carnet pères en mer 2014

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26 mai - 1 er juin 2014

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Carnet du participant à la croisière Pères en Mer édition 2014http://peres-en-mer.blogspot.com/

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Page 1: Carnet Pères en Mer 2014

26 mai - 1er juin 2014

Page 2: Carnet Pères en Mer 2014
Page 3: Carnet Pères en Mer 2014

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« Il y a trois choses que mon âme désire,

qui sont agréables à Dieu et aux hommes : l’accord entre frères, l’amitié entre voisins,

un mari et une femme qui s’entendent bien. » Ecclésiastique 25,1

Bienvenue à bord !

J’arrive à la Trinité sur Mer ― ponton E ― pour embarquer avec d’autres. J’ai posé un acte volontaire pour entrer dans l’expérience de la mer, de la rencontre et de la prière. Il y a en moi un désir fort.

Je ne sais peut-être pas très bien ce que je suis venu chercher, mais je

peux reconnaître un appel, une invitation à quitter mon quotidien pour oser l’aventure marine avec moi-même, avec les autres, avec Dieu, pour oser répondre à cet appel avec un cœur libre et généreux.

Page 4: Carnet Pères en Mer 2014

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Participants

Jean-Michel A., skipper amiral

Marc B.

Bernard B., aumônier

François-Xavier de C.

Pierre C., aumônier

Jean-Claude D.

Ludovic D.

Vincent D.

Luc F.

Hervé F.

Charles de F.

Michel G.

Renaud J.

Gilles L.

Bertrand L., skipper

Patrick L.

Jean-Luc de M.

Mathieu M., skipper

Jean-Marie M.

Jean P.

Guillaume P.

Jean-Bernard R.

Bertrand S.

Page 5: Carnet Pères en Mer 2014

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Programme

« Pour l'homme humble, et pour lui seulement, le soleil est vraiment un soleil ;

pour l'homme humble, et pour lui seulement, la mer est vraiment une mer. »

Gilbert KEITH CHESTETON

Lundi 26 mai = accueil, installation, embarquement Mardi 27 mai = à 10 heures : « Entrer dans la croisière »

= Navigation de La Trinité à Le Palais (Belle-Île) Mercredi 28 mai = Navigation de Le Palais (Belle-Île)

à la rivière de Belon Jeudi 29 mai = Navigation de la rivière de Belon

à Concarneau = Messe de l’Ascension vendredi 30 mai = Navigation de Concarneau

à Groix Samedi 31 mai = Navigation de Groix

à La Trinité. = à 19 heures : messe anticipée du dimanche = Restaurant Dimanche 1er juin = Inventaire des bateaux = Départ

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Lundi 26 mai Saint Philippe NERI

« Je prenais la mer, à destination d'une île, pour y chercher des trésors cachés. »

L'île aux trésors, 1883 Robert Louis Stevenson

Actes des Apôtres (16, 11-15) Avec Paul, nous avons pris le bateau à Troas, et nous avons gagné

directement l'île de Samothrace, puis le lendemain Néapolis, et ensuite Philippes, qui est une cité romaine, la première de cette région de Macédoine. Nous avons passé là quelques jours et, le jour du sabbat, nous sommes allés hors de la ville, au bord de la rivière : nous pensions y trouver l'endroit où les Juifs venaient prier. Nous nous sommes assis, et nous avons parlé aux femmes qui étaient réunies.

Il y avait parmi elles une certaine Lydia, une commerçante en tissus de pourpre, originaire de la ville de Thyatire, qui adorait le vrai Dieu. Elle nous écoutait, car le Seigneur lui avait ouvert l'esprit pour la rendre attentive à ce que disait Paul.

Elle se fit baptiser avec tous les gens de sa maison, et elle nous adressa cette invitation : « Puisque vous avez reconnu ma foi au Seigneur, venez donc loger dans ma maison. »

Et nous avons été forcés d'accepter.

Psaume 149 1 Alléluia ! Chantez au Seigneur un chant nouveau, louez-le dans l'assemblée de ses fidèles ! 2 En Israël, joie pour son créateur ; dans Sion, allégresse pour son Roi ! 3 Dansez à la louange de son nom, jouez pour lui, tambourins et cithares ! 4 Car le Seigneur aime son peuple, il donne aux humbles l'éclat de la victoire. 5 Que les fidèles exultent, glorieux, criant leur joie à l'heure du triomphe. 6 Qu'ils proclament les éloges de Dieu, tenant en main l'épée à deux tranchants.

Page 7: Carnet Pères en Mer 2014

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7 Tirer vengeance des nations, infliger aux peuples un châtiment, 8 charger de chaînes les rois, jeter les princes dans les fers, 9 leurs appliquer la sentence écrite, c'est la fierté de ses fidèles. Alléluia !

« Alors, pourquoi partent-ils ? Sous quelle impulsion ? Tout d'abord, parce qu'ils aiment naviguer ! Le plaisancier est un être bizarre, qui paye très cher, en argent et en soucis, le plaisir de trembler en mer. Car il tremble sans cesse : pour son bateau, pour ses compagnons, pour lui ; pour son honneur, qu'il estimera perdu s'il « cafouille », s'il fait une fausse manœuvre, si même il ne tire pas le meilleur parti possible (le sens du mot « meilleur » étant fixé par un évangile mystérieux et sacré) du temps qu'il fait. Certes, par moments, il est comblé de bonheurs, de beautés, même de douceurs ; souvent, il l'est de puretés, extérieures et intérieures, et là se trouve peut-être la petite clef d'or de son paradis ; mais ces joies et même ces puretés sont ternies sans cesse (s'il est le capitaine) par des appréhensions, des précautions à longue échéance qu'il sait de son plus strict devoir de prendre, des supputations du pire, un pessimisme extrême qui s'appelle la prévoyance. Si gouverner c'est prévoir, naviguer c'est prévoir qu'il faut prévoir. »

Les navigateurs solitaires, 1953 Jean Merrien

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Mardi 27 mai Saint Augustin de Cantorbéry

Temps de prière

« L'attention, à son plus haut degré, est la même chose que la prière. Elle suppose la foi et l'amour. »

La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil

Psaume 137

1 De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges,

2 vers ton temple sacré, je me prosterne. Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.

3 Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force. Ta droite me rend vainqueur.

8 Le Seigneur fait tout pour moi ! Seigneur, éternel est ton amour : n'arrête pas l'œuvre de tes mains.

Évangile selon saint Jean (16, 5-11) À l'heure où Jésus passait de ce monde à son père, il disait à ses disciples : « Je m'en vais maintenant auprès de celui qui m'a envoyé, et aucun de vous ne me demande : 'Où vas-tu ?' Mais, parce que je vous ai parlé ainsi, votre cœur est plein de tristesse. Pourtant, je vous dis la vérité : c'est votre intérêt que je m'en aille, car, si je ne m'en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l'enverrai. Quand il viendra, il dénoncera l'erreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation. Il montrera où est le péché, car l'on ne croit pas en moi. Il montrera où est le bon droit, car je m'en vais auprès du Père, et vous ne me verrez plus. Il montrera où est la condamnation, car le prince de ce monde est déjà condamné. »

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Silence Prière

Seigneur donne-nous de nous étonner, de quitter la tonalité courante,

et de prendre le temps des détours qui rafraîchissent le regard. Donne-nous de partir, sans nous laisser griser par des saveurs d'ailleurs, car

le chemin est d'abord à faire en nous-mêmes... là où se tiennent les résistances et les broussailles très anciennes.

Seigneur, donne-nous ton Esprit. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Sauveur. Amen

D’après Francine Carrillo in Vers l'inépuisable Notre Père

— Est-ce que ce n'est pas dangereux, de vivre à bord d'un bateau ? — Dangereux pour quoi ? — Pour la bonne entente.

Ce bref dialogue, je l'ai eu avec quelqu'un à qui j'avais confié que Helle et moi vivions à bord du Rustica toute l'année, nuit et jour, par beau comme par mauvais temps.

Par la suite, j'ai souvent rencontré des réactions analogues. Plus d'une personne m'a confié, sans que je lui demande rien, son intime conviction que jamais – sauf à devenir fou – elle ne pourrait vivre aussi près de quelqu'un d'autre (et surtout pas de son mari ou de sa femme) que l'on est obligé de le faire quand on vit à bord d'un petit bateau.

Pourquoi les candidats à la vie commune ne vont-ils pas davantage vivre un certain temps en mer ? Ils sauraient rapidement s'il vaut la peine de se mettre en ménage.

Quoi qu'il en soit, il semble certain que la vie à bord d'un voilier révèle vite les Manques et les limites en matière d'amitié et d'amour. Faire de la voile ensemble vous soude l'un à l'autre ou vous sépare pour de bon. Il n'y a pas de moyen terme.

Bjôm Larssort La sagesse de la mer, 2000

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Pour un temps de partage

Bonheur, dynamisme et gratitude…

« L'amour conjugal qui persiste à travers mille vicissitudes me paraît être le plus beau des

miracles, quoi qu'il en soit le plus commun. » François Mauriac

En revoyant mon histoire de couple et de famille durant l’année écoulée, je note ce qui a été et est heureux. Comme il s’agit davantage d’un temps de relecture priante, que d’un simple exercice d’introspection, je peux demander au Seigneur la grâce de la mémoire : « Seigneur donne-moi la grâce de revoir avec les yeux du cœur ce qui m’a rendu heureux depuis un an. » Quelques pistes pour guider la relecture :

- Quelles ont été les bons moments de cette année ?

- Y-a-t-il eu un événement particulièrement heureux ? Dans ce cas, quels sont les sentiments qui m’ont habité concernant cet évènement ?

- Qu'est-ce qui a été pour moi source de joie et d'espérance ?

- Qu'est-ce qui a été signe de croissance dans ma vie et autour de moi ?

- Qu'est-ce qui m'a aidé à vivre ? m'a donné le goût de vivre ?

- Qu'est-ce que j'ai aimé vivre et que j'aimerais revivre?

- Qu’est-ce que mon épouse m’a donné de vivre et pour lequel je lui suis

tout particulièrement reconnaissant ?

Pour le temps d’échange, je choisis un ou deux points que j’ai envie de partager avec les autres.

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LA RELECTURE une façon de se rendre attentif, dans l’Esprit,

au travail de Dieu dans sa vie

« Pars d'où tu es, sinon, tu n'arriveras nulle part ! » St François de Sales

Un groupe, une équipe qui se réunit pour rendre plus vraie sa quête de Dieu et se faire serviteur, est un lieu de grâce. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » Mt 18, 20.

LES PRÉSUPPOSÉS D’UNE RELECTURE

1- Nous avons la conviction qu’une présence invisible, mais réelle, agit dans notre humanité, dans notre cœur. Elle nous donne de reconnaître « comment Dieu travaille et agit » (ES n° 236) au cœur de nos vies. Comment le reconnaître ? comme les traces de pas dans le sable : ils se sont enfoncés, « imprimés » dans le sable à l’insu de celui qui marchait. En les voyant, nous savons qu’un être humain est passé par là. De même les « pas de Dieu » laissent en nous des traces :

2- Quelles traces sa grâce suscite-t-elle en nous ? On la repère par des « mouvements » (motions) tout à la fois psychologiques, affectifs et spirituels, car c’est ce tissu complexe qui fait de nous des vivants et atteste en nous la présence vivante de Dieu.

3- Dieu nous parle dans notre humanité. Et notre raison, notre imagination, notre mémoire, notre histoire, notre corps, notre sensibilité surtout, sont les lieux ordinaires de notre ÉCOUTE. Mais comment reconnaître sa voix au milieu des autres discours que nous tenons et entendons ? Dans les Exercices Spirituels, Ignace a donné des « règles » pour être attentif et trier ce qu’il appelle les « mouvements intérieurs » qui traversent tout homme (y’en a marre, c’est super ce qui m’arrive…), qui nous traversent, nous aussi. Le P. Gouvernaire nommait ces mouvements « les remous du désir », c’est à dire ce que produit en moi ce que je vois, ce que j’entends, ce que l’on me fait, ce que je fais…quand cela vient toucher ma mémoire, mon intelligence, ma volonté, mon affectivité,

4- RELIRE une réunion, un événement, un engagement…, consiste donc à prêter attention, après coup, à ce que nous avons éprouvé intérieurement en le vivant, en y participant, ce que cela a produit en moi, en nous et aussi au « comment çà me laisse, aujourd’hui » et « à quoi cela m’appelle-t-il » ? Faire cela, c’est faire un travail de mémoire : il est capital pour l’être humain de se souvenir. Et c’est aussi faire un travail de discernement, c’est à dire repérer, nommer, ces mouvements dans le contexte qui les a produits pour en chercher le sens spirituel et prendre les décisions qui nous permettront de nous engager davantage à la suite du Christ.

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La relecture n’est donc pas une appréciation technique du déroulement d’une réunion ou d’un événement, ou de la manière dont on assure tel service ; elle n’est pas davantage de l’ordre d’un bilan, d’une évaluation ; elle n’est pas non plus un jugement de valeur et encore moins une introspection psychologique.

ALORS, QU’EST- CE QUE C’EST LA RELECTURE ? RELIRE, c’est d’abord un exercice de LUCIDITÉ SPIRITUELLE qui met

en jeu la mémoire de ce qui est arrivé dans notre vie familiale, notre lieu de travail, notre profession, nos relations, avec des amis, dans l'Eglise, dans la société... – et que l'Esprit nous fait sentir comme important, à partir des signaux, des indices que sont les mouvements intérieurs qui nous traversent.

En somme, il s’agit d’apprendre à déceler, dans une prolifération de sentiments, ce que ces mouvements nous apprennent de nos véritables dispositions intérieures, reconnaître les résonances, les impacts de l’amour de Dieu dans nos cœurs de pécheurs pardonnés et aussi la manière dont Dieu nous conduit et s’y prend avec nous. Voilà ce que nous apprend la relecture (cf. Gal.5)

Ces mouvements me révèlent des besoins ou des opportunités dont je prends conscience : lesquels résonnent en moi ? Quels sont ceux qui m'attirent ou m’interpellent particulièrement ?

Quelle réponse donnerait un sens plus profond à ma vie, à la vie des autres et à celle de l’équipe, du mouvement ?

Repérer les fils rouges, ce qui me rend plus vivant dans la durée, prendre conscience de ce qui a été force de vie, qui m’a permis d’avancer et aussi de ce qui a été écueil, obstacles rencontrés, ce qui me ou nous construit et ce qui a détruit, blessé, voilà ce à quoi sert la relecture : elle aide à entrer dans une révélation de l’amour gratuit de Dieu, à la manière dont Marie l’a ressenti, elle qui (comme nous) « conservait et méditait toutes ses choses dans son cœur ».

POURQUOI RELIRE ? Dans la Bible, un des mots qui revient sans cesse est “souviens-toi”. Ce

“souviens-toi” est souvent adressé au peuple : Dt 8,2 “Souviens-toi de tout le chemin que Yahvé ton Dieu t'a fait faire pendant 40 ans dans le désert, afin de t'humilier, de t'éprouver et de connaître le fond de ton cœur : allais-tu ou non garder ses commandements ?” mais parfois aussi à Dieu : Ex.32,13 “Souviens-toi de tes serviteurs Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même et à qui tu as dit : Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, et tout ce pays dont je vous ai parlé, je le donnerai à vos descendants et il sera leur héritage à jamais."

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Pour le peuple d’Israël et les chrétiens, faire mémoire, se souvenir des merveilles que Dieu a fait pour lui, pour eux, est important. La Bible n’est pas autre chose qu’une relecture, mise par écrit, des évènements passés. « De là, je reconnais ce qui m’est arrivé comme bienfaits reçus » de la main du Seigneur. J’ai vécu, je reconnais la vie comme un don ». JC. Dhôtel.

Dieu nous parle à travers l’Ecriture. Il nous parle aussi à travers notre existence : les rencontres, les évènements divers, les situations que nous traversons… C’est pourquoi, il est tellement important pour nous de « faire mémoire », d’abord pour RENDRE GRÂCE (c’est la manière de vivre en communion avec Dieu à partir du concret de notre vie) et aussi pour nous aider à décider davantage de suivre le Christ : et cela s’incarne dans notre vie.

Dans le “Récit du Pèlerin”, on peut lire qu’ Ignace blessé par un boulet de canon et longuement immobilisé, commença à réfléchir aux pensées qui l’assaillaient et “saisissant par expérience qu’après certaines pensées il restait triste et après d’autres allègre, il en vint peu à peu à connaître la diversité des esprits qui l’agitaient, l’un du démon, l’autre de Dieu.” Et il acquit ainsi “de cette lecture, une lumière non négligeable”

La tradition spirituelle nous propose donc la relecture de notre vie comme voie de progrès spirituel. La relecture du passé, l’attention portée à l’alternance entre nuits et clartés aide à discerner ce qu’il est bon de faire pour l’avenir, pour prendre une décision : « Il n’y a pas de progrès spirituel en dehors de la durée assumée, du passé relu et unifié dans l’accueil de l’avenir » (M. Rondet, Christus n°153 pp 392-399).

COMMENT S’Y PRENDRE ? 1- Identifier ce que nous vivons : telle phrase entendue (Parole de Dieu

ou parole de quelqu'un) et qui revient et me fait du bien (consolation), ou à l’inverse m’agite (désolation), tel geste ou acte qui fait que je me sens heureux, que je suis plus réceptif aux autres,

Saisir ainsi ce qui se passe en moi, détecter mes mouvements d’humeur, être lucide par rapport à ce qui me met en colère, ce qui génère la paresse, ce qui me fait éviter une corvée, ce qui éteint mon désir de vie....

Il y a un bon Esprit qui laisse venir la grâce et un mauvais esprit qui me divise et divise tout, qui génère le doute, le soupçon, qui fait obstacle à la vie.

D’où viennent donc ces « mouvements » contrastés qui m’habitent quand je fais mémoire de ce qu'on m'a fait (ou: ce que j'ai fait'), de ce que ça m'a fait : et qu’est-ce que j'en fais...?

Appeler les choses par leur nom libère, permet de ne pas se raconter d’histoire. Reconnaître sans honte tel sentiment d’hostilité, d’antipathie, de jalousie, de colère.. ; les nommer, c’est déjà s’en distancier.

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2- Le pas suivant, c’est d’oser en parler au Seigneur, d’en faire la « matière » de ma prière pour qu’Il me donne la grâce de la paix, qu’Il m’éclaire de sa Lumière, qu’Il me libère de ce qui me rend sourd au souffle de son Esprit en moi et autour de moi.

Imaginons la relecture de Marthe lorsque, avec Marie, sa sœur, elle reçoit Jésus dans sa maison, qui est le lieu de l’intériorité, l’espace de la mémoire :

- Qu’est-ce qu’on m’a fait ? elle revoit la scène, elle a encore en mémoire cette boule de nervosité qui est montée en elle, son intervention agressive, et sa confusion à la réflexion que lui a faite Jésus.

Elle recherche la cause de son malaise : Lui a-t-on fait quelque chose ou s’est-elle sentie blessée ? que ressent-elle : jalousie, envie, orgueil, sentiment de ne pas être à sa place.?

- Qu’est-ce que ça m’a fait ? Elle reconnaît qu’elle a eu envie d’agresser Marie, de crier pour que Jésus la voie enfin…Elle se souvient d’autres circonstances où elle a déjà réagi ainsi.

Comme elle est honnête, elle ne rejette pas la faute sur Marie ou sur Jésus. Mais elle peut aussi faire preuve de scrupules et s’accuser elle-même, se juger. Or une relecture n’est pas une autocritique ou une auto -condamnation. Alors, Marthe va simplement décrypter ces forces contraires qui l’ont chahutée et prendre en compte l’état des lieux : fatigue, soucis, crainte d’un évènement à venir peut-être ? Parce que le but est de savoir comment et dans quelles circonstances, elle se laisse aller vers le moins bon d’elle-même.

- Qu’est-ce que j’en fais ? Reconnaître des faits et des sentiments ne suffit pas : il faut les laisser convertir. Marthe demande pardon à sa façon, elle demande au Seigneur de l’aider dans son impatience, sa violence…et la voilà capable soudain de rendre grâce.

Et Marie, que se passe-t-il dans sa relecture ? Je vous laisse faire vous-même sa relecture.

Quant à Jésus, nous le laisserons la faire lui-même en notre coeur. On pourrait continuer en regardant ce qui se passe dans la rencontre de

Jésus avec le jeune homme riche par exemple. : joie ? paix ? tristesse ? insatisfaction ?....d’où cela vient-il ?

EN FINALE, QUE DECOUVRONS-NOUS ? Le bon Esprit "nous enflamme pour le Seigneur, augmente le courage et

les forces de ceux qui agissent droitement et retire les petits obstacles pour aller plus aisément et plus joyeusement de l'avant dans les bonnes actions" (exercices spirituels - règle 315)

Le mauvais esprit "sème le trouble et incite aux choses basses et terrestres, il insinue inconvénients, scrupules, tristesse et raisons fausses" (règles 315 et ss).

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Faite dans la prière, comme une prière, dans la confiance les uns envers les autres, la relecture permet de ne pas laisser une réunion, un événement sans avoir pris le temps de recueillir ses fruits, c’est à dire repérer les élans, les dynamismes : à quoi l’Esprit m’appelle-t-il, où nous appelle-t-il à travers cela ? et repérer aussi les résistances ( la réaction que j’ai eue, que certains ont eue qui me semble marquante ; quelle en est donc la nature : blocage, refus, tentation ? ) tout cela en gardant en mémoire le projet de départ.

Relire dans la foi un événement, une réunion d’équipe, un engagement (ou un service) au sein d’un mouvement, d’une association, c’est un moyen pour apprendre à ajuster ou réajuster nos choix, à choisir ce qui nous paraît le meilleur dans cette circonstance - là, c’est à dire choisir librement ce qui conduit à davantage de vie (selon l’Evangile). En fin de compte, c’est toujours la croissance qui est visée, pour chacun et pour le corps tout entier car, « si je me suis avancé dans un climat de foi, si je me suis purifié de tout a priori, si je me suis renouvelé dans l’Esprit du Christ, si mon désir s’est ouvert sans nulle réticence à tout ce qui pouvait émerger de plus consonnant au Mystère divin, alors ma réponse a chance d’être ce que Dieu attend de moi. Etant données les dispositions d’attention et d’ouverture à l’Esprit Saint qui m’habite, je peux dire en conscience que ce qui me paraît le meilleur est ce que Dieu veut de moi en cette circonstance » ( J. Gouvernaire - dans les remous du désir -Vie Chrétienne, n°183, déc.1975 –).

Michèle Vallée CVX

Mai 2010 « La prière est un dialogue, une interaction humaine et divine dans

laquelle l'être humain va à la rencontre de Dieu comme un fils ou une fille dont la présence est bienvenue et attendue. La prière commence avec la conviction que le Dieu infini et omniscient connaît toute pensée et toute intention du cœur avant même qu'elles ne soient conçues ou exprimées. La prière n'a pas pour but d'informer Dieu. Elle nous met en sa présence et l'invite dans notre vie. La prière engage par les mots qui sont prononcés. »

Dan Allender

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Mercredi 28 mai Bienheureuse Marie-Catherine de Saint Augustin

« Prie avant tout pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, parce que personne ne peut voir et comprendre,

si Dieu et son Christ ne lui accordent pas de comprendre. » Justin, in Dialogue (7, 3)

Temps de prière

Chant d’entrée

Actes des Apôtres (17, 15.22-34)

Les frères qui escortaient Paul l'accompagnèrent jusqu'à Athènes. Quand ils s'en retournèrent, Paul les chargea de dire à Silas et à Timothée de le rejoindre le plus tôt possible.

Invité à s'expliquer devant l'Aréopage, Paul, debout au milieu d'eux, fit ce discours : « Citoyens d'Athènes, je constate que vous êtes, en toutes choses, des hommes particulièrement religieux.

En effet, en parcourant la ville, et en observant vos monuments sacrés, j'y ai trouvé, en particulier, un autel portant cette inscription : 'Au dieu inconnu'. Or, ce que vous vénérez sans le connaître, voilà ce que, moi, je viens vous annoncer.

Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu'il contient, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas les temples construits par l'homme, et ne se fait pas servir par la main des hommes. Il n'a besoin de rien, lui qui donne à tous la vie, le souffle et tout le reste. À partir d'un seul homme, il a fait tous les peuples pour qu'ils habitent sur toute la surface de la terre, fixant la durée de leur histoire et les limites de leur habitat ; il les a faits pour qu'ils cherchent Dieu et qu'ils essayent d'entrer en contact avec lui et de le trouver, lui qui, en vérité, n'est pas loin de chacun de nous.

En effet, c'est en lui qu'il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d'exister ; c'est bien ce que disent certains de vos poètes : Oui, nous sommes de sa race.

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Si donc nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité ressemble à l'or, à l'argent ou à la pierre travaillés par l'art et l'imagination de l'homme.

Et voici que Dieu, sans tenir compte des temps où les hommes l'ont ignoré, leur annonce maintenant qu'ils ont tous, partout, à se convertir.

En effet, il a fixé le jour où il va juger l'univers avec justice, par un homme qu'il a désigné ; il en a donné la garantie à tous en ressuscitant cet homme d'entre les morts. »

Quand ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns riaient, et les autres déclarèrent : « Sur cette question nous t'écouterons une autre fois. » C'est ainsi que Paul les quitta.

Cependant quelques hommes s'attachèrent à lui et devinrent croyants. Parmi eux, il y avait Denis, membre de l'Aréopage ; il y eut aussi une femme nommée Damaris, et d'autres avec eux.

Silence Prière

Dieu, Père tout-puissant, nous te prions de répandre en nous ton Esprit Saint,

pour que nous soyons forts et intelligents dans la lutte contre les tentations de notre temps et que nous soyons persévérants dans le bien, pour mener à son achèvement notre vocation

et parvenir à la joie éternelle et parfaite que tu prépares pour tes enfants bien-aimés.

Amen. Carlo Maria cardinal MARTINI

Notre Père

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Pour un temps de partage

« À quoi reconnaît-on les gens fatigués ? À ce qu'ils font des choses sans arrêt. »

Christian Bobin

Donner une âme au temps libre

C'est le slogan que s'est donné la Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs. Plus qu'une maxime, c'est un programme et le sens d'une réflexion sur toute une partie de la vie de l'homme d'aujourd'hui.

Voici déjà dix ans que Jean-Paul II attirait l'attention des chrétiens sur un aspect important de notre vie sociale.

« L 'Eglise ne peut ignorer ce nouvel aspect de la vie des hommes qui se développe, surtout dans les pays industrialisés, c'est-à-dire "Le temps libre" dont une part importante est consacrée au tourisme. La consistance du temps vient de l'usage que l'homme en fait. Pour beaucoup, le temps désormais libre prend subjectivement plus d'importance que le temps consacré au travail. Aussi faut-il être attentif à l'usage de ce temps. Le temps libre est à la fins un temps de salut et un temps à sauver afin qu'il soit disponible pour le plein épanouissement de la vie personnelle et familiale. libre aussi pour le service de la communauté humaine par les engagements qu'il permet de prendre dans la vie associative. » (Jean-Paul II, Congrès de la PRTL - Rome 1990).

La réflexion de la Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs est sous-tendue par ces perspectives.

Un temps à occuper ?

Le temps libre est souvent vu comme un "temps à occuper" dans un

contexte de rupture et de compensation, opposé au temps de travail, temps de la contrainte, de l'effort. Il est conçu comme un espace qui va permettre la distance avec l'espace contraint et comme sclérosé de la vie, étroitement vécu dans une sphère trop lourde (temps de transport, temps domestique, temps du travail) : toutes activités qui pèsent sous le registre de l'impératif.

Dans notre société, le temps libre prend l'aspect d'une utopie en produisant des discours et des actions fortement idéologisés et servant de catalyseur pour faire advenir une nouvelle ère des loisirs.

Que faire de ce temps libre ? Poser le problème en ces termes, c'est

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tomber dans le piège d'un temps à occuper par des activités variées, fortement confisquées par l'économie. Les mécanismes qui vont se mettre en route pour répondre à cette question, que certains ressentent comme une angoisse, seront ceux d'une industrie de plus en plus élaborée, promue comme l'instrument de plus en plus indispensable d'un monde développé. Visant de plus en plus la rentabilité, les réalités du tourisme et des loisirs épousent toutes les contradictions du monde dans lequel elles agissent : exaspération des besoins et des désirs d'une clientèle potentielle, libération des modes vestimentaires, des habitudes de vie, jusqu'aux excès d'un libertinage sans retenue, sans trop d'exigences culturelles ou éthiques. Un temps à libérer

Sans doute faudrait-il voir ce temps libre non comme un temps à occuper à tout prix mais comme un temps à libérer pour le développement harmonieux de l'homme, de son être tout entier, de son rôle social et familial : un temps pour la "respiration", le repos physique et psychique, la reprise en main mentale et spirituelle, un temps pour la méditation... Un temps pour un nouveau regard porté longuement sur les choses (le monde créé, les œuvres d'art), sur les êtres (les amis, les enfants, les voisins), sur Dieu (lectures, approfondissement de la foi). Il peut être un temps de reconquête de soi et de formes nouvelles de relations aux autres.

Cela doit être vrai quand on choisit d'utiliser librement son temps libre, selon sa convenance ou même quand on préfère confier à d'autres ce soin : ce qui est le cas du tourisme aménagé, du sport encadré etc. Même en ces derniers cas, et c'est heureux, le désir des personnes se porte de plus en plus vers les contacts humains, les découvertes lentes et progressives, les voyages plus détendus moins encyclopédiques et bousculés. Il faut avouer que ces perspectives ne vont pas de soi et qu'il faut presque un apprentissage.

Pascal disait déjà dans les "Pensées" : "Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose. qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre... Ainsi s'écoule toute la vie. On cherche le repos en combattant quelques obstacles et si on les a surmontés, le repos devient insupportable par l'ennui qu'il engendre, il en faut sortir et mendier le tumulte."

Un nouvel art de vivre C'est souvent à chacun de s'observer et de réfléchir sur son mode de vie. C'est pourquoi pour l'Eglise aujourd'hui, la réflexion doit porter sur la gratuité qui doit être le ressort de ce temps libre : il ne suffit pas de réduire le temps de travail, faut-il découvrir encore le temps "qui ne rapporte pas", le temps qui libère intérieurement. Un bon équilibre travail-loisirs est souvent difficile à trouver. Si la libération du travail par le loisir va bon train, l'aptitude de la

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plupart à donner à ce temps libre son véritable contenu ne suit pas toujours. Mais le travail n'est pas le tout du développement humain. À l'heure actuelle, on ne peut négliger de faire porter la réflexion chrétienne sur "l'homme du temps libre" qui est souvent par là même "l'homme du tourisme et des loisirs", "l'homme du voyage".

Un nouvel art de vivre, sans doute, en tout cas un temps privilégié où l'Eglise peut poursuivre son œuvre d'évangélisation et de promotion de l'homme.

Il y a beaucoup à faire pour que ce temps libéré ne devienne pas occasion d'ennui ou d'évasion abrutissante, mais une chance d'éveil, un temps fort pour vivre. Beaucoup aussi à réfléchir avec les professionnels du tourisme.

Relisons le premier chapitre de la Bible (Genèse I: le livre du Commencement). Ce qui couronne la création du monde par Dieu, ce n'est pas la création de l'homme, mais le sabbat : le jour du repos de Dieu contemplant son œuvre. "Et Dieu vit que tout cela était très bon". Dieu a voulu donner ce signe à Israël afin de lui montrer que c'est Lui, le Seigneur qui consacre les jours. Il demande de l'imiter par le repos sabbatique : jour de souvenir, jour de mémorial. "Le sabbat est le symbole reposant de la liberté intérieure... il fait faire l'expérience fondamentale de la Création de Dieu, de la présence de Dieu". Il ne s'agit pas seulement de cesser tout travail mais de consacrer ses forces à célébrer dans la joie Celui qui a tout donné. C'est le jour de l'achèvement, du repos en Dieu, en attente du jour définitif d'un "temps libre éternel".

par Mgr Paul Guiberteau

Témoignage Vacances en famille

Elles évoquent sûrement pour la plupart d'entre vous, les grands rassemblements de cousins à l'occasion des fêtes de Noël ou des grandes vacances. Pour nous aussi bien sûr, mais en famille restreinte, elles recèlent en plus un parfum d'aventure !

Ainsi, nous avons randonné en âne sur les volcans d'Auvergne, à ski de fond dans le Jura, sur les canaux français et hollandais en péniche ; ou encore sur un voilier de 12 mètres autour des Îles du Morbihan. Ainsi, notre famille "fenouillarde" ne risquait pas d'être tentée par l'ordinateur ou la télé.

De ces expériences variées, nos enfants ont plébiscité les dix jours passés auprès d'un monastère en Haute Corse ; soleil garanti, plages, et randonnées à la clé avec les moines, messes en plein air, et première communion improvisée de l'un des enfants. Inoubliable...

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Notre équipée se compose de quatre loupiots de douze ans à trois ans, le plus petit n'étant certainement pas le dernier : il est à la hauteur de la situation sous la tente, comme sur les épaules de son papa...

Ces vacances sont une respiration, une pause revigorante pour chacun d'entre nous. La famille ainsi réunie se solidifie au travers d'un quotidien chaque jour réinventé, où chacun trouve sa place et son utilité. Surgissent à brûle-pourpoint des questions riches de sens de la part des enfants, et ils apprécient de trouver des parents disponibles pour y répondre dans l'instant.

Témoignage :Temps libéré dans un rythme minuté

Dirigeant d'une grande entreprise, j'ai une vie professionnelle très

accaparante :de 8 heures du matin à 8 heures du soir, les rendez-vous, les réunions, les déjeuners d'affaires, les interventions publiques se succèdent sur un rythme implacablement minuté. Pourtant, dans la réalité, il y a souvent des espaces imprévus : le visiteur qui n'est pas à l'heure ou s'est annulé, la réunion que je peux quitter plus tôt que prévu, le jour sans déjeuner professionnel, les trajets en voiture...

Pendant longtemps, ces espaces imprévus me déroutaient : j'étais perdu, à la fois agacé de voir un trou dans mon emploi du temps et désemparé devant les multiples façons de remplir ce vide ; il m'arrivait de me "jeter" sur des coups de fil à passer, de convoquer immédiatement des personnes, impatient de les "caser" dans mon emploi du temps...

Au fil du temps, grâce à la réflexion et à la prière, grâce à un accompagnement spirituel régulier, j'ai évolué. Ces espaces imprévus sont devenus le cadeau de ma journée, un temps de respiration, de ressourcement, de relation. Je me vois utiliser autrement "ces temps vraiment libres" : une disponibilité à la personne que je croise dans le couloir et avec laquelle j'accepte de "perdre" quelques minutes, un retour à pied au bureau (sans l'inévitable voiture de fonction) en regardant ce qui m'entoure, une échappée à Saint Eustache afin d'y vivre un moment de silence, un coup de fil gratuit à ma femme ou à l'un de mes enfants....

J'ai ainsi du temps libre dans mes journées de travail : ce temps libre ne figure pas sur mon agenda, il ne se mesure pas en durée, il ne s'identifie ni à un lieu, ni à une activité particulière... Même si je constate que j'ai évolué, rien n'est acquis : ce temps libre, vécu au sein d'un temps libéré, est toujours un combat, plus ou moins difficile selon les moments, un combat contre moi-même à travers la tentation de l'efficacité. de la rentabilité à tout prix. Au fond, mon temps libre est fonction de ma capacité à saisir les opportunités qui me sont offertes et de ma capacité à me libérer à un instant donné : me libérer des contraintes que je serais tenté de m'imposer pour être plus performant, me libérer de la culpabilité de "voler'' du temps à mon

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entreprise.... Et quand il est pleinement vécu, ce temps libre est pour moi un temps de grâce et de vraie relation, un temps qui me donne réellement vie en me permettant de garder une grande paix intérieure, malgré l'apparente bousculade de ma vie professionnelle.

Pistes pour le partage : � Que veut dire pour moi l’expression « temps libre » ? � Quels sont les trois points majeurs de ce texte qui rejoignent mon expérience et me font réfléchir ? « Un temps de salut et un temps à sauver » écrivait le pape Jean-Paul II : comment est-ce que je comprends cette expression ? � Quels serait les deux points majeurs de progression (concrets, pas de bonnes résolutions dont je sais à l’avance que je ne les tiendrais pas) pour moi, pour mon couple, pour ma famille à mettre en œuvre ? « Nous réalisons que ce que nous accomplissons n'est qu'une goutte dans l'océan. Mais si cette goutte n’existait pas dans l'océan, elle manquerait. »

Mère Teresa « L'Eglise, c'est la mer qui se met à chanter pour toujours dans le coquillage du monde. »

Olivier Clément « La volonté de Dieu se présente à chaque instant comme une mer immense que votre cœur ne peut épuiser. »

Jean-Pierre de Caussade

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Jeudi 29 mai Ascension du Seigneur

Temps de prière

Chant d’entrée

Chant d’entrée 62

2 Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : * mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. 3 Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. 4 Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! 5 Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. 6 Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. 7 Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. 8 Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. 9 Mon âme s’attache à toi, ta main droite me soutient.

Évangile de Jésus Christ selon Luc (24, 46-53)

Jésus conclut : « C'est bien ce qui était annoncé par l'Écriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d'entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C'est vous qui en êtes les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus d'une force venue d'en haut. »

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Puis Jésus emmena ses disciples jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et fut emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

Silence Prière

Donne-nous Seigneur d’avoir un cœur limpide et sans tricherie,

Donne-nous Seigneur d’avoir un regard doux et sans méchanceté,

Donne-nous Seigneur de poser sur nos lèvres le sourire et la joie,

Donne-nous Seigneur d’ouvrir des mains pour donner et partager,

Donne-nous Seigneur d’être attentifs et fidèles à ta Parole,

Donne-nous Seigneur d’aimer, sans compter ta tendresse.

Notre Père L' Ascension ouvre l'espace d'une espérance.

Quel contraste entre cette lourde pierre, roulée sur le tombeau où il gît

entravé de bandelettes dans les entrailles de la terre - dans "les enfers", dit le Credo -, et cet élan de liberté où il est emporté dans les nuées du ciel ! L'Ascension est l'achèvement d'une élévation, depuis la lente montée de la vie à travers les mutations de l'énergie et la transformation de la matière, puis la progression de l'humanité dans la maîtrise de son environnement, l'affirmation de sa liberté et la sensibilité plus grande de sa conscience à travers les abîmes du mal et de la mort, jusqu'à ce point d'obscurité et d'incandescence où le Christ ressuscité accomplit ce mouvement en le transfigurant. Tout cela en dépit du chaos ou par les jeux du hasard, malgré les impasses et, surtout, avec le pardon plus fort que les fautes, l'amour plus fort que la mort.

Jean-Marie Ploux, prêtre de la Mission de France,

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Pour un temps personnel

« L’amitié qui a sa source en Dieu ne tarit jamais. » Sainte Catherine de Sienne

Écrire une lettre à son épouse Une lettre, ou une carte, un peu solennelle, chacun selon sa manière et son style. Les objectifs pourraient être les suivants : 1) � Faire le point. « Voici le point où nous en sommes dans notre alliance. » 2) � Exprimer par écrit un motif de reconnaissance. « Je te remercie tout particulièrement pour ceci. » 3) � Oser une demande de pardon. « Pardonne-moi pour ceci. » 4) � Oser reconnaître des épreuves ou des blessures. « Sache que ceci m’est éprouvant, cela m’a fait mal, telle difficulté pourrait se présenter… » 5) � Exprimer un désir, un projet, une espérance. Au fond, il s’agit de dire à l’autre : « dans notre histoire, dans notre couple, voilà ce que je trouve particulièrement vivant, encourageant, prometteur. Sur telle et telle piste, nous sommes bien engagés. Et voilà aussi ce que je trouve moins vivant, moins prometteur. Sur ces terrains-là, je crois que nous devrions progresser. » Au bas de la lettre, pourquoi ne pas terminer par un mot de tendresse ?

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Pour un temps de partage

Dialogue en couple

Dialoguer en couple est un art qui s'apprend L'amélioration de la communication dans un couple est souhaitable. Elle est

possible. Mais si nous parlons de communication, prenons garde à l'usure et à la dépréciation des mots. Synonyme de « publicité », de « propagande », nous voudrions le recentrer dans son acception forte que sa racine rapproche de « communion ».

Ainsi, communiquer de personne à personne nous engage dans toute la profondeur de notre vie, avec nos singularités, notre caractère, notre histoire. Notre personnalité est souvent débordée par le domaine des sentiments, ces ondes fugitives qui jalonnent nos journées : les joies, les craintes, les déceptions, les peurs. Les émergences aussi de tout notre inconscient.

Et puis, nous découvrons davantage chaque jour, que nous sommes différeras. Pourtant c'est là notre richesse, c'est la belle aventure qui nous est donnée : le couple est un lieu privilégié pour se comprendre, élargir son regard, expérimenter l'altérité, afin d'atteindre l'unité dans la diversité. Cela s'appelle aussi l'harmonie.

Quelques pistes pour améliorer cette communication entre nous : — Veiller à consacrer le temps nécessaire pour être attentif à ce qui est

important pour l'autre : ce qu'il vit, ses joies propres, ses peines, ses tensions, ses attentes. Se donner des rendez-vous.

— Savoir écouter « avec le cœur » : partager, s'aider à s'exprimer sur ce qui est difficile ou obscur sans se presser de trouver d'abord les solutions.

— Pourquoi ne pas s'écrire les points délicats ou difficiles, rendus hasardeux ou blessants par l'expression orale?

— À l'inverse, être attentif à la communication silencieuse : connivence à distance dans un dîner, une réunion — émerveillement face à l'autre manifesté par un sourire. Ah, savoir encore se sourire quand tout ne va pas si bien !

— Avant de critiquer ou de s'opposer, tenter de s'expliquer le plus calmement possible sur ce qui se passe en soi. Ce qui est propre à sa personne. Et bien sûr, laisser l'autre s'expliquer dans le même sens.

— Nous pouvons, concrètement, illustrer deux attitudes dont on verra bien laquelle est réussie.

� Ce soir il n'est pas encore rentré du bureau. Il ne m'a pas prévenue. Je ne sais rien, rien de son emploi du temps.

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Spontanément, au fil des minutes, je deviens déçue, triste, inquiète, puis furieuse. Tous ces sentiments me débordent et quand enfin il rentre, mon comportement est perturbé. Je me laisse aller, me renferme. Sans lui dire « bonsoir » je me détourne de lui et finalement j'explose dans la colère : « Qu'as-tu fait ce soir ? Tu exagères. où étais-tu ? Pourquoi ne pas me prévenir ? Je ne compte plus pour loi ? Je ne suis rien. » Alors, tout va mal, si mal que je ne lui laisse pas même la possibilité d'une explication. Nous sommes dans l'impasse. Il n'y a plus de communication.

� Il tarde ce soir à rentrer. Voilà pourtant deux heures que j'attends. Je sens monter en moi des vagues successives de sentiments de déception, d'inquiétude, d'énervement, d'agacement, de tristesse. Toutefois, j'essaye de ne pas en rester là, et de me dire que si je l'accueille, dans cet état. l'explication va être difficile : peut-être même serais-je injuste à son endroit. Prenant du recul, je me dis : Il lui a peut-être été impossible de me prévenir. Il ne peut pas être indifférent à mon attente...! Insensiblement, je domine mon agacement et j'entre dans un minimum de calme. Aussi quand, quelques instants plus tard, il franchit la porte, je l'accueille en souriant. Un peu bouleversée je l'embrasse, lui disant sans reproche que je l'ai attendu pour dîner. Mais le climat de confiance est sauvegardé. Je peux accueillir ses explications. le rassurer même sur mon inquiétude. Alors seulement il pourra être question de ma solitude pendant cette attente, de mon regret de le voir travailler si tard. Et puis surtout je vais le faire parler de son travail, de cette bousculade, de ses longues heures de trajet. Nous sommes en confiance, et si quelque chose d'important devait être échangé, nous serions en état d'établir une vraie communication.

Anne et Dominique Mercier

Mariage-Rencontre

Obstacles à la communication en couple :

— la fatigue. le stress, — la télévision, — la présence très prenante des enfants. — nos engagements ou notre vie mondaine, — nos silences. Je parle de moins en moins de moi. Je demande à mon

conjoint de moins en moins ce qu'il ressent, — la peur de l'ennuyer avec ce qui me passe par la tête. — la peur de le décevoir, ou de le déstabiliser, — la paresse de prendre le temps nécessaire à se parler,

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— la recherche d'une solution immédiate, — le désir de rassurer l'autre au lieu de l'écouter, — la non-expression de mes sentiments, de ce que je vis, — la peur devant ce que l'autre me dit, — les journées qui passent sans temps pour prendre du recul seul ou à

deux, — nos différences perçues comme des handicaps et non comprises

comme des sources possibles de richesse, — la non-envie de sortir de nos habitudes ou de ce qui semble nous

rassurer, pour aller vers l'autre.

Face aux violences conjugales Accompagner les crises

Nadine Deveaux est psychothérapeute et thérapeute de

couple. Elle a travaillé dix ans dans le service de psychiatrie de la Maison d'Arrêt de Fresnes, puis a été coordinatrice d'un service d'accueil des conflits familiaux et de médiation familiale au Tribunal de Nanterre. Elle exerce actuellement dans un cadre hospitalier à l'unité de consultation médico-judiciaire (accueil des victimes) et est formatrice à l'Association française des centres de consultations conjugales (AFCCC).

— La croissance du nombre des divorces doit-elle être attribuée à

l'augmentation des conflits au sein des couples, à leur plus grande fragilité, ou plus simplement au fait qu'il est plus facile de se séparer ? Il est vrai que l'on compte aujourd'hui un peu plus d'un divorce pour trois

mariages. À Paris intra-muros, un ménage sur deux se sépare dans les premières années. Mais je ne suis pas sûre pour autant qu'il y ait davantage de conflits ; peut-être a-t-on actuellement moins de capacité à les traverser. Nous vivons dans une société très hédoniste où l'on a besoin de plaisirs immédiats, où l'on a du mal à gérer les frustrations, il faut la réussite à tout prix ! Telle est l'idéologie du moment. Par conséquent, un grand malaise est ressenti autour de la perte. du vieillissement, de la mort. On les cache. Et le couple est un peu malmené dans ce contexte. À cela s'ajoutent les raisons culturelles et sociales que tout le monde connait : les femmes travaillent. s'assument, ne dépendent plus financièrement de leur mari — ce qui leur permet d'être plus exigeantes sur le plan de la qualité relationnelle. Il me semble que l'on demande beaucoup au couple, à la relation affective, même si l'autonomie et l'indépendance sont prônées comme valeurs actuelles.

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— Il est plus difficile de traverser des crises, dites-vous. La crise est-elle

donc inévitable ? Les crises font partie de la vie. La naissance est déjà une crise. Puis vient

ce qu'on appelle la "crise du neuvième mois », la peur de l'étranger : le bébé a vécu en osmose avec son environnement, il a comme image prégnante le visage de sa mère. Vers neuf mois, il ressent l'angoisse d'être abandonné, une angoisse qu'il va projeter sur les autres visages, perçus comme menaçants. C'est l'angoisse de l'étranger. Plus tard, l'enfant n'acquiert son autonomie vis-à-vis de ses parents qu'en apprenant à dire "non". « On ne grandit pas sans violence » disait le psychanalyste Winnicott, pour signifier que l'on ne construit pas son individualité, on n'acquiert pas son autonomie de sujet sans deuil ni séparation. Ensuite, parents et adolescents ont à accomplir une difficile tâche pour se séparer. Ce qui ne va pas sans conflits ni crises. Tout cela est structurant. — Une certaine violence n'est donc pas toujours mauvaise. Tout dépend de la façon dont elle est gérée, métabolisée, transformée à l'intérieur du psychisme. Freud affirmait que la violence nait en amont de l'agressivité. Elle est liée à la vie, à l'instinct de survie. Quand le bébé n'a pas encore conscience de son environnement qu'il n'est pas encore différencié, il a déjà la perception confuse d'autre chose que lui-même, et, par instinct de sécurité et pour se protéger d'un extérieur menaçant, il met en place des mécanismes de défense; il exerce des mouvements violents pour montrer qu'il existe il crie, il appelle sa mère avec vigueur, il gesticule. La violence est assez primaire, liée aux pulsions vitales. Il ne faut pas être trop fragile pour continuer à vivre, mais c'est aussi parce que nous avons de la violence que nous sommes envie!

— Quelle différence faites-vous alors entre violence et agressivité ? L'agressivité est l'affirmation de soi au détriment de l'autre. On est là dans un processus plus secondaire : le sujet est alors tellement fragile qu'il a l'impression que, pour avoir le sentiment d'exister, il ne peut s'affirmer qu'en détruisant l'autre, ou, s'il a des côtés un peu pervers. en le manipulant. Chez lui, pulsions de vie et pulsions de mort ne parviennent pas à s'intégrer. Une intégration réussie se réalise quand le sujet est confirmé dans son sentiment d'existence, dans son identité, dans l'estime qu'il a de lui-même.

— Quelle serait alors l'origine des tensions au sein du couple ? Le retour de conflits infantiles mal assumés, au bien la violence de la relation amoureuse elle-même ?

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Le désir est violent. Ce qui, de fait, n'a pas du tout été réglé dans l'enfance (et on ne peut tout régler) rejaillit à un moment ou un autre dans notre vie adulte. Il est d'ailleurs frappant d'entendre souvent l'un des partenaires d'un couple en conflit dire à l'autre : « Mais j'ai l'impression que ce n'est pas à moi que tu parles... Tu me prends pour un autre ! » Et si l'on entend bien cela, on peut comprendre qu'en effet la personne qui est très en colère ou vindicative s'adresse parfois à quelqu'un d'autre. Elle règle des comptes avec son partenaire, image substitutive d'un parent fantasmatique Et, de fait, surgissent à nouveau dans la relation conjugale des conflits parce que, dans toute relation, et particulièrement celle-là, il y a forcément des frustrations et des déceptions, la solution serait de pouvoir y trouver assez de satisfactions pour supporter les désillusions sans être amené à attaquer l'autre. La difficulté c'est d'accepter que l'autre ne coïncide pas totalement avec nos attentes. Les crises sont justement l'occasion de cet apprentissage, de ce travail psychique d'acceptation de la différence. — Pourquoi la déception est-elle alors si douloureuse ? Plus les frustrations infantiles ont été grandes, plus les attentes sont fortes On demande alors à l'autre de nom soigner. Il devient le partenaire soignant, lequel ne peut combler tous nos manques. Si l'enfant s'est construit sans recevoir assez d'amour, ou plutôt en ayant le sentiment de ne pas en avoir reçu suffisamment, une demande gigantesque peut surgir au sein du couple, adressée au partenaire censé venir réparer, combler toutes ces frustrations. Telle est bien souvent l'origine des conflits conjugaux. Fort heureusement, bien des couples réussissent à retrouver l'équilibre. Ceux que nous voyons en consultation sont ceux qui sont restés bloqués, figés au moment où la crise s'est produite, sans pouvoir mettre en œuvre un processus dynamique grâce auquel chacun retrouve sa place et son identité. Car la plupart des crises sont des crises identitaires où les personnes sont trop proches, voire dans la fusion. jusqu'au moment où ce n'est plus vivable. C'est la porte ouverte aux reproches, à la tancent, à la haine avec tout ce qu'elle peut avoir de destructeur. La crise vient alors recréer un espace, remettre chacun sur des limites. Pour la dépasser, chacun doit pouvoir compter sur ses ressources, puiser dans ses forces pour rétablit une nouvelle qualité de dialogue et de communication. — Ce processus dynamique impliquer dit-on, "un travail de deuil" Ce deuil évoque, en effet, te renoncement à un certain idéal du couple. Le

premier couple est constitué par la relation mère-enfant : chacun est inscrit dans la continuité d'une histoire. Freud allait jusqu'à dire que « trouver l'autre n'est que le retrouver ». Si le choix du partenaire s'origine en fonction du vécu de chacun, l'autre représente aussi te nouveau, le différent. Tout cela contribue à la formation du couple. Un idéal conscient fort et une image

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inconsciente façonnée par l'histoire de chacun se conjuguent au moment où se forme la relation amoureuse, te temps de l'illusion nécessaire à la constitution du lien, où chacun projette plein de choses bonnes et agréables sur l'élu. Petit à petit, après la lune de miel, la réalité refait surface à travers le quotidien c'est le temps de la désillusion, Il arrive souvent que des personnes viennent alors consulter, tellement ce moment est pour elles violent, plein de déceptions. D'autres, pour éviter ce temps de deuil, vont investir immédiatement sur un autre partenaire : c'est une mesure de protection assez défensive ; on évite d'avoir mal, mais ou se met dans l'impossibilité de constituer on couple durable. D'autres encore préféreront se protéger de trop grands investissements amoureux en restant seuls. — Qu'est-ce qui peut aider à vivre positivement cette désillusion ? C'est le travail d'élaboration psychique, la capacité à renoncer, la

reconnaissance de l'autre dans sa différence. Depuis dix ans que je reçois des couples en difficulté, je reste surprise d'entendre ce genre de dialogue : « Ah ! mais, tu ne m'as jamais dit ça ! » Et la femme aussi étonnée : « Ça fait cinq ou dis ans que je te le dis, Mais tu ne m'as jamais comprise ». Beaucoup de couples se forment sur l'accord implicite que la parole comporte du danger. C'était comme ça dans la famille ! On parle des questions pratiques, des enfants, de divers sujets d'actualité, mais pas des émotions : le langage émotionnel est verrouillé. Il y a aussi des familles où il faut faite comme si tout allait bien. Un enfant élevé de cette manière pense façonner une espèce de faux . selfs, vivre en -permanence un décalage entre ce qu'il -ressent et ce qu'on attend de lui. Il devient alors difficile, une fois devenu adulte, de se créer un espace de parole et de pouvoir exprimer ses besoins : la thérapie peut offrir cet espace de liberté, avec la présence d'un tiers qui ne juge pas mais qui, au contraire, contient, propose un environnement favorisant l'expression de l'intime. Souvent, ils disent : « Heureusement qu'on vient vous voir, parce qu'il n'y a qu'ici que l'on parle. Alors qu'en tête-à-tête les mots peuvent faire très mal, parer que la parole est investie comme une arme, ici, dans l'espace thérapeutique, elle peut devenir porteuse de sens. » Nous gardons tous une certaine nostalgie de notre enfance où la préoccupation maternelle faisait que nous étions compris dans une histoire sans parole.

— Il est frappant de constater le niveau assourdissant de la musique dans bien des rencontres de jeunes, où la violence du rythme vient colmater toute possibilité de parler,

Effectivement, cela se passe dans beaucoup .d'endroits qui pourraient être

des lieux d'échanges relationnels. On cherche à combler le vide par l'excitation des sens, comme s'il fallait qu'ils soient toujours en éveil. Notre époque est exhibitionniste: on montre tout, on dévoile son intimité ; parents

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et enfants devraient tout se dire. sous prétexte de communication... Publicité et images racoleuses y incitent, jusqu'à certains discours politiques. Les sens sont toujours sollicités au détriment de la parole, du silence, d'une certaine tranquillité.

— L'espace thérapeutique que vous offrez ne vient-il pas remplacer ces lieux

d'échange, ces médiateurs naturels que sont la famille; les amis ? Quand le couple a trouvé un certain équilibre, chacun peut rester à sa plate:

homme-femme, parents-enfants... Il y a alors une certaine qualité de dialogue. La difficulté vient quand les repères s'estompent, quand on est dans la confusion des générations, que l'individualisme est trop fort.. Alors, il y a un certain brouillage ; les attentes deviennent trop intenses et trop désespérées, même autour de l'enfant. On s'attendrait à ce qu'il joue un rôle de médiateur qu'il porte les projets des parents. C'est ce qui se passe dans les familles qui vont bien : nul besoin de recourir à un tiers externe. Mais là où les liens sont trop distordus, où l'on ne parle plus que pour blesser ou pour se justifier, l'enfant est en première place pour être porteur des désespoirs du couple.

— Et quand il faut se séparer ! La croissance des divorces par entente mutuelle semble indiquer que bien des séparations se réalisent positivement.

Ce n'est pas si sûr! Je travaille dans une unité de consultation médico-

judiciaire au sein d'un hôpital qui reçoit des personnes victimes de toutes sortes de violences, qui ont porté plainte auprès du procureur. On reçoit dans ce cadre de plus en plus de femmes victimes de violences conjugales. J'ai remarqué quantité de violences agies par les ex-conjointes ou ex-concubins, après ce qu'on pourrait appeler de fausses séparations : on est séparés sans l'être, dans l'ambiguïté, on continue de se voir avec la menace permanente de tout arrêter, on rend l'autre jaloux, dans une espèce de jeu pervers. Cela donne à réfléchir : pourquoi une impossible séparation ? Est-ce que la rupture, le passage à l'autre vient en lieu et place de la séparation ? il semble que beaucoup de couples se séparent avec une sorte d'idéal : « On a raté notre couple, on va réussir notre divorce ! » Là aussi, il y a des illusions et il faut se séparer sans drames, sans conflits Mais cela ne veut pas dire que tout ce qui est refoulé, non dit, ne resurgira pas un jour. Il faudra alors de nouveau solliciter le juge, parce que le consensus d'entente mutuelle ne tient plus la route. — La crise n'a pas été digérée !

Voilà ! C'est un débat que je poursuis avec les médiateurs familiaux en

formation, el avec les juges aux affaires familiales : la médiation a quelque

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chose de paradoxal ! C'est au moment où l'on ne s'entend plus que l'on va vers un médiateur pour trouver un accord. Mais il est difficile d'entrer dans une démarche consensuelle quand, en même temps, on se sent trompé ou abusé par l'autre. C'est pourquoi la place du médiateur est délicate : il s'agit aider les gens à bien se séparer, et surtout à rester parents, alors même que l'enfant cristallise les conflits. Les choses se jouent autour de la pension alimentaire, des vacances, du lieu de résidence, du choix de l'école. Quand les couples n'ont pas réussi à se mettre d'accord dans le bureau du juge, celui-d propose une série de rencontres avec le médiateur. Cette solution, qui concerne les situations les plus difficiles, peut cependant être opérationnelle dans bien des cas. — Le pardon a-t-il sa place dans le dépassement de la crise ?

Bien sûr, c'est heureusement une ouverture possible, accessible à certains

couples après un certain temps et tout un cheminement personnel. Mais le changement de regard sur l'autre nécessite une prise de distance, parce que, j'allais dire, chacun a "repris ses billes. Le travail de la thérapie de couple y vise : c'est un travail de séparation psychique qui permet à chacun d'être lui-mètre, toujours dans l'acceptation de cette. différence. Quand an reçoit les deux ensemble, et qu'en climat de confiance se recrée peu à eu, alors une découverte mutuelle peut se faire. Beaucoup de non-dits s'expriment. C'est la porte ouverte vers le changement.

J'ai en mémoire ce couple, reçu dans un climat émotionnel intense. La femme avait eu une aventure extraconjugale quelques mois avant l'annonce d'une grossesse, ce qui faisait aussi surgir des questions autour de la paternité. On s'est vu quelque temps, jusqu'à finir par comprendre ensemble que si cette jeune femme avait eu cette histoire, ce n'était pas pour faire mal à son mari, et encore moins pour le quitter. Le sens de son aventure c'était d'interpeller son mari, trop pris par son travail, pour lui dire : "'existe !" Elle reproduisait là ce qu'elle avait déjà vécu dans sa famille où, au milieu de frères el sœurs envahissants, elle avait l'impression d'être la mal-aimée, celle qui justement n'avait pas eu une place très satisfaisante : « Je n'arrivais pas à te faire comprendre à quel point je vivais une sorte d'exclusion, un sentiment d'abandon. » Ce couple est reparti sur d'autres hases. Le mari, avec beaucoup d'humour, m'a dit « au fond, c'est avant de se marier qu'on devrait rencontrer des thérapeutes de couples ! » Chaque couple est une création.

Nadine DEVEAUX

Propos recueillis par Claude Flippo

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Pistes pour le partage : � Dans la liste des obstacles à la communication pointés dans l’article,

quels sont les trois ou quatre obstacles majeurs qui mettent régulièrement à l’épreuve notre couple ?

� Puis-je pour chacun de ces obstacles prendre le temps de noter l’un ou

l’autre souvenir particulièrement vif, ou caractéristique de ce qui se passe ou ne se passe pas en termes de communication ? Qu’est-ce que cela engendre à la longue ? Comment puis-je avancer ?

�D’autres points que je souhaiterais partager et que les textes ont éveillé en

moi ?

Il faut apprendre à vivre avec soi-même comme une foule de gens. On découvre alors en soi tous les bons et les mauvais côtés de l'humanité. Il faut d'abord apprendre à se pardonner ses défauts si l'on veut pardonner aux autres. C'est peut-être l'un des apprentissages les plus difficiles pour un être humain, je le constate bien souvent chez les autres (et autrefois je pouvais l'observer sur moi-même aussi, mais plus maintenant), que celui du pardon de ses propres erreurs, de ses propres fautes. La condition première en est de pouvoir accepter, et accepter généreusement, le fait même de commettre des fautes et des erreurs.

Etty Hillesum

Une vie bouleversée

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Vendredi 30 mai

Temps de prière

Chant d’entrée

Psaume 111 1 Alléluia ! Heureux qui craint le Seigneur, qui aime entièrement sa volonté ! 2 Sa lignée sera puissante sur la terre ; la race des justes est bénie. 3 Les richesses affluent dans sa maison : à jamais se maintiendra sa justice. 4 Lumière des cœurs droits, il s'est levé dans les ténèbres, homme de justice, de tendresse et de pitié. 5 L'homme de bien a pitié, il partage ; il mène ses affaires avec droiture. 6 Cet homme jamais ne tombera ; toujours on fera mémoire du juste. 7 Il ne craint pas l'annonce d'un malheur : le cœur ferme, il s'appuie sur le Seigneur. 8 Son cœur est confiant, il ne craint pas : il verra ce que valaient ses oppresseurs. 9 À pleines mains, il donne au pauvre ; + à jamais se maintiendra sa justice, sa puissance grandira, et sa gloire ! 10 L'impie le voit et s'irrite ; + il grince des dents et se détruit. L'ambition des impies se perdra.

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Évangile de Jésus Christ selon Jean (16, 20-23a) Jésus s’adressait à ses disciples :

« Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira. Vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l'enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu'elle éprouve du fait qu'un être humain est né dans le monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l'enlèvera. En ce jour-là, vous n'aurez plus à m'interroger. »

Silence Prière Pour t’accueillir, Pour préparer notre terre, Pour croire en toi Notre grand Seigneur Rien d’extraordinaire n’est à faire !

Il suffit d’avoir un cœur limpide et sans tricherie, il suffit d’avoir un regard doux et sans méchanceté, il suffit de poser sur ses lèvres le sourire et la joie, il suffit d’ouvrir ses mains pour donner et partager, il suffit d’être attentif et fidèle à ta Parole, il suffit d’aimer, sans compter sa tendresse.

Notre Père

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Pour un temps de partage

Quand les enfants accouchent de leurs parents

Pourquoi tant d’enfants, devenus adultes, partent-ils à la recherche de l’histoire de leurs parents ? À l’ère de l’individu, cette quête du passé prend de nouvelles colorations. Le roman familial ne s’est jamais si bien porté.

On se représente souvent la transmission familiale comme une relation descendante dans laquelle les parents livreraient aux enfants une histoire constitutive de leur identité. Mais ne serait-ce pas plus souvent l’inverse qui se produit ? Nombreux sont ces enfants qui, devenus adultes, sont partis à la recherche de l’histoire de leurs parents. Nombreux sont ceux qui se perçoivent un jour comme des « héritiers du silence » et qui cherchent à remplir les vides d’une transmission qui ne s’est pas faite, à en comprendre les raisons, entrer dans les pans occultés de l’histoire familiale, et même partir à la découverte de ce qui s’apparente parfois à des secrets de famille… Les sociologues et les psychologues y voient un symptôme des temps actuels, une quête pour la construction de l’identité personnelle devenue essentielle dans les sociétés individualistes (1).

Certes, le roman familial, sur fond d’amour ou de haine, de culpabilité ou de honte, de bonheur et de souffrances a toujours fait les belles heures de la littérature. Mais un nouveau genre est apparu récemment. Les spécialistes les nomment des « autofictions ». Ils mêlent enquêtes, autobiographies, récits, réflexions, et offrent d’innombrables et émouvants exemples de ces individus partis à la recherche de leur passé.

Comprendre et donner du sens

Dans Le jour où mon père s’est tu (2), Virginie Linhart mène l’enquête. « Je suis la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement maoïste en France. Mon père est une figure marquante des années 1968. Mais, depuis 1981, après une tentative de suicide, il a choisi de se taire définitivement. » Pourquoi son père a-t-il cessé de parler lorsqu’elle avait alors 15 ans ? Pourquoi ne veut-il jamais revenir sur ses années militantes, où il connut la notoriété, relata dans un livre célèbre (L’Établi, Minuit, 1978) son expérience prolétarienne dans les usines Citroën ?

Durant ces longues années de silence, elle dit avoir été taraudée par la honte : « La honte est un héritage familial qui se transmet remarquablement bien. » En 1968, elle avait 3 ans. Lorsqu’elle devient adolescente, elle entend

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et reçoit de plein fouet la violence des critiques adressées à Mai 68 : une période de n’importe quoi – au minimum –, « le règne du cynisme et de l’intérêt personnel » selon certains détracteurs… Est-ce la raison pour laquelle ce père ne parle plus ? Elle décide alors de retrouver les autres rejetons des dirigeants soixante-huitards et de les interroger. Son enquête est passionnante. Ils ont pour noms Geismar, Kahn, Krivine, Lévy, Miller (Judith Miller est la fille de Jacques Lacan), Piketty ou Castro… Premier constat réconfortant, la plupart ont plutôt bien réussi leur vie et gardent de leur enfance de bons souvenirs, même si tous en pointent les aspects atypiques. « Moi, à 3 ans, je passais la nuit dans des sacs de couchage dans les festivals de rock (…). La différence fondamentale entre l’éducation que j’ai reçue et celle de mes enfants, c’est que nos parents faisaient leur vie et nous, on suivait, tandis que moi, je me plie à l’emploi du temps des enfants », confie Lamiel (fille de Blandine Barret-Kriegel). Quant à Samuel Castro, fils de l’ex-révolutionnaire Roland Castro, il résume sa jeunesse par une boutade : « J’ai un copain qui a coutume de demander : “Tu as plutôt mal à maman ou à papa ?” »

Et puis Virginie a retrouvé son père, pour un temps, tout en découvrant la maladie mentale qui expliquait son mutisme : « Je mesure désormais les avantages de son silence. » Si sa souffrance demeure, sa culpabilité, elle, a disparu.

C’est à près de 50 ans qu’Éric Fottorino, ancien patron du Monde, part à la recherche de ses origines. Après avoir rendu hommage à son père adoptif qui l’avait éduqué et aimé comme un vrai fils (3), deux ans après le suicide de celui-ci, il décide de renouer le contact avec son père biologique. Il s’appelle Maurice… Maman et toute sa vie de gynécologue-obstétricien, le docteur Maman l’a passée à accoucher des bébés ! Le seul accouchement auquel il n’a pas pu assister ni participer est celui d’Éric, puisque les parents de sa mère s’étaient opposés à l’union de leur fille avec ce Juif marocain. Questions à mon père (4) s’articule sur un émouvant dialogue avec ce père qui n’a pas vu grandir son fils, tenu à distance malgré sa volonté. Ils ont échangé des courriels, Éric lui a rendu visite. Les retrouvailles sont progressives, pleines de pudeur et d’émotion.

Il recompose le décor de l’histoire de sa famille paternelle, du grand-père Mardocchée, personnage haut en couleur resté célèbre dans la famille. « Nous avons passé toute notre vie à nous manquer… Mon nom ne contient pas une moindre parcelle du tien. Dans mon regard, tu es toujours un Juif errant et moi je demeure à jamais une erreur. Mais une erreur, cela se répare, se corrige. Je me croyais enfant du mépris et c’était une méprise. »

Éclairer les zones d’ombre du passé, reconstituer une histoire familiale trop longtemps tue, tenter de lever des doutes sur son identité… Une sorte d’autoanalyse, confie l’auteur.

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Rien ne s’oppose à la nuit (5), autre véritable chef-d’œuvre littéraire, a été l’un des succès de la rentrée 2011. La romancière Delphine de Vigan est partie à la recherche des secrets de sa mère pour tenter d’en comprendre le destin. Toute son enfance, l’auteure et sa sœur ont été confrontées aux douleurs, aux angoisses, aux crises de folie de Lucile, leur maman, atteinte du trouble bipolaire. Lorsqu’elle se suicide, en 2008, la romancière décide de reconstituer sa vie en remontant à l’enfance de celle-ci. Il en ressort un récit captivant. L’enfance de Lucile (née en 1946) se passe dans une famille de huit enfants, auprès d’une mère pleine de joie et de fraîcheur (la grand-mère de l’auteure) qui adore voir son ventre s’arrondir. D’un père aussi, toujours prêt à emmener sa tribu en vacances. Au sein de cette famille débordante de vie, de gaîté et de dynamisme, surviennent pourtant des drames : deux frères décédés accidentellement, le petit dernier né trisomique, sans que cela paraisse entamer le moral de la famille. Mais au fil des recherches de D. Le Vigan auprès de ses oncles et tantes, on voit aussi se dessiner une tout autre figure du père « nocif, destructeur et humiliant », et – clé des souffrances de Lucile ? – qui tente d’abuser de ses filles. Enfant rêveuse et solitaire, d’une beauté hypnotique (à 10 ans, sa mère l’emmène poser pour des magazines de mode), à l’adolescence, Lucile se recroqueville sur elle-même alors que la famille se fissure…

Pourquoi une telle démarche de la part de la fille de « l’héroïne » si ce n’est pour percer le mystère de la mère qu’elle a portée, qu’elle a subie aussi, dans ses moments de crise, sans jamais cesser de l’aimer ? « Comme des dizaines d’auteurs avant moi, j’ai décidé d’écrire ma mère. »

Des autobiographies, on pourrait même les appeler des « biographies parentales », il en existe en effet des centaines, il en paraît de nouvelles chaque jour – Philip Roth (Patrimoine. Une histoire vraie, 1992), Paul Auster (L’Invention de la solitude, 1988), Christine Angot (L’Inceste, 1999), Amélie Nothomb (Tuer le père, 2011), Annie Ernaux (La Honte, 1996), Pierre Michon (Vies minuscules, 1984), Emmanuel Carrère (Un roman russe, 2007), Sorj Chalandon (La Légende de nos pères, 2009)…

Dans Les Rêves de mon père (6), un certain Barack Obama, non encore entré en politique, narrait dans un livre plein de tendresse et d’humanité son voyage au Kenya en 1995, pour découvrir ses racines familiales, et en savoir plus sur ce père qui n’avait existé pour lui qu’en pointillé, sorte de héros à la fois admiré et déchu dans son village et au sein de son clan.

Transmission ou archéologie  ?

« C’est à partir de ce qui est faille et manque que s’organise la transmission (7) », disent les psychanalystes. Voici sans doute l’un des fils d’Ariane qui sous-tendent tous ces romans de filiation. Écrire pour savoir qui l’on est et d’où l’on vient, donner une présence à ceux dont on est issu, rétablir des vérités, rendre justice et réparer parfois une histoire parentale

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malmenée. Car, si ces ouvrages sont souvent issus de souffrances, voire de honte et de culpabilité, ils n’en expriment pas moins tous une forte charge de tendresse, une recherche de reconnaissance et d’amour. Ils détectent les vraies raisons de l’absence du père, ils trouvent des justifications aux défaillances maternelles…

Tous semblent vouloir remonter vers le passé pour mieux éclairer le présent et constituent une quête de sens et d’identité. L’« archéologie familiale », genre littéraire très en vogue aujourd’hui, ne devrait-elle pas prendre place dans la liste des thérapies familiales ? Deux choses sont sûres : la première est que ces publications emportent l’enthousiasme du public et certaines sont devenues de véritables best-sellers. La seconde se donne à voir sur les blogs et dans les ateliers d’écriture, où de plus en plus d’anonymes choisissent de s’y livrer.

Un phénomène qui montre en tout cas les ruses d’une transmission, à mille lieues d’un simple transfert entre générations…

Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus.

« Quand je dis “Juifs”, je referme sur mes grands-parents la chape identitaire que toute leur vie ils ont voulu faire sauter pour embrasser l’universel. Quand je dis “ma grand-mère”, tout le monde pense à une mamie aux bajoues duveteuses qui me prend sur ses genoux pour me lire un conte ; mais Idesa est morte à l’âge de 28 ans, et je suis déjà plus vieux qu’elle… »

Né en 1973, Ian Jablonka est historien, maître de conférences et chercheur associé au Collège de France. Sa thèse d’habilitation à diriger des recherches – sommet de la consécration académique dans l’université française – est en fait le récit d’une quête et d’une biographie familiale. Ian Jablonka est parti à la recherche « des grands-parents qu’il n’avait jamais eus ». Matès et Idesa, jeune couple de Juifs communistes chassés de Pologne, réfugiés en France en 1937, militants actifs, et bientôt rattrapés par la police de Vichy, déportés à Drancy et sans doute gazés à Birkenau en 1943. Leurs deux enfants, Suzanne et Marcel, confiés à un voisin polonais juste avant leur arrestation, survivront : Marcel, père de Ian Jablonka, avait alors 4 ans.

Travail d’historien ou prouesse littéraire ?Le livre, teinté d’accents à la Perec, parfois inquiet,parfois drôle aussi, n’en est pas moins une minutieuse enquête pour faire revivre ses ascendants. Parti avec une poignée de photos et de lettres, Ian Jablonka parcourt la France, la Pologne, l’Argentine, Israël pour retrouver des membres de la famille, apprend le polonais pour éplucher les archives judiciaires, fait appel à Facebook et aux sites de généalogie

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juive… Les traces sont on ne peut plus minces, mais l’auteur parvient à retisser la trame de ces vies d’ouvriers immigrés clandestins, lui gantier et elle couturière, vivant sous la menace permanente de l’expulsion. C’est « avec frénésie », comme il le dit lui-même, qu’il s’est lancé dans cette recherche en forme de quête. Et par quel hasard – mais est-ce vraiment un hasard, se demande-t-il – habite-t-il, quand il commence son enquête, rue du Pressoir, tout près du passage d’Eupatoria dans le vingtième arrondissement de Paris, où ses grands-parents ont atterri et vécu ? On le voit, la charge émotionnelle est forte… Peut-elle se concilier avec la nécessaire scientificité d’une thèse ? Le jury, dirigé par l’historien Christophe Charle, a répondu oui,et a couvert le livre d’éloges. Bravo messieurs les jurés !

Les héritiers du silence. Enfants d'appelés en Algé rie

À l’heure où l’on commémore le cinquantenaire des accords d’Évian qui ont mis fin à la guerre d’Algérie, un livre vient de paraître, intitulé Les Héritiers du silence. Cette magnifique enquête sur la mémoire des enfants – aujourd’hui quadragénaires – de ces soldats, jeunes appelés du contingent, envoyés pour « pacifier » ce qui constituait le joyau de l’empire colonial français entre 1954 et 1962.

Ni historienne, ni romancière, pourquoi Florence Dosse dont c’est le premier ouvrage, s’est-elle livrée à une telle entreprise ? L’histoire collective y est certes pour quelque chose. Depuis les années 2000, le conflit franco-algérien est en proie à ces fameux réveils de mémoire que les historiens connaissent bien. Les publications, les débats dans la presse, les controverses politiques à propos de la lecture de ces événements se sont multipliés. La guerre d’Algérie a laissé des traces dans les générations suivantes, chez les enfants de harkis, les familles de pieds-noirs, les enfants d’immigrés. Mais il a été peu question jusqu’à présent de la mémoire des enfants d’appelés. Leurs pères ont pourtant été plus d’un million à participer, durant ce qui était le service militaire obligatoire, à ce conflit qui a déchiré la France et l’Algérie, durant huit années. Elle-même a alors pris conscience un jour qu’elle ne savait rien ou très peu de cette tranche de vie de son père. À la maison, on n’en parlait pas ou si peu : « Quelques photos ensoleillées me laissaient entrevoir un autre monde, un autre père ; je ne reconnaissais pas vraiment ce jeune homme mince et imberbe fumant la pipe sur le sable, en uniforme, debout dans le désert… » Ce n’est que vers la quarantaine qu’elle a commencé à se poser des questions. Son père avait fait cette guerre, porté des armes et « sans doute tué » lui aussi. Malgré et peut-être à cause d’un silence familial qui reflétait une tension incompréhensible, son passé s’est mis à l’habiter. Elle a pris conscience qu’elle était elle-même une fille d’appelé, sans doute « héritière d’un passé obscur et peu reluisant » et ayant l’impression d’avoir mis la main sur une « zone dangereuse ». Elle s’est alors lancée dans une longue recherche auprès des anciens appelés (aujourd’hui

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septuagénaires) et de leurs enfants. Ce qu’elle a découvert ? La même absence de parole, l’ignorance frisant parfois le déni ou manifestant simplement l’indifférence. De cette guerre, tue par les pères, rares sont les « enfants d’appelés » qui ont cherché à savoir ou à comprendre. « Le traumatisme était collectif, la douleur muette de mon père était celle d’un million d’hommes, mon aveuglement était peut-être celui de toute une génération. »

Mais, pour F. Dosse, c’est une quête personnelle qui l’a conduite à se lancer dans une telle entreprise. Un besoin de donner du sens au vécu de son enfance, à son histoire familiale ; de comprendre pourquoi ce père distant, recherchant la solitude, avait emmené toute la famille vivre à la campagne, « à l’écart de toute effervescence ».

Martine Fournier Sciences Humaines, 2012

(1) Voir Danilo Martuccelli et François de Singly, Les Sociologies de l’individu,

Armand Colin, 2009, ou Vincent de Gaulejac, Qui est « je » ?, Seuil, 2009. (2) Virginie Linhart, Le jour où mon père s’est tu, Seuil, 2008. (3) Éric Fottorino, L’homme qui m’aimait tout bas, Gallimard, 2009. (4) Éric Fottorino, Questions à mon père, Gallimard, 2010. (5) Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit, Lattès, 2011. (6) Barack Obama, Les Rêves de mon père. Histoire d’un héritage en noir et

blanc, Presses de la Cité, 2008. (7) René Kaës et Haydée Faimberg (dir.), Transmission dans la vie

psychique entre les générations, 1993, rééd. Dunod, 2003.

Pistes pour le partage : � Ce temps peut demander de la part de chacun beaucoup de délicatesse

et un engagement renouvelé de confidentialité) : « Savoir qui l’on est et d’où l’on vient, donner une présence à ceux dont on est issu, rétablir des vérités, rendre justice et réparer parfois une histoire parentale malmenée. » écrit l’auteur de cet article.

� La place des sagas familiales dans notre esprit, dans notre vie ?

Comment est-ce que je me réfère, à mon père, à ma mère ou à tel ou tel parent, vivants ou décédés ? Des traits de caractère, de leurs histoires qui sont pour moi comme un point de repère, en positif ou en négatif ? J’aimerais leur ressembler, ou au contraire je m’en défends ?

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Samedi 31 mai Visitation de la Vierge Marie

Temps de prière

Chant d’entrée

Refrain : Réjouis-toi Marie, Toute aimée de Dieu, Réjouis-toi Marie, Mère de Dieu 1. Marie, le Seigneur est toujours avec toi. 2. Mère, femme comblée entre toutes les femmes. 3. Marie, ton enfant est le Fils bien-aimé. 4. Mère, Dieu t'as choisie, porte lui nos prières. 5. Marie, par Jésus, obtiens nous le pardon. 6. Mère, guide nos pas vers le Dieu de lumière.

Évangile selon saint Luc (1, 39-46)

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les

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affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »

Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna

chez elle.

Silence

Prière Nous te saluons, Marie, Mère de Dieu, trésor sacré de tout l'univers, astre sans déclin, couronne de la virginité, sceptre de la foi orthodoxe, temple indestructible, demeure de l'incommensurable, Mère et Vierge, à cause de qui est appelé béni, dans les saints Évangiles, celui qui vient au nom du Seigneur. Nous te saluons, toi qui as contenu dans ton sein virginal celui que les cieux ne peuvent contenir. Toi par qui la Trinité est glorifiée et adorée sur toute la terre, par qui le ciel exulte.

Saint Cyrille d'Alexandrie

Notre Père

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Pour un temps de partage

La foi aide ou obstacle dans la vie professionnelle ?

Au moment de ce témoignage Antoine et Caroline VERZAT ont tous deux 31 ans, ils sont mariés depuis 4 ans, et ont une petite fille d'un an. Sur le plan professionnel, ils ont respectivement 7 et 6 ans d'expérience. Antoine est responsable d'une équipe de développement informatique de logiciels de gestion de réseau chez Alcatel. Caroline vient de quitter un emploi de consultante en organisation pour entreprendre une thèse en sociologie des organisations sur le retour d'expérience dans les entreprises.

Antoine - Si la question nous a dérangés au début de notre vie professionnelle, elle ne se pose sans doute plus dans les mêmes termes aujourd'hui. En essayant de relire notre expérience, nous constatons une évolution. Nous sommes passés sans doute d'une phase d'innocence à une phase de questionnement sur comment vivre notre foi dans la vie professionnelle ; et maintenant nous sommes en chemin pour trouver des réponses. En guise de fil rouge, nous proposons de suivre cette évolution. Au début, nous ne nous posions pas trop de questions, mais nous avons vite constaté une divergence entre ce à quoi nous croyions, et les valeurs véhiculées par le monde professionnel. Au début nous cherchions surtout à nous intégrer dans l'entreprise. La foi était ailleurs. Caroline - C'était très vrai chez Bossard. Comme tous les jeunes embauchés, j'étais en situation d'observation. Formellement d'ailleurs, il y avait une période d'essai de 6 mois, pendant laquelle les managers m'observaient tandis que moi, je cherchais à savoir si c'était bien là ma voie. Il fallait que je fasse reconnaître que j'étais compétente pour ce qu'on me demandait de faire. Il n'était pas question de commencer par remettre en cause l'organisation du travail. A ce moment là, la question de Dieu était importante pour moi, mais je ne voyais pas le lien avec mon travail. J'allais à la messe régulièrement, je faisais du scoutisme, c'était déjà bien...

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Antoine - En démarrant j'avais surtout soif d'apprendre, mais je ne me posais pas de questions particulières sur les rapports entre ma foi et ma vie professionnelle. Pour moi la foi, ça consistait à faire quelque chose en dehors de ma vie professionnelle comme le scoutisme, mais cela n'imprégnait pas chaque instant de ma vie. Nous nous posions d'autant moins de questions que nous nous sentions bien. Caroline - J'étais dans un univers vraiment fascinant et très agréable : chez les consultants, on ne rencontre que des gens intelligents, recrutés dans les mêmes écoles, qui se tutoient. Les collègues étaient très disponibles en général, ouverts ; les réunions de l'ensemble de l'équipe se tenaient dans des hôtels luxueux ; dès le premier mois, j'ai été invitée à un week-end détente de plusieurs jours en Espagne. J'avais l'impression, sans me donner beaucoup de mal, de faire partie d'une élite. Le métier lui-même donne une impression de puissance : on parle à des directeurs généraux, on a accès à tous les niveaux de structure. Les problèmes traités sont souvent très complexes. De plus, on éprouve le plaisir de la nouveauté perpétuelle : dès qu'une mission est finie, une autre arrive, dans une autre entreprise, sur un sujet différent. Il est impossible de s'enliser. Pour les premiers mois, voire la première année, c'était une sorte de paradis... Antoine - Quant à moi, j'étais surtout satisfait de gagner ma vie, de pouvoir donner. Mais assez vite, nous nous sommes aperçus que certaines valeurs en jeu dans les situations de travail pouvaient difficilement être compatibles avec notre foi. Caroline - Les consultants sont aimables et solidaires en surface seulement. Assez vite, dans les conversations, j'ai découvert que c'était la guerre permanente entre les personnes de même niveau. C'était à qui arriverait le premier au grade supérieur. Et quand certains consultants donnaient leur démission, dans leur façon de l'annoncer, on sentait derrière le discours positif "c'est une opportunité de carrière" beaucoup d'amertume ; comme s'ils avaient été jetés par le système. A quoi servait-elle cette course à la carrière, si elle rendait les gens malheureux ? Moi qui avais une tendance "première de classe", je me suis rappelé cette phrase de l'Evangile : les premiers seront les derniers... D'autres choses encore me sont apparues comme choquantes. Par exemple le décalage entre le discours sur la solidarité, au sein d'une équipe, et la réalité de la compétition qui fait qu'on cache ce qu'on sait aux autres. Ou bien les dilemmes lors des restructurations : j'ai eu beaucoup de mal à vivre une opération de productivité à laquelle j'ai dû participer comme consultante sur les ressources humaines. Je devais calculer la charge exacte des gens, et les possibilités d'informatisation pour savoir de combien de personnes on

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pourrait se séparer. L'objectif affiché était -20 %. Ce qui m'a effrayée, c'est que cet objectif était considéré comme normal et nécessaire : on sait bien qu'il y a toujours 20 % « d'encroûtement » à gratter ! Et personne ne semblait avoir de scrupules : ni les consultants, ni les décideurs clients. Ou bien s'ils en avaient, ils ne voulaient ou ne pouvaient pas en parler. C'était tabou. Comme si la norme économique était de toute façon d'un niveau supérieur et qu'il n'y avait rien à redire. En même temps, le discours affiché dans les plaquettes de recrutement, ou tenu dans les réunions chez d'autres clients, était du type "il n'y a de valeurs que d'hommes!". Comment pouvais-je m'associer sans broncher à ce double langage ? Antoine - J'ai commencé à travailler dans une société de services ; un jour, je me suis aperçu que j'avais été embauché dans la perspective que le client m'embauche par la suite. Cette entreprise m'avait traité un peu comme une marchandise. Toutes ces contradictions finissent par faire réfléchir sur l'unité de la vie. Peu à peu, nous nous sommes trouvés confrontés à une double question : si on est croyant, la foi se limite-t-elle à la vie privée ? Quel est le sens de ma vie professionnelle si je n'y vis pas ma foi ? Cette prise de conscience s'est opérée progressivement de diverses façons. Cette prise de conscience s'est opérée progressivement de diverses façons. En mesurant le décalage entre le discours et la réalité, en comprenant la perversité du système Caroline - L'échange permet de rencontrer des gens qui souffrent autant que soi de l'hypocrisie du système : faire semblant, faire des sourires au chef quand on pense qu'il est nul... des gens qui se sentent prisonniers, parce qu'ils se sont endettés pour l'achat de leur appartement et qu'ils ne peuvent plus aller vers un autre métier moins bien rémunéré. Dans cet univers fascinant, j'ai découvert le revers de la médaille : le stress, la peur d'être viré. Ça pouvait même tourner à la schizophrénie : mon chef se disait bien conscient des difficultés mais incapable d'agir différemment. C'était le système qui était pourri. Mais paradoxalement, ce système "pourri" constituait le référentiel de diagnostic quand on allait chez des clients. Il y avait un accord implicite avec les dirigeants qui nous appelaient pour préférer sans questionnement l'hyper-responsabilisation individuelle, la stimulation par la compétition... Etait-ce bien comme cela que je voulais vivre et travailler ? J'aimais profondément ce métier, accompagner les changements ; mais j'avais besoin de moins d'hypocrisie. C'est sans doute un peu pour cela que j'ai cherché à prendre mes distances, à demander un mi-temps et à me lancer dans un DEA de sociologie des organisations. Antoine - J'ai rencontré dans mon univers familial et dans mon entreprise des personnes qui se posent des questions, qui cherchent à transformer leur

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environnement. En discutant avec un collègue syndicaliste à la CGT, j'ai été surpris de retrouver dans l'entreprise ce souci que nul ne soit exclu, cette attention aux plus "démunis" dont mon frère, volontaire à ATD Quart-Monde, m'entretenait régulièrement. Si moi, "jeune cadre dynamique" je ne faisais rien, alors qui pouvait faire quelque chose ? Un jour, une collègue a eu un accident très grave. Dans le service beaucoup de gens ont été la voir à l'hôpital, une espèce de solidarité s'est établie. Cet épisode m'a aussi fait réfléchir sur la vanité des choses ("Insensé, demain ta vie t'est reprise"). Et moi, si ma vie était reprise demain, quel bilan pourrais-je en présenter ? Caroline - La rencontre. avec Xavier, le frère d'Antoine, qui a choisi avec sa femme de devenir volontaire ATD Quart-Monde, a été pour moi, une brusque révélation. Ils avaient posé un choix de vie radical : mettre leurs compétences (X, HEC) au service des plus pauvres. Je me suis sentie interpellée. Et moi, qu'est-ce que je fais de mes compétences ? Finalement la question rejoignait celle du Christ : "et toi, qui dis-tu que je suis ?" La foi concerne bien aussi les situations de la vie professionnelle. Caroline - Un an après être entrée chez Bossard, j'avais reçu un tract pour un week-end JP, je ne sais pas très bien comment. A la suite de ce week-end, j'ai intégré une équipe, sans trop de conviction. Et dans cette équipe MCC, j'ai compris que nous nous posions tous les mêmes questions : que signifie "être chrétien ?" comment vivre un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ? ... Nous avions consacré plusieurs réunions à nous présenter en profondeur, ce qui m'a incitée à creuser les motifs de mes choix, de mon mode de gestion du temps. En équipe, nous avons essayé de comprendre certains mécanismes sociaux dans le travail, comment ils peuvent être déshumanisants. Par exemple, s'agissant de la hiérarchie, le management par la terreur se reproduit par cascade. Cela rejoignait mon expérience chez Bossard où tout le monde - moi comprise - répercutait l'attitude du directeur d'activité très critique vis-à-vis des consultants. Cela paraissait normal. Le fait de prendre conscience m'a amenée à essayer de garder mes distances par rapport à ce comportement. Antoine - Le MCC m'a aidé à approfondir le sens que je donnais à mon travail, à définir mon projet. Je me souviens notamment d'une réunion sur le thème du partage du travail, qui nous a conduits à nous interroger sur nos motivations réelles. Nous avons compris qu'il existe beaucoup de situations professionnelles pour lesquelles la foi est éclairante. Caroline - Dans le conseil, l'écoute est fondamentale ; pour motiver les jeunes consultants, comprendre le besoin du client... De même dire la vérité, c'est aussi en langage économique, être transparent. C'est la seule voie

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d'efficacité à long terme : s'il y a tromperie, tôt ou tard, le partenaire (le client, le collègue...) s'en aperçoit et la confiance est ruinée... En ce domaine, la difficulté est moins dans le dire (tout le monde est plus ou moins d'accord avec ce discours) que dans le faire, parce que cela coûte de l'énergie : écouter, être vrai, cela prend du temps ; il faut résoudre des difficultés supplémentaires : comment puis-je enrichir le travail de mon jeune consultant, le faire progresser, lui apprendre quelque chose : nouvelles données à rechercher (au-delà du nécessaire), recherche de démonstrations pédagogiques ... ? Il faut aussi du courage pour faire face au management qui refuse de donner des responsabilités à cette jeune consultante étiquetée "peu intelligente". Du courage encore vis-à-vis du client, pour encaisser les reproches quand c'est le jeune qui a fait une erreur. Antoine - En prenant le temps d'écouter les autres, on découvre tout un tas de souffrances non dites : la femme d'un tel est à l'hôpital, dépressive après avoir été licenciée, l'homme de ménage, qui parle à peine le français, a plein de choses à dire et à partager. Un autre me révèle dans un ascenseur qu'il n'arrive pas à avoir d'enfants... Ce temps n'est pas perdu, car il humanise l'entreprise. En outre, en termes d"`efficacité", le travail d'une communauté d'hommes est sans doute plus satisfaisant que celui d'un groupe d'individus. Vivre sa foi en entreprise, c'est aussi détecter, pour aller à leur rencontre, les exclus ou les personnes en devenir d'exclusion. Je ne saurais décrire la joie de ce collègue dont on disait : "il a plus de50 ans, il aura du mal à apprendre un nouveau langage informatique" quand il lui a été annoncé qu'il travaillerait sur mon projet un peu "moderne" techniquement. Il était heureux de voir que malgré son âge, on n'hésitait pas à investir pour le former à de nouvelles techniques. Il est important enfin de poser des actes pour passer outre une norme établie qui fait dire : "ce n'est pas bien vu pour un cadre". Mais ce n'est pas évident ! Je me souviens d'un débat de conscience pour décider si j'allais ou non participer à une heure de grève (avec défilé dans les locaux !) pour réclamer des augmentations décentes pour les salariés gagnant moins de 10.000 francs. Finalement j'ai fait grève ; parce que je voulais signaler ma solidarité avec les gens mais aussi parce que je ne défendais aucun intérêt personnel ; on ne pouvait pas me soupçonner d'égoïsme. Aujourd’hui, la vie professionnelle nous apparaît comme un lieu de conversion où Dieu nous parle ; mais l’écouter n’est pas toujours facile. S’affirmer chrétien ? : « Vous êtes la lumière du monde ! » Antoine - Je n'ai pas l'impression que mes actes constituent un handicap dans le monde de l'entreprise. Certaines valeurs humanistes sont partagées par un grand nombre de gens. Savoir si j'agis à cause de ma foi ou par référence à ces valeurs ne me paraît pas important. Je suis parfois vu comme un idéaliste, mais c'est accepté à cause de mon âge et aussi de mes compétences. Certes la foi est exigence, mais une exigence légère car je suis jeune, diplômé, bien vu...

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Caroline - Je pense que le fait de dire ce que je pense, d'afficher certaines priorités dans le travail, et notamment d'entretenir des relations vraies avec les gens, n'était pas mal vu, au contraire. Mais il est vrai que j'ai quelquefois suscité des réactions embarrassées de la part du management : les recettes habituelles de motivation (augmentations, carrière) ne marchaient pas. Du coup j'étais un peu un cas à part. Un jour, on m'a dit que j'étais anarchiste ! Mais on m'acceptait telle quelle, car j'étais considérée comme compétente. Je n'ai pas commencé par proclamer que j'étais chrétienne. Mais, un jour ça a dû sortir, sans le vouloir. Et si l'on excepte quelques personnes qui ne rataient pas une occasion pour me mettre en défaut (sur le poisson du vendredi ou tel discours de l'Eglise entendu dans les médias...), cela n'a jamais été vraiment gênant pour moi. Cela a même provoqué des discussions très intéressantes sur le sens de la vie, ou le mariage (les consultants sont jeunes en majorité). La principale difficulté, c'est de constater nos limites, notre péché. Je n'ai pas réussi à faire tout ce qui me paraissait conforme à un réel esprit de vérité. Par exemple, je n'ai pas pu renverser les perspectives avec les clients : leur faire accepter que je ne possédais pas la vérité sur tout, qu'on allait construire un chemin ensemble ; ils avaient besoin d'être rassurés, et moi j'étais dépendante d'eux ; je n'ai pas su non plus convaincre un DRH d'engager une vraie collaboration avec les syndicats plutôt qu'un simulacre de concertation. Antoine - Un des dangers, c'est d'être mis en défaut de cohérence ; en ce sens la foi est une exigence : il faut être à la hauteur de ce à quoi on prétend croire. J'ai parfois rencontré des situations qui me posaient question. Ainsi, quand j'affecte des tâches à mes subordonnés, je sais que certaines sont ingrates, qu'elles ne vont pas les enrichir. Elles me paraissent pourtant nécessaires à la réussite de mon projet. De même lorsqu'on me demande d'évaluer la nécessité des formations souhaitées par mes subordonnés : leur aspiration au savoir est légitime, mais cette formation ralentira mon projet. Se poser ces questions est le moins que l'on puisse faire. La tentation, c'est d'y penser quand on a le temps. En ce moment j'ai très peu de temps ; mais dans six mois il sera trop tard pour m'apercevoir que j'ai laissé sombrer quelqu'un. Je ne peux pas me lancer dans un débat moral à chaque instant, mais j'essaie d'y penser (parfois!) en priant le soir. Parfois c'est dur : comment résister à l'envie de rire de celui qui est ridicule, d'enfoncer celui qui est mauvais (professionnellement) ? Il est difficile aussi de pardonner à celui qui nous a fait une "crasse". C'est pourtant bien cela qui est au cœur de la foi : l'amour de tout homme. Quoi de plus facile que d'aimer ceux qui vous aiment ? Cette exigence est la plus dure car elle est difficilement compréhensible en dehors de la foi. Dans la vie professionnelle comme dans la. vie tout court, la prière m'aide à supporter les épreuves, à affronter les difficultés. Elle m'aide à libérer mes

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angoisses. Il ne s'agit pas de passer une heure agenouillé tous les soirs. Mais un instant, rien qu'un instant parfois, revivre la journée, me remémorer ces moments de joie et en rendre grâce ; discerner les moments de mort, de péché et me savoir pardonné ; cela m'aide énormément. Caroline - Le moment de méditation, je n'ai jamais pu le prendre sur le temps de travail quand j'étais consultante. Mais j'ai souvent pris du recul dans ma voiture, avant ou après le travail, voire entre deux rendez-vous. C'est un moment de paix relative, de recherche de cohérence, souvent de joie… J'ai fini par prendre mes distances avec le modèle de carrière du consultant type ; par dire ouvertement que je ne cherchais pas à gagner le plus d'argent possible - voire plus d'argent tout court puisque j'ai demandé à travailler à mi-temps - mais que je préférais compenser les journées travaillées « en trop » par des vacances supplémentaires, plutôt que par une rémunération accrue. Antoine - Petit à petit, j'en viens à penser que la vie professionnelle n'est pas tout, le fait d'être cohérent avec ce que l'on professe est le plus important. Le succès professionnel ne me mènerait à rien si je devais sacrifier mes idées, ma famille. Cela peut paraître choquant ou inconscient, mais après avoir commencé à travailler avec la peur de me retrouver au chômage un jour, cette idée m'effraie moins aujourd'hui ; ma vie professionnelle n'est qu'une partie de ma vie, elle n'en fait pas tout le sens. Caroline - Certains consultants ont été licenciés ; cela a bien sûr été une phase difficile. Dans une telle situation, il y a façon et façon de traiter le problème. Et, surtout si on a l'oreille d'un dirigeant, je crois qu'il faut dire ce qu'on pense. Car souvent les autres le pensent aussi, et on ne fait que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Et cela fait réfléchir ceux qui ont à décider. Cela me rappelle une discussion avec un ouvrier. Il me disait : « dans une organisation, on ne peut pas dire tout ce qu'on pense. Il faut faire attention à ce qu'on dit. Alors au début, on esquive par un sourire quand on n'est pas d'accord. Mais petit à petit on peut dire des petits mots. On peut faire un peu évoluer les gens. Mais c'est une stratégie de longue haleine ». Pouvoir dire ce qui est vrai, être libre, cela nous rend profondément heureux. Et c'est cela qui nous encourage à construire un monde plus juste, plus humain.

Pistes pour le partage : � À la suite de Caroline et d’Antoine, quel serait mon témoignage ? � Comment ai-je évolué, au long des années, sur ma manière de vivre ma

foi au sein même de ma vie professionnelle ?

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La foi, comme une attitude : "La foi, à quoi sert-elle ?" Cette question appartient à une société soucieuse du caractère opératoire des procédures engagées. Et la vie professionnelle - celle du cadre en particulier - est sans aucun doute un des lieux où la recherche de l'opératoire habite le quotidien de manière privilégiée. Cette recherche marque l'horizon de notre rapport au monde ; en devient-elle l'horizon exclusif ? Car la foi, elle, ne "sert" à rien ...tout comme dans un autre domaine, l'amour ne "sert" à rien. Et pourtant la foi (comme l'amour, comme peut-être d'autres expériences fondamentales de l'être humain) est capitale. Elle renvoie à un désir qui se trouve au cœur de l'être humain : elle est attente active du règne de Dieu qui vient. Cette attente, chaque génération la vit dans un contexte bien précis ; bien plus, chaque personne la vit également selon une modalité qui lui est propre. Ainsi, plutôt que d'évoquer la foi comme un ensemble de vérités à croire ou à assimiler de notre mieux, je ferai référence à "l'attitude de foi", telle qu'elle est présentée dans les évangiles, cette attitude qui rend possible l'accueil des merveilles que Dieu désire accomplir parmi les hommes. De ce fait, la foi ne se situe pas comme un vis-à-vis par rapport à la vie professionnelle, mais comme une inclusion : la foi est dans la vie professionnelle, comme le ferment qui fait lever la pâte, comme le sel qui donne à un plat sa saveur... Nous sommes engagés dans de multiples expériences (vie professionnelle, familiale, syndicale, associative etc.), et la foi ne fait pas nombre avec ces diverses dimensions. Elle concerne tous les aspects de notre vie. De ce fait encore, la foi échappe à la logique fin/moyen, la foi n'est pas un "moyen pour..." La vie professionnelle n'est pas une fin en elle-même, par rapport à laquelle la foi serait à situer comme "utile" ou "inutile", "aide" ou "obstacle". Ce qui compte, c'est le règne de Dieu qui vient vers nous. La foi renvoie à notre disposition à accueillir cette bonne nouvelle ; et cette disposition se vit dans les multiples facettes de notre vie quotidienne.

La foi comme une dynamique : le don La foi renvoie donc à un projet de vie. Mais qui dit projet, dit visée...et mouvement. Ainsi Jésus, tel qu’il nous est présenté dans les évangiles, vit l'attitude de foi comme une mise en route, ponctuée par la recherche de ce qu'il appelle la volonté de son Père : on le voit prier à l'heure de grandes décisions de sa vie (le choix des Douze, Gethsémani, etc.). Et, sur cette base, il est amené à prendre des décisions qu'il n'aurait peut-être pas prises spontanément. Bien plus, Jésus lui-même est mis en mouvement par la foi des autres : sa rencontre avec la syro-phénicienne (Mt 15, 21-28) « le force » à aller au-delà de ce qu’il pensait a priori : l’annonce de la Bonne Nouvelle n'est pas réservée au seul peuple juif, mais elle est destinée à la terre entière. Jésus est ainsi ouvert à une autre dimension. La foi ouvre à l'imprévisible. Elle est réponse à un appel, et non justification de ce que l’on pense a priori ; des déplacements s’opèrent.

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Il ne s’agit pas ici du mouvement « pour le mouvement » - qui serait une sorte d’activisme ; il s’agit du mouvement de la réponse. Un mouvement inscrit dans une relation ; un mouvement qui est réponse en acte. Ainsi Abram part-il, sur la foi d’une parole entendue. (Gn. 12, 1-3) Cela rejoint bien finalement notre expérience : quelque chose nous a été donné, nous est donné : la vie, un « oui », un pardon, une promesse, une alliance, … Et il nous revient de ratifier cet événement originel par les actes que nous posons au cours de notre vie. La foi est conscience d’un don reçu ; ce don nous a mis en route vers Dieu et vers les autres. Ne nous y trompons pas, sur ce chemin.

La foi comme un projet de vie : écouter et accueillir une Parole ; la laisser travailler dans nos vies. Cela n'est pas si simple ... car le résultat est imprévisible ! Par moments nous souhaiterions que la foi donne, dans telle ou telle situation rencontrée, une réponse unique, claire et précise. Or, considérant certaine situation professionnelle difficile ou ambiguë (la décision d'embaucher un collaborateur handicapé, l'attitude à adopter par rapport à un acte douteux- les pots de vin dans les marchés internationaux), nous nous étonnons de la diversité des actes posés par des personnes que nous savons engagées dans des démarches de foi. A quoi "sert" donc la foi, si devant une situation difficile, les réponses que donnent des chrétiens peuvent être si variées ? A une situation professionnelle donnée, il peut donc y avoir plusieurs réponses possibles ? Et cela au nom d'une même attente du Royaume ? C'est que la foi ne suscite pas des réponses univoques. Elle ne donne pas de solution toute faite aux situations particulières que nous rencontrons; mais elle nous indique un chemin (chemin de conversion) qui anime nos vies. « Quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique peut se comparer à un homme avisé, qui a bâti sa maison sur le roc... » (Mt 7, 24-26). Matthieu ne nous dit pas comment est la maison (est-elle grande, large, à deux ou trois étages, avec piscine ou sans piscine...). Ce qui est intéressant, c'est ce sur quoi elle est bâtie : sur quelle base repose l'action que nous posons. Personne n'est à la place de l'autre (on ne peut dire "si j’étais à ta place"), mais la décision de chacun exprime la réponse qu’il donne à la Bonne Nouvelle du règne de Dieu qui vient. Attention ! Cela ne signifie pas : je suis tout seul et je n’ai aucun compte à rendre à autrui. Cela signifie : je suis attentif à la base d'où découle l'acte que je pose. D'autres, peut-être, ne seront pas d'accord avec ce dernier ; mais je suis disposé à reconnaître devant autrui la démarche de foi qui le sous-tend. La foi renvoie ainsi à un projet de vie, et ma façon même de vivre ma vie professionnelle exprime ce projet de vie qui est le mien.

P. Antoine Kerhuel s.j

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Pour un temps de relecture personnelle

Recueillir les fruits de la croisière � J’écris un ou deux versets de la Parole de Dieu que j’aime particulièrement, qui ont du sens pour moi. Je les mets en exergue. �� J’écris le désir et les attentes qui m’habitaient en arrivant pour ces jours en bateau et je note les déplacements qui se sont produits. ��� J’écris un point qui m’a vraiment, ou un point qui m’a donné de la joie, un point pour lequel j’ai envie de dire merci, et/ou au contraire un point qui m’a gêné, questionné, voire choqué. ���� J’écris un point concret sur lequel je suis appelé à avancer, une décision que j’ai prise par exemple quant à mon rythme de prière, ma relation à mon épouse, mon regard sur mes enfants, mon rapport au travail... Attention, pas de résolution trop générale et inapplicable, du style « Demain, je veux être meilleur! ».

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Dimanche 1er juin 7ème dimanche de Pâques

Temps de prière

Chant d’entrée Premier lettre de saint Pierre, apôtre Mes bien-aimés, puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d'être dans la joie et l'allégresse quand sa gloire se révélera. Si l'on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l'Esprit de gloire, l'Esprit de Dieu, repose sur vous. Si l'on fait souffrir l'un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme dénonciateur. Mais si c'est comme chrétien, qu'il n'ait pas de honte, et qu'il rende gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien.

Évangile selon saint Jean (17,1-11a À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée. Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde. J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé.

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Je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »

Silence Prière

Toi qui es Chemin Donne-nous de croire Qu'en toute impasse S'offre un passage Toi qui es Vérité Donne-nous de croire Que de toute errance Nous pouvons nous réveiller Toi qui es Vie Donne-nous de croire Que de toute mort Tu viens nous relever Montre-nous le Père, Qui n'est pas ailleurs Mais au cœur de notre humanité Quand nous marchons Quand nous veillons Quand nous vivons.

Francine Carillo

Notre Père Quand on a accompli quelque chose d'heureux en mer, petite croisière ou grand raid, Cap Horn ou îles d'Hyères, c'est d'abord parce qu'on a évité de faire ce qu'il ne fallait pas faire. C'est ensuite parce qu'on a fait ce qu'il fallait faire. C'est enfin parce que la mer l'a permis.

Jean-François Deniau

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Carnet de chants religieux

Par ordre alphabétique des titres ACCLAMEZ TERRE ENTIÈRE 1. Acclamez Terre entière, chantez à pleine voix. Il a pris vos misères par sa mort sur la croix. C’est le Dieu de vos Pères, vainqueur de vos combats, Acclamez terre entière, Chantez à pleine voix. R./ R/. Alléluia, Alléluia, Alléluia……Alléluia ! (x2) 2. Il a fait des merveilles, c’est lui le tout puissant. Son amour est fidèle, nous sommes ses enfants. Au son de la trompette, et tous les instruments, Exultez terre entière, laissez jaillir ce chant. R./ 3. Il est Roi de la terre, de tous ses habitants. C’est en lui que j’espère, car il est bien présent. Que la mer, ses richesses, les montagnes et les champs Le proclament sans cesse, lui redisent ce chant. R./ AU COEUR DE CE MONDE

R/. Au cœur de ce monde, le souffle de l'esprit fait retentir le cri de la Bonne Nouvelle ! Au cœur de ce monde, le souffle de l'Esprit met à l'œuvre aujourd'hui des énergies nouvelles !

Voyez ! les pauvres sont heureux : ils sont premiers dans le Royaume ! Voyez ! les artisans de paix : ils démolissent leurs frontières ! Voyez ! les hommes au cœur pur : ils trouvent Dieu en toute chose ! R./ Voyez ! les affamés de Dieu : ils font régner toute justice ! Voyez ! les amoureux de Dieu : ils sont amis de tous les hommes ! Voyez ! ceux qui ont foi en Dieu : ils font que dansent les montagnes R./ Voyez ! le peuple est dans la joie : l’amour l’emporte sur la haine ! Voyez ! les faibles sont choisis : les orgueilleux n’ont plus de trône ! Voyez ! les doux qui sont vainqueurs : ils ont la force des colombes ! R./

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Ave Maria

Je te salue Marie comblée de grâce, Le Seigneur est avec toi. Tu es bénie Marie entre toutes les femmes, Et Jésus, le fruit de tes entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu Oh prie pour nous, pauvres pécheurs Dès maintenant et jusqu'à l'heure De notre mort AMEN Ave Maria (x16)

BENIS LE SEIGNEUR Ô MON AME BENIS LE SEIGNEUR O MON AME, N’OUBLIE AUCUN DE SES BIENFAITS, BENIS LE SEIGNEUR O MON AME, BENIS LE SEIGNEUR A JAMAIS.

CHANGEZ VOS COEURS

R/. CHANGEZ VOS COEURS, CROYEZ A LA BONNE NOUVELLE, CHANGEZ DE VIE, CROYEZ QUE DIEU VOUS AIME!

1. "Je ne viens pas pour condamner le monde: Je viens pour que le monde soit sauvé". R./ 2. "Je ne viens pas pour les bien-portants, ni pour les justes, je viens pour les malades, les pécheurs. R./ 3. "Je ne viens pas pour juger les personnes: Je viens pour leur donner la Vie de Dieu. R./ 4. "Je suis le Bon Pasteur, dit Jésus: Je cherche la brebis égarée". R./ 5. "Je suis la porte, dit Jésus: Qui entrera par moi sera sauvé". R./ 6. "Qui croit en moi a la Vie éternelle, Croyez en mes paroles et vous vivrez". R./

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CHANTEZ, PRIEZ, CÉLÉBRER

R/. Chantez, priez, célébrez le Seigneur Dieu nous accueille, peuple du monde Chantez, priez, célébrez son nom Dieu nous accueille, dans sa maison.

1 - Il a fait le ciel et la terre, Eternel est son amour

Façonné l’homme à son image, Eternel est son amour. /R. 2 – Il sauva Noé du déluge, Eternel…

L’arc-en-ciel en signe d’alliance, Eternel… /R. 3 - Il combla Marie de sa grâce, Eternel…

Il se fit chair parmi les hommes, Eternel… /R. 4 - Acclamez Dieu, ouvrez le livre, Eternel…

Dieu nous crée et Dieu nous délivre, Eternel… /R. CHERCHER AVEC TOI DANS NOS VIE

R/. Chercher avec toi dans nos vies, Les pas de Dieu, Vierge Marie, Par toi, accueillir aujourd'hui, Le don de Dieu, Vierge Marie!

1. Puisque tu chantes avec nous: Magnificat, Vierge Marie, Permets la Pâque sur nos pas. Nous ferons tout ce qu'il dira. 2. Puisque tu souffres avec nous Gethsémani, Vierge Marie, Soutiens nos croix de l'aujourd'hui Entre tes mains, voici ma vie. 3. Puisque tu demeures avec nous Pour l'Angélus, Vierge Marie, Guide nos pas dans l'inconnu, Car tu es celle qui a cru.

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COMME UN FEU, COMME UNE LUMIÈRE

R/. Comme un feu, comme une lumière Comme un feu, de plus en plus fort Comme un feu, comme une lumière Fais moi vivre et renaître encore.

1. Alors peut-être une parole Ira plus loin qu’une amitié Et nous dira en parabole Ceux qu’on n'a pas voulu aimer. /R. 2. Alors naîtra comme un espoir Comme une empreinte au creux de nous, Flambeau vivant de notre histoire Le temps certain d’un rendez-vous. /R. 3. Toi qui m’offres tant de futur Pour ma vraie soif et ma vraie faim Soleil baigné d’une écriture D’un cœur du même sang que le mien. /R. COURONNEE D’ETOILES

R/. NOUS TE SALUONS, O TOI, NOTRE DAME, MARIE VIERGE SAINTE QUE DRAPE LE SOLEIL, COURONNEE D’ETOILES, LA LUNE EST SOUS TES PAS. EN TOI NOUS EST DONNEE L’AURORE DU SALUT

1 - Marie, Eve nouvelle et joie de ton Seigneur, tu as donné naissance à Jésus le Sauveur Par toi nous sont ouvertes, les portes du jardin. Guide-nous en chemin, étoile du matin. R./ 2 – Tu es restée fidèle, mère au pied de la croix, Soutiens notre Espérance et garde notre foi. Du côté de ton Fils tu as puisé pour nous, L’eau et le sang versés qui sauvent du péché R./ 3 – Quelle fut la joie d’Eve lorsque tu es montée Plus haut que tous les anges, plus haut que les nuées. Et quelle est notre joie, douce Vierge Marie, De contempler en toi la promesse de vie. R./

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4 - O Vierge immaculée, préservée du péché, En ton âme, en ton corps, tu entres dans les cieux Emportée dans la gloire, sainte Reine des cieux, Tu nous accueilleras un jour auprès de Dieu R./ HUMBLEMENT R/. Humblement dans le silence de mon cœur, je me donne à toi, mon Seigneur (bis). 1. Par ton amour, fais-moi demeurer humble et petit devant toi. R./ 2. Enseigne-moi ta sagesse, ô Dieu, viens habiter mon silence. R./

3. Entre tes mains, je remets ma vie, ma volonté, tout mon être. R./

4. Je porte en moi ce besoin d'amour, de me donner,

de me livrer sans retour. R./

5. Vierge Marie, garde mon chemin dans l'abandon, la confiance de l'amour. R./

IL EST TEMPS DE QUITTER VOS TOMBEAUX R/. Il est temps de quitter vos tombeaux, De sortir du sommeil de la nuit, D'aller vers la lumière, acclamer le Dieu trois fo is Saint ! 1. Vainqueur de la nuit, Christ ressuscité ; Tu dévoiles la face du Père. Tu es la lumière, tu es notre joie. Sois béni, ô Dieu qui nous libère ! R./ 2. Tu donnes l'Esprit, Christ ressuscité ;

Tu déverses les fleuves d'eaux vives. Fils aimé du Père, tu nous as sauvés ; Gloire à toi, pour ta miséricorde ! R./ 3. Roi de l'univers, Christ ressuscité, Toi qui trônes à la droite du Père. Tu viens dans la gloire pour nous relever ; * Ô Seigneur, que s'ouvre ton royaume ! R./

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JE SUIS DANS LA JOIE R/. Je suis dans la joie, une joie immense, Je suis dans l’allégresse car mon Dieu m’a libéré (x2). 1. Je chanterai de tout cœur, les merveilles de Jésus mon Seigneur. Il m’a ôté des ténèbres, Il m’a délivré de tout pêché (bis). R./ 2. Car mon Dieu est fidèle, Il ne m’abandonne jamais Je n’ai plus rien à craindre, Car mon Dieu m’a libéré (bis). R./ JÉSUS, BERGER DE TOUTE HUMANITÉ 1. Jésus, Berger de toute humanité, Tu es venu chercher ceux qui étaient perdus. R./ R/. Prends pitié de nous, fais-nous revenir, Fais-nous revenir à toi! Prends pitié de nous! 2. Jésus, Berger de toute humanité, Tu es venu guérir ceux qui étaient malades. R./ 3. Jésus, Berger de toute humanité, Tu es venu sauver ceux qui étaient pécheurs. R./ JESUS, TOI QUI AS PROMIS Jésus, toi qui as promis d’envoyer l’Esprit à ceux qui te prient, Oh Dieu, pour porter au monde ton feu, voici l’offrande de nos vies. JUBILEZ, CRIEZ DE JOIE R/. Jubilez, criez de joie, acclamez le Dieu trois fois Saint! Venez le prier dans la paix, témoigner de son amou r. Jubilez, criez de joie, pour Dieu, notre Dieu. 1. Louez le Dieu de lumière, il nous arrache aux ténèbres. Devenez en sa clarté, des enfants de sa lumière. 2. Ouvrez-vous, ouvrez vos cœurs au Dieu de miséricorde. Laissez-vous réconcilier, laissez-vous transfigurer 3. Notre Dieu est tout amour, toute paix, toute tendresse, Demeurez en son amour, il vous comblera de Lui.

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LA PREMIÈRE EN CHEMIN

1. La première en chemin, Marie tu nous entraînes À risquer notre « oui » aux imprévus de Dieu. Et voici qu’est semé, en l’argile incertaine De notre humanité, Jésus Christ fils de Dieu. R./

R./ Marche avec nous, Marie,

Sur nos chemins de foi, Ils sont chemins vers Dieu, Ils sont chemins vers Dieu. (bis)

2. La première en chemin, en hâte tu t’élances

Prophète de Celui qui a pris corps en toi. La parole a surgi, tu es sa résonance Et tu franchis des monts pour en porter la voix. R./

3. La première en chemin avec l’Église en marche

Dès les commencements, tu appelles l’Esprit ! En ce monde aujourd’hui, assure notre marche, Que grandisse le corps de ton fils Jésus Christ ! R./

LE SEIGNEUR EST MA LUMIERE (PSAUME 26) Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aur ais-je crainte. Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tr emblerais-je. LES MAINS OUVERTES

R./ LES MAINS OUVERTES DEVANT TOI, SEIGNEUR, POUR T'OFFRIR LE MONDE! LES MAINS OUVERTES DEVANT TOI, SEIGNEUR, NOTRE JOIE EST PROFONDE!

1. Garde-nous tout petits devant ta Face Simples et purs comme un ruisseau, Garde-nous tout petits devant nos frères Et disponibles comme une eau! 2. Garde-nous tout petits devant ta Face Brûlants d'amour et pleins de joie, Garde-nous tout petits devant nos frères Simples chemins devant leurs pas!

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LES MOTS QUE TU NOUS DIS

soliste 1. Les mots que tu nous dis surprennent nos attentes, TOUS MAIS QUI ES-TU JESUS POUR NOUS PARLER AINSI? soliste Viens-tu aux nuits pesantes donner le jour promis, TOUS ES-TU CELUI QUI VIENT POUR LIBERER NOS VIES? 2. Les mots que tu nous dis sans cesse nous appellent, MAIS QUI ES-TU.... Sont-ils bonne nouvelle qui changera nos vies, ES-TU CELUI.... 3. Les mots que tu nous dis troublèrent Jean-Baptiste, MAIS QUI ES-TU.... Faut-il être prophète pour croire comme lui, ES-TU CELUI.... 4. Les mots que tu nous dis formèrent les apôtres, MAIS QUI ES-TU.... Mais tu n'en dis pas d'autres aux hommes d'aujourd'hui, ES-TU CELUI.... 5. Les mots que tu nous dis ont fait naître l'Eglise, MAIS QUI ES-TU.... Comment peut-être acquise la foi qui la construit, ES-TU CELUI..... 6. Les mots que tu nous dis engagent au partage, MAIS QUI ES-TU.... Vivrons-nous le message que tu nous as transmis, ES-TU CELUI..... 7. Les mots que tu nous dis nous mènent jusqu'au Père, MAIS QUI ES-TU.... Saurons-nous vivre en frères que son amour unit, ES-TU CELUI....

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LITANIE DU SACRE CŒUR DE JESUS : 1. Nom de Jésus, 2. Nom de Jésus, le nom du Bien-Aimé, le nom du Vrai Pasteur, le nom du Premier-Né, le non du Prince-Agneau, Loué sois-tu! Loué sois-tu! Cœur de Jésus, Cœur de Jésus, brûlé de tant d’amour, repos des cœurs blessés, meurtri par le péché, et grâce des pécheurs, Pitié pour nous! Pitié pour nous! 3. Nom de Jésus, 4. Nom de Jésus, plus beau que tous les noms, le nom des baptisés, le nom qui nomme Dieu, seul nom des justifiés, Loué sois-tu! Loué sois-tu! Cœur de Jésus, Cœur de Jésus, qui dit le cœur de Dieu, le cœur de l’homme Dieu, plus grand que notre cœur, le cœur de Dieu en croix, Pitié pour nous! Pitié pour nous! 5. Nom de Jésus, 6. Nom de Jésus, qui blesse notre cœur, puissance de salut et creuse tout désir, qui marques notre front, Loué sois-tu! Loué sois-tu! Cœur de Jésus, Cœur de Jésus, qui calme toute soif, qui mènes vers la joie, et comble toute faim, qui gardes dans la paix, Pitié pour nous! Pitié pour nous!

7. Nom de Jésus, 8. Nom de Jésus, Soleil de plein minuit plus clair que n’est le jour, Fraîcheur en plein été plus doux que n’est le ciel, Loué sois-tu! Loué sois-tu! Cœur de Jésus, Cœur de Jésus, printemps en plein hiver, étoile du chemin, fontaine en plein désert, rocher qui donne l’eau, Pitié pour nous! Pitié pour nous!

9. Nom de Jésus, la perle de grand prix, trésor qui passe tout, Loué sois-tu! Cœur de Jésus, violent comme est l’amour, puissant comme est le feu, Pitié pour nous!

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MON SEIGNEUR ET MON DIEU 1. Doux Jésus, Agneau vainqueur, sois le maître de mon Cœur ; Emplis-moi de Ta douceur, Tu es mon Roi, mon Sauveur. Mon Seigneur et mon Dieu. (X4) 2. Esprit Saint consolateur, Tu me guides et me libères ; Répands ton feu dans mon cœur, qu'Il soit ma vie ma prière ; Mon Seigneur et mon Dieu. (X4) 3. Père des pauvres et des petits, mon rempart, mon seul abri. Prends-moi dans Ta main Seigneur, Garde-moi près de Ton cœur. Mon Seigneur et mon Dieu. (X4) NOTRE DIEU S’EST FAIT HOMME 1. Notre Dieu s'est fait homme pour que l'homme soit Dieu,

Mystère inépuisable, fontaine du salut. Quand Dieu dresse la table, il convie ses amis, pour que sa vie divine soit aussi notre vie !

2. Le Seigneur nous convoque par le feu de l'Esprit , Au banquet de ses noces célébrées dans la joie.

Nous sommes sont Eglise, l'Epouse qu'il a choisi, pour vivre son alliance et partager sa vie.

3. Merveille des merveilles, miracle de ce jour ! Pour nous Dieu s'abandonne en cette Eucharistie.

Chassons toute indolence, le Christ est parmi nous, Accueillons sa présence et offrons nous à lui.

4. Dieu se fait nourriture pour demeurer en nous, Il se fait vulnérable et nous attire à lui.

Mystère d'indigence d'un Dieu qui s'humilie, pour que sa créature soit transformée en lui.

5. Il frappe à notre porte le Seigneur tout puissant, Il attend humble et pauvre, mendiant de notre amour.

Dénué d'arrogance, sous l'aspect de ce pain, Il se donne en offrande pour demeurer en nous.

6. Que nos cœurs reconnaissent en ce pain et ce vin, L'unique nécessaire, qui surpasse tout bien.

Ce que nos yeux contemplent sans beauté ni éclat, C'est l'Amour qui s'abaisse et nous élève à lui.

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NOUS T'ADORONS Nous t’adorons au notre Père, Nous t’acclamons, sois la lumière (x2). PAR TOUTE LA TERRE 1. Par toute la terre il nous envoie témoigner de son Amour. Proclamer son Nom et son Salut dans la force de l’Esprit ! Car nos yeux ont vu et reconnu le Seigneur ressuscité, Le Saint d’Israël, né de Marie, Fils de Dieu qui donne vie ! R./ R/. Criez de joie, Christ est ressuscité ! Il nous envoie annoncer la vérité ! Criez de joie, brulez de Son amour, Car Il est là, avec nous pour toujours ! 2. Par sa vie donnée, son sang versé, il a racheté nos vies, Il détruit les portes des enfers, il nous sauve du péché. A tout homme il offre le Salut, don gratuit de son Amour ; Vivons dans sa gloire et sa clarté, maintenant et à jamais ! R./ 3. Pour porter la joie Il nous envoie, messagers de son Salut ! Pauvres serviteurs qu’il a choisis, consacrés pour l’annoncer ! Que nos lèvres chantent sa bonté, la splendeur de son dessein, Gloire à notre Dieu, Roi tout puissant, éternel est son Amour R./ QUE MA BOUCHE CHANTE TA LOUANGE 1. De toi, Seigneur, nous attendons la vie, Que ma bouche chante ta louange. Tu es pour nous un rempart, un appui, Que ma bouche ... La joie du cœur vient de toi ô Seigneur, Que ma bouche ... Notre confiance est dans ton nom très saint ! Que ma bouche ... R./ R/. Sois loué Seigneur, pour ta grandeur, Sois loué pour tous tes bienfaits, Gloire à toi Seigneur, tu es vainqueur, Ton amour inonde nos cœurs. Que ma bouche chante ta louange. 2. Seigneur tu as éclairé notre nuit, Que ma bouche chante ta louange. Tu es lumière et clarté sur nos pas, Que ma bouche ... Tu affermis nos mains pour le combat, Que ma bouche ... Seigneur tu nous fortifies dans la foi ! Que ma bouche ... R./

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QUE VIVE MON ÂME À TE LOUER R/ Que vive mon âme à te louer ! Tu as posé une lampe, une lumière sur ma route Ta parole Seigneur, Ta parole Seigneur. 1. Heureux ceux qui marchent dans tes voix Seigneur ! De tout mon cœur je veux garder ta parole, Ne me délaisse pas, Dieu de ma joie. R./ 2. Heureux ceux qui veulent faire ta volonté, Je cours sans peur sur la voie de tes préceptes Et mes lèvres publient ta vérité. R./ 3. Heureux ceux qui suivent tes commandements ! Oui, plus que l’or, que l’or fin, j’aime ta loi ; Plus douce que le miel est ta promesse. R./ SOUFFLE DE DIEU R/. Souffle de Dieu, souffle de feu, embrase-moi, c onsume-moi. 1. Sois la flamme qui luit, au plus fort de la nuit, Sois le fleuve d'eau vive qui engendre la vie. R./ 2. Sois dans mon cœur meurtri, un baume qui guérit, Louange qui jaillit de mon corps endormi. R./ 3. Sois parole de vie, en mon âme aujourd'hui, Semence qui grandit, du royaume promis. R./ 4. Sois ce trésor enfoui, dont je pressens le prix, Pour lequel je choisi d'offrir toute ma vie. R./ SOUFFLE IMPRÉVISIBLE 1. Souffle imprévisible, Esprit de Dieu

Vent qui fait revivre, Esprit de Dieu, Souffle de tempête, Esprit de Dieu, Ouvre nos fenêtres, Esprit de Dieu ! R./

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R./ Esprit de vérité, brise du Seigneur ! Esprit de liberté passe dans nos cœurs ! (BIS)

2. Flamme sur le monde, Esprit de Dieu,

Feu qui chasse l’ombre, Esprit de Dieu, Flamme de lumière, Esprit de Dieu, Viens dans nos ténèbres, Esprit de Dieu ! R./

3. Voix qui nous rassemble, Esprit de Dieu, Cri d’une espérance, Esprit de Dieu, Voix qui nous réveille, Esprit de Dieu, Clame la nouvelle, Esprit de Dieu ! R./ TIENS MA LAMPE ALLUMÉE R. / Tiens ma lampe allumée, la flamme est si frag ile, Ce soir je viens mendier, ton pain, ton eau, ton huile Tiens ma lampe allumée, jusqu'à ton domicile ; Toi seul peux me guider !

1. Allume dans mon cœur quelque chose de vrai, Quelque chose de toi, que rien ne puisse éteindre, Ni l'échec, ni la peur, ni le poids des années, Et que puisse mon pas chercher à te rejoindre. R./

2. Allume dans mes yeux quelque chose de pur, Quelque chose de toi, que rien ne puisse éteindre, Ni le poids du présent, ni l'avenir peu sûr, Et que dans mon regard ta clarté vienne poindre ! R./

3. Allume dans mes mains quelque chose de doux, Quelque chose de toi, que rien ne puisse éteindre, De petit, de discret, de brûlant, d'un peu fou, Et que puissent mes bras savoir encore étreindre ! R./

4. Allume dans ma vie quelque chose de beau, Quelque chose de toi, que rien ne puisse éteindre, Avec un goût d'amour et des rêves nouveaux, Que puisse mon chemin parvenir à t'atteindre ! R./ TU ES MON DIEU Tu es mon Dieu, tu es mon Roi et de tout mon cœur je t’aime…Alléluia (x4)

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VENEZ ! APPROCHONS-NOUS R/. Venez ! Approchons-nous de la table du Christ, il nous livre son corps et son sang. Il se fait nourriture, Pain de Vie éternelle, nous fait boire à la coupe des noces de l’Agneau. 1. La sagesse de Dieu a préparé son vin,

elle a dressé la table, elle invite les saints : « Venez boire à la coupe ! Venez manger le pain ! Soyez la joie de Dieu, accourez au festin ! » R./ 2. Par le pain et le vin reçus en communion,

voici le sacrifice qui nous rend à la vie. Le sang de l’alliance jaillit du cœur de Dieu, quand le verbe fait chair s’offre à nous sur la Croix. R./ 3. Dieu est notre berger, nous ne manquons de rien,

sur des prés d’herbe fraiche, il nous fait reposer. Il restaure notre âme, il nous garde du mal, quand il dresse pour nous la table du salut. R./ 4. Rayonne et resplendis, Eglise du Seigneur,

car il est ta lumière, Dieu l’a ressuscité ! Que tout genou fléchisse au nom de Jésus Christ ! Il nous rend à la vie par son Eucharistie. R./ VOUS RECEVREZ UNE FORCE NOUVELLE R./ Vous recevrez une force nouvelle : « la puissa nce de l’Esprit. Alors vous serez mes témoins, jusqu’au bout de la terre ». Mais sans l’aide de l’esprit, nous ne pourrons tout porter, Il nous faudra rester ici ensemble dans cette nuit, attendre qu’il nous soit donné. R./

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Carnet de chants Par ordre alphabétique des titres

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ADIEU MADRAS Martinique. L’air est attribué à Lully

1. A-dieu ma-dras, a-dieu fou-lards A-dieu rob’soie , a-dieu col-lier

-chou. Dou-dou à moi, y va pa'- ti' Hé-las, hé-las , c'est pour tou

jours. Dou-dou à moi, y va pa'- ti' Hé-las, hé-las, c'est pour tou-jours

2. Bonjou' , monsieur le capitaine Bonjou' , monsieur le commandant Moi veni' fai' un’ p’tit pétition (bis) Pou' vous laisser dou-dou moi ,ben à moi (bis)

3. Mademoiselle, il est t'op ta' La consigne est déjà signée Le navi' est su' la bouée (bis) D'un instant , il va appa'eiller (bis)

4. Bel bateau a qui dans la 'eclade Qui s'en dou-dou moi pou' mener ailleu' Dou-dou à moi, y va pa'ti' (bis) Hélas , hélas c'est pour toujou' (bis)

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AMSTERDAM

Dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui chantent Les rêves qui les hantent au large d'Amsterdam. Dans le port d'Amsterdam y a des marins qui dorment Comme des oriflammes, le long des berges mornes Dans le port d'Amsterdam y a des marins qui meurent Pleins de bière et de drames aux premières lueurs Mais dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui naissent Dans la chaleur épaisse des langueurs océanes

Dans le port d'Amsterdam, y a des marins qui mangent Sur des nappes trop blanches des poissons ruisselants Ils vous montrent des dents à croquer la fortune A décroisser la lune à bouffer des haubans Et ça sent la morue jusque dans le cœur des frites Que leur grosses mains invitent à revenir en plus Puis se lèvent en riant dans un bruit de tempête Referment leur braguette et sortent en rotant

Dans le port d'Amsterdam y a des marins qui dansent En se frottant la panse sur la panse des femmes Et ils tournent et ils dansent comme des soleils Cachés dans le son déchiré d'un accordéon rance Ils se tordent le cou pour mieux s'entendre rire Jusqu'a c'que tout à coup, l'accordéon expire Alors le geste grave, alors le regard fier Ils remontent leur batave jusqu'en pleine lumière

Dans le port d'Amsterdam y a des marins qui boivent Et qui boivent et reboivent et reboivent encore Ils boivent à la santé des putains d'Amsterdam De Hambourg ou d'ailleurs ; enfin ils boivent aux dames Qui leur donnent leur joli corps , qui leur donnent leur vertu Pour une pièce d'or ; et quand ils ont bien bu Se plantent le nez au ciel se mouchent dans les étoiles Et ils pissent comme je pleure sur les femmes infidèles Dans le port d'Amsterdam .....Dans le port d'Amsterdam......

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ARMSTRONG

Armstrong, je ne suis pas noir, je suis blanc de peau

Quand on veut chanter l’espoir quel manque de pot

Oui, j’ai beau voir le ciel, l’oiseau, rien, rien, rien ne luit là-haut

Les anges, zéro, je suis blanc de peau

Armstrong, tu te fends la poire, on voit toutes tes dents

Moi, je broie plutôt du noir, du noir en dedans

Chante pour moi, Louis, oh oui, chante, chante, chante, ça tient chaud

J’ai froid, oh moi, qui suis blanc de peau

Armstrong, la vie, quelle histoire, c’est pas très marrant

Qu’on l’écrive blanc sur noir ou bien noir sur blanc

On voit surtout du rouge, du rouge, sans, sans, sans trêve ni repos

Qu’on soit, ma foi, noir ou blanc de peau

Armstrong, un jour, tôt ou tard, on n’est que des os

Est-ce que les tiens seront noirs? Ce serait rigolo

Allez, Louis, alléluia, au-delà de nos oripeaux

Noir et blanc sont ressemblants comme deux gouttes d’eau

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A SAINT MALO

1. A Saint Malo beau port de mer A Saint Malo beau port de mer 3 beaux navir’s sont ar-ri-vés Nous i- rons sur l'eau, nous i- rons nous promener Nous i-rons jouer dans l'î- le 2. Trois beaux navires sont arrivés Chargés d’avoin’, chargés de blé Nous irons sur l'eau, nous irons nous promener Nous irons jouer dans l'île 3. Chargés d’avoin’, chargés de blé Trois dam’s s’en vont le marchander Nous irons sur l'eau, nous irons nous promener Nous irons jouer dans l'île 4. Trois dam’s s’en vont le marchander Marchand, marchand, combien ton blé Nous irons sur l'eau, nous irons nous promener Nous irons jouer dans l'île 5. Marchand, marchand, combien ton blé Six francs l'avoine deux francs le blé Nous irons sur l'eau, nous irons nous promener Nous irons jouer dans l'île 6. Six francs l'avoine deux francs le blé C'est bien trop cher d'une bonne moitié Nous irons sur l'eau, nous irons nous promener Nous irons jouer dans l'île 7. C'est bien trop cher d'une bonne moitié Marchand tu n'vendras pas ton blé Nous irons sur l'eau, nous irons nous promener Nous irons jouer dans l'île 8. Marchand tu n'vendras pas ton blé Si je n’l’vend pas, je le donnerai Nous irons sur l'eau, nous irons nous promener Nous irons jouer dans l'île 8. Si je n’l’vend pas, je le donnerai A ce prix on va s’arranger ! Nous irons sur l'eau, nous irons nous promener Nous irons jouer dans l'île

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AU TRENTE ET UN DU MOIS D’AOÛT

R./ Buvons un coup, buvons en deux A la santé des amoureux A la santé du roi de France Et merde pour le roi d'Angleterre Qui nous a déclaré la guerre

Au 31 du mois d'août Nous vîmes venir sous l'vent à nous Une frégate d'Angleterre Qui fendait la mer et les flots C'était pour attaquer Bordeaux R./ Le commandant du bâtiment Fit appeler son lieutenant Lieutenant te sens-tu capable Dis-mois te sens-tu assez fort Pour prendre l'anglais à ton bord R./ Le lieutenant fin et hardi lui répondit capitaine oui Faite branle-bas à l'équipage Je va hisser no't pavillon Qui rest'ra bout sous le vent R./ Le maître donne un coup de sifflet Pour faire monter les deux bordées Tout est paré pour l'abordage Hardis gabiers, matelots Braves canonniers, mousses, petiots R./ Dix vire lof pour lof en arrivant Nous l'abordions par son avant A coups de haches d'abordage De pique, de sabre, de mousqueton En trois cinq sec je l'arrimions R./ Que dira-t-on du grand rafiot A Brest, à Londres et à bordeaux Qu'a laissé prendre son équipage Par un corsaire de dix canons Lui qui en avait trente et si bon R./

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AVEC JEAN BART Avec Jean Bart s'en sont allé O-hé du mousse, le vent te pousse

Avec Jean Bart s'en sont allé Gars de Dunkerque et de Calais Pour sur la mer battre l'Anglais R./ Chan- te le vent, Ohé, E-ho ! His se la voile, fier matelot 2. Voguèrent alors nuit et jour

Ohé du mousse, le vent te pousse Voguèrent alors nuit et jour Et déjà parlaient de retour Quand l'Anglais parut à l'entour. R./

3. Les attaquèrent en chant

Ohé du mousse, le vent te pousse Les attaquèrent en chant Tuant, fendant, décapitant Sans même faiblir un instant. R./

4. Au soir sur le flot apaisé

Ohé du mousse, le vent te pousse Au soir sur le flot apaisé Flottait au haut du grand hunier Le pavillon fleurdelisé. R./

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BELLE-ILE EN MER

Belle-Ile-en-Mer Marie-Galante Saint-Vincent Loin Singapour Seymour Ceylan Vous c’est l’eau c’est l’eau Qui vous sépare Et vous laisse à part

Moi des souvenirs d’enfance En France… Violence Manque d’indulgence Par les différences que j’ai…. Café …. Léger Au lait mélangé Séparé petit enfant Tout comme vous Je connais ce sentiment De solitude et d’isolement

Belle-Ile-en-Mer Marie-Galante Saint-Vincent Loin Singapour Seymour Ceylan Vous c’est l’eau c’est l’eau Qui vous sépare Et vous laisse à part

Comme laissé tout seul en mer Corsaire…. Sur terre Un peu solitaire L’amour je 1’ voyais passer Ohé Ohé Je 1’ voyais passer Séparé petit enfant Tout comme vous Je connais ce sentiment De solitude et d’isolement

Belle-Ile-en-Mer Marie-Galante Saint-Vincent Loin Singapour Seymour Ceylan Vous c’est l’eau c’est l’eau Qui vous sépare Et vous laisse à part

Karudea Calédonie Ouessant Vierges des mers Toutes seules Tout 1’temps Vous c’est l’eau c’est l’eau Qui vous sépare Et vous laisse à part ….Oh oh...

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C’EST DANS LA PIPE C'est dans la pipe qu'on met l'tabac, Ou la, ou la C'est dans la pipe qu'on met l'tabac, Ou la, ou la R./

R./ Paré à virer les gars faudrait haler On s'reposera quand on arrivera Dans le port de Tacoma

C'est dans la cave qu'il y a les rats, Ou la, ou la C'est dans la cave qu'il y a les rats, Ou la, ou la R./ C'est dans la gueule qu'on met le tafia, Ou la, ou la C'est dans la gueule qu'on met le tafia, Ou la, ou la R./ C'est dans la mer qu'on met les mâts, Ou la, ou la C'est dans la mer qu'on met les mâts, Ou la, ou la R./ Mais les filles ça se met dans les bras, Ou la, ou la Mais les filles ça se met dans les bras, Ou la, ou la R./

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C’EST L’AVIRON 1. En revenant de la jo- lie Ro-chelle j'ai rencontré trois jeu-nes de-moi

-selles R./ C'est l'a- vi- ron qui nous mè-ne, mè-ne , mè-ne c'est l'a- vi- ron qui nous mène en rond

2. J'ai point choisi

Mais j'ai pris la plus belle J’la fis monter Derrière moi sur la selle R./

3. Je fis cent lieux Sans parler avec elle Je la menais Auprès d’une fontaine R./ Quand ell’ fut là Ell’ ne voulu point bouère J’l’ai ramenée Au logis de son père R./ Quand elle y fut Ell’ buvait à pleins verres À la santé de son père et d’sa mère R./ À la santé De ses sœurs et d’ses frères À la santé D’celui que son cœur aime R./

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C’ETAIT UN FAMEUX NAVIRE

1. C’était un fameux na-vi-re Au ca-bes-tan vi-re, vi-re Que le

na-vir’ du for-ban vi-re, vire au ca-bes-tan, vi-re, Vire au ca-bes-tan !

2. En soie était sa voilure En or était sa mâture Sa coque était en argent Ses hublots en diamants

3. Ils prenaient d'assaut les villes

Encerclaient toutes les îles Les marins ne savaient plus Que faire de leurs écus

4. Un jour, une flotte entière Partit lui faire la guerre Le navire fut vendu Et le forban fut pendu

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DANS LES PRISONS DE NANTES

Dans les prisons de Nantes, lang di...... Dans les prisons de Nantes, Il y avait un prisonnier (bis) Personne ne vint le voir, lang di....... Personne ne vint le voir, Que la fille du geôlier (bis) Un jour il lui demande, lang di ...... Un jour il lui demande, Que dit-on de moé (bis) On dit de vous en ville, lang di .... On dit de vous en ville, Que vous serez pendu (bis) Mais s'il faut qu'on me pende, lang di ..... Mais s'il faut qu'on me pende, Déliez-moi les pieds (bis) La fille était jeunette, lang di .... La fille était jeunette, Les pieds lui a délié (bis) Le prisonnier alerte, lang di .... Le prisonnier alerte, Dans la Loire s'est jeté (bis) Dès qu'il fût sur les rives, lang di .... Dès qu'il fût sur les rives, Il se mît à chanter (bis) Je chante pour les belles, lang di .... Je chante pour les belles, Surtout celle du geôlier (bis) Si je reviens à Nantes, lang di .... Si je reviens à Nantes, Oui, je l'épouserai bis) Dans les prisons de Nantes, lang di...... Dans les prisons de Nantes, Il y avait un prisonnier (bis)

Page 83: Carnet Pères en Mer 2014

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DES QUE LE VENT SOUFFLERA C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme Moi la mer elle m'a pris J'me souviens un mardi

J'ai troqué mes santiags Et mon cuir un peu zone Contre une paire de dock side Et un vieux ciré jaune

J'ai déserté les crasses Qui m'disaient, soit prudent La mer c'est dégueulasse Les poissons baisent dedans

R/ Dès que le vent soufflera, je repartira Dès que les vents tourneront, nous nous en allerons

C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme Moi la mer elle m'a pris Au dépourvu, tant pis...

J'ai eu si mal au cœur Sur la mer en furie Qu'j'ai vomis mon quatre heure Et mon minuit aussi

J'me suis cogné partout J'ai dormi dans des draps mouillés Ca m'a coûté des sous C'est de la plaisance, c'est le pied R./

C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme Mais elle prend pas la femme Qui préfère la campagne

La mienne m'attend au port Au bout de la jeté L'horizon est bien mort Dans ses yeux délavés

Assise sur une bitte D'amarrage, elle pleure Son homme qui la quitte La mer c'est son malheur R./

C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme

Page 84: Carnet Pères en Mer 2014

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Moi la mer elle m'a pris Comme on prend un taxi

Je f'rai le tour du monde Pour voir à chaque étape Si tous les gars du monde Veulent bien m'lacher la grappe

J'irai aux quatre vents Foutre un peu le boxon Jamais les océans N'oublieront mon prénom R./

C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme Moi la mer elle m'a pris Et mon bateau aussi...

Il est fier mon navire Il est beau mon bateau C'est un fameux trois mats Fin comme un oiseau hisse ho

Mais Tabarly, Pajot Kersauzon, Riguidel Naviguent pas sur des cageots Ni sur des poubelles R./

C'est pas l'homme qui prend la mer C'est la mer qui prend l'homme Moi la mer elle m'a pris Je m'souviens un vendredi

Regardez votre enfant Il est parti marin Je sais c'est pas marrant Mais c'était son destin

Ne pleures plus ma mère Ton fils est matelot Ne pleures plus mon père Je vais au fil de l'eau

Dès que le vent soufflera.......

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ELLE COURT, ELLE COURT LA MALADIE D'AMOUR (Michel SARDOU) Elle court, elle court, la maladie d'amour, Dans le cœur des enfants de 7 à 77 ans. Elle chante, elle chante, la rivière insolente Qui unit dans son lit Les cheveux blonds, les cheveux gris. Elle fait chanter les hommes et s'agrandir le monde. Elle fait parfois souffrir tout le long d'une vie. Elle fait pleurer les femmes, elle fait crier dans l'ombre Mais le plus douloureux, c'est quand on en guérit. Elle court, elle court, la maladie d'amour, Dans le cœur des enfants de 7 à 77 ans. Elle chante, elle chante, la rivière insolente Qui unit dans son lit Les cheveux blonds, les cheveux gris. Elle surprend l'écolière sur le banc d'une classe Par le charme innocent d'un professeur d'anglais. Elle foudroie dans la rue cet inconnu qui passe Et qui n'oubliera plus ce parfum qui volait. Elle court, elle court, la maladie d'amour, Dans le cœur des enfants de 7 à 77 ans. Elle chante, elle chante, la rivière insolente Qui unit dans son lit Les cheveux blonds, les cheveux gris. Elle court, elle court, la maladie d'amour, Dans le cœur des enfants de 7 à 77 ans. Elle chante, elle chante, la rivière insolente Qui unit dans son lit Les cheveux blonds, les cheveux gris.

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EMMENEZ-MOI (Charles AZNAVOUR)

Vers les docks où le poids et l’ennui Me courbent le dos Ils arrivent le ventre alourdi De fruits les bateaux Ils viennent du bout du monde Apportant avec eux Des idées vagabondes Aux reflets de ciels bleus De mirages traînant un parfum

poivré De pays inconnus Et d’éternels étés Où l’on vit presque nus Sur les plages

Moi qui n’ai connu toute ma vie Que le ciel du nord J’aimerais débarbouiller ce gris En virant de bord Emmenez-moi au bout de la terre Emmenez-moi au pays des

merveilles Il me semble que la misère Serait moins pénible au soleil

Dans les bars à la tombée du jour Avec les marins Quand on parle de filles et d’amour Un verre à la main Je perds la notion des choses Et soudain ma pensée M’enlève et me dépose Un merveilleux été Sur la grève Où je vois tendant les bras L’amour qui comme un fou Court au-devant de moi Et je me pends au cou De mon rêve Quand les bars ferment, que les

marins

Rejoignent leur bord Moi je rêve encore jusqu’au matin Debout sur le port Emmenez-moi au bout de la terre Emmenez-moi au pays des

merveilles Il me semble que la misère Serait moins pénible au soleil Un beau jour sur un rafiot

craquant De la coque au pont Pour partir je travaillerais dans La soute à charbon Prenant la route qui mène A mes rêves d’enfant Sur des îles lointaines Où rien n’est important Que de vivre Où les filles alanguies Vous ravissent le cœur En tressant m’a t’on dit De ces colliers de fleurs Qui enivrent Je fuirais laissant là mon passé Sans aucun remord Sans bagage et le cœur libéré En chantant très fort Emmenez-moi au bout de la terre Emmenez-moi au pays des

merveilles Il me semble que la misère Serait moins pénible au soleil Emmenez-moi au bout de la terre Emmenez-moi au pays des

merveilles Il me semble que la misère Serait moins pénible au soleil

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ENSEMBLE (Goldman) Souviens-toi : était-ce mai novembre ici ou là ; était-ce un lundi je ne me souviens que d’un mur immense main nous étions ensemble ensemble nous l’avons franchi

Reviens-moi : de tes voyages si loin reviens-moi ; tout s’ajoute à ma vie j’ai besoin de nos chemins qui se croisent quand le temps nous rassemble ensemble tout est plus joli

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FAUT AVOIR DU COURAGE Traditionnel normand

Pendant le morte saison On voit sur le quai les patrons Qui demandent veux-tu qu'j't'engage Tu auras de forts bons gages Tu gagneras beaucoup d'argent Si su'l'banc y'a du flétan R./ R./ Faut avoir du courage Pour faire ce long voyage L'départ étant arrivé Chacun descend sur le quai Faut faire ses adieux bien vite L'capitaine appelle de suite Répondez à votre nom Embarquez donc les garçons R./ Arrivé sur les grands bancs On y voit des glaces On mesure les brassées d'eau Pour y prendre sa place On mesure les brassées d'eau Pour s'y placer comme il faut R./ L'équipage étant à bord Chacun se dispose A prendre son p'tit déjeuner Qui n'est pas grand-chose Après ce joli repas Le guindeau vous casse les bras R./

Quand on est sur les grands

bancs On crie on se déhausse Chacun se lève soudain Pour aller boire la goutte De tribord comme de bâbord Les doris s'en vont dehors R./ Dans le doris les hommes s'en

vont Pour pêcher toute la journée Et quand il est plein d'poissons Faut encore le décharger Hale dessus c'est la morue Hale dedans c'est du flétan R./

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JE CONNAIS DES BATEAUX

Je connais des bateaux qui restent dans le port De peur que les courants les entraînent trop fort, Je connais des bateaux qui rouillent dans le port À ne jamais risquer une voile au dehors. Je connais des bateaux qui oublient de partir Ils ont peur de la mer à force de vieillir, Et les vagues, jamais, ne les ont séparés, Leur voyage est fini avant de commencer. Je connais des bateaux tellement enchaînés Qu’ils en ont désappris comment se regarder, Je connais des bateaux qui restent à clapoter Pour être vraiment surs de ne pas se quitter. Je connais des bateaux qui s’en vont deux par deux Affronter le gros temps quand l’orage est sur eux, Je connais des bateaux qui s’égratignent un peu Sur les routes océanes où les mènent leurs jeux. Je connais des bateaux qui n’ont jamais fini De s’épouser encore chaque jour de leur vie, Et qui ne craignent pas, parfois, de s’éloigner L’un de l’autre un moment pour mieux se retrouver. Je connais des bateaux qui reviennent au port Labourés de partout mais plus graves et plus forts, Je connais des bateaux étrangement pareils Quand ils ont partagé des années de soleil. Je connais des bateaux qui reviennent d’amour Quand ils ont navigué jusqu’à leur dernier jour, Sans jamais replier leurs ailes de géants Parce qu’ils ont le cœur à taille d’océan.

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JOHN KANAKA Sur un baleinier John s'est réveillé John Kanaka naka tou laa hey Quelqu'un criait paré à larguer John Kanaka naka tou laa hey Too laa hey ho too la hey John Kanaka naka tou laa hey Dans une taverne il s'est fait enrôler John Kanaka naka tou laa hey Par un bosco qui l'avait saoulé John Kanaka naka tou laa hey Too laa hey ho too la hey John Kanaka naka tou laa hey A bord ton temps tu l'passes à étarquer John Kanaka naka tou laa hey C'est pas l'cap'taine qui monte dans les huniers John Kanaka naka tou laa hey Too laa hey ho too la hey John Kanaka naka tou laa hey Par le Cap Horn trois fois ils sont passés John Kanaka naka tou laa hey Mais rien qu'une fois son sac il a posé John Kanaka naka tou laa hey Too laa hey ho too la hey John Kanaka naka tou laa hey Et des baleines ils n'en ont pas pognées John Kanaka naka tou laa hey Y a qu'le sale temps qu'ils ont harponné John Kanaka naka tou laa hey Too laa hey ho too la hey John Kanaka naka tou laa hey Mais aux Marquises l'enfer s'est terminé John Kanaka naka tou laa hey Dans les bras d'la goélette la mieux gréée John Kanaka naka tou laa hey Too laa hey ho too la hey John Kanaka naka tou laa hey John est heureux avec sa vahiné John Kanaka naka tou laa hey C'est pas demain qu'il va réembarquer John Kanaka naka tou laa hey Too laa hey ho too la hey John Kanaka naka tou laa hey

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IL ÉTAIT UN PETIT NAVIRE

Il était un petit navire (bis) Qui n’avait ja, ja, jamais navigué (bis) Au bout de cinq à six semaines (bis) Les vivres vin, vin, vinrent à manquer (bis) Oh! Eh! Oh! Eh! Matelot, matelot navigue sur les flots (bis) On tira z'à la courte paille (bis) Pour savoir qui, qui, qui sera mangé (bis) Oh! Eh! Oh! Eh! Matelot, matelot navigue sur les flots (bis) Le sort tomba sur le plus jeune (bis) Le mousse qui, qui, se mit à pleurer (bis) ... Ô sainte Vierge, ô ma patronne, (bis) Je vous en prie, de moi ayez pitié (bis) Oh! Eh! Oh! Eh! Matelot, matelot navigue sur les flots (bis) Sur le pont du petit navire (bis) Des poissons pleuv', pleuv', pleuvent par milliers (bis) Oh! Eh! Oh! Eh! Matelot, matelot navigue sur les flots (bis) C'est ainsi que le petit mousse (bis) Par un grand mi, miracle fut sauvé (bis). Oh! Eh! Oh! Eh! Matelot, matelot navigue sur les flots (bis) Si vous aimez bien cette histoire (bis) Nous allons la, la, la recommencer (bis) Oh! Eh! Oh! Eh! Matelot, matelot navigue sur les flots (bis)

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JEAN-FRANÇOIS DE NANTES C'est Jean François de Nantes OUÉ, OUÉ, OUÉ Gabier sur la fringante Oh mes bouées Jean François Débarque en fin d'campagne OUÉ, OUÉ, OUÉ Fier comme un roi d'Espagne Oh mes bouées Jean François En vrac dedans sa bourse OUÉ, OUÉ, OUÉ Il a vingt mois de course Oh mes bouées Jean François Une montre, une chaîne OUÉ, OUÉ, OUÉ Valant une baleine Oh mes bouées Jean François Branl'bas chez son hôtesse OUÉ, OUÉ, OUÉ Bitte et boss et largesse Oh mes bouées Jean François La plus belle servante OUÉ, OUÉ, OUÉ L'emmène dans sa soupente Oh mes bouées Jean François De conserve avec elle OUÉ, OUÉ, OUÉ Navigue mer belle Oh mes bouées Jean François En vidant la bouteille OUÉ, OUÉ, OUÉ Tout son or appareille Oh mes bouées Jean François Montr' et chaîne s'envolent OUÉ, OUÉ, OUÉ Mais il prend la vérole Oh mes bouées Jean François A l'hôpital de Nantes OUÉ, OUÉ, OUÉ Jean François se lamente Oh mes bouées Jean François Et les draps de sa couche OUÉ, OUÉ, OUÉ Déchirent avec sa bouche Oh mes bouées Jean François Il ferai de la peine OUÉ, OUÉ, OUÉ Même à son capitaine Oh mes bouées Jean François Pauvr'Jean François de Nantes OUÉ, OUÉ, OUÉ Gabier sur la fringante Oh mes bouées Jean François

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LA BLANCHE HERMINE J'ai rencontré ce matin devant la haie de mon champ Une troupe de marins d'ouvriers de paysans Où allez-vous camarades avec vos fusils chargés Nous tendrons des embuscades viens rejoindre notre armée

R./ La voilà la blanche hermine Vive la mouette et l'ajonc La voilà la blanche hermine Vive fougère et Clisson

Ma mie dit que c'est folie d'aller faire la guerre aux francs Moi je dis que c'est folie d'être enchaîné plus longtemps Je viendrai à la nuit noire tant que la guerre durera Comme les femmes en noir, triste et seule elle m'attendra Et sans doute pensera-t-elle que je suis en déraison De la voir mon cœur se serre là-bas devant la maison Et si je meurs à la guerre pourra-t-elle me pardonner D'avoir préféré ma terre à l'amour qu'elle me donnait J'ai rencontré ce matin devant la haie de mon champ Une troupe de marins d'ouvriers de paysans.

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L’AIGLE NOIR Barbara

Un beau jour ou peut-être une nuit Près d’un lac je m’étais endormie Quand soudain, semblant crever le ciel Et venant de nulle part, Surgit un aigle noir. Lentement, les ailes déployées, Lentement, je le vis tournoyer Près de moi, dans un bruissement d’ailes, Comme tombé du ciel L’oiseau vint se poser. Il avait les yeux couleur rubis Et des plumes couleur de la nuit À son front, brillant de mille feux, L’oiseau roi couronné Portait un diamant bleu.

De son bec, il a touché ma joue Dans ma main, il a glissé son cou C’est alors que je l’ai reconnu Surgissant du passé Il m’était revenu. Dis l’oiseau, Ô dis, emmène-moi Retournons au pays d’autrefois Comme avant, dans mes rêves d’enfant, Pour cueillir en tremblant Des étoiles, des étoiles. Comme avant, dans mes rêves d’enfant, Comme avant, sur un nuage blanc, Comme avant, allumer le soleil, Être faiseur de pluie Et faire des merveilles.

L’aigle noir dans un bruissement d’ailes Prit son vol pour regagner le ciel Quatre plumes, couleur de la nuit, Une larme, ou peut-être un rubis J’avais froid, il ne me restait rien L’oiseau m’avait laissée Seule avec mon chagrin. Un beau jour, ou était-ce une nuit Près d’un lac je m’étais endormie Quand soudain, semblant crever le ciel, Et venant de nulle part Surgit un aigle noir

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LA MARIE JOSEPH Ca nous a pris trois mois complets Pour découvrir quels étaient ses projets... Quand le père nous l'a dit, c'était trop beau, Pour les vacances nous avions un bateau. D'un bond, d'un seul et sans hésitation, On s'document' sur la navigation En moins d'huit jours nous fûmes persuadés Qu'la mer pour nous n'aurait plus de secrets

R./ Encore heureux qu'il ait fait beau ........... ... ) Et qu'la Marie Joseph soit un beau bateau ) bis

Le père alors fit preuve d'autorité : « J'suis ingénieur, laissez-moi commander. » D'vant l'résultat, on lui a suggéré Qu'un vrai marin vienne nous accompagner Alors j'ai dit : « J'vais prendre la direction, Ancien marin, j'sais la navigation. » J'commence à croire qu'c'était prématuré. Faut pas confondre Guitare et Naviguer Côté jeunes filles, c'était pas mal, Ça nous a couté, l'écoute de grand-voile En la coupant Maguy dit : « J'me rappelle Qu'un d'mes louveteaux voulait de la ficelle. » Pour la deuxième fallait pas la laisser Toucher la barre ou même s'approcher Car en moins d'deux, on était vent debout : « J'aime tant l'expression », disait-elle, pas vous ?" Quand finalement on put réparer, Alors on s'est décidé à rester. Mais on n'a jamais trouvé l'appontement Car à minuit on n'y voit pas tellement On dit : « Maussad' comme un marin breton », Moi j'peux vous dire qu'c'est pas mon impression Car tous les gars du côté d'Noirmoutiers Ne sont pas prêts d's'arrêter d'rigoler.

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LA TRAMONTANE Je n'irai jamais à la pêche Parc'que j'suis un peu boiteux Ce n'est pourtant ce qui m'empêche D'aimer la mer comme mes vieux Lorsque j'y pense, mon cœur soupire Je n'aurai jamais mon bateau Je taillerai petit navire Dans du liège avec mon couteau R./

R./ Et pourtant Je suis content Lorsqu'on entend Chanter une sardane Je suis content Quand on entend crier le goéland Je suis content Quand on entend Souffler la tramontane Je suis content Quand on entend Souffler le vent d'antan Dans les haubans

Peut-être un jour de tempête Nul ne pourra sortir du port Ce sera pour moi jour de fête Je resterai tout seul à bord Si par hasard je ferai naufrage Le filet sera mon linceul Pas de canot de sauvetage Jusqu'au bout je veux rester seul. R./

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LE CORSAIRE

Le corsaire le grand coureur est un navir’ de malheur quand il s'en va en croisière pour aller chasser l'anglais le vent, la mer et la

guerre tournent contre le français R./Allons les gars gai, gai Allons les gars gaiemen t

2. Il est parti de Lorient avec belle mer et bon vent il cinglait bâbord amure naviguant comme un poisson un grain tombe sur sa mâture v'la le corsaire en ponton

3. Il nous fallut remâter

et bougrement bourlinguer tandis que l'ouvrage avance on signale par tribord un navire d'apparence à mantelets de sabords

4. C'était un anglais vraiment

à double rangée de dents un marchand de mort subite mais le français n'a pas peur au lieu de brasser en fuite nous le rangeons à l'honneur

5. Les boulets pleuvent sur nous

nous lui rendons coups pour coups pendant que la barbe fume à nos braves matelots dans un gros bouchon de brume il nous échappe aussitôt

6. Nos prises au bout de six mois ont pu se monter à trois un navir' plein de patates plus qu'a moitié chaviré un deuxième de savates et le dernier de fumier

7. Pour nous refair’ des combats

nous avions à nos repas des gourganes et du lard rance du vinaigre au lieu de vin du biscuit pourri d'avance et du camphre le matin

8. Pour finir ce triste sort

nous venons périr au port dans cette affreuse misère quand chacun s'est vu perdu

Chacun, selon sa manière s'est sauvé comme il a pu

9. Si l'histoire du grand coureur

à su vous toucher le cœur ayez donc belles manières et payez-nous largement du vin, du rack, de la bière et nous serons tous contents.

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LE FORBAN A moi forban que m'importe la gloire Né fils de roi et de prostituée Sur des cadavres j'ai chanté la victoire Et dans un crâne j'ai bu la liberté Vierge craintive, toi, ma captive Ce soir je vais dévorer tes appâts Encore brûlant d'une autre amante Tes vertus vont expirer dans mes bras R./

R./ Vin qui pétille, femme gentille Sous tes baisers brûlant d'amour, oui d'amour Plaisir bataille vive la canaille Je bois, je chante et je tue tour à tour.

Etant forban je vis dans ma cabine En méprisant les lois, même la mort Ne vivant que de meurtre et de rapine Je bois mon vin dans une coupe d'or Vivre d'orgie est ma seule espérance Le seul bonheur que j'ai su conquérir car sur les flots j'ai bercé mon enfance Et sur les flots un forban doit mourir. R./ Pendu au mât d'une barque étrangère Mon corps un jour servira d'étendard Et tout mon sang rougira la galère Aujourd'hui fête et demain le hasard Allons esclaves, debout mes braves Buvons l'ivresse et l'orgie à grands flots Aujourd'hui fête, demain peut-être Mon corps ira s'engloutir dans les flots R./ Si par hasard par un coup de fortune Je capturais l'or d'un beau galion Riche à pouvoir décrocher la lune Je m'en irai vers d'autres horizons Là vénéré tout comme un gentilhomme Moi qui ne fut qu'un forban qu'un bandit Là je pourrais peut être tout comme un roi dormir dans un bon lit. R./

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LE FRANCE

Ne m'appelez plus jamais France La France, elle m'a laissé tomber Ne m'appelez plus jamais France C'est ma dernière volonté Quand je pense à la vielle anglaise Qu'on appelait le Queen Mary Echoué si loin de ses falaises Sur un quai de Californie Quand je pense à la vielle anglaise J’envie les épaves englouties Les longs courriers qui cherchaient un rêve Et n'ont pas revu leur pays J'étais un bateau gigantesque Capable de croiser huit vents J'étais un géant j'étais presque Presqu’aussi fort que l'océan J'étais un bateau gigantesque J’emportais des milliers d'amants J'étais la France, qu'est-ce qu'il en reste Un corps mort pour des cormorans Quand je pense à la vielle anglaise Qu'on appelait le Queen Mary Je ne voudrai pas finir comme elle Sur un quai de Californie Que le plus grand navire de guerre Ait le courage de me couler Le cul tourné vers Saint-Nazaire Pays breton où je suis né

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LE GRAND MAT VEUT D'LA ROUTE

Ho les gars la grand-voile a besoin d'nos bras Cric crac sabot cuillère à pot Plus y a de la voile plus on étalera Le grand mat veut d'la route, on ira ça ira Embraque dur cric crac, embraque bien matelot Cric crac sabot cuillère à pot La grand-voile et nous on s'arrangera Oh l'filin dans nos mains fait craquer la peau. (bis). Oh les gars les huniers ont besoin d'nos bras Cric crac sabot cuillère à pot Comme dans un lit le vent s'y couchera Le grand mat veut d'la route on ira ça ira Embraque dur cric crac, embraque bien matelot Cric crac sabot cuillère à pot Le hunier et nous on s'arrangera Oh l'filin dans nos mains fait craquer la peau. (bis). Oh les gars le navire a besoin d'nos bras Cric crac sabot cuillère à pot S'il veut de la toile on lui en donnera Le grand mat veut d'la route, on ira ça ira Embraque dur cric crac, embraque bien matelot Cric crac sabot cuillère à pot Le navire et nous on s'arrangera Oh l'filin dans nos mains fait craquer la peau. (bis).

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LE LION EST MORT CE SOIR

Dans la jungle terrible jungle Le lion est mort ce soir Et les hommes tranquilles s’endorment Le lion est mort ce soir Wimboe wimboe wimboe Et les sages dans le Village Le lion est mort ce soir Plus de rage plus de carnage Le lion est mort ce soir wimboe wimboe wimboe L’indomptable le redoutable Le lion est mort ce soir Viens ma belle viens ma gazelle Le lion est mort ce soir Wimboe wimboe wimboe Dans la jungle terrible jungle Le lion est mort ce soir

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LE PETIT MATELOT Chanson à tiroir, XVIIIème siècle, chantée par Bourvil dans les années 50/60

1. C'é-tait un pe- tit ma-te- lot Sur les flots de la mer in

dienne, C'é-tait un pe- tit ma-te- lot Oh,oh,oh,oh, pe-tit ma- te- lot. 1. Voguait de Brest à Frisco,

Sur les flots de la mer indienne, Un jour le temps se fit très gros, Oh,oh,oh,oh, petit matelot.

2. Serr' les voil's, tout l'monde en haut, Sur les flots de la mer indienne, Tombe de plus de vingt mètres de haut, Oh,oh,oh,oh, petit matelot.

3. On mit la chaloupe à l'eau, Sur les flots de la mer indienne, Pour vite le tirer des flots, Oh,oh,oh,oh, petit matelot.

4. Mais on ne sauva que son chapeau, Sur les flots de la mer indienne, Sa vieille pipe et ses sabots Oh,oh,oh,oh, petit matelot.

5. Peut-être bien que le p'tit matelot Sur les flots de la mer indienne, Est dans le ventre d'un cachalot Oh,oh,oh,oh, petit matelot.

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LE PORT DE TAKOMA

C’est sur la mer qu’il y a des mâts houla, houla C’est sur la mer qu’il y a des mâts Houla, houla, la, la Paré à virer, les gars faut déhaler On s’reposera quand on arrivera Dans le port de Takoma C’est dans la cale qu’il y a des rats houla, houla C’est dans la cale qu’il y a des rats Houla, houla, la, la Paré à virer, les gars faut déhaler On s’reposera quand on arrivera Dans le port de Takoma C’est dans la pipe qu’on met l’tabac houla, houla C’est dans la pipe qu’on met l’tabac Houla, houla, la, la Paré à virer, les gars faut déhaler On s’reposera quand on arrivera Dans le port de Takoma

C’est dans la gueule qu’on met l’tafia houla, houla C’est dans la gueule qu’on met l’tafia Houla, houla, la, la Paré à virer, les gars faut déhaler On s’reposera quand on arrivera Dans le port de Takoma Mais les belles filles c’est dans les bras houla, houla Mais les belles filles c’est dans les bras Houla, houla, la, la Paré à virer, les gars faut déhaler On s’reposera quand on arrivera Dans le port de Takoma On s’reposera quand on arrivera À la fumée, à Fouras

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LES CHAMPS ELYSÉES

R./ Aux Champs-Elysées, aux Champs-Elysées Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit Il y a tout ce que vous voulez Aux Champs-Elysées

1. Je m'baladais sur l'avenue, le cœur ouvert à l'inconnu J'avais envie de dire bonjour à n'importe qui N'importe qui et ce fut toi, je t'ai dit n'importe quoi Il suffisait de te parler pour t'apprivoiser. R./ 2. Tu m'as dit J'ai rendez-vous dans un sous-sol avec des fous Qui vivent la guitare à la main du soir au matin Alors je t'ai accompagné, on a chanté, on a dansé Et l'on n'a même pas pensé à s'embrasser. R./ 3. Hier au soir, deux inconnus et ce matin sur l'avenue Deux amoureux tout étourdis par la longue nuit Et de l'Etoile à la Concorde, un orchestre à mille cordes Tous les oiseaux du point du jour chantent l'amour. R./

LES COPAINS D'ABORD (Georges Brassens)

Non ce n’était pas le radeau De la Méduse ce bateau, Qu’on se le dis’ au fond des ports, Dis’ au fond des ports Il naviguait en pèr’peinard Sur la grand’ mare des canards Et s’app’lait les Copains d’abord Les Copains d’abord Ses “ fluctuat nec mergitur ” C’était pas d’la littératur’ N’en déplaise aux jeteurs de sort Aux jeteurs de sort Son capitaine et ses mat’lots N’étaient pas des enfants d’ salauds Mais des amis franco de port Des Copains d’abord

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C’étaient pas des amis de lux’ Des petits Castor et Pollux Des gens de Sodome et Gomorrh’ Sodome et Gomorrh’ C’étaient pas des amis choisis Par Montaigne et La Boéti’ Sur le ventre ils se tapaient fort Les copains d’abord

C’étaient pas des anges non plus L’Évangile ils l’avaient pas lu Mais ils s’aimaient tout’s voil’s dehors Toutes voil’s dehors Jean, Pierre, Paul et compagnie C’était leur seule litanie Leur Credo, leur Confiteor Aux copains d’abord Au moindre coup de Trafalgar C’est l’amitié qui prenait l’quart C’est ell’ qui leur montrait le nord Leur montrait le nord Et quand ils étaient en détress’ Qu’leurs bras lançaient des SOS On aurait dit des sémaphores Les copains d’abord Au rendez-vous des bons copains Y’avait pas souvent de lapins, Quand l’un d’entre eux manquait à bord C’est qu’il était mort Oui mais jamais, au grand jamais Son trou dans l’eau n’se refermait Cent ans après coquin de sort! Il manquait encore Des bateaux, j’en ai pris beaucoup Mais le seul qui ait tenu le coup Qui n’ait jamais viré de bord, Mais viré de bord Naviguait en père peinard Sur la grand mare des canards Et s’app’lait les Copains d’abord Les Copains d’abord.

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LES FAMEUX CORSAIRES

R./ Oui, c'est nous les fameux corsaires Les rois redoutés de la mer Tiralala, ahi, ahi {x3} Très haut dans le ciel, bravant orage et vent Roi de l'air, vole l'aigle triomphant Les oiseaux du ciel s'enfuient éperdument Quand son ombre surgit au firmament Et quand dans le désert le lion rugit L'armée des animaux se terre ou s'enfuit R./ Un navire soudain parait à l'horizon Nous sommes prêts pour le vol et le carnage La peur de la mort trouble bien des raisons Et les plus vaillants perdent courage Sur le pont on amène le drapeau ennemi Notre cri de victoire alors retentit R./ Mais un jour viendra où le dernier exploit Nous verra tous périr en plein combat Notre fier navire emmènera en enfer Tous nos frères les pirates de la mer Si le diable ne nous reçoit pas dignement De l'enfer nous prendrons le gouvernement R./

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LES FILLES DE LA ROCHELLE

Sont les filles de La Rochelle ) Ont armé un bâtiment ) bis Pour aller faire la course Dedans les mers du Levant R./

R./ Ah ! la feuille s'envole, s'envole, Ah ! la feuille s'envole au vent,

La grand-vergue est en ivoire, ) Les poulies en diamant, ) bis La grand-voile est en dentelle, La Misaine en satin blanc. R./ Les cordages du navire ) Sont de fils d'or et d'argent ) bis Et la coque est en bois rouge Travaillée fort proprement. R./ L'équipage du navire ) C'est tout filles de quinze ans ) bis Le cap'tain qui les commande Est le roi des bons enfants. R./ Hier, faisant sa promenade ) Dessus le gaillard d'avant ) bis Aperçut une brunette Qui pleurait dans les haubans R./ Qu'avez-vous jeune brunette ) Qu'avez-vous à pleurer tant ? ) bis Avez-vous perdu vot' mère Ou quelqu'un de vos parents ? R./ J'ai cueilli la rose blanche ) Qui s'en fut la voile au vent ) bis Elle est partie vent arrière Reviendra en louvoyant. R./

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LES GARS DE LA MARINE Paroles et musique de Heymann et Boyer, BOF de "Capitaine Craddock" (1933). Quand on est matelot, On est toujours sur l'eau. On visite le monde, C'est le métier le plus beau . ( bis ) Du pôle sud au pôle nord ; Dans chaque petit port, Plus d'une fille blonde, Nous garde ses trésors. ( bis ) Nous n'avons pas de pognon, Mais comme compensation, A toutes nous donnons, Un p'tit morceau d'not ' pompon.

R./ C'est nous les gars de la Marine, Quand on est dans les Cols Bleus, On a jamais froid aux yeux. Partout, du Chili jusqu'en Chine On les reçoit à bras ouverts Ces vieux loups de mer . Quand une fille nous chagrine , On se console avec la mer (avec la mer). C'est nous les gars de la Marine , Du plus p'tit jusqu'au plus grand , Du moussaillon au Commandant .

Les amours d'un Col Bleu Ca n'dure qu' un jour ou deux, A peine le temps de s'plaire Et de se dire adieu. (bis) On a un peu de chagrin, Ca passe comme un grain. Ces plaisirs de la terre C'est pas pour les marins (bis) Nous n'avons pas le droit De vivre sous un toit . Pourquoi une moitié Quand on a le monde entier.

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LES LACS DU CONNEMARA (Michel SARDOU) Terre brûlée au vent Des landes de pierre, Autour des lacs, C'est pour les vivants Un peu d'enfer, Le Connemara.

Des nuages noirs Qui viennent du nord Colorent la terre, Les lacs, les rivières : C'est le décor Du Connemara.

Au printemps suivant, Le ciel irlandais Etait en paix. Maureen a plongé Nue dans un lac Du Connemara.

Sean Kelly s'est dit : "Je suis catholique. Maureen aussi." L'église en granit De Limerick, Maureen a dit "oui".

De Tiperrary Bally-Connelly Et de Galway, Ils sont arrivés Dans le comté Du Connemara.

Y avait les Connor, Les O'Conolly, Les Flaherty Du Ring of Kerry Et de quoi boire Trois jours et deux nuits.

Là-bas, au Connemara, On sait tout le prix du silence. Là -bas, au Connemara, On dit que la vie C'est une folie Et que la folie, Ça se danse.

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Terre brûlée au vent Des landes de pierre, Autour des lacs, C'est pour les vivants Un peu d'enfer, Le Connemara.

Des nuages noirs Qui viennent du nord Colorent la terre, Les lacs, les rivières : C'est le décor Du Connemara.

On y vit encore Au temps des Gaels Et de Cromwell, Au rythme des pluies Et du soleil, Au pas des chevaux.

On y croit encore Aux monstres des lacs Qu'on voit nager Certains soirs d'été Et replonger Pour l'éternité.

On y voit encore Des hommes d'ailleurs Venus chercher Le repos de l'âme Et pour le cœur, Un goût de meilleur.

L'on y croit encore Que le jour viendra, Il est tout près, Où les Irlandais Feront la paix Autour de la croix.

Là -bas, au Connemara, On sait tout le prix de la guerre. Là -bas, au Connemara, On n'accepte pas La paix des Gallois Ni celle des rois d'Angleterre...

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L’HARMONICA

Dans mon sac de matelot J'ai mis tout c'que j'avais de plus beau Souvenirs de tous pays Bouteilles de rhum et de whisky Une montre qui ne marche pas Ma pipe et mon tabac J'y ai mis l'harmonica Qu'j'avais acheté à Malaga R./

R./ Avec mon harmonica, je souffle le voile A l'harmonica, l'harmonica Pour naviguer la polka, écoutez ça les gars Faut faire l'harmonica

Il m'accompagne partout Une chanson prête à chaque trou Il sait des tas de refrains Dont la plupart sont des marins A bord pendant les quarts, à bord Il fait rêver les gars Il leur parle de la terre Et du pays de leurs amours R./ Du temps où j'étais pas manchot Il faisait la cour dans les pays chaud A une sombre beauté Qui n'voulait pas s'laisser tenter Sa peau et son corps était noirs Elle ne voulait rien savoir J'lui ai dit qu'j'étais matelot Elle a criée : "Je suis perdue" R./ C’lui qu'a composé cette chanson C'est Henri Jacques, matelot de pont Si elle est à votre goût Les gars faut lui payer un coup Avec sa mine de trafiquant Faut lui rincer les dents Offrez-lui un coup d'taffia Et j'vous jure bien, il le boira R./

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L' PONT DE MORLAIX

G

D

Am

Em

A7

G D 1. C'est en passant sur l'pont d'Morlaix (bis)

Am D Am D Haul a way ! Old fellow a way !

Am Em A7 D La belle Hélène j'ai rencontrée

G D G Haul away ! Old fellow a way ! 2. Bien humblement j'l'ai saluée (bis) Haul away ! Old fellow away ! D'un beau sourire elle m'a r'mercié Haul away ! Old fellow away ! 3. Mais j'ai bien vu qu'c'est charité (bis) Haul away ! Old fellow away ! Car c'est une dame de qualité Haul away ! Old fellow away ! 4 C'est la fille d’un cap'taine nantais (bis) Haul away ! Old fellow away ! A matelot ne s'ra jamais Haul away ! Old fellow away ! 5. Je n'étale plus, j'vais tout larguer (bis) Haul away ! Old fellow away ! J'vais faire mon trou dans la salée Haul away ! Old fellow away ! 6. Mat'lot mon cœur est embrumé (bis) Haul away ! Old fellow away ! Buvons quand même à sa beauté Haul away ! Old fellow away !

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MARIE-JEANNE-GABRIELLE R/ Marie Jeanne Gabrielle

Entre la mer et le ciel Battu par tous les vents Au raz de l’Océan Ton pays S’est endormi Sur de belles légendes Illuminant son histoire Gravées dans la mémoire Des femmes qui attendent Les marins D’île de Sein

Raconte-nous l’enfant que tu étais Courant du sable fin aux galets Parle-nous de ces jeunes gens Sautant les Feux de la Saint-Jean On pouvait croire au Paradis En ce pays Chante-nous si tu t’en souviens Pour passer le Raz de Sein Le Cantique à Sainte-Marie Qu’on ne chante qu’ici ! R./ La peine et l’ennui de l’automne à

l’été On ne vit qu’au rythme des marées De la naissance au grand Sommeil Règne le flambeau de la Vieille On mêle la cannelle Au parfum des chandelles On dira pour embarrasser La mort : « Joie aux Trépassés » Car sur cette terre fidèle Les âmes vont au ciel R./

Quand le jour s’achève au-dessus de la grève

Sur la pierre écorchée de l’île On croit voir au fond de la brume Comme des feux qu’on allume Ou la barque ensorcelée qui

apparaît Menaçante elle vient jeter La peur sur les naufragés Et le noir habille la vie Des femmes du pays R./ La vie a changé sur le court

chemin Du Néroth à Saint-Corentin On ne reste plus très longtemps Isolés du Continent Même les anciens ne reviennent Qu’au printemps Et la mer a tourné le dos Aux pêcheurs des temps

nouveaux Elle entraînera les marins Loin de l’île de Sein R./ Marie Jeanne Gabrielle Entre la mer et le ciel Battu par tous les vents Au raz de l’Océan Ton pays S’est endormi Il garde son histoire Au plus profond des mémoires Et l’on dit à Paris, qu’il est beau le

pays Des marins D’île de Sein R./

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MARIN

R./ Marin ta peau est douce emmène moi Je veux revivre mon enfance Marin, je vais mourir, emporte-moi Je veux rentrer à Recouvrante

J'ai vu le port de Barcelone Les bouges d'Anvers et de Tanger A qui m'achète je me donne Et tant qu'au mousse qu'au gabier Marin c'est ma dernière escale Une heure encore et c'est fini Je ne verrai plus les draps sales Et les murs crasseux des garnis. R./ Je sais Shanghai et Sumunan Et Liverpool et Macao Tous les bordels d'Amsterdam Et tous les claques de Rio Marin, mes bas sont ton escale Pendant une heure, pendant huit jours Viens oublie tout, viens mets les voiles Vers la plus belle des amours R./ On m'a vendue à Baltimore Et rachetée à Saigon A qui voulait de mes trésors Je n'ai jamais su dire non Marin, c'est ma dernière escale Ne t'en vas pas j'ai bien trop mal Si tu savais comme j'ai mal Si tu savais comme j'ai froid. R./

MATELOT (canon)

Matelot puisqu'il fait bon vent Poussons ce soir la chansonnette Matelot puisqu'il fait bon vent Montons tous chanter sur l'avant

Et le chant du gaillard d'avant Montera jusqu'à la dunette Et le chant du gaillard d'avant Egayera tout le bâtimen

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QUAND ON N’A QUE L’AMOUR Jacques Brel

Quand on n’a que l’amour À s’offrir en partage Au jour du grand voyage Qu’est notre grand amour Quand on n’a que l’amour Mon amour toi et moi Pour qu’éclatent de joie Chaque heure et chaque jour Quand on n’a que l’amour Pour vivre nos promesses Sans nulle autre richesse Que d’y croire toujours Quand on n’a que l’amour Pour meubler de merveilles Et couvrir de soleil La laideur des faubourgs Quand on n’a que l’amour Pour unique raison Pour unique chanson Et unique secours Quand on n’a que l’amour Pour habiller matin Pauvres et malandrins de manteaux de velours

Quand on n’a que l’amour À offrir en prière Pour les maux de la terre En simple troubadour Quand on n’a que l’amour À offrir à ceux-là Dont l’unique combat Est de chercher le jour Quand on n’a que l’amour Pour tracer un chemin Et forcer le destin À chaque carrefour Quand on n’a que l’amour Pour parler aux canons Et rien qu’une chanson Pour convaincre un tambour Alors sans avoir rien Que la force d’aimer Nous aurons dans nos mains, Amis le monde entier

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QUART EN HAUT, VOGUE MON BATEAU

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QUINZE MARINS

Quinze marins sur le bahut du bord Yop la ho une bouteille de rhum A boire et le diable avait réglé leur sort Yop la ho une bouteille de rhum Long John Silver a pris le commandement Des marins et vogue la galère Il tient ses hommes comme il tient le vent Tout l'monde a peur d'Long John Silver C'est Bill le second du corsaire Le capitaine Flint en colère Est revenu du royaume des morts Pour hanter la cage du trésor Essaye un peu d'le contrecarrer Et tu iras où tant d'autres sont allés Que'qu'un aux vergues et que'qu'uns par d'ssus bord Tout l'monde pour nourrir les poissons d'abord Tous finirons par danser la gigue La corde au cou au quai des pendus Toi John Forrest et toi John Merick Si près du gibet qu'j'en ai l'cou tordu

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SANTIANO C'est un fameux trois mats fin comme un oiseau Hisse et oh Santiano Dix-huit nœuds quatre cent tonneaux Je suis fier d'y être matelot R./

R./ Tiens bon la barre et tiens bon le vent Hisse et oh Santiano Si Dieu veut toujours droit devant Nous irons jusqu'à San Francisco

Je pars pour de longs mois en laissant Margot Hisse et oh Santiano D'y penser j'avais le cœur gros En doublant les feux de St Malo R./ On prétend que là-bas l'argent coule à flot Hisse et oh Santiano On trouve l'or au fond des ruisseaux J'en ramènerai plusieurs lingots R./ Un jour je reviendrai chargé de cadeaux Hisse et oh Santiano Au pays j'irai voir Margot A son doigt je passerai l'anneau R./ Tiens bon le cap et tiens bon le flot Hisse et oh Santiano Sur la mer qui fait le gros dos Nous irons jusqu'à San Francisco R./

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SUR LES BORDS DE LA LOIRE

1. La belle se promè- ne Le long de son jar-din Le long de son jar-

din Sur les bords de la Loi- -re Sur les bords du ruis- - - - seau Tout près du vaisseau charmant matelot

2. Elle voit v'nir un'barque, de trente matelots De trente matelots sur les bords de la Loire De trente matelots sur les bords du ruisseau Tout près du…

3. Le plus jeune des trente, chantait une chanson Chantait une chanson sur les bords de la Loire Chantait une chanson sur les bords du ruisseau Tout près du…

4. Votre chanson est belle, j'voudrai bien la savoir J'voudrai bien la savoir sur les bords de la Loire J'voudrai bien la savoir sur les bords du ruisseau Tout près du…

5. Montez dedans la barque, et je vous l'apprendrai Et je vous l'apprendrai sur les bords de la Loire

Et je vous l'apprendrai, sur les bords du ruisseau Tout près du…

6. Quand elle fut dans la barque, elle se mit à pleurer Elle se mit à pleurer, sur les bords de la Loire

Elle se mit à pleurer, sur les bords du ruisseau Tout près du…

7. Qu'avez-vous donc la belle, qu'avez-vous à pleurer qu'avez-vous à pleurer, sur les bords de la Loire qu'avez-vous à pleurer, sur les bords du ruisseau Tout près du…

8. Je pleure mon avantage, que vous m'avez volé que vous m'avez volé, sur les bords de la Loire

que vous m'avez volé, sur les bords du ruisseau Tout près du…

9. Ne pleurez pas la belle, je vous le rendrai je vous le rendrai, sur les bords de la Loire

je vous le rendrai, sur les bords du ruisseau Tout près du…

10. Ça ne se rend pas dit-elle, comme l'argent prêté comme l'argent prêté, sur les bords de la Loire

comme l'argent prêté, sur les bords du ruisseau Tout près du…

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TOI, LE FRÈRE QUE JE N'AI JAMAIS EU (Maxime Le Forestier)

Toi le frère que je n'ai jamais eu Sais-tu si tu avais vécu Ce que nous aurions fait ensemble Un an après moi, tu serais né Alors on n'se s'rait plus quittés Comme des amis qui se ressemblent On aurait appris l'argot par cœur J'aurais été ton professeur A mon école buissonnière Sûr qu'un jour on se serait battu Pour peu qu'alors on ait connu Ensemble la même première R./ R./ Mais tu n'es pas la A qui la faute ? Pas à mon père Pas à ma mère Tu aurais pu chanter cela Toi le frère que je n'ai jamais eu Si tu savais ce que j'ai bu De mes chagrins en solitaire Si tu m'avais pas fait faux bond Tu aurais fini mes chansons Je t'aurais appris à en faire Si la vie s'était comportée mieux Elle aurait divisé en deux Les paires de gants, les paires de claques Elle aurait sûrement partagé Les mots d'amour et les pavés Les filles et les coups de matraque R./ Toi le frère que je n'aurais jamais Je suis moins seul de t'avoir fait Pour un instant, pour une fille Je t'ai dérangé, tu me pardonnes Ici quand tout vous abandonne On se fabrique une famille

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TROIS MARINS DE GROIX 1. Nous étions trois marins de Groix, Ah !

Embarqués sur le saint François R./

R./ Il vente, il vente, C’est l’appel de la mer qui nous tourmente.

2. Le mousse est allé prendre un ris

Un paquet de mer l’aura pris. R./

3. On n’a retrouvé que son chapeau son garde pipe son couteau. R./

4. Sa pauvre maman s’en est allée Prier à sainte Anne d’Auray. R./

5. Sainte Anne, rendez-moi mon garçon Il était jeune, il était blond. R./

6. Et sainte Anne lui répondit : Tu le verras en paradis. R./

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TOUT AU FOND DE LA MER

1. Tout au fond de la mer les poissons sont assis, les poissons sont as-sis ah ! ah ! Attendant patiemment que les pêcheurs soient partis que les pêcheurs soient partis ah ! ah !

Ah ! R/ O-hé Du bateau, du grand mât De la hu-me, Des hu-niers 2. Il y a des vétérans tout barbu tout fripé

tout barbu tout fripé ah ! ah ! Échapper par hasard des ham’çons, des filets des ham’çons, des filets ah ! ah ! R./

R./ Ohé Du bateau, du grand mât De la hume, des huniers

3. Et les jeunes poissons Sont là aussi souvent sont là aussi souvent ah ! ah ! Égayant les bas-fonds de leurs cris, de leurs chants de leurs cris, de leurs chants ah ! Ch ! R./ 4. Et c'est pourquoi bientôt retourneront au port retourneront au port ah ! Fh ! Tous les grands terre-neuvas les Cal’s vid’ jusqu'au bord les Cal’s vid’ jusqu'au bord ah !, ah ! R./

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VALPARAISO

Hardi les gars, vire au guindeau Good bye, Farewell, good bye, farewell Hardi les gars, adieu Bordeaux Hourra, oh Mexico, oh oh oh Au cap Horn, il ne fera pas chaud Haul away, hé, oula tchalez A fait la pêche aux cachalots Hal matelot, hé, ho hisse hé ho Plus d'un y laissera sa peau Good bye, Farewell, good bye, farewell Adieu misère, adieu bateau Hourra, oh Mexico, oh oh oh Et nous irons à Valparaiso Haul away, hé, oula tchalez Où d'autres laisseront leurs os Hal matelot, hé, ho hisse hé ho Ceux qui reviendront pavillon haut Good bye, Farewell, good bye, farewell C'est premier brin de matelot Hourra, oh Mexico, oh oh oh Pour la bordée ils seront à flot Haul away, hé, oula tchalez Bon pour le rack, la fille, le couteau Hal matelot, hé, ho hisse hé ho

YESTERDAY Beatles

Yesterday, all my troubles seemed so far away Now it looks as though they’re here to stay Oh, I believe in yesterday. Suddenly, I’m not half the man I used to be, There’s a shadow hanging over me. Oh, yesterday came suddenly. Why she had to go I don’t know she wouldn’t say. I said something wrong, now I long for yesterday. Yesterday, love was such an easy game to play. Now I need a place to hide away.

Oh, I believe in yesterday.

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Petit lexique marin ABATTRE : Eloigner le bateau du lit du vent. Se dit généralement lorsqu'un

navire opère un virage sur tribord ou bâbord. ALIGNEMENT : Ligne délimitée par deux phares ou deux amers. On est sur

leur alignement lorsqu'on les voit l'un par l'autre. AMER : Repère caractéristique sur la cote (ex. : clocher, tour, bâtiment isole). BÂBORD : Tout ce qui est à gauche du navire quand on regarde vers l'avant

de celui-ci (à droite c'est tribord). On peut associer ces deux termes au mot "batterie" : BÂbord est à gauche, TRIbord est à droite (BA-TRI)

BALISE : Signal de balisage fixe. Cela peut être une tourelle maçonnée, un espar, etc.

BOUÉE : Signal de balisage flottant relie au fond par une chaine. CAP : Angle que fait l'axe longitudinal du navire avec un repère de référence

tel le Nord magnétique, le méridien sur la carte ou le zéro du compas. CHENAL : Le passage le plus profond (entre des iles ou dans un estuaire par

exemple) que doivent suivre en conséquence les navires. COMPAS : Equivalent dans son principe à la boussole, il sert à indiquer la

direction du nord. Il comporte une aiguille aimantée solidaire d'une rose graduée (la rose des vents) portant les 4 points cardinaux.

DEGRÉ : La 360eme partie d'une circonférence. Son angle au centre de la circonférence est d'un degré.

DÉRIVE : Action du vent ou du courant qui écarte le navire de son cap. ÉTAL : Moment où la mer ne monte ou ne descend plus. MILLE : Le mille marin (ou mille nautique) vaut 1852 mètres. Ne pas

confondre avec le "mile", unité de mesure anglaise qui vaut 1609 mètres.

MORTE EAU : Lorsque la marée est faible et que la mer monte ou descend avec une faible amplitude.

MOUILLÉ : Un navire est mouille quand il est retenu immobilise par son ancre.

NOEUD : Unité de vitesse, équivalant à 1 mille à l'heure. Un navire qui file 4 nœuds parcourt 4 milles en 1 heure. (On dit « 4 nœuds » et non « 4 nœuds à l'heure »).

POUPE : Arrière d'un navire. PROUE : Avant d'un navire. RELÈVEMENT : Angle forme par la direction d'un point (phare, clocher, autre

navire) avec la direction du nord. Le relèvement vrai se détermine par rapport au nord géographique (celui de la carte).

TRIBORD : Tout ce qui est à droite du navire quand on regarde vers l'avant de celui-ci.

VIVE EAU : Lorsque la marée est forte et que la montée et la baissée de l'eau sont de forte amplitude

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Notes personnelles

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Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La

vie non plus, ni la vôtre, ni la mienne. Il y a les

grains de sables exposés aux remous et ceux

protégés en haut de la plage. Lesquels envier ?

Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse,

que l'on construit les châteaux de sable, c'est avec

celui qui fraye avec les vagues car ses particules

sont coalescentes. Vous arriverez à reconstruire

votre château, vous le construirez avec des grains

qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les

déferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment

est solide.

Juste avant le bonheur

Agnès Ledig