empedocle fragments originaux francais

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Empédocle DE LA NATURE

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EmpdocleDE LA NATURE

Sache qu'en des temps fort lointains oublis aujourd'hui des mortels exista une race de penseurs que les hommes de leur temps appelrent Philosophes. Parmi ceux-ci, un homme, surtout, se distingua en affirmant pour la premire fois la prminence de tous les lments dans la gense de l'univers. Le premier il envisagea l'homme comme microcosme au sein de l'univers ou macrocosme. Ce sage remarquable avait pour nom , EMPEDOCLE. Mais peut-tre veux-tu en savoir davantage sur les thories du sage. Examine son interprtation du monde

et tu verras en lui un lumineux prophte des sciences atomiques modernes.

FRAGMENTS ORIGINAUX

I , , . II ' , ' . , ' , ' ' ' ' . ' , ' , . III , ' . , , , , ' ' . ' , ' ' ' .

' ' , , ' , , , , ' . I , toi, fils du brave Anchits, coute : II Les paumes troites se relchent le long du corps. Nombreux, pourtant, sont les maux qui frappent et moussent les esprits. Percevant une pauvre part de l'existence dans leur vie, prompts mourrir, adapts l'cre loi du bcher(1), les mortels n'obissent qu' ce que,pousss en tout lieu, chacun rencontre. Mais le Tout, qui dsire le trouver ? Ainsi demeurent ces secrets, invisibles, inaudibles aux hommes, inintelligibles leur pense. Toi, donc, puisque tu as err jusque l, sache-le : Jamais une sagesse humaine ne s'est veille davantage. III Mais dtournez, dieux, de ma langue la folie de ceux-l, drivez de mes lvres sacres une source pure. Et toi, Muse la mmoire multiple, vierge aux bras blancs, je te supplie de pouvoir couter ce que Justice permet aux tres phmres envoie-moi, Eusebeia (2) me guidant, un char (3) ais mener. Et certes l'clat de la gloire ne te contraindra pas tre amene auprs des mortels afin d'en dire plus en dpit de la loi divine. Tu auras le courage de t'lancer vers les sommets du savoir. Mais va et considre par tout expdient comment se manifeste chaque chose, Tenant sous ton regard quelque chose, n'accorde pas davantage de confiance l'oue ni l'oue dire retentissante

qu'aux explications de la parole, Et en chacun des autres sens, pour autant qu'un accs se dgage pour la connaissance, Ne suspends pas ta confiance, mais connais chaque chose par quoi elle se manifeste.

(1). Un commentaire s'impose propos de la traduction "l'cre loi du bcher". En effet, Empdocle crit ... que l'on peut traduire, mot mot par " l'cre manire de la fume". Empdocle use en fait d'une image pour comparer la brve existence du mortel, et la rapidit avec laquelle il se dissipe lorsqu'il meurt. Il faut en effet rappeler que dans la grce du Vme sicle , le rite funraire en vigueur est la crmation. C'est donc vraisemblablement au bcher qu'Empdocle fait allusion. C'est pour cette raison que j'ai traduit le groupe de mots par l'cre loi du bcher. (2). L', chez les grecs est la pit dont fait preuve le mortel envers le dieu. (3) Le thme du char me semble largement emprunt Parmnide. Le char est vraisemblablement une image pour dsigner la course du soleil. Le soleil et la lumire sont euxmmes des symboles de connaissance.

IV . ' , . V . VI '

', . VII . VIII , , , ' . IV Mais il importe aux mchants de se dfier fortement des puissants Tandis que toi comme y poussent les gages donnes par notre muse Accde la connaissance aprs avoir dissqu mon discours au trfond de toi-mme. V [Demeure] muet, mets couvert [le secret] l'intrieur de ton coeur. VI Apprends d'abord les quatre racines de toutes choses, Zeus le luminescent, Hra porteuse de vie, puis Aidoneus et Nestis enfin qui nourrit les mortels par ses larmes. VII Non-engendrs. VIII Je te dirai encore : il n'y a de naissance pour personne parmi tous les mortels et pas non plus de fin en relation avec la mort pernicieuse, mais seulement mixtion(1) puis rconciliation(2) de ce qui a t mlang. En ce qui concerne les hommes, on parle de naissance. 1.Empdocle use du terme de ; vraisemblablement il entend par l une sorte de bouillonnement similaire celui produit par un "mixer" ( que le lecteur me pardonne cette mtaphore ) puisqu'immdiatement aprs il use du terme de , c'est dire rconciliation. Il s'agit donc d'un mouvement violent. La parent entre Anaxagore qui use de

ce mme terme au fragment IV de son ouvrage De la nature m'a paru vidente.pour plus de dtails sur la question, le lecteur peut se reporter la notice explicative de ce fragment et ce fragment lui-mme. 2.La notion de mixtion puis rconciliation n'est pas sans faire penser aux deux moteurs de la physique empdoclenne, Eros et Anteros. Apparemment, pour Empdocle la est donc une action qui spare, qui dissocie. Cela n'a rien d'une vidence pour Anaxagore, si on admet que chez ce dernier la est antrieure au , bien videmment.

IX ' ' ' ' , ' , ' [] , ' . X . . . . XI , . XII ' ' ' , . XIII . XIV ' ' ; IX Ceux-ci ayant t mlangs, lorsqu'ils se lvent au jour vers l'Ether, qu'il s'agisse d'une espce parmi les btes froces,

parmi les plantes, ou parmi les oiseaux,on parle de gnration, et lorsqu'ils se dissocient voici de nouveau l'infortun trpas. Ce serait justice que l'on ne l'appelle pas [ainsi]. Mais moi-mme, je parle en suivant cette coutume. X mort vengeresse. XI Les sots : peu leur chaut la profondeur de leurs inquitudes, eux qui conjecturent qu'un non-tre puisse prcder une gnration ou bien que quelque chose prisse et s'anantisse tout entier. XII En effet, du non-tre, la gnration est impossible. On n'a pas ou que l'anantissement de l'tre ait t men terme, Car il sera toujours l'endroit o quelque chose le soutiendra. XIII Dans le Tout, ni dfaut de vide, ni excs de plein. XIV Dans le Tout, rien de vide : d'o viendrait ce qui pourrait s'y ajouter ? XV , , , , , [] , ' . XVI , , ', , . XVII ' , ' ' . , ' ' , .

' , ' , ' ' . ' , , ' . ' , ' , ' ' , , ' , , , , ' , , ' ' . , ' , ' , . ' ' , ' ' ; , ' ; ' , ' . XV Cela, nul sage en lui ne le devinerait Le temps qu'on est vivant, on l'appelle existence L'existence ctoie le bonheur et les maux L'homme est nant, avant de natre, aprs la mort.(1)

XVI En effet, ainsi chacune tait auparavant, ainsi chacune sera, et jamais, je crois, Le temps immense ne se videra de ces deux soeurs. XVII Je parlerai des deux : tantt l'Un crot seul pour exister partir du multiple, Tantt son tour, s'tant coul, le multiple existe partir de l'Un. Double naissance et double mort pour les mortels ; La runion du Tout enfante et dtruit l'une, L'autre, en sens contraire s'tant nourrie de ce qui se disjoint, prend son essor. Aucun de ces changes continus ne cessent, Tantt sous l'effet de l'Amour, tout converge vers l'Un, Tantt au contraire chaque chose est emmene sparment par la haine de Discorde. Ainsi il a appris que l'un nat du multiple Et le multiple provient de l'Un s'tant nouveau divis Dans la mesure o il nat et son temps n'est pas immuable; Dans la mesure o les changes continus ne cessent pas, Dans cette mesure-l, toujours ils demeurent immobiles dans le cycle. Mais allons, coute ces paroles ; avoir appris accrotra ton esprit; En effet, ainsi j'ai auparavant parl faisant briller les frontires des paroles J'noncerai le double mouvement. En effet tantt l'Un s'accrot seul pour exister A partir du multiple, tantt son tour, s'tant divis, le multiple existe partir de l'Un, Le feu, l'eau et la terre et l'lvation sans mesure de l'air Hors d'eux Discorde pernicieuse, pse galement en tout Et Amiti en leur sein s'quivaut par la largeur et la

longueur. Toi, fixe-la de ton esprit, ne demeure pas plant les yeux carquills Elle qui intime nos membres est reconnue par les mortels, Par elle se songent les amours et se mnent leur terme les accouplements, Ils lui donnent le nom de Plaisir ou encore Aphrodite; Pas un mortel n'en est instruit, alors qu'elle tournoie parmi eux; Mais toi, coute le trajet sans embches de ma parole. En effet ces choses sont gales et elles sont de mme ge quant la race, chacun rgne sur l'autre par la crainte du suivant, selon son habitude, et tour tour, ils dominent dans la boucle du temps; Aussi rien ne s'ajoute ni ne soustrait pour eux ; car si ils taient dtruits continuellement, ils n'existeraient pas Et ce tout, qu'est-ce qui l'accrotrait ? Et d'o viendrait-il ? et de quelle manire pourrait-il prir, puisqu'aucun de ceuxci n'est vide ? mais ils demeurent identiques, puis courrent dans des directions opposes, les uns travers les autres, mais continuent aussi d'tre les mmes. (1). La traduction du fragment n15 a t ralise par Henri Tournier sur le newgroup news://news.wallonieen-ligne.net/nzn.fr.langue.grecque le 14 janvier 2000. Elle est publie ici avec son accord. XVIII . XIX . XX

' , , ' ' ' . ' ' . XXI ' , ' , , , ' ' , ' ' . , ' . ' ' ' , ' , ' , . , ' . XVIII Amiti. XIX Tenace Amiti. XX Des membres des mortels on le voit dans l'Ensemble : Tantt dans l'Un l'Amour runit tous les membres Echus au corps l'apoge de l'existence, Tantt, parpills par la Haine mauvaise, Le ressac de la vie les spare et ballotte ; De mme pour la plante et le poisson dans l'onde, Le fauve en sa montagne et le courbe albatros.(1) XXI Mais allons, contemple le tmoignage de ces premiers

entretiens, Et si auparavant il y a eu imperfection quant la forme. de ces derniers, le soleil brillant la vue et chaud en tout lieu, les immortels lments tels qu'ils sont imprgns pour l'aspect et la brillance par l'clat du soleil, la pluie obscure et glaciale en tous De la terre surgissent l'enveloppe et le fondement. Dans haine toutes les choses se meuvent enveloppes et en deux parties, Puis s'unissent dans Amiti, prises les unes des autres. Car de celles-ci, tout ce qui tait, est et sera, plantes, hommes et femmes, a germ, btes sauvages, oiseaux et poissons qui vivent dans l'eau, et les dieux aux longues existences couverts d'honneurs. En effet, ces choses sont identiques, jaillissant les uns des autres, leurs formes varient ; tant le mlange change par division. XXII , , . ' , ' . [' ] ' , , . Car les voici lis tous leurs parties propres, Le soleil et la terre et le ciel et la mer Qui naissent disperss entre les mortels mmes. Ainsi les pourvoyeurs plus enclins au mlange

Se vouent amour commun, images d'Aphrodite. Ennemis divergeant l'un de l'autre l'extrme, De race, de mlange et de formes empreintes, Ils n'usent pas d'union et peinent en tout lieu, Sur avis de la Haine ; ici finit leur race. LES PURIFICATIONS

Grande est la sagesse du philosophe, tu le sais , Philosophe nouveau qui emprunte les sentiers inconnus de l'Elmentalisme. Mais sache-le Empdocle fut aussi l'objet de toutes les vnrations. C'est ainsi qu'il salue les habitants de sa cit se massant pour l'adorer.

CXII , ' ' , , , ' ' , , , ' ['] , , ' ' , ,

, ' [ ]. CXIII ' ' , ; CXIV , ' , ' [] .

amis qui habitez la grande cit du blond Akragas, perchs du haut de votre citadelle, habiles aux nobles travaux, asiles ignorants des lchets, rjouissez-vous ! Je vais et viens parmi vous non plus en mortel mais en divinit immortelle, craint de tous, comme il convient, la tte ceinte de bandelettes et de couronnes de fleurs. Au moment mme ou j'entre dans les cits florissantes, je suis vnr par les hommes et les femmes ; les uns me suivent par milliers en me demandant o est le sentier de la richesse, les autres , ayant fait appel aux arts divinatoires, opprims par de pnibles douleurs,recherchent l'acuit d'un oracle, quant leurs divers maux. Mais pourquoi m'arrt-je ceci comme si je menais

quelque grande affaire, si je surpasse ces tres mortels qui courent mille dangers ? amis, je sais ce cause de quoi la vrit ctoie mes discours, ceux que je m'apprte noncer : terrible et pnible nat-elle pour les hommes et jalouse est l'ardeur de leur croyance dans leur coeur (1). 1. Je traduis ici par croyance au sens o l'entend Platon dans la Rpublique. C'est dire qu'elle s'oppose la vrit issue de la pense intuitive ou s. Ce que signifie Empdocle, ici, est que les hommes ont tant leurs croyances attaches au corps qu'ils se refusent aller vers la vrit. Empdocle personnifie la croyance pour en faire une entit possessive qui ne souffre pas de partager son amant, a fortiori avec son ennemie, la vrit.Il me semble qu'il y a une correspondance de vocabulaire sinon de pense entre les deux philosophes.Les hommes attachs aux ombres dans l'allgorie de la caverne (Rpublique) ne se comportent pas autrement. traduction : Robin DELISLE copyright 1er mars 1999 Il me reste voyageur, toi qui connais dsormais le sage Empdocle, te prsenter ses thories et en faire un sujet de conversation entre toi et moi si tu le dsires. En toutes choses il faut commencer par l'origine, Empdocle ne m'aurait pas ddit. ETERNEL RETOUR

CXV

, , , , [ '] , 5 , , . , 10 ' , ' , ' ' , . , , . CXVI . CXVII ' ' . CXVIII

. Voil l'oracle du Destin, ancien dcret des Dieux, ternel et cachet par d'cres serments si quelqu'un souille un corps chri par un garement criminel ou s'il prononce ngligemment un faux serment. Ces esprits qui ont obtenu du sort une durable existence, Qu'ils errent trente mille saisons loin des bienheureux, et renaissent diffremment sous toutes les formes des mortels, eux qui passeront tour tour par les pnibles chemins de la vie. En effet l'me cleste les prcipite dans la mer et la mer les recrache sur la terre, puis la terre dans les flammes du soleil brillant; enfin il les rejette dans les tourbillons de l'me cleste. L'un les reoit de l'autre, mais tous les ont en horreur. Moi aussi, maintenant, je suis l'un d'eux, vagabond fuyant les dieux pour avoir obi la haine dmente. Parmi les btes sauvages, ils deviennent des lions qui couchent

terre et ont leur repaire dans les montagnes, et des lauriers parmi les arbres aux beaux feuillages. J'ai t en effet, dj, jeune homme, jeune fille, arbre, oiseau et poisson muet au fond des mers. Aprs avoir vu cette inhabituelle contre, j'ai pleur et sanglot. traduction : Robin DELISLE copyright 1er mars 1999 L'ENFER Il est des passages, voyageur, les noirs sentiers du dsespoir, o il est une gageure de s'engager. Ne crains-tu pas pour ton me ainsi t'aventurer dans ces contres sans joie que nagure le sage d'Agrigente traversa ?

CXIX [ ] . CXX ' ' ... CXXI ,

. CXXII ' , ' , ' , , ' ' . CXXIII , , ' , , ... CXXIV , , , ' . Loin de quel bonheur et de quelle grandeur dans la flicit... Nous sommes venus ici sous l'antre couverte. Contre sans joie, l o Meurtre et Rancune et les peuples des autres Kres, les tristes Maladies et les Pustules au pus dgoulinant, rdent travers la prairie d'Egarement.

L habitaient Chthoni et Hliope dont la vue porte au loin, Discorde avide de sang et Harmonie l'aspect grave, Callist et Laideur, Hte et Lenteur, l'aimable Nmerts et Obscurit au noir regard. Naissance puis Destruction, Repos et Veille, Mouvement et Fixit, Grandeur mille fois couronne et Souillure, Silence et Prophtie. Hlas, misrable race des mortels, infortune, de quelles discordes, de quels gmissements as-tu jailli ? Il faut remarquer que la descente aux Enfers est un thme orphique par excellence. Quatre sicles aprs Empdocle, Virgile dcrit le chemin initiatique d'Orphe descendant aux Enfers dans les Gorgiques livre IV, 457-527. Plus proche du philosophe, on retrouve Er le Pamphylien dans la Rpublique de Platon qui raconte lui aussi sa descente aux Enfers. Dans l'imaginaire Orphique cette mort symbolique prlude la renaissance du hros. C'est une forme de rituel de purification ( le titre n'est pas innocent ) qui permet au hros de renatre meilleur. Contrairement Orphe, Empdocle, lui , russit son preuve. Il reviendra des Enfers, de mme qu'aux vers suivants c'est une description de l'ge d'or qui suit ces noires vocations. traduction : Robin DELISLE copyright 1er mars 1999 L'GE D'OR

Il faut aussi que tu saches, voyageur, qu'il fut une poque lointaine o l'homme tait heureux. Potes sages et philosophes appellent ce temps rvolu AGE D'OR. C'est dans ces vers que le sage Empdocle voque cette re o tout n'tait que sagesse, esprit et amiti.

CXXV ' . CXXVI . CXXVII , ' . CXXVIII , . ' ' ,

' , ' , . CXXIX , , ' ' ' . En effet, de cratures vivantes il fait des morts, modifiant leurs formes, mais des morts, il fait des cratures vivantes, Les revtant d'un trange habit de chairs Parmi les btes sauvages, ils deviennent des lions qui couchent terre et ont leur repaire dans les montagnes, et des lauriers parmi les arbres aux beaux feuillages. Ceux-l n'avaient pour dieu ni Ars, ni Cydomis, ni le royal Zeus, ni Chronos, ni Posdon mais la reine Cypris. Ils se la conciliaient par de pieuses sculptures, de vivantes peintures, des essences parfumes aux senteurs savantes, des sacrifices de myrrhe pure et d'encens odorant, exposant sur le sol des libations de miels blonds. L'autel n'tait pas arros par le meurtre violent des taureaux, mais parmi les tres humains, le crime le

plus important tait d'avoir pris une vie pour se repatre de chairs. Il y avait parmi eux un homme extrmement savant qui dtenait une grande richesse de penses; principalement, il tait le protecteur des sages ouvrages.(1). Lorsque toutes ses penses le tendaient, il contemplait aisment, assurment, chacune des choses qui existent sur dix et mme vingt gnrations humaines. 1. l'une des caractrisitiques de l'Orphisme est de respecter toute forme de vie quelle qu'elle soit. On conoit donc aisment qu'il y a encore ici une influence certaine de cette pense sur Empdocle. En effet, tuer un animal lui apparat comme une horreur. traduction : Robin DELISLE copyright 1er mars 1999 L'ge d'or se caractrisait par le rgne de la concorde et de l'esprit, voyageur. Aussi prends le temps de t'attarder quelques instants de plus dans ces contres bienheureuses.

CXXX , ' , . CXXXI , , [ ] ,

, , . CXXXII , , ', . CXXXIII , . CXXXIV , , , , , , . Lorsque toutes ses penses le tendaient, il contemplait aisment, assurment, chacune des choses qui existent sur dix et mme vingt gnrations humaines. Tout tait doux et favorable aux tres humains, et btes sauvages et oiseaux; le foyer de l'amiti brillait. Si, en effet, au regard d'une quelconque de ces oeuvres phmres, immortelle Muse, il t'a t agrable de voir

nos dclamations par ton esprit, prsente-toi de nouveau, maintenant, moi qui te supplie, Calliope, moi qui annonce la bonne parole au sujet des dieux bienheureux. Heureux celui qui est riche des divines penses, infortun celui qu'une obscure croyance(1) propos des dieux, agite. Il n'est pas possible de l'approcher porte de yeux, ni de la saisir par les mains, or elle, la plus grande, capable d'emporter l'assentiment, accessible, tombe dans leurs coeurs.(2) En effet il ne fait pas une tte de plus, deux rameaux ne fleurissent pas dans son dos, il n'a ni pieds, ni genoux agiles, ni sexe velu, mais un esprit sacr et indicible, seulement, est en lui, s'lanant travers tout le cosmos par ses promptes penses.

1. J'ai traduit par coyance. Mais il faut l'entendre au sens o Platon le considre : c'est dire l'opinion en mauvaise part. Ici, le terme le plus appropri serait certainement la superstition. Empdocle oppose celui qui est inspir par de divines penses celui qui reste fig dans la croyance. On retrouve le mme type d'opposition chez Platon entre la Vrit et l'Opinion, en grec, l's et la . 2. Le fragment 134 illustre trs prcisment ce que je viens de dire : Empdocle oppose les reprsentations de l'imagerie et la superstition populaire, - gants : ceux qui dpassent d'une tte, nymphes ou divinits sylvestres : des rameaux dans le dos, satyres : sexe velu, pieds agiles - l'esprit sacr du reste du vers comme nous allons le voir la page suivante. Paralllisme donc avec

l'opposition pense divine / croyance. traduction : Robin DELISLE copyright 1er mars 1999 combien malheureux celui qui se repat du sang de son prochain. Va, voyageur , et constate les crimes de nos anctres... INFAMIE CXXXV ' ' . CXXXVI ; ; CXXXVII ' ' , ' . ' ' . CXXXVIII

CXXXIX ' , ' . Mais la loi commune tous s'tend jusqu' l'Ether qui rgne au loin et la lumire infinie. Ne cesserez vous pas vos meurtres, mot odieux ? Ne vous voyez-vous pas vous dvorant les uns les autres par ngligence envers l'esprit ? Le pre ayant saisi son fils chri, qui a chang de forme, l'gorge en priant, pauvre insens ; les autres sont dans l'embarras, en sacrifiant l'enfant suppliant ; lui, au contraire, sourd aux appels, l'gorge et prpare un criminel festin dans sa demeure. De mme le fils saisit le pre, les enfants la mre, et arrachant la vie, se nourrissent d'une chair chrie. Puisant le souffle vital par le bronze... Hlas ! un jour impitoyable ne m'a pas d'abord anihil avant d'avoir connu sur mes lvres l'acte terrible d'une humaine pture. traduction : Robin DELISLE copyright 1er mars 1999 Va, maintenant, vers les cieux, l o le sage Empdocle a lu domicile. Il est dit que si tu te conformes ses sains prceptes, l'immortalit te sera assure.

L'APOTHEOSE CXL

[] . CXLI , , . CXLII ' ' [] [ ][] []. CXLIII ' [] . . . CXLIV . CXLV . CXLVI . . CXLVII , , , . 140

se tenir tout fait l'cart des feuilles du laurier (1). 141 Malheureux, grands malheureux, gardez vos mains des fves (2). 142 Or, ni la demeure munie d'un toit en terrasse de Zeus porte-gide, ni celle d'Hads, ni la chambre d'une pitoyable voix humaine ne l'accueillera jamais (3). 143 Sparant les cinq sources dans l'indestructible airain. 144 Jener du vice. 145 Ainsi, agits par de mauvais vices, vous ne dlivrerez jamais votre cur des tristes chagrins. 146 Dans ce but, prophtes, faiseurs d'hymnes, mdecins et premiers parmi les humains sont mus par les habitants de la terre. De l ils renaissent, dieux combls d'honneurs. 147 Ils partagent la demeure des autres immortels, sont convives aux repas et sont exempts par le sort des peines humaines et indestructibles.

1. Empdocle fait vraisemblablement allusion aux couronnes de laurier qui sont attribues aux triomphateurs, aussi bien aux jeux olympiques que lors des victoires militaires. Le message est clair : il faut se dfier de la gloire. 2. On nommait les magistrats avec des fves. Celui qui tirait une fve blanche obtenait la charge. Sans doute est-ce une invitation se dfier du pouvoir. 3. L'infortun ne peut pas accder une existence immortelle chez Zeus, ne peut pas non plus rejoindre le royaume des morts chez Hads, et n'a plus mme sa place sur terre (la pitoyable voix humaine) de sorte qu'il est condamn errer.

FRAGMENTS CXLVIII . CXLIX . CL . CLI . CLII . CLIII

CLIIIa . 148 Enveloppe mortelle, terre. 149 Air, rassembleur de nuages 150 Le foie gorg de sang. 151 Aphrodite qui donne la vie. 152 Vieillesse du jour. 153 Baub (1). 153a En sept fois sept jours. 1. Symbole du sexe de la terre-mre. Dans certains rituels les rapports sexuels pouvaient prendre une dimension mystique. Vraisemblablement dans les mystres d'Eleusis par exemple. Le temps et l'espace sont cycliques : ainsi pensaient les Anciens. Vrifie-le en retournant ton point d'origine, et

si le cur t'en dit, exprime-toi sur ce que tu as vu sur l'Agora.