Transcript
  • E T H N O G R A PH I E MTROPOLITAINE

    GUIDE D'TUDE DIRECTE DES

    COMPORTEMENTS CUlTURElS

    par

    M. MAGET CONSERVATEUR ET DIRECTEUR DU LABORATOIRE D'ETHNOGRAPHIE FRAN

  • UIILI: DEI M.I.'I' l h .ES

  • N. B. - Ainsi que dans le te:.vte, les numros entre parenlheses designeni les paragraphes.

    TADLF: DES UA.TIERES

    AVANT-PROPOS

    A, - MTHODES DE REGHERGHE

    f, - CARACTERES GNRAUX DE LA D MARCHE : Dcoupage nUial : enqutes lmentaire el systmaLi-

    que (1). Limitation du champ dans la perspecU,'e psychoso-malique (2). Limitation da~s les perspectives sociale el his-torique (3). Catgorie el spcimen rcpl'sentatif : monogra-phies individ uelle eL calgorielle (4). Etude morphologique (5). Elude fonctionneIle (6). Exhaustivit, prcision (?j. Schma

    VII

    ">X

    de principe el approximations succcssives (8). . . . .. 3

    2, - SCHMAS D'TUDES LMENTAIRES : i. Matriels . 17

    Tmoins matriels d'une culture (9), catgories ~10). Fabricabon industrielle (U). . .. 17

    Description pllysique : genralits (12). ComposiLion matrielle (13). Principc de l'analyse parcellaire (14). Dfini-tion de la forme d'une piece (15). Structure des matriels complexes (16). Dcors el inscriptions (17~. Stylc et origines. AssimilaLion et inlgration (18). Marques. d'usage el d'entre-

    "m(l~""""""""", W Situation (20) . 27

    INVENTAIRE SYSTMATlQUE 28 Gnralits et aspects (21), avantages (22), mthode

    d'tablissement (23) . . . . ....... 28

  • x

    . -

    TABLE DES MATlimES

    2. Matieres . . Calgorics (24), idclltification (25), invenLnire (26)

    3. Matriel Vlvant . Catgories (27), Identification (28) .

    4. Activits. .

    DESCRIPTlON MORPIIOLOGIQUE, Articulations pl'incipales an schma d'tude (29). Loca:""

    lisation externe (30). Chl'onologie externe (3l). Situations el dispositifs initiaux (32). Personnel (33). Cad,'c instrumen-tal (34). Complexil relative du cadl'c (35). Equipement ma-triel et ncrgie (36). Matieres premieres (37). . .

    Mise en place du dispositif (38). Aualysc pal'cellail'e (39). Temps de tral1sformation, ll'ansport el conLrle (40). Poly-

    valenc~de l'outil el de la main (41). Geste lmcnLaire (42;. Squences homogt'mes eL ryLhmes (43). Stiml1]ations el am-biances (4.4.). Heconstitulion du processus (45) . . . . .

    Prutique de l'lllde des_criplive: reconstitution pralable du t( senurio 11 (46). Connaissance thorique gnrale (-17). Examen des traces matrielles (48), Information discursive, ses insuffisances (49). Dcalage entre 1'ag, le reprseill el le formul (50). monstl'ation (51 l. Avantages du scna-rio (52). ConslituLion a vue (53) . . . . . .

    Reprsentations graphiques (54.). Gomlrio et nuances stylistiques (55)

    Quelques applicalions (56). APPROXIMAl'IONS CONOMIQUES

    Difficulls d\m bilan unitaire (57) Plan rnalriel (58), psychosomatique (5!:l); social (60) Rendement (61)

    APPROXIMAl'IONS SOCIOI.OGIQUES Aspecls socio-technique (62), socio-conomique (63),

    socio-j uridique (64) INVENl'AlRE DES ACTIVIl'S El' RESTITUTION DES

    CADRES SPATIO-TEMPORELS CONCRETS, Gnralites (65) Emploi du temps eL c1asses d'age (66), el elasses so-

    ciales t67), Discriminalion des modes de vie rgionaux (68). Aclivits el sysleme de valeUfS (69). Evotulion des modes de vie (70)

    Action el reprsentation (71) .

    32

    32

    3&

    36,

    48 41}

    53 53 5'< 57

    57

    57

    59 59

    60 62

    l'AllLE DES l\IATIERES

    5. ReprsenlaUons et Intrets

    luformat;on et sOlldage du mental eL elo l'aITeetif (72). Difficult de ce sondage (73). . . . . .

    Schema d'tude des l"oprselltalions eoncernant une pl'(ique (14.). Connaissanees empiriques 011 seientifiques (75), mtaphysiqlles (76). Caracteres tlologiques el valeurs mo-rales (77),- eslhliques (78), symboliques (79).

    Application a di verses activits (80) . D'iversit des inlrets el groupes d'intret (81). Rapport

    fonction-forme et opillion critique tS2). Divcl'sit des profils fonctionnels (83). Extension des reprsentations, intrels elopinions (84). Indico de dure et volution rcenle (85).

    Diffrenls aspects de l'informalion (86)

    6. Modas d'existence des normas lmenlaires (87) . . . . .

    lnl.erdpendance des acLivits el role tolal (88), Dc l'lment a l'ensemble solidail'e (89). . .

    3, - SCHMAS D'TUDES SYSTMAl'IQUES

    1. Biographie

    Gnralils (90). Rle de la formaHon culturelle (91) . DiITrenciation de classe (92), Diffrenciation individuelle : lol congnital et hisloil'e biographic{ue (93) .

    Utilit de la biographie (94). Points d'application prf-rentielle (95). . .

    SCI/li.llA DE BIOGIIM'lIlE

    Rappel des limites (96). Etat civil (97), Caracteres psychosomatiques acces-

    si bIes (98). Gnalogie el situatioll de famiUe (99). Forma-tions el curricnlum professionnel(lOO}. Niveau cuIturel(101). Niveau de vie (102). . . . . .

    Conlacts sociaux el groupes de contad (103). Staluls ct roles soeiaux (104.).

    Tableau viager (105) , Opinions (106).

    XI

    63

    63-

    65 71

    7Z 78

    79

    79

    81

    81

    83-

    8.

    84

    84

    87 87 87

  • XII TABLE DES MATlrmES

    GROUPES SOCIAUX.

    Calgodes, cO'eclifs, classes, groupes (107). GrOU!leS choisis comme exemples (108). Articulations principales d'une tude de gl'oupe (109). . . .

    2. Gronpe domestique ou mnage

    Caracteres gnraux (110) .

    SCHMA nTUnE. . . Nom et compositioll (111). Rsidence, lieux pel'manents et temporaires d'activil

    89

    89

    90

    90

    92

    92

    (112). Equipemenl(1l3) . . . .. 92 Entretien des pel'sonnes (1l4), de J'habitatlOn et de l'qui-

    peOlent (115). ActiviLs religieuses (116). Contacts sociaux (117). Repl'oduction cl ducation des enfanls (118). Calendrier annuel et hOI'air.e quo~idien (119) 94

    ECOllomi.c el budgel (120) 97 Struclul'es sociales (121) 98 Idologic domestique (122). 99 HisLoil'e el volution (123). 100

    .3. Groupe d'activit

    A. - TECHNOLOGIE El" CONOMIE.

    EXPLOITA nON AGRlCOLE

    Introduction (124). Dnominatioll (125) Inventaire technque (126). Terres (127). Btiments, sois

    et acces (128). Equipementmobiliel' (129). Sources d'nergic et cheptel vif (130). Personnel (131). Aire de contact techni-que (132) . . . . . . . . .

    Actvits, gnralils (L33). Rpel'toil'o des techniques : cultures (134), levage (l35), utilisation des ::l.nimallX (136). Transformations (L37). Eoll'eticn. de l'quipemcn t (138). Tech-lliques commerciales (139). Locomotion (140). Calendricl' .annuel ct hOl'ail'e joumalier (Hl). Tableau des cil'culatiolls (142). Utilis'atioIl de l'nel'gie (143). Bilan technique annueL (144). Ses variations (145)

    100

    100

    100

    100

    101

    101

    109

    TABLE DES MATlrmES

    Economie : l'gime de pl"oprit (46). Molle de faire-valoir (147). Syslemcs d'chanf{cll (14~). l\'IodaliLs d'chan-ge; \11i9). Aire d'change el de renomme (150). FlucLuaLion de]a conjoncLUl'C el des reserves (151). Bilan (152). Abrg

    XIII

    d'un tilan (153) . 120

    Niveau de vio (154) . . . Tcchnique, collomie et mcnLalt (155)

    ENTHEPnISE AnTISANALE .

    127

    128

    129

    Gnl'alits (1~5) . 129

    Dnomination (1515) 129

    hlYcntail"e Lechnique : lieux d'activit (L5H). Equipe-ment mobilier (159). SOUl"ces d'ne"gie (160). Matieres pre-mieres(161 J. Pel'sonnel (162;. Aire de conLact technique (163). 129

    Acti.vits: Extracti.on, producti.on de matieres premifH'es (164). TrallSfol'maliollS (165). Entretien de l'qllipement(166). Techniques commcrciales (167). Locomolion, LransporLs, charrois (168). Essais. analyse, luclc de produits (169). Hygicne et SCUl'it (170). Adminislration (171). Calendriel' annuel et hOl'aire journalicl' (172). TabIcan des circulalions et alieclation de I'nergie (173) . 130

    Economie (174). Schma de hilan annuel (175). Aire d'changc et de renomme (li6) 132

    Niyeau de vie (177) . . .

    B. - STRUCTURE llT II.APPOIl.TS SOCIAUX . ..

    Rocrnlem.ent (178). Stmctul'cs socio-technilUeS (179). Appl'enlissage el promolion technique (180). Rapports sociaux internes (181). Fetes el crmonics (182). Organisalion

    pl~ofessonnelle (183) . . . . . . . .

    StatuL de I'entl'eprisc daos la corpol'ation (184), de ]a cOl'poration dans la loca~it et la rgiol!. (185). Statut de c1asse el slralification locale (186)

    C. - MENTALlT ET IDOLOGIE (187).

    134

    134

    136

    137

  • XIV TABLE DES' MATIERES

    D. -- EXTENSION ET VOLUTION. 138

    ExLension eL lypologie locale des cxploitations llgl'lcolcs (188), des entrcrl"ises al'lisanales (L8!J).IIistoil'c el voluLion contemporainc (190) 138

    4. Groupe territorial. 142

    La cornrnunc rumIe \(191) . 142

    SCfiMA D'TUDE 143

    Milieu physique (102). Milieu am6nag eL quipemellt immobilier : parcellemenL (193). llseau de circulations t staLionnements (194). Domaine bfiti et quipement immo-bilier (195). Rgime de la pl'opl'it fondere (196). Equipe-ment mohilier. Cheptel d COl'CC motl'ice (191). Rseaui des relations extrieul'cs (198). Personnel : dmogl'aphie (199). Composition eL sLructure socio-technique (200). . 143

    Actiyits de production (201). Niveam:: de vie el condi-tions huma in es (202). FOl'mation et developpement (203). MysLiquc, religion, philosophie (204). Loisil's et eslhtique (205). Calend'ier annuel (200). . . 156

    Budgel communal comme reflct des aclh'its locales (207) 158

    Structures el rapports sociaux: internes (208;' intel'com-rnunaux, intl'a-rgionaux (209). ConfiiLs, chronique judi-

    ~im~lm . . . . l.

    Contriblltion R une lhologie communalc el rgiollale ~11). . 1M

    Evolution recente de la vie communalo (212) 165

    4. - CONCLUSION :

    Choix de l'objet d'lude en fonction des buts et moyens immdiats(213). Insertion nccssairedans un systflIp.e gnral de recherchcs (214). Ol'ganisation des possibilits acluelles (215). . . . . 1fii

    .. .

    TABLE DES I1IATIERES XV

    B. - ADAPTATION DES TECHNIQUES AUXILIAIRES

    1. - CONTACTS

    t. Relations directes entre enqueteur et informateur 171

    Prise de contad (216) . 171 Parler le melllc lallgago (217;. Amor;age de la m

    Illoire (218). Inhibition Oll dfol'lllation des faits (219j. Spon-lanit dil'ige. Opportunit (22U). . . . 173

    Sitl1ation: informatelll' sol ou g'oupe (221) 175 Recollpement des tmoignages (222) . .

    2. Questionnaires

    Emploi du qllestionnail'e dans l'enquete dil'ecte; prin-cipal1x aspeots (223). Etablissem42nt dll questiorulail'e (224) .

    176

    176

    Envoi de l'emel'ciements el additifs (225). . . 176

    2. - PRODUCTION OU GOLLECTE DU MATRIEL DOCUMENTAIRE

    t. Notations et Graphiques'. 181

    NOTES D'OBSEllVATION ET D'INFORMATlON . 181

    DiITerenl!'; cas (226). ReClloils de notos: maLriels (2~7). Tenue do reclIeil (228). Journal de l'oule ou d'ctivit (22B). 181

    STATlSTlQUES. 184

    Relevs statistiques (230), CaracLl'isliquos utiles d'une serie (231). ' 184

  • XVI TAnLE DES MATIERES

    DESSIN TECHNIQUE . 18&

    Modes de reprsentation : gomtral (232), schmas (233). . . . . 18&

    Niveau d'analyse (234). . Quelques applications (235) Technique graphique : croquis el relev (236). Mise au

    net (297) . . . . . .' ....... . . .

    CARTOGHAPHlE

    GnraliLs (238). Catgoes de carles (239) Niveau d'analyse (240). Utilisa'!ion de la documentation

    188

    18!)

    191

    19,

    194

    (2

  • XVIII TABLE DES MATIERES

    Prise de contad avec la commune (286) . Plan de travail el hilan Cjllolidieu (287) Bilan de campagne (288) Mise en forme (289) .

    .6. - PERSONNES ET ORGANISMES :

    230

    231

    232

    232

    Eehelon universitail'c, dpartemenlal, communalJ,(290). 235

    INDICATIONS BIBLIOanAPUIQUES

    PLANCHES.

    241

    253

    AVANT-PROPOS

  • ,

    .: ! " l' I l I

    1, '1

    e e guide pratique a essentiellement pour but de donne,. des recettes de lravail, ce lZ'esl pas un trait de la natlll'C des choses ni meme un manuel gnl'al de la discipline oiI s'illscrivcnl les activits considres ic. Dans la mesure prcisment o les dveloppemcnts lhoriques y 80nt rduits au minim.um, il n'esl pl'obablemenl pas inutile de souligncl', dan}} llll avant-propos, quclques-unes des pl'occupations sous-jacenles, de justifier conlellu el [acunes (celles aa moins qui sont per9ues par l'au-teur) et, Jllisque le tout est fonctian de l'poque, de donner un apc['(;u de son histoil'e.

    . *

    **

    Pas plus qu'aucunc Quipe, la recherche ethnogl'aphiquc n'cst a ['abr des sollicitatiolls affeclivcs. Le besoin d'vasion est d: ['origine de quelqucs vocations; uasion vers d'autres peuples, d' autres nlilicllx ou la campagne, vers le bOll vieux lemps oL la stabilit illrzsoire d'ren ge d'or contrasle auee la droutanle turbulence des temps modernes. On IZote .qalemenl l'attirance esthtique pour l' exotiqlle Oll le rustique, les intentiolls thiques ou poli tiques de divers lraditionnismes el rgionalismes, le ver-lige mlaphysiqae el la hantise de retrouvel' oa de dcouvril' l'humanit relle dans son essence, l'attachement filial a la mmoil'e des arrctres el aux vestiges des gen res de uie qui furent leurs el exprimaienf leul' tre. Enfin, les formes varies de snobisme a l' gard da clll'ieux, du rare : les l'etours d' explo-ration le dispulent aux tests psychanalytiques dans les ueilles model'nes.

    En l'absence de mobiles plus proches d'une dterniination rationnelle, les rsultats de' telles impulsions ne sont pus a reje-ter globalement et sallS examen. Le snobisme devient parfois mcnat. La rduction de conflits intl'illl'S oa la cUl'iosit donnent liell, en se disciplinan!, a des tl'avaux s'levant au-des-sus de l'impl'ovisation. La conjonciion de ces iendances aide a la cration d'un COUl'ant d'opinion favorable a des adivits plus ordonnes. Nlais tant que ces impulsions n'ont pas l canalises el orcJzestres dans un programm.e d'actlon cohrellte, la prdo-

    2

  • XXII AVANT-PROPOS

    minance de l'alfeclif fausse l'observalion par l'cmploi de cri-leres mal dfinis (quand l'indfinissable, l'inellable ne sonl pas relellUS comme seuls altracti{s); elle suscite le rejel arbitraire de ce qui est jug rpugnant ou sacr et les inlerprtations el explications inconsidres; les caprices de la nlOde cmpeclwnt d'aulre parlle's essais d'intgration de tentatives htroclites et sallS lendemain.

    Le recours exagr sinon exclusi{ d: l'infuition est galemenl redoulable. La participation a une crmonie, le fait de se trou-ver dans /'atmosphere d'une partie de pelote basque ou d'un pardon suggerent au spectateur qu'il esl en cOlncidence avee les pI'atiquants. VivJ"e leuI' vie, se mettre dans lenr peau donne l' espoir que cette mise en situation l"estituera automatiquemenl l'organisation psyclziquc du groupe et cerlains m'tistes ou- ins-pirs sembleut y atleindre d' emble.

    De {ait, l'intuiton peat etre considre comme Hne aclvil incessante de tOlll sujel s' efforc;anl de cOlnprendre le m.onde el de discemer, a partir du perceptible actuel, les significalions et relations latentes. La fonclion de communication y fai! appel lorsqu'il faut !ire entre les lignes . Le rOle de /'inluilion a l mis en videnee jusque dans le donlane des lnatlzmaliques. Il n'y a pas de raisons, dans les essais de reslilulions de systelnes culturels, de se prive/' radical eme ni des bnfices de l'immer-sion dans le milieu et des stimulations du mimtisme, de l' Ein-{lzlung ou de l'empathie. Encore faut-il en contriJlel' les pro-duts, n' en pas considrer les donnes imnl.diales COlnme des connaissances irrvocablement adquates mais comme des lzypotheses a vrifier. Il est ''ailleurs douteux que, par le fai! meme des dffl'ences de cultures, l'obsel'valeur puisse atteindre une cOlncidenee absolue. La dmarche intuilfonnisle prsente les memes ineonvnienls que .l'introspection en gnral. Sans vrifieation (en l'occurrence, chaque {ois que {aire se pel].t, cri-tique par les patien!s du rsultat des investigations), que de malentendus chroniques dans la vie eouranle, que d' erreul'S anthropomorphiques, ethnocentriques ou plus simplement go-cenlriques dans l'eaplzorie des C01TIlnUnions apparentes.

    La spcialisalion tI'oile, {el'me a loute suggestion ext-rieure, est une source d'errellrs non mons souvent dnon;e. Telle branche de la technologie, des al'ts rgionaux: le coslume, l'architeclure sonl tudis pour eax-memes sallS considration de /'ensemble dont ils font partie; le rural ['est indpendamment de ses relations avee le monde urbain contemporain el inuerse-

    AVANT-l'HOPOS XXIII

    mento Ceci n' esl pas tres grave lant que l' oa s' en lienl aux des-criplions lno/"pllOlogiques. Une recherche, meme anime des lueilleures intentions el souciellse de ne pas mcollnailre les

    c~nnexions auee les plans uoisins, pourra etre empeche- par des' clJ'conslances extl'a-scienlitiqlles de renlplir son progl'amme. Des rpertoires ont t ainsi dres.(js qui sont les seu/s docllments dis-ponibles SUl" les poques passes el sont a porte/" ti ['aetif de ces recherclzes cOllfines, si lronqlle que soit l'image qu'ils pro-posent.

    Ce cloisollnelnenl esl beaucoup plus nuisible ({llX lentaUves d'explication se canlonnant exclnsivemenl dans le domaine clwisi. Cerles, dans chaque ordl'e de plznolllenes pelluenl se dfinr des ol'ganisatiolls, des slnLCtUl'eS acluelle,,, el des pro-cessus de IransfoJ'lnation spcifiques. La linguistique a, des pre-mieres, renda faJniliere la nolion de solidarit interne a propos des systemes phontiques Oll sll1antiques. 1I1ais elle a en mem.e lemps lnonlr que leul' volution ne peul e[re expliqu e sans rfrence . aux ([utres plans de la culture et la conjoncture sociale. AlllunOlnie l'elative n'esl pas indpendance absolue.

    La lendanee aa lnonopole de l'explicatioiz est vivace ainsi que l'espoir de trouver Hne caractl'istique nniverselle. Des dleJ'minislnes exelusifs prtendent l'hgmonie et personne n'esl absolument iInmunis conlre leul" sduction: gograplzisme, biologisme, diffusionnisme, fonctionnalisnze ... , y compris ethno-graplzisme, ainsi que les altitudes trop strictemenl antithtiques qui deviennent aussi fauUves et ctcevantes lorsque, de positio118 polmiques telnporail'es d l'gard d'mz exces, elles lendenf d se stabiliser en une ngation catgorique des ralits donl seules le.(j interprlalions dfectueuses faient en cause.

    En rappelant les gnralisatiolls htives au-del. des don-nes acquises, les prsollzptiollS d'exclusivil Ol! d'universalit, l'hypostase des concepts et leur .mbstalltificatioll mtaphysique, llOllS aurons fail le lour des principaux dangers que font eourlr it: nos invesligations les spcialisalions aveugles, les lacunes de la documentation el le besoin de urils absollles, immdiate-ment aeeessibles.

    La ralit prend rapidenient sa revanche et, : son eontacl, cxplicalions sclzmatiqaes, dlernlinismes unilatrallx et exclu-si/s, extrapolalions hasardeuses, cloisOllS tanclzes s'crolllent lour ti ,tour. De meme qu' Oll a VH apparaltre une physico-chimie, une bioehimie, une biogographie ... , gographie hll1naine, psy-

  • XXIV AVANT-PROl'OS

    clzosOlnalique, psyclzologie sociale, psyc/wlogie gnlique - pour ne citer que celles-ld - s'installent sur les frontieres qui sparaient naguere humanit el milieu, COl'pS et esprit, indiuidu et socit, biologique et culturel. L'tude des cultures progresse dans la mesure oil l'on connalt mieux le biologique et les pl'O-cessus de modelage formateur de ceUe cire mallable . Elle ne se cons;oit plus, par exemple. dans l'ignorance des tl'auaux de psychologie gntique de H. Wallon et J. Piaget, alors que ceux-ci insistent sur la ncessit pour la psycllOlogie de tenir eompte des earactristiques du milieu. Nouuelle uenue, la eyber-ntique jeUe, a partir de modeles meaniques infiniment plus complexes que les aulomates contemporains de l'association-nisme el du sensualisme du Xl'Ille siecle. des lwnil'es nOlluclles sur les rapporls entre fonctionnement du systCme nerveux cell-fral, physiologie interne el communicalion sociale. Il est clll'ieux de constate!' la pel'svl'atiolZ d'opposifions tlzoriques e1.tl'e l'histoire el une anthropologie qui serait cens e ignorer les plz-nomenes d'volution. La science de ['espece humaine est inspa-rabIe de l'histoire de ceUe espece sinon par derets mthodolo-giques prouisoil'es dfinissanl des spcialisations orgaiziques. Comme elle sut s'anncr des notions de biocoenose. d'association biologique, de gotype, etc ... rnanifestant sa recolllZaisiance des phllomenes d'interaction entre especes el milicux, la biologie a fait de bonne heure une place de clzoix aux transformations de ces especes, ce qui fut pour elle l'occasion d'un complet I'CnOll-ueau. A plus forle raisoll, l'allthmpologie cultureUe doil-elle tenir compte de la dimension diachl'oniqu-e des plznomenes qu' elle tudie, des conjonctures dans lesquelles ils apparaissent, mutent ou disparaissenl.

    Ce retollr a une conceptioll plus riche de la complexit des choses humaines ei ce foisonnement de disciplines de liaison, d'hypotheses et de dcouuertes ne vont pas sans jeter, a leur lour, que/que trouble. Pasiwns sur la tendanee, sigllale plus haut, a la schmatisation des concepls el des thories,' ttichislne verbal et simplificatiolls hasal'deuses ont d jd honor abon-damment les tlzories l'centes des cerveaux lectroniques et des communications, malgr la circonspection garde par les promoteurs. Plus prudent mas gris par ce lnouvement de convergence et ceite multiplicil d'aclvits diverses, le cherclleur pourra se croire oblig de tout connaitl'e, depuis les dernieres dcouuertes de l'lectronique jusqu'a celles de la psy-ehosomatique ou de la phonologie. Si la constatation de l'inler-dpendanee glisse a l'aflirmation que tout est dans tout, une

    AVANT-PROPOS xxv

    l1wnadologie contuse esl en passe de s'inslaller, allssi strili-sanie que pouvait l' tl'e le compal'timentage. Elle risque de pro-voquer une stupeul' inllibitrice en contestant le draft de pro-edcl' par plans el tapes successives dalls l' lude de cette tota-lit donl l est pos qll' elle doil lre sase toute cntire, el celui de se rfl'er aux discontinuits el discrninations les plus vi-dentes par cl'ainte de laissel' chappel' les relations entre plans el phnomenes distincts.

    Il est sans doule plus que jarnais ncessail'e de l'sister a ces vel'tiges exaltants ou inhibiteurs et de s'assigner des taches pr-cises en liaison auee les autres disciplines scientifiques, l'hisioire el la situation actueIle de chacune pOllvant fournir d'utiles ensei-gnelnents el des points d'appui d toutes les autres.

    La ncessit de rclduire l'qualion personnelle , de bn-fieiel' des indispensables suggestiolls de l'intuition tout en les controlant sans complaisance, de conjugller induciion et dduc-tion, analyse el sytzihese, l'importance de la slalistique soil lnlhodique - qu'i[ s'agisse d'lectl'ons el de system.es station-nres ou d'indivjus et de cOlljonctUl'e sociale - soit implicile dans la vie quotidienne, l' volution dialectique de la connais-sanee en extension el en comprbension, de la discl'iInination el de l'assimilalion, des classifieations el des typologies en fonction des dcouvertes, la rvision ncessaire des concepts a la lurniel'e de l' expl'ience ... , ces pl'obIemes ne sont pas nouveaux. Les sciences les plus aguen'ies ont eu ti les rsoudl'e et tl'availlent sans cesse au pel'fectionIlement des rponses a y donnel'. Elles ont eu galement a se dfaire de la prtention a la uril absolue et dflnitiue, alors meme qu' elles obtenaient, dans le plan pra-tique, les rsultats les moins contestables. De meme, les sciences de l'homme peuvent d leur tour se dclzargel' de la mission accablante de dire ce que sont I'lz0mn-w 011 la socit en soi, et se consacrel' d ler tude pl'ogressive. Au moins quant aux pro-blemes fondamentaux, l'unil de la science s'aflirme, de la phy-sique il la psychologie, des scienees de la nature a eelles de l' lWl1une.

    D'une discipline a l'aulre se transposent les altitudes fonda-mentales vis-a-vis de l'objet, les notions de base, les essais d'or-ganisation. Le behaviorisme '--- indpendammenl des postulats ontologiques qu' on lui prte - donne l' exemple du refus de cdel' sans controle aux suggestions de l'introspection et aux prestiges des fulgurations inluitiues. Les notions d'ensemble soli-daire el de contexte sont, depuis longtemps, familieres a la psy-

  • XXVI A VANT-PROPOS

    e/LOlogie de la [arme el d la lingLlistique; celle de l'interdpen_ dance organisme-milieu, a la biologie el a la psyclwlogie gn-tique. La linguistique a conlribu a expliciter les rapporls entre perspectives synchronique el diachronique el la notion de slruc-ture, dont el. Levi-Strauss s' est {ait le hardi pmmoleur dans le domaine des systemes sociaux. Ces lranspositions ne doivenl ui-delnl11ent pas s'effeetaer sans une svere -critique des conditions de validation particulieres au donwine ou l' on se pro pose de les oprer. Si l'on admet, par exemple, que la dfinition des gotypes peul proposer des modeles utilisables pou/' celle des groupes eulturels relativement homoge,zes (que l'on peut par analogie appeler ethnotypes), la disponibilit el la sociabilit spcifiques de l'lwmanit en empechent une applicalion rigide et obligent-sans lnconnailre la permanenee de eerlaines suggestions ou con-trainles du milieu - ti desserrer les relations entre /wmme el milieu (dterminisme gographique) au profit du milieu social et de la riguear de la transmission clllllll'elle de gnration d: gnration. On se mfiera galelnent de certaine chimie oa ner-utique sociales sans pour cela re{usel' a jamais le bnfice d'analogies valables. Il n'est pas absolumellt ncessairc de red-cOlwrir, a frais nouveallX, ,des probtemes d jii connas, alors que des solaUons y out t donnes, qui ne demandent parfois qu'un minimum d'adaplation critique el de vigilanee poar devenir d'uliles instruments de travail dans un nouveau domaine.

    De lnel11e que la spal'atiolZ entre scences de la nature et sciences de l'homlne se fai! plus permable aux changes, on voi! s' eslomper la trop fameuse dieholomie littraires-matheux en verlu de quoi des tudiants forms d'abord dans l'indiffrence sinon le mpris vis-J.-vis des activits scientifiques, se trollvaient qllelques annes plus tard dans une situation fausse a l' gard de disciplines s' rigeant en science au moins sur quelqu'un de leurs aspects.

    Formation pistmologique de base, information et contacts permanents ne peuvent que faciliter la spcialisation indispen-sable dans lllZ concours de disciplines d'antant plus conscientes de leur solidarit organique qu'elles ont dfini avec plus de pr-clsion leurs taches spcifiques el sont allges de la proccupa-/ion ou de la prtention de tout connatre ou de tout expliquer, Gomme de la crainle d'errer en solitaires.

    C' est dans ces proccupations d' ordre gnral qu' a t rdig ce guide. Le but en esl de dfinir : l' un champ d'aetivit,

    AVANT-PROPOS XXVII

    eelui -des a$pecls el comportelnenls lmmains dous de signi(ica-tiOllS pour une population donne; 2 0 des dmarcJzes et des iec/z-niques aa plan de l'observalion el de l'l~nformalion co~ra1Ztes, appuyes pl'incipalement par les ~nl'eglstremenls opllqu,es el sonores; 3 0 de$ urticlllatiolls souhaztables avec d'autres demal'-ches coniemporaines.

    Une premire partie esl" cOllsacl'e aux mthodes d'ap-proche. Le systeme du questionnaire a t vit. Si no~breu.s~s que soienl en effet les questions proposes, les part~culaI"ltes locales mettent gnralement en chec ce genl'e d~ denombre-ment. Pour la France, de gros vol ames n'y suffirment l!a~. Il a t jug prfrable d'indiqller des cadres, d~s .perspectw.cs, des filieres permettant de constituer des senes /lOmog~nes el d' tablir des invcnlaires : srie des activits de producfLOn, d.e formation, de loisir, ensemble des activits annuelles, ~iographze el srie des ges et de lellrs staluts, etc ... ~ur ce~ selzclnas l!eu~ vent d'aillears etre organiss les qaeslLOnnazres adaptes a e/wque sujet concret, ainsi que les ques~ionna.ires d' en~uele par cOl"l"espondancc avec l'aide des queslwnnazres el denombre-ments antriellrement uliliss el publis.

    Les pl"oportions des dilfrents cJzapitres peuvent tonner, en particulier la brievel relative du $clzma conce.rna~l la COlnmune rarale prise cornnlC exemple de groupe terrzlorzal. A cela trois raisons : 1') l'objet principal, ce sont les eomporte-mer:ts cullurels el [eur groupement en syste~~s l?caux, el :zon ['tude totale de la vie de la commune; 2') II s aglt de pratlqlle et pour donner des reeetle: de tr~vail i! .cs~ prfrable de ~e~ avoir exprimentes soi-meme, or 1usqu lCI, zl ne n?us .a pa~ ete possible de mener llne enqule c?mmunale au mOZflS Jusqu aux limites que nous lui assignons; ti nous a donc fallu nous con-tenter d'indiquer les perspectives principales d'un programme qui n'a t excut que partiellement. D'ailleurs, pluszeurs ~onographies publies rcemment sont plus utfles que le f!md.~ le pllls attentif, au moins pollr les aspects qm y sont partlc~lz~re~ ment dvelopps et la synthese de leurs contenus fourmra~t ~ elle seule la substanee d'lln volume plus vas te que ce/m-cI, 3') l'tude des gl"OllpeS domestiqlles et d'activits fait apparaltre la plupart des phnomenes observ~bles da~~ le cadre d~ la com-Dlune ei du systeme de ses relatLOns exterzeures. Il n est done pas indispensable de reprendre par le menu la substance des exposs prcdents.

    Le vocabulaire ne participe pas des nombreux enrichisse~

  • XXVUI AVANT-PllOPOS

    lnents constats au cours de ces deJ'Jzeres allnes. La littratllre llnglo-sa;r;olllle a fait, entre autres, r acqllisition de deux vocables comlnodes formes sur le lnot culture: clllturation et accultura-[ion. POUI' le premier, les mots formation et ducation peu-vent encore servir d' quivalents sans que la clal't en souflre gravement. Le second dsigne l{l notion conzplexe de contad de cultures et peut etre employ dans le donzaille lntl'opolitain lo1's de.s rencontres rgionales avee la culture centrale ou des lnzcnts de cultures trangeres, lorsqu'il y a emprunt auec assi-milation oa accomnwdation plus ou nwins profondes. La nolion de personnalil de base da pas t introdllite CaJ' elle da qu'une carrih'e assez courte et son emploi demeure encare incel'laiJl en adnzeltanl qu'il ne suscite pas les mbnes embarras qlle lelles acceptions de la conscience colleclive. Pas non plus de classifi-cations systmatiques. Un manllel de dissection ne comporte pas obligatoirement un tableau classificatoiJ'e des especes animales ou vegtales sur lesquelles peuvent porter les activits qu'il dcrit. De meme, il n'tait pas de notre pro pos de fournir, par exemple, une classification de toutes les techniques. Il s'agit d'ailleurs de recueillir les laminologies, classifications et typo-logies d'usage local. L' essentiel esl de dfinir avec le maximlllH de prcision ce donl il est question dans chaque cas e{ de lnain-

    l~nir une liaison slricle entre signifiant et signifi, jusqu' ir rvi-sion ultrieure dLment souligne. Les lecleurs ayant des con-llaissances approfondies des dernieres nomenclatures et classi-fications en vigueur s'y rfreront sans elfor!. Cel/es-ci se modi-fleront d'ailleurs avec les dcouverles de catgol'ies nouvelles.

    Il n'a t fai! que rapidemenl al/usion a des mthodes gn-ralement connues el d' emp/oi coul'ant COlnme cel/es de super-position d'aires, ainsi qu'aux phnomelZes d'vollltion (ditJusi.on, empl'unt, assimilation, {lucluations da volmue el de la compo-si/ion d'une population, des rapports de force entre classes, cor-poralions, grozzpes territoriaux, elc ... ), notre but n'tant pas de dcrire une tude et/znographique complete comprenanl jus-qu'aux modalits de rencontre de systemes d'habitudes avec les vnements qui en provoquent la transfonHalion, mais seule-nient de dfinir une dmarche particllliel'e pOllvanl contribuer a une telle tude par la dlermination des cOllstituants relative-ment stabiliss de la conjolZcture.

    La deuxieme partie concerne les applications de techniques -auxiliaires dans le domaine el au niveau d'analyse -pl'cdem-menl dfinis. Une large place a t faite a cel/es qui sont le plus

    AVANT-PROPOS XXIX.

    courammenl utilises el dfinissent la qualification minimum dH pel'sollnel. En prelniel' liea viennent les tec1miques de prise de contact avec le milieu social et [,informateur. La psychologie el la critique du tmoignage onl fuil a el/es seules l'objet d'une ample littrature. 11 n'a t retenu que les points les plus sen-sibles dans le domaze mtropo/itain. 11 est bien uidenl qu'on ne s'improvise pas enqueteul' mais que d'autre part, le succes tient, pOUl' une large part, aux qualits et ir l'expl'ience person-nelles. Le's contre-il1dicatiolls sont plus nombreuses que les con-seils positifs el ne peuvent elles-memes fre considres comme des panaces.

    Viennent ensuife les techniques de production oa de col-lecte, de conservation el d' exploitation du matriel documen-faire. L'accent a t mis sur les documents graphiques indispen-sables mme a [' tude de compor/ements linguistiques ou litt-rail'es el dont une laboration valable esl accessible apres une prparation relativelnent coarte et constilae une documenlation d'utilisation inte'l'naliollale el tl'avers l' obstacle des diversits de langues. Certains dveloppements paraitront bien longs, sinon inutiles, aux fnifis. D'(llltres risquent de rcbuter les dbatallls. Nous pensons, en particulier, ir la minutie de' tl'avaux obscurs el trop souvenl ngligs telle la tenue du carnet de notes, des jour-naux d'acliuit OH des fichiers analytiques. Les chapitres les con-cernant onl t maintenus dans leurs proportions insolites, de nombreux chercJzeurs regreltanl de n' etl'e que trop tardivement initis ti ces techniques lmentaires.

    Certaines, par conlre, paraitronl indument ngliges " sla-stique, notations phontique, musicale, chorgraphique. Sur la premiere il n' est pas en effet besoin de s' lendre longuement tant donn que les comptages les plus courants n'alteignenf jama!s les proportions jzzstifiant des lraitements compliqus. Les unes et les autres delnandent une formation spdale, sinon leur emploi maladroit esi des plzzs dcevants. De simples dnom-brements, des transcriptions dialectales en orthograplze ordi-narre sont prfrables, ir erreur gale, ir de sauants ndices OH ti des notations richemenl poul'vues de s~gnes diacritiques qui dis-simulent leul' fausse prcision sous tappareil trompeur d'une rigueur purement formel/e (de mme pozzr la terminologie).

    Autre remarque de mme ordre : la place faite a certaines lechniques auxiliaires ne doit pas laisser entendl'e que leurs produits se suffisent ir eux-memes. Fiches, carles, diagrammes".~ ne sont pas des buts en soi, ni des instruments dont ; faille

  • xxx AVANT-PROPOS

    altendre a coup sr des rvlations automatiques. Se souuenir que les documents concrets, plzotos Oll {Ums, nc sont pas objec-.tifs dans le sens absolu du terme : le ehoix en est influene par les proccupations thol'iques de l'opralcul' au par su sensibi-lit, le doeument fait participer I'objet it sa propre esthtique; mais, par contre le choix est ncessail'c, les buls doivenl tre prciss. cal' il ne suffil pas de multiplier sans disccl'nClncnt pIlOtos ou jUms pOUl' ql.l'l sorte ncessairement quelqu~ chose d'utile de eette dbauche de pellicule. En gnral, viter les lechnomanies qui mettent en rallie des appareils impression-nants pour ne pas alIel' beaucoup plus loin que les constatations de SCllS commllll.

    Un cel'iain nOlnbre d'indications sont djiI, heureuselnent, primes. Le magntophone it bande s'est perfectionn; 'd'une technique de luxe rserve ir: la musicologie, il deoient instnz-meni eourant de fixation de conversations, intel'views, tests ... Des machines opel'ent directement la transposition grapIzique des sonso Apres les appareils de pholo de petit format, ce sont les camras lgercs et exlra-plales qui, d leur tour, vont servir de cmneis de notes . Les appareils ir: clal leclronique bou-leversent la technique de la photo d'intrieur. Photo et cinma d l'infra-rouge saisissenl les comportemenls el expressions d I'insu des patients. Le fichier allalytique paraft p[S dsuet devant la mcanographie.

    En derniel' lieu, on trouvcra l'esquiss~ d'un plan d'organi-.satioll d'une enqute. Bien qu'i[ ne soft pas possible, en ['aison des conditions tres vari es dans lesquelles se droulenl ces entl'e-prises, de donner des instmctions rigides, I'aftention doil cepen-dant tre attire sur certains points essentiels : mise en route immdiate des instmments de tmvaa, utilit de faire alterner les eampagnes sur le ierrain avec des pl'iodcs de .mise en ordre provisoire, etc ...

    En annexe, que/ques doeuments graphiques, t1'Op pen nom-breux it notre gr, viennent illustrer les appUeations essentielles des teehniques auxiliaires. Les graphiques y ont peu de place, leur emploi de plus en plus frquent dans la vie quotidienne en a rendu familieres les formes les plus eourantes, Une eourte bibliographie rappelle les principaux instmments de travail ainsi que que/ques exemples de raUsation, dont eertains furent nos liVl'es de ehevet.

    Les possibilits thoriques d'utilisation de ce guide diffrent

    AVANT-PHOPOS XXXI

    Se/O/I qu'il s'agit d'lments Da de systemes. En ce qui concerne les tudes lme1Zta~J'es7 les expriences aites montl'ent que les schJnas sonl applicables aussi bien a l'tude d'une charrue qu'a celle d'un stylo ou d'un produit que/conque de /'industrie, it celle. d'une teclllzique cramique comme a celle de la rcitatioll d'un conte ou a I'habitude de fumer. 11 semble qu'il en soit de meme des groupe.~ a tonciion dOlninanie : erzireprise UJ'tisanale, con-frrie de charitons, quipe lhdlrale, llsine ou corps adnzinis-[ratit, aceite l'serve pres, qu'llne partie de la monographie est dja rale pour les groupes dont l'organisalion et l'aclivit font I'objet de doeuments crits : statuts, comptabilit, dossier de personnel, etc ... En ce qui concerne les gl'oupes iel'ritoriaux, on ne saurail trop souligner les difficults lZouvelles qlli appa-raisseI.Zt des qll'on tranchit le seuil d'intrcoIlnaissance pOlll' al'river aux aggloml'ations plus vastes el cOlnposiles. Les lves .de l'Ecole du Lauvre en fant l'exprience, qlli sont inviis d prendre le re caZ ncessail'e par rappol'l d leul's propres habi-ades el d leuI' milieu el d observer des phllomenes familiers, en dcrivanl leur immellble, leur qllartieI', ZeuI' cercle de con-naissance et en s'efforr;ani de replacer ces lots dans l'enuiron-llcmenl urbain.

    Les conlraintes pl'atiques sont sveres, aux deux points de vue de la dfinitiollqualitative des normes culturelles et de l' ta-blissemenl de leul' extension. La d(inition qualitative se heude d'abord aux frontieres da secrct, du clandeslin ainsi qu'a l'inha-bituel mais J'pondani ti des situations connues. (L'tablissemenl des nOJ'nles dfensives dans le cas des sinislres naluI'cls, de maZa-dies, resle alatoire). Elle doU s'en remettre it l'histoire pour dcouvrir les constantes (si elles exislent) de raction d des situations nouvelles. La nOllveaul l1islorique ait fonclion de ractif pour relever les virtrzalits latentes. D'ou I'utilit de suiure le groupe ludi dans ses rencontres auec ces silua-tions llouvelles, l'vocation de ces sitatiolls (non-conformil, carenee, ele ... , cf. 75) tant un pis-al/el' cw' on ne peul multi-pUer les questions it l'infini. A ces lacunes de la dfinition qua-Utative s'ajoutent les incertitudes concernallt l'utilil et la possi-bilit de dterminer les extensions relles. Cedaills eomptages pretent it sourire, tel, par exemple, le dnombrement des postes de radio dans Ull vil/age. 01' il est important de savoir s'iln'y en a qu'un nombre rduit ou s'il y a saluration au niveau familial avec tendanee a l' quipement individue/o La distribution en est .sans doute en rapport auee les moyens coIJomiques. Elle suggere la probabilit d'eoute eollective (cf. tlvision) {aisant repa-

  • XXXII AVANT-PROPOS

    ruitre la coutume des veilles. La saturatioll amenera au con-iraire Ulle llouvelle dislocation de ces groupes d' coute. La dimeIlsion sociale de droit el la dnensioIl sllppose par chaque membre du groupe ne sonl pas toujours en co'incideIlce avec la dimellsion de fait. La seule fafoll d'aboutr a la dfinitioll rigou-reuse de ceite derniere (en supposant que l'informateul' n' ait pas de raison de cler la vrit) serait l'enquele universelle rarernenl possible; ; faut donc se contentel' de /'enquete l'eprsentatve auec ses lacunes.

    Souvent enfin, faute de temps ou de moyells, ; faudra s'ell tenir a un seul aspect, par exemple, la seule lechnologie d'un centre artisanal. ~fais la connaissance du programme total mel en garde conll'e une scurit illusoire, SUl'to~t au momenl des explicalions fonctionnelles, el impose une suspensioIZ de juge-nunt. Elle permet de lnieux laborer la critique du travail accompli el d' tablir UIl pl'ogl'anlme de contfnuation, comme elle auait fauoris, des le dpal't, une meilleul'e mise en place (le l'actiuit rduite ti laquelle 'Gn sauait deuoir se limiter.

    L'enquete que nOllS avons essay de dflnir, pl'senle des intrets diuers de trois ordres pI"incipaux.

    10 InlrCt pral'chologique, son progl'amme d'urgence pOI'-tant sur les lInenls el systi:.Ines culturels en voie de disparilion ou de transformation, classs sous la rubrique de culture ou civi-lisalion prmachinisle OH prinduslrielle. La peine consacre par les spcialistes a la restitution des cultures disparllcs, leul' joie a la dcouverte d'un uestige nlatl'iel confirmenl, au moins sur ce plall, l'utilit du travail descriptf; ; n'est pas Ilcessaire d'aUendre qu'une culture lle su/,siste plus qu'a l'tat de vestges rouills pour en ab'ol'der l'tude.

    2" Illtret antlzropologique, puisqu' elle coniribue au recell-sement des diffrents systemes de re/atons lwents par l'espece humaine et a l' tude de leul' transformaton actuelle.

    Elle peut ainsi collaborer a l' dificatioll de celte allthl'O po-logie dOlZt Quatl'efages dOlllla, ; y a cellt ans, les premiel's prill-cipes directeurs, que P. Rivet dota d'un illstrument detravail en crant le Muse de l'Homme el en animant, aux cls de M. Mauss, l'Institut d'Ethllologie de /'Universit de Paris, et ell f(tueur de laquelle, L. Pevre lulte pour /a cratolZ de centres universftaires de sciellces humaines.

    3" lntret pratqtw, dans la mesure ou elle s'effectue en Uai-

    "

    AVANT-PROPOS XXXIII

    son avee des l'echerches (lictes par les problemes de l'heul'e el [ll'omues par des organismes vous a l'arnnagemellt conomique et social du pays.

    Que la tche ait quelque utilit semb/e dmontr par l'effort fait de toutes parts pour conllaltre l'humanit actuelle. C'est une constante ncessit que de pouvoir discriminer el assimiler, l'cconncrtre les e/res et les situalions. Si les lechniques sont dif-frenles, les exigences sont les memes que celles qui condi-tionnent la uie de C/WCUll dans un groupe d'inlerconnaissance. Au dela, dans Ulle grande ville, l'individu doit s'habituer a cotoyer plus d'lrflllgers que de connaissances, il calalogue , situe les inconnus a l'illtersection de quelques catgories expri-mes par des manieres de Se lenir oa d'agil'. Son groupe de con-naissance est souvent l'eslreint el pal'adoxalement, l'indice de consangllinit, qui baisse lorsqu' on passe de rgiolls isoles, montagnardes Oll insulail'es, aux uilles de moyenne importance, remonte de celles-ci d Paris. On n'a jamais tanl parl de pr-sence , de message ) que depuis que l'augmentatioll el la dis-tension des masses humaines ont multipli les inlerdpendances tout en l'endant plus difficile' la c0n.naissance de lears termes.

    Lorsqae le pttblic l'echerche les images (plzotos de jOUl'llaux, d'ocumentail'es et autres documents cOllcl'els), il ne ait qu'obir a un besoin pl'pfond d'alIier, aux extensiolls approxi-matfves que lui apportenl les slatfstiques, la vision des phno-mnes qu'e/les voquent et de restituer a /'chelle de la naton el du monde, le systeme adaptatf dont chacull use dalls sa spilere de contacls immdials.

    Jamais nOIl plus ; n'y a eu tallt d'enquetes el de sOlldage.< mais la lentative n'esi pas nOllvelle. Les travaux .des Eneyclop-(lisies, les staUstques des Prfets, se proposaient djiL de recen-ser les cararistique~ des conjonclures sociales conlemp.o-raines.

    Ce guide est /e rsum d'Ulll'eCueil de notes de leclure et de l'eclzerche et d'Ull cours profess a [,Ecole dll Louvre et, plus suc-cillclemellt, a l'Institut d'Ethllologie. Ulle premiere rdaclion date de 1945; des [ragmellts 0/1 schmas en farent utiliss alors, a la demallde de G.-H. Rivire, COllservatellr du Mllse natonal des arts et traditiolls popu/aires (mollographie d'objet, fiche alla-lyUque, illstracUons de dessin, remarques sur l' emploidu cinma). Certaines conditions conomiqzzes' onl conlraint a des

  • XXXIV AVANl'-PROPOS

    rductions massives qui ont port principalemenl .'mr la biblio-graphie, les notes annexes et les exemples concl'els, ce qui explique en parlie le cal'actel'e abl'upt Oll elUplique de ceJ'laills raccourcis oa nUlnrations.

    II doit beaucoup aa contact auec les praticiens qui ont besoin de sauoir pour agir, dWIS un domaine partois limit, mas dont les conceptions {ont gnralement /'objet d'une frquente rvi-sion impose par la pratique. Praticiens de la matiere (ing-niears, artisans, ele ... ) ou de l'}wmme el dll milieu social (mde-cins, psycJwlechniciens, pclagogues, moniteurs sporlifs, organi-sateurs du travai/, agents de pubticit ... ), tous dtiennent une monographie des conlportements qu'ils onl ti: excuter, a diriger, ii enseigner, el l'obseruation de leur mlhode est pleine d'ensei-gnements. L'entl'aznement sporti!, par exemple, confirme, sou-vent pniblement pour /'apprenti, le rO/e des temps de matura-tion, du ryllzme, de la vis ion de soi par la pholo et le cinma dans la ruision des donnes proprioceptives el dans la rduction du dcalage entre /'agi et le reprsent. Dans /'tude d'une acti-vit, les uues des gens de mtiel', de cellX qui ont el rflcJzir sur l'acliuit qu'ils exercent, sont d'abord ti: rechercher.

    Des enqlletes de psychologie sociale so liS la direction df! notre regrett maUre C. BOllgl, puis la parlicipation aux tra-vaux de la Commission des l'echerches colleciives anime par A. Varagnac sous la direction de L. Fevre, furent nos premieres expriences d'enquete direcie OH par correspondance. A cette poque, dans la mission Dakar-Djibouli dirige par M. Griaule, dans les enque/es de D. Gusti sur les vil/age" J'Oumains et celles de R. Lynd sur Middlelown , s'laboraient ou se perfection-naient des mthodes de travail en quipe tandis que se rdui-sait le hiatus entre peuples ethnographes et peuples ethnogra-phiables.

    En 1937, G.-H. Riviere nOllS appelait a collaborer a l'organi-sation dll nIuse qu'il fondail, lWUS chargeant de l'ol'ganisation de {,Office de docllmentation folklol"que, pui" du service de recherche et documentation et appllyant enfin l'ide d'un labo-ratoire d'ethnographie fran9"i.,e.

    Ce/te collaboralion eut tieu galement sur le terrain OU, des 1937 galement, G.~H. Riviere prit l'initialive d'enqute" {lldo-riqlles par quipes de spcialistes principalement en Sologne et dans la rgion avignonnaise, pHis dans la parteipalion ti la direction de chantiers d' tude da mobilier traditionnel, de /' ar-

    AVANT-Pl\OPOS XXXV

    chileclure el l'et/uwgl'aphie rgionales. Tl'avail de muse, cnqwHes et clrantiel's furent l'oecasion de prcieux changes de vues, en particuliel' auec nos camal'ades, G.-S. Pison retoul'n depais ti: l'archilecture lnilitante el deuenu arcJzilecie en cherde la Reconstruction, el L. Dumont qui, apres des lravaux sur le domaine mtropolitain (donlla remarquable monographie de la Tarasque), s'est lllainlenant spcialis dans l'indianisme.

    Les problemes de recherche se tl'ouverenl lis a ceux de la formation du personnel, accll'e Da de plus longae haleine. La frquence observe des abstacles les plus couramment rell-confrs el des quesfions le plus souvent poses par les chercheurs e,l leves, franfais ou fl'angel's, a fourni d'Htiles indications sur l'imporfance d leul' accorder l'cspectivemenf ei sur les possibi-lits d'laguer ce qui tait plus facilement admis ou surmont.

    Si dOlle cerlaincs positions thol'iques el preepies tech-iziques ll'cngayent que nofre respollsabilit, le guide esl dans sa forme acluelle le rsultal d'~xpriences poul'suivies tI la lumire de travaux d' qllipe el des suggeslions apportes par nos cama-rades de trauail, nos collegues el nos lves auxquels vont nos remerciemenls.

    Nous ne nwnqllerons pas de remercier spcialemenl ceux de nos collaborateurs qlli 11011S ont apport le concoars de leurs sp-cialisalions, M. Richet et S. Tardieu dans /'art rgional, C.-M. Du-bois et M. Andral dans la mmicolagie, M.-L. Teneze dans la litt-rature rgionale, OH ql.li nous ont aid dans la confeclion de l' Oll-vrage. A J. Barr, 111. Boulin, D. Laillel' et P. Soulier nous auan" cJllprunt ou delnalld la ralisation de documents graphiques. H. Trmaud a contribu a /'t"blissement des planches. M. S"r-rabezolles el 1. Chiva onl apport leul' COllcours clair el inlas-sable tanl dans l' tablissement du manuscrit et ses refontes .uzc-cessives que dans la ruision et l'amlioration des prelwes. Nos renwrciemenls vont galement a R. Damont poul' le soin qu'il a pris de relire le chapitre consacr el [' exploitation agricole.

    Nous exprimerons enfiJl notre gratitude a la Commission d'ethnographie du Centre national de la recherche scientifique, prside par le De H. Vallois, qui a bien voulu honorer ce travail d'zzne subvention indispensable, .et, particulierement a M. G. Ja-mat, Direcleur au Centre, pour la bienveillanle palience avee laquelle i/ a tudi et soutenu les pmjets successifs qui abou-lissent a ce/te pubtiCCLtion.

  • A.- MTHODES DE RECHERCHE

    3

  • 1. - Caracteres gnraux de la dmarche.

    1 Dcoupage initial : enquetes lmentaire et systmatique. L'lude des habitudes clllturelles dan s un domaine dfini par

    un territoire nalional et la poplllation qui y habite ne pellt s'oilrer qu'a partir d'un dcoupage pralable du champ social e.t dn rpel'-toi1'e des normes qui y sont observables. Ce dcoupage pent s'e!fec-tuer sclon deux principes :

    1 Parmi les normes, Oil en choisit une Oll un groupe qu'on tudie en extension dans tontes les units humaines, simples Qil complexes, o elles s'actllalisenl : e'esl I'enqute lmcnLail'e exten-sive OU, encore, horizonlale;

    2" Dans l'ensemble de la population, on considere un ensemhle particulcr d'individus Oll de gl'Ollpes. prsenlanl un Dil plusieurs caracteres cornmuns (aclivil prindpale, rsidence dans une merne rgion, apparlenance a un meme groupe culturel ... ) et l'on s'e1Torce de dgager, dans sa composilion lmentail'c et sa struclllre. le syslcme de normes qlli en caraclrise le mode de vie acluel : e'est l'enquHe systmalique ou globale ou encore verlicalc. dont l'aspccl le plus connu esl l'enquete rgionalc ou local e (provillce, pays , commllne).

    Ces deux dmal'ches sont solidaires. L'enquHe lmcnlaire sud une norme dans ses ll10dalits variables avec les syslemes locallx o eIJe s'insere; ceBe du mode el!! vie d'un groupe, aussi restl'cint soit-il, procede par tapes lmentaires; ... elles lendent loutes deux l'identification des lmenls et structures relativemenl slables d'une conjoncLure. Elles constituent une coupe sync1uonique. d'ailleurs non inslantane mais s'tentlant snr la dure d'un an. le calendl'ier tant avec la longvit moyenne. l'unit fondamentale de dUl'e dans l'ludc des cultures.

    Cette coupe synchronique se raccordc ncessairement a la pel's-pective diachroniql1e 9iL normes et systemes trouvent leurs dimen-sions historiques. Cedains sonl rpuls tres ancicns, on n'en connait pas l'poque d'apparition. D'antres viennent de naltre d'une muta-lion partielIe ou globale. A tl'avers ces transrormations, des slruc-tures plus gnralcs semblent pel'svrer. sont prsumes inaltre~ el exaltes cornme des constantes de mentalit . de caractere n, de gnie dn groupe (268).

    A moins de s'en tenir a une descriptiolI plIremenl formelle. une mOlIogl'aphie de lIorme 011 de systeme sera d'autant plus valable qu'elle aura mieux saisi leur mode d'insel'tion dans les trcs, rayonn plus avant dans le rscau des -interadions sociales et remont plus profondment le COllrs de I'histoire.

  • 4 GUlDE n'ETUDE DIltECTE

    Ceci suppose un remarquablc conCQurs de complences el une sornme considerable d'un Lravail pouvant demander plusieurs annes. Or les phnomimes n~attendent pas ponr voluer que soienl runes . touLes les conditions necessaires a leuI' lude complete. Cel'Lains se dlriorent-tres rapidemcnt :_ ils conslituent notl'C pro-grarnme d''urgence. Ceux qui demcul'cnt OH son! d'mergence rcenle se transforment. 11 fant agir vite.

    Mais si, par mihode, iI esL ncessaire de dlimiter un champ d'action immdiale, iI est pl'frable que eette dlimiialion soit opre de propos dlibr - non vasivement - el en vertu d'une division du lravail consciente qui souligne les Iacunes perltucs, amnage les cantacts avec les disciplines concourantes et les inser-tions les plus probahlement efficaces aux. recherches futures. l/examen de ces limites permettra de dfinir plus exaclemellt le genre d'enqule envisag dans ce gnide. ses plans d'application. ses techniques essentielles -et les qualifications minima de son pcrson-nel, tandis-que son illslallation dans une conjoncture de recherche plus gnrale sera esquisse en conclusion (213-215).

    2 Limitation dans la perspective psychosomatique. Nous envisagerons c-ette perspective en foncHon de deux

    dmarches qui, aussi souvent que possible, se conjuguent troite-lnent au cours de l'enquctc : l'observation et I'informalion (49, 50-12).

    L'obsel'vation COlltante peut atteindre : 10 Des aspects morphologiqucs (taille, corplllence, pigmenta-

    tion ... ) sur lesquels le sujet ne pent agir sinon, pour certains, par technique interpose et de rsuItat diIIr (rgime alimenlaire, th-rapeutique, culture physique. maquillage ... );

    2 Des -comportements el manifestations incontl"ls ou rpnts tels : comportements pathologiques, rflexes naturels ou condition-nes, comportcmenls emot!fs:< secrtio~~, racti~ns vascu.laires; ep rnarge, comportements generalement tlutomahques malS contro-lables, posture, allure, rythme respiratolre;

    3 Des comportements contrls parmi lesquels il sllffira, pour notre propos, de -distingller deux catgories principales: a) compor-lements nOI'maliss dont les termes sont connus et les processlls rgls avec une rigueur v~riablc, l'p~nd?-nL soj t ~ des ~teFmJsmes (compodements el"gologlqu~S. SOUl,!US a des 10ls sCle~hfiqllen"!ent vrifies, a des recettes emplnques Oil seulement gal'anhes par 1.all-torit de la tradition, y compns ceux qui ont ponr but de suscIter un tat incolltrl : i-vresse, extase, hypnose ... ), soH a un cocle (sym-boliqlle de c01:nmtln~cation, d'informati~)ll), un protocole, un Tit-.;-el OH des regles a apphquer dans une con]oncture fluctuante par defi-nition (jeux); b) comportements orients do!!t les processus ,sont moins rigoureusemcnt .prvisibles! l~~ terI~es l~ccrtalll,s et le. resyl-tat -alatoire : exploratlOll et essal d ldellhficahon et d orgamsatlOn d'llne conjoncture fluctuante interne (mthode de mditation, d'exa-men de conscience) ou exlerlle (examen de la situation conomique, rliscussions de caf. dlibration d'organes spcialiss tels que les conseils municipallx ... ); vrificatilOn ou cration de l'objet de l'acti-vit ,(d'une hypothese scientifique, d'un systeme philosophiqlle, d'une reuvre d'art, d'un idal moral).

    DES COMPORTm-IENTS CULTURELS 5

    pour aller plus 10in, l'obsCI"valioll exprimentale fait appel diverses mthodes et techniques : mensurations soma tiques, mesure du mtalJolisme. dtermination des grollpes sanguins, tests psycho-techniques eL psychanalyLiques, techniques d'tude des mouvements el du travail, etc ...

    Par l'application simultane de ces deux modes d'observation, 'On pent esprer tablir des corrlations tres utiles :entre caractris-tiques psychosoluatiques et pratiques culturelles : rpertoire d'acti-"its, rgime alimentaire.et aspect morphologique; mtier et dfor-

    m~tions professionnelles; volution culturelle et lvation de la taille ou brachycphalisation progressive, etc ... Tont en demeurant dans le domaine choisi, nous ne nous refuserons pas de consigner des indications approximatives - ventuellement appuyes de documents photographiques - sur la taille, la couleur des yeux et des cheveux, ainsi que sur les symptmes manifestes (embonpoint, misere physiologiqlle. dformation ou disproportion ... ) mais en nous gardant bien d'mettre un diagnostic on de donner a t-ort un nom savant a des phnomenes que nous savons a peine dcrire valable-ment. Sauf cas de comptence parallele, la tache que nous tentons ele dcrire esL en elIe-meme suffisamment vas le, sans que nomo ayons a dborder dans des domaines dont, d'ailIeurs, nous ne devons pour autant rnconnaitre l'importance. Les points 011 la collabora-hon des deux modes d'observation est particulierement souhaitable., seront indiqus au passage ainsi que les documents et concours possibles (mdecins, psychotechniciens. conseilJers d'orientation ... )

    Le plan ou nous nous installons en premier Heu, sinon exclusi-vement, est celui des comportements contrJs normaliss. Ils occu-pent en effel la majenre I;artie de l'existence quotidienne. Suscep-tibles d'adptation intensl"ve (une pression sur la varlope rpond aux fluctuations de rsistance du bois) ou combinatoire (le dtcl'-minisme des tenailles s-e substituant a celui du rabot a l'apparition el'un clou) (45), ils permettent de faire face a une srie annuelle ou biographique de situations. lIs ont a la fois ponr condition et pour rsultal -global le niveau culturel et le potentiel aUeint par le groupe. lIs manifestent les reprsentaHons et intrets qu'ils sup-posent an minimum el que la pratique contribue a affirmer ou a redifier. Dans leur exercice se trouvent troitement lis les trois plans de la psychologie classique: action, reprsentation, affec-tion (87). e'est a leur niveall que s'tablit la.commllnication sociale, que se forment les cbrnmunauts fu~aces ou durables et que s'orga-nise la vie sociale concrete. La definition de ces comportements n'est sans donte pas suffisante ponr renrlre compte de l'infinic diver-sit des mondes individuels ni mme de tont ce ql1'ils ont de com-mun, mais leur connaissance fonrnit la base indispensable - l'elati-\Tement nombrable- des investigalions ultrieures dans la profon-denr des ctres et dans l'panouissement des interactions sociales.

    Les constantes que nous pourrons observer dans le plan des comport-ements orient s y sont lies dans une large mesure. Explo-raleurs, ces derniers tendent a rduire la conjondure a des pro-cessus connns et a trouver une rponse combinant des ractions normalises. Crateurs, ils s'appuient sur des normes qu'ils trans-forment; les manieres caractristiques d'aborder un sujet portent le plus SOlivent la .marque des activits dominantes. Spontanment,

  • 6 GUIDE D.'ETUDE DIRECTE

    on transferc pai' l'cul'l'ence les schemes vrifis - Oil encore non in Ilrms - dans :les pl'atiques nOl'malises, dont la fl'quence carac-lrise un statut. D'o! les explications ou ralionalisations vita-IlsLes ch.ez l'agl'iculteur, mecanicistes chcz le garagiste (76, 155, 187 ... ). PUl' ducation, el pendanl des gnrations~ les aclivits libres. sonl dirigees ledivement - an forum Oll dans le priv -sur' la polilique, l'eslhtigue, le jeu Oil ]a rndilation. Les compol'le-ments inconll'ols sont egalement" marqus par les techniques de rOl'lllation : l'objet de l crainle, I'inconnu, le terrible varient avec les groupes.

    Cependant, cerlaines influences du milieu el, meme, des pra-tiques conscientes de formalion chappenl aux ducateurs (50, 91). Ces effels risquent d'clre -d'untant plus persislants que l'on n'a pas conscience de Ielll's causes, Ce qui n'csl pas rapport a la transmis-sion cultureIle l'esl a la pl'ennit d'une nature, d'une Tace pal'ti-culiere (91). 01' cet irralionnel n'est pas absolumenl irrductible si, en regard des caracteres cornmuns des comporlemenls. on complete le tableau des caracteres cornmuns de l'apprentissage el du milieu de for1natiol1, el si ron -lablit enlre ces tablcanx es cOlTlaLiol1s vriHables sur le plus grand nombre de caso

    La tache a laqueUe nous nons attacherons done en premier fieu, consistel'a a tablir aussi completement que possible ce double tablean des enlres el des sorties. La dlerminaUon des caractcris-t.iques inconscientes ou rationalises qui pouna en rsulter esl sans dOllle l'activiL la plus atLrayante et la plus rconde en dcoll-verles; mais. pOllr ne p~s mul~ip1ier les rat.i.on~lisations ~, n.ous viterons d'mvoquer ['lllconsclenl comme pnnclpe d'exphcahon, nous le considererons comme une zonc de }'inconnu a la rduction duquel nous pouvons conlribuer avec les llloyens d'investigation que nons aurons choisis.

    Par conlre la notIon de conditionnement est souvent utile, ce mot dsignant les organisations inlernes acquises que supposent les comportements culturels. Organisations qUl ne sont considres ni cornme innes, ni eomme immuables, ni comme indpendanles les unes des autres, mais fonctions de l'volution biologiqlle (malura-lion, maturil, snescence) et des slabilits ou flnctuations du milieu, entretenues par 'I'exercice ou s'effa~ant par dsutude, rvi-sibles a la lumiere de I'exprience, ces rvisions entrainanl gnra-lement des modifications plus ou moins profondes des structures de l'ensemble solidaire. L'invention, en tant que phnomtme crateur, inconsCient et imprvisible, nons chappe. On n'a pas encare dcou-ved la mach;=ne a inventer. Par contre, l'analogie des conditionne-ments et des situalions explique l'accueil fait a I'invention - refus, adoption, assimilalion plus ou moins dformante - el sa connais-sanee pralable permet dans une cerlaine mesure de prvoir cet accueil. C'est du moins le principe. explkite ou non, qui rgit l'ac-tion des propagaleurs de novations -techniqucs, politiques ou autres, sondant ou pr6paranlle terrain. CeHe analogie est galement ~ l'ori-gine du phnomene de polygenese pouvant prendre les dimensions d'une prise de conscience massive, L'emprunt, en tant ~ue dcou-verte de la valenr, 'est-ell ce sens une forme aUnue de 1 invention.

    Ayarit dfini notre domaine dans l'ensemble des phnom,enes cxtl'ieurement observables et par rappol't aux phnorncne-s inlcrnes

    DES COl\-lPORTEl\-IENTS CULTURELS 7

    'que .ces derniers manifestent, il nous Tesle a nous limiter en ce qui -concerne l'informalion.

    En fait celle-ci intervient des l'abord, dans le tri des phno-menes locaux et l'tablisscmenl d'un pTemier invenlaire des activits et de leurs significations altribues. " Bi-en ql!.e n'utilisa~t pas les techniques de l'observation exp-n~enlale, 1 mte~rogatotre peul se perdre dans la richesse des con-nalssances, utoples et histoiTes inditviduelles. On -peut etre tent de flxer les caradri8ti"qu~s de cel'tains processus mentaux : rapidit el,. ~lature des aSSOCIatlOns, pntration ... De tels diagnostics sont

    dehcat~. lIs suppose.nl che7; ~'enquet.eur une grande comptence, appuyee par. une soltde e.xpenence, el surtoul un systeme de rf-l'e:!-1ce .oh.lechf, et l'on s,;u~ .combien la, psych~logie arrive a l'uge sClenhflque se monlre leglllmement deante a l'dard des estima-tions bas es sur les intllitions personnelles. b

    Pour ne pas s'garer dans une encyclopdioc sans usage local on .dans le roman (72), nolre enquet.e se borne a l'inventaire des notlOns el symboles correspondallt aux activits reIIes dans le cycle ~nnuel, le~ ~vI1:emenls de p}us longue priode et les tapes de la VIe. Cette hmllallOn aux representations en rapporl avec la vie quotidienne indique en rneme temps ceHe de la recherche dans le mil-ieu APhysiqu~ : non le milieu gographiquc, la faune, la flore en eux-mc.~es malS seulem~nl ce que le groupe en connaU et a l'gard de q~Ol Il prend une alhtude dfensive Oil appropriative (192). En ce qm concerne I'hornme, si nous nous refusons les incursions dans le soma tique, le nosolo.gique el les aptitudes mentales, nons notons par contre les concephons locales concernant ces sujets les tl'aits de caractere ou d'esprilt que le groupe cultive, ceux que'lui reCOD-naissent les voisins ou qu'ils moquent..., concurrernment a l'tude des pratiques alimenlaires, mdicales ou autres auxquelles sont lies ces reprsentalions.

    En !'sum: 10 ,l'observation .eour~nle a laquclle nous nous tenons s exerce an lllveau des phenomenes, aspects el comporte-ment~ auxguels les ~embres du gl'oupe donnent une signiflcation; elle s appme toutefOls pOlU' l'analyse fine de ces comporlements sur les te~hniques d'eni'egistrement optique el sonore; 2~ l'inforrnation s'en henl a I'invenlaire des significations et des symboles correspon-dan!s.

    3 Limitatiol1 dans les perspectives socialc et historique. . Hormis les ~as ~'extreme urgence, l'enquete n'est jamais entre-

    prIse sans un depomllement de la documentation accessible sur le sujet choisi.

    G~ace a quo.i sont localiss et ~ats ,en prem~ere apvroxi'mation les phenomenes a observer : extensIOn d une prabque, aIre ,de recru-tement d'une assemble crmonielle, aire technique et conomique d'un c~ntre artisanal, ~i~cons~r~ption d:u:ne rgion relativement homogene par superposItlOn d alfes anleneurement dfinies (lin-guistiques, conomiques, architecturales, etc ... (193).

    Sur le terrain, - il cst recornmand de consulter les archives cornmunales a partir de la Rvolution. AillSi se trouve dfini un eadr spatio-temporel limit- au territoitre de la" cornmune el. a son systeme -de relations irnmdiates, et a une p"riode de cent cinquante

  • 8 GUIDE n'ETUDE DIRECTE

    aDS an c.ours de IaqueI1e se dessinent des courhes d'vofution dmo-graphiques, conomiques, etc... Ce dcoupage dans la perspective historique prsente }'avantage de cOIncider avec un changement pro-fond .des struclures el avec l'apparitioll d'une nouvelle espece d'ar-chilves. n encadre en outre la priode modcl'ne caracterise par I'acclration des transformations technico-conomiqllcs. }'intensi-fication des changes internationaux et la rapidil des transfOfma-tians SOcioclllturelles. -

    , La connaissance de ces cadres et courbes d'volution permet. dans le mnimum de temps, de mieux situer el de snsdter avec plus de suret les informations.

    A partir de I'actueI, I'information remonte dans le pass proche jusqu'a longueur de mmoirc des plus anciens, a deux chelons : le veu par I'informateuf, la connaissance du vcu par ceux de ses prdcesseurs avec lesquels il a t en contacto Dans I'espace, limi-tation provisoiTe ti deux zones senslblement analogues : aire de dplacement -et de contact habituels; aire de eonnaissance mdiate~ par migrants locaux, aire d'change de personnel, de marchandise, etc ... ,On s'en tiendra par exemple, :\ l'aire teehnique et conomique d'une exploilalion agrieole (132) d'apres ce qu'en connait l'exploi-tant~ remettant a plus tard le soin de prciser les raisons lointaines qui influent sur la demande de beurre normand OH de primeurs du Vaucluse sur le march anglais. L'essentiel, a ce stade de la rechel'-che, est de pousser aussi loin que possible, a partir du poillt spatio-temporel d'observation, la connaissance du systeme des relations externes d'apres ecHe qu'en ont les informateurs el pl'at~quants (76, 94). "

    Ceci n'empeche nulIement de procder au reprage des SOUTees d.ocumentaires, publiques ou prives, dont il serait inadmissible de laisser chapper la rfrence. Mais quant a lenr utilisaLion imm-diate se pose une nouvelIe limite de comptence. Antriellrement a la fin. du XVIUe siec1e, les archives opposent au profane des rsis-tances qui ne font que croltre a mesure qu'on remonte dans le pass : le vocabulaire, la mtrologie, les insli'tutions prsentent de srieux pieges a qui n'est pas vers dans l'histoire de ces poques; de plus, les manuscrits deviennent indchiffrables :\ qni n est pas palographe. Si done les -connaissances indispensables manquenl, iI y a mi:eux a faire que de se pel'dre en dchifTrements pnibles et en exgeses fautives. On se mfiera meme de fastidieuses copies qui, pour.les memes raisons, peuvent etre fausses et que, le cas chant, le microfilm remplace avantageusement.

    Il est bien -vident ~ue de lelles lirnitations ne s'imposent qu'a 'une enquete subissant d troites contraintes exlra-scientifiques. Un chercheur originaire ou rsident peut associer, a une observation permanente des faits en volntion, la dLeclion el le dpouiHemenl

    'des archives. On a souvent regrett que les tl'avaux des chercheurs . lo.ca~x soient si curieusement compl.n~entaires de ceux qu~ n~ms

    decrIvons, en ce sens que partanl gcneralement de la prehlslOlre, ils sont tres discrets pour ne pas dire muets, sur l'poque aduelle. Des monographies rcentes manifeslent hCllreusemcnt une oricnta-tion diffrente.

    eomme pl'cdemment, ceHe rechel'che de la surface de spara-tion indique du meme coup celle des contacts a tablir entre tudes

    I i I

    DES COl\-lPORTEMENTS CULTUIlELS

    silllultanes sur un rseau idalemenl dense OH portant sur les poques anlrieures.

    ,. Monograpbies individuelle el catgorielle. Pos eS ces- limites qui vitent les l'gl'essions aventul'euses el

    indfinies et qu'on pouna d'ailIeurs toujours assouplil' en fonctioIl! des circonstances, quel va tre le cheminement a ]'intrieur des emIres ainsi lracs? Le but gnral est l'inspection d'un certain nombre de cas d'espece - a la limite rarernent atteinte, la totalit des units d'un ensemble parent - pour, a la lumiere de ces exp-riences singulieres, dgager une mOllographie catgorielle de I'en-semble.

    La prerniere opl'ation pratique est le choix d'un objet d'tude-lmenlaire OH syslmatique. Mais COlnme ce choix ne peut se faire qu'en fonction de cOIHingences qui ne sonl pas toutes d'ordre scien-tlique, nous ne I'envisagerons qu'en conclusion, supposant jusque-Ia le problcme rsolu.

    La seconde est le dnombrement des units a examiner et I'lablissemenl de leur aire de distri"bulion gographique : ensemble

    . des armoires de slyle virois, des entreprises cramiques fonction-llant en Puisaye, des hahitations rurales en Bresse, des villages pr-sentant une homognit relalive quant a certains lraits fondamen-laux du ll10de de vi~, elc ... Nous avons vu plus haut le role de la documentation pralable drms cette dfinition de l'aire envelop-pan te. . ,.. d ' l' 'd .. JI arrIve que ~ eLu e s app lque a es cas l'al'es Slllon umques< Unicit OH raret par l'arfaction : cas des del'niel's tmoins d'ell-sembles alltrefois nombreux ce qui ramme an cas gnral avec cette diffrence qu'on n'a plus l'embarras du choix. Uni'Cit ou raret par nature : cenlre arUsanal unique mais de diffusion cono-mi"que dpassant la rgion ou la nation, crmonie soIennelIe unique dans la l'gion OH la nation, monument terme d'un pelerinage, reUVl'e d'art. eeue ral'et est d'ordl'e physique; l'importance cultu-rene se mesure a I'ampleur des populations qui ntilisent les pro-dnils du premier, assistent a la seconde, visitent ou admirent les clerniers. La multiplication physique (l'eproductions en pHHre eE :MilIels des calendriers ... ) re.ioint le cas gnral ~ans qu'il soit per-mis d'assimiler absolument l'original et sa l'epl'oduc.tion si fidele Cfu'elle soil. Unicit de la novation et singularit individuelle : l'in-yention, le protolvne sortent comme tels de noire dornaihe ainsi que ioute singulal'iL ~ahsollle. Par contre, s'il-s sont connus, les appr-cintions portes sur eux permettent de mieux dgager les normes en vertu desquelIes ils sonl jugs; c'est la regle norme-exception que ROUS retrouverons souvent (73, 95, 106). L'objet peut donc etre uniql1e physiquement : le critere qui justifie .son inscription ven-lnelIe au _programme est la dimension soclale des conditionnements sdn gard. An dela des apparences physiques, le phnomime Napolon est la masse de ceux qui connaissent le nom, le ynerent ou le halssent, les categories de bonapartistes, etc ...

    L'ensemble tant repr, iI est ncessaire de choisir le ou les cas reprsentatifs - appels parois un peu prcipitamment cas-types - a soumettl'e a l'lude intensive individuelIe, dans une srie d'ob-jeis fabl'iqus, d'individus de memes mtiers, qualification ou condi-

  • 10 GUIDE n'ETUDE DIRECTE

    ti?nnen~ent, de pl"oupes d'a-clivit, elc ... Ce choix est d'autant plus nccessalre que 1 ensemhle est plus llombreux ou que chaque unit, plus c?l1lplc~e, demamle 1,m travail ,d'idenliiicati0!I plus long. .

    L operatlOll est l'elahvement sImple IOl'squ'Il s'agit de mat-riels. Le producleur indi'que lui-meme le spcimen se rapprochant le plus de la nOrlllC. ReIativcmcnt simple galcmcnt,. le choix des exploitations dans un viIlage : si, par cxemplc, la cOUl'he de distl'i-butioll selon la surface pl'sente deux modes Oil dominantes. iI y a chance pOBI' que nous ayons afIail'e a deux catgol'ies parmi Ies-qllelle-s le choix se prcisera. Dans une catgorie d'onvricl's spcia-Iiss. on recherchera, celui' donl le conditionncment se rappl'oche le plus de la norme, en l'encadrant venlueIlement entre le meilleuT et le moins habile, au-dessus et en-dessous u-esquels on passe dans une autre catgorie. .

    S'il s'agit de ehoisir un village reprsentatif d'une rgion. un prjug favorable va aux points remarquahles de l'aire : la parti'e cent~'ale el les frontieres. La pr-emiere prscllte, en principe, le l11aXlmUm -de caracteres discriminants, ceux-ci s'attnnanl vers la pl'iphl'ie. Mais ce principe, comme tant d'antres ad~l1et son eOll-traire : les centres sont plus vi-te aUeints pal' l'influence externe que les ~arges rplltes plus c~nsel:vatrlces .. Donc pas d'a priori dog-mahque. Apres une approxllnabon sur documents, une reconnais-sanee dirccle de l'ensemble s'impose, prpare, ventuelIement, par une enqllete .par questionnaires : a) reeherche de la ligne de part et d'autre de laquelIe les habitants revendiquent l'appartenance ou la dclinenL. Opinions des fl'ontaliers sur les caracteres dislinciifs des dellx rgions, sur les relalions frontalieres ou de centre a centre; b) dtermination des sous-rgions et de leurs centres (lignes de par-tage conomique. sons-aires linguistiques ... ); e) enquete d'opinion sur le ou les vil1ages eonsidrs par les ressortissants comme les plus reprsentatifs de la rgi-on; Opinion confronte, il va sans dire, ave{" eelle -de rsidents atLachs a l'tllde de ces problemes. et eompte tenll des. ractions affeclives. conditi-onnement antHhtique, etc ... pou-vant nuir-e a l'ob.iectivit dll jllgement. Le choix n'est pas mca-niqui!, il est toujours rvisible. Mllltiplier les indications a ce sujet neo servirait pas a grand'chose. La dmarche peut se rsumer comme smt: recherche des sOlls-catgories et de leur discriminants, abOll-tissant a une esquisse de typologie interne parois affirme avee force et passion par les habitallts et leurs voisins; encadrement d'un cas-type mdian entre deux extremes.

    Ponr un chercheur rsidant, originaire ou non, du e'n cas de dcouverte fortuite, la perspective s'inverse. Son ehoix est fait ipso facto mais ~l u'est pas inutile qu'il ~ffect~e. pouy mettre en place sa monograplue locale dans une SUlLe d lncluslOlls successives, la dmarche inverse po:ur revenir a son point de dpart.

    L'enquete peut alors s'exercer sur les premiers chantillons choisis. Puis. les constalations faites sur ces jalons provoquent une' nouvelle inspedion plus minutieuse de l'ensemble et le ehoix

    d'~utres spcimens soumis a leuT tour a une analyse com.I?:lete, -ven-.t~ell.ement le r-e~our SUl' les premiers jalons rour. vnfication de detal1s apen;us aiHeu-rs. De proche en proche 1 entr~prise tend vers une monographire catgorielle de plus en plus prcise. comportant la l'vision de la typologie initia-le, la mise en place des diffrents -cas

    DES CO.MPOBTEl\IENTS CULTUnELS 11

    par rapport a des normes typiques u'exlension plus restrcinle, la dfinition des lolrances au dela desquelles l'cart se sunclionne loealement par le reclassement ascelldant ou descendalll, la dis-qualification, le rejet de la c01l1l11unaut. etc ...

    En meme lemps, l'histoire rcenle apporte.l.es lmcnts d'une typologie gnlique, la luUe des :r;t0rmes LI:adlbonnelles avec les llormes nouveHes, les Lransformahons parLleIles ou globales des strllcLures sociales ...

    Il n'y a pas de' diffrence irrductible entre I'enquete par chanUHonnage a l'ehelon national el l'enquete intensive a l'che-Ion de la catgorie el'aire l'estreinte. Elles appliquent les mmes principes et te'ndent a se rejoindre a mesure que l'ulle gagne en comprehension el l'autre en extensiou. La fil"lere monographiqlle ne va pas sans danger de papillonncr d'anccdotes en a~ecdotes a tr3-vers les singnlarits individuelles. La rnonographie de eatgorie ou de type pet s'en prserver si elle garde le double sOllei. thorique, de l'extension des phnomenes tudis -et pratique, de l'accord des buts irnmdials avec les moyens disponibles, ce qui n'est qu'en apparence coniradidoire avec eelui de l'cxhallstivit immdiatement accessible (7).

    5 Elude morphologique. L'tude mOllographique ~ deux aspects cla.ssiques : des~ril?tion

    morphologique et tude fonchonnelle des relaLtons el des slgmfica-tions.

    Des deux.,la description morphologique est la plus simple. e'est d'elle qu'on part gnralement. a elle qll'on s'arrete souvent. en par-ticulier. lorsqlle les cireonslances ne permcUent pas d'aller plus loin.

    . La dmarchc est la rneme que ceHe qui nous a mens jusqu'ici : une analyse de I'objet en ses lments constitlltifs et une synthese repIacant les lcments dans la stl'ucture d'ensemble. Le matriel est dmont an moins rnentalemcnt pUs remont. L'activit dcou-pe en acles, phases, gestes lrnentaires et recompose dans sa structure spatio-temporeIle totale. Les groupes d'a-ciivit ou terri-toriaux dcomposs en classes, catgories, eomrullnauts partieIles, etc ... Nous n'insisterons pas sur ces opl'ations dont la description est un des ob.iectifs principaux des chapitres suivants et qui d'ail-lenrs suppose une proccupation simultane de la discrimination des formes et de l'aperception des fonctions.

    6 Elude fonclionneIle. La notion de fonclion ne manque pas d'arnhiguit et ceci reten-

    tit sur la conception que l'on se fait de l'-tude fonctionnelle. Une des incidences de cette ambiguit est parfois l'exclusion

    a priori de certains phnomenes. Pour qui croit aux forces surnatu-relles. celles-ci n'ont pas moins de ralit que les rayons gamma, pourtant les aclivi Ls se fondant sur de telles conceptions cos-molo-giques peuvent etre rejetes comme survivanees sans intret. De meme, une activit sera prise ,en considration ou rejete selon son mode de validation : exprimentation, empirisme ou anlorit de la tradition (75). Le classement pele-mle sons le nom de routine de tont ce qui ne rpond pas aux exigences d la validation exprirnen-

  • 12 GUIDE nJETUDE DIRECTF.

    tal;e laisse de ca,t d~s phnomenes pOll'.:.ant avoir en ralit un grane! pOld~ dan~ la yle d ';In g:roupe et, peut-etre, une vleur que vrifiel'U' une InvestIgahan sClentIfique plus avertie. _ Dcid, a ne ~ien vincer a priori, ~ ~inon ponr des l'aisons pra-t~ques - 1 obsel vatenr est salivent vlcbme d erreurs d'interprta-

    hon. Les membres du groupe n'en sont pas a l'abri (alnsi que le p!,ouvent les 1!Ialentendus. Iocaux et leu!' corollaire pratique, la tech-DIque hypocnte), par sude du -dcalage entre profils fonctionne]s (83. poly.valenee loeale). Les qui-pro-quo sont a la base de nOlll-breuses c?mdleS et his toires -drles ~insi que de quelques thories. plus ansteres. A !-me forme e~t aUnbue une signification et une seule (7?). Cas freque~t, par exemple, I'observateur substitue son propre Jugen~ent esthhqlle a eelui du producteur (17, 19, 78). Inver-seme~t, de l absence de certaines formes on conclut a ceHe de la fonchon.

    . La mpr,i~e ~i~nt, du cot de I'ob~~rvateur, a l'application spon-l~nee ou d~hberee de schemes d mterprtation valables dans d autres system~s - culture proprc (ethnocentrisme) OH autres _ dont la ~omp.araIson a ~onn lien a des conclusions qu'on transfere sans preca,ution. Ellle ~l~nt, dn ct du rel, a la poIyvalence des formes et a son corollmre, le polymorphisme des fonctions. .

    Entrons a l'intrieur des significations attribnes. par le groupe. L,a polyv~I~1!-ce local~ .interdit les simplifications. Sur l'ensemble d une actIvIte normahsee et an dela de son terme immdiat I'intret d~ , l'ag~nt pent s~ fixer sur des points diffrents d'nne squence t~Ieologlque for! eten?ue (77? : faire .. dn sport pour rta~lir l'qui-hbre humoral, ga!del la IIgne , etre en bonne sante, avoir de b~aux enfa~ts qm feront la force du pays ... II ne manque pas de p~ospectus etal~nt e.n faveur de la techmque prconise. une srie d arlluments ~xlOloglques .IIant de la rglllation du J'H au progres de, 1 hUJ;namte. ~ar e.ontre le but de certames activlts n'est plus tres. clalr d!lTIS I esprIt du pratiquant. On fail cela paree qu'on l'a touJours ~alt ,s:;tns au~re r~ison pel:ceptible. Cedes, iI faut compter ay~c la, dlscrehon qm abnte certames coutumes, mais cette ind-cIsI~n ~ est pas o~s.ervable seulement dans les milieux apparernment voues a la _ tradlhon ora le. Il est des regles d'action, des lois d?nt on a perdu de vue les motifs initiaux, les attendus et les consi-d.erants. La conscience s'est assoupie, l'habitude continue par iner-he dans le mouvement (75). ~

    Cette tache d'identification, hnmble et minutieuse, restitue le monde pe~~c;u, ses .etr~s et notions eonstitutives et le systCme de ~enrs relahons attnbuees. Restent des relalions inapcrcues qui son!" a ch~rche~ dan~ I'e~se.mble du syst~m~ et dans son volution (57). PhysIOlogw e~ Imgmshque .ont appns a eonsidrer les phnommes de leur ,domame dans lenr lnterd~pendance. La possibilit de saisir un syste~e cuaurel dans ses lrmts sLrllcturaux essentiels est sans doule IDmns assure alJ.sein d'une vaste population 01.1 s'observe un ~ombre ~randissant ~'changes de toutes sortes et une transforma-hon raplde des. habltud~s, que dans les groupes de plus faible volume et relahvement lsols et -slables. L'espoir de trouver le b~au e.as , Otl rien n'aurai~ boug de.pnis des gnrations est vain. Cela obhge a beaucoup de cIrconspechon, non an renoncement.

    DES COMPOItTEI\1ENTS CULTURELS 13

    On pouna distinguer, par ordre de diLIieult croissante, les ehelons suivants :

    1" Elablissem-cnt des relaLions per/(ues localement, en distin-guant pour chaque phnomene les diffrenls profils fonctionnels et eur extension (83);

    2 ApPIoximation des relalions slructurale1:i implicites en eon-sidration de l'ensemble des aetivits. L'invenlaire ponder des activits, dont l'illventaire matriel donne une connaissance appro-ehe (21. sqq.), est un- ensemble fini quant a ses. dimensions tempo-reHes et aux especes qui le composent. Il fourm 1 galement le sys-teme des rapports sociaux concrets tant internes qu'cxternes (65 et sq.q.);

    S" Multip1ieation des tudes eomparatives dans l'espace et le temps.

    Trois chelons qui peuvent etre assimils a des tapes sans qu'on en fasse un ordre chronologique ncessaire. L'enquCtelll" se prsente devant le cas concret avec au moins guelques hypotheses sur sa structure gnerale, fondes SUr la connalssance d'autres caso L'op,ration d~js~ve est l'i~ser,tion du monde ,connu loea~ ~a?-s un systeme plus general d'explIcabons et de problemes et la reV1SlOn de celui-ci a la ravenr de cette in~ertion.

    7 Exhaustivit. Prcision. Un systeme culturel se prsente done comme un tout dont seule

    la connaissance totale garantit ceHe de la fonction de chaque l-ment et du fonclionnement d'ensemble. Ce vceu d'exhaushvit se heurte a deux sorles d'objections. Objections d'ordre pratique - les moyens manquent pour tudie~' tout, i.1 fa,ut sr~er les ql~es~ions -qui seront abord.es en c0I!~IUSlO~. ObJ.ect~ons d ordre, theo~'I(Iue, se rfrant les unes a la hlerarchle ob.lechve des phenomenes, les autres aux limites subjectives de la science a ehaque moment de son dveloppement.

    La considratioll de la hirarchie des phnomenes amene a les classer selon lenr importancc, leur poids dans la conjoncture. Sur ce classement s'tablissent les programmes d'urgence qui- repoussent ou rejettent les faits 011 dtails jug~s ~e peu d~ P?ids .. Or, a part le singulier absolu, il n'y a pas de detall sans slgmficatlOn. Prenons un exemple dans un domalne rput parmi les plus futiles, celui de la ll1ode. n est vident qu'U e~t des questions p'lu~ graves 51~~ ceHe de la forme d'un.bouton OH d une eelulue. Mms 11 est precIsement frappant que, malgr la gravit d-e certains vnements, de parei~les proccupations ~rouvent place. Le ~h:.;tom?ne a un~ al!1P~eur.soctale variable avec les groupes et par la alde~ leuI: dlscnmlna.tlO~. Le rythme de renouvelIemenl - anuue}, smsonmer on deml-salson-nier, - caraclrise les classes sociales, marque leur volont d'assi-milation intracIasse -et de discrimi:;tatioll intercIasse. Le lancement d'nne nouvcaute constituc une sorte de radif vrifiant la stabi-lit de certaine.s nappes de difIusl0n isochrone : ;~ pr~nd ou ;~ ne prend pas )J. Les changemenls de mode entr~lnent p~rfOls d~s .re~onversions importantes du personnel et des lwtallabons ~pectahss. Si -nous prenons une srie de forme~ ~de bOllt,on~, de celntur,es OH autres accessoires) nous aurons les elemenls lnchspensables a une analyse de ce qui peut caradriser. a travers la diversil des formes

  • 14 GUIDE n'ETUDE DIREeTE

    successiv~~, un slyIe, uD: gout nalional, .et expliquer son sucees aux yeux de 1 etranger (sucees dont les pCl'Slstances DU iluctnations pl'-sentent des implications d'ol'dre social el conomique non ngli-geablcs).

    CeL excmple Be IlOUS fait pas sortil' du monde -des significations locales el l'on pourra nous souponner d'avoir choisi a dessein un phnomime dO,nt l'ampleur l'~elle n'en rend que plus facilemcnt con~ testa~l~ le reJet COlime obJet valable de recherche. On pourrait ll;lUI~lf'he~' les cxemples pour mOlltrer

  • 16 GUIDE n'ETuDE DIRECTE

    .activHs sont tuuies dans leuI' forme, les nOl'Illes cosmologiques, morales. esthtiques, etc., qui les l'gissent. A vec elles apparaissent les calgories de ceux qui ont la capacit, le droit, l'obligatlOll, exclu-sifs Oil non, de produire, de disfribuel', de vendre, d'utiliser l'olJjet. Ces l'elatiolls stalutaires donnent a l'objet le pouvoir de symboliser lesdifes catgol'ies (9). L'examen de I'ensernbfe des formes cantem-pOl'aines permettra la dasslfication, sous un type gnrique, de plu-sieurs especes el sous-especes avec la dfinition concomitante de sous-caigories spcialises de pl'Oductelll'S, distl'ibnleurs el d'utili-sat~urs, el de leuI' rpartition sociale. Suivant l'histoire du spcimen -de sa fabrication a son utilisation ou sa remise aduelle, nous pas-serons en revue ses avatars cornmerciaux, ses pnssages d'un utilisa-teur a l'autre par vente.' don, troe, hritage, ses changements de

    foncti~n .(un cha~dron ou une PC!terie ~e~ou

  • 18 GUIDE D'ETUDE DIRECTE

    rment dans son individualit, son autonomie physique. Mas 1

  • 20 GUIDE D'ETUDE DIRECTE

    Ceci esL valalJIe d'ailleul's pour Loule dcscript.ion physique, mais rest davanLage encore lorsqu'il s'agit u'une aclivHe dont on n'esl pas 56l' qti'elle s'cxercera encare longtemps. L'enquetcnr doiL etre pret a donner une bonne description physique de lout phnomenc qui lui tombe sons les yeux.

    13 Composition matrielle. L'identification rigoureuse de la maLiel'c minrale OH ol'ganiquc

    danne des indications sur: lOSa pl"ouenance : 2 ,Les l'aisons lec/migue.') de son cmploi prfrenticl : lan-

    ehit du gres el an contralre pOI:osit des lerres des vascs a l'afl'ai-chir, souplesse de l'osier, dUl'ct et laslicit de l'acier tremp, mallabilit de }'Lain el du ploll1b. l'sislance a l'oxydation de l'Lain, dure t du chene ou du buis uliliss dans les p~ces travail-lantes, etc ... ;

    3" Le degr d'autonomie du groupe vis-a-vis de l'extrieur, en ce qui concerne ces._matieres premieres eL les possibilits cono-miqlles d'eehanges, done sur les l"aisons conomqlles de l'emploi. Le fer est une matiere premiere relativement rare dans beaucoup d'quipements agrieoles anciens; il Y a cinquante ans encore, iI nc faisait qu'une timide appariLion sur les socs des charrues du Puy-de-Dme, et encore sous forme de clous plants dans le bois. Pl'paration et fafonnage de la matiere.

    S'jl est llcessaire de l'ecoul'ir aux analyses de labol'atoil'e pour dtermine!" la tempratLll'e de cuisson d'une poterie ou la formule exade d'un alliage, le procde de Lannage ou de teintul'e d'une peau, un cerLain nombre de dtails de prparation et de fa'tonnage de la matiere apparaiss


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