Élastofibrome dorsal. À propos de 14 cas, et revue de la littérature

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ARTICLE ORIGINAL

Élastofibrome dorsal. À propos de 14 cas, et revue dela littératureDorsi elastofibroma. About 14 cases, and review of the literature

N. Bereni a,*, M. Carmassi b, J.-V. Zinc c, D. Casanova a

a Service de chirurgie plastique, hopital la Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 5, Franceb Service d’anatomopathologie, hopital Nord, chemin des Bourrely, 13915 Marseille cedex 20, Francec Service de radiologie, hopital La Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 5, France

Recu le 5 juillet 2012 ; accepte le 30 juillet 2012

MOTS CLÉSÉlastofibrome dorsal ;Scapula ;Tumeur ;Parties molles ;Traitement

Résumé L’élastofibrome dorsal est une tumeur bénigne siégeant le plus souvent au niveau destissus mous périscapulaires de la paroi thoracique postérieure. Nous rapportons une série rétros-pective de 14 cas d’élastofibromes dorsaux, chez neuf patients, pris en charge en chirurgieplastique, viscérale et orthopédique. L’âge moyen était de 67 ans. Cinq patients présentaientdes lésions bilatérales. Toutes les lésions siégeaient dans la région sous-scapulaire. Neuf lésions ontété retirées chirurgicalement et six épaules sont asymptomatiques après la chirurgie. L’élastofi-brome dorsal est une lésion rare, d’évolution lente. On le trouve le plus souvent chez les patientsd’âge mûr. L’étiopathogénie de cette lésion est pour l’instant mal définie. L’imagerie par scannerou IRM permet de poser le diagnostic d’élastofibrome dorsal, et peut permettre, dans les casasymptomatiques et typiques, d’éviter la biopsie et la chirurgie. Seuls les cas symptomatiquesdoivent être opérés.# 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.

KEYWORDSElastofibroma dorsi;Scapular region;Tumor;Soft tissues;Treatment

Summary Elastofibroma dorsi is a benign tumor which usually occurs at the inferior angle ofthe scapula. We retrospectively reviewed 14 cases of elastofibroma dorsi, in nine patients. Thepatients were hospitalized in the departments of plastic surgery, orthopedic surgery or visceralsurgery. Mean age was 67 years. The location of the lesions (bilateral in five patients) was typical,in the thoracoscapular region. Nine lesions were removed surgically, six shoulders wereasymptomatic after surgery. Elastofibroma is a rare, slow-growing lesion. It occurs in connectivetissue of the infrascapular region of elderly patients. The pathogenesis of the lesion still remainsunclear. MRI and computed tomography are useful for assessment of elastofibroma dorsi, and canpotentially help avoid the need for unnecessary biopsy and surgery, especially in the asymp-tomatic patient. It should be surgically removed only in symptomatic patients.# 2012 Published by Elsevier Masson SAS.

Annales de chirurgie plastique esthétique (2012) xxx, xxx—xxx

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Pour citer cet article : Bereni N, et al. Élastofibrome dorsal. À propos de 14 cas, et revue de la littératureÉlastofibrome dorsal. À propos de14 cas, et revue de la littérature˘>. Ann Chir Plast Esthet (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2012.07.016

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (N. Bereni).

0294-1260/$ — see front matter # 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2012.07.016

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2 N. Bereni et al.

Introduction

L’élastofibrome a été décrit pour la première fois par Jarvi etSaxen en 1959 lors du 12e Congrès d’anatomopathologiescandinave, et rapporté en 1961 [1,2].

L’élastofibrome dorsal est une lésion bénigne, rare et peuconnue [3—5]. Il se présente comme une lésion non enca-psulée [3]. Histologiquement, il est caractérisé par uneprolifération de fibres élastiques dystrophiques au seind’épais faisceaux de collagène et de tissu adipeux [3,6].

Il est essentiellement retrouvé au niveau de la paroithoracique postérieure, précisément au niveau des tissusmous péri scapulaires de l’angle caudal de la scapula[3,4,7]. Il est ainsi bordé par les muscles subscapulaire,rhomboïde, grand dorsal et dentelé antérieur [8,9].

Il peut être asymptomatique, sa découverte étant alorsfortuite [3].

Les diagnostics différentiels pouvant être évoqués sont,entre autres : les lipomes, liposarcomes, fibromes, héman-giomes et hématomes [10,11].

Nombre d’auteurs considèrent que l’imagerie, et plusprécisément l’IRM ou la tomodensitométrie, suffit à poserle diagnostic, sans biopsie, et permet de cesser les investi-gations [11—14]. Certains avancent même que sa présenta-tion clinique typique peut suffire [15]. Cependant, si la lésionest symptomatique, ou si sa bénignité fait l’objet d’undoute, une biopsie voire sa résection doivent être envisagées[8,16].

Notre attitude n’est pas systématiquement chirurgicale,notamment lorsque la lésion est typique cliniquement etradiologiquement, et surtout lorsqu’elle est très bien toléréesur le plan fonctionnel. La survenue d’une gêne chez certainspatients opérés, nous incite d’autant plus à la prudence.Nous rapportons une série de 14 cas, ainsi qu’une revue de lalittérature.

Patients et méthode

Notre série rétrospective se compose de 14 élastofibromessous-scapulaires, retrouvés chez neuf patients, pris encharge entre 2000 et 2011. Ils concernaient huit femmespour un homme. Cinq patients présentaient des lésionsbilatérales. Six patients rapportaient une activité physiqueimportante, pour des raisons professionnelles ou domesti-ques.

Une patiente a été prise en charge par un chirurgienviscéral, quatre patients par les plasticiens, et quatre parles orthopédistes.

Huit lésions étaient symptomatiques, six asymptomati-ques. Toutes les lésions étaient mises en évidence à l’examenclinique (pas de découverte fortuite au cours d’un examend’imagerie). Les patients présentant des lésions symptoma-tiques se plaignaient d’une sensation de ressaut à la rétropul-sion ou à l’abaissement de l’épaule (sept cas), d’une raideurde l’épaule (quatre cas) ou d’une douleur (quatre cas). Unepatiente se plaignait plus précisément de douleurs du dosl’inspiration, et deux patientes évoquaient essentiellementdes douleurs lors du décubitus dorsal. Dans tous les cas, lesaires ganglionnaires étaient normales.

La taille moyenne des lésions était de 5 cm (minimum3 cm, maximum 14 cm).

Pour citer cet article : Bereni N, et al. Élastofibrome dorsal. À propos de14 cas, et revue de la littérature˘>. Ann Chir Plast Esthet (2012), htt

Le bilan d’imagerie préopératoire devait comporter, poursuspecter le diagnostic et éviter la biopsie, une tomodensi-tométrie ou une IRM en séquence T1 ou T2. Les séquencesavec saturation de la graisse n’étaient pas nécessaires audiagnostic.

Aucune biopsie n’a été réalisée en préopératoire.Aucun patient n’a été perdu de vue. Tous ont été réévalués

régulièrement : toutes les semaines pendant trois semainesaprès la chirurgie, puis à deux mois et six mois au minimum. Lerecul moyen est de cinq ans et sept mois (minimum un an,maximum 12 ans). L’examen clinique évaluait en premier lieul’évolution de la cicatrisation, puis l’examen de l’épaulerecherchait une douleur ou une sensation de raideur.

La durée moyenne d’hospitalisation était de quatre jours(minimum trois jours, maximum neuf jours). La duréemoyenne de cicatrisation était de 19 jours (minimum13 jours, maximum 32 jours).

Résultats

L’âge moyen était de 67 ans (minimum 41 ans, maximum71 ans).

Neuf lésions ont été traitées par une chirurgie d’exérèse,tandis que les cinq autres lésions, asymptomatiques, ont étésurveillées. Une patiente, présentant deux lésions bilatéra-les, a été opérée deux fois.

Tous les patients ont bénéficié d’un bilan d’imagerie,avec échographie et/ou scanner et/ou IRM. Une échographiea été réalisée chez quatre patients et n’a pas permis desuspecter le diagnostic, mais a plutôt orienté vers des lésionsde type lipomateuses. Le scanner a été réalisé chez troispatients, et l’IRM chez deux patients. Les tomodensitomé-tries et les IRM ont évoqué le diagnostic d’élastofibrome àchaque fois.

Concernant les neuf lésions opérées, huit étaient symp-tomatiques en préopératoire et une asymptomatique.

Les élastofibromes ont été réséqués en totalités. L’ana-lyse anatomopathologique a confirmé le diagnostic chez tousles patients.

Deux interventions se sont compliquées d’un hématomedu site opératoire, ayant nécessité une réintervention, avecune hospitalisation et un délai de cicatrisation prolongé.

En postopératoire immédiat, tous les patients ont étéimmobilisés, avec le bras en écharpe pendant le temps de lacicatrisation, et ont bénéficié de rééducation du membresupérieur, pendant en moyenne deux mois et demi (minimumun mois, maximum six mois).

À distance, six épaules sont asymptomatiques, unepatiente évoque une gêne dans les mouvements d’hyperab-duction du bras, et deux patientes se plaignent de douleursrésiduelles.

La patiente asymptomatique en préopératoire l’est tou-jours après un recul de 12 ans.

Aucune récidive n’a été observée.Concernant les cinq lésions non opérées, elles étaient

asymptomatiques. Tous les patients ont été revus réguliè-rement. Aucun n’est devenu symptomatique, et aucun n’aété opéré, après un suivi moyen de quatre ans (minimum sixmois, maximum 11 ans). En outre, l’examen clinique de cespatients reste inchangé et le volume des lésions n’a pasaugmenté.

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Discussion

L’élastofibrome, bien que rare et d’évolution lente [4], doitêtre évoqué lorsqu’un patient rapporte une gêne fonction-nelle lors des mouvements de la scapula [3]. En effet, il n’estpas si exceptionnel, si bien qu’une série autopsique réaliséepar Jarvi chez des patients de plus de 55 ans le retrouve chez24 % des femmes et 11 % des hommes [17]. Dans cette étude,les lésions mesuraient moins de trois cm, elles étaient donctrop petites pour être palpables ou pour avoir un retentisse-ment clinique. Brandser et al. ont eux réalisé des scannerschez 258 sujets âgés asymptomatiques, et retrouve desélastofibromes chez 2 % des sujets [18]. Il est donc vraisem-blable que la majorité des élastofibromes sont petits etcliniquement silencieux, à l’origine de la perception erronéed’une faible prévalence [11].

Macroscopiquement, l’élastofibrome apparaît commeune masse ferme, ovalaire ou arrondie, aux limites floues,à la consistance élastique (Fig. 1). Sa section met enévidence des stries jaunes (correspondant aux travées adi-peuses résiduelles) au sein d’une prolifération blanche,fasciculée [19].

Sur le plan histologique, il s’agit d’une tumeur non enca-psulée imparfaitement limitée en périphérie, constituéed’une association de faisceaux collagéniques et de fibresélastiques irrégulières, disposées en faisceaux et fragmen-tées en petits globules éosinophiles. La trame fibrocolla-génique est peu cellulaire et myxoïde. Du tissu adipeuxmature est enchassé dans cette prolifération [8,15,17](Fig. 2A et 2B). La coloration de l’orcéine (Fig. 2C) met bienen évidence la présence de fibres élastiques caractéristi-ques, soit de très grande taille, soit présentant des aspectsmicronodulaires en chapelet de perles [8]. Rarement, au seinde ce tissu, on observe des foyers de nécrose de tissu fibreux,musculaire et graisseux [17].

Plusieurs théories pathogéniques ont été avancées [3].Ainsi, la répétition de microtraumatismes mécaniques entrela paroi thoracique et la pointe de l’omoplate pourraientstimuler un excès de production d’élastine, et favoriser ladégénérescence du collagène, ce qui pourrait jouer un rôlephysiopathologique [3,7,9,11,20]. Une prédisposition fami-liale a également été rapportée, par Nagamine et al. [8].

Pour citer cet article : Bereni N, et al. Élastofibrome dorsal. À propos de14 cas, et revue de la littérature˘>. Ann Chir Plast Esthet (2012), http

Figure 1 Élastofibrome sous-scapulaire gauche, chez unpatient de 70 ans. La pièce a été réséquée en totalité. Ellemesure environ 12 cm, et ne présente pas de capsule.

Giebel et al. considèrent eux que l’élastofibrome pourraitêtre une manifestation normale du vieillissement, car ilsretrouvent dans leurs séries autopsiques des modificationsprécurseurs de l’élastofibrome [21]. Récemment, certainsont supposé que l’élastofibrome ne serait pas une pseudo-tumeur fibroblastique réactionnelle, mais un processusnéoplasique monoclonal, avec une instabilité génomique.Ainsi, des modifications structurales, liées à une forte ins-tabilité caryotypique, pourraient toucher presque tous leschromosomes [9,22]. Aujourd’hui, il est admis que l’élastofi-brome est plus fréquemment rencontré chez les patientssollicitant leur ceinture scapulaire, même si le mécanismen’est pas élucidé [8,11,17,23].

L’élastofibrome est retrouvé dans 80 % des cas dans larégion sous-scapulaire, entre les muscles rhomboïde, granddorsal, sous-scapulaires, dentelé antérieur et la paroi tho-racique, et ce au niveau des sixième, septième et huitièmecôtes [3,24]. Des localisations plus rares sont possibles,comme la main [25], le pied [26], l’estomac [27], la tubéro-sité ischiatique, le muscle deltoïde, le creux axillaire,l’olécrâne, le grand trochanter, la valve tricuspide, l’esto-mac, l’œil, la région inguinale ou le grand épiploon[3,7,8,28,29].

Il serait plus fréquent chez les sujets de plus 55 ans, plussouvent de sexe féminin [4,30]. Ainsi, la série de Nagamineet al. de 170 patients retrouve 158 femmes pour 12 hommes[8]. Néanmoins, un cas d’élastofibrome a été rapporté chezl’enfant [23].

Cliniquement, il peut être asymptomatique dans la moitiédes cas [4]. En moyenne, un patient sur quatre évoque unegêne ou une sensation de raideur à la mobilisation del’épaule, voire même un crissement [4,5,7,8,31,32]. Parfois,une symptomatologie douloureuse périscapulaire est rap-portée [4,5]. Exceptionnellement, le patient peut présenterune atteinte neurologique du membre supérieur, évoquantalors une névralgie cervicobrachiale [4].

À l’examen, l’élastofibrome se présente comme unemasse ferme, fixée au plan profond périosté [11], mobilepar rapport au plan superficiel, et sans signes en faveur d’uneinfiltration cutanée [4]. La palpation est généralement indo-lore [4]. Dans les localisations sous-scapulaires, il est généra-lement mieux perçu, voire plus visible, quand le membresupérieur est en antepulsion et abduction [4] (Fig. 3A et 3B).

Les lésions sont généralement stables, ou alors augmen-tent lentement de volume [8,23].

Le bilan biologique n’est pas perturbé [4].Étant considéré comme une lésion rare, l’élastofibrome

fait l’objet de peu de publications dans la littérature radio-logique [10]. La radiographie tangentielle du thorax peutmettre en évidence quelques signes : une surélévation de lascapula, un élargissement de l’espace scapulothoracique,voire une opacité interscapulothoracique sans lésion osseuseni calcification associée [2,4,7].

L’échographie montre souvent un aspect fibrillaire etfasciculé en rapport avec des stries hyperéchogènes para-llèles à son grand axe [24,33].

En IRM, l’élastofibrome présente, en plus de sa localisa-tion très spécifique, une forme lenticulaire [34] et un signalIRM caractéristique. Ainsi, son signal est différent de celui dela plupart des tumeurs des tissus mous, en raison du tissugraisseux enfoui dans une masse fibreuse [5,10,35]. Krans-dorf et al. retrouvent des lésions bien définies, légèrement

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Figure 2 Coupe anatomopathologique d’un élastofibrome.A. Mise en évidence du tissu adipeux (en blanc) entrappé dansla prolifération fibrocollagénique (en rose). B. Le plus fortgrossissement fait ressortir les fibres élastiques irrégulières(rose foncé). C. La coloration de l’orcéine fait ressortir les fibresélastiques, qui peuvent être de grande taille, ou prendre unaspect dit en « chapelet de perles ».

Figure 3 Élastofibrome sous-scapulaire gauche, chez unefemme de 41 ans. A. En position neutre la lésion n’est pasvisible, bien que palpable. B. L’antépulsion du membresupérieur gauche démasque l’élastofibrome.

4 N. Bereni et al.

inhomogènes, et sans œdème péri-lésionnel [10]. En pon-dérations T1 et T2, l’élastofibrome présente un iso signal parrapport aux muscles squelettiques avoisinants, et est par-couru par des stries de tissus adipeux, hyperintenses[2,5,10,35] (Fig. 4A et 4B).

L’injection intraveineuse de gadolinium n’est habituelle-ment pas nécessaire, les acquisitions en pondération T1 etT2 suffisent la plupart du temps à poser le diagnostic [15,36].Lorsqu’elle est réalisée, elle peut montrer un rehaussementfaible et hétérogène (Fig. 4C), elle est donc utile pourdifférencier l’élastofibrome des autres lésions périscapulai-res tumorales (tumeur desmoïde, neurofibrome, liposar-come, fibromatose agressive, histiocytofibrome malin),dont le rehaussement après injection de gadolinium esthabituellement plus marqué [10,11,20,33,37,38].

En tomodensitométrie, comme en IRM, l’élastofibromeapparaît comme une masse lenticulaire, non encapsulée, dedensité équivalente à celle des tissus mous musculairesvoisins, avec des stries hypodenses (Fig. 5). Le rehaussementaprès injection d’iode n’est pas détectable au scanner[4,10,24]. Même si la tomodensitométrie est moins sensiblepour la détection des lésions, ou la visualisation des stries,

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Figure 4 Élastofibrome sous-scapulaire droit, chez unepatiente de 71 ans, en IRM. Les séquences T1 (Fig. 4A) et T2(Fig. 4B) mettent en évidence une lésion ovalaire, présentant unisosignal au muscle. Tandis que la séquence Fat-Sat avec injectionde gadolinium (Fig. 4C) ne provoque qu’un faible rehaussement.

Figure 5 Élastofibrome sous-scapulaire gauche chez unepatiente de 55 ans. L’élastofibrome apparaît sur la tomodensi-tométrie comme une masse isodense au muscle, parcourue detravées linéaires.

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elle est souvent suffisante, notamment en cas de lésionsbilatérales et de localisation typique [15,33,36].

La réalisation d’un TEP n’est habituellement pas néces-saire, elle met en évidence une captation diffuse et de faibleintensité du 18FDG, donc une faible activité métabolique, cequi confirme la nature bénigne de l’élastofibrome [19].

La biopsie ne doit donc pas être systématique, maisréservée aux cas dont la topographie n’est pas classique

Pour citer cet article : Bereni N, et al. Élastofibrome dorsal. À propos de14 cas, et revue de la littérature˘>. Ann Chir Plast Esthet (2012), http

ou bien aux lésions dont l’imagerie évoque un diagnosticdifférentiel : sarcome, histiocytofibrome malin, tumeur des-moïde. . . [37]. La biopsie était autrefois systématiquementrecommandée, afin d’éliminer le diagnostic de sarcome. Onconsidère aujourd’hui qu’un aspect typique en imagerie peutsuffire au diagnostic, surtout si la lésion est bilatérale[11,15].

Le traitement chirurgical est donc indiqué pour les formessymptomatiques, gênantes et/ou douloureuses, ou pour lesformes volumineuses et entraînant un préjudice esthétique[24].

La chirurgie est considérée comme le traitement curateur[19]. L’exérèse doit être totale, en tenant bien compte del’absence de capsule et de barrière anatomique nette [7,24].La voie d’abord intermusculaire, entre le latissumus dorsi enarrière et le serratus antérieur en avant, est recommandée[24,37]. Les récidives seraient liées à une exérèseincomplète de la tumeur [10,39]. Aucun cas de transforma-tion maligne n’a été rapporté [11].

Enfin, certains auteurs rapportent l’utilisation de la radio-thérapie, bien qu’aucun argument dans la littérature nejustifie son emploi [31,40].

Muratori propose un algorithme pour la prise en chargedes masses sous-scapulaires évoquant un élastofibrome. Si lamasse est isolée, asymptomatique, avec des données IRMtypiques, ou si elle est bilatérale chez un sujet âgé, unesurveillance clinique est suffisante. En revanche, si elle estsymptomatique, ou si les données de l’IRM sont atypiques, ungeste chirurgical est indiqué [38].

Conclusion

Conformément à la littérature, l’élastofibrome dorsal tou-che préférentiellement les femmes, après 55 ans. Il estsouvent situé dans la région sous-scapulaire. Il pourrait

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6 N. Bereni et al.

être lié à la répétition de microtraumatismes entre la paroithoracique et l’omoplate, et serait donc plus fréquent chezles travailleurs manuels. Il peut être asymptomatique oubien provoquer gênes et douleurs.

L’IRM et le scanner retrouvent typiquement une lésion designal ou de densité identiques au muscle, parcourue destries adipeuses. Ces examens permettent d’éviter la biop-sie, et d’éliminer le diagnostic de lipome. L’anatomopa-thologie confirme la présence de nombreuses fibresélastiques dystrophiques, allongées ou fragmentées, au seinde faisceaux de collagène associées à des îlots de tissuadipeux.

L’élastofibrome est donc une lésion rare, peut connue,pouvant être prise en charge par des spécialistes dif-férents, mais qui mérite d’être connue. Ainsi, la biopsien’est pas indispensable au diagnostic, notamment lorsquela localisation est typique, puisque la tomodensitométrieou l’IRM permettent de poser le diagnostic. De plus, sontraitement chirurgical n’est pas toujours indispensable, etest parfois suivi de séquelles douloureuses et/ou invali-dantes. C’est la raison pour laquelle nous pensons que lachirurgie peut être remplacée par une surveillance,notamment lorsque la lésion est asymptomatique etlorsque sa présentation clinique et radiologique esttypique. Le suivi rapproché des patients que nous n’avonspas opérés, et qui sont toujours asymptomatiques, nousincite à persévérer dans cette voie.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

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