diphtérie cutanée : une cause exceptionnelle d’ulcération cutanée

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JDP 2014 S451 Conclusion La lèpre doit être évoquée devant une dermatose hypopigmentée linéaire acquise, particulièrement chez un sujet originaire d’une zone d’endémie. Mots clés Blaschko-linéaire ; Lèpre tuberculoïde ; Mosaïcisme Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.497 P298 Prévalence et caractéristiques des manifestations cutanées associées aux bactériémies : résultats préliminaires d’une étude prospective H. Taquin 1,, T. Hubiche 1 , L. Roudière 2 , A. Fribourg 2 , P. Del Giudice 1 1 Service de dermato infectiologie, CHI Fréjus Saint-Raphaël, Fréjus, France 2 Laboratoire de biologie, CHI Fréjus Saint-Raphaël, Fréjus, France Auteur correspondant. Introduction Les manifestations cutanées au cours des bactérié- mies ont été décrites de manière sporadique dans la littérature, et à notre connaissance, leur prévalence n’a jamais été évaluée. L’objectif de ce travail prospectif était d’étudier la prévalence et les caractéristiques des manifestations cutanées associées aux bactériémies. Patients et méthodes Depuis le 1 er décembre 2013, toutes les bactériémies du centre hospitalier ont été incluses. Pour chaque patient, un examen de l’ensemble du revêtement cutanéo-muqueux était réalisé, seules les manifestations cutanées en rapport avec les bactériémies ont été prises en considération. Les contaminations étaient exclues de l’analyse. Résultats Entre décembre 2013 et avril 2014, 177 hémocultures positives chez 162 patients ont été incluses (certains patients ayant présenté plusieurs hémocultures positives sur des épisodes distincts). Vingt-deux hémocultures positives chez 21 patients ont été exclues de l’analyse car il s’agissait de contaminations. Au total les données de 155 bactériémies chez 141 patients (âge moyen de 71 ans, sex-ratio = 1,35) ont été inclues dans l’analyse finale. Il y avait 82 (52,9 %) bactériémies à bacille gram négatif, 76 (49,0 %) à cocci gram positif, 6 (3,9 %) à bacille gram positif et 1 (0,7 %) à cocci gram négatif. Onze manifestations cutanées chez 10 patients ont été retrouvées ce qui correspond à une prévalence de 7,09 %. Il s’agissait de dermohypodermites (n = 5, 45,5 %), purpura fulminans (n = 2, 18,2 %), pieds diabétiques (n = 2, 18,2 %), lymphangite (n = 1, 9,1 %), et purpura vasculaire (n = 1, 9,1 %). Huit (72,7 %) manifestations cutanées (dermohypodermites, lymphangite, pieds diabétiques) étaient considérées comme primitives à la bactérié- mie alors que 3 (27,3 %) étaient considérées comme secondaires. Les bactériémies à cocci gram positif étaient les plus fréquemment associées à des manifestations cutanées (n = 6, 60 %, p < 0,0001). Discussion Les résultats préliminaires de cette étude montre que la prévalence des manifestations cutanées au cours des septicémies est faible. Les manifestations cutanées associées aux bactériémies sont de 2 types : soit elles correspondent à l’infection primitive (dermohypodermites, lymphangites, pieds diabétiques...) soit elles constituent des manifestations secondaires (purpura vasculaire, purpura fulminans avec CIVD). Les bactériémies à cocci gram positif (Staphylocoques aureus et streptocoques hémolytiques) sont plus souvent associés à des manifestations cutanées. Conclusion La présence de manifestations cutanées au cours des bactériémies est rare. Les cocci gram positifs sont les germes les plus fréquemment impliqués, ainsi, en présence de manifestations cutanées chez un sujet septique il faut évoquer une bactériémie à cocci gram positif et initier une antibiothérapie adaptée. Mots clés Bactériémie ; Épidémiologie ; Manifestation cutanée Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.498 P299 Diphtérie cutanée : une cause exceptionnelle d’ulcération cutanée C. Clevy 1,, C. Marinone 2 , D. Bagneres 2 , D. Brajon 1 , P. Rossi 2 , P. Berbis 1 1 Service de dermatologie, CHU Nord, Marseille, France 2 Service de médecine interne, CHU Nord, Marseille, France Auteur correspondant. Introduction Les infections à Corynebacterium diphteriae, sont exceptionnelles en France. Depuis 2002, seulement 8 cas ont été signalés à l’Institut national de veille sanitaire dont 5 cas d’angine diphtérique et 3 cas de diphtérie cutanée. Cependant, la diphtérie reste une maladie endémique dans les pays en voie de développe- ment. Observations Un patient de 65 ans, sans antécédent remar- quable, consultait au retour d’un séjour à Madagascar pour une ulcération sus-malléolaire externe gauche hyperalgique et d’évolution rapidement progressive. L’ulcère était bien limité, mesurant 30 × 45 mm et se caractérisait par un fond fibrineux recouvert de fausses membranes adhérentes, une bordure indurée violacée avec décollement épidermique péri- phérique et des signes d’inflammation locale. Le reste de l’examen clinique était normal. Le diagnostic de diphtérie cutanée était posé sur le produit d’écouvillonnage par la mise en évidence de C. diphteriae par spectrométrie de masse. Le diagnostic était confirmé par la PCR C. diphteriae réalisée au Centre national de référence. La recherche de la sécrétion de toxine par détection en PCR du gêne tox était négative. Un traitement par amoxicilline (1 gramme, 3 fois par jour) pendant 14 jours permettait d’obtenir une cicatrisation de l’ulcère en 1 mois. Discussion C. diphteriae est un bacille gram positif. Sa trans- mission est interhumaine et directe par gouttelettes provenant des voies aériennes supérieures ou par contact cutané. Elle est favorisée par le portage chronique asymptomatique cutané ou ORL. La période d’incubation est de 2 à 5 jours. Le symptôme caractéristique est la présence de fausses membranes au siège de la multiplication des bacilles diphtériques, qui provoquent directement l’altération de l’épithélium cutané et des muqueuses avec apparition d’un exsudat fibrinoleucocytaire plus ou moins nécrotique. La gravité de cette infection est surtout liée à la diffusion de l’exotoxine du bacille diphtérique, les formes angineuses et cuta- nées se compliquant précocement de myocardites sévères ou plus tardivement d’atteintes neurologiques avec des paralysies péri- phériques et des polyradiculonévrites. La méthode PCR permet de détecter le gène de la toxine (gène tox). Si le gène tox est détecté, la sérothérapie doit être administrée en urgence ; dans le cas contraire, le traitement consiste en une antibiothérapie de 14 jours par pénicilline G, amoxicilline ou macrolides en cas d’allergie. Une mise à jour vaccinale doit être effectuée à distance de l’infection. Conclusion La diphtérie cutanée est un diagnostic à évoquer devant un ulcère atypique au retour de voyage d’une zone endé- mique telle que Mayotte et plus généralement tout pays tropical en voie de développement. Les infections à C. diphteriae doivent obligatoirement être déclarées auprès de l’Agence régionale de santé. Mots clés Diphtérie ; Retour de voyage ; Ulcérations Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.499

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JDP 2014 S451

Conclusion La lèpre doit être évoquée devant une dermatosehypopigmentée linéaire acquise, particulièrement chez un sujetoriginaire d’une zone d’endémie.Mots clés Blaschko-linéaire ; Lèpre tuberculoïde ; MosaïcismeDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.497

P298Prévalence et caractéristiques desmanifestations cutanées associées auxbactériémies : résultats préliminairesd’une étude prospectiveH. Taquin 1,∗, T. Hubiche 1, L. Roudière 2, A. Fribourg 2,P. Del Giudice 1

1 Service de dermato infectiologie, CHI Fréjus Saint-Raphaël,Fréjus, France2 Laboratoire de biologie, CHI Fréjus Saint-Raphaël, Fréjus,France∗ Auteur correspondant.

Introduction Les manifestations cutanées au cours des bactérié-mies ont été décrites de manière sporadique dans la littérature,et à notre connaissance, leur prévalence n’a jamais été évaluée.L’objectif de ce travail prospectif était d’étudier la prévalenceet les caractéristiques des manifestations cutanées associées auxbactériémies.Patients et méthodes Depuis le 1er décembre 2013, toutes lesbactériémies du centre hospitalier ont été incluses. Pour chaquepatient, un examen de l’ensemble du revêtement cutanéo-muqueuxétait réalisé, seules les manifestations cutanées en rapport avec lesbactériémies ont été prises en considération. Les contaminationsétaient exclues de l’analyse.Résultats Entre décembre 2013 et avril 2014, 177 hémoculturespositives chez 162 patients ont été incluses (certains patientsayant présenté plusieurs hémocultures positives sur des épisodesdistincts). Vingt-deux hémocultures positives chez 21 patients ontété exclues de l’analyse car il s’agissait de contaminations. Au totalles données de 155 bactériémies chez 141 patients (âge moyen de71 ans, sex-ratio = 1,35) ont été inclues dans l’analyse finale. Il yavait 82 (52,9 %) bactériémies à bacille gram négatif, 76 (49,0 %)à cocci gram positif, 6 (3,9 %) à bacille gram positif et 1 (0,7 %) àcocci gram négatif. Onze manifestations cutanées chez 10 patientsont été retrouvées ce qui correspond à une prévalence de 7,09 %. Ils’agissait de dermohypodermites (n = 5, 45,5 %), purpura fulminans(n = 2, 18,2 %), pieds diabétiques (n = 2, 18,2 %), lymphangite(n = 1, 9,1 %), et purpura vasculaire (n = 1, 9,1 %). Huit (72,7 %)manifestations cutanées (dermohypodermites, lymphangite, piedsdiabétiques) étaient considérées comme primitives à la bactérié-mie alors que 3 (27,3 %) étaient considérées comme secondaires.Les bactériémies à cocci gram positif étaient les plus fréquemmentassociées à des manifestations cutanées (n = 6, 60 %, p < 0,0001).Discussion Les résultats préliminaires de cette étude montre quela prévalence des manifestations cutanées au cours des septicémiesest faible. Les manifestations cutanées associées aux bactériémiessont de 2 types : soit elles correspondent à l’infection primitive(dermohypodermites, lymphangites, pieds diabétiques. . .) soit ellesconstituent des manifestations secondaires (purpura vasculaire,purpura fulminans avec CIVD). Les bactériémies à cocci gram positif(Staphylocoques aureus et streptocoques �hémolytiques) sont plussouvent associés à des manifestations cutanées.Conclusion La présence de manifestations cutanées au cours desbactériémies est rare. Les cocci gram positifs sont les germes lesplus fréquemment impliqués, ainsi, en présence de manifestationscutanées chez un sujet septique il faut évoquer une bactériémie àcocci gram positif et initier une antibiothérapie adaptée.

Mots clés Bactériémie ; Épidémiologie ; Manifestation cutanéeDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.498

P299Diphtérie cutanée : une causeexceptionnelle d’ulcération cutanée�

C. Clevy 1,∗, C. Marinone 2, D. Bagneres 2, D. Brajon 1, P. Rossi 2,P. Berbis 1

1 Service de dermatologie, CHU Nord, Marseille, France2 Service de médecine interne, CHU Nord, Marseille, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Les infections à Corynebacterium diphteriae, sontexceptionnelles en France. Depuis 2002, seulement 8 cas ont étésignalés à l’Institut national de veille sanitaire dont 5 cas d’anginediphtérique et 3 cas de diphtérie cutanée. Cependant, la diphtériereste une maladie endémique dans les pays en voie de développe-ment.Observations Un patient de 65 ans, sans antécédent remar-quable, consultait au retour d’un séjour à Madagascar pourune ulcération sus-malléolaire externe gauche hyperalgique etd’évolution rapidement progressive.L’ulcère était bien limité, mesurant 30 × 45 mm et se caractérisaitpar un fond fibrineux recouvert de fausses membranes adhérentes,une bordure indurée violacée avec décollement épidermique péri-phérique et des signes d’inflammation locale. Le reste de l’examenclinique était normal. Le diagnostic de diphtérie cutanée étaitposé sur le produit d’écouvillonnage par la mise en évidencede C. diphteriae par spectrométrie de masse. Le diagnostic étaitconfirmé par la PCR C. diphteriae réalisée au Centre national deréférence. La recherche de la sécrétion de toxine par détection enPCR du gêne tox était négative. Un traitement par amoxicilline (1gramme, 3 fois par jour) pendant 14 jours permettait d’obtenir unecicatrisation de l’ulcère en 1 mois.Discussion C. diphteriae est un bacille gram positif. Sa trans-mission est interhumaine et directe par gouttelettes provenantdes voies aériennes supérieures ou par contact cutané. Elle estfavorisée par le portage chronique asymptomatique cutané ouORL. La période d’incubation est de 2 à 5 jours. Le symptômecaractéristique est la présence de fausses membranes au siègede la multiplication des bacilles diphtériques, qui provoquentdirectement l’altération de l’épithélium cutané et des muqueusesavec apparition d’un exsudat fibrinoleucocytaire plus ou moinsnécrotique.La gravité de cette infection est surtout liée à la diffusion del’exotoxine du bacille diphtérique, les formes angineuses et cuta-nées se compliquant précocement de myocardites sévères ou plustardivement d’atteintes neurologiques avec des paralysies péri-phériques et des polyradiculonévrites. La méthode PCR permet dedétecter le gène de la toxine (gène tox). Si le gène tox est détecté,la sérothérapie doit être administrée en urgence ; dans le cascontraire, le traitement consiste en une antibiothérapie de 14 jourspar pénicilline G, amoxicilline ou macrolides en cas d’allergie. Unemise à jour vaccinale doit être effectuée à distance de l’infection.Conclusion La diphtérie cutanée est un diagnostic à évoquerdevant un ulcère atypique au retour de voyage d’une zone endé-mique telle que Mayotte et plus généralement tout pays tropicalen voie de développement. Les infections à C. diphteriae doiventobligatoirement être déclarées auprès de l’Agence régionale desanté.Mots clés Diphtérie ; Retour de voyage ; UlcérationsDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.499