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Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 1 COLLOQUE NATIONAL SUR LES MALADIES DU BOIS DE LA VIGNE Organisé par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du Territoire et l’Institut Français de la Vigne et du Vin Vendredi 9 décembre 2011 de 10 h à 16 h 30 Ministère de l’Agriculture Salle Gambetta, 78, rue de Varenne, 75007 Paris MINISTERE DE L'AGRICULTURE, DE L'ALIMENTATION, DE LA PÊCHE, DE LA RURALITE ET DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE avec la contribution financière du compte d'affectation spéciale "Développement agricole et rural"

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Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 1

COLLOQUE NATIONAL SUR LES MALADIES DU BOIS DE LA VIGNE

Organisé par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche,de la Ruralité et de l’Aménagement du Territoire

et l’Institut Français de la Vigne et du Vin

Vendredi 9 décembre 2011 de 10 h à 16 h 30Ministère de l’Agriculture

Salle Gambetta, 78, rue de Varenne, 75007 Paris

MINISTERE DE L'AGRICULTURE,DE L'ALIMENTATION, DE LA PÊCHE,

DE LA RURALITE ET DE L'AMENAGEMENTDU TERRITOIRE

avec la contribution financière du compted'affectation spéciale "Développement agricole et rural"

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10 h Ouverture du colloque

Etat des lieux des programmes de recherche, par Philippe Larignon (IFV)

L’Appel à Projets financé par le CASDAR, par Daniel Boissières (DGER)

Résultats de l’observatoire au vignoble, par Bruno Doublet (DGAL)

Epidémiologie de l’Esca/BDA et étude des communautés de microbes colonisant le tronc chez la vigne, par Patrice Rey (ENITAB/INRA SAVE) Caractérisation des mécanismes impliqués dans l’expression des symptômes et identification de toxines, par Florence Fontaine (URCA)

Recherche de marqueurs physiologiques et moléculaires impliqués dans la tolérance de la vigne à certains champignons des maladies de dépérissement, par Eric Gomez (ISVV EGFV) Actions de coopération au plan international, par Philippe Larignon (IFV) Situation des maladies du bois de la vigne en Espagne, par Josep Armengol (Instituto Agroforestal Mediterráneo Universidad Politécnica de Valencia)

12 h Débat, questions réponses avec le public 12 h 30 Pause déjeunatoire – dégustation de vins des terroirs de France, offerts par le CNIV 13 h 30 Reprise du colloque

Pépinière viticole et maladies du bois, par Laurent Bernos (Chambre d’Agriculture de la Gironde)

Incidence des pratiques culturales sur les maladies du bois, par Christel Chevrier (Chambre Régionale d’Agriculture du Languedoc-Roussillon)

Evaluation de l’efficacité d'une stratégie alternative de traitement chimique, par Jean-François Chollet (Université de Poitiers)

Lutte biologique et maladies du bois, par Christophe Clément (URCA)

Maladies du bois et agronomie viticole, par Philippe Kuntzmann (IFV)

15 h 15 Débat, questions réponses avec le public

15 h 45 Conclusion Table ronde avec M. Bernard Nadal, Président de l’IFV ; M. Michel Baldassini, Vice-Président du CNIV ; M. Eric Rosaz, Délégué Filière Vin de FranceAgriMer ; Mme Pascale Briand, Directrice Générale de l’Alimentation.

16 h 30 Fin du colloque

Animation : Monsieur Jean-Pierre Van Ruyskensvelde, Directeur de l’IFV

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• Armengol-Forti Josep, Instituto Agroforestal Mediterranéo – Valencia, Espagne

• Bernos Laurent, Chambre d’Agriculture de la Gironde - Blanquefort

• Chevrier Christel, Chambre Régionale d’Agriculture Languedoc-Roussillon - Lattes

• Chollet Jean-François, Université de Poitiers, Laboratoire Synthèse et Réactivité des Substances Naturelles - Poitiers

• Clément Christophe, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), UFR Sciences Exactes et Naturelles - Reims

• Doublet Bruno, DRAAF-SRAL Champagne-Ardenne - Reims

• Fontaine Florence, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), UFR Sciences Exactes et Naturelles - Reims

• Gomes Eric, UMR1287 INRA, Université de Bordeaux, ENITAB Ecophysiologie et Génomique Fonctionnelle de la Vigne - Villenave d’Ornon

• Kuntzmann Philippe, Institut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Alsace - Colmar

• Larignon Philippe, Institut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Rhône-Méditerranée - Rodilhan

• Rey Patrice, INRA/ENITA de Bordeaux - UMR Santé et Agroécologie du vignoble - Gradignan

• Représentant de la DGER, Ministère de l’Agriculture - Paris Table ronde

• Briand Pascale, Directrice Générale de l’Alimentation

• Badalssini Michel, Vice-Président du CNIV

• Despey Jérôme, Président du Comité Vin de FranceAgriMer

• Nadal Bernard, Président de l’Institut Français de la Vigne et du Vin

• Van Ruyskensvelde Jean-Pierre, Directeur de l’Institut Français de la Vigne et du Vin

• Vasseur Guy, Président de l’APCA ou son représentant

Les intervenants

Animateur : Van Ruyskensvelde Jean-Pierre, Directeur de l’Institut Français de la Vigne et du Vin

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Les maladies du bois attaquent les organes pérennes de la vigne, provoquant à plus ou moins long terme la mort du cep. Deux d’entre elles, l’esca et le Black Dead Arm, étaient contrô-lées jusqu’en novembre 2001 par l’utilisation de l’arsénite de sodium qui a été retiré du fait de sa toxicité non seulement pour l’homme mais aussi pour l’environnement. Sa suppression inquiète d’autant plus les viticulteurs qu’aucune méthode de lutte de remplacement satis-faisante ne leur a été proposée, et met ainsi en péril le maintien de l’outil de production et sa longévité et cela à l’échelle de toutes les régions viticoles françaises. Quant à la troisième principale maladie présente en France, l’eutypiose, même si des méthodes de lutte existent (recépage, taille tardive, système de taille, prophylaxie) pour la limiter, elle provoque toujours des dommages importants dans le vignoble. Les conséquences de ces maladies seront nom-breuses à moyen terme : elles entraîneront soit une dépréciation de la qualité des vins suite à un rajeunissement des parcelles, soit une perte de la typicité d’un vin d’une région viticole suite à la non replantation des cépages les plus sensibles. Dans l’objectif d’aider la viticulture à sor-tir de cette impasse technique, il est important d’apporter des moyens de lutte aux viticulteurs pour contrôler ces maladies, qui doivent être efficaces, respectueuses de l’environnement et économiquement acceptables pour les exploitations. Les maladies du bois sont des dépéris-sements encore mal connues et pour cette raison, le champ d’études reste large. Aucune voie ne doit être négligée pour répondre le plus rapidement à la demande sociale (trouver une al-ternative à l’arsénite de soude).

Les études menées en France depuis ces dernières années ont porté i) sur la mise au point d’outils de diagnostic qui sont nécessaires pour avancer sur les connaissances en épidémio-logie,, ii) sur la compréhension des mécanismes impliqués dans l’expression des symptômes foliaires de l’esca et du Black dead arm ou encore ceux de l’eutypiose au moyen des techniques transcriptomiques, et iii) sur l’identification des agents intervenant dans les premières phases de la maladie (expression foliaire). Ces travaux sont nécessaires non seulement pour identi-fier les cibles à atteindre, mais également de dégager de nouvelles pistes de recherche. Les études ont porté également sur la recherche de méthodes de lutte à partir des connaissances déjà acquises. Le contrôle des maladies des bois peut être réalisé soit en agissant directement sur les microrganismes impliqués, soit en agissant sur la plante pour limiter l’expression des symptômes foliaires ou pour renforcer ses défenses.

Le premier axe de recherches concerne la recherche de méthodes de lutte qui ont une action directe sur les champignons associés aux maladies du bois. L’objectif étant d’empêcher leur pénétration dans la plante, leur développement dans les tissus ligneux ou d’éliminer leur ino-culum. Les voies choisies pour atteindre ces objectifs sont : la production de matériel sain en pépinières, la protection des voies de pénétration par des produits biologiques ou phytophar-maceutiques, la limitation de leur développement dans le cep au moyen de différents procédés (injections, pulvérisation de molécules ambimobiles gardant leur activité biologique dans la plante), l’éradication des sources d’inoculum, la recherche de système de conduite limitant les contaminations ou l’amélioration de la prophylaxie en détectant les ceps malades avant l’exté-riorisation de symptômes (eutypiose).

éTaT des lieux des programmes de recherche

larigNoN philippeInstitut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Rhône-Méditerranée, Domaine deDonadille - 30230 [email protected]

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Le deuxième axe stratégique porte sur la recherche de méthodes de lutte qui ont une action directe sur la plante. Ce travail nécessite des connaissances plus approfondies sur les facteurs environnementaux influençant l’expression des symptômes, l’objectif serait de «jouer» sur les facteurs impliqués pour limiter l’expression foliaire. Il concerne également sur la recherche de méthodes de lutte renforçant ses mécanismes de défense.

Les travaux effectués depuis l’interdiction de l’arsénite de sodium n’ont actuellement pas per-mis d’apporter de solutions satisfaisantes aux viticulteurs. Les difficultés de la mise au point de moyens de lutte efficace sont liées : à la complexité de ces maladies se manifestant sous différents faciès dans le vignoble, impliquant de nombreux champignons au rôle encore mal défini ; à la non connaissance véritable des agents responsables des symptômes sur la partie herbacée ; à l’incapacité de faire pénétrer des substances efficaces in vitro au sein des tissus ligneux empêchant le développement des champignons ; à l’incapacité de protéger les voies de pénétration de la maladie par des méthodes économiquement acceptables par le viticulteur. Pour renforcer les travaux de recherche et d’expérimentation sur des moyens innovants de prévention et de lutte contre les maladies du bois, le Ministère de l’alimentation, de l’agricul-ture et de la pêche a lancé en décembre 2008 dans le cadre du plan quinquennal de modernisa-tion de la viticulture, un appel à projets spécifique, financé à hauteur de 1,5 million d’euros par le CASDAR. Cet appel à projet est une volonté du Ministère et des professionnels du secteur viticole pour que soient trouvées des solutions durables pour lutter contre ces maladies (Black Dead Arm, esca, eutypiose). A côté de ces programmes de recherches, d’autres, financés par FranceAgriMer, le CNIV, les Régions… se sont mis en place portant sur les cycles biologiques, les méthodes de lutte, la compréhension des interactions entre la plante et le pathogène avec des outils de haute-technologie, etc.

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les disposiTifs d’observaTioN au vigNoble : l’observaToireNaTioNal eT les réseaux d’épidémiosurveillaNce

doubleT brunoDRAAF-SRAL Champagne-Ardenne, 37 av Hoche - site les Essillards - 51686 ReimsCedex 2et Jacques Grosmann, Expert Référent DGAL/[email protected]

Les maladies du bois de la vigne, esca, black dead arm et eutypiose, représentent l’une des principales préoccupations en matière de protection du vignoble, notamment du fait de leur impact en terme de mortalité associée. La pénurie d’options disponibles pour le contrôle de ces maladies amplifie encore ce constat. Suite à l’interdiction de l’arsénite de soude en no-vembre 2001, un observatoire national pluriannuel a été mis en place en 2003 par un groupe de travail sous l’égide de l’ONIVINS (actuellement FranceAgriMer). Ce dispositif unique par sa taille et le nombre de structures impliquées comportait plus de 700 parcelles et 29 cépages répartis sur l’ensemble du territoire français. L’exploitation des données a été réalisée par la DGAL et les services régionaux de la protection des végétaux. L’observatoire répondait à deux objectifs, d’une part établir un état des lieux de la situation des maladies du bois en observant de façon objective leur évolution, d’autre part, identifier les critères parcellaires qui influent sur les expressions de ces maladies. Un important travail statistique a été mis en œuvre en 2006.

Une synthèse des résultats couvrent la période de 2003 à 2008, soit 6 années d’observation. Elle met en évidence l’impact des facteurs cépage et âge de la vigne dans le niveau d’expres-sion des symptômes. La sensibilité des différents cépages vis-à-vis de l’esca-black dead arm (les 2 syndromes ne sont pas différentiés dans les observations) et de l’eutypiose a pu être établie. Les données récentes qui font l’objet de cette présentation (2010-2011) confortent ce classement. En ce qui concerne l’âge, l’étude statistique de 2006 mettait en évidence que la prévalence (% de ceps avec symptômes) était maximale entre 12 et 18 ans et diminuait ensuite progressivement. A noter également que le vieillissement des parcelles initiales de l’observa-toire supposerait de fait un rajeunissement d’une partie de l’échantillon.

Sur le terrain, le dispositif observatoire a pu être reconduit dans plusieurs régions sous le pilo-tage des structures professionnelles déjà impliquées précédemment.

A partir de 2009, la réorganisation des réseaux d’épidémiosurveillance permet d’inscrire le suivi des maladies du bois dans les protocoles nationaux harmonisés d’observation qui pré-voient une notation obligatoire pour l’esca-black dead arm et facultative pour l’eutypiose. Les premières observations débutent en 2010; elles permettent ainsi de disposer d’informations pour tous les vignobles, notamment ceux non couverts par l’observatoire.

La situation globale présentée ce jour, résulte de la synthèse des données actuelles issues de ces différents réseaux. Ces résultats doivent être relativisés compte tenu de l’extrême diversité des situations. S’ils doivent donc être considérés avec précaution, ils permettent néanmoins de dégager des tendances.

Les résultats montrent qu’au-delà des fortes variations d’expression inter-annuelles, les moyennes masquent de grandes disparités entre parcelles et entre cépages y compris pour une même région.

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l’eutypiose présente quasi uniformément des taux d’expression en nette baisse. Cette ten-dance est notamment constatée en Charentes sur l’Ugni blanc, cépage le plus sensible: le taux d’expression est passé de 20 à 6 % entre 2003 et 2011. Dans une moindre mesure le Cabernet Sauvignon suit la même tendance dans le Sud-Est. Précisons que cette maladie est à présent systématiquement moins notée dans les réseaux.

l’esca-black-dead arm demeure le syndrome le plus préoccupant qu’il s’agisse des formes lente ou foudroyante (apoplectique) : plus de la moitié des cépages observés présentent des prévalences proches ou supérieures à 5 %. Les cépages jurassiens Savagnin et Trousseau sont les plus touchés avec une prévalence généralement supérieure à 10 %. Ailleurs, les cépages, Colombard, Gewurztraminer, Sauvignon, Ugni blanc, Cabernet franc, Chenin, Cabernet Sauvi-gnon, figurent également parmi les plus atteints, ce qui confirme la sensibilité déjà connue de ces cépages.

L’impact économique lié à ces maladies de dépérissement est important dans les situations les plus préoccupantes. La perte moyenne de production (évaluée à partir de la notation des ceps morts et manquants, complantés et recépés) varie de moins de 3 % à plus de 20 % selon les situations parcellaires.

Dans ce contexte évolutif et face à la diversité des situations locales, le maintien d’un dispositif de surveillance des maladies du bois demeure indispensable. Il doit permettre en outre d’éva-luer à terme les solutions susceptibles d’être mises à la disposition des viticulteurs.

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épidémiologie de l’esca/bda eT éTude des commuNauTés de microbes coloNisaNT le TroNc cheZ la vigNe

reY patriceINRA/ENITA de Bordeaux - UMR Santé et Agroécologie du vignoble, 1 Cours duGénéral de Gaulle - BP 201 - 33175 [email protected]

Afin de comprendre le développement des maladies du bois de la vigne, ici l’Esca/BDA, un axe de recherche développé dans notre unitéconsiste à réaliser des expérimentations sur la composition, le fonctionnement et l’évolution au cours du temps des microflores colonisantles plants atteints par l’Esca/BDA ou sains en utilisant des approches de métagénomique.Nos analyses ont montré que le bois sain de jeunes ceps (9-10 ans) n’exprimant pas de symp-tômes d’Esca/BDA était colonisé par un microflore fongique abondante et diversifiée (au moins 44genres de champignons différents). La plupart de ces champignons sont non pathogènes de plante, un pourcentage important d’entre eux ont même des potentialités pour protéger le végétal. Par exemple, on y détecte fréquemment des Trichoderma spp., l’espèce la plus nom-breuse étant Trichoderma atroviride. Il faut cependant noter que ce bois sain est aussi colonisé par des champignons potentiellement pathogènes du genre Botryosphaeria dont les espèces Diplodia seriata et Neofusicoccum parvum. Ainsi, au sein du bois de jeunes plants non atteints par l’Esca/BDA une compétition existe entre champignons potentiellement protecteurs ou patho-gènes de la vigne. Chez les ceps plus âgée (15-25 ans), plusieurs nécroses typiques (centrales, sectorielles, amadou...) sont observées dans le bois et sont préférentiellement colonisées par quelques champignons pathogènes. Ainsi, Phaeomoniella chlamydospora colonise majoritaire-ment les ponctuations noirâtres et les Botryosphearia les nécroses centrales. Dans le tronc de la vigne, une évolution caractéristique est donc observée avec passage d’une grande diversité en champignons (bois sains, ceps jeunes) à celle où quelques pathogènes colonisent préféren-tiellement les zones dégradées (bois nécrosés, ceps de 15-25 ans). Plusieurs questions se po-sent : pourquoi le bois sain de ceps relativement jeunes (9-10 ans) devient systématiquement nécrosé chez des ceps plus âgés (15-25 ans) ? Qu’est devenue la microflore fongique initiale (en particulier les champignons potentiellement protecteurs du végétal) colonisant les ceps jeunes ? Pourquoi la diversité fongique diminue-t-elle chez les ceps âgés ? Quels évènements sont responsables de cette modification ?L’étude du bois nécrosé ou sain des ceps montre qu’il est aussi fortement colonisé par de nombreuses bactéries. Les communautés bactériennes colonisant les nécroses ou le bois sain sont généralement différentes et chez les ceps de 9-10 ans étudiés, elles tendent à se diffé-rencier lors de la saison hivernale entre les plants ayant exprimés des symptômes foliaires et ceux qui n’en n’ont pas exprimés. Il faut noter qu’à ce jour le rôle de ces bactéries chez la vig-neest inconnu. La littérature rapporte cependant que les bactéries colonisant le bois d’arbres peuvent agir de plusieurs manières. Elles sont capables de: destructurer le bois, décomposer des éléments toxiques pour les champignons pathogènes… En fait elles « préparent le terrain » pour les champignons dégradateurs du bois. Leurs actions expliqueraient en partie pourquoi le bois de ceps mature est fortement colonisé par des champignons qui induisent des nécroses importantes dans le bois de vigne. Actuellement nous caractérisons et étudions ces bactéries afin de vérifier la véracité de cette hypothèse.

Une autre action de recherche conduite par Lucia Guérin-Dubrana (UMR SAVE INRA/ENITAB) consiste à étudier l’épidémiologie de l’Esca/BDA. Les méthodes de statistique probabiliste sont utilisées pour caractériser la dynamique temporelle et spatiale de la maladie à l’échelle d’une parcelle monocépage dans le but de mesurer, modéliser et mieux comprendre les processus biologiques sous jacents. Ces études permettront par exemple de répondre aux questions sui-

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vantes : Comment la maladie est initiée ? Comment évolue-t-elle dans le temps et l’espace ? Quels sont les processus de contagion de l’Esca/BDA ? Quels sont les effets de l’environne-ment ou des facteurs culturaux ?Les études sont possibles grâce à une base de données constituée à partir des notations de l’état sanitaire de ceps cartographiés dans 43 parcelles de différentes régions viticoles fran-çaises (entre 4 à 10 années de suivie pour une parcelle). Cette métabase a été possible grâce au partenariat développé avec les organismes professionnels publics ou privés de la filière viticole.Les résultats de l’analyse spatiale exploratoire montre que la répartition des ceps exprimant l’Esca/BDA est généralement aléatoire lorsque le niveau de maladie est faible. Lorsque la fré-quence des ceps malades augmente, la répartition devient agrégative avec des petits regrou-pements de ceps malades (3 à 4) parfois orientés selon le sens du rang. Les hypothèses de contagion par dissémination aérienne à petite distance des champignons pathogènes impli-qués ou par transmissionvia les outils de taille sont avancées. D’un point de vue de l’évolution temporelle de la maladie, les analyses statistiques ont mis en évidence que la probabilité de mort partielle ou totale d’un cep augmente avec le nombre de réexpression de l’Esca/BDA. L’année d’expression précédant la mort explique beaucoup la mortalité. Cependant, il est aus-si observé de nombreux cas de ceps morts non reliés à l’expression antérieure de l’Esca/BDA , ni à celle de l’eutypiose. La cause de mortalité de ces ceps reste à élucider. La cartographie des sols des parcelles suivies pour les maladies du bois dans la région de Bor-deaux, de Bourgogne et en Champagne est réalisée. Ainsi, les données spatialisées pour des facteurs pédologiques et écophysiologiques permettent de mettre en évidence les relations possibles entre des indicateurs biophysiques et le degré de maladie. Les premiers résultats montrent, pour certaines parcelles, une plus grande fréquence de ceps exprimant l’Esca/BDA dans les zones à forte réserve utile en eau et confirment les observations effectuées entre parcelles dans la région bordelaise associant une plus forte expression de la maladie chez les vignes cultivés dans des sols profonds et argileux.Plus globalement, la construction d’un modèle mathématiqueest en cours afin d’identifier et de hiérarchiser les facteurs liés à l’environnement pédoclimatique et aux facteurs anthro-piques expliquant le mieux le développement de l’Esca/BDA et l’occurrence de mortalité des ceps de vigne. A terme, ces études permettront d’identifier les leviers agronomiques possibles pour combattre cette maladie.

partenaires impliqués dans la réalisation du projet- Chambres d’agriculture de Côte d’Or, P. PETITOT ; de Saône-et-Loire, J. DUREUIL ; de l’Yonne, G. MORVAN et Chambre Régionale d’Agriculture de Bourgogne, C. GROSJEAN- FREDON Bourgogne, M.C. PAPUT.- Laboratoire DIQUAS (AGROSUP Dijon): S. AYACHI, P. CURMI- IFV : PH. LARIGNON- UMR BIOGER (INRA VERSAILLES) : A. GAUTIER, V. LAVAL, L. BRIGITTE, M.H. LEBRUN- UMR 1287 EGFV (ISVV) : E. GOMÈS- UMR SAVE (ISVV):E.BRUEZ, G.COMONT, M.F.CORIO-COSTET, J.GERBORE, P.LECOMTE, J.VALLANCE, L. GUERIN-DUBRANA, P. REY- UR Biométrie (INRA AVIGNON) : J. CHADOEUF

financement des programmes de recherche sur ce thèmeBureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, CASDAR, Conseil Régional d’Aquitaine, ENITA de Bordeaux, Fondation Poupelain, FranceAgriMer, Biovitis SA.

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Les maladies du bois sont actuellement très préoccupantes pour la qualité et la pérennité du vignoble. L’absence de moyens de lutte efficace suite à l’interdiction de l’arsénite de sodium en 2001 en France a entrainé une recrudescence de ces maladies. Face à ce fléau, la recherche sur ces maladies est de nouveau active et s’oriente sur l’épidémiologie, les micro-organismes associés à ces maladies, la compréhension de l’interaction entre la vigne et les champignons responsables des maladies du bois ainsi que sur la proposition de moyens de lutte. Depuis 2003, le Laboratoire Stress, Défenses et Reproduction des Plantes de l’URCA est impliqué dans la caractérisation de l’interaction plante-champignons de vignes affectées par l’esca et/ou Black Dead Arm (BDA) et ceci en collaboration avec des partenaires académiques nationaux et européens et de l’interprofession viticole (cités ci-dessous). Le projet de recherche s’arti-cule en 3 parties complémentaires comprenant (1) une meilleure connaissance des agents pathogènes axée sur l’identification des toxines qu’ils produisent et leur rôle potentiel dans l’expression des symptômes, (2) la mise au point d’un modèle simple d’étude des symptômes foliaires permettant un travail permanent et (3) la caractérisation de l’état physiologique de la plante affectée par l’esca/BDA dont sa capacité à activer des réponses de défense et l’impact sur le métabolisme carboné. Ce dernier a été choisi car son bon fonctionnement est vital pour la pérennité de la plante et des perturbations précoces de ce métabolisme sont de bons indica-teurs de stress. Ces travaux sont menés sur 2 cépages, le Chardonnay et le Gewurztraminer. A terme, nous espérons acquérir suffisamment de connaissances sur ces maladies pour ensuite nous consacrer au développement de moyens de lutte biologique.

Notre recherche basée sur l’isolement et l’identification de toxines produites par certains patho-gènes a concerné 2 espèces de Botryospheriaceae, Diplodia seriata et Neofusicoccum parvum, isolées de vignobles Français (IFV) et Portugais (ISA) et associé à l’expression du BDA. De ces 2 souches croissant en conditions artificielles, des molécules ont été produites et identifiées dont certaines sont communes aux 2 espèces (Université de Fribourg). Les molécules communes iden-tifiées sont la méllèine et la trans- et cis-4-hydroxyméllèine. D’autres molécules ont été identi-fiées uniquement chez N. parvum : une toluquinone, une lactone et 7 toxines codifiées sous le nom de NpTox1 à NpTox7. La méllèine et NpTox4 sont actuellement produites en grande quantité et2 autres toxines, cis-4-hydroxyméllèine et NpTox1 sont en cours de production.

Afin de déterminer la toxicité de ces molécules pour la plante, des tests sont en cours sur des disques foliaires (URCA) et des cals, i.e. amas de cellules indifférenciées (UHA). Sur le mo-dèle cal, nous avons observé un effet dose des toxines pour la méllèine et NpTox4 ; en effet, au-dessus d’une certaine concentration, certaines voies de défenses sont induites. De plus, les réponses de défenses induites étaient plus fortes pour les cals de Gewurztraminer que ceux de Chardonnay, indiquant une sensibilité différente. En parallèle, des tests de pathogénie avec D. seriata et N. parvum sont réalisés sur des plants greffés-soudés de Chardonnay et de Gewurztraminer cultivés en serre (URCA, ISA). Ces travaux sont menés en parallèle sur un cépage Portugais, le Tempranillo, car l’ISA obtient des nécroses dans les tiges et l’expression de symptômes foliaires sur des plants de Tempranillo un an après avoir inoculé la tige herba-

caracTérisaTioN de l’iNTeracTioN eNTre la vigNe eT leschampigNoNs respoNsables des maladies du bois

foNTaiNe florenceUniversité de Reims Champagne-Ardenne (URCA), URVVC-SE EA 2069, Laboratoire de Stress, Défenses et Reproduction des Plantes, UFR Sciences Exactes et Naturelles. Moulin de la Housse, BP 1039, 51687 Reims Cedex [email protected]

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cée avec D. seriata ou N. parvum. Des échantillons de tiges et de feuilles des plants infectés de Tempranillo et ayant exprimés des symptômes foliaires sont actuellement en cours d’analyses afin de caractériser l’impact de cette inoculation sur la physiologie de la plante (URCA). Dans le cas des inoculations de plants de Gewurztraminer et Chardonnay, nous n’avons pas encore obtenu de symptômes foliaires ; toutefois, l’inoculation a réussi puisque un an après, les pa-thogènes sont réisolés au niveau de la tige qui est devenue ligneuse.

Une étude physiologique est également menée au vignoble (plantation de 1987) sur des plants de Chardonnay et de Gewurztraminer (URCA, UHA) sur lesquels une analyse fongique est réa-lisée (IFV, URCA). Divers mécanismes biologiques et voies métaboliques sont suivis en amont et pendant l’expression des symptômes de la maladie afin d’expliciter les corrélations hy-pothétiques entre les altérations de ces voies et l’apparition des symptômes. Nous étudions ainsi l’implication de l’état des défenses naturelles de la plante (tronc, cordon, tige herbacée, feuilles) par le suivi de certains gènes, de la formation de composés antifongiques (phyto-alexines) ou encore des teneurs en composés hormonaux fortement impliqués dans les stress environnementaux. Nous nous intéressons également au métabolisme carboné, via les me-sures physiologiques (activité du PSII, échanges gazeux) ou encore par le suivi de l’expression de gènes impliqués dans la photosynthèse. Au niveau des feuilles, les mécanismes photosyn-thétiques sont affectés précocement uniquement chez des futurs ceps apoplectiques. En effet, ces mécanismes (assimilation en CO2, activité du photosystème II, diminution de la transcrip-tion de certains gènes associés à la photosynthèse) sont fortement perturbés 7 jours avant que les feuilles deviennent apoplectiques (sèches), i.e. visuellement, aucun signe ne permet de dire que la plante va prochainement exprimer des symptômes foliaires. Puis, nous observons une amplification de l’induction ou de la répression de gènes liés à la photosynthèse et aux réponses de défense au cours de l’évolution de la sévérité des symptômes. En complément de ces données, une approche globale par séquençage des mécanismes affectés dans des feuilles prélevées sur des ceps avant l’expression de la forme apoplectique de la maladie est en cours d’analyse (URCA). Au niveau de la tige herbacée, nous observons que la plante, forme lente ou apoplectique, est susceptible de modifier diverses voies métaboliques, qu’il s’agisse de mé-tabolismes primaires (métabolisme carboné, échange d’eau…) ou secondaires (mécanismes de détoxication, protéines de défenses, activation des voies de phénylpropanoïdes et des octa-décanoïdes…) en réponse à l’attaque d’agents fongiques responsables des maladies du bois. Ces perturbations induites dans les feuilles et les tiges herbacées sont observées en l’absence physique d’agents pathogènes puisque aucun champignon n’a été isolé dans l’ensemble des échantillons étudiés. Au niveau des tissus lignifiés des cordons ou des troncs, nous observons également des perturbations de diverses voies métaboliques dans le bois nécrosé ainsi que dans le bois « sain » (bois blanc, sans thylle et sans gomme). Une caractérisation de la bande brune est actuellement en cours.

Les perspectives proposées à ce travail sont d’une part de poursuivre la caractérisation de l’impact de ces maladies sur la physiologie de la plante dont les réponses de défense et d’autre part, de proposer une stratégie de lutte basée sur les propriétés de certains micro-organismes capables de coloniser la plante, d’avoir une action antifongique avérée et/ou de stimuler les défenses de la plante (élicitation) sur le lieu où se développent les champignons. Ce dernier point est présenté par C. Clément (Lutte biologique et maladies du bois de la vigne).

L’ensemble de ces travaux de recherche ont été financés par la Région Champagne-Ardenne (programmes VINEAL 1 et 2), France AgriMer (programme « Viticulture 2 : Maladies du bois »), le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du Territoire (programme CASDAR V902) et le CNIV (programme « Séquençage esca/BDA au niveau des feuilles »).

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partenaires associés(1)Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), URVVC-SE EA 2069, Laboratoire de Stress, Défenses et Reproduction des Plantes, UFR Sciences Exactes et Naturelles. Moulin de la Housse, BP 1039, 51687 Reims Cedex 2, France. - C. Clément, M. Magnin-Robert, A.Spagnolo., P. Letousey.(2)Université de Haute Alsace (UHA), Laboratoire Vigne Biotechnologie et Environnement EA 3391, UFR Pluridisciplinaire Enseignement Professionnalisant Supérieur, 33 rue du Herr-lisheim, 68008 Colmar, France. – C. Bertsch, M. Ramírez-Suero, J. Chong, S. Farine, F. Mazet.(3)Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), Pôle Rhône-Méditerranée, France, Domaine de Donadille, 30230 Rodilhan, France. – P. Larignon.(4)Institut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Alsace, France, 68000 Colmar, France. – P. Kun-ztmann.(5)Université de Fribourg, Département de Biologie, Unité Plantes, 3 rue Albert Gockel, 1700 Fribourg, Suisse – E. Abou-Mansour.(6)Institut Supérieur d’Agronomie (ISA), Tapada da Ajuda, 1349-017 Lisbonne, Portugal.- C. Rego.(7)Moët & Chandon, 6 rue croix de Busy, 51200 Epernay. - L. Mercier.

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recherche de gèNes marqueurs poTeNTiels de la ToléraNce de la vigNe à EutypA LAtA

gomes ericUMR1287 INRA/Université de Bordeaux/ENITAB Ecophysiologie et Génomique Fonc-tionnelle de la Vigne, Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, 210 Chemin de Ley-sotte - 33140 Villenave d’[email protected]

Actuellement, l’impact des maladies du bois en France est considéré comme suffisamment dommageable pour menacer la pérennité du patrimoine viticole. Toutes les régions ne sont pas touchées avec la même intensité, mais le nombre de ceps improductifs atteint 10 % dans les vignobles suivis au sein de l’observatoire National des maladies du bois. L’eutypiose, due au champignon Eutypa lata, contribue de façon significative aux dégâts dus aux maladies du bois, pour lesquelles il n’existe actuellement aucune solution curative phytosanitaire. Une des stratégies possible de lutte passe par la sélection de cépages ou de clones plus tolérants aux agents responsables de ces pathologies. Une telle sélection nécessite de déterminer des cri-tères simples et pertinents, liés aux réponses physiologiques et moléculaires de la plante à l’infection, et reliés à la tolérance aux champignons impliqués dans le dépérissement du bois de la vigne. Pour cela, il est nécessaire de mieux comprendre les réponses physiologiques et moléculaires de la vigne à l‘infection par E. lata.En effet, lors de la rencontre entre une plante et un agent pathogène, l’interaction peut conduire au développement d’une maladie (apparition de symptôme et de dégâts) ou au contraire à de la tolérance (absence de symptômes visibles malgré le développement du pathogène), voire à une résistance (absence de développement du pathogène). L’issue de l’interaction dépend pour une part importante des génotypes respectifs des deux protagonistes, autrement dit de l’infor-mation portée par l’ensemble de leurs gènes. Elle repose chez la plante sur une réponse mo-léculaire globale, qui affecte le niveau d’expression de nombreux gènes, qui se traduiront par la mise en place ou non, de réponses de défense adaptées. Le séquençage complet du génome de la vigne par Jaillon et collaborateurs en 2007 permet maintenant d’effectuer chez la vigne des analyses transcriptomiques globales, c’est-à-dire d’étudier les variations d’expression de l’ensemble des 30 000 gènes présents chez la vigne, sans aucun à priori, et de comparer la réponse de différents génotypes (cépages) réputés sensibles ou tolérants à l’eutypiose. Deux projets basés sur ce type d’approche et visant à mieux comprendre l’interaction E. lata/vigne sont actuellement en cours.Le premier projet (2010-2012), cofinancé par le programme CASDAR du ministère de l’Agricul-ture et la Fondation Jean Poupelain, a pour but de comparer les réponses transcriptomiques globales au niveau du bois chez trois cépages, en réponse à E. lata ; ainsi que les réponses phy-siologiques au niveau des feuilles (contenus en pigments, activités photosynthétiques), là ou se manifeste l’effet des toxines produite par le champignon. Les cépages choisis sont le Merlot, tolérant à l’eutypiose, et deux cépages sensibles : le Cabernet-Sauvignon et l’Ugni blanc. Le projet est découpé en 4 actions : (1) l’optimisation d’un système de production de boutures vé-gétatives homogènes, saines ou inoculées par E. lata ; (2) l’étude des réponses physiologiques des feuilles à l’inoculation des boutures au niveau du bois ; (3) l’étude comparée des réponses moléculaires globales au niveau du bois de boutures saines et inoculées et (4) l’étude de l’ex-pression d’un nombre réduit de gènes identifiés lors de l’action 3 dans le bois de boutures inoculées par des Botryospaeriaceae impliqués dans le syndrome de l’ESCA. A mi-parcours du projet, les résultats obtenus sont les suivants. L’optimisation du protocole de production et d’inoculation des boutures en année 1 du projet à permis de générer un nombre important de boutures (900 par cépage) dont la moitié a été inoculée par E. lata. L’analyse de la progression des nécroses du bois a permis de valider l’homogénéité des inoculations et de

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confirmer les différences de sensibilité des 3 cépages à E. lata, un préalable nécessaire pour pouvoir effectuer les analyses prévues dans les actions 2 et 3. La mesure du contenu en pig-ment des feuilles (chlorophylle et flavonoïdes, ces derniers étant un indicateur de stress), ainsi que les mesures de photosynthèse n’ont pas permis pour l’instant de distinguer les cépages sensibles du Merlot, cépage tolérant. Ce résultat doit être confirmé par une troisième cam-pagne de mesures, prévue 2012. Parallèlement à ces mesures physiologiques, une première analyse exploratoire de la réponse moléculaire globale de chacun des trois cépages a été ef-fectuée fin 2010/début 2011, à l’aide de « puce à ADN » représentant l’ensemble des 30 000 gènes de la vigne. Les résultats de cette première campagne, prometteurs, ont permis (1) de montrer que les cépages choisis pour l’étude ont bien des réponses moléculaires globales dif-férenciées (celle du Merlot se distinguant de celles du Cabernet-Sauvignon et de l’Ugni blanc) et (ii) de fixer le choix des temps post-inoculation qui seront analysés en détail lors de la cam-pagne 2011 (ces analyses sont en cours actuellement). Les perspectives de ce travail sont pour la dernière année du projet de valider une dizaine de gènes marqueurs potentiel de tolérance à E. lata, issus des analyses en cours. A plus long terme, ces gènes pourront éventuellement ser-vir de marqueurs potentiels pour guider les choix de sélection dans des collections de clones existantes, ou bien parmi des populations issues de croisements pour l’obtention de nouveaux cépages.Le second projet, complémentaire du premier et financé par la CNIV, vise à étudier les ré-ponses moléculaires globales de deux cépages (le Cabernet-Sauvignon et le Merlot) au niveau des feuilles de boutures cultivées en serre, et inoculées ou non par E. lata. L’objectif ici est de comprendre l’effet des toxines émises par le champignon depuis le bois et qui vont conduire à l’apparition de symptômes foliaires. Les résultats obtenus, en cours d’analyse, indiquent que les réponses d’expression géniques détectées dans les feuilles de Merlot et de Cabernet- Sauvignon diffèrent. En particulier, le nombre de transcrits induits par la présence d’E. lata et liés aux réponses de stress ou aux réactions de défense de la plante vis-à-vis des agents pa-thogènes, est plus important chez le Merlot que chez le Cabernet-Sauvignon.

partenaires techniques impliqués(1)UMR INRA/Université de Bordeaux/ENITAB 1287 Ecophysiologie et Génomique Fonctionnelle de la Vigne – Bordeaux – A. Destrac, E. Gomès, JP. Goutouly, C. Leon, I. Merlin, T. Robert.(2)UMR INRA/ENITAB 1065 Santé et Agroécologie du Vignoble – Bordeaux – G. Caumont, MF. Corio-Costé, MC. Dufour, S. Gambier, P. Lecomte, JM. Liminana(3)FRE CNRS/Université de Poitiers 3091 PhyMoTS – Poitiers – P. Coutos-Thévenot, S. Lacaméra, A. Legras(4)Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) – Cognac – V. Dumot, G. Ferrari

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acTioNs de coopéraTioN au plaN iNTerNaTioNal

larigNoN philippeInstitut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Rhône-Méditerranée, Domaine deDonadille - 30230 [email protected]

La sensibilisation de plusieurs chercheurs – Ian Pascoe (Australie), Laura Mugnai (Italie), Lu-cie Morton (Virginie), Lisa van de Walter (USA), Luigi Chiarappa (Californie), Philippe Larignon (France) - aux maladies de dépérissement (plus particulièrement la maladie de Petri) a per-mis de créer lors d’une visite du vignoble californien en 1998 un groupe international sur les maladies du bois de la vigne appelé ICGTD (International Council Grapevine Trunk Disease) qui s’est réuni pour la première fois en 1999 à Sienne et se réunit actuellement tous les deux ans : Lisbonne (2001), Christchurch (2003), Stellenbosch (2005), Davis (2006), Florence (2008), Santa Cruz du Chili (2010), Valence en Espagne (2012). Il regroupe maintenant une centaine de chercheurs venant de tous les pays viticoles. Les congrès ont pour but de partager les connaissances acquises lors des différentes recherches menées et de réfléchir sur les futures études à conduire, bien sûr dans l’objectif de trouver une méthode de lutte efficace à l’égard des maladies du bois. Ne traitant tout d’abord que le problème de l’Esca, il s’est élargi sur les autres maladies du bois de la vigne (Eutypiose, Botryosphaerioses, Hoja de Malvon, Pied noir, Maladie de Petri...).

Les thèmes de recherches touchent les différents aspects de la pathologie. Ils concernent 1) la détermination des causes responsables des dépérissements observés dans le vignoble, et l’identification de l’agent pathogène par des méthodes de biologie moléculaire et par la des-cription morphologique (taxinomie), 2) l’épidémiologie, 3) l’identification des facteurs environ-nementaux, 4) les interactions entre la plante et l’agent pathogène (toxines, enzymes) et 5) les méthodes de lutte (lutte chimique, lutte biologique, pratiques culturales).

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The problem of grapevine trunk diseases (GTDs) has become one of the major limiting factors for this crop in Spain. In recent decades, an alarming increase in vine death, as a consequence of these diseases, has been detected in both new plantings and adult vineyards.

During the last five years, the research on GTDs has been conducted with several projects coor-dinated among four Research Institutions: IRTA (Institut per a la Recerca i Tecnologia Agroa-limentàries, Cataluña), NEIKER (Instituto Vasco de Investigación y Desarrollo, País Vasco), IMIDRA (Instituto Madrileño de Investigación y Desarrollo Rural, Agrario y Alimentario, Comu-nidad de Madrid) and IAM-UPV (Instituto Agroforestal Mediterráneo-Universidad Politécnica de Valencia, Comunidad Valenciana). The overall objective was to improve the understanding of the ethiology and the epidemiology of GTDs, up to the ultimate goal of developing more effec-tive control measures than the currently available ones, in order to reduce the impact of these diseases.

These projects have broadened the knowledge of many aspects of GTDs, such as the identifica-tion and characterization of new fungal pathogens and the development of new detection tech-niques. As a result, more than thirty fungal species, belonging to different taxonomically unre-lated genera, have been found associated with GTDs in Spain. This complex situation points out an urgent need for new detailed studies about the epidemiology of GTDs, with a special interest in the processes of pathogen dispersal, plant infection and pathogenesis in the nursery and field. Moreover we need also to evaluate the efficacy of commercial plant protection products and to develop new methods of GTDs control, in order to improve the sanitary status of multi-plication material in nurseries and the available field control strategies.

In recent years interesting results have been obtained about the sanitary status of the gra-pevine nursery process in Spain and the control of these diseases, in particular in relation to the use of hot water treatment to improve the quality standards in the production of planting material. However, we are still far away from having reached satisfactory levels in the control of GTDs, especially with regard to adult vines. Thus, current research lines are focusing in the detection of grapevine fungal trunk pathogens in soil, the epidemiology of these pathogens in adult vineyards and the application of chemical strategies to protect pruning wounds.

curreNT sTaTe of grapeviNe TruNK diseases iN spaiN(siTuaTioN des maladies du bois de la vigNe eN espagNe)

armeNgol Josep Instituto Agroforestal Mediterráneo, Universidad Politécnica de Valencia, Camino de Vera s/n, 46022-Valencia (Spain)[email protected]

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pépiNière viTicole eT maladies du bois

berNos laurent Chambre d’Agriculture de la Gironde - Vinopôle Bordeaux-Aquitaine - 39 rue Michel Montaigne - 33294 Blanquefort [email protected]

Des études menées en pépinière ont montré que certains champignons associés à l’Esca et au Black Dead Arm (BDA) sont présents lors des étapes de production des plants. Il est possible qu’au cours de ces étapes, des champignons présents en surface des bois pénètrent à l’inté-rieur des tissus. Bien qu’aucune étude n’ait établi un lien de causalité entre la contamination des plants en sortie de pépinière et le développement des maladies du bois au vignoble, il ap-paraît important de limiter la propagation et la contamination des plants lors de leur produc-tion. Ce projet a pour objectif d’améliorer la qualité de l’état sanitaire de plants par l’étude et la mise au point de processus optimisés de production. Parallèlement à la mise en place d’essais visant à améliorer le processus de production des plants, il vise à mettre au point des outils moléculaires d’identification et de quantification des champignons inféodés aux maladies du bois plus souples et plus performants. Ce projet a été découpé en 4 actions :

action 1 : développer de nouveaux outils de diagnostic des champignons pour le contrôle de la qualité des plants : adaptation de la pcr quantitativeCette action a permis de valider des amorces pour développer un outil de PCR quantitative en temps réel permettant d’identifier et de quantifier les principaux champignons (Botryosphae-riae spp, Phaemoniella chlamydospora, Phaeocrmonium aleophilum) impliqués dans chaque type de maladies du bois. Au travers de ce développement, l’échantillonnage et la préparation des bois ont été optimisés. Ces techniques sont aujourd’hui validées sur divers matériels vé-gétaux et sont donc appliquées pour les partenaires impliqués dans les autres étapes du projet afin de tester l’efficacité des moyens de lutte proposés.

action 2 : définir des processus de multiplication des plants permettant de garantir la pro-duction d’un matériel indemne de champignons associés aux maladies du bois en sortie de pépinière.Dans un premier temps, il s’agit d’évaluer l’effet de l’état sanitaire des bois sur la qualité des plants en sortie de pépinières. Pour cela des parcelles ont été identifiées. Des bois ont été pré-levés pour produire des plants sur lesquels seront recherchés les champignons.La possibilité d’assainir les bois avec de nouveaux produits de désinfection, avant leur utilisa-tion est également testée. 5 produits ont été retenus et sont aujourd’hui à l’étude.La stratification est une étape critique vis–à-vis de la contamination des plants. Douze subs-trats sont testés : les niveaux de reprise et de contamination des plants sont ensuite étudiés. Onze substrats assurent une bonne reprise des plants. Cependant, La nature du substrat de stratification a statistiquement peu d’effet sur le développement des espèces de champignon associées aux maladies du bois (Botryospheriacées en particulier).Enfin, la technique du greffage en vert a été utilisée pour produire des plants. Aucun champi-gnon responsable des maladies du bois n’a été retrouvé.

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action 3 : etudier en plein champ l’intérêt du traitement à l’eau chaude des plants au cours de leur productionLe traitement à l’eau chaude (trempage des bois ou des plants dans l’eau à 50°C pendant 45 minutes) permet de réduire la présence d’un certain nombre de champignons dans les tis-sus des bois. Une première étude porte sur des parcelles différentes traitées ou non à l’eau chaude. Les premières observations montrent un niveau d’expression des symptômes très faible par les maladies du bois. Aucune différence significative n’est notée malgré une légère prépondérance des symptômes d’Esca/BDA sur les parcelles non traitées.La seconde étude concerne des parcelles plantées pour partie avec des plants traités ou non à l’eau chaude. Les résultats montrent aussi des niveaux d’expression très faibles et peu marqué entre les modalités.

action 4 : diffuser à l’ensemble de la profession les acquis scientifiques et avancées tech-niques obtenusLa diffusion cible les pépiniéristes, les viticulteurs, les techniciens et les lycées agricoles par l’intermédiaire des différents supports actuels de communication. Depuis le démarrage du projet de nombreuses communications orales et écrites ont été réalisées. Elles ont concerné dans un premier temps la présentation du projet et actuellement les premiers résultats sont diffusés.

Du fait des cycles végétatifs, les résultats de la seconde année ne sont pas tous disponibles. Le déroulé respecte le calendrier initial et les premiers résultats permettront d’apporter des réponses à quelques-unes des questions soulevées dans ce projet.

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l’impacT des praTiques des viTiculTeurs sur le développe-meNT des maladies du bois

chevrier christel Chambre régionale d’agriculture du Languedoc-Roussillon - CS 30012 - 39875 Lattes [email protected]

Les maladies du bois (eutypiose, esca et BDA), longtemps considérées comme secondaires, sont devenues une préoccupation grandissante des viticulteurs. En l’absence de moyens de lutte préventifs ou curatifs, des mesures prophylactiques préconisées sont très inégalement suivies. Ce projet n’a qu’une seule finalité : apprendre à vivre avec les maladies du bois en li-mitant leur développement. Pour cela, il s’appuie sur des objectifs opérationnels.Des études sur le caractère épidémiologique de ces maladies ont déjà été conduites. Sur vignes en place, des méthodologies de lutte appropriée n’existent pas aujourd’hui. Il faut donc proposer aux vignerons des alternatives à une lutte chimique. Seule une connaissance des im-pacts du matériel végétal et des pratiques culturales peut permettre aux vignerons d’attendre que les recherches menées (à long terme) leur proposent des solutions économiquement et satisfaisantes d’un point de vue environnemental.La situation des maladies du bois inquiète fortement les professionnels de la filière. Pour apporter des éléments de réponses aux questions posées par ce projet, la collecte raisonnée d’un volume important de données est cruciale. C’est pourquoi l’APCA (Assemblée Perma-nente des Chambres d’Agriculture) a sollicité son réseau des Chambres d’agriculture viticoles (Ardèche, Drome, Bourgogne, Yonne, Saône et Loire, Vaucluse, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Lot, Gironde et Loir et Cher) pour bâtir ce projet en s’appuyant ainsi sur l’habitude de travailler en réseau et sur un maillage fin du territoire viticole. Elle s’appuie sur d’autres partenaires dont l’IFV, Ferme expérimentale du Lot, ATVB, Synthèse et Informatique, Lycées agricoles. L’INRA apporte son expertise. Le financement de ce projet est de 60 % par le CAS-DAR, d’une contribution du Bureau interprofessionnel des Vins de Bourgogne.Le caractère évolutif, lent et variable, de l’expression des symptômes, oblige les partenaires à retenir des parcelles dont l’historique est connu.Les actions menées dans ce projet s’appuieront sur des parcelles identifiées issues soit : - des parcelles d’expérimentation, - des vignes-mères de greffons appartenant aux partenaires ou sous contrat.Ces parcelles existantes présentent déjà des ceps exprimant les symptômes des maladies du bois. Les partenaires sont conscients de la difficulté d’obtenir des réponses immédiates et re-productibles. Ainsi sur les trois années du projet, et suivant les protocoles présentés, l’équipe établira des règles de décision ou bien définira des hypothèses de réflexion pour des actions ultérieures.

impact du matériel végétalEn se basant sur les acquis du dépérissement de la syrah, il est apparu que l’évolution de cette maladie était variable suivant le clone. Ce facteur aurait-il également une influence sur le dé-veloppement des maladies du bois ? Les cépages étant nombreux et de sensibilité variable, les partenaires ont choisi de concen-trer leur étude de différence de comportement sur un nombre restreint d’entre eux. Grâce aux références et expériences acquise (observatoire national, expérimentation…), le choix des cépages s’est porté sur des variétés classées sensibles, très largement répandues ou présen-tant un intérêt économique important pour différents types de vins : - Sauvignon : 24 473 ha cultivées en France en 2006 ; 20 clones sont agréés ; le choix des clones pour l’étude est fonction des listes de clones les plus diffusés : 108, 159, 241, 242, 297, 376, 530,

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- Chardonnay : 42 017 ha cultivées en France en 2006 ; 28 clones sont agréés ; le choix des clones pour l’étude est fonction des listes de clones les plus diffusés : 75, 76, 95, 96, 124, 131, 277, 548, - Cabernet Sauvignon : 60 385 ha cultivés en 2006 en France ; 20 clones sont agréés ; le choix des clones pour l’étude est fonction des listes de clones les plus diffusés : 15, 169, 685, 33, 170, 191, 337, 341, - Mourvèdre : 9 164 ha cultivés en 2006 en France ; 13 clones sont agréés; le choix des clones pour l’étude est fonction des listes de clones les plus diffusés : 369, 233, 234, 244, 249; - Cot : 6 676 ha cultivés en 2006 en France ; le choix des clones pour l’étude est fonction des listes de clones les plus diffusés : 42, 43, 46.

impact des pratiques culturalesEn établissant un maillage des principales pratiques culturales, cette action a pour objectif d’étudier leur impact dans le développement de la maladie. Les partenaires ont souhaité se concentrer sur un nombre limité de pratiques culturales pour montrer des différences de com-portements ou établir des hypothèses. Grâce aux références et expériences acquises (expé-rimentations menées notamment dans le cadre des Contrats de Plan Etat-Région, bibliogra-phie…), le choix des techniques culturales s’est porté sur ce qui se pratiquait dans les régions viticoles suivant les « traditions » mais également sur les techniques en voie de développement (gestion raisonnée de l’irrigation, taille mécanique…).Les cépages étudiés seront des cépages régionaux sensibles aux maladies du bois. Les par-celles d’essais comportant au minimum 4 répétitions et au minimum 60 souches sont retenues pour cette action. Cette sélection permet au groupe d’obtenir un nombre jugé suffisant de situations. Il est souhaitable que l’installation de l’essai (ou la transformation opérée à cette occasion) sur la parcelle ait eu lieu lors des trois dernières années. La taille est retenue car ce paramètre figure déjà dans de nombreuses bibliographies. La taille est liée aux pratiques culturales d’un bassin viticole. Elle est également liée aux conditions climatiques, aux cahiers des charges, à la mécanisation. L’impact de la densité est étudié car ce paramètre figure dans les cahiers des charges des organisations de défense.L’irrigation est retenue car l’irrigation se développe en zone méditerranéenne depuis plusieurs années. Depuis son autorisation, les demandes de la part des viticulteurs sont fortes. Par cette action, les partenaires espèrent dégager des hypothèses de travail.Une enquête sur les pratiques au vignoble dès la plantation (pots ou greffés-soudés) est réa-lisée sur l’AOP Cahors. Elle insiste notamment sur les pratiques de rendement, de fertilisa-tion azotée, d’origine de terroirs. Ces parcelles sont suivies depuis de nombreuses années. Le réseau est constitué de 30 parcelles de Cot 42 ou 46, et quelques-unes avec 595 ou 598. Les porte-greffes sont variés (41B, Fercal ou SO4).

règles de décision et divulgationCette action découle des résultats obtenus dans le cadre des deux premières actions. Elle a pour objectif de proposer aux viticulteurs et aux conseillers des règles de décision.Ces règles de décision devront avoir un effet sur les orientations économiques. Les acteurs seront informés ou auront des pistes de réflexion sur les impacts de l’implantation de tel ou tel clone, de telle pratique culturale, sur les modalités (rapidité, intensité…) du développement des différentes maladies du bois.Il est proposé la stratégie de l’entonnoir. Dès la première année, les résultats peuvent être analyser, « éprouver » pour connaître leur capacité à amener des règles de décision. Si cet effort est fait dès la première année, cela permettra de mieux définir des règles de décisions à l’issue du programme.Il est prévu que les résultats soient divulgués sous forme d’un guide, de plaquettes, de fiches pour les divers documents techniques des partenaires, d’articles dans les revues spécialisées, de présentations dans différents colloques et sous mise en forme internet.

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évaluaTioN de l’efficaciTé d’uNe sTraTégie alTerNaTivede TraiTemeNT chimique

cholleT Jean-françois(1), rocher françoise(1) et boNNemaiN Jean-louis(2) (1) Laboratoire Synthèse et Réactivité des Substances Naturelles, Unité Mixte deRecherche CNRS 6514, équipe Biogéochimie organique, Université de Poitiers,40 avenue du Recteur Pineau - 86022 Poitiers Cedex.(2) Laboratoire de Catalyse en Chimie Organique, Unité Mixte de Recherche CNRS 6503, équipe PHYMOTS, Université de Poitiers - 40 avenue du Recteur Pineau - 86022Poitiers [email protected]

Depuis l’interdiction de l’usage de l’arsénite de sodium en 2001, on assiste à une forte recru-descence des maladies du bois chez la vigne, en particulier l’esca et le black dead arm (BDA). Aucune alternative crédible de lutte n’a été proposée aux viticulteurs depuis cette date et l’im-pact de ces maladies sur la production est maintenant tel que certaines exploitations sont maintenant en péril.L’objectif de notre projet de recherche est de proposer des stratégies de traitements chimiques pour lutter contre les maladies du bois chez la vigne avec une application par pulvérisation foliaire classique. Les fongicides actuellement sur le marché sont dénués d’efficacité contre ce type de maladies à localisation vasculaire car ils ne sont pas ou insuffisamment mobiles après application foliaire. Ces produits ne peuvent donc pas atteindre leur cible. La stratégie que nous développons découle de la recherche fondamentale que nous avons effectuée au laboratoire dans le domaine de la mobilité des molécules chez les plantes. Pour accroître les chances d’aboutir à une efficacité in planta et en prenant en compte la difficulté de lutte contre ces maladies notamment en raison du grand nombre de champignons impliqués, nous nous sommes intéressés à deux types de composés aux modes d’action différents et complémen-taires. Nous avons tout d’abord utilisé des molécules existantes modifiées pour obtenir des produits capables, après une application foliaire, de circuler jusqu’au cœur du cep où sont localisés les pathogènes. En complément à ces fongicides systémiques, nous avons associé une molécule stimulatrice des défenses de la plante en ayant montré par ailleurs qu’elle était mobile.Sur des boutures de Sauvignon - cépage connu pour être particulièrement sensible à l’es-ca - cultivées en milieu hydroponique sur pains de laine de roche, quatre espèces fongiques majeures ont été inoculées durant l’année n : Eutypa lata (El), Neofusicoccum parvum (Np), Phaeomoniella chlamydospora (Pch) et Phaeoacremonium aleophilum (Pal). Une partie de ces essais a subi cette même année n une série de traitements avec une solution associant un fongicide rendu mobile (famille des phénylpyrroles) et un stimulateur des réactions de défense (analogue halogéné de l’acide salicylique, le principe actif de l’aspirine). Les observations des parties aériennes réalisées au cours de l’année n + 1 ont montré deux cas de figure : i/ les individus inoculés avec les champignons à développement lent (Pal et/ou Pch) ne présentent pas de symptômes visuels et donc aucun effet du traitement n’est observable ; ii/ les individus inoculés avec des champignons à croissance rapide (Np ou El) présentent des symptômes parfois très marqués sur les parties aériennes, ce qui a permis d’observer l’état sanitaire plus satisfaisant des plantes traitées par rapport aux plantes témoins. Après une nouvelle série de traitements lors de l’année n + 1, toutes les plantes ont été observées puis disséquées à n + 2 afin d’évaluer la propagation des nécroses. Il s’avère que le taux de mortalité est moins impor-tant chez les plantes traitées que chez les témoins et ce, quel que soit le pathogène considéré.

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Par ailleurs, si l’on observe les nécroses qui se sont développées dans l’onglet laissé lors de la taille de l’année n + 1, cette partie présente un état sanitaire relativement meilleur chez les plantes traitées et ici aussi, quel que soit le champignon incriminé (El, Np, Pal ou Pch).Enfin, au vu de ces résultats, de nouveaux essais ont été mis en place avec les mêmes maté-riels végétaux et fongiques mais sur un plus grand nombre d’individus pour voir si l’effet du traitement est reproductible puis pour tenter d’expliquer quel est l’effecteur essentiel du trai-tement : le fongicide mobile, le stimulateur des réactions de défense ou la synergie des deux composés. Nous avons également réalisé la synthèse de plusieurs nouveaux composés fongi-cides mobiles dont les premiers tests laissent à penser que l’un d’entre eux se comporterait comme une prodrogue.

remerciementsCes travaux ont pu être réalisés grâce au soutien et à la participation financière de France AgriMer et d’InterLoire.

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luTTe biologique eT maladies du bois cheZ la vigNe

clémeNT christophe(1)

Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), URVVC-SE EA 2069, Laboratoire de Stress, Défenses et Reproduction des Plantes, UFR Sciences Exactes et Naturelles. Moulin de la Housse, BP 1039, 51687 Reims Cedex [email protected]

Les maladies du bois de la Vigne représentent actuellement un souci croissant des viticulteurs pour la qualité et la pérennité du vignoble. L’absence de moyens de lutte suite à l’interdiction de l’utilisation de l’arsénite de sodium en 2001 a entraîné une propagation incontrôlée de l’épidé-mie en France et en Europe, mettant en péril l’ensemble du vignoble. A ce jour, il n’existe pas de moyen efficace pour endiguer la progression de ces maladies : (i) les fongicides n’atteignent pas les champignons pathogènes dans les bois, (ii) les éliciteurs demeurent sans action, (iii) l’utilisation des OGM n’est pas autorisée et (iv) l’avènement de nouveaux cépages potentielle-ment résistants demeure un objectif lointain qui soulève en outre de nombreux questionne-ments (cépages, appellation...). En outre, la symptomatologie est particulièrement complexe (plusieurs champignons impliqués, différents types de symptômes, discontinuité de l’expres-sion des symptômes), rendant difficile l’établissement d’une stratégie adaptée.La lutte biologique faisant appel à des micro-organismes bénéfiques pourrait constituer une solution. Il s’agit d’associer des micro-organismes sélectionnés à la Vigne, ce qui peut lui conférer un certain niveau de tolérance/résistance aux maladies. Cette technologie est utilisée pour de nombreuses cultures herbacées et pourrait être adaptée à une plante ligneuse comme la Vigne. La stratégie est basée sur les propriétés de certains micro-organismes capables de coloniser la plante, d’avoir une action antifongique avérée et/ou de stimuler les défenses de la plante (élicitation) sur le lieu où se développent les champignons.La lutte biologique peut être utilisée à titre curatif ou préventif mais une approche préventive semble plus adaptée aux plantes ligneuses comme la Vigne. Cette technologie se décompose en plusieurs étapes : (i) sélection de micro-organismes à propriétés antifongiques directes ou élicitrices des défenses de la Vigne, (ii) colonisation de la Vigne en conditions contrôlées (in vitro), (iii) vérification de l’effet protecteur des microorganismes, (iv) multiplication des plants colonisés, (v) adaptation des plants colonisés aux conditions du vignoble et (vi) vérification de la qualité des baies et des vins issus de ces plants. Dans le cadre de la lutte contre la pourriture grise, médiée par le champignon Botrytis cinerea, la lutte biologique donne des résultats par-ticulièrement probants, ce qui suggère fortement d’étendre la stratégie à d’autres maladies.Cette piste de recherche prometteuse à plusieurs titres. D’une part elle représente une des rares perspectives crédibles de lutte contre les maladies du bois à moyen terme et, d’autre part, l’emploi de micro-organismes conférant une résistance aux maladies du bois ne néces-site pas d’utiliser des fongicides chimiques et s’inscrit parfaitement dans le développement d’une viticulture durable.La mise en place d’une telle démarche nécessite une collaboration des différents acteurs de la filière. Les premières étapes sont d’ores et déjà développées au sein des laboratoires de recherche et seront présentées. La multiplication des plants colonisés reviendrait aux pépi-niéristes et les tests des plantes aux vignobles pourraient être assurées par les professionnels (viticulteurs, instituts techniques, coopératives, chambres d’agriculture...).

(1)Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), URVVC EA 2069, Laboratoire de Stress,Défenses et Reproduction des Plantes, UFR Sciences Exactes et Naturelles. Moulin de la Housse, BP 1039, 51687 Reims Cedex 2, FranceC. Clément, F. Fontaine, E Aït Barka, C. Jacquard, L Sanchez, M. Magnin-Robert, A. Spagnolo.

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les maladies du bois cheZ la vigNe

KuNTZmaNN philippeInstitut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Alsace - Biopôle - 28 rue Herrlisheim - 68000 [email protected]

En Alsace les suivis sur les parcelles de l’observatoire des maladies du bois ont été maintenus à l’initiative de l’IFV, de la Chambre d’Agriculture du Haut-Rhin, de la Chambre d’Agriculture du Bas-Rhin et de la FREDON Alsace.

La figure 1 montre que l’expression des symptômes en végétation d’esca et de BDA a diminué entre 2010 et 2011, puisque le Gewurztraminer passe de 10.12 % à 8.47 %, le Riesling de 8.50% à 6.20 % et l’Auxerrois de 4.54 % à 3.53 %. Cette diminution est un peu plus marquée pour le Riesling que pour les deux autres cépages suivis. Mais la baisse observée ne permet pas de retrouver les niveaux d’expression de l’année 2003, ou plutôt de l’année 2004, les conditions climatiques atypiques de la première ayant certainement contribué à masquer une partie des symptômes, et les niveaux d’expression restent encore élevés pour le Riesling et le Gewurztra-miner.Par ailleurs, ces évolutions moyennes peuvent cacher de grandes disparités entre parcelles, aussi bien en terme d’évolution des symptômes sur la végétation que dans la fréquence des pieds concernés par ceux-ci, comme le montre une sélection de parcelles, données figure 2 à figure 5.Pour les parcelles suivies à Wettolsheim et Ammerschwihr, l’expression des symptômes est restée élevée pour le Gewurztraminer à Wettolsheim, et pour la parcelle de Riesling de ce même domaine après une baisse en 2009 (Figure 2), alors qu’à Ammerschwihr (Figure 3) on observe une chute de l’expression des symptômes pour la parcelle de Gewurztraminer entre 2007 et 2009, qui se maintien plus ou moins à des niveaux inférieurs à la moyenne en 2010 et 2011. De même le Riesling suivi sur ce domaine retrouve des valeurs proches de la moyenne du cépage. Pour les deux domaines les parcelles d’Auxerrois sont toujours dans la moyenne du cépage.A Orschwiller (Figure 4) les niveaux d’expression sont toujours largement sous la moyenne pour l’Auxerrois et le Riesling, un peu moins pour le Gewurztraminer qui se maintien à un ni-veau un peu plus élevé.A Hattstatt (Figure 5), les trois parcelles suivies se caractérisaient par leur très faible niveau d’expression. Pour le Riesling et le Gewurztraminer les niveaux d’expression ont augmenté pour se situer ou se rapprocher de la moyenne. L’Auxerrois suivi sur ce domaine montre tou-jours encore un faible niveau d’expression.Concernant la légère baisse globale d’expression des symptômes observée sur les parcelles du réseau, qui semble devoir être représentative de la tendance générale en Alsace, le volume de récolte plus faible enregistré en 2010 en raison de la coulûre, du millerandage et aussi du gel d’hiver, pourrait être un facteur parmi d’autres expliquant cette baisse.Concernant les variations individuelles, des facteurs propres à chaque exploitation ou parcelle peuvent intervenir.Par exemple pour la parcelle de Gewurztraminer d’Ammerschwihr le viticulteur a effectué un recépage systématique de la parcelle, ainsi tous les pieds ont été recépés entre 2007 et 2009, l’opération étant achevée en 2009. Parallèlement à cette opération de recépage on constate que le niveau d’expression des symptômes a fortement baissé, cette parcelle ayant fait partie des parcelles les plus atteintes du réseau les années précédentes. Il sera intéressant de voir combien d’années cet effet va perdurer dans le temps, pour savoir si le recépage systématique des parcelles dès l’apparition des premiers symptômes peut être considéré comme une mé-thode de lutte efficace.

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Afin de déterminer la nature des facteurs qui peuvent expliquer ces différences et l’évolution au cours du temps de l’expression des maladies du bois, nous avons réalisé un entretien avec les viticulteurs et des observations complémentaires, qui ont permis de caractériser les par-celles dans leur environnement physique, de collecter des renseignements sur les pratiques culturales réalisées sur les parcelles et de noter certains paramètres agronomiques.

Nous montrons un lien entre l’expression des symptômes d’esca et de BDA sur les parcelles et des pratiques culturales réalisées pendant la période considérée, pour partie étroitement liées à l’usage de la vendange, lui-même dépendant de la nature du cépage. La signification de cette relation ainsi que les conséquences sur la façon d’appréhender ces dépérissements sont discutés.

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figure 1 : evolution de la fréquence de piedsexprimant des symptômes d’esca et de bda

figure 2 : evolution de l’esca et de bda(Wettolsheim)

figure 3 : evolution de l’esca et de bda(ammerschwihr)

figure 4 : evolution de l’esca et de bda(orschwiller)

figure 5 : evolution de l’esca et de bda (hattstatt)

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MINISTERE DE L'AGRICULTURE,DE L'ALIMENTATION, DE LA PÊCHE,

DE LA RURALITE ET DE L'AMENAGEMENTDU TERRITOIRE

avec la contribution financière du compted'affectation spéciale "Développement agricole et rural"