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de notre patrimoine et proviennent de “parents” introduits pour leurs particularités lucratives et ce, au dépend d’une large gamme de variétés et de races locales. En effet : - on ne voit pratiquement que des vaches “tâchetées en noir et blanc” (Pie-noire) aussi bien dans les élevages traditionnels que modernes; - “les poules blanches” ou “croisées” ont inondé le marché avien; - tous nos fruits “beldis” moins gros, certes, et moins juteux, mais cultivés naturellement ont, pour la plu- part, cédé le marché à une multitude de variétés plus productives et plus attrayantes. Un grand nombre, donc, de variétés végétales et de races animales locales, ont tendance à disparaitre par le manque d’intérêt; phénomène aggravé par l’i- nadéquation de nos structures agraires, par la suc- cession des périodes de sécheresse, par la faiblesse et, parfois, l’inexistence des liaisons entre la recher- che scientifique, la valorisation et la vulgarisation / sensibilisation/ éducation et, aussi, par le fort taux d’analphabétisme qui sevit dans les populations rurales principales concernées par l’agriculture et l’élevage. II.C-1-4- HABITATS C omme pour les espèces et certains éléments du patrimoine génétique national, de nombreux biotopes sont également plus ou moins gravement altérés. Cependant, par rapport aux autres compo- santes de la biodiversité marocaine, les écosystèmes menacés ont fait l’objet de nombreux inventaires dont le plus important reste celui des “aires proté- gées” qui a inventorié 158 Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) à protéger dont 48 de priorité “1”, 50 sites de priorité “2” et 60 autres de priorité “3”. Il s’agit d’une liste de milieux plus ou moins grave- ment menacées par les activités anthropogéniques qui se situent aussi bien dans le milieu terrestre, dans les eaux continentales que sur le littoral. Certains autres habitats ont également été listés dans l’Etude Nationale sur la Biodiversité. Le paragraphe suivant énumère certaines des causes de ces menaces. II.C-2- MENACES QUI PESENT SUR LA BIODIVERSITE MAROCAINE L e Maroc est un pays jouissant, de par son his- toire géologique et climatique, d'un patrimoi- ne biodiversitaire exceptionnel à l'échelle de la Méditerranée qui, elle même, s'in- dividualise à l'échelle mondiale par la particularité de sa faune et sa flore. Cependant, comme par- tout ailleurs, les activités humai- nes (pression démographique, urbanisation, littoralisation, sur- exploitation, etc.) ont fait que la célérité de dégradation des taxa a considérablement augmenté, compromettant leur pérennité. E n effet, on pense qu'au moins une dizaine d'espè- ces d'oiseaux ont disparu du Maroc depuis le début du siècle et une trentaine d'autres (près de 10 % de l'avifaune nationale) est menacée de disparition. La situation des mammifères n'est guère plus brillan- te puisque six espèces terrestres et deux marines ont disparu: l'Oryx, l'Addax, la Gazelle leptocère, le buba- le, le légendaire Lion de l'Atlas et le Serval sont des 46 Quelques formes de la biodiversité de grande consommation provenant de parents exotiques Quelques aspects de la destruction d’habitats dans les régions dEl Jadida (Bas) et Nador (Haut)

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de notre patrimoine et proviennent de “parents”introduits pour leurs particularités lucratives et ce,au dépend d’une large gamme de variétés et de raceslocales. En effet :

- on ne voit pratiquement que des vaches “tâchetéesen noir et blanc” (Pie-noire) aussi bien dans lesélevages traditionnels que modernes;

- “les poules blanches” ou “croisées” ont inondé lemarché avien;

- tous nos fruits “beldis” moins gros, certes, et moinsjuteux, mais cultivés naturellement ont, pour la plu-part, cédé le marché à une multitude de variétés plusproductives et plus attrayantes.

Un grand nombre, donc, de variétés végétales et deraces animales locales, ont tendance à disparaitrepar le manque d’intérêt; phénomène aggravé par l’i-nadéquation de nos structures agraires, par la suc-cession des périodes de sécheresse, par la faiblesseet, parfois, l’inexistence des liaisons entre la recher-che scientifique, la valorisation et la vulgarisation /sensibilisation/ éducation et, aussi, par le fort tauxd’analphabétisme qui sevit dans les populationsrurales principales concernées par l’agriculture etl’élevage.

II.C-1-4- HABITATS

Comme pour les espèces et certains éléments dupatrimoine génétique national, de nombreux

biotopes sont également plus ou moins gravementaltérés. Cependant, par rapport aux autres compo-santes de la biodiversité marocaine, les écosystèmesmenacés ont fait l’objet de nombreux inventaires

dont le plus important reste celui des “aires proté-gées” qui a inventorié 158 Sites d’Intérêt Biologiqueet Ecologique (SIBE) à protéger dont 48 de priorité“1”, 50 sites de priorité “2” et 60 autres de priorité “3”.Il s’agit d’une liste de milieux plus ou moins grave-ment menacées par les activités anthropogéniques quise situent aussi bien dans le milieu terrestre, dans leseaux continentales que sur le littoral. Certains autreshabitats ont également été listés dans l’Etude Nationalesur la Biodiversité. Le paragraphe suivant énumèrecertaines des causes de ces menaces.

II.C-2- MENACES QUI PESENT SUR LABIODIVERSITE MAROCAINE

Le Maroc est un pays jouissant, de par son his-toire géologique et climatique, d'un patrimoi-

ne biodiversitaire exceptionnel à l'échelle de laMéditerranée qui, elle même, s'in-dividualise à l'échelle mondialepar la particularité de sa faune etsa flore. Cependant, comme par-tout ailleurs, les activités humai-nes (pression démographique,urbanisation, littoralisation, sur-exploitation, etc.) ont fait que lacélérité de dégradation des taxa aconsidérablement augmenté,compromettant leur pérennité.

En effet, on pense qu'au moins une dizaine d'espè-ces d'oiseaux ont disparu du Maroc depuis le

début du siècle et une trentaine d'autres (près de 10 %de l'avifaune nationale) est menacée de disparition.

La situation des mammifères n'est guère plus brillan-te puisque six espèces terrestres et deux marines ontdisparu: l'Oryx, l'Addax, la Gazelle leptocère, le buba-le, le légendaire Lion de l'Atlas et le Serval sont des

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Quelques formes de labiodiversité de grande

consommation provenantde parents exotiques

Quelquesaspects de ladestruction

d’habitats dansles régions dElJadida (Bas) etNador (Haut)

mammifères qu'on est sûr de ne plus rencontrer dansla nature et, parmi les mammifères marins, la grandebaleine bleue et la baleine franche (qui se reproduisaitpourtant dans nos eaux) font partie de l’histoireancienne. Un simple calcul montre que le taux dedisparition des mammifères du Maroc a été multipliépar près de 200% lors de ce dernier siècle que lors des139 siècles passés.

Dans le monde végétal, il suffit de savoir que, parmiles quelques 6900 espèces de végétaux vasculairesprésentes sur le territoire national, près de 1000 sontmenacées, pour se rendre compte de la gravité de lasituation. Parmi les principales menaces qui pèsent surla diversité biologique nationale.

II.C-2-1 LA DEFORESTATION

L'un des facteurs majeurs contribuant à l'érosionde la biodiversité terrestre est la perte des forma-

tions forestières. Les prélèvements du bois de feu etles défrichements sont des pratiques très couranteschez les populations locales riveraines et, ce, au pro-fit des extensions des cultures, en particulier dans leszones où les terres de culture sont rares. Ce phéno-mène s'est particulièrement aggravé lors des derniè-res décennies, surtout dans les régions isolées où lasurveillance par les services forestiers est insuffisan-

te. Il s'agit de zones de développement d'une agro-culture traditionnelle au détriment de formationspréforestières de près de 31.000 ha qui disparaissentchaque année. Ces défrichements délictueux n'af-fectent pas les seules écosystèmes forestiers, maisbien d'autres milieux tels que ceux des dunes(régions d'Essaouira) ou des zones humides (surex-ploitation de joncs, roseaux, etc. sur les bords deslacs, merjas, lagunes, rives des cours d'eau de mon-tagne, etc. ). En plus, la forêt doit satisfaire, aumoins en partie, aux besoins en énergie des popula-

tions. Les prélèvements en bois de feu s'évaluent à11.000.000 m3, soit 30% des besoins énergétiquesdu pays, ce qui dépasse largement les possibilités deregéniration de la forêt marocaine.

Ces mises à nue des espaces forestiers et ces utilisa-tions abusives des ressources forestières entraînentsouvent de graves perturbations du fonctionnementde cet écosystème (absence de régénération, fragili-sation des espèces, etc.); mais, aussi, sur d'autresécosystèmes tels que l'agro-système (perturbationdu cycle de l'eau, érosion du sol, pollution des eauxsouterraines, inondations et mort du cheptel, etc.).Cependant, ce qui est encore plus grave dans cespratiques de déforestations, c'est :

• la perte d'habitats pour les milliers d'espèces anima-les et végétales, parfois endémiques, qu'héberge laforêt, et par conséquent la perte de ces espèces;

• la fragilisation écologique et physiologique desessences forestières qui, devenant vulnérables, peu-vent facilement être attaquées par des ravageurs, tou-chées par les conséquences de la sécheresse, etc.

Un exemple de destruction d'écosystème forestierentier peut être observé dans le Rif Central où l'éco-système à Chêne-liège a été pratiquement anéanti,ce qui est également le cas de la suberaie de la plai-ne du Ghrab, très gravement menacée par les activi-tés humaines.

II.C-2-2- LITTORALISATION, URBANISATION ETINDUSTRIALISATION

La population urbaine du littoral marocain n'a cesséd'augmenter depuis l'indépendance. Celle de

l'Atlantique, par exemple, est passée de 19.4% en 1936à 54% en l'an 2000. Ces populations sont, de plus,concentrées dans un nombre réduits d'agglomérations.Les deux wilayas de Casablanca et de Rabat-Salé-

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La déforestation une cause majeure de la dégradation de la biodiversité et de la perte des habitats

Zemmour-Zair accumulent, à elles seules, près de 62%de la population littorale nationale.

En Méditerranée, la population littorale a égalementconnu, ces dernières décennies, un rythme de crois-sance assez rapide (2.3%), surtout en milieuxurbains (4.1%); alors qu’à l'échelle nationale, cespourcentages ne sont respectivement que de 2.1% et3.6%. Les quatre grandes villes de Tanger, Tétouan,Oujda et Nador concentrent à elles seules les 2/3 detoute la population urbaine de la zone Nord.

Pour des raisons de commodité, et plus particulière-ment pour les facilités qu'offre le littoral pour l'éva-cuation des eaux usées, la côte marocaine compor-te l'essentiel de ses activités industrielles. Le littoralatlantique concentrait, en 1990, 77% des unités d'in-dustries et 80% des emplois, surtout dans l'axeCasablanca-Kénitra considéré comme l'espacestructurant qui façonne le tissu industriel national etqui a contribué, en 1990, pour plus de la moitié desl'investissement au Maroc.

En Méditerranée, ce sont les deux villes de Tanger etNador qui sont les plus industrialisées de la régionNord, notamment par l'industrie sidérurgique, textile,et par les moyennes et petites entreprises.

Les pollutions et les nuisances constituent les signesles plus manifestes et proviennent des rejets, directsou indirects, de déchets industriels, urbains ou agri-coles, sans parler des accidents de navires transpor-tant des substances potentiellement polluantes

((2000 chimiquiers, 5250 pétroliers, etc. transitentannuellement par le détroit de Gibraltar). Lesquelques 100.000 tonnes de matières oxydablesdéversées chaque année en milieu marin, les 68.000tMO/an reçues par les cours d'eau (surtout Sebou,Oum Er Rbia et Moulouya), les quelques 50.000 tMO/an reçues par le sol et le sous-sol et la nappephréatique, etc., ne peuvent être sans conséquencessur la diversité biologique et la santé humaine.

A l'échelle du littoral atlantique, trois zones sontparticulièrement concernées : - l'embouchure deOued Sebou qui draine tous les rejets des industrieslocalisées dans les principales villes situées sur lesdeux rives de son cours d’eau: Fès, Meknès, SidiKacem, Sidi Slimane, Sidi Yahya, Kénitra; - le litto-ral allant de l'agglomération de Rabat-Salé à Safi,comportant les complexes industriels deMohammédia, Jorf Lasfar, industries du phosphateet conserveries de Safi et; - la ville d'Agadir en rai-son de son importante activité portuaire.

Au niveau du littoral méditerranéen, il s'agit de: - laville de Tanger, où les effluents de la zone indus-trielle située sur la route Tanger-Tétouan, des rejetsindustriels de la zone de Moghorha, du quartierMoulay Ismail, et de Oued Lihoud, sont déversés enmer sans aucun traitement préalable; - la ville deTétouan, avec l'oued Martil qui sert de déversoir àtoutes les usines situées dans sa vallée; - la ville d'AIHoceima dont la station d’épuration demeure insuf-

fisante pour le traitement des eauxde la ville et, enfin; - la ville deNador où la Mar Chica reçoit la

majorité des effluents industriels et urbains.

Un seul exemple, parmi bien d'autres, des répercus-sions de cette littoralisation sur la biodiversité enMéditerranée, est la lagune de Smir, autrefois un

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Une démographie galopante à l’origine des principauxproblèmes environnementaux

L’urbanisation, la littoralisation, l’industrialisationsont à l’origine des principales sources de pollution

au Maroc

milieu des plus riches du pays, est irrémédiablementperdue. Il s'agissait d'un lieu de haltes migratoiresdu rarissime Courlis à bec grêle (Numenitis tenui-rostris), espèce d'intérêt mondial aujourd'hui quasi-ment éteinte. Avec la perte de ce patrimoine, larégion de Tétouan perd un espace écologique, maisaussi récréatif, éducatif, social et touristique, d'unequalité unique.

II.C-2-3- AGRICULTURE

La pollution d'origine agricole, autre activitéanthropique nuisible pour la biodiversité, bien

qu'elle soit relativement limitée au Maroc et que lesquantités d'intrants utilisées actuellement restentrelativement faibles par rapport aux niveaux atteintsdans les pays développés, il est attendu qu'avec l'in-tensification de l'agriculture, leur emploi connaisseun développement certain (Rapport NationalCNUED, 1992). On estime actuellement que 8 à10% de la quantité d'azote utilisée comme engraisen agriculture migre vers les nappes par lessivageou vers les eaux superficielles sous l'effet du ruis-sellement, soit une quantité de l'ordre de 10 760 à13500 t/an dont 6 150 t/an proviendraient des zonesirriguées.

Les régions des grandes plaines ont connu depuis lesannées 1930 le développement d'une agriculturemoderne avec de nouvelles cultures orientées versl'industrie, l'élevage intensif, le ravitaillement desgrandes villes du Maroc ou l'exportation (canne àsucre, betterave à sucre, plantes fourragères, fruits etlégumes de primeurs, notamment ). Ces régions ontconnu l'introduction de techniques modernes qui ont,certes, permis des augmentations très importantes dela productivité du secteur agricole, mais qui ont,malheureusement, également appauvri la biodiversi-té, en particulier la diversité génétique.L'introduction de nouvelles variétés, plus lucrative etgénéralement plus fragiles, a, en outre, entraîné uneutilisation souvent anarchique de produits phytosani-taires, ce qui a engendré un certain nombre de pro-

blèmes tels que l'apparition de parasites résistants.L'application de doses de plus en plus fortes a engen-dré des effets néfastes sur les ressources naturelles etspécialement les ressources biologiques.L'usage d'engrais et de pesticides est appelé à aug-menter durant les années à venir, ce qui ne manque-ra pas d'augmenter le degré de pollution des sols etdes eaux, et par conséquent, d'aggraver la détériora-tion des ressources naturelles et d'une manière géné-rale de la biodiversité. De telles catastrophes ont enfait déjà eu lieu, par exemple, dans la plaine duSouss où, du fait de l'extension des cultures moder-nes (avec irrigation), l'écosystème à Arganier a ététrès altéré; le sol, complètement détruit, a été aban-donné à l'érosion éolienne; les niveaux de la nappephréatique qui ont baissé d’une manière spectacu-laire.

Nombreux autres problèmes affectant la biodiversi-té sont inhérents aux activités agricoles: - l'exten-sion des terres cultivées; exemples de zones tou-chées forêts, marais de Chararba sur le littoral médi-terranéen, complexe lagunaire Sidi Moussa-Oualidia sur le littoral atlantique, etc.; - les infras-tructures agricoles: drainage de zones humides(Gharb), irrigation, constructions de bassins, cap-tage des sources pour alimenter les villes et les péri-mètres de cultures, etc; - les constructions des bar-rages, empêchent les migrations, entre autres, desaloses et anguilles entre les eaux douces et la mer.

II.C-2-4- ELEVAGE ET SURPATURAGE

Les effectifs des troupeaux (bovins, ovins etcaprins) au niveau national connaissent de très

importantes fluctuations qui sont dues principale-ment aux aléas climatiques. Mais, en règle générale,il y a unanimité sur l'importance et la gravité desdégâts causés par le surpâturage aux niveaux desécosystèmes sylvo-pastoraux et de leur biodiversité,surtout dans les régions qui connaissent de fortesconcentrations de cheptel. Ses prélèvements directsou par émondage, les piétinements des semis, etc.,réduisent considérablement le taux de recouvrementdu sol et empêche la régénération naturelle de lavégétation, ce qui contribue à la dénudation des solset entame les processus de désertification. Le problè-me du surpâturage est aggravé par la réduction pro-gressive des surfaces laissées en jachères et des terrainsde parcours (collectifs et forestiers), conséquence debesoins sans cesse croissants en céréales nécessitantl'extension des terres cultivées. Le problème du sur-pâturage est aggravé durant les années de sécheres-se pendant lesquelles les ventes massives du chepteldes zones où sévit la sécheresse viennent alourdir

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Pollution des zones humides par les intrants

une charge déjà excessive pour les régions relative-ment arrosées. Le surpâturage est donc une menacegrandissante qui constitue la principale cause dedégradation des écosystèmes forestiers, car le chep-tel prélève, directement ou indirectement par émon-dage effectué par les bergers, une quantité trèsimportante de biomasse, et empêche, par le broutageou le piétinement des semis, toute régénérationnaturelle des essences sylvatiques. Le surpâturageengendré se traduit, ainsi, par la disparition ou laréduction considérable d'un grand nombre d'espè-ces appétées. Il finit par déclencher les processusd'érosion qui ont déjà atteint une surface importan-te des montagnes dénudées.

Pour le Maroc, le surpâturage, constitue actuelle-ment l'une des préoccupations fondamentales desaménagistes sylvo-pastoraux et des gestionnairesdes aires protégées. Et, de toutes les espèces anima-les composant le cheptel, la chèvre, qui est la plusrustique, est la plus nuisible puisqu'elle se nourrit dufeuillage des arbres et arbustes qui constituent l'ossa-ture des structures et architectures des écosystèmessylvo-pastoraux.

II.C-2-5- SURPECHE

Les ressources halieutiques connaissent partoutune quasi-stagnation, sinon une diminution des

captures, même dans les zones réputées les plus pois-sonneuses du monde comme nos côtes. En effet, tousles spécialistes sont unanimes, que les ressourcesmarines naturelles, partout dans le monde, sont à pré-sent pleinement exploitées et que tout effort de pêchene peut se faire qu'au dépend de la pérennité de cesressources. Au Maroc, pays maritime par excellence,même si ses eaux sont considérées parmi les plus pois-sonneuses du monde, plusieurs indices montrent queses ressources ne sont pas inépuisables comme ons'entendait à considérer; mais qu'elles souffrent,comme toute autre ressource biologique, des réper-cussions des activités anthropiques. Parmi ces indices:

- la translation de l'effort de pêche du nord vers le sud.En effet, c'était tout d'abord la pêcherie du Nord(Tanger-El Jadida) qui a démarré au début du siècle etavait comme principal port, celui de Casablanca. Aulendemain de la deuxième guerre mondiale, c'est lazone Safi-Sidi Ifni qui a pris la relève, atteignant desprises de 300 000 tonnes en 1973 et seulement 50 000tonnes en 1991-1992. Ensuite, les pêcheries se sontdéplacées vers la zone Sidi Ifni Laâyoune où elles ontdébuté vers les années 60 avec un maximum de 130000 tonnes en 1977 et, seulement, 100 000 en 1990-1992 et puis on est actuellement dans l'extrême sudoù de nombreuses flottes (nationale, européenne,russe, asiatique, etc.) opéraient.

En dehors des espèces visées par la pêche, de nom-breuses ressources marines sont au bord de l'extinc-tion ou complètement disparues. La baleine bleueou la baleine franche (qui se reproduisait sur noscôtes) ont complètement disparu du Maroc. Le

phoque moine survit très difficilement au suddu Maroc et le mérou constitue la cible dechasseurs sous marins qui s'approvisionnent, àvolonté, en toute impunité; les grandes nacres

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Le surpâturage,un fléau pour la biodiver-

sité forestière et agricole surtout quand lebétail ne se contente pas

de brouter au sol.

La surpêche contribue à la dégradation de la biodiversité marineet de l’appauvrissement de sa variabilité génétique.

menacées dans toute la Méditerranée sont égale-ment la cible de ramasseurs armées de scaphandresautonomes dans la lagune de Nador; les algues, enparticulier Gelidium sesquipedale, malgré la régle-mentation qui la régit, est également récoltée entoute saison et toute impunité. Et pour ne donnerqu'un chiffre, la palourde qui était, il y a quelquesannées, très abondante dans la baie de Dakhla (suddu Maroc), elle n'y est actuellement présente quedans quelques sites et avec des tailles très réduite;en trois années les prises ont diminué de plus de 150tonnes à moins de 30 tonnes.

II.C-2-6- INTRODUCTIONS D'ESPECESEXOTIQUES

De nombreux végétaux et animaux ont été introduitsau Maroc pour diverses raisons: rentabilité, lutte

contre des espèces ou des conditions nuisibles, orne-mentation, etc.

Parmi les arbres, nombreux ont été importés et nom-breux sont encore à l'essai dans des arboretum. Plusde 200 arbres, surtout des Eucalyptus, ont été intro-duites de l'Australie et utilisées soit comme arbresd'alignement, soit des arbres d'ornement soit encorede reboisement. Parmi ces espèces les plus impor-tantes sont: Eucalyptus camaldulensis, E. gompho-cephala, E. globulus, E. grandis, E. saligna, E.sideroxylon, E. cladocalyx, E. occidentalis, E.astringens, E. sargenti, E.torquata, E. brockwayi,E.salmonophloia, E. salubris, Acacia cyanophylla,

A. cyclops, A. mollissima, Pinus pinaster maritima,P. canariensis, P. pinea, etc.).

Dans le domaine agricole, un grand nombre d’espè-ces et variétés (céréales, légumes, fruits, etc.) a éga-lement été introduit et produit au Maroc et ce essen-tiellement dans un but lucratif ; exemple : les bana-nes, les Kiwis, les avocats, etc.

Parmi les espèces animales terrestres ce sont princi-palement les bovins qui sont concernés, importantessentiellement surtout pour s’assurer une certaineauto-suffisance en lait et en viandes.

Le milieu aquatique n’échappe pas à cet engouement“vers l’exotique”. Aussi, dans les eaux douces conti-nentales de nombreuses espèces sont introduites à desfins aquacoles soit de production, soit d’aquariophilie,soit de lutte contre l’eutrophisation ou la proliférationd’espèces nuisibles. Il s’agit principalement de la Carpeargentée (Hypophthal-michthys molitrix), la Carpe her-bivore (Ctenophar-yngodon idella), la Carpe commune(Cyprinus carpio), le Brochet (Esox lucinus), le Black-Bass (Micropterus salmoides), les Sandres (Luciopercalucioperca), la Truite Arc en Ciel (Salmo irideus), l’Ecrevisse à pieds rouges Astacus astacus, etc.

Dans le milieu marin, les introductions concernentquelques espèces dont les Huitres, principalementl'huître creuse Crassostrea gigas, les coquilles SaintJacques (Patinopecten yessoensis) et les crevettes telleque la Crevette japonaise (Penaeus japonicus).

Si ces introductions peuvent, en effet, per-mettre des bénéfices financiers (de plusgrandes productions et de meilleurs reve-nus) ou écologiques (lutte contre l’eutro-phisation) immédiats, elles peuvent, néa-moins, causer deux grands types de mena-ce pour la biodiversité du pays :

- supplantation des espèces indigènesqui, à la longue, peuvent disparaître ou,du moins s’appauvrir génétiquementpar insuffisance de brassage, ce qui estobservé pour de nombreuses variétés/races dites “beldi” (légumes, fruits,bovins, poulets, etc.);

- un risque de pollution génétique de cettebiodiversité. L’érosion génétique pouvantêtre due à une manque d’intérêt du pro-duit national pourrait être aggravé par unepollution génétique due à des croisementsinvolontaires et incontrôlés des espècesautochtones avec des variétés introduites.

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Pour des raisons de rentabilité, de nombreusesespèces, variétés ou races ont été introduites au

Maroc dans les domaines du sylvopastoralisme oude l’aquaculture.

II.C-2-7- INCENDIES

Bien que relativement rares, les incendies, quandils se déclarent provoquent des dégâts considé-

rables et en un temps très réduit. Il est certain queles essences forestières réagissent différemment aufeu; mais, il n'en demeure pas moins que, chaqueannée, les espaces forestiers perdus s'estiment àquelques 2000 ha et, avec ces superficies, un nomb-re considérable de microhabitats. C'est essentielle-ment la région nord (Rif) qui est la plus touchée parces incendies.

II.C-2-8- TOURISME

Si le tourisme est une activité sociale relativementrécente, il a pris très vite une dimension mon-

diale créant des échanges culturels. Les recettesqu'il engendre en a fait un secteur stratégique pourle développement socio-économique de certainspays, dont le Maroc. Développer ce secteur, aumoins dans sa philosophie classique, suggère plusd'infrastructures d'accueil, dans des sites naturels etattrayants; autrement dit,au détriment de milieuxnaturels souvent riche en faune et flore indispensa-bles pour l'équilibre écologique local et régional.

Par l'ancienneté de son histoire et de ses traditions, labeauté et la diversité de sa nature, le Maroc, attire denombreux touristes en provenance du monde entier.Le balnéaire reste une des principales catégories dutourisme national, cependant, les particularités histo-riques, culturelles et le potentiel paysager du Marocattirent d'autres catégories de touristes développantd'autres pôles touristiques en particulier culturel,sportif et, plus recemment, naturel et écologique.

C'est un secteur stratégique dans le développementsocio-économique du Maroc puisqu'il constitue de 3à 4% du P.I.B. et de 7 à 10% des recettes en devises.

Le tourisme assure également plus de 260.000emplois et, dans le mouvement de reprise de l'activi-té touristique, on prévoit 6 millions de touristes enl'an 2005 et 10 millions en 2010, ce qui l’amène àjouer un rôle de plus en plus important et, de touteévidence, générer de plus en plus de nuisances pourl'environnement et la biodiversité. Cependant, si letourisme, au moins dans sa philosophie actuelle, peutavoir des effets nuisibles (fragmentation et perted'habitats, pollutions, etc.), il ne mérite pas pourautant d'être diabolisé car c'est, en grande partie, lacarence de gestion qui est la cause des dégâts décou-lant de la fréquentation touristique. Le Maroc estdoté d'importantes potentialités naturelles, suscepti-bles d’être mises à profit du tourisme écologiquequ’il faut protéger.

II.C-2-9- TRANSPORT

Le secteur des transports constitue un maillon clédans le développement socio-économique du

Maroc. En effet, en 1995 :

- le secteur des transports apporte environ 6% de lavaleur ajoutée du P.I.B. ;

- il participe à hauteur de 15% aux recettes du budgetde l'Etat. ;

- il absorbe 26% de la consommation nationale d'é-nergie. ;

- il assure environ 9% des emplois de la populationactive.

Le réseau routier était en 1995 de 60.449 km dont30. 374 km revêtus. Il comporte des routes princi-pales (10.888 km dont 9.575 km revêtus), des routessecondaires (9.494 km dont 6.587 km revêtus) etdes chemins tertiaires (40.067 km dont 14.212 kmrevêtus).

Le parc automobile global encirculation comptait, en 1995quelques 1.295.999 véhicules

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Le tourisme, surtout de masse, peut parfois por -ter préjudice à divers éléments de

la biodiversité nationale

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dont 944.021 voitures de tourisme, 332.124 véhicu-les utilitaires et 19.854 motos. Le parc des autocars,destinés au transport en commun de voyageurs, faitl'objet de 5.000 autorisations d'autocars offrant unecapacité de 300.000 places.

Toutes ces nuisances ont des effets directs ou indirectssur la biodiversité mais les plus spectaculaires restentcertainement les fragmentations et les disparitionsd'habitats qu'occasionnent les constructions de routes.

L'ONCF (l'Office National des Chemins de Fer)gère et exploite un réseau de 1.907 km de lignes,dont 1.003 km électrifiés et 271 km à double voie.Ce réseau relie le sud ( Marrakech) à l'est (Oujda) etva vers le nord (Tanger). Cependant, 98% deséchanges commerciaux du Maroc avec l'étrangersont assurés par mer (27 ports), un chiffre qui mon-tre l'importance du transport maritime pour le pays.en effet, hormis les quelques échanges par voieaérienne ou terrestre, tous les produits empruntent lamer, pour une portion au moins de leur trajet, neserait-ce que pour franchir le détroit de Gibraltar.Le transport aérien est assuré par une trentaine d'ap-pareils qui lui ont permis d'effectuer en 1995 près de7.000 heures de vol, de transporter 2,2 millions depassagers et 27.000 tonnes de fret. Le Maroc possè-de actuellement 11 aéroports de dimension interna-tionale et 8 aéroports de dimension nationale.

Ce secteur a trois principales incidences sur l'envi-ronnement de par ses émissions : - il est responsabledes émissions de composés actifs ; - il entraîne desémissions de composés qui appauvrissent la couched'ozone stratosphérique et provoquent l'infiltrationdommageable de rayons ultraviolets et, - il pro-voque la production de polluants organiques qui ontdes effets nuisibles sur les systèmes biologiques. Cesecteur contribue également, malgré ses nombreuxavantages sur le plan économique et social, à la pol-lution atmosphérique, aquatique et acoustique . Toutun éventail d'activités, donc, qui exercent des pres-sions sur l'environnement dans diverses opérationsde construction d'infrastructures, d'exploitation etd'entretien.

Comme partout dans le monde, et en particulierdans les pays en voie de développement, les

besoins sans cesse croissants en ressources biolo-giques, l'industrialisation, l'urbanisation, l'ancienne-té, l'inadéquation et l'inefficacité du système législa-tif, l'absence de surveillance et de contrôle, etc. ontindubitablement un impact sur la santé de l'environ-nement, en général, et la viabilité de la diversité bio-logique, en particulier. Il en résulte que la majoritéde nos écosystèmes et de nos ressources biologiquesse trouvent, à un degré ou à un autre, dégradées; cer-taines de nos espèces et nos ressources génétiquesse sont même éteintes.

Satisfaire nos besoins et ceux des générations futu-res tel que stipulé par les conventions internationa-les que le Maroc a ratifié, en particulier celle relati-ve à la diversité biologique qui exige la planificationet l'utilisation de ces ressources pour en assurer l'é-quilibre et la pérennité. Il importe, donc, d'adopterdes approches et des mécanismes de prévention,d’utilisation rationnelle et promouvoir la restaura-tion et la réhabilitation des ressources détruites, leurvalorisation; - la mise en place et en œuvre de mesu-res incitatives et recueillir la participation et l’enga-gement de la population.

Les deux grands axes stratégiques peuvent être soitin-situ (prioritaire), soit ex-situ. Cependant, l'une oul'autre des approches ne peut se montrer efficienteque s’elle est accompagnée de mesures de sensibili-sation / éducation, de recherche / développement, decoopération, etc.

II.D -1. PROGRAMMESDE CONSERVATION IN SITU

Les principaux efforts consentis par le Maroc enmatière de conservation in situ peuvent être

résumés en :

PARCS NATIONAUX ET PARCS NATURELS

Comme l'indique leur nom, ce sont des sites dont lesvaleurs biodiversitaires (espèces endémiques, mena-cées, etc.) imposent une plus ou moins grande res-triction des activités humaines pour permettre laconservation, sur place (in situ), de ces valeurs. C'estune approche qui ne date pas d'aujourd'hui au Maroc.En effet, les principales disposions, en particulierlégislatives, ont été mises en place dès le début dusiècle dernier (1917, pour la conservation des forêts,1922 pour la pêche, 1923 pour la police de chasse,etc.) pour la conservation de certaines composantesde ceux qui allaient être qualifiés dès 1934 de "parcsnationaux". C'est, en effet, à partir du 11 septembre1934 que la création de ces espaces est devenue pos-sible grâce aux procédures fixées par le Dahir portantla même date et, dès les années 1942 et 1950, onassiste déjà à la création de deux parcs nationaux :"Toubkal" et "Tazekka".

Sur le plan international, le Maroc a également pristôt ses dispositions et a signé plusieurs accords etconventions (La Convention Africaine pour laConservation de la Nature, 1968; la Convention surle Commerce International des Espèces Sauvages

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II.D - EFFORTS ACTUELS DE LACONSERVATION DE LA BIODIVERSITE

Menacées d'Extinction ou CITES, 1973; LaConvention du Patrimoine Mondial Culturel etNaturel de l'UNESCO, 1975; la Convention deRAMSAR sur la Conservation des ZonesHumides, 1980; la Convention sur la Biodiversité,1992; etc.) qui permettent au Maroc l’accès ausoutien financier et scientifique pour la mise enplace de telles structures de conservation.

Créés par décret dans des régions naturellementattrayantes sur les plans biologique, scientifique,touristique ou social, les parcs nationaux “doiventêtre maintenus dans leur état initial et préservéscontre toutes les formes d'atteintes” (dahir de 1934et textes d'application). Dans ces zones, sont doncinterdites toutes sortes d'opérations susceptibles detransformer ou de dégrader les lieux. La chasse et lapêche peuvent y être prohibées, en vue de garantir lapréservation et, si possible, la reconstitution de lafaune.Il existe au Maroc 8 Parcs Nationaux et 2 ParcsNaturels, dont certains déjà mis sur pied et d'autresen prévision. Parmi ceux ci :

• Parc National du Toubkal créé dès 1942 sur38 000 ha dans le Haut Atlas;

• Parc National du Tazekka créé en 1950 sur 680ha pour protéger la cédraie du sommet de cettemontagne;

• Parc National du Souss-Massa créésur 34000 ha pour protéger de nombreu-ses formations du sud marocain;

• Parc National de Talassemtane créé sur60000 ha, avec les uniques sapinièresmarocaines.

• Parc National d'Al Hoceima seul ParcNational méditerranéen du Maroc et leseul couvrant une partie marine, avec 47000 ha de superficie.

• Parc Naturel d'Ifrane avec plus de 53 000ha de cédraie.

Certains parcs sont toujours en projetdont:• Parc National du Haut Atlas Oriental

prévu sur 49 000 ha de massifs monta-gneux pour la réintroduction deMouflons à manchettes, des Gazelles deCuvier et de Panthères.

• Parc National d'Iriqui représentant l'écosystèmesubdésertique avec une steppe arborée autour dulac Iriqui;

• Parc du Bas Draâ. Situé dans la vallée du Draâ,ce parc offre une grande diversité d'habitats où sejuxtaposent sable, roche, oasis, forêts d'acacia, etc.

• Parc National de Dakhla. Situé à l'extrême suddu Maroc, il est destiné à la regéniration de lafaune saharienne.

RESERVES BIOLOGIQUES

Le Maroc compte également un certain nombre deRéserves dont :• Réserve Biologique de Takherkhort. Elle a été créée

en 1967 sur 1230 ha dans une forêt de Chêne vert duHaut Atlas où sont protégés des Mouflons à manchettes;

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La lagune de Moulay Bousselham, l’un des quatre sites RAMSAR

Réseau d’aires protégées du Maroc (EF)

Parc nationaux

1 Toubkal2 Tazekka3 Souss-Massa4 Al Hoceima5 Talassemtane*6 Ifrane*7 Haut-Atlas oriental*8 Iriqui9 Bas Draa*10 Dakhla côte des

phoques*10 bis Dakhla Sahara*

*En projet

• Réserve Biologique de Sidi Chiker ouM'sabih Talaâ créée dès 1952 sur 1237 hapour préserver la dernière population deGazelles dorcas des plaines du Haouz(quelques 200 têtes);

• Réserve Biologique de Bouârfa datant de 1967sur 22 000 ha pour la protection de l'Outardehoubara et la Gazelle dorcas des Hauts Plateauxde l'Oriental.

• Réserve Biologique de l'Archipel d'EssaouiraCréée en 1962 autour de l'îlot du Pharaon sur 28ha pour conserver une importante colonie deFaucons d'éléonore.

RESRVES RAMSAR

Quatre zones humides marocaines ont été classéssites RAMSAR en 1980. Il s’agit de :

• Réserve de Merja Zerga Créée en 1978 sur 3500ha, elle a été inscrite sur la liste RAMSAR en1980;

• Réserve de Sidi Bou Ghaba instituée RéservePermanente dès 1946 et établie RéserveBiologique sur 150 ha; mais dans une réserve per-manente de 5.600 ha;

• Réserve de la lagune de Khnifiss: Créée en 1962sur 6.500 ha;

• Réserve du lac Aguelmame Afenourir de 380 hainstituée "Réserve permanente" depuis 1948 dansle Moyen Atlas.

Actuellement les potentialités d’une vingtaine d’au-tres sites sont en cours d’études dans l’objectif deles inscrire sur la liste Ramsar.

RESEAU SIBE’sSites d'Intérêt Biologique et Ecologique

Ce sont des milieux identifiés par l’Etude Nationalesur les Aires Protégées pour leurs valeurs écologique,scientifique, socio-économique ou patrimoniale. Ilssont au nombre de 160 SIBE's dont 48 considérés"de priorité 1", 50 "de priorité 2" et 62 "de priorité 3".Ceux classés "priorité 1", comportant des écosystè-mes originaux, les plus représentatifs et les plusriches en biodiversité, qui doivent être rapidementplacés sous un statut de protection (type réserve natu-relle) dans un délai ne dépassant pas 5 ans; alors queles autres dans un délai ne dépassant pas 10 ans.

PARCELLES PORTE-GRAINES

Près de 837 hectares sont couverts par des forma-tions génétiques forestières autochtones qui sontrépartis sur 137 parcelles classées en guise de peu-plements porte-graine in situ pour des espèces dontle pin d'Alep, le pin maritime du Maghreb, le cèdre

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Sites d’Intérêt Ecologique etBiologique: SIBE’s (AEFCS

1996)

Quelques richesses protégéesdu Maroc: Sebkha de sidiBoughaba, lagune de khni-

fiss et l’arganeraie

de l'Atlas, le Cyprès de l'Atlas et le sapin du Maroc.Mais à côté de ces ressources génétiques autochto-nes, il y a, bien sûr, l'Arganeraie, le chêne liège et leThuya. Moins nombreux sont les cultivars où sontprotégées les cultures des variétés locales.

RESERVES MAB

Deux écosystèmes patrimoniaux plus ou moins grave-ment menacés à l’échelle nationale ont été programméspour constituer des réserves MAB (Man andBiosphere). Le premier, l’arganeraie, du sud marocaina déjà bénéficié recemment de ce statut; alors que lasecond (palmeraie) est en cours de négociations.

II.D -2 PROGRAMMESDE CONSERVATION EX SITU

FLORE

Acôté des dispositions visant la conservation insitu de ses ressources vivantes, le Maroc est

doté de nombreuses institutions essayant, dans leslimites de leurs moyens, de soutenir animaux etvégétaux dans leurs efforts de survie. Cependant, endehors d'espèces pastorales et fourragères ayant atti-ré l'attention de certains améliorateurs, la conserva-tion ex-situ de la biodiversité des espèces sauvagesreste peu développée :

• Jardins botaniques : qui concernent principalementles collections d'espèces exotiques et ornementales.Les jardins exotique de Salé et d'essaie de Rabat peu-vent être pris comme exemples. Certains autres jar-dins, plutôt pédagogiques tels que ceux de l'ENFI oul'IAV Hassan II comportent également un certainnombre d'espèces rares ou menacées du Maroc.

• Arboreta : Il s'agit d'une quarantaine de sites-testde comportement d'espèces végétales indigènes et

exotiques qui datent de près de 60 ans et qui sontdispersés sur pratiquement l'ensemble du territoirenational.

• Banques de semences : Certaines "banques" desemences sont entretenues par des institutions derecherche botanique telles que l'Ecole NationaleForestière des Ingénieurs, l'Institut Agronomique etVétérinaire Hassan II, l'Institut National deRecherche Agronomique, l'Administration des Eauxet Forêts et de la Conservation des Sols, etc.); mais, ils'agit essentiellement de collections de recherchesdans des buts d'amélioration. Faute de moyenshumains et matériels permettant l'entretien de plusvastes collections et de l'ensemble du patrimoinevégétal du Maroc, on ne peut parler de véritablesbanques de semences au Maroc.

FAUNE

• Jardins zoologiques: La principale collectiond'espèces marocaines conservées en captivité estmaintenue au Parc Zoologique National de Témara,les autres jardins zoologiques du Maroc n'hébergeantque des collections fort modestes; mais la contribu-tions de ces parcs zoologiques dans la conservationdes espèces indigènes reste très limitée dans la mesu-re où le milieu naturel où ces espèces devraient êtreintroduites n'en profite que très peu.

• Banque de sperme: Ce sont des infrastructuresprincipalement destinées à l’amélioration géné-tique des animaux domestiques, en particulier lecheptel ovin, et bovin.

COLLECTIONS

Ce sont essentiellement des animaux et des végé-taux morts, témoins de leur appartenance marocai-ne, stockés sous forme de collections de rechercheou d'expositions. Il s'agit, certes, d'un patrimoinebiologique, mais qui ne peut être utilisé pour desopérations de reproduction, de repeuplement, derestauration et de réhabilitation. L’une des plusgrandes collections du Maroc et de l’Afrique est

domiciliée actuelle-ment à l’InstitutScientifique de Rabat;elle comporte desmilliers de spécimensd’animaux de référen-ce, 25 armoires deSpongiaires, deCœlentérés,Echinodermes,

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Jardins botaniques et parcs zoologiques, les deux principales approches de la conservation ex situ

Mollusques, Myriapodes, Poissons, Oiseaux (25armoires), Coléoptères, Lépidoptères et Orthoptères(2462 boites), Coccidés, Insectes divers et galles (1armoire) ainsi que 65 boites de lames et lamellesd'entomologie agricole.

De par son ancienneté, cette institut a pu constituerégalement une importante collection de plantes qu'ilconserve sous forme d'herbier (champignons,lichens, algues, plantes vasculaires), le plus impor-

tant au Maroc (presque 95% de toutes les plantesvasculaires du Maroc).

D'autres institutions, telles que l'ENFI, l'ENA, l'IAVHassan II, l'INRA détiennent également des herbiers;mais ceux ci sont beaucoup plus réduits en nombre eten diversité.

Il importe également de préciser que des spécimensappartenant à la faune et la flore du Maroc sontmaintenus dans des collections de nombreuxmusées à travers le monde (Royaume Uni, Espagne,France, Allemagne, Irlande, Japon, etc.).

MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRENATURELLE

Hébergé à l'Institut Scientifique (UniversitéMohammed V, Rabat), Ce musée des sciences natu-relles comporte un grand nombre de collections d'a-nimaux, de végétaux et de roches. C'est une collec-tion destinée à la sensibilisation et l'éducation(grand public, élèves, étudiants, etc.) et comporte:139 spécimens de végétaux, 292 spécimens d'inver-tébrés marins, plus de 43 boites d’arthropodes ter-restres (papillons, coléoptères, etc.), 194 spécimensde poissons, 9 spécimens d'amphibiens, 55 spéci-mens de reptiles, 37 spécimens de mammifèresempaillés, 283 spécimens d'oiseaux, 86 fossiles etossements de tortues et mammifères marins et ungrand nombre de roches volcaniques, sédimentaires,etc., provenant de diverses régions du pays.

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PRINCIPAUX GROUPES/ESPECES ENTRETENUSDANS LE PARC ZOOLOGIQUE NATIONAL (TEMARA)

Reptiles: Testudo graeca graeca, Varanus griseus griseus,Acanthodactylus spp. (diverses espèces), Eumeces algerien-sis, Lacertidae (diverses espèces), Coluber monspessulanus,Naja haje legionis, Macrovipera mauritanica, Cerastes ceras-tes, Cerastes vipera.

Oiseaux: Struthio camelus, Phalacrocorax carbo, Bubulcusibis, Ciconia ciconia, Geronticus eremita, Phoenicopterusruber, Anser anser, Tadorna tadorna, Tadorna ferruginea,Anas penelope, Anas platyrhynchos, Anas strepera, Anasacuta, Anas clypeata, Anas crecca, Marmaronetta angusti-rostris, Aytha ferina, Milvus migrans, Neophron percnopte-rus, Gyps fulvus, Torgos tracheliotus., Circaetus gallicus,Circus aeruginosus, Buteo buteo, Buteo rufinus cirtensis,Aquila chrysaetos, Hieraetus fasciatus, Falco tinnunculus,Numida meleagris, Alectors barbara, Coturnix coturnix,Francolinus bicalcaratus, Gallinula chloropus, Fulica atra,Fulica sp., Anthropoides virgo, Chlamydotis undulata,Burhinus oedicnemus, Himantopus himantopus,Recurvirostra avosetta, Pluvialis squatarola, Arenaria inter-pres, Calidris alpina, Limosa sp., Numenius arquata, Tringasp., Larus cachinnans, Larus ridibundus, Columba palum-bus, Streptopelia turtus, Streptopelia senegalensis, Oenacapensis, Tyto alba, Bubo (bubo) ascalaphus, Asio capensis.Strix aluco, Turdus merula, Pycnonotus barbatus, Pica picamauretanica, Corvus corax tingitanus, Coccothraustes coc-cothraustes, Loxia curvirostra.

Mammifères: Macaca sylvanus, Hystrix cristata,Atlantoxerus getulus, Canis aureus, Vulpes vulpes, Vulpesrueppeli, Fennecus zerda, Mustele putorius, Genetta genetta,Hyaena hyaena, Felis caracal, Panthera leo, Panthera par-dus, Sus scrofa, Oryx dammah, Addax nasomaculatus,Gazella dorcas, Gazella cuvieri, Ammotragus lervia, Cervuselaphus barbarus.

Museums d’histoire naturelle, mémoire dupassé et témoin des répercussions des acti -

vités anthropiques

Les jardins zoologiques, une approche scientifique pour aider les animaux, sur-tout les plus menacés, à assurer leur pérennité.

II.D-3 RESTAURATION / REHABILITATION

La réintroduction, qui consiste à replacer uneespèce animale ou végétale dans le lieu d'où

elle a disparu est une approche également utilisée auMaroc pour restaurer ou réhabiliter certains élé-ments de la biodiversité nationale ayant disparu denotre pays. Il s'agit particulièrement du Cerf deBerbérie (Cervus elaphus barbarus), disparu duMaroc au Néolithique et qui a été importé deTunisie où il est encore relativement abondant etréintroduit dans le Parc National du Tazekka et dansla Réserve Naturelle d'AïnLeuh qui fera partie du ParcNational d'Ifrane.

Il s’agit aussi de la Gazelledama (Gazella dama),l'Oryx (Oryx dammah),l'Addax (Addax nasomacu-latus), et l'Autruche(Struthio camelus) dont lestrois premières proviennet

de parcs zoologiques allemands et dont la dernièreprovient du Tchad. Ces quatre espèces ont été réin-troduites dans le Parc National du Souss-Massa, quiest perçu comme réservoir pour les Parcs Nationauxen prévision des zones sahariennes (Bas Draâ etDakhla). Des essais d’introduction du moufflon àmanchettes sont également en cours dans le SIBEdes Beni Snassen.

II.D -4 PRATIQUES TRADITIONNELLES DE LA CONSERVATION

L’usage de la biodiversité est très ancré dans lestraditions sociales au Maroc. En effet, il n’y a

pas un seul “Medina” où on ne trouve pas des her-boristes exposant “mille et une plantes” desséchéeset de nombreuses espèces animales, surtout terrest-res allant de la petite mouche verte (cantharide) ou“Debbana Hendya” jusqu’aux peaux ou cornes degrands mammifères, en passant par les tortues, lesserpents, les rongeurs, les lézards, etc. presque tou-

tes aussi menacées les unesque les autres; certainesmême inscrites dans deslistes rouges internationa-les. C’est dire, combienl’utilisation de la biodiver-sité est ancrée dans les pra-tiques traditionnelles culi-naire, médicinales ducitoyen marocain.

Parfois pour assurer lescroyants des esprits

malifiques les éléments dela biodiversité sont utilisés

dans la Cependant, il ne faut pasnégliger, par ailleurs, les infor-mations, les connaissances,l’expériences et les traditionsdétenues par des populationslocales et qui pourraient êtrecapitalisées pour des fins deconservation et d’utilisationdurable de la biodiversité. C’est,entre autres, le cas de la végéta-tion naturelle maraboutique etde sa faune associée, conservéegrâce au respect de ces lieux

saints et où le ramassage des espèces, même d’in-térêt socio-économique, sont moralement interdits.C’est l’exemple aussi d’une formation végétaled’Accacia radiana dans la région Sud Est deZagora; les populations riveraines ont instauré, defaçon spontanée, une réglementation qui interditles coupes des branches (50 dh d’amende pour unebranche coupée) et des arbres (500 dh pour unarbre coupé).

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Les marabouts et les cimetières constituent des lieux sacrés où sontconservées, de façon naturelle, nombreuses espèces et races

autochtones

Repeuplements et réhabilitations sont des approches largementutilisées pour sauver des espèces et leurs habitats.

II.E-1 CADRE LEGISLATIF

Sur le plan environnemental, ce ne sont pas les tex-tes législatifs qui font défaut au Maroc puisque l'ar-

senal juridique national est bien fourni et ce, depuisdéjà le début du siècle dernier. Il s'agit, entre autres, duDahir de 1917 sur l'exploitation et la conservation de laforêt ou encore le Dahir de 1934 sur les parcs natio-naux. Cependant, la pertinence de ces textes est tou-jours restée proportionnelle à l'intérêt accordé, à l'é-poque, à chacune des composantes de la biodiversiténationale et, aussi, au degré de compréhension et deperception de la problématique biodiversitaire. Lestextes concernaient donc davantage la chasse, la pêchefluviale, la protection du gibier, les paysages, la créa-tion d'espaces (pour la détente), etc. Les problèmesétaient peu aigûs et les dispositions législatives, enconséquence, étaient peu agressives et peu dissuasi-ves comparées, bien sûr, aux risques qu'encourentactuellement aussi bien les espèces que les espaces.L'Etude Nationale sur la Biodiversité a recensé plusde 240 textes législatifs relatifs à la diversité biolo-gique nationale; les plantes (végétaux, semences etforêts) y paraissent les plus réglementées (138 des243 textes répertoriés, soit près de 47%), ce qui neveut absolument pas dire que les plantes sont lesplus protégées puisque, effectivement, aucune desespèces végétales n'est réglementée par aucun textelégislatif national. Paradoxe !.

C'est, en fait, un armada de textes qui ne consti-tuent pas une réelle protection pour la biodiversitémarocaine; cependant, avec la surexploitation desressources biologiques, aussi bien continentalesque marines, avec la disparition de nombreusesespèces qui faisaient la renommée de notre pays,avec la raréfaction de nombreuses espèces et laréduction de nombreux espaces (forestiers, agrico-les, etc.), avec l'industrialisation et les polluantsqu'elle génère, avec la croissance démographiqueet les besoins sans cesse croissants en nourriture,etc. et, aussi, avec l'engagement international etrégional du Maroc, pour sa contribution dans laconservation et l'utilisation durable du patrimoinemondial, il a été procédé progressivement à certai-nes modifications de textes nationaux régissantnotre environnement.

Récemment, un processus de refonte et d'actualisa-tion de l'arsenal juridique a été entamé en concer-tation avec divers départements et nombreux pro-jets de lois ont été initiés, développés ou mêmeadoptés et qui sont relatifs aux domaines suivant:le littoral, la lutte contre la pollution marine, pland'urgence national, la lutte contre la pollutionatmosphérique, la pollution de l'air dans le secteurcimentier, gestion des déchets et leur élimination,l'eau, les aires protégées, etc.

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II.E - CADRES LEGISLATIFET INSTITUTIONNEL