dictionnaire ethymologique de la langue grecque 1968

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PIERRE CHANTRAINE Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots Après les fascicules 1 (1968), II (1970), III (1974), paraît (1977) le fascicule IV-l, le dernier dont Pierre Chantraine, décédé en 1974, avait pu assurer la rédaction. En 1979 ou 1980, achevant l'ouvrage, paraîtra le fascicule IV-2, (CI>-ü et Index), oeuvre conjointe d'un groupe d'élèves et amis du maître disparu. Les Éditions Klincksieck Juin 1977

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Diccionario etimológico de la lengua griega (1968) ->francés.

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Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots
Après les fascicules 1 (1968), II (1970), III (1974), paraît (1977) le fascicule IV-l, le dernier dont Pierre Chantraine, décédé en 1974, avait pu assurer la rédaction. En 1979 ou 1980, achevant l'ouvrage, paraîtra le fascicule IV-2, (CI>-ü et Index), œuvre conjointe d'un groupe d'élèves et amis du maître disparu.
Les Éditions Klincksieck Juin 1977
,Pierre CHANTRAINE ME~BRE DE L'lNSTl'fUT
PROFESSEUR À LA. SORBONNE
Dlc'rIONN AIRE É'rY~IOLOGIQUE
TOME i
Ouvrage publié s·vec le concours riu Centre National de Id Recher~he Scientifique
PARIS
PR~FACE
C'est une entreprise bien malaisée que la composition d'un dictionnaire étymologique du grec. Elle n'a pas effrayé M. Hjalmar Frisk, dont le Griechisches elymologisches Wiirlerbuch, bien accueilli par le public, poursuit une heureuse carrière. Lorsque je me suis engagé à écrire l'ouvrage que je présente aujourd'hui, je savais que le travail de mon prédécesseur me rendrait de grands services, mais je pouvais aussi craindre que mon livre ne fît double emploi.
A la vérité, je n'ai pas fait porter mon effort sur la partie comparative et étymologique de la recherche. Là où je ne trouvais pas mieux à dire que Hj. Frisk, je l'ai suivi d'assez près, tout en prenant une position différente de la sienne lorsque ma propre expérience ou une publicatiop. récente me conduisaient à prendre ce parti. Mais l'étymologie devrait être l'histoire complète du vocabulaire dans sa structure et son évolution et c'est pour l'histoire du vocabulaire, reflet de l'histoire tout court, que je me suis donné le plus de peine. .,
Mon ouvrage s'intitule Dictionnaire étymologique de la langue grecque, hisloire des mols. Il saute aux yeux que j'ai voulu prendre comme modèle le Dictionnaire élymologique de la langue laline d'A. Ernout et A. Meillet, qui reste après tant d'années une œuvre de premier ordre. Même sans mettre en cause mes propres capacités, il apparaît que ma tâche était particulièrement lourde et cela pour deux raisons. L'une accidentelle: c'est que je n'avais pas pour la partie étymologique l'appui d'un savant de l'envergure d'Antoine Meillet, j'étais seul. L'autre résultait de la nature des choses. Le vocabulaire grec tel que nous le connaissons est incomparablement plus riche que le vocabulaire latin. Le grec remonte désormais pour nous au second millénaire, grâce au déchif­ frement des tablettes mycéniennes, et son histoire s'étend jusqu'à nos jours sous deux formes, le grec démotique qui est le grec communément parlé et utilisé par la grande majorité des écrivains, et le grec puriste qui est la langue de l'église, de l'administration, et même de la presse. Au cours de son histoire, la langue grecque s'est répartie en divers dialectes, ionien, dorien, éolien, arC8- dien, chypriote, etc., que nous connaissons surtout par le témoignage des inscriptions, des gloses, et d'œuvres littéraires qui d'une manière franche (par exemple celles d'Hérodote, Alcman, Alcée et Sapho, Corinne), ou bien vague et conventionnelle (par exemple Homère, Pindare, Théocrite) peuvent nous donner une idée des diversités dialectales. Aussi bien, la variété des œuvres litté­ raires en prose ou en poésie et la multiplicité des traités techniques conduisent à une prolifération du vocabulaire dont nos dictionnaires ne donnent qu'une idée incomplète. .
Un problème se pose en ce qui concerne les gloses, notamment celles d'Hésyehius. Nous en avons accueilli un grand nombre, mais nous avons exclu celles qui étaient visiblement gâtées, et celles qui étaient attribuées par le glossateur à une langue autre -qute le grec.
En ce qui concerne l'étymologie, l'étymologie du grec $t ·difficile oomme cene de toutes les langues indo-européennes; cette difficulté se trouve peut-être aggravée pa:r le fait que les enva­ hisseurs grecs ont trouvé dans le monde méditerranéen des peuples parlant des langues connues ou inconnues, auxquelles ils peuvent avoir emprunté des mots divers. Quant à l'étymolugie des termes indo-européens, elle a donné naissance à une bibliographie -accablante : examiner les
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multiples hypothè&e8 qui sont venues à l'idée de savants d'ailleurs honorables et bien infonnés, c'est parcourir le plus souvent, comme on l'a dit, un cimetière d'enfants mort-nés.
Dans ces conditions il me reste à expliquer comment ce dictionnaire se présente dans le cas de l'étymologie pl'Op1'6ment dite, et pour ce qui touche à l'histoire des mots.
1. L'ÉTYMOLOGIE
Pour qu'une étymologie soit irréfutable, il est nécessaire d'une part que la structure du mot envisagé s'insère de manière évidente dans le système des alternances et de la morphologie in do­ européenne, de l'autre que l'on trouve des correspondants nets dans plusieurs la~ ÎDdO­ européennes bien attestées. La première catégorie de faits évidents se trouve illustrée par exemple par les familles de 1I10ts qui sont groupés autour de verbes archaïques comme 41. «être t, etp.\ «aller It, 'd61)fLt (1 placer It, oI8ot (1 savoir », et d'autres encore.
La seconde catégorie peut fournir comme exemples de vieux mots qui appartiennent au vocabulaire se rapportant à la vie sociale ou à la vie mat.érielle des Indo-Européens: noms de parenté comme 7totTIjp, E'l)'"lP, etc., nom d'animaux comme (joü; «bovin It etc. ; cependant le nom aneien du cheval tmtOç qui répond à lat. equus, skr. ciSva-, présente des singularités inexpliquées, ocr~ «ehèvre» n'a de correspondant qu'en annénien; les noms de nombre, parfois difficiles, constituent aussi un élément important de l'étymologie grecque, etc. Même dans ces séries privilégiées, il se pose des problèmes imprévus comme celui de la fonne du nom du «frère It ocoû.cpoç, qui s'est substitué au vieux nom • bhriilér, lat. friiler. C'est à de telles étymologies que nous avons cru devoir consacrer l'exposé le plus long, d'abord parce que nous avions l'impression de nous trouver sur un terrain solide, d'autre part parce que ces tennes essentiels ouvrent des vues sur la vie matérielle des Indo-Européens ou sur la structure de leur société.
Hors de ces cas privilégiés, il existe une multitude d'articles où l'auteur d'un dictionnaire se trouve fort mal à l'aise pour arbitrer entre des hypothèses diverses, mais également incertaines. En pareille situation je ne me suis pas senti obligé d'énumérer des hypothèles auxquelles je Be
croyais pas: j'ai avoué mon ignorance ou j'ai indiqué une ou deux analyses qui me paraissaient moins invraisemblables que d'autres. _ ....
II en résulte que sur ce point ce livre se trouve incomplet et que la bibliographie est une bibliographie limitée et choisie. J'indique une fois pour toute que des indications complémen­ taires peuvent se trouver encore dans le Dictionnaire élymologique de la langue grecque d'E. Boisacq, naturellement dans le Griechisches elymologisches Wii,.lerbuch de Hj. Frisk, dans l' lndogerma­ nisches etymologiscms lV iirlerbuch de J. Pokorny et autres ouvrages étymologiqlreS connus.
Trois obstacles restent à envisager: A) Un problème difficile se pose dans la recherche des étymologies. Le but idéal auquel doit
viser un étymologiste est de définir la racine d'où se trouvent issus les mots qu'il étudie. Qu'est-ee qu'une racine indo-européenne et quelle en est la structure? Le problème a été examiDé par exemple au cours d~ années par Ferdinand de SaU68ur~ daDS son Mémoire sur le syd4tne primüi, da voyelles dans les langues indo-européennes (1879), par Antoine Meillet dans son lntrodudiqn à l'étude comparative des langues indo-européennes (1 re éd., 19(3), par H. Hirt dans 80n lruio­ germanische Grammatik (1921-1937). Mais la connaissance du hittite a renouvelé les problèmes en mettant en lumière l'importance des laryngales. D'où l'article de J. Kurylowicz dans les Symbolae .. lozwadowski (1927) sur a indo-européen et b. hittite, et la suite de ses ouvrages, notam­ ment Études indo-européennes (1935), L'apophonie en indo-européen (1956). De son côté, dans Ulle
thèse de doctorat qui a fait époque, Origines rk la fonnalion da 1WmS en in.dD-européen (1935), Émile Benveniste a posé le principe de racines indo-européennes trilitères, qW éclairait le jeu des alternances pour les grandes raciIles verbales de l'indo-européen : .~ de gr. df.U, ete., * d~-de ~~ etc. Ces racines pouvaient M.re suftixées, 011 a par exemple .~- daRB ûpc~ et *fr..ea1- dans ~ ete. Ces anaJyBeBne rencontrent un plein suceès ~ lorsqu'on opère avec des
racines anciennes de conformation claire. Dans d'autres eas, en~ rfsttucnt.de œndûire'":des novices à des combinaisons arbitraires. On s'explique donc que Hj. Frisk se soit refusé (avée beaucoup d'autres.) à utiliser le jeu des laryngales. Il constate qu'il est malaisé de faire entrer tous les exemples du lüttite b dans le système des laryngales et il estime que cett~ analyse n'est. pas très utile pour l'étymologie: «l'identité de !-y(a), lat. ago, skr. djoli n'apparatt pas plus claire si l'on pose une racine *~~g-. (op. cil., p. VI). Nous ne le contredirons pas et nou§ n'avons présenté UDe analyse de la racine au moyen de laryngales que lorsque nous pensions y trouver un avantage. Dans la recherche étymologique nous pouvons suivant les cas pénétrer plus ou moins profon­ dément dans le passé comme le géologue à qui des ameurements permettent de reconnaître des couches plus ou moins profondes. Ainsi sous ~IOIJ4~, il est possible de poser une racine *ser-, cf. skr. si-sarli, à côté de *ser-p- dans ç'l;(ù; lat. serpo, skr. sarpoli, de ·ser-gh- dansEplofLatt ; et.avec un autre vocalisme, on a *sr-ew- dans skr. sravali, grec~. Avec une laryngale on rendra compte du doublet Cl~ (de *'tBU-g-) et ci(f)~(ù (de *g.w-eg-). Il y a donc dans notre comportement des flottements qui s'expliquent par les conditions dans lesquelles se présentent les problèmes éty­ mologiques.
B) Hj. Frisk pense que l'étymologie grecque tirerait le plus grand profit de l'hypothèse « proto-indo-européenne • ou pélasgique si elle se confirmait. Mais il ajoute : «aussi longtemps que la morphologie du pélasgique reste inconnue et qu'aucun rapprochement étymologique sûr n'est établi pour définir des lois phonétiques incontestables, cette langue inconnue doit être mise hors de jeu pour l'explication des nombreuses énigmes étymologiques du grec •. Toutefois Hj. Frisk poursuit: «malgré mon scepticisme marqué à l'égard de cette recherche partieulière... , j'ai cité dans une large mesure les travaux qui s'y rapportent. (op. cil., p. VI). Nous n'avons pa,s 1
suivi sur ce point le savant suédois, à quelques exceptions près, notamment pour ~O't'U. Le pélas­ gique est pour l'instant une vue de l'esprit et son cas diffère essentiellement de celui de l'indo­ européen. L'indo-européen n'est pas attesté, mais c'est un système cohérent défini par des lois rigoureuses. Ce n'est pas le cas du pélasgique et cela ne le sera peut-être jamais. Le problème du pélasgique vient d'ailleurs d'être examiné de façon approfondie et objective dans un excellent article de Hester (Lingua 13, 1965, 335-384). Sa conclusion est que, parmi les nombreux mots que l'on a voulu rattacher à la langue indo-européenne supposée et dénommée pélasgique, un grand nombre n'admettent aucune étymologie indo-européenne; quant à ceux qui pourraient en admettre une, il s'agit de termes empruntés par le grec à des langues indo-européennes voi:­ sines : ils ne peuvent d'aucune façon établir la preuve de l'existence d'un substrat ou d'un superstrat.
C) En revanche et sans pouvoir toujours préciser, nous avons accepté l'hypothèse que be~u­ coup de mots sont des termes d'emprunt. Par exemple des termes sémitiques comme 'XcX.ooç, cr«uo~ l'M. Mais aussi de nombreux vocables dont nous ignorons l'origine et que l'on dési~e BOuvent par les termes d'égéen ou de c méditerranéen., qui dissimulent pudiquement notr'e ignorance. C'est ce parti que l'on adopte aujourd'hui encore pour des termes de 'Civilisation eemme ~ ou bat, des termes techniques comme ~L~, des nOlllll de plantes ou de.pro:­ duits méditerranéens oomme ~t'ftJOÇ, &.atLOY et ~, o!voç, etc., mais pour ce dernier mot une origine indo-européenne n'est pas exclue. Il faut toutefois prendre garde que l'hypothèse de l'emprunt à une langue inconnue est une solution paresseuse et qu'il. faut tâcher de 'ÜÎ'el' parti du témoignage des langues plus ou moins mal connues qui bordent les rives de la Méditer­ ranée. L'hypothèse d'un emprunt à un idiome égéen risque souvent de n'être pas autre-éhose qu'un aveu d'igBoraDee.
II. L 'JIlSTOIIlE DU VOCABULAIRE
Notre etforl daas la recherche étymotogicpae ee trouvant limité par l'incertitude de ce demaine, et le désir de ne pas eDOOmbrer le dictiomWre d'hypothèses aventurées, fondées sur ua bibliographie surabondante que l'on peut consulter dans d'autres ouvrages, nous nous solJlDlES trotlvé ftbJaà.l'aiee pour faire porter DOUe effort. priDcipallar l~bistoire du vocabulaire.
x PRÉFACE
Nous pouvions bénéficier d'une situation privilégiée. Nous étions capable de suivre l'histoire de la langue grecque depuis le second millénaire avant J .-Chr., grâce aux tablettes mycénieI'nes de Cnossos, Pylos et Mycènes, jusqu'au grec moderne démotique ou puriste, sans que la langue malgré des différences importantes ~üt profondément changé quant à la structure.
Il était donc important de tenir ~~()mpte des données mycéniennes. Sur ce point, Hj. Frisk s'est montré très méfiant i op. cil .. : ~ \'1I). Tout au contraire, nous nous sommes appliqué de notre mieux à tirer parti d'une documentation aussi précieuse *. Nous avons renvoyé systémati­ quement à l'article de J. Chadwick et L. Baumbach (Glolla, 41,1963,157-271), mais bien entendu sans nous y attacher servilement. Les données mycéniennes confirment bien des faits homériques, cipcxpu~ par exemple, ou révèlent des différences inattendues, par exemple amota valant ~PfLCXTCX (probablement sans aspiration et désignant des roues), tandis que OCPf.l.CXTCX (avec un esprit rude) se rapporte à un char chez Homère et dans le grec alphabétique.
Notre étude du vocabulaire du grec classique a été aussi approfondie que possible. Nous ayons tenu grand compte des faits homériques, souvent rendus singuliers en raison du caractère artificiel de cette langue poétique. II fallait aussi préciser ce qui est la langue des lyriques, celle des tragiques, celle des prosateurs, attiques ou non.
Les données des inscriptions attiques ou dialectales méritaient d'être accueillies dans ce dictionnaire. Elles fournissent suivant les cas, soit des éléments du vocabulaire politique, soit des noms d'objets ou d'instruments plus ou moins clairs, mais qui sont dignes d'être relevés et précisés le mieux possible. Un terme technique est susceptible d'être emprunté, mais il peut aussi être fabriqué de façon plus ou moins arbitraire, mais d'autant plus évidente. Rien de plus clair, par exemple, que le nom de l'amidon ocf.l.uÀfjV, « qui n'a pas été moulu », tiré du f.l.uÀ"f) « meule » avec un alpha privatif, mais les étymologistes hésitent devant cette explication pourtant évidente. Il y a lieu également de marquer les termes qui appartiennent au vocabulaire familier, souvent caractérisés par une gémination cxprcssi\'c. C'est le cas de )'UVVLC; « petite femme », terme de mépris adressé à un homme il côté de )'u'rr" d(~ "d.";O-f) en face de 'ne+;v"fj ({ nourrice », de f.l.cx~CX « grand­ mère, nour!'ice» à côtp d(~ fL'f;7fiP, d'i-:--:-a « grand-papa », etc., et de bien d'autres exemples. Il s'agit de mots hypocoristiques plus ou moins clairs ct qui n'entrent naturellement pas dans le jeu normal des alternances vocaliques.
S'il y a lieu d'analyser les divers éléments du vocabulaire du grec de l'époque classique, poétique ou prosaïque, noLIe ou familier, philosophique et technique, le même problème se pose pour le grec postérieur, notamment. celui des papyrus ou de certains textes plus ou moins tardifs comme le Nouveau Testament. Des termes anciens disparaissent et sont remplacés par d'autres: entre beaucoup d'exemples, rappelons que \JO::, « il pleut )} est remplacé par I3pÉxe:L, OIj;OCpLOV prend déjà le sens de ff poisson », xOpÉVVUf.l.L « rassasier » est remplacé par XOpTcX~W. A È0'6tw se substitue -:-pwyw, à !.w:r66c; « salaire » oywvwv, qui désigne originellement la somme destinée à acheter l'i>lj;ov, la nourriture de tous les jours. '
Nous avons pris garde dans notre analyse du yocabulaire de tenir le plus largement possible compte des composés. Il arrive qu'un composé apparaisse beaucoup plus tôt que le simple corff~spond3nt, par exemple ,hp"f)pWL~W avant ·~pwt~w.
Certains articles sont surchargés de composés. Ainsi nous nous sommes efforcé de montrer les diverses fonctions de CXÙTÔC; en composition, ce qui présente une grande importance pour
• Lorsque nous donnons un terme mycénien dans sa graphie ori~inelle, il faul se souvenir qu'il s'agit d'une écriture syllabique. En conséquence, une graphie comport.:mt unE' consonne dou},le comme XTL- s'écrit kili- ; les nasales, les liquides ou les siffiantes fvfmant le premier élément d'ull /l'roupe ne s'écrivent pas, pas plus que la voyelle i d'une diphtongue en général. A J'initiale, dans le !!,roupe siffiante+ occlusive, la siffiantf' ne s'écrit pas. A la fin du mot, les éléments consonantiques -p, -v, -vç, -ç ne sont pas notés. Le système même des signes se trouve simplifié: il y a un seul signe pour les syllabogrammes commen· ':a:1t par r et 1. En ce qui concerne les occlusives, l'écriture possède un signe pour les labio-vélaires, ce qui est souvent instructif pour l'étymologie. En revanche il n'existe qu'un seul signe pour les occlusives sourdes, sonores ou aspirées, donc pa = ?tex, (3ex, 'jl«, ka = )((x, ya., Xa.; exception pour la série dentale qui possède une sourde et une sonore. L'imperfection de l'écriture pré­ sente de graves inconvénients pour l'identification des mots, et donc pour leur 6tooe étymologique; voir par exemple sous ~ à propos de akelirija que l'on a lu _1)Tpr.cx, ~ ou c.cnpr.cx.
PRÉFACE XI
1'interprétation du vocabulaire philosophique. Dans un tout autre ordre d'id~t l'article lpyov De
peut se concevoir sans une étude approfondie des composés dont le second terme est en -CP"fOI;
ou -opyoC; : cette étude est aujourd'hui rendue aisée par la thèse de Mme F. Bader, Les compo~ grecs du type de demimrrgos (1965). En ce qui concerne les composés, ily a lieu de distinguer entre ceux qui appartiennent au vocabulaire poétique et ceux qui sont de caractère technique. Là où l'énumération des composés était impossible, nous avons donné des statistiques approximatives qui à elles seules donnent une idée de l'importance d'un système.
On s'étonnera peut-être que nous ayons cité beaucoup de faits relatifs à l'onomastique. Ils présentent en réalité le plus vif intérêt, soit qu'ils nous livrent de vieux composés du vocabu­ laire noble comme les composés en -6épCil)c;, soit qu'inversement ils nous livrent des noms familiers et des sobriquets plus ou moins plaisants, tels que M. Louis Robert en a relevé un grand nombre dans ses recherches d'onomastique. Je citerai par exemple des anthroponymes comme II6cr6wv, IIocr6(wv, IIocr6oc).(C1lv et IIocr6oc).(axoc; (Taillardat, Rev. Phil. 1961,249-250).
Le souci ne nous a jamais quitté de· préciser autant que possible la signification des mots, ce qui nous a conduit à citer de brefs passages apparaissant caractéristiques. Certains articles ont ainsi pris une étendue qui, je l'espère, servira le lecteur sans l'embarrasser. L'article (XcX,W traite nécessairement du substantif cXIXTI), OCTI) et de la déesse" ATI). Il a permis aussi de définir franchement l'emploi particulier de OC't'Œ et de cX.fOt't'&0'60tL dans le monde dorien où ces mots ont pris le sens juridique de «dommage, amende », etc. Des termes comme ci~O!LOtL, ciytoc;, ciyoc;;, ou comme tZpt.:;, ~nt exigé une longue analyse. Il en va de même pour le vocabulaire du sacrifice, notamment pour tout ce que l'on peut grouper autour de 6UC1l. 'AyoplX, qui se rattache de façon évidente au verbe cXytEpC1l « rassembler », a fourni des verbes dénominatifs orientés de façon franchement différente en raison des fonctions diverses de l'agora, soit OCyOpEUC1l, cXyOpIXO(LOtL « parler en public », d'où « par­ ler, dire », soit &.yOpcX~C1l «acheter au marché », d'où «acheter •.
Ailleurs nous avons cru utile de rassembler des termes divers, mais reposant tous sur une même base. C'est le cas par exemple de l'article cXx- où se trouvent groupés &.x1j, cXxLc;, OCxwv, &XCXLVCX, ŒxCXVOC;, cXxp6c;, cXX(L1j : une telle accumulation se trouve justifiée par le fait que tous ces mots reposent sur le même radical et que les Grecs en avaient pleinement conscience. Des articles comme ~Ot(vw, ~!Xllw ont pris une grand extension.
Nous nous sommes appliqué de notre mieux à préciser le sens des mots, nous l'avons dit. Les éléments du vocabulaire appartiennent à un système et se définissent par opposition entre eux. Mais ils…