de l'empereur ShOmu et mCt·e de l'impCratrice KOken, gui se fit nonne en 749. Nul doute que !'aspect fCminin d'Avaloki­teshvara, syrnbole d'abnegarion et d'amour, n'air conrribue puissam­ment a rCpandre son culte dans le peuple. Cependant au Japon ce ne serait qu'ii. partir du XIV'' siecle (peur-erre sous l'influence de la secte de Nichiren) que le peuple aurait ventre ses statues en rant que « don­ncuses d'cnfants Hi"». Certaines statues de Kshitigarbha soot, au Japan, vCnCrCes au m@me titre ; elles ne different aucunement des images nor­males representant ce Bodhisattva, si ce n'est qu'on le nom me, en raison des pouvoit·s qu'on lem attribuc, Koyasu JizO Bosatsu.

Au Tibet, oi:t son cultc semble asscz ancien, cllc est reprCsemCe tenant un enfant sur son scin et unc mangoustc (nrJktJict). Elle esc ega­lement une « dispensatrice de richesses ». Son image fur, semble+il, creee au Gandh&.ra, oi:t elle est monrree comme un Bodhisattva, mais avec des crocs apparenrs. Elle fur Cgalement representee a Ajanti"i., dans la grotte n" 2, assise en R&.jalllasana, au-dessus d'une frise composCc de nombreux enfants nus. On trouve egalement certaines de ses represen­tations a Java (Chandi Mendut) et en Asie centrale. Souvent son effigie est accompagnee de celle d'un Yaksha, Pafichikha, repute erre le perc de ses cnfants et un general de l'armee de Vaishravana.

VI

LES BODHISATTVA ORDINAIRES

Bodhisattva accompagnam Amida, bois colore,Japon, Uji, lly6d6-in, 1053

Mafijushrl Samantabhadra Akashagarbha Kshitigarbha

Yaku-6 et YakujO Bosatsu Sarvanlvaranavishkambhin

Mahfipratisar6. Simhan&.da

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Page 100: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

I..l!S BODHISATTVA ORDINAIRES

Mafijushri, gravure tiberaine

Mai1jushr1 (Monju Bosatsu)

En dehors des Grands Bodhisattva de compassion, exlste tome unc catCgorie d':lhres d'Cveil dont la principale mission semble erre d'instruire les fideles et de les guider pas a pas sur le chemin de Ia liberation, certains d'enrre eux agissat1t parfois comme intermCdiaire~ entre les &tres vivants er les ames passCes dans l'au-dela. Ces Bodhisattva ant des rOles diffCrcnts et ant connu plus ou mains de faveur dans l'espr}t des fideles. Les plus considCrables sont Mafijushrl, Samantabba~ dra, Aldshagarbha et Kshitigarbha. A cOre de ceux-ci, d'autres Boclhi~ sattva, plus thCoriques ne furent venerCs que par certaines sectes ou encore en groupe, comme Yaku-6 et YakujO Bosatsu au Japan, Sarva­nlvfimoa-vishkarnbhin, Mahfipratisara et Simhanfida.

MA:iSIJUSHRi (jap. Monju Bosatsu; chin. Wenshu; rib. Djam-dpal ; mongol Manchushti)

Mafijushrl est un disciple de Shakyamuni dont il est, avec Samanta­bhadra, l'un des acolytes dans les groupes d'images appe!Ces au Japan Shaka Sanzon, (( les trois venerables de Shiikyamuni ~~. C'est « Celui dont la beautC est charmante », le Bodhisattva « de vertu merveilleuse et de douce majesre » 2 qui represente la sag esse, !'intelligence et le pouvoir de !'esprit 3 • « Son adoration confere la Sag esse divine, Ia mal­trise du Dharma, une mCmoire ficlete, la perfection mentale, l'Cio­quence. » Ce Bodhisattva, connu en Incle par les doctrines du Petit VChicule qui l'identifiCrent au roi des Gandharva Pafichashikha \fur a l'origine de nombreux textes du Mahfiyiina ~. 11 aurait indCfiniment re~ tarde son accession a I'Ctat de Bouddha, mil par une compassion infinie qui le poussa a demeurer dans ce monde jusqu'a ce qt1'il n'y reste plus un seni €tre a amener sur le chemin de l'Illumination suprCme. Bien que cenains textes comme le Saddharmapundartka-stltra 1' lui assignent un univers situC a l'esr et dCnomme Vimala (jap. Yuima), Mafijushrl, Cternellement jeune d'aspect 7 (on le reprCsente toujours comme un adolescent), jouissant de la perfection des qualitCs du Bouddha, pouvant prendre routes les apparences possibles et imaginables (m€me celle d'un Bouddha accompli), ne semble pas avoir de lieu de manifestation dCterminC. Certains textes cependant le localisent sur nne montagne a cinq sommets situCe dans !'Himalaya, pres du lac Anavatapta ~. En

182

Cl · 1e a partir du IV" siecle, on le fait resider sur le mont aux cinq ~ll ss'es le Wutaishan, dans la province du Shanxi (au Japon, cette

teri~ragr~e est appelee Godaizan)9. Cepenclant, quelques textes chinois mor '1 ' . , " d' l . " l l

r·ent qu'1 ctalt venere sur cette mot1tagne es e l"' stec e c e notre t\SSU

ere. :Mnfijushrl aurait ere l'initiatenr et le maltre des Bouddha des ages sCs. I1 devrait Cgalement etre celui cltt Bouddha du futur, Maitreyaw.

paMafijushrl est le pere et la mere des Bodhisattva, et il est leur ami 11

'dtueltt,» Le Boucldha Lui-m€me dCcrit Mafijushrl et fait son Cloge 5f'ns le Mcdijushrtjlarinirvdna-s!Jtra12

• Ce Bodhisattva fur en consequence < ~~s souvent reprCsentC, tam en IndeD qu'au Tibet, en Chine et au J~pon ~~ ainsi qu'au Nepal door il serait, selon la tradition, le fondatem

nu detChine 15 , Ses images n'apparaissent que tardivement en Asie v:nrrole t(• et sur quelques steles chi noises, associe a Vimalaklrti (jap. cc ., l Yuima Koji) au VI< stec e 17

Sot1 culte et ses images auraient Cre introduits au Japon par des

10j 11es chinois qui, lors d'un voyage an Wutaishan, ayant appris que

Manjushrl s'Ctait rC~Karne en la perso?ne du moine japonais GrOki, se seraicnt rend us a Nara en 7 36. L un de ces mmnes, Bodhtsena (jap. Bodaisenna), aurair mCme succede a GyOki en rant que directeur de fa CommunautC bouddhique du TOdai-ji (Nara) en 751 ou 752 1

H.

A son tour le moine Ennin, s'Ctant rendu en Chine au mont Wutai en !'an 840 (au cours d'un voyage qui dura neuf annCes, de 838 a 847), aurait rapporte des sUrra et des images de ce Bodhisattva1 ~.

Dans le Garbhadhdtu Mandala, Mafijushr'l est un des quatrc Bodhisattva attribues a Vairochana. Il se trouve place au sud-ouest et est assis sur un lotus blanc. Il tient dans 1a main droite le <( livre (fmshtaka) 20 de la Connaissance universelle ~~ au un rouleau de la Praj­fl&jJdramitd, et dans la main gauche un vajra a cinq poinres et un lotus bleu (!ttpdla). 11 symbolise alors la sapience universelle de Vairochana ! 1 dont il est la connaissance (symbolisCe par le vajra) et la raison innCe (lotus bleu) 22 • 11 est Cgalement le « trCsor des inCpuisablcs moyens de salut de la grande com passion ».

Dans le Vajradhdttt Mandala, il prend le nom d'Apayajaha (jap. Joshoakushu)2-'. 11 est la Sagesse supr&me (Prajfiafdramit!i ; jap. Chi­myO~e) et consacre « l'CgalitC de nature de taus les erres 24 ~~. On le nomme aussi Mafijughosha (jap. MyO-on) et, sons ce nom, il reprCsen­terait la vertu de I' explication de la Loi 15 ,

Pendant l'Cpoque de Heian au Japan, unc coutume populaire vou­lait que l'on place une effigie de Mafijushrl vetu en moine (ou d'un habit de cordes, ou encore d'une robe chinoisc a la mode des Tang) dans la cuisine des demeures afin d'y symboliser la sagesse et la disci­pline qu'il convenait d'observer pour lc maintien du foyer. Plus tard, H fut souvent confondu dans !'esprit populaire avec Tenjin-sama, dei­fication shintO du Premier ministre Sugawara no Michizane (mort en 903 en exit a KyUshU). La popularitC de Mafijushrl fur souvent rres grande, a partir du XII" siecle surtout, lors du renouveau de la foi boud­dhique au Japon, alors qu'elle diminuair en Chine. Mafijushrl trait particulieremenr venere par les sectes de Nara et par les sectes Csott~ riques (surtout celle du Shingon), bien qu'il ne fUr guere ignore des autres, JOdo-ShinshU ou Zen. Pour routes ces sectes et leurs fidCles, il Ctait << Celui qui monrre la Sainte Voie z6 ~~. Par la suite, la popularitC de son culte s'estompa. Si, a l'heure actuelle, il n'cst plus guere venere

183

MANJUSHR!.

Mafijusll1'1, gravure tibetainc

Mafijughosha, gravure tibCtainc

Mafijugosha (MyO-on Bosat~u)

Page 101: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

I.ES BODHISA'I"tVA ORDINAIRES

Mafijushd (Hachiji Monju Bosatsu) sur unlion, bois colore, Japon, Nara, Hannya-ji 1324

Maiijushri (Monju Bosatsu)

et si ses temples sont peu nombreux (le plus o~lebr· A H h .d l d c est . mano- as 1 ate sur a mer u Japan), son souvenir · -,o

. L ' d' . l ,~. ~ . est encor - > vivace. es etu mnts em rent que a vc:neratron de Mafiju 1 ·" e · ,: procueer une belle ecriture et leur assurer le succCs aux s ltt pent leu{ propos, il est particuW:rement venerC au temple de Ab ex.atnens (U tt

l d N ) Il , . l . r . £' c-no-M:on· . au sue e ara . prestc alt autretots aux etes de la jeun Jll~lfl, au rez-de-chaussee de la pagode a cinq etages du KOfukes~~ (scnlpturt

Au Nepiil, oll l'on emit qu'il fut l'initiateur de lu 1 ~: ~ .Nara). M - · 1 ' · l · · a crvthsat' anJus 1r1 se volt consauer e peem1er JOur de l'annee (alors :. 10n,

f@te en Chine le 4" jour du 4e mois, oil a lieu un grand pet .:JU d t'St Wutaishan pour l'anniversaire de sa nai~Sance). ermage au

REPRESENTATIONS DE MANJUSHRi

11 est le plus gCneralement represente sous la forme d'un . l 1 'ff - l . 1' .tcoescC'JU avec une col ure a un ou p usteurs c 11gnons 27 (ou une cour , . • · b 1· l W · h ) ' onne a ern pomtes sym o 1sant e utats an , tenant a la main gauche l Y

d · 28 ... 1 · ! · 1 1 . e rouleau u savou , et a a maw c t01te e g aiVe vertical de sage . tranche !'ignorance» et libere !'esprit des tenCbres. 11 est vs,,s,e, d'',qtu

b · "d t·· n · • "• ro e1 m~~~~t{i~e et t~e f )1JOU~. est as~1s en ~admasana ou en aise

;oya ~ ll ad1a 1Ha~a.n~ · .. a p ~11s ancter;me reppre1se~tatton au Japan semblt' ctre ce e u otyLl-Jl, ou 1 est ass1s en ac masana, les cheveu 1. .

h l . [ . j , y· [ X !cUOJs en un aut c ugnon, a maw c roHe en 1tar ca-mudra h main 1 en Varada-muddl. ' ' ' gau( 1r

Ses attributs peuvent varier d'une representation a l'atttr·e l

... ' , ma1s on e montre tres souvent avec un sceptre de religieux a la main dro·t et le ~~ livre de sagesse » a la main gauche ; ou bien les mains n';un~ e en Dhannachakra-mudd. ou en Dhyana-mudril. Irs

Dans le Monjtt-in Mandara (jap.), il est represente avec Ia main droite en Varada-mudrfi et tenant dans la main gauche un vajra a cinq pointcs pose sur un lotus bleu.

Il peut avoir les cheveux nones en chignons ou avoir les cheveux flottant sur les epaules. Au Japan, le nom qu'on lm donne Jfpend parfo1s du nombre de ses chignons - Un chignon (Ichiji, Ikkei Monju Bosatsu) : le chignon unique rsr souvent entoure d'une haute couronne. Le « livre» est parfois pose sur son chignon, et il a alors un sceptre dans la main droite. Mais on lui trouve plus generalement la main dtoite en Varada-mudl'fi sur le genou, la main gauche tenant un lotus bleu sur leguel est pose un triple joyau (chintdmani) entoure de flammes 29,

- Cinq chignons (Gojil0, Gokei Monju Bosatsu) : il tient dans Ia main

droite un glaive vertical'', dans la main gauche un rouleau de sUtra ou un livre (pu.rhtaka) pose sur un lotus bleu 32•

- Six chignons (Rokuji, Rokkei Monju Bosatsu) : il a les mains en Dharmachakra-mudrfiH. - Sept chignons (Shichiji, Shichikei Monju Bosatsu). - Huit chignons (Hachiji ><~, Hakkei Monju Bosatsu).

Sons une forme relativement tardive (apres la periode de Kama· kura), on reprCsenta Mafijushr:i' assis sur un lotus pose sur le dos d'un lion rugissant (symbolisant la voix de la Loi), dont les pattcs sont ~lies· memes posCes sur des lotus dans les nuages ou sur la mer. Cette form~ particuliere se nomme alors au Japan Kishi Monju Bosatsu jj : it cieru

184

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1 clroite le glaive de sagcsse, dans la main gauche le lotus

d·ms ,\ mau 1 d 1 p ·~, A • A

' · de Ia victoire de !'esprit, ou un rou eau e a ra;ndpctratntta. b!ru, srgne · · ·1 h b' ll l

be de ses chignons [Jeut vaner, mats 1 est a ttue ement c e Itnomr · ·1 l' )' ~- 1 r·squ'il est rcrJresente comme un enfant, 1 est appe e C ugo unq. 4o Monju llosatsu. . .

I.orsque Mafijushrl est montC sur un l1_on et traverse la mer 2\ !1 . ·JccompagnC de quatre acolytes : un Jenne homme (Sudhana; 'st ' · l ll . B I h . S ') '" ·. 'Zc·n:.ni D6j'i ' 7) un mo1nc (Vasu)anc 1u; Jap. utsuc a an anzo , 1•'1'· .• ' . . .. l . s . h' 1111

vitoillard (Vimalaklrti ; Jap. Ylllma Ko)l) ou, cans certams cas, .. ms o RUjin, enfin un guerrier, le roi Udayiina (jap. Utenn6). Ce groupe est alors nommC Tokai (Kaito) Monju Bosatsu. .

Sur certaines peintures et mandala, MafiJnshri est reprCscnte wmme un tr?:s jcune homme ou un enfant, entoure de huit acolytes enf11nts, symboles des '< lmit camcteres de Mafijushd », lcs Hachidai­tltlji "'. Ccs « porteurs de vajra >> sont censes accorder les prieres adressCes ii Maiijushrl et rcprCsentent les lmit vertus de sagesse de Mafijushrl nmcspondant aux huit orients 10 • Ces acolytes enfants (jap. DOji) ont {OUS till triple chignon ct le coeps jaune, de meme que Mafijushrl. On leur adjoint pat-fois Chandraprabha (la lune) et Manjughosha (jap. MyOon), une forme de Mafijushri 41

Mai'ijushri est presque toujours reprCsentC assis. NCanmoins, dans lt'rtains cas, assez rares, il est dcbout, vetu d'une robe monastique lui laissam l'epaulc droite nue.u. Sur son aureole sont souvcnt dessinees des fleurs de lotus ct parfois des Kalavinka (jap. Kary6binga), oiseaux u~lcsces •< ala voix merveilleuse ». Cette forme, appelee Mafijughosha, .tit's mains en Varada-Vitarka-mudd.

Au Tibet, on connalt plusieurs autres formes de Mafijushri : -~Avec sa Shakti Samsvatl sur son genou, a la fac;on antique, avec cinq tw:s (la tCtc centrale erant celle d'Akshobhya) et lmit bras tenant des gla!Vcs ct des livres au des lotus bleus. Lorsqu' il est represente en

185

MANJUSHR1

A gauche, Shichiji Monju Bosatsu, U droite, Hachiji Monju Bosatsu, bois colore par Koslmn,Japon, Nam

Mafijushri (Chigo Monju Bosatsu)

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Page 102: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LES BODHISAT'I'V A ORDINAIRRS

Vimalak'lrti (Y uima Koji)

Vi~alaldrti (Yuima Koji), bo1s colore et lagtJe sCchc, Japon, xm• siede, Nara, Hokke-ji

attitude Yab-yum (embrassement) avec sa Shakti il a trois ter ( bleue et blanche) ainsi que sa parEdrc. Il porte (ies vajra un es t·ouge, flel 1' J 11 al , arcetde c 1es, un g atve. et ;~n otus. ~ est ~ ;>rs appelC Mafijuvajra. s - Une forme parucultere, appelee VaJrananga, le montre arme d'tu tendu dont ia fleche se termine par un bouron de lotus n . 1barc

d 1 · 1 r d . · astx t;ls et est c cou eur ;aune. On e con1on parfots av<\.c Rilgadja b' ,. porte l'effigie d'Akshobhya sur sa coiffure. ' ten qu1[

- Avec quatre tCtes (blanche, jaune, orange, rose) et huit bras It alors appelC Dbarmaclhfttu Mafijushrl. ' · est

Normalement, sur ies mandala et les peintures, Man1·usllr' 1 · M · d · ~ · ~ test de

con ~t;r d-a~~~e. 'k a~s a.t~s certa~nes ~~presentatmns esotCriques ott il est ap~); .c.

1 1c c ~ad1 av

1ua, 1 peu.t -~tre ~1n~.1 Dans une s:ule forme il est

nou . 1 posse e a ors un tro1s1eme ret , 1 a un genou a terre et br·t l' un glaive. 'nc It

Il pent Cgalement Cue nne force terrible et considere con11u V'd '" C' 1 C 1 . . dT c 1111

Yl yara

1Ja. estd· a

1ors « e u1 qm e 1e des entraves » ct qui vainc

ama, e Deva e a mort. Il se nomme Yamamaka.

PERSONNAGE ASSOCIE: VIMALAKIRTI

On reprCsente souvent Mafijushrl discutant de la Doctrine avec un d' _ ciple la'lc dn Bouddha, de reputation sans tache Vimalaklni (J."" y"

K .. . , ' 't-'' lll•

ma 0)1) 4-l. Ce denuer est figure sous les traits d'un vieil homme mal~de, u.n pan de son v~teme~t ramene sur la rete, faisant le gestc de la ~tscusswn de la Doctnne (Vuarka-mudra) 4

\ ou bien tenant dans la mam gauche un sceptre de moine. Il est toujours rcprCsentC assis.

186

sA.MANTABHADRA . . . Fugen Bosatsu ; chm. Puxtan ; ttb. Kun-tu Bcan-po ;

(JOIP· o1 Qamugha Sain ; viet. Pho-hien) mong (

.. ,, Celui dont la bont6 est omniprCsentc -~~ » : il reprCsente la Loi C est · 11 [' · ' M - · 1 ' ldhique et la compasston. est sou vent ac JOint a an JUS 1r1 et est bot!~ ·elui-ci l'un des acolytes de Shakyamuni dans le groupe des trois ·wecc l 'CBd1' ''1 ''' ' , , ·abies de Shfi <yamun1. e o 11sattva est prmctpa ement vencre vrnet< ' · ( J 1 '!' d · Sl · ) . les sectes Csotenques au apon par es sectes en at et 11ngon P:tr. qllC comme protecteur du Sfitra d11 Lott!S (Saddhar-mapttndarikct­'1111" ! N' 1 . ] 11 1' 1 · 1" , . )

1JH1' tes secrareurs c e tc 1tren au apon. est p us parttcu re-

51111'1 1 f'd'1 . 1 I" kk . , nent encore par es 1 e es prattquant e 10 esctnmat H• ou reloncentration sur le Hoke-kyO>>) Samantabhadm rcprCsentant pour eux "c 1 ' d ' ! 1 ' " Ia raison innCe et a pratt que es ex~rctces et : e a concenrranon ·~7 ».

Dans le GarbhadbJttJ- Manda!ct, t1 est place au sud-est de Vauo­·l ann ct reprCsente la cause des ascCscs do11t Rarnakctu reprCsenre [·~ffet. Il est alors l'esp~·it .de la Bodhi et la ;< ~ause excellcnte >> de la "Sapience du grand mtrotr rand» (Adctrshajfiana)·•H,

Dans le Vajmdbatu Mandalct, Samanmbhadra est reprCsentC anne d'un glaive emmanche d'un vajra a trois pointes.

On venCre Cgalement, au Japan surtout, Samantabhadra comme " prolongateur de la vie » sous le nom de Fugen Tinmei Bosarsu. I1 scrait nlors l'Cquivalent de Vajrfimoghasamayasattva et serait une inrcr­prCration CsotCrique de Samantabhadra. Cependant certains auteurs ct moines considerent que ces deux aspects nc reprCsentenr pas le meme personnage. L'aspect de « prolongareur de vie » trahirait une influence des doctrines tao'iques : si cela Ctait, cer a.<>pect serait d'origine chinoise. II est reprCsentC au Japan sons deux formes principales : assis sm un sode cubique, avec vingt bras"', on ass is sur quaere ClCphants blancs 50

REPRESENTATIONS DE SAMANTABHADRA

En Chine il est rarement seul, mais fait plus souvent partie d'une triade. Au Japan, reprCsenrC comme un jeune homme (ou un enfant, Chigo Fugen Bosatsu), avec une haute couronne sur laquelle figurent parfois

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"~~ .. '(tclTI:D,_),)) Samnntabhadra Samantabhadra

(Fugen Bosatsu) llugen Emmei Bosatsu sur un Clephant

187

SAMANTABHADRA

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Fugen Emmei llosatsu

Samantabhadra (Chi go Ilugen Bosatsu)

Page 103: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LES BODHISAT'l'VA ORDINAIRES

Samantabhadm, Viet-nam, xm" siecle

Samantabhadra, pie:re, Java, Borobudur, fin vm" siecle

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1

Aldshagarbha (KokU.zO Bosatsu)

les Cinq Jina, il est repute Ctre le premier d'entre eux. Il est m sur un lotus supporte par un elephant a six defenses 51 ' Il peut n ~nte 'f" l' c . , eat,. moms a 1ecter p us~eurs iormes, rant en pemture qu en sculptute ,

- ~ssis sur u_n ~otus P?se sm le dos d'un #ephant,, avec deux bras: le ma111s en Afijall-mudra ou tenant un rouleau des Ecritmesn · au b" s l · d · l " ' Ien a mam rolte tenant un otus, un sutra, un sceptre, ou en Abh

l ' l . I l . ' . b' aya. muc ra, a mam gauc .1e tenant un c .11ntamant ; ou 1en la main dr . (paume tournee vcrs le haut) avec trois doigts allonges sur la poitr?ttc la main gauche tenant un lotus entourC de flammes (dans le Vajrad~~e, Mandala); ou encore la main droitc en Vamda-mudrU sur le genon4~11 main gauche tenant un chintidmani sur la poitrine. ' a -Avec des bras multiples (surtout en peinture) et assis sur un Cle[)ha .

l ' l . l . . ' . . <O\ couc k, a mam c rotte tenant un VaJra a trots pomtcs sur la poitrit ~a m~io gauche tenant une clochette sur la hanche 53 . n ressemble al~;; a VaJrasattva. - Debout sur deux lotus (un pour chaque pied), la main droite e Abhaya-mudrid, _1~ main gauche pam?~ tournee vers le s~l, le.s doigt~ legerement replies ... Dans cette posruon debout, lorsqu 1l fmt part' d'un groupe de huit Bodhisattva, il est de couleur jaune et tient lll:e fleur de lotus dans la main dl'Oite, la gauche tenant un vajra. e

Dans le Saddharmapundarika-Ji2tra, on lui assigne dix acolytes fC~ minines gardiennes, les dix Rftkshasl (jap. Jt'l Rasetsunyo). Ces acolytes des demones geames et anthl'Opophages converties et passees au servic~ du bouddhisme, ne soot guere representees que sur des mandala ;4.

Dans le Sud-Est asiatique, notamment a Java le sti}pa-mandala du 13o1'0budur, Samantabhadra est probablement represente couronnanr la cinquiCme balustrade. Ses effigies, au nombre de soixante-quatre, regardent tons les horizons. Il a la main droite en Vitarka-mudd, Ia main gauche reposant sur le creux des cuisses. Ce Bodhisattva est represenre comme un Jina. Mais il se pent que ses omements de Bodhisattva aient ere primitivement peints sur la pierre. Il represcnte~ rait done le Bodhisattva conferant la Sagesse supreme au pelel'in ayant gravi les quatre degres de la Connaissance, sagesse lui permettant d'ap~ prehender alms les images de Vairochana a demi cachees dans les stG.pa ajourCs des trois demieres terrasses du monde sans forme (Arllpadhfttu).

AKASHAGARBHA (jap. Kokuz6 Bosatsu ; chin. Xukongzang ; tib. Nam-mka'i-sning-po; mongol Oqtarghui-inJiriiken)

C'est « l'embryon de l'espace », le grand Bodhisattva de sagesse et de compassion, le << gardien des tresors infin.isn ».Au Japan, il fut syn­cretiquement identifiC au Kami du mont Asama (prefecture de Shizuo­ka), Asama DaimyOj.in ;6, Le texte du Kokfi.z{j Bosatsu-ky8 dtcrit ce Bodhisattva comme erant venu derruire tons les obstacles, aider les erres a sortir de leurs en·eurs et leur enseigner a pratiquer les « six sagesses » (Pdramit!i; jap. Haramitm). Surtout venere par les sectes esoteriques, en Chine comme au Japan, Akashagarbha est reprCsencf

188

flndala du Garbhadhidtu et du Vajradh5.tu comme une divinitC d;U!S les r'nt les formes peuvent erre divel"ses. Ce Bodhisattva, autrefois untqU;· e.~ est main tenant presque totalement tombe dans l'oubli. Sauf cr~s v ,0

:,5' mandala, iln'est plus jamais representC. Seule la sccte Shin-

rcettatl 1 · ['' l l d su l . ·end encot·e un cute, ma1s comme ce m-c1 est a p upart u gon t\1 r fid'l , , l l'' nu secret, les 1 e es genera ement tgnorent. temps te

JWP1UlSENTATIONS D' AKASHAGARBHA

l Sen1ble pas qu'il y ait cu de representations d'Aldlshagarbha en I ne I E E Cl ' T'l 'l ' . d~

1 en As.ie du Sue- st. n .1111e et au 1 )et, 1 est montre assts,

1

1

11 ~1'1 droice en Varada-mudrfr, la main gauche en Vitarka-mudra. Sa "ma~ . 1 c· 1. c . " . ·Cf re porte les effigtes c es mq ma et parrms un ornement en torme wwu 'd' ' l' d I d' ( A h de stUpa 57, 11 est canst ere C?'?-me .un es c _eux gar. 1ens ave; c a-

1. 'tha) de Vairochana sn, ct fa1t partie des hmt Bodlusattva qm entou­.tiM ~· !Ml""l9 t les divinites unportantcs c u a 1ayana .

ren Selon le Gumonjih8, traduit en 717 par le moine Subhak:arasimha, _Akfishagarbha est ainsi dCcrit : « [ ... ] il doit avoir un corps de couleur

. [ ) 11 est assis les J·ambes a demi croisCes sur une prCcieuse fleur or ... · d lotus et son genou droit couvre son pied gauche (Vajridsana). Son ~sage est exrr@mement beau et exprime les delices et la joie. Sur sa

v~·Ccieuse couronne se voient les images des Cinq Jina assis en Vajrfr­~~ma w, La main gauche du Bodhisattva tient une fleur de lotus blanche avec une legere te.intc rouge, et sur ce lotus repose un chintfunani con­leur de beryl (vaidii.rya) et emettant des rayons jaunes. Sa main droite est en Varada-mudrid avec les cinq doigts pendants et Ia paume en avantM. » Dans ce m@me siltra il est appele le « Bouddha de la pleine June >> : il doit @tre peint au centre de celle-d.

Selon le Dai-Kokfi.z{j Bosatsu Nenjuh8, « Rite sur la pensee ct la rCcitation de Ia Dharani (formule sact·ee) au grand Bodhisattva Ald~ shagarbha 62 », et lc Ilimitsujirin 6

·", il doit tenir dans la main droite un lotus bleu supportant un « rr6sor rouge » et de Ia main gauche realiser une Abhaya~mudrid.

Dans le Vajradh!itu Mandala, il prend cinq formes differentes qui soot les aspects contemplatifs des Cinq Jina : ce soot les cinq grands

189

AKASHAGARBHA

.Akashagadiha (KokfiZO Bosatsu), bois, Jnpon, Nnra, H6rin-ji, vn" siecle

Mandala des Godai KokO.zO

A gauche : Kumonji KokftzO

A droite : Fukfiichiman KokU.zO

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II II

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~ 'I II II jl 'I H li

Page 104: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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LES BODHISATTVA ORDINAIRES

Bodhisattva d'Akfishagarbha (jap. Godai Kokih6---~Bosatsu M). Il · -' t' · · l B dh' !" 1 d · s sont represen es comme c es o tsartva, epau e rotte nue avec une 1

l 11 . b , 1attte c1ourom:ed, c es ch·o,. ters e

1t dcsb racelets. Us soot assis en Vajrfi.sana, les

c eux pte s cac es par a ro e 6\ Selon les textes consideres66 1e . ( 'h · " A • s ant-maux~supports va ana) de ces ctoq grands Akashagarbha (jap. Go I· .

KokllzO) varient. Ce sonr generalement le cheval, le lion le c •lt 1''1' 1 1 r. l , l . ' paon , c ep mtdlt etC; wtsJ~n core. (on un Garu; a), antm~ux qui corresponden~ a ce~1x ;s .

1mq

1111a. Bten que ces ro

1r11_1;s sotent presque roujours

rcpresenre~s cans curs aspects contemp arus, on trouve cependant d images d' Akfishagarbha qui varient, selon les mandala sur lesgue1 .'1' • ,. . ".7(, ' '1 d . s l s soot representes , et on 1 s assumcnr souvent es noms cltfferents(•7,

Aspects normaux dans le Vajradh!tttt Maudaltt.

- Debout, v&tu en Bodhisattva, l'epaule droite nne, avec nne courot d C. J' . llle es tnq ma assts sur des petales de fleur de lotus, un chignon forme de stf1pa, les mains en Abhaya-Varada-mudrfi. ou bien tenant en soleil et un livre. un - Assis sur Lm lotus, avec une haute couronne et une coiffure cylindri­que, veru d'une robe monastique ornCc de bracelets et de collier l'Cpaule droite denudte, la main dmite tenant un lotus, la main gaud~~ un crochet a elephants (angkmha) vertical. - As~isA en Rfijalll!sana sm: un lo_rus (forme appel.te au Japon Gumonji Kokuzo Bosarsu) , la mam drotte tenant nne ttge de flew·s de lotus en bourons, la main gauche en Varada-nmdd. ou tenant un chintftmani ou un lotus blanc. - Assis sur un lotus (parfois posC sm le dos d'un animal), avec une haute couronne, la main dmire tenant un chintfimani, la main gauche ser1·anr une lancem; ou bien la main droite en Varada-mudrfi sur le genou, la main gauche tenant un chintimani (forme appelCe FukG.ichi­man Kokf1z6 Bosatsu au Japon); ou encore la main droite tenant un glaive vertical entmu·C de flammes ou un chasse-rnouches (chdmara), Ia main gauche tenant un lotus ou un chintfi.mani.

Aspects d'Ak:lshagarbha dans le Gtt.rbhadh!ttu Maudttla

Dans ce mandala, Akfishagarbha est vem de blanc et brandit dans sa main droite un glaive "iu entourC de Hammes 71 posC sur un lotus, symbole de sagesse rayonnanre. De la main gauche il tient un chintfimani pose sur un lows. Il est coiffC d'un diadCme portant les images des Cinq Jina ou des « cinq sapiences » (Pafichapdramit"d; jap. Go-haramit.m). Il a un teint couleur de chait 72

, est entourC de nombreuses divinitCs qui reprCsentent ses vertus de sagesse.

KSHITIGARBHA (jap. JizO Bosatsu; chin. Dizang; tib. Sai-sning-po; 1nongol Gachar-un Jirii.ken)

C'esr le Bodhisattva <'qui ala rene pour matl'ice >>, << l'embryon de Ia terre», « le guide et le sauvem des fimes tombCes dans l'enfer ». Selon le 6jJy8sht? du moine Eshin (Gcnshin, 942-1017), il serait Cgalement le maltre des srx mondes du dCsir et des six voies (Gati)1', Lorsqu'il est considCrC en particulier comme un Bodhisattva consolareur des §cres

190

des enfers, il est term pour identic,ue Q _Yamarfi.j~ (jap. Enma~6_), le roi des enfers boucldhiqu~s (Naraka; JUP· ]1go~n~. En I~de, Ksht~~garbha, bien que connu. ues tot des scctes du .Mahay~na 71 ~des le IV' srecle), nc semble pas avon· eu la faveur populmre, et l on n y renconrre aucune de ses rcprCsenrations, non plus que dans le Sud-Est asiatique. En Chine, il fut au contrairc assez populairc a partir du V'. siecle, aprCs la traduction du SUtra des Dix Chakra qui Cnumtre ses qualicesn. Le Siltm de Dizang (chinois)n rapporte qu'il fut, avant d'etre un Bodhisattva, une jeunc fille indienne de la casre des briihmanes ; le Boudclha Lui­mCme aurait annonce a Mafijushrl que celle-ci Ctait devenue un Bo­dhisattva. Cependant Kshitigarbha n'cst que rarernent considCre commc ayant une natme feminine, sauf dans son aspect de Koyasu Jiz6 que nons verrons plus loin. En Chine, Kshitigarbha est souvent montrC entourC des dix rois de l'enfer, car il est considCrC comme « Celui qui dClivre des tourments de l'enfer ». Mais c'cst principalement en Asie centrale qu'il fur reprCsentt sons la forme d'un moine tenant a la main un bfiton de pelerin (khakkhara)H et un chintiimani 1

H. A Dunhuang, il est reprCsentC avec nne smte de turban de voyageur clone les pans lui retombent sur les Cpaules, et parfois aussi avec une couronne. Au Tibet, il est reprCsente principalemcnt sur les mandala, comme l'un des huit Bodhisartva emourant le Boucldha (voir note 59). 11 a alms les mains en Vitarka-Varada-mudrfi avec un chasse-mouches (chJmara), un livre (ptf.Shtaka) ou un vase que supporte un lotus ; dans ce deroier cas, sa main droitc esquisse une Abhaya-mudril 7'). Ses images parvinrent au Japon, fort probablement de l'Asie centrale en passant par laChine oil il fur souvent momre en « malne des six voies >>, enroure par un Preta, un Asma, un dCmon, un animal, un homme et un Bodhisattva ~u.

Kshitigarbha, mll par 1a compassion, aurait fait le va:u de renoncer a l'Ctat de Bouddha jusqu'?t la venue de Maineya, afin d'aider les Cnes des six voies de la transmigration. En enfer, il a pour mission d' « allCger le fat'deau des actes d'aurrui ~~ », d'obtenir des magistrats infernaux un adoucissement du sort des conclamnes et de consoler ceux-ci. C'est ainsi que, dans !'esprit populaire, Kshitigarbha est devenu le Bodhisattva des enfers par excellence.

191

KSHIT'IGAH.BI-IA

Kshitigarbha <JizO Bosatsu)

JizO Busatsu, bois colore, Japon, Nara, TOdai-ji, Vlll" siCde

Kshicigm·bha (JizO Bosatsu), brun;l·, Jnpun, 176H, coli. ck Ltlltl·ur

' !.'

Page 105: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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1.:

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LilS BODHISAT'TVA ORDINAIRES

Kshitigarbha, gravure tibttnine

Kshitigal·bha, gravure chinoise

SentaiJizO Kiyomizu-dera, KyOto

Son culte fut (et est encore) immensement populaire au ] 1 ' Ch' '1 d ' 1 apon a ors qu en me, t a epms ongtemps cesse d'@tre observe. 11 • '

l , d ] , . I "1 d sese ·epan u au apon a partir c u IX< stec e ans les sectes Tendai et Sl · gon "' u t 1 ' c . . 1 c llll-. ne cou ume popu atre en 1atsa1t e con1esseur des c.

· 1 1' • 1 mutes commtses cans annee, ors de la cCremonie elite « confessi d ] . "s3 u . on e tzo ». ne autre croyance, tarchve cellc-18. (vers les XIV"- XV' si' 1 ) ' ' 1" fl d 1 eces wrmee sous tn uence .e a secte du JOdo, veut qu'en enfer, sm un~ plage de sable a?t:el~e Sat-no-Kawa~·a, les. enfants morts en bas-:ige pas­sent leur temps a edtfier avec de petites pterres des constmctions vat' '1 ,. d tves pour accrottre eurs mcrttes et ceux e leurs parents Mais cloagtte · d d

" . . . < sou es emons,. et notamment une vtetlle nommee SOzu-no-Kawara no

Uba, dCmoltssent leur ouvrage. JizO (Kshirigarbha) console alors lc enfants CplorCs en lem disant : « En cette conrree des renebres c'

5

. , , . , est mot ton pere et ta mere; matm comme soir, aie confiancc en moiH1. ,,

Les sectes Shingon et Tendai venerent six formes de Kshitigarbi1 I

. a, c ont trots sont reconnues commc Ctant des rois des enfers 8\ Selon cer­tains moines, ces six JizO semient affecres chacun a une des six voies (Gati) des reincarnations et representeraient en m@me temps la longC-

192

. 1

lieu des trCsors, la possession de ces demiers, la rene, la vJtC, ~

11 de celle-d et la clt~termination 86

possc~sJO images de Jiz6 Bosatsu sont exrr@mement nombreuses au e~fin d'augmenter leur efficacite, on les groupe parfois en grand

Jt•P0b'·e : ce sont les Sentai }iz{j on «mille corps de JizO », que le nom 1~ ·re confond parfois avec les cinq cents Atahant. On trouve aussi 1,opu ,u ' . d'A . 'bl 1 ·(J • ses effigies, groupees par s1x, autour mtta 1a : ce sont es piU oiSs des Kshitigarbha des six voies. En peinture, Kshitigarbha est 101uge t tepresentC entourC des dix rois des enfers . sotrven

ASPE€TS POPULAIRES JAPONAIS DE KSHITIGARBHA

)·., est considCrC par le peuple japonais plus comme une « personne JZU ' ) d' .. e d vCnCr0-blc >> Qizo-son que co~me nne tvmtt ; sa nature ou~emcnt

bienveillante, s~n~allurc de mome 1~ rapprochent,plu~ des humams q~e I autres divimtes, lesquellcs paraJssent plus lomtames au plus tern­bt~;. On le nomme familieremcnt «Monsieur Jiz6 » Qiz6-san), Dans le mCrne esprit, il se trouve Ctroitcment associC a Amit1ibha, le Bouddha !e l'au-delii, et a Avalokiteshvara le Compatissant. Cettc trinire est ~ymbolisee par le dicton : « Un Boudclha, deux Boclhisattva 87

• » La croyance pop.ul~ire lui acco.rde de nombreux. pouvoi~s et lui J?re~e u~ nombre consrderable de muacles. Elle en fart parfots un devm a qu1 ['on pose des questions, commc au sphinx de nos h~gendes : on le nomme alors Otsukiyare Jiz6-san, le « Monsieur JizO inspire ». En tant que protecteu~· des :nfant~, on lui d?nne le nom de .K~sodate JizO. ~e peuple japonats crmt auss1 que cerrames statues de Jtzo ant le pouvolf de se dCplacer, de voler dans les airs, de parler, d'Oter les Cpines des pieds des voyageurs ... Un trCs grand nombre de croyances populaires sont ainsi rattachCes a Kshitigarbha. Presque routes les statues de Jiz6 ont un nom paniculier qui se rapporte aux qualites qu'on leur attribue. Parmi celles-ci : - Taue JizO aide les fermiers a planter le riz. - Migawad Jiz6 aide les paysans clans leurs rravaux. - Mawari Jiz6 protege les villages. - Ashi~arai Jiz6 se lave les pieds apres avoir aide les paysans dans les rizietes. - Tagenuki Jiz6 enleve les Cchardes et les Cpines. - Mizuhiki Jiz6 apporte l'eau aux riziCres . - Hanatori Jiz6 conduit les chevaux et le betail. - Amagoi Jiz6 demande la piuie au cicl. - Hikeshi Jiz6 protege les maisons et les recoltes des incendies, erc.~8 •

Jiz6 est surtout nne divinitC de paysans, souvent confondue avec les Kami bienfaisants du shintO : c'est la divinire protectrice familiCre, bon enfant, avec qui on peut prendre des liberrCs et qui ne fait jamais peur, meme aux petits enfants.

On vCnCre meme certaines statues de JizO (car, comme dans le cas de Bhaishajyagum, le peuple en est souvent venu a venerer plus une statue particuliere que la divinite qu'elle represente), par conespon­dance, en lui envoyanr des lettres pour lui demander certaines protec­tions particulihes. Les rites de vCnCration different suivant les localitCs ou les attributions qu'on pr@ce aux statues de Jiz6 : offrandes de riz,

193

KSI-IITIGARDHA

Ji:t:i) populairc, granit, Japon. TOkyO, anc. coll. R. de Berval

Sentai Jiz&, cimeriere a Ky&to,Japon

;, .[ ;i

Jli

:ru

Page 106: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LGS BODH1SA'ITVA ORDINAIRES

JizO Bosatsu

de Sct~e (vin de ~~z), de ~l:_urs, de v@~tements ?'enfants, parfois de sandal de patlle (warap) car )1zo est cense parcouru un long chemin pour lles soulager les erres en dCtresse, etc. Son image est tres souvent t ~U er dans la pierre, car sa forme, lorsqu'il est represente debout, est si a, 1~e monolirhiquc er facile a realiser. Elle a egalcment une cenaine affi1P.e! avec une rcpN~scnration phallique, symbole de fertilitC. Son imaglllte trouve souvent aussi gravee sur des rochers ou sur des steles de p·e .se Crigees au bord des routes ou ii l'entrCe des agglomerations, Elle lette I , r d I . d D' .. d' . . Pent a ors etre conJon ue avec es Images cs osopn, 1V111Itfs poput ·.

reprCsenrees par des picrres simples ou inscrites que l'on tt~ltes frCquemmcnt le long des chemins ou en bordure des champs, au en ttve ' I' ~ l 'II C . ' I' . . I Cote a entree c es v1 ages. es piCfl'es, a ongmc p us ou moins associe a des cultcs phalliques et a ccux des Kami des champs (Ta-no-K:am~5

ou a ceux des chemins (Sai-no-Kami), furent annexfes par la relig' l) bouddhique japonaise qui les transforma en JizO. Elles furenr trip7n pour Ia protection des voyageurs et des villages, et le peuple ~es campagnes croit qu'elles ont Cgalement le pouvoir de fitire conclurc les heurcux mariage er de protCgcr des maladies. Ces pienes sonr soit nu~n g~·avCcs des. caracr.er;s signifiant « ,DOsojin », s?i~ ~c:llprees en. bas-reli:f cl uoe effigte de ]1zo Bosatsu ou dune autre dlVmlte protectnce (Acba. lanfttha, ShOmen KongO, etc.), ou encme d'un couple se tenant par !a main ou par l'epaule. Certains de ces D6sojin servent de barnes ct

portent gravCc la date de leur Creedon. Ces pierres, repn~senrarions souvent fort anciennes de Kami protecteurs, sont frequemment associees a Jiz6. On les fCte generalement le 14 janvier. A cette occasion, lcs enfants des villages promenent en procession de longs bambous er des torches avec lesquels on fait ensuite un grand feu de joie. Jiz6 Bosatsu pent aussi, exceptionnellement et Ia fervem· populairc aidant, prendre un aspect fCminin : ce Koyasu Jiz6 est alors invoque comme ~~ donncuse d'enf8.nts ». Cependant cet aspect fc~minin n'est pas caractCrisC er l'on s'adresse a lui en rant que «Monsieur JizO ~~. Sous cet aspect de~~ don­neuse d'enfants », il est souvent assimilC (ou mCme confondu) avec un aspect identique de Juntci Kannon (Chundl). 11 est Cgalement invoquC pour la protection des enfants et pom faciliter les accouchements~9.

JizO Bosatsu pent aussi, dans certains cas, au Japon, revCtir till

aspect syncrerique, ct @ere representC en guerrier lorsqu'il est assimilC a Atago Gongcn, Kami considCrC comme une incarnation tempomire de Jiz6. Ce Kami protecteur clu feu et des incendies, venere surtout sur le mont Atago (prefecture de KyOto), a Cgalement CtC identifiC comme erant Kaguzuchi-no-Kami ou C11COfe Susanoo-no-Mikoto (et parfois Izanagi). On le reprCsente sous les traits d'un guerrier chinois a cheval, portant un bilton de pelerin er un chintftmani. L'imageric populaire le symbolise parfois aussi pat' la statuette d'un cheval portanr un chindmani sur son dos (image qui est peut-Crre d'origine tibCtainc et qui se rapproche de celle des Rlung-ta ou « chevaux du vent ~) por­tems des prieres des fideles a la divinite). L'animal-support (v!ihanrt) ou messager de cer Atago Gongen est le sanglier, symbole de courage et de force, de perseverance. De nombreuses lCgendes assurent que des guerriers en difficulte auraient ere secourus par des sangliers d'Atago JizO qui se seraienr rues sur les ennemis, les mettant en fuite.

JizO remplit aussi lc rOle de ~< prolongateur de Ia vie )~ (Enmei JizO Bosatsu). Il est vCnCre sous cette forme, a Kamakura notamment, oil on le prie afin qu'il assure la sCcurin§ des enfants.

194

. l villages japonais, les parents qui vont travailler aux Dnns es . c_ . , l' d · t souvent leurs jeunes enmnts )Otter pres c nne statue e

I ~jJS lalssen . l ~ ']] c 1fh" · d 1 l1' absence : ce dernier est a ors cense ve1 er sur eux et JizO pen ant et

'trs proreger. ndt presque dire que chaque village au Japon possede son On pour , . I I " I !' . J

·. ll Ce dernier est d atlleurs e p us souvent assooe, cans espnt Opre Jzu. . d l . , pr s a un Kamt u s ~unto 90

d P'1Y511n ' ' I · · l l ' . . I' I es ' 1 nt Je peuple ne perc Jamms c e vue a ronctwn prim ore ta e Cepenca ' I d ' d !' 11'"' . , Il , tsu c]tti est celle de canso ateur es etres ans au-c e a .

l •}llO osa ' · d I Sl' <C • • 1 · · t·bl1a est souvent clto;cnt comme ayant eux aco ytes : 10-I<s 1Jtlgil '

· ne habillf de blanc maitre du Bien, tenant un lotus blanc, 'll un moi · ~ ' " l M I · · · t.c ' " k 10 moine habdle de wuge, maitre c u a , tenant un V~ljta ·rShoau,t , .. /-, ,·

t '( • Ces deux pcrsonnages sont tres rarement representcs, IDcllS ' 1• malll. . r· ~ d d . bl " ' f, nment symbo tses par es morceaux e tlssu rouge et anc ·onr requet . , d s 1 ~. cou des statues de ce Bodhisattva 92

• En rant qu un es ·tttllC1cS au · · c · A · 'bl I ' I B dhisattva Ksluttgarbha accompagne panms mtta m cans ~~ranc s 0

' · d 1 T II ~ I -' o' eil dans le !Jarachs e a erre pme », est ega ement montrc son«accu ' " l d M'

I · ages du Parinirvana du Bouddha 93 , pleurant a mmt u m-sureSifil• ·C'~r .. ~,

b. u'on air souvent identme e personnage atnst represente tre, ten q . " lle e~t·wt cehu de Kashyapa. comt '

JUiPRESENTATIONS DE KSHITIGARBHA

A T'bet les sculptures de Kshitigarbha sont rres rares, ce Bodhisattva ut, ~ 1 · !IF '" , t jJratiquement reprCsente que sur c es pe!Otures ou mane a a. ..n

nct.m fd d' . d !' r 'I Chine, aU il est cense erre le che es tx rots e1

entet·,} est ~ouven1 t rcprCsentC entourC de ceux-ci.' On pe~t classer es representatiOns c c Kshitigarbha en deux catCgones pru~npales : " . _ Representations des ma;1dala : as~1s sur. un lotus, vetl~ en Bodh1sa~­tva, une couronne sur Ia tete, la matn drotte tena~t le dtsque du so.l,etl ou un chintilmani, Ia main gauche tenant un stupa. ou nne bant~tere posCe sur un lotus. Dans le Garbhodh!itu Mattda!ct tl est entoure de nombreuses divinitCs et se trouve placC au nord de Vairochana\).1• Les divinitCs qui l'entourent reprCsenteraient ses venus de ~Jati.ence, et de perseverance : elles ne sont que des symboles et ne font l objet d a~cun culte. Il est parfois assis et tient un khakkhara dans ses deux matns ; sa couronne (rib. chod-pan) porte les effigies des Cinq ]ina (rare). Sur lcs bannieres du Tii.rkesdn il porte un turban, le khakkhara dans la main droite et un chintilmani dans la main gauche. - En sculptme et en peinture : il }Jeut eue sans attribur, clebout ou ussis veru d'une robe monastique, le crane rase, Ia main droite et Ia mait; gauche en Abhaya-Varada-mudril, ou bien dcbout (ou assis en Rfijalllilsana), la jambe droite pendante, Ia jambe gatKhe repliCe sous lui sur son siege), ou assis en Paclmilsana, Ia main droite en Abhaya­mudrii, Ia main gauche tenant un chintfunani.

Il pent erre Cgalement assis en Padmfisana (les pieds caches par la robe) ou debout et vecu d'une robe monastique ornee de colliers, Ia tCtc rasee, la main droite tenant un chintUmani ou un khakkhara avec six anneaux (representant les six voies de la transmigration), la main gauche avec un chintftmani ou un khakkhara, ou bien les deux mains

195

KSI-IITIGARBHA

AtagoJizO

' !i !'

ShOaku D&ji

Page 107: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

LES BODHISATTVA ORDINAIRES

Yaku-0 Bosatsu

YakujO Bosatsu

tenant des attributs diffCrents (la gauche tient parfois un lot , , l' ' ) b" 1 . A-. 1" us, Ina. c est a une rorme mre ; ou 1en es mams en np 1-muddL Cel d s

'1 c· ~ ~( d Jen.ant 1 est parrots represente surtout au Japan pen ant 1' Cpoque de K • kura) avec la main droite en Abhaya-mudrU, la gauche erant en ~llla~ da-mudra. ara-

Dans quelques rares representations de Kshitigarbha faisant .. du groupe. des huit grat~ds Bodhisattva, il est vfltu comme un B~~1t:e sattva et ttent de la mam gauche un bol a aumOnes... H-

Il existe Cgalement, dans de nombreux temples japonais des •. · 1 d J" " ( d . " · ' SCl!eg c e st1a~tue5s e .11z~ "o(u _

1ei pterres g

1 roJ~sr;)rement tatllees les symbolisant)

appNe eesb entat~. tzo, mt e corps 1c e 1_:o , c?~me par exemple a KyOto

au em utsu-p, ou une statue c u tneme Jtzo est consacree ·m sot .' des eofants avortes ou mort-nCs. ' tVenu·

Y AKU -6 ET Y AKUJ6 BOSATSU

Ce t~nt d;u~l ~B~dyhiksatt;aKjaponais8 de Ia mCdedcine. Yaku-0 Bosatsu, par ms asstmt e a a u-o annan osatsu, nne es trente-trois foro d'Avalokireshvara, conespond, tout comme Bhaishajyaguru dom1~~ se~bl~ fltre l'une des hypost~ses, ,a Bh~ishajyadj~, le Bodhisattva de Ia medeune. Il ne fut reprcsente qu en pemture, ass1s sur un lotus, tenant une branche de saule dans la main droite 9l, sa main gauche restam fennte.

On considCre parfois que Yakuj6 Bosatsu (Samudgata) est une forme diffCrenre de Yaku-0 Bosatsu. Ces deux Bodhisattva sont Jes acolytes de FukC'ljOju Nyorai, c'est pourquoi on les confond souvem avec NikkO (Sftryaprabha) et GakkO (Chandraprabha). Dans un cas au moins, Yaku-0 et YakujO sont acolytes de Shfikyamuni. Ils soot alors debout, habillCs en Bodhisattva, avec une haute couronne, et tiennem leurs mains en Vitarka-mudra (ou dans une pose similairc). Dans lc Sadd~armapundar£ka-si2tra, Yaku-0 (Bhaishajyad.ja) brltle son corps pour ;-n fa~re ,u~e .lampe en <_>f~rande. au Bouddha. Cette legende serait peur­etre a 1 ongme des smodes ntuels par le feu pratiques en Chine e[ dans les pays d'obCdience bouddhique96.

SARVANI'VARANAVISHKAMBHIN (jap. Jogaish6 Bosatsu ; chin. Chuzhuzhang ; rib. Sgrib-pa Rnam-sel; mongol Tliitker-Tejin Arilghaqchi)

C'est peut-flue un Bodhisattva symbolisant les eclipses de lune. Dans le texte du Gunakarandavylthagdtha (dCveloppement versifiC du Karafl­davyftha) aU il figure aux cOtts de Maitreya97, et dans le Saddharma­pundar£ka-sT2tra, il exprime le dtsir de voir A valokiteshvara ; le Bouddha

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. tors a Vfit·finasl (BCnarCs) oil celui~ci lui apparalt 98• Il appar­

J'.envote ~roupe des huit grands Bodhisattva. Dans le VajradhJtu Man­[lellt ~t orrespond a Avalokiteshvara et represente le « tresor de d~tl~ 1

• ~ble vision de la Sagesse pure99 ». Il est place au nord-ouest. j'mepL~tsbouddhisme esoterique, il se nomme aussi (au Japan) Joissai­p~nls. e et est une forme de Kannon et l'nn des quatre Bodhisattva .. ·uS 10• • · • I d" · · ' d f "1I u' d acolytes. Il represente, arns~ que es tvtnttcs e sa amt e, ~ron. \~ de la grande compassionn et la mistricorde qui Ccarte lcs I bacttVlies en enlevant routes les afflictions 100

• Il est « Celui qui enlCve ostac ~ I · l Dl l

I S obstacles causes par es passtons, cs 1arma et es acres ~>.

tous e • B dl · S "b l 1· Il est reprCsente comme un o 11sattva. es attn uts sont e tvre

I taka) et la lune, au bien un lotus et un disque lunaire. Il pent qnm 1 · v· l V d d • · l · . I dent a voir es mams en ttar <:a- ara a-mu ra et temr un c Hn-egne d' b · · "I a! "d" • l"b" " ni et une coupe am rotsJe : 1 est ors canst ere comme {{ 1 e-t~Jll1111. des serpents » et est en compagnie du Bouddha, de Maitreya, r.1tcL d M -· 1 , d'Avalokiteshvara et e an JUS~ 1rt. , .

Il est rarement represente autrement qu en pemture et ne fait !'objet cl'aucun culte separe de celui des lmir grands Bodhisattva.

MAHAPRA TISARA (jap. Daizuigu Bosatsu)

Cette divinitC 101 appartient dans le pantheon lama'ique tibCtain au groupe des cing RUksha protecrenrs du Tibet, et preside au sud. C'est Ia divinisation d'un charme qui aura.it ere prononce par le Bouddha Lui-m@me contre toutes sortes de dangers. Elle est de coulem jaune, unc image de Ratnasambhava est placCe sur sa couronne, et elle a trois ou quatre visages et lmit a dix bras. Cette divinitC, qui n'est gCnera­\cment reprCsentCe que dans le groupe des cinq Rfiksha, fut au Japan, sous le nom de Daizuigu, assimilCe a un Bodhisattva. Elle est a1ors representee avec huit bras : la main droite principalc avec un vajra a cinq poinres sur la poi trine, la main gauche principale tenant un lotus surmonrC d'un chakra. Les ;mtres mains droites onr une corde, un glaive ct un angkusha (crochet a elephants) ; les autres mains gauches tiennent un trident, un chindimani et un rouleau de slhra 102

• Il reprtsente ~me force fCminine 10-', mais c'est une divinirC qui est complCtement oubliCe. Au Japan, cet aspect se confond avec celui de Simhan&da.

SIMHAN ADA (jap. Shishiku Bosatsu)

Ce Bodhisattva representerait le rugissement (du lion) de la voix de la Loi bouddhique. Selon certains auteurs, il serait un personnage Csote­riqLle, Scion d'autres, il ne serait pas reconnu comme un Bodhisattva, mais seulemenr comme une personnification de la voix de la Loi qui

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SIMHAN ADA

Sa1-van1vamna­visbkambhin, gravure tibCtaine

Mahiipratisar&, gmvure tibttaine

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Page 108: Frederic Les Dieux Du Bouddhisme

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Daizuigu Bosatsu

fait venir les dCmons a rCsipiscence et qui permet aux « audite (rhrdvak(t) d'acquCrir des mtrites. Il est reprCsentC debout, ven

1 ~rs 11

b · 'l ' l' nne ro e monast1que, une ec 1arpe nouee sur estomac, avec une coiff componant un haut chignon 101 . 11 fut rres rarement repn~sentC en sc ~lre ture (sauf peur-erre au Japan) et ne se trouve que sur des mandalll{l·

. n% petntures.

D'innombrables autres Bodhisattva existent, tous ayant I l . ' d 'f. · d ' t· '" qua ttes et vertus e H11es par es surra ou atltres textes te tgieux u .

d l I d l 'l . . . . '"a" en e 1ors c es man a a, 1 s ne sont prattquement p .. mats reprCsemes on peut dire que le bouddhisme populaire les ignore complere111~0et Aucun culte ne leur est rcndu, et les imagicrs ont rarement juge Utir de les representer autrcment que par souci de symetrie et d'achhemene des mandala, Ces Bodhisattva ne sont en fait que des noms. C'est pour~ quai nons ne les dc:krirons pas ici. Certains soot reprCsences comme des anges musiciens, tel celui, celebre, qui ome un des cOtes de la lanterne de bronze sur pied qui se trouve devant le gmnd temple du 'fOdai-ji 8. Nara, au J apon, et qui date du Vlli" siecle.

VII

LES ROIS DE SCIENCE MAGIQUE (Vidyarilja)

EkO DOji, bois colorC,Japon, 1197, musCc de Nara

Achalanfi.tha Trailokyavijaya

Kundall Yam&.ntaka

Vajrayaksha (Vajrapfini) Rfi.gavidyfi.rUja

Les autres Vidyfi.rfi.ja

1 l il II

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