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55 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2 de – Livre du professeur Histoire p. 128-149 / Hist-Géo p. 134-155 Chapitre 7 L’élargissement du monde du XV e au XVI e siècle Programme Durée : 5 à 6 heures Mise en œuvre dans le manuel La question traite des contacts des Européens avec d’autres mondes et de l’élargissement de leurs hori- zons géographiques : •   Étude obligatoire De Constantinople à Istanbul : un lieu de contacts entre différentes cultures et religions (chrétienne, musulmane, juive). •   Première étude au choix Un navigateur européen et ses voyages de découverte. Un grand port européen. •   Seconde étude au choix Une cité précolombienne confron- tée à la conquête et à la colonisa- tion européenne. Pékin : une cité interdite ? Le chapitre s’articule autour des études définies par le programme : •   L’étude obligatoire porte sur Constantinople, carrefour de l’ « Ancien Monde », entre l’Europe  et l’Asie (p. 134 /p. 140). Quatre études sont proposées pour introduire les deux études au choix deman- dées par le programme : •   Les voyages et les découvertes de Christophe Colomb ouvrent la voie à la conquête, puis à  l’exploitation de l’Amérique par les Européens (p. 136 / p. 142). •   Vasco de Gama ouvre en 1498 l’océan Indien aux Européens. Très vite, les Portugais installent,  sur les littoraux africains et asiatiques, des comptoirs commerciaux (p. 143 / p. 149). •   Les voyages de découverte et le début de l’exploitation des terres découvertes font du port de  Séville la « porte de l’Amérique » (p. 140 / p. 146). •   Les transformations liées à la conquête et à la colonisation marquent profondément la ville de  Tenochtitlan, devenue, sous le nom de Mexico, capitale de la Nouvelle Espagne (p. 138 / p. 144). Des supports variés permettent la contextualisation historique des études choisies : •   Un grand document d’ouverture qui montre les échanges économiques entre l’ « Ancien Monde »  et le Japon à partir de 1543 (p. 128 / p. 134). •   Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période (Repères p. 130 / p. 136). •   Des cartes dont une grande carte de synthèse du chapitre (p. 132 /p. 138). •   Une étude sur le choc microbien (p. 142 / p. 148). •   Un cours synthétique, structuré en trois points clés (p. 144 / p. 150). •   Un schéma de synthèse visuel, enrichi d’une version numérique commentée, ainsi que son texte  à télécharger et à imprimer (p. 147 / p. 153). Du programme au manuel Gruzinski Serge, Les Quatre Parties du monde : Histoire d’une mondialisation, Paris, La Martinière, 2004. http://expositions.bnf.fr/marine/index.htm (consulté le 9 juin 2015). La BNF consacre aux cartes marines une exposition virtuelle qui peut être téléchargée. Bibliographie et sitographie Boucheron Patrick, Histoire du monde au XV e siècle, Paris, Fayard, 2009. Duteil Jean-Pierre, L’Europe à la découverte du monde du XIII au XVII e siècle, Paris, Campus, Armand Colin, 2003. Lien avec le programme L’introduction générale du programme (B.O. n°4 du 29 avril 2010) préconise d’accorder une large place à l’His- toire des Arts dans le travail sur les sources historiques. À ce titre, une œuvre japonaise, destinée à une utilisation privée (paravent), décrivant l’arrivée annuelle des Portu- gais, décrits comme des « barbares du Sud », dans le port de Tanegashima, présente une ouverture artistique exceptionnelle. Le document iconographique Ce paravent s’inscrit dans la tradition des paravents orne- mentaux destinés aux Japonais fortunés. Ils sont nom- breux durant la période du commerce Nanban, époque Document iconographique p. 128-129 / p. 134-135 Les Européens, ces « barbares du Sud » venus commercer au Japon. Paravent japonais, six panneaux, feuille d’or sur paille de riz, fin du XVI e siècle, musée national de l’histoire japonaise, Tokyo, Japon.

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Page 1: Chapitre 7 L’élargissement du monde du XVe au XVIe · Après 1453, Constantinople, devenue capitale d’un empire musulman, voit un grand nombre de ses églises (chrétiennes orientales

55© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

➤ Histoire p. 128-149 / Hist-Géo p. 134-155

Chapitre 7 L’élargissement du monde du XVe au XVIe siècle

ProgrammeDurée : 5 à 6 heures Mise en œuvre dans le manuel

La question traite des contacts des Européens avec d’autres mondes et de l’élargissement de leurs hori-zons géographiques :•  Étude obligatoire 

De Constantinople à Istanbul : un lieu de contacts entre différentes cultures et religions (chrétienne, musulmane, juive).•  Première étude au choix 

Un navigateur européen et ses voyages de découverte.Un grand port européen.•  Seconde étude au choix 

Une cité précolombienne confron-tée à la conquête et à la colonisa-tion européenne.Pékin : une cité interdite ?

– Le chapitre s’articule autour des études définies par le programme : •  L’étude obligatoire porte sur Constantinople, carrefour de l’ « Ancien Monde », entre l’Europe et l’Asie (p. 134 /p. 140).

– Quatre études sont proposées pour introduire les deux études au choix deman-dées par le programme :•  Les voyages et  les découvertes de Christophe Colomb ouvrent  la voie à la conquête, puis à l’exploitation de l’Amérique par les Européens (p. 136 / p. 142).

•  Vasco de Gama ouvre en 1498 l’océan Indien aux Européens. Très vite, les Portugais installent, sur les littoraux africains et asiatiques, des comptoirs commerciaux (p. 143 / p. 149).

•  Les voyages de découverte et le début de l’exploitation des terres découvertes font du port de Séville la « porte de l’Amérique » (p. 140 / p. 146).

•  Les transformations liées à la conquête et à la colonisation marquent profondément la ville de Tenochtitlan, devenue, sous le nom de Mexico, capitale de la Nouvelle Espagne (p. 138 / p. 144).

– Des supports variés permettent la contextualisation historique des études choisies :•  Un grand document d’ouverture qui montre les échanges économiques entre l’ « Ancien Monde » et le Japon à partir de 1543 (p. 128 / p. 134).

•  Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période (Repères p. 130 / p. 136).•  Des cartes dont une grande carte de synthèse du chapitre (p. 132 /p. 138).•  Une étude sur le choc microbien (p. 142 / p. 148).•  Un cours synthétique, structuré en trois points clés (p. 144 / p. 150).•  Un schéma de synthèse visuel, enrichi d’une version numérique commentée, ainsi que son texte à télécharger et à imprimer (p. 147 / p. 153).

Du programme au manuel

✔ Gruzinski Serge, Les Quatre Parties du monde : Histoire d’une mondialisation, Paris, La Martinière, 2004.

✔ http://expositions.bnf.fr/marine/index.htm (consulté le 9 juin 2015). La BNF consacre aux cartes marines une exposition virtuelle qui peut être téléchargée.

Bibliographie et sitographie

✔ Boucheron Patrick, Histoire du monde au XVe siècle, Paris, Fayard, 2009.

✔ Duteil Jean-Pierre, L’Europe à la découverte du monde du XIII au XVIIe siècle, Paris, Campus, Armand Colin, 2003.

◗ Lien avec le programme L’introduction générale du programme (B.O. n°4 du 29 avril 2010) préconise d’accorder une large place à l’His-toire des Arts dans le travail sur les sources historiques. À ce titre, une œuvre japonaise, destinée à une utilisation privée (paravent), décrivant l’arrivée annuelle des Portu-gais, décrits comme des « barbares du Sud », dans le

port de Tanegashima, présente une ouverture artistique exceptionnelle.

◗ Le document iconographiqueCe paravent s’inscrit dans la tradition des paravents orne-mentaux destinés aux Japonais fortunés. Ils sont nom-breux durant la période du commerce Nanban, époque

Document iconographique ➤ p. 128-129 / p. 134-135

Les Européens, ces « barbares du Sud » venus commercer au Japon. Paravent japonais, six panneaux, feuille d’or sur paille de riz, fin du XVIe siècle, musée national de l’histoire japonaise, Tokyo, Japon.

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L’objectif de cette double-page est de fournir aux élèves un cadre chronologique clair pour identifier les mutations majeures de la période.

− Quatre notions clés du chapitre sont définies et contextualisées. Elles ont pour but de montrer comment l’élargissement, pour les Européens, de l’ « Ancien Monde » au « Nouveau Monde » entraîne très vite une double logique de domination/coloni-sation et une augmentation des échanges (première esquisse de mondialisation).

− Quatre documents iconographiques emblématiques sont associés à chacune de ces notions : • Départ de Marco Polo de Venise pour l’Asie. Le

voyage de Marco Polo en Extrême-Orient est, au Moyen Âge, exceptionnel : les Européens n’ont avec l’Asie, comme avec l’Afrique, que des contacts indirects. Les marchands musulmans font le lien entre ces mondes. L’enluminure, en montrant les fonctions de port de Venise, montre l’importance capitale de la ville dans les échanges méditerranéens.

• Caravelles portugaises dans le port de Lis-bonne. Ce détail d’une gravure de Théodore de Bry montre le rôle clé des ports européens dans l’aventure des voyages transocéaniques. Les ports atlantiques connaissent, après les voyages de Colomb, une expansion sans précédent. La représentation de caravelles permet aussi de faire le point sur les avancées majeures dans

les techniques de navigation (navire souple, maniable et de faible tirant d’eau).

• Baptême forcé. Ce détail d’un codex aztèque révèle un des aspects de la brutalité de la conquête et de la domination des terres du « Nou-veau Monde ». L’évangélisation a commencé très tôt : dès 1494, dans le Traité de Tordesillas, le pape octroie aux Portugais et aux Espagnols les terres découvertes, à condition qu’ils en évangélisent les habitants. Les missions religieuses, principa-lement jésuites, s’installent dans les années qui suivent la découverte.

• Reconstitution d’un village brésilien, visite d’Henri II à Rouen en 1550. Le retour de Colomb en Europe suscite une immense curiosité. Très vite, les échanges transocéaniques se renforcent. Com-mence alors l’échange colombien : plantes, ani-maux, hommes mais aussi maladies circulent via les routes maritimes. Les modes de vie des Amé-rindiens et des Asiatiques font l’objet, en Europe, d’une fascination  : pour honorer le roi Henri II, la ville de Rouen choisit donc de reconstituer un village brésilien, alors que la France cherche à conquérir une partie de l’Amérique latine.

− Ces notions sont reliées à six études qui permettent, au choix du professeur, et dans le respect des atten-dus du programme, de construire sa démarche péda-gogique.

Repères ➤ p. 130-131 / p. 136-137

Cartes ➤ p. 132-133 / p. 138-139

L’élargissement des horizons européens aux XVe et XVIe siècles est un thème qui mérite une rigoureuse approche spatiale. Les élèves doivent comprendre comment on passe d’un monde centré autour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique à une connaissance de plus en plus fine de la Terre.

− Carte 1 : cette carte historique datée du début du XVe siècle montre la vision très partielle que les Européens ont du monde  : l’Europe est mal connue au nord, l’Afrique subsaharienne et l’Asie sont très incorrecte-ment cartographiées, et l’océan Indien est une mer fermée. La sphère terrestre est représentée plus petite.

− Carte 2  : cette carte historique réalisée par Gérard Mercator en 1585 montre les très importants pro-grès dans la connaissance du monde en un siècle. Les navigateurs, lors des voyages d’exploration, réa-lisent des relevés cartographiques qui permettent de réaliser de nouvelles cartes. Le XVIe siècle est un âge d’or pour la cartographie. Cette carte est donc réalisée grâce aux portulans (cartes maritimes) ce qui explique que l’intérieur des continents est encore très imprécis.

− Carte 3 : la carte de synthèse du chapitre. Elle est un outil privilégié auquel on peut se référer tout au long

du cours, pour fixer les principaux repères spatiaux. Sa projection permet de commencer à étudier les dif-férents types de planisphères. Les lieux importants évoqués dans le chapitre y sont localisés. Sa ver-sion cliquable / décliquable en complément numé-rique permet une utilisation au vidéoprojecteur. La légende est organisée en trois parties qui sont celles du cours (p. 144 / p. 150) :

• La Méditerranée, un espace conflictuel : l’expan-sion ottomane (prise de Constantinople en 1453) est perçue comme une menace par les Européens.

• Les Européens à la conquête de l’Atlantique : la conquête de l’Atlantique a deux facettes : l’explo-ration du littoral africain par les Portugais et les voyages transocéaniques espagnols vers l’Amé-rique. Les échanges s’intensifient tandis que la Traite des Noirs commence.

• Des horizons élargis aux dimensions du monde : les océans Indien et Pacifique deviennent eux aussi un théâtre des voyages de découverte. Les horizons des Européens s’étendent aux dimen-sions du monde.

qui s’étend de l’arrivée des premiers Européens au Japon (1543) jusqu’à leur exclusion quasi-totale du pays en 1650. Durant cette période, les Portugais réalisent vers le Japon

un voyage annuel, à des fins commerciales. Leurs objec-tifs sont aussi religieux : ils installent au Japon une pre-mière mission jésuite dès 1549.

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Notion : l’ « Ancien Monde »

◗ Lien avec le programmeLa fiche Éduscol précise que cette étude obligatoire est l’occasion de montrer la ville comme « un lieu de contacts entre différentes cultures et religions (chrétienne, musul-mane et juive) », mais aussi de mettre en avant « le dyna-misme des sociétés de l’islam », dynamisme qui est cultu-rel mais aussi guerrier. En effet, l’expansion de l’Empire ottoman est source, pour les Européens, de fascination et d’inquiétudes.

◗ Intérêt du sujet La prise de Constantinople par les troupes du sultan otto-man Mehmet II en 1453 est un événement majeur. Elle signe la disparition de l’Empire byzantin et l’affirmation d’un sérieux concurrent à la domination européenne. Constantinople, appelée alors Istanbul, première ville d’Eu-rope (400 000 habitants), est aussi la plus cosmopolite. On y trouve des communautés religieuses musulmanes (58 %), chrétiennes (32 %) et juives (10 %) (voir chiffres clés). Les Ottomans transforment un grand nombre d’églises en mosquées (doc. 3), en particulier Sainte-Sophie (doc. 2). La ville conserve et renforce ses fonctions de carrefour commercial et culturel (doc. 1) et se modernise (système d’adjonction d’eau) (doc. 3).

◗ Réponses aux questions 1. Après 1453, Constantinople, devenue capitale d’un

empire musulman, voit un grand nombre de ses églises (chrétiennes orientales ou romaines) deve-nir des mosquées. En effet près de 60 % des habi-tants de la ville sont désormais musulmans. L’archi-tecture des églises n’est pas modifiée, bien souvent le croissant remplace la croix. Des minarets sont construits.

2. Ce document met en avant les échanges commer-ciaux et culturels. On constate la présence de mar-chands, principalement asiatiques, portant des sacs de marchandises. Les personnages représentés sont originaires d’Asie, du monde arabo-musulman, d’Afrique mais aussi d’Europe (ambassadeurs venus assister aux célébrations de la circoncision du fils du sultan).

3. Lors de la prise de la ville, le sultan Mehmet II décide d’épargner Sainte-Sophie et de la reconvertir aussi-tôt en mosquée. Par ce geste, il veut symboliser la

conquête de la ville : il montre son pouvoir en s’ap-propriant le principal lieu de culte chrétien de la ville.

4. Pour Pierre Gilles, Constantinople est une ville fas-tueuse et moderne. Le visiteur européen décrit en particulier longuement le réseau d’adjonction d’eau, les ornements en marbre des mosquées (récupérés dans les églises pillées).

◗ SynthétiserConstantinople, au XVe siècle, est un carrefour entre l’Orient et l’Occident. La ville fait la jonction entre deux mondes, car elle est un des débouchés des routes carava-nières qui rapportent vers l’Europe les épices et soieries asiatiques. Les marchands européens y trouvent les pro-duits dont sont friands les riches aristocrates. Ces fonc-tions de carrefour commercial entre Orient et Occident renforcent les fonctions culturelles de la ville. On y trouve des communautés religieuses variées, des musulmans mais aussi des chrétiens et des Juifs. Ces derniers sont protégés par les sultans mais sont soumis à des impôts supplémentaires.

◗ SchématiserL’église Sainte-Sophie a connu peu de modifications archi-tecturales en devenant une mosquée  : les sultans l’ont surtout remise en état et y ont ajouté des minarets.1. Dôme - 2. Minarets - 3. Croissant musulman.

◗ Vers le BacLorsqu’en 1453 la ville de Constantinople, capitale de l’Empire byzantin, devient ottomane, tous les habitants chrétiens et juifs de la ville ne prennent pas le chemin de l’exil. Ceux qui restent y côtoient alors une importante communauté musulmane (230 000 fidèles sur 400 000 habitants). Cette diversité religieuse est observée par Pierre Gilles lorsqu’il visite la ville vers 1550 (doc. 3), qui dénombre « soixante-dix églises » grecques chré-tiennes, « une dizaine » pour les chrétiens romains et « trente synagogues ». Cette diversité religieuse va de pair avec une importante diversité culturelle, faisant de Constantinople une ville cosmopolite. Ainsi sur la miniature ottomane (doc. 1) on constate la présence de marchands asiatiques, d’une marchande africaine, de nombreux musulmans (port du turban) et d’ambassa-deurs européens. Cette diversité culturelle s’explique par la position de Constantinople aux débouchés des routes caravanières venues d’Asie : la ville est un relais commercial entre l’Asie et l’Europe.

Étude Constantinople, carrefour de l’ « Ancien Monde » ➤ p. 134-135 / p. 140-141

➥ Quelle est la place de la ville dans les échanges au sein de l’espace méditerranéen ?

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Notion : le « Nouveau Monde »

◗ Lien avec le programme Le programme précise que, parmi les études au choix, l’une peut porter sur «  un navigateur européen et ses voyages de découverte  ». Cette étude doit permettre de «  faire comprendre l’intérêt des Européens pour le monde et de montrer les conditions technologiques, éco-nomiques, politiques et culturelles qui leur permirent de le concrétiser à travers le récit d’une aventure humaine » (fiche Éduscol).

◗ Intérêt du sujet Les voyages de Colomb sont, pour l’élargissement des horizons des Européens, un événement fondateur. Sou-cieux d’ouvrir un nouveau chemin vers les Indes, pour contourner l’Empire ottoman en expansion, Colomb s’embarque en 1492 pour un périple transatlantique. Son voyage est financé par les rois d’Espagne (doc. 1 et 3). En octobre, il accoste aux Caraïbes (doc. 1), convaincu d’être parvenu aux Indes. Son retour en Europe, en 1493, sus-cite un immense intérêt : très vite commence l’échange colombien. L’Europe découvre les richesses du « Nouveau Monde » (doc. 2), dont l’exploitation commence très vite, tandis que les habitants des régions découvertes sont sou-mis à l’évangélisation (doc. 3).

◗ Réponses aux questions 1. La carte de l’Amérique qui figure sur le doc. 2, datant

du milieu du XVIe siècle, montre une relative bonne connaissance du continent américain, dont on reconnaît les contours au premier regard. Pourtant, lorsqu’il accoste dans les Caraïbes en 1492, comme lors de ses deux voyages ultérieurs, Colomb est convaincu d’avoir accosté aux Indes. Il faut attendre les explorations du navigateur florentin Amerigo Ves-pucci en 1507 pour que les Européens comprennent qu’il s’agit d’un nouveau continent.

2. La gravure de Theodor Galle met en avant la modernité du XVIe siècle, et l’allégorie des « temps nouveaux » désigne la carte de l’Amérique tandis que les « temps anciens » s’éloignent. Une seule des « nouvelles découvertes » recensées sur cette gravure vient du continent américain (le bois de gaïac).

3. Les peuples rencontrés par Colomb sont montrés sous un jour assez primitif. Sur la gravure de la fin du XVe siècle (doc. 1), les indigènes sont représen-tés nus, les cheveux très longs, munis de simples

bâtons. Cette «  simplicité » en fait, selon Colomb (doc. 3), des « esclaves » pour les rois d’Espagne, esclaves qui seront chargés de la mise en valeur des terres conquises. Colomb précise qu’une des premières missions des Espagnols sera de les évan-géliser.

4. Colomb promet aux rois espagnols des richesses innombrables, aussi bien des métaux précieux (or) que des biens agricoles (coton, gomme, bois d’aloès, rhubarbe, aromates). Pour tirer de ces terres les plus grands bénéfices possibles, Colomb propose d’utiliser les indigènes comme esclaves. La mis-sion d’évangélisation fait aussi partie des bénéfices envisagés : les rois « très catholiques » d’Espagne avaient à cœur d’étendre la religion chrétienne.

◗ SynthétiserPour l’Europe, l’année 1492 est assurément une année charnière. Menacée par l’expansion de l’Empire ottoman au sud et à l’est, la découverte de Colomb ouvre, vers l’ouest, des perspectives incroyables : les terres décou-vertes, dont on comprend en 1507 qu’elles sont un conti-nent jusqu’alors inconnu, sont riches et peuplées. Les ressources du sol et du sous-sol américain sont très vite exploitées. La réussite de l’expédition de Colomb permet à de nombreux autres navigateurs de trouver des finan-cements pour leurs voyages d’exploration.

◗ Schématiser1. Ferdinand II, roi d’Espagne, qui, avec sa femme Isabelle, a financé l’expédition de Colomb – 2. Christophe Colomb à la proue de sa caravelle – 3. Océan Atlantique, représenté comme un simple bras de mer – 4. Les trois caravelles de l’expédition (Pinta, Niña et Santa-Maria) – 5. Europe – 6. « Nouveau Monde », l’Amérique, dont on croit alors encore qu’il s’agit de l’Asie – 7. Habitants des terres décou-vertes par Colomb, qu’il appelle « les Indiens ».

◗ Vers le BacLors de ses voyages, Colomb rencontre des populations dont les Européens ignoraient tout. Ces Amérindiens sont décrits, dès le retour de l’expédition, comme des êtres simples, proches de la nature. Le fait qu’ils ne portent pas ou peu de vêtements les renvoient à la vision chrétienne du paradis tel qu’il est décrit dans la Bible. Leur préten-due simplicité, et le fait qu’ils sont païens, c’est-à-dire non chrétiens, les transforme, aux yeux des Européens, en population aisée à soumettre et à exploiter. Ils seront ainsi réduits en esclavage.

Étude Christophe Colomb et l’océan Atlantique ➤ p. 136-137 / p. 142-143

➥ Que représente pour l’Europe le « Nouveau Monde » révélé par Christophe Colomb ?

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3. Les Aztèques disposent de lances, d’arcs, de flèches, de boucliers (en osier) et de bateaux non armés. Face à eux, les Espagnols portent des armures en métal, ils sont casqués et disposent d’armes forgées (épées, boucliers) et de canons (les Aztèques ne connaissaient pas la poudre à canon). Les conquis-tadors ont aussi à leur disposition des chevaux, ani-maux jusqu’alors inconnus en Amérique.

4. Cortés entreprend de christianiser la ville en y construisant églises et monastères. Il y installe aussi des symboles du pouvoir royal espagnol (« maisons royales »), puisque la ville devient capitale de la Nou-velle Espagne.

◗ SynthétiserAux temps de la découverte et de l’exploration des ter-ritoires américains succède rapidement le temps de la conquête. La colonisation espagnole se fait dans la vio-lence. La représentation de la bataille finale entre les troupes de Cortés et celles de l’empereur aztèque montre, jonchant le sol, des têtes aztèques coupées. Cette bataille a duré plus de trois mois. La supériorité de l’armement ibérique a participé aussi à l’armature mentale de la conquête, mais elle n’a pas empêché la résistance, aussi bien celle de l’empereur que celle de régions entières se soulevant contre l’occupant.

◗ Schématiser Pour se rendre maîtres de Technotitlan, les Espagnols ont eu recours à des peuples ennemis des Aztèques, qu’ils ont convaincu de leur venir en aide (scène 2 du doc. 2). La scène 1 du doc. 2 représente la guerre entre les 2 clans.

◗ Vers le BacLa conquête de l’Empire aztèque a eu lieu à partir de 1519. À la tête de ses troupes, auxquelles il arrive à adjoindre « dix mille Mexicains » (doc. 3), issus de peuples ennemis des Aztèques, Hernán Cortés parvient jusqu’à la capitale, Tenochtitlan. Après avoir entamé des négociations avec l’empereur, il engage le siège de la ville. Trois mois de violents combats (doc. 2) seront nécessaires aux Espa-gnols pour s’emparer de la ville. Celle-ci devient alors capitale du nouvel empire colonial espagnol : au temps de la conquête succède celui de la colonisation. La ville est christianisée par l’installation « des églises et monas-tères » (doc. 3), tandis que commence l’exploitation des richesses amérindiennes.

Notion : la domination

◗ Lien avec le programme Le programme permet, parmi les études au choix, de trai-ter « une cité précolombienne confrontée à la conquête et à la colonisation européenne ». Notre choix s’est porté sur la ville aztèque de Tenochtitlan-Mexico. Cette étude doit permettre d’interroger «  les conditions de la conquête espagnole  » (fiche Éduscol), conquête marquée par la violence. La société coloniale établie par les Espagnols « sur les ruines [de la] civilisation aztèque » doit elle aussi être étudiée, ainsi que la « perception de l’Autre par les Européens ».

◗ Intérêt du sujet En débarquant à Vera Cruz en 1519, les troupes espa-gnoles, menées par Hernán Cortés affronte un empire puissant et bien organisé, l’Empire aztèque. Pourtant, deux ans plus tard, sa capitale tombe aux mains des Européens (doc. 2). Cet effondrement s’explique par une combinaison de facteurs, parmi lesquels le choc microbien (p. 142 / p. 148), la supériorité de l’armement espagnol (doc. 2), mais aussi les dissensions politiques locales (doc. 3). La conquête se fait par la lutte armée (doc. 2), mais aussi par la ruse et la persuasion. Elle suscite de nombreuses résistances (doc. 3), en particu-lier celle du dernier empereur aztèque, Moctezuma. Une fois celui-ci vaincu, Cortés fait de Tenochtitlan, devenue Mexico, la capitale de la Nouvelle Espagne (doc. 1, 3), centre d’impulsion de la conquête et de la domination, cœur de l’organisation administrative hiérarchisée que le colonisateur met en place.

◗ Réponses aux questions 1. L’Empire aztèque était un empire puissant et bien

organisé, installé en Amérique centrale. Les Espa-gnols, pour s’approprier les terres aztèques, avaient donc besoin de s’emparer de sa capitale, centre névralgique du pouvoir et lieu de résidence de l’em-pereur. La prise de Tenochtitlan signifie donc la dis-parition de l’Empire aztèque.

2. Tenochtitlan est une cité lacustre, c’est-à-dire une ville bâtie sur l’eau, dans une région marécageuse. Bien aménagée (avec des canaux), elle suivait une organisation rigoureuse, en damier. Les pouvoirs politiques et religieux étaient installés au centre de la ville.

Étude Tenochtitlan face aux Espagnols ➤ p. 138-139 / p. 144-145

➥ Comment conquête et colonisation ont-elles transformé la ville ?

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Étude Séville, porte de l’Amérique ➤ p. 140-141 / p. 146-147

➥ Comment Séville devient-elle « la porte de l’Amérique » ?

Notion : les échanges

◗ Lien avec le programmeParmi les études au choix, le programme invite à s’in-téresser à un grand port européen, afin d’expliquer et de comprendre « le basculement fondamental », qui fait perdre à «  l’espace méditerranéen […] de son impor-tance au profit de l’Amérique ». Nous avons choisi de proposer une étude sur Séville, « seul grand port habilité pour le trafic de l’or puis de l’argent », afflux de métaux précieux qui permet le « développement économique de l’Espagne et de l’Europe » (fiche Éduscol).

◗ Intérêt du sujetSitué au sud de l’Espagne, sur le Guadalquivir qui per-met de rejoindre rapidement l’océan Atlantique (doc. 2), le port fluvial de Séville connaît au XVIe siècle une expan-sion fulgurante. Seule habilitée à recevoir les navires chargés de métaux précieux, la ville devient le centre d’un intense trafic maritime (carte clé, doc. 1). Hormis l’or et l’argent, les marchandises révèlent la diversité des importations (doc. 3) qui sont gérées par la puissante Casa de Contratación.

◗ Réponses aux questions1. Séville n’est pas un port maritime mais un port

fluvial : les bateaux empruntent, au XVIe siècle, le Guadalquivir pour rejoindre l’océan Atlantique. Ils peuvent alors passer l’hiver à l’abri dans ce port, loin des tempêtes qui endommagent les bateaux.

2. Le tableau révèle un enrichissement constant de la ville, au gré de l’augmentation du trafic maritime avec l’Amérique. Dix ans après le premier voyage de Colomb, des tonnes d’or commencent déjà à arriver à Séville. Les importations d’argent sont en constante augmentation durant le XVIe siècle. En revanche, les importations d’or connaissent, à partir de 1561, un

recul, probablement lié à une diminution des res-sources disponibles outre-Atlantique.

3. L’intensité du commerce maritime avec le « Nouveau Monde » explique l’afflux vers la ville d’un grand nombre de marchands étrangers qui s’occupent du négoce des marchandises débarquées à Séville.

4. Les aménagements portuaires sont représentés sur cette vue de Séville : la ville est organisée pour permettre aux bateaux, présents en grand nombre, d’être déchargés, et pour que les marchandises soient ensuite transportées, via de larges avenues, dans la ville, vers la Casa de Contratación. On distingue, sur la droite du port, les bâtiments de la douane.

◗ SynthétiserSéville connaît, grâce à la découverte de l’Amérique et à l’intensification du commerce transatlantique, des années de prospérité. En effet, sa position géographique très favorable, à une époque où le Guadalquivir est encore navigable, lui permet de devenir le principal port d’accueil des bateaux revenant de la Nouvelle Espagne, chargés de marchandises. Parmi ces marchandises, l’or et l’argent enrichissent l’Espagne, mais aussi l’Europe entière.

◗ Schématiser1. La Giralda, cathédrale de Séville – 2. Le Guadalquivir, fleuve alors navigable qui place Séville à 89 km de l’At-lantique – 3. El Arenal, quartier du port, où se trouvent la plupart des activités marchandes de la ville.

◗ Vers le BacIdéalement située à proximité de l’Atlantique, Séville devient dès le début du XVIe siècle la «  porte d’entrée de l’Amérique » : c’est là qu’arrive la majorité des mar-chandises importées du « Nouveau Monde ». L’intensité des activités commerciales enrichit la ville. Cet enrichis-sement se marque dans le paysage urbain, les maisons deviennent plus luxueuses et la ville s’agrandit.

Étude Le choc microbien en Amérique ➤ p. 142 / p. 148

➥ Quelles sont les conséquences du choc microbien en Amérique ?

Notion : la domination

◗ Lien avec le programme Le programme demande de s’interroger sur « l’impact des maladies infectieuses » (fiche Éduscol) sur les populations amérindiennes affaiblies lorsque commence la conquête.

◗ Intérêt du sujet L’introduction, en Amérique, de maladies contagieuses avec lesquelles les autochtones n’avaient jamais été mis en contact, a provoqué une surmortalité très importante (chiffres clés) : localement, plus de 90 % des habitants de certains villages sont morts des maladies importées par les Européens durant le XVIe siècle. Parmi ces maladies,

la vérole (doc. 2) et la rougeole ont été les plus mortelles. Le mécanisme du choc microbien ne sera compris qu’au XVIIe siècle, auparavant les Occidentaux trouvaient les Amérindiens de « faible constitution ». Ce choc s’inscrit dans « l’échange colombien », il est réciproque : certaines maladies ont aussi été importées d’Amérique vers l’Europe (syphilis, doc. 1, souche américaine de la fièvre jaune).

◗ Réponses aux questions 1. La variole est la maladie qui a causé, chez les Amérin-

diens, une mortalité de masse. Cette maladie infec-tieuse, d’origine virale, provoque un affaiblissement tandis que le corps se couvre de boutons infectieux.

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de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. À partir de l’étude détaillée et attrayante d’une carte de l’océan Indien au XVIe siècle, il permet de travailler de façon approfondie le thème proposé. Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours.Le document numérique présente les différentes moda-lités de la prise de l’océan Indien par les Européens au XVIe siècle :

− « Comptoirs » : cette partie propose de développer trois exemples de comptoirs (Calicut, Goa et Ormuz) installés par les Portugais au début du XVIe siècle.

− «  Affrontements »  : articulée autour de différents zooms sur la carte, cette partie permet de repérer avec précision les éléments témoignant de la pré-sence arabe et ottomane à laquelle les expéditeurs portugais vont être confrontés.

− « Navigation » : l’océan Indien reste avant tout un espace de navigation dans lequel se croisent les constructions navales les plus modernes de l’époque (nefs, caravelles, galions), qu’elles soient portu-gaises, ottomanes ou chinoises.

Notion : le « Nouveau Monde »

◗ Lien avec le programmeLa deuxième étude au choix proposée par le programme porte sur un navigateur européen et ses voyages de découverte. L’étude des expéditions de Vasco de Gama dans l’océan Indien permet d’étudier non seulement les conditions nécessaires à la concrétisation d’un tel projet, mais aussi les étapes progressives d’une conquête terri-toriale qui permet d’élargir le monde connu.

◗ Intérêt du sujet L’étude des expéditions de Vasco de Gama dans l’océan Indien permet de mettre en perspective celles de Chris-tophe Colomb en rappelant que les routes vers l’est ne sont pas abandonnées par les expéditeurs européens. Par ail-leurs, l’exemple de Vasco de Gama permet de montrer que l’hégémonie espagnole n’est pas totale dans les entreprises de découverte. Enfin, cette étude permet de découvrir que ces explorations s’inscrivent dans un temps long (doc. 2, 3) en raison des difficultés et de la concurrence auxquelles les Portugais sont confrontés dans l’océan Indien.

◗ Le document numérique intégréLe document 3 de cette étude est constitué par un Power-Point interactif répondant à la demande du programme

www.lienmini.fr/magnard-hg2-013

Étude Vasco de Gama et l’océan Indien ➤ p. 143 / p. 149

➥ Comment Vasco de Gama ouvre-t-il l’océan Indien aux Européens ?

Cette maladie est très contagieuse et mortelle dans environ un tiers des cas.

2. Un certain nombre d’Amérindiens sont infectés par le virus de la syphilis.Contamination de certains conquistadors qui ont des relations sexuelles avec des Amérindiennes ➔ En Espagne, contamination des « courtisanes » (pros-tituées) par ces conquistadors ➔ Contamination des soldats par ces prostituées en Europe (elles suivent les armées en campagne).

◗ Vers le BacDès les premières heures de la colonisation de l’Amé-rique, les Amérindiens sont touchés par une surmortalité

très importante : 65 % d’entre eux meurent de maladies durant le XVIe siècle. Cette surmortalité s’explique par le choc microbien : l’ « Ancien Monde » et le « Nouveau Monde  » vivaient hermétiquement séparés, donc les virus présents dans l’un ne l’étaient pas dans l’autre. Les organismes humains n’étaient donc pas du tout immunisés contre certaines maladies. Le choc micro-bien, qui appartient à « l’échange colombien », a joué un rôle clé dans la conquête en affaiblissant les popu-lations amérindiennes. Les Espagnols ont trouvé face à eux des populations décimées qui n’ont parfois pas pu les combattre. Cette surmortalité a été renforcée par les violences de la conquête, puis par l’exploitation des hommes dans les mines et les plantations.

◗ Questions pour un travail personnel ou une évaluation

1497-1499Première expédition

de Vasco de Gama

1498Vasco de Gama accoste à Calicut

1502-1503Seconde expédition de Vasco de Gama

1505-1508Francisco de Almeida est nommé vice-roi

des Indes

1508-1515 Afonso de Albuquerque

est nommé vice-roi des Indes

1510Fondation du

comptoir de Goa

1500 1510 1520

1. Réalisez une frise chronologique simple pour présenter les étapes de la prise de contrôle de l’océan Indien par les Portugais.

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2. Dans quelle mesure les nouveaux navires portugais utilisés par Vasco de Gama ont-ils favorisé l’organi-sation des explorations ?

Lors de la seconde expédition de Vasco de Gama à partir de 1502, sa flotte est composée d’une quin-zaine de bateaux complémentaires : les caravelles permettent d’accélérer la navigation et d’approcher au plus près des côtes, tandis que les nefs et galions permettent de transporter des marchandises non seulement pour nourrir un équipage nombreux, mais aussi pour organiser un échange commercial avec les populations locales.

3. Quelles sont les difficultés rencontrées par Vasco de Gama lors de son arrivée sur les côtes indiennes ?

D’une part, il rencontre une résistance de la part des populations locales qui l’obligent à utiliser la force militaire pour imposer la domination portu-gaise comme à Calicut par exemple. D’autre part, il est confronté à la concurrence arabe, ottomane et chinoise qui conduit à de nombreux affrontements, notamment autour de Goa.

4. Quelles sont les richesses acquises par le royaume du Portugal grâce aux expéditions de Vasco de Gama ?

La mise en place de comptoirs permet aux Portugais de mettre en place une activité commerciale lucra-tive et de contrôler l’entrée du Golfe persique.

◗ Réponses aux questions 1. Selon Manuel Ier, l’expansion portugaise s’ex-

plique par une volonté « d’accroître la gloire de ce royaume » mais aussi de tirer profit « des grandes richesses » des territoires conquis. Il précise cepen-dant qu’il s’agit aussi « d’étendre partout la foi en Notre Seigneur et de faire connaître son nom », c’est-à-dire de diffuser la religion chrétienne au-delà du continent européen.

2. Afin de traverser l’océan Indien, les Portugais se dotent d’une flotte composée d’une quinzaine de bateaux permettant de transporter non seulement un équipage nombreux, mais aussi des marchandises et des métaux précieux. Ainsi, ils peuvent envisager plus facilement une longue traversée et apportent avec eux des biens pour acheter la sympathie des populations locales.

3. L’expansion de l’empire portugais commence dès le début du XVe siècle avec des expéditions de reconnaissance des littoraux africains, et notam-ment de Guinée en 1433 comme le précise Manuel Ier. Ce n’est cependant qu’à la fin du XVe siècle que les expéditeurs portugais sont invités à repousser les limites du monde connu afin d’ouvrir de nou-velles routes maritimes vers les Indes. C’est notam-ment la mission de Vasco de Gama qui accoste à Calicut en 1598.

◗ Vers le BacLe Portugal est une puissance navale ambitieuse. La monarchie portugaise se donne en effet des objectifs similaires à ceux de la couronne d’Espagne : conquérir de nouveaux territoires, trouver de nouvelles sources de richesses (notamment des mines d’or et d’argent), mais également élargir son prestige en augmentant le nombre de ses sujets convertis à la religion chrétienne. Pour cela, elle mobilise des moyens humains, financiers et technologiques importants. Des flottes toujours plus nombreuses et modernes sont mises à la disposition des explorateurs tels que Vasco de Gama qui ouvrent de nouvelles routes maritimes. Après un repérage des lieux, ils sont souvent suivis d’une flotte militaire afin d’éliminer d’éventuelles résistances des populations locales. Ainsi, le roi du Portugal nomme-t-il à partir de 1505 un vice-roi des Indes afin d’administrer ses nou-velles conquêtes.

Cours Les Européens s’ouvrent au monde aux XVe et XVIe siècles ➤ p. 144-147 / p. 150-153

➥ Comment les horizons géographiques des Européens se sont-ils élargis ?

◗ Organisation du coursLa structure du cours interroge successivement trois espaces :

− Partie A. Les horizons des Européens sont d’abord pour l’essentiel, bornés à la Méditerranée. Les relations avec l’Afrique et l’Asie existent, mais sont indirectes pour la plupart. Lorsque l’Empire otto-man accroit sa puissance, la mer Méditerranée passe sous son contrôle : le document 1 montre l’importance numérique de la flotte ottomane, ici alliée avec François Ier contre Charles Quint. Cette situation conflictuelle pousse les Européens à chercher à commercer avec l’Asie sans passer par les intermédiaires ottomans.

− Partie B. Les horizons s’élargissent vers l’océan Atlantique, d’abord avec les explorations afri-caines portugaises, puis avec les voyages transa-tlantiques après le retour de Christophe Colomb en Europe. En Amérique, au temps des naviga-

teurs succède rapidement celui des explorateurs, puis celui des conquistadors. Les populations, affaiblies par le choc microbien, subissent les violences de la conquête et de la colonisation, mais aussi des rivalités coloniales entre les puis-sances européennes. Le document 2 montre le désarroi d’Amérindiennes prisonnières des Fran-çais et de leurs alliés locaux, dans une guerre qui oppose Français et Espagnols pour la possession de la Floride.

− Partie C. L’élargissement des horizons se poursuit dans l’océan Indien : Vasco de Gama accoste aux Indes après avoir contourné l’Afrique en 1498. Aussitôt un intense commerce maritime s’installe entre Europe et Asie. Le document 3 montre les comptoirs commerciaux installés par les Portu-gais sur la route des Indes au XVIe siècle, en Inde (Calicut, Mangalore), mais aussi dans le golfe Per-sique (Ormuz) et en Afrique (Saint-Georges de la Mine). Là aussi, comme en Amérique, les rivalités

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Exercices  ➤ p. 148 / p. 154

◗ Situer des événements dans le temps1453 : Prise de Constantinople, capitale de l’Empire byzan-

tin, par les troupes ottomanes.1492 : Christophe Colomb accoste en Amérique.1522 : Del Cano et les survivants de l’expédition de Magel-

lan parviennent à boucler le premier tour du monde.1543 : Le premier navire portugais accoste au Japon.1562 : Les Français tentent de coloniser la Floride.

◗ Confronter des informations 1. En un siècle, la connaissance des littoraux africains

s’approfondit. Les connaissances héritées de la géo-graphie antique de Ptolémée ne voyaient pas de limites à l’Afrique au sud. Le continent était repré-senté comme s’élargissant encore au sud. L’existence de l’océan Indien, à l’est, était connue. À la fin du XVIe siècle, la carte dessine une silhouette relativement conforme à la réalité de l’Afrique. On reconnaît le golfe de Guinée, Madagascar, absents de la première carte.

2. Chaque voyage d’exploration permettait aux naviga-teurs de faire progresser la cartographie du monde : il y avait presque toujours un cartographe à bord, et beaucoup de navigateurs, à l’image de Colomb, étaient eux-mêmes cartographes. Dès le début du

XVe siècle, les Portugais entreprennent d’explorer les littoraux africains, et réalisent des portulans, c’est-à-dire des cartes maritimes sur lesquelles les empla-cements des ports sont scrupuleusement notés. À chaque retour en Europe, les cartes sont mises à jour.

◗ Mettre en relation un document avec une situation historique

1. La scène représente un convoi d’Amérindiens d’Ame-racapana (Venezuela) qui, sous la conduite d’Espa-gnols, marchent en direction d’une pêcherie de perles.

2. On distingue les conquistadors espagnols, riche-ment vêtus, casqués pour certains et armés (épées, mousquets), et les Amérindiens vêtus d’un simple pagne, pieds nus, et lourdement chargés. Parmi eux, des enfants et des femmes.

3. Sur cette gravure, on voit des Espagnols utiliser la violence pour faire avancer le convoi : menaces (épée brandie), coups (de bâtons), utilisation de l’épée (au fond à droite). Cette violence physique montre que les Espagnols considèrent les Amé-rindiens comme inférieurs, et les destinent à être exploités pour la mise en valeur des richesses du continent (ici des perles).

coloniales se marquent dès le début du XVIe siècle. C’est d’ailleurs pour tenter de prouver que les Îles Moluques appartenaient bien à l’Espagne que Magellan entreprend en 1520 le premier tour du monde : les horizons des Européens s’élargissent alors à l’océan Pacifique.

◗ Schéma de synthèse commenté  − Écouter et mémoriser

la synthèse du cours avec le schéma animé :

− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. − Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard.

www.lienmini.fr/magnard-hg2-014

Méthode vers le Bac Rédiger l’introduction et la conclusion d’une composition ➤ p. 149 / p. 155

Sujet : La Méditerranée aux XVe et XVIe siècles : un espace de contacts.

Étape 1 – Rédiger l’introduction1. Analysez les termes du sujet

La Méditerranée aux XVe et XVIe siècles : un espace de contacts.

Elle est bordée au nord-ouest par les royaumes européens : au sud et à

l’est par l’Empire ottoman

Les contacts peuvent être amicaux (échanges) ou hostiles (affrontements)

Entre le milieu du XVe siècle et le milieu

du XVIe siècle, l’espace méditerranéen est

progressivement dominé par l’Empire ottoman

2. Déterminez l’idée générale– La problématique (série ES/L)Dans quelle mesure la montée des affrontements entre l’Empire ottoman et l’Europe chrétienne remet-elle en cause les échanges au sein de l’espace méditerranéen ?– Le fil conducteur (série S)La montée des affrontements entre l’Empire ottoman et l’Europe chrétienne ne remet pas véritablement en cause les échanges au sein de l’espace méditerranéen.

3. Annoncez le plan

Aux XVe et XVIe siècles, la Méditerranée

est une zone d’affrontements

entre l’Empire ottoman et l’Europe chrétienne.

Ces affrontements ne remettent pas en cause les échanges

commerciaux, culturels et migratoires dont Constantinople est un centre majeur.

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Au début du XVe siècle, la Méditerranée est bordée au nord-ouest par les royaumes chrétiens européens. Au sud et à l’est, l’Empire ottoman, fondé en 1299, se montre de plus en plus conquérant et s’empare de Constantinople en 1453, provoquant la disparition de l’Empire byzantin. Progressivement, il prend le contrôle de toute la Méditerranée orientale. Or, l’espace méditer-ranéen a toujours été un espace de contacts, amicaux (échanges) ou hostiles (affrontements). Il s’agit donc de voir dans quelle mesure la montée des affrontements entre l’Empire ottoman et l’Europe chrétienne remet en cause les échanges au sein de l’espace méditerranéen aux XVe et XVIe siècles. On verra que si la Méditerranée voit effectivement la montée des affrontements entre l’Empire ottoman et l’Europe chrétienne (partie 1), ces affrontements ne remettent pas véritablement en cause

les échanges commerciaux, culturels et migratoires dont Constantinople est un centre majeur (partie 2).

Étape 2 – Rédiger la conclusionLa montée des affrontements entre l’Empire ottoman et l’Europe chrétienne ne remet pas véritablement en cause les échanges commerciaux, culturels et migra-toires au sein de l’espace méditerranéen. Constanti-nople conserve une fonction de carrefour majeur de ces échanges. Il faudra attendre le milieu du XVIIe siècle pour assister à un véritable déclin des échanges éco-nomiques en Méditerranée. Néanmoins, cette situation conflictuelle pousse les royaumes ibériques à chercher de nouvelles routes commerciales vers l’Asie à la fin du XVe siècle, faisant du « Nouveau Monde » un nouveau centre de l’économie-monde.

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➤ Histoire p. 150-169 / Hist-Géo p. 156-175

Chapitre 8 Les hommes de la Renaissance du XVe au XVIe siècle

ProgrammeDurée : 4 heures Mise en œuvre dans le manuel

La question traite de l’action et de la pensée des hommes de la Renais-sance en les rattachant à la notion de modernité, et en s’appuyant sur l’étude d’individus caractéristiques du renouvellement de la pensée de l’homme, de son rapport à Dieu et de son action dans le monde, au moyen de deux études :– une étude obligatoire : un réfor-

mateur et son rôle dans l’essor du protestantisme ;

– une étude portant, au choix, sur :•  un éditeur ; •   un artiste de la Renaissance

et son projet esthétique.

– Une entrée est proposée pour la première étude demandée par le programme : •  Martin Luther, un moine réformateur (Étude p. 156-157/ p. 162-163).

– Quatre entrées sont proposées pour la seconde étude demandée par le programme :•  Un éditeur-imprimeur majeur : Robert Estienne, imprimeur du roi (Étude avec complément numé-rique, p. 161 / p. 167).

•  Un des artistes emblématiques de la Renaissance : Léonard de Vinci (Étude p. 160 / p. 166) + carte 2 p. 154 / p. 160).

•  L’action du roi François Ier (Étude p. 158-159 / p. 164-165).•  Une œuvre picturale emblématique de la Renaissance : Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs (Histoire des Arts, p. 162-163 / p. 168-169).

Des supports variés pour la contextualisation historique des études choisies :– Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période (Repères p. 152-153 / p. 158-159).– Des cartes dont une grande carte de synthèse du chapitre (Cartes p. 154-155 / p. 160-161).– Un cours synthétique, structuré en trois points clés (p. 164-167 / p. 170-173).– Un schéma de synthèse visuel, enrichi d’une version numérique commentée, ainsi que son texte à télécharger et à imprimer (p. 167 / p. 173).

Du programme au manuel

à juin 2015 par la BNF autour du thème « François 1er, pouvoir et image », qui présente un panorama de son apport à la Renaissance française.

✔ http://www.garamond.culture.fr est un site fait par le ministère de la Culture en 2011 à l’occasion du 450e  anniversaire de la mort de Claude Garamont, grand typographe et graveur.

Bibliographie et sitographie

✔ Brivois Pascal, L’Europe de la Renaissance, Documen-tation photographique, n° 8049, 2006.

✔ Burke Peter, La Renaissance européenne, Paris, Le Seuil, 2000.

✔ Hale John, La Civilisation de l’Europe à la Renaissance, Paris, Perrin, 1998, rééd. 2003.

✔ http://expositions.bnf.fr/francoisIer/explo/index.htm : site très riche autour de l’exposition organisée de mars

◗ Lien avec le programme La fresque permet de centrer d’emblée l’étude du chapitre sur les hommes, et leur diversité, dans un des foyers prin-cipaux de la Renaissance italienne, Florence. La fresque est l’un des plus beaux exemples de décoration religieuse exécutée pour embellir une église, mais aussi pour glo-rifier une famille, celle de Giovanni Tornabuoni, oncle de Laurent le Magnifique et trésorier du pape. Michel-Ange y aurait participé comme de nombreux élèves de Domenico Ghirlandaio.

◗ Le documentLes familles Tornabuoni et Médicis ainsi que leur entou-rage sont représentés autour de l’archange et de Zacharie. Le monde du savoir est représenté en bas de la fresque par quatre humanistes très importants dans l’entourage des Médicis : de gauche à droite le philosophe humaniste Marsile Ficin, fondateur de l’académie néoplatonicienne, redécouvreur de Platon ; le poète Cristoforo Landino auteur de dialogues inspirés de Platon ; Ange Politien, humaniste, précepteur des enfants de Laurent de Médicis ; le dernier

Document iconographique ➤ p. 150-151 / p. 156-157

L’ Annonce faite à Zacharie, Domenico Ghirlandaio, 1485-1490, fresque, église Santa Maria Novella (chapelle Tornabuoni), Florence, Italie.

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Nous avons fait le choix de poser les grandes caractéris-tiques de la période de la Renaissance, autour d’un axe chro-nologique regroupant les repères essentiels en identifiant :

− Quatre notions clés : définies et contextualisées, per-mettant (en introduction, en cours d’étude ou en conclu-sion) d’établir un fil conducteur adapté aux contraintes du temps imparti à l’étude de cette question : la Renais-sance, les Réformes, la modernité, les humanistes.

− Quatre documents iconographiques emblématiques, associés à chaque notion et permettant de l’expliciter, de la mémoriser. • Adam et Ève, Albrecht Dürer (1471-1528), huile

sur bois, 209 x 81 cm chacun, musée du Prado, Madrid. L’œuvre permet d’aborder plusieurs carac-téristiques essentielles de la renaissance artis-tique  : nouvelles techniques (peinture à l’huile), renouvellement des formes (nudité), inspiration antique mais aussi permanence des thèmes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le thème du péché originel est un signe de l’intense réflexion

autour de la dignité de la nature humaine, en lien avec l’humanisme.

• Le Portrait d’Ignace de Loyola permet d’étendre le thème des Réformes à d’autres réformateurs que les protestants Luther et Calvin et d’évoquer la Réforme catholique.

• L’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci est devenu l’illustration iconique de l’humanisme. Il symbolise l’Homme devenu la mesure de toute chose, centre de l’univers mental, microcosme en harmonie avec le macrocosme et les lois cachées de l’univers.

• Le portrait d’Érasme par Hans Holbein le Jeune : portrait d’un des plus grands humanistes, en lien avec l’étude sur Les Ambassadeurs, avec l’art du portrait (fiche Éduscol).

− Quatre études permettant, au choix du professeur dans le respect des attendus du programme, de construire sa démarche pédagogique et mettant l’accent sur deux études de cas.

Repères ➤ p. 152-153 / p. 158-159

Cartes ➤ p. 154-155 / p. 160-161

Tout comme les repères chronologiques, les repères spa-tiaux sont indispensables pour aider les élèves à fixer leurs connaissances. Les changements d’échelle permettent d’appréhender le sujet dans toutes ses dimensions.

− Carte 1 : les quartiers des éditeurs-imprimeurs à Paris vers 1540. Cette carte historique est un détail d’un des premiers plans de Paris, dit plan de Truschet et Hoyau, conservé à Bâle. Représentant le Paris de 1550, ce vaste plan (96 × 133 cm) en 8 feuillets est une gravure sur bois. Il indique les nombreux collèges et bibliothèques, les libraires, graveurs, fondeurs et imprimeurs présents dans la ville, qui en font un centre intellectuel primordial dans l’Europe du XVIe siècle. Le document est visible en totalité, avec des commentaires sur les cent cinquante hommes du livre actifs à Paris en 1540 sur le site http://www.garamond.culture.fr/fr/medias/1x1/67. Le détail choisi permet de mettre en évidence la révolution de l’im-primé, et son lien avec le centre ancien du savoir des universités parisiennes, mais revivifié par le mécénat et l’administration royale du Palais de l’île de la Cité.

− Carte 2 : la carte thématique présente les voyages de Léonard de Vinci et permet de montrer l’importance du mécénat et des cours princières pour les artistes de la Renaissance. Elle complète l’étude sur Léonard de Vinci (p. 160 / p. 166) et montre comment l’artiste se met au service, ou tente de le faire, de puissants mécènes comme la République de Florence, le pape, le duc de Milan et enfin le roi François Ier.

− Carte 3 : la grande carte constitue une synthèse du chapitre. Elle est ainsi un outil privilégié (en intro-duction, tout au long du cours ou en conclusion) pour fixer les repères essentiels. Les lieux impor-tants évoqués dans le chapitre (documents, Études, Cours) y sont localisés. Sa version cliquable/décli-quable en complément numérique permet une uti-lisation au vidéoprojecteur. Sa légende est organi-sée en trois parties qui sont liées à celles du cours (p. 164-167 / p. 170-173) :

• L’Europe des humanistes : délimite les centres d’étude et de formation formant le réseau de la « République des Lettres » : les grandes univer-sités issues du monde médiéval, dont certaines deviennent des centres d’imprimerie et des foyers de la naissance ou de la diffusion des idées humanistes.

• L’Europe de la Renaissance : identifie les trois grandes régions qui forment les principaux foyers de la Renaissance, les villes (Florence, Rome, Venise, mais aussi Lyon, Anvers...) et les rési-dences princières (châteaux des rois de France, palais des princes italiens).

• Le temps des Réformes : met en évidence des foyers de la Réforme protestante (Wittenberg pour les Luthériens, Genève pour les Calvinistes) et de la Réforme catholique (Rome, Trente, mais aussi Madrid et Louvain).

est soit Pic de la Mirandole, soit Gentile de Becchi, huma-niste, maître de Laurent de Médicis.La fresque illustre les relations d’amitié qui lient les huma-nistes et les patriciens banquiers de la ville, responsables de l’« apothéose » que connaît alors la ville. L’inscription gravée au-dessus de l’arcade droite le précise : « L’an 1490, alors que la ville belle entre les belles, illustre par ses

richesses ses victoires, ses arts et ses monuments, jouis-sait doucement de l’abondance, de la santé et de la paix. » Ce type de portrait de groupe illustre la fierté et la certitude des hommes de cette génération de participer à un nouvel âge d’or de leur ville et de l’histoire. La citation de Gian-nozzo Manetti renforce cette vision d’un âge d’or florentin à la fin du XVe siècle.

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Notion : les Réformes

◗ Lien avec le programmeLes documents choisis pour mener l’étude obligatoire : « Un réformateur et son rôle dans l’essor du protestan-tisme » tourne autour des trois axes définis par la fiche Éduscol : l’« état d’esprit qui se caractérise par un élan de pédagogie chrétienne et de retour aux sources d’une Église originelle dans un contexte de contestation de l’Église de Rome », les liens avec l’humanisme et « la question essen-tielle [...] du Salut dans la continuité des interrogations et des contestations du Moyen Âge » (Fiche Éduscol). Le document 1 présentant le protecteur de Luther, Fréderic III de Saxe, est lié à la nécessité de montrer « la territoria-lisation progressive des choix confessionnels qui est au cœur des conflits politiques du XVIe siècle » et « l’utilisa-tion par les princes des aspirations religieuses, et leurs liens avec les réformateurs ». (À compléter avec la carte p. 155 / p. 161 montrant la diffusion de la Réforme protes-tante depuis les foyers des cours princières).

◗ Intérêt du sujet La traduction de l’Évangile et son illustration par le grand artiste Lucas Cranach ainsi que sa diffusion par l’imprimé (doc. 1) montrent le lien avec le mouvement humaniste, par le retour aux textes, et leur traduction pour un accès direct à leurs contenus. Le document 2, du même artiste, est une gravure à large diffusion, et montre à la fois l’aboutissement de la critique théologique de Luther et sa préoccupation du Salut. Enfin, des extraits des textes fondamentaux de Luther (doc. 3), au cœur de sa rupture avec l’Église catholique, permettent de mettre en évidence deux aspects fondamentaux de sa doctrine : la rupture avec le dogme catholique par l’im-portance donnée à la foi seule, et la prééminence donnée à la foi sur les œuvres pour accéder au Salut. L’ensemble de l’étude permet donc de suivre et d’expliciter le sens de la devise Sola Scriptura, Sola Fide, Sola Gratia, établie par Luther dans son discours à la Diète de Worms en 1521, bientôt complétée par Solus Christus et Soli Deo Gloria, pour constituer les cinq Solae, piliers du protestantisme évangélique.

◗ Réponses aux questions 1. En 1517, Luther publie 95 thèses, ou « Dispute sur la

puissance des indulgences », texte théologique criti-quant avec virulence l’Église et le pape. Le texte en aurait été placardé sur la porte de l’église de Witten-berg (ce qui est aujourd’hui contesté). Il s’oppose à l’indulgence décidée par Léon X pour la construction de l’église Saint Pierre et au dogme du purgatoire qui affirme que les fidèles peuvent racheter leurs pêchés. Sa publication et sa diffusion sont le point de départ de la Réforme en Allemagne.

2. Le document 2 montre les deux seuls sacrements reconnus par Luther : l’Eucharistie et le baptême. Luther reproche au pape d’avoir multiplié les sacre-ments, au nombre de sept, afin de consolider la mainmise du clergé sur les fidèles et de s’être éloi-gné des textes sacrés.

3. Beaucoup d’éléments montrent que Luther est un humaniste : la volonté d’un retour nécessaire aux textes du Nouveau et de l’Ancien Testament, par-delà les commentaires médiévaux ; l’effort pour les traduire en un allemand facilement compréhensible (avec l’aide d’humanistes, dont certains hébraïsants comme Pierre Melanchton) ; enfin la diffusion mas-sive de ces traductions, et de ses commentaires, par le moyen de l’imprimerie.

4. Dans la gravure de Lucas Cranach, Luther oppose l’Église et sa hiérarchie (évêques, cardinaux et abbés) placée à sa gauche, à Jésus-Christ sur sa droite. Toute la hiérarchie ecclésiastique est placée dans la gueule du Léviathan, symbole depuis la période médiévale de l’entrée de l’enfer, brûlant dans les flammes et subis-sant les assauts des démons. L’artiste montre aussi la richesse des habits du clergé catholique qu’il oppose à la simplicité des ministres du culte protestant.

◗ Schématiser1  : Martin Luther est montré dans son rôle de prédica-teur en chaire et s’appuyant sur l’Évangile. – 2 : l’Évangile, source unique de sa pensée et de sa prédication. – 3 : le Christ en croix, avec le linge l’entourant, le perizonium, s’élevant comme soulevé par le souffle de l’Esprit saint, et renforçant sa majesté et sa puissance, typique des maîtres de la renaissance allemande ; et à ses pieds l’Agneau mystique, symbole de son sacrifice et de la rédemption. – 4 : le pape et le clergé, brûlant dans les flammes de l’enfer, dans la gueule du Léviathan. – 5 : la Cène, centre du culte luthérien avec la prédication et le chant des cantiques : les fidèles reçoivent des ministres du culte la communion, l’un des deux sacrements reconnus par les luthériens avec le baptême (parce qu’ils sont les seuls directement insti-tués par Jésus dans les Évangiles), en communiant sous les deux espèces, le pain et le vin, ce qui est réservé au prêtre chez les catholiques.

◗ SynthétiserCes trois expressions latines résument le cœur de la doc-trine luthérienne.Sola Scriptura : « Par l’écriture seule. » La Bible (Ancien et Nouveau Testament) est pour les luthériens l’autorité ultime pour la fixation du dogme et du culte. Les luthé-riens rejettent la tradition de l’Église catholique des diffé-rents conciles, en particulier ceux de l’époque médiévale.Sola Fide : « Par la foi seule. » Pour les luthériens, seule la foi en Jésus-Christ et en son sacrifice rédempteur permet la vie éternelle après la mort. Cela s’oppose à la croyance que les œuvres (actions des hommes sur Terre) peuvent permettre au fidèle de sauver son âme (justifiant les indul-gences chez les catholiques). Sola Gratia : « Par la grâce seule. » Pour Luther, c’est par la seule volonté de Dieu que l’âme du croyant peut être sauvée. Cet aspect reprend un débat très ancien dans la tradition chrétienne, Luther s’appuyant sur Saint Augus-tin, et donne lieu par la suite à de nombreux débats théo-logiques chez les Réformés eux-mêmes (sur la question de l’importance des actions, bonnes ou mauvaises, de la prédestination et du libre-arbitre divin).

Étude Martin Luther, un moine réformateur ➤ p. 156-157 / p. 162-163

➥ Quels sont les fondements de la Réforme protestante luthérienne ?

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Notion : la modernité

◗ Lien avec le programme Si la fiche Éduscol n’évoque pas directement François Ier, le programme impose d’aborder le thème de la Renaissance par la notion de modernité, de montrer que « l’homme de la Renaissance se définit lui-même comme étant en rupture avec la civilisation médiévale ». Il est également demandé d’étudier le rôle des cours princières pour les artistes et l’importance de leur proximité avec les princes pour leur liberté créative. Enfin l’accent doit être mis sur l’importance joué par les éditeurs dans la diffusion de l’humanisme.

◗ Intérêt du sujet La figure de François Ier permet d’aborder les trois aspects majeur du chapitre, en montrant à la fois le caractère moderne et modernisateur de son exercice du pouvoir, son intérêt pour l’Antiquité et l’Italie (doc. 1), son rôle dans la diffusion de l’humanisme en France (doc. 3), et celui joué par sa cour, par les différents châteaux construits ou reconstruits où elle s’installe, par le mécénat accordé aux artistes français ou italiens, dans l’introduction en France de la révolution artistique provenant d’Italie (doc. 2).

◗ Réponses aux questions 1. De retour de sa captivité en Italie en 1526, après le

désastre de la bataille de Pavie en 1525, la décennie 1530 est le moment où François Ier multiplie les déci-sions inspirées par l’humanisme. Il développe la vie de cour, multiplie les invitations des grands artistes italiens (Cellini, Rosso Fiorentino, Le Primatice, Léo-nard de Vinci) et les chantiers de construction ou de reconstruction de châteaux (onze chantiers dont la transformation du Louvre et de Villers-Cotterêts, la construction de Chambord, de Fontainebleau, de Saint-Germain-en-Laye). C’est aussi en 1530 qu’il fonde le collège de lecteurs royaux, sur les conseils de Guillaume Budé et en opposition à la Sorbonne, soutenant le milieu des humanistes français déjà pro-tégé par sa sœur Marguerite de Navarre. L’édit de Vil-lers-Cotterêts de 1539, établissant le français comme langue officielle du royaume, apparaît comme l’abou-tissement de la politique humaniste de François Ier.

2. Cette miniature utilise la mythologie gréco-romaine pour glorifier la personne et les actions du roi, pour mettre en valeur ses qualités physiques, morales, intellectuelles. Cette représentation étrange et unique, en divinité composite, renvoie à la tradition

de l’éloge du prince dans la société de cour, et s’ins-pire, pour l’iconographie comme pour le poème qui l’accompagne, des références à l’Antiquité typiques de l’humanisme. Comparer le roi à Mars permet de faire l’éloge du roi chevalier et chef de guerre. La référence à Minerve renvoie autant à la guerre qu’à la sagesse et la prudence, Minerve étant la déesse de l’intelligence du combat, mais qui sait amener à la paix. Diane rappelle le goût prononcé du roi pour la chasse, loisir royal par excellence. Mercure renvoie à son goût pour la conversation, les lettres et la poésie, vanté par Robert Estienne (Citation p. 158 / p. 164), mais aussi par Balthazar Castiglione dans Le Courtisan (François Ier était connu pour être l’auteur de poème dont le célèbre Doulce mémoire, maintes fois mis en musique par les compositeurs contemporains). Mercure renvoie aussi au thème du « roi de justice », puisqu’il est le dieu de l’éloquence, des juges et des avocats. Enfin la référence à Amour évoque son goût bien connu pour les femmes et la séduction. La fin du poème met l’accent sur le caractère surnaturel de la personne royale, en parti-culier sa grandeur morale (louée sous son règne, et surtout après son règne par ses successeurs), mais aussi physique : sa taille de presque deux mètres, très inhabituelle pour l’époque, et ses qualités ont participé à l’établissement de son autorité et ont per-mis les comparaisons flatteuses avec les surnoms de « second César » ou d’ « Hercule gaulois ».

3. Les châteaux de la Renaissance se distinguent des châteaux médiévaux : ils n’ont plus de rôle de défense, mais un rôle d’accueil de la cour et de ses agréments : les bals, les fêtes et surtout la chasse, qui est la raison du choix du site de Villers-Cotterêts. Le donjon central disparaît donc au profit de galeries, de grandes salles et salons, et le centre du château est souvent occupé par un escalier large et ouvert (comme à Chambord ou Fontainebleau), autour duquel les tours et les ailes sont symétriquement placées. On recherche plus de confort, avec des fenêtres plus nombreuses et plus grandes ainsi que des cheminées. Douves et fossés disparaissent, sauf pour drainer le terrain ou refléter le château (comme à Chambord), et permettre l’installation de jardins et parc d’agrément avec bassins et fontaines. Enfin les façades sont ouvragées et décorées selon un modèle que l’on croit antique, imité des modèles italiens pour les colonnes, chapiteaux et corniches. Les intérieurs sont richement décorés de sculptures

Étude François Ier, un prince moderne ➤ p. 158-159 / p. 164-165

➥ Comment François Ier devient-il un modèle de prince de la Renaissance ?

◗ Vers le BacL’organisation de la gravure reprend le modèle ancien du Jugement dernier utilisé sur de nombreux retables et tympans des églises médiévales ou dans des enluminures comme celle du document 2 p. 79 / p. 85. Y sont tradition-nellement placés à la gauche de Dieu ou du Christ, donc traditionnellement du mauvais côté, les « damnés », c’est-à-dire les pécheurs condamnés à souffrir dans les flammes

de l’Enfer, persécutés par les démons ; à la droite de Dieu ou du Christ se trouvent les fidèles sauvés et connaissant la joie de l’éternité dans le royaume de Dieu. Dans la gra-vure de Lucas Cranach, c’est Luther qui occupe la place centrale du juge, reprenant la posture traditionnelle des Christ Pantocrator médiévaux. Sa main droite levée vers le haut indique le chemin du paradis et des sauvés (dési-gnant ici le Christ, celui par lequel passe le Salut). Sa main gauche abaissée désigne l’enfer et les condamnés

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et la pratique des artistes », en montrant Léonard de Vinci quittant l’atelier florentin de Verocchio et le statut d’artisan, pour s’affirmer comme un artiste unique vis-à-vis de ses mécènes (doc. 2a). Le portrait choisi (doc. 1), considéré comme l’un des premiers portraits modernes, et s‘affran-chissant des conventions de son temps, permet de montrer à la fois l’importance de la commande et du mécène dans le choix du sujet (ici la maîtresse du duc de Milan) et la « liberté créative de l’artiste » (fiche Éduscol). Le doc. 2 b montre que l’élaboration d’une œuvre se fonde sur des « connaissances scientifiques », c’est-à-dire ici la prise en compte des décou-vertes anatomiques. Enfin les documents de l’étude per-mettent de mettre en évidence la « polyvalence des artistes de la Renaissance » en évoquant la multiplicité des activités de Léonard de Vinci.

Notion : la Renaissance

◗ Lien avec le programme Le programme exige d’étudier au choix « un éditeur et son rôle dans la diffusion de l’humanisme » ou « un artiste de la Renaissance dans la société de son temps », et cite Léonard de Vinci comme ayant eu un « itinéraire emblématique ».

◗ Intérêt du sujet Le programme invite « à étudier un artiste dans son envi-ronnement intellectuel, religieux, social, politique » et à identifier son « projet spirituel, politique et esthétique ». Les documents choisis permettent de montrer « le statut

Étude Léonard de Vinci, génie de la Renaissance ➤ p. 160 / p. 166

➥ Pourquoi Léonard de Vinci incarne-t-il l’artiste de la Renaissance ?

et bas-reliefs aux motifs mythologiques à la gloire des commanditaires et de leurs vertus.

4. La création du Collège des lecteurs royaux obéit à plusieurs objectifs. Il s’agit d’abord de rompre le monopole de la Sorbonne pour l’enseignement des langues anciennes et la formation des lettrés afin que les humanistes protégés par le roi échappent en partie à l’autorité de l’Église et poursuivent librement leurs travaux. Le second objectif, consis-tant d’après le texte à « procurer de solides études à la jeunesse » pour former des « magistrats » et des « administrateurs habiles », renvoie à l’effort de François Ier de réorganisation et d’élaboration d’une véritable administration royale capable de le conseiller et d’appliquer ses décisions dans tout le royaume. Enfin le document est tiré d’une lettre établissant l’humaniste Conrad Neobar comme imprimeur du roi pour le grec : la justification de la création du Collège des lecteurs est donc aussi liée à son choix d’encourager l’imprimerie (voir l’Étude, Robert Estienne, imprimeur du roi, p. 161 / p. 167), en particulier pour la diffusion des traductions des textes gréco-latins en français. Il s’agit de faire du français une langue de culture, et donc une langue de pouvoir, et de la diffuser.

◗ SynthétiserPendant tout son règne, François Ier a utilisé l’art et s’est inspiré des principes humanistes pour renforcer son pou-voir. Issu d’une branche cadette de la maison des Valois et non destiné à régner, il lui fallait légitimer son accession au trône. Ayant été formé par des maîtres humanistes, et ayant découvert l’Italie pendant les campagnes de guerre du début de son règne, il a repris les figures mytholo-giques antiques utilisées par les artistes de la Renaissance et renouvelé les images traditionnelles de la monarchie française. Les comparaisons divines, associées à des vic-toires flamboyantes (Marignan en 1515) marquent en effet le début de son règne, et lui permettent de renforcer sa légitimité royale. Dans la seconde partie de son règne, plus hésitante sur le plan militaire (désastre de Pavie de 1525), François Ier utilise les artistes français et italiens pour magnifier sa personne et son pouvoir, pour rivaliser

avec les princes italiens et avec la cour fastueuse de son ennemi l’empereur Charles Quint. Le prince se fait alors bâtisseur (plus de onze chantiers de châteaux), mécène des artistes italiens et français, des savants et des lettrés, qui font la gloire de sa cour et exaltent ses qualités, pour en faire un modèle de prince puissant et sage. Il s’appuie alors sur les humanistes (comme Guillaume Budé) pour légitimer et renforcer l’administration royale et l’efficacité de son pouvoir.

◗ SchématiserMars : symbole 1 → l’épée de MarsMinerve : symbole 2 → le casque de Minerve (également

la tête de Méduse, transformée en Gorgone par Minerve et placée ensuite sur son bouclier)

Diane : symbole 5 → la trompe de chasse de DianeMercure : symbole 3 → les cothurnes ailés de Mercure; et

symbole 6 : le caducéeAmour : symbole 4 → le carquois et les flèches

symbole 7 → l’arc

◗ Vers le BacEn multipliant les constructions nouvelles sur l’ensemble du domaine royal, en transformant les palais comme le Louvre et en y attirant de prestigieux artistes italiens qui multiplient les œuvres à sa gloire, François Ier manifeste son pouvoir et sa capacité à faire renaître une monarchie en difficulté. Les nouveautés venues d’Italie qu’il intro-duit dans les usages de la cour, dans les décors ou dans l’architecture sont une manifestation de sa modernité : l’attrait du nouveau se combine à un désir de retour à l’Antiquité, pour légitimer un effort de transformation pré-senté comme une refondation légitime. En créant un style propre, par le mélange des artistes français et des artistes italiens, François Ier en a fait un instrument de pouvoir aug-mentant son prestige. En appuyant et protégeant le mou-vement humaniste et le développement de l’imprimerie, il a contribué à l’effort de développement et de diffusion des connaissances renouvelées. En faisant de la langue française une langue de culture, il peut ensuite l’imposer comme langue du roi et du royaume, et en faire un instru-ment politique sur lequel peut s’appuyer une administra-tion royale renforcée et légitimée.

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Étude Robert Estienne, imprimeur du roi ➤ p. 161 / p. 167

➥ Comment les imprimeurs participent-ils à la diffusion de l’humanisme ?

Notion : les humanistes

◗ Lien avec le programmeLa deuxième étude au choix proposée par le programme porte sur «  un éditeur et son rôle dans la diffusion de l’humanisme ». L’étude de l’activité de Robert Estienne, suggérée par la fiche Éduscol, permet d’évoquer le rôle essentiel d’un éditeur dans la valorisation et la diffusion des idées humanistes.

◗ Intérêt du sujetLes documents choisis permettent à la fois de montrer l’aventure intellectuelle des humanistes éditeurs (doc. 1) et leur « participation à la diffusion des idées huma-nistes » (doc. 2), en élargissant l’audience du livre, qui cesse d’être un luxe réservé à une élite restreinte. Enfin, l’étude de l’atelier d’imprimerie permet de montrer «  l’émergence d’une nouvelle catégorie socio-profes-sionnelle » (doc. 3). Par ailleurs, le choix de Robert Estienne, qui termine sa vie à Genève converti au cal-vinisme, permet, comme le demande le programme, de souligner les « finalités chrétiennes et spirituelles » de l’idéal humaniste.

◗ Le document numérique intégréLe document 3 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. À partir de l’étude détaillée et attrayante d’une gravure représentant un ate-lier d’imprimerie, il permet de travailler de façon appro-fondie le thème proposé. Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques  : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours.

Le document numérique présente les différentes étapes de fabrication et de diffusion d’un livre imprimé :

1. «  Typographier  »  : cette partie présente tous les aspects techniques de l’activité qui consiste à assem-bler des caractères mobiles afin de former les textes à imprimer.

2. « Imprimer » : après l’étape d’assemblage, les textes ainsi préparés peuvent être imprimés en grande

www.lienmini.fr/magnard-hg2-015

◗ Réponses aux questions 1. Le tableau représente une femme figurée de trois

quart, la tête et le regard tournés vers la droite, portant une robe bleue et rouge sur un fond noir. Le visage est montré presque de profil, tourné vers la source de lumière, avec un mouvement de torsion du cou figurant un mouvement, comme si son attention était attirée par quelque chose ou par quelqu’un. Les yeux sont nettement dessinés, et on peut en distinguer les pupilles. Ce mouvement est souligné par la position de l’animal qu’elle tient entre ses bras, une belette ou une hermine, légère-ment surdimensionnée, et dont le regard perçant est tournée dans la même direction. Le modèle a les lèvres closes et un début de sourire typique des portraits ultérieurs de Léonard, comme celui de La Joconde.

L’hermine, ou la belette, qu’elle tient était un symbole de pureté, de chasteté et de tempérance, et est donc présent dans le tableau à la fois pour rappeler le nom du modèle, et mettre en avant l’une de ses vertus. Des études récentes par radiographie ont montré que l’animal a été rajouté dans un second temps par le peintre Ludovic le More avait reçu l’ordre de l’Hermine en 1486 et était surnommé « le maure ita-lien, l’hermine blanche ». L’animal serait donc une référence au duc lui-même, présent par la figure de l’animal dans les bras de sa maîtresse, et mettrait en évidence l’attachement de la belle à son amant. D’autres interprétations ont été proposées. La belette est en effet, depuis le Moyen Âge, un animal censé protéger les femmes enceintes. Certains commen-tateurs y voient donc une référence aux conditions

d’exécution du tableau, le tableau ayant été offert par Ludovic à sa maîtresse, enceinte, lorsqu’il l’éloi-gna de sa cour. Le tableau évoquerait donc de façon symbolique l’enfant qu’elle porterait.

2. Léonard de Vinci montre son savoir en architecture, dans l’ingénierie militaire et hydraulique, dans l’ana-tomie et la médecine, la peinture et la sculpture. Il justifie les recherches par sa volonté de comprendre le monde et l’homme dans tous ses aspects, de connaître aussi bien son corps que son esprit. Il se montre en cela parfaitement conforme à la pensée des humanistes, et en particulier des néo-platoniciens florentins qui pensaient que l’articulation et l’harmo-nie entre le « macrocosme » et le « microcosme » étaient nécessaires.

◗ Vers le BacPar son extraordinaire inventivité dans de multiples domaines et ses chefs-d’œuvre picturaux, Léonard de Vinci incarne l’idéal humaniste. Ayant fait son appren-tissage de peintre à Florence, un des berceaux de la Renaissance italienne, il est autodidacte pour tous les autres domaines : en se mettant au service de nombreux protecteurs (princes et cités italiennes, le pape et enfin le roi François Ier), il est engagé tantôt comme « archi-tecte et ingénieur militaire », tantôt comme « peintre et ingénieur ». Mais il était aussi poète et musicien, grand connaisseur de l’anatomie humaine. Il avait manifesté un don précoce pour les mathématiques et la géomé-trie utilisés pour ses tableaux en perspective et pour concevoir ses machines. Par sa curiosité pour tout ce qui touche à l’humain, il incarne l’idéal de l’artiste huma-niste de la Renaissance.

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et d’autre de la console où se trouvent des objets renvoyant au quadrivium, mais aussi aux connais-sances les plus récentes concernant la géographie ou la mesure du temps (le cadran solaire indique d’ailleurs la date du 11 avril 1533, et l’horloge polyé-drique indique 9 h 30). Le tableau peut donc être vu comme une célébration des valeurs de l’humanisme par ces deux hommes de pouvoir (politique pour Jean de Dinteville, religieux pour Georges de Selve) qui tirent leur autorité de leurs connaissances, et que leur statut leur permet d’acquérir.

3. Le crâne en anamorphose est d’abord un tour de force technique du peintre qui démontre la maîtrise de son art et de la perspective mathématique. Il per-met ensuite de délivrer un message, mais sous une forme métaphorique et cryptée, en donnant une pro-fondeur nouvelle au tableau, en une réflexion habile

◗ Décrire l’œuvre 1. Jean de Dinteville est habillé d’un riche manteau de

soie noir rehaussé de fourrure, d’une chemise de soie rouge, signes de richesse. Son statut d’homme puissant, ambassadeur du roi de France en Angle-terre, se lit par l’épée portée au côté gauche, la dague dans sa main droite, et par le médaillon autour du cou, qui est celui de l’ordre de Saint-Michel, ordre de chevalerie créé par Louis XI et accordé par Fran-çois Ier à ses hommes de confiance. La console sur laquelle est posée la multitude d’objets scientifiques met en évidence la position sociale et symbolique du commanditaire : il y expose sa richesse, mais aussi l’étendue de ses connaissances.

2. Les objets de savoir ont une place centrale. Jean de Dinteville et Georges de Selve sont placés de part

Histoire des Arts Une peinture : Les Ambassadeurs, Hans Holbein le Jeune (1533) ➤ p. 162-163 / p. 168-169

quantité. Ils sont alors enchâssés, encrés, pressés puis façonnés.

3. « Éditer » : le métier d’imprimeur ne se limite pas cependant à une activité purement technique. Depuis l’invention de Gutenberg en 1450, les imprimeurs sont à la tête d’une véritable entreprise humaniste qui contribue à la diffusion des idées par l’intermé-diaire de l’imprimé.

◗ Questions pour un travail person-nel ou une évaluation

1. Que sont les « Grecs du Roi » et dans quelle mesure cette invention s’inscrit-elle dans une logique huma-niste ?

Les « Grecs du Roi » sont de nouveaux caractères fondus par l’imprimeur Claude Garamond qui per-mettent une impression de textes antiques directe-ment en langue grecque.

2. Quel est le rôle du maître-imprimeur dans la fabri-cation d’un livre ?

Le maître-imprimeur dirige l’atelier d’imprimerie. La fabrication d’un livre mobilise en effet une main-d’œuvre nombreuse dont chaque membre constitue un rouage dans une entreprise divisée en plusieurs étapes. Il organise par conséquent le déroulement du travail.

3. Quel est le principal sujet des livres imprimés au XVIe siècle ?

Au XVIe siècle, les livres imprimés sont essentiel-lement des textes religieux comme en témoigne le nombre des rayons consacrés à la théologie dans la bibliothèque publique de Leyde aux Pays-Bas.

4. Comment Gutenberg a-t-il inventé l’imprimerie ? Gutenberg a inventé l’imprimerie à partir d’autres

inventions plus ou moins anciennes. L’imprimerie est en effet un assemblage de différentes techniques déjà existantes telles que les caractères mobiles, la presse, les moules pour couler des caractères en alliage de plomb et les poinçons.

5. Comment les livres étaient-ils fabriqués avant l’in-vention de l’imprimerie ?

Avant l’invention de l’imprimerie, les textes sont des manuscrits recopiés par des moines dans des scrip-toria. Cette activité fastidieuse nécessite souvent des semaines et ne garantit pas une reproduction parfaite d’un ouvrage qui peut parfois contenir des erreurs.

◗ Réponses aux questions1. Le succès de Robert Estienne s’explique par la qua-

lité de son travail auquel il dit accorder une grande attention. Son professionnalisme est repéré par le roi qui lui accorde le titre « d’imprimeur royal » (l. 6).

2. Le travail d’un imprimeur comme Robert Estienne permet d’éditer des textes en très grand nombre tout en minimisant le coût de production. Indirecte-ment, cela permet donc de favoriser la diffusion des livres qui sont rassemblés dans des bibliothèques privées et publiques.

3. La fabrication d’un livre se divise en plusieurs étapes : a. La typographie qui consiste à assembler des carac-

tères mobiles afin de former les textes à imprimer. b. L’enchâssement qui consiste à déposer chaque

ligne du texte dans un cadre appelé châssis afin de former une page ou plusieurs pages.

c. L’encrage qui vise à recouvrir d’encre les carac-tères à imprimer.

d. La presse qui va permettre d’imprimer l’encre sur le papier par pression des caractères.

e. Enfin, un dernier ouvrier est chargé de façonner l’ouvrage en pliant, coupant et reliant entre elles les feuilles de papier imprimées.

◗ Vers le BacInventée par Johannes Gutenberg en 1450, l’imprimerie révolutionne le rapport au savoir qui n’est plus réservé à une élite restreinte. Dans le royaume de France, l’im-primeur Robert Estienne participe à cette évolution. En devenant l’imprimeur du roi François Ier pour le latin et le grec en 1539, il contribue à la redécouverte et à la dif-fusion d’auteurs antiques et de textes anciens dont les éditions se multiplient et peuvent être rassemblées dans des bibliothèques publiques et privées.

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du peintre sur son art. Renommé dans toute l’Europe pour son art des détails et du portrait, Holbein montre que le sens véritable n’est pas dans ce qui est le plus visible, et ne se découvre qu’en rendant invisible le reste du tableau. Le crâne, véritable tour de force pic-tural, est aussi l’élément qui montre la vanité de toute peinture, de toute représentation. Enfin le crâne peut aussi être lu comme une signature : « Hohle Bein » signifiant « os creux » en allemand.

◗ Comprendre la portée de l’œuvre 1. La présence du crâne caché est liée à celle, encore

moins visible, du crucifix presque dissimulé en haut à gauche du tableau. Le crâne ne devient visible qu’en se plaçant sur la gauche, et sous le tableau, « à genoux » sous le crucifix. Le sens caché se dévoile donc quand le spectateur se place humblement sous le Christ. Le symbole de la mort, qui fait du tableau une vanité, est donc à lier à celui de la mort du Christ, ce qui est commun dans la peinture médiévale et à la Renaissance, le crâne évoquant le lieu où Jésus fut crucifié (Golgotha, ou crâne en hébreu). La portée morale et symbolique de l’œuvre est donc multiple et d’une infinie richesse. Elle peut se lire comme une illustration du thème traditionnel du Deus absconditus, du Dieu caché qui ne se révèle qu’aux vrais croyants, ceux qui se détachent du visible et des apparences. Ou du thème ancien, mais au cœur des débats théologiques de la Renaissance, des tendances naturelles de l’homme à pécher, définies

par Saint Augustin comme dangereuses pour son âme s’il ne les tourne vers Dieu : la libido sciendi, libido sentiendi et la libido dominandi ; soit le désir de connaissances, de sensations, et de puissance, auxquels renvoient les objets du tableau.

2. L’œuvre est donc bien d’abord une vanité, illustrant la devise choisie par Jean de Dinteville, comme par nombre de penseurs de la Renaissance : Memento Mori, « Souviens-toi que tu vas mourir ». Le tableau est donc tout à fait emblématique du paradoxe des hommes de la Renaissance : la conscience en la capacité de progrès et de connaissance des hommes qui s’accompagne d’une réflexion sur ses limites (la mort), et la possibilité pour l’homme de connaître Dieu et ses volontés et de reconnaître sa présence.

◗ S’organiserLe second crâne est visible dans une broche du béret de l’ambassadeur Jean de Dinteville. De nombreux objets et instruments scientifiques sont présentés (Ils sont décrits avec précision dans l’article Wikipédia consacré à l’œuvre). Ils renvoient essentiellement aux quatre disciplines du qua-drivium : astronomie, arithmétique, géométrie, musique.

– Astronomie : une sphère céleste, trois cadrans solaires, deux quadrants, un torquetum.

– Arithmétique : le livre placé à gauche sur l’étagère du bas.– Géométrie : une équerre, un compas.– Musique  : un luth, un livre de psaumes (le Geistlich

Gesangbuhli de Johannes Walther) et quatre flûtes dans un étui. Un autre luth est dissimulé sous la console.

Cours Les hommes de la Renaissance ➤ p. 164-167/ p. 170-173

➥ Comment humanistes, réformateurs et artistes font-ils entrer l’Europe dans la modernité ?

◗ Organisation du coursLa structure du cours, en trois points clés, met en évidence trois éléments de l’évolution de la pensée, des sociétés à la Renaissance et de la modernité :

− Partie A. La nouvelle vision de l’homme élaborée par les humanistes. Elle est illustrée par le Saint Augus-tin d’un des plus grands artistes de la Renaissance italienne, Botticelli (doc. 1). Cette fresque permet de montrer les liens indissociables entre les progrès de la connaissance, la pensée religieuse et le retour réflexif sur l’autorité des Anciens.

− Partie B. Le mouvement profond et complexe de renouvellement des formes et des techniques éla-boré par les artistes dans toute l’Europe. Le docu-ment 2 met en évidence l’importance grandissante de l’art du portrait, l’influence entre artistes et la notion de style (ici le maniérisme). Il met aussi en évidence le fait que la représentation du réel ne se réduit pas à un réalisme, mais s’accompagne tou-jours d’une portée morale ou symbolique.

− Partie C. Le renouvellement de la pensée du rapport à Dieu et de son action sur le monde, qui débouche sur le mouvement des réformes catholique et protes-tante. Le document 3 permet d’évoquer les conflits liés à la territorialisation des choix confessionnels et à leur instrumentalisation par les autorités politiques. La Saint-Barthélemy de 1572 évoque un royaume de France, et plus largement une Europe, plongés dans la violence des guerres de religion, inséparables de la modernité, où traditions et nouveautés sont en conflit permanent.

◗ Schéma de synthèse commenté 

− Écouter et mémoriser la synthèse du cours avec le schéma animé.

− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard.

− Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard.

www.lienmini.fr/magnard-hg2-016

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◗ Mettre en relation deux œuvres d’époque différente

1. Les deux têtes de cheval ont de nombreux traits communs : plis de la peau, veines apparentes, posi-tion des oreilles et traitement des yeux. Le sculpteur Donatello, travaillant à un monument en l’honneur d’Alphonse V d’Aragon, roi de Naples, choisit de faire un monument équestre en bronze, sur le modèle des statues romaines connues, représentant les empereurs à cheval. Le Protomée Carafa est ce qui reste des essais faits à Florence, et qui fut donné par Laurent de Médicis au puissant comte napolitain Diomède Carafa, humaniste et protecteur des arts.

2. Donatello a pu voir la tête de cheval d’époque hel-lénistique dans l’imposante collection d’œuvres antiques de ses protecteurs les Médicis.

3. L’œuvre qui a inspiré Donatello pour le monument à Gattamelata est sans doute la statue équestre de Marc-Aurèle, placée au Moyen Âge devant la basi-lique Saint-Jean de Latran à Rome (on la prenait alors pour une statue de Constantin) et déplacée en 1538 sur le Capitole.

◗ Mettre en relation un document avec une situation historique

1. L’épisode biblique représenté est la Cène, ou le der-nier repas pris par Jésus avec ses douze apôtres, et au cours duquel il institue le geste du partage du pain et du vin, qui deviendra l’Eucharistie.

2. Lucas Cranach veut montrer la proximité spirituelle des théologiens protestants avec le message du Christ, et avec le Christ lui-même, et en fait de véri-tables nouveaux apôtres de son enseignement, à l’égal des douze premiers disciples.

3. La scène représentée renvoie à l’un des fondements du culte protestant luthérien, l’institution de la Cène comme seul sacrement véritable avec le baptême, et à la croyance que lorsque la communauté des fidèles partage le pain et le vin, le Christ est rendu présent. La colonne est un symbole classique du Christ, sou-tien de toute chose, et très utilisée dans la peinture de la Renaissance. Ici le symbole rappelle le principe Solus Christus au cœur du luthérianisme : le Christ est le seul intercesseur pour le Salut de l’âme, et non le clergé ou d’autres saints.

Exercices  ➤ p. 168 / p. 174

Méthode vers le Bac Étudier un tableau de peinture ➤ p. 169 / p. 175

Sujet : L’humanisme dans la peinture.Consigne : Pour le sujet « L’humanisme dans la peinture », montrez comment le peintre flamand Hans Holbein le Jeune propose, avec son tableau Érasme écrivant (p. 153 / p. 159), une définition visuelle de l’humanisme.

1. La consigne  : quand  ? (à la Renaissance) où  ? (en Europe) quoi ? (l’humanisme).2. Le document

− Identifiez l’auteur et le contexte : Hans Holbein le Jeune est un peintre et graveur allemand. En 1515, il

s’installe à Bâle, où il rencontre en 1523 l’humaniste Érasme, originaire de Rotterdam.

− Identifiez le personnage : le tableau est un portrait d’Érasme occupé à rédiger sur un pupitre son com-mentaire de l’Évangile selon saint Marc.

Étape 1 – Analyser la consigne et le document (au brouillon)

Étape 2 – Construire un plan (au brouillon)

Plan Documents Connaissances1. L’érudition. •  Érasme écrit sur une feuille, probablement 

un parchemin, reposant sur un livre.•  Il porte la toge de l’enseignant.•  Il  rédige  un  commentaire  de  l’Évangile selon saint Marc.

•  Les humanistes sont des savants érudits.Ils accordent une place essentielle à l’éducation, elle doit dévelop-per toutes les facultés individuelles.•  Les humanistes participent aux critiques à l’encontre de l’Église 

catholique : ils souhaitent une dévotion plus personnelle et une meilleure connaissance des textes bibliques.

2. Les références à l’Antiquité.

•  Le choix d’un profil strict est une allusion aux effigies d’empereurs romains gravées sur les médailles antiques.

•  Il confère une allure officielle à ce portrait.

•  Les humanistes sont à  l’origine d’un profond bouleversement culturel, fondé sur la redécouverte et l’étude des auteurs de l’Antiquité.

•  Ils corrigent, retraduisent, et commentent les textes gréco-latins, religieux ou profanes.

3. La dignité de l’homme.

•  Une composition qui met en valeur l’indi-vidu  : tenue et décor sombres soulignant le visage (concentration de la pensée) et les mains (activité littéraire).

•  Les humanistes réfléchissent à la place de l’homme dans l’univers. Ils voient dans l’homme l’achèvement de la création, capable de progrès dans la connaissance de Dieu, de lui-même et du monde.

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Étape 3 – Rédiger (copie)1. L’introductionLe document est un tableau de Hans Holbein le Jeune peint en 1523. Il y représente Érasme écrivant, ce qui permet à l’artiste de proposer une définition visuelle de l’humanisme.2. Le développement (Premier paragraphe)En premier lieu, ce tableau met en valeur l’érudition d’Érasme, ce qui permet de rappeler que l’humanisme se caractérise par une volonté de savoir universel. Érasme est représenté écrivant sur une feuille, probablement un par-chemin, reposant sur un livre. Il porte la toge de l’ensei-gnant. Les humanistes accordaient en effet une place essentielle à l’éducation qui devait permettre aux individus

de développer toutes leurs facultés individuelles. Les his-toriens ont établi que le texte qu’Érasme est en train de rédiger est le commentaire de l’Évangile selon saint Marc. Érasme, comme d’autres humanistes, participe aux cri-tiques à l’encontre de l’Église catholique : il souhaite une dévotion plus personnelle et une meilleure connaissance des textes bibliques.

3. La conclusionCe tableau permet bien de proposer une définition visuelle de l’humanisme. On peut néanmoins conclure en disant qu’il s’agit ici d’un portrait hagiographique d’Érasme, qui dut sans doute l’apprécier, lui qui, très soucieux de son image, sera très déçu d’un portrait beaucoup plus dur gravé par Albrecht Dürer en 1526.

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➤ Histoire p. 170-185 / Hist-Géo p. 176-191

Chapitre 9L’essor d’un nouvel esprit scientifique et technique du XVIe au XVIIIe siècle

ProgrammeDurée : 4 heures Mise en œuvre dans le manuel

Deux études parmi les trois sui-vantes : •  un savant du XVIe ou du XVIIe siècle

et son œuvre ;•  les  modalités  de  diffusion  des sciences au XVIIIe siècle ;

•  l’invention de la machine à vapeur : une révolution technologique.

– Deux entrées, au choix, sont proposées pour introduire la première étude demandée par le programme :•  Nicolas Copernic et la révolution copernicienne (Étude p. 174 / p. 180).•  Robert Boyle, précurseur de l’expérimentation (Étude p. 178 / p. 184).

– Trois entrées, au choix, sont proposées pour introduire la seconde étude demandée par le programme :•  La démonstration par  l’aéronaute Charles Bouclé d’un vol de montgolfière devant  la cour d’Espagne en 1784 (grand document d’ouverture, p. 170 / p. 176).

•  Robert Boyle, précurseur de l’expérimentation (document 3, numérique intégré, Étude p. 178 / p. 184).

•  Émilie du Châtelet, une femme de science (Étude p. 179 / p. 185).– Une entrée est proposée pour introduire la troisième étude demandée par le programme :•  La machine à vapeur, une révolution technologique (Étude p. 176 / p. 182).

– Des supports variés pour la contextualisation historique des études choisies :•  Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période (Repères p. 172 / p. 178).•  Un cours synthétique, structuré de façon chronologique en trois étapes clés (p. 180 / p. 186).•  Un schéma de synthèse visuel, enrichi d’une version numérique commentée, ainsi que son texte à télécharger et à imprimer (p. 183 / p. 189).

Du programme au manuel

✔ Sanchez Jean-Christophe, Histoire des sciences et des techniques, revue Historiens et géographes, n°407 (pre-mière partie) et n°409 (seconde partie), 2010.

✔ Taton René (dir.), Histoire générale des Sciences, tome 2, La Science moderne, Presses universitaires de France (collection Quadrige), 1998 (1958).

Traite de la période 1450-1800. ✔ Bibliothèque nationale de France (BNF). [consulté le 16/05/2015]. Disponible sur http://expositions.bnf.fr/lumieres/expo/salle1/index.htm

Le site « Expositions, les galeries virtuelles de la Biblio-thèque nationale de France » propose un dossier péda-gogique sur le thème des Lumières. Une partie du dos-sier est consacrée à la science et à l’éducation avec de nombreux documents commentés.

Bibliographie et sitographie

✔ Brioist Pascal, Les Savoirs scientifiques à la Renais-sance, Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, p. 52-80, Belin, Paris, 2003.

On pourra compléter par d’autres articles de Pascal Brioist, historien spécialiste de la Renaissance, de l’his-toire des techniques et de Léonard de Vinci, en particu-lier les chapitres L’homme de science et Le Technicien et l’ingénieur dans le n° 8079 de la revue La Documentation française : Léonard de Vinci, Arts, sciences et techniques.

✔ Daumas Maurice, Histoire générale des techniques, tome 2, Les Premières étapes du machinisme (XVe-XVIIIe siècles) et tome 3, L’ Expansion du machinisme (1725-1860), Presses universitaires de France (collec-tion Quadrige), 1996.

✔ Mauzaric Simone, Histoire des sciences à l’époque moderne, éd. Armand Colin (collection U), 2009.

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Parce qu’un cadre chronologique rigoureux est indispen-sable pour identifier les repères majeurs et les grandes évolutions de la période, nous avons fait le choix de poser les grandes caractéristiques de la révolution scientifique autour d’un axe chronologique regroupant les repères essentiels :

− Quatre notions clés, définies et contextualisées, permettant (en introduction, en cours d’étude ou en conclusion) d’établir un fil conducteur adapté aux contraintes du temps imparti à l’étude de cette question.

− Quatre documents iconographiques emblématiques, associés à chaque notion et permettant de l’expliciter, de la mémoriser. • Lunettes astronomiques de Galilée. Une lunette

ou longue vue est un instrument optique com-posé de lentilles de verre permettant d’augmen-ter la luminosité et la taille des objets observés. Les premières lunettes sont mises au point à partir de la seconde moitié du XVIe siècle. Très vite, les astronomes comme Christoph Scheiner voient dans cette invention un instrument essentiel pour faire progresser, par l’observation précise du ciel, les connaissances astronomiques. C’est Gali-lée qui, dès 1609, améliore considérablement la capacité d’observation du ciel en faisant fabriquer ses propres lunettes astronomiques à Venise, ville réputée pour son industrie du verre. La première lunette fabriquée sur les indications de Galilée a un facteur de grossissement de 6. Galilée réussit à aller jusqu’à un facteur de 30. De telles lunettes

permettent alors de donner une nouvelle dimen-sion à l’observation astronomique.

• La circulation sanguine démontrée par William Har-vey en 1628. Au début du XVIIe siècle, la médecine est encore largement sous l’influence des théories remontant à l’Antiquité, celles du grec Galien (129-200 ap. J.-C.) en particulier. William Harvey (1578-1657), médecin anglais formé à l’université renom-mée de Padoue, remet en cause cette médecine gréco-romaine par des expérimentations anato-miques rigoureuses comme celle illustrée sur cette gravure : un garrot et des points de compression mettent en évidence la circulation sanguine du système veineux superficiel. C’est cette anatomie expérimentale qui permet à William Harvey d’être à l’origine d’une véritable révolution scientifique dans le domaine de la médecine. Il démontre que le cœur est le moteur unique de la circulation san-guine, contrairement aux théories de Galien qui différenciaient le sang veineux produit par le foie et le sang artériel produit par le cœur. Les théories révolutionnaires de William Harvey provoquent de vifs débats. En France, il se heurte à l’opposition d’anatomistes comme Jean Riolan mais est sou-tenu par René Descartes. En 1672, Louis XIV charge Pierre Dionis d’enseigner la théorie de la circula-tion sanguine en France, entérinant les théories de William Harvey.

• Théâtre anatomique de l’université de Leyde en 1649. Un théâtre anatomique est un édifice dédié à des démonstrations publiques de dissections

◗ Lien avec le programme Les ballons font la conquête du ciel européen à la fin du siècle des Lumières et, plus que toute autre prouesse tech-nique, ils symbolisent à la fois les progrès techniques mais aussi la curiosité vis-à-vis des sciences qui anime alors les Européens. De nombreux artistes représentent ces démonstrations d’ascension de ballons qui sont l’occa-sion de réjouissances populaires et marquent le triomphe de l’esprit de l’homme sur la nature maîtrisée. C’est en 1783 que les frères Montgolfier réalisent les premières expériences de vols humains. Elles concrétisent les expé-riences menées depuis le XVe siècle et depuis Léonard de Vinci. Le 19 septembre, à Versailles en présence du roi et d’une foule de curieux, un ballon de toile de coton encollée de papier et pesant 400 kg s’élève à 500 mètres de hauteur. Il emporte un mouton, un coq et un canard à 3,5 km de distance. Quelques semaines plus tard, le 21 novembre, un nouveau vol à Paris emporte Jean-François Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes, premiers aéro-nautes de l’histoire. Le thème des montgolfières permet d’aborder, de façon simple, un exemple de problématique scientifique (la pression de l’air) et un exemple de la diffu-sion des connaissances dans les cours royales.

◗ Le document iconographiqueAntonio Carnicero est un peintre espagnol formé à Rome. Il travaille à Madrid comme portraitiste et devient, en 1796, l’un des peintres officiels de la cour d’Espagne. Il se consacre également à des scènes de genre à caractère descriptif, dont l’ Ascension d’une montgolfière à Aranjuez est un exemple original avec sa composition panora-mique. La précision des détails, que ce soient les person-nages de la cour ou les éléments de l’expérience menée par Charles Bouclé (ballon orné des signes du zodiaque, mats, foyer de ballots de paille surmonté de l’estrade d’en-vol) en fait une œuvre intéressante tant du point de vue artistique que du point de vue historique. En ces débuts de vols humains, le risque était très présent. L’expérience se termina par un accident dans lequel Charles Bouclé fut blessé. De nombreuses œuvres sont aisément disponibles sur Internet pour permettre un réinvestissement du travail fait à partir de ce document. Un exemple : l’ Ascension de Charles et Robert Montgolfier aux Tuileries le 1er décembre 1783, huile sur toile anonyme, musée Carnavalet, Paris. Disponible sur : http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=1269

Document iconographique ➤ p. 170-171 / p. 176-177

Ascension d’une montgolfière à Aranjuez, Antonio Carnicero, 1784, huile sur toile, 169 x 279,5 cm, musée du Prado, Madrid.

Repères ➤ p. 172-173 / p. 178-179

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anatomiques. Apparus en Italie au XVIe siècle, les premiers édifices sont en bois et démontables. Les grandes universités se dotent progressivement de ce type d’édifice, en forme d’amphithéâtre. Ils deviennent permanents. Assis sur des gradins, le public se trouve au plus près de la table de dissec-tion. Il est avant tout constitué par les médecins et étudiants de l’université mais aussi par un public plus large de curieux avides de sensations. Les séances de dissections donnent en effet lieu à de véritables spectacles, orchestrés par de nombreux assistants autour d’un « maître de dissection ». Cette représentation du théâtre de l’université de Leyde (Pays-Bas), mettant en scène des squelettes mêlés au public, montre que le théâtre d’anatomie est aussi un lieu de réflexion philosophique sur le sens de la vie et de la mort, sur la condition humaine. La présence d’animaux rappelle que l’on y pratiquait également la dissection sur les animaux. Construit en 1593, le théâtre anatomique de Leyde est l’un des plus réputés. Voir intégrale-ment et télécharger le document sur :

http://vesaliusleuven.prezly.com/vesale-omni-present-a-leuven-cet-automne-fr-images-et-co-pyrights

• Portrait du polytechnicien Nicolas Sadi Carnot en 1813. L’École polytechnique est créée en 1794 sous le nom d’École centrale des travaux publics.

Elle prend le nom d’École polytechnique l’an-née suivante. Dans le contexte de la Révolution, la République a besoin de former une nouvelle génération d’ingénieurs dotés de bonnes connais-sances scientifiques et techniques, recrutés par concours, aptes à participer à la reconstruction du pays. Des enseignants prestigieux donnent une formation scientifique solide et polyvalente : physique, chimie et mathématiques. Pour les futurs ingénieurs, le passage par cette école est obligatoire avant de poursuivre leur formation dans des écoles dites « d’application », c’est-à-dire spécialisées comme l’École des Mines de Paris ou l’École nationale des ponts et chaussées. L’École acquière progressivement une grande réputation dans le domaine des sciences. C’est Napoléon Ier qui donne à l’École un statut militaire en 1804.

Nicolas Sadi Carnot (1796-1832) est un physicien et ingénieur formé à l’École polytechnique puis à l’École d’application de l’artillerie et du génie de Metz. Impressionné par la supériorité industrielle de l’Angleterre liée aux progrès de la machine à vapeur, il travaille sur les améliorations de cette machine pour l’industrie française.

− Quatre études permettant, au choix du professeur, dans le respect des attendus du programme, de construire sa démarche pédagogique et mettant l’accent sur deux études de cas.

Notion : la révolution scientifique

◗ Lien avec le programmeLe programme invite à étudier un savant du XVIe siècle ou du XVIIe siècle et son œuvre. La fiche Éduscol insiste sur la nécessité de placer l’étude de ce savant dans son contexte afin de permettre aux élèves de mieux cerner la rupture apportée par l’œuvre de ce savant dans la pensée scientifique de son époque.

◗ Intérêt du sujet Largement cité dans la fiche Éduscol qui explicite le programme, l’exemple de Nicolas Copernic comme savant du XVIe siècle est particulièrement pertinent dans la mesure où, plus que tout autre, il symbolise l’idée de révolution scientifique à tel point que l’expression « révolution copernicienne » s’est imposée pour dési-gner toute rupture majeure de la pensée. Afin de contex-tualiser l’apport de Nicolas Copernic à la pensée scienti-fique, nous avons fait le choix (doc. 1) de faire le rappel des questions techniques concernant le calendrier julien et des relations étroites entre l’Église et l’astronomie. Une large part est faite au rappel de l’héritage antique (zoom sur l’Almageste de Ptolémée, dates clés et doc. 2) afin d’inscrire l’étude dans le temps long de l’histoire. La confrontation des documents 2 et 3 permet de cerner aisément la révolution copernicienne avec le passage du géocentrisme à l’héliocentrisme.

◗ Réponses aux questions 1. 1543 est l’année de parution du livre de Nicolas

Copernic, Des Révolutions des orbes célestes. C’est une rupture majeure dans l’histoire de l’astronomie car elle remet en cause la théorie du géocentrisme admise depuis l’Antiquité et les travaux de Ptolémée. Cependant, Nicolas Copernic utilise les mêmes outils mathématiques et les mêmes instruments qu’à l’époque de Ptolémée.

2. Nicolas Copernic présente le résultat de ses recherches comme la conséquence de la nécessité de mettre au point de nouvelles méthodes pour mesu-rer avec précision le mouvement des astres. Ce sont en effet les mouvements des astres qui permettent de concevoir les calendriers utilisés pour mesurer le temps. Le calendrier utilisé au XVIe siècle est encore le calendrier julien. Le décalage entre les dates indi-quées par ce calendrier, mis au point à l’époque romaine, et le rythme réel du mouvement des astres est devenu trop important. Il pose en particulier pro-blème à l’Église pour fixer la date de Pâques. Celle-ci souhaite la mise en place d’un nouveau calendrier, plus fiable, basé sur des calculs renouvelés.

3. Selon Ptolémée, le Soleil est l’un des astres qui, au même titre que la Lune et les planètes, tourne autour de la Terre.

4. Les animaux représentés sont les signes du zodiaque. Au nombre de douze, ils correspondent chacun à une partie de la sphère céleste occupée par une constellation

Étude Nicolas Copernic : la révolution copernicienne ➤ p. 174-175 / p. 180-181

➥ Comment Nicolas Copernic redéfinit-il l’astronomie antique ?

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Notion : la science appliquée

◗ Lien avec le programme La machine à vapeur est le résultat d’un long processus qui s’est étalé du XVIIe au XIXe siècle. Plus que toute autre invention, elle symbolise le basculement qui s’opère, durant cette période, dans le domaine des sciences et tech-niques. Les innovations permanentes qui permettent de passer du stade de simple machine de laboratoire, sans application concrète, à une machine complexe, capable de révolutionner les méthodes de production, témoignent d’une nouvelle approche rationnelle du monde qui caracté-rise la période moderne. Comme le précise la fiche Éduscol, le choix de cette étude permet de mettre l’accent sur « les techniques » : dans une Europe bloquée depuis des siècles dans un système technique reposant sur les énergies humaine, animale et hydraulique, la « machine à vapeur introduit au XVIIIe siècle un nouveau système technique ».

◗ Intérêt du sujet Avec une citation de François Arago et un rappel des dates clés du processus d’innovations qui ont permis la mise au point de la machine à vapeur, nous avons choisi d’entrer dans l’étude par les acteurs pour donner chair à l’étude, interroger la question de la paternité des inventions et innovations et montrer que le processus s’inscrit dans le

temps long. La comparaison des machines de Newcomen et de Watt (doc. 1) met en évidence le mécanisme de l’in-novation avec un mélange de points communs et de dif-férences. La pompe à feu du Gros-Cailloux à Paris (doc. 2) permet d’évoquer l’une des toutes premières applications de la machine à vapeur, le pompage de l’eau. Enfin, le texte d’Adolphe Blanqui (doc. 3) permet d’ouvrir l’étude vers le XIXe siècle, avec la révolution des transports et de la production industrielle, faisant ainsi un lien avec le programme de Première.

◗ Réponses aux questions 1. La machine à vapeur de James Watt est l’aboutis-

sement de plus d’un siècle d’innovations pour per-fectionner les premières machines à vapeur qui n’étaient que des objets de recherche et les rendre utilisables pour des applications industrielles. Ce processus s’est étalé de la fin du XVIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, mobilisant plusieurs savants et ingénieurs comme le Français Denis Papin ou l’Écos-sais James Watt.

2. Les deux schémas mettent en évidence les points communs entre les deux machines séparées par plus de 50 ans : les deux éléments clés du système sont le piston et le balancier. Le piston produit un mouvement vertical sous l’effet de la vapeur produite

Étude La machine à vapeur, une révolution technologique ➤ p. 176-177 / p. 182-183

➥ En quoi la machine de James Watt est-elle une étape décisive dans la révolution de la vapeur ?

(ensemble d’étoiles proches). Pour chaque partie égale, une pour chaque mois de l’année, la constella-tion porte un nom, le plus souvent un nom d’animal comme le lion, le bélier, le taureau ou le scorpion.

◗ SynthétiserLe terme de «  révolution  » est utilisé pour désigner un changement majeur. Dans le domaine de l’astronomie, la théorie de l’héliocentrisme est effectivement une révolution puisqu’elle remet en cause une tradition séculaire, remon-tant à l’Antiquité et aux travaux de Ptolémée, plaçant la Terre au centre de l’univers (géocentrisme). Plus largement, les idées de Nicolas Copernic constituent une révolution intel-lectuelle majeure touchant aux questions philosophiques et religieuses car elles bouleversent la place occupée par les hommes dans l’univers. Selon la théorie du géocentrisme, puisque la Terre est le centre de l’univers, l’homme qui vit sur Terre l’est également. Cela conforte la vision chrétienne d’un monde fait par Dieu et dont l’homme, créature de Dieu, est le centre. Placer la Terre, et donc les hommes, dans une position périphérique, simple astre parmi d’autres tournant autour du Soleil, revient à remettre en cause le lien direct entre Dieu et les hommes. Ce lien direct est un des fonde-ments du christianisme, religion dominante de l’Europe du XVIe siècle. De fait, les idées de Nicolas Copernic sont rapi-dement contestées par l’Église et entraînent de profonds débats intellectuels en Europe.

◗ Schématiser1 : Mercure – 2 : Vénus – 3 : Terre – 4 : Lune – 5 : Mars – 6 : Jupiter – 7 : Saturne – 8 : étoiles fixes.

◗ Vers le BacL’astronomie est pour l’Église catholique une science essentielle. En premier lieu, l’Église a besoin de l’astro-nomie pour fixer le rythme du temps sous la forme d’un calendrier. En effet, les fêtes religieuses rythment alors, depuis le Moyen Âge, la vie des chrétiens et l’Église veut un calendrier le plus précis possible pour organiser le temps religieux des fidèles. La fête de Pâques en particu-lier est fixée le 14e jour de la pleine lune de l’équinoxe de printemps. Le calendrier julien, mis en place à l’époque romaine, n’est plus satisfaisant au XVIe siècle. Basé sur des calculs astronomiques approximatifs, il s’est décalé en l’espace de 17 siècles d’une dizaine de jours. Les tra-vaux de Nicolas Copernic s’inscrivent dans le contexte d’un effort scientifique destiné à répondre à la demande de l’Église pour réformer ce calendrier. Cet effort des astronomes débouche, en 1582, sur la mise en place d’un nouveau calendrier, plus précis, le calendrier grégorien dont le nom est associé au pape Grégoire XIII.Le second lien entre l’Église et l’astronomie est lié au dogme chrétien. Pour l’Église, la Terre et les hommes sont la création de Dieu. Celui-ci ne peut donc n’avoir placé la Terre ailleurs qu’au centre de l’univers. La théorie du géocentrisme, admise par les astronomes depuis l’Anti-quité, ne peut que satisfaire l’Église dont les croyances sont ainsi confortées. La théorie de l’héliocentrisme bou-leverse cette vision et inaugure, à partir du XVIe siècle, une période de tensions entre l’Église et les astronomes qui adopteront les idées de Nicolas Copernic.

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4. Les applications de la machine à vapeur :

Transport Industrie Exploitation minière« vaisseaux de ligne », « brave sur mer les vents contraires » : références aux navires à vapeur.

«  forger des ancres », « filer  le coton et  la soie », « façonner les métaux » : référence aux machines-outils animées par la vapeur utilisées dans les usines qui permettent de fabriquer de nombreux objets.

« exploite dans les entrailles de la terre » : référence  à  l’exploitation  du  charbon,  du fer.

◗ Schématiser1. Condenseur externe  : la condensation est le phé-

nomène physique de changement de l’état de l’eau qui passe de l’état gazeux (vapeur) à l’état liquide. Dans les premières machines à vapeur, la vapeur d’eau provenant de la chaudière, après avoir rem-pli le cylindre et poussé le piston, était directement condensée dans le cylindre par injection d’eau froide afin de permettre au piston de redescendre, la vapeur étant redevenue liquide et évacuée. L’in-jection d’eau froide avait l’inconvénient de refroidir le cylindre et de réduire son efficacité lorsqu’il était rempli de vapeur chaude. Watt a l’idée de mettre l’eau froide dans un condenseur externe, placé sous le cylindre, permettant ainsi d’améliorer les perfor-mances du cylindre qui reste chaud.

2. Volant  : c’est un mécanisme qui permet d’amor-tir le fonctionnement par nature irrégulier de la machine à vapeur et donc de réguler sa vitesse. Si la machine tourne trop vite (mouvement de va-et-vient du piston), le volant en tournant absorbe le surplus d’énergie. À l’inverse, il peut restituer cette énergie si la vitesse du piston devient trop faible et risque d’arrêter la machine. Le nom complet est « volant d’inertie ».

3. Régulateur à boules  : la machine à vapeur doit avoir une vitesse de fonctionnement la plus régu-lière possible pour ne pas endommager le méca-nisme. Le régulateur à boules est un système qui assure la régularité dans le fonctionnement de la machine. Les boules s’écartent ou se rapprochent de l’axe de rotation du mécanisme sur lequel elles sont installées. En fonction de la vitesse, ce méca-nisme peut réduire ou augmenter la quantité de vapeur en circulation et donc réduire ou augmenter la vitesse de fonctionnement.

◗ Vers le BacLa machine à vapeur est en premier lieu une révolution technologique, c’est-à-dire un changement complet dans le système technique (énergies utilisées, inventions, inno-vations) mis en œuvre par une société pour produire ce qui lui est nécessaire. Jusqu’au XVIIIe siècle, les hommes utilisent essentiellement comme source d’énergie motrice la force humaine, animale et hydraulique. Le XVIIIe siècle voit l’irruption de la vapeur comme nouvelle source d’énergie motrice. Celle-ci décuple la puissance dispo-nible, ce dont Adolphe Blanqui (doc. 3) s’émerveille en comparant la puissance humaine ou animale à la puis-sance de la vapeur. Une nouvelle unité de mesure naît : le cheval-vapeur. Celui-ci exprime l’équivalence entre la puissance d’un cheval tirant une charge et celle d’une machine à vapeur. Le résultat est calculé en watts, unité de la puissance d’un système énergétique, qui doit son nom à James Watt. L’une des premières applications de cette technologie nouvelle consiste à pomper l’eau des cours d’eau afin d’alimenter les grandes villes comme Paris (doc. 2), de plus en plus consommatrices de grandes quantités d’eau avec le développement de l’urbanisation. La machine à vapeur est en second lieu une révolution industrielle. Elle bouleverse, grâce à sa puissance éner-gétique, les modes de production. À partir du début du XIXe siècle, comme le constate Adolphe Blanqui (doc. 3), l’organisation de l’Europe est bouleversée par la vapeur : développement des ports et du commerce maritime grâce aux bateaux à vapeur, ouverture de territoires iso-lés grâce aux premiers trains, urbanisation avec les villes minières et industrielles. La fumée mêlée aux scories de la combustion du charbon dans les chaudières qui chauf-fent l’eau pour produire la vapeur devient un véritable spectacle urbain (doc. 2), symbole de la modernité d’une Europe en pleine mutation, en marche vers l’industriali-sation du XIXe siècle.

par une chaudière. Le balancier transmet le mouve-ment vertical du piston. Cependant, on voit que la machine de Watt est plus complexe et sophistiquée. La différence principale se situe dans la partie droite des schémas. Le balancier de la machine de Newcomen se contente de transmettre le mouve-ment vertical du piston. La machine ne peut être utilisée que pour animer un mouvement linéaire comme pomper de l’eau par exemple. Lebalancier de la machine de Watt, lui, est doté d’un méca-nisme plus complexe qui transforme le mouvement

vertical en un mouvement de rotation. Les applica-tions de la machine de Watt sont ainsi plus nom-breuses comme, par exemple, faire tourner un arbre moteur.

3. L’auteur de la gravure met en valeur la nouveauté de la pompe à feu du Gros-Caillou à Paris en mon-trant, de toute part, les Parisiens venus assister au spectacle saisissant des cheminées de la station de pompage rejetant une épaisse fumée noire mêlée aux scories issues de la combustion du charbon uti-lisé pour produire la vapeur alimentant les pompes.

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Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours.Le document numérique s’organise autour des diffé-rentes rencontres et échanges qui ont permis à Robert Boyle de développer les modalités de sa méthode expé-rimentale :

1. « Galilée » : la découverte des travaux de Galilée lors d’un séjour à Florence en 1641 constitue un tournant pour le jeune Robert Boyle en formation et constitue probablement la première étape vers sa démarche expérimentale.

2. « La République des Sciences » : cette partie s’orga-nise autour d’une présentation des différentes Aca-démies et sociétés savantes qui se développent en Europe au cours du XVIIe siècle. Robert Boyle parti-cipe d’ailleurs à la fondation de la Royal Society de Londres en 1660.

3. « Otto von Guericke » : l’influence d’Otto von Gue-ricke est essentielle dans les travaux de Robert Boyle sur le vide et les propriétés de l’air. Sans jamais se rencontrer, les deux hommes poursuivent leurs travaux respectifs en s’informant mutuellement de leurs avancées par l’intermédiaire de leurs ouvrages rédigés en latin.

4. «  S. Cottereau du Clos »  : l’intérêt de l’Académie Royale des Sciences de Paris pour les travaux de Robert Boyle est assez tardif. C’est le chimiste Samuel Cottereau du Clos qui est d’abord chargé en 1668 de présenter un compte-rendu des travaux de Robert Boyle.

Notion : la science expérimentale

◗ Lien avec le programme L’une des études au choix proposées par le programme porte sur un savant du XVIe ou du XVIIe siècle et son œuvre. L’étude de Robert Boyle et de ses expérimentations permet d’étudier l’émergence d’un nouveau système de pensée mobilisant de nouveaux instruments, mais aussi une nouvelle démarche dite « expérimentale ».

◗ Intérêt du sujet Considéré comme l’un des pionniers de la méthode expé-rimentale, Robert Boyle défend avec vigueur l’utilisation d’une démarche scientifique fondé sur l’expérience et l’ob-servation. Cette rationalité dans le domaine des sciences ne l’empêche pas néanmoins de rester tout au long de sa vie un fervent défenseur de la foi chrétienne. Selon lui, seule une meilleure connaissance des lois de la nature peut permettre à l’homme de comprendre le divin.

◗ Le document numérique intégréLe document 3 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. À partir de l’étude détaillée et attrayante d’une carte de l’océan Indien au XVIe siècle, il permet de travailler de façon approfondie le thème proposé.

www.lienmini.fr/magnard-hg2-017

Étude Robert Boyle, précurseur de l’expérimentation ➤ p. 178 / p. 184

➥ Comment Robert Boyle a-t-il cherché à concilier science et religion ?

1620

Florence : découverte des travaux de Galilée

1641

1630 1640 1650 1660 1670 1680

Publication du Chimiste sceptique

1661Loi Boyle-Mariotte

1662

Oxford :installation

1654

Voyage en Europe1639 à 1644

Londres : fondation de la Royal Society

1660

2. Quelles sont les principales Académies et Sociétés savantes en Europe au XVIIe siècle ?

L’ Académie Léopoldina de Halle est fondée en 1652 dans le Saint Empire germanique. La Royal Society de Londres apparaît en 1660. Enfin, l’Académie des Sciences de Paris est fondée par Colbert en 1666.

3. Pourquoi les principaux ouvrages scientifiques sont-ils écrits ou traduits en latin au XVIIe siècle ?

Le latin est la langue des publications scientifiques au XVIIe siècle. Alors que les langues vernaculaires s’imposent progressivement dans les royaumes et territoires à travers l’Europe (par exemple en France avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 qui

impose l’usage du français dans les documents et actes officiels), le latin permet aux scientifiques de continuer à diffuser leurs travaux dans une langue commune.

4. Quelle est la principale opposition à la méthode expérimentale défendue par Robert Boyle ?

La principale opposition à la méthode expérimen-tale défendue par Robert Boyle vient de l’Église chrétienne. Si le scientifique irlandais n’a pas été personnellement inquiété, ce n’est pas le cas de son principal inspirateur, Galilée, qui a été attaqué par l’Inquisition. On peut d’ailleurs considérer que l’engagement de Robert Boyle dans la défense de la

◗ Questions pour un travail personnel ou une évaluation1. Réalisez une frise chronologique simple pour présenter les principales étapes de la carrière scientifique

de Robert Boyle.

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foi chrétienne et contre l’athéisme s’explique notam-ment par une volonté de ne pas voir ses travaux condamnés par l’Église.

◗ Réponses aux questions 1. Robert Boyle a renouvelé l’approche scientifique en

accordant une place essentielle à la démarche expé-rimentale. Il s’inspire en cela des pratiques de Galilée qu’il théorise dans Le Chimiste sceptique en 1661 : « Même d’éminents auteurs [...] se sont dernière-ment tellement laissés abuser qu’ils ont publié et mis à profit des expériences chimiques qu’ils n’ont sans nul doute jamais vérifiées ; car s’ils l’avaient fait, ils auraient trouvé, comme moi, qu’elles ne sont pas vraies. » C’est dans cette perspective que Robert Boyle construit sa propre pompe à air afin de vérifier ses hypothèses sur le vide et les propriétés de l’air.

2. Robert Boyle manifeste sa foi religieuse en léguant une partie de sa fortune à l’Église afin de financer chaque année des conférences et des sermons visant à lutter contre l’athéisme et défendre la foi chrétienne.

3. Dès son plus jeune âge, la formation de Robert Boyle s’inscrit dans un contexte scientifique européen puisqu’entre 1639 et 1644, il parcourt le continent

avec ses frères et un précepteur afin de parfaire son éducation. Il conserve ensuite le bénéfice de cette ouverture culturelle en s’inspirant régulièrement des travaux de confrères européens tels qu’Otto von Guericke, mais aussi en prenant soin de traduire ses ouvrages en latin afin qu’ils soient largement diffu-sés à l’échelle de l’Europe.

◗ Vers le BacRobert Boyle est un savant ancré dans son époque qui favorise l’émergence d’un nouvel esprit scientifique. Il n’hésite pas à contester l’autorité des Anciens à partir du moment où il peut fonder ses conclusion sur une démarche expérimentale. Ainsi, quelques années après Otto von Guericke, il construit sa propre pompe à air afin d’observer les effets de la compression de l’air. Ses résultats font l’objet d’une synthèse publiée d’abord en anglais puis en latin afin de favoriser la diffusion des connaissances en Europe. Il participe également à la fondation de la Royal Society de Londres en 1660 qui lui permet non seulement de se nourrir des travaux d’autres scientifiques, mais aussi de diffuser ses propres conclu-sions au sein de ce que le philosophe et mathématicien Condorcet appelle la « République des Sciences » dès le XVIe siècle.

physique pour comprendre le monde. La physique se définit en effet comme la science qui cherche à expliquer les phénomènes naturels. Elle construit une représentation du monde en déterminant des lois, en construisant des modèles.

« […] la dégager de cet art admirable qu’on nomme Algèbre » : la physique utilise le langage mathéma-tique pour construire ses propres modèles. Mais, si les mathématiques sont indissociables de la phy-sique, elle entend que la spécificité de cette science soit reconnue.

«  Il y a encore plusieurs choses inexplicables  »  : un enjeu essentiel de la physique, discipline alors en pleine construction, est de faire progresser les connaissances face à de nombreux mystères de la nature encore non élucidés.

2. La gravure qui illustre le début du chapitre XIII de l’ouvrage d’Émilie du Châtelet montre des savants se livrer à des observations sur le terrain et pratiquer des expériences. L’observation et l’expérimenta-tion méthodiques afin de confirmer ou infirmer une hypothèse scientifique de départ sont au cœur de la démarche de la science expérimentale défendue par Émilie du Châtelet.

◗ Vers le BacLes Institutions de Physique sont un traité de physique rédigé en 1740 par Émilie du Châtelet pour son fils. Elle y exprime sa conception de cette science qui est alors en pleine construction. Pour elle, les progrès de la science reposent sur la capacité des hommes à construire et à échanger leurs idées. Cela nécessite une solide éducation, dès le plus jeune âge, en particulier dans le domaine des

Notion : la République des Sciences

◗ Lien avec le programmeOutre la consigne explicite du programme officiel qui invite à mettre l’accent dans les études proposées sur « la place des femmes dans l’histoire », l’exemple d’Émilie du Châtelet est particulièrement pertinent pour évoquer les modalités de diffusion de la science au XVIIIe siècle. Ses traductions de Newton ou Leibniz, la publication de ses propres œuvres ou encore la fréquentation des salons où se côtoient les grandes figures des Lumières la placent au cœur de la « République des Sciences » définie par Condorcet.

◗ Intérêt du sujetNous avons fait le choix de ne pas réduire l’apport d’Émi-lie du Châtelet à sa seule contribution à la diffusion des œuvres de grands noms des Lumières mais aussi, avant tout, de rappeler qu’elle a été elle-même une grande savante, soucieuse de renouveler les principes de la science expérimentale et de faire partager son goût des sciences. Les deux documents de l’étude sont ainsi cen-trés sur son ouvrage Institutions de physique. La gravure du chapitre XIII (doc. 1) illustre le thème de la science expérimentale renouvelée par Émilie du Châtelet. L’ex-trait de la préface de son ouvrage, adressé à son jeune fils (doc. 2), témoigne de l’importance qu’elle accorde à l’éducation et à la transmission du savoir.

◗ Réponses aux questions1. « On se flatterait en vain sans son secours de faire

de grands progrès dans l’étude de la nature  »  : Émilie du Châtelet rappelle le rôle essentiel de la

Étude Émilie du Châtelet, une femme de science ➤ p. 179 / p. 185

➥ Comment Émilie du Châtelet favorise-t-elle la diffusion d’un nouvel esprit scientifique ?

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82 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

Cours L’essor d’un nouvel esprit scientifique et technique ➤ p. 180-183 / p. 186-189

➥ Quelles conditions nouvelles permettent une révolution des sciences et des techniques ?

◗ Organisation du coursLa structure du cours, en trois étapes clés, répond à une logique chronologique du XVIe au XVIIIe siècle :

− Partie A. Le nouvel esprit scientifique qui anime les savants du XVIe siècle dans le contexte de l’huma-nisme. Un nouveau système de pensée se met en place sous l’impulsion de savants comme Nicolas Copernic ou Ambroise Paré. Il repose sur la remise en cause du savoir hérité des Anciens et sur une nouvelle approche expérimentale. Comme l’illustre le procès de Galilée en 1633 (doc. 1), ces savants doivent affronter des résistances, en particulier celle de l’Église qui accepte mal que la rationalité sup-plante la spiritualité.

− Partie B. Le XVIIe siècle voit véritablement naître la figure moderne du scientifique qui remplace le savant du XVIe siècle. Les scientifiques utilisent le langage des mathématiques, constituent une active communauté à travers toute l’Europe et donnent corps à des domaines scientifiques de plus en plus spécialisés. Le document 2 souligne la transition qui s’opère dans le domaine scientifique à l’époque moderne. Les cabinets de curiosités, privés ou liés par des institutions publiques comme ici l’Acadé-mie des Sciences de Paris, sont une particularité de l’époque moderne. Ils ont joué un rôle important

dans la diffusion des savoirs et l’essor de la science. À côté des disciplines traditionnelles du quadrivium (astronomie, géométrie, arithmétique et musique), de nombreux objets évoquent le goût de l’expéri-mentation et la volonté de mettre en application de façon concrète (engins de levage, ponts ) les avan-cées scientifiques qui caractérisent le nouvel esprit scientifique à partir du XVIIe siècle.

− Partie C. Le XVIIIe siècle est celui de l’irruption de la technologie. Les efforts des scientifiques débouchent sur la mise au point des premières machines, comme la machine à vapeur de James Watt, capables de déboucher sur de véritables applications indus-trielles. Un nouveau système technique se met en place sous l’impulsion de la science appliquée et des innovations apportées par les ingénieurs. Les artistes (doc. 3) imaginent avec fantaisie les possi-bilités d’un monde mécanique qui émerge au début du XIXe siècle.

◗ Schéma de synthèse commenté  − Écouter et mémoriser

la synthèse du cours avec le schéma animé :

− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. − Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard.

www.lienmini.fr/magnard-hg2-018

Exercices  ➤ p. 184 / p. 190

◗ Organiser des informations et utili-ser une ressource InternetL’exposé peut être structuré en trois points  : la présen-tation du personnage central du tableau (le roi Louis XV enfant), la présentation du thème du tableau (l’enseigne-ment des sciences) et la présentation d’un objet scienti-fique utilisé pour l’enseignement des princes.L’éducation de Louis XV : Louis XV (1710-1774) est repré-senté enfant sur ce tableau qui date des années 1715-1725. La France est alors sous l’autorité d’un  régent, le duc et prince de sang Philippe d’Orléans. Louis XIV le désigne pour gouverner après sa mort car son arrière-petit fils est alors trop jeune. La régence débute en 1715, à la mort de Louis XIV et se termine officielle-ment à la majorité de Louis XV, à l’âge de ses 13 ans,

en 1723. Durant ses premières années, le jeune prince est élevé par les femmes, sous l’autorité d’une gouver-nante. II reçoit d’un premier précepteur les rudiments de la lecture, de l’écriture et surtout de l’enseignement religieux. À l’âge de 7 ans, son éducation est prise en charge, sous le contrôle du régent représenté à ses côtés sur le tableau, par les hommes qui l’entourent. Le roi a donc sur ce tableau un âge situé entre 7 et 13 ans. Un gouverneur, le duc François de Villeroy, est chargé de son éducation de gentilhomme, au fait de toutes les sub-tilités de l’étiquette instaurée à la cour par Louis XIV. Un nouveau précepteur, l’évêque de Fleury, est chargé d’or-chestrer son éducation dans les nombreux domaines du savoir  : latin, mathématiques, histoire et géographie, dessin, astronomie, musique... Les activités physiques comme la chasse sont également prises en compte.

mathématiques, le langage des scientifiques. Par leurs publications, les savants peuvent confronter leurs idées et faire progresser la science. Pour construire des théories physiques fiables et élucider les mystères de la nature,

une démarche scientifique rigoureuse est nécessaire. Elle repose sur l’élaboration d’hypothèses que des expé-riences viennent confirmer ou infirmer, permettant au fil d’un long processus, de construire les lois de la physique.

Page 29: Chapitre 7 L’élargissement du monde du XVe au XVIe · Après 1453, Constantinople, devenue capitale d’un empire musulman, voit un grand nombre de ses églises (chrétiennes orientales

83© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

L’enseignement des sciences : depuis Louis XIV, l’enseigne-ment des sciences dispensé aux enfants royaux occupe une place essentielle. Les plus grands savants sont chargés de présenter des leçons dans les disciplines scientifiques en lien avec le « métier » de roi. Les plus importantes sont en rapport avec le domaine militaire : la géométrie (art des fortifications et balistique pour l’artillerie), la géographie (analyse des cartes et des plans). D’autres concernent l’art de vivre à la cour : architecture ou botanique par exemple. L’astronomie, discipline reine du savoir depuis l’Antiquité, occupe également une place essentielle. À la suite de la création de l’Académie des Sciences, les sciences expéri-mentales (physique, chimie) prennent vraiment leur place à Versailles. L’abbé Nollet, grand vulgarisateur des sciences et constructeur d’instruments scientifiques, devient ainsi sous-précepteur des sciences en 1758. Les nombreux objets du tableau, sur la table et au sol, symbolisent cette place centrale des sciences dans l’éducation rigoureuse des futurs rois : cartes, livres, instruments de mathéma-tique et de physique, globe…Les instruments pédagogiques de démonstration : l’ensei-gnement des sciences est un mélange de séances théo-riques et de séances pratiques comme la découverte des plantes et animaux dans les jardins de Versailles. Les pré-cepteurs ont recours pour les séances théoriques à des objets scientifiques spécialement conçus pour l’enseigne-ment. Le site Internet de l’exposition Sciences et curiosités à la cour de Versailles en propose plusieurs exemples. On a ainsi un globe terrestre et céleste commandé en 1786 par Louis XVI pour l’éducation du Dauphin. Il est réalisé selon les instructions du savant géographe Edme Mentelle. On

trouve également une tête d’Indien en cire qui faisait par-tie d’un mannequin entier. Elle servait à l’enseignement de l’ethnographie et à la connaissance des peuples d’Amé-rique, la France possédant alors des territoires en Amé-rique, la Nouvelle France, au contact des Indiens.

◗ Mettre en relation deux documents1. Il s’agit de l’art de l’accouchement. La prise en

charge de la grossesse et de l’accouchement est une spécialité de la médecine nommée l’obsté-trique. Elle est pratiquée par les médecins et les sages-femmes.

2. Angélique Marguerite du Coudray diffuse son ensei-gnement auprès des sages-femmes du royaume qu’elle forme ou dont elle contribue à perfectionner les connaissances. Elle diffuse son savoir par l’inter-médiaire d’un ouvrage de vulgarisation, l’Abrégé de l’art des accouchements. Elle parcourt également le royaume pour faire des démonstrations en utilisant un mannequin, «  la Machine ». Ce mannequin est composé de divers éléments dont un fœtus de sept mois permettant de montrer les diverses positions possibles du fœtus.

3. L’action d’Angélique Marguerite du Coudray qui vise à réduire la mortalité à la naissance et les risques très fréquents pour la mère lors des accouchements est soutenue dans son action par le pouvoir royal. Son ouvrage est ainsi publié avec la mention « Avec approbation et privilège du roi » (tout en bas de la page de titre) qui souligne le soutien royal.

Méthode vers le Bac Rédiger le développement d’une composition ➤ p. 185 / p. 191

Sujet : Sciences et techniques en Europe du XVIe au XVIIIe siècle.Consigne: Rédigez le développement d’une composition répondant au sujet :

« Sciences et techniques en Europe du XVIe au XVIIIe siècle. »

Les sciences et les techniques présentent le point com-mun de progresser dans le cadre d’un nouveau rapport au savoir, fondé sur la rationalité et l’expérimentation. En ce qui concerne l’expérimentation, on passe de la tech-nique empirique de l’expérience subie à l’expérience pro-voquée. Le philosophe anglais Francis Bacon affirme que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets et que l’on peut, en répétant plusieurs essais et en mesurant les phénomènes, déterminer des lois. Dès lors, l’obser-vation et l’expérience se banalisent. Grâce à la méthode expérimentale, le scientifique irlandais Robert Boyle éta-blit en 1662 une loi scientifique sur les gaz qui porte son nom (loi Boyle-Mariotte).En outre, les hypothèses scientifiques s’appuient de plus en plus sur des démonstrations mathématiques. Les sciences physiques progressent grâce aux progrès dans les calculs mathématiques, comme le montrent les travaux de Gottfried W. Leibniz et d’Isaac Newton. De même, le philosophe René Descartes et l’astronome

Christian Huygens décrivent par le calcul les lois de la mécanique et de l’optique.Entre sciences et techniques, l’interpénétration devient de plus en plus importante. Cette interpénétration est d’abord facilitée par l’absence de spécialisation. Les savants du XVIe siècle sont encore pluridiscipli-naires : Copernic s’est formé au droit, à la médecine, aux mathématiques, à l’astronomie. Même lorsqu’une spécialisation intervient avec la complexité croissante des sciences, les scientifiques utilisent le même lan-gage mathématique. C’est par exemple le cas de l’as-tronome Galilée, du physicien Newton et du chimiste Lavoisier. Cette interpénétration est également facili-tée par l’essor de la science appliquée au XVIIIe siècle. Contrairement à la science fondamentale, celle-ci vise à faire déboucher les recherches scientifiques sur des applications concrètes. Les inventions, qui sont amélio-rée et diffusées, deviennent de véritables innovations. Par exemple, les travaux de Lavoisier sur l’hydrogène

Page 30: Chapitre 7 L’élargissement du monde du XVe au XVIe · Après 1453, Constantinople, devenue capitale d’un empire musulman, voit un grand nombre de ses églises (chrétiennes orientales

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conduisent à des applications comme la montgolfière (1783). De même, grâce à la pompe à air de Boyle, Denis Papin met au point une machine expérimentale utilisant la pression de la vapeur.Enfin, les ingénieurs eux-mêmes, formés dans des écoles comme Polytechnique (1794), inventent puis perfectionnent des machines qui débouchent sur une

utilisation réelle. Les machines à vapeur de Thomas Newcomen puis de l’ingénieur James Watt, protégées par des brevets d’invention, débouchent sur de multi-ples applications  : locomotive à vapeur (1804), navire à vapeur (1807)... Ces innovations annoncent le monde mécanique du XIXe siècle, avec la mécanisation de l’in-dustrie textile, des mines et des transports.