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Journal de Traumatologie du Sport 30 (2013) 229–231

Cas clinique

Rupture post-traumatique négligée du retinaculum extensorum à la cheville.À propos d’un cas et revue de la littérature

Post-traumatic neglected rupture of retinaculum extensorum at the ankle. A case-report andliterature review

M.-A. Benhima a,∗, M.-D. El Amrani b, Y. Najeb a, T. Fikry a

a Service de traumatologie orthopédie. CHU Mohammed VI, Marrakech, Marocb Département d’anatomie, faculté de médecine et de pharmacie, université Cadi-Ayyad, Marrakech, Maroc

Disponible sur Internet le 13 novembre 2013

ésumé

La rupture post-traumatique du retinaculum extensorum (RE) à la cheville est rare et est à l’origine d’une subluxation tendineuse (effet corde)t d’un dysfonctionnement à type de fatigue et de perte de force de la cheville. Nous rapportons l’observation d’un patient de 35 ans, pratiquante full contact depuis 20 ans, victime deux ans auparavant d’un accident de sport, suite à un coup de pied dans un sac de frappe, au cours d’uneéance d’entraînement responsable d’une rupture du RE de la cheville. L’imagerie (échographie et IRM) a permis de conforter l’examen cliniquet de poser le diagnostic de rupture de la bande inférieure du retinaculum avec subluxation des tendons du tibialis anterior et de l’extensor hallucisongus, sans autre anomalie tendineuse associée. La prise en charge a consisté en une plastie locale du RE. Au dernier recul (6 mois), le patientst satisfait du résultat et est en cours de reprise de son activité sportive initiale. À travers notre observation et une revue de la littérature, nousenterons de revoir l’anatomie du RE à la cheville et d’analyser les causes et les conséquences de sa rupture ainsi que l’apport de l’imagerie dans’analyse de cette structure anatomique.

2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

ots clés : Cheville ; Retinaculum extensorum ; Rupture négligée ; Sportif

bstract

Post-traumatic ruptures of the retinaculum extensorum (RE) to the ankle is rare and behind a tendinous luxation, of a rope effect, tiredness andeakening or loss of strength. We report the observation of a patient aged 35 practicing full contact for 20 years, victim of a sports accident twoears before upon a foot kick in the kicking bag during a training session bringing about a rupture of the RE at the ankle. Imagery (echography andRI) made sure the clinical exam and to call for the diagnosis of the rupture of the lower band of the retinaculum with subluxation of the tendons

f the tibialis anterior and of the extensor hellucis longus. The take in charge consisted of a local plasty of the RE. On the relapse (6 months),he patient is satisfied with the outcome and taking back to his initial sports activity. Through our observation and a review of the literature, wettempt to review the anatomy of the RE to the ankle and to analyze the causes and the consequences of its rupture as well as the usefulness of the

magery in analyzing its anatomic structure. The rupture of the RE is a rare affection mainly affecting sports persons. They can be unseen and mayompromise the sports career of athletes. A meticulous clinical exam and targeting imagery as well as an adequate take in charge allow avoidinghis unwanted evolution.

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eywords: Ankle; Retinaculum extensorum; Neglected rupture; Sports man

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (M.-A. Benhima).

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762-915X/$ – see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.ttp://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2013.10.006

. Introduction

La rupture du retinaculum extensorum (RE) à la cheville estne affection rare touchant principalement le sportif [1–3]. Elleisque de passer inapercue et de compromettre la carrière spor-

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antérieure de la cheville, permettant de maintenir les tendons

ig. 1. Saillie exagérée des tendons des extenseurs à la face antérieure de laheville lors de l’extension contrariée.

ive de l’athlète [3]. Seuls un examen clinique minutieux et unemagerie ciblée ainsi qu’une prise en charge adéquate permettent’éviter cette évolution préjudiciable [2,4,5].

. Observation

Il s’agit de Monsieur T.A., 35 ans, sans antécédents par-iculiers, ni notion de prise médicamenteuse, sportif amateurratiquant le full contact depuis l’âge de 15 ans. Deux ans plusôt, au cours d’une séance d’entraînement (coup de pied gaucheans un sac de frappe), il subit un traumatisme avec perception’un claquement à la face antérieure de sa cheville gauche : dou-eur, œdème et impotence fonctionnelle. Croyant que ce n’étaitu’une simple entorse, le patient s’est automédiqué et a tenté deeprendre le sport un mois plus tard. Le patient constate alorsne saillie anormale des tendons extenseurs au niveau de sonoup-de-pied (Fig. 1), une perte de force et une fatigabilité plus

mportante au niveau de sa cheville. Cette gêne était de plus enlus importante et se manifestait même lors de la marche. Aprèslusieurs consultations, sans qu’aucun diagnostic ne soit posé,

tes

Fig. 2. IRM de la cheville visualisant la subluxation des tendons tib

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e patient s’est résigné à se confectionner un bandage serré deheville qui, selon lui, faisait diminuer la douleur et la fatigabi-ité de sa cheville sans lui permettre toutefois la reprise de sonport.

Admis à notre consultation, l’examen comparé des deux che-illes montrait une saillie exagérée des tendons extenseurs auiveau du coup-de-pied lors de la flexion dorsale contrariée. Lesobilités passive et active de la cheville gauche étaient normales

vec une légère faiblesse du côté lésé. La radiographie standardtait normale. L’échographie a visualisé une rupture du RE auiveau de cette cheville avec subluxation du tendon du tibialisnterior (TA) et de l’extensor hellucis longus (EHL) avec « effetorde ». L’IRM a confirmé le diagnostic de rupture du retina-ulum inférieur des extenseurs et n’a pas objectivé d’anomaliesorphologiques des tendons du TA et de l’EHL (Fig. 2).Devant la gêne induite par cette luxation tendineuse, le patient

été opéré par une voie d’abord en Z à la face antérieure de laheville, permettant la réfection du RE selon une plastie locale,n faisant pivoter un lambeau rectangulaire au dépend de laande supérieure du RE autour d’une charnière latérale (Fig. 3).es suites opératoires ont été simples avec port d’une attelle à0◦ pendant 6 semaines, puis rééducation progressive. Au der-ier recul (6 mois), le patient est satisfait du résultat et est enours de reprise de son activité sportive initiale.

. Discussion

La rupture post-traumatique négligée du RE à la cheville estne affection rare touchant principalement le sportif [1,3]. Uneevue de la littérature francophone et anglo-saxonne (Pubmed,ascal) n’a retrouvé que deux publications concernant la ruptureu RE à la cheville prise en charge à la phase aiguë [1], ouubaiguë (15 jours) [3].

Le RE est une structure fibreuse solide, située à la face

ibialis anterior, extensor hallucis, extensor digitorum longust peroneus tertius plaqués contre le squelette de la cheville auein de tunnels ostéo-fibreux [6,7]. Ceci permet d’éviter l’effet

ialis anterior et extensor hellucis longus avec « effet corde ».

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[extensor retinacula revisited. Clin Anat 2007;20:186–95.

[7] Stecco C, et al. The ankle retinacula: morphological evidence of the pro-

ig. 3. Aspect peropératoire de la plastie locale du retinaculum extensorum.

orde et de rentabiliser au maximum la transformation duaccourcissement linéaire du muscle transmis par le tendon enn mouvement angulaire (flexion dorsale de la cheville) [5,6].

Le RE est disposé en deux faisceaux, supérieur et inférieur,onvergeant vers la face latérale de la cheville [4,5,7]. C’est unetructure superficielle facilement explorée à l’échographie et à’IRM, de même que les autres structures de voisinage [4,5,7].a rupture du RE est surtout mise en évidence par la subluxation

endineuse des coupes sagittales et axiales [6].La rupture du RE fait suite à une tension excessive des tendons

xtenseurs de la cheville lors d’une extension contrariée [1,3]. Leendon prend alors la corde et, par un mécanisme de « fil à coupere beurre », rompt le RE [1,3]. Ce dernier peut être fragilisé par

es microtraumatismes répétés comme chez notre patient quiratiquait le full contact depuis 20 ans. La rupture du RE esteaucoup moins fréquente que celle des tendons, notamment le

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A qui est souvent, dans ce cas, sujet à des lésions préexistantes4].

Notre patient présentait une rupture du faisceau inférieur avecne luxation de l’EHL et du TA, à l’origine d’un « effet corde »isgracieux et d’une fatigabilité de la cheville. La rétraction deserges nous a conduit à la réalisation d’une plastie locale du REermettant de plaquer les deux tendons contre le squelette.

Les suites opératoires sont généralement simples avec immo-ilisation plâtrée pendant 6 semaines, puis physiothérapie eteprise progressive du sport [1,3].

. Conclusion

La rupture du RE est une affection rare touchant prin-ipalement le sportif. Elle risque de passer inapercue et deompromettre la carrière sportive de l’athlète. Seuls un exa-en clinique minutieux et une imagerie ciblée, ainsi qu’une

rise en charge adéquate, permettent d’éviter cette évolutionréjudiciable.

éclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

éférences

1] Akhtar M, Levine J. Dislocation of extensor digitorum longus tendons afterspontaneous rupture of the inferior retinaculum of the ankle. Case report. JBone Joint Surg 1980;62A:1210–1.

2] Demondion X, et al. Retinacular disorders of the ankle and foot. SeminMusculoskelet Radiol 2010;14:281–91.

3] Tytherleigh-Strong G, Baxandall R, Unwin A. Rupture of the ankle extensorretinaculum in a dancer. J R Soc Med 2000;93:638–9.

4] Lee MH, et al. Tibialis anterior tendon and extensor retinaculum: ima-ging in cadavers and patients with tendon tear. AJR Am J Roentgenol2006;187:W161–8.

5] Numkarunarunrote N, et al. Retinacula of the foot and ankle: MRI with ana-tomic correlation in cadavers. AJR Am J Roentgenol 2007;188:W348–54.

6] Abu-Hijleh MF, Harris PF. Deep fascia on the dorsum of the ankle and foot:

prioceptive role of the fascial system. Cells Tissues Organs 2010;192:200–10.


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