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SYNTHÈSE PROSPECTIVE EMPLOI-COMPÉTENCES L’édition phonographique

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Résultat du contrat d'étude prospectif sur l'emploi et la formation pour le secteur de l'édition phonographique

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L’éditionphonographique

Page 2: CEP édition phono

............................................Première partieAu cœur du patrimoine artistiqueVous avez dit phonographique ? ............ 4Les entreprises et les effectifs .............. 9La formation ......................................... 13

......................................... Deuxième partieDes changements majeursDe nombreux facteurs d’évolution .......17Une diversification des activités ...........22… et une réorganisation des métiers ...24

..........................................Troisième partieDes défis pour demainPour une mutation réussie .................. 2710 actions clés ...................................... 28Des avancées significatives ................. 30

première partie

Au cœur du patrimoineartistique

«De la musique avant toute chose », écrivait Verlaine. Il parlait de poésie, certes,

mais la distance n’est-elle pas infime, parfois, entre une chanson à texte, une œuvre musicale et un poème ? La production musicale occupe une place majeure dans le patrimoine culturel, artistique d’un pays. Un patrimoine dont l’édition phonographique est l’artisan majeur. Sans elle, pas de création artistique de qualité, ni de carrière durable… Lancez le son !

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Vous avez dit phonographique ?

L’édition phonographique… Aux yeux – ou plutôt aux oreilles – de certains, le mot a peut-être une connotation un peu désuète. Il évoque en effet le phonographe, cet appareil devenu rare aujourd’hui, remisé dans les gre-niers, un bien bel outil qui fut remplacé dans les années

50 par l’électrophone, lequel est lui aussi, désormais, condamné aux étals des brocantes ! Avec, à ses côtés, alignés en piles, les fameux disques en vinyle sur lesquels ont chanté et dansé tant de Français et que s’arrachent aujourd’hui des millions de collectionneurs. S’arrachera-t-on de la même manière, demain, les supports actuels, physiques ou dématérialisés (CD, clés USB, MP3…) ? L’édition phonographique est riche des millions d’œuvres, de chansons, de courants musicaux qu’elle a gravés et immortalisés, de décennie en décennie, et qui sont aujourd’hui diffusés dans le monde entier. Riche des centaines d’artistes qu’elle révèle, jour après jour, contribuant à la décou-verte et à la promotion des styles, des courants, des tendances dont on parlera encore demain et après-demain. À l’instar des industries du ci-néma et du livre, à l’image de tous les arts en général, elle contribue à l’élan culturel d’un pays, à son histoire et à son patrimoine artistiques. Tout simplement, elle fait partie de nos loisirs, de notre vie. Lequel d’entre nous n’a pas, sur les lèvres ou à l’esprit, à un moment de la journée, un air, une chanson qu’il aime et qui, parfois, lui rend la vie un peu plus facile ?Pris dans le tourbillon de toutes ces chansons et musiques, on a sans doute un peu oublié aujourd’hui le mot phonogramme. Il dit pourtant bien ce qu’il en est, à savoir « le tracé de l’enregistrement des vibrations sonores de la voix humaine ». Cette activité constitue le cœur de métier de l’édition phonographique, répertoriée dans la nomenclature NAF 2008* sous le code 59.20 Z « Enregistrement sonore et édition musicale ».

Au cœur du pAtrimoine artistique

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(*) La nomenclature d’activités françaises a fait l’objet d’un décret commun qui oblige l’ensemble des organismes publics à utiliser la nomenclature, ou ses dérivés, dans les textes officiels, décisions, travaux, études, etc. Chaque établissement se voit attribuer un code NAF en fonction de la nature de son activité principale.

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Ce code comprend les activités visées par le champ d’application de la convention collective nationale (CCN) en vigueur dans la profession, lequel concerne globalement « la production, l’édition ou la distribution de phonogrammes ou de vidéogrammes musicaux ou d’humour ».Ainsi que le soulignent les professionnels de l’édition phonographique – et cela n’est pas une lapalissade –, rien, pour l’artiste, ne remplacera cet « enregistrement des vibrations sonores de la voix humaine ». Ne serait-ce que parce que tous les chanteurs et musiciens ne font pas de la scène et des tournées. La production d’un CD, d’un album, d’un single, reste donc en quelque sorte, pour celui qui veut faire connaître son art au pu-blic, un passage obligé. Mais l’édition phonographique, c’est aussi le travail effectué en amont de l’enregistrement, à savoir la création artistique en tant que telle. La recher-che et le repérage de l’artiste – chanteur, musicien, auteur compositeur –, les conseils, l’aide technique qu’on lui apporte, l’accompagnement dont il bénéficie pour toucher le plus large public, se faire un nom et gérer sa car-rière. L’édition phonographique est ainsi un maillon essentiel de la chaîne de la création musicale. Tout un univers qui, finalement, reste mal connu, en comparaison avec celui du showbiz à proprement parler.

Des métiers variésL’édition phonographique regroupe de nombreux métiers appartenant à différentes catégories socioprofessionnelles. Parmi les salariés permanents, on peut, schématiquement, distinguer les professions de front office, réu-nies autour du projet artistique, et celles de back office, qui correspondent

à des emplois administratifs semblables à ceux que l’on trouve dans tou-tes les entreprises (avec toutefois des particularités liées au métier du dis-que). La première catégorie regroupe notamment le directeur artistique, le directeur de label, le responsable marketing, les chefs de produits/projet, des cadres artistiques et assistants artistiques, les webmasters… Mais le projet ne pourrait voir le jour sans le personnel auquel on fait appel pour un travail et une période donnés : les techniciens du spectacle (qui exer-cent une multitude de métiers : ingénieur du son, régisseur, machiniste, styliste, perchman, et tant d’autres…) et les artistes interprètes (chanteurs, musiciens, choristes, diseurs, etc.). Ces métiers sont également gérés par les « tourneurs » de concerts.La commercialisation occupe bien sûr une place importante avec les grands comptes, la télévente, les techniciens des supports commerciaux et les techniciens commerciaux, les chargés de publicité et les promoteurs terrain. Promotion et communication, assurées notamment par les cadres des relations publiques et de la communication, sont également le nerf de la « guerre ». Côté back office, figurent notamment les cadres de services administratifs et financiers (contrôle de gestion, comptabilité, royalties…), la partie fabrica-tion et logistique (chefs de projet fabrication, chargés de logistique de stocks, la gestion du numérique qui devient primordiale), ainsi que les ouvriers du tri, de l’emballage et de l’expédition des produits… Toute une chaîne, là encore, qui travaille pour une activité pas tout à fait comme les autres. Cha-cun, à son niveau, avec savoir-faire et enthousiasme, avec passion.

LeS VeNteS par rÉpertOire

à retenirLe secteur – qui vient de se structurer en branche professionnelle – assure le cycle complet de la production (découverte et accompa-gnement de l’artiste, enregistrement de son œuvre, pressage, marketing, promotion et distribution). Ces activités peuvent être regroupées au sein d’une même structure ou partagées entre plusieurs acteurs (l’un d’eux exploite la licence par exemple).

Classique : 8 %

Variété nationale : 55 %

Variété internationale : 37 %

Total 2009 : �88 millions d’euros

Au cœur du pAtrimoine artistique

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CCNLa convention collective nationale de l’édition phonographique a été signée le 30 juin 2008 par les partenaires sociaux. Cet accord, qualifié d’« historique » par Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication de l’époque, comble un vide de plus de quinze années. Il comporte, entre autres, des textes concernant la formation professionnelle et la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), point traité en 3e partie de la synthèse.

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Les résultats sont-ils à la hauteur de cette implication ? Depuis 2002, la branche traverse une période de crise pour les raisons que l’on analysera en 2e partie de cette synthèse. Son chiffre d’affaires a ainsi chuté de plus de 55 % entre 2002 et 2009, passant de 1,302 milliard à 588 millions d’euros. En 2009, le marché de la musique enregistrée (ventes gros édi-teurs hors taxes, nettes de retours et remises) a poursuivi sa baisse (- 3,2 %), mais de façon plus modérée que les années précédentes (- 15 % en 2008, - 17 % en 2007). En 2009, la vente de supports physiques (CD, DVD) représentait 512 millions d’euros, contre 76 millions d’euros pour la vente de supports dématérialisés (téléchargement Internet, téléphonie mobile, streaming, abonnements…).

D’un éditeur à l’autreOn ne fait pas toujours très bien le distinguo entre éditeur de musique et éditeur phonographique. S’ils ont des points communs (côté éditeurs indépendants, il arrive même qu’une seule entité juridique englobe ces deux activités), ils ont toutefois des rôles distincts :l L’éditeur musical (ou graphique) signe des contrats de cession de droits avec des auteurs et assure aux œuvres de ces derniers une diffusion et une exploitation commerciale, notamment et en premier lieu par l’édition de la partition musicale. l L’éditeur ou producteur phonographique produit l’enregistrement de l’œuvre. Il choisit donc un artiste-interprète, s’investit pour développer la carrière de celui-ci ou, simplement, faire fructifier son œuvre. Le producteur phonographique établit une relation contractuelle avec l’artiste (contrat d’artiste ou d’enregistrement exclusif). Ce n’est pas obligatoirement lui qui effectue la fabrication et la distribution des supports « matériels » que sont les disques ; il peut demander à une « maison de disques » d’assurer contractuellement, via une licence, ce processus.

Le streamingest une technologie qui permet de lire, visionner et écouter des fichiers sans les télécharger. Principe : une « mise en mémoire- tampon » (buffering) des données téléchargées vers l’auditeur par un serveur. Elle permet une lecture en transit d’un fichier. Les webradios, par exemple, proposent ainsi une écoute et une bibliothèque de titres en streaming qui permettent d’écouter à la demande les artistes de son choix et de se créer des albums en ligne.

Les entreprises et les effectifs

La branche compte environ 600 entreprises employant au moins un salarié (*), classées selon trois catégories. La première rassemble quatre majors : Universal Music, Sony Music, Warner Music et EMI Music. Issues de différentes fusions depuis ces dernières années, filiales nationales de

groupes français et internationaux, elles représentent 70 % du marché. Les sociétés indépendantes constituent la seconde catégorie. Plutôt posi-tionnées sur des niches, elles sont aussi plus fragiles en période de crise. La 3e catégorie est composée des microéditeurs (de 0 à moins de 5 sala-riés). Ceux-ci forment un tissu dense et atomisé de très petites entrepri-ses (TPE) ou microstructures à la frontière de l’économie, plus ou moins viables à moyen terme. (*) Les chiffres diffèrent selon les sources (Sirene, Dads, Afdas, Audiens) mais convergent vers ce chiffre.

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50 % des entreprises ont été créées après 2000, majori-tairement entre 2000 et 2004. Le nombre d’entreprises est à la baisse (- 19 % entre 2007 et 2008). Cette baisse concerne davantage celles de plus de 10 salariés, la tendance étant à l’augmentation des TPE. Les struc-tures sont généralement mono-établissement ; on compte en moyenne 1,06 établissement par entreprise. On observe toutefois, à l’inverse de ce qu’on note pour les entreprises elles-mêmes, une augmentation du nombre d’établissements depuis ces trente der-nières années.

Les entreprises employant des salariés permanents sont situées pour près de 70 % d’entre elles en Ile-de-France, la région Rhône-Alpes ve-nant en 2e position (4,5 %), la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en 3e (3,7 %), les Pays de la Loire en 4e avec 2,1 %, suivis de Midi-Pyrénées et Bretagne avec 1,9 %. Les unités de plus de 10 salariés sont toutes implan-tées en Ile-de-France et en Rhône-Alpes.Leur catégorie juridique est variée, mais les sociétés à responsabilité limi-tée (SARL) l’emportent largement (76 %). On trouve ensuite les SARL unipersonnelles (8 %), les associations déclarées (6 %), les sociétés par actions simplifiées – SAS – (5 %), les SA à conseil d’administration (3 %), les commerçants (2 %) et enfin les sociétés par actions simplifiées à associé unique (SASU) avec 1 %. Les entreprises de plus de 10 salariés sont uniquement des SA et des SAS.67 % d’entre elles réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à un million d’euros (41 % enregistrent un CA de 0,5 à moins de 1 million,

25,9 %, un CA de moins de 0,5 million). 20,9 % comptabilisent un CA de 1 à moins de 2 millions, 4,1 %, un CA allant de 2 à moins de 5 millions, 3,9 %, un CA de 5 à moins de 10 millions. Seules quatre sociétés enregis-traient, en 2006, un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros.

Des effectifs en baisseLa branche emploie environ 4 000 salariés permanents. 6 % des entrepri-ses concentrent à elles seules 67 % des effectifs, et ceux-ci sont, selon les sources, entre 54 % et 64 % à travailler dans les structures de plus de 50 salariés. Le nombre d’emplois, qui a connu une relative stabilité entre 1978 et 1999 (avec tout de même un déficit de 4 %), accuse une baisse sensible depuis 2000. Entre cette date et 2007, le secteur a perdu 603 sala-riés. C’est surtout vrai dans les établissements de plus de 250 salariés, en partie au profit des TPE, la décroissance dans les majors se poursuivant (elles ont encore perdu le quart de leurs effectifs entre 2006 et 2008, soit 322 personnes).Comme on l’a vu, de nombreux métiers et catégories socioprofessionnelles font vivre la branche de l’édition phonographique. On trouve plus de ca-dres, de techniciens, d’agents de maîtrise et de professions intermédiaires que dans les autres secteurs de l’industrie française. Employés, professions

61%des salariés de la branche ont moins de 40 ans

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dans leur écrasante majorité, les sociétés sont de très petites entreprises (tpe) (moins de 10 salariés). et dans cette tranche, la plupart ont des effectifs très faibles : soit de 1 à 2 salariés, soit de 3 à 5.

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intermédiaires, cadres administratifs et commerciaux dominent (ils compo-sent à eux seuls 57 % du personnel). Cadres et professions intermédiaires sont moins représentés dans les entreprises employant moins de 10 person-nes. Qu’en est-il de la répartition hommes/femmes ? Les deux sexes sont presque à égalité. 57 % des salariés sont des hommes. Ils occupent surtout des postes de cadres dirigeants, de cadres et d’ouvriers, les femmes exer-çant des fonctions de cadres, mais également d’employés, de techniciens, d’agents de maîtrise et des professions intermédiaires. Côté contrats, 27 % de femmes sont en contrat à durée déterminée (CDD), contre 19 % d’hom-mes (source Audiens).La jeunesse du secteur est à remarquer : 61 % des salariés ont moins de 40 ans. L’édition phonographique est, de tous les secteurs industriels, celui qui compte le plus grand nombre de jeunes salariés. Sur le plan de l’ancienneté en revanche, la profession est sous la moyenne nationale. Plus de 50 % des personnes ont peu d’ancienneté ; celle-ci est égale ou supérieure à cinq ans.L’effectif des artistes et des techniciens intermittents du spectacle est im-portant. Il représente près de 10 000 personnes, réparties comme suit : 7 463 hommes (589 cadres techniciens, 1 617 non cadres techniciens et 5 257 artistes) et 2 443 femmes (82 cadres techniciens, 431 non cadres tech-niciens et 1 930 artistes). Là encore, la moyenne d’âge est peu élevée : chez les hommes, 16 % ont entre 25 et 29 ans, 39 % entre 30 et 39 ans ; chez les femmes, pour les mêmes tranches d’âge, le taux est, respectivement, de 19 % et 36 % (source Audiens).

La formationLa formation initialeIl n’y a pas de formation initiale spécifique, ce qui n’empêche pas les pro-fessionnels d’être très diplômés : 8 % des salariés possèdent un diplôme de 3e cycle universitaire, 9 % ont un niveau licence et plus, 11 % ont suivi un 2e cycle universitaire, et 8 %, un 1er cycle universitaire. 13 % sont titulai-res d’un DUT ou d’un BTS, 15 %, du bac, d’un brevet de technicien… 19 % ont un niveau CAP, BEP, 9 % ont le brevet des collèges.Les spécialités de diplômes sont éclectiques. En tête, la comptabilité et la gestion (19 % des salariés se sont intéressés à ces disciplines), suivies des lettres et arts pluridisciplinaires (15 %), de l’accueil, hôtellerie, tourisme (13 %). 11 % des salariés se sont formés à la musique et aux arts du spec-tacle, 9 % aux spécialités plurivalentes échanges-gestion, 9 % ont suivi des formations générales, 8 % se sont spécialisés dans les mathémati-ques et les statistiques, les 7 % restants ayant suivi des itinéraires n’ap-partenant pas à ces diverses catégories.

Le nombre d’emplois diminue dans les entreprises de plus de 250 salariés, en partie au profit des TPe

à noterParmi les effectifs intermittents, les artistes sont majoritaires (73 % environ).

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La formation continueIl existe plusieurs dispositifs :< Le plan de formation mis en place dans les entreprises de moins de 10 salariés. 101 personnes l’ont suivi en 2008. C’est moins qu’en 2007 (110 personnes) et beaucoup moins qu’en 2006 (169 bénéficiaires). Le taux d’accès de 12,25 % est légèrement inférieur à la moyenne natio-nale (13,8 % en 2006). Ce plan concerne à 78 % le secteur édition d’enre-gistrements sonores. 53 % des stagiaires sont des femmes et 47 % des hommes, les 25-34 ans et les 40-44 ans étant les plus nombreux. Forma-tions préférées : langues et PAO, puis commerce-vente-marketing. Durée des sessions : entre 21 et 59 heures pour 62 % d’entre elles.

< Le plan de formation destiné aux entreprises de 10 salariés et plus. 675 personnes en ont bénéficié en 2008 (contre 772 en 2007 et 696 en 2006), soit un taux d’accès de 33 %, légèrement inférieur à la moyenne nationale (36 % en 2006). Il est en vigueur quasi intégralement dans le secteur édition d’enregistrements sonores. Là encore, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à en bénéficier (51 % contre 49 %) et, parmi les stagiaires, ce sont les 40-44 ans qui sont les plus représentés, « talon-nés » par les 35-39 ans et les 30-34 ans. Les ingénieurs et les cadres sont les plus nombreux. Là encore, les langues, puis la bureautique sont les forma-tions les plus prisées. 33 % des sessions s’échelonnent de 21 à 59 heures, 29 % de 10 à 20 heures, 30 % durent moins de 10 heures.

< Le contrat de professionnalisation (CP). 49 ont été signés en 2008, contre 36 en 2006 (+ 36 %). Le taux de recours a augmenté, lui, de 1,4 % pendant cette même période (il est supérieur à la moyenne natio-nale). Le nombre de CP est supérieur dans les entreprises de 10 salariés. À l’inverse, le taux de recours est plus important dans les structures comptant moins de 10 salariés. Les CP bénéficient en grande majorité aux salariés (dont 61 % de femmes) travaillant dans l’édition d’enregistrements sono-res (très loin derrière, les activités artistiques, la reproduction d’enregistre-

ments sonores et la production de films pour le cinéma). On observe une tendance à l’augmentation de l’âge des bénéficiaires, lesquels sont majori-tairement des commerciaux, des assistants de gestion, des attachés de clientèle et des assistants marketing. Spécialités de formation qui ont le vent en poupe : le commerce, la vente, le marketing, la comptabilité, la publicité, les fonctions administratives, puis l’audiovisuel et le cinéma. Ces formations, dont le niveau augmente, sont plus qualifiantes et certifiantes et moins diplômantes. De fait, leur durée est plus courte : 61 % de CP de 6 à 12 mois en 2008, contre 64 % de 19 à 24 mois en 2006. Ce qui représente en équivalent heures 35 % de contrats de moins de 500 heures, 33 % de 800 à 999 heures et 31 % de 1 000 à 1 200 heures (contre 58 % en 2006).

< Le congé bilan de compétences (CBC). 39 CBC ont été accordés en 2008 (contre 25 en 2007), le taux de demandes augmentant de 1,02 % entre 2006 et 2008 (moyenne nationale : 0,2 %). Comme pour les CIF, c’est dans les entreprises de plus de 10 salariés qu’on trouve le plus grand nom-bre de CBC, le taux de congés étant plus important dans celles employant 10 personnes et plus. Davantage de femmes (61 % contre 39 % pour les hommes) en bénéficient. Âge : une majorité de 30-39 ans, et surtout de 30-34 ans. La catégorie socioprofessionnelle la plus représentée est celle des cadres ingénieurs travaillant dans l’édition d’enregistrements sonores.

< Le congé individuel de formation (CIF). Le nombre de CIF a chuté par rapport à 2007 (8 en 2008, 15 en 2007 et 7 en 2006), mais le taux d’accès – 0,31 % – reste supérieur à la moyenne nationale (0,2 % en 2006). Le nombre de CIF est supérieur dans les entreprises de plus de 10 salariés. Ils concernent les salariés (les 2/3 étant des hommes) des deux secteurs d’activité fondamentaux : l’édition d’enregistrements sonores, et la repro-duction d’enregistrements sonores. Tranche d’âge la plus représentée : 40-44 ans. Les stagiaires – en majorité des conducteurs régleurs et des ma-gasiniers caristes – optent pour les formations « transport-permis de condui-re », « bâtiment-travaux publics » et « commerce-vente-marketing ». À la différence des contrats de professionnalisation, les CIF ont une finalité diplô-mante (50 % de diplômes d’État d’enseignement technique ou profession-nel, suivis de 30 % de certificats de qualification professionnelle).

DIF : d’abord les langues34 salariés ont fait valoir en 2008 leur droit individuel à la formation (DIF), et cela, très largement dans le secteur édition d’enregistrements sonores. Bénéficiaires : d’abord des ingénieurs et des cadres, des employés et des techniciens, les stagiaires femmes étant – contrairement aux moyennes nationales – plus nombreuses que les hommes. Les 30-34 ans l’emportent sur les autres tranches d’âge. Les spécialités de formation les plus prisées sont : les langues, la PAO et le multimédia. 66 % des actions de formation durent entre 21 et 59 heures, 25 %, plus de 60 heures.

à noterComme on le verra en 3e partie de cette synthèse, des accords ont été signés récemment en faveur de la formation professionnelle et d’une politique de ressources humaines et de gestion prévisionnelle des emplois optimisée.

Au cœur du pAtrimoine artistique

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à retenirAgréé par l’État, l’Afdas est l’organisme collecteur des contributions formation des entreprises de la branche professionnelle de l’édition phonographique. Son rôle est déterminant dans la prise en charge des besoins de financement des entreprises, des salariés et intermittents du spectacle.Les salariés peuvent contacter directement un conseiller de l’Afdas dans la rubrique « contact personnalisé » du portail www.afdas.com

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deuxième partie

Des changementsmajeurs

L’édition phonographique est confrontée à des changements profonds qui ont un impact sur

ses activités, ses revenus et ses emplois. Depuis ces dernières années, elle tente de s’adapter au nouveau contexte et de se positionner sur un marché bouleversé. Cela passe notamment par une diversification de ses activités et une réorganisation de ses métiers, mais aussi une évolution des compétences des équipes.

De nombreux facteurs d’évolution

Les facteurs liés aux nouvelles technologies qui ont déclenché la criseChaque nouveau cycle technologique dans l’histoire de l’industrie du disque a provoqué des bouleversements (variations d’activités, de reve-nus). Au début des années 1980, le passage du disque vinyle au CD avait provoqué une chute des ventes de 15 %. Depuis 2002, c’est le passage du support physique (CD, DVD) au support dématérialisé qui a des répercu-tions sur les revenus des éditeurs. Les ventes de supports physiques ont chuté de 64 % entre 2002 et 2008. Dans le même temps, la croissance du chiffre d’affaires réalisé sur la vente de supports dématérialisés n’a abso-lument pas permis de combler la perte subie sur la vente de supports physiques : le chiffre d’affaires global des éditeurs phonographiques a baissé de 53 % entre 2002 et 2008.Le téléchargement illégal, le développement des logiciels peer to peer (qui permettent aux internautes d’échanger des fichiers) ont considéra-blement accentué les difficultés de la transition. En 2008, 8 millions de

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personnes auraient téléchargé des contenus illégaux équivalant à un vo-lume de 778 millions de titres (un titre téléchargé légalement pour qua-torze illégalement). La musique est devenue le produit culturel le plus « piraté », devant les films, les séries télé et les jeux vidéo. Les autres contenus culturels (cinéma, audiovisuel), la presse, la télévision et surtout la radio doivent faire face eux aussi à leur propre mutation du fait du développement numérique ; dans certains cas, cela se répercute forte-ment sur le secteur de la musique (côté radio notamment).

Les facteurs liés à la diffusion de la musique enregistréeLa crise de la diffusion des supports physiques entraîne mécaniquement une crise de la distribution aux détaillants, qui touche les majors – les-quelles intègrent la distribution à leurs activités de production –, mais aussi quelques indépendants (Wagram, Naïve ou Pias sont également distributeurs). La crise affecte également les détaillants eux-mêmes. Les grandes surfaces spécialisées (FNAC, Virgin, espaces culturels Leclerc, etc.) représentent désormais 54 % de la commercialisation des supports physiques. Les grandes surfaces généralistes, qui réduisent les linéaires de façon encore plus drastique que les grandes surfaces spécialisées, ont, elles, perdu des parts de marché. La concentration en centrales d’achat de ces détaillants rend plus difficiles la tâche des commerciaux et les actions de promotion ciblées en magasins sur un territoire. Beaucoup de disquaires indépendants ont disparu. Certains producteurs, générale-ment positionnés sur des niches, possèdent leurs propres magasins, mais le recul des ventes pourrait réduire leurs parts de marché. En termes de

chiffre d’affaires, les circuits traditionnels dominent encore. Toutefois, les nouveaux circuits de diffusion des supports numériques se développent. Les distributeurs numériques ou agrégateurs proposent des services de numérisation, d’encodage, etc. et permettent de mettre en ligne des ca-talogues sur les principales plateformes de téléchargement (Apple, FNAC, Virgin, Amazon…). Les opérateurs de téléphonie offrent des ser-vices tels que les plateformes mobiles de téléchargement ; les fournis-seurs d’accès à Internet passent des contrats avec des éditeurs phonogra-phiques afin d’avoir accès aux catalogues ; les sites d’écoute et le streaming sont désormais accessibles sur les téléphones mobiles et les sites com-munautaires (MySpace, YouTube, Dailymotion…). Les éditeurs phono-graphiques concluent avec ces nouveaux acteurs des contrats qui leur permettent de devenir partenaires plutôt que de simples négociateurs de licences (c’est le cas d’Universal et de la téléphonie mobile avec Univer-sal Mobile).

à noterUne dizaine d’opérateurs se sont positionnés sur ces marchés de la diffusion, dominés par iTunes (développé par Apple afin de « booster » ses ventes d’iPod), pour l’achat à l’acte. Mais il est probable que ces diffuseurs se concentrent et, dans ce cas, ne survivraient que ceux ayant acquis une dimension internationale.

de nomBreux FActeurs d’évolution

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à retenirIl existe trois nouveaux circuits de diffusion. 1- La location de musique par abonnement. Développé sur téléphonie mobile et certaines plateformes Internet, le principe permet, moyennant un abonnement, d’écouter ou de télécharger en illimité de la musique. 2- L’achat à l’acte au prix unitaire. Pour que ce système soit rentable, les sites de vente à l’acte multiplient les modes de diffusion au-delà du seul téléchargement unitaire : streaming, transfert vers un lecteur portable, etc. 3- L’accès gratuit grâce à la publicité, un modèle qui n’a toutefois pas encore démontré sa viabilité économique.

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Les facteurs concurrentielsPlusieurs de ces nouveaux acteurs élargissent leurs activités. Les distri-buteurs numériques ou agrégateurs s’investissent, par exemple, dans le marketing et la promotion et demain, peut-être, dans le merchandising et la gestion des droits. Des opérateurs de téléphonie mobile comme SFR jeunes talents publient des titres sur le Web, s’associent avec des festivals pour l’enregistrement et la représentation, soutiennent le spectacle vivant (retransmission de concert sur mobile, partenariat avec des salles, etc.).Si les médias (télé, radios) diffusent moins de musique qu’avant, ils se positionnent sur les contenus et, eux aussi, sur le spectacle vivant. Une orientation prise également par les plateformes de téléchargement dont certaines, en outre, se lancent dans la production d’artistes (MySpace par exemple). Les éditeurs doivent aussi compter avec la concurrence des tourneurs et des organisateurs de spectacles dont certains contrats in-cluent la production. Enfin, les blogs (même si certains professionnels relativisent l’impact de cet outil de communication) réalisent un véritable travail éditorial et de promotion.

Les facteurs sociétaux Les nouveaux supports génèrent chez le consommateur de nouveaux comportements et pratiques culturelles. Le téléchargement illégal y est pour beaucoup : le concept de la gratuité de la musique gagne l’opinion publique ; la musique est un bien partageable, d’où une mutualisation et des échanges de pair à pair importants. Certains consommateurs devien-nent des prescripteurs, notamment via les blogs. Cette évolution affecte durement l’industrie musicale. La faible rémunération de l’écoute et le fait qu’une majorité des consommateurs opte pour le titre et non plus pour l’album entraînent une dévalorisation du travail des éditeurs (et bien sûr une baisse de revenus). La mobilité du public, l’abolition du temps et de l’espace dans l’écoute de musique enregistrée contraignent les éditeurs à plus de réactivité. Le cycle de vie des produits est plus court, la consommation de nouveautés plus rapide.

Les facteurs d’évolution juridiques et fiscauxDepuis 2001, époque où est apparu le téléchargement illégal, la branche a réagi : dépôts de plaintes contre les éditeurs de logiciels peer to peer et les internautes pirates, poursuite de certaines plateformes pour violation du droit d’auteur. Pour protéger la profession et s’adapter à l’économie numérique, la réglementation nationale et européenne a évolué.>Mesures juridiques. Une loi Droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) a été adoptée en 2006, suivie de la loi Création & Internet créant la Haute autorité de diffusion des œuvres et de protection des droits sur Internet (Hadopi) et instituant un mécanis-me de « riposte graduée ». Celui-ci prévoit deux messages d’avertisse-ment aux internautes dans l’illégalité avant une éventuelle sanction. Mais l’application de ces textes est parfois difficile. On a observé que les DRM (Digital Right Management) ou MTP (mesures techniques de protection) mis en place par la loi DADVSI dans le but de limiter le nombre de co-pies, empêchaient une interopérabilité dans la lecture des contenus. Résultat : ces moyens se sont révélés faiblement pertinents pour la vente à l’unité. >Mesures fiscales. L’idée de faire passer la TVA à 5,5 % n’a pas en-core abouti. En revanche, le crédit d’impôt phonographique, en vigueur depuis juillet 2007 et prorogé en 2009, permet aux entreprises de récupé-rer une part de leurs dépenses de production et de développement à hauteur de 20 %. Un levier pour maintenir la production et l’emploi, tant pour les artistes et les techniciens intermittents que pour les effectifs per-manents. La branche souhaite cependant que ce dispositif, complexe dans sa mise en œuvre, soit amélioré afin d’en tirer le meilleur parti.

à noterLa loi IPRED, adoptée en Suède, en 2009, qui permet de repérer l’adresse IP des contrevenants, semble avoir des résultats positifs. Au 1er semestre 2009, les ventes de musique en ligne ont augmenté de 57 % et celles des albums, de 9 %.

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Une production nationale importanteLa France est le 3e pays en termes de poids de la production nationale, derrière les États-Unis et le Japon. Ailleurs en Europe, on note une baisse importante de la production nationale (c’est le cas notamment en Belgique).

Interopéra- bilitéPossibilité d’écouter un fichier musical acquis légalement sur tout type de lecteur.

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Une diversification des activités…

Pour faire face à ces évolutions, la branche se réorganise. On observe une diminution des entreprises de plus de 20 sala-riés (- 44 % entre 2000 et 2007), et ces dernières font l’objet d’une concentration croissante. Des majors achètent des indépendants (ainsi, en 2007, Universal Music a racheté V2

Music Group) et, la possession de catalogues importants devenant essen-tielle du fait du développement de la musique en ligne, les rachats de cata-logues sont légion (Universal Music Group a racheté BMG Publishing). Autre évolution : l’augmentation du nombre de très petites structures.Les entreprises diversifient leurs activités. Certaines investissent dans le spectacle vivant en produisant ou coproduisant des spectacles (pour ce

faire, Warner Music France a pris le contrôle de la société de concerts Jean-Claude Camus). D’autres, afin d’augmenter leurs rémunérations, créent des partenariats avec des fabricants de produits dérivés ou des sociétés spécialisées dans le merchandising. D’autres pistes sont explo-rées, comme l’insertion de musique dans un film, une publicité ou des jeux vidéo (publishing et synchronisation), qui rapportent également des revenus complémentaires aux éditeurs. Ces activités de l’édition musi-cale sont développées par les majors et les indépendants les plus impor-tants. La création de plateformes portant le nom du label et permettant une vente directe au consommateur, l’édition de livres, la distribution de vidéos pour le compte de chaînes de télévision font également partie des « orientations ». Cette diversification concourt à une stratégie du « 360 ° », initiée par les majors. Il s’agit pour l’éditeur d’être présent sur la totalité de la filière de la production musicale. Pour cela, il multiplie les modes d’exploitation et les sources de revenus à partir d’un artiste, qui devient le centre de gravité du processus de production et d’exploitation, une « marque » en quelque sorte. « Ingrédients » : le licensing, l’élaboration de contenus vidéo et de supports numériques, le merchandising et l’in-vestissement dans le spectacle vivant…

Un labelest une unité créatrice au sein d’une maison de disques, chargée de découvrir des artistes ou dédiée à un genre musical. Sorte d’unité de recherche et de dévelop-pement, le label regroupe les postes stratégiques (directeur de label, directeur artistique, directeur marketing…).

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… et une réorganisation des métiers

Les mutations que connaît l’édition phonographique ont bien évidemment des conséquences sur l’emploi et les fonctions au sein des entreprises. Ces dernières années, la branche a dû mettre en place plusieurs plans sociaux et, comme on l’a dit, a perdu 13 % de ses effectifs globaux

depuis 2000. La perte a même atteint 25 % chez les majors, principal bassin d’emplois de la branche, entre 2006 et 2008. Cette baisse devrait hélas se poursuivre, les supports numériques générant moins d’emplois que les supports physiques.Une redistribution des fonctions et une évolution des métiers se dessi-nent. Certaines fonctions support (comptabilité, informatique, contrôle de gestion et des royalties) sont de plus en plus externalisées, parfois hors de nos frontières (en Inde, en République tchèque…). Les fonc-tions de distribution et de commercialisation, très touchées par la bais-se des ventes des supports physiques, connaissent une baisse significa-tive du nombre de salariés. Les effectifs des fonctions artistiques et de marketing-promotion devraient, eux, se maintenir, car ces activités sont rattachées à ce qui constitue le cœur de métier de la branche et qu’elles sont très concernées par la diversification « 360 ° ». Cette « refonda-tion » n’est pas sans créer des problèmes de ressources humaines aux entreprises : reconversion de certains salariés, amélioration des compé-tences, recrutement.

Outre les évolutions attendues (voir tableau), les phénomènes concomi-tants de diminution du nombre de salariés et d’un élargissement des activités entraînent un besoin fort de polycompétence. Les équipes de-vront avoir des compétences transversales dans des domaines clés : maîtrise de l’anglais, recherche de financements créés par l’État, de par-tenariats, etc., connaissance des nouvelles technologies (supports d’écoute, outils et acteurs de la diffusion), capacité à s’adapter aux évolutions du secteur, créativité marketing aboutissant à des projets originaux.La formation des salariés, le recrutement de nouveaux profils constituent donc des priorités pour la branche. D’où la nécessité d’une politique forte de ressources humaines et de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

FONCtiONS mÉtierS prObLÉmatique pOur LeS eNtrepriSeSMétiers distribution physique logisticien reconversionen déclin Magasinier commercialisation VrP support Finance, comptabilité, royalties externalisation

Métiers en artistique directeur artistique évolution mutation assistant artistique des compétences et/ou Marketing/promotion directeur marketing de recrutement chef de projet attaché de presse support Juriste

Métiers en commercialisation commercial sur support Web recrutementémergence ou nouveaux supports distribution numérique développeur informatique ingénieur informatique Production son et image Webmaster

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trOiSième partie

Des défispour demain

La profession prépare résolument l’avenir, lequel demeure incertain. Pour réussir son adaptation

aux nouvelles donnes, elle a arrêté, sur les propositions du contrat d’étude prospective, une dizaine d’actions qui constituent autant de défis pour demain. Certaines sont déjà des réalités et d’autres, bien engagées. Au cœur des priorités : la formation, une politique forte de ressources humaines et de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

Pour une mutation réussie

D’après le contrat d’étude prospective réalisé, la situation de la branche peut évoluer selon trois scénarios. Le scé-nario A, « perte de valeur de la musique enregistrée », a été d’emblée écarté par la profession. Elle privilégie le scénario B, celui de « la mutation réussie ». C’est à partir

de ce scénario qu’ont été élaborées les recommandations que l’on verra plus loin. Le scénario C est celui du « déplacement de la valeur ajoutée de la musique enregistrée », sorte d’intermédiaire entre les deux autres. Certains l’estiment « probable ». Mais, nous l’avons dit, c’est le scénario B qui est privilégié, même s’il ne constitue pas un « scénario miracle » et si la bataille est loin d’être gagnée.Quels en sont les postulats ?< L’environnement économique et la réglementation évoluent favorablement. Grâce à l’application de la loi Création & Internet Hadopi, le nombre de téléchargements illégaux diminue. Des outils définis conjointe-ment par la profession et les fournisseurs d’accès à Internet permettent de mieux les contrôler. Les technologies « de contournement » sont limitées.< L’État, défendant la création française, intervient plus large-ment et aide à la régulation.< Les nouveaux canaux de diffusion et de consommation se concentrent sur des modèles viables et rémunérateurs pour les produc-teurs. Les modes de diversification et/ou d’accompagnement de l’œuvre musicale (merchandising, synchronisation…) permettent une croissance du chiffre d’affaires.< Les entreprises traditionnelles parviennent à s’adapter aux mutations du marché. Elles maîtrisent les catalogues, confirment leur savoir-faire en matière de production, renforcent leur politique de di-versification et leur stratégie du « 360 ° ». Elles anticipent et innovent (prospection efficace des tendances sociétales et des modes de consom-mation, offre enrichie de supports de consommation répondant à une diversification des marchés…). Elles sont moins nombreuses et recon-figurent leurs équipes.

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Toutes ces conditions réunies devraient permettre une stabilisation de la baisse des emplois (la branche reste toutefois inquiète à ce sujet) et créer « une dynamique des compétences ». Des compétences renouve-lées et des profils plus pointus sont indispensables afin de répondre aux besoins dans plusieurs domaines : commercial (pour la distribution nu-mérique), marketing et promotion (pour accompagner l’enrichissement de l’offre et répondre à la diversification des entreprises – nouvelles technologies, stratégie marketing globale, nouveaux outils…). Autres « ingrédients » : une bonne gestion des compétences, un transfert des connaissances et des savoir-faire, une polycompétence permettant de s’adapter aux évolutions du marché et de bâtir des projets originaux…

La profession a retenu 10 actions clés à mener pour réussir son adaptation 1- Sensibiliser les entreprises à la nécessité d’avoir une politique de gestion des ressources humaines (GRH). Moins d’une dizaine d’en-treprises disposent d’un service RH car la branche comprend beaucoup de petites structures. En outre, la passion du métier fait qu’on est moins sensible à cette question que dans d’autres secteurs. Longtemps, on ne s’est pas préoccupé du recrutement, de la mobilité, de la gestion des départs, etc. Ainsi, le recrutement pour les postes artistiques, ceux liés à la promotion et à la communication, s’effectue par cooptation ou par le réseau, ou en faisant appel à des personnes travaillant déjà dans la pro-fession. La mobilité professionnelle est limitée par la taille des entrepri-ses et la spécialisation des compétences. La mobilité externe existe, mais elle n’est pas généralisée.

10 actions clés

Vers de nouveaux profils et de nouvelles compétences

pour une mutAtion réussie

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2 - Mobiliser et professionnaliser les dirigeants de TPE et PME et les responsables RH à la GRH, en mettant à leur disposition une boîte à outils, des conseillers, en favorisant l’échange de pratiques…

3 - Outiller les entreprises en matière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Il est important qu’elles an-ticipent les besoins pour pouvoir accompagner les projets stratégiques. Des moyens simples peuvent être mis en place (fiches méthodologi-ques, formation, conseil, etc.).

4 - Élaborer, à l’échelle de la branche, un dispositif de formation conti-nue permettant de répondre aux défis d’adaptation des salariés aux nouvelles exigences. Cela suppose une analyse de l’offre actuelle et son adéquation aux besoins des entreprises, la mise en place de formations spécifiques, etc.

5 - S’investir plus significativement dans l’orientation de la for-mation initiale, ce qui permettrait de faire évoluer, ou de mettre en place, des certifications spécifiques.

6 - Mobiliser les salariés pour qu’ils développent leurs atouts d’employabilité, en les rendant davantage acteurs de leur parcours et en les aidant à élaborer des projets professionnels. Il est indispensable de valoriser leurs compétences (en recourant notamment à la valida-tion des acquis de l’expérience – VAE –) et, par ailleurs, de leur propo-ser en priorité les nouveaux postes avant de recourir aux recrutements externes…

7 - Préparer les mobilités externes en favorisant les passerelles entre la branche et les secteurs qui recrutent. Analyser pour cela les possibilités de « passage » existantes, échanger entre organisations professionnelles, faire intervenir des cabinets de reclassement…

8 - Étudier les possibilités de mise en commun de postes poin-tus à temps partagé via des rapprochements d’entreprises, des échan-ges d’expériences…

9 - Mettre en place un outil de veille et d’alerte sur la situation des entreprises et de l’emploi.

10 - Ajouter plus explicitement le volet emploi dans les sollicita-tions adressées aux pouvoirs publics afin d’obtenir d’eux un soutien économique et de régulation.

à noterUn observatoire prospectif des métiers et des qualifications de l’édition phonographique a été créé, placé sous la tutelle de la CPNEF/EP et géré par l’Afdas. Son rôle : « assurer une veille sur les métiers et les évolutions du secteur, identifier les changements susceptibles d’affecter le niveau et le contenu des qualifications et fournir toutes informations permettant d’éclairer les partenaires sociaux sur les orientations à donner prioritairement à la formation.

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Outre la convention collective nationale de l’édition pho-nographique signée, on l’a vu dans la 1re partie, le 30 juin 2008, par les partenaires sociaux, la branche s’est déjà significativement engagée en matière de gestion des ressources humaines et de formation.

Ainsi, l’accord de branche relatif à la formation professionnelle du 15 avril 2006 a été étendu le 9 février 2007. L’objet principal est de définir les objectifs et les moyens de la formation professionnelle continue. Cet accord de branche donne toute leur place aux divers dispositifs et actions de formation (DIF, CIF, entretien professionnel, contrat de professionna-lisation…) ainsi qu’au bilan de compétences et à la validation des acquis de l’expérience (VAE). Des accords sur la gestion prévisionnelle des em-plois et des compétences (GPEC) et sur la place des seniors dans l’entre-prise ont également été mis en place.L’avenant n° 3 à l’accord de formation prévoit le relèvement du niveau des cotisations de la formation professionnelle continue pour les entre-prises de 10 à moins de 20 salariés.En outre, dès avant la conclusion de ces accords, la branche a mis en place une commission paritaire nationale emploi formation/édition pho-nographique (CPNEF/EP) aux termes d’un accord conclu le 13 avril 2005. Cette commission participe à l’élaboration et au suivi de la mise en œu-vre de la politique de l’emploi et de la formation et dispose d’une attribu-tion générale de promotion de la formation professionnelle, en liaison avec l’évolution de l’emploi.

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Des avancées significatives

Le CEP a été suivi par un Comité de pilotage ci-composé : le ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DgeFP) ;

le ministère de la Culture et de la Communication ; le Syndicat national de l’édition phonographique (SneP) et ses représentants : emi Music France, Sony Music France, Universal Music France ; l’Union des producteurs de phonogrammes français indépendants et son représentant : Wagram Music ; les représentants des organisations syndicales représentatives de salariés : Fédération Communication, Conseil, Culture CFDT (F3C-CFDT), Fédération des travailleurs des industries du Livre, du Papier et de la Communication CgT (FilPac-CgT), Confédération française de l’encadrement - Confédération générale des cadres (CFe-CgC), Force ouvrière (Fo-SnPeP), Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC) ; les représentants de l’organisme paritaire collecteur agréé aFDaS.

SYNTHÈSE N° �1Publiée par la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle7, square Max-hymans, 75741 Paris Cedex 15.

Conception et réalisation :Bayard Presse/Senior expert18, rue Barbès, 92128 Montrouge.rédaction : Patrick Coudreau.Mise en pages : richard gillery et eric Merki.Secrétariat de rédaction : Martine Kanters.

Couverture : Phovoir/Bib.imprimé en France par SaCi PrinTDate de publication : 2010.iSSn en cours.

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En réponse aux attentes des partenaires sociaux, la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle a engagé avec les branches professionnelles une série d’études sur l’emploi et la formation : les Contrats d’études prospectives. Ces travaux traduisent la volonté des pouvoirs publics de susciter des démarches collectives impliquant les branches et les entreprises pour structurer les politiques d’emploi et de ressources humaines. Le CEP de l’édition phonographique, à partir duquel a été élaboré ce document de synthèse, dresse un état des lieux économique, social et organisationnel du secteur et en propose une vision prospective à l’horizon 2020. Les nouvelles technologies, le « piratage », la baisse des ventes des supports physiques (CD, DVD) affectent durement le volume d’affaires des éditeurs phonographiques. Diversifier les activités, créer des plateformes permettant une vente directe au consommateur, se lancer plus encore dans la stratégie du « 3�0 ° » qui consiste à être présent sur l’ensemble de la filière de la production musicale… les moyens de rebondir ne manquent pas. Pour s’adapter et assurer son avenir, l’édition phonographique s’est engagée dans un programme ambitieux qui fait la part belle à la formation et à une politique forte de gestion des ressources humaines.

L’étude dont est tirée cette synthèse a été réalisée par le consortium Ambroise Bouteille et Associés. Cette synthèse n° �1 est publiée par la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle, 7, square Max-Hymans, 7�741 Paris Cedex 1�.

Elle est disponible sur le site

www.emploi.gouv.frdu ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi.