developpement durable et communication

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Dveloppement durable et communications

Dans la mme collectionImages du rcitPhilippe Sohet2007, isbn 978-2-7605-1479-9, 360 pages

Comment comprendre lactualit Communication et mise en scneGina Stoiciu2006, isbn 2-7605-1376-9, 260 pages

Place et rle de la communication dans le dveloppement internationalSous la direction de Jean-Paul Lafrance, Anne-Marie Laulan et Carmen Rico de Sotelo2006, isbn 2-7605-1454-4, 192 pages

Communication Horizons de pratiques et de recherche volume 1Sous la direction de Pierre Mongeau et Johanne Saint-Charles2005, isbn 2-7605-1326-2, 432 pages

Solidarits renouveles Faut-il tuer le messager ?Sandra Rodriguez2006, isbn 2-7605-1409-9, 168 pages

Communication Horizons de pratiques et de recherche volume 2Sous la direction de Pierre Mongeau et Johanne Saint-Charles2005, isbn 2-7605-1434-X, 224 pages

Presses de LUniversit dU QUbec Le delta i, 2875, boulevard Laurier, bureau 450 Qubec (Qubec) G1v 2M2 tlphone : (418) 657-4399 tlcopieur : (418) 657-2096 courriel : [email protected] internet : www.puq.ca diffusion / distribution : CANADA et autres pays Distribution De livres univers s.e.n.c. 845, rue Marie-victorin, saint-nicolas (Qubec) G7A 3s8 tlphone : (418) 831-7474 / 1-800-859-7474 tlcopieur : (418) 831-4021 FRANCE AFPu-DiFFusion soDis BElgIqUE PAtrimoine sPrl 168, rue du noyer 1030 bruxelles belgique SUISSE serviDis sA 5, rue des chaudronniers, cH-1211 Genve 3 suisse

La Loi sur le droit dauteur interdit la reproduction des uvres sans autorisation des titulaires de droits. Or, la photocopie non autorise le photocopillage sest gnralise, provoquant une baisse des ventes de livres et compromettant la rdaction et la production de nouveaux ouvrages par des professionnels. Lobjet du logo apparaissant ci-contre est dalerter le lecteur sur la menace que reprsente pour lavenir de lcrit le dveloppement massif du photocopillage .

Dveloppement durable et communicationsAu-Del Des mots, pour un vritAble engAgementSous la direction de

Solange Tremblay

2007 Presses de lUniversit du QubecLe Delta I, 2875, boul. Laurier, bur. 450 Qubec (Qubec) Canada G1V 2M2

Catalogage avant publication de Bibliothque et Archives nationales du Qubec et Bibliothque et Archives Canada vedette principale au titre : dveloppement durable et communications : au-del des mots, pour un vritable engagement (collection communication) comprend des rf. bibliogr. isbn 978-2-7605-1469-0 1. dveloppement durable. 2. entreprises - responsabilit sociale. 3. communication dans les organisations. 4. dveloppement durable - Qubec (Province). 5. dveloppement durable - canada. 6. dveloppement durable - Qubec (Province) Montral - cas, tudes de. i. tremblay, solange, M.A., ArP. ii. collection : collection communication et relations publiques. Hc79.e5d48 2007 338.9 c2007-941296-3

nous reconnaissons laide financire du gouvernement du canada par lentremise du Programme daide au dveloppement de lindustrie de ldition (PAdie) pour nos activits ddition. La publication de cet ouvrage a t rendue possible grce laide financire de la socit de dveloppement des entreprises culturelles (sOdec).

Mise en pages : inFoscAn collette-Qubec couverture conception : richArD hoDgson illustration : michle gAuDreAu, service des communications, Universit du Qubec Montral

1 2 3 4 5 6 7 8 9 PUQ 2007 9 8 7 6 5 4 3 2 1Tous droits de reproduction, de traduction et dadaptation rservs 2007 Presses de lUniversit du Qubec dpt lgal 4e trimestre 2007 bibliothque et Archives nationales du Qubec / bibliothque et Archives canada imprim au canada

Pierre Dansereau

DCLARATION DES COMMUNICATEURS ET DES PROFESSIONNELS EN RELATIONS PUBLIQUES DU QUBEC LGARD DU DVELOPPEMENT DURABLEDans la foule des travaux des Nations Unies en 2002, Johannesburg, dans le cadre du Sommet mondial sur le dveloppement durable, les communicateurs et les professionnels en relations publiques du Qubec prennent lengagement de contribuer la promotion et au respect du dveloppement durable dans les sphres relevant de leurs responsabilits et de leurs activits au sein de la socit qubcoise. Ce faisant, ils font leur la dnition du dveloppement durable propose par le Rapport Brundtland en 1987 : Le dveloppement durable est un dveloppement qui rpond aux besoins du prsent sans compromettre la capacit des gnrations futures de rpondre aux leurs. Les communicateurs et les professionnels en relations publiques du Qubec sengagent

prner une vision fonde sur le respect des personnes, des systmes vivants et de lenvironnementqui favorise une conomie respectueuse des impacts de ses activits, une socit juste et un environnement sain pour les gnrations actuelles et venir, dans une perspective damlioration de la vie des personnes et de prservation des ressources.

apporter leur contribution professionnelle la sensibilisation des diffrentes collectivits, organisations et entreprises de la socit qubcoise envers des pratiques respectueuses des principes du dveloppement durable. stimuler lacquisition et le partage des savoirs et des savoir-faire sur laspect communicationnel du dveloppement durable. mettre en vidence les enjeux relis au dveloppement durable et encourager le dialogue avec les groupes citoyens et les diffrentes parties prenantes des organisations et des entreprises. ne ngliger aucun effort de communication pour favoriser la concertation, la collaboration et limputabilit des dcideurs face ces questions. favoriser lessor du dveloppement durable dans les diffrents rseaux o ils interviennent.En prenant cet engagement, les communicateurs et professionnels en relations publiques du Qubec entendent rendre hommage aux nombreuses personnes et aux nombreux groupes qui ont trac la voie du dveloppement durable au Qubec et, avec eux, ils souhaitent participer activement au renforcement des trois fondements interdpendants du dveloppement durable, le dveloppement conomique, le dveloppement social et la protection de lenvironnement, dans la poursuite de luvre du pionnier du dveloppement durable du Qubec, Monsieur Pierre Dansereau Sign Montral, le 4 octobre 2006 Alliance des cabinets de relations publiques du Qubec Association des communicateurs municipaux du Qubec Association internationale des professionnels en communication Montral Socit qubcoise des professionnels en relations publiques Colloque Dveloppement durable et communications Centre dtudes sur les responsabilits sociales, le dveloppement durable et lthique Chaire en relations publiques Facult de communication Universit du Qubec Montral

Montral, le 4 octobre 2006 Aux communicateurs et professionnels en relations publiques du Qubec Jaimerais vous dire combien je suis mu de lengagement que vous prenez aujourdhui lgard du dveloppement durable. la veille de mon 95e anniversaire, demain le 5 octobre, je ne peux traduire en mots le bonheur que jprouve toujours voir les valeurs du dveloppement durable essaimer au sein de la socit : un rve de quasi toute une vie qui, dans mon cas, compte de nombreuses annes, comme vous le savez. Je salue lengagement que vous prenez lgard du dveloppement durable. Je men rjouis puisquil tmoigne de limportance que chacun de nous doit accorder aux valeurs qui nous permettent denvisager lavenir avec srnit. La protection de lenvironnement, la compassion, le partage quitable des richesses et la lutte au gaspillage doivent guider notre qute lgitime du bonheur. Il nous faut regarder bien au-del de lhorizon du court terme et du prot facile pour laisser aux jeunes daujourdhui et aux gnrations futures lespoir dun monde meilleur. Le dveloppement durable dpend des possibilits de diffrenciation. Sa durabilit y rside. Cest dire que la seule augmentation, de volume par exemple, ne suft pas. Cette fonction rpond ladaptabilit de lorganisme (vgtal, animal, humain) aux uctuations et aux modications de lenvironnement. Un engagement solennel, vous le savez, prend toute son importance dans laction qui en dcoule. Il faut nous y investir an que dans tous les secteurs, on obtienne une adhsion et une participation active dun grand nombre de personnes. Encore faut-il que le dveloppement durable se rednisse avec les rapides changements sociaux qui sannoncent. Je vous souhaite davoir la force et le courage de traduire en gestes concrets votre engagement, avec solidarit et conance. Je ne peux tre prsent parmi vous, aujourdhui, mais cest de tout cur que je soutiens votre dclaration, votre engagement.

Pierre Dansereau, Ph. D.

M A T I R E S

REMERCIEMENTS .................................................. xix INTRODUCTIONAu-del des mots Pour un vritable engagement.......................................... Solange Tremblay 1

PARTIE IAssises .......................................................................... 7

CHAPITRE 1Du sous-dveloppement au dveloppement durable Lmergence dun nouveau concept................................... Solange Tremblay Le dveloppement : un concept charg didologie.... Le dveloppement du sous-dveloppement ................ Un double sous-dveloppement................................... Globalisation, comptitivit et transnationales ......... Globalisation et dveloppement : une antinomie ....... Mouvement de surveillance civile ............................... Quelle responsabilit ? .................................................. Des organisations et communications contrles....... mergence de nouvelles valeurs sociales ..................... Du sous-dveloppement au dveloppement durable ..... 9 10 11 12 12 14 15 16 17 17 18

D E S

CHAPITRE 2Mise en uvre de la Loi sur le dveloppement durable Un rle central pour les communicateurs......................... Lopold Gaudreau 21 22 22 24 24 26 26 27 28 29 29

T A B L E

Un engagement au plus haut niveau .......................... Une importante consultation publique ....................... La Loi sur le dveloppement durable .......................... Pourquoi lgifrer ?............................................. Une dnition qui dtermine le cadre de la dmarche.............................. Les principes de dveloppement durable.......... Une stratgie gouvernementale ......................... Lvaluation des rsultats ................................... Un nouveau cadre de gouvernance................... Les enjeux communicationnels....................................

xiv

Dveloppement durable et communications

CHAPITRE 3Dveloppement durable et enjeux communicationnels Les grandes questions ............................................................................ Solange Tremblay Un profond mouvement de socit.............................................. Les grandes questions........................................................................... Le Quoi ? .............................................................................. Le Pourquoi ? ....................................................................... Le Qui ? ................................................................................ Le Quand ? ........................................................................... Le Comment ?...................................................................... Lentreprise lheure des choix : ordinaire ou durable ?................... Les communications au cur du changement ................................. Dveloppement durable et enjeux de communication .................... Conclusion ............................................................................................ 33 34 35 36 39 40 43 45 50 52 55 61

CHAPITRE 4RSE et DD Des pratiques en qute de lgitimit ................................................. Alain Lapointe Le discours de la RSE et du DD .................................................... Les pratiques de RSE............................................................................. Lenjeu de la crdibilit........................................................................ Conclusion ............................................................................................ 63 65 70 72 76

CHAPITRE 5Mondialisation, dveloppement durable, gouvernance et dmocratie Comment assurer un dveloppement vritablement durable et rendre la mondialisation plus quitable ?...................................... Guy Lachapelle Repenser le rle de ltat et mettre n aux dsquilibres ........... Le modle multilatral et lespace local : vers de nouvelles stratgies ............................................................. La socit civile et la gouvernance mondiale .................................... Le respect des identits et des cultures............................................... Conclusion ............................................................................................

77 80 82 84 86 87

Table des matires

xv

CHAPITRE 6La transparence Une nouvelle force sociale et conomique ............................................ David Ticoll La responsabilit sociale des entreprises : une mode ?................. Quelques exemples .............................................................................. La transparence : une nouvelle force de lentreprise et de la socit ........................................................ Btir une stratgie de la transparence ................................................ La perception de lintgrit de lorganisation : quatre valeurs centrales................................................................... La transparence et les communications ............................................ 89 90 91 94 96 97 99

PARTIE IIInterventions ................................................................................. 101

CHAPITRE 7Le dialogue avec les parties prenantes Une communication dentreprise responsable.................................... 103 Myriam Truchon, Gilles Favreau et Christine Locas Rputation et personnes morales ............................................. Communication et cration de valeur Hydro-Qubec.................. La mesure de lamlioration................................................................ Parties prenantes, entreprises apprenantes ....................................... Conclusion............................................................................................ 105 106 111 112 113

CHAPITRE 8Une approche durable pour lentreprise Viser consciemment la durabilit ..................................................... 115 Richard B. Evans La durabilit au cur de la stratgie daffaires............................ Comment mettre en uvre la durabilit ? ........................................ Des exemples concrets ....................................................................... Pour un processus global..................................................................... 117 118 120 127

xvi

Dveloppement durable et communications

CHAPITRE 9Les acquisitions coresponsables au gouvernement du Qubec et les communications avec les parties prenantes.... 131 Landre A. Morin Un engagement de la haute direction.......................................... La politique dacquisitions coresponsables : un pas vers le dveloppement durable .......................................... Communication avec les parties prenantes ....................................... Signature visuelle................................................................. Communications avec les publics internes........................ Communications avec les publics externes ....................... chos positifs ....................................................................................... Les rgles de conduites ....................................................................... 132 133 135 135 136 139 142 142

CHAPITRE 10Les stratgies fdrales de dveloppement durable Dix ans dengagement, de mise en uvre et de sensibilisation................ 145 Thrse Drapeau Contexte et historique................................................................... Le dveloppement durable en action ................................................. Communications et rseaux................................................................ Constats gnraux ................................................................................ Nouvelle orientation pour la quatrime gnration ......................... Enjeux de communication publique .................................................. Conclusion ............................................................................................ 146 146 150 151 152 153 154

CHAPITRE 11Collectivits viables Un processus de communication et de sensibilisation ....................... 155 Pascal Lalibert Le dveloppement urbain actuel : un cauchemar ........................ Dveloppement durable, collectivit viable et communication ...... Publics et objectifs de communication .............................. Les moyens dintervention ................................................. Conclusion ............................................................................................ 156 158 159 160 164

Table des matires

xvii

CHAPITRE 12Une communication responsable pour une rputation durable..... 165 Rick Petersen Transformation des attentes.......................................................... Perte de conance................................................................................ Enjeux propres aux secteurs dactivit ............................................... Crises communes ................................................................................. Obligation de duciaire....................................................................... Rponses des organisations ................................................................. Engagement lgard des parties prenantes...................................... Cadres et normes sur le plan international....................................... Obligation dinformer le public.......................................................... Innovation ............................................................................................ Positionnement thique ...................................................................... Surveillance et attestation ................................................................... Communication axe sur la durabilit .............................................. Stratgie intgre .................................................................................. 166 167 167 168 168 169 170 171 171 173 174 174 175 175

PARTIE IIIReddition de comptes ................................................................... 177

CHAPITRE 13Lessentiel sur la certication pour communiquer sa performance ............................................ 179 Jacques Girard Imputabilit, reddition de comptes, responsabilit : un mouvement de fond............................................................ La normalisation en matire de dveloppement durable ................ Porte gographique des lgislations et complexit de la concordance dinformation................................... Mouvement de responsabilit et de reddition des comptes ... Besoins des organisations de se distinguer ........................ Comparabilit, valuation concurrentielle ou talonnage.... Crdibilit ............................................................................ Complmentarit ................................................................ 180 181 181 181 182 183 183 184

xviii

Dveloppement durable et communications

Communication de la performance ................................................... La normalisation au Qubec ............................................................... Normes consensuelles .......................................................................... Des liens avec de nombreux acteurs sur des sujets varie .... La communication essentielle ............................................................. Des bnces pour les parties intresses .......................... Conclusion ............................................................................................

184 185 185 188 188 189 189

CHAPITRE 14tude de cas Premier plan stratgique de dveloppement durable de la collectivit montralaise. De la concertation laction, un premier bilan................................................................................ 191 Danielle Lussier Contexte......................................................................................... Engagement des plus hautes instances......................................... Une collectivit qui passe laction ................................................... Premier plan stratgique de dveloppement durable de la collectivit montralaise ........................................................ Une dmarche rigoureuse .................................................................... Les communications et la promotion du Plan.................................. 192 193 194 196 201 211

ANNEXE IDclaration des communicateurs et des professionnels en relations publiques du Qubec lgard du dveloppement durable ........................................................... 217

ANNEXE IILoi sur le dveloppement durable ............................................... 221

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................... 241 COLLABORATEURS ................................................................ 265

R E M E R C I E M E N T S

xx

Dveloppement durable et communications

Nous tenons exprimer notre vive reconnaissance toutes les personnes qui ont contribu la ralisation de ce livre. Auteurs : Thrse Drapeau, Richard B. Evans, Gilles Favreau, Lopold Gaudreau, Jacques Girard, Guy Lachapelle, Pascal Lalibert, Alain Lapointe, Christine Locas, Danielle Lussier, Landre A. Morin, Rick Petersen, David Ticoll, Myriam Truchon. Presses de lUniversit du Qubec : Cline Fournier, directrice gnrale, Marie-Nolle Germain, directrice de la production, ainsi que toute lquipe des Presses de lUniversit du Qubec. Prparation des textes : Karine Casault. Toute notre gratitude Danielle Maisonneuve, titulaire de la Chaire en relations publiques de lUniversit du Qubec Montral, pour ses conseils inestimables et sa disponibilit continue au cours de la prparation de cet ouvrage, ainsi que pour son soutien inconditionnel lamlioration des connaissances et des savoir-faire en communication et relations publiques.

COLLOQUENous souhaitons galement ritrer nos remerciements les plus cordiaux toutes les personnes et toutes les organisations qui ont apport leur gnreuse collaboration et rendu possible la tenue du Colloque Dveloppement durable et Communication, le 4 octobre 2006.

P ROGRAMMEOuverture du colloque : Pierre Mongeau, Pierre Parent. Confrenciers : Thrse Drapeau, Lopold Gaudreau, Jacques Girard, Toby Heaps, Guy Lachapelle, Pascal Lalibert, Danielle Lussier, Landre A. Morin, Rick Petersen, Erik J. Ryan, David Ticoll, Myriam Truchon. Animateurs : Alain Lapointe et Dominique Ferrand. Matre de crmonie : Michel Dumas.

C RMONIE HOMMAGE P IERRE D ANSEREAUAssociations signataires de la Dclaration : Alliance des cabinets de relations publiques, Association des communicateurs municipaux du Qubec, Association internationale des professionnels en communication section Montral, Socit qubcoise des professionnels en relations publiques. Animatrice: Danielle Maisonneuve.

S ALON D INFORMATIONAlcan, Hydro-Qubec, Ville de Montral.

Remerciements

xxi

Bureau de normalisation du Qubec, Commissaire au lobbyisme, Groupe interministriel fdral du dveloppement durable. Alternativauto, Centre qubcois du Dveloppement durable, quiterre, Environnement Jeunesse, Oxfam-Qubec, Regroupement national des conseils rgionaux de lenvironnement du Qubec, Vivre en Ville.

P ARTENAIRES DE L VNEMENTCommanditaires principaux : Alcan, Hydro-Qubec, Ville de Montral, UQAM. Commanditaires: Bureau de normalisation du Qubec, Commissaire au lobbyisme, conomie Logique, Ministre des ressources naturelles du Canada, RECYC-QUBEC. Partenaires : Ministre du Dveloppement durable, de lEnvironnement et des Parcs. Alliance des cabinets de relations publiques, Association des communicateurs municipaux du Qubec, Association internationale des professionnels en communication Montral, Forum des responsables des communications du gouvernement du Qubec, Socit qubcoise des professionnels en relations publiques.

C OMIT ORGANISATEURMichel Dumas, Danielle Maisonneuve. Collaborateurs : Jacques Prescott, Francine Jacques, Nathalie Benot, Daniel Hbert. Coordination gnrale : Judith Goudreau. Coordination du Salon dinformation et de lvnement co-responsable: Karine Casault. Collaborateurs : Pierre Brub, Gabrielle Collu, Jenny Desrochers, Deanna Drendel, Michle Gaudreau, Christian Leray, Jonathan Martel. quipe de soutien (bnvoles-tudiants): Richard Rioux, Marjolaine Voiselle. quipe verte (bnvoles-tudiants): Sandra Chabannel, Alexandre Deschamps, Carolane Doyon, Marie-Pierre thier, Marie-France thier-Danis, Nathalie Jutras, Marie-Pierre Leclerc, Chantal Legault, Suzana Medina, Maryline Morin, Alexandre Paquette, Richard Rioux, Julie Sageau, Marjolaine Voiselle. Nos remerciements les plus cordiaux Michel Dumas, directeur du Centre Enzyme d'innovation de la Chaire en relations publiques, pour son soutien continu, sa complicit et son rle prcieux et essentiel toutes les tapes de la planication et de lorganisation de cet vnement. Solange Tremblay

I N T R O D U C T I O N

AU-DEL DES MOTS Pour un vritable engagementSolange TremblayUniversit du Qubec Montral

2

Dveloppement durable et communications

En octobre 2006, 300 communicateurs de tous les secteurs dactivit au Qubec participaient au colloque Dveloppement durable et Communications Vers un nouvel engagement des communicateurs1. La rencontre sest inscrite comme la premire contribution du milieu des communications la mise en uvre du Plan de dveloppement durable du Qubec, la suite de ladoption de la Loi sur le dveloppement durable du gouvernement qubcois en avril 2006. Ce colloque, qui a galement t le lieu dune rexion collective sur le rle des communications relativement cet enjeu majeur, sest cltur par la signature dun engagement collectif au cours dune crmonie ofcielle rendant hommage au pre du dveloppement durable au Qubec, monsieur Pierre Dansereau2. Cet ouvrage se situe dans le prolongement de cette journe et de cet engagement.

DIALOGUEPar le ton, par son contenu, ce livre se veut un espace de dialogue. Dialogue en ce quil repose sur lchange qui a d sorchestrer entre de nombreux groupes pour tmoigner des expriences concrtes et des rexions qui sont prsentes au l des pages et des textes proposs. Dialogue parce quaucun des textes prsents nest impos comme une faon de faire ou un prt--penser. Dialogue par opposition rgle suivre, comme peut ltre le modle de lorganisation scientique du travail (taylorisme3) o est xe une image invariable du cadre dopration des organisations. Jug trs contraignant aujourdhui, ce schma se rsume peu de choses: le patron dicte des objectifs ; il impose un ensemble dactivits, de moyens et doutils pour les atteindre ;

1.

2.

3.

Organis par la Chaire en relations publiques et son Centre dtudes sur les responsabilits sociales, le dveloppement durable et lthique (Universit du Qubec Montral). Professeur mrite de lUniversit du Qubec Montral, pre de lcologie au Qubec, dtenteur de nombreux doctorats honoriques, Pierre Dansereau est reconnu lchelle internationale comme lun des fondateurs de lcologie moderne. Cette mthode, qui porte le nom de son auteur, Frederick Winslow Taylor, a eu un large cho dans les pays lancs dans la course industrielle. Lnine, Mussolini et Hitler sen sont aussi inspirs. Voir The Principles of Scientic Management, paru en 1911.

Introduction

3

il contrle leur ralisation, les cadences ; il vrie les rsultats nanciers trimestriels, annuels ; il mesure ses ralisations, ses performances ; le prot le flicite ou le remplace. De faon caricaturale, deux personnages dtiennent une autorit dans ce modle : le patron et le prot. Cette autorit en est une de pouvoir, de contrle, o lun des personnages est soumis la dictature de lautre. Cette autorit en est une dopposition qui relve dun matre unique qui gouverne avec une seule loi, intrinsque sa nature. Il est intressant de noter labsence dautres personnages dans ce modle. Lorganisation est une le, centre sur elle-mme. Elle impose et dispose. Les employs ny sont que des moyens pour atteindre des objectifs, ils y sont des outils remplaables. Quelles que soient les ressources humaines ou matrielles , elles nont pas dme : employs, fournisseurs ou matires premires sont tris en fonction des meilleurs cots, quelle que soit leur provenance. Elles sont achetes et lui appartiennent. Intressant de noter aussi lexclusion des clients de ce modle : ils sont mesurs laune du dollar potentiel quils reprsentent. Lentreprise leur cre des besoins, ils consomment. Dans ce modle, la communication dans son sens premier de avec ou en commun nexiste pas encore. On doit plutt parler dinformation ou de communication sens unique, de haut en bas, dirige. On doit parler de messages qui sont vhiculs pour un effet de persuasion4.

INTERRELATIONSCe livre sinscrit sur un autre modle, un modle qui na aucun personnage puisque, par dnition, les personnages sont des tres crs et imposs qui nont pas dindividualit propre et dont lexistence mme est un discours invent et x. Cette mtaphore se prte bien au taylorisme et son auteur dont luvre, parue en 1911, met

4.

Ce type de communication, que James Grunig appelle le modle unidirectionnel asymtrique, correspond la premire phase des relations publiques, au cours de laquelle les gestionnaires dictent les messages de lorganisation aux agents dinformation (Grunig et Hunt, 1984).

4

Dveloppement durable et communications

en scne une spcialisation stricte des rles dans lorganisation lintrieur de laquelle chaque fonction rpond un format organis scientiquement, sans participation de lindividu lorganisation de son travail. loppos, ce livre est une action qui se poursuit. Il est construit avec des acteurs nombreux qui crent et inventent laction et renouvellent continuellement leur rle. Cest un espace de dialogue parce quil rsulte de rexions et dexpriences qui prennent corps avec plusieurs groupes sociaux. Et parce quil remet en scne pour dautres groupes5 des expriences qui sont des actions dinterrelations entre lorganisation et diverses entits sociales : des actions dchange dinformations, de sensibilisation, de participation et de concertation. Ces actions prennent place au sein mme de lorganisation ou lextrieur : quil sagisse de la communaut de proximit ou de la communaut plus large. Cet espace de dialogue laisse ainsi libre cours lanalyse et de nouvelles interactions entre lorganisation et dautres groupes. Car les lecteurs participent ce dialogue en intervenant dans son interprtation et son analyse. Ce rle en fait des lecteurs-acteurs, selon la thorie de la rception active, labore par Thayer (1968). Cet ouvrage est ainsi une plateforme sur laquelle il est possible de sattarder : le lecteur-acteur peut sy arrter pour poser un regard derrire lui ; xer, analyser et comprendre lide ou la situation perue ; et tablir sa propre perspective.

INTERINFLUENCELes textes proposs se sont enrichis depuis le colloque Dveloppement durable et communications. Ils poursuivent lchange et alimentent linformation avec des exemples et des rfrences.

5.

On fait rfrence aux diffrents groupes qui peuvent tre intresss par le dveloppement durable, par les communications ou par des expriences concrtes de nouveaux modles de gestion dans les organisations, quil sagisse : de conseillers stratgiques, de chargs de projets, dcoconseillers, de jeunes communicateurs, de gestionnaires, dtudiants, de gens daffaires, de chercheurs, denvironnementalistes, de spcialistes du dveloppement durable ou de tout autre acteur social.

Introduction

5

Des analyses et des rexions tentent tout dabord de comprendre les diffrents ancrages du dveloppement durable, son mode dapparition, son sens global, sa connexion dans la sphre publique, son impact social. Elles situent galement les cadres de la mise en uvre de la Loi sur le dveloppement durable du Qubec. La partie Interventions prsente des partenaires runis dans laction, en un microcosme dacteurs sociaux qui peuvent se retrouver autour dune mme table pour participer un processus de dveloppement durable aux cts dune organisation : ministre, industrie, socit dtat, municipalit, ONG, organisme gouvernemental, groupe de communication. Les organisations qui ont accept de participer cette publication se posent ainsi comme des maisons ouvertes encourageant les rencontres, la connaissance mutuelle, le dialogue. Elles sy prsentent comme des citoyennes membres dune communaut aux cts de nombreux groupes qui peuvent, en fonction de leur intrt, exercer une inuence positive ou ngative sur leurs activits6. Les textes recueillis communiquent avec le lecteur-acteur des expriences concrtes faisant tat de dmarches de dveloppement durable bases sur lengagement, la concertation et la participation. Enn, limportance de lvaluation et de la reddition de comptes est souligne dans la dernire partie et donne lieu une tude de cas dtaille. Cette forme dinteraction dnit le modle de communication symtrique bidirectionnelle permettant lorganisation dinteragir adquatement avec ses publics (Grunig et Hunt, 1984). Dialogue enn parce quil traite de communication. En fait, la communication dont il est question dans ce livre suppose une capacit douverture, dcoute, de respect des ides et induit la possibilit dinterinuence : un processus de communication base sur linteraction, linterpntration et linterdpendance entre lorganisation et ses publics permettant lorganisation dtre inuence son tour par ses publics (Gollner, 1983). Elle na pas dautres fonctions.

6.

Ces groupes sont identis comme des parties prenantes ou parties intresses : les stakeholders en langue anglaise. Voir notamment : A.B. Carroll (1979). A Three Dimensional Conceptual Model of Corporate Performance , Academy of Management Review, vol. 4, no 4, p. 497-505 ; M. Clarkson (1995). A stakeholder framework for analyzing and evaluating corporate social performance , Academy of Management Review, vol. 20, no 1, p. 92-117.

6

Dveloppement durable et communications

COMMUNICACTIONMais ce livre nest pas termin. Et nous esprons quil sera suivi de beaucoup dautres ouvrages en construction lexemple du dveloppement durable. Comme il en sera en effet trait dans les pages qui suivent, le dveloppement durable est un processus damlioration continue qui sautovalue en boucle, des tapes prdtermines, pour poursuivre le processus damlioration et la dmarche de dveloppement durable. En ce sens, cet ouvrage runit des expriences inspirantes qui sinscrivent un des moments du processus itratif dj en uvre dans ces organisations ainsi que des analyses qui souscrivent limportance du dbat, de la circulation des ides et de lamlioration continue des connaissances. La communication est au cur de cette ncessaire rexion sur les enjeux communicationnels du dveloppement durable. Elle sy insre comme un espace ouvert et dynamique, comme un lieu de rencontre, dchanges et dinterinuence, possible seulement dans un dialogue entre plusieurs acteurs : des tres daction. Cet ouvrage na aucune autre prtention. Tout reste encore apprendre. Nous aimons croire toutefois, la faveur des profondes et rapides transformations insufes par les valeurs du dveloppement durable, quun nouvel espace de communication est en train de se dessiner situant de plus en plus lacte de communiquer dans la socit comme une communicaction. Nous aimons croire galement que les professionnels de la communication sengageront dans ce nouvel espace en rednissant de plus en plus leur rle comme des communicacteurs qui interviennent comme des interfaces dynamiques encourageant la comprhension mutuelle et un double processus dinuence entre lorganisation et les nombreux groupes de la socit ; comme des claireurs qui permettent de mieux comprendre les enjeux sociaux mergents ; et comme des agents de changement soutenant leurs organisations dans la ralisation de leur mission tout en contribuant lvolution et la dmocratisation de nos socits (Maisonneuve, Lamarche et St-Amand, 1998). Le dialogue et laction se poursuivent. Cet ouvrage nest pas termin.

IASSISES

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1DU SOUS-DVELOPPEMENT AU DVELOPPEMENT DURABLE Lmergence dun nouveau conceptSolange TremblayUniversit du Qubec Montral

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A

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Dveloppement durable et communications

On situe gnralement lapparition du concept de dveloppement durable au cours des annes 1980, alors quon assiste lmergence de nouvelles valeurs sociales un peu partout dans le monde. Mais les premiers ancrages du dveloppement durable remontent aux annes 1970, avec la comprhension, nouvelle alors, que les ressources de la Terre ne sont pas illimites. Aujourdhui, on en parle comme dun phnomne irrversible qui se situe dans le sillage dun profond mouvement de socit dont les chos se rpercutent lchelle de la plante. Pour comprendre le contexte dapparition de ce vaste et complexe concept, revenons tout dabord la notion de dveloppement do il prend ses racines.

LE DVELOPPEMENT : UN CONCEPT CHARG DIDOLOGIELe concept de dveloppement a engendr plusieurs formes de dnitions et sest prt des signications qui ont vari dune poque lautre ainsi que dun peuple lautre. En fait, ses diffrentes dnitions, issues dapproches tout aussi diffrentes, ne sont pas neutres mais charges didologie (Shanker, 1996). Dune manire gnrale, le terme est associ un processus permettant une entit dvoluer peu peu vers la ralisation de son plein potentiel. De Wolf (1759) Darwin (1859), cent ans scoulent au cours desquels la notion de dveloppement reprsentera tout dabord une ide de transformation dune entit vers sa forme adquate, pour rejoindre, avec Darwin, lide dun processus de transformation vers une forme toujours plus parfaite : les termes dvolution et de dveloppement commencent alors devenir interchangeables. Les connotations de croissance et de maturit comprises dans leurs sens biologique se retrouveront bientt aussi dans la sphre sociale. Lexpression impliquera nalement une ide de transformation dune forme infrieure vers une forme suprieure ou dun tat pire un tat meilleur. Cest ainsi que lhistoire des socits humaines sera, son tour, peu peu interprte comme un processus graduel et linaire permettant davancer vers un destin ncessaire et invitable , confrant au terme un pouvoir colonisateur sans prcdent qui bnciera aux vises occidentales (Esteva, 1992). Mais avec la rapide croissance quentrane la rvolution industrielle en Europe et aux tats-Unis la n du XIXe sicle, il prend un nouveau sens ax uniquement sur les valeurs conomiques. La croissance

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conomique devient, pour les pays industrialiss, la nouvelle nature du dveloppement et lindustrialisation, la voie principale pour y accder (Rogers, 1976).

LE DVELOPPEMENT DU SOUS-DVELOPPEMENTMais cest le prsident amricain Harry S. Truman qui lance lre moderne du dveloppement, le 20 janvier 1949, en inventant la nouvelle terminologie qui allait dcrter comme sous-dveloppes des rgions entires du monde, soit lquivalent des deux tiers de lhumanit : We must embark on a bold new program for making the benets of our scientic advances and industrial progress available for the improvement and growth of underdeveloped areas. Cest lre des rgions conomiquement arrires, des nations pauvres et des nations riches. Le dveloppement devient de plus en plus un processus qui dnit laltrit en rappelant aux deux tiers de lhumanit ce quils ne sont pas et lobligation de se soumettre un idal impos par dautres :On that day, two billion people became underdeveloped. In a real sense, from that time on, they ceased being what they were, in all their diversity, and were transmogried into an inverted mirror of others reality : a mirror that belittles them and sends them off to the end of the queue [] (Esteva, 1992, p. 7).

Cest ce que Marx notait dj dans Le capital : les socits dveloppes reprsentent pour les socits moins dveloppes limage concrte de leur propre avenir. Aprs la Deuxime Guerre mondiale en effet, lobjectif essentiel du dveloppement sera dengendrer la croissance selon une vision reposant sur des idaux conomiques et selon le principe des tapes franchir pour devenir dvelopps . Cette vision a entran son lot doppositions en mettant notamment en lumire que les analyses exclusivement conomiques ne permettent aucunement dexaminer le volet sociologique des changements qui peuvent tre en cause chez les populations concernes : entre autres les habitudes de vie ou les valeurs culturelles traditionnelles potentiellement affectes (Robertson, 1996). Selon Rogers (1976), ce paradigme du dveloppement, centr sur des valeurs conomiques

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uniquement mesurables en dollars, a permis dexclure des pays issus de civilisations sculaires trs riches culturellement (et ayant mme contribu faonner les cultures occidentales), mais pauvres en termes de liquidits disponibles1.

UN DOUBLE SOUS-DVELOPPEMENTEn fait, cette vision de la croissance qui a domin dans les pays dits riches tait un rel frein au principe de dveloppement sur une longue priode. Favorisant lexpansion des marchs et la consommation de masse, elle repose sur la production en srie, les grands inventaires, lutilisation maximale des ressources naturelles. Mais laccroissement des richesses matrielles quelle encourage fait bientt sonner les premires alarmes : les ressources de la Terre ne sont pas illimites et lempreinte cologique de lactivit humaine dpasse la capacit biologique de la Terre dy rpondre sur le plan environnemental (Club of Rome, 1972). The Limits to Growth qui parat alors porte bien son message : cette vision du dveloppement nest pas viable. Ainsi, tout en acclrant la progression de lide qualiant de sous-dveloppes des rgions entires de la plante, cette vision de la croissance mettait en place un processus de rarfaction des ressources naturelles de la Terre, faisant place un sous-dveloppement graduel, annonciateur de leur disparition. Articule autour de ces deux grands axes et centre uniquement sur des valeurs conomiques, cette nouvelle re cristallise en fait une re de double sous-dveloppement.

GLOBALISATION, COMPTITIVIT ET TRANSNATIONALESLgitimant leurs propres vues dexpansion, les entreprises, devenues multinationales, sont au cur de cette vision de croissance et participent au cours de cette priode la mondialisation mergente de lconomie et des socits. Cest la circulation des capitaux lchelle mondiale qui constitue le moteur de cette re qui se caractrisera notamment par des oprations internationales de plus en plus domines par les entreprises transnationales.

1.

Rogers mentionne lInde, la Chine, la Perse et lgypte.

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Daprs un rapport prpar par la Confrence des Nations Unies pour le commerce et le dveloppement (CNUDED), ces rmes transnationales avaient dj russi, en 1995, contrler les deux tiers de toute lconomie mondiale2. la mme priode, linvestissement direct tranger (IDE) connaissait un accroissement de 46 % : un niveau encore jamais atteint qui indique que les corporations transnationales avaient acclr le rythme de leur appropriation des marchs trangers et, par le fait mme, celui de la globalisation dans le monde (UNCTAD, 1996). Lentreprise mondiale crait au cours de cette priode les conditions lui permettant de devenir lacteur numro un de lconomie et de la socit contemporaines. Avec ce statut, on stonne alors de moins en moins que ce soient elles qui dictent les rgles du march et quelles se substituent peu peu aux autorits publiques dans la direction de la socit et le contrle de la richesse mondiale. Comme lexplique le Groupe de Lisbonne dans Limites la comptitivit, un nouveau type dalliances sest form entre tats et entreprises :[] les entreprises ont besoin des tats locaux pour tre en mesure de faire face la mondialisation et de se mondialiser elles-mmes. Les tats ont leur tour besoin des entreprises uvrant lchelle mondiale pour assurer leur lgitimit et leur perptuation en tant quentits locales . En consquence, les entreprises acquirent peu peu une lgitimit historique et un rle social qui bien des gards, se rapprochent de ceux normalement dvolus ltat (Groupe de Lisbonne, 1995, p. 130).

lheure de la globalisation, en effet, la comptitivit et lexpansion des marchs sont les nouvelles lois et les cibles viser tendent leur tour se globaliser : les peuples eux-mmes sont de plus en plus considrs comme les nouveaux marchs conqurir. Selon John Ralston Saul, le march est devenu une nouvelle idologie : le monde des affaires et du commerce a t di, ironise-t-il dans The Unconscious Civilization (Saul, 1995, p. 81).

2.

Daprs un rapport traitant des investissements dans le monde, voir : C. Raghavan (1996). TNCs Control Two-Thirds of the World Economy , Global Policy Forum, 24 janvier.

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GLOBALISATION ET DVELOPPEMENT : UNE ANTINOMIEMais plusieurs interrogent ce pouvoir des grandes corporations. Si la stratgie centrale de la rme globale est la cration dun environnement conomique global qui lui assurera stabilit, croissance et gros prots (Barnet et Muller, 1975), comment peut-elle dfendre son rle de partenaire du dveloppement des pays moins avancs ? En effet, bien que lide de dveloppement soit inclusive de la notion de soutien, seuls les pays qui ont pu afrmer leur puissance conomique sur le plan international protent de ces changes do sont graduellement exclus les pays en dveloppement. En parallle, des rexions sur lthique en matire de dveloppement remettent en cause lefcacit de laide extrieure dans les rgions pauvres du monde et permettent dexaminer les consquences morales du dveloppement tant du ct de laidant que du ct du pays en dveloppement. On sinquite ainsi de liniquit entre rgions riches et rgions pauvres ainsi que des graves problmes environnementaux qui pourraient ventuellement rsulter de la mise en uvre, partout sur la plante, des mmes niveaux de confort matriel que ceux observs dans les socits fortement industrialises. De toutes parts, les opinions critiques sur la vision capitaliste du dveloppement se multiplient :According to the logic of capitalist development [], there is no economic necessity to save and help the starving 10 per cent of the worlds population. For the world capitalist system, these people are structurally dispensable or disposable. If they die from hunger, there will be no adverse effect on world capitalism. Indeed, world capitalism might even be better off if it could save the expenditures on development aid for those people it does not need as part of its drive for economic growth and efciency (Sakamoto, 1995, p. 134).

En outre, avec lmergence de nombreux groupes de sensibilisation limportance des questions cologiques, on assiste un virage dans les attitudes du public propos de la responsabilit des entreprises dans la pollution, la dgradation de la qualit de vie urbaine et par rapport dautres problmes mettant directement en cause les grandes entreprises prsentes sur les marchs internationaux.

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MOUVEMENT DE SURVEILLANCE CIVILE cet gard, on observe de plus en plus que la construction des marchs globaux tend minimiser les responsabilits des transnationales tout en accroissant leurs droits (Kolodner, 1994). Une vigie se dveloppe autour des activits des rmes globales. De nombreuses crises clatent ainsi avec comme toile de fond des dgts environnementaux, la violation des droits de la personne, le travail des enfants ou des questions dthique qui mettent en cause les entreprises. De faon rgulire, on expose publiquement des situations o les travailleurs et les communauts localises prs des installations des transnationales sont exposs diffrents risques de sant (cancers, maladies neurologiques dus lexposition des substances toxiques) ou mettant en cause la scurit des installations, pouvant aller jusqu entraner des dsastres cologiques3. Un mouvement de surveillance des grandes corporations, de plus en plus organis et visible, orchestre en effet de vastes campagnes de dnonciation des crimes des grandes corporations. Parmi ces groupes, on retrouve le Human Rights Watch, fond en 1978 et le Multinational Monitor lequel diffuse sa liste annuelle des pires entreprises travers le monde. Certaines entreprises peuvent mme se retrouver plus dune fois au banc des accuss pour les mmes dlits. Ce genre de campagnes est trs lourd pour la rputation et entache pour longtemps limage des organisations4. Selon David Korten, une voix trs inuente du mouvement de surveillance des grandes corporations, le vritable enjeu de la comptitivit pour les dfenseurs de cette conception du dveloppement reste le contrle de la richesse et du pouvoir :For nations, communities, and individual workers global competition is about competing against every other nation, community, and worker in the world for a declining pool of jobs by courting corporate favor. It is not about creating new jobs, but rather about redistributing them to those that are willing to give up the most in terms of wages, subsidies, tax breaks, working conditions, and environmental standards. More fundamentally it is about shifting wealth from communities and working people to corporations and shareholders (Korten, 1996a).

3. 4.

J. Greer et S. Kavaljit (1988). A Brief History of TNCs , dans J. Greer et S. Kavaljit, Corporate Watch Campaigners Corner, New York, Global Policy Forum. Un exemple : Multinational Monitor (1988). The 10 Worst Corporations of 1988 , Multinational Monitor, vol. 9, no 12, dcembre.

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QUELLE RESPONSABILIT ? lheure de la globalisation des marchs qui fait de lentreprise transnationale lacteur numro un de la socit contemporaine, sa participation au bien-tre conomique et social des collectivits dans les rgions o elle est prsente soulve ainsi plus vivement encore la question de ses responsabilits sociales. Mais le discours de la globalisation a dardents dfenseurs dans le milieu des affaires : lconomiste Milton Friedman, pour qui la seule responsabilit sociale de lentreprise est laugmentation des prots (Friedman, 1970), et Theodore Levitt, directeur de la Harvard Business Review qui ne lui reconnat quune seule rgle : The governing rule in industry should be that something is good only if it pays (Levitt, 1958). Des ides qui seront largement reprises au cours des annes 1980 et qui permettent de lgitimer les stratgies dexpansion des grandes corporations (Mattelart, 1995). Cette vision du rle troit et unilinaire de lentreprise suscite de nombreuses critiques qui mettent en vidence les vices de ce modle. Signalons, cet gard, ltude de Max B.E. Clarkson, ralise entre 1976 et 1986, qui permet alors de vrier que les entreprises les plus conomiquement orientes et accordant trs peu dintrt leurs responsabilits sociales subissent les contrecoups de leurs orientations : on a en effet pu constater que leurs performances conomiques en bout de ligne se situent au-dessous de la moyenne gnrale et entranent une performance sociale insatisfaisante. loppos, les industries qui ont une performance conomique audessus ou sur la moyenne gnrale durant plusieurs annes sont automatiquement associes celles qui ont intgr leurs responsabilits sociales aux buts de leur organisation (Clarkson, 1988). Dautres tudes dmontrent que la sensibilit de lentreprise aux diffrents changements pouvant intervenir dans son environnement social, conomique, technologique et politique devient une condition essentielle sa survie institutionnelle et que la capacit des grandes corporations participer au processus de changements de leur environnement est une question de premire ncessit pour leur propre croissance.

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DES ORGANISATIONS ET COMMUNICATIONS CONTRLESPar ailleurs, des critiques slvent contre le rle des communications de masse dans le renforcement de cette vision du dveloppement. Caractrises par des communications descendantes de nature diffusionniste et persuasive, elles sont largement utilises par les gouvernements pour tenter dimposer un mode de pense unique aux communauts locales. Mais elles sont aussi perues, particulirement dans certains pays dAmrique latine, comme une prolongation du pouvoir dexploitation des multinationales amricaines dans leurs stratgies de commercialisation de leurs produits (Rogers, 1976). Ce modle de communication correspond en fait la forme de communication qui domine au cours de lre de lorganisation scientique du travail dans les entreprises : une re caractrise par la production en srie, par une forte hirarchisation et par le contrle et o lon dicte les messages de lorganisation aux agents de communication, selon une perspective promotionnelle ou propagandiste (Cormier et Tremblay, 2004). Paralllement, la qualication professionnelle et limportance du savoir stablissent comme nouvelles valeurs dans les organisations avec le courant reconnaissant limportance du capital humain et de lamlioration de la qualit de vie en milieu de travail (Reich, 1984). On souhaite galement des modes dorganisation fondes sur des communications qui ouvrent la voie lcoute, au partage dinformations, au dialogue et la concertation : un modle de communication que Grunig dnit comme des communications symtriques bidirectionnelles (Grunig et Hunt, 1984) permettant aux organisations dinteragir adquatement avec leurs publics, sur une base de conance et de comprhension mutuelles.

MERGENCE DE NOUVELLES VALEURS SOCIALESEn fait, de nouvelles valeurs se dessinent travers le monde. On rednit les notions de richesse selon des bases dpassant la production des biens et des services. Lide de dmocratie prend de nouveaux contours prnant la participation et le partage des pouvoirs. On revendique une meilleure qualit de vie quon commence dcliner en fonction dun ensemble de conditions dterminantes comme une alimentation saine, un environnement intgre et un milieu de vie stimulant ; laccs lducation et aux apprentissages ; et laccs des emplois valorisants et respects sur le plan social. En outre, on ne

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veut plus dissocier la notion dpanouissement personnel de la capacit de pouvoir remplir ses rles sociaux labri de toute forme dexclusions sociales. Notons cet gard que les autorits internationales de la sant rafrment plusieurs reprises au cours des annes 1970 que le dveloppement passe par une amlioration continue des conditions dexistence et de la qualit de la vie des populations dans toutes les socits. Exprimant leurs inquitudes devant les ingalits agrantes dans la situation sanitaire des populations, autant dans les pays en dveloppement que dans les pays dvelopps, elles ritrent avec force ltroite interrelation et linterdpendance existant entre la sant et le dveloppement socioconomique, en insistant sur le fait que les facteurs sociaux sont les vritables moteurs du dveloppement (OMS, 1978, article 25).

DU SOUS-DVELOPPEMENT AU DVELOPPEMENT DURABLECest dans ce contexte quapparat un concept de dveloppement entirement redni et sloignant de lorientation uniquement axe sur la croissance conomique, les choses matrielles et les revenus par habitant. Pour tre vritablement humain, le dveloppement devait sorienter vers une vision centre sur les besoins des populations ; vers une vision favorisant le dveloppement endogne, bti sur les particularits de chaque pays plutt que sur limitation des socits industrielles. Cette approche qui met de lavant des valeurs telles que le progrs social, lgalit et la libert souligne le fait que lorientation macroconomique est fondamentalement contraire au dsir inn dautonomie des hommes. Verhelst (1990) soutient quelle est contraire aux modes de vie, aux valeurs et aux besoins naturels relevs par les populations elles-mmes, partir de leur culture et de leurs croyances5. Il est intressant de noter ici que cette nouvelle perspective a pu germer dune meilleure comprhension gnrale des valeurs et des cultures des socits auparavant considres comme arrires . On observe ce sujet

5.

Rapport dans La viabilit culturelle : une condition de la russite , Express sur le dveloppement, no 93-06, ACDI, 1993.

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[] que le nouvel intrt gnralis des pays riches lgard des questions telles que lcologie, la valeur des relations humaines dans les socits bureaucratiques, et le besoin de sagesse pour alimenter lesprit retent des connaissances traditionnelles caractristiques des socits dites sous-dveloppes (Robertson, 1996, p. 6).

People cannot be developed : they can only develop themselves , explique Rogers qui rappelle que non seulement cette assomption a pu se vrier dans des nations socialistes mais galement dans des pays caractre capitaliste (Rogers, 1976, p. 223). Il rsume ainsi les diffrents courants de la nouvelle vision du dveloppement qui commence prendre corps : [] a widely participatory process of social change in a society, intended to bring about both social and material advancement [] for the majority of the people through their gaining greater control over their environment6. Reconnaissant limportance de la prservation des ressources de la Terre, un tout nouveau concept fait son apparition le dveloppement durable dont lobjectif devrait viser directement amliorer le niveau et la qualit de vie des populations. Cette vision apparat dans la dnition aujourdhui considre sur une base universelle :Un dveloppement qui rpond aux besoins du prsent sans compromettre la capacit des gnrations futures de rpondre aux leurs (Rapport Brundtland, 1987).

6.

Dnition dveloppe dans un article antrieur (1975), reprise dans Rogers, op. cit., p. 225.

2MISE EN UVRE DE LA LOI SUR LE DVELOPPEMENT DURABLE Un rle central pour les communicateursLopold GaudreauMinistre du Dveloppement durable, de lEnvironnement et des Parcs du Qubec

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Le dveloppement durable peut se rvler une mine dor pour les communicateurs tant par la diversit des facettes que cette dmarche peut revtir que par lintrt quelle suscite auprs du public. Comme tout sujet la mode, les piges qui y sont relis peuvent tre nombreux : on peut rapidement tomber dans la facilit, noncer les mmes ides, rpter les mmes exemples, ne donner la parole qu certains gourous du domaine et, nalement, parler denvironnement en pensant traiter de dveloppement durable. Je tenterai dviter ces piges en dcrivant ici lun des apports importants cette dmarche, la Loi sur le dveloppement durable. En crant un nouvel environnement dactions et de communication, cette loi apporte avec elle une couleur nouvelle aux messages vhiculs et permettra daccrotre les manifestations tangibles de dveloppement durable.

UN ENGAGEMENT AU PLUS HAUT NIVEAUAn damliorer le niveau de vie de ses citoyens, de leur assurer un milieu de vie sain et de mieux tenir compte de la diversit de leurs modes de vie dans son dveloppement, le Qubec dcidait en 2006 dinstitutionnaliser le concept de dveloppement durable et de baliser la dmarche par un cadre lgal. Dcoulant dun engagement pris directement par le premier ministre en avril 2003, ladoption lunanimit de la Loi sur le dveloppement durable par lAssemble nationale, en avril 2006, conrme la volont de ltat demprunter la voie du dveloppement durable. Par cette loi, qui sadresse en premier lieu ladministration publique, le gouvernement a ainsi cr une structure qui dnit, encadre et met en place des conditions de succs qui rend crdible toute la dmarche. Et ds le lancement du Plan de dveloppement durable du Qubec, en novembre 2004, la dimension communication fut considre comme un enjeu important.

UNE IMPORTANTE CONSULTATION PUBLIQUEIl y a dabord eu plusieurs manifestations dinformation publique, permettant dinformer la population sur ce projet majeur, notamment : une confrence de presse dans une cole verte Brundtland ; des briengs techniques avec les journalistes ; de nombreux ditoriaux.

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Mais outre ce volet informationnel avec les mdias, lappui des citoyens ce projet, qui vise directement leur qualit de vie, tait primordial. Sans cet appui, tout plan daction, aussi magnique ft-il, naurait pu prendre racine. Cest ainsi que, ds le dbut de la dmarche, une large place a t accorde ceux qui avaient dbattre du dveloppement durable dans leur quotidien, donnant au mot communication tout sons sens : llment interactif de lchange avec la population tant prim sur les rexions des seuls concepteurs du plan gouvernemental. En effet, toutes les activits de communication qui ont entour les travaux sur le processus de prparation de la Loi ont permis aux intervenants de la socit de sexprimer. Je prends pour exemple la tourne de consultation du ministre responsable qui la men dans toutes les rgions du Qubec. Prs de 3 500 personnes se sont prsentes aux audiences o plus de 800 participants ont pris la parole pour nous dire, de faon spontane ou par crit, que le dveloppement durable devait tre une priorit pour le Qubec. D supplmentaire, nous avons galement permis ceux qui navaient pas dpos de mmoires de sexprimer lors des audiences publiques. Il fallait toutefois nous assurer que ces interventions demeurent lies lobjet de la consultation le projet de Plan de dveloppement durable sans bifurquer sur dautres sujets.

Une large tourne de consultation 21 municipalits visites. 3 500 participants aux audiences. 582 mmoires reus. 800 interventions dont 256 faites spontanment. Plus de 4 000 recommandations enregistres.

Il fallait aussi offrir sufsamment de temps pour que le plus grand nombre de participants qui dsiraient exprimer leur opinion sur ce projet ou ragir la prsentation des mmoires puissent le faire. Deux priodes ont ainsi t proposes au cours des audiences, lune rserve aux intervenants inscrits pour soutenir leur mmoire et lautre pour les interventions spontanes. Des balises simples ont

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permis aux participants souhaitant intervenir dans la seconde moiti de laudience de sinscrire leur arrive ou au cours de la pause en prcisant le sujet de leur intervention. La procdure employe a donn dexcellents rsultats. Nous avons pu davantage ouvrir le processus daudience et favoriser la participation et lengagement des citoyens. Nous avons galement pu ragir un plus grand nombre dinterventions et, chose importante, rectier certaines perceptions au regard des commentaires mis. La tourne de consultation publique sur le projet de Plan de dveloppement durable sest rvle un bon exercice dinformation et de sensibilisation.

Une consultation publique largie Du temps pour la libert dexpression des citoyens. Un d organisationnel bien relev. Loccasion de discussions enrichies.

En outre, la grande diversit des intervenants prsents tmoigne dun autre d quont d relever les professionnels de la communication engags dans ce processus de consultation : un d inhrent au thme du dveloppement durable. En effet, la diversit des angles sous lesquels il est possible daborder cette question et, par consquent, la diversit des intervenants susceptibles de se sentir interpells par la dmarche gouvernementale nous ont obligs adapter notre message, sortir du cadre strictement environnemental en nous sensibilisant dautres ralits. Ce fut un exercice enrichissant.

LA LOI SUR LE DVELOPPEMENT DURABLE P OURQUOI LGIFRER ?Pourquoi le Qubec a-t-il dcid de lgifrer en matire de dveloppement durable alors que la population, les organismes et, nalement, toute la socit auraient privilgi un plan daction immdiat ?

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Des intervenants de tous les milieux

En fait, le gouvernement a prfr crer un cadre dintervention qui permettrait de garantir moyen terme le succs de toute la dmarche, de donner une plus grande cohrence aux actions entreprises, de favoriser limputabilit et dassurer la prennit de la dmarche. L se situe un autre d de communication : comment faire adhrer la population une dmarche qui portera ses fruits sur une certaine priode de temps, voire sur une priode de longue dure, plutt que sur des ralisations immdiates et sans garantie datteindre de meilleurs rsultats.

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U NE DFINITION QUI DTERMINE LE CADRE DE LA DMARCHEPour rpondre ces objectifs, la Loi sur le dveloppement durable propose dabord une dnition du dveloppement durable qui permet de circonscrire lobjet de travail :[] un dveloppement qui rpond aux besoins du prsent sans compromettre la capacit des gnrations futures rpondre aux leurs. Le dveloppement durable sappuie sur une vision long terme qui prend en compte le caractre indissociable des dimensions environnementale, sociale et conomique des activits de dveloppement.

Cette dnition rvle toute ltendue de ce concept et le dissocie dune ralit strictement environnementale. Cette dnition, par son contenu, constitue en soi un vaste champ de communication par lensemble des ralits sociales, environnementales et conomiques qui y sont rattaches. Cette dnition montre bien que le dveloppement durable nest pas une recette toute faite, un code quon applique ou encore un cahier de normes suivre. Cest une dmarche qui requiert un changement dattitudes et de faons de faire : en ce domaine, la place des communicateurs sera cruciale pour que le vrai message soit bien vhicul et largement entendu.

L ES PRINCIPES DE DVELOPPEMENT DURABLEDe plus, la Loi sur le dveloppement durable innove plusieurs gards. Elle oblige, par exemple, lensemble de ladministration publique prendre dornavant en compte 16 principes de dveloppement durable universellement reconnus.

Les principes de dveloppement durable Sant et qualit de vie quit et solidarit Protection de lenvironnement Efcacit conomique Participation et engagement Accs au savoir Subsidiarit Partenariat et coopration intergouvernementale Prvention Prcaution Protection du patrimoine culturel Prservation de la biodiversit Respect de la capacit de support des cosystmes Production et consommation Pollueur payeur Internalisation des cots

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Il sagit l dun autre d puisque la Loi prvoit que lensemble de ces 16 principes devront guider les interventions et llaboration des politiques, des programmes, des stratgies et des plans daction pour un dveloppement durable. Lapplication de ces principes oblige questionner nos interventions pour sassurer quelles collent bien au nouveau type de dveloppement recherch. Les ds des communicateurs consisteront alors favoriser une comprhension adquate de la signication et de la porte de ces principes dans des contextes professionnels diffrents et illustrer les bnces tirer de ce questionnement. Ce questionnement devrait notamment permettre de rafner lanalyse, bonier les projets, et obtenir un meilleur contrle sur laction en misant sur la prvention et limplication des clientles concernes.

U NE STRATGIE GOUVERNEMENTALESi le plan de dveloppement durable du Qubec est reprsent dans notre cas par un cadre lgal, lme vritable, le cur mme du plan daction du Qubec sera inscrit dans une stratgie gouvernementale qui dcoule de la Loi. Cette stratgie constituera une sorte de projet de socit o le dveloppement durable deviendra une ralit omniprsente. Cette stratgie qui proposera un programme daction commun pour toute ladministration publique sera dnie en concertation. Dailleurs, son adoption doit tre prcde dune nouvelle consultation publique au cours de laquelle, l encore, le rle des communications sera primordial. Et limportance de cette stratgie est telle que cest le premier ministre qui doit la dposer lAssemble nationale. Ds ladoption de cette stratgie gouvernementale de dveloppement durable, certains travaux majeurs seront immdiatement entrepris. Parmi ceux-ci, on retrouve : la dnition de mesures dinformation et dducation mettre en place au sein du gouvernement ; le dveloppement de mcanismes pour susciter limplication de la population ; la dnition des moyens pour assurer la cohrence des interventions des autorits locales et rgionales concernes.

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Avec ladoption de la stratgie de dveloppement durable, la Loi prvoit galement que les ministres et organismes devront mettre de lavant des actions raliser pour contribuer sa mise en uvre progressive. Ils devront plus prcisment : dterminer et publier les actions raliser pour contribuer atteindre les objectifs gouvernementaux xs dans la stratgie gouvernementale de dveloppement durable ; promouvoir le dveloppement durable auprs de leur clientle. Cest cette tape que le Plan de dveloppement durable du Qubec prendra sa dimension vritable.

L VALUATION DES RSULTATSLa russite du Plan de dveloppement durable du Qubec reposera sur divers mcanismes dvaluation des rsultats ainsi que sur des mcanismes de reddition de comptes qui seront largement diffuss. cet gard, la Loi prvoit ds la premire anne, la nomination dun Commissaire au dveloppement durable qui relvera du vricateur gnral. Parmi ses responsabilits, il devra publier un rapport annuel qui visera, entre autres, valuer les rsultats et assurer la transparence de toute la dmarche. Au-del de lvaluation des rsultats atteints en matire de dveloppement durable par chaque ministre et organisme gouvernemental, la Loi sur le dveloppement durable prvoit aussi la mise en place dun systme dindicateurs permettant de dresser le portrait global de lvolution du dveloppement durable au Qubec. Lvaluation des rsultats comportera ainsi de nombreux ds en termes de communication. Quon pense dabord au partage des informations ncessaires pour dresser ce portrait et le mettre jour. Mais il faudra galement tre en mesure den faire part la population dans des langages comprhensibles et crdibles. Par ailleurs, une place privilgie est rserve au ministre du Dveloppement durable, de lEnvironnement et des Parcs (MDDEP) lintrieur de ce plan de mise en uvre du dveloppement durable. Les nouvelles responsabilits que lui cone le gouvernement visent : promouvoir le dveloppement durable au sein de ladministration publique et auprs du public ; coordonner la dmarche gouvernementale ;

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amliorer les connaissances ; conseiller le gouvernement.

U N NOUVEAU CADRE DE GOUVERNANCELa Loi sur le dveloppement durable constitue ainsi un nouveau cadre de gouvernance pour ladministration publique et ses quelque 150 ministres et organismes auxquels elle sadresse en premier lieu. En outre, cette loi et ses composantes sont faciles communiquer, car elles sont bien articules, simples et prcises dans leurs objectifs et rigoureuses dans leur dmarche de mise en uvre. Se fondant essentiellement sur des caractristiques qui en constituent des conditions de succs, rappelons que ce cadre lgal est : consensuel il est directement issu dun travail collectif ; structurant il cre un cadre commun dinterventions une dnition lgale en dtermine les cadres pour le Qubec, 16 principes doivent tres pris en compte, une stratgie gouvernementale sarticule autour dorientations partages, un systme dindicateurs doit permettre de dresser un portrait global de lvolution du dveloppement durable au Qubec ; engageant il est ax sur les rsultats. Rappelons enn que la Loi sur le dveloppement durable donne au MDDEP un rle de leader en ces matires.

LES ENJEUX COMMUNICATIONNELSExaminons maintenant de plus prs dautres enjeux communicationnels lis la mise en uvre de la Loi sur le dveloppement durable. Comme les objectifs de communication visent la sensibilisation, lamlioration des connaissances et la promotion des valeurs du dveloppement durable, il faut chercher par tous les moyens enrichir le message.

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Dveloppement durable et communications

titre dexemple, le plan daction 2006-2012 de lutte contre les changements climatiques, intitul Le Qubec et les changements climatiques, un d pour lavenir et rendu public par le gouvernement en juin 2006, et aborde cette importante problmatique environnementale sous les angles de la sant, de lconomie, de linnovation, de lducation, etc. Cette manire de traiter des changements climatiques a permis au gouvernement de dnir un programme dactions plus complet tout en touchant un plus grand nombre dintervenants. Ce plan daction dpasse ainsi le simple cadre environnemental et propose une approche plus globale qui sinscrit dans une dmarche souhaite de dveloppement durable. En termes de communication, cette faon de traiter une problmatique particulire permet daller bien au-del de lquation dveloppement durable = proccupation environnementale . Un autre enjeu sera de vhiculer convenablement le sens profond des principes de dveloppement durable inscrits dans la Loi et de faire valoir leur rle et les bnces de cette dmarche pour la population. Cest certainement sur ce plan quon risque dentendre, de lire et de voir au cours des prochaines annes, les russites et les checs les plus importants en termes de communication des messages sous-tendant ces principes. Un autre des enjeux communicationnels porte sur le fait que le dveloppement durable ne sillustre jamais si bien que dans laction. En effet, illustrer le dveloppement durable par laction peut crer un effet dentranement stimulant, que ce soit en faisant connatre les russites, en amenant les gens questionner leurs pratiques ou en partageant linformation et les outils de communication an de soutenir linitiative et de promouvoir linnovation. Pour cela, des ds importants devront tre relevs comme : le dveloppement de communications adaptes aux publics cibles, en fonction de leurs proccupations, de leurs catgories demplois ou dautres variables ; la cration de structures permettant le partage de linformation et des produits entre les ministres et organismes et avec la population ; lexploitation maximale du potentiel des outils informatiques. Soulignons en outre que le dveloppement durable est une notion en constante volution dont les pratiques et les rgles se prcisent avec le temps. Il est donc important dtre au fait des initiatives

Chapitre 2

Mise en uvre de la Loi sur le dveloppement durable

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menes, des rsultats atteints par les acteurs engags sur cette voie tant pour des raisons dinformation, dducation ou de formation que pour des motifs defcience. Sinformer nest pas sufsant toutefois, encore faut-il tre en mesure de bncier de ces expriences. Je terminerai en indiquant que le Plan de dveloppement durable du Qubec et sa Loi constituent la dmarche gouvernementale qui a t adopte pour assurer la mise en uvre de ce vaste programme au Qubec. Cet important engagement concrtis, le grand d relve maintenant de notre capacit susciter ladhsion du plus grand nombre de citoyens autour dobjectifs rassembleurs, aux quatre coins du Qubec.

Les ds Sortir de lquation DD = action environnementale. Susciter ladhsion des orientations et objectifs rassembleurs. Faire connatre les russites sans complaisance.

Le dveloppement durable suppose en effet la collaboration et lcoute an de trouver des solutions adaptes et durables. Et pour cela, il faut apprendre consulter, associer, faire participer, soutenir linitiative. Apprendre transmettre linformation adquate aux bons interlocuteurs et grer les divergences dopinions. Et sassurer de pouvoir faire connatre les russites sans complaisance. Cela reprsente nen pas douter un formidable chantier dintervention pour les communicateurs et souligne leur rle central dans la mise en uvre de la Loi sur le dveloppement durable au Qubec.

3DVELOPPEMENT DURABLE ET ENJEUX COMMUNICATIONNELS Les grandes questionsSolange TremblayUniversit du Qubec Montral

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On parle du dveloppement durable depuis plus de vingt ans maintenant et, au l des annes, un vritable courant de sympathie sest rpandu partout sur la plante. Un peu partout dans le monde, des politiques, des stratgies et des campagnes nationales voient le jour. Du Nord au Sud, toutes les parties du globe sont interpelles par des objectifs de dveloppement durable. Que ses objectifs concernent lensemble de la plante, ou quils relvent de la responsabilit des entreprises, des gouvernements ou des citoyens, le dveloppement durable est sur toutes les lvres. Depuis le Rapport Brundtland en 1987 et sa dnition maintenant consacre sur une base universelle, des vnements majeurs en ont solidi et propag le concept. Le Sommet de la Terre Rio se concluait, en 1992, par la signature dun plan daction mondial par 180 pays. Le Sommet mondial du dveloppement durable de Johannesburg adoptait une Dclaration et un Plan de mise en uvre, en 2002. Au Qubec, la Loi sur le dveloppement durable tait promulgue en avril 2006. Une communaut grandissante a pous ses valeurs, partageant la vision centrale qui circonscrit lorientation essentielle du dveloppement durable : lamlioration continue de la qualit de vie de la population.

UN PROFOND MOUVEMENT DE SOCITAujourdhui, des mdias daffaires majeurs parlent de ces ides comme des phnomnes sociaux invitables. De nouveaux organes de diffusion sont crs ici et ailleurs, notamment pour les milieux nanciers et corporatifs. Des regroupements dentreprises se forment pour partager leurs connaissances, leurs savoir-faire. Le plus important dentre eux a vu le jour en 1992. Le World Business Council for Sustainable Development (WBSCD) runit maintenant plus de 190 multinationales travers le monde. On assiste llaboration de certications et de normes sur les responsabilits sociales des entreprises ou sur le dveloppement durable, avec des organisations comme lOrganisation internationale de normalisation (ISO), la Global Reporting Initiative (GRI), le Global Compact de lONU.

Chapitre 3

Dveloppement durable et enjeux communicationnels

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Les rmes spcialises en valuation de la performance sociale et environnementale se multiplient et on voit apparatre ce type dvaluation dans le panier de services de lindustrie de lvaluation nancire. Des groupes de recherche et des programmes denseignement sont crs pour rpondre une demande croissante dinformation et de formation autour des enjeux du dveloppement durable et des responsabilits sociales. On ne compte plus le nombre de sites et de publications sur ces sujets. Sans oublier des productions comme The Corporation un documentaire canadien, gagnant de nombreux prix internationaux , dont lanalyse du comportement des entreprises est sans dtour : lentreprise rpond au prol des individus psychopathes. Nombreux sont ceux qui ont t impressionns par le plaidoyer sur le rchauffement de la plante de Al Gore, ancien vice-prsident des tats-Unis : An Inconvenient Truth a remport lOscar 2007 du meilleur documentaire. Mais lintrt manifest lgard des valeurs du dveloppement durable et des responsabilits sociales des entreprises na pas t automatique. Les pressions de la socit civile y ont contribu pour une trs large part depuis les annes 1970. Les groupes de surveillance des grandes transnationales se font notamment un devoir de dnoncer tout cart de conduite sur la place publique internationale, crant des torts rels aux entreprises concernes. Des groupes comme Corporate Watch, Multinational Monitor agissent sur tous les fronts. linverse, dautres groupes sintressent aux meilleures organisations citoyennes : parmi eux, Corporate Knights publie chaque anne son classement mondial des 100 entreprises chefs de le en matire de dveloppement durable. Plus de vingt ans aprs ses premires vocations publiques, le dveloppement durable aurait-il franchi la barrire de la dure ?

LES GRANDES QUESTIONSRgulirement, les mmes grandes questions sont formules autour du concept de dveloppement durable. De quoi sagit-il ? Pourquoi sy intresser ? Qui est concern par un tel projet ? Quand entreprendre et complter une telle dmarche ? Comment sy prendre ? Les professionnels de la communication sont familiers avec ce genre de questions qui constitue, dans le contexte de leurs activits courantes, un cadre de rfrence pour la formulation dinformations

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qui seront communiques auprs des publics des organisations quils reprsentent. On parle de la rgle du 5 W en langue anglaise1 : Qui fait quoi, pourquoi, quand, comment ? En tant que fondements permettant daborder un nouveau sujet, elles ont le mrite de constituer des repres grce auxquels nous pouvons vrier que les lments centraux de linformation livrer sont traits. Sans avoir la prtention de couvrir toute la complexit de ce concept en continuelle volution, chaque question peut fournir des informations utiles que nous tenterons de rsumer ici.

L E Q UOI ?Quest-ce que le dveloppement durable ? La notion de dveloppement durable est apparue au cours des annes 1980 dans un contexte o les bienfaits de la croissance conomique, prns par les objectifs du dveloppement mis en uvre aprs la Deuxime Guerre mondiale, sont remis en question. la faveur de nombreux changements de valeurs qui sopraient dans la socit, un tout nouveau concept de dveloppement se dessinait2. En 1987, le Rapport Brundtland a propos une dnition maintenant reprise sur une base universelle : un dveloppement est dit durable lorsquil permet aux gnrations actuelles de satisfaire leurs besoins sans compromettre la capacit des gnrations futures satisfaire les leurs. Limportant rle jou par les groupes environnementaux dans la sensibilisation aux problmes engendrs par la vision du dveloppement qui a suivi la Deuxime Guerre mondiale explique pourquoi est apparue lassociation dveloppement durable et environnement dans lesprit dun grand nombre de personnes. compter des annes 1970, en effet, ces groupes contribuent directement souligner limpact cologique de lintensication de lactivit conomique, de lexploitation continue des ressources naturelles et de laccumulation des richesses matrielles. En ce dbut de millnaire, cette quation vaut toujours pour une portion considrable de la population.

1.

2.

Who, what, why, when, where. Toutefois, le where ( o ) tant habituellement un complment dinformation allant de pair avec le qui (Dagenais, 1997), cette question lui est habituellement attache. Le how ( comment ) constitue ainsi le cinquime lment de cet ensemble de questions. Le contexte dapparition de ce concept est trait dans le premier chapitre du prsent ouvrage : Du sous-dveloppement au dveloppement durable : lmergence dun nouveau concept .

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Mais la dnition du dveloppement durable est beaucoup plus large et place ltre humain directement au cur du dveloppement. Considrant lHomme dans lensemble de ses dimensions, le concept de dveloppement durable est ainsi inclusif des trois aspects des activits humaines : environnemental, conomique et social. Ces trois dimensions sont indissociables et dnissent le concept mme de dveloppement durable.

Dimension environnementale La dimension environnementale peut sillustrer avec le propos attribu Antoine de Saint-Exupry : Nous nhritons pas de la Terre de nos anctres, nous lempruntons nos enfants. Grce une sensibilisation continue, les objectifs viss par la dimension environnementale nous sont maintenant plus familiers : pollution, limination des dchets, changements climatiques, protection de la biodiversit, des forts, des ocans, etc.

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Dimension conomique La dimension conomique du dveloppement durable sappuie de son ct sur des principes dquilibre visant une gestion des ressources naturelles, humaines et nancires qui puisse satisfaire les besoins de la population, sans engendrer des impacts ngatifs pour les gnrations futures. Pour matrialiser cette orientation, la production de nouveaux types de biens et la modication des habitudes de consommation sollicitent la responsabilit des entreprises et celle des citoyens. Toutefois, la cration de la richesse prend une dimension qui va audel des valuations exclusivement nancires. Elle sappuie directement sur la satisfaction des besoins, telle quelle est perue par les citoyens. Laccs lducation, aux soins de sant et une alimentation saine fait partie de cette richesse :The use of the term development instead of growth is signicant. It implies that the process of wealth creation is concerned with broader goals than simply increases in per capita income. [] Undoubtedly there is plenty of room for progress in improving peoples quality of life [] and it is rather than economic growth as traditionally and more narrowly dened that is the essence of the economic dimension of sustainability (Sadler, 2002, p. 50).

Dimension sociale La dimension sociale constitue un concept plus abstrait pour de nombreuses organisations. Cependant, celles qui se considrent comme des membres part entire de leurs communauts et qui basent leurs activits sur le respect des personnes et des groupes voient plus facilement leur rle dans une perspective citoyenne. Elles reconnaissent que la qualit de vie des individus inuence directement lpanouissement la fois des personnes et des collectivits. En fait, la dimension sociale doit tre vue dans une perspective dquit, sachant que les ingrdients contribuant la qualit de vie et lpanouissement personnel ne sont pas accessibles tous et quils peuvent tre perdus en cours de vie3.

3.

Par exemple : alimentation saine, logement adquat, environnement intgre, ducation favorisant le dveloppement des comptences et des apprentissages, emploi respect socialement, capacit de remplir ses rles sociaux labri de toute exclusion sociale, etc.

Chapitre 3

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Pour les organisations, la dimension sociale concerne lapplication, dans tous les aspects de leurs pratiques, dune philosophie de gestion respectueuse de limpact de leurs dcisions sur leurs ressources humaines et sur les diffrentes communauts concernes par leurs activits. Elles doivent galement reconnatre quaucun groupe ne peut exercer sa libert au dtriment de celle des autres. Comme le souligne Sadler, des contraintes la notion de libert sont ncessaires en dmocratie pour protger les membres plus vulnrables de la socit, notamment pour interdire le travail des enfants, respecter les droits des minorits culturelles ou assurer des conditions de travail saines et scuritaires (Sadler, 2002, p. 115). cet gard, les principes suggrs aux entreprises par le Global Compact de lONU couvrent un ensemble denjeux touchant les droits humains, les normes de travail et la responsabilit environnementale (Fussler, Cramer et van der Vegt, 2004).

L E P OURQUOI ?Pourquoi sintresser au dveloppement durable ? Lide fondatrice du dveloppement durable est lamlioration de la qualit de vie de la population, ce qui en fait un vaste projet de socit. Tous les groupes sociaux sont concerns par les principes inhrents au dveloppement durable. Car la nalit ultime de la durabilit nest pas la conservation de la nature, mais bien celle de lhumanit (Villeneuve, 2005a, p. 5). On reconnat cette qualit de vie la capacit de pouvoir vivre : dans un milieu de vie et un environnement sains (dimension environnementale) ; selon un niveau de vie adquat (dimension conomique) ; et un mode de vie stimulant socialement et permettant de remplir ses rles sociaux de faon optimale (dimension sociale). Ces critres, qui sont en adquation directe avec les trois dimensions du dveloppement durable, sordonnent selon un agencement hirarchis : [] lintgrit cologique est une condition, lconomie

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un moyen, et le dveloppement social et individuel une n du dveloppement durable, alors que lquit en est la fois une condition, un moyen et une n (Gendron et al., 2005, p. 14). En bref : la condition permettant le dveloppement durable passe par un environnement intgre o peut spanouir la vie ; lconomie est le moyen pour atteindre un niveau de vie satisfaisant ; le bien-tre individuel et social est la nalit laquelle tend le dveloppement durable ; son succs se vri