ecricome09 ecs hggmc+c

24
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain ESPRIT DE L’EPREUVE EPREUVES SPECIFIQUES annales officielles SUJET CORRIGE RAPPORT 216 >> ESPRIT GENERAL Cette épreuve vise à vérifier que les candidats disposent des repères nécessaires à la compréhension du monde dans lequel ils devront agir. L'étendue de l'étude, aussi bien dans l'espace que dans le temps, indique que le programme doit être abordé à partir d'une vision plus synthétique qu'analytique. Des sujets vastes, précis dans leur formulation, privilégiant la réflexion seront propo- sés aux candidats. EVALUATION Elle prendra en compte : - la capacité du candidat à définir le sujet, à le délimiter et à en dégager une problématique pertinente. - l'organisation des idées selon une démarche logique (plan). Il n'existe pas de plan préétabli, mais des plans plus ou moins efficaces, plus ou moins difficiles à mettre en œuvre pour répondre à la question posée. - l'aptitude des candidats à sélectionner des exemples concrets, significatifs, démonstratifs. - les qualités d'exposition (syntaxe et orthographe). ESPRIT DE L EPREUVE Nouveau : évolution de l’épreuve d’HGGMC pour le concours 2010. L’épreuve d’Histoire, Géographie et Géopolitique du monde contemporain comprendra toujours deux sujets au choix des candidats, dont un sujet sans carte. Pour le sujet avec carte obligatoire, l’épreuve actuelle sera remplacée par un commen- taire de carte (s) qui comptera pour un quart de la note finale. Les cartes qui seront proposées pourront être en couleur. La carte aura un rapport avec la dissertation. Tout type de carte est susceptible d’être présenté : cartes géoéconomiques, géopolitiques, historiques, mise en cartographie de données quantitatives… Les cartes à très grande échelle sur des lieux géopolitiques majeurs permettront aux candidats de saisir des enjeux locaux, nationaux et internationaux, avec si c’est utile quelques rapides jalons historiques. On pourra proposer deux cartes (au maximum) dont la comparaison invitera le candidat à saisir des évolutions, des redistributions de rapports de force. Le titre problématisé dans l’intitulé du sujet de la carte donnera l’indication du thème à privilégier dans le commentaire. Des questions accompagnant la ou les cartes proposée(s) pourraient être envisagées mais pas obligatoirement.

Upload: hassane-bengha

Post on 08-Jun-2015

2.437 views

Category:

Education


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

216

>>

ESPRIT GENERALCette épreuve vise à vérifier que les cand idats disposent des re p è res nécessaires à lac o m p r é he ns ion du mo nde da ns lequel ils de v ro nt agir. L'étendue de l'étude, aussi bie nda ns l'espace que da ns le temps, indique que le pro g ra m me doit être abordé à partird ' u ne vision plus synthétique qu'ana l y t i q u e.Des sujets vastes, précis da ns leur fo r mu l a t ion, privilégia nt la réflex ion sero nt pro p o-sés aux cand ida t s.

EVALUATIONElle pre ndra en compte :

- la capacité du cand idat à définir le sujet, à le délimiter et à en dégager unep ro b l é matique pertine nt e.

- l'org a n i s a t ion des idées selon une déma rc he logique (plan). Il n'existe pas deplan préétabli, mais des plans plus ou mo i ns effic a c e s, plus ou mo i ns diffic i l e sà me t t re en œuvre pour répondre à la question posée.

- l'aptitude des cand idats à sélectio n ner des exemples conc re t s, sig n i f ic a t i f s,d é mo ns t ra t i f s.

- les qualités d'ex p o s i t ion (synt a xe et ortho g ra p he ) .

ESPRIT DE L’EPREUVEN o u veau : évolution de l’épre u ve d’HGGMC pour le concours 2010.

L’ é p reuve d’Histoire, Géogra p h ie et Géopolitique du mo nde cont e m p o rain compre ndratoujours deux sujets au choix des cand ida t s, do nt un sujet sans carte.

Pour le sujet avec carte oblig a t o i re, l’épreuve actuelle sera remplacée par un comme n-t a i re de carte (s) qui comptera pour un quart de la note fina l e.

Les cartes qui sero nt proposées pourro nt être en couleur. La carte aura un ra p p o r tavec la dissertation. Tout type de carte est susceptible d’être présenté : cartesg é o é c o no m i q u e s, géopolitiques, historiques, mise en cartogra p h ie de do n n é e sq ua ntitatives… Les cartes à très gra nde échelle sur des lieux géopolitiques ma j e u r sp e r me t t ro nt aux cand idats de saisir des enjeux locaux, na t io naux et int e r na t io na u x ,avec si c’est utile quelques ra p ides jalons historiques. On pourra proposer deux cartes(au ma x i mum) do nt la comparaison invitera le cand idat à saisir des évolutio ns, de sre d i s t r i b u t io ns de rapports de fo rc e.

Le titre pro b l é matisé da ns l’intitulé du sujet de la carte do n ne ra l’ind ic a t ion du thèmeà privilégier da ns le comme nt a i re. Des questio ns accompagna nt la ou les cartesp roposée(s) pourra ie nt être envisagées mais pas oblig a t o i re me nt .

Page 2: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 217

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

>>

Le comme nt a i re de carte ne doit pas être une nouvelle dissertation. Il doit de me u re run exe rc ice court (pas plus d’une page et de m ie) et être ent i è re me nt rédigé. On appré-c ie ra ici les qualités réda c t io n ne l l e s, la pertine nce de la réflex ion, la capacité duc a nd idat à dégager quelques idées fo rces bien distinc t e s.

Les cand idats do i v e nt démo nt rer qu’ils savent lire, ana l y s e r, décrypter les enjeux géo-politiques des cartes, pour une me i l l e u re compréhe ns ion de la complexité du mo ndea c t u e l .

ÉPREUVE 2009Durée : 4 heure sAucun do c u me nt n'est autorisé.Le cand idat tra i t e ra au choix l'un des deux sujets suivant s.

(sujet avec croquis et documents)Les dynamiques démographiques et leurs incidences économiques, sociales etgéopolitiques dans le monde d’aujourd’hui (15 point s ) .

C roquis obligatoire (se situe en pages 8 et 9 de votre copie) :les migrations internationales de population au début du XXIe siècle (5 point s ) .

Document n°1 : Fécondité et espérance de vie Femmes / Hommes en 2006-2007Source : Images économiques du monde 2008 et 2009

SUJET 1

Fécondité (1) E s p é rance de vie (2)

A f r i q u e 5 , 1 5 3 / 5 1

Amérique du Nord 2 , 0 8 1 / 7 5

Amérique Centra l e, Cara ï b e s 2 , 7 7 5 / 6 9

Amérique du Sud 2 , 4 7 6 / 6 9

As i e 2 , 4 7 0 / 6 6

E u ro p e 1 , 4 7 9 / 7 1

F ra n c e 2 , 0 8 4 / 7 7

Page 3: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

218

>>

(1) Nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer.(2) Espérance de vie à la naissance (nombre d’années : femmes / hommes).

Document n°2 : Vieillissement et compétitivité.“(…) Alors qu’aujourd ’ hui, les Euro p é e ns re p r é s e nt e nt 11% de la population mo nd ia l e,ils ne sero nt plus que 7% en 2050. Le poids économique de l’Europe diminu e ra enc o ns é q u e nc e, sous le double effet des mu t a t io ns démo g raphiques et de la mo ntée enp u i s s a nce des écono m ies éme rge ntes (…) Selon diverses prévisio ns, sans mo d i f ic a-t ion des systèmes euro p é e ns de pro t e c t ion socia l e, le vie i l l i s s e me nt démo g ra p h i q u ese solde ra d’ici 2050 par une hausse de près de 8 points de pourc e nt a ge du PIB de sseules dépenses de santé et de pro t e c t ion vie i l l e s s e. La solidarité généra t io n ne l l ec o ns t i t u e ra alors une charge très lourde pour les futurs actifs. ”S t e fanie WAHL, Regards sur l’économie allemande, démographie et compétitivité, dansProblèmes économiques n°2925, La documentation Française, 6 juin 2007-11-02

Document n°4 : démographie et puissance.“Le retour de la puissance russe, c’est une Russie qui va mieux, mais surtout qui serelève de l’hu m i l ia t ion. (…) Tout ceci do n ne-t-il une nouvelle gra nde puissance ? Sansdoute pas à court terme, en raison de la limitation des mo y e ns, ni à moyen terme, dufait des faiblesses struc t u relles de l’écono m ie et de la démo g ra p h ie ”.Rapport annuel de l’Institut français des re l a t io ns int e r na t io nales 2009, p.278“ Un autre atout qui sera décisif pour les Etats-Unis est le fo r m idable dy na m i s med é mo g ra p h i q u e. Selon l’A me r ican Enterprise Ins t i t u t e, la population améric a i nea u g me nt e ra de 65 millio ns d’ici 2030, tandis que le no m b re d’Euro p é e ns, lui stagne ra .L’ E u rope sera à cet horizon un cont i ne nt vie i l l i s s a nt do nt le no m b re des plus de 65 anss e ra le double de celui des mo i ns de 15 ans (… )De façon surpre na nt e, de no m b reux pays d’As ie (hormis l’Inde) sont da ns unes i t ua t ion démo g raphique comparable à celle de l’Euro p e. (…). Les étud ia nts étra nge r set immigrés re p r é s e nt e nt aux Etats-Unis 50% des che rc heurs en scie nc e s, et, en 2006,40% des docteurs en scie nces et en ing é n ie r ie et 65% en info r ma t i q u e. ”Problèmes économiques n° 2954 septembre 2008

Fécondité (1) E s p é rance de vie (2)

A l l e m a g n e 1 , 3 8 2 / 7 6

R u s s i e 1 , 3 7 2 / 5 9

O c é a n i e 2 , 1 7 7 / 7 3

M o n d e 2 , 7 6 9 / 6 5

Page 4: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 219

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

SUJET 2

(sujet sans croquis, sans documents)Les Etats-Unis d’Amérique: la fin de “l’Empire” ? (20 point s ) .

SUJET 1

Analyse du sujetLes candidats doivent d’abord bien lire le sujet et le définir pour éviter toutedérive. Tous les mots comptent. Il faut donc envisager les dynamiques démogra-phiques et pas la démographie en général. Une confusion fréquente a été faiteentre “dynamisme” et “dynamiques”. La dynamique doit être définie comme unprocessus qui marque une évolution.En géogra p h ie, l’analyse dy namique est celle qui int ro duit le temps da ns une ana l y s eg é o g raphique et s’oppose à l’analyse statique (J. Lévy, M. Lussault, Dic t io n na i re dela Géogra p h ie). Un système dy namique est implic i t e me nt cons idéré comme animé demo u v e me nts int e r ne s. La no t ion de mo u v e me nt, de change me nt est cent rale ici, ondoit cependa nt se garder d’un juge me nt de valeur qui serait positif sur ce qui bougeet négatif sur ce qui est immo b i l e. L’ a nalyse dy namique conc e r ne aussi bien l’id é ed é v e l o p p e me ntaliste de cro i s s a nce que de déclin.Il sera difficile d’être exhaustif sur un tel sujet qui fait appel à la capacité de syn-thèse des cand ida t s. Le sujet fait référe nce au pro g ra m me de pre m i è re année quia b o rde le thème principal du sujet et au pro g ra m me de de u x i è me année qui me tl ’ a c c e nt sur les dy namiques géographiques de chaque cont i ne nt, ce de r n ier points e ra partic u l i è re me nt utile pour illustrer le devoir d’exemples conc rets ind i s p e ns a b l e sà la démo ns t ra t io n .

Plan proposéLes dy namiques cara c t é r i s a nt la démo g ra p h ie da ns la mo nd ia l i s a t ion (solde na t u re l ,â ge des populatio ns, mig ra t io ns diverses…) sont complexe s, elles diffère nt gra nde me ntsur la planète et re f l è t e nt le plus souvent des différe nces de cond i t io ns de vie. Il y ado nc un rapport étroit ent re la diversité des dy namiques démo g raphiques d’un côté etla diversité des faits écono m i q u e s, sociaux et géopolitiques. Le sujet doit être envisagéà l’échelle des pays, des cont i ne nts ou du mo nde.Les dy namiques démo g raphiques ex p r i me nt avec fo rce la fra c t u re ent re le No rd et leS ud, elles soulig ne nt les diverge nces ent re les pays, mais elles nous ra p p e l l e nt aussil ’ u n icité de la mo nd ia l i s a t io n .Les enjeux écono m i q u e s, sociaux, géopolitiques, sero nt évalués et spécifiés enfo nc t ion de leur importance à partir de trois thèmes majeurs :

CORRIGE

Page 5: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

220

>>

- La cro i s s a nce démo g raphique et le vie i l l i s s e me nt de la population du mo nde.- Les dy namiques mig ra t o i res int e r na t io na l e s.- Les dy namiques int e r ne s.

I. LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET LE VIEILLISSEMENT DU MONDE

A. Un accroissement spectaculaire mais inégal- La cro i s s a nce de la population : 6.5, bie ntôt 9 millia rds ?Il aura fallu attendre les années 1800 pour atteindre le 1er millia rd d’habitants surla planète, en re v a nc he en 130 ans, de 1800 à 1930 la population a doublé poura t t e i ndre 2 millia rd s. Depuis le rythme d’accro i s s e me nt s’est accéléré : 3 millia rds en1960, 4 en 1974, 5 en 1987, 6,5 aujourd ’ hui, pro b a b l e me nt 7 en 2013 et 9 en 2054.La population mo nd iale se stabilisera-t-elle ensuite autour de 10 millia rds ?

- Des rythmes différe nts selon les paysD e r r i è re cette mo ntée vertig i neuse s’opère une révolution silenc ieuse qui est celle dela tra ns i t ion démo g ra p h i q u e, c'est-à-dire le processus par lequel une société passe d’unr é g i me démo g raphique où forte natalité et forte mortalité s’équilibre nt, à un régimema rqué par une faible natalité et une faible mortalité elles aussi approx i ma t i v e me nté q u i l i b r é e s. Des différe nces ex i s t e nt da ns les soldes na t u re l s. L’ a c c ro i s s e me nt de lap o p u l a t ion est essent ie l l e me nt fo r t e me nt localisé en Afrique, au Moyen Orie nt et enI nde. La hausse est plus modérée en Amérique du Sud, et globaleme nt en As ie (Chine ) .Les soldes na t u rels sont par ailleurs négatifs da ns certains pays : Allema g ne, PECO,R u s s ie. Ces soldes na t u rels peuvent provoquer une baisse de la population (Russie )s’ils ne sont pas compensés par des flux mig ra t o i res (Allema g ne), avec des inc ide nc e sé c o nomiques et politiques.

- Cette diversité des dy namiques démo g raphiques est en rapport avec : le niveau de vie( re l a t ion ent re l’ind ice synthétique de fécondité et l’espéra nce de vie à la na i s s a nc e ) ,l ’ e f f icacité plus ou mo i ns gra nde des politiques de limitation des na i s s a nces (rôledes go u v e r ne me nt s, résistances re l ig ie u s e s, culturelles…) avec parfois des effetss e c o nda i res importants (déséquilibres H/F da ns plusieurs pays d’As ie). Les mig ra t io nsde population peuvent mo d i f ier ces rapports (différe nces ent re les EUA, l’Europe occi-de ntale et le Ja p o n ) .

B. Un phénomène massif, le vieillissement de la population mondiale- Un processus quasi universelTrois phéno m è nes successifs touc he nt pro g re s s i v e me nt tous les pays du mo nde : labaisse de la mortalité infa nt i l e, la baisse de la fécondité et l’augme nt a t ion de l’espé-ra nce de vie mo d i f ie nt l’équilibre des groupes d’âges et ent ra î ne nt un vie i l l i s s e me ntq uasi universel de la population mo nd ia l e. Selon les statistiques cent ralisées par l’ONU

Page 6: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 221

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

( rapport « Vie i l l i s s e me nt de la population mo nd iale : 1950-2050 »), il y a aujourd ’ hu i650 millio ns d’êtres hu ma i ns de plus de 60 ans da ns le mo nde. Ils sero nt trois fois plusno m b reux en 2050 : 2 millia rd s. Les seniors re p r é s e nt a ie nt 8 % de la population mo n-d iale en 1950, 10 % en 2000. Ils fo r me ro nt 21 % de l’hu manité en 2050. La popula-t ion des plus de 60 ans s’accroît de 2 % chaque année, beaucoup plus ra p ide me nt quela population da ns son ens e m b l e. En 2050, les sexa g é na i res pourra ie nt, da ns lemo nde, être plus no m b reux que les mo i ns de 15 ans.Il est aujourd ’ hui de 26 ans, en 2050, selon les pro j e c t io ns de l’ONU, l’âge moyen dela population mo nd iale sera de 36 ans. Depuis 1950, l’espéra nce de vie a gagné 20 ans, passant de 46 à 66 ans. La mo y e n nep l a n é t a i re masque évide m me nt des disparités régio nales cons id é rables et cro i s s a nt e s.

- Les diversités du vie i l l i s s e me ntLe No rd : le vie i l l i s s e me nt n'est pas nouveau en soi, mais il est appelé à s'accélére r.Des pays développés, comme les Etats-Un i s, ont “vieilli” d'une année en mo y e n ne pard é c e n n ie au siècle de r n ie r, nous sommes actuelleme nt sur un régime de deux annéespar décennie. L'Europe des 27 comptera plus de 120 millio ns de personnes âgées deplus de 65 ans en 2030 cont re 85 millio ns aujourd ' hui. Grâce à l'apport mig ra t o i re,l ' Un ion euro p é e n ne da ns son ensemble évitera le déclin démo g ra p h i q u e, mais pasl ' a c c e nt ua t ion de son vie i l l i s s e me nt. La Fra nce conna î t ra une augme nt a t ion de sap o p u l a t ion par le haut de la pyra m ide des âge s, avec un vie i l l i s s e me nt lié aux classesd ' â ge surnu m é ra i res du baby-boom. Le Sud : l’ONU insiste égaleme nt avec raison sur le fait que le vie i l l i s s e me nt de lap o p u l a t ion est enc o re perçu à tort comme un phéno m è ne pro p re aux pays indu s t r ia-l i s é s. Or, en 2050, 80 % des plus de 60 ans vivro nt da ns les pays en développeme nt .En Chine la part des personnes âgées (65 ans et plus) est passée de 3.6% en 1964, à10.5% en 2000. Non seuleme nt le phéno m è ne ne ra l e ntit pas, mais il surpre nd less p é c ialistes par son int e nsité et son accéléra t ion : exemple des villes du Ma g h re b.On observe une gra nde diversité ent re villes et campagne s, ent re les gra nds do ma i ne sre l ig ieux et culture l s. Le cas de l’Afrique mo nt re de gra ndes différe nces ent re les caté-go r ies socio - p rof e s s io n ne l l e s.

C. Les conséquences économiques, sociales et géopolitiques du vieillissement etde la croissance démogra p h i q u e- L’impact économique : une crise économique mo nd iale de la vieillesse ?On mo nt re ra ici les inc ide nces sur la cro i s s a nce écono m i q u e, l’éparg ne, l’investisseme nt ,la cons o m ma t ion, le ma rché du travail, le fina nc e me nt des re t ra i t e s, la prise en chargedes ma l a d ies liées à l’âge et des personnes dépenda ntes (Alzhe i me r ) .Le rapport : actifs/ina c t i f s. De 1950 à 2000, le no m b re de personnes âgées de 15 à64 ans pour une personne âgée de plus de 65 ans est passé de 12 à 9. En 2050, cec h i f f re de v rait passer à 4 en mo y e n ne da ns le mo nde. L’ é v o l u t ion de ce ra p p o r ta u ra une inc ide nce ma j e u re sur les systèmes de sécurité sociale s’ils ex i s t e nt, ousur leur mise en place s’ils n’ex i s t e nt pas. Comme nt assurer un niveau de santé élevé

Page 7: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

222

>>

aux populatio ns vie i l l i s s a nt e s, da ns un cont exte de mise sous tens ion des fina nc e spubliques ?

- L’impact sur les solidarités socia l e sC o m me nt éviter les conflits ent re les généra t io ns dus aux inégalités de re v e nu etde patrimo i ne. Le coeffic ie nt de charge pare ntale : en 1950, on déno m b rait de u xp e r s o n nes de plus de 85 ans pour cent personnes âgées de 50 à 64 ans. En 2000,ce rapport est de 4 %. Il passera à 11 % en 2050. L’ e s p é ra nce de vie supérie u redes femmes (à 80 ans, 4 femmes pour un ho m me) fait que le vie i l l i s s e me nt s’accom-p a g ne d’une féminisation de la population mo nd ia l e.

- Des pro b l è mes géopolitiques majeurs : gérer l’ex p l o s ion démo g raphique du Sud et lepéril gris au No rd Les rapports No rd - S ud. La population des pays du Sud pro g re s s e ra plus longtemps ene f f e c t i f s. Six pays du Sud cont r i b u e nt à la moitié de l’accro i s s e me nt annuel mo nd ial :l ’ I nde pour 21%, la Chine pour 12%, le Pakistan pour 5%, le Bang l a desh pour 4% etl ’ I ndo n é s ie pour 3%. On peut me s u rer ici le poids respectif des gra nds ens e m b l e sd é mo g raphiques avec un re n fo rc e me nt du Sud. Les pays du Sud sero nt cependa ntc o n f ro ntés à des difficultés spécifiques. Une prise de cons c ie nce et une véritablec o o p é ra t ion sur le plan int e r na t io nal sero nt ind i s p e nsables (G20). La dire c t r ice del ’ O MS (Org a n i s a t ion Mo nd iale de la Santé), résume bien la situa t ion : “Les paysdéveloppés sont de v e nus ric hes avant de devenir vieux, les pays en développeme nts e ro nt vieux avant de devenir ric he s ”.Sur les rapports No rd - No rd. Mo d i f ic a t ion des rapports de fo rce au sein de la tria de :un re n fo rc e me nt des USA par rapport à l’UE “vieux cont i ne nt de vieux” ou le “qua-t r i è me âge” compre na nt les personnes âgées de plus de 80 ans sera trois fois plusi m p o r t a nt qu’aujourd ’ hui et du Japon qui est déjà le pays le plus vieux du mo nde avecun âge moyen de 41 ans. La Fra nce est en me i l l e u re posture du fait d’un ind ice def é c o ndité (2) élevé pour l’Euro p e.Sur les rapports Sud-Sud : rapports de force Chine/Inde ? La Chine et l’Inde repré-sentent déjà plus de la moitié de l’humanité avec des populations plus jeunesaussi, malgré le vieillissement. La population indienne dépassera la populationchinoise du fait d’une natalité bien supérieure ? Qu’adviendra-t-il de l’Afriquenoire (800 millions d’habitants en 2009 et 2 milliards en 2050 ?) confrontée à unecroissance démographique supérieure à la croissance économique. Quelle seral’incidence du Sida en Afrique ?

II. LES DYNAMIQUES MIGRATOIRES INTERNAT I O N A L E S

A. Les migrations “économiques”- mo nd ia l i s a t ion et mo u v e me nts de populatio nLa mo nd ia l i s a t ion économique a fait reculer la pauvreté et le sous développeme nt da ns

Page 8: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 223

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

c e r t a i nes parties du mo nde. Elle re n fo rce aussi les écarts de re v e nus ent re les pôles der ic hesses et les espaces périphériques, facilite les tra ns p o r t s, les info r ma t io ns (TIC ) ,re nouvelle les ima g i na i re s. La cons t a nte augme nt a t ion du no m b re de mig ra nts est unbon révélateur du processus de mo nd ia l i s a t ion. Certains auteurs ont parlé de “répons em ig ra t o i re” pour qua l i f ier les mo u v e me nts de population qui sont guidés par la volont éd ’ a c c é der à une vie me i l l e u re. Le no m b re de mig ra nts (personnes ayant quitté leur payspour vivre et se fixer da ns un autre pays pour au mo i ns un an) da ns le mo nde est estimé200 millio ns de personnes soit environ 3% de la population mo nd ia l e. L’arrivée dem ig ra nts est-elle une solution pour compenser le vie i l l i s s e me nt des populatio ns duNo rd ?

- les flux de main d’œuvre des régio ns jeunes et pauvres vers les régio ns vieilles et ric he sIl existe de gra ndes disparités ent re les pays : 63% des mig ra nts réside nt da ns lespays développés et 34% da ns les pays en développeme nt. Dans certains pays, lesm ig ra nts re p r é s e nt e nt plus de 60% de la population (Emirats arabes). Les femme sre p r é s e nt e nt 48% de la population mig ra nt e. La mig ra t ion est conc e ntrée sur unno m b re re s t re i nt de pôles récepteurs tels que l’Euro p e, les Etats-Un i s, le Moyen Orie ntp é t ro l ie r. Parmi les principaux pays d'orig i ne des mig ra nts on trouve désormais la Chineet l'Inde. On estime que l'arge nt injecté da ns les pays d'orig i ne en pro v e na nce des paysd'accueil (“remises”) est au mo i ns égal si ce n'est très supérieur à la qua ntité d'aide sf i na nc i è res apportées par les pays dits “ric hes” aux pays plus pauvre s. Les mig ra t io nss e ro nt une importante variable d'ajusteme nt d'ici 2050, échéance à laquelle 2 ou 3m i l l ia rds d'ind i v idus suppléme nt a i res sont attendus sur la planète, alors que les effetsdes mo d i f ic a t io ns climatiques se fero nt pro b a b l e me nt déjà sentir et que certaines zone sne pourro nt plus nourrir une population suppléme nt a i re.

- Les mig ra t io ns de compétences La fuite des cerveaux, c'est-à-dire des travailleurs qua l i f i é s, a un impact négatif sur lepays de départ: baisse du potent iel de pro duc t ion, perte de l'investisseme nt de fo r ma-t ion. Elle pose un véritable pro b l è me en Afrique. Cependa nt, il semble que l'émig ra t io nfa v o r i s e rait l'éduc a t ion da ns les pays d'orig i ne. En effet, la perspective de pouvoirm ig rer inc i t e rait les populatio ns à étud ier même si elles n'ont pas la certitude de pou-voir partir.La mobilité étud ia nte s’accélère. Pour la pério de 1960-2000, les effectifs d'étud ia nt sexpatriés ont crû de 7 % annu e l l e me nt. Il ya 2.5 millio ns d’étud ia nts étra ngers da ns lemo nde. Une imme nse majorité est issue du Sud, à de s t i na t ion du No rd et princ i p a l e-me nt des Etats-Un i s.

B. Les migrations politiques : réfugiés, déplacés et demandeurs d’asile- Les réfugiés ou déplacés fuie nt les persécutio nsLe Haut commissariat aux réfugiés des Na t io ns unies estime à 33 millio ns le no m b rede personnes re l e v a nt de son ma ndat. Les personnes réfugiées, c'est-à-dire quit ro u v e nt re f u ge au-delà des fro nt i è res na t io nales sont au no m b re de 10 millio ns. Les

Page 9: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

224

>>

p e r s o n nes déplacées qui fuie nt les persécutio ns à l’int é r ieur de leur pro p re pays sontau no m b re de 20 millio ns. Dans certains cas, la situa t ion est plus complexe : les réfu-giés se mêlant aux déplacés. C’est le cas du Soudan, de la République démo c ra t i q u edu Congo, de l’Ouganda ou de la Serbie (Gildas Simon). Les chiffres varie nt d’uneannée à l’autre en fo nc t ion des conflits.

- “Une géogra p h ie des guerres et des conflits”F a i re la cartogra p h ie des réfugiés c’est dresser la carte des principaux pays en conflit.Deux principaux foyers appara i s s e nt. Le Mo y e n - O r ie nt, avec la persistance du conflitA fghan et de la guerre en Irak. L’Afrique avec les conflits du Darfo u r, de Soma l ie, dela guerre civile en RDC et en Côte d’Iv o i re. Les flux se dirige nt la plupart du tempsvers des pays pro c hes : Iran et Pakistan pour l’A fghanistan, Syrie et Jo rda n ie pour lesI ra k ie ns, Tchad pour le Darfo u r, Ke nya pour la Soma l ie, Equateur et Ve nezuela pourles populatio ns fuyant les FARC en Colombie, Thaïlande pour le My a n ma r, Inde pour leSri Lanka .

- Le statut de réfugié est défini par la Convent ion de Genève de 1951.Une partie des réfugiés che rc he asile au No rd où le statut de réfugié défini par lac o n v e nt ion de Genève est difficile à obtenir. Il est de plus, malaisé pour de no m b re u xEtats de fa i re la différe nce ent re les réfugiés “politiques” me nacés da ns les pays d’ori-g i ne et les personnes princ i p a l e me nt motivées par des ra i s o ns écono m i q u e s. Les paysdu No rd accueillent des réfugiés et de ma ndeurs d’asile (environ 1 million aux EUA ,700.000 en Allema g ne, 300.000 au Royaume - Uni, 200.000 en Fra nce) et ne comptentpas de déplacés int e r ne s.La plupart des réfugiés vie n ne nt ou se dirige nt vers des pays pauvres qui do i v e nt fa i refa c e, pour les uns à des déperd i t io ns importantes en adultes et, pour les autres à de sd é p e nses ins u r mo ntables (pays d’Afrique subsaharie n ne). L’ a ide int e r na t io nale estalors ind i s p e ns a b l e.Les camps de réfugiés, sortes de “ghettos urbains” en milieu rural, évoluent enfo nc t ion de la situa t ion politique da ns le pays d’orig i ne. On estime à plusie u r sm i l l io ns le no m b re de réfugiés qui sont re ntrés chez eux ces dix de r n i è res années.

C. Un monde en réseaux : diasporas et mobilités choisies- Les dia s p o ra s, issues de la mobilité des ho m me sLe mot est d’orig i ne grecque et il sig n i f ie disperser. Historiqueme nt le mot a étéappliqué à la dia s p o ra juive, aujourd ’ hui il est utilisé pour désig ner des commu na u t é sdispersées da ns le mo nde et partage a nt une même ide ntité. Les dia s p o ras sont org a-nisées en réseaux qui cont i nu e nt à générer des déplaceme nts de populatio ns. La dia s p o ra juive joue un rôle primo rd ial da ns les re l a t io ns ent re les Etats-Unis etIs raël qui a accueilli une bonne partie des 3 millio ns de juifs vivant da ns l’ex - U R S S .La dia s p o ra chinoise reste la plus importante nu m é r i q u e me nt (40 millio ns). Anc ie n ne,elle a repris depuis la fin de la guerre du Vie t nam et la fin de l’ère ma o ï s t e. Cetted ia s p o ra constitue un facteur important du décollage de la Chine.

Page 10: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 225

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

La dia s p o ra libanaise est constituée de départs qui n’ont pas cessé depuis de u xs i è c l e s, mais la guerre du Liban (1975-1990) a accéléré les mig ra t io ns de populatio nqui conc e r ne nt désormais toutes la “mosaïque” libana i s e. Elle assure la survie de sc o m mu nautés locales et contribue à ent retenir la guerre en arma nt les milices quid é v a s t e nt le pays.La dia s p o ra turque parfois qualifiée de “nouvelle dia s p o ra” est constituée de plus de6 millio ns de personnes vivant essent ie l l e me nt en Europe (2.5 millio ns en Allema g ne )e nt re t ie nt des re l a t io ns étroites avec la Tu rq u ie.

- “La planète no ma de ”Alors que les flux de populatio ns du Sud vers le No rd conna i s s e nt de no m b re u s e sre s t r ic t io ns, les mobilités du No rd vers le Sud ex p l o s e nt. On comptait enviro n170 millio ns de touristes int e r na t io naux en 1970, on en compte près de 900 millio nsa u j o u rd ’ hui. C’est un secteur en pleine cro i s s a nce (5% par an) surtout vers l’As ie etl ’A f r i q u e. Le tourisme contribue à la mise en réseau du mo nde.Si les pays du No rd re s t e nt les gra nds pourvoyeurs de touristes, certains pays du Sudc o m me la Chine, l’Inde, le Mex i q u e, le Brésil sont appelés à jouer un rôle de plus enplus important. Les échanges sont essent ie l l e me nt int ra - r é g io naux : ent re payse u ro p é e ns, ent re pays asiatiques et da ns le cont i ne nt américain ent re l’Amérique duNo rd et les cara ï b e s. Les flux sont sujets à de gra nds change me nts annuels liésaux difficultés économiques da ns les pays du No rd (crise, chôma ge), aux tens io nsgéopolitiques (attent a t s, conflits armés) et aux risques (SRAS, tsuna m i s ) .Le tourisme re p r é s e nte près de 10% du PIB mo nd ial et emploie 8% de la populatio nmo nd ia l e. Les gra nds acteurs économiques du No rd accapare nt les tra ns p o r t s, lesc h a î nes hôtelières (Ho l idays Inn, Accor). Le tourisme est néanmo i ns une source dedevises ine s t i mable pour un certain no m b re de pays en développeme nt (Ma ro c,Tu n i s ie, Egypte, Ke nya, Île Ma u r ic e, Jo rda n ie…). Les recettes touristiques sont loind ’ ê t re négligeables pour ces pays, mais le tourisme apporte aussi des déséquilibre s( nouveaux mo des de vie, de s t r uc t ion de sites, ex p l o i t a t ion sexuelle des enfa nts). Uné c o - t o u r i s me, plus respectueux des cultures des pays d’accueil est aujourd ’ hui prônépar certaines ONG.

III. LES DYNAMIQUES INTERNES

A. Un phénomène planétaire: la métropolisation du monde- L’ u r b a n i s a t ion est un aspect majeur des évolutio ns du mo nde cont e m p o ra i nLe mo nde comptait 276 aggloméra t io ns de plus de 1 million d’habitants en 1990,il y en avait 400 en 2000 et il y en aura sans doute 550 en 2015. La moitié dela population mo nd iale est urbaine, les deux tiers en 2030. L’époque actuelle sec a ractérise par une métro p o l i s a t ion accrue. A côté des gra ndes villes des payso c c ide ntaux surg i s s e nt des très gra ndes villes da ns les pays en développeme nt. Lamoitié des villes millio n na i res sont en As ie, en Amérique latine et en Afrique qui

Page 11: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

226

>>

c o m p t e nt aussi la majorité des gra ndes métropoles mo nd ia l e s. La poussée urbaineest ra l e nt ie au No rd, elle est très forte au Sud. L’As ie est en cours d’urbanisatio naccélérée et, en 2020 une dizaine de mégapoles avoisine ro nt les 20 millio ns d’ha-b i t a nt s. En Afrique d’éno r mes aggloméra t io ns se fo r me nt comme Lagos qui avait2 millio ns d’habitants en 1975 et plus de 11 millio ns aujourd ’ hui. On estime quela population urbaine pourrait y doubler da ns les vingt pro c h a i nes années, celas ’ explique en gra nde partie par un fort exo de rura l .

- Les tra ns fo r ma t io ns des espaces urbainsL’ u r b a n i s a t ion est une conc e nt ra t ion de population qui se me s u re qua nt i t a t i v e me ntmais elle tra ns fo r me les territoires et les ind i v idu s. Les métropoles dra i ne nt lesp o p u l a t io ns rura l e s, org a n i s e nt, do m i ne nt. On assiste à un re n fo rc e me nt des méga-poles comme celle qui s’étend de Boston à Wa s h i ngton, celle qui va de Tokyo àH i ro s h i ma ou de la mégapole d’Europe occide ntale mo i ns cont i nu e.D é v e l o p p e me nt des fa ç a des ma r i t i me s.Les bidonvilles (slums, fa v e l a s, ka m p o ngs) abritent déjà plus d’un citadin sur tro i s.Ils coex i s t e nt avec les “e nclaves réside nt ielles” des “gated commu n i t ie s ”. Les villesc o n na i s s e nt une évolution vers une urbanité discrimina nte et un repli ide nt i t a i re.

Défi écologique avec la généra l i s a t ion de la voiture.

- Dynamiques urbaines et tens io ns ethniquesLes commu nautés ethniques qui se cons t i t u e nt da ns les gra ndes métro p o l e ss ’ a f f ro nt e nt parfois comme ce fut le cas au Royaume - Uni. L’ exemple de Los Ange l e sfournit un bon exemple des re c o m p o s i t io ns ethniques où les “Blancs” qui lap e u p l a ie nt à 92% sont mino r i t a i res dès 1990. La pro p o r t ion des Hispaniques estpassée en 30 ans de 2% à 33%, celle des As iatiques de 2% à 10% (C. Ma n z a go l ) .Ces change me nts révèlent la na t u re des tens io ns int e r - ra c ia l e s. Le ghetto noir ses e nt me nacé et cerné par les qua r t iers hispaniques. Hispaniques et As ia t i q u e sr é c l a me nt au conseil mu n icipal une re p r é s e nt a t ion plus confo r me à leur no m b re.

B. Les dive rsités des dynamiques démographiques à l’échelle des pays esquissentde nouveaux rapports de fo rc e- La situa t ion da ns les pays de la Tr ia deLe vie i l l i s s e me nt de la population euro p é e n ne du fait de l’effo ndre me nt de laf é c o ndité est ent rain de provoquer un véritable choc démo g ra p h i q u e. L’ U Edoit trouver une réponse au fina nc e me nt des re t raites (augme nt a t ion des cotisatio ns,a l l o nge me nt de la durée du temps de travail, réduc t ion des pre s t a t io ns,d é v e l o p p e me nt des fo nds de pens ion), et trouver un fina nc e me nt pour les no u v e l l e sd é p e nses de santé. Les défis sont multiples : vie i l l i s s e me nt, tens io ns sur les système sde pro t e c t ion socia l e, diversité des ma rchés int é r ie u r s, modèle de cons o m ma t ion inex-t e nsible à l’ensemble de la planète. Les réponses lorsqu’elles ex i s t e nt re s t e nt souventna t io na l e s.

Page 12: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 227

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

Au Japon le vie i l l i s s e me nt de la population risque de lui fa i re perdre sa puissanc eé c o no m i q u e. Les re t raites sont me nacées mais égaleme nt toute la hiéra rc h ie de lasociété (salaires au mérite, fin des trois généra t io ns vivant da ns le même fo y e r,nécessité d’augme nter le taux d’activité des femmes et recul de l’âge de la re t ra i t e ) .Aux Etats-Unis le vie i l l i s s e me nt est mo i ns important du fait d’une politique d’immi-g ra t ion active qui re noue avec les gra ndes pério des du passé mais l’avenir de sd i f f é re nts régimes de re t raite est d’autant plus me nacé qu’il est large me nt fina nc épar la capitalisatio n .

- Dans les pays éme rge nts : le poids du no m b reLa re l a t ion ent re la maîtrise de la cro i s s a nce démo g raphique et la cro i s s a nce éco-nomique est ici capitale (différe nce Chine / Inde). Le rôle des go u v e r ne me nts et lespolitiques mises en place sont do nc essent ie l s. On re t rouve enc o re la pro b l é ma t i q u edu développeme nt / s o u s - d é v e l o p p e me nt. A terme le poids de la population chino i s eest un atout fort face aux EUA à niveau de développeme nt égal (idem pour l’Inde ) .La jeunesse de la population et la faible mortalité nécessitent de forts besoins édu-catifs et sanitaire s. La question du vie i l l i s s e me nt va néanmo i ns se poser très vitealors que les systèmes de pro t e c t ion sociale (systèmes de re t raites) sont fa i b l e s.

- Dans les PMA : l’accro i s s e me nt na t u rel hand icape enc o re le développeme ntPays où la cro i s s a nce démo g raphique (même si le no m b re de pays d’Afrique no i rec o n na i s s e nt désormais un ra l e nt i s s e me nt de l’accro i s s e me nt na t u rel) hand ic a p ee nc o re large me nt le développeme nt, pére n n i s a nt les plus mauvais ind ic a t e u r s( mortalité infa nt i l e, IDH…) mais la situa t ion s’amélio re hors des zones de conflit,sauf da ns les pays où l’inc u r ie de l’Etat favorise l’ex t e ns ion du SIDA .D i f f icultés à fina ncer les besoins en “investisseme nts démo g ra p h i q u e s ”. Les campagne sdu cont i ne nt le plus rural de la planète se vide nt da ns des mégapoles. Les zone sd ’ h a b i t a t io ns info r melles se développent et c’est ici que se prépare nt d’après l’ONU,“les conflits du futur”. La tent a t ion de l’émig ra t ion en Afrique prive les Etats de leursfo rces vives.

C. Quelles politiques de la population ?- L’impact des politiques démo g raphiques sur l’avenir des populatio ns Il reste des populatio ns enc o re jeunes mais comme on l’a vu le vie i l l i s s e me nt de sp o p u l a t io ns est une tenda nce lourde. Les populatio ns qui conna i s s e nt une politiquee f f icace de limitation des na i s s a nces vie i l l i s s e nt plus vite : c’est le cas de la Chineda ns un terme assez pro c he. La politique drastique de l’enfa nt unique a aussides effets “c o l l a t é raux” comme la forte ma s c u l i n i s a t ion de la population qui vap rovoquer un pro b l è me de célibat pour des millio ns de jeune s. La chute de la fécon-dité fait que le re no u v e l l e me nt des populatio ns n’est plus assuré.Deux facteurs peuvent fre i ner le vie i l l i s s e me nt au niveau des Etats : les mig ra t io nsde populatio ns qui perme t t e nt, à travers un dy na m i s me démo g raphique accru unra j e u n i s s e me nt (différe nce ent re les EUA, l’Europe occide ntale et le Japon), ou bie n

Page 13: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

228

>>

des politiques de soutien à la natalité (Fra nce tout au long du XX ème siècle).

- Statut et ide ntité du “mig ra nt ”Un pre m ier exemple peut être pris à partir de l’int é g ra t ion des étra ngers da ns l’UE.L’UE compte environ 25 millio ns d’étra ngers essent ie l l e me nt conc e ntrés da ns qua t repays : Allema g ne, Fra nc e, Espagne, Royaume - Uni. La convent ion de Sche nge nr è g l e me nter la circ u l a t ion des personnes qui n’est pas totale da ns l’UE. La questio nde l’int é g ra t ion des étra ngers reste le fait de politiques et de tra d i t io ns na t io na l e s.On oppose généra l e me nt de modèle républicain français d’assimilation, aujourd ’ hu ien crise, au modèle de la société mu l t iethnique du Royaume - Uni. L’A l l e ma g ne amodifié son Code de la na t io nalité pour tenir compte du droit du sol et se ra p p ro-c her de la législation des autres pays de l’UE.Aux Etats-Unis le no m b re de personnes d’orig i ne hispanique atteint désorma i sle chiffre de 45 millio ns. Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2050. Les hispaniquesre p r é s e nt e nt le tiers de la population de la Califo r n ie et du Texa s, plus de 40%au Nouveau Mex i q u e. Défi hispanique, voire “c a uc he mar hispanique” pour S.Hu nt i ngton. Le pays est-il en passe d’évoluer vers deux peuples dotés de de u xc u l t u res ?

- Les pro b l é matiques induites par les dy namiques démo g ra p h i q u e s. Comme nt gére rl ’ ex p l o s ion démo g raphique et le développeme nt du rable ? On re t rouve la re l a t io nse nt re le no m b re et le niveau de vie (Ma l t hu s, Me a do w s, Brundt l a nd). D’ici 2050 lesb e s o i ns alime nt a i res de v ra ie nt do u b l e r. Comme nt nourrir les ho m mes ? Avec quelp ro duc t i v i s me, quel mo de de vie, quel “impact écologique” ? La crise écologique(sols pollués, épuisés, eau gaspillée, réchauffeme nt de la planète) s’ajoute à lacrise sociale (émeutes de la faim). Les défis pour les Etats sont mu l t i p l e s, leursr é s o l u t io ns dépendro nt de réponses globales mais aussi locales.

ConclusionLes dy namiques démo g raphiques et leurs inc ide nces écono m i q u e s, socia l e s, géopo-litiques témo ig ne nt des niveaux de développeme nt comme de la plus ou mo i nsg ra nde efficacité des politiques publiques.Ma i s, et c’est un des atouts de la démo g ra p h ie, ces dy namiques perme t t e nt dedresser l’esquisse d’un tableau des populatio ns d’ici quelques temps à l’échelle dumo nde (9 millia rds d’habitants vers 2050 ?) ou des pays (ra p idité du vie i l l i s s e me nt ,besoin de mig ra nt s, système éducatif) et de définir des me s u res aptes à répondreaux pro b l è mes qui s’anno nc e nt. En “sig na nt l’état du mo nde” elles posentc l a i re me nt la question du devenir de no t re planète da ns la mo nd ia l i s a t io n .

CroquisLes mig ra t io ns int e r na t io nales de population au début du XXIème siècle.

Page 14: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 229

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

P r i ncipaux points à cartogra p h ier :R e p r é s e nter et hiéra rchiser les principaux flux de mig ra nts par des flèche s

Les mig ra t io ns économiques . pays de départ. pays d’arrivée. Corridors mig ra t o i res et zones de tens ion mig ra t o i re (Méditerra n é e, fro nt i è reMexique / EUA )

. pays de tra nsit : Mex i q u e, Ma ro c, Libye, Tu rq u ie …

. espace Sche nge n

. envoi des “re m i s e s ”

Les mig ra t io ns politiques. zones de troubles fuies par les populatio ns. principales zones de réfugiés

Les mig ra t io ns clima t i q u e s. avancées des déserts et déplaceme nt des populatio ns (Sahe l ). régio ns à risques pour les populatio ns (littoraux très bas… Pa y s - B a s,Ma l d i v e s )

SUJET 2

A n a l yse du sujet

Le thème proposé à la réflex ion des cand idats n’est pas déro u t a nt mais la crise éco-nomique qui frappe les Etats-Unis actualise et re nouvelle le questio n ne me nt sur unsujet en appare nce classique. Les cand idats ne pouvant pas ig no rer les aspects récent sde la question, do i v e nt néanmo i ns les replacer da ns un cont exte historique plus vasteda ns le seul but d’apporter une réponse à la question posée.L’ a nalyse du libellé doit perme t t re d’éviter toute confusion avec des pro b l é ma t i q u e sp ro c he s. Il faut d’abord préciser ce qu’il faut ent e ndre par le mot empire qui désig net ra d i t io n ne l l e me nt un ensemble de territoires sous l’autorité ou la dépenda nc ed’un pouvoir. L’ e m p i re américain qua l i f ie la do m i na t ion, voire l’influence exe rcée parles Etats-Unis au plan mo nd ial. L’ o r ig i nalité est ici, que cont ra i re me nt aux autre se m p i res qui se sont succédés da ns l’histoire, les Etats-Unis ne che rc he nt pas à annexe rdes territoires mais à les cont r ô l e r. Les Etats-Unis pre m i è re puissance écono m i q u e, militaire, de la planète ont poura m b i t ion déclarée de fa i re trio m p he r, y compris par les arme s, les valeurs de la démo-c ra t ie et du libéra l i s me partout da ns le mo nde. Ils se déclare nt “l’empire du bie n ”.Le sujet est posé sous une fo r me int e r rogative ce qui doit ame ner les cand idats à

Page 15: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

230

>>

apporter des réponses qui peuvent différer d’un devoir à l’autre sur “la fin de l’empire “.L’ é v a l ua t ion ne se fera pas à partir d’une réponse attendu e, mais de la capacité de sc a nd idats à fa i re un devoir démo ns t ratif à partir de faits sig n i f ia nts couvra nt tout lechamp du sujet (aspects géoécono m i q u e s, géopolitiques, culture l s ) .

Plan proposé

L’ e f fo ndre me nt de l’URSS, la fin de la Guerre fro ide et le trio m p he de l’écono m ie dema rché en République populaire de Chine ont fait des Etats-Unis d’Amérique “l’hy p e r-p u i s s a nce” (H. Védr i ne) de la fin du XXe siècle. La do m i na t ion améric a i ne semble sansp a r t a ge, assiste-t-on alors à “la fin de l’Histoire” ? (Fra ncis Fukuyama). L’ ex t ra o rd i na i rere b o nd économique des années 1990, le recul du chôma ge, le succès des “start-up”a m é r ic a i ne s, faisait que l’on parlait de Ne w - Age. Le XXIe siècle serait améric a i n .Les attentats du 11 septembre 2001 sur le World Tra de Center de New York mo nt ra ie ntde ma n i è re sing u l i è re et symbolique (c’est la pre m i è re fois que les Etats-Unis sont tou-chés sur leur territoire) la vulnérabilité d’une hégémo n ie contestée par une partie dumo nde. En réalité la décomposition du système américain avait fait l’objet de no m-b reuses analyses dès les années 1980. Depuis lors, les difficultés liées à l’enliseme ntm i l i t a i re en Irak, puis à la crise des “subprimes” n’ont fait qu’accélérer le pro c e s s u sde décomposition, anno n ç a nt la fin de l’hégémo n ie améric a i ne.Mais le déclin américain n’est-il pas relatif et gra nde me nt lié à un phéno m è ne dera t t ra p a ge des autres puissances ? Les Etats-Unis ne sont-ils plus que la pre m i è rep u i s s a nce d’un mo nde mu l t i p o l a i re et mu l t ic u l t u rel ? La récente élection de Bara c kO b a ma ne mo nt re-elle pas aussi, l’ex t ra o rd i na i re capacité de re b o nd des Etats-Unis en préfig u ra nt une “nouvelle do n ne” pour l’Amérique et pour les re l a t io nsi nt e r na t io nales ?

I. UN EMPIRE ÉBRANLÉ

A. La décomposition du système américain- La puissance améric a i ne peut-elle soutenir un empire global ? L’ o u v ra ge d’Emma nu e lTo dd, Après l’empire, paru en 2002, analyse la décomposition du système améric a i nqui n’est plus capable selon lui de do m i ner seul le nouveau siècle. Les Etats-Un i sjusqu’à une pério de récente étaie nt facteur d’ordre mo nd ial, ils appara i s s e nt de plusen plus comme facteur de désordre. L’Amérique en serait réduite à attaquer des adver-s a i res ins ig n i f ia nt s, ce qui n’est pas une ma n i è re de se définir de façon convainc a nt ec o m me fort, pour prétendre rester la puissance ind i s p e nsable au mo nde. E. To ddre p re nd la thèse du “mic ro m i l i t a r i s me théâtral”, en fait c’est l’Amérique qui ne peutplus se passer du mo nde, pro j e t a nt son désordre int e r ne sur la planète. Dès lorsl ’Amérique ma i nt ien son activité guerrière au sein de l’Eura s ie pour ma i ntenir sa “c e n-t ralité” fina nc i è re.

Page 16: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 231

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

- Le déficit du comme rce ex t é r ieur est “un go u f f re sans fo nd ”. Le cre u s e me nt du défi-cit résulte des effets de la conc u r re nce asiatique da ns les indu s t r ies tra d i t io n ne l l e smais il conc e r ne aussi struc t u re l l e me nt la haute techno l o g ie. Pour enrayer cetted é g ra da t ion les Etats-Unis ma n i p u l e nt le do l l a r, mu l t i p l ie nt les barrières no nt a r i fa i res et les subvent io ns. Le crédit et la surc o ns o m ma t ion des ména ges fa v o r i s e ntu ne bulle spéculative généra t r ice de désordres planétaire s.

- L’ampleur du déficit budg é t a i re, dopé après le 11 septembre par l’exe rc ice de lap u i s s a nce militaire. A cela s’ajoute les déficits des Etats et des collectivités territoria l e s.

- “L’Amérique en faillite ?” L’ampleur de l’ende t t e me nt américain (dette publique, de t t edes ména ge s, dette des ent reprises) atteint des pro p o r t io ns abyssales et pèse sur lesg ra nds équilibres mo nd iaux. Les Etats-Unis sont en position de débiteur net vis-à-visdu reste du mo nde, mais la dette étant libellée en do l l a r s, ce sont les prêteurs quia s s u me nt les risques de change.

B. L’ e m p i re défié : le choc du 11 septembre 2001- Depuis la fin de la guerre fro ide, les Etats-Unis “ge nda r mes du mo nde”, agissent par-tout da ns le mo nde au nom des valeurs de la démo c ra t ie libérale visant à ins t a u rer un“ nouvel ordre mo nd ia l ”. Ils int e r v ie n ne nt da ns le conflit Yo u go s l a v e, en Afrique (Za ï re,S o ma l ie, Libéria), en Afghanistan, mène nt la guerre du golfe en 1991 pour chasserS a ddam Hussein du Koweït. Les attentats du 11 septembre 2001 ent ra î ne nt unc h a nge me nt profo nd. Les Etats-Unis touchés sur leur pro p re territoire par les atten-tats menés par AL-Qaïda semblent vulnérables face au terro r i s me. Ils lanc e nt alorsu ne véritable cro i s a de cont re les “Etats voyous” et int e r v ie n ne nt en Irak en ma r s2003, cont re l’avis des Na t io n - Un ie s, en vio l a t ion du droit int e r na t io nal. La perte delégitimité est flagra nt e.

- Les actio ns menées en Afghanistan (2001) et en Irak (2003) par la pre m i è rep u i s s a nce militaire du mo nde s’enlisent da ns une guerre sans fro nt faite de guérilla etd ’ a t t e nt a t s. L’ i ma ge des Etats-Unis est ternie, les intérêts améric a i ns et ceux de leursalliés sont partout me nacés da ns le mo nde comme le mo nt re nt les attentats d’Ade n ,de Djedda, de Riyad, du Sinaï, de Sharm el-Sheik, de Ka rachi, de Casablanca, de sP h i l i p p i ne s, de Ma dr id et de Londre s.

- Les Etats-Unis ont multiplié, sans gra nd suc c è s, les sanc t io ns cont re les payse n ne m i s. Elles vont de l’embargo général, à des me s u res spécifiques telles quele blocage des avoirs da ns les banques aux Etats-Un i s. Elles no u r r i s s e nt partoutl ’ a nt i - a m é r ic a n i s me qui se manifeste lors des réunio ns de l’OMC ou du G8.- Les Etats-Unis sont pris da ns le piège de jeux cont ra d ic t o i res : ils soutie n ne nt lesmo na rc h ies pétro l i è res du golfe et défende nt leur allié Is ra é l ien, ils tent e nt de se

Page 17: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

232

>>

ra p p ro c her des anc ie n nes républiques d’As ie cent rale au risque de mécont e nter laR u s s ie qui se sent enc e rc l é e. Leur int e r v e nt ion en Irak semble cont re pro ductive da nsla me s u re où elle fait le jeu de l’Iran chiite. Barack Obama, no u v e l l e me nt élu, vie nt ded é c ider le re t rait des troupes de l’Ira k .

C. La crise des subprimes : la fin de l’hégémonie américaine ?- La crise des subprimes porte-t-elle en ge r me la fin de l’hégémo n ie améric a i ne ? Po u rL a u re nt Carroué (Ima ges Economiques du Mo nde 2009) il faut réins c r i re cette criseda ns toutes ses dime ns io ns socia l e s, territoriales et géopolitiques. La crise int e r ro gesur le devenir de la puissance des Etats-Unis car elle “a p p a raît bien comme unecrise systémique qui s’inscrit da ns un cadre plus large avec la chute du do l l a r, la criseé ne rgétique et l’impasse stratégique des bourbiers Ira k ie ns et Afghan. Elle sig ne unefin de cycle historique du fait des cont ra d ic t io ns accumulées en int e r ro ge a nt le cœurm ê me du modèle de développeme nt états-unie n ”.

- La crise qui secoue l’écono m ie mo nd iale est la plus grave que le mo nde ait connu edepuis 1929. Elle est née aux Etats-Unis à l’été 2007 sur le ma rché des crédits hy p o-t h é c a i res à risques, les subprime s. L’ a u g me nt a t ion des taux de re m b o u r s e me nt ruine5 millio ns de ména ges améric a i ns et fait peser des risques d’implosion socia l e. Lacrise immo b i l i è re de v ie nt fina nc i è re ent ra î na nt la na t io na l i s a t ion des deux age nc e sde crédits hy p o t h é c a i res Fannie Mae et Fre dd ie Ma c. A l’automne 2007 elle se géné-ralise au cœur du système fina nc ier américain pour s’étendre du fait des lie nsf i na nc iers tra ns c o nt i ne ntaux tissés ent re les pôles do m i na nts (début de l’année 2008)à l’ensemble des places fina nc i è re s, no t a m me nt euro p é e n ne s.

- La faillite de la banque Lehman Bro t hers le 15 septembre 2008 peut être comparéepour son importance au jeudi noir de 1929, elle clôt le cycle dominé par l’ouverturedes fro nt i è res et la dérégulation, mais aussi la supréma t ie absolue des Etats-Unis etde l’Occide nt da ns le pilotage de l’écono m ie de ma rché (N. Baverez). La crise me na c etoute l’écono m ie du capitalisme mo nd ialisé. Des secteurs clés comme celui de l’auto-mobile sont partic u l i è re me nt touc h é s. L’ E u rope et le Japon sont plongés da ns lar é c e s s ion. La crise s’étend aussi aux pays éme rge nt s. Le taux de chôma ge s’envole ;Les Etats sont appelés au secours, aux Etats-Unis Citig roup et Bank of América sontde facto na t io na l i s é s. Le sommet du G20 à Londres en appelle au mo i ns verbaleme nt ,à l’esquisse d’une go u v e r na nce mo nd iale légitime et do n ne plus de mo y e ns au FMI.Est-ce la fin du my t he de l’autorégulation et de l’hy p e r p u i s s s a nce améric a i ne ?

II. LA RÉSISTANCE DE LA RÉPUBLIQUE IMPÉRIALE

Le déclin des Etats-Unis d’Amérique est souvent présenté comme irrémédia b l e, ilp r é f ig u re rait la fin de l’empire. Force est de constater que par bien des aspects la

Page 18: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 233

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

p u i s s a nce améric a i ne se manifeste plus que jamais sur l’ensemble de la planète.

A. Une hégémonie économique confortée par la mondialisation- Avec seuleme nt 5 % de la population mo nd iale les Etats-Unis disposent de près dut iers de la ric hesse mo nd ia l e.

- La do m i na t ion améric a i ne est partic u l i è re me nt forte da ns le secteur des hautest e c h no l o g ie s. Les Etats-Unis sont passés ma î t res da ns le processus qui mène del ’ i n no v a t ion à la pro duc t ion et à la diffusion de nouveaux pro duits à l’échelle mo n-d ia l e. Ils sont à la pointe da ns les techno l o g ies de l’info r ma t ion, des na no t e c h no l o-g ie s, du génie bio l o g i q u e, des ma c h i nes outils, de l’avio n i q u e, des moteurs (G. Dore l ) .

- Les FMN améric a i nes exe rc e nt un pouvoir économique mo nd ial, elles re p r é s e nt e nt let iers des sociétés du top 100. Parmi les firmes mu l t i na t io nales on citera : Généra lMo t o r s, Ford, Général Electric, Exxon, Che v ron, IBM, Texas Ins t r u me nt s, Dell, HP, Int e l .

- L’ i ndu s t r ie aéro nautique (Boeing, Lookheed et Raytheon) malgré la conc u r re nc ed ’Airbus reste la pre m i è re du mo nde.

- Mic ro s oft, Cisco, Google règne nt sur la cyberplanète.

- Wa l - Mart est le pre m ier groupe mo nd ial de la gra nde distributio n .

- Les IDE améric a i ns da ns le mo nde se sont cons id é ra b l e me nt développés avec la mo n-d ia l i s a t ion. Les implant a t io ns sur le ma rché européen, les délocalisatio ns des indu s-t r ies de main d’oeuvre vers les pays éme rge nts (Chine) ou l’Amérique latine (Mex i q u e )p a r t ic i p e nt à la mise en place de la nouvelle DIT.

- La puissance de l’agro indu s t r ie et l’arme alime nt a i re. La diffusion des OGM da ns lemo nde (Mo ns a nt o ) .

- Le choix du libre échange généralisé que le go u v e r ne me nt essaie d’imposer (négo-c ia t io ns au sein de l’OMC) et la supréma t ie du dollar principale mo n na ie de réserve de sbanques cent rales et mo n na ie des échanges int e r na t io na u x .

- Le rôle du NYSE (40% de la capitalisation boursière mo nd iale) et du Na s daq. Lesfo nds de pens io n .

B. Une puissance militaire globale- Le budget américain de la défense re p r é s e nte à lui seul près de la moitié de sd é p e nses militaires de la planète. Les comma ndes de l’Etat fédéral fo nt vivre un gig a n-tesque complexe militaro - i ndu s t r iel (Lookheed Martin, Boeing, Raytheon, Gene ra l

Page 19: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

234

>>

D y na m ics) qui mobilise les hautes techno l o g ies et accorde une part importante àla re c he rc he do n na nt à l’armée améric a i ne un avant a ge techno l o g i q u e. Le systèmeé c helon constitué ent re autres par un réseau de satellites permet d’int e rcepter lest é l é c o p ie s, les commu n ic a t io ns téléphoniques ou les courriels sur toute la planète.

- La dissua s ion nuc l é a i re, le “bouc l ier antimissile” qui sanc t uarise le territoire, la luttea nt i t e r roriste et la capacité de déploie me nt de fo rces partout da ns le mo nde cons t i-t u e nt les piliers de la stra t é g ie améric a i ne de défens e.

- Le dispositif d’emploi des fo rces armées améric a i nes est mo nd ial. Il repose sur unes t r uc t u re d’états-majors do nt cinq sont à vocation géographique et qua t re à vocatio nfo nc t io n ne l l e. Les Etats-Unis peuvent ainsi déployer 400 000 soldats sur des terra i nsd ’ o p é ra t io ns loint a i ns, cont re 60 000 pour la Russie.

- La puissance militaire améric a i ne s’appuie sur un réseau d’allia nces mis en placedu ra nt la guerre fro ide. L’ OTAN créée en 1949 pour fa i re face à l’URSS en est l’exe m p l ele plus achevé. L’ OTAN s’est cont i nu e l l e me nt élarg ie : à la Grèce, à la Tu rq u ie, à la RFA ,à l’Espagne puis après la chute du mur de Berlin aux pays d’Europe cent rale et orie n-tale (Po l o g ne, Tc h é q u ie, Ho ng r ie, Rouma n ie, Bulgarie, Slovaquie, pays Baltes).L’ U k ra i ne, la Mo l da v ie et la Géorg ie ont fait leur de ma nde pour int é g rer l’OTAN. Lar é c e nte int e r v e nt ion Russe en Géorg ie est à replacer da ns ce cont ex t e. Les Etats-Un i sre c he rc he nt aussi des coalitio ns limitées pour la phase militaire des guerres (guerredu Golfe, Afghanistan, Ira k ) .

C. . Hard power et soft powe r- Dans les années 1990, le secrétaire adjoint à la défense Joseph S. Nye propose unenouvelle définition de la puissance améric a i ne. Si le “hard power” utilise les mo y e nsp o l i t i q u e s, militaire s, économiques pour imposer par la coerc i t ion voire par la fo rce sap u i s s a nce au reste du mo nde, le soft power au cont ra i re met l’accent sur la capacitéde séduc t ion du modèle américain. C’est par la puissance do uc e, c'est-à-dire la capa-cité de convainc re autant que de vainc re, que les Etats-Unis imposent au reste dumo nde leurs no r me s, leurs valeurs (démo c ra t ie, libéra l i s me économique…), no t a m-me nt par des pro duits culturels comme le cinéma d’Ho l l y w o o d. L’A me r ican way of life,l ’ a m é r ic a n i s a t ion du mo nde, tant décriée par ailleurs, se diffuse da ns le mo nde enu t i l i s a nt le levier de la mo nd ia l i s a t io n .

- Pour Joseph S. Nye le cinéma américain apparaît comme un éléme nt fo nda me ntal dus oft power. Le mo nde ent ier est ino ndé de films améric a i ns (85% du ma rché mo nd ia l )qui diffusent le bonheur consumériste des Etats-Un i s. Les accords Blum-Byrnes (1946)o u v ra ie nt déjà les écra ns français au cinéma américain cont re une annu l a t ion partie l l ede la dette de guerre. Au j o u rd ’ hui, les séries télévisées, les blockbusters, la mu s i q u e,les parcs de loisirs (Disne y l a nd) diffusent une culture de masse améric a i ne.

Page 20: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles 235

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

- Pour les Etats-Unis les pro duits culturels étant cons idérés comme une ma rc h a nd i s e,do i v e nt être soumis à la libre conc u r re nce (cycle de Doha ouvert en 2001). La Fra nc ee s s a ie de s’y opposer en me t t a nt en avant l’exc e p t ion culture l l e.

- Le soft power s’ex p r i me à travers les pro duits et les “ma rques” comme Coca-Cola, McD o na l d ’ s, Levis Stra u s s, Ame r ican Expre s s, Mic ro s oft, You Tu b e, Intel, Disne y …

- Le pouvoir attractif des Etats-Unis se me s u re enfin au no m b re d’étud ia nts étra nge r sp r é s e nts sur le territoire na t io nal (plus du tiers des 3 millio ns d’étud ia nts à l’étra nge rda ns le mo nde). Ceux-ci, une fois les diplômes acquis, diffusent aussi le mo d è l ea m é r icain partout da ns le mo nde et no t a m me nt en As ie.

Cette puissance améric a i ne sans rivale, qui combine aussi bien le hard power que les oft power doit être nua nc é e.

III LA FIN DES ILLUSIONS : LEADERSHIP PLUS QU’EMPIRE

A. L’ é rosion de la superpuissance américaine dans la phase actuelle de lam o n d i a l i s a t i o n- Les déficits améric a i ns “jumeaux” sont “surfina ncés” par l’étra nge r. Certes lama c h i ne améric a i ne “recycle” cet apport ex t é r ie u r, soit aux USA, soit en réint é g ra ntu ne partie des bons du trésor fina ncés par la Chine ou le Japon vers des IDE. On parled’un “équilibre des déséquilibre s ”. En valeur, les ex p o r t a t io ns de ma rc h a ndises améri-c a i nes sont au 3e ra ng mo nd ial. Les Etats-Unis ont été dépassés par l’A l l e ma g ne en2003, puis par la Chine en 2007. La puissance fina nc i è re vie nt d’être cons id é ra b l e me nta f fa i b l ie par la crise actuelle. La surc o ns o m ma t ion économique comme substitut dep u i s s a nce ne peut se poursuivre éterne l l e me nt .

- Plusieurs débats importants peuvent contribuer à fragiliser da ns un pre m ier tempsles Etats-Unis : les inégalités et la re d i s t r i b u t ion int e r ne de la ric hesse (40 millio nsd ’ a m é r ic a i ns sans pro t e c t ion sociale), une certaine perte de confia nce da ns la de t t ea m é r ic a i ne, la tournu re des évène me nts en Afghanistan et en Irak fa i s a nt peser de sdoutes sur la supériorité stratégique absolue.

- Un risque de repli sur l’Etat-Na t ion : c’est ce de r n ier qui démo nt re pour l’ins t a nt las o l idité de ses struc t u res si l’on ne parvenait pas à cons o l ider les ins t a nces de régu-l a t ion supra na t io nales et que l’espace économique mo nd ial se fra g me ntait. Les “BigT h ree” me nacés de disparition fo nt appel à l’int e r v e nt ion publique pour éviter lena u f ra ge. La crise pose à la nouvelle adm i n i s t ra t ion améric a i ne des défis de politiquepublique et indu s t r ielle inédits.

Page 21: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

236

>>

- Ind ice ambigu : l’ent re p r i s e. Si l’on pre nd en cons id é ra t ion le classeme nt des 500p re m i è res ent reprises mo nd iales par leur capitalisation depuis 1998 on constate quela part des Etats-Unis est passée de 58% à 41%, celle de l’Europe est restée stable(1/3 du total), tandis que la part du capital des pays éme rge nts est passée de 2% à20%. Cependa nt, en compara nt les ent reprises euro p é e n nes et améric a i nes da ns letop 500, on se re nd compte que les euro p é e n nes sont bien plus vie i l l e s. En Euro p e,3 ont été créées après 1975, cont re 26 aux Etats-Un i s. Ceci mo nt re l’importance del ’ i n no v a t ion techno l o g i q u e, la fo rce du lien ent re les ent reprises et les me i l l e u res uni-v e r s i t é s, le rôle aussi du brain drain. Le tout aboutissant à une écono m ie améric a i netoujours plus schu m p é t é r ie n ne où la “de s t r uc t ion créatrice” semble plus opéra nt equ’en Euro p e, do nc mieux à même de relever les défis.

B. L’ é volution de la posture internationale des Etats-Unis- L’essor économique des années 1990 avait nourri aux USA un “c o m p l exe duvainqueur”, et une tenda nce à l’unilatéra l i s me. Cependa nt l’adm i n i s t ra t ion Clint o np ro mouvait enc o re l’idée assez positive que la mo nd ia l i s a t ion (globalisation) et lad é mo c ra t i s a t ion ma rc h a ie nt de concert, même si les salariés étaie nt inquiets pourleurs emplois, que les inégalités ne régre s s a ie nt guère, et que le terro r i s me semo nt rait de plus en plus me na ç a nt .

- L’ a dm i n i s t ra t ion Bush a rompu avec l’idée d’une “a p p ro c he coopérative” de la globa-l i s a t ion. Les attentats du 11 septembre lui fo nt désig ner un nouvel ennemi, ellee s t i me avoir droit à la guerre prévent i v e, le tout avec l’int é r io r i s a t ion du concept de“c hoc des civilisatio ns ”. Les Etats-Unis pens e nt être en droit d’exporter la démo c ra t ie(et le ma rché) par la fo rc e.

- Le nouveau pouvoir, celui d’Obama, même s’il manifeste la plus gra nde prude nce etun vrai souci de cont i nuité, est égaleme nt souc ieux d’une me i l l e u re ima ge ex t é r ie u redes Etats-Un i s, et va sans doute fa i re preuve d’une bien me i l l e u re capacité d’écouteet de dia l o g u e. Cependa nt la gravité de la crise économique est un éléme nt do nt ilfaut aussi tenir le plus gra nd compte : il n’est pas exclu que da ns le but de pro t é ge rles secteurs économiques me na c é s, la nouvelle adm i n i s t ra t ion fasse preuve d’unilaté-ra l i s me, voire de pro t e c t io n n i s me ou de na t io na l i s me.

- En partic i p a nt au sommet du G 20 à Londres le 2 avril 2009 les Etats-Unis d’Obamao nt accepté l’idée d’une go u v e r na nce mo nd iale légitime et partagée. Améric a i ns,R u s s e s, Chino i s, Brésilie ns, Euro p é e ns se sont accordés sur une lecture commu ne dela crise et ont décidé d’injecter jusqu’à 1350 millia rds de dollars pour re l a ncer l’éco-no m ie mo nd ia l e. L’ a c c o rd reste flou sur le fina nc e me nt mais il mo nt re bien que lesE t a t s - Unis ne sont plus les seuls ma î t res à bord. Le “gra nd gagna nt” a été le Fond smo n é t a i re int e r na t io nal do nt les re s s o u rces vont tripler.

- Les désordres fina nc ie r s, la crise alime nt a i re, l’inégal développeme nt, le réchauffeme nt

Page 22: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

c l i ma t i q u e, les conflits régio naux, la pro l i f é ra t ion nuc l é a i re, l’aggra v a t ion des tens io nsNo rd - S ud appellent des no r mes et des régulatio ns commu ne s. L’ a c t ion améric a i ne seradécisive mais elle nécessitera plus de mu l t i l a t é ra l i s me.

C. La pre m i è re puissance parmi d’autre sLe nouveau positio n ne me nt américain est le résultat d’une évolution due à plusie u r sc a u s e s. Pie r re Ha s s ne r, directeur de re c he rc hes au CERI résume bien la situa t io n .

- D’abord le bilan désastreux de George W. Bush, no t a m me nt en Irak, ce qui à ent ra î n éla chute de popularité des Etats-Unis chez leurs alliés tra d i t io n nels (Allema g ne,Tu rq u ie) et la méfia nce chez les autre s.

- De façon plus struc t u relle la mo ntée en puissance de pays éme rge nts et le partagede la puissance no t a m me nt avec la Chine et la Russie qui anno nc e nt la fin du “pré-t e ndu mo me nt unipolaire ”. La Chine est le “gra nd challenger” tandis que la pro l i f é ra-t ion nuc l é a i re désig ne de nouveaux pôles de puissanc e, tel l’Ira n .

- Le change me nt même de la na t u re de la puissance da ns les re l a t io ns int e r na t io na l e s.La pre m i è re puissance militaire du mo nde à du mal à trio m p her des fo rces de guérilla,de terroristes na t io nalistes ou re l ig ieux. Il faut aussi gagner la bataille de l’opinio n( G ua nt a na mo) et fina ncer la re c o ns t r uc t ion (Irak) pour exe rcer toutes les fo r mes de lap u i s s a nc e. Ce qui paraît de plus en plus irréalisable comme le mo nt re la perma ne nc ede l’opposition altermo nd ialiste da ns le mo nde qui ex p r i me aussi le rejet de la “c u l t u rea m é r ic a i ne ”.

- Le de r n ier facteur qui contribue à dissiper l’illusion de la toute puissance améric a i neest celui de la crise écono m i q u e, écologique et socia l e. Les Etats-Unis absorbent à euxseuls 20% de la cons o m ma t ion éne rgétique mo nd iale et sont les principaux pollueurs.Ils fo nt fig u re d’accusés et jusqu’ici l’adm i n i s t ra t ion Bush s’est mo ntrée dépassée oupeu coopéra t i v e.

- Il reste pourtant aux Etats-Unis le capital hu main. Celui d’une population re l a t i v e me ntj e u ne et qui profite du brain dra i n .

C o n c l u s i o nLes Etats-Unis n’ont pas été dévorés par le Japon comme on le croyait da ns les années1980. Sero nt-ils de main dépassés par la Chine ? Le pays a choisi un modèle dec ro i s s a nce qui vie nt de s’effo ndre r. Leur rôle da ns la mo nd ia l i s a t ion reste ambigu. Lel e a dership américain de me u re da ns bien des do ma i nes ; mais les Etats-Unis de v ro ntp a r t a ger leur puissance da ns un mo nde désormais mu l t i p o l a i re. Ils de v ro nt accepter quedes intérêts différe nts des leurs soie nt satisfaits et fa i re évoluer leur mo de de vie versun développeme nt plus du ra b l e. Ici on peut cons id é rer que “l’Empire” américain a vécu.

237

>>

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT

Page 23: Ecricome09 ecs hggmc+c

Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

ESPRIT DE L’ E P R E U V E

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

SUJET CORRIGE RAPPORT

COMMENTAIRESLa mo y e n ne générale est de 10.30 et l’écart type de 3.39. Plus des deux tiers des can-d idats ont choisi le sujet sur la fin de l’empire américain qui a été mieux traité que lesujet 1 portant sur la démo g ra p h ie.S y nthèse des principales re ma rques faites par les corre c t e u r s.

SUJET 1Le sujet a semble-t-il été choisi par des cand idats qui ont voulu se ra s s u rer avecles do c u me nts fournis et la carte à réaliser. C’est ici que l’on trouve les mo i nsb o n nes copie s, avec des cand idats se cont e nt a nt d’une para p h rase servile des tex-tes sans définir convena b l e me nt les termes du sujet et ne conna i s s a nt pas lesno t io ns démo g raphiques éléme nt a i re s. Ce n’est que très ra re me nt que les copie sa b o rde nt l’ensemble des pro b l é matiques : l’inégale cro i s s a nce démo g ra p h i q u eet ses implic a t io ns, le vie i l l i s s e me nt, les mig ra t io ns, l’urbanisation, leurs cons é-q u e nces de toute na t u re... Trop de plans re s s e m b l e nt à des catalogues de re ma rq u e s,d é c a l q ua nt littéra l e me nt le libellé du sujet. Des compositio ns parfois très courteset inc o m p l è t e s. Le sujet s’est révélé diffic i l e. Nous avons trouvé ici un lot de copie sp a r t ic u l i è re me nt fa i b l e s.

Les notes n’ont pas été relevées par les croquis jugés ins u f f i s a nt s, inc o m p l e t s,i m p r é c i s, s’éloig na nt du thème proposé. De no m b reux cand idats ont tenté dec o m p e nser leurs faiblesses par des lége ndes inu t i l e me nt bavardes (les cartes sontp a r fois réduites à des lége ndes). De no m b reuses localisatio ns d’Etats sont sansrapport avec le sujet, les flux pas hiéra rc h i s é s, les bassins émetteurs et récepteurss o nt souvent ig no r é s, les mo u v e me nts de réfugiés absent s …

Les croquis réalisés ne sont la plupart du temps que la simple du p l ic a t ion, plus oumo i ns réussie d’une carte apprise en cours. Ce type d’exe rc ice sera abandonné parE C R ICOME pour le prochain concours et remplacé par un comme nt a i re de carte.

SUJET 2Sujet plébiscité par la majorité des cand idats avec un niveau plus relevé. L’ i m p re s s io nprévaut que les meilleurs cand idats ont plutôt choisi ce sujet. Quelques défa u t sr é c u r re nts : la no t ion d’empire n’est pas définie, ni int e r ro g é e, des pro b l é ma t i q u e ss o nt détournées et tra i t e nt du modèle américain, du capitalisme américain ou de laplace des Etats-Unis da ns le mo nde. La fo r ma t ion de l’empire américain est souventd é v e l o p p é e, alors que sa remise en cause qui est le cœur du sujet est envisagéeb r i è v e me nt. Les correcteurs ont été frappés par le bon niveau des conna i s s a nc e sl a i s s a nt appara î t re l’intérêt des étud ia nts pour ce thème. Certains corre c t e u r s

238

>>

RAPPORT

Page 24: Ecricome09 ecs hggmc+c

a i n Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain

EPREUVES SPECIFIQUESannales officielles

s ig na l e nt le plaisir qu’ils ont eu à corriger le sujet. Un sujet qui fina l e me nt a étésélectif au niveau de l’actualité certains ont fait l’impasse sur la crise actuelle et deses enc h a î ne me nt s. La dime ns ion géopolitique a été bien traitée da ns les très bonne sc o p ie s.

Au total l’impre s s ion générale qui prédo m i ne est que les cand idats ont beauc o u pappris mais qu’ils do i v e nt aussi mieux valoriser leurs savoirs.

Des corrigés sont présentés à titre d’exe m p l e s, nous souhaitons qu’ils puissent aide rles futurs cand idats da ns leur prépara t io n .

239

ESPRIT DE L’ E P R E U V E SUJET CORRIGE RAPPORT