dossier de presse maroc médiéval

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Dossier de presse Exposition Du 17 octobre 2014 au 19 janvier 2015 Hall Napoléon Le Maroc médiéval Un empire de l’Afrique à l’Espagne Sommaire Communiqué de presse page 3 Préface de Jean-Luc Martinez page 10 Préface de Mehdi Qotbi page 11 Introduction par Yannick Lintz page 12 Introduction par Bahija Simou page 15 Introduction par Claire Déléry et Bulle Tuil Leonetti page 18 Parcours de l’exposition page 21 Regard sur quelques œuvres page 25 Publications Page 31 Visuels disponibles pour la presse page 32 Mécénats page 49 Communiqué de presse Objets dans la peinture, souvenirs du Maroc au Musée national Eugène-Delacroix page 53 Communiqué de presse page 55 Le Maroc contemporain à l’Institut du monde arabe 1

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Page 1: Dossier de presse Maroc médiéval

Dossier de presse Exposition Du 17 octobre 2014 au 19 janvier 2015 Hall Napoléon

Le Maroc médiéval Un empire de l’Afrique à l’Espagne

Sommaire Communiqué de presse page 3 Préface de Jean-Luc Martinez page 10 Préface de Mehdi Qotbi page 11 Introduction par Yannick Lintz page 12 Introduction par Bahija Simou page 15 Introduction par Claire Déléry et Bulle Tuil Leonetti page 18 Parcours de l’exposition page 21 Regard sur quelques œuvres page 25 Publications Page 31 Visuels disponibles pour la presse page 32 Mécénats page 49 Communiqué de presse Objets dans la peinture, souvenirs du Maroc au Musée national Eugène-Delacroix page 53 Communiqué de presse page 55 Le Maroc contemporain à l’Institut du monde arabe

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Communiqué de presse Exposition

17 octobre 2014 - 19 janvier 2015

Hall Napoléon

Direction des relations extérieures Contact presse Anne-Laure Béatrix Coralie James Adel Ziane [email protected] - Tél. 01 40 20 54 44

Le Maroc médiéval Un empire de l’Afrique à l’Espagne

L’exposition incite à relire la période du XIe au XVe siècles, véritable apogée de l’Occident islamique, tant du point de vue historique qu’artistique. Une succession de dynasties — almoravide, almohade et mérinide — ont unifié un espace politique et civilisationnel centré sur le Maroc, regroupant des territoires de l’Afrique sub-saharienne jusqu’en Andalousie. L’influence de ces empires, unissant pour la première fois les confins de l’Occident islamique, a rayonné jusqu’en Orient. Réunissant près de 300 œuvres, cette importante exposition, organisée par le musée du Louvre et la Fondation nationale des musées du Maroc, présente les plus belles réalisations dans les domaines du décor architectural, du textile, de la céramique ou de la calligraphie et permet d’appréhender cette longue et riche histoire, clef de compréhension du Maroc contemporain et source de sa modernité. Le Maroc médiéval invite à un voyage dans l’espace marocain et andalou, suivant un fil chronologique, chacune des périodes historiques est ponctuée d’éclairages sur les lieux de pouvoir et capitales historiques, cités d’or et de lumière. De Fès à Séville en passant par Aghmat, Tinmal, Marrakech, Ceuta, Rabat ou Cordoue, le parcours retrace les chantiers architecturaux majeurs et les œuvres créées pour ces villes. Chefs-d’œuvre célèbres et spectaculaires (tel que le lustre-cloche de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès), récentes découvertes et objets méconnus, se croisent au sein de l’exposition. Eléments d’architecture (portes, chapiteaux), mobilier et objets servant au culte (minbars, bassins d’ablutions, manuscrits) ou témoignages de la vie quotidienne (céramiques, pièces de monnaie) conservés dans les musées, mosquées et trésors d’église : tous apportent un nouvel éclairage de cette aire du monde islamique jusqu’à présent essentiellement lue depuis la rive andalouse. Les conquêtes de ces grandes dynasties les ont menées du sud du désert du Sahara au nord de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye actuelles. L’exposition replace cette puissante entité au centre des réseaux diplomatiques et commerciaux qui furent les siens, des confins subsahariens jusqu’aux cités commerçantes de l’Italie médiévale, des royaumes chrétiens du nord de l’Espagne jusqu’au sultanat mamelouk d’Égypte. Elle permet aussi de rappeler qu’historiquement le Maroc fût un créateur d’empires. Commissariat de l’exposition : Commissaires générales : Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l’Islam, musée du Louvre, Paris, France et Bahija Simou, directrice des Archives Royales, Rabat, Maroc. Commissaires scientifiques : Claire Delery et Bulle Tuil-Leonetti, musée du Louvre.

L’exposition est organisée par le musée du Louvre et la Fondation nationale des musées marocains.. Elle sera aussi présentée au musée Mohamed VI de Rabat au Maroc.

Le musée national Eugène-Delacroix présente l’exposition Objets dans la peinture, souvenirs du Maroc du 5 novembre 2014 au 2 février 2015. Et aussi, l’exposition Le Maroc contemporain à l’Institut du monde arabe, du 15 octobre 2014 au 25 janvier 2015.

Cette exposition bénéficie du mécénat principal de la Fondation Total et du mécénat associé de Deloitte et de Renault .

Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © L. Schneiter / Les Editions de Makassar.

Cette exposition bénéficie également du soutien du Cercle Interna onal du Louvre.

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Les Idissides et la fondation de Fès (fin VIIIe siècle - milieu Xe siècle) L’exposition ouvre sur le territoire du Maghreb al-Aqsa – Maghreb occidental (actuel Maroc) – au lendemain de sa conquête par les troupes arabes, suite à l’arrivée en 789 d’un descendant du prophète Mohammed, Idris Ier. Installé dans l’ancienne colonie romaine de Volubilis, ce dernier va rapidement générer un véritable royaume autonome, celui des Idrissides. L’urbanisation du Maghreb occidental est en marche, et se traduit notamment par la fondation de Fès, capitale spirituelle et culturelle du Maroc jusqu’à nos jours. Rares sont les témoignages matériels de cette époque, au nombre desquels comptent des monnaies d’argent et l’une des pièces maîtresses de cette première partie de l’exposition, le minbar de la mosquée des Andalous. Ce royaume s’inscrit dans une dynamique régionale complexe, dont témoigne la coexistence avec le royaume de Sijilmassa au Sud, maître des routes de l’or. Les Almoravides : le premier empire entre Afrique et Espagne (1049-1147) Le déclin de la dynastie idrisside au milieu du Xe siècle va permettre l’arrivée sur le devant de la scène politique des Almoravides au milieu du siècle suivant. Ces derniers, issus d’une confédération de nomades berbères venus des franges nord de la Mauritanie, sont portés par une volonté de réforme religieuse sunnite et malikite. C’est en armes que ces hommes au visage voilé parviennent rapidement à redessiner la cartographie de l’Occident musulman en formant pour la première fois un empire étendu du sud du Sahara au nord de la péninsule ibérique. Ils contrôlent donc les pistes caravanières, que traduisent la présence dans l’exposition d’une stèle d’Almería trouvée à Gao et le trésor monétaire de Tidjikja (Mauritanie). Leur empire s’appuie sur une nouvelle capitale fondée en 1070, Marrakech, évoquée dans l’exposition grâce à des autochromes. Les importants travaux d’embellissement de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès témoignent de la piété almoravide. Les productions de luxe des ateliers espagnols et notamment Almería, circulent dans tout l’empire pour réapparaître dans certains trésors d’église, comme la chasuble de Saint Exupère de la basilique Saint-Sernin de Toulouse, exceptionnellement exposée dans son intégralité.

Repères chronologiques Les Idrissides (788 - 927) 789 : Arrivée d’Idris Ier à Volubilis (près de Meknès, Maroc) qui fonde la dynastie Idrisside en se faisant reconnaître souverain par une tribu berbère locale. Vers 801 : Fondation de Fès. Deuxième moitié du IXe siècle : Fondation de la mosquée al-Qarawiyyin à Fès. Vers 1035 : Naissance du mouvement almoravide au nord de la Mauritanie actuelle. Les Almoravides (1049 - 1147) Vers 1049 : Fondation du Ribat almoravide. Vers 1070 : Fondation de Marrakech. 1086 - 1092 : Les Almoravides s’emparent d’une grande partie de la péninsule ibérique en défaisant des principautés musulmanes indépendantes, les Taifas. 1118 : Les Almoravides perdent Saragosse (Aragon) face à Alphonse Ier. 1121 : Ibn Tumart fonde le mouvement almohade dans l’Anti-Atlas puis à Tinmal et se proclame Mahdi (guide suprême). 1144 - 1147 : Les Almoravides font face à des révoltes populaires en al-Andalus. Les Almohades (1147 - 1269) 1147 : Les chrétiens s’emparent d’Almería (Andalousie). Les Almohades défont les Almoravides à Marrakech et entament alors la construction de la mosquée al-Kutubiyya. Vers 1154 : Achèvement de la Géographie d’al-Idrissi à la cour du roi normand de Sicile Roger II. 1172 - 1198 : Construction de la nouvelle grande mosquée de Séville (Andalousie) et de son minaret (la Giralda). 1195 : Victoire des Almohades sur Alphonse VIII de Castille à la bataille d’Alarcos (Castille-La Manche). 1196 : Début de la construction de la mosquée Hassan à Rabat, destinée à devenir la plus grande mosquée du monde musulman. 1212 : Importante défaite almohade face à une coalition chrétienne à la bataille de Las Navas de Tolosa (Andalousie). 1236 - 1248 : Ferdinand III de Castille reprend successivement les villes de Cordoue, Murcie, Jaén et Séville.

Le département des Arts de l’Islam a ouvert au public le 22 septembre 2012 et dès la première année de son ouverture a accueilli près de deux millions de visiteurs. Les nouveaux espaces d’environ 3000 m2 présentent quelque 3000 œuvres allant de l’Espagne à l’Inde et du VIIe siècle au XIXe siècle.

Décor almoravide de la coupole barlongue. La mosquée al-Qarawiyyin de Fès © Ministère de la culture du royaume du Maroc. Direction du Patrimoine, division de l’inventaire.

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Coran, BnF Arabe 423. Folio 2r (en miroir avec folio 1v), département des manuscrits, Arabe 423, folio 1 verso, 2 recto © Bibliothèque nationale de France.

Informations pratiques

Horaires Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 17h30, les mercredi et vendredi jusqu’à 21h30.

Tarifs Billet spécifique pour l’exposition Le Maroc médiéval : 13 €. Billet jumelé (collections permanentes + exposition Le Maroc médiéval ) : 16 €. Gratuit pour les moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les adhérents des cartes Louvre jeunes, Louvre professionnels et Amis du Louvre.

Renseignements : 01 40 20 53 17/www.louvre.fr

Les Almohades, ou la refondation d'un empire autour du dogme religieux (1147 - 1269) La seconde moitié du XIIe siècle est marquée par un affaiblissement du pouvoir central, et des révoltes populaires guidés par des chefs spirituels appelant à la réforme religieuse de l’empire. L’un d’entre eux, Ibn Tumart se proclame le nouveau guide, Mahdi, de la communauté : il parvient rapidement à fédérer les tribus berbères du sud du Maroc, autour d’un nouveau dogme unitariste. Les Almohades, partent alors à la conquête de l’empire almoravide qu’ils vont étendre jusqu’à la Libye actuelle, imposant à ce territoire la conversion à leur dogme. Témoin de cette période, le philosophe juif Maïmonide, dont un manuscrit autographe est exposé, est finalement poussé à l’exil. L’empire centralisé qu’ils élaborent s’articule autour de trois capitales que sont Marrakech et Séville mais également Rabat, qu’ils fondent en commémoration de leur effort de djihad en péninsule ibérique et de la victoire d’Alarcos. L’économie connaît une nouvelle période de faste qu’évoque la correspondance entretenue entre Pise et Tunis. L’idéologie almohade s’appuie alors sur une propagande complexe qui passe par une nouvelle culture visuelle où la calligraphie occupe une place inédite et où certains motifs, comme le lion, sont symboliquement réinvestis. La berbérité, et tout particulièrement la langue, sont pour la première fois l’objet d’une politique d’affirmation. Les Mérinides : une nouvelle dynastie centrée sur la figure du souverain (1269-1465) Les difficultés militaires en Andalousie qui se produisent au début du XIIIe siècle sonnent le glas de ce deuxième empire qui va se morceler. Au Maghreb al-Aqsa, c’est la tribu berbère des Mérinides qui met un terme définitif au califat almohade en 1269 avec la chute de Marrakech. Si elle n’est portée par aucune volonté de réforme religieuse spécifique, cette dynastie va néanmoins s’appuyer sur une propagande complexe notamment articulée au soufisme et au chérifisme et qui fait du sunnisme malikite la foi officielle. Elle s’approprie donc naturellement Fès, qui est symboliquement réinvestie en sa qualité de ville fondée par les Idrissides et cénacle religieux, dont elle fait sa capitale. Elle est dotée de nombreuses madrasas, ces collèges de sciences religieuses formant les élites du royaume, qui sont parées des plus beaux décors. Une nouvelle figure de souverain pieux apparaît, qui s’incarne dans la nécropole dynastique de Chella. Tourné vers la Méditerranée, le sultanat mérinide entretient d’importantes relations avec les royaumes chrétiens, d’Aragon ou de France, mais également avec ses coreligionnaires nasrides à Grenade, ziyanides à Tlemcen, hafsides à Tunis ou encore mamelouks au Caire. L’apogée de la période, le deuxième quart du XIVe siècle, porte en germe les ingrédients de sa fin, avec l’arrivée de la Peste noire à l’est et l’avancée inexorable des Chrétiens au nord. Dans le même temps commence à s’épanouir le souffle mystique et chérifien qui porte au pouvoir les futurs Saadiens.

Les Mérinides (1269 - 1465) 1245 : Les Mérinides s’emparent du Maghreb extrême sous mandat hafside. 1248 : Les Mérinides prennent Fès aux Almohades. 1269 : La prise de Marrakech par les Mérinides scelle la fin de la dynastie Almohade. 1276 : Fondation de la nouvelle Fès, ou Fès Jdid par le sultan mérinide Abu Yusuf. 1298 : Construction de Mansura (Tlemcen). 1303 : Des contacts sont initiés entre les Mérinides et les Mamelouks (Egypte) par le biais d’ambassadeurs. 1326 : Le lettré marocain Ibn Battuta entame un voyage de 24 ans à travers l’Orient. 1333 : Victoire mérinide à Gibraltar face au royaume de Castille. 1339 : Rénovation et achèvement de la nécropole de Chella. 1340 : Bataille du Río Salado, où un corps expéditionnaire mérinide allié à une armée nasride est battu par une coalition chrétienne. 1350 - 1355 : Construction de la madrasa Bu ’ Inaniya à Fès. 1375 : Début de la rédaction du Livre des Exemples d’Ibn Khaldun. 1465 : Fin de la dynastie mérinide et éclatement du pouvoir au Maghreb.

Dinar, almohades. Rabat, Musée numismatique de la Bank al-Maghrib © Fondation nationale des musées marocains.

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Autour de l’exposition

Publications

Catalogue de l’exposition Le Maroc médiéval . Un empire de l’Afrique à l’Espagne sous la direction de Yannick Lintz, Claire Déléry et Bulle Tuil-Leonetti. Coédition Hazan / musée du Louvre éditions. 432 p., relié, 245x285 cm, 430 illustrations coul. environ, 49 €. Avec le soutien d’Arjowiggins Graphic. Album de l’exposition Le Maroc médiéval . Un empire de l’Afrique à l’Espagne Coédition Hazan / musée du Louvre éditions. 48 pages., 50 ill., 8 €.

À l’auditorium Histoire de l’art et archéologie Conférence de présentation de l’exposition Lundi 27 octobre 2014 à 12h30 par Yannick Lintz, Claire Delery et Bulle Léonetti, musée du Louvre. Conférence d’actualité de la recherche archéologique Mercredi 19 novembre 2014 à 12H30 Chellah, un site vivant par Ahmed S. Ettahiri, professeur, Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, Rabat. Cycle de conférences : Le Maroc médiéval : cultures, mémoires, identités Lundi 20 octobre à 18h30 Sijilmassa du VIIIe au XIVe siècles : porte marocaine des relations à travers le Sahara, par François-Xavier Fauvelle-Aymar, Université de Toulouse 2 le Mirail.

Lundi 27 octobre Chérifisme et soufisme dans l’histoire du Maroc, par Ahmed Taoufiq, Ministre des Habous et des Affaires Islamiques, Royaume du Maroc.

Lundi 3 novembre à 18h30 Ibn Khaldoûn, penseur de la civilisation, par Gabriel Martinez-Gros, université Paris-Ouest Nanterre-La-Défense-Paris-X. Cette conférence sera suivie de la lecture d’un choix de textes d’Ibn Khaldoun.

Lundi 10 novembre Sciences et société dans le Maghreb impérial (XIIe-XIIIe s.), par Ahmed Djebbar, professeur émérite, Université des Sciences et des Technologies de Lille.

Lundi 17 novembre à 18h30 Maïmonide et ses commentaires : voyages intellectuels et géographiques, par Aviad Stollman, The National Library of Israel, Jérusalem.

Site de Sijilmassa, Maroc © D.R.

Site de Chellah, Rabat, Maroc © D.R.

Chapiteau de la madrasa de Chella. Rabat, musée archéologique de Rabat © Fondation nationale des musées marocains.

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Lustre de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc © Fondation nationale des musées marocains.

Table ronde Fès et le patrimoine médiéval marocain : conservation et restauration

Lundi 1er décembre 2014 de 18h30 à 20h30

L’exposition Maroc médiéval : partenariat et politique de restauration pour un projet ambitieux par Yannick Lintz et Gwenaelle Fellinger, conservateurs, musée du Louvre.

La restauration des lustres monumentaux de la mosquée al-Qarawiyyin, Fès par Isaure d’Avout, restauratrice .

Conservation et valorisation d’une ville médiévale : la médina de Fès par Mouhcine el-Idrissi el-Omari, archéologue, conservateur principal des Monuments et Sites Historiques, Fès.

Les manuscrits de la Bibliothèque Nationale du Maroc : un important programme de restauration par Driss Khrouz, professeur, directeur de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc, Rabat, et Zahra Karimine, chef de division du Laboratoire de Restauration du Patrimoine Manuscrit, Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc. Lecture Ibn Khaldûn ou la première fresque historique du monde islamique

par Faouzi Bensaïdi et Omar Berrada. Lundi 3 novembre à 20h30 Dans les Prolégomènes à son Histoire universelle, l’historien Ibn Khaldûn entreprend, plus qu’une chronique de son époque, une véritable interprétation du devenir des civilisations du Maghreb. L’historien, qui partagea sa vie entre Tunis, Fès, le Caire, travailla de 1375 à 1401 à cette fresque historique aux multiples points de fuites, qui sonde dans l'économie, la religion, la culture, le climat, les facteurs d'évolution déterminants d’une société. Une lecture d’extraits de l’œuvre d’Ibn Khaldûn suivra la conférence de Gabriel Martinez-Gros, consacrée à cette personnalité exceptionnelle que l’on considère comme le fondateur de la philosophie historique dans la culture islamique. Spectacles vivants L’Auditorium invite deux artistes marocaines qui incarnent la vitalité et la liberté créatrices de leur pays, entre tradition et modernité : la chorégraphe Bouchra Ouizguen qui mêle expressions contemporaines et cultures orientales ; la chanteuse Touria Hadraoui qui incarne une version féminine de la tradition du melhoun. Concert de Touria Hadraoui accompagnée de ses musiciens

Samedi 29 novembre à 20h Touria Hadraoui a déjà vécu plusieurs vies : elle a étudié et enseigné la philosophie puis pratiqué le journalisme et fondé une revue ; elle a milité pour la culture et pour la reconnaissance des femmes. C'est auprès du maître El Haj Benmoussa qu'à partir de 1988, elle s'est initiée à l’art du melhoun, une forme ancestrale de poésie chantée. Touria Hadraoui s'est approprié ce genre jusqu'alors apanage des hommes. Aujourd'hui, elle le chante à la manière ancienne. Dans les écrits des prestigieux maîtres soufis, elle puise les ferments d'une quête mystique et, depuis la fin des années 90, interprète aussi ce répertoire. Entre autres, en dialecte marocain, des textes d'Al Harrak, disparu en 1844, qu'elle a parés de sa musique.

Programme organisé en partenariat avec l’Institut du monde arabe

Coran. BNF Paris_571. Folio F.38, département des manuscrits, Arabe 6983 © Bibliothèque nationale de France.

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Rencontre avec Touria Hadraoui illustrée de documents audiovisuels pour découvrir son univers artistique et la tradition du melhoun. Dimanche 30 novembre à 16h La forte personnalité de Touria Hadraoui et son parcours original dans le monde culturel marocain donnent lieu à une rencontre très riche. Parmi ses influences revendiquées, la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum joue par exemple un rôle important. Il y a aussi l’opéra européen avec des rôles comme Carmen ou Traviata qui feront écho à sa démarche en rupture avec le conservatisme masculin.

Dans les salles du musée (Galerie Médicis ) Spectacle de Bouchra Ouizguen : Madame Plaza

Mardi 16 décembre à 19h et 21h et jeudi 18 décembre à 21h Avec Bouchra Ouizguen et trois chanteuses de cabaret, des Aïtas. Elles s’appellent Aïcha, Naïma, Fatima ou Hliouti. Leurs voix ont accompagné mariages et autres festivités. Ce sont des Aïtas, artistes du peuple, méprisées ou adulées, souvent incomprises. La chorégraphe marocaine Bouchra Ouizguen part à la découverte de ces femmes et de l’art séculaire dont elles sont les dépositaires. Madame Plaza ne relève ni de la danse contemporaine ni du folklore. Bouchra Ouizguen nous convie à une émouvante et sensuelle rencontre humaine. Née en 1980 à Ouarzazate, Bouchra Ouizguen fait des études en France et devient soliste en danse orientale au Maroc entre 1995 et 2000. Elle se forme essentiellement auprès de trois chorégraphes qui seront décisifs dans son parcours : Bernardo Montet, Mathilde Monnier et Boris Charmatz. En 2002, elle crée avec Taoufiq Izeddiou et Saïd Aït El Moumen la compagnie Anania, première compagnie de danse contemporaine de Marrakech. Elle est aujourd’hui l’une des plus célèbres ambassadrices de la scène chorégraphique marocaine. Un autre spectacle de Bouchra Ouizguen, Ha !, est présenté le vendredi 19 décembre à l’Institut du monde arabe. Cinéma

Carte blanche au cinéaste Nabil Ayouch

Le cinéaste, scénariste et producteur Nabil Ayouch est l’un des meilleurs représentants du cinéma marocain. Né en 1969 d’une mère juive tunisienne et d’un père marocain, il a passé son enfance en région parisienne (Sarcelles) et vit depuis plusieurs années à Casablanca. À la croisée de plusieurs cultures il pose, tant sur la société marocaine que sur des sujets d’actualité transversaux, un regard dont la singularité et l’acuité lui valent aujourd’hui une reconnaissance internationale.

Vendredi 31 octobre à 20h Ali Zaoua, prince de la rue de Nabil Ayouch. Maroc, Fr., Bel., 2001, 98 min. Film présenté par Nabil Ayouch. Ali, enfant des rues, habite avec sa bande sur le port. Ali a un rêve, celui de partir, devenir marin et faire le tour du monde. Mais la vie en décidera autrement. À partir d'une enquête sur le terrain, le réalisateur brosse un portrait sensible et sans concession des enfants des rues.

Madame Plaza, Bouchra Ouizguen © Hibou.

Madame Plaza, Bouchra Ouizguen © Hibou.

Touria Hadraoui © Arabesque.

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Nabil Ayouch © D.R.

Hadda Casa de Jacqueline Caux © D.R.

Samedi 1er novembre à 16h Les Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch. Maroc, Fr., Bel., 2013, 115 min, d’après Les Étoiles de Sidi Moumen de Mahi Binebine. Yassine et sa famille vivent misérablement dans un bidonville de Casablanca. Hamid, son frère, se radicalise au cours d’un séjour en prison et convaincYassine et ses amis de le suivre sur le chemin des martyrs. Loin de tout pittoresque, avec des acteurs non professionnels, Nabil Ayouch décrit de manière réaliste la radicalisation de jeunes marocains. Projection suivie d’une discussion entre Nabil Ayouch et l’écrivain et artiste peintre marocain Mahi Binebine. Prix François Chalais (sélection « Un certain regard ») au Festival de Cannes 2012. Dimanche 2 novembre à 15h My Land de Nabil Ayouch. Maroc, Fr., 2012, 82 min. Tourné au Liban et en Israël, le film tente d’établir un dialogue entre des exilés palestiniens et des Israéliens nés sur leurs terres. Le réalisateur questionne le conflit israélo-palestinien dont il dit qu’il ne l’a jamais quitté et qu’il a forgé sa conscience politique. Projection suivie d’un entretien de Nabil Ayouch avec Thomas Sotinel, critique au journal Le Monde. Dimanche 2 novembre à 18h30 Le Coiffeur du quartier des pauvres de Mohamed Reggab. Maroc, 1982, 110 min. Un coiffeur vit et exerce son métier dans un quartier populaire de Casablanca, acceptant son destin. Son ami ne cesse de lui enseigner que la lutte et la résistance sont les seules qualités d'un homme digne. Mis en scène, réalisé et même monté (image et son) par Mohamed Reggab, Le Coiffeur du quartier des pauvres est l’unique film de son réalisateur, disparu en 1990 à 48 ans. Ali N'Productions, la société de productions de films créée par Nabil Ayouch en 1999, organise chaque année le « Prix Mohamed Reggab » pour aider ceux qui ont « des choses à exprimer par le biais de l'image ». Mercredi 26 novembre à 19h Hadda Casa de Jacqueline Caux, 2014. Issue d’une famille nomade du Moyen Atlas marocain, Hadda Ouakki est, à elle seule, un véritable manifeste de liberté. Ce film est le portrait d’une chanteuse bouleversante et d’une femme d’exception qui a bravé interdits et tabous pour imposer sa vocation artistique. « Son talent, explique la réalisatrice Jacqueline Caux, son indocilité, son art populaire qui prend appui sur une riche culture berbère, mais aussi son très grand magnétisme, sont les critères qui ont guidé mon choix. » Projection en avant-première. Séance public familial et centres de loisirs

Mercredi 26 novembre à 15h  

Azur et Asmar de Michel Ocelot. France, 2006, 99 minutes, couleur. Avec ce film d’animation entre récit d’aventure, conte et comédie, Michel Ocelot (Kirikou, Princes et princesses) rend hommage à l’art des deux côtés de la Méditerranée et offre une relecture onirique du monde arabo-musulman médiéval. Dans la salle audiovisuelle Le jeudi, de 10h à 17h L’Alhambra de Grenade de Frédéric Compain. Fr., 2006, 26 min.

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Préface Par Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre

Deux ans après l’ouverture des nouveaux espaces dédiés au département des Arts de l’Islam, le Louvre inaugure une grande exposition consacrée au Maroc à l’époque médiévale. Cet événement est d’abord la confirmation du lien qui unit le Maroc au Louvre dans le grand dessein de faire connaître les brillants foyers d’art et de culture qui ont traversé l’histoire du monde islamique. Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc, a en effet désiré encourager la mise en valeur des Arts de l’Islam au Louvre. Son geste était d’autant plus généreux qu’il ne contribuait pas immédiatement à valoriser le patrimoine et l’histoire du Maroc à travers les collections du musée. Peu d’œuvres marocaines sont en effet présentes au Louvre. Le Maroc a su très tôt protéger son patrimoine en créant sur place des musées où furent rassemblées ces collections et la mémoire vivante du pays. Le Louvre se devait donc d’inaugurer un cycle de grandes expositions en rapport avec ce nouveau département par un sujet portant sur l’histoire et la culture artistique de ce pays. L’apogée des grands empires marocains allant de l’Afrique au sud de l’Espagne constituait une occasion historique de mettre la lumière sur cet âge d’or de l’Occident islamique entre le Xe et le XVe siècle. Une fois de plus, le Maroc a su faire preuve d’une générosité rare pour l’organisation de cette exposition. Le président de la Fondation nationale du Maroc, M. Mehdi Qotbi, et la commissaire générale pour le Maroc, Mme Bahija Simou, directrice des Archives royales, ont en effet déployé des efforts inégalables grâce auxquels cette exposition a pu voir le jour. Des œuvres exceptionnelles, dont certaines provenant des grandes mosquées du royaume, rejoignent pour quelque temps l’écrin du palais du Louvre. De nombreux pays, comme le Mali, la Mauritanie, l’Espagne, Israël, ont accepté par leurs prêts de contribuer à ce voyage unique dans ce Maroc médiéval avec beaucoup de conviction et de générosité. Enfin, cette vision renouvelée de l’histoire médiévale marocaine est aussi le fruit d’une collaboration intellectuelle associant nos regards croisés d’historiens, d’historiens de l’art et d’archéologues. Ce grand projet n’aurait pu se réaliser sans le soutien fidèle et convaincu de grandes entreprises, la Fondation Total, Deloitte et Renault, qui ont vu dans ce partage franco-marocain une belle promesse. Nous souhaitons également remercier le Cercle International du Louvre pour son généreux soutien. Que cette expérience scientifique et culturelle soit une étape dans une collaboration que je souhaite longue et prospère entre le Louvre et le Maroc.

Les textes sont extraits du catalogue Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne, sous la direction de Yannick Lintz, Claire Déléry et Bulle Tuil-Leonetti. Coédition Hazan / musée du Louvre éditions.

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L’exposition « Le Maroc médiéval, un empire de l’Afrique à l’Espagne » s’inscrit dans le cadre de la coopération culturelle entre le Maroc et la France, et plus particulièrement entre le musée du Louvre et la Fondation nationale des musées du Maroc (FNM). Elle bénéficie du haut patronage conjoint de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et du président de la République française, M. François Hollande. Cet événement tire sa justification de notre conviction qu’une culture ne peut être viable ni s’épanouir que dans la mesure où elle s’ouvre en permanence sur son environnement international et s’ancre dans l’histoire générale de la communauté humaine. C’est à cette condition qu’elle peut se régénérer, ce qui lui permet de créer de nouvelles formes de culture et de pensée, et par conséquent de prendre part au développement de l’humanité. L’organisation d’une telle manifestation n’est pas fortuite. Elle traduit en effet les progrès importants accomplis par le Maroc sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du point de vue de l’ouverture à l’autre, de la consécration de la diversité culturelle et du partage des savoirs, comme elle vient honorer un pays en tant qu’espace de dialogue, d’échanges et de tolérance. L’organisation de cette exposition par le prestigieux musée du Louvre nous apparaît comme une manière de célébrer le patrimoine médiéval marocain par la reconnaissance de l’originalité de son apport culturel ainsi que de la contribution déterminante d’une civilisation qui a marqué l’histoire du pourtour méditerranéen durant la période médiévale et rayonné bien au-delà de ses frontières. Aujourd’hui, à l’heure où le Maroc veille à assurer le renouveau et l’élargissement de sa culture et de ses arts, cette exposition, non seulement constitue une étape décisive dans l’histoire de la muséographie marocaine, mais contribue à consolider la formation d’acteurs marocains dans ce domaine, en vue de satisfaire aux exigences de cette ère d’ouverture et de promotion de la culture, vecteur de progrès et de développement économique. Pour que cet élan soit efficace et à la hauteur du renouveau culturel auquel aspire légitimement le Maroc, il a en effet besoin d’une vision, d’une politique, d’une stratégie, d’institutions adéquates et de ressources humaines et matérielles. Ce sont ces objectifs que le Maroc, sous l’impulsion de Sa Majesté, s’est assignés et vise à atteindre. Au-delà de ces objectifs, cet événement réitère le témoignage d’une amitié constante et d’un dialogue permanent entre deux nations. Il prend la forme d’une création artistique à laquelle ont contribué d’illustres compétences marocaines et françaises, à l’image de la brillante période évoquée par cette exposition, durant laquelle Musulmans, Juifs et Chrétiens œuvrèrent ensemble à l’avènement d’un véritable âge d’or. Pour les efforts louables qu’ils ont consentis pour le succès de cette manifestation, je ne saurais trop remercier celles et ceux qui ont œuvré d’arrache-pied, des mois durant, avec abnégation et modestie, afin de nous offrir des moments de joie sublime. Je tiens également à exprimer mes remerciements les plus sincères à l’ensemble du personnel du Louvre, ainsi qu’à son président, M. Jean-Luc Martinez, pour cette opportunité qu’ils nous ont offerte de dévoiler l’une des plus belles facettes du Maroc pluriel et millénaire. De même, je veux rendre un hommage particulier à Mmes Bahija Simou et Yannick Lintz, commissaires générales de l’exposition, qui ont fait preuve d’une immense bonne volonté et d’un sens élevé de la disponibilité et de la responsabilité. Mes remerciements vont aussi aux cadres et au personnel de la Direction des Archives royales pour avoir porté avec patience le poids du commissariat général de l’exposition, ainsi qu’à tous les membres de la FNM pour leur précieux travail de suivi et de coordination. Enfin, je souhaite exprimer ma gratitude à tous les acteurs qui ont contribué, de près ou de loin, à la réussite de ce rendez-vous, particulièrement les personnes et les établissements détenteurs de patrimoine muséographique, qui ont bien voulu enrichir la collection exposée en prêtant les œuvres historiques qui leur appartiennent. Qu’ils veuillent trouver ici l’expression de ma profonde considération. 

Préface Par Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées marocains

Les textes sont extraits du catalogue Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne, sous la direction de Yannick Lintz, Claire Déléry et Bulle Tuil-Leonetti. Coédition Hazan / musée du Louvre éditions.

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Introduction Par Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l’Islam, musée du Louvre

Un grand moment de civilisation au cœur de l’Occident islamique. Qui n’a pas un sentiment de familiarité avec les décors architecturaux anciens du Maroc, visibles aujourd’hui encore dans les rues de Fès, de Marrakech ou de Rabat ? Le voyageur est sans cesse émerveillé par les zelliges colorés, les stucs et les bois délicatement sculptés, et les calligraphies monumentales qui forment autant de courbes et d’arabesques légères à l’œil. Peu d’entre nous semblent capables en revanche de replacer ces productions architecturales et artistiques dans un cadre historique précis. C’est sans doute l’enjeu essentiel de cette exposition, qui veut tenter d’accomplir cet autre voyage au Maroc, celui d’une histoire des dynasties islamiques qui se succèdent entre le Xe et le XVe siècles. Ce parcours chronologique nous permet ainsi de mieux comprendre l’originalité de la culture du Maghreb médiéval entre l’Afrique et l’Espagne, dont le Maroc est l’épicentre durant ce moment exceptionnel d’épanouissement artistique. Ces cinq siècles d’histoire couvrent une période passionnante du monde islamique, où les pouvoirs politiques et religieux orientaux se morcellent après l’unité omeyyade et abbasside, où l’Espagne arabe n’est plus le cœur politique, religieux et culturel de l’Occident islamique et où l’Afrique du Nord se compose autour de principautés ou de dynasties puissantes qui font la synthèse d’une culture arabe et d’une sensibilité autochtone berbère. Ce revival islamique au cœur de l’Afrique du Nord est bien sûr teinté de jeux d’alliances régionales et tribales complexes et mouvantes, de doctrines religieuses subtiles au service d’une unité territoriale, ou d’une allégeance à tel ou tel califat oriental ou occidental. Ce n’est pas dans cette complexité historique que nous voulons entraîner le spectateur, même si elle est toujours présente en arrière-plan. Le paysage que nous donnons à voir essentiellement est celui d’une histoire des villes et des monuments qui naissent et se transforment au cours de ces cinq siècles. Alors que nous sentons, au début de ce cycle, l’émergence timide d’une affirmation artistique dans la naissance de Fès et de ses mosquées, l’urbanisation et l’unité territoriale nouvelle, que construisent au milieu du XIe siècle les Almoravides, sont à l’origine d’un art imprégné des exemples andalous et orientaux de l’Égypte fatimide ou de la Syrie. Les Almohades, entre le XIIe et le XIIIe siècle, réalisent sans doute la synthèse la plus intéressante d’une sensibilité autochtone, visible dans une forme de simplicité et d’austérité en rapport avec la réforme religieuse, et une influence andalouse présente par ses savoir-faire artistiques ou par le goût propre de certains princes de l’époque, grandis parfois dans le sud de l’Espagne. Enfin, les Mérinides, grâce à leur prestigieux programme d’embellissement des villes et de construction de madrasas, permettent l’accomplissement de cette identité culturelle particulière. Ayons aussi présent à l’esprit que cette histoire culturelle et artistique se déroule dans un environnement méditerranéen aux enjeux politiques et culturels particulièrement riches entre le Xe et le XVe siècle. La rive orientale de la Méditerranée est marquée à cette époque par l’affrontement des Francs et des « Arabes », qui voient les Turcs s’affirmer au sein du monde oriental. De l’Égypte au Proche-Orient se succèdent ainsi durant cette période les trois brillants foyers religieux, politiques et culturels que sont les Fatimides, les Ayyoubides et les Mamelouks. L’Europe chrétienne, au-delà de l’affrontement idéologique et militaire avec les musulmans d’Espagne et du Proche-Orient, intensifie ses échanges commerciaux et artistiques avec l’Afrique et l’Orient. Les villes de Pise, Gênes et Venise témoignent de l’activité de ces échanges méditerranéens qui se reflètent dans la vie artistique et intellectuelle. La vie du géographe al-Idrisi, né à Ceuta au début du XIIe siècle, qui étudie à Cordoue et se met au service du roi normand Roger II de Sicile, illustre la réalité de ces échanges. Revenons donc à l’intérieur de notre territoire du Maroc médiéval et déroulons ici les grands épisodes de ces dynasties berbéro-andalouses entre le Xe et le XVe siècles.

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Une dynastie islamique entre Volubilis et Fès : les Idrissides autour du Xe siècle. La première dynastie de cette chronologie est celle des Idrissides, dont l’histoire débute dans la ville antique de Volubilis. Idris Ier descend d’Ali, cousin et gendre du Prophète en qualité d’époux de Fatima. Il échappe à la grande tuerie des Alides perpétrée par les Abbassides près de La Mekke en 786. Il gagne Tanger, puis Walili (la Volubilis romaine). Il fait alliance avec certaines tribus locales, dans l’esprit des Orientaux qui ont trouvé refuge dans cet Occident islamique en construction, comme la dynastie qui leur est contemporaine des Aghlabides de Kairouan. Proclamé imam, Idris Ier établit ainsi un pouvoir autonome, indépendant du califat de Bagdad et de celui de Cordoue. Cette principauté en gestation est reprise par son fils Idris II, qui fait de la ville de Fès la capitale de ce premier royaume. La construction de la mosquée de al-Qarawiyyin dans le quartier des Kairouanais à Fès est le symbole de cette nouvelle affirmation politique, religieuse et culturelle au cœur du Maroc en devenir. Les premiers empires entre l’Afrique et l’Espagne : les Almoravides (milieu du XIe siècle - milieu du XIIe siècle). Le relatif isolement du Maghreb extrême durant cette période peut expliquer en partie l’émergence au milieu du XIe siècle d’une nouvelle dynastie, dont l’origine tribale s’inscrit géographiquement entre le fleuve Sénégal et le sud du Maroc actuel. Cette nouvelle dynastie, les Almoravides, s’assure progressivement la maîtrise économique et politique du territoire à partir des routes caravanières et des prises des villes de Sidjilmasa et Aghmat. Ils commencent à développer la ville de Marrakech en 1062, qui devient capitale en 1070. La vision de ce nouveau pouvoir politique est d’une autre dimension. On passe de la conception d’un petit état centré sur une ville et une zone d’influence régionale à l’organisation administrative et idéologique d’un territoire allant des rives du fleuve Sénégal jusqu’aux rives de l’Andalousie arabe. Dans ce sens, c’est là le premier empire du Maroc médiéval. Désormais se déploie cette puissance économique fondée sur le troc de l’or et du sel le long des routes caravanières du Sud. Une idéologie religieuse originale est constituée, qui s’appuie sur une doctrine du droit islamique sunnite, le malékisme. Sur le plan culturel et artistique, l’influence de l’Andalousie est évidente. La culture commune marocaine-andalouse trouve à s’illustrer dans le décor architectural des villes et dans la graphie arabe andalouse qui apparaît alors au Maroc. L’Empire almoravide s’impose durant près d’un siècle dans ce nouveau monde islamique, cependant que les Turcs seldjoukides entrent à Bagdad en 1055 et combattent les Francs sur la rive proche-orientale durant la longue période des croisades. Les Almohades ou un art urbain au service d’une idéologie religieuse (milieu du XIIe siècle - milieu du XIIIe siècle). Le second épisode dynastique que connaît un Maghreb unifié du Portugal à Tripoli en Libye et au sud de l’Espagne dure près de soixante-dix ans. Il est le résultat d’une nouvelle alliance tribale originaire du Haut Atlas, les Almohades. Cette nouvelle construction politique et idéologique est sans doute la plus aboutie de l’Occident islamique médiéval. Régnant entre le milieu du XIIe siècle et le milieu du XIIIe siècle, les Almohades proclament un califat dont le centre est à Marrakech et dont la figure religieuse à l’origine de la nouvelle doctrine est Ibn Tumart. Le pouvoir califal repose sur une organisation étatique hiérarchisée et efficace. Les bâtisseurs politiques qui ont joué un rôle déterminant à la tête de ce puissant empire sont Abd al-Mu’min et Ya‘qub al-Mansur. Dotés d’une importante flotte, les Almohades règnent sur un territoire où se développe une grande activité portuaire, notamment à Tunis, à Bougie et à Ceuta, ou encore sur l’Atlantique. Les échanges avec l’Occident chrétien, malgré la confrontation militaire en al-Andalus, sont continus, et les contacts diplomatiques, avec Pise ou Gênes par exemple, assurent les conditions nécessaires à une activité commerciale de plus en plus florissante. La force du projet politique et les capacités d’organisation administrative du régime almohade sont propices à de grands programmes d’urbanisation. Dans la capitale Marrakech, une nouvelle cité palatiale, la Qasba, est aménagée. Séville, siège andalou de l’autorité califale almohade, connaît également d’importants chantiers dans les espaces palatiaux (le qasr ou Alcázar), et la construction d’une nouvelle grande mosquée. Ribat al-fath (future Rabat) est la principale fondation urbaine almohade. L’expression artistique est sans doute un vecteur privilégié de la doctrine almohade. Elle transparaît notamment dans l’édification et la rénovation de nombreuses mosquées.

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Le retour à Fès des Mérinides et la fin d’un cycle ( milieu du XIIIe siècle - début du XVe siècle). La cohésion de l’unité tribale autour du pouvoir almohade s’affaiblit progressivement pour aboutir, après la défaite de Las Navas de Tolosa en 1212, à la domination progressive des tribus mérinides. Dans une configuration régionale d’un Maghreb désormais divisé en entités tribales autonomes, les Mérinides recentrent leur pouvoir et affirment leur légitimité autour d’un territoire restreint dont les frontières orientales et septentrionales sont continuellement menacées. Cet empire rétréci par rapport à celui des Almoravides et des Almohades, à géométrie encore variable en fonction des victoires ou des défaites, se construit une identité recentrée en partie sur le territoire marocain actuel. La ville de Fès devient la capitale des Mérinides, en référence à la première dynastie islamique des Idrissides. Cette légitimation du pouvoir par la filiation historique s’accompagne d’un important programme de diffusion de cette nouvelle idéologie. Les madrasas s’affirment progressivement comme les vecteurs de ce discours. Elles illustrent aussi, dans leur décor architectural, la nouvelle recherche esthétique des artistes mérinides. Dans les décors de façades sur cour alternent matériaux et registres variés : d’abord des lambris de zellige, mosaïque de céramique, auxquels succèdent des frises épigraphiques et des panneaux de composition florale en stuc sculpté. Le bois, mis en oeuvre avec une grande maîtrise technique et une véritable virtuosité dans l’ornementation, constitue le registre supérieur dans la façade. L’effet chromatique de cette association assure un rendu esthétique exceptionnel. Montrer au large public du Louvre ce brillant foyer de civilisation islamique au cœur de l’Occident médiéval, dans un destin partagé entre l’Afrique et l’Europe, est une vraie nouveauté. L’éclairage sur l’Occident islamique se focalise en effet souvent sur l’Andalousie arabe et ses fastes. Le regard culturel sur le Maroc à travers les expositions organisées depuis un siècle en France et à l’étranger s’est ouvert sur des panoramas plus larges du patrimoine marocain. Notre approche, à travers cette exposition, est d’éclairer un moment de civilisation particulièrement méconnu, au cœur de l’Afrique, de l’Europe et de la Méditerranée en plein Moyen Âge. Plutôt que d’évoquer les croisades en Orient ou la Reconquista chrétienne dans la péninsule ibérique, notre intérêt se concentre sur ces dynasties berbéro-andalouses qui rayonnent à partir des grandes capitales marocaines. Enfin, la conception de cette exposition est le fruit d’une collaboration scientifique et patrimoniale exceptionnelle avec le Maroc, qui rend ainsi possible cette mise en valeur historique et culturelle. Je voudrais citer ici la remarquable mobilisation de Bahija Simou, la directrice des Archives royales, co-commissaire générale de l’exposition, qui a généreusement offert sa connaissance d’historienne et son énergie, ainsi que son écoute lors de nos nombreux dialogues, pour comprendre nos visions communes et particulières de cette histoire. Ses collègues marocains du comité scientifique ont su révéler la formidable vitalité de la recherche menée actuellement au Maroc sur cette période et nous ont ainsi permis de montrer des œuvres inédites du patrimoine marocain. Enfin, la Fondation nationale des musées marocains et son président Mehdi Qotbi ont démontré la capacité de répondre au défi complexe que représente l’organisation d’une telle opération. Au caractère inédit de cette collaboration s’ajoute l’extraordinaire prêt par le Maroc d’un patrimoine venant des musées mais aussi des mosquées marocaines auquel le non musulman n’a pas accès habituellement. Ces trésors sont confrontés pour la première fois de leur histoire à des œuvres exceptionnelles venues d’Espagne, mais aussi de nombreuses institutions européennes, africaines, ou israélienne (manuscrit du juif Maimonide). Tous ont voulu se mettre au service de ce beau projet. Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés.

Les textes sont extraits du catalogue Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne, sous la direction de Yannick Lintz, Claire Déléry et Bulle Tuil-Leonetti. Coédition Hazan / musée du Louvre éditions.

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Introduction Par Bahija Simou, directrice des Archives royales du Maroc

Regard sur le Maroc médiéval L’histoire ouvre la voie à une meilleure compréhension du présent. C’est dans cet esprit qu’il convient de comprendre cette louable initiative d’une exposition sur « Le Maroc médiéval. Un empire entre l’Afrique et l’Espagne », qui relate le récit d’une vocation, celle de l’attachement indéfectible d’un pays à ses valeurs, et offre au visiteur de s’immerger dans les profondeurs du Maroc médiéval, vu de la rive septentrionale du bassin méditerranéen. Sans doute cette exposition permet-elle de passer en revue cette période, véritable apogée de l’Occident islamique, du point de vue tant historique que scientifique et artistique, et d’appréhender la genèse d’un État, de suivre son évolution sur quatre siècles, et d’apprécier ses fondements, sa permanence et sa civilisation sur plus d’un millénaire. Comment cette permanence eût-elle été possible sans cette force et cet esprit de rassemblement qui animent l’histoire du Maroc, et trouvent déjà dans le Maroc médiéval leurs fondements, leurs valeurs et leurs aspirations ? Comment eût-elle été concevable sans l’attachement de tout un peuple – aussi divers fût-il ! – à la voie du juste milieu, à la volonté de vivre ensemble, à la recherche du progrès et du bien-être matériel et spirituel ? Autant de formes de sagesse dont le Maroc médiéval, exempt de toute tentation de fanatisme, donne l’exemple. En notre période qui, à l’heure de la mondialisation, assiste à l’entrée de l’humanité dans une histoire planétaire, où nations et États sont liés les uns aux autres dans un destin de plus en plus solidaire, il est plus que jamais impératif d’œuvrer à l’instauration d’un équilibre juste et viable entre l’exigence de l’universalité et celle de la diversité. Ces nations et ces États, dans ce contexte, ne peuvent désormais s’en tenir à de simples rapports de cohabitation ou d’émulation. Ils se doivent plutôt d’agir dans un esprit de solidarité, d’échange et de complémentarité, en tant que composantes d’une humanité qui les transcende et dont les valeurs restent à consolider. Toute l’histoire du Maroc est empreinte de cette espérance. Car elle est animée par un principe de sagesse millénaire, celui de la symbiose entre deux volontés solidaires, celle de l’unité et celle de la diversité. La première garantit l’intégrité identitaire de notre pays en préservant et revivifiant la mémoire de nos pères. La seconde lui assure l’exigence d’ouverture qu’impose la marche de l’histoire. Ces deux volontés n’ont cessé de participer à la construction d’une humanité universelle, inclusive et non exclusive, ouverte à l’autre et non repliée sur elle-même. C’est cette dynamique, qui traverse l’histoire du Maroc par-delà les vicissitudes, que l’exposition consacrée au Maroc médiéval s’efforce de cerner et de refléter. Sans doute l’événement permet-il de mieux comprendre les fondements de l’État marocain, d’apprécier le souffle spirituel, culturel et artistique du royaume, et de prendre la mesure de l’irréductible originalité d’une époque, de son authenticité et de son message. De même, il fait foi de l’intérêt que Sa Majesté le Roi Mohammed VI accorde au patrimoine médiéval du royaume en particulier, et à l’art islamique en général. Dès son accession au trône, Sa Majesté le Roi n’a cessé d’oeuvrer à la promotion d’une vision du monde qui met l’islam du juste milieu en harmonie avec le reste du monde et de bâtir une culture fondée sur la générosité, la modération et l’ouverture. C’est cette vision qui a sous-tendu la volonté marocaine d’ouvrir les richesses de ses bibliothèques les plus anciennes et les trésors de ses musées, et tout particulièrement les portes de la prestigieuse mosquée al-Qarawiyyin, en vue de prêter au musée du Louvre des objets hautement chargés de spiritualité, comme le minbar toujours en usage dans cette mosquée, ou encore son majestueux lustre-cloche, qui illumine les veillées spirituelles depuis des siècles, et qu’il a fallu déposer et transporter avec soin dans le dédale des ruelles étroites de l’ancienne médina pour l’offrir à l’admiration des visiteurs de l’exposition. Devant l’inépuisable richesse de ce patrimoine, il a fallu naturellement opérer des choix parmi tant d’objets, sur la base de leur portée historique, symbolique et esthétique. De fait, les objets exposés ne constituent qu’une infime partie de notre patrimoine, sélectionnée pour les besoins de l’exposition. Les bibliothèques marocaines regorgent de manuscrits évoquant cette période, qui s’est illustrée par une production touchant à des domaines aussi divers que la théologie, l’astronomie, la médecine, l’architecture, la gestion de l’eau, la gastronomie, la musique, le chant, l’élevage des chevaux, la science vétérinaire, etc.

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Les Archives royales détiennent par ailleurs un important fonds d’archives se rapportant à l’histoire des relations entre l’État marocain et des pays chrétiens, notamment le Saint-Siège, à l’époque médiévale. Cette documentation nous rappelle, en particulier, que le pape Grégoire VII prit contact avec le souverain almoravide Youssef Ibn Tachfine (1061-1106) car il avait à coeur de garantir aux chrétiens présents dans le Maghreb al-Aqsa la libre pratique de leur culte, tandis que le pape Honorius III (1216-1227) institua à Fès le siège épiscopal du diocesis marrochiensis. Cette présence chrétienne au Maroc à l’époque médiévale favorisait les échanges commerciaux et les correspondances entre les souverains almohades et le Saint-Siège. En témoigne le pontificat d’Innocent IV, qui, en 1246, avait demandé au calife almohade Al-Saïd (r. 1242-1248) de garantir la protection des chrétiens. Le nouveau calife Umar al-Murtada (r. 1248-1266) répondit au pape en juin 1250 pour lui exprimer son profond respect et sa grande déférence. Innocent IV répondit à son tour au calife, en mars 1251, en lui adressant une lettre où il lui rendait les expressions de courtoisie. Ces échanges nous interpellent : comment, en effet, le Maroc médiéval a-t-il pu entretenir ces rapports avec le Saint-Siège dans un monde alors marqué par les croisades ? La réponse ne peut que confirmer une autre spécificité de cette région. D’autres documents des Archives royales font état de relations nouées très tôt dans le domaine commercial entre le Maroc et les cités italiennes, notamment Gênes, Venise et Pise. Les mêmes archives renvoient aux échanges entretenus entre les Mérinides et la France, comme le montre la lettre du sultan mérinide Abu Ya‘qub Yusuf adressée au roi de France Philippe III (Philippe le Hardi), le remerciant pour l’aide qu’il avait fournie au roi de Castille Alphonse X (24 octobre 1282). Puisse l’abondante matière de ce patrimoine stimuler la curiosité des chercheurs et ouvrir de nouveaux horizons de coopération scientifique et culturelle avec le département des Arts de l’Islam du musée du Louvre. Il convient de noter ici que cette exposition vient rappeler la position géostratégique du Maroc en tant que carrefour de civilisations, terre de rencontres et de cohabitation, compte tenu de son rôle de jonction entre l’Europe et l’Afrique. C’est l’occasion de procéder à un réexamen et à une réévaluation de ce patrimoine médiéval, de croiser les lectures et les angles de vue et de faire interagir les connaissances et les savoir-faire. Par son ampleur, l’exposition offre une vue panoramique couvrant une période déterminante de l’histoire du Maroc, au cours de laquelle, en effet, s’était formé le nouvel État marocain indépendant du califat d’Orient, en définissant sa spécificité politique et spirituelle. Arrivés au pouvoir au lendemain de l’avènement de l’Islam au Maroc et forts de leur légitimité de descendants du Prophète, les Idrissides parvinrent à propager l’islam parmi les tribus amazighes et à consolider leur souveraineté sur le territoire marocain. Prenant son indépendance vis-à-vis de l’Orient, la nouvelle entité politique marocaine œuvra à la fondation de sa première cité capitale, Fès, et à l’adoption du rite malékite sous le règne de Moulay Idriss II (808-828). Sous les Almoravides, on assiste à l’édification du Maghreb al-Aqsa en tant qu’État central ayant Marrakech pour capitale, et s’étendant des rives du fleuve Sénégal, au sud, jusqu’à l’Andalousie au nord et au Maghreb central à l’est. Sur toute l’étendue de cet espace unifié, le nouvel État poursuivit l’œuvre de consolidation et de généralisation du rite malékite et de la doctrine asharite, en référence respectivement à l’imam Malik Ibn Anas (VIIIe siècle) et à Abou al-Hassan al-Ashari (IXe siècle), qui, tous deux, prônent un islam du juste milieu (wassatiya), celui de l’équilibre réfléchi entre le temporel et l’intemporel. De leur côté, les Almohades parvinrent à parachever l’unification du Maghreb al-Aqsa en y installant un pouvoir central qui s’étendait désormais de la mer des Romains (Méditerranée) et de l’Andalousie au nord, jusqu’aux confins du Soudan au sud et jusqu’à la Tripolitaine à l’est. À la fin du règne des Almohades, le champ politique maghrébin se scinda en trois dynasties : celle des Hafsides en Ifriqiya (actuelle Tunisie), celle des Ziyanides à Tlemcen (aujourd’hui en Algérie), et celle des Mérinides au Maghreb al-Aqsa (actuel Maroc). Cette dernière oeuvra, à son tour, à la préservation des mêmes fondements du pouvoir au Maroc, appuyés sur le rite malékite et la doctrine achâarite, qui, alliés à des courants soufis sunnites, ont formé le socle de l’identité marocaine et sa spécificité jusqu’à nos jours. Il convient ici de rappeler que, durant la majeure partie de la période médiévale, le Maroc occupa une place économique prépondérante en jouant le rôle d’intermédiaire commercial entre l’Afrique sub-saharienne et l’Europe, à une époque où le poids économique se concentrait dans le sud de la Méditerranée. L’accroissement des échanges avec le Soudan occidental (Afrique de l’Ouest) favorisa l’apparition tout au long des itinéraires commerciaux d’un réseau de cités telles qu’Audaghost, Tombouctou, Sidjilmasa, Aghmat, Marrakech, Salé, Fès, Sebta, Cordoue, Séville, et l’installation de comptoirs commerciaux, tels que Melilla, Sebta, Tanger et Badis. Par ailleurs, des ateliers de monnaie furent créés qui frappèrent des dinars et des dirhams de très bon aloi, d’où la grande diffusion du dinar almoravide dans tout le bassin ouest de la Méditerranée. Il était de si bonne frappe et d’une teneur en or si élevée que les Castillans s’en inspirèrent pour frapper une monnaie similaire, qu’ils appelèrent «maravedis ».

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Les textes sont extraits du catalogue Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne, sous la direction de Yannick Lintz, Claire Déléry et Bulle Tuil-Leonetti. Coédition Hazan / musée du Louvre éditions.

Cette prospérité économique du Maroc influença l’architecture des villes marocaines, où la grande-mosquée et l’autorité représentant le sultan (Qasba) occupaient l’espace central, le tout cerné de tours et de murailles dont les portes sont souvent désignées par le nom de la région vers laquelle elles s’ouvrent. Tout un mode citadin devait alors émerger autour d’établissements et de structures urbaines tels que maristan-s (hôpitaux), madrasas, funduq-s, fontaines, hammams, ponts, riyad-s, résidences, parcs et jardins. Parallèlement aux itinéraires commerciaux, des itinéraires spirituels se dessinèrent avec l’apparition de nombreux ribat-s et zawiya-s, où un islam modéré, c’est-à-dire incarné dans la réalité, émergea peu à peu, sans volonté déclarée d’éradiquer par la violence les coutumes, les idiomes et les cultures en usage alors dans le pays, d’où sa propagation assez rapide sur l’ensemble du territoire marocain. Très tôt, la tendance à l’incantation et à la psalmodie soufie s’imposa, donnant lieu à l’implantation de plusieurs confréries (turuq) organisées autour de saints patrons comme Abou Yaâza Yelnour, Abou Al-Abbas Sebti, Moulay Abdesslam Ben Machich, Abou al-Hassan Chadili, Mohamed Ben Slimane al-Jazouli, Abou al-Abbas Ahmed Ben Achir et Lalla Aziza Sekssiouiya, prêchant tous la méditation intérieure, la méfiance à l’égard des passions d’ici-bas et la voie de l’amour. Le Maroc devint ainsi une terre de rencontre de civilisations et un espace d’échanges où se mêlaient et interagissaient plusieurs influences, celles de l’Afrique sub-saharienne, des États italiens, des royaumes espagnols ou encore de l’Égypte des Mamelouks. L’acmé atteint en cette période par l’Occident musulman a permis l’intégration des apports culturels arabes, amazighs, juifs, andalous et africains, contribuant à l’épanouissement d’une civilisation alimentée par de multiples affluents, et, comme telle, génératrice de créativité et d’innovations. L’art marocain, imprégné d’une spiritualité soufie, y gagna en excellence et en diversité, comme en témoignent les techniques de construction en pisé, en pierre ou en brique, celle de la pose des mosaïques du zellige, celles de la teinte des tuiles et de leur alignement, de la gravure sur plâtre et du travail du bois. Cet art s’illustre également dans l’usage de teintures traditionnelles des murs, comme tadellakt, dans l’embellissement d’obélisques, d’arcades et de portes, ou encore dans l’ornementation des margelles de puits et des vasques de fontaines. L’empreinte de cette inventivité se retrouve encore dans le tissage, la broderie, l’orfèvrerie, l’argenterie et l’art du livre. Dans le domaine de la manufacture, on vit fleurir le travail du cuir (qui, en gage de cette excellence, allait même prendre le nom du pays : la maroquinerie), la dinanderie et la poterie. Cette période fut aussi celle d’une abondante production littéraire et scientifique, véhiculée par la langue arabe, comme langue des sciences, avec le rayonnement d’un grand nombre de lettrés et de savants de renom, parmi lesquels on peut citer Abu al-Qasim al-Zahrawi, Ibn Zohr (Avenzoar), Ibn Rushd (Averroès), Errazi, pour la médecine, Ibn al-Banna pour les mathématiques, al-Bakri, Ibn Fatima et al-Idrisi pour la géographie. Il y eut ainsi des découvertes et des inventions dans les domaines des sciences et techniques, tels que l’astronomie, les mathématiques, la médecine, la géographie et la construction navale. Ce rayonnement s’est illustré dans l’impact de la philosophie islamique sur les philosophes du monde occidental chrétien du XIIIe siècle, avec notamment les commentaires de Ibn Rushd, qui firent connaître la pensée d’Aristote en Europe. Ces échanges permirent de jeter des ponts entre deux mondes culturels différents et de frayer la voie au dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. C’est cette même histoire qui est relatée aujourd’hui par cette exposition, où sont réunis des œuvres et des objets d’une grande importance symbolique, relevant de la vie quotidienne, de l’architecture, du culte, de la science, des lettres, des arts de la guerre, du commerce, de la navigation, etc. Autant d’objets qui illustrent l’âme d’un peuple et qui sont présentés aujourd’hui dans les espaces prestigieux du Louvre. Cet événement est, de fait, une démonstration des liens ancestraux et permanents qui unissent le Maroc et la France. Toute notre gratitude et tous nos remerciements vont en conséquence à M. Jean-Luc Martinez, président de l’Établissement public du musée du Louvre, pour sa perception du projet, à notre homologue, Mme le professeur Yannick Lintz, pour sa capacité de partage, aux prêteurs, pour leur générosité, et à toutes celles et tous ceux qui ont œuvré à l’aboutissement de ce projet.

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Introduction Par Claire Déléry et Bulle Tuil Leonetti

Collaboratrices scientifiques, chargées des collections de l’Occident islamique, département des Arts de l’Islam, musée du Louvre, Paris

L’exposition qu’organisent le musée du Louvre et la Fondation nationale des musées marocains est consacrée à une période particulièrement féconde de l’histoire du Maghreb, du point de vue tant intellectuel qu’artistique. Il s’agit du Maroc médiéval. Les réalisations architecturales et les œuvres de cette époque ont fait l’admiration de voyageurs européens dès le XIXe siècle, et plus encore de nos jours. Elles sont toujours au cœur de la vie quotidienne et spirituelle des Marocains. L’époque que nous présentons débute avec le bouleversement que constitue l’arrivée de l’islam au VIIIe siècle, et s’achève à la fin du XVe siècle, avec l’entrée du Maghreb et du monde dans la modernité. L’exposition se focalise sur un moment particulier de cette longue période qui a vu la fondation des grandes capitales du Maroc, Fès, Marrakech, Rabat, et le développement d’un art raffiné aujourd’hui réinvesti par la modernité. Il s’agit du règne des trois grandes dynasties berbères (amazighes) qui se sont succédé dans la région entre le milieu du XIe siècle et le milieu du XVe siècle : les Almoravides, les Almohades et enfin les Mérinides. Sous ces trois dynasties, l’Occident du monde islamique, pour la première fois uni, a été dirigé par un pouvoir berbère. Les trois empires qu’elles ont créés l’un à la suite de l’autre ont étendu leur rayonnement du sud du Sahara jusqu’au nord de l’Espagne actuelle, parvenant à l’est jusqu’à la Libye. Ils se sont tous trois appuyés sur les grandes villes qu’ils ont fondées ou remodelées pour en faire leurs capitales, et qui forment le fil conducteur de l’exposition. La compréhension de ce parcours chronologique et géographique est éclairée par un préambule : la période idrisside (fin du VIIIe - milieu du Xe siècles) et celle des émirats indépendants. La ville de Fès est en effet fondée par les premiers souverains idrissides, et c’est à cette époque que l’essentiel du territoire du Maroc actuel forme une principauté autonome par rapport à l’Orient. L’actualité de la recherche nous incite à voir d’une manière nouvelle cette histoire dont les vestiges sont sublimés par la splendeur de la terre qui modèle les cités, la blancheur des mosquées, l’or des manuscrits. Depuis une vingtaine d’années, les fouilles archéologiques menées sur le territoire marocain et le travail de réflexion et de remise en question historiographique accompli sur les sources anciennes ont en effet permis de renouveler l’approche de cette époque longtemps lue depuis la rive andalouse. Les acteurs ont également changé : les chercheurs marocains participent pleinement, aux côtés d’équipes internationales, à cette réflexion sur l’histoire de leur propre pays. L’exposition, et le catalogue qui la complète, non seulement retracent l’histoire de ce pays et celle du regard porté sur son histoire, mais témoignent de la formation d’une mémoire partagée et présentent les acquis et les enjeux de la recherche actuelle. Ils s’attachent à montrer, en même temps que les réalisations artistiques et intellectuelles les plus importantes de cette époque, les découvertes plus humbles, mais tout aussi révélatrices, des fouilles archéologiques menées ces dernières années. Histoire d’un regard, mémoire partagée Le territoire du Maroc actuel correspond, à l’époque médiévale, à une entité dénommée Maghreb al-Aqsa (« l’Occident le plus éloigné »). Ce toponyme arabe désigne les confins occidentaux du monde islamique, dont le coeur spirituel est La Mekke. Pour le grand voyageur marocain du XIVe siècle Ibn Battuta, le Maghreb al-Aqsa est « le pays où la pleine lune se lève ». La consignation écrite des événements et la description des réalités géographiques de cette région débutent quelques décennies après l’arrivée de l’Islam. La construction des empires s’accompagne de celle de l’écriture de l’histoire sous la plume d’historiographes. Ces derniers sont en effet chargés par les souverains d’inscrire leurs pouvoirs dans une lignée prophétique, de les rattacher à l’accomplissement d’un destin ou de les placer dans une perspective eschatologique. Les historiens actuels doivent donc faire la part des réalités historiques et de la réécriture qui en a été faite. Comprendre aujourd’hui l’histoire du Maroc médiéval, c’est identifier les étapes de cette construction historique et prendre en compte le regard porté sur elle par les historiens tout au long du XXe siècle. L’enjeu du parcours chronologique proposé dans cette exposition est justement de pouvoir suivre cette histoire grâce à l’avancée des recherches historiques, tout en offrant un cheminement simple au visiteur européen, auquel elle est le plus souvent peu familière. Le choix des oeuvres rend aussi compte de l’histoire de la formation du patrimoine au Maroc, également abordée dans ce catalogue. Parmi les pièces exposées, certaines ont été découvertes à l’époque des protectorats français et espagnol, tandis que d’autres ont été mises au jour récemment.

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Ce qu’il importe de retenir, c’est que le regard porté par les historiens et les historiens de l’art sur le Maghreb al-Aqsa, plus précisément sur les empires berbères almoravide, almohade et mérinide, a longtemps été marqué par des partis pris ou des conditionnements idéologiques dont on a aujourd’hui encore du mal à se défaire. L’art de ces dynasties a en effet été longtemps considéré, même sur le sol maghrébin, comme une simple « continuité » ou une importation de celui de al-Andalus, la péninsule ibérique sous domination islamique. Ce point de vue, soutenu en son temps par Henri Terrasse, inspecteur des Monuments historiques, et partagé par la plupart de ses contemporains espagnols dont Leopoldo Torres Balbás, soulève un problème méthodologique. En effet, les œuvres monumentales, et les chantiers urbanistiques réalisés en péninsule ibérique sous ces dynasties berbères, donc en périphérie, ont longtemps été étudiés sans prendre en compte ceux menés au cœur de ces empires et dans leurs capitales en terre africaine. Espérons que les fouilles archéologiques récentes effectuées sur le sol marocain contribueront à rééquilibrer le regard et à poser les données différemment. Une autre question à laquelle il est nécessaire de s’atteler est celle de « l’archéologie de réserve » des collections marocaines mais aussi européennes. Dans le cadre de la préparation de cette exposition, des membres du comité scientifique (Abdallah Fili, Ahmed Ettahiri, Hassan Limane et Rachid Arharbi, que nous remercions vivement) ont visité les réserves des grands musées marocains, où, avec l’appui des conservateurs, ils ont (re)-découvert des objets et des décors monumentaux, dont la mémoire et l’identité s’étaient parfois perdues. Les premières décennies du XXe siècle correspondent à une époque où tout autour de la Méditerranée se développe un intérêt particulier pour le patrimoine. Le Maroc participe à cet élan de modernité patrimoniale savante. Parallèlement au recensement du patrimoine, qu’il fût immobilier ou mobilier, des décrets de protection des monuments ont été promulgués. Épigraphistes, codicologues, numismates se sont penchés sur les corpus d’inscriptions, de manuscrits et de monnaies, tandis que les fouilles archéologiques se sont multipliées. Des musées ont été créés pour abriter les résultats des fouilles, mais aussi celui des collectes mobilières lancées par le protectorat français. Sources écrites et matérielles d’origine diverse ont ainsi peu à peu été rassemblées grâce à l’implication d’un certain nombre de chercheurs auxquels ce catalogue rend hommage. L’activité patrimoniale de ce début du XXe siècle a fait l’objet d’un regain d’intérêt (soulignons pour leur qualité les mises en perspective proposées par Enrique Gozalbes Cravioto et Patrice Cressier dans le domaine de l’historiographie). Il doit être pris en compte afin de permettre de mieux comprendre l’image du Maroc médiéval qui est la nôtre aujourd’hui. Exposer le Maroc médiéval Depuis l’exposition pionnière qui lui a été consacrée à Paris en 1917 juste après l’instauration du protectorat, le Maroc a été l’objet de plusieurs expositions. Si cette première manifestation faisait une place au Maroc médiéval, c’était uniquement à travers des moulages de décors architecturaux en place. On mesure le chemin parcouru : depuis, les musées marocains et leurs collections ont été constitués et des fouilles ont permis la découverte d’un matériel inédit. Une partie de ce patrimoine a été présentée à Paris en 1999 lors d’une exposition intitulée « Les Trésors du Royaume » et consacrée à l’histoire du Maroc depuis l’époque préhistorique jusqu’à nos jours. L’exposition que nous avons imaginée est quant à elle entièrement consacrée au Maroc médiéval. L’avancée des recherches permet en effet aujourd’hui d’attribuer précisément certaines productions à telle ou telle époque. La sélection des œuvres a pris ce critère en compte, un critère important au moment où se pose la question de la spécificité de l’art conçu à l’époque de ces trois dynasties berbères, du point de vue tant des continuités que des ruptures. Les objets issus de fouilles archéologiques sont documentés par le contexte de leur découverte. Ceux datés par une inscription ou mentionnés dans des sources historiques constituent également d’utiles jalons. C’est le cas des lustres, des portes de mosquées et des minbars et aussi bien sûr des manuscrits. À de rares exceptions près, les manuscrits sélectionnés sont médiévaux afin de rendre compte de la production intellectuelle de cette époque mais aussi de la culture visuelle qui lui est attachée. Des manuscrits très richement enluminés, en particulier des corans, sont ainsi présentés aux côtés d’œuvres dont la mise en page est plus modeste mais le contenu fondateur. C’est le cas par exemple d’un unicum des Règles de la vie mystique de Abu Bakr b. al-‘Arabi, grand qadi de Séville sous les Almoravides, qui fait écho au développement du soufisme, essentiel à la compréhension du Maghreb médiéval. La plupart de ces manuscrits exceptionnels ont dû être restaurés. Les liens étroits entre la production écrite et le pouvoir central sont également évoqués au travers des plus anciens manuscrits compilant la doctrine de Ibn Tumart, le fondateur du courant almohade, et d’un coran écrit de la main du calife almohade al-Murtada. Toutes les catégories d’oeuvres ne sont pas datables avec précision, mais les chercheurs progressent, notamment à partir de l’examen des spécificités de certains décors épigraphiques. Plusieurs métaux ont ainsi été placés dans l’exposition pour tenir compte de l’actualité de la recherche, comme les célèbres « griffon de Pise » et « lion de Mari-Cha », aujourd’hui attribués à la période almoravide.

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Enfin, les textiles sélectionnés pour l’exposition s’inscrivent dans une fourchette de datation relativement précise, telle la grande chasuble de saint Exupère de Toulouse, coupée dans un tissu almoravide. Le parcours chronologique que l’exposition et son catalogue proposent dans l’histoire du Maroc médiéval suit un double fil conducteur, celui des grandes dynasties à avoir régné et celui des capitales fondées par elles. La période se caractérise non seulement par la fondation de villes capitales, mais aussi par le doublement ou le triplement de leur noyau urbain à la faveur de leur réinvestissement par les dynasties successives. Le parcours débute ainsi par la fondation de Fès à l’aube du IXe siècle et se termine par le retour à cette première capitale orchestré par les souverains mérinides, qui fondent Fès Jdid (« Fès la nouvelle ») et raniment le souvenir de la dynastie idrisside, dont le premier émir était le descendant direct du Prophète Muhammad par sa fille. Chaque dynastie ayant eu à cœur d’embellir les grandes-mosquées de ses capitales, certains édifices, comme la mosquée al-Qarawiyyin de Fès, accompagnent le visiteur et le lecteur tout au long de sa découverte. Celle-ci est jalonnée de chefs-d'œuvre – lustres de mosquées, minbars (chaires à prêcher pour la prière du vendredi), portes monumentales – provenant de ces édifices et très généreusement prêtés par l’ensemble des institutions marocaines. Plusieurs d’entre eux sont exposés pour la première fois et ont fait l’objet de restaurations. Près de cinquante autres institutions européennes, en majorité espagnoles, ont accepté de prêter des oeuvres. L’exposition est enfin émaillée d’hommages aux chercheurs et aux découvreurs émerveillés du Maroc médiéval, depuis ceux qui, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, en ont offert les premières vues en noir et blanc puis en couleur, jusqu’à Théodore Monod, qui, dans les années 1960, découvrit l’épave d’une caravane médiévale en plein désert du Sahara. Ces clichés sont des documents d’archive de première importance, car ils témoignent de ce qu’était l’état des monuments avant leur restauration. Dans le discours de l’exposition, clichés et relevés permettent par ailleurs de replacer l’architecture dans le paysage marocain. Cette composante essentielle du Maroc médiéval se devait d’être présente et de compléter la présentation des chefs d’œuvre mobiliers, ainsi perçus dans leur environnement.

Les textes sont extraits du catalogue Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne, sous la direction de Yannick Lintz, Claire Déléry et Bulle Tuil-Leonetti. Coédition Hazan / musée du Louvre éditions.

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Parcours de l’exposition

Volubilis et la naissance du Maghreb al-Aqsa (788-927) Le territoire du futur Maroc est aux yeux des conquérants arabes le point le plus éloigné de la terre. Il prend donc le nom de Maghreb al-Aqsa, qui signifie dans la langue arabe « l’Occident le plus éloigné ». Conquis par les troupes arabes à la fin du VIIe siècle, cet espace où les anciens sites romains sont encore occupés se morcelle rapidement en plusieurs principautés. Des communautés juives et chrétiennes sont installées et conservent leurs traditions antiques. En 788, un descendant du Prophète Muhammad, Idris (r. 789-791), arrive au Maghreb al-Aqsa. Il fuit Bagdad, et le calife abbasside. Une tribu amazighe (berbère) convertie à l’islam accueille Idris et le proclame imam (chef de la communauté). Il s’installe dans l’ancienne colonie romaine de Volubilis (Maroc actuel), où il crée un royaume autonome. Ce royaume est mal connu : peu de vestiges matériels sont conservés. Ceux que l’on présente témoignent de l’adoption progressive de l’islam et de la langue arabe. La fondation de Fès au début du IXe siècle Idris II (r. 808-828), fils et successeur d’Idris Ier, quitte Volubilis au début du IXe siècle. Il part s’installer sur le site de Fès, qui vient d’être fondé. La ville est très vite constituée de deux quartiers distincts séparés par un oued. On les appelle bientôt le quartier « des Kairouanais » et le quartier « des Andalous ». Chacun possède une grande-mosquée pour la prière du vendredi et plusieurs oratoires. Deux sont parvenus jusqu’à nous : la mosquée des Kairouanais (al-Qarawiyyin) et la mosquée des Andalous. Agrandies et embellies jusqu’à nos jours, ces deux mosquées conservent quelques rares témoignages de l’époque idrisside. À la mort d’Idris II, le royaume est divisé entre ses douze fils. Les puissants califats qui l’entourent se disputent sa domination : le califat fatimide, qui règne à l’est, sur la région de la Tunisie actuelle, et le califat omeyyade, au nord, qui domine la péninsule Ibérique. Leur volonté parallèle de régner sur la ville de Fès se traduit par des réalisations architecturales, comme le minaret de la mosquée al-Qarawiyyin en 956, édifié sur ordre du calife omeyyade. La principauté de Sidjilmasa aux IXe -Xe siècles La principauté idrisside s’inscrit dans un contexte régional complexe. Elle est bordée, au nord, par celle de Nakur, et à l’ouest par celle des Berghawattas. Au sud se trouve la principauté de Sidjilmasa, aux mains des Midrarites. C’est une cité marchande prospère située sur les routes des caravanes, où se croisent les marchands venus chercher l’or et les matières précieuses du Sahara et du fleuve Niger. La principauté frappe des monnaies en or. Elle est habitée par des kharidjites, venus d’Orient. Le kharidjisme est une des grandes branches de l’islam aux côtés du sunnisme et du shiisme. Des décors en stuc témoignent de la splendeur des monuments de cette ville en plein désert. Les Almoravides : le premier empire amazighe (berbère) (1049-1147) Vers le milieu du XIe siècle émerge une confédération de tribus berbères venues des franges nord de la Mauritanie. On les nomme Almoravides. Ces combattants au visage voilé, comme c’est l’usage chez les grands nomades, progressent militairement. Ils tentent d’abord de contrôler les « cités de l’or » situées au sud du Sahara. Ces villes de l’Afrique de l’Ouest, comme Gao, structurent les routes des caravanes. La maîtrise de l’or permet aux Almoravides de financer leurs conquêtes. Ils se tournent désormais vers le nord et font étape à Sidjilmasa, puis à Aghmat, avant de fonder Marrakech. Leur progression est ininterrompue jusqu’au nord de l’Espagne, où se stabilise la frontière. L’arrivée de marchands musulmans au sud du Sahara a permis l’introduction de l’islam et de la langue arabe. Le mouvement de conversion au sud du Sahara est favorisé par l’Empire almoravide, dont l’étendue permet une grande circulation des hommes, des marchandises et des idées. En Afrique de l’Ouest se mêlent alors langue arabe, langue berbère, islam et animisme (croyance en l’existence d’âmes animant les êtres vivants et les éléments naturels). Cependant, au-delà de la boucle du Niger, la plupart des peuples conservent leurs rites et leurs croyances. Le commerce maritime et les échanges L’immense Empire almoravide est puissant et commerce activement. À la richesse des caravanes au sud s’ajoute le dynamisme de grands ports méditerranéens au nord. Almería, en Espagne, est le principal port de l’empire et le siège de son amirauté. La ville, qualifiée de « porte de l’Orient », est également un centre artisanal réputé pour ses soieries et le travail des métaux. Les fouilles archéologiques ont révélé l’étendue de ses activités artisanales : on y fabrique des céramiques multicolores et des stèles en marbre que l’on retrouve aux quatre coins de l’Empire almoravide. Almería tombe en 1147 aux mains des puissances chrétiennes, qui détruisent la ville, sonnant le glas de la prospérité almoravide.

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Raffinement de l’art almoravide Les chroniques historiques attestent de l’utilisation par les souverains almoravides de luxueuses soieries. Elles sont destinées à leur propre usage ou offertes en présent à leurs proches et à des alliés. La production est considérable et beaucoup font l’objet d’un commerce. La plupart de celles qui nous sont parvenues ont été conservées dans des trésors d’églises ou dans les tombes de membres des familles royales chrétiennes du nord de la péninsule ibérique. Il s’agissait en effet de tissus d’une grande finesse, très prisés par les souverains de l’époque. Leur décor, polychrome et doré, figure de magnifiques motifs animaliers. Les ateliers où ils auraient été produits ne sont pas connus, bien qu’ils soient le plus souvent attribués à la ville d’Almería. Le raffinement de leur décor se retrouve dans le travail du métal, sur des lampes, plateaux et encensoirs, ainsi que sur des boîtes en ivoire de la même période. La fondation de grandes mosquées impériales Les Almoravides font du sunnisme, l’une des trois branches de l’islam, et du courant juridique malikite leur doctrine officielle. Grâce à l’appui du pouvoir, la période est intellectuellement très riche. Les sciences juridiques connaissent un développement sans précédent. Ce renouveau est porté par de célèbres Grands juges, tels Ibn Rushd al-Djadd (1058-1126) à Cordoue, et le Qadi ‘Iyad (1043-1083) à Ceuta. Ces derniers rédigent d’importants traités de droit et de sciences religieuses. Par ailleurs, les souverains construisent et embellissent des grandes mosquées sur tout le territoire. La capitale almoravide est située à Marrakech, mais la prestigieuse ville de Fès n’est pas oubliée. La mosquée al-Qarawiyyin, fondée au 9e siècle, est agrandie. Elle est dotée d’éblouissantes portes plaquées de bronze, ainsi que d’un nouveau minbar, achevé en 1144. Une nouvelle grande-mosquée est fondée à Tlemcen, qui marque les limites de l’empire à l’est. Son mihrab, disposé dans le mur de la mosquée indiquant l’orientation de la prière, est décoré de stuc et éclairé d’une belle coupole qui laisse passer les rayons du soleil. D’autres mosquées plus humbles, comme à Chichaoua, sont érigées ou refaites à l’époque almoravide. Dans cette atmosphère de piété se développe également un courant spirituel particulier, le soufisme, promis à un grand avenir. Les Almohades, ou la refondation d’un empire autour d’un nouveau dogme religieux (vers 1147-1269) La seconde moitié du XIIe siècle est marquée par un affaiblissement du pouvoir almoravide et des révoltes populaires. Ibn Tumart est l’un des instigateurs de ces mouvements au sud du Maroc. Son but est double : réformer la religion et conquérir le pouvoir politique. Rapidement, il parvient à fédérer différentes tribus amazighes (berbères) autour de son message religieux et de sa volonté de réforme. Ibn Tumart se proclame Mahdi, celui qui doit restaurer la religion et la justice avant la fin du monde. Ses partisans sont appelés les Almohades. Ils se réfugient d’abord à Igiliz, dans les montagnes de l’Anti-Atlas, commandés par le premier disciple d’Ibn Tumart, ‘Abd al-Mu’min. Peu après, les Almohades se déplacent vers le nord et s’installent dans le Haut Atlas, à Tinmal. À partir de cette base, ils lancent plusieurs assauts contre Marrakech dès 1126, et partent à la conquête de l’Empire almoravide. Ils étendent leur territoire jusqu’à la Libye actuelle. Tinmal est le coeur spirituel du mouvement : même après l’installation des Almohades à Marrakech, elle sert de nécropole à la dynastie que fonde ‘Abd al-Mu’min. Celui-ci construit sur le site une magnifique mosquée en souvenir d’Ibn Tumart. Djihad militaire et conquêtes territoriales Les Almohades veulent imposer à l’ensemble du monde islamique la réforme religieuse professée par Ibn Tumart. À l’intérieur de leur empire ont lieu des conversions forcées. Témoin de cette période, le philosophe juif né à Cordoue Maïmonide (mort en 1204) est finalement poussé à l’exil au Maghreb, puis en Égypte. Les Almohades mènent le djihad, guerre de défense du territoire de l’islam. En 1147, une coalition de puissances chrétiennes s’empare de plusieurs villes d’al-Andalus, dont le port d’Almería. Cet épisode précipite l’arrivée des Almohades en péninsule Ibérique : ces derniers légitiment leur pouvoir en s’appuyant sur la défense d’al-Andalus. En 1195, leur victoire à Alarcos, en Castille, stabilise la frontière nord de l’empire. En vingt ans, les Almohades construisent un nouvel empire ralliant les territoires des rives de l’Atlantique à la Libye, et du sud du Maroc au centre de l’Espagne. Les trois capitales de l’Empire almohade L’Empire almohade s’articule autour de trois capitales, Marrakech, Rabat et Séville. Dans ces villes est lancée une politique de grands travaux. Au sud de Marrakech, une nouvelle ville est construite, qui abrite les services de l’État. Cette Qasba, ville de commandement, est dotée, vers 1190, d’une grande mosquée. Son minaret porte un somptueux décor de carreaux colorés où l’on peut lire des versets coraniques. L’adduction en eau de la ville est largement améliorée. Les jardins et palmeraies se multiplient. Près de l’ancien palais almoravide, une autre mosquée, la majestueuse Kutubiyya, est érigée. Rabat est la ville de départ des troupes vers la péninsule ibérique. Non loin du port débute la construction d’une immense mosquée.

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Celle-ci doit être la plus grande du monde islamique. Elle reste cependant inachevée. Seul son minaret, appelé « tour Hasan », domine la mer. De l’autre côté de la Méditerranée, le port de Séville se développe. Le commerce maritime est particulièrement actif et les productions de l’Empire almohade sont exportées jusqu’au Caire. La propagande almohade Les Almohades prennent le titre de califes et imposent leur pouvoir. Ils proclament leur doctrine centrer sur le Dieu unique. Ibn Tumart est le maître à penser de la nouvelle rigueur religieuse et morale almohade. La propagande officielle diffuse son message et fait de lui et de son disciple ‘Abd al-Mu’min les héros d’une épopée. Un nouveau code visuel se met en place au service de leurs idées. La calligraphie, qui véhicule les préceptes religieux défendus par les Almohades, se développe sur les façades de monuments et sur les objets. Certains motifs, comme le lion, sont fréquents. Un lion et un oiseau auraient en effet participé à la proclamation de ‘Abd al-Mu’min. Les monnaies sont désormais carrées. Cette forme rappelle celle de la Ka’aba à La Mekke – le coeur de l’islam. C’est une façon d’affirmer leur légitimité à diriger l’ensemble de la communauté. Parallèlement, la langue et la culture amazighes (berbères) autochtones sont mises en avant. Le berbère apparaît transcrit en caractères arabes dans différents manuscrits. Il devient une langue d’État et de formation des élites. C’est même une langue religieuse, au côté de l’arabe. La culture berbère transparaît aussi dans la pratique musicale. Les rares instruments à nous être parvenus en témoignent. Certains maîtres soufis enseignent uniquement en berbère et s’installent dans les villes et les campagnes pour diffuser leur message d’amour divin. La spiritualité mystique se développe. Le culte à l’époque almohade Les obligations coraniques, comme la prière précédée des ablutions, le jeûne, l’aumône, sont scrupuleusement respectées. La piété quotidienne est imprégnée de cette rigueur religieuse almohade qui donne lieu à des productions spécifiques. Les récipients liés à l’eau et au rituel des ablutions se multiplient. Ces jarres, vasques et autres bassins font l’objet d’un soin tout particulier. On fabrique également des astrolabes, qui servent au calcul exact de l’heure de la prière, car celle-ci varie avec la durée du jour. De nombreux petits corans enluminés sont copiés et destinés à l’usage privé. Les souverains s’affichent en hommes pieux, certains peuvent être calligraphes. C’est ainsi qu’on conserve un coran écrit de la main du calife al-Murtada (r. 1248-1266). Seule l’obligation coranique du pèlerinage à La Mekke est minimisée. En effet, le Maghreb est vécu par les Almohades comme le nouveau centre de l’islam. Il n’est donc pas nécessaire de se déplacer jusqu’au centre ancien, en Arabie. L’art almohade et les trésors des églises chrétiennes Malgré la rigueur affichée par la réforme almohade, l’art de cette époque est d’une grande délicatesse : les artisans travaillent notamment le métal, l’ivoire et la soie. La plupart de ces œuvres n’ont pas résisté à l’usure du temps dans l’ancien Empire almohade, mais ont été exceptionnellement bien conservées dans les trésors des églises chrétiennes. Les coffrets d’ivoire et de métal peuvent y être utilisés comme reliquaires. Les tissus font l’objet d’un commerce entre la péninsule Ibérique et l’Europe chrétienne. Dans les églises, ils servent pour la confection de vêtements liturgiques, destinés à dire la messe. Mais ils sont aussi employés pour envelopper les précieuses reliques. Enfin, les puissants souverains chrétiens aiment à se vêtir des riches étoffes de soie produites en Espagne. Un grand nombre d’entre elles ont été retrouvées dans les tombes des rois de Castille. Les Mérinides et le retour à Fès (1269-1465) La désastreuse défaite subie par les Almohades en 1212 contre les souverains chrétiens à Las Navas de Tolosa (Espagne) annonce leur chute. Dans la région de Taza, au Maroc, une tribu amazighe (berbère), appelée « Banu Marin », prend le pouvoir et s’empare de Marrakech en 1269. Les Mérinides font de Fès leur capitale. Ils assoient leur légitimité en s’inscrivant dans la filiation des Idrissides, fondateurs de la ville. Dès 1276, ils s’installent dans une ville nouvelle, accolée à l’ancienne. Elle prend le nom de Fès Jdid ou Fès-la-Nouvelle. Un quartier nommé « Mellah » est réservé à la communauté juive. Dans la ville nouvelle comme dans l’ancienne sont bâties de grandes demeures sur cour. Leur décor raffiné comprend des zelliges, des stucs et des boiseries sculptées, que l’on retrouve aussi dans les nombreux édifices officiels. Les Mérinides ne sont pas des réformateurs religieux et se distinguent en cela des Almohades. Leur discours politique, sur lequel se fonde leur légitimité, s’appuie sur trois axes : le malikisme, le chérifisme et le soufisme. Le malikisme est une des formes d’exercice du droit islamique. Il est majoritaire dans l’Occident musulman depuis l’époque almoravide. Il est majoritaire dans l’Occident musulman depuis l’époque almoravide. Le chérifisme correspond à l’importance croissante accordée par la société aux descendants du Prophète Muhammad, les chérifs.

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La figure du souverain au cœur de la culture officielle des Mérinides Avec les Mérinides apparaît une nouvelle façon d’écrire l’histoire. Celle-ci leur est particulièrement favorable. Le règne du sultan mérinide Abu al-Hasan (r. 1331-1348) marque un tournant. Les chroniques louent ses qualités physiques et le dépeignent comme un souverain exemplaire, pieux et intègre. Les auteurs de ces chroniques décrivent longuement les édifices religieux commandés par le souverain et son attachement à célébrer le Mawlid, la fête de la naissance du Prophète, avec tous les descendants de celui-ci, les chérifs. Désireux de se concilier les savants de Fès, les Mérinides construisent des madrasas, écoles d’enseignement juridique, dans lesquelles sont formées les élites du royaume. L’enseignement y est conforme au courant d’interprétation juridique officiel, le malikisme. Les souverains fondent aussi une nécropole royale à Chella, près de Rabat, à partir de 1284. Là se trouve la tombe d’Abu al-Hasan. Un pèlerinage sur la tombe des souverains se développe peu après. Un empire tourné vers la Méditerranée Le sultanat mérinide entretient d’importantes relations commerciales et diplomatiques avec les royaumes chrétiens d’Aragon et de France, mais également avec ses voisins musulmans, les Nasrides à Grenade, les Ziyanides à Tlemcen et les Hafsides à Tunis. La conquête de territoires voisins reste cependant au cœur de ses préoccupations. En al-Andalus, les Mérinides, alliés aux Nasrides, tentent d’empêcher les avancées chrétiennes. Ils franchissent le détroit de Gibraltar et fondent en al-Andalus une ville nouvelle près d’Algésiras. Elle sert de point de départ à leurs expéditions militaires. L’influence de l’art nasride devient sensible au nord du Maroc, grâce à des importations directes ou à des imitations locales. Les Mérinides tentent aussi d’étendre leur influence à l’est en s’emparant de la capitale ziyanide de Tlemcen. Alors qu’ils sont sur le point de s’en rendre maîtres au début du XIVe siècle, ils y construisent une ville nouvelle, al-Mansura, symbole de leur victoire, ainsi que plusieurs grands sanctuaires. Ces constructions témoignent des échanges artistiques permanents entre Fès, la capitale, et Tlemcen. Ponctuellement, les Mérinides parviennent même à marcher sur Tunis sous le règne d’Abu al-Hasan, mais le royaume se resserre ensuite autour de l’actuel espace marocain. Il reste cependant tourné vers l’est et communique avec les Mamelouks du Caire. Fin d’un monde et renouveau Le milieu du XIVe siècle est l’apogée de la période mérinide. Il porte cependant en germe le déclin inexorable de la dynastie, qui disparaît en 1465. L’union militaire des Mérinides et des Nasrides en al-Andalus échoue lors de la bataille du Río Salado en 1340. Les chrétiens victorieux emportent du champ de bataille un énorme butin, comprenant les étendards personnels du sultan mérinide. Les Mérinides doivent aussi affronter un autre ennemi : la pandémie de peste, venue de l’est. Ce cataclysme anéantit la population de toute la région et la déstabilise profondément. L’historien Ibn Khaldun (1332-1406) est un témoin privilégié de cette époque malheureuse. Auteur d’une Histoire universelle, il s’interroge sur le devenir des civilisations. Sa réflexion le pousse à considérer cette fin de siècle comme la fin d’un monde. Le XVe siècle marque effectivement une rupture considérable et le soufisme apparaît comme une réponse aux peurs des contemporains confrontés à la maladie, aux épisodes de famine et à la menace chrétienne. Un grand courant soufi créé au Maroc par al-Djazuli (mort en 1465) s’épanouit jusqu’en Orient.

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Regard sur quelques œuvres

Grand lustre almohade Fès (Maroc) entre 1202 et 1213, alliage de cuivre coulé, moulé et ciselé. Mosquée al-Qarawiyyin, Fès (Maroc). H. lustre 2,35 ; D. max. lustre 2,10 ; H. hampe 2,38 m. Inscription,   hexagone sur la hampe : « Voici ce qu’a ordonné le calife, l’imam, le prince des croyants, Abu ‘Abd Allah, fils du calife, l’imam, al-Mansur, le prince des croyants, Abu Yusuf, fils des Califes bien dirigés. Que Dieu leur accorde pour l’éternité Son aide et son secours ».  

Si Fès n’est pas l’un des sièges du pouvoir almohade, elle est, de par sa situation géographique, sa puissance économique et sa qualité de foyer intellectuel, l’une des villes les plus importantes de l’empire. Elle est donc l’objet de toutes les attentions de la part des califes, qui édifient les fortifications unifiant les deux noyaux urbains de Fès al-Bali – lui donnant la morphologie qu’on lui connaît encore actuellement – et y construisent une qasba. Le calife Muhammad al-Nasir (1199-1213) fait agrandir la prestigieuse mosquée des Andalous, ne conservant de l’édifice antérieur que son minaret, et son minbar est remployé comme armature pour une nouvelle chaire à prêcher. L’intervention de ce même souverain dans l’oratoire historique de l’autre rive, la mosquée al-Qarawiyyin, est plus limitée, et les travaux de l’époque almohade ne lui sont pas attribués dans les sources écrites. Cependant, à la lecture des inscriptions qui ornent le grand lustre de la mosquée, il est désormais possible de reconnaître en lui le patron de cette œuvre majeure de l’époque almohade. Comme le rapporte al-Djazna’i (entre 1365 et 1367), qui, admiratif, lui consacre un chapitre complet de son Djana zahrat al-as, ce lustre a été fabriqué en remplacement d’un lustre antérieur, situé au même endroit et détérioré. Le matériau qui le composait aurait été fondu, et le nouveau lustre, exécuté sur les fonds des biens waqf (denier) de la mosquée, pour un total de 122 dinars d’argent. Les travaux ont été conduits par le khatib  de l’époque, Abu Muhammad‘Abd Allah b.Musa, qui exerça cette fonction entre 1202 et 1219. Dans son état initial, le lustre était muni de cinq cent vingt godets à huile, et son éclairage complet ne nécessitait pas moins de cinq cruches d’huile. Il était allumé pendant toutes les nuits du mois de Ramadan, jusqu’au règne du sultan mérinide Abu Ya‘qub (r. 1286-1307). Ce dernier fut consulté au sujet du coût occasionné par cet allumage ; il ordonna qu’il ne soit finalement entièrement éclairé que pour la vingt-septième nuit du mois saint, situation qui perdura pendant l’époque mérinide. Le lustre, suspendu sous la grande coupole de la nef axiale de la mosquée, se compose d’une hampe ouvragée et du corps de l’objet lui-même, qui, depuis sa fabrication au début du XIIIe siècle, a été entièrement équipé de lampes et électrifiés. Il est construit sur la base d’une haute coupole à douze pans et à plateau, englobée dans un cône au sommet percé sur lequel s’empilent neuf couronnes à luminions. (…) Par sa dimension et son décor, ce lustre est un unicum. Il s’agit également du plus ancien lustre conservé dans cette région du dar al-islam, ce qui en fait un chef-d'œuvre de premier plan. Moins d’une centaine d’années plus tard, il sert de modèle pour le lustre mérinide de la mosquée de Taza, qui en reprend le schéma directeur mais dont les dimensions sont plus importantes.

Lustre de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc © Fondation nationale des musées marocains.

Lustre de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc, détails © Fondation nationale des musées marocains.

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Chasuble dite « suaire de saint Exupère » Almería (Espagne) (?), 1re

moitié du XIIe siècle. Samit de soie 4 lats à 4e

interrompu. Toulouse (France), basilique Saint-Sernin. H. 153,5 ; L. 287 cm. Inscription : « La bénédiction complète ». Ce vêtement liturgique est une chasuble, sorte de cape qui sert à célébrer la messe et qui est étroitement associée à l’eucharistie. Tous les fragments rassemblés dans cette exposition proviennent du même habit. Leur dispersion date vraisemblablement de la seconde moitié du XIXe siècle. Ce tissu présente un somptueux décor de paons affrontés autour d’un axe végétal, disposés en registres superposés. Entre les pattes des paons, deux petits quadrupèdes les regardent, tandis qu’une bande d’inscription en arabe, disposée en miroir, court à la base du motif. Il s’agit d’un vœu au possesseur, que l’on peut traduire par « la bénédiction parfaite ». Plusieurs éléments indiquent que ce tissu est d’origine espagnole : il a notamment été comparé avec un groupe de soieries fabriquées dans la première moitié du XIIe siècle à Almería et réutilisées après le sac de la ville par le roi catholique Alphonse VII en 1147 pour envelopper les reliques de la sainte martyre Librada, dans la cathédrale de Sigüenza  : ces tissus présentent, en effet, une inscription angulaire comprenant le même mot baraka, inscrit de manière similaire et disposé en miroir, mais aussi un décor animalier dont certains détails se rapprochent du tissu de Toulouse. Ainsi, la présence de petits quadrupèdes situés entre les motifs principaux d’aigles ou de lions rappelle celle des animaux situés entre les paons de la chasuble de Saint-Sernin. La technique utilisée pour ce tissu de soie, celle du samit, est orientale et n’aurait été introduite en al-Andalus qu’au XIe siècle. Complexe, elle était réservée aux textiles de luxe. La grande qualité de ce tissu est confirmée par les analyses de colorants : les différentes nuances de bleu, en effet, sont obtenues à partir d’indigo, une plante importée à grands frais du Proche-Orient, mais aussi du Maghreb à partir du Xe siècle et réservée, de ce fait, aux tissages les plus riches.

Fragment de la chasuble dite « suaire de saint Exupère » Almería (Espagne) (?). 1re moitié du XIIe siècle. Samit de soie 4 lats à 4e

interrompu, H. 32 ; l. 24 cm. Londres (Angleterre), Victoria and Albert Museum, inv. 828-1894.

Textile à motif de Paon © Londres (Angleterre), Victoria and Albert Museum

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Ces derniers provenaient souvent de la ville d’Almería, particulièrement réputée pour ses ateliers textiles. Peu de tissus hispano-arabes sont précisément datables. Outre les fragments de Sigüenza, antérieurs à 1147, la chasuble de saint Jean d’Ortega, conservée dans la paroisse de Quintanaortuño, en est l’un des très rares exemples, puisqu’elle porte une bande brodée au nom de l’émir ‘Ali Ibn Yusuf (1106-1143). Cette dernière a également été rapprochée des fragments de Sigüenza et attribuée à Almería. Les analyses techniques de cet ensemble de tissus montrent qu’ils présentent des points communs avec la chasuble de Toulouse : la même torsion des fils en Z ou des laizes aux dimensions proches. Il est donc probable que la chasuble de Toulouse date aussi de la première moitié du XIIe siècle. En revanche, ces autres tissus ne sont pas des samits, mais des lampas ou des taquetés. Cette importante différence limite les comparaisons et incite à la prudence quant à l’attribution de cette chasuble à un centre de production précis. S’il reste impossible de dater l’arrivée du tissu à Toulouse, on peut, en revanche, donner quelques indications sur son utilisation dans la basilique. Il fut vraisemblablement employé à partir de 1258 comme suaire pour envelopper les reliques de saint Exupère, réputées pour leur pouvoir thaumaturge : elles étaient trempées dans de l’eau bénite, bue ensuite par les malades. L’inventaire dressé en 1246 par l’abbé Bernard II de Geniac, soit douze ans avant la translation au cours de laquelle le suaire aurait été utilisé, ne permet pas de l’identifier avec certitude parmi les nombreux vêtements liturgiques conservés au monastère, mais mentionne, dans la sacristie, la présence de deux chasubles noires de samit. Il est tentant de voir dans l’une d’entre elles le suaire de saint Exupère, qui présente effectivement un fond bleu-noir. En 1582, un procès-verbal fait état de l’ouverture de la châsse et de la présence du tissu, cousu et replié pour protéger les ossements. Il est possible que le tissu ait été coupé en deux dès le Moyen Âge, car les chanoines de 1582 prennent la peine de mentionner la présence de deux paquets de reliques. En 1846, la vérification des reliques met au jour le tissu, qui est extrait de sa châsse pour être exposé dans le trésor de la basilique. Dès lors, il reste difficile de déterminer quand furent soustraits les trois autres fragments aujourd’hui connus. L’opération eut vraisemblablement lieu entre 1846 et 1892. En effet, deux d’entre eux passèrent entre les mains du même marchand, Stanislas Baron, alors établi à Paris. Ce dernier vendit le premier au musée de Cluny en 1892, puis le second au Victoria and Albert Museum en 1894. Les deux étant jointifs, on peut émettre l’hypothèse qu’il avait acquis un fragment d’au moins 45 cm qu’il redécoupa. Il est d’ailleurs possible qu’un autre fragment ait été en sa possession, car la reconstitution de la chasuble par Gabriel Vial et Dorothy Shepherd montre qu’un morceau devait venir se loger entre le fragment dextre de Toulouse et le fragment de Cluny. L’histoire du fragment florentin reste, quant à elle, encore mystérieuse, de même que le destin des morceaux aujourd’hui manquants. 

Deux fragments de la chasuble dite « suaire de saint Exupère » Almería (Espagne) (?) 1re

moitié du XIIe siècle, samit de soie 4 lats à 4e interrompu. Musée national du Moyen Âge – thermes de Cluny, inv. Cl. 12869. Paris (France). H. 45 ; l. 21 cm.

et

Musée du Bargello, Florence (Italie). H. 27,5 ; l. 17 cm.

Textile à motif de Paon. Musée du Cluny © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge) / Hervé Lewandowski.

Textile à motif de Paon © Florence (Italie), musée du Bargello.

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Coffret Al-Andalus. Fin du XIIe siècle - XIIIe siècle, probablement os, cuivre doré, bois, polychromie et traces de dorure. Lyon (France), musée des Beaux-Arts, inv. D.378. H. 11 cm ; L. 26,8 cm ; l. 17,5 cm. Inscription : « La félicité et la prospérité ». Ce coffret rectangulaire à couvercle plat présente un décor peint, ajouré et incisé. Les ajours s’inscrivent dans de petites fenêtres rectangulaires pratiquées sur les quatre faces et sur le couvercle. Ils forment une fine dentelle qui contraste avec les surfaces pleines où les inscriptions et les motifs végétaux sont peints à l’or. De petites incisions obliques dessinent un cordon torsadé passant au-dessus et en dessous des frises inscrites. L’intérieur est tapissé d’une soie rouge contrecollée sur du papier. La copie tardive d’un manuscrit médical arabe recouvre l’une des parois. Sous le coffret, quatre trous indiquent qu’il reposait sur des pieds aujourd’hui disparus qui pourraient s’apparenter à ceux du coffret du Victoria and Albert Museum. Les ferrures aux extrémités lancéolées sont également caractéristiques d’un groupe de coffrets de ce type. 

Coffret à ferrures ornementales, musée des Beaux-arts, Lyon © Lyon MBA. Photo Alain Basset.

L’Offrant du Muwatta - Ibn Tumart Maroc. Probablement fin du XIIe siècle, parchemin, 92 folios, reliure moderne. H. 26 ; l. 21 cm. Fès (Maroc), bibliothèque al-Qarawiyyin, inv. 181/58278 279. Cet exceptionnel manuscrit contient la recension du Muwatta’ de Malik par le Mahdi Ibn Tumart, dans sa version dictée à ‘Abd al-Mu’min et mise par écrit au milieu du XIIe siècle. La première double page présente le titre inscrit en graphie coufique dorée en réserve sur un fond fleuri alternativement bleu et rose. Ce double panneau central est bordé d’une double frise tressée où des cartouches épigraphiés d’invocations en maghribi alternent avec un large nœud de Salomon, et aux angles, avec une étoile à huit branches meublée d’une rosette, sur fond bleu ou rose. La double page suivante contient l’index des entrées du manuscrit inscrit dans des médaillons circulaires formés par un ruban blanc continu. Ces cercles sont disposés dans une trame orthogonale dorée ornée de petites palmes. Le cadre est dessiné par une double frise tressée inscrite et dont les écoinçons étaient probablement ornés du même motif étoilé que sur le frontispice. Le premier bifolio suivant est entièrement chrysographié, et rehaussé de bleu et de rouge ; les marges sont ornées de neuf vignettes marginales contiguës à fond doré ou bleu, chacune présentant un décor différent. Enfin, le reste du manuscrit est copié dans une fine écriture maghribi brune rehaussée d’or et d’encres bleues et rouges, occupant densément les folios avec quarante lignes de texte par page. Bien que l’ouvrage soit incomplet, la qualité des folios restants et l’abondance de l’or utilisé nous permettent d’envisager une production dans les meilleurs ateliers de l’Empire almohade, sans que l’on puisse préciser s’il a été exécuté dans la capitale de Marrakech, ou au contraire en al-Andalus. Il s’agit indéniablement d’un manuscrit commandé par le calife ou son entourage proche.

Manuscrit L’Offrant du Muwatta’ d’Ibn Tumart. Bbibliothèque al Qarawiyyin, Fès. inv181_40 © Fondation nationale des musées marocains.

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Stèle funéraire Almería (Espagne) ? 1re moitié du XIIe siècle, marbre sculpté. Nécropole de Gao-Saney (Mali), « grand caveau ». Bamako (Mali), Musée national du Mali. H. 87 cm ; l. 45 cm. Inscription : « Voici ce qui a été dit à ce propos : Ô toi dont le chemin est élevé, dont le sommeil n’est pas troublé, alors que la mort rôde prête à fondre. Pense à la tombe et au châtiment durant lequel les serviteurs de Dieu reposeront jusqu’au Jour de l’Appel mutuel. Familiarise-toi avec l’idée de cette épreuve, attends-la, tiens-toi prêt. Le Jour où tous les hommes se présenteront nus, pressant le pas à l’Appel, le Jour où les consciences seront pesées et où rien ne sera caché à l’assemblée des témoins, le Jour où les Cieux seront déchirés, le Jour où le Tout-Puissant jugera ses serviteurs ». Plusieurs stèles funéraires ont été découvertes à Gao-Saney à partir de 1939, à quelques kilomètres au nord de Gao. Jean Sauvaget s’est penché, dès la fin des années 1940, sur plusieurs d’entre elles, qu’il a réparties en trois groupes. Le premier, auquel appartient la stèle ici présentée, a été rapproché des stèles produites en al-Andalus et notamment à Almería, premier port almoravide, dans la première moitié du XIIe siècle ; l’épigraphie, en style coufique, y est en relief. La forme des stèles, l’organisation du décor – pour deux d’entre elles autour d’un arc outrepassé –, la graphie de certaines lettres ainsi que diverses particularités orthographiques ont permis de les rattacher à ce lieu de production très éloigné. Le second groupe correspondrait à une imitation locale du premier, tandis que le dernier, très différent, composé de graphies incisées au trait, serait de facture locale et « dégagé d’influences extérieures ». Toutes ces inscriptions ont fait l’objet d’une étude et d’une édition récentes qui ont permis d’affiner les premières interprétations, tout en inscrivant ces stèles dans le panorama plus large des inscriptions arabes du Mali actuellement connues. Elles ont ainsi pris place au sein des plus anciens indices matériels de l’islamisation et de l’arabisation de l’Afrique de l’Ouest. Le groupe rattaché aux productions d’Almería, formé de cinq stèles, dont une double, a fourni une preuve matérielle des liens, dont la nature reste à préciser, entre la région de la boucle du Niger où se trouvait la capitale régionale, Gao, et le monde almoravide. Trois d’entre elles portent la date de décès du défunt, ainsi que son nom. Ces stèles, rapprochées dans le temps (494 H. / 1100 – 503 H. / 1110), ont pour point commun, outre leur forme, leur graphie et leur matière première, le fait que les défunts, deux hommes et une femme, portent des titres souverains (malik-malika). Le contenu des épigraphies atteste leur foi et témoigne de la pratique de l’islam à cette date par les élites de Gao, pratique par ailleurs rapportée un peu plus tôt par al-Bakri pour les élites de « l’empire du Ghana ». Les noms des souverains reflètent quant à eux les processus d’assimilation en cours. Certains mêlent prénom (ism) et/ou surnom honorifique (laqab) typiquement musulmans, filiation imaginaire avec les compagnons du Prophète Muhammad et filiation réelle avec une lignée locale. La stèle que nous présentons ici est la seule à ne pas être datée et à ne correspondre à aucune épitaphe. Elle porte simplement, après les formules liminaires, un poème fondé sur plusieurs passages du Coran, probablement inspiré d’un poème de Abu al-‘Atahiya (m. à Bagdad en 210 H. / 825). Cette stèle devait certainement aller de pair avec une autre, portant l’épitaphe du défunt. Aujourd’hui plus abîmée que lors de sa découverte, elle a été un temps encastrée sur l’un des murs des bureaux du « Cercle de Gao », puis a rejoint le Musée national du Mali en 1968. (…)

Stèle funéraire, Nécropole de Gao-Saney, Bamako, Mali © Musée national du Mali.

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Minbar de la madrasa - Bu‘inaniya Fès (Maroc), entre 1350 et 1355, bois de cèdre et d’ébène, os, os teinté et feuilles d’or. Salle de prière de la madrasa Bu‘inaniya. Musée des Arts et Traditions, Dar Batha. Fès (Maroc). H. 305 ; L. 300 ; l. 90 cm Inscription : « […] Prince des Musulmans Abu Sa’id […] ». La chaire de la « grande-mosquée madrasa » Bu‘inaniya de Fès al-Bali est un témoin exceptionnel de l’art du temps mais aussi de la politique califienne du souverain et des liens conservés avec al-Andalus. Au milieu du XIVe siècle, le minbar, qui enrichit – de même que la maqsura – la travée située devant le mihrab de la salle de prière, s’affirme comme un symbole de la parole et non plus comme un élément de mobilier liturgique : à l’entrée des huit degrés qui le constituent, un jeu d’arcatures en interdit l’accès, tandis que la position avancée du dossier rend la plateforme terminale inutilisable. De par ses matériaux, ce meuble évoque la tradition umayyade cordouane venue au Maroc avec la chaire commandée en al-Andalus pour la grande mosquée almoravide de Marrakech. Sous le même règne de ‘Ali ibn Yusuf, la mosquée al-Qarawiyyin de Fès est dotée d’une chaire analogue : une tradition ibérique se substitue ainsi à la tradition maghrébine apparue dès le Xe siècle à la mosquée du quartier des Andalous. La riche évolution médiévale jalonnée par les minbars de Fès Jdid (1276) et de Taza (vers 1293) connaît ainsi à la Bu‘inaniya un remarquable aboutissement. Le décor des faces latérales est organisé en une structure modulaire dont les huit marches du meuble déterminent le rythme. Des rubans de marqueterie associant ivoire, os teint, ébène et bois précieux dessinent un jeu polygonal étoilé qui fait jouer la lumière autour des panneaux sculptés. Ainsi qu’il est d’usage depuis le minbar almoravide transféré à la Kutubiyya de Marrakech, des panneaux sculptés sur bois meublent la composition. Ils sont cernés d’or, comme sur le minbar de la Kutubiyya. De nombreux manques sont présents sur les joues. Une inscription en marqueterie, aujourd’hui tronquée, court au-dessus de l’arcature d’entrée et porte l’un des éléments de la titulature de Abu‘Inan. Le décor des joues confirme cet élément de datation : des décors floraux où les entrelacs des tiges et les tresses multiples tiennent une grande place. Les palmes qui conservent la digitation d’acanthe chère aux Almoravides sont plus stylisées qu’au XIIe siècle et s’affrontent volontiers en fleurons. Enfin, la fréquence de la « pomme de pin » (ou grappe née des antiques décors de pampre ?) achève de caractériser le style renaissant du règne de Abu‘Inan. Nulle sclérose ici, mais une évolution sensible pour répondre aux goûts du temps : à la Bu‘inaniya, l’amir al-mu’minin – l’émir des croyants –, c’est-à-dire le calife Abu‘Inan, s’affirme comme le maître d’un empire – culturellement au moins – des deux rives.

Minbar de la madrasa Bu‘inaniya. Musée des Arts et Traditions, Dar Batha. Fès (Maroc) © Fondation nationale des musées marocains.

Minbar de la madrasa Bu‘inaniya, détail. Musée des Arts et Traditions, Dar Batha. Fès (Maroc) © Fondation nationale des musées marocains.

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Publications Maroc médiéval; Un empire de l'Afrique à l'Espagne Sous la direction de Yannick Lintz, Claire Déléry et Bulle Tuil-Leonetti. AUTEURS  Hiba Abid, Abdellah Alaoui, Miriam Ali-de-Unzaga, Habiba Aoudia, Pau Armengol Machí, Mustapha Atki, María Barrigon Montanes, Mohamed Belatik, Yassir Benhima, Jonathan M. Bloom, Adil Boulghallat, Vlada Boussyguina, Jacinta Bugalhão, Pascal Buresi, Catherine Cambazard-Amahan, Richard Camber, Chloé Capel, Louise Carlat, Rafael Carmona Ávila, Mohammed Chadli, Agnès Charpentier, Joseph Chetrit, Hana Chidiac, Hélène Claudot-Hawad, Ana Contadini, Patrice Cressier, Lahcen Daaïf, Rosène Declementi, Claire Déléry, Guilhem Dorandeu, Moulay Driss Sedra, Jean-Charles Ducène, Maximilien Durand, Mohamed El Hadri, Abdeltif Elkhammar, Nadia Erzini, Ahmed Saleh Ettahiri, Gwenaelle Fellinger, Elizabeth Fentress, Abdallah Fili, Dominique de Font-Réaulx, Mehdi Ghouirgate, Sophie Gilotte, Cécile Giroire, Susana Gómez Martínez, María Ángeles Gómez Rodenas, Rosalía González Rodríguez, Serge Gubert, Gisela Helmecke, Laurent Héricher, Violaine Héritier-Salama, José Manuel Hita Ruiz, Alvaro Jiménez Sancho, Hélène Joubert, Antonio de Juan García, Samir Kafas, Hayat Kara, Youssef Khiara, Hassan Limane, Yannick Lintz, Jorge Lirola Delgado, Virgílio Lopes, Eduardo Manzano, Gabriel Martinez-Gros, Andrés Martínez Rodríguez, Ronald Messier, Joachim Meyer, Hassan Moukhlisse, Museo de Ciudad Real, Museu Arqueològic de Son Fornés, Ana Navarro, Diego Oliva Alonso, Nadège Picotin, Mohamed Rabitateddine, Lígia Rafael, Manuel Retuerce Velasco, Hicham Rguig, Marie-Pierre Ruas, Delfina Serrano, Bahija Simou, Rachida Smine, Aviad Stollman, Zeren Tanındı, Michel Terrasse, Cláudio Torres, Bulle Tuil Leonetti, Dominique Urvoy, Rafael Valencia, Jean-Pierre Van Staëvel, Annie Vernay-Nouri, María Jesús Viguera Molins, Fernando Villada Paredes, Mohammed Zaïm. RÉSUMÉ  Du XIe au XVe siècles une succession de dynasties ont unifié un espace politique et civilisationnel centré sur le Maroc et étendu jusqu'à l'Andalousie. Cette importante exposition, organisée par le musée du Louvre et la fondation nationale des Musées, sur le Maroc médiéval permet d'appréhender cette longue et riche histoire, clef de compréhension du Maroc contemporain et de sa modernité. L'ouvrage retrace l'apogée de l'Occident islamique tant d'un point de vue historique qu'artistique. Le Maroc Médiéval invite à un voyage dans l'espace marocain et andalou de Fès à Séville à travers des chantiers architecturaux majeurs et les œuvres créées pour ces sites. Chefs d'œuvres méconnus et découvertes récentes ou chefs d'œuvres célèbres et spectaculaires se croisent au sein de cet ouvrage qui apporte un nouvel éclairage de cette aire du monde islamique. Il permet aussi, grâce aux recherches archéologiques et aux sources écrites de rappeler ce que fut historiquement le Maroc, un créateur d'empire.

Catalogue

432 pages, relié cousu, 24,5 x 28,5 cm. 350 illustra ons, 2014. Prix : 49€ TTC. ISBN français 978‐2‐75410‐789‐1 Coédi on Hazan / musée du Louvre édi ons.  Avec le sou en d'Arjowiggins Graphic

Album

Le Maroc médiéval. Un empire  de  l’Afrique à l’Espagne   48 pages., 50 ill.,  Prix : 8 €. Coédi on Hazan / musée du Louvre édi ons.  

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Visuels de l’exposition  

Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne   Du 17 octobre 2014 au 19 janvier 2015 ‐ Hall Napoléon  L’utilisation des visuels a été négociée par le musée du Louvre, ils peuvent être utilisés avant, pendant et jusqu’à la fin de l’exposition, et uniquement dans le cadre de la promotion de l’exposition. Merci de mentionner le crédit photographique et de nous envoyer une copie de l’article à l’adresse [email protected].

1_Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © L. Schneiter / Les Editions de Makassar

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4_Lustre de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc © Fondation nationale des musées marocains.

2_Minbar de la madrasa Bou Inaniya © Fondation nationale des musées marocains.

3a et b_Dossier du minbar de la mosquée des Andalous de Fès © Fondation nationale des musées marocains.

5_Lustre de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc © Agence ORONOZ

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6a et b_Grand lustre de la mosquée de la Qarawiyyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.  

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11_Frise, cèdre sculpté. Fès, Musée Dar Batha © Fondation nationale des musées marocains.

8_Chapiteau de la madrasa de Chella. Rabat, musée archeologique de Rabat © Fondation nationale des musées maro-cains.

10_Frise, cèdre sculpté. Fès, Musée Najjarine, Maroc © Fondation nationale des musées marocains.

7a et b_Porte monumentale en cèdre de la médrasa Attarin, Fès. Musée Dar Batha © Fondation natio-nale des musées marocains. 9_Stèle de Chella Shams al Duha. Rabat, réserves de

Chella © Fondation nationale des musées marocains.

12_Frise, cèdre sculpté. Fès, Musée Dar Batha © Fondation nationale des musées marocains.

7c_

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14_Panneau de zellige de la madrasa Bu‘ Inaniya. Fès, Musée Dar Batha © Fondation nationale des musées marocains.

15_Textile à motif de Paon. Musée du Cluny © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge) / Hervé Lewandowski.

13_Frise de la madrasa Bu‘Inaniya. Fès, Musée Dar Batha © Fondation nationale des musées marocains.

16_Manteau de la vierge de Thuir, Samit façonné 4 lats, soie, fil d'or. MTMAD, Lyon © Lyon MTMAD. Sylvain Pretto.

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17_ Plat Fadrell, Castellon de la Plana, Museo de Bellas Artes © Pascal Mar-cé. Musée des Beaux Arts de Castello.

23_Coffret à ferrures ornementales, musée des Beaux-arts, Lyon © Lyon MBA. Photo Alain Basset.

24_Lampe. David Samling., The David Collection, Copenhague © Copenhagen. Pernille Klemp.

18_Panse de jarre, céramique gla-çurée, XIVe siècle © Lyon MBA. Photo Alain Basset.

22_Dinar, almohades. Or moulé et frappé ; Rabat, Musée numismatique de la Bank al-Maghrib © Fonda-tion nationale des musées marocains.

19_Astrolabe planisphérique. Musée du Batha, inv. 764. (1362-1363). Fès, Musée Dar Batha © Fondation nationale des musées marocains.

20_ Céramique composite pour ablutions. Musée Sainte-Claire, Murcie © Musée Sainte-Claire, Murcie, Espagne.

21_Jarre, Tinaja Lorca. Céramique. Musée Archéologique municipal de Lorca © Musée Archéologique mu-nicipal de Lorca, Espagne.

Page 38: Dossier de presse Maroc médiéval

 

25_Coran d'Abu Inan, Arabe 423, BnF. Folio 1v-2r, département des manuscrits, Arabe 423, folio 1 verso, 2 recto © Bibliothèque nationale de France.

28_Cinquième volume d’un al-Djami‘ al-Sahih Al-Bukhari, Rabat (Maroc), Bibliothèque royale Hassaniya © Lyon, MTMAD, Sylvain Pretto  

27_Coran. Bibliothèque nationale, Tunis © Bibliothèque nationale de Tunisie.

26_Coran. BNF Paris_571. Folio F.38, département des manuscrits, Arabe 6983 © Bibliothèque nationale de France.

Page 39: Dossier de presse Maroc médiéval

 

29_Tour Hassan de Gabriel Veyre, 1935 © Fondation Gabriel Veyre. © Chalon-sur-Saône, Musée Nicéphore Niépce.

31_Mosquée de la Qaraouiyine, Décor almoravide de la coupole barlongue. La mosquée Qaraouiyine de Fès © Direction du Patrimoine, culturel-Maroc, rabat.

30_Mur de la Qibla de Tinmal : à gauche, entrée de l'imam ; à droite minbar disparu © DAI / J.P. Wisshak, Madrid.

A. Madrasa Attarin, détail. Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 40: Dossier de presse Maroc médiéval

 

Visuels de sites au Maroc (Fes et Rabat) dans le cadre de l’exposition  

Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne   Du 17 octobre 2014 au 19 janvier 2015 ‐ Hall Napoléon  L’utilisation des visuels a été négociée par le musée du Louvre, ils peuvent être utilisés avant, pendant et jusqu’à la fin de l’exposition, et uniquement dans le cadre de la promotion de l’exposition. Merci de mentionner le crédit photographique et de nous envoyer une copie de l’article à l’adresse [email protected].

A. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 41: Dossier de presse Maroc médiéval

 

B. Madrasa El Attarine, détail, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 42: Dossier de presse Maroc médiéval

 

C. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 43: Dossier de presse Maroc médiéval

 

D. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

E. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 44: Dossier de presse Maroc médiéval

 

F. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

G. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 45: Dossier de presse Maroc médiéval

 

H. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 46: Dossier de presse Maroc médiéval

 

I. Tour de la madrasa Bu Iananiya, Fes, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 47: Dossier de presse Maroc médiéval

 

J. La mosquée al-Qarawiyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

K. La mosquée al-Qarawiyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 48: Dossier de presse Maroc médiéval

 

L. La mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Page 49: Dossier de presse Maroc médiéval

Mécénat

Mécèneprincipaldel’exposition«Maroc,unempiredel’Afriqueàl’Espagne»

Depuisplusde20ans,laFondationTotaletlemuséeduLouvrepartagentunemêmeambition:contribueraurayonnementdesculturesetinviterlespluslargespublicsàcontemplerlabeautédumondeetàs’ennourrir.PremiermécènefrançaisdudépartementdesArtsdel’Islam,laFondationTotalaccompagnelapremièreexpositiontemporairedecenouveaudépartement.«Maroc,unempirede l’Afriqueà l’Espagne»metenlumière,aucœurd’unepériodemédiévaletroplargementméconnue,lesdestinscroisésetlesœuvresduMarocetdel’Andalousie.AproposdelaFondationTotalCreee en1992, la Fondationd’entrepriseTotal intervient dansquatredomaines : la culture et le patrimoine, lasolidarite, la sante et la biodiversite marine. Dans tous ces champs d’activite, la Fondation Total privilegie lespartenariatsdelongterme.Au‐deladusoutien inancierapporte,ils’agitdecroiseretrenforcerlesexpertisespourenrichirl’intelligencecollective.ŒuvreraurayonnementdesculturesAtraverssonmecenatculturel,laFondationTotal,grandmecenedesarts,entendfairerayonnerlesculturesetenpartager labeauteet lesensavec lesplus largespublics.Partenairedegrandsmusees français,elleaccompagneregulierementleursexpositions,etplusparticulierementcellesquivalorisentlarichesseculturelledespaysouleGroupeestpresent.Dememe,sonsoutien a lacreationcontemporainese focalisesur lesdemarchesartistiquesinnovantesdanslespaysemergents.Convaincuequel’accesalaculturedesleplusjeuneageestunecledelacon ianceensoietdurespectdesautres,laFondationTotalappuiedenombreusesinitiativesdestinees a favoriser l’EducationArtistiqueetCulturelledesjeunes.Cesprojetss’enracinentdansdespartenariatsde longuedureeavec l’OperadeParis, leFestivald’Aixetl’Opera Comique qui bene icient a pres de 4000 enfants chaque annee. Elle ambitionne par ailleurs d’ouvrir lacultureauplusgrandnombreetsoutientainsilesmuseesdansl’organisationdejourneesdedieesauxpublicsensituationdeprecaritesocialeeteconomiquequibene icientaplusde5000personneschaqueannee.LaFondationTotalsoutientegalementdeschantiersderestaurationpourdonnerunenouvellevieaupatrimoineculturel, industriel et artisanal français, favoriser la transmission des savoir‐faire desmetiers du bati ancien etl’insertionprofessionnelledesjeunes.Presde150projetsontainsietesoutenusdepuis2006aveclaFondationduPatrimoine.Pourplusd’informations:www.fondation.total.comwww.facebook.com/FondationTotalResponsablecommunicationFondationd’entrepriseTotal:ValerieBec/[email protected]

Page 50: Dossier de presse Maroc médiéval

Deloitte mécène de l’exposition « Le Maroc Médiéval, un empire de l’Afrique à l’Espagne » En choisissant de renouveler son soutien au musée du Louvre, Deloitte prouve son engagement dans le monde de l’art. Membre du réseau mondial Deloitte Touche Tohmatsu (présent dans 150 pays), Deloitte France représente une formidable diversité culturelle et humaine. Cette pluralité est à l’origine de nom-breux projets qui visent à faire de Deloitte une référence dans le monde de l’entreprise en matière de partenariats citoyens et culturels à travers le monde. Cette invitation au voyage dans l’espace marocain et andalou nous offre une opportunité unique de mettre en lumière la culture marocaine et islamique. Une culture riche par ses traditions artistiques, unissant pour la pre-mière fois les confins de l’Occident islamique, et dont l’influence a rayonné jusqu’en Orient. Cette magnifique exposition, symbole de dialogue entre différentes cultures et de la richesse qu’elle génère, est aussi un signe fort qui contribue à favoriser les liens de respect et d’amitiés entre les peuples. La richesse des idées, la créativité et l’audace illustrées par les chefs d’œuvres exposés sont autant de messages d’optimisme et de foi en l’avenir, qui doivent inspirer le monde aujourd’hui encore. Présent dans le monde entier, Deloitte a pour ambition de contribuer au rapprochement des individus, des so-ciétés et des cultures dans toutes les formes du talent humain, notamment l’art, grand vecteur de la compréhen-sion interculturelle. C’est une fierté pour Deloitte de pouvoir s’associer à la première institution culturelle de France et une occa-sion d’affirmer notre respect et notre admiration pour ce pays qui a joué un rôle fondamental tout au long de l’histoire et qui aujourd’hui encore nous montre son extraordinaire vitalité. Deloitte construit en France, année après année, une politique de partenariats culturels et citoyens qui reflètent les valeurs de diversité et d’ouverture sur le monde auxquelles le Cabinet est fortement attaché. Comme le sou-ligne Alain Pons, Président de la direction générale de Deloitte : « Être présents là où s’expriment les forces, les formes, les modes de pensée et d’action d’hier et d’aujourd’hui – par extension, la science, l’art et la cul-ture -, c’est investir dans l’avenir. » Depuis plusieurs années, le Cabinet développe une politique de soutien en constante évolution. En effet, De-loitte continue notamment de s’engager en faveur de nombreuses actions citoyennes et s’appuie pour ce faire sur des partenariats culturels, avec le Louvre et certains grands musées de l’hexagone. Le succès de Deloitte repose sur un ensemble de valeurs plus que jamais nécessaires pour répondre aux at-tentes et aux enjeux des clients : éthique professionnelle, exigence du service aux clients, engagement mutuel fort, respect de la diversité. Ces valeurs constituent le socle d’une double ambition : la confiance des clients et la qualité des collaborateurs. À propos de Deloitte Deloitte fournit des services professionnels dans les domaines de l’audit, de la fiscalité, du consulting et du financial advisory à ses clients des secteurs public et privé, quel que soit leur domaine d’activité. Fort d’un ré-seau de firmes membres dans plus de 150 pays, Deloitte allie des compétences de niveau international à un service de grande qualité afin d’aider ses clients à répondre à leurs enjeux les plus complexes. Nos 210 000 professionnels sont animés par un même objectif, faire de Deloitte la référence en matière d’excellence de ser-vice. En France, Deloitte propose l’offre pluridisciplinaire la plus complète du marché à destination de ses clients, de toutes tailles et de tous secteurs – grandes entreprises, institutions publiques, mais aussi aux petites et moyennes entreprises du tissu économique français. Fort de l’expertise de ses 9 000 collaborateurs et associés, Deloitte en France est un acteur de référence en audit et risk services, consulting, financial advisory, expertise comptable à travers sa filiale In Extenso ainsi que juridique & fiscal avec Taj. Deloitte France a également dé-veloppé une approche par secteurs d’activité, afin de répondre au plus près des besoins et attentes de ses clients : Aviation & Transports, Énergie & Ressources, Institutions financières, Secteur public, Technologies, Médias, Télécoms, Distribution et produits de grande consommation, Manufacturing, Sciences de la vie sont autant d’industries sur lesquelles des équipes d’experts développent et partagent leur savoir-faire.

Page 51: Dossier de presse Maroc médiéval

RENAULT, MÉCÈNE DU LOUVRE POUR L’EXPOSITION

«LE MAROC MEDIEVAL. UN EMPIRE DE L’AFRIQUE À L’ESPAGNE »

Renault mécène de l’exposition « Le Maroc Médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne » au

musée du Louvre du 17 octobre 2014 au 19 janvier 2015.

Dans la continuité de son engagement pour le département des arts de l’Islam en 2012, avec le

soutien de la restauration du « Porche Mamlouk » en tant que mécène, Renault entreprise

pionnière dans sa démarche vers l’art, est heureuse de renouveler son soutien au musée du

Louvre dans le cadre de la nouvelle l’exposition « Le Maroc Médiéval ».

Depuis toujours, les liens qui unissent le Maroc et Renault sont particulièrement étroits,

notamment depuis l’ouverture de l’usine de Tanger qui fabrique des véhicules pour le Groupe

Renault.

Renault et l’Art – La Collection Renault

Bien avant l’engouement pour l’art contemporain que connaissent les grandes sociétés d’aujourd’hui,

Renault a choisi, dès le début des années 1970, de soutenir des artistes dans leur création. L’entreprise a

ainsi mis à disposition d’Arman, Dubuffet, Rauschenberg, Tinguely, Takis, Sotto, Erro, Vasarely, et bien

d’autres grands noms, des moyens techniques, du matériel industriel, ainsi que des locaux du siège

social, pour produire des œuvres in situ.

« La Collection fait partie du riche patrimoine de l’entreprise. Elle participe de la grande histoire de

Renault et de l’histoire de l’art. À ce titre, elle a un rôle fédérateur et exemplaire, dans un contexte où l’Art

et l’Entreprise se rapprochent. Elle contribue à l’image et à la notoriété de l’entreprise en France et dans le

monde. » - Ann Hindry, conservateur de la Collection d’Art Renault.

Dans le cadre des expositions de sélections de la collection de par le monde, Renault initie une

collaboration avec un jeune artiste émergeant du pays hôte.

Direction des Relations Publiques

13-15 quai Alphonse Le Gallo – 92513 Boulogne-Billancourt cedex

Tél. : + 33 1 76 84 61 30

Sites : www.renault.com & www.media.renault.com

Page 52: Dossier de presse Maroc médiéval

Cercle International du Louvre International Council of the Louvre Lancé en 2007 par Christopher Forbes, président des American Friends of the Louvre et par Henri Loyrette, alors président-directeur du musée, le Cercle International a pour mission de soutenir d’ambitieux projets internationaux portés par le musée du Louvre. Le Cercle International rassemble aujourd’hui 50 membres (l’adhésion annuelle est valable pour deux personnes), dont des collectionneurs d’art, d’importants chefs d’entreprise et des mécènes internationaux. Les membres sont issus des Etats-Unis, de la France, du Royaume Uni, de l’Australie, de la Chine, de la Malaisie, du Mexique et de la Suisse. Ils bénéficient de nombreux avantages en contrepartie de leur adhésion (20 000€ par an) dont un accès privilégié aux collections, en relation étroite avec les conservateurs du musée du Louvre et des voyages de prestige à Paris et à l’étranger. Dernièrement, les membres du Cercle se sont rendus à Berlin, au Brésil, à Madrid, à Munich et à Hong Kong. Au cours des six dernières années, le Cercle International est devenu une source de financement importante pour le musée du Louvre. Le premier don a permis de soutenir le film Visage de Tsai Ming Ling, cinéaste Taïwanais, spécialement commandé par le Louvre et tourné sur place avec de prestigieux acteurs, tels Jeanne Moreau, Fanny Ardant et Kang-Sheng Lee. Depuis 2010, il a contribué à de nombreux projets: la restauration de l’exceptionnelle mosaïque de Qabr Hiram, désormais exposée dans les nouvelles salles consacrées à l’Orient méditerranéen dans l’Empire romain; la publication de l’ouvrage « Les Arts de l’Islam au musée du Louvre » paru en français et en anglais à l’occasion de l’ouverture des nouvelles salles dédiées aux arts de l’Islam; et la restauration d’un porche d’époque mamlouk, désormais présenté dans les nouvelles salles des arts de l’Islam. L'année dernière, le Cercle International fut le mécène principal de l’exposition De l’Allemagne: de Friedrich à Beckmann, 1800-1939. Avec les American Friends of the Louvre, il a également soutenu l’ensemble de la programmation « Bob Wilson au Louvre » : l’exposition Living Rooms ainsi que les performances et diverses manifestations présentées à l’auditorium. Le Cercle International a aussi apporté son soutien à la présentation exceptionnelle au Louvre d’Entre terre et mer : l’extraordinaire bestiaire de la mosaïque romaine de Lod. Cette année, le Cercle International est heureux de participer à l'exposition Le Maroc Medieval: Un empire de l’Afrique à l’Espagne.

Page 53: Dossier de presse Maroc médiéval

Communiqué de presse Exposi on 

5 novembre 2014 ‐ 2 février 2015  Musée na onal Eugène‐Delacroix  

Direc on des rela ons extérieures   Contact presse Anne‐Laure Béatrix   Coralie James Adel Ziane ‐ Sophie Grange   [email protected] ‐ Tél. 01 40 20 54 44

Eugène Delacroix   Objets dans la peinture,  

souvenir du Maroc   En contrepoint de l’exposition Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne au musée du Louvre, le musée Eugène-Delacroix, avec Objets dans la peinture, souvenir du Maroc présente les objets rapportés par Delacroix de son voyage en Afrique du Nord en 1832 au regard d'œuvres - peintures, dessins et gravures - que l’artiste avait choisi de représenter. Légués par Delacroix au peintre Charles Cournault, ces objets ont ensuite été donnés au musée Delacroix en 1952 par les héritiers de Cournault. L'exposition propose de poser un nouveau regard sur l’œuvre orientaliste de Delacroix. Elle permet ainsi, en mettant en valeur cette part insigne de la collection permanente du musée, d'étudier la part réaliste et fantasmagorique de l'œuvre orientaliste de Delacroix. En effet, si le voyage au Maroc fut, pour ce jeune homme ébloui, l'occasion de concevoir des centaines de croquis et d'aquarelles « sur le vif », il revint tout au long de sa carrière, jusqu'à sa mort en 1863, à ces sujets orientaux où, au souvenir du Maroc, se mêlait une vision imaginaire et sensible nourrie par la littérature et la musique de son temps. Commissariat de l’exposition : Dominique de Font-Réaulx, directrice du musée national Eugène-Delacroix, assistée de Catherine Adam-Sigas et de Marie-Christine Mégevand. Informa ons pra ques 

 

Adresse et accès Musée na onal Eugène Delacroix 6, rue de Fürstenberg ‐ 75006 Paris Métro : Saint‐Germain‐des‐Prés (ligne 4) / Mabillon (ligne 10). Bus : 39, 63, 70, 86,95, 96. Sta on Vélib : 141 boulevard Saint‐Germain  Horaires Tous les jours, sauf le mardi, de 9h30 à 17h30 (fermeture des caisses à 17h).  Tarifs 7,50 €. Le billet d'entrée au musée du Louvre donne droit, le même jour, à l'entrée gratuite au musée Eugène‐Delacroix Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans résidents de l’U.E. (autre gratuité consulter le site internet)  Renseignements Tél. 01 44 41 86 50 www. musee‐delacroix.fr

Eugène Delacroix. Cavalier de la garde du sultan du Maroc. Musée des Beaux-Arts, Bordeaux.

Eugène Delacroix. Musiciens juifs à Mogador, 1847. Département des Peintures, musée du Louvre.

Page 54: Dossier de presse Maroc médiéval

Dès avant son départ, il avait, comme bien de jeunes artistes de son époque, réalisé des œuvres à l'inspiration orientale, pour lesquelles il avait acquis, sur le marché parisien, accessoires, objets et vêtements qui créèrent un premier ensemble, auquel vinrent s'ajouter les objets achetés au Maroc. Grâce à des prêts prestigieux du département des Peintures et du département des Arts graphiques du Louvre, du musée des beaux-arts de Nantes, du musée d’Orsay, du musée des beaux-arts de Bordeaux, du musée Fabre à Montpellier, de la Bibliothèque nationale de France, de l’Inha, grâce à l’engagement des héritiers de Charles Cournault, cette exposition offrira de retrouver, au sein de l’atelier du grand artiste, les objets qu’il y avait rassemblés et d’interroger son rapport à ces objets, souvenirs du Maroc, mais aussi signes de son attachement à un imaginaire oriental. L’exposition sera accompagnée par un cycle de conférences au sein du musée national Eugène-Delacroix, de visites-conférences, d’ateliers de dessin ainsi que de concerts et de lectures de contes.

 

Autour de l’exposi on Publica ons  

Catalogue de l’exposi on Le catalogue, sous la direction de Dominique de Font-Réaulx, sera coédité par les Éditions du Passage et les Éditions du Louvre et réunira des textes de Dominique de Font-Réaulx, Stéphane Guégan, Emmanuel Hecre, Christine Peltre, Marie-Pierre Salé et des notices des œuvres présentées par les spécialistes des départements du Louvre et du musée national Eugène-Delacroix.

Conférences  Dans l’atelier du musée Delacroix, par Christine Peltre, le 27 novembre à 18h30. par Barthélémy Jobert, le 15 janvier à 18h30 Et visites avec conférenciers les 13, 15, 20, 21, 27, 29 novembre et les 4, 5, 11, 13, 18, 19 décembre à 11h.  Ateliers : « A vos crayons chez Delacroix – Les souvenirs du Maroc » Les samedis 29 novembre, 13 décembre et10 janvier à 10h30.

Le musée na onal Eugène‐Delacroix en quelques chiffres  

200 m² pour l’appartement 150 m² pour l’atelier 370 m² pour le jardin 150 œuvres environ exposées par rou-lement (deux accrochages par an renouvelés) 1100 œuvres dans la collection propre du musée plus des prêts réguliers du Louvre

Visites conférences, ateliers de dessins organisées tout au long de l’année.

29 agents 65 000 visiteurs en 2013 210 000 fans Facebook

Jules Robert Auguste. Soldat oriental. Département des Arts graphiques, musée du Louvre.

Jean Antoine Gros, Etude de cheval arabe harnaché entre 1800 et 1810. Département des Peintures, musée du Louvre.

Eugène Delacroix. Femmes d’Alger dans leur intérieur. 1847-1849. Musée Fabre, Montpellier.