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Page 1: La Barra de Sanlúcar

Colloque internationalIl ruolo delle vie d’acqua per la circolazione

delle merci e degli uomini nelle regioni dei

delta e delle foci urbanizzate: Guadalquivir,

Nilo, Rodano, Tevere.

École française de Rome (EFR)

Roma, 13-16 mai 2015

Loïc Ménanteau

UMR 6554 LETG-Nantes Géolittomer

CNRS et université de Nantes

Ancien membre de la Casa de Velázquez

[email protected]

La Barra de Sanlúcar

(embouchure du

Guadalquivir)

et son franchisement,

du XVIe au XXIe siècle

Réplique d’un galion du XVIIe siècle, Galeón Andalucía,

sortant de l’embouchure du Guadalquivir. Ph. Curro Cassillas

Page 2: La Barra de Sanlúcar

Résumé

Après avoir localisé, à différentes échelles, l’embouchure du Guadalquivir et la Barra de Sanlúcar

(Andalousie atlantique, Espagne), une courte présentation est faite sur la formation de l’embouchure

actuelle, postérieure à l’Antiquité, et l’aménagement historique du bas cours estuarien. Des datations

au 14C, des indicateurs archéologiques, des documents anciens et la télédétection (spatiale et

aérienne) permettent de préciser la géochronologie de la région de Sanlúcar de Barrameda.

La première partie (I) concerne l’évolution des rives de la Broa de Sanlúcar depuis le XVIe siècle,

marquée par (1) une progradation et une érosion côtières, (2) le comblement de l’anse au fond de

laquelle se trouvait, sur le revers d’une ancienne falaise marine, la ville médiévale de Sanlúcar. La

régularisation constatée du littoral est le résultat de la dynamique sédimentaire (dérive littorale). Les

auteurs facteurs physiques de l’évolution (turbidités, courants de marée…) sont brièvement exposés.

La deuxième partie (II) porte sur la morphologie de la barre d’embouchure, à la fois rocheuse (interne)

et sédimentaire (externe). Les principales caractéristiques (tracé, profondeurs….) des trois chenaux

(canales) la traversant à l’époque de la Carrera de Indias, en particulier celui du Canal de la Barra,

sont données. Une carte physiographique synthétise l’information (hauts-fonds rocheux, chenaux…).

Le franchissement de la barre est l’objet de la troisième partie (III). Les conditions climatiques (surtout

la direction des vents) et hydrologiques (hauteurs et courants de marée) nécessaires pour la franchir

sont détaillées aussi bien pour l’entrée que pour la sortie. Les autres difficultés, dues surtout aux trois

changements de direction dans le chenal principal et à son étroitesse, sont également évoquées.

La dernière partie (IV) détaille les conséquences dues aux risques du franchissement de la barre :

adaptation de l’architecture navale (tirant d’eau), très nombreux naufrages de navires, élaboration de

projets réalisés (avec échec) ou non pour éviter ces risques. Ces derniers n’ont diminué qu’avec

l’arrivée de la navigation à vapeur et le creusement d’un chenal artificiel, totalement rectiligne, entre

1951 et 1971.

Page 3: La Barra de Sanlúcar

Bas Guadalquivir

océan

Atlantique

mer

Méditerranée

Détroit de Gibraltar

Barra de

Sanlúcar

Golfe

de Cadix

Localisation de la Barra de Sanlúcar

Péninsule

ibérique

Page 4: La Barra de Sanlúcar

Longueur du Guadalquivir : 657 kmSurface de son bassin : 57.390 km2

Bassin hydrographique du Guadalquivir

Barra de Sanlúcar

Page 5: La Barra de Sanlúcar

LacusLigustinus

L’inondation et

l’humidité des sols met

en évidence : le cours

actuel, navigable, du

Guadalquivir, en grande

partie artificiel par suite

de coupures de

méandres (cortas)

réalisées depuis 1795 ;

le tracé de ses deux

anciens bras, de la

Torre ou Noroeste et de

l’Este ; l’endiguement

du Guadaíra ;

les étangs piscicoles du

sud de l’Isla Mayor

(finca Veta La Palma) ;

la superficie inondée

(18.000 ha) des

Marismas de Doñana,

isolées de la mer par un

cordon dunaire (en

blanc, dunes vives).

Une grande lagune

côtière occupait ces

marais dans l’Antiquité :

le Lacus ligustinus. La

fermeture des passes

ente cette lagune et la

mer a été à l’origine de

la position actuelle de

l’embouchure actuelle

du Guadalquivir.

La région du Bas Guadalquivir durant la grande inondation de l’hiver 1996-97. Composition colorée (bandes 5, 4, 2) d’une

image du satellite Landsat 7 ETM+ (scène 202-034) acquise le 18 02 1997à 10h 41mn TU. Traitement : L. Ménanteau

Page 6: La Barra de Sanlúcar

Sanlúcar de Barrameda

Broa de Sanlúcar

Lucio

del Membrillo

Punta

de San Carlos

Punta de Malandar

Las Marismillas

Matalascañas

Ph. aérienne oblique PE

Dunes vives

de Doñana

Torre de San Jacinto

Page 7: La Barra de Sanlúcar

Région de l’embouchure

du Guadalquivir

Composition colorée (bandes 4,

2 et 1) partielle d’une image du

satellite SPOT 5 (scène 35-412)

acquise le 04-07-2008 en mode

multispectral.

Géoreférencement en UTM 30

(carroyage de 10x10 km)

Traitement : Loïc Ménanteau.

© CNES distr. SPOT Image.

Junta de Andalucía

Abréviations : A, Punta de la Arenilla

C, Punta de los Cepillos

P, El Puntal ;

SC, Punta de San Carlos

CA, Colonia agrícola de la

Algaida

ML, cultures irriguées de la

Marisma de Lebrija

CT, Casa del Trigo

PM, Palacio de las Marismillas

MA, saline Monte Algaida

SR, salines de Nuestra Señora

del Rocío;

SP, salines de Poniente.

Couleurs très claires : dunes

vives de Doñana, sols dans les

marnes blaches - albarizas

(vignoble, …) ; vertes : pinèdes

de las Marismillas et de la

Algaida, cultures irriguées, …

Page 8: La Barra de Sanlúcar

Géochronologie

de

l’embouchure

du

Guadalquivir

La carte fournit quelques éléments

chronologiques permettant de mieux

comprendre l’évolution géomorpholo-

gique de l’embouchure du Guadalquivir

depuis l’époque romaine. La position

actuelle du cours estuarien est

postérieure au XIe siècle, moment où

son cours coïncidait avec le Lucio de

Henares. Cela implique que la barre

sédimentaire s’est formée, en grande

partie, au cours des derniers siècles.

Réalisation : Loïc Ménanteau

In : Ménanteau & Vanney, 2011

Page 9: La Barra de Sanlúcar

Datations au 14C

des cordons sableux et levées

estuariennes

1, Vetalengua (1800-1900 ans)

2, Las Marismillas (1175-1775 ans)

3, Nord-ouest de La Algaida (1086-1146 ans)Ph. aériennes obliques Loïc Ménanteau

1

2

3

Page 10: La Barra de Sanlúcar

Télédétection aérienne

et

cartographie

des

anciens chenaux de marée

Caño Cardales (Marisma de Sanlúcar).

Las traces du chenal, dont l’ancien lit est

végétalisé, sont encore visibles sur les

photographies aériennes du vol de la US

Air Force du 7 novembre 1956. Le caño

devait être encore fonctionnel à l’époque

romaine.

Réalisation : Loïc Ménanteau

Page 11: La Barra de Sanlúcar

Sanlúcar de Barrameda

Chipiona

Sanctuaire

de La Algaida

Culte à Astarte

ou Vénus marine

(Luciferi fanum

de Strabon)

El Tesorillo (La Algaida,

Sanlúcar de Barrameda)

CORZO SÁNCHEZ, Ramón, 1991. “Piezas etruscas del santuario de

La Algaida (Sanlúcar de Barrameda, Cádiz)” in REMESAL, J. et

MUSSO, O. La presencia de material etrusco en la Península Ibérica.

CORZO SÁNCHEZ, Ramón, 2000. “El santuario de la Algaida

(Sanlúcar de Barrameda, Cádiz) y la formación de sus talleres

artesanales” in COSTA, B. et FERNÁNDEZ, J. H., Santuarios fenicio-

púnicos en Iberia y su influencia en los cultos indígenas. XIV

Jornadas de Arqueología fenicio-púnica (Eivissa, 1999).

Turris Caepionis

EBORA

Piedra Salmedina

Quelques

indicateurs

archéologiquesCasa

del Trigo

Réalisation : Carlos Alonso et Loïc Ménanteau

Page 12: La Barra de Sanlúcar

Ancien chenal de marée

(Caño Cardales)

Le sanctuaire, au nord-ouest de la pinède de la Algaida, bordant un ancien chenal principal de marée dont

les traces ont disparu par suite du drainage agricole. Photo aérienne oblique Loïc Ménanteau

Sanctuaire

Lux Dubiae

ou Phosphoros

Luciferum Fanum

Page 13: La Barra de Sanlúcar

Le sanctuaire de Phosphoros ou Lux Dubiae

La Algaida (Sanlúcar de Barrameda). Ph. aérienne oblique Loïc Ménanteau

Usine de

salaison romaine

Sanctuaire

Marais drainé

Page 14: La Barra de Sanlúcar

10 000 pièces de céramique et 5 000 pièces de

métal, de verre, de mollusques, d ’os (…) furent

découverts entre décembre 1978 et mars 1980

sur le site du sanctuaire. Offrandes attestant les

importantes relations maritimes entre le

Guadalquivir et la Méditerranée à travers le

Détroit de Gibraltar. Cordon sableux de la

Algaida (Sanlúcar de Barrameda).

Le sanctuaire de Lux Dubiæ ou de Phosphoros15 000 offrandes de marins entre 500 et 200 ans a.C.

Page 15: La Barra de Sanlúcar

L’estuaire du Guadalquivir en 1720 et 1991

Reproduction partielle d’une image du satellite Landsat 5 TM du 12-11-1991. Le nord est à droite. Cours rectifié (secteur

amont) avec coupures de méandres (cortas) et réduction, depuis 1795, de 50 km de la distance entre le port de Séville et

l’embouchure du Guadalquivir, marais drainés (rizières, autres cultures) avec disparition de l’ancien drainage.

Sevilla

Plano y Descripción del Famoso Río Guadalquivir q’baña a las M.N.Y.M.L. ciudad de Sevilla la qe se halla distante al Max

Océano 45 leguas... (1720). Autoridad Portuaria, Sevilla. Trois bras, deux îles (Mayor et Menor), méandres estuariens.

Sanlúcar

de Barrameda

Page 16: La Barra de Sanlúcar

La rectification du cours du Bas Guadalquivir

Sanlúcar de Barrameda

Page 17: La Barra de Sanlúcar

I

Évolution

des rives

de l’embouchure

du Guadalquivir

depuis le début du

XVIe siècle

Broa

de

Sanlúcar

Ph. aérienne verticale de 2011.

Junta de Andalucía

Punta del Espiritú Santo

BonanzaPlacer

del Cabo Punta

de Malandar

Sanlúcar

de Barrameda

falaise médiévale

anse comblée

Page 18: La Barra de Sanlúcar
Page 19: La Barra de Sanlúcar

Sanlúcar de Barrameda en 1567

Positions du rivage marin dans l’anse de Sanlúcar de Barrameda en 1500 et 1567. Dessin du

flamand Anton Van der Whingaerde qui, sur commande du roi Philippe II, parcourt l’Espagne

et réalise une collection de 62 vues, détaillées et méticuleuses, de villes et villages.

Österreichische Nationalbibliothek à Vienne, Autriche

Trait de côte en 1567

1500

Page 20: La Barra de Sanlúcar

L’écrivain espagnol Agustín DE HOROZCO apporte dans un livre publié en 1598 un témoignage de

grande valeur sur l’extension de la ville sur la mer (barrio bajo) :

« ... La meilleure zone de peuplement de la ville est représentée par les constructions réalisées pendant les

soixante-dix dernières années sur les pentes de la colline ; le centre urbain se déplaça de l’ancienne ville vers le

rivage de la mer qui recula et se retira de toute l’étendue de cette nouvelle ville. En effet, auparavant, le flot

maritime et ses marées arrivaient à l’escarpement de la colline.

Parmi les vieilles gens, beaucoup ont connu cet endroit encore recouvert par les eaux, où les bateaux arrivaient

pour s’arrimer aux contreforts et soubassements du jardin du palais des Ducs de Medina Sidonia (dont c’est la

ville), situé presque au bas de l’escarpement. Et pour ma part, depuis dix-huit ans, j’ai vu de nombreuses et

belles demeures et de vastes rues là où la mer baignait et recouvrait le terrain... ».

Un nouveau quartier sur la mer au devant de la falaise médiévale

Détail du dessin antérieur. Anton Van der Whingaerde, vers 1567. Österreichische Nationalbibliothek à Vienne, Autriche

Page 21: La Barra de Sanlúcar

Comblement de l’anse de Sanlúcar de Barrameda. Fond : photographie aérienne verticale n° 32 223 de la mission de

l’US Air Force du 06-11-1956 géoréférencée en projection UTM 30. Surcharge : 1, Barrio Alto (trait rouge : enceinte fortifiée

médiévale) ; 2, extension urbaine (Barrio Bajo) devant le pied de la falaise morte (XVIe siècle) ; C, château de Santiago ; P,

Puerta del Mar. Le trait en hachures jaunes verticales correspond au tracé de la falaise médiévale qui bordait le sud de

l’anse marine ; les traits bleus discontinus marquent les positions respectives de la ligne de rivage en 1550 et 1750.

Réalisation : L. Ménanteau, 2011

Page 22: La Barra de Sanlúcar

Falaise morte médiévale

Calle de los Bretones

(Sanlúcar de Barrameda)

falaise

marine

Palais des Ducsde Medina Sidonia

Rivage marin au XVe siècle

1519

Le nom de Puerto de la Foz (port de la

Faucille), donné au port médiéval de

Sanlúcar en raison de la configuration de la

rive, contraste fortement avec l’actuel tracé

rectiligne de cette même rive. La situation

des anciens chantiers navals, les

atarazanas, du Duc de Medina Sidonia

dans la rue de la Chanca, au pied du

château de Santiago, le nom de Cuesta de

la Mar attribué à la Cuesta de Belén sont

autant d’indices de l’existence d’un rivage

marin suivant la base du versant de la

falaise limitant le barrio alto de Sanlúcar.

Cuesta del Mar

Cuesta de Belén

Page 23: La Barra de Sanlúcar

Guadalquivir

Punta del Espiritú Santo (Sanlúcar de Barrameda).

Au premier plan, érosion de la pointe et recul des falaises ; au second, falaise morte médiévale

Ph. aérienne oblique Loïc Ménanteau

Page 24: La Barra de Sanlúcar

Guadalquivir

Punta del Espiritú Santo (Sanlúcar de Barrameda).

Au premier plan, érosion de la pointe et recul des falaises ; au second, falaise morte médiévale

Ph. aérienne oblique Loïc Ménanteau

D’une anse marine…

Page 25: La Barra de Sanlúcar

Guadalquivir

Punta del Espiritú Santo (Sanlúcar de Barrameda).

Processus de régularisation du rivage avec comblement de l’anse marine de Sanlúcar et érosion côtière du cap.

Au premier plan, érosion de la pointe et recul des falaises ; au second, falaise morte médiévale.

Ph. aérienne oblique Loïc Ménanteau

D’une anse marine…

à un rivage rectiligne

Page 26: La Barra de Sanlúcar

En haut, en bordure de la falaise, ruines

du Castillo del Espiritú Santo (1588)

dont près de la moitié a disparu par

suite de l’érosion marine du cap

éponyme. Cela obligea à édifier une

nouvelle fortification (batterie) plus en

retrait de la falaise (dont le plan donne

l’emplacement projeté).

Plan de Don Gerónimo Marquete,

Puerto de Santa María, 24 avril 1756.

© Archivo General de Simancas

Page 27: La Barra de Sanlúcar

Érosion de la Punta del Espiritú Santo vers 1900. Carte postale ancienne, coll. Loïc Ménanteau

Fortification de 1776

Page 28: La Barra de Sanlúcar

Érosion de la Punta del Espiritú Santo en 2011. Ph. Curro Cassillas

Page 29: La Barra de Sanlúcar

Ph. aérienne oblique prise vers l’amont , 2011

Bonanza

Castillo

San Salvador

1627

Punta

de Malandar

Punta de San Carlos

Page 30: La Barra de Sanlúcar

La progradation du rivage marin au nord de l’embouchure

Plano y elevación

de torre grande

para la costa de

Sanlúcar. Juan

Marín, 1583. ©

Archivo General

de Simancas

Page 31: La Barra de Sanlúcar

Érosion des extrémités des cordons sableux

de la Punta de Malandar

Falaises vives dans les sables dunaires. Ph. Loïc Ménanteau

Page 32: La Barra de Sanlúcar

Mapa fisiografico del litoral atlántico de Andalucía MF 03 Réalisation : Jean-René Vanney et Loïc Ménanteau

Page 33: La Barra de Sanlúcar

L'alimentation de la plage aux levées

successives s'effectue de manière continue

par le transfert sableux opéré par la dérive

littorale (flèche rouge) du nord-ouest au sud-

est, en direction de l'embouchure du

Guadalquivir

Formant des crêtes multiples accolées les

unes aux autres, les sédiments sableux

progressent de manière parallèle à la côte

sous l'effet de la puissante dérive littorale qui

conduit au transfert vers l'est puis au sud-est

d'environ 300.000 m3 de sable par an .

Une côte affectée par

une puissante

dynamique sédimentaire

Ph. aériennes obliques Lpïc Ménanteau

Page 34: La Barra de Sanlúcar

Une côte affectée par

une puissante

dynamique sédimentaire

Dunes de Doñana avec, à l’horizon,

l’embouchure du Guadalquivir.

Ph. aérienne oblique Loïc Ménanteau

Guadalquivir

Les sables apportés par la dérive

littorale vont se déposer devant

l’embouchure du Guadalquivir,

phénomène favorisé par le

changement de l’orientation du

rivage par rapport à la houle

dominante de sud-ouest.

Page 35: La Barra de Sanlúcar

Panache de turbidité du Guadalquivir, avec ses différents gradients. Traitement de la bande 1 d’une partie d’une image du

satellite SPOT acquise le 05-11-1999 après de fortes pluies. Réalisation : Loïc Ménanteau

Page 36: La Barra de Sanlúcar

Dynamique

des courants de marée

dans la Broa de Sanlúcar(marée moyenne)

Flot : 1, isocinètes (m/s) ; 2, branche

principale du flot ; 3, branche annexe ; 4,

début du jusant lors de l’étale de flot à

Bonanza ; 5. Placer de San Jacinto ; 6, zone

d’eau calme

Jusant : 1, isocinètes (m/s) ; 2, branche de

jusant ; 3, début du flot lors de l’étale de

jusant à Bonanza ; 5. Placer de San

Jacinto ; 6, zone d’eau calme

In : Vanney J.-R., 1970. L’hydrologie du Bas Guadalquivir.

La barre rocheuse constitue unobstacle qui perturbe la circulation descourants de marée, ce qui compliquaitla navigation à voile.Le marnage (amplitude de marée) peut

dépasser 3,60 m à Bonanza pour un fort

coefficient (115) de marée.

Page 37: La Barra de Sanlúcar

L’analyse de la forme et des types de fonds permet de distinguer deux éléments dans la barre.

En premier lieu, la barre rocheuse ou interne, appelée ainsi en raison de sa position plus

orientale. Disposée en épi entre les pointes de l’Espiritú Santo et de Malandar, elle est soumise

à l’action directe des courants de marée et fluviaux, et, marquée, au nord, par une dépression

étroite et profonde, le canal de la barra, en partie recouvert par les sables de la plage de

l’Inglesillo et des dunes de la Punta de Malandar. Elle est constituée par des grès coquilliers ou

des calcaires durs du Pliocène supérieur et des conglomérats du Quaternaire ancien. Son

élément le plus caractéristique, la Restinga del Muelle, découvre à basse-mer et dévie les

courants. Un haut-fond, la Riza, qui n’affleure jamais, prolonge la restinga vers le nord comme

un point sur un i. Les parages de ces hauts-fonds sont dangereux, notamment à l’ouest (le

Carrión à -0,80 m) et, en face de la plage actuelle de Sanlúcar, la Riceta de Cambray, à -2,50 m

lors des pleines-mers de vives eaux.

II Morphologie de la Barra de Sanlúcar

Plano particular de

la desembocadura

del Río Guadalquivir

en el Occeano en el

qual se manifiesta el

Canal de la Barra de

S. Lucar con todos

los baxos y escollas

que en ella se hallan

(…).

Cartoteca histórica

del Ejército (CHM,

Madrid)

Page 38: La Barra de Sanlúcar

Physiographie et évolution

de l’embouchure du

Guadalquivir

Page 39: La Barra de Sanlúcar

Morphologie de la Barra de Sanlúcar

À deux milles à l’ouest de cette barre

interne, entre les pointes du Cabo et

de Montijo, le fond est semé de têtes

de roche qui sont presque toutes

enfouies (à l’exception du Bajo

Picacho) sous des sédiments

sableux. La partie la plus vaste de la

barre sédimentaire ou externe, où

les fonds ne dépassent pas 3 m à

marée basse est formée par le

Placer de San Jacinto. C’est l’endroit

où s’accumulent les sables apportés

par la dérive littorale NO-SE

affectant la côte de la Basse

Andalousie. Ils recouvrent une série

de hauts-fonds rocheux dont les plus

célèbres sont ceux de Juan Pul et

Juan Pul Norte (-0,10 à -2,70 m),

dans sa partie centrale, et Las

Galoneras (-1,05 m en BM), au sud.

Page 40: La Barra de Sanlúcar

La confrontation des cartes nautiques actuelles avec des documents anciens (archives,

plans, cartes) permet une reconstitution assez fidèle du tracé des chenaux que les flottes

devaient emprunter pour franchir la barre. À l’époque de la Carrera de Indias, il existait trois

chenaux qui se réunissaient en une seule branche en amont du Pozo del Barronal. Ce

chenal unique se dirigeait vers la rive gauche du Guadalquivir et passait en face du château

du Salvador, édifié en 1627, pour donner accès aux mouillages de Bonanza.

Le chenal principal de la Carrera de Indias se divisait en deux canales dans sa section

finale vers le large. Celui du nord fut totalement comblé par les sables du Placer de San

Jacinto. Quant au chenal principal, qui comportait deux passages étroits, sa largeur variait

selon Veitia Linaje (1666) entre 30 et 112 m. Dans un rapport de 1672, le marquis del Sol

l’estime à la largeur de deux bateaux, soit environ une vingtaine de mètres. Dénommé

Canal de la Barra sur les cartes marines du XIXe siècle, il conserva une grande partie de

son tracé jusqu’aux années 1970.

Canales de la Barra de Sanlúcar

Plano del puerto y barra de Sanlúcar de Barrameda.

1835, José Ley. Museo Naval, Madrid

Page 41: La Barra de Sanlúcar

Trois sondages réalisés en 1666, 1702 et 1720

apportent des informations assez précises sur les

profondeurs des Canales. Le premier, effectué en août

1666 par le Marquis Fuente del Sol, président de la

Casa de Contratación, signale une variation de 6,49 à

7,70 m. Le second, réalisé durant la pleine-mer les 16,

17 et 23 août 1702 par l’amiral Don Pedro Fernández

Navarrete donne les profondeurs de plusieurs points du

chenal. La profondeur y diminue depuis la barre

externe (8,12 à 8,96 m) jusqu’aux hauts-fonds de La

Riza (6,44 à 7,28 m). En période de basse-mer, elle fut

estimée, pour les mêmes points, entre 6,72 et 7,28 m et

entre 5,04 et 5,60 m. Le troisième, enfin, fait le 20 juin

et les 21-22 juillet 1720 par les ingénieurs Don Alberto

Mienson et Don Miguel Sánchez Tamaraz au cours

d’une basse-mer de vives eaux, concernait toute la

longueur du chenal. Il fait apparaître une diminution

logique des profondeurs de la barre externe à la barre

interne (8,40 à 5,60 m) avec seulement 5,46 m à son

entrée, près du bajo de Las Galoneras. Stables aux

Rizas, elles atteignent 5,88 m au Pozo del Barronal

pour augmenter ensuite au Pozo de la Villa (10,08 et

9,52 m) et diminuer légèrement au nord de La Riceta

de Cambray (8,40 m). En conclusion, la plus faible

profondeur du chenal en période de basse-mer serait

comprise entre 5,04 et 5,46 m.

Extrait d’une carte marine espagnole de 1875.

Page 42: La Barra de Sanlúcar

La Broa de Sanlúcar : le Canal de los Ingleses

Ph. aérienne oblique Loïc Ménanteau

Le chenal du Nord (Canal del Norte

ou de los Ingleses), sans doute le plus

ancien, était situé entre la Punta de

Malandar et le Placer de San Jacinto.

Sa profondeur, de quelques dizaines

de centimètres durant les basses-

mers de vives eaux, était maintenue

uniquement grâce à l’action de

vidange des courants de jusant.

L’élargissement de la plage a

provoqué son ensablement dans sa

partie septentrionale, et donc, un fort

rétrécissement de sa largeur.

Page 43: La Barra de Sanlúcar

Broa de Sanlucar y desembocadura del Guadalquivir. Sondages réalisés en août 1899 à l’échelle du

1:10.000. On reconnaît le tracé du chenal de la barre. © Archivo del Museo Naval, Madrid

Canal de la Barra

Page 44: La Barra de Sanlúcar

Détail du plan précédent. Broa de Sanlucar

y desembocadura del Guadalquivir.

Sondages réalisés en août 1899 à l’échelle

du 1:10000. Remarquer les changements

de direction du chenal principal de la barre,

© Archivo del Museo Naval, Madrid

Page 45: La Barra de Sanlúcar

* 1503. Création à Sévillle, par les Rois Catholiques, de la Casa de Contratación, chargée

de commercer avec les Indes (avec école Navale et Centro de Estudios Geográficos).

* 1524. Établissement définitif de la Casa de Contratación, à Séville, sous le nom de

Conseil Royal Suprême des Indes.

* 1717. Transfert à Cadix de la Casa de Contratación.

La Casa de la Contratación à Séville

Principales fonctions :

- préparation des

expéditions

- « apresto » des flottes

- enregistrement des

flottes et des passagers

- entretien de l’arsenal

- recouvrement des droits

Casa de la Contratación,

actuel Archivo General de Indias

Page 46: La Barra de Sanlúcar

L’arrivée de la flotte annuelle des Indes dans l’estuaire du Guadalquivir

Public Record Office, Londres

Séville et son avant-port, Sanlúcar de Barrameda, assure le monopole du

commerce entre l’Espagne et les colonies d’Amérique. Ce rôle se renforce

quand le roi Philippe II décide qu’à partir de 1564, deux convois partiraient

chaque année pour la Terre Ferme transportant les articles du commerce

européen et retourneraient à la Péninsule ibérique avec l’or et l’argent des

particuliers et de la Couronne. Ainsi, entre 1560 y 1700, 104 flottes de la

Nouvelle-Espagne font l’aller et le retour entre l’Espagne et Veracruz.

Page 47: La Barra de Sanlúcar

Sortie de l’embouchure du Guadalquivir (Sanlúcar de Barrameda), la flotte annuelle des Indes arrive en convoi à Veracruz, sa

principale destination en Nouvelle-Espagne (actuel Mexique). Formée par 18 navires escortés, à l’avant et à l’arrière, par deux

plus grosses embarcations armées, la Capitana et l’Almiranta, reconnaissables à leur pavillon royal. Ces deux navires de

guerre avaient souvent des difficultés à franchir la Barra de Sanlúcar et il fallait alors les alléger pendant cette opération.

La ciudad, y castillo de la vera cruz. In : Descripciones geográficas e hidrográficas de muchas tierras y mares del Norte y Sur en las Indias,en especial del descubrimiento del Reino de California hecho con trabajo e industria por el capitán y cabo Nicolás de Cardona ... dirigidas alExmo. D. Gaspar de Guzmán, Conde de Olivares, 1632. © Biblioteca Nacional de España, Madrid

Page 48: La Barra de Sanlúcar

Toute une série de conditions, à la fois

climatiques et hydrologiques, étaient

indispensables pour franchir un obstacle

comme celui de la Barra de Sanlucar.

Entre les mouilllages des Pozos de

Chipiona, à l’ouest, et de Bonanza, à

l’est, il fallait attendre parfois plusieurs

semaines que des conditions favorables

soient réunies. À l’époque de la marine à

voile, il était aussi difficile à un navigateur

de franchir cet obstacle qu’à un alpiniste

de passer un col de haute montagne !

IIILe difficile franchissement

de la barre

Un navire s’apprête à enfiler le chenal principal de la barre

pour la franchir. Sont figurés : les salines bordant les deux

rives de l’embouchure ; quatre ancres signalant les

mouillages de Bonanza ; le haut-fond rocheux Bajo

Salmedina, à l’origine de nombreux naufrages. A colored

plan of the harbour of Sanlucar at the mouth of the

Guadalquivir.

Vers 1685. Auteur : Capt. John Kempthorn, British Museum,

Londres

Bajo

Salmedina

Page 49: La Barra de Sanlúcar

Les flottes pouvaient franchir la barre durant les quelques heures précédant la pleine-mer de

vives-eaux. Un rapport de 1702 admet que, durant le premier tiers de la marée montante de

morte-eau, les navires de plus de 4,48 m de tirant d’eau ne peuvent pas passer. Ce chiffre est

de 5,60 m au cours du deuxième tiers, et, de 6,44 m, au cours de la pleine-mer. Comme la

plupart des navires de la Carrera de Indias avait un tirant d’eau de 5 à 6 m, tout bateau

immobilisé dans le chenal courrait le risque de s’échouer avec l’arrivée de la basse-mer. Un

tel danger était accru par le fait que, dans la plupart des cas, ce n’était pas un seul navire qui

franchissait la barre, mais toute une flotille de 16 à 20 navires entrant dans le chenal en file

indienne, maintenant entre eux des intervalles suffisants et ayant une faible vitesse.

Le difficile franchissement de la barre : entrée

Reproduction partielle d’un plan

manuscrit de l’embouchure du

Guadalquivir avec représentation

de la barre rocheuse et du canal

principal. Joseph Barnola, 1752.

Archivo General de Simancas

Conditions

hydrologiques

Page 50: La Barra de Sanlúcar

Il fallait un temps clair, sans brume et sans pluie pour opérer les trois changements de

direction nécessaires dans un chenal étroit. Des signaux étaient disposés sur les rives pour

servir de repères pour les manœuvres. Lorsqu’une sortie de nuit était effectuée, on utilisait

des signaux lumineux ou, parfois, on délimitait le chenal avec des barques à feux. L’entrée,

qui était plus facile que la sortie, était réalisée surtout en période hivernale au cours de la

première époque de la Carrera de Indias, mais ensuite déconseillée à cause des tempêtes de

vendavales (vents de sud-ouest) qui faisaient rompre les vagues sur les bajos et provoquaient

ainsi des dérives dangereuses.

Le difficile franchissement de la barre : l’entrée

Plus tard, les flottes des Indes

arrivaient avec le beau temps.

Les cinq vents les plus

favorables étaient, selon le

même rapport de 1702, ceux

du nord, du nord-ouest, de

l’ouest, du sud-ouest et du sud

(virazones - brise de mer - et

ponientes). Le vent d’est, le

levante, pouvaient parfois

contrarier l’avancement des

navires. Autre danger, les

pirates qui attendaient les

flottes aux Pozos de Chipiona !

Conditions climatiquesPlano de la Barra de San Lucar y Puerto de Bonanza, 1766. Archivo General de

Simancas

Page 51: La Barra de Sanlúcar

La sortie était beaucoup plus difficile que l’entrée. Il était nécessaire de bénéficier des vents

d’est, les levantes, d’affronter parfois les courants contraires de la marée montante. Si le vent

faiblissait, le navire était contraint de mouiller dans le chenal avec tous les risques d’accident

encourus.

L’été, saison où souffle avec intensité le levante, la coïncidence de la basse-mer avec une

brise de mer rendait encore plus difficile la sortie. Parfois, la flotte restait bloquée à Bonanza

deux ou trois semaines ! L’hiver, la fréquence des ponientes et des vendavales transformait la

sortie en véritable exercice dangereux. Le seul avantage était de disposer d’un mouillage plus

sûr et à l’abri des pirates et des navires ennemis. Enfin, quand la brise de terre (terral) était

bien établie, la sortie se faisait de nuit.

Mais si le vent faiblissait et qu’il fallait jeter l’ancre au milieu du chenal, le risque d’échouage

était grand. C’est ce qui arriva au galion San Martín en 1507 ou, en 1623, à trois galères

venues de Cadix remorquer les navires de la Flotte des Indes, dont l’une coula sur le Bajo

Picacho.

Le difficile franchissement de la barre : la sortie

Pedro Teixeira, 1634

Page 52: La Barra de Sanlúcar

Les extrêmes difficultés naturelles rencontrées pour franchir la Barra de Sanlúcar, obstacle

majeur sur la route des Indes, ont été à l’origine de mesures concernant l’architecture navale.

En effet, entre 1504 et 1520, puis à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, les

conditions de franchissement de la barre se sont aggravées par suite de l’augmentation du

tonnage et, surtout, du tirant d’eau des galions. Au cours de toute cette période, le tonnage

unitaire moyen des navires de la Carrera de Indias se multiplia par 7,5 ! L’Administration

demanda donc d’adapter leur construction aux conditions de franchissement de la barre. Une

limite de 550 tonneaux fut établie en 1628, mais peu respectée à cause des conflits maritimes.

IV La Barra de SanlúcarUn exemple d’adaptation de l’architecture navale (tonnages, tirants d’eau…)

aux conditions naturelles de franchissement d’une embouchure estuarienne

Reproduction partielle du tableau Vista de Sevilla. Fin XVIe siècle. Attribué à Alonso Sánchez Coello.

Museo de América, Madrid

Page 53: La Barra de Sanlúcar

Une nouvelle embouchure, artificielle, dans un autre fleuve

Une solution radicale fut proposée (Ordre du Roi Philippe III d’Espagne,

du 16 août 1613) pour résoudre le problème du franchissement de la

Barra de Sanlúcar : creuser un canal entre le Guadalquivir et le

Guadalete (se jetant dans la Baie de Cadix) dans le but d’ouvrir une

nouvelle voie d’accès vers Séville tout en évitant les dangers de la Barra

de Sanlucar. Un projet fut élaboré et le terrain, reconnu en 1617, mais

les travaux ne furent jamais réalisés. La rivalité entre les ducs de Medina

Sidonia et de Medinaceli expliquent en partie cet échec.

Des aménagements dans l’embouchure existante

En 1640 et en 1688, des travaux portant sur l’aménagement du propre

chenal de la barre n’apportèrent pas non plus les résultats escomptés.

Propositions sans suite ou se terminant en échec

Page 54: La Barra de Sanlúcar

Aménagements de 1688

Le projet d’une digue barrant en grande partie

l’embouchure à partir de la Punta del Espiritú Santo,

proposé en 1685 et ordonné en 1687 par le roi

Carlos II, se termina en échec. Le but de ce projet,

élaboré par D. Antonio Bubon ou Bobon, et qui avait

l’opposition des pilotes de la Barra, était de

concentrer les courants dans le chenal principal de

la barre et, ainsi, l’approfondir (du moins pour les

fonds meubles). Conséquences : empirement de la

situation antérieure, avec un courant plus rapide se

déviant vers la rive opposée et aucun

aprrofondissement du fond du chenal.

La Restinga del Muelle à basse-mer.

Ph. aérienne oblique et au sol

Page 55: La Barra de Sanlúcar

Muelle de la Riza (1688-1747)

Levé de l’état actuel de l’embouchure du Gudalquivir avec les vestiges des structures existantes.

Réalisation : Federico Arévalo. Collab. Fernando Molina León

Page 56: La Barra de Sanlúcar

« Anse perdido en esta barra i salida del puerto de los mejores navíos de España, i

de los más ricos que della salían para las flotas de las Indias, i ahogándose grande

número de la gente que en ellas estaba embarcada, sin que por maravilla salga

ninguna flota sin dexar perdido. »

Agustin de Horozco, 1598

La Barra de Sanlucar a été sans conteste l’un des points les plus dangereux de la

Carrera de Indias entre l’Espagne et le Nouveau Monde. En quelques siècles, la Barra

se convertit en un véritable cimetière d’épaves de bateaux. Les archives révèlent

qu’entre 1550 et 1650, les naufrages qui s’y sont produits ont dépassé en nombre ceux

de Las Matanzas (Cuba), de Veracruz (Mexique), des Bahamas et du Golfe du Mexique.

À eux seuls, ils représentaient pour cette période 9% des accidents et environ 10% du

tonnage perdu ! Cette situation catastrophique a influé de manière décisive sur la

décadence commerciale du Bas Guadalquivir et dans la perte de son monopolio au profit

de Cadix (transfert de la Casa de Contratación en 1680). Cependant, les naufrages de

navires continuèrent jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, c’est-à-dire jusqu’à la

généralisation de la navigation à vapeur.

Les conséquences des difficultés de franchissement

de la Barra de Sanlúcar :

de nombreux naufrages

Page 57: La Barra de Sanlúcar

Les routes transatlantiques de la Carrera de Indias et leurs

dangers : naufrages entre 1550 et 1650.

D’après P. Chaunu, 1955-1960.

Adaptation : Loïc Ménanteau et Laurent Pourinet (LETG-Nantes Géolittomer)

Séville et la Carrera de Indias

Page 58: La Barra de Sanlúcar

Luego un poco más adentro

sale a todos al encuentro

siempre aquella barra ingrata

que tantas barras de plata

le ha tirado al hondo centro.

Aquella infernal cuadrilla

de peñascos que atreviesa

el agua de orilla a orilla

porque así de esta cabeça

viene a ser gargantilla.

Aquellos dientes del Chaos

que morder con sus saraos

aquel pedernal bruñido

que sin fuego ha consumido

tanta madera de naos.

Aquella sila sin casa

fiera i latitante perra

que cuanto por allí pasa

con dos comillos de aferra

i lo muerde y despedasa.

Es su defensa y así

Sanlúcar siempre a estimado

esta barra puesta allí

más que quantas le a embiado

el cerro de Potosí.

La barre et les grands

dangers de son franchis-

sement par les navires de

la Carrera de Indias sont

décrits en 1612 dans un

poème (Canto I) de la

Charidad Guzmana, écrit,

dans son couvent de

Sanlúcar de Barrameda

(Orden de Predicadores),

par le Fray Pedro Beltrán.

Page 59: La Barra de Sanlúcar

Barre de Sanlúcar :

principaux naufrages

répertoriés

entre 1525 et 1707

Réalisation : Loïc Ménanteau

Page 60: La Barra de Sanlúcar

Les difficultés de franchissement de la Barra de Sanlúcar et les naufrages de navires (218 entre

les 14-07-1740 et 31-12-1854) comme justification d’un canal latéral du bas Guadalquivir. In : Canuto Corroza C., 1859. Proyecto para mejorar la navegación del río Guadalquivir en su

región marítima. Madrid, 304 p.

Page 61: La Barra de Sanlúcar

Les difficultés de franchissement de la Barra de Sanlúcar et les naufrages de navires (218 entre

les 14-07-1740 et 31-12-1854) comme justification d’un canal latéral du bas Guadalquivir. In : Canuto Corroza C., 1859. Proyecto para mejorar la navegación del río Guadalquivir en su

región marítima. Madrid, 304 p.

Page 62: La Barra de Sanlúcar

LIEU DU NAUFRAGE 1740-1789 1789-1854 1740-1854

Alcantarilla 0 1 1

Arrecife del Perro 0 1 1

Banquete 0 5 5

Barranco Colorado 0 1 1

Chalupa de Fuera 1 2 3

Corral Cuba Chipiona 0 1 1

Corral de Parra 1 0 1

Costa del Asperillo 2 0 2

Costa de Carboneros 10 5 15

Costa de Chipiona 5 0 5

Costa de la Higuera 3 4 7

Costa de Regla 0 1 1

Costa de San Jacinto 26 19 44

Costa de Salabal 12 8 20

Delante de Chipiona 1 0 1

Embozado 0 1 1

Galerilla de Chipiona 0 1 1

Grajuela 2 2 4

Inglesillo 2 1 2

Juan Pul 4 1 5

Laja de Enmedio 4 3 7

Laja de Nevaros 1 0 1

Laja de Navarros 0 1 1

Laja del Perro 0 1 1

Mar en Chipiona 1 0 1

Picacho 0 3 3

Picacho de San Jacinto 0 1 1

Playa de Regla 3 0 3

Pollero 0 1 1

Punta de Chipiona 1 0 1

Punta de Malandar 0 1 1

Punta de Montijo 4 5 9

Restinga del Muelle 1 3 4

Restinga del Perro 4 2 6

Riza 2 6 8

Salmedina 17 18 36

Salmedina-Restinga del Perro 1 0 1

Salmedina y Regla 0 1 1

Tres Piedras Chipiona 1 0 1

Un bajo de la barra 9 0 9

Total 118 100 218

Dessin qui représente l’échouage, le 2 mars 1707,

du navire Nuestra Señora de la Piedad y Santiago.

Avec un très mauvais temps, il touche le fond en

face de la barre externe et perd son gouvernail. Il

s’échoue de manière violente et l’on est obligé de

démâter pour ralentir la destruction de sa coque.

Archivo General de Indias, Sevilla

Page 63: La Barra de Sanlúcar

Essai de

localisation

des sites de

naufrages,

entre 1740

et 1854,

d’une

centaine

de navires

Page 64: La Barra de Sanlúcar

Vista en perspectiva de la nueba población mandada construir por el Rey N.S. en el puerto de Bonanza.

Lithographie d’après dessin de l’architecte des travaux, Vicente Sánchez Carguero, vers 1830

Archivo General Militar de Madrid (IHCM)

Vapeur Sevilla propulsé par des roues à

aubes. Peinture à l’huile. © Museo Naval de la

Torre del Oro, Séville

Page 65: La Barra de Sanlúcar

Balisage du Canal de la Barra avec enfilement des phares Bonanza et San Jerónimo. 1945, coll. Loïc Ménanteau

Page 66: La Barra de Sanlúcar

Chenal artificiel de l’embouchure du Guadalquivir

Page 67: La Barra de Sanlúcar

Cargo s’apprêtant à s’engager dans le canal actuel de la Barra de Sanlúcar pour sortir en haute mer.

Ph. Curro Cassillas

L’actuel chenal de navigation, le Canal del Sur, est artificiel et s’étire de manière rectiligne entre les bajos

Galoneras et La Riceta de Cambray. Son creusement, entrepris en 1951, s’acheva en 1967 et obligea de

dérocter une partie de La Restinga del Muelle. En 1965, on réalisa le dragage de 5,47 millions de m3 afin

de l’élargir à 100 m sur 4,37 km de long. Le canal était prévu pour un tirant d’eau de 6,40 m. En 1971, on le

prolongea de 2,22 km vers l’OSO et sa largeur fut portée à 160 m. Prévision : 8,50 m de tirant d’eau.

Trafic annuel : environ 4 Mt

Page 68: La Barra de Sanlúcar

Chenal artificiel de la barre, totalement rectiligne, après les travaux de prolongement vers l’OSO réalisés en 1971.

Carte marine n° 4421 publiée en 1977 par l’Instituto Hidrográfico de la Marina, Cadix

Chenal artificiel de l’embouchure du Guadalquivir

Page 69: La Barra de Sanlúcar

Merci beaucoup

pour votre attention

Embouchure du Guadalquivir vue depuis la Punta de Malandar. Ph. aérienne oblique

Page 70: La Barra de Sanlúcar

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

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la récupération des

épaves de navires. 1720.

Archivo General de Indias

(Sevilla)


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