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Report No. 51815-BF Burkina Faso Promouvoir la croissance, la compétitivité et la diversification Mémorandum économique sur le pays Volume I: Promotion de la compétitivité et de la diversification 10 septembre 2010 PREM 4 Région Afrique Document de la Banque mondiale Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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Report No. 51815-BF

Burkina Faso

Promouvoir la croissance, la compétitivité et la diversification Mémorandum économique sur le pays

Volume I: Promotion de la compétitivité et de la diversification

10 septembre 2010

PREM 4

Région Afrique

Document de la Banque mondiale

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ANNÉE FISCALE DU GOUVERNEMENT 1er janvier – 1er décembre

Équivalents monétaires

Unité monétaire : Franc CFA (FCFA)

(à partir du 24 septembre 2010) 1 $ US : 487.23 FCFA

POIDS ET MESURES

Système métrique

ABRÉVIATIONS ET ABRÉVIATIONS

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AFD Agence Française de Développement AICB Association interprofesionnelle du coton du Burkina ANVAR Agence nationale de valorisation de la recherche ARTEL Autorité de régulation des télécommunications AVD Analyse de viabilité de la dette AZ Anglo Zimele BAD Banque africaine de développement BCEAO Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest BNLA Brigade nationale de lutte anti-fraude de l’or BUMIGEB Bureau des mines et de la géologie du Burkina CCIC Comité consultatif international du Coton CDMT Cadre de dépenses à moyen terme CEAS Centre écologique Albert Schweitzer CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest CFDT Compagnie française pour le développement du textile CID Circuit informatisé de la dépense CIE Logiciel de comptabilité intégré de l’État CIRAD Centre de coopération internationale pour la recherche agronomique CNRST Centre national de la recherche scientifique et technologique COGES Comité de gestion (sanitaire) CONAGESE Conseil national pour la gestion de l’environnement CRA Chambre régionale d’agriculture CSPS Centre de santé et de promotion sociale CSRP Crédit de soutien à la réduction de la pauvreté DAAF Direction des affaires administratives et financières DCMP Direction Centrale des Marchés Publics DEP Direction des Études et de la Planification DGB Direction générale du budget DGCOOP Direction générale de la coopération DGE Direction générale de l’environnement DGMGC (DGM)

Direction générale des mines, de la géologie et des carrières

DGTCP Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique DOS Document d’orientation stratégique DSRP Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté DTS Droits de tirage spéciaux EDIC Étude diagnostique sur l’intégration du commerce EDS Enquête démographique et de santé EIE Étude de l’impact sur l’environnement ENEP École nationale des enseignants du primaire ERFP Évaluation de la responsabilité financière dans les pays FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Food and

Agriculture Organization of United Nations) FASO COTON Société cotonnière privée FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine FMI Fonds monétaire international FRPC Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance FRSIT Forum national pour la Recherche Scientifique et des Innovations

Technologiques GAMA Gestion de l’environnementale dans les exploitations minières artisanales

(Pérou) GoB Gouvernement du Botswana GPC Groupement de producteurs de coton GTZ Agence de coopération technique allemande pour le développement (Deutsche

Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit) HIPC-AAP Evaluation et Plan d’action des PPTE (Highly-Indebted Poor Country -

Assessment and Action Plan) IADM Initiative d’allégement de la dette multilatérale ICA Évaluation du climat de l’investissement ICAC Comité consultatif international du coton (International Cotton Advisory

Committee) ICRR Rapport sur l’achèvement, la mise en œuvre et les résultats (Implementation

Completion and Results Repor) IDA Association internationale de développement IGAME Inspection générale des activités minières et énergétiques IGE Inspection générale d’État

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Vice Président : Obiageli K. Ezekwesili Directeur pays : Madani Tall

Directeur de secteur : Marcelo Giugale Administrateur de secteur : Miria Pigato

Chef de projet : Gilles Alfandari

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REMERCIEMENTS

Le Mémorandum économique pays (MEP) a été rédigé par une équipe de la Banque mondiale, de consultants internationaux et de leurs homologues au Burkina Faso. Sa structure et les sujets choisis ont été discutés avec le Gouvernement du Burkina Faso et les bailleurs de fonds. L’équipe était composée de : Gilles Alfandari (TTL, AFTP4), principal responsable du rapport et de sa rédaction finale ; Georgiana Pop (AFTP4), responsable des questions de croissance, de compétitivité, de promotion des exportations et d’investissement, d’infrastructures et des questions transversales ; Ali Zafar (AFTP4) de la dynamique du taux de change, Vandana Chandra (PRMED) et Israel Osorio (PRMED), responsables de la diversification génératrice de revenus ; le professeur Kimseyinga Savadogo (Université de Ouagadougou), Philippe Mangenot (consultant, Paris), Abdoulaye Touré (AFTAR), Kofi Nouvé (AFTAR) et Julien Vallet (AFTAR) en charge du secteur cotonnier et de la production agro-pastorale ; Gary MacMahon (COCPO) et Nongodo Joseph Ouédraogo (consultant, Ouagadougou) du secteur minier ; Jean-Christophe Ngo (AFTFP) du tourisme ; John May (AFTHD) et Jean-Pierre Guengant (IRD, Ouagadougou) de la croissance de la population ; Jumana Poonawala (AFTP4) de la gestion du risque ; Djibrilla Issa (AFTFP) de l’intermédiation financière ; Jan Gottschalk (FMI), Vu Lu (FMI), Hans Lofgren (DECPG) du MAMS et de son application à l’espace fiscal. Corinne Ilgun (AFTP4) et Virginie Briand (AFTP4) ont apporté une importante contribution au rapport. Siaka Coulibaly (AFTP4) a, de son côté, soutenu et contribué aux missions de cadrage et de restitution du rapport.

Le rapport a bénéficié des documents de fond de Boulel Touré (AFTP4) sur la croissance du TFP, de Quentin Wodon (HDNDE) et Kofi Nouvé (AFTAR) sur la croissance partagée, de Adja Dahourou (AFTFP) sur les institutions de promotion des exportations, de Siaka Coulibaly (AFTP4) sur l’innovation technologique, de Virginie Briand (AFTP4) sur le coton et la vulnérabilité, de Ji Eun Choi (Kennedy School of Government, Harvard University) sur la compétitivité de l’industrie, Aguiratou Savadogo-Tinto (AFTTR) sur les infrastructures de transport : de Joanna Syroka (ARD) et William Dick (ARD) sur la gestion du risque météorologique ; et de Yemdaogo Tougma (SF-PPF, MEF, Ouagadougou) sur les impôts. En outre, le rapport a bénéficié d’un apport sectoriel approfondi de Giuseppe Iarossi (AFTFP) ; Alain Traoré (CAFJ2) and Inoussa Ouédraogo (CAFJ2) ; Stephen Mink (AFTSN); Brigitte Bocoum (COCPO) ; Fabio Galli (AFTTR), Pierre Pozzo di Borgo (AFTTR) et Lucien Aegerter (AFTTR) ; Fabrice Bertholet (AFTEG) et Leopold Sedogo (AFTEG) ; Mavis Ampah (CITPO) ; et François Onimus (AFTWR). Nos profonds remerciements vont au Diagnostic Facility for Shared Growth (DFSG), au Global Facility for Disaster Risk Reduction (GFDRR), à l’Extractive Industries Linkages Trust Fund, et au PAFASP pour le co-financement de sections du rapport.

Le rapport a été préparé sous la supervision d’Antonella Bassani, Directeur sectoriel (AFTP4), qui a proposé des directives sur le plan conceptuel, donné des conseils d’analyses critiques, et a veillé à la qualité du rapport. Nous remercions particulièrement Ishac Diwan (Directeur Pays, Burkina Faso) et Galina Sotirova (Représentant résident de la Banque mondiale au Burkina Faso) qui ont grandement soutenu la préparation du rapport et ont apporté un appui stratégique à l’équipe. Le rapport a bénéficié de commentaires pertinents de la part de pairs : Alain Gelb (Directeur du DECVP), Vincent Palmade (Économiste principal, AFTFP), et Henri-François Henner (Professeur émérite, Université d’Auvergne) ainsi que de Sébastien Dessus (AFTP4), Philip English (AFTP4), Michelle Keane (AFCGH), Bronwyn Grieve (AFMBF), Patrick Labaste (AFTAR) et Gael Raballand (AFTPR). Enfin, Sergiy Kulyk (Coordonnateur de programme pays) et Sabine Hader (Responsable senior des opérations) de l’Unité de gestion-pays, ont soutenu l’ensemble du projet et fourni un accompagnement précieux sur les questions de politiques économiques. Josette Percival (AFTP4) a apporté une assistance logistique.

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Promotion de la croissance, de la compétitivité et de la diversification (3 volumes)

Tables des matières générales :

RÉSUMÉ ANALYTIQUE ..................................................................................................................................... xi

Volume I – Promotion de la Compétitivité et diversification des Exportations ............................................... 32

Croissance et compétitivité ................................................................................................................................ 32

Dynamique du taux de change et gestion de risque ........................................................................................... 69

Options pour la diversification de l’accroissement de revenus ......................................................................... 82

Cadre pour la promotion des exportations et des investissements................................................................... 103

Volume II – Les sources de la croissance – Les principaux secteurs d’avenir ................................................... 8

Le secteur du coton: performances, crise et solution........................................................................................... 8

Intensification de la production agro-pastorale ................................................................................................ 51

Le secteur minier: Situation actuelle et perspectives......................................................................................... 80

Une destination touristique émergente ............................................................................................................ 106

Volume III – Amélioration des facteurs de croissance ......................................................................................... 8

Faire face à la croissance de la population......................................................................................................... 8

Politiques publiques et instruments de marché pour réduire la vulnérabilité ................................................... 26

Réduire l’insuffisance de l’infrastructure pour soutenir la croissance.............................................................. 46

Amélioration de l’intermédiation financière...................................................................................................... 90

Options de politiques pour l’espace budgétaire et les changements structurels — Une analyse à base de modèles........................................................................................................................................................................... 97

Références

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Table des matières, volume I

RÉSUMÉ ANALYTIQUE ...................................................................................................................................... x

VOLUME 1. Promotion de la compétitivité et de la diversification des exportations ................................. 1

Croissance et compétitivité.................................................................................................................................. 1

Les deux dernières décennies ................................................................................................La performance macroéconomique et la crise économique mondiale...............................................9

Les performances du Burkina par rapport à celles d’autres pays ................................................. 14

Le défi de la diversification ................................................................................................

Dynamique du taux de change et gestion du risque ........................................................................................ 38

Décalage des devises entre les prix à l’exportation et les coûts de production ................................. 38

L’évolution du prix des produits non échangeables a-t-elle conduit au non-alignement du TCER ?...39 Une approche holistique de la gestion du risque du taux de change dans l’industrie de l’exportation du

coton ................................................................................................Conclusions et recommandations de politiques ...........................................................................

Options pour une diversification Génératrice de revenus ............................................................................... 51

Résultats des exportations au Burkina Faso ...............................................................................Sophistication des exportations................................................................................................

Options pour la diversification des exportations .........................................................................Sélection des exportations génératrices de revenus ................................................................

Cadre pour la promotion des exportations et des investissements................................................................... 73

Forces du marché et institutions ...............................................................................................Contraintes liées au cadre actuel...............................................................................................

Dispositions pratiques pour stimuler la compétitivité ................................................................Conclusions et recommandations de politiques ...........................................................................

Liste des Annexes Annexe 1: Méthodes utilisées pour calculer le non-alignement du taux de change...................................................104

Annexe 2: Performances d’autres pays enclavés ou producteurs de matières premières............Error! Bookmark not defined. Annexe 3: Méthodologie de l’espace de produit .......................................................................................................111

Annexe 4: Les exportations du Burkina Faso dans le cadre de la matrice de produits ..............................................113

Annexe 5: Diversification des exportations-Définitions techniques de la distance entre une paire de produits........115

Annexe 6: Les exportations classiques du Burkina Faso et les produits voisins .......................................................119

Liste des Tableaux Tableau 1-1: Consommation et investissement, % du PIB............................................................................................3

Tableau 1-2: Contribution des facteurs à la croissance de la productivité (en %) .........................................................4

Tableau 1-3: Contribution des secteurs au PIB (%).......................................................................................................4

Tableau 1-4: Évolution des exportations et des importations, 1980-2005.....................................................................6

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viii

Tableau 1-5: Inégalité ....................................................................................................................................................8

Tableau 1-6: Incidence de la pauvreté ...........................................................................................................................8

Tableau 1-7: Principaux indicateurs macroéconomiques, 2006 – 2009.......................................................................11

Tableau 1-8: Tendances du Produit national brut par habitant au Burkina Faso et dans d’autres pays de comparaison (PPA courantes en $ US)........................................................................................................................15

Tableau 1-9: Tendances de la part des exportations du PIB (%) .................................................................................16

Tableau 1-10: La diversification économique dans les pays à faible revenu et exportateurs de produits primaires en Afrique subsaharienne ..........................................................................................................................22

Tableau 1-11: Indice global de compétitivité 2009 pour le Burkina Faso ...................................................................23

Tableau 1-12: Caractéristiques des prêts au Burkina Faso ..........................................................................................30

Tableau 1-13: Coûts des télécommunications au Burkina Faso ..................................................................................33

Tableau 1-14: Coûts indirects et cachés (% des ventes des entreprises)......................................................................35

Tableau 1-15: Responsabilités du bureau de gestion du risque de la société d’égrenage de coton..............................50

Tableau 1-16: Structure des exportations de marchandises du Burkina Faso..............................................................60

Tableau 1-17: Échantillon des exportations du Burkina Faso ventilées par ACR en 1980-1984 et 2000-2006 ..........61

Tableau 1-18: Valeur moyenne et densités des exportations du Burkina Faso............................................................64

Tableau 1-19: Options pour la diversification des exportations au Burkina Faso .......................................................70

Tableau 1-20: Les candidats pour la diversification économique en dehors du secteur du coton ...............................71

Tableau 1-21: Les réformes Doing Business ...............................................................................................................74

Tableau 1-22: Institutions de promotion des exportations...........................................................................................81

Tableau 1-23: Caractéristiques des ZES......................................................................................................................93

Tableau1-24: Les grappes en Afrique subsaharienne ..................................................................................................96

Liste des Graphiques Graphique 1-1: Taux de croissance annuel moyen du PIB (%) (1960 – 2008) .............................................................2

Graphique 1-2: PIB par habitant au Burkina Faso de 1985 à 2007 (constant 2000 $US)..............................................2

Graphique 1-3: Taux de croissance réels du PIB par secteur (%), 1994-2008 ..............................................................5

Graphique 1-4: Investissements directs étrangers, Afflux nets en tant que % du PIB (1994-2006) ..............................7

Graphique 1-5: Corrélation négative entre la dépendance par rapport aux matières premières et revenu par habitant dans les pays exportateurs de coton (1980-2006) ...............................................................................18

Graphique 1-6: Volatilité du revenu par habitant du Burkina et des prix mondiaux du coton ....................................19

Graphique 1-7: La facilitation des affaires au Burkina Faso, 2010 .............................................................................28

Graphique 1-8: Les contraintes identifiées par l’enquête sur les entreprises ...............................................................29

Graphique 1-9: Coût de l’électricité au Burkina Faso et dans les pays voisins (en FCFA/KWh) ...............................31

Graphique 1-10: Nombre de paiements d’impôt .........................................................................................................31

Graphique 1-11: Temps passé à payer les impôts........................................................................................................36

Graphique 1-12: Temps pour les exportations et les importations ..............................................................................37

Graphique 1-13: Prix intérieurs et internationaux du coton, 1999-2009......................................................................39

Graphique 1-14: IPC désagrégé au Burkina Faso, 1997-2006.....................................................................................40

Graphique 1-15: Évolution du TCER du Burkina Faso, 1994-2006............................................................................42

Graphique 1-16: Évolution du solde des paiements courants au Burkina Faso, 1984-2007 (% du PIB).....................43

Graphique 1-17: Évolution du TCER et du TCEF, 1980-2008 (%) ............................................................................44

Graphique 1-18: La relation entre l’indice de Herfindahl-Hirschmann de concentration des exportations et le revenu par habitant .........................................................................................................................................52

Graphique 1-19: Tendances de l’indice de Herfindahl-Hirschmann ...........................................................................53

Graphique 1-20: La diversification dans toutes les régions .........................................................................................54

Graphique 1-21: La diversification et la sophistication des exportations au Burkina Faso .........................................54

Graphique 1-22: PRODY de produits sélectionnés .....................................................................................................57

Graphique 1-23: Tendance de l’EXPY du Burkina Faso.............................................................................................59

Graphique 1-24: INB par habitant au Burkina Faso comparé aux autres pays enclavés et exportateurs de produits basés sur les ressources naturelles ......................................................................................................59

Graphique 1-25: La position du Burkina Faso dans l’espace de produit .....................................................................62

Graphique 1-26: Densité et PRODY au Burkina Faso ................................................................................................64

Graphique 1-27: Distance entre les branches à PRODY élevé ....................................................................................67

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ix

Graphique 1-28: Corrélation des exportations avec les budgets de promotion des exportations.................................84

Liste des encadrés Encadré 1-1: Les défis de politique pour les pays en développement dans la réaction à la crise économique mondiale

..........................................................................................................................................................12

Encadré 1-2: Modèles de diversification dans d’autres pays enclavés ou produisant des matières premières ............16

Encadré 1-3: L’indice global de compétitivité : un outil pour mesurer la compétitivité .............................................24

Encadré 1-4: Approche holistique de la gestion du risque de taux de change dans le secteur du coton au Burkina Faso...................................................................................................................................................45

Encadré 1-5: Mesures PRODY et EXPY du potentiel de revenu des exportations .....................................................57

Encadré 1-6: Le PRODY élevé du bacon ....................................................................................................................58

Encadré 1-7: Un cadre pour identifier des produits à bon potentiel d’exportation ......................................................61

Encadré 1-8: Une comparaison entre le cadre de la matrice de produits et les résultats de l’EDIC ............................68

Encadré1-9 : Réussite de la mise en œuvre des réformes favorables à l’environnement des affaires au Burkina Faso..........................................................................................................................................................74

Encadré 1-10: Que faut-il pour réussir la promotion des exportations ? .....................................................................85

Encadré 1-11: Instruments pour la promotion des exportations en Tunisie.................................................................88

Encadré 1-12: Programmes de renforcement des capacités pour soutenir la promotion de la qualité .........................90

Encadré 1-13: Caractéristiques des zones économiques spéciales ..............................................................................93

Encadré 1-14: Zone franche à Madagascar..................................................................................................................94

Encadré 1-15: Exemples de grappes en Afrique subsaharienne ..................................................................................96

Encadré 1-16: Potentiel des régions des Hauts Bassins et des Cascades .....................................................................98

Encadré 1-17: Un projet pilote de pôle de croissance à Bagré ....................................................................................99

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x

RÉSUMÉ ANALYTIQUE Motivation et objectifs 1. Le Gouvernement du Burkina Faso travaille activement sur la préparation d’une nouvelle Stratégie de croissance accélérée et de développement durable pour 2011-2015, désignée sous le sigle SCADD. L’intention du Gouvernement est de définir un nouveau cadre de développement afin de renforcer l’efficacité de ses politiques dans le domaine économique et social, principalement par la promotion stratégique des secteurs productifs susceptibles d’améliorer le bien-être des populations et de réduire la pauvreté. Dans ce contexte, le Gouvernement a recherché le soutien de la Banque mondiale pour identifier les futures sources de croissance et les facteurs socio-économiques constituant des défis et des perspectives pour augmenter la croissance et le développement durable du pays.

2. Le Mémorandum économique sur le pays (MEP) intitulé « Burkina Faso – Promotion de la croissance, de la compétitivité et de la diversification » avait pour but d’informer des choix de politique économique relatifs à cette nouvelle stratégie. Ce rapport repose sur un compendium de précédents travaux stratégiques émanant du Gouvernement du Burkina Faso, de groupes de réflexion locaux et des bailleurs de fonds, qui inclut une importante étude prospective « Burkina 2025 », le Schéma national d’aménagement du territoire 2009 (SNAT), des politiques sectorielles produites par les départements ministériels et une recherche du Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES) sur la compétitivité et la diversification (2005). Le MEP repose également sur des travaux analytiques récents et en cours de la Banque mondiale, notamment l’étude diagnostique de l’intégration du commerce de 2007 (EDIC), ainsi que sur des travaux opérationnels pertinents sur l’intensification agricole et sur le développement des pôles de croissance. Il emprunte et résume des études internationales existantes et des études de cas de pays afin d’établir des comparaisons internationales pertinentes et de donner, partout où il est nécessaire, une dimension régionale. Enfin, ce rapport soumet un travail analytique innovant sur plusieurs sujets, notamment sur la compétitivité du taux de change, l’espace produit et la différenciation, la transition démographique, les instruments de gestion du risque pour réduire la volatilité de la croissance et la macro modélisation en équilibre général avec la Maquette pour les simulations des OMD (MAMS), afin d’analyser les priorités budgétaires pour la croissance. Le MEP est constitué de trois volumes. Le volume I est intitulé « Promotion de la compétitivité et diversification des exportations », le volume II « Les sources de la croissance – les principaux secteurs d’avenir » et le volume III « Amélioration des facteurs de croissance ».

3. La conclusion principale du MEP est la suivante. Le modèle précédent de croissance extensive a maintenant épuisé son potentiel et il doit être renouvelé. Étant donné la dynamique démographique existante, la faible tolérance environnementale due à son climat sahélien et la concurrence prononcée due aux forces de son économie ouverte, le Burkina Faso doit massivement investir dans une croissance fondée sur l’augmentation de la productivité pour dépasser son faible niveau initial de capital humain, ses contraintes de capacité et de régulation. Afin de contribuer à définir le nouveau modèle de développement du Burkina Faso, le MEP explore la croissance fondée sur la productivité tant aux niveaux macroéconomiques, méso économiques ou sectoriels, qu’aux niveaux micro et institutionnels. Il évalue également la

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xi

viabilité de la croissance sous l’aspect humain, démographique, financier, budgétaire et de l’infrastructure physique. Dans la mesure du possible, il évalue la performance des programmes de développement précédents et offre des diagnostics sur les problèmes rencontrés. Le MEP analyse la situation actuelle en termes de défis et d’opportunités. Il présente aussi quelques axes stratégiques et des recommandations de politique économique par ordre de priorité dans le temps, pour optimiser les consultations conduites par le Gouvernement afin de préparer la SCADD.

4. Plusieurs contraintes majeures sur la croissance ont été identifiées et le MEP propose des moyens pratiques pour les réduire ou les atténuer. Ces contraintes sont :

i. La fréquence des chocs exogènes sur l’agriculture du Burkina Faso, en particulier sur la culture du coton, ralentit de manière significative le développement socio-économique du pays ;

ii. L’appréciation réelle du taux de change, qui ne reflète pas les gains de productivité du travail, a détérioré la compétitivité des prix ;

iii. La faible attractivité du pays aux investissements directs étrangers, malgré des progrès significatifs dans l’environnement des affaires, limite sa croissance potentielle ;

iv. Les taux élevés de fertilité nuisent à la croissance par habitant et au développement social à commencer par le capital humain ;

v. Les contraintes environnementales limitent la croissance extensive de l’agriculture, alors que la sécurité alimentaire constitue toujours un défi pour le développement humain ;

vi. La grande vulnérabilité des ménages empêche les pauvres de s’engager véritablement dans des activités économiques productives ;

vii. Les contraintes qui pèsent sur les capacités institutionnelles et humaines réduisent l’efficacité des politiques publiques.

5. Enfin, ce MEP fait apparaitre clairement des objectifs clés de politique économique en faveur de la croissance accélérée et du développement durable :

i. Promouvoir les secteurs productifs qui peuvent constituer des sources solides de croissance à moyen terme, qu’ils soient orientés vers l’exportation ou le marché intérieur (le MEP en identifie plusieurs et propose des stratégies pour accroître la richesse nationale à travers une « sophistication » progressive de l’ensemble des produits du pays) ;

ii. Promouvoir le commerce, tant au niveau régional qu’au niveau mondial, par une diversification et une commercialisation de la production nationale, notamment en améliorant le positionnement du pays par le biais d’organismes actifs de promotion des exportations ;

iii. Accroître la rentabilité et la compétitivité à travers une production agricole intensifiée, diversifiée et commercialisée tout en élargissant les activités de transformation pour faire évoluer la chaîne de valeur ;

iv. Développer les services tels que le tourisme et les activités dans les centres urbains pour créer des emplois et absorber l’exode rural ;

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xii

v. Améliorer la participation du secteur privé dans l’économie, notamment par le biais de partenariats public/privé, et renforcer l’intermédiation financière ;

vi. Accélérer la transition démographique par une combinaison de planification familiale et de politiques socio-économiques ;

vii. Réduire les vulnérabilités socio-économiques en étendant la gestion du risque aux niveaux macro, méso et micro, en développant la protection sociale et en encourageant les pauvres à s’engager dans des activités économiques productives ;

viii. Maximiser les bénéfices socio-économiques provenant aussi bien de l’aide internationale, que des gains importants exceptionnels dans le secteur minier, à travers des investissements d’infrastructure publique judicieux nécessaire à la nouvelle phase d’expansion du Burkina Faso ;

ix. Développer les capacités institutionnelles et humaines qui ont un impact sur l’efficacité des politiques publiques.

Le contexte du pays et la transformation structurelle envisagée 6. Le Burkina Faso est un pays d’Afrique de l’Ouest, enclavé et essentiellement rural. La population, de 14 millions d’habitants (en 2006) et à croissance rapide, repose sur de très faibles ressources naturelles, avec le coton comme seule matière première d’exportation jusqu’à l’émergence récente de l’or comme autre production significative. L’économie agraire est particulièrement vulnérable aux chocs climatiques et extérieurs. Le climat sahélien fragile du Burkina est sujet à la sécheresse et prédisposé aux inondations. Les facteurs externes, tels que la volatilité des taux de change, les cours internationaux du coton et les prix fluctuants des produits pétroliers et alimentaires, affectent également le pays. Pays enclavé, entouré de six pays, le Burkina Faso est hautement dépendant de la qualité de ses relations avec ses voisins et de leurs stabilités politiques pour son transit, son commerce avec les marchés extérieurs et sa stabilité politique.

7. Depuis le début des années 1990, le pays a bénéficié d’une stabilité politique relative, d’un régime démocratique et d’un programme progressif de réformes économiques et politiques. Sous la direction du Président Blaise Compaoré, le Burkina Faso a abandonné ses tendances panafricaines socialistes inspirées par Sankara pour se tourner vers des réformes orientées vers l’économie de marché, et se réengager avec la communauté internationale. Au cours des deux dernières décennies, le Gouvernement du Burkina Faso a entrepris un important programme de réformes économiques et politiques, incluant des réformes dans le commerce, la libération des devises et des prix, et mis en œuvre un processus de gouvernance décentralisée. Depuis le début des années 90, le Burkina a connu une croissance économique relativement solide et une bonne performance macro-économique. Jusqu’en 2006, le pays a bénéficié d’une croissance annuelle réelle du PIB d’environ 6 % après la dévaluation du franc CFA. En dépit d’une croissance démographique des plus rapides au monde (3,1 % par an), la croissance par habitant a, depuis lors, avoisiné 2 % par an, atteignant 430 dollars US en 2007, et permis une réduction significative de l’incidence de la pauvreté (qui touchait encore 41 % de la population en 2006).

8. La plupart de ces réalisations résultent, entre autres, des gains de compétitivité qui ont suivi la dévaluation de 1994, de l’important programme d’investissements publics (principalement financé de l’extérieur) et des politiques financières et structurelles (notamment

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la libéralisation des prix et du commerce) destinées à consolider l’orientation vers l’économie de marché et à maintenir la stabilité macroéconomique. L’afflux important de l’aide extérieure, estimée entre 8 et 9 % du PIB depuis 1996, a aussi fortement contribué à ce succès. Tout ceci a entraîné l’accroissement des investissements publics, qui ont aussi bénéficié d’un ensemble de réformes de la gestion budgétaire et d’une amélioration de l’environnement des affaires qui était à un niveau très faible. Classé parmi les pays d’Afrique subsaharienne les plus performants, le Burkina Faso marque des points pour sa stabilité politique et le maintien d’un environnement économique caractérisé par un niveau raisonnable de libéralisation du commerce, de stabilisation, de bonne gouvernance et d’état de droit. Ainsi, le Burkina Faso est devenu en 1999, l’un des premiers pays à être éligible à l’Initiative pays pauvres très endettés, PPTE.

9. Néanmoins, en raison des variations de la production agricole et de la vulnérabilité de l’économie causées par une série de chocs exogènes, la croissance est irrégulière depuis 2007 et l’incidence de la pauvreté est en train de se détériorer à nouveau. L’impact cumulé de la crise alimentaire et énergétique, du fléchissement de l’économie mondiale, des faibles prix des matières premières conjugués à la hausse réelle de la monnaie intérieure, d’une meilleure compréhension de l’impact, à la fois de la pluviosité sur les cycles économiques et des capacités limitées des terres pour accroître l’agriculture, a contribué à faire prendre conscience de la nécessité d’un modèle de développement différent pour le Burkina Faso. Dans l’ensemble, la structure économique du pays a relativement peu changé dans les dernières décennies, avec plus de 80 % de la population vivant de l’élevage et de l’agriculture de subsistance. Au cours des deux dernières années, ce modèle a subi une modification qui a accru la résistance du Burkina Faso face aux chocs alors qu’un boom minier important commençait à transformer l’économie d’exportation unique en une économie d’exportation de deux matières premières. Ceci a renforcé les liens avec les secteurs des services et de la construction et un comportement anticyclique bénéfique au prix de l’or sur les marchés mondiaux. Toutefois, les préoccupations relatives à la rentabilité à moyen terme et à la survie même du coton, ont continué à prendre de l’ampleur à mesure que les subventions cumulées pour maintenir à flot les sociétés cotonnières et les agriculteurs et pour protéger le système bancaire intérieur contre certains risques se sont avérées coûteuses et peu viables pour le Gouvernement. Malgré une hausse récente des investissements directs étrangers dans les secteurs des télécommunications et de la construction, due en partie aux activités minières, peu d’emplois formels ont été créés dans les villes, et les productions agro-pastorales, dans leur majeure partie, ont continué d’être exportées dans leur état brut au lieu de progresser sur la chaîne de valeur ajoutée.

10. La vision à long terme du Gouvernement, telle qu’exprimée dans l’étude « Burkina 2025 », est celle d’un pays qui s’industrialise avec un capital humain amélioré de façon significative et une intégration totale aux flux du commerce mondial. Cet objectif contraste avec les conditions actuelles où le secteur industriel contribue environ à 20 % de la production économique et emploie approximativement 10 % de la population active. En fait, la production « industrielle » au Burkina est principalement centrée sur la transformation des produits agricoles tels que la production de farine, le raffinage du sucre et les petites manufactures de fils de coton et de textiles. C’est dans ce contexte général que le MEP propose d’encourager la réflexion sur des nouvelles sources d’exportations, en utilisant la méthodologie d’« espace de produit » développée par une équipe de l’université d’Harvard1 et une analyse dynamique de la

1 Hausmann, Hwang et Rodrik (2008) et Hausmann et Klinger (2007).

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sophistication des exportations. En particulier, le MEP distingue d’une part, la diversification des exportations et la modernisation technique et, d’autre part, les exportations manufacturées comme cela est envisagé dans le cadre du meilleur scénario de l’étude « Burkina 2025 ». À l’étape initiale (qui ne pourra pas être envisagée avant 2015), il est attendu que le Burkina Faso, comme les autres pays africains, doit, principalement se diversifier en élargissant aussi bien la gamme des exportations primaires et transformées que le tourisme, d’où la sélection de secteurs traditionnels étudiés dans la seconde section du rapport : coton, productions agro-pastorales, exploitations minières et tourisme.

11. L’exploitation minière au Burkina montre de façon exemplaire, comment une réforme spécifique d’une industrie (une nouvelle loi minière) contribue à accroître les investissements privés. Les investissements dans le secteur minier se sont élevés approximativement à 700 millions de dollars US de 2006 à 2009, et on prévoit un supplément de 250 millions de dollars US dans les deux prochaines années provenant des projets en cours. Le MEP estime que la contribution du secteur minier à la production économique pourrait atteindre environ 12 % d’ici 2012. L’exploitation minière au Burkina Faso est centrée sur l’extraction du quartz aurifère, du marbre et de l’antimoine, pendant que des dépôts viables de zinc, d’argent et de manganèse ainsi que de calcaire, bauxite, nickel, phosphate et plomb fournissent un potentiel supplémentaires. La production de l’or, en particulier, a augmenté de façon significative ces dernières années. Elle devrait atteindre environ 35 à 40 tonnes d’ici 2015, ce qui placerait le pays dans la tranche de la 15-20ème plus grand producteurs au monde. Le MEP estime les recettes fiscales annuelles potentielles générées par le secteur minier (aussi bien directes qu’indirectes) à près de 450 millions de dollars US d’ici 2015. Il examine aussi l’expérience de pays similaires, tel le Botswana, qui ont réussi à exploiter leur secteur minier comme un tremplin pour la croissance. S’il est suffisamment bien géré, le boom minier actuel du Burkina Faso a la capacité de diminuer d’une part considérable la contrainte de l’espace budgétaire, que l’on a examiné dans le dernier chapitre de ce rapport.

Portée du rapport 12. L’un des objectifs de ce MEP était d’identifier les produits les plus prometteurs et de mener un diagnostic de compétitivité. La liste des produits est résumée ci-dessous dans le Tableau 1. Dans ce rapport, la compétitivité est perçue comme une combinaison de productivité et de coûts, et la seconde section du MEP présente des chapitres sur l’industrie qui comparent de façon systématique les performances de compétitivité du Burkina à celles de ses principaux concurrents. Les chapitres sur les secteurs explorent aussi les réformes réalisées et leurs impacts sur la productivité, listent les opportunités et les goulets d’étranglement restant, et examinent l’émulation possible provenant d’autres pays. Pour les productions agro-pastorales, un chapitre couvre plusieurs industries, avec une analyse centrée sur la masse critique des interventions autour des emplacements et des chaînes de valeur les plus prometteurs.

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Tableau 1 : Candidats à la diversification économique en dehors du secteur du coton

Méthodologie d’« espace de produits » (développée dans le volume I)

Analyse sectorielle (développée dans le volume II)

Céréales, légumes et autres plantes/semences

Maïs en grains Céréales traditionnelles (sorgho, millet, maïs)

Sarrasin, millet, graines de canaris, céréales Riz

Fruits frais ou séchés Oignons

Autres légumes frais ou réfrigérés Tomates

Légumes, racines et tubercules Haricots verts

Plantes, semences, fruits utilisés dans les parfums

Haricot à œil noir (niébé)

Sésame

Mangues

Noix de karité

Animaux/viandes et autres produits animaliers

Espèces à cycle court (volailles, moutons et chèvres)

Bétail/Bovins

Lait

Cuir, peaux et os/cornes

Cuir et autres peaux Peaux

Peaux de moutons et d’agneaux

Os, cornes, ivoire, sabots, griffes

Produits transformés

Huile de graine de coton

Huiles végétales fixes

Sucre de betterave et de canne, brut, solide

Sucreries et autres sucres

Sacs et sachets en matière textile

Fabrication d’ouvrages en bois

Appareils ménagers, art décoratif

Autres instruments musicaux

Cigarettes

Savon, produits organiques tensio-actifs

Or, non monétaire 13. Pour compléter l’analyse de compétitivité sectorielle, le premier volume du rapport explore les aspects intersectoriels de la diversification et de la compétitivité pour diagnostiquer les domaines de réformes, en se fondant notamment sur le dernier rapport sur la compétitivité en Afrique. Ce volume examine les limitations provenant de la terre et des marchés financiers, des coûts des facteurs tels que l’énergie, les communications et les transports (aérien et routier), les réglementations excessives et le faible cadre institutionnel, les politiques visant à promouvoir les investissements étrangers directs et les instruments de couverture contre

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la volatilité excessive du marché. Les coûts de transport très élevés sont particulièrement importants dans un pays enclavé qui connaît encore des problèmes de sécurité alimentaire.

14. Le troisième volume du rapport examine plus en détail, les contraintes majeures du Burkina Faso pour la croissance au-delà de la compétitivité, telles que les réseaux d’infrastructures et le capital humain insuffisants, l’intermédiation financière trop faible pour la croissance du secteur privé, l’espace budgétaire limité pour les investissements publics et une croissance excessive de la population. Son chapitre sur l’infrastructure examine particulièrement l’impact de l’énergie coûteuse et peu fiable sur l’industrialisation, et propose des solutions possibles en tenant compte du contexte régional général. Ce chapitre évalue de la même manière, le manque de routes et la pertinence économique des réseaux existants, lorsque par exemple, les récoltes de coton doivent rester au sol plusieurs semaines avant de pouvoir être transportées dans de petites camionnettes à l’usine, ou encore lorsque les céréales et les fruits pourrissent sur place alors qu’ils sont nécessaires dans d’autres parties du pays. La construction et la maintenance des routes ou d’autres réseaux d’infrastructures sont des cas typiques qui illustrent la nécessité d’un choix approprié de décisions d’investissement public, étant donné que l’espace budgétaire est particulièrement contraint par la mobilisation de recettes intérieures relativement faibles (près de 13 % du PIB) et par une dépendance excessive de l’aide internationale (démontré dans le second chapitre sur la dynamique des taux de change).

15. La promotion d’une croissance améliorée et durable nécessitera de traiter les vulnérabilités à tous les niveaux possibles : macroéconomique, sectoriel et des ménages. Le MEP étend son analyse de compétitivité pour offrir des conseils pratiques en matière de politiques de gestion du risque, sociales et budgétaires favorables aux OMD. S’agissant de l’économie sahélienne, les agriculteurs burkinabè sont parfaitement conscients de leur grande vulnérabilité face aux éléments climatiques. Le MEP s’appuie largement sur des études sur l’irrigation pour démontrer comment des investissements peuvent remédier à ce risque, tout en traitant des instruments de transfert de risque innovants pour les agriculteurs, tel que l’indice sur l’assurance climatique.

16. L’analyse des tendances démographiques du Burkina Faso se justifie à chaque fois que le taux de fertilité élevé du pays devient incompatible avec une amélioration majeure et durable des conditions de vie. On comprend aisément cela en examinant le budget du secteur de l’éducation. Alors que la diversification économique et la compétitivité nécessiteraient à la fois de nouvelles capacités techniques et de gestion, et d’un système éducatif visant à promouvoir une forte culture d’imitation des technologies éprouvées et d’innovation adaptées au contexte local, les tendances démographiques affectent la capacité budgétaire du Gouvernement à soutenir les indicateurs de scolarisation existants, et, à plus forte raison, à réformer le système éducatif. C’est dans ce contexte que le dernier chapitre du rapport aborde les phases des dépenses de développement et de leurs impacts sur les objectifs sociaux, en utilisant les simulations du MAMS, modèle d’équilibre général conçu pour évaluer comment les OMD peuvent être atteints.

17. D’un point de vue méthodologique, le rapport examine aussi bien l’expérience passée de mise en œuvre des divers programmes et politiques que les bonnes pratiques internationales. En traitant, par exemple, de la diversification dans l’agriculture à haute valeur ajoutée, le rapport prend en compte les leçons acquises des initiatives passées au Burkina Faso, (textile burkinabè, mangues séchées) comme celles de l’étranger (fleurs coupées kényanes et

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café rwandais) afin d’en tirer profit pour des réformes efficaces. De même, l’analyse de la promotion de l’investissement direct étranger tient pleinement compte des leçons tirées du succès récent du Gouvernement dans l’amélioration de l’environnement des affaires du pays. Elle tient aussi compte des expériences intéressantes à travers le continent, notamment celles des zones de regroupement ou des pôles de croissance sur lesquelles la nouvelle stratégie du Gouvernement se focalise.

18. Le MEP aborde, avec un soin particulier, les questions institutionnelles. Par exemple, les antécédents impressionnants de réformes microéconomiques du Burkina Faso dans le cadre des indicateurs « Doing Business » (montrant un gain de 8 places au cours de la période 2008-2010) offrent des leçons institutionnelles positives et illustrent l’importance du facteur humain, d’une équipe spéciale de réforme de classe mondiale, pour la réussite de la mise en œuvre. Toutefois, pour améliorer la compétitivité du Burkina Faso, il faudrait des réformes institutionnelles encore plus courageuses que celles qui ont été nécessaires pour atteindre de meilleurs indicateurs « Doing Business ». Le MEP fait ressortir la nécessité de (i) consolider l’agence de soutien aux exportations ; (ii) développer l’agence de promotion des investissements ; et (iii) créer une unité de partenariat public/privé (PPP). Le rapport explore en détail les exigences institutionnelles pour la réussite des PPP, un sujet également bien documenté au niveau sectoriel dans la discussion sur le tourisme dans la deuxième section et dans la troisième section du chapitre sur l’infrastructure.

19. Enfin, en sélectionnant ses recommandations, le MEP a tenté de mettre en avant des politiques efficaces, en distinguant de nouvelles politiques qui devraient être adoptées, de celles déjà en place, qui pourraient être améliorées, tout en tirant des leçons des programmes qui n’ont pas fonctionné comme prévu. Le MEP compare les propositions pour de nouvelles politiques avec des dispositions et des mesures nécessaires pour améliorer la qualité de la mise en œuvre des politiques publiques et des prestations de services dans des domaines où il y a déjà un cadre de travail. Cependant, du fait que certaines de ces suggestions exigent des renforcements de capacité à long terme dans des domaines difficiles, notamment des exigences de meilleure régulation de l’État, la matrice des politiques présentée à la fin de cette section met également l’accent sur les actions pouvant être mises en œuvre plus facilement à court terme. Parfois, la discussion vise des domaines où les programmes doivent être abandonnés ou les règlements abrogés parce qu’ils ne fonctionnent pas. Finalement, promouvoir la diversification et la compétitivité peut parfois être une occasion pour l’État de faire moins plutôt que d’intervenir lourdement dans toutes les directions.

Conclusions principales et recommandations de politiques économiques 20. Le premier volume du MEP met l’accent sur la nécessité pour le Burkina Faso de considérer les contraintes macroéconomiques et microéconomiques à la croissance et à la compétitivité, attire l’attention sur la faible sophistication de ses exportations et suggère des instruments de politique économique pour faciliter la promotion des exportations et des investissements conduits par le secteur privé. Malgré de bonnes performances de croissance, le pays a été confronté à une baisse du prix du coton, ajoutant à la tension sur les finances gouvernementales et sur la réduction de la pauvreté. De plus, l’appréciation du TCER du pays a nuit à la rentabilité des sociétés cotonnières et à la compétitivité des industries émergentes. Alors que le Burkina pouvait faire un meilleur usage des techniques de gestion du risque pour

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détourner certains de ces chocs exogènes, la diversification des exportations reste pour lui, le moyen le plus efficace d’augmenter sa résistance économique et d’accélérer la croissance. Il doit continuer d’améliorer la croissance dans ses secteurs traditionnels (coton et métaux) tout en encourageant le développement de produits agricoles plus sophistiqués et, à terme, d’activités manufacturières à petite échelle. Les programmes de promotion des exportations et des investissements sont des outils utiles pour compléter les processus dictés par l’économie de marché, spécialement en ce qui concerne les asymétries d’information et autres dysfonctionnements du marché. La mise en œuvre d’une stratégie cohérente de promotion des exportations et des investissements, le renforcement des capacités de l’agence de promotion des exportations, tout en développant une agence de promotion des investissements, doivent aussi être complétés par une simplification du cadre réglementaire (la législation sur l’investissement) et les réformes de seconde génération favorables aux affaires (impôts, remboursement du TVA, régime des douanes).

21. Le second volume souligne (i) le besoin de choix appropriés pour assurer la viabilité du secteur cotonnier ; (ii) le développement de chaînes d’approvisionnement sélectionnées pour atteindre la sécurité alimentaire, la croissance et la substitution des importations ; (iii) le rôle important du secteur minier pour la croissance, avec une bonne gestion des recettes ; enfin, (iv) le potentiel du secteur touristique en tant qu’industrie de service dépendra des améliorations de la qualité et de la capacité d’hébergement et de l’infrastructure.

22. Bien qu’ayant été le moteur de la croissance économique dans les années passées, la production du coton graine au Burkina a été extensive et irrégulière. L’amélioration des performances du secteur du coton dépendra des facteurs suivants : (i) de l’accroissement de la productivité par le biais à la fois d’une meilleure recherche et de services d’extension pour aider les agriculteurs burkinabè à combler leur écart de rendement avec les producteurs de coton plus modernes ; (ii) du développement de programmes de gestion intégrée « sol-engrais-eau » pour empêcher l’épuisement et l’érosion des sols ; (iii) de meilleurs équipements pour les agriculteurs à des coûts plus accessibles ; (iv) du développement du capital humain, le taux d’analphabétisme parmi les producteurs de coton étant élevé ; (v) de la valorisation des produits dérivés du coton graine, tels que l’huile et les tourteaux ; et (iv) de la diversification dans l’agriculture et en dehors, comme mécanisme de gestion du risque/accroissement des revenus. Par ailleurs, la mise en place de mécanismes fonctionnels de gestion du risque est essentielle, en particulier pour atténuer : (i) les risques liés au climat ; (ii) les risques de prix de la production ; et (iii) les risques de prix des intrants.

23. Le Burkina Faso possède un riche capital végétal et écologique, mais de nombreuses faiblesses entravent le développement du secteur agricole. On peut citer le niveau d’analphabétisme élevé, la faible productivité de la main-d’œuvre, les coûts de facteur élevés, ainsi que les infrastructures et les équipements de stockage insuffisants, les faibles capacités de gestion de la chaîne de valeur, la situation financière précaire des opérateurs du secteur, et une organisation médiocre de la majorité des chaînes de valeur et de la promotion du marché. Exploiter le potentiel du secteur nécessitera une campagne concertée afin d’intensifier la productivité et de la diversifier vers une agriculture à forte valeur pour l’exportation. Les principaux produits de culture et d’élevage maintiennent la croissance et peuvent se positionner par rapport aux objectifs stratégiques de développement du secteur. Les céréales (millet, sorgho et maïs) et les tubercules sont des cultures de sécurité alimentaire de base. La volaille, les

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moutons et les chèvres, comme le gibier et le poisson, sont les sources majeures de protéines animales au Burkina. De plus, les produits les plus compétitifs sur le marché de l’Afrique de l’Ouest semblent être l’oignon, la tomate, le niébé, la viande de bœuf et le maïs. En dehors du coton, le Burkina détient un avantage comparatif dans l’exportation de la mangue, du sésame et des noix de karité, mais il commercialise ses produits aux niveaux les plus bas de la chaîne de valeur. De même, la performance des exportations du secteur des cuirs et des peaux a été limitée. Il y a aussi du potentiel pour la substitution d’importation de riz et de lait.

24. Le secteur minier est perçu comme un pilier important dans la stratégie du Burkina Faso pour développer le secteur privé. Les implications macroéconomiques de la croissance rapide des recettes d’impôts et de devises générées par le secteur minier et ses dérivés pourraient nécessiter de nouvelles politiques et initiatives institutionnelles instaurées par le Gouvernement. Bien qu’il ait fait les premiers pas vers la mise en œuvre de l’Initiative de transparence dans les industries extractives, ITIE, le Gouvernement devra bientôt formuler un plan sur la manière dont il utilisera les recettes fiscales accrues pour améliorer le développement du pays et dont il gérera les fluctuations probables des recettes générées par le secteur minier. Des tentatives plus systématiques visant à tirer avantage des besoins d’infrastructure des sociétés minières pour étendre ces installations aux secteurs locaux, et à former les Burkinabè pour accéder aux emplois plus qualifiés dans les sociétés minières, telles qu’encouragées par le Code minier, sont nécessaires pour que la croissance du secteur s’étende au reste de l’économie.

25. Le Burkina Faso est relativement encore inconnu sur la carte mondiale du tourisme malgré ses richesses naturelles et culturelles. Le pays a réussi à attirer un nombre croissant de voyageurs internationaux, généralement en provenance d’Europe et d’Afrique subsaharienne, par son positionnement comme leader régional de festivals de cinéma et de foires artisanales. Néanmoins, le secteur tourisme souffre (i) d’un cadre institutionnel inapproprié et fragmenté, sans aucun leadership dans la promotion de la destination ; (ii) de partenariats public/privé inefficaces, en particulier en ce qui concerne les parcs nationaux et autres domaines animaliers ; (iii) d’un faible niveau de transparence des flux financiers du secteur, résultant potentiellement de la réglementation actuelle du Gouvernement ; (iv) d’un réseau d’infrastructure inadéquat, en particulier pour le transport routier, créant des coûts supplémentaires pour tout voyageur ; (v) des conditions de voyage, en particulier des lourdes procédures de visa et d’autres opérations administratives pour les visiteurs étrangers ; (vi) de la mauvaise qualité des options d’hébergement sur les sites éloignés de la capitale ; (vii) de l’absence de normes et de standards locaux nécessaires permettant aux visiteurs de prolonger leur séjour et donc de dépenser plus ; (viii) des préoccupations récurrentes concernant la sûreté et la sécurité, en particulier dans les zones rurales ou pendant la nuit ; et enfin, (ix) des capacités financières et de gestion limitées d’un certain nombre d’opérateurs privés.

26. Enfin, le troisième volume identifie les actions nécessaires pour (i) traiter des questions de changements démographiques par le biais d’une meilleure information, de l’éducation et de campagnes de communication pour susciter des changements de comportement ; (ii) développer les instruments de gestion du risque pour gérer les risques économiques, sociaux, sanitaires, naturels et de sécurité alimentaire ; (iii) améliorer l’accès du pays aux marchés régionaux et internationaux, à de meilleures connections aux infrastructures régionales de transport, d’électricité, et de télécommunications, aux services hydrauliques et aux systèmes d’irrigations améliorés ; (iv) exploiter l’intermédiation financière par de nouveaux

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mécanismes d’accès au crédit, la réforme du système institutionnel du secteur financier et le renforcement des capacités en gestion des finances et du risque dans le secteur des entreprises ; et (v) créer et utiliser l’espace budgétaire en priorisant les dépenses, en assurant la collecte des recettes ou en augmentant les flux de l’aide.

27. Les changements démographiques au Burkina Faso ont été très tardifs en comparaison de l’Amérique latine et de l’Asie, et très lents, en particulier, en matière de fertilité. Malgré d’impressionnantes baisses dans les niveaux de mortalité, la fertilité est restée très élevée à 6,2 enfants, en moyenne par femme. Les décennies perdues pour déclencher une baisse de la fertilité demandent maintenant certains défis. D’abord, les stratégies de développement, notamment les programmes de réduction de la pauvreté, doivent prendre en compte l’importance des changements démographiques, en utilisant des données cohérentes et des hypothèses plus réalistes. Étant donné que la mise en œuvre de la nouvelle Politique Nationale de population a été décevante, il a été suggéré de concentrer les efforts sur quelques interventions-clés qui ont le privilège d’apporter rapidement des changements démographiques. Ces interventions comprennent des campagnes efficaces d’information, d’éducation et de communication visant à instaurer un changement de comportement, une éducation pour tous, en particulier pour les filles, et un accès à des services de qualité du planning familial. Ensuite, les dirigeants burkinabè et leurs partenaires au développement doivent mesurer l’importance des conséquences de la croissance rapide de la population, pour le développement et les investissements et prendre les mesures nécessaires. Ceci nécessitera des campagnes d’information plus étendues dans le domaine de la santé en matière de procréation ainsi qu’un renforcement du cadre institutionnel actuel pour prendre en charge les questions de population. En résumé, il est urgent de redonner une légitimité aux interventions dans le domaine de la population et de la santé en matière de procréation.

28. Puisque le secteur agricole du Burkina Faso est très vulnérable aux risques naturels, l’adoption d’instruments pour la réduction du risque est essentielle pour protéger les agriculteurs et les ménages. Dans le même temps, les ménages, en particulier les plus pauvres, sont exposés à une diversité de risques à des niveaux micro, et ne peuvent gérer que partiellement leurs besoins en matière de nutrition et de bien-être. Afin de réduire l’impact de la volatilité des taux de change, les sociétés d’égrenage du coton doivent institutionnaliser un régime financier commercial qui compense les paiements des importations en dollars US par rapport aux recettes d’exportations en dollars US avant la conversion des devises en francs CFA. Bien que le fonds de lissage du coton actuel offre une certaine stabilisation des prix, il n’a pas encore couvert son exposition aux risques de volatilité des prix des matières premières. Le Burkina gagnerait à accéder aux marchés à terme, pour annoncer ses prix à la production. Par ailleurs, l’accès aux mécanismes d’assurance contre les risques naturels peut être réalisé par la création de fonds mutuels, de systèmes d’épargne et d’assurance. En dépit de l’existence d’une large gamme de programmes gouvernementaux de protection sociale, leurs impacts semblent limités en raison de financements inadéquats, d’absence de structures institutionnelles appropriées et d’un manque de coordination entre les ministères et parmi les bailleurs de fonds. En conséquence, des dispositifs de protection sociale destinés à réduire les formes les plus extrêmes de dénuement et d’insécurité alimentaire doivent être mis en place et suivis avec des données sur le profil des bénéficiaires, les coûts et l’efficacité.

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29. La situation d’enclavement du Burkina Faso nécessite l’amélioration des infrastructures du pays et l’intégration régionale. Le manque d’infrastructures adéquates entrave l’activité du secteur privé et la productivité des entreprises. La croissance de la population au Burkina exige de meilleures infrastructures et une planification urbaine adaptée. Par ailleurs, une meilleure intégration régionale contribuerait à améliorer l’accès à l’électricité et à des services de TIC moins coûteux. Cependant, il faut garder à l’esprit que l’accès au service, la qualité, l’accessibilité et la viabilité financière des services sont les critères clés en matière de construction de nouvelles infrastructures. Au Burkina, certains sous-secteurs, tels que le transport ferroviaire, les télécommunications et l’irrigation à petite échelle, ont bénéficié de la participation du secteur privé. Néanmoins, le Burkina ne possède pas de cadre adéquat de partenariat public/privé (cadre légal et unité de PPP) pour favoriser une participation plus systématique du secteur privé au développement des infrastructures. Dans l’ensemble, la qualité du réseau routier demeure faible. Les coûts de l’électricité sont plus élevés qu’au Bénin, Mali ou Sénégal à cause du potentiel de production énergétique limité, mais, dans le cadre du Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain (connu sous le nom de West African Power Pool), le pays espère bénéficier de l’accès à des capacités supplémentaires à moindre coût. Dans le secteur des télécommunications, l’accès aux services de TIC est plus problématique. Par ailleurs, les systèmes d’irrigation pour la production agricole ne couvrent qu’une petite portion des terres.

30. Le rôle essentiel de l’intermédiation financière pour la croissance et le développement du secteur privé exige une meilleure efficacité du système bancaire. La fourniture de services financiers est actuellement limitée comme l’indique la faible part de la population ayant un compte bancaire (6 %) ou un compte dans une institution de microfinance (10 %). Les zones rurales sont peu desservies, la plupart des agences bancaires étant situées dans les zones urbaines. Les prêts bancaires sont concentrés sur les grandes entreprises et le secteur public. Le secteur du coton absorbe à lui seul, la plupart des financements bancaires et il n’y a virtuellement aucun crédit disponible pour les autres activités agricoles. Ainsi, dans le contexte de la récente crise financière, le financement du secteur cotonnier devrait se réduire et l’emprunt sur les marchés internationaux pourrait être moins abordable. En outre, le financement limité des PME et le manque d’expertise dans ce domaine sont souvent cités comme des entraves majeures au développement des PME, mais le statut informel de la plupart d’entre elles, ainsi que leur manque de garanties, contribuent aussi en partie à leur manque d’accès au financement formel. Dans l’ensemble, le cadre réglementaire n’est pas encore suffisamment développé pour soutenir la diversification des produits financiers, tels que le crédit-bail financier et la prise de participation au capital. La capacité de supervision des institutions de microfinance (IMF) est également faible. Enfin, certains aspects des règles de prudence de la BCEAO semblent entraver l’utilisation des garanties pour les prêts aux PME et dans les zones rurales.

31. Pour que le pays puisse renouer avec la croissance après la crise, il est essentiel de maintenir des niveaux adéquats d’investissement. Toutefois, la capacité du Burkina Faso à y parvenir est extrêmement limitée. Afin d’atteindre les taux d’investissement requis pour soutenir le rythme de la croissance pré-crise, des ressources supplémentaires sont nécessaires pour combler un vide financier important. L’espace budgétaire peut être créé en priorisant les dépenses, en augmentant les revenus, ou en intensifiant les flux de l’aide. Dans le contexte du Burkina Faso, les principaux usages de l’espace budgétaire sont de stimuler les dépenses en infrastructures publiques ou en développement humain (éducation et santé). L’importance de niveaux adéquats d’infrastructure publique, de santé et d’éducation a été soulignée à un niveau

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microéconomique, notamment pour l’accroissement de la compétitivité, la promotion de la production agro-pastorale, l’ouverture de l’économie ou la gestion de la croissance de la population. L’analyse utilise MAMS, grand modèle multisectoriel avec des secteurs OMD. Il y a un choix à faire entre, d’une part, la croissance et les objectifs de réduction de la pauvreté — pour ceux-ci, les investissements en infrastructure publique sont plus efficaces — et d’autre part, les objectifs OMD liés à la santé et à l’éducation, pour lesquels les dépenses en développement humain sont plus efficaces. Néanmoins, les simulations montrent que l’effet de la croissance des dépenses publiques en infrastructure entraîne un impact positif appréciable sur les domaines de la santé et de l’éducation, ce qui réduit le choix. Ces conclusions semblent affermir la nouvelle orientation qui sous-tend les secteurs productifs que le Gouvernement est en train de promouvoir à travers la préparation de la SCADD.

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Résumé des recommandations de politiques

Promotion de la compétitivité et de la diversification des exportations : Volume I

Promotion des exportations

• Redéfinir le rôle de la taxe d’apprentissage pour soutenir le développement des compétences pour les exportateurs, et renforcer l’utilisation des fonds de subvention réciproque du MEBF.

• Accélérer le remboursement de la TVA par (i) la simplification des procédures ; et (ii) par la conservation des recettes de la TVA dans un compte spécial pour remboursement ou exempter seulement les exportateurs.

• Renforcer le mandat et les fonctions de l’ONAC afin qu’il agisse comme seul organisme spécialisé pour la promotion des exportations en étroite collaboration avec le secteur privé.

• Mettre à jour la base de données des pôles commerciaux pour améliorer les contacts entre les exportateurs nationaux et les acheteurs internationaux.

• Transformer la FASONORM en un institut spécialisé de normalisation et de certification, afin d’améliorer le système national de qualité.

• Créer un conseil stratégique, au niveau du PM, pour coordonner les politiques de promotion des exportations et des investissements et conduire les réformes pour améliorer l’environnement général des affaires (impôts, gouvernance, infrastructure, contraintes des secteurs agricole et minier et autres secteurs).

• Mettre en place un comité technique pour la coopération entre les divers ministères du Gouvernement afin de garantir la coordination des politiques sectorielles et d’investissements, tels que les programmes dédiés à la promotion de diverses chaînes de valeur et produits agricoles (le Projet d’appui au développement de l’agriculture du Burkina Faso, le Projet d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales, le Projet d’appui aux filières agricoles).

Promotion des investissements

• Réorganiser la législation sur l’investissement en : o éliminant l’autorisation d’investissement ex ante et en la remplaçant par une simple

déclaration d’investissement ;

o éliminant la carte de « commerçant étranger » et l’exigence du capital minimum pour les investissements étrangers ;

o simplifiant le Code des investissements, en particulier, les dispositions sur les transferts de capitaux, les règlements de différends entre les investisseurs et l’État et les garanties contre l’expropriation et les compensations en cas d’expropriation.

• Transposer et appliquer toutes les directives de l’UEMOA, notamment en matière de politiques et de lois sur la concurrence, les politiques fiscales (TVA), les codes miniers (primes) et les télécommunications.

• Simplifier les régimes fiscaux et douaniers : o réduire la fréquence des paiements d’impôt ; o limiter les primes fiscales lorsqu’une étude de rentabilité prévoit un excédent

économique ; o instaurer la transparence et la prévisibilité du système fiscal.

• Mettre en place une agence de promotion des investissements (marketing, facilités de

démarrage, services d’accompagnement) relevant du PM, avec la participation du secteur

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privé et en bonne coordination avec d’autres organismes tels que l’ONAC, la CCIA, les organisations du secteur privé.

Les sources de la croissance : les principaux secteurs d’avenir : Volume II

Le secteur du coton

• Renflouer le fonds de lissage du coton. • Faciliter l’acquisition d’équipements parmi les agriculteurs. • Accroître l’utilisation d’engrais organiques stimulée par l’extension de la construction de

fosses à lisier (fumier) à travers la zone cotonnière. • Accompagner les agriculteurs de coton qui réalisent des pertes et veulent quitter la culture de

coton (formation, développement de la commercialisation et des chaînes de valeur de cultures de substitution telles que le riz et le maïs, en investissement dans l’exploitation intensive des terres).

• Réduire progressivement la participation du Gouvernement au secteur et mettre davantage l’accent sur sa fonction de régulation.

• Introduire un partenaire technique et financier stratégique à la SOFITEX, éventuellement par la participation au capital, afin d’améliorer sa gestion globale et de renforcer sa situation financière.

• Afin de réduire l’impact du taux de change et la volatilité des prix des matières premières, les sociétés d’égrenage de coton devraient :

o institutionnaliser un schéma de financement commercial qui compense les paiements d’importations en dollars US par rapport aux recettes d’exportations en dollars US avant la conversion des devises en francs CFA ;

o accéder de façon plus systématique aux marchés à terme pour annoncer leur prix de production.

• L’accès aux mécanismes d’assurance contre les risques naturels agricoles pourrait être réalisé par la création de fonds mutuels de placement, de systèmes d’épargne et d’assurance, notamment l’assurance basée sur l’indice climatique pour les agriculteurs.

Productions agro-pastorales

• Mettre en œuvre la législation sur le régime foncier rural adoptée par le Gouvernement. • Étendre l’irrigation et l’amélioration du réseau routier rural, en particulier celui qui relie les

exploitations agricoles aux marchés. • Soutenir l’adoption des programmes technologiques pour accroître la productivité : semences

améliorées, engrais et fumier. • Informatiser les exploitations agricoles et mettre les agriculteurs en réseau avec les marchés

locaux et internationaux afin d’améliorer la gestion et la commercialisation. • Pour chaque culture, identifier un opérateur privé pour jouer le rôle de responsable de la

chaîne d’approvisionnement et aider à la fourniture d’intrants et aux conseils techniques pour les agriculteurs.

• Mettre en œuvre la normalisation et la promotion de la qualité par : o le développement de techniques de transformations (décorticage, tri par couleur,

etc.) ; o la transition vers un processus de traitement plus industrialisé afin d’élargir l’échelle

de production au-delà de semences brutes (graines crues). • Transformer la FASONORM en un institut spécialisé de normalisation et de certification. • Piloter les instruments de gestion du risque pour les matières premières et le climat.

Le secteur minier

• Réviser le Code minier de 2003 et la Déclaration de 1996 sur les politiques minières pour :

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o Rationaliser les mesures fiscales dans le secteur minier, notamment par le biais d’une redevance dégressive à échelle mobile avec différents programmes pour les métaux de base par rapport aux métaux précieux, d’amortissement de durée de vie des mines, et avec une refonte du processus de remboursement de la TVA ;

o améliorer les dispositions sur le développement durable des collectivités locales, y compris les discussions tripartites obligatoires entre les sociétés minières industrielles, les autorités centrales et locales, les acteurs locaux et les communautés locales ;

o prévoir une part des revenus du secteur minier pour les fonds locaux de développement communautaires.

• Envisager la création d’un fonds de stabilisation des recettes minières entièrement compatible avec des objectifs de viabilité fiscale à long terme.

• Renforcer les capacités de la Direction Générale des Mines (DGM) compte tenu de sa charge de travail toujours croissante.

• Mettre en place un service d’information — peut-être par la Chambre de commerce — en ce qui concerne les biens et les services nécessaires aux sociétés minières pendant la construction et l’exploitation. Doter ce service d’un registre des entreprises burkinabè qui fournissent ces types de produits et services. Compléter ce service en adaptant les modules de formation existants à la Maison de l’Entreprise pour renforcer les capacités des PME en tant que sous-traitants des sociétés minières, en mettant un accent particulier sur les questions de qualité.

• Créer un programme de bourse pour le développement des professionnels du secteur minier — potentiellement financé par les sociétés minières, les bailleurs de fonds, et le Gouvernement — et faciliter les échanges avec d’autres pays. La plupart des programmes les plus efficaces sont généralement de type coopératif, dans lesquels les étudiants vont et viennent entre la classe et l’enseignement « sur le tas ».

• Renforcer la collaboration entre les sociétés minières et le Gouvernement afin de mieux saisir les opportunités de coopération (notamment par les PPP), en particulier pour le développement de l’infrastructure, la planification territoriale et le développement communautaire durable.

Le secteur touristique

• Élaborer un plan directeur du tourisme et prioriser les secteurs à développer en attribuant clairement des objectifs (à court et à long termes), le rôle de tous les acteurs, les pôles de développement prioritaires (ne pas cibler plus de deux segments), et un outil de suivi et d’évaluation explicite pour s’assurer que la stratégie est sur la bonne voie. En particulier, cette stratégie doit :

o identifier les nouveaux créneaux de spécialisation à fort potentiel, en tenant compte des initiatives régionales (festival de la mode africaine au Niger, festivals du désert au Mali) ;

o concevoir des incitations appropriées pour attirer des participants de qualité dans les créneaux spécialisés (par exemple, en se basant sur la notoriété mondiale du FESPACO) ;

o entreprendre des analyses de chaînes de valeur pour identifier et traiter les goulets d’étranglements et leur trouver des solutions (exigences de visa, procédures administratives avant et à l’arrivée, promotion et commercialisation) ;

o cibler un nombre minimum de sites ayant un intérêt primordial pour le secteur privé et développer les sites secondaires dès que le premier lot aura produit des effets satisfaisants ;

o examiner le système d’incitations et de rapports, en particulier dans les zones exposées à une mauvaise exploitation des ressources naturelles. Établir un mécanisme de contrôle clair qui puisse permettre aux organismes publics et aux opérateurs privés de vérifier que les obligations de leurs partenaires sont véritablement exécutées et en temps opportun.

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• Revisiter le cadre actuel de PPP à la lumière des expériences passées et établir des dispositions adéquates qui devraient examiner autrement le rôle des organismes publics (ONTB, OFINAP, etc.), le secteur privé (local et international), les collectivités locales (pour garantir les liens avec l’industrie touristique et une distribution équitable des flux économiques en échange de l’accès à leurs terres ou pour les initiatives de conservation), les bailleurs de fonds internationaux (pour les projets viables nécessitant des niveaux plus importants d’investissement de capitaux) et les ONG (dans des secteurs ou non économiques ou sans ressources).

• Réformer la main-d’œuvre et la formation du tourisme, en révisant les programmes locaux des écoles accréditées en partenariat avec des opérateurs d’accueil de haut de gamme. Certains de ces partenaires seraient prêts à participer à la formation des nouveaux travailleurs et sont les mieux placés pour définir les besoins en main-d’œuvre de l’industrie.

Facteurs d’amélioration de la croissance : Volume III

Faire face à la croissance de la population

• Repositionner les questions de population dans les stratégies de développement, développer un discours public positif sur la planification familiale, et préparer une composante bien documentée sur « La population, le développement et la santé en matière de procréation » à inclure dans la nouvelle Stratégie pour la croissance améliorée et le développement durable pour 2011-2015 (SCADD). En particulier :

o mettre à jour les prévisions sur la population et divers objectifs pour les taux de prévalence d’usage des contraceptifs dans le cadre général des droits liés à la procréation ;

o préciser les objectifs et les échéances énoncés dans la nouvelle « Déclaration du Gouvernement sur la population et les droits liés à la procréation » dans la Politique nationale sur la santé, la Politique sur la santé en matière de procréation, la Stratégie sur la sécurité des produits de santé en matière de procréation et la Politique sur l’égalité entre les genres, et détailler des objectifs quantitatifs en utilisant des prévisions actualisées sur la population ;

o budgétiser en totalité les politiques sur la population dans le nouveau budget de la nouvelle SCADD ;

o publier une petite brochure et une affiche pour sensibiliser les hauts dirigeants et les décideurs de l’importance des dynamiques de la santé en matière de procréation et de population.

• Améliorer les activités axées sur l’offre des services de planification familiale afin de répondre à la demande refoulée pour une contraception moderne. En particulier, il faudra :

o créer une ligne spécifique dans le Budget pour l’achat et la distribution de produits de santé en matière de procréation et de contraception ;

o organiser des campagnes nationales d’information, d’éducation, et de communication pour susciter des changement de comportement afin d’accroître le taux de prévalence de contraception d’au moins 1,5 % par an ;

o mobiliser les partenaires au développement pour collecter des fonds pour les produits de santé en matière de procréation et de contraception afin d’atteindre les objectifs de la « Déclaration ».

Politiques publiques et instruments de marché pour réduire la vulnérabilité

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• Intégrer les actions de réduction de la pauvreté et de prévention ainsi que les mécanismes de gestion du risque ex ante dans la nouvelle Stratégie pour la croissance accélérée et le développement durable pour 2011-2015 (SCADD).

• Traiter des questions concernant la viabilité, le financement insuffisant, le manque d’infrastructures institutionnelles appropriées et le manque de coordination entre les ministères et les bailleurs de fonds pour améliorer l’efficacité de dispositifs de protection sociale. En particulier :

o collecter de façon systématique des données détaillées sur le profil des bénéficiaires, les coûts pour améliorer l’efficacité et les objectifs des programmes des dispositifs de protection sociale ;

o S’assurer que les dispositifs de protection sociale ciblent les ménages pauvres, réduisent les formes extrêmes de la misère et de l’insécurité alimentaire et fournissent un minimum de ressources pour soutenir le capital humain ou physique.

• Les sociétés d’égrenage de coton devraient : o développer des capacités de financement commercial pour négocier et gérer le

calendrier des paiements entrants et sortants au moyen de lettres de crédit liées aux besoins d’importation et d’exportation du secteur cotonnier ;

o demander une autorisation pour ouvrir des comptes en dollars US et des paiements nets d’importation contre des recettes d’exportation avant toute conversion des recettes en monnaie locale ;

o demander une autorisation pour exécuter des contrats à terme de devise pour couvrir leurs recettes d’exportation nettes en dollars US en mars/avril après avoir placé les commandes d’importation pour des engrais contre les prévisions de recettes d’exportation fondées sur les estimations annuelles de production cotonnière.

• Susciter l’utilisation plus systématique du marché à terme par les sociétés commerciales (qui sont aussi actionnaires des sociétés d’égrenage de coton du Burkina) pour faciliter la couverture annuelle du prix à la production. À long terme, cette capacité peut être développée au niveau des sociétés d’égrenage locales.

• Suggérer aux collectivités locales et aux banques internationales qui participent au pôle de financement du coton d’ouvrir une ligne de crédit en dollars US sur le Fonds de lissage libellé en euros.

• Développer et tester un produit d’assurance contre l’excès et le déficit pluviométrique, fondé sur l’indice commercial dans le secteur cotonnier.

• Encourager l’utilisation de la micro assurance formelle, s’appuyant sur l’expansion récente des institutions de microfinance au Burkina.

Réduire les insuffisances d’infrastructure pour soutenir la croissance

• Améliorer la planification spatiale des investissements en infrastructure en connectant les zones de production aux centres de consommation.

• Adopter un cadre juridique cohérent et mettre en place une unité de PPP pour permettre des partenariats public/privé pour les investissements d’infrastructure.

Infrastructures de transport

• Garantir l’exécution systématique des réglementations sur le transport national et international : par exemple, appliquer la législation existante sur la restriction de « charge à

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l’essieu » par un pesage systématique et des sanctions si nécessaire pour protéger les routes des dégradations précoces.

• Libéraliser l’industrie du transport routier et régler les problèmes des pratiques de cartel potentiels.

• Améliorer la viabilité financière du fonds routier pour l’entretien et la réhabilitation des routes.

• Utiliser ASYCUDA++ pour les déclarations douanières en ligne pour faciliter le transit et réduire les délais.

• Agrandir les flottes de véhicules commerciaux à travers des PPP et former les professionnels du transport ferroviaire pour améliorer la qualité des services de transport routier.

• Réhabiliter le transport ferroviaire en révisant la convention de concession existant entre le Gouvernement (bailleur de fonds des voies ferroviaires) et le concessionnaire (pour investir dans le matériel roulant).

Infrastructures énergétiques

• Accélérer les connexions aux réseaux électriques dans le cadre du West African Power Pool, en particulier celles entre le Burkina et le Ghana, le Burkina, Ghana et Mali, et le réseau Burkina, Niger, Nigeria et Bénin.

• Renforcer les capacités du Fonds de développement de l’électrification (FDE) pour accroître l’accès à l’électricité dans les zones rurales et péri-urbaines.

• Rendre pleinement opérationnel le système d’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARSE), par un personnel et un budget approprié, afin qu’il atteigne ses objectifs.

• Concevoir un des mécanismes d’indexation tarifaire pour la SONABEL qui soit financièrement viable dès que les subventions en carburant auront été éliminées.

• Proposer des subventions basées sur la production pour les autres opérateurs électriques dans les zones non couvertes par la SONABEL, afin de réduire l’écart des tarifs dans les zones rurales.

Infrastructures de télécommunication

• Améliorer l’accès au câble sous-marin SAT-3 pour faciliter l’accès aux services de TIC à des prix raisonnables.

Infrastructures d’irrigation

• Soutenir le développement des chaînes de valeur de l’agriculture grâce à des d’investissements d’irrigation :

o Mettre d’abord l’accent sur quelques pôles de croissance sélective pour faciliter l’accès au marché et maximiser les externalités de production et les liens intersectoriels. Améliorer la coordination entre les projets et les instruments d’irrigation au niveau local et national.

o Élargir la participation du secteur privé au développement des systèmes d’irrigation par des initiatives axées sur la demande, des instruments financiers adéquats (accords de bail foncier) et soutenir le développement technologique (gestion d’actifs, conception du système).

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• Mettre l’accent sur le recouvrement des coûts de maintenance et les services d’exploitation/prestations privés pour améliorer la viabilité à long terme des infrastructures d’irrigation.

Améliorer l’intermédiation financière

• Élargir la gamme des produits financiers offerts. Les banques et les institutions de microfinance (IMF) doivent développer de nouvelles techniques de prêt et couvrir de nouveaux segments de marché (évoluer respectivement vers le bas et vers le haut).

• Accroître l’accès à un système diversifié de garanties telles que les endossements, les gages, les garanties de stock et le crédit-bail et permettre leur acceptation par le superviseur comme garantie.

• Accroître l’accès à l’information en abaissant les seuils de signalement d’informations sur les emprunteurs au registre du crédit afin de permettre aux prêteurs de recueillir et de partager les informations sur les PME.

• Diversifier les risques, les produits et les partenariats pour accroître l’accès au financement dans les zones rurales et agricoles. À cet égard, il y a diverses stratégies, notamment des actions visant à :

o Développer un système fiable de tierce détention, qui sera fondé principalement sur un système d’entrepôt, un système d’inspection de produit, d’assurance, de vérification et de classification, ou un fonds de secours en cas de catastrophe ;

o Développer de nouveaux produits et des partenariats en (i) facilitant des partenariats entre les banques et les IMF, allant de la simple ligne de crédit à la formation de consortiums bancaires de grands prêts, jusqu’à servir en tant qu’agent pour la distribution de divers services, notamment l’assurance et le transfert de fonds ; (ii) offrant un meilleur accès au financement des équipements agricoles, en particulier par un accès accru au crédit-bail ; et (iii) en généralisant le programme de services bancaires mobiles établi à partir des succès réalisés au Kenya et en Afrique du Sud, en partenariat avec les institutions présentes dans les zones rurales, telles que SONAPOST, RCPB et les sociétés de téléphonie mobile.

• Réviser et supprimer les aspects réglementaires qui limitent l’intensification de l'intermédiation financière, notamment (i) la révision du plafond de taux d’usure ; et (ii) la révision des contraintes fiscales, juridiques et prudentielles au développement du crédit-bail. Mettre en place des règles qui facilitent l’accès au financement, en particulier en élevant ou en éliminant le plafond sur les taux de prêt pour encourager une meilleure fixation de prix pour le risque de crédit.

• Les PME doivent améliorer leur gestion financière et leur accès aux marchés et à la technologie. Les banques devraient mettre en place des départements dédiés aux PME.

• Les sociétés cotonnières doivent renforcer leurs fonctions de gestion de risque et, en particulier, transférer une partie de leur risque offshore ou le partager dans un pool plus large.

Options de politiques pour l’espace budgétaire

• Envisager une approche à long terme pour accroître l’espace budgétaire. Il y a différentes façons d’accroître l’espace budgétaire, dont générer des revenus supplémentaires grâce à des changements de politique fiscale, de réaffectation des fonds à des priorités plus élevées et la mise en place de partenariats public/privé. Il est nécessaire d’examiner l’impact à long terme des dépenses supplémentaires, et pas seulement si l’espace est disponible dans le budget annuel.

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• Développer l’espace budgétaire par la bonne gouvernance. Réduire la corruption peut contribuer à diminuer les dépenses improductives, tout comme s’orienter vers un budget axé sur les résultats aide à renforcer la responsabilité et l’efficacité des programmes et/ou des systèmes publics de gestion financière pour s’assurer que les ressources parviennent aux utilisateurs visés.

• Encourager les politiques gouvernementales favorisant les améliorations significatives de l’efficacité à l’image de ce que fait le secteur privé pour accroître ses ressources. Ces politiques peuvent favoriser des dépenses plus importantes et plus efficaces.

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Promotion de LA COMPÉTITIVITÉ et DE LA diversification des exportations

CROISSANCE ET COMPÉTITIVITÉ

Les deux dernières décennies

o Le Burkina Faso a connu une croissance solide mais irrégulière à la suite de la dévaluation de 1994. De 1960 à 1993, le taux de croissance réel du PIB était en moyenne de 3 % par an. De 1994 à 2008, le taux de croissance réel du PIB a par contre atteint en moyenne 6 % par an (Graphique 1-1). Cependant, en raison des fluctuations dans la production agricole et de la vulnérabilité de l’économie aux chocs extérieurs, la croissance récente a été irrégulière. Le taux de croissance du PIB était de 5,5 % en 2006, dépassant la moyenne de 3,9 % de la zone UEMOA. Il a chuté à 3,6 % en 2007, principalement en raison de la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires. Il est ensuite remonté à 5,2 % en 2008, en grande partie à cause d’une bonne saison agricole et de l’impact d’une série de mesures stimulantes lancées par le Gouvernement et mises en œuvre en 2007-2008 (Graphique 1-1). Le PIB par habitant (constant à 2000 dollars US) a aussi augmenté de façon régulière passant de 214 dollars US environ en 1995 à 260 dollars US en 2007 (ou 430 dollars US en termes réels en 2007), (ADI, 2007 et WDI, 2008). Toutefois, il demeure relativement faible, représentant seulement la moitié du PIB moyen par habitant en Afrique subsaharienne (Graphique 1-2).

o Les performances de croissance, mentionnées ci-dessus, ont résulté des réformes structurelles, de la consommation intérieure et d’une croissance régulière des investissements. Les réformes soutenant le développement du secteur privé, la libéralisation des prix et du commerce, la privatisation des entreprises publiques et l’amélioration du régime des investissements ont contribué à soutenir la croissance depuis le milieu des années 1990. En outre, un afflux significatif de l’aide internationale a permis le financement de projets dans plusieurs secteurs clés comme celui de la construction. En 2009, la croissance fut principalement déterminée par les exportations de produits et de services et par la consommation. La consommation a absorbé la majeure partie du PIB de 1990 à 2008, mais elle a légèrement décliné de 94,6 % en 1990 à 90 % en 2008, en raison d’une chute de la consommation privée, générée par la spirale croissante des prix alimentaires en 2007-2008. Par contre, la consommation publique a régulièrement absorbé près d’un cinquième du PIB de 1990 à 2008 et n’a reculé que légèrement par rapport à la consommation privée en 2008 (une baisse de 1,8 % comparée à une chute de 10,2 % dans la consommation privée) (Ministère de l’Économie et des Finances, 2009). En 2009, une croissance de 2,7 % de la consommation est prévue, principalement stimulée par la croissance publique (2,1 % contre 0,6 % pour la consommation privée). Le taux d’investissement est resté fluctuant depuis 1990, mais il a globalement augmenté, de 17,7 % du PIB en 1990 à 19,9 % en 2008. L’investissement privé a aussi augmenté, de 9,7 % du PIB en 1990 à 14,7 % en 2008 (Ministère de l’Économie et des Finances, 2009). Cependant, l’inclusion de sociétés semi-publiques telles que la SONABEL, la SONABHY et la SONAPOST dans cette catégorie, a pu fausser la dynamique réelle du secteur privé (Tableau 1-1). Le niveau relativement élevé de

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l’investissement n’est pas reflété par des taux de croissance similaires, ce qui indique un rendement faible de l’investissement. La faible productivité du capital reflète des goulets d’étranglements structurels liés à un environnement des affaires encore peu attractif et à des coûts de facteur élevés.

Graphique 0-1 : Taux de croissance annuel moyen du PIB (%), 1960-2008

Source : Banque mondiale, WDI, 2008

Graphique 0-2 : PIB par habitant au Burkina Faso de 1985 à 2007 (constant 2000 $US)

Source : ADI, 2007, et Banque mondiale, WDI, 2008.

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PIB (constant LCU)

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1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 200735

37

39

41

43

45

47

Burkina (à gauche, en $ US de 2000) ASS (à gauche, en $ US de 2000) Burkina comme part de l’ASS (à droite,en%)

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3

o L’épargne intérieure est demeurée trop faible pour financer de nouveaux investissements. Le taux d’épargne intérieur est faible par rapport au taux d’investissement. De 1990 à 2000, il a augmenté seulement de 5 % à 6,5 %, et était estimé à environ 5,1 % en 2007-2009. Par conséquent, le Burkina dépend de sources extérieures pour ses investissements publics, avec près de 60 % des investissements du secteur public financés par l’aide internationale.

Tableau 0-1: Consommation et investissement, % du PIB

1990 1995 2000 2005 2006 2007 2008 Total de la consommation 94,6 88,5 97,7 99,4 99,8 99,0 90,1 Consommation privée 73,5 63,3 76,9 77,3 76,9 76,2 69,7 Consommation publique 21,1 25,2 20,8 22,1 22,9 22,9 20,4 Total des investissements 17,7 22,5 19,2 14,3 16,9 20,9 19,9 Investissements privés 9,7 10,4 7,7 8,0 10,1 15,2 14,7 Investissements publics 7,8 11,9 10,9 6,3 6,8 5,7 5,3 Source : IAP, Ministère de l’Économie et des Finances, 2009.

o Des gains de productivité ont été réalisés dans l’utilisation des ressources, mais ils sont insuffisants. Parmi les facteurs qui déterminent la croissance et la compétitivité – le capital humain, le capital physique, la productivité totale des facteurs, etc. – l’accroissement du ratio capital/travail2 a été le contributeur principal pour l’accroissement de la productivité. Ceci apparaît clairement dans le Tableau 1-2.3 Plus importante que la quantité, la qualité des facteurs stimule la production et le potentiel de croissance. La contribution de l’accumulation du capital humain a été positive mais moins importante que l’accroissement du ratio capital/travail. Dans les années 2000, la croissance de la productivité a ralenti due à la décélération de la croissance du capital par travailleur et de la productivité totale des facteurs (PTF). Il est possible que cela ait été lié à une décélération du rythme des investissements, y compris une réduction du retour sur investissement marginal.

2 L’accroissement du ratio capital/travail est défini comme la croissance du capital par travailleur. 3 La relation entre le travail, le capital physique, le capital humain et les progrès de la technologie (représentée par la PTF) est estimée sur la base d’une fonction de production Cobb-Douglas avec des rendements d’échelle

constants :α1α(Lh)AKY −= , où Y est la production, K est le stock de capital, L est la force de travail, h est le

stock de capital humain par unité de main-d'œuvre (Lh est généralement libellé « rendement de la main-d’œuvre »), et A est la PTF. L’élasticité de la production du capital physique (α ) et le rendement de la main-d’œuvre ( α−1 ) sont supposés être respectivement égaux à 0,4 et 0,6.

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4

Tableau 0-2 : Contribution des facteurs à la croissance de la productivité (en %)

Source : Calculs des auteurs.

o Les secteurs primaire et tertiaire ont principalement contribué à la croissance dans les années 2000. La contribution des secteurs primaire et tertiaire au PIB a été relativement stable depuis les années 1990, atteignant respectivement une moyenne de 32 % et de 46 % du PIB de 1990 à 2008 (Tableau 1-3). La contribution du secteur secondaire a progressivement augmenté depuis les années 2000, atteignant 24 % en 2008 (Ministère de l’Économie et des Finances, 2009). La croissance du secteur secondaire a été alimentée par l’exploitation minière (or, marbre et antimoine), l’électricité, les constructions et le commerce qui a une composante informelle importante (Graphique 1-3). Selon les données du FMI, la croissance réelle moyenne du PIB pour la période 1994-2008 était de 8,7 % dans le secteur secondaire, de 7,4 % dans le secteur tertiaire et de 5,9 % dans le secteur primaire. Depuis 1994, la croissance du secteur primaire4 a été instable en raison de la trop grande dépendance envers le coton. L’expansion du secteur tertiaire a été alimentée par le transport, les télécommunications et les services financiers. La baisse de la contribution du secteur primaire et la prédominance du secteur tertiaire ne sont pas forcément des indicateurs de la transformation économique attendue en dehors de l’agriculture, mais plutôt des signes de la faible productivité des secteurs primaire et secondaire.

Tableau 0-3 : Contribution des secteurs au PIB (%)

1990 1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Secteur primaire 27,6 34,6 33,4 34,5 33,6 33,7 31,6 32,8 31,5 29,3 30,8

Secteur secondaire 22,1 20,0 21,4 19,8 22,2 22,5 22,9 22,6 22,7 23,8 24,2

Secteur tertiaire 50,3 45,4 45,2 45,8 44,2 43,8 45,5 44,6 45,8 46,9 45,1

Source : Ministère de l’Économie et des Finances, 2009.

4 L’agriculture absorbe la majorité des emplois soit environ 85 % de la population active. En dehors de l’agriculture, 11 % de la population active est employée dans le secteur informel et 4 % dans le secteur formel. Le Gouvernement est le plus grand pourvoyeur d’emplois formels malgré l’émergence des entreprises privées dans le secteur des services.

Rendement par unité de main-

d’œuvre Capital par unité de main-d’œuvre

Capital humain par unité de main-

d’œuvre PTF 1960-1979 1,7 7,4 0 -1,2 1980-1993 1,5 4,7 0,1 -0,4 1994-1999 4,7 3,3 0,2 2,7 2000-2006 3,3 2,1 1,7 1,7 1994-2006 3,8 2,5 0,9 2,1

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Graphique 0-3: Taux de croissance réels du PIB par secteur (%), 1994-2008

Source: FMI, 2009.

o Exportations et importations. Les exportations du Burkina Faso ont été multipliées par cinq entre 1990 et 2008. Selon les données COMTRADE, les principales destinations de l’exportation étaient la Chine (52 %), la Thaïlande (8 %), Taïwan (6 %), le Niger et la France (3 % chacun) en 2005.5 Toutefois, les exportations ont eu un impact limité sur la croissance du Burkina, avec une contribution approximative de 8 à 10 % du PIB entre 1980 et 2008. Le coton est progressivement devenu le produit d’exportation dominant. De 31 % en 1990, sa part dans les exportations totales, est passée à 59 % en 2001, puis a chuté à 36 % en 2008. Second poste d’exportation, les produits de l’élevage, cuirs et peaux, sont estimés à 12 % des recettes en devises. La part des importations dans le PIB était considérablement plus élevée, mais elle a diminué de 30 % en 1980 à 22 % en 2005. Durant les dix dernières années, elle était à peu près de 21 % à 25 % du PIB. Selon les données COMTRADE, les principales importations (produits alimentaires, carburants, énergie, « biens capitaux » provenaient en 2005, de la France (26 %), de la Côte d’Ivoire (25 %) et du Togo (7 %).6 L’ouverture commerciale du pays – définie comme la somme des exportations et des importations par rapport au PIB – a progressivement diminué de 40 % en 1980 à 30 % en 2003. Ceci indique un manque persistant d’engagement et de compétitivité sur les marchés internationaux, avec des effets négatifs potentiels sur la croissance à long terme. Les termes de l’échange7 se sont également détériorés de 1990 à 2000, mais ont connu une reprise progressive de 2000 à 2003 (Tableau 1-4, ADI, 2007). Il n’en reste pas moins que les déficits commerciaux existants ne sont pas nécessairement le résultat de l’instabilité des prix internationaux, mais suggèrent plutôt des faiblesses structurelles (Savadogo, 2009a).

5 2005 est l'année la plus récente pour laquelle les données sont disponibles dans la base de données COMTRADE. Les parts d'exportations sont compilées à partir de données miroir. Les données miroir représentent les valeurs rapportées par les pays partenaires qui importent des marchandises de Burkina Faso. 6 2005 est l'année la plus récente pour laquelle les données sont disponibles dans la base de données COMTRADE. Les parts d'exportations sont compilées à partir de données miroir. Les données miroir représentent les valeurs rapportées par les pays partenaires qui exportent des marchandises de Burkina Faso. 7 Définis comme le prix relatif des exportations par rapport au prix relatif des importations.

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1994-2008

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6

Tableau 0-4 : Évolution des exportations et des importations, 1980-2005

Années Exportations,

% du PIB Importations,

% du PIB Termes de l’échange

(2000=100)

Burkina Faso 1980 9,0 31,3 65,5 1990 11,3 24,3 119,2 2000 9,1 25,3 100,0 2005* 8,5 21,9 132,1

Source : ADI, 2007. Données de 2003 pour les exportations en tant que % du PIB.

o Le solde extérieur du Burkina Faso montre la dépendance par rapport aux flux financiers extérieurs publics et privés. Les flux privés sous forme d’envois de fonds par les travailleurs à l’étranger ont baissé de 3 % du PIB en 1990 à 1,3 % en 2006. De la même façon, les flux publics concessionnels destinés à soutenir le budget du pays ont diminué de 3 % du PIB en 1998 à environ 2 % dans les années 2000. Les activités minières récentes ont attiré des flux croissants d’investissements directs étrangers, qui ont augmenté d’environ 0,3 milliard de FCFA en 1990 à 17 milliards de FCFA en 2006 (Ministère de l’Économie et des Finances, 2009). Cependant, le taux moyen d’investissement étranger par rapport au PIB en 1994-2006 était de 0,51 %, taux plus faible que la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui était alors de 2,5 % (Graphique 1-4 ; DDP, 2008). Par mesure de précaution, le Burkina a utilisé des prêts concessionnels en lieu et place d’autres instruments de prêt à court terme. Cela a protégé le pays contre des crises majeures d’endettement, mais a, en retour, réduit les ressources disponibles pour l’investissement et la croissance.

o Le crédit au secteur privé demeure faible. Il représentait une moyenne de 14 % du PIB entre 2004 et 2007, malgré une augmentation moyenne annuelle de 15 % durant la même période. Cette augmentation du crédit au secteur privé coïncide avec un accroissement de l’investissement privé. Cependant, les faibles niveaux du crédit au secteur privé indiquent un manque de profondeur du secteur privé. En particulier, le ratio M2 au PIB a augmenté lentement, de 18 % en 1990, à 25 % en 2008 (FMI, 2008; et Ministère de l’Économie et des Finances, 2009).

o La réduction de la dette extérieure n’a pas été le résultat de meilleures performances de l’exportation. La dette extérieure est montée en flèche de 24,7 % du PIB en 1990 à 56 % en 1995 et 57 % en 2000. L’Initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) et l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM) instaurées au début des années 2000, ont contribué progressivement à réduire le choc de la dette extérieure. Cette dernière a été d’environ 20 % du PIB depuis 2006. Le service de la dette a diminué de façon concomitante de 13 % des exportations en 1990 à 4 % des exportations en 2008 (Ministère de l’Économie et des Finances, IAP, 2009), en grande partie grâce à l’Initiative PPTE et l’IADM et non en raison de meilleurs résultats à l’exportation.

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Graphique 0-4 : Investissements directs étrangers,

Afflux nets en tant que % du PIB, 1994-2006

Source : Banque mondiale, DDP, 2008.

o L’économie burkinabè est confrontée à plusieurs défis et risques, notamment la volatilité de la croissance et la vulnérabilité aux chocs exogènes. La vulnérabilité de la croissance provient principalement la dépendance de l’économie envers quelques matières premières (coton, or) et des flux concessionnels extérieurs. La prédominance de la production cotonnière crée les vulnérabilités suivantes, soulignées récemment par (i) une baisse des prix internationaux du coton due à la concurrence des fibres synthétiques ou à une baisse de la demande résultant de la crise financière ; (ii) une baisse de la production intérieure de son pic de 2006-2007 en raison d’une récente diminution des superficies cultivées ; (iii) une faible productivité des facteurs, deux fois plus faible que celle de l’Égypte (Savadogo et Mangenot, 2009) ; (iv) une défaillance des sociétés cotonnières à s’adapter à l’évolution des conditions sur les marchés internationaux. La vulnérabilité du pays est encore renforcée par d’importants flux d’aide internationale, qui soutiennent 80 % de l’investissement public en agriculture.

o Un autre défi provient de l’impact limité qu’a eu la croissance sur la réduction de la pauvreté dans les zones rurales. Même si le taux de croissance par habitant a été régulier de 2 à 3 % du PIB depuis 2000, la pauvreté n’a pas diminué en conséquence et elle affecte majoritairement les zones rurales. Les estimations officielles sur la pauvreté8 montrent que, de 1994 à 2003, l’indice de pauvreté a stagné à un niveau élevé d’environ 45 %. Ceci indique que l’élasticité de la croissance de la pauvreté était presque nulle. L’inégalité n’a pas diminué au cours de la période, le coefficient de Gini s’élevait à 0,46 en 2003 (Tableau 1-5). Globalement, la part de la population en situation de pauvreté a baissé de 46,4 % en 2003 à 38,5 % en 2007, ce qui représente au niveau national, une diminution de 7,9 % (Tableau 1-6).9 La part de la population vivant en situation de pauvreté est encore considérablement plus élevée dans les

8 Fondées sur les données de l’enquête sur les ménages de 1994, 1998 et 2003. 9 Les enquêtes sur les ménages en 2005 et 2007 n’incluent pas une mesure monétaire du niveau de vie des ménages. L’évolution de la pauvreté a été mesurée en tenant compte des actifs ou de la richesse des ménages et de la perception qu’ils avaient de leur propre bien-être.

0.00

0.50

1.00

1.50

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1994

1995

1996

1997

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1999

2000

2001

2002

2003

2004

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2006

Burkina Faso Moyenne de l’ASS

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8

zones rurales que dans les zones urbaines (43,9 % dans les zones rurales, par rapport à 13 % dans les zones urbaines en 2007). La décélération de la croissance économique en 2007-2008, ainsi que les prix croissants du pétrole et des aliments, a conduit à un accroissement de la pauvreté de 0,5 % en 2007 et de 4 % en 2008 (Banque mondiale, 2009a). Par ailleurs, en 2007, la profondeur de la pauvreté a augmenté de 0,2 % et la sévérité de la pauvreté a augmenté de 0,3 %. Ceci suggère que le montant minimum nécessaire aux pauvres pour combler le manque de ressources, comparé au seuil de pauvreté, a augmenté. Ceci est expliqué par (i) une chute des revenus du secteur cotonnier ; (ii) les dégâts dus aux inondations ; (iii) les déficits en céréales dans certaines provinces ; et (iv) une montée des prix de l’énergie et des produits alimentaires.

Tableau 0-5: Inégalité

Zone urbaine Zone rurale Niveau national 1994

1998 2003 1994 1998 2003 1994 1998 2003

Indice de Gini

0,45 0,51 0,49 0,38 0,37 0,39 0,46 0,46 0,46

Source : INDS.

Tableau 0-6 : Incidence de la pauvreté

Population pauvre

(%) Niveau national 2003 46,4 2005 40,4 2007 38,5 Changement en % (2003-2007) -7,9

Niveau urbain 2003 19,9 2005 16,3 2007 13,0 Changement en % (2003-2007) -6,9

Niveau rural 2003 52,3 2005 45,6 2007 43,9 Changement en % (2003-2007) -8,4

Source : Wodon et Nouvé, Chiffres fondés sur EPCV, 2003, 2005 et 2007

o Le chômage10 au Burkina est essentiellement un phénomène urbain, qui affecte majoritairement les femmes, les jeunes et les personnes instruites. Le taux de chômage est de 8,6 % dans les zones urbaines, comparé à seulement 2,2 % dans les zones rurales en 2007, ce qui représente, néanmoins, une diminution par rapport aux 11,5 % de 2003. Par exemple, le taux de chômage pour les femmes était de 11,6 % comparé à 6,2 % pour les hommes. Le chômage urbain

10 Le taux de chômage est défini comme la part d’individus au chômage au sein de la population active totale. Selon la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT), les chômeurs sont des personnes de 15 à 65 ans qui n’ont pas d’emploi, en cherchent activement et sont disponibles pour l’embauche dans les 15 jours.

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9

pour les jeunes (15-24 ans) a baissé depuis les années 2000, mais cette tendance s’est inversée entre 2005 et 2007. En 2007, 14,4 % des jeunes ayant entre 15 et 24 ans et 9,6 % des jeunes ayant entre 25 et 35 ans étaient au chômage. Le chômage est encore plus problématique pour la population féminine jeunes (16,7 % pour les 15-24 ans) moins jeunes (5,1 % pour les 25-35 ans en 2007). Par ailleurs, les taux de chômage étaient non négligeables pour la population active ayant terminée l’enseignement secondaire (12,2 %) et une formation professionnelle (12 % -17 %).

o Dans le contexte d’un secteur informel assez important, la qualité des emplois ne semble pas s’être améliorée au fil des années. Le secteur informel absorbe 47 % de la population active dans les zones urbaines, à majorité féminine (61 % pour les femmes entre 15 et 24 ans et 56,3 % pour les femmes entre 25 et 35 ans). Bien que le secteur informel soit une source importante de création d’emplois, la qualité de ces emplois est généralement défectueuse en raison des faibles salaires et du manque de protection sociale. Une analyse basée sur quatre indicateurs (le taux de travailleurs pauvres, le taux de salariés non couverts par la sécurité sociale, le taux d’emplois vulnérables et le taux d’emplois précaires) révèle que la plupart des emplois sont précaires au Burkina. Le taux d’emplois précaires a baissé de 42,4 % en 1998 à 32 % en 2003, mais le taux national d’emplois vulnérables s’élevait à 93,4 %. En outre, le taux de salariés non couverts par la sécurité sociale était estimé à 43,4 % en 2007. Malgré une diminution du taux de 38 % de 1998, le chômage11 touchait en 2007, approximativement 25 % de la population active. Ces indicateurs montrent que la qualité des emplois s’est peu améliorée pendant les dix dernières années, renforçant aussi les niveaux de pauvreté existants.

La performance macroéconomique et la crise économique mondiale

o La crise actuelle de l’économie mondiale soulève de nouveaux défis de développement pour le Burkina Faso. Remédier à la crise économique mondiale actuelle exige des réponses bien adaptées. La production industrielle mondiale a diminué de 20 % au cours du quatrième trimestre de 2008. Cette diminution est due à une contraction d’activité de 23 % dans les pays à revenu élevé et de 15 % dans les pays en développement. Le PIB mondial devait également diminuer de 5 % au moins en 2009. Les pays en développement sont confrontés à une détérioration des conditions financières qui se traduit par un écart financier estimé à un chiffre allant de 270 à 700 milliards de dollars US (Banque mondiale, 2009c). Le défi, pour un pays à faible revenu comme le Burkina, est de gérer, avec des ressources réduites, des politiques qui amortissent les effets de l’instabilité économique et de protéger ou étendre les dépenses essentielles, en particulier, celles sur les dispositifs de protection sociale, le développement humain et les infrastructures.

o Le Burkina partage des préoccupations similaires avec d’autres pays africains en ce qui concerne (i) l’impact des contraintes de financement ; (ii) les faibles prix des matières premières ; (iii) la faible demande extérieure ; et (iv) les excédents associés à la demande intérieure sur la croissance économique. Les perspectives de l’économie mondiale (World 11 Le sous-emploi est défini comme la population active sous-utilisée. Il comprend le sous-emploi visible et invisible. Le sous-emploi visible correspond à un temps d’emploi qui est en dessous du temps normal (9 mois/an au Burkina). Le sous-emploi invisible correspond à une activité qui paye un salaire plus faible par rapport aux attentes de l’employé, à sa productivité ou à sa formation.

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10

Economic Outlook) du FMI prévoient un taux de croissance du PIB de 3,5 % pour l’Afrique, soit une baisse de 1,6 point de pourcentage par rapport à la prévision précédente, et de 1,9 point de pourcentage par rapport au taux de croissance de 2008. Les effets directs de la crise financière et économique mondiale semblent être plus limités en Afrique que dans d‘autres régions car les économies africaines sont moins intégrées dans le système financier international et reposent moins sur les capitaux internationaux et les marchés d’obligation pour financer l’investissement. Pour l’Afrique, la faible demande extérieure et les faibles prix des matières premières constitueront le principal mécanisme de transmission. Avec le durcissement des conditions de crédit, l’investissement direct étranger devrait diminuer, en particulier dans les mines et le pétrole (voir la section 2 sur les mines). Par ailleurs, l’aide officielle pourrait être restreinte par la réduction de l’espace budgétaire dans les pays bailleurs de fonds confrontés aussi chez eux, à des crises financières.

o L’activité économique au Burkina Faso a été ralentie en 2009 en raison de la crise alimentaire, économique et financière mondiale ainsi que des sévères inondations de septembre 2009. Le Burkina a été fortement touché par la baisse des prix du coton, produisant une pression supplémentaire sur le compte des opérations extérieures et sur les finances du Gouvernement. Les estimations du FMI indiquent que la croissance réelle du PIB en 2009 serait de 3,1 %, c'est-à-dire plus de 2 points de pourcentage de moins que les prévisions avant la crise. Les prévisions de croissance pour 2010 ont été revues de 6 % à 4,2 %. De plus, les inondations ont rendu plus précaires les conditions de vie de la plupart des ménages avec des conséquences directes sur la pauvreté. On estime que la crise alimentaire et énergétique de 2008 a aggravé l’incidence de la pauvreté, qui a augmenté de 38,5 % en 2007 à environ 42,8 % en 2008.12

o La crise alimentaire et énergétique et l’appréciation de l’euro ont créé des contraintes inflationnistes sur l’économie, mais des développements récents ont pu atténuer ces contraintes. L’inflation a été contrôlée. Elle était de 2,4 % en 2006, et de -0,2 % en 2007. Néanmoins, dans le contexte de la hausse des prix internationaux des aliments et du pétrole en 2007, l’inflation annuelle a atteint 10,7 % en 2008, mais s’est maintenue à 5,3 % (taux d’inflation moyen sur 12 mois) en septembre 2009. Elle devait davantage diminuer à la fin de 2009 à environ 2,6 % (FMI, 2009e), grâce à une bonne récolte et à la baisse des prix internationaux des produits alimentaires et pétroliers en 2008. Bien que le taux de change effectif réel se soit apprécié en 2008, la dépréciation récente de l’euro pourrait réduire temporairement les contraintes sur la compétitivité (Banque mondiale, 2009a). Cependant, les facteurs non fondés sur les prix, tel que le climat des affaires, pourraient continuer de peser sur la compétitivité du pays, soulignant ainsi le besoin de réformes structurelles.

12 Les données de 2008 reposent sur les simulations avec le PAMS.

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Tableau 0-7: Principaux indicateurs macroéconomiques, 2006–2009

2006 2007 2008 2009*

Croissance réelle du PIB (changement annuel en pourcentage) 5,5 3,6 5,2 3,1 Inflation des prix à la consommation (changement en pourcentage, moyenne annuelle)

2,4 -0,3 10,7 2,6

Solde budgétaire global (comptabilité de caisse, y compris subventions, pourcentage du PIB)

16,7 -5,2 -4,4 -6,6

Termes de l’échange (changement annuel en pourcentage) -3,3 -1,2 -3,2 17,8 Investissements directs (milliards de FCFA) 17,0 164,5 36,5 16 Rapatriements de fonds par les travailleurs (milliards de FCFA) 31,7 -0,5 0,2 2,9

Transferts officiels nets (milliards de FCFA) 91,3 138,3 126,3 180,6 Solde courant y compris transferts officiels (pourcentage du PIB) -9,6 -8,3 -11,8 -8,7

Réserves en devises nettes (mois d’importations couverts) 3,8 6,8 5,4 5,8

PIB aux prix courants (milliards de FCFA) 3 017,7 3 239,4 3 647,9 3,809

Source : Estimations des autorités burkinabè et du personnel du FMI, 2010 ; *prévision.

o Le choc des prix alimentaires et pétroliers souligne l’urgence d’augmenter la productivité agricole et d’identifier les produits générateurs de revenus en dehors de la production cotonnière traditionnelle. Si la croissance mondiale et le prix du coton continuent de baisser, cette baisse affectera la rentabilité des sociétés d’égrenage et compromettront les performances économiques. Lorsque les prix du pétrole ont chuté, les autorités burkinabè ont baissé les prix à la pompe à la fin 2008. Toutefois, les prix restent à 8 % au-dessus du niveau autorisé par le mécanisme automatique de prix. Bien que les prix internationaux aient diminué, les prix alimentaires intérieurs demeurent élevés malgré une baisse de seulement 5 % depuis le début de 2009 (FMI, 2009d). Ceci suggère que l’accroissement de la productivité agricole et la diversification de la production agricole en dehors du coton pourraient contribuer à réduire la vulnérabilité du Burkina aux chocs exogènes (voir la section 1 sur les opportunités de diversification génératrice de revenus et la section 2 sur l’agriculture).

o Le Burkina est en train de mener des politiques budgétaires prudentes, malgré (i) de faibles niveaux de mobilisation de recettes (environ 13 % du PIB) ; (ii) la dépendance envers la taxation du commerce ; (iii) des passifs budgétaires du secteur cotonnier. Au cours des deux dernières années, le déficit budgétaire global, principalement financé par les prêts et les subventions extérieures, était en moyenne de 4,6 % du PIB. À la fin 2007, le Gouvernement a introduit des suspensions temporaires des droits de douanes et de la TVA pour certains produits de base, afin de réduire la pression exercée par les prix alimentaires internationaux élevés. Les améliorations dans l’administration des taxes, grâce à la création d’une unité de politique fiscale et l’adoption d’une stratégie fiscale, ont rendu ces mesures temporaires moins nécessaire. Estimées à 0,1 % du PIB, elles sont progressivement supprimées. Cependant, les subventions annuelles au secteur cotonnier et la recapitalisation des sociétés cotonnières en 2007 ont créé une charge importante sur les finances publiques (Banque mondiale, 2009a).

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o Toutefois, la performance budgétaire était mitigée pour la première moitié de 2009. Le déficit budgétaire global (hors subventions) se situait à 3,8 % du PIB en juin 2009, comparé à une prévision de déficit annuel de 5,1 %,13 résultant des dépenses courantes élevées (27 % du PIB dans le budget complémentaire de 2009 comparé aux 21 % de 2008) et des faibles recettes fiscales suite à la crise économique. Le besoin de faire face à l’impact des chocs exogènes a influencé la politique budgétaire de 2009. Celle-ci comprend, entre autres, des dépenses d’urgence et humanitaires liées aux inondations, des subventions plus importantes pour les producteurs de coton afin d’atténuer l’impact du coût élevé des engrais importés et de la recapitalisation de la SOFITEX, du soutien aux groupes vulnérables à travers des transferts de liquidités et une augmentation des salaires à la suite des crises mondiales de 2008 (FMI, 2009e). Créer un espace budgétaire et envisager une politique budgétaire de régulation de la conjoncture pourraient aider à lutter contre la pauvreté et à maintenir la viabilité de la croissance (voir la section 3 sur l’espace budgétaire). Cependant, dans le contexte des contraintes actuelles de financement et de capacité, les ambitieuses mesures budgétaires de stimulation initiales ont nécessité une révision et un classement par ordre de priorité des dépenses pour contribuer à réduire le déficit budgétaire. Dans l’avenir, même si la politique budgétaire devrait viser à soutenir la reprise économique, la mise en œuvre de réformes de gestion des finances publiques, de réformes de politique fiscale et de mesures d’administration des taxes devraient également contribuer à réduire le déficit budgétaire global.

o Le Burkina continue de faire face à un risque élevé de surendettement. L’analyse de viabilité de la dette (AVD) conjointe FMI/Banque mondiale de 2009 a classé le Burkina comme étant à un niveau élevé de risque de surendettement, car le seuil de la valeur actualisée nette (VAN) du ratio endettement/exportations est dépassé à moyen terme. La VAN du ratio endettement/exportations du Burkina, estimée à 116,7 en 2008, est prévue pour être à 117,6 en 2009. D’autres indicateurs de la dette étaient inférieurs à leurs seuils tributaires des politiques, et le taux d’accumulation de la dette extérieure devrait demeurer gérable. Néanmoins, les perspectives de la dette semblent être vulnérables à de grands déficits budgétaires persistants. La mise en œuvre d’une politique budgétaire prudente, la limitation des emprunts extérieurs aux prêts et subventions concessionnelles pour financer les projets d’infrastructures et la poursuite d’une politique prudente de dépenses pourraient réduire le risque de surendettement. Bien que l’accroissement du financement intérieur et extérieur pour faire face à l’impact des chocs exogènes en 2009 n’ait pas détérioré considérablement les indicateurs de la dette, le principal facteur de risque pour les perspectives de viabilité de la dette est la faible base des exportations et la dépendance par rapport aux exportations de coton non transformé.

Encadré 0-1: Les défis de politique pour les pays en développement dans la réaction à la crise économique mondiale

En réponse à la crise économique mondiale, les pays en développement et les pays émergents seront confrontés à plusieurs défis différents. Dans un contexte de besoins croissants et de ressources limitées, les responsables politiques sont confrontés à des défis concernant la détermination des priorités de dépenses et l’optimisation de l’impact de développement de leurs dépenses. Les pays en situation de haut risque sont particulièrement exposés, parce que leurs ressources sont très limitées. Les principaux

13 Selon les dernières estimations du FMI, le déficit budgétaire global (base de liquidités, dont les subventions) devrait atteindre 7,3 % du PIB en 2009.

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défis provenant de la crise économique mondiale sont les suivants :

• La stabilisation : parce que la crise menace la stabilité de la croissance, des emplois et de la balance des paiements – même dans les pays ayant une gestion macroéconomique solide – les pressions sur les positions budgétaires et extérieures sont encore plus importantes. Le défi pour les décideurs consiste à évaluer leur capacité à entreprendre des politiques de régulation conjoncturelle, en fonction des ressources dont ils disposent ainsi que de leur capacité institutionnelle et administrative à étendre et à adapter les programmes existants.

• La protection de la croissance et du développement à long terme : négliger des dépenses de

développement essentielles peut coûter cher à long terme, comme cela a été démontré pendant la crise asiatique. Répondre à des contraintes budgétaires immédiates en mettant de côté les besoins existants d’infrastructures peut conduire à une réhabilitation coûteuse à long terme et retarder la reprise économique. De même, réduire les dépenses publiques sur le développement du capital humain, comme l’éducation de base, peut avoir des effets négatifs sur l’accumulation de compétences et le développement du secteur privé.

• La protection des populations vulnérables : les taux de croissance en baisse et les niveaux élevés de pauvreté signifient que de nombreux ménages dans les pays en développement sont plus vulnérables à la crise. La Banque mondiale estime que 94 des 116 pays en développement ont connu une décélération de la croissance, dont 43 connaissent des niveaux élevés de pauvreté. Ceci implique de nouveaux moyens budgétaires et peut justifier une redéfinition des priorités des dépenses publiques. Les pays qui ont établi ou amélioré l’efficacité du dispositif de protection sociale durant la crise alimentaire et énergétique peuvent utiliser ces voies pour protéger les plus pauvres et les plus vulnérables. La capacité du Gouvernement à faire face aux retombées de la crise, à financer des programmes qui créent des emplois, à assurer la fourniture des services essentiels, et à fournir des dispositifs de protection sociale est essentielle pour protéger les ménages dans les pays exposés. Toutefois, étant donné la rareté des ressources, le défi reste l’amélioration du ciblage et de l’efficacité de l’aide sociale.

Source : Banque mondiale, 2009c, “Swimming against the tide: How developing countries are coping with the global crisis”.

o La trop grande dépendance à l’égard du coton a aggravé l’exposition du Burkina aux effets de la crise mondiale. La chute des exportations de coton en 2007 – compensée seulement en partie par les exportations d’or – couplée aux importations de produits alimentaires et énergétiques chers, a conduit à l’aggravation du déficit du compte courant (dont les subventions) de 8,3 % du PIB en 2007 à presque 12 % en 2008 (FMI, 2009a et e). Les estimations de 2009 indiquent une amélioration soutenue par la baisse des prix du pétrole et une hausse significative des exportations d’or qui conduiraient à une baisse du déficit du compte courant à environ 9 % du PIB. La grande volatilité des prix du coton, associée à une moindre productivité, souligne la nécessité de réformer le secteur du coton et de promouvoir le développement du secteur privé dans d’autres domaines. L’accroissement du pourcentage des prêts non productifs suggère la nécessité de renforcer le secteur financier afin de le rendre plus résistant aux chocs (voir la section 3 sur l’intermédiation financière). En outre, le mécanisme des prix actuel de gestion du risque – le fonds de lissage du coton – s’est avéré être insuffisant pour atténuer la chute des prix internationaux du coton. La restructuration de la SOFITEX et la recapitalisation de deux sociétés d’égrenage d’ici fin 2009 sont d’autres défis importants dans le contexte de baisse des prix mondiaux et de la demande de coton (voir la section 2 sur le coton).

o Les perspectives économiques du Burkina Faso à court et à moyen terme sont prometteuses. Les facteurs intérieurs ont été historiquement les principaux déterminants de la

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croissance au Burkina Faso. Par conséquent, un rebond dans la production cotonnière, soutenu par une bonne récolte devrait relancer la croissance du PIB. Les exploitations de plusieurs mines d’or pourraient aussi soutenir la croissance, y compris la croissance du crédit. En outre, la production agricole devrait rester forte, et l’activité dans le secteur des services devrait bénéficier de la reprise attendue du secteur cotonnier. La baisse des prix internationaux du pétrole et des aliments pourrait également atténuer les pressions inflationnistes. À moyen terme, la croissance reviendrait aux tendances historiques d’environ 6 %, alors que des investissements plus importants dans les infrastructures, une reprise du crédit au secteur privé, une expansion dans le secteur minier, et le rebond du secteur cotonnier devraient soutenir la reprise et contribuer à la stabilisation des termes de l’échange.

Les performances du Burkina par rapport à celles d’autres pays

o Les gains du Burkina Faso en termes de revenu par habitant ont été importants en comparaison à ceux d’autres pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne. À l’exception de la Zambie dépendante du cuivre, le Burkina a surpassé les autres pays enclavés, notamment l’Ouganda avec son café et son coton, le Rwanda et le Burundi avec leur café, et le Malawi avec son tabac. Parmi les pays exportateurs de coton en Afrique subsaharienne, seuls le Bénin et le Mali se sont enrichis plus rapidement que le Burkina Faso (Tableau 1-8). Dans un futur proche, d’importants revenus provenant des exportations de métaux réduiront le poids relatif des exportations de coton et conduiront à une diversification importante. Toutefois, la découverte des métaux pose le risque que le Burkina Faso aille dans les voies de développement du Rwanda et du Ghana. La combinaison d’une dépendance aux métaux et aux matières premières – du café au Rwanda et du cacao au Ghana – se confondit avec des problèmes typiques d’une économie riche en ressources naturelles et a entravé les perspectives de croissance accélérée à long terme.

o Comparées à celles des pays hors de l’Afrique subsaharienne, les performances économiques du Burkina Faso sont moins impressionnantes. Les exemples incluent des pays enclavés comme le Paraguay, la Bolivie et la Mongolie qui ont réussi à accélérer leur croissance et à se classer dans les économies à revenu intermédiaire (Tableau 1-8). Les performances de certains autres pays enclavés – tels que la République démocratique populaire (RDP) Lao, le Kirghizistan, le Népal et l’Ouzbékistan – suggère, qu’en général, les pays enclavés sont désavantagés par rapport à leurs analogues côtiers. Il semble qu’être un exportateur de produits primaires est moins un désavantage dans les pays en dehors de l’Afrique subsaharienne, comme l’a montré l’augmentation des niveaux de revenu par habitant au Nicaragua, au Sri Lanka, au Cambodge et au Guatemala (Tableau 1-9).

o Au Burkina Faso, la part des exportations du PIB était d’environ 11 %, et est restée pratiquement inchangée de 1980 à 2007. Ce taux est inférieur à celui de la RDP Lao (32 % en 2005-2007) ou du Kirghizistan (39 % en 2005-2007). Pour la RDP Lao et le Kirghizistan, les exportations étaient la seule voie de croissance parce que la petite taille et le faible pouvoir d’achat de leurs marchés intérieurs limitaient la demande (Encadré 1-2). Même dans plusieurs pays similaires d’Afrique subsaharienne au Burkina – comme le Mali ou le Sénégal – la part des exportations du PIB était d’au moins deux fois plus élevée. L’augmentation de la tendance des petits pays à revenu intermédiaire inférieur de 11 % dans les années 1970 à 36 % en 2007, indique qu’il sera difficile pour le Burkina de devenir plus riche, à moins qu’il n’accroisse le rôle

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des exportations. Ceci est confirmé par l’analyse économétrique « trans-pays » dans laquelle Wood et Mayer (2001) recommandent que la plus haute priorité pour les exportateurs de produits primaires non transformés en Afrique, est d’accroître le niveau absolu des exportations dans tous les secteurs.

o Comme de nombreux autres pays africains, le Burkina Faso s’est peu diversifié en dehors des exportations de faible valeur de coton non cardé (Annexe 2). Sur une période de vingt ans, la part des exportations de coton a plus que doublé au Burkina Faso, au Bénin, au Mali et en Ouganda, et la domination d’autres produits agricoles non transformés a persisté. Toutefois en Ouganda, la diversification vers de nouvelles industries d’exportation sophistiquées – telles que le poisson (congelé et en filets), les fleurs coupées, les fruits et les légumes frais – se produit rapidement. Étant donné que ces industries de faible poids/forte valeur sont moins contraintes par l’enclavement de l’Ouganda, elles sont plus propices à une diversification génératrice de croissance plus rapide et plus inclusive.

Tableau 0-8 : Tendances du produit national brut par habitant au Burkina Faso et dans d’autres pays de comparaison (PPA courantes en $ US)

1962

-69

1970

-79

1980

-89

1991

-99

2000

-03

2004

2005

2006

2007

Burkina Faso 86 148 270 269 250 340 400 420 430 Enclavé (E), coton Népal 65 99 165 205 232,5 270 300 320 340 E, cuir, haricots RDP Lao 378 302 320 420 450 500 580 E, café, bois Kirghizistan 388 298 400 450 500 590 E, coton, or, tabac Ouzbékistan 605 515 460 530 610 730 Enclavé Turkménistan 850 686 650 E, noix, tabac, coton Mongolie 1474 579 475 690 810 1000 1290 E, laine, bois, minerais Bolivie 490 851 867 953 960 1020 1110 1260 E, pétrole, étain Paraguay 1569 1185 1080 1230 1410 1670 E, coton, soja, bois Cambodge 286 305 380 440 490 540 Soja, bois, caoutchouc Sénégal 250 366 548 591 485 640 740 760 820 Arachides, fruits de mer, min. Nicaragua 224 484 670 467 738 820 890 930 980 Café, coton, bananes Sri Lanka 154 234 371 664 875 1070 1200 1350 1540 Thé, caoutchouc Guatemala 294 611 1101 1328 1700 1930 2080 2250 2440 Coton, café, sucre Burkina Faso 86 148 270 269 250 340 400 420 430 E, coton Burundi 63 109 231 165 100 90 90 100 110 E, café Malawi 58 116 168 186 155 220 220 230 250 E, tabac Rwanda 44 112 284 274 218 210 250 280 320 E, café Ouganda 280 243 240 250 270 300 340 E, coton, café Mali 70 144 241 293 270 390 450 460 500 E, Coton Bénin 114 193 319 328 340 450 510 530 570 Coton Zambie 270 483 443 356 323 410 500 640 800 E, cuivre

Source : WDI, 2008.

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Tableau 0-9 : Tendances de la part des exportations du PIB (%)

Source: WDI, 2008.

Encadré 0-2: Modèles de diversification dans d’autres pays enclavés ou produisant des matières premières

Pendant une période d’une ou de deux décennies, les pays à croissance rapide ont diversifié ou transformé structurellement leurs économies de produits primaires à faible valeur vers des produits plus sophistiqués. Évidemment, les modèles de diversification ont varié à travers ces pays, sans aucune tendance particulière vers les produits manufacturés. En fait, les produits agricoles à forte valeur demeurent importants. Le marqueur distinctif de la diversification est, dans tous les cas, une réduction substantielle de la part du produit primaire. En Asie de l’Est, la RDP Lao a diversifié son économie du café et du bois aux vêtements. Le Vietnam a diversifié son économie des crustacés, de l’anthracite et du caoutchouc naturel aux chaussures, vêtements, meubles et produits pétroliers. En Asie centrale, le Kirghizistan a diversifié son économie du coton et des métaux non ferreux à la manufacture de métaux et de verre et aux produits agricoles à forte valeur (Annexe 2). En Asie du Sud, le Sri Lanka a diversifié ses exportations du thé et de caoutchouc à une variété de vêtements à forte valeur pour le marché des Etats-Unis. En Amérique latine, l’économie agricole du Paraguay était basée sur les fèves de soja, le coton, d’autres produits agricoles, et les exportations de bois. Alors que ses exportations traditionnelles sont encore importantes et que le soja représente un tiers de la totalité des exportations, l’émergence d’une industrie d’exportation de viande fraîche à forte valeur a conduit à la diversification. Le Guatemala a diversifié son économie des produits agricoles comme le coton et le café aux vêtements et aux bananes.

1962-69 1970-79 1980-89 1991-99 2000-04 2005-07

Burkina Faso 5 7 10 11 9 11

Népal 7 8 11 20 19 14

RDP Lao 7 23 28 32

République Kirghiz 34 40 39

Ouzbékistan 26 32 36

Turkménistan 66 74 67

Mongolie 27 50 58 65

Bolivie

26 23 21 23 37

Paraguay 14 15 21 42 42 51

Cambodge 12 6 4 24 56 67

Nicaragua 27 32 19 21 24 35

Sri Lanka 24 28 27 34 36 31

Guatemala 15 21 16 18 25 25

Vietnam 10 38 58 73

Afrique subsaharienne 24 26 27 27 32 33

Revenu faible 14 15 15 23 28 31

Revenu intermédiaire inférieur

11 15 22 29 36

Burundi 11 12 10 9 8 11

Bénin 7 16 17 16 14 13

Malawi 22 26 24 25 28 18

Mali 11 12 16 21 29 28

Rwanda 10 13 10 6 9 10

Sénégal 19 29 27 26 28 26

Ouganda 26 16 12 10 12 14

Zambie 54 44 34 33 30 38

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Le défi de la diversification

o Des données empiriques indiquent qu’il existe une relation en U entre la concentration économique et le revenu par habitant. L’association négative sur la partie descendante du U s’applique aux pays dont le revenu par habitant est au dessous de 10 000 dollars US (en dollars constants de 2000). Au-dessus de ce niveau, la relation devient positive (Imbs et Wacziarg, 2003).14 Le Graphique 1 -5 fait ressortir la relation négative entre les exportations de coton et les niveaux de revenus au Burkina Faso. Cette relation est valide même lorsque des producteurs de coton comme le Brésil sont inclus dans l’échantillon. En fait, la part du coton dans les exportations brésiliennes est trop faible (0,2 %) pour influencer tout mouvement important de son taux de croissance des exportations.

o La dépendance sur les exportations de quelques produits à faible valeur ajoutée, tels que le coton et l’or, ajoutée à la volatilité des prix des matières premières, accroît la vulnérabilité du pays aux chocs extérieurs. L’indice de concentration d’exportation du Burkina, 58, était relativement élevé. Le coton constitue 80 % de la totalité de ses exportations de marchandises. Ses autres principaux produits d’exportation sont l’élevage, le sésame, les fruits, le sucre brut, et les graines de coton.15 Les exportations d’or ont un potentiel de croissance, en dépit du fait qu’elles ne représentent officiellement à l’heure actuelle, que pour 15 % des exportations (WTI, 2008).16 Pendant longtemps, les économistes du développement ont craint que l’abondance des ressources naturelles ne soit une malédiction pour les pays en développement.17 Sachs et Warner (2001) ont confirmé cette hypothèse empiriquement. Si l’argument est appliqué au coton, il apparaît clairement que ce n’est pas une matière première prometteuse pour le Burkina Faso. La consommation mondiale de coton par habitant s’est à peine rétablie de la stagnation des années 1990. La reprise est principalement due à l’augmentation de la consommation de coton dans certains pays en développement, en particulier en Asie. Entre 1998 et 2004, 3,8 tonnes métriques de produits cotonniers supplémentaires ont été consommées dans le monde et la consommation dans les pays en développement représentait 72 % de cette augmentation.

o Par ailleurs, les substituts du coton ont évolué plus rapidement que le coton. Par exemple, la consommation de fibres chimiques augmente de 7,8 % par an, comparée à 3,5 % pour le coton. En fait, la part du coton dans le marché mondial du textile a diminué chaque année depuis 1990 (Valderrama Becerra, 2004).

14 Les pays à revenu élevé sont sur la partie ascendante du U. Ils sont différents des pays à faible revenu de deux façons : ils tendent vers la spécialisation dans les exportations manufacturées (pays de l’OCDE, Hong Kong, Corée) et leur part de biens exportés est plus petite que celle des services exportés. 15 La crise en Côte d’Ivoire, principal partenaire commercial du Burkina Faso, a affecté les exportations des produits animaliers. 16 En raison de la nature informelle du secteur, les exportations d’or sont probablement sous-évaluées (WTI, 2008). 17 Dans leur hypothèse de ressources naturelles des années 1960, Prebisch et Singer prédisaient que les termes de l’échange en baisse pour les produits basés sur des ressources naturelles seraient le fléau du développement économique à l’avenir. La raison principale de cette situation est que les produits basés sur les ressources naturelles ne sont pas très sensibles aux progrès technologiques et sont particulièrement vulnérables aux chocs commerciaux qui réduisent la croissance du revenu.

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o En outre, des subventions non négligeables accordées au coton brut dans les pays développés ont fait baisser les prix internationaux, qui ont affecté les exportations, et par conséquent, les revenus des agriculteurs pauvres.18 Anderson et Valenzuela (2006) utilisent le modèle connu sous le nom de Global Trade Analysis Project (GTAP)19 pour estimer les gains potentiels des producteurs de coton des pays en développement si la productivité du coton augmentait grâce à l’adoption de semences de coton génétiquement modifiées, et si le marché mondial du coton n’était pas faussé par les subventions et les tarifs. Dans le cadre du scénario le plus optimiste20, ils prévoient trois résultats importants : (i) un gain annuel supplémentaire de 58,8 millions de dollars US en bien-être économique pour le Burkina Faso, le Mali, le Bénin, et le Tchad ; (ii) un accroissement de 30 % des revenus nets des agriculteurs ; et (iii) un accroissement de 55 % de la proportion de coton dans les exportations totale pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Étant donné la situation des pourparlers de Doha, la probabilité que les nations développées éliminent les subventions au coton semble mince. Par ailleurs, la baisse de la demande de coton suggère que la dépendance à l’égard des exportations de coton comme déterminant de la croissance ne serait pas une stratégie efficace même s’il n’y avait pas de subventions.

Graphique 0-5 : Corrélation négative entre la dépendance par rapport aux matières premières et le revenu par habitant dans les pays exportateurs de coton, 1980-2006

Source : Calculs des auteurs utilisant la base de données de COMTRADE et du WDI

18 Pour des informations plus détaillées sur les subventions au coton et leur impact sur l’Afrique de l’Ouest, voir Heinish (2006). 19 Pour plus d’informations sur le GTAP, consulter le site Internet : https://www.gtap.agecon.purdue.edu/ 20 Des hypothèses modérées se basant uniquement sur une réforme partielle de Doha soulignent qu’une réduction partielle des subventions et des tarifs ne rapportera que 14 millions de dollars US en gains de bien-être économique aux quatre principaux pays producteurs de coton et seulement 8,2 % d’augmentation des revenus nets des agriculteurs dans toute l’Afrique subsaharienne.

0,00

0,10

0,20

0,30

0,40

0,50

0,60

0,70

0,80

5 5,5 6 6,5 7 7,5

Registre du PIB par hab. (constant U$ dollar)

Cot

on (

% E

xpor

tatio

ns to

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TCD

MLI

BFA BEN

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o La volatilité de la production de coton provient des chocs naturels. La production de coton dépend des conditions météorologiques imprévisibles qui n’ont aucun lien avec la production précédente ou les décisions de consommation (Gilbert 2000). C’est une autre raison pour laquelle il est prudent de diversifier.

o Les tendances du prix mondial du coton indiquent un haut degré de volatilité des prix21 qui fait du coton une source instable de revenus. La corrélation entre les taux de croissance des prix internationaux du coton et le PIB par habitant du Burkina est de 0,47 (voir Graphique 1-6). En outre, la volatilité associée aux chocs négatifs des termes de l’échange réduit les revenus des agriculteurs et les ressources budgétaires, et conduit fréquemment à des crises de balance des paiements et d’endettement extérieur (CNUCED, 2003).

Graphique 0-6: Volatilité du revenu par habitant du Burkina et des prix mondiaux du coton

Source: Calculs des auteurs utilisant les données du WDI et les indices de prix du coton obtenus du National Cotton Council of America; Cf. site Internet: http://www.cotton.org

o Toutefois, aucune des raisons qui font du coton un produit d’exportation moins désirable implique que le secteur ne nécessite pas de politiques qui favorisent la croissance. Il est la principale source de moyens de subsistance pour la population burkinabè et restera toujours important pour l’économie. La croissance récente dans le secteur du coton était liée à une extension de la superficie. Par conséquent, la croissance future sera limitée grâce une augmentation de la superficie. Il faudrait promouvoir la compétitivité du coton au plan intérieur en augmentant l’efficacité et de la productivité grâce à l’utilisation de meilleures technologies, et au plan international, par des négociations commerciales multilatérales. L’Étude diagnostique sur l’intégration du commerce (EDIC) sur le Burkina Faso fournit des informations détaillées sur les

21 Pour un travail de recherche exhaustif sur la dépendance des exportations de matières premières, voir Page et Hewitt (2001). Voir également Dehn (2000), qui présente une recherche théorique et empirique sur les effets des chocs des produits primaires sur les pays en développement. Collier (2002) met l’accent sur le défi des pays africains.

-0,06

-0,04

-0.02

0

0,02

0,04

0,06

0,08

1981 1986 1991 1996 2001 2006

Cro

issa

nce

du

PIB

pa

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-0,4

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0,4

Cro

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Croissance du PIB par hab. Croissance de l’indice de prix du coton (année de récolte)

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stratégies qui peuvent améliorer la productivité dans ce secteur.22 Un examen plus détaillé de ce secteur est présenté dans la section 2.

o La découverte récente de métaux pourrait réduire la dépendance envers le coton et constituer également une source importante de recettes pour le Gouvernement. Des dépôts d’or, de manganèse et de zinc ont été confirmés et plusieurs mines d’or sont opérationnelles. L’or représente environ 61 % des nouvelles découvertes. Des estimations suggèrent que, sur la base des réserves prouvées de tous les métaux, le Burkina Faso pourrait gagner jusqu’à 6,6 milliards de dollars US de recettes entre 2008 et 2015. Pour seulement 2011, les recettes prévues vont de 1,1 milliard de dollars US (McMahon et Ouédraogo, 2009) à 800 millions de dollars US (FMI, 2008). Compte tenu que les exportations du Burkina Faso en 2006 – provenant majoritairement du coton – n’étaient en moyenne que de 665 millions de dollars US, la découverte de métaux réduira considérablement la dépendance envers le coton. Cependant, les prix des métaux – comme les prix du coton – sont vulnérables aux chocs des termes de l’échange et conduisent à la volatilité des revenus. Ceci pourrait nuire à la croissance du revenu à long terme. Par exemple, une chute de 70 % du le prix du zinc depuis 2007 a rendu sa rentabilité incertaine et ralenti de façon significative le rythme de construction en zinc.23

o Des possibilités d’accroissement des revenus agricoles autres que ceux du coton sont possibles à court et à moyen terme, à condition que des politiques appropriées, spécialisées et favorables soient mises en œuvre. De nombreux experts en développement ont soutenu que l’alternative à la dépendance excessive des exportations de coton au Burkina Faso est la diversification vers les produits manufacturés comme moyen d’augmenter le revenu par habitant, exactement comme dans les pays développés (Collier, 1998 ; Collier et Gunning, 1997 ; Wood et Mayer, 2001). La distinction entre produits manufacturés et non manufacturés ou entre produits primaires et non primaires détourne l’attention des opportunités d’accroissement de revenus dans l’agriculture. Pour les pays suivants, de nouvelles industries à forte valeur ont conduit à la diversification et à la croissance dans des périodes relativement courtes : (i) le succès de l’Inde dans la pénétration du marché mondial avec le raisin de table, les noix et les fleurs (ii) la réussite du Vietnam avec le bois à pâte et la production de légumes ; et (iii) la réussite de l’Ouganda, de la Tanzanie et du Kenya avec les fruits, les fleurs et le poisson (Tableau 1-10).

o La diversification en produits manufacturés est entravée par plusieurs contraintes sur le développement des industries de transformation. Les produits manufacturés burkinabè

22 Sept actions sont répertoriées : le changement de comportement dans la gestion des sociétés d’égrenage, le renforcement des capacité des producteurs, l’amélioration des routes de desserte et des équipements de stockage, l’amélioration des équipements agricoles, l’amélioration de l’ensemble des intrants, l’intensification de la recherche agricole et la préservation de la fertilité des sols et de l’environnement, associant la culture du coton à d’autres entreprises (Banque mondiale, EDIC 2007a). 23 Comme dans la plupart des pays exportateurs de métaux, la découverte de métaux fait courir le risque de déclencher des problèmes en matière de prix et d’économie politique, liés à la gouvernance et à l’instabilité politique. Dans le cas de chocs positifs, les gouvernements des pays en développement n’ont généralement pas la capacité institutionnelle de profiter pleinement de ce surplus de ressources. Les problèmes de gaspillage, de mauvaise utilisation et de corruption sont fréquents, surtout dans les industries qui sont plus facilement imposées (Collier, 2002). Les pays en développement mettent en œuvre, en collaboration avec la communauté internationale, des programmes visant à surmonter la dépendance des matières premières. Par exemple, la CNUCED fait des efforts pour réduire cette dépendance à travers des programmes de renforcement de capacité, d’accès à l’information, et de renforcement des institutions.

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représentent seulement 12 % du PIB et 10 % des exportations. Ces petites parts peuvent s’expliquer par (i) une abondance de ressources naturelles, en particulier ratio terre/travailleur ; (ii) une pénurie de compétences, d’infrastructures et de réformes (Collier, 1998, 2002 ; Habiyaremye et Ziesemer, 2006) ; et (iii) des coûts de transaction et des risques plus élevés (Collier, 2006).

o Les indicateurs du climat des investissements sont cités parmi les contraintes les plus communes au secteur manufacturé, mais les statistiques du Burkina Faso suggèrent que le lien peut être mince. Il y a plusieurs années, la faiblesse du climat des investissements était identifiée comme la cause de la faible PTF, qui est une mesure générale de productivité qui calcule la hausse des coûts des activités commerciales en raison des retards causés par les délais d’attente nécessaires pour obtenir les licences, les permis, les détériorations, etc. (Eifert, Gelb et Ramachandran, 2006). Le rapport Doing Business a classé pour 2005 le Burkina Faso à la 154ème place sur 155 pays, en d’autres termes, le second pays ayant l’environnement des affaires le plus difficile. En 2009, le Burkina Faso était classé 147ème sur 183 pays (Doing Business, 2010) et était parmi les 10 premiers pays du monde en termes de réformes. Les faits sont surprenants. Dans les domaines de la création d’entreprises, de la délivrance de permis de construire et de politiques de l’emploi, le Burkina Faso est comparable à la Chine, et comparable au Botswana dans le nombre de procédures. Cependant, ces opérations sont plus coûteuses au Burkina Faso. Ainsi, le coût de la création d’entreprise représente 50,3 % du revenu par habitant au Burkina, mais seulement 2,1 % au Botswana et 4,9 % en Chine. L’indice de rigidité de l’emploi a baissé de 61 à 21, ce qui le fait aussi compétitif que le Botswana (13) et la Chine (31). De plus, les restrictions sur l’emploi des travailleurs temporaires dans les entreprises actives dans les activités saisonnières ont été adoucies (Dahourou, 2008).

o Le taux de restriction du commerce dû aux tarifs douaniers (ou Trade Tariff

Restrictiveness Index) de la Banque mondiale (WTI, 2008) classe le Burkina Faso comme l’un des pays ayant un environnement commercial le plus restrictif. Ceci est principalement dû aux tarifs douaniers qui sont plus élevés que la moyenne en Afrique subsaharienne (le pays se classe 100ème sur 125 pays). Néanmoins, ses exportations de coton restent éligibles pour (i) l’Initiative « Tout sauf les armes » (Everything but Arms) ou l’accès en franchise à l’Europe, et (ii) la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (connue sous le nom d’AGOA) pour un accès similaire aux États-Unis. À l’évidence, l’accès aux marchés ne semble pas être un obstacle majeur à la diversification.

o Le fait que plusieurs pays, ayant connu une croissance relativement prospère, aient un climat des investissements encore moins bien classé que celui du Burkina, suggère que des facteurs autres que les forces pures du marché aient été en cause. Sans aucun doute, une meilleure amélioration de l’environnement économique serait bénéfique pour la croissance, mais il semble peu probable qu’elle fasse croître de façon automatique les industries d’exportations naissantes non traditionnelles qui sont un préalable à une transformation structurelle de l’économie burkinabè.

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Tableau 0-10 : La diversification économique dans les pays à faible revenu et exportateurs de produits primaires en Afrique subsaharienne24

1980-1984 2000-2006 Bénin SITC SITC Description des produits % Tech PRODY SITC Description des produits % Tech PRODY 721 Fèves de cacao, entières ou

brisures, brutes 0,23 PP 1 542 2631 Coton (à l'exclusion des

linters), non cardé 0,55 PP 1 500

2631 Coton (à l'exclusion des linters), non cardé

0,20 PP 1 500 577 Noix comestibles 0,10 HV 1 727

4244 Huile de palmiste 0,14 RB1 4 661 2882 Autres déchets et débris de métaux de base non-ferreux

0,04 RB2 6 030

711 Café, torréfié ou non 0,12 PP 1 936 2472 Billes de sciage et de placage

0,03 RB1 2 287

4249 Huile végétale fixe, n.d.a. 0,05 RB1 5 377 1222 Cigarettes 0,03 RB1 12 204 Burkina Faso SITC Description des produits % Tech PRODY SITC Description des produits % Tech PRODY 2238 Graines et fruits oléagineux.

n.d.a. 0,34 PP 1 902 2631 Coton (à l'exclusion des

linters), non cardé 0,65 PP 1 500

2631 Coton (à l'exclusion des linters), non cardé

0,32 PP 1 500 2225 Graines de sésame (sesamum)

0,04 PP 1 179

2225 Graines de sésame (sesamum)

0,04 PP 1 179 611 Sucre de betterave et de canne, brut, solide

0,04 LT1 4 516

2114 Peaux de chèvres et de chevreaux, brutes (fraîches, salées)

0,04 PP 1 217 1222 Cigarettes 0,03 RB1 12 204

545 Autres légumes frais ou réfrigérés

0,04 HV 5 477 6115 Cuir en peau de mouton et d’agneau

0,02 LT1 2 526

Mali SITC Description des produits % Tech PRODY SITC Description des produits % Tech PRODY 2631 Coton (à l'exclusion des

linters), non cardé 0,53 PP 1 500 2631 Coton (à l'exclusion des

linters), non cardé 0,76 PP 1 500

9710 Or non monétaire 0,20 RB2 5 716 579 Fruits, frais ou secs, n.d.a. 0,01 HV 5 187 2238 Graines et fruits oléagineux.

n.d.a. 0,05 PP 1 902 8960 Œuvres d’art, pièces de

collection et d’antiquité 0,01 LT2 8 542

4234 Huile d’arachide (cacahuète) 0,03 RB1 1 767 6115 Cuir en peau de mouton et d’agneau

0,01 LT1 2 526

11 Animaux de l’espèce bovine 0,02 PP 4 391 6672 Diamants, non taillées ou autrement travaillés

0,01 RB2 5 607

Ouganda SITC Description des produits % Tech PRODY SITC Description des produits % Tech PRODY 711 Café, torréfié ou non 0,94 PP 1 936 711 Café, torréfié ou non 0,35 PP 1 936 2631 Coton (à l'exclusion des

linters), non cardé 0,02 PP 1 500 343 Filets de poisson, frais ou

réfrigérés 0,16 HV 5 859

2111 Peaux brutes de bovins ou d’équidés

0,01 PP 5 653 1212 Tabac, totalement ou partiellement écoté

0,08 PP 1 531

2911 Os, cornes, ivoire, sabots, griffes

0,01 PP 4 419 344 Filets de poisson, congelés 0,06 HV 8 939

7144 Peaux de chèvres et de chevreaux, brutes (fraîches, salées),

0,00 PP 1 216 2631 Coton (à l'exclusion des linters), non cardé

0,06 PP 1 500

Source : Calculs des auteurs sur la base des données du WDI et du COMTRADE.

o Le Burkina Faso a une économie déterminée par les facteurs et une faible compétitivité. Malgré le fait que le Burkina ait été parmi les pays les plus performants d’Afrique de l’Ouest au cours des 10 dernières années, il se classe à la 129ème place sur 134 pays dans

24 L’or n’est pas inclus puisque la production a commencé après la période de référence (2000-2006)

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l’Indice global de compétitivité (ou Global Competitiveness Index ou GCI) et 126ème dans le sous-indice des exigences de base (WEF et Banque mondiale, 2009 ; Tableau 1-11). Il est en retard sur d’autres producteurs africains de coton tels que le Bénin (106ème), la Tanzanie (113ème) et le Ghana (102ème), et les prix se portent encore moins bien que le Botswana (56ème) et l’Afrique du Sud (45ème ; WEF et Banque mondiale, 2009).

Tableau 0-11 : Indice global de compétitivité 2009 pour le Burkina Faso

Classement général (sur 134 économies) 129 Sous-indice des exigences de base 126

Sous-indice des facteurs d’amélioration de

l’efficacité

118

Sous-indice des facteurs de l’innovation 95

Clasement par composante Santé et enseignement primaire 131 Enseignement supérieur et formation 124 Macroéconomie 120 Niveau de développement technologique 120 Taille du marché 117 Sophistication du marché financier 108 Infrastructures 104 Sophistication du milieu des affaires 96 Innovation 89 Marché des biens 83 Efficacité du marché du travail 80 Institutions 75

Source : WEF et Banque mondiale, 2009, The Africa Competitiveness Report 2009.

o À ce stade de son développement, la compétitivité du Burkina dépend principalement de sa capacité à produire : (i) un cadre macroéconomique stable ; (ii) un bon fonctionnement des institutions publiques et privées ; (iii) des infrastructures adéquates ; et (iv) une main-d’œuvre instruite et en bonne santé. Le Burkina Faso est mal loti en matière de santé et d’enseignement primaire (131ème) comparé au Bénin (110ème), à la Tanzanie (117ème), au Botswana (112ème) et à l’Afrique du Sud (122ème). Au niveau des performances macroéconomiques (120ème), il se trouve derrière le Bénin (95ème), la Tanzanie (108ème), l’Ouganda (92ème), le Botswana (22ème) et l’Afrique du Sud (63ème). En matière d’infrastructures (104ème), il est classé derrière le Botswana (52ème) et l’Afrique du Sud (48ème). En ce qui concerne les performances institutionnelles, le Burkina Faso fait mieux (75ème) que le Bénin (85ème) et l’Ouganda (113ème), mais moins bien que le Botswana (36ème) et l’Afrique du Sud (46ème). Les résultats relativement solides du Burkina dans ce domaine particulier sont notamment dues à la mise en œuvre de réformes destinées à améliorer l’environnement général des investissements (WEF et Banque mondiale, 2009). Certaines de ces réformes ont eu pour impact le bon classement du Burkina dans les domaines suivants : (i) la solidité du système bancaire ; (ii) les coûts commerciaux du terrorisme ; (iii) l’impact sur les entreprises des règles relatives aux IED ; (iv) la qualité des fournisseurs locaux ; et (v) l’impact de la tuberculose sur les entreprises. En revanche, il est mal classé dans les domaines suivants : (i) la confiance du public envers les politiciens ; (ii) la qualité des infrastructures ferroviaires ; (iii) l’accès à Internet dans les écoles ; (iv) la facilité d’accès aux prêts ; et (v) la disponibilité de capital-risque (WEF et Banque mondiale, 2009).

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o Au niveau macroéconomique, l’appréciation du taux de change effectif réel (TCER) dans les dernières années a pesé sur la compétitivité du pays. L’analyse économétrique du TCER du Burkina Faso ne montre aucune preuve précise d’une surévaluation. Elle suggère une perte de compétitivité (FMI, 2007a). Entre 2001 et 2008, sur fondée sur un modèle évaluant le taux de change d’équilibre fondamental, il a été estimé que le TCER a été surévalué de plus de 20 % (voir la prochaine section pour un examen détaillé de l’évolution du TCER). En dépit d’opinions divergentes sur le fait que le TCER soit surévalué ou sous-évalué, on s’accorde à penser que la détérioration des termes de l’échange pourrait tendre vers la dépréciation du taux de change réel d’équilibre du Burkina, alors que la croissance rapide de la productivité tendrait à l’apprécier.25 Par conséquent, la baisse récente des termes de l’échange aurait dû conduire à la dépréciation. Cependant, le taux de change réel s’est apprécié au cours de cette période, conduisant à une perte de compétitivité (FMI, 2007a).26 En raison de la récente dépréciation de l’euro, le TCER s’est déprécié depuis juillet 2008, ce qui pourrait avoir temporairement réduit la pression sur la compétitivité (FMI, 2009a).

Encadré 0-3: L’indice global de compétitivité: un outil pour mesurer la compétitivité

Le Forum économique mondial a développé l’indice global de compétitivité (Global Competitiveness Index ou GCI) pour mesurer la compétitivité. La compétitivité se définit comme un ensemble d’institutions, de politiques, et de facteurs qui stimulent la productivité et fixent les niveaux durables actuels et à moyen terme de la prospérité économique. Le GCI fournit une vue d’ensemble des facteurs qui sont essentiels pour déterminer la productivité et la compétitivité, et les groupes en douze domaines: (i) les institutions (publiques et privées); (ii) les infrastructures; (iii) la macroéconomie; (iv) la santé et l’enseignement primaire; (v) l’enseignement supérieur et la formation,;(vi) l’efficacité du marché des biens; (vii) l’efficacité du marché du travail; (viii) la sophistication des marchés financiers; (ix) le niveau de développement technologique; (x) la taille du marché; (xi) la sophistication des affaires; (xii) et l’innovation. Le GCI est, à ce jour, l’indice de compétitivité le plus complet. Il mesure les déterminants micro et macroéconomiques de la compétitivité à travers un grand nombre de pays.

Les douze domaines sont mesurés en utilisant (i) des données concrètes – telles que l’inflation, la pénétration d’Internet, l’espérance de vie, et les taux de scolarisation – à partir des sources publiques; et (ii) des données provenant de l’enquête d’opinion du Forum économique mondial (World Economic Forum’s Executive Opinion Survey), qui est menée annuellement parmi les cadres supérieurs de tous les pays évalués. L’enquête fournit des informations essentielles, pour lesquelles aucune donnée n’existe sur un certain nombre de questions qualitatives, comme la corruption, la confiance dans le secteur public, et la qualité des écoles. L’échantillon couvre 134 économies à différents niveaux du développement économique. Les priorités de politique économique évoluent au fur et à mesure que les pays avancent sur le chemin du développement. En effet, les politiques nécessaires pour améliorer la productivité dans une économie moins avancée – telles que l’amélioration de la santé, la lutte contre l’analphabétisme, la lutte contre la corruption, et la fourniture d’infrastructures de base – ne suffiront plus pour accroître la productivité dans un cadre économique plus sophistiqué, dans lequel les gains de productivité découlant de ces politiques auront déjà été exploités.

Ce concept est intégré dans le GCI. Les pays sont séparés en trois niveaux de développement : (i) déterminé par

25 Ceci est conforme à l’effet Balassa-Samuelson. 26 En raison des difficultés dans la détermination du taux de change effectif réel d’équilibre, il n’est pas certain que ceci ait conduit à une surévaluation du taux de change effectif réel. Déterminer s’il y a eu une surévaluation dépend du niveau du taux de change réel d’équilibre antérieur aux termes du choc commercial. Le niveau du taux de change effectif réel d’équilibre dépend, entre autres, des choix concernant la période d’échantillonnage, les variables explicatives, et la modélisation de la dévaluation de 1994 (FMI, 2007a). La section 2 de ce chapitre présentera une analyse des mouvements du TCER et de ses implications sur la compétitivité du Burkina Faso.

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les facteurs ; (ii) l’efficacité ; et (iii) l’innovation. Les douze domaines sont organisés en trois sous-indices, qui correspondent à l’un des trois niveaux de développement. Le sous-indice d’exigences de base comprend les domaines 1-4. Il correspond aux économies déterminées par les facteurs. Le sous-indice d’amélioration de l’efficacité comprend les domaines 5-10. Il correspond aux économies déterminées par l’efficacité. Le sous-indice des facteurs d’innovation et de sophistication comprend les domaines 11 et 12. Il correspond aux économies déterminées par l’innovation. Les économies déterminées par les facteurs rivalisent sur la base de leurs dotations en facteurs, principalement le travail non-qualifié et les ressources naturelles. Ces sociétés rivalisent sur la base des prix et vendent des produits de base ou matières premières; leur faible productivité est reflétée dans leurs bas salaires. À mesure que les salaires augmentent avec les progrès du développement, les pays doivent développer des procédés de production plus efficaces et accroître la qualité des produits. Enfin, les pays qui sont déterminés par l’innovation rivalisent avec des produits nouveaux et uniques, et sont capables d’assurer des salaires et des niveaux de vie plus élevés. Le GCI met en œuvre le concept des niveaux de développement en pondérant de façon différente chacun des sous-indices en fonction du niveau de développement d’un pays donné. Le GCI accorde plus de poids sur les domaines les plus importants à un niveau donné du développement du pays.

Afin de formuler des recommandations de politiques pour améliorer le climat des investissements et mesurer l’impact dans les pays africains, une analyse détaillée des performances des entreprises, fondée sur des enquêtes de la Banque mondiale auprès des entreprises, vient compléter l’analyse comparative de la compétitivité basée sur le GCI. Ceci fournit des informations utiles sur l’impact des conditions du climat des investissements sur les performances des entreprises, soulignant les coûts directs et indirects qui pourraient affecter la compétitivité des entreprises sur le long terme.

Source : WEF et Banque mondiale, 2009, The Africa Competitiveness Report 2009.

o Au niveau microéconomique, une diversification génératrice de revenus et une meilleure productivité sont essentielles pour accroître la compétitivité du Burkina et réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs. L’économie agricole du Burkina a le potentiel pour atténuer sa vulnérabilité aux dommages météorologiques et aux chocs extérieurs à condition que le pays exploite totalement son potentiel d’exportation. Plusieurs études et documents stratégiques27 soulignent la nécessité pour le Burkina de prendre les mesures suivantes : (i) sélectionner des produits générateurs de revenus en explorant les avantages comparatifs, et identifier des nouveaux marchés potentiels ; (ii) améliorer la productivité grâce à l’intensification et à l’innovation ; (iii) encourager le développement du secteur privé par la promotion d’un environnement porteur aux affaires avec des services financiers améliorés et des coûts de facteurs (travail, énergie) réduits ; et (iv) créer un environnement porteur pour le commerce avec des infrastructures matérielles et de soutien, une stratégie nationale de promotion des exportations, des normes nationales de qualité et des liaisons améliorées avec les marchés internationaux et régionaux.

Compétitivité des entreprises

o La productivité relativement faible de la main-d’œuvre, ajoutée à un coût unitaire de la main-d’œuvre élevé (ULC),28 limite la compétitivité des entreprises burkinabè par

27 Évaluation du climat des investissements 2006 ; Stratégie sectorielle 2008 pour promouvoir le commerce, l’industrie et l’artisanat ; Stratégie d’assistance pays 2009. 28 La productivité de la main d’œuvre n’offre qu’une vue partielle de la compétitivité du pays, car elle est très sensible aux fluctuations du taux de change. Par conséquent, le coût unitaire de la main d’œuvre (ULC) est calculé

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rapport à leurs principaux concurrents internationaux. En 2005, la productivité de la main-d’œuvre dans le secteur manufacturier29 était estimée à 3 105 dollars US par travailleur, plus faible qu’au Kenya (3 146 dollars US) et au Sénégal (5 575 dollars US). Elle était 4,5 fois inférieure à la productivité de la main-d’œuvre en Afrique du Sud (14 030 dollars US) et 5,1 fois inférieure à celle de la Chine (15 931 dollars US dans la région exportatrice de Hangzhou). Toutefois, la productivité était supérieure à celle d’autres pays producteurs de coton, tels que le Bénin (2 481 dollars US) et l’Ouganda (1 075 dollars US), soulignant le potentiel de croissance du pays. Par ailleurs, l’ULC atteint 33 % de la valeur ajoutée,30 ce qui est supérieure à l’ULC au Sénégal (29 %), en Tanzanie (27 %) et en Chine (13 %).31 Ceci indique une perte de compétitivité des entreprises burkinabè par rapport à leurs principaux concurrents internationaux. En outre, il y a un décalage entre la productivité de la main-d’œuvre et le niveau de salaire. Par exemple, le salaire mensuel moyen pour un travailleur peu qualifié dans le secteur manufacturier est d’environ 80,8 dollars US, supérieur à celui de la Tanzanie (51,7 dollars US), de l’Ouganda (57,5 dollars US) et du Bénin (76,9 dollars US) (Banque mondiale, 2006a).

o Il existe une concurrence potentielle au plan international, mais les grandes entreprises du Burkina Faso sont mieux positionnées en raison de leur productivité élevée et de leur faible ULC. Par exemple, la productivité de la main-d’œuvre des grandes entreprises (plus de 50 employés) est d’environ 8 500 dollars US par an, comparée à 1 400 dollars US à 2 300 dollars US seulement par an pour les micro et les petites entreprises. De même, le coût de la main-d’œuvre32 par employé tend à augmenter avec la taille de l’entreprise, mais pas dans la même proportion. Ceci permet aux entreprises ayant plus de 50 employés de contracter un ULC de 18 % de valeur ajoutée qui peut même les rendre plus compétitives que les entreprises de l’Inde (21 %) et de la Chine (20 % à Shenzen) (Banque mondiale, 2006a).

o Les entreprises nationales et celles qui n’exportent pas, ont une productivité de main-d’œuvre plus faible et sont donc moins susceptibles d’être compétitives. Les coûts de main-d’œuvre par employé pour les entreprises non exportatrices sont beaucoup plus faibles que ceux des entreprises exportatrices (709 dollars US contre 1 511 dollars US). Cependant, la productivité de la main-d’œuvre des entreprises non exportatrices est plus faible (1 612 dollars US contre 7 952 dollars US) et leur ULC est élevé (42 % de valeur ajoutée contre 16 %), ce qui les rend moins compétitives. Les entreprises nationales ont aussi une productivité de main-

pour permettre une comparaison plus directe de la compétitivité entre les pays. L’ULC est calculé sur la base de la formule suivante : ULC = (w*L/Q)*(1/e), dans laquelle w est le salaire dans le secteur manufacturier, L est le nombre de travailleurs, Q est la production, et e est le taux de change nominal par rapport au dollar US. Maintenir un bas niveau d’ULC implique l’un des trois éléments suivants : (i) bas salaires ; (ii) un taux de change compétitif ; et (iii) une forte productivité, ou une combinaison de ces trois éléments. L’estimation repose sur les données provenant de l’enquête sur les entreprises de 2006. L’échantillon comprend 146 entreprises du secteur formel, qui représentent 33 % des entreprises opérant dans le secteur manufacturier, 23 % des entreprises du secteur du tourisme/hôtellerie, et 25 % des entreprises du secteur des services et autres. 99 entreprises informelles opérant dans les zones urbaines ont fait également partie de l’enquête. 29 Fondée sur les données de l’enquête sur les entreprises de 2006. 30 La valeur ajoutée est la valeur des ventes moins le coût des produits intermédiaires et de l’énergie. 31 Selon le rapport Africa Competitiveness Report 2009, la part des coûts de main-d’œuvre dans les ventes des entreprises était estimée à 26 %. Dans ce cas, les coûts de main-d’œuvre comprennent la compensation totale des travailleurs, ajustée pour les travailleurs temporaires. 32 Les coûts de main-d’œuvre comprennent les salaires, les compensations, les primes et autres allocations auxquels ont droit le personnel administratif et les travailleurs.

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d’œuvre plus faible et un ULC plus élevé que les entreprises étrangères qui opèrent au Burkina Faso (1 759 dollars US contre 13 501 dollars US et 42 % de valeur ajoutée contre 16 %, (Banque mondiale, 2006a).

o En dépit de leurs coûts de main-d’œuvre plus élevés, les entreprises qui sont technologiquement plus avancées et qui donnent une formation à leurs employés sont plus compétitives. Leur productivité de main-d’œuvre (6 452 dollars US contre 1 085 dollars US) et coûts de main-d’œuvre (1 511 dollars US contre 638 dollars US) sont plus élevés que ceux des entreprises moins avancées technologiquement n’offrant pas de programmes de formation à leurs employés. Leurs ULC sont aussi plus faibles (21 % de valeur ajoutée contre 63 % pour les entreprises qui n’utilisent pas Internet, et 23 % contre 37 % pour celles n’offrant pas de formation, (Banque mondiale, 2006a).

o L’intensité du capital33 est plus faible au Burkina Faso que dans les autres pays africains, mais des taux de rendement élevés soulignent le potentiel d’accroissement des investissements. Les différences dans la productivité des entreprises ne sont pas seulement le résultat des différences dans la productivité de la main-d’œuvre, mais aussi de différences dans l’utilisation du capital pendant le processus de production. En général, les entreprises à forte intensité de capital (capital/travailleur élevé) ont tendance à être plus productives que celles qui utilisent moins de capital. L’intensité du capital des entreprises burkinabè (1 288 dollars US) est plus faible qu’en Ouganda (1 704 dollars US), en Tanzanie (6 301 dollars US), au Bénin (7 376 dollars US) et en Chine (1 981 dollars US à Hangzhou). Néanmoins, le rendement sur le capital investi est élevé, ce qui montre le potentiel pour l’accroissement des investissements et de l’innovation. Un dollar d’investissement de capital peut générer 1,75 dollar US de valeur ajoutée au Burkina Faso, comparé à 58 centimes seulement au Sénégal et 77 centimes au Mali (Banque mondiale, 2006a).

o Dans l’ensemble, les entreprises burkinabè sont moins bien classées en productivité totale des facteurs (PTF)34 que les pays les plus efficaces d’Afrique subsaharienne, mais elles sont à peu près au même niveau que leurs concurrents d’Afrique de l’Ouest et de l’Est. Selon l’évaluation du climat des investissements de 2006 (ECI), la PTF du Burkina est de 27 % inférieure à celle du Sénégal, de 22 % inférieure à celle du Cameroun, de 16 % inférieure à celle du Kenya et de 91 % inférieure à celle de l’Afrique du Sud. Néanmoins, la PTF burkinabé est similaire à celle de la Tanzanie, de l’Ouganda, du Niger et de l’Éthiopie. Par ailleurs, la PTF burkinabè est de 18 % supérieure à celle de la Zambie. Dans la plupart des secteurs, à l’exception des textiles et de l’agro-industrie, les grandes entreprises sont plus ou moins aussi productives que les petites, ce qui suggère que la forte productivité de main-d’œuvre des grandes entreprises est le résultat de la très forte intensité de capital et non pas nécessairement celui d’une productivité et d’une efficacité plus élevées. Les entreprises exportatrices sont légèrement plus productives que les non exportatrices (de 2 %), alors que la productivité des entreprises importatrices n’est supérieure que de 0,5 % à celle des entreprises utilisant les biens

33 Calculée sur la base des données de l’enquête sur les entreprises 2006. 34 La PTF était évaluée sur la base de l’enquête sur les entreprises 2006 pour le Burkina Faso, en tenant compte d’une fonction de production Cobb-Douglas dans neuf sous-secteurs industriels. Afin de permettre les comparaisons entre les pays, les pays suivants ont été regroupés dans une régression simple : le Cameroun, l’Éthiopie, le Kenya, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. Les données des autres pays reposent sur les enquêtes des entreprises les plus récentes.

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intermédiaires intérieurs. De même, les entreprises qui sont plus avancées technologiquement sont plus productives que les entreprises moins avancées au plan technologique (de 5 %).

Les contraintes de l’environnement des affaires qui ont un impact sur la compétitivité des entreprises

o L’environnement des affaires au Burkina Faso n’est pas généralement favorable au secteur privé, ce qui entrave la compétitivité des entreprises et accroît leurs coûts d’exploitation. Le Burkina Faso se classe 147ème pour la facilitation des affaires (Graphique 1-7), derrière la Tanzanie (131ème) et l’Ouganda (112ème, (Doing Business 2010). Selon l’ECI de 2006, les contraintes les plus sérieuses qui compromettent le développement du secteur privé sont les suivantes : (i) le manque d’accès au financement ; (i) le manque d’accès à l’électricité ; (iii) les taux d’imposition prohibitifs ; (iv) les pratiques néfastes du secteur informel ; (v) la corruption ; (vi) les transports inadéquats ; et (vii) le manque d’accès à la terre (voir Graphique 1-8). D’autres enquêtes sur la compétitivité et les investisseurs soulignent plusieurs contraintes supplémentaires comme (viii) le système bureaucratique gouvernemental inefficace, (xix) le retard technologique ; et (x) les services de santé inadéquats et la main-d’œuvre peu instruite (WEF et Banque mondiale, 2009).

Graphique 0-7 : La facilitation des affaires au Burkina Faso, 2010

Source : Doing Business, 2010.

179 178 174157 156

147133 131

112 10689

4534

171

0 20 40 60 80

100 120 140 160 180 200

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Graphique 0-8: Les contraintes identifiées par l’enquête sur les entreprises

Les 10 Contraintes Principales à l’investissement des Entreprises au Burkina (2006)

% des entreprises identifiant le problème comme leur plus grand obstacle

Accès aux

finances

Électricité Taux d’imposition

Pratiques du secteur

informel

Corruption Transports Licences &

permis

Accès à la terre

Administration des

impôts

Crime, vol et

désordre

Les 10 Contraintes Principales à l’investissement des Entreprises au Burkina (2006)

% des entreprises identifiant le problème comme leur plus grand obstacle

Accès aux

finances

Électricité Taux d’imposition

Pratiques du secteur

informel

Corruption Transports Licences &

permis

Accès à la terre

Administration des

impôts

Crime, vol et

désordre

Source : Le Groupe de la Banque mondiale, SFI, www.enterprisesurveys.org

o Le manque d’accès au financement affecte la plupart des activités des entreprises burkinabè, particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME). L’ECI 2006 souligne que, près de 80 % des entreprises du secteur formel dans les secteurs manufacturiers et des services – y compris le tourisme et l’hôtellerie – considèrent l’accès au financement35 comme un obstacle important pour les affaires. De plus, 70,5 % de ces entreprises considèrent le coût de financement comme un obstacle majeur pour les affaires (Banque mondiale, 2006). Ceci est principalement le résultat (i) d’une offre insuffisante de services financiers ; (ii) d’un environnement réglementaire inadéquat et (iii) d’une faiblesse des infrastructures d’information financière. L’accès au financement est particulièrement difficile pour les PME parce que (i) les prêteurs exigent plus de garanties36 des PME que des grandes entreprises (Tableau 1-12), et (ii) les institutions financières – en particulier celles de microfinance – manquent de l’expertise nécessaire pour cibler les produits financiers vers les PME (Banque mondiale, 2006a et 2009a). L’accès limité au financement se reflète aussi dans le faible niveau de crédit intérieur au secteur 35 Le secteur bancaire est le segment le plus important du système financier. L’épargne intérieure brute a été estimée à environ 4,5 % du PIB en 2007 et 3 % en 2008. Le crédit intérieur fourni par le secteur bancaire a représenté 12,4 % du PIB en 2007, similaire à celui de la Tanzanie (12,6 % du PIB) et inférieur à celui de l’Afrique du Sud (88,7 % du PIB). 36 Les garanties peuvent être aussi élevées que 123 % du montant du prêt (Banque mondiale, 2006a).

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privé, qui ne représentait que 16,8 % du PIB du Burkina en 2007.37 Le taux d’intérêt réel (12,8 %) est légèrement supérieur à celui d’autres pays africains comme le Cameroun (11,5 %), le Bénin et le Sénégal (10,9 %). Il varie entre 11,7 % pour les grandes entreprises et 13,1 % pour les petites (Banque mondiale, 2006a). Dans le même temps, le volume du crédit est limité par l’exigence de garanties et la complexité des procédures de prêts. La principale source de financement des entreprises pour leurs opérations courantes et leurs investissements sont les fonds propres et les bénéfices réinvestis. C’est ainsi que 66 % à 92 % des opérations et 46 % à 82 % des investissements en fonction du secteur sont financés (Banque mondiale, 2006a).38

Tableau 0-12: Caractéristiques des prêts au Burkina Faso

Grande entreprise Moyenne entreprise Petite entreprise

Échéance moyenne (mois) 41,1 23,2 27,3 Pourcentage des prêts pour lesquels des garanties sont exigées 74,5 81,8 94,5 Garanties (% du total)

Terrains et bâtiments 63,4 86,5 81,9 Équipement 36,6 13,5 5,1

Actifs du propriétaire 0,0 4,9 6,1 Source : Banque mondiale, Enquête sur les entreprises 2006, Burkina Faso.

o En outre, l’accès insuffisant d’offres fiables d’énergie rend difficile aux entreprises burkinabè la compétition sur les marchés internationaux. Selon l’ECI 2006, 61,8 % des entreprises du secteur manufacturier perçoivent le faible accès aux fournitures d’énergie comme une contrainte sévère à leurs opérations. Le potentiel hydroélectrique du pays est limité en raison de sa capacité potentielle réduite (moins de 100MW). La SONABEL a le monopole de l’électricité, ce qui augmente le prix de l’électricité. L’approvisionnement d’électricité n’est pas suffisant pour satisfaire la demande, le taux de croissance a été estimé à 7 % à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Selon le Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009 (Africa Competitiveness Report 2009), le coût de l’électricité représenterait 2,7 % des ventes, plus qu’en Zambie (0,9 %), au Ghana (1,2 %), au Bénin (1,4 %), en Ouganda (1,5 %), et au Mali (1,8 %). De même, le coût de l’électricité à usage industriel est estimé à quatre fois plus au Burkina Faso qu’en Côte d’ Ivoire (Banque mondiale, 2006a ; Graphique 1-9).

o Bien que le taux d’imposition total au Burkina Faso ne soit pas parmi les plus élevés en Afrique, le système fiscal est perçu comme étant contraignant. L’ECI 2006 indiquait que 76,5 % des entreprises de secteur formel et 62,6 % des entreprises informelles perçoivent les taux d’imposition comme des contraintes sévères pour les affaires. Ces perceptions sont moindres en Chine et en Inde (moins de 40 %), en Tanzanie (environ 35 %) et en Afrique du Sud (moins de 20 %). Selon les indicateurs Doing Business 2010, le taux total des impôts est de

37 Ceci en comparaison de 19,9 % pour le Bénin, 84,5 % pour l’Afrique du Sud, et une moyenne de 47,1 % pour l’Afrique subsaharienne (DDP, 2008). 38 Le Gouvernement prévoit de développer une stratégie du secteur financier avant mars 2009. Les objectifs sont de renforcer la politique monétaire et d’accroître l’efficacité du système bancaire en améliorant l’intermédiation financière et l’accès au financement. La stratégie vise à améliorer le financement des PME, le financement rural, le financement immobilier et le financement à long terme. Le projet de renforcement du secteur de la micro finance sera centré sur : (i) le renforcement de capacité de surveillance ; (ii) le renforcement des institutions de micro finance ; (iii) la diversification du secteur financier ; (iv) la promotion de l’accès au crédit à travers un accès décentralisé au microcrédit ; et (v) la modernisation des marchés financiers (Banque mondiale, 2009a).

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44,9 % du bénéfice, ce qui est inférieur à la moyenne de 67,5 % des pays de l’Afrique subsaharienne. Il est supérieur au taux d’imposition total en Ouganda (35,7 %), en Afrique du Sud (30,2 %), et au Botswana (17,1 %). Il est inférieur au taux de la Tanzanie (45,2 %) et du Bénin (73,3 % ; Doing Business 2010). Néanmoins, le recouvrement et l’administration fiscale au Burkina Faso sont perçus comme étant contraignants (Graphique 1-10). Le recouvrement repose sur une population étroite de contribuables, ce qui indique que beaucoup d’entreprises fonctionnent de façon informelle et sont susceptibles d’échapper à l’impôt.

Graphique 0-9 : Coût de l’électricité au Burkina Faso et dans les pays voisins (en FCFA/KWh)

Source : Banque mondiale, EDIC 2007a.

Graphique 0-10 : Nombre de paiements d’impôt

Source : Doing Business 2010.

o La perception d’une fiscalité lourde a tendance à pousser les entreprises vers l’informalité, créant une concurrence déloyale pour les entreprises formelles à travers des coûts d’intrants plus faibles. Bien que seules les entreprises du secteur des services citent la

0 10 20 30 40 50 60

Afrique du Sud

Botswana

Ouganda

Burkina Faso

Tanzanieee

Nombre de paiements

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concurrence déloyale du secteur informel comme une contrainte majeure ou sévère (57,5 %), les entreprises des autres secteurs, tels que la fabrication et l’hôtellerie, sont également touchées par les pratiques du secteur informel (Banque mondiale, 2006a). La taille et la portée du secteur informel rendent ceci inévitable. Le secteur informel représente environ 30 % du PIB. Il emploie 80 % de la population active en milieu urbain et plus de 50 % de la population active en milieu rural, majoritairement dans les secteurs secondaire et tertiaire. L’informalité est prédominante dans le commerce, les transports, l’industrie alimentaire (restaurants), et les petites entreprises. Parce que les entreprises informelles ne se conforment pas à la réglementation (y compris la réglementation des importations), elles encourent des coûts d’intrants plus faibles, et sont par conséquent en mesure de vendre à des prix plus bas. Cela crée une concurrence déloyale pour les entreprises formelles.

o La perception de la corruption et le manque de confiance vis-à-vis du cadre réglementaire alimentent l’instabilité de l’environnement des affaires. Dans le classement 2008 de Transparence internationale (Transparency International), le Burkina Faso est classé 80ème sur 180 pays en matière de corruption, ce qui était une amélioration par rapport à 2007 où il était classé 105ème. Malgré cette amélioration, et selon l’ECI 2006, 55,4 % des entreprises du secteur formel, perçoivent la corruption comme étant l’une des contraintes majeures aux affaires dans tous les secteurs. Par ailleurs, les entreprises ont peu confiance dans la cohérence du cadre réglementaire et en l’impartialité du système judiciaire. Il y a un nombre insuffisant de tribunaux et de juges, ce qui entraîne une faible couverture judiciaire, avec la plupart des tribunaux concentrés dans les deux plus grandes villes. Les décisions des tribunaux subissent de longs retards, et elles ne sont pas toujours exécutées. Par conséquent, 63 % des entreprises pensent que l’interprétation et l’application des règlements ne sont pas prévisibles et 60 % des entreprises de production considèrent que les tribunaux sont inéquitables et corrompus. Pour répondre à ces problèmes, le Gouvernement s’est engagé dans des réformes pour améliorer la gouvernance et la gestion des finances publiques, pour accroître la responsabilité, la transparence, une allocation efficace des ressources et un meilleur fonctionnement du système de passation des marchés publics.39

o La compétitivité commerciale souffre de l’insuffisance des infrastructures de transport inappropriées et des prix élevés du transport. Le Burkina Faso est un pays enclavé dépendant de ses voisins (Côte d’Ivoire, Togo, Ghana et Bénin) pour ses activités d’exportation et d’importation, et 53,3 % des entreprises de secteur formel perçoivent les transports comme une contrainte majeure qui accroît leurs coûts d’exploitation (Banque mondiale, 2006a). Sur l’Indice de performance logistique (Logistics Performance Index), le Burkina était classé 122ème sur 178 pays. L’un des indicateurs de logistique les plus bas pour le Burkina est la qualité des infrastructures (WTI, 2008)40. Lorsqu’ils sont exprimés en dollars US par kilomètre, le prix des transports dans le corridor Tema/Accra – Ouagadougou (3,53 dollars US par km en moyenne) sont plus élevés que ceux des corridors de l’Afrique orientale (2,2 dollars US par km en moyenne) et de l’Afrique australe (2,3 dollars US par km en moyenne), (Teravaninthorn et Raballand, 2008). Malgré le relativement bon état du réseau routier, l’étendue des routes est limitée. Par exemple, en 1999, seuls 16 % environ des routes classées du Burkina Faso étaient pavées. Il est vrai que cela dépasse la moyenne de 12,7 % de l’Afrique subsaharienne. Toutefois,

39 Une nouvelle autorité de contrôle a été créée pour lutter contre la corruption. 40 Il est classé derrière le Bénin (89ème), l’Ouganda (83ème) et l’Afrique du sud (24ème).

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il est beaucoup plus faible que la moyenne de 66,4 % de l’Afrique du nord et du Moyen-Orient. Les routes sont également surchargées, 10 % du réseau routier véhicule 50 % du trafic. L’entretien des routes semble être sous financé.41 L’industrie des transports routiers fortement régulée – qui opère sur une base de rotation – contribue à l’accroissement des coûts de transport. Les aéroports de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso sont confrontés à des défis importants en ce qui concerne la capacité logistique pour le fret aérien. L’insuffisance des infrastructures affecte également le commerce transfrontalier. Selon les indicateurs Doing Business 2010, le Burkina est mal classé dans le commerce transfrontalier – 176ème sur 183 pays – en dépit de la reprise des corridors avec le Togo, le Ghana et le Bénin. En fin de compte, ceci peut aussi augmenter les coûts à l’exportation (2 262 dollars US par conteneur) et à l’importation (3 830 dollars US par conteneur) (Doing Business, 2010).42

o L’accès aux services des TIC est faible et cher. Plusieurs initiatives gouvernementales de 2005 à 2008 ont contribué à améliorer l’accès aux réseaux de communication mobile de 5,5 % à 14,5 %. Toutefois, les taux de pénétration globale pour la voix et les données sont faibles, et les prix élevés (Tableau 1-13). Les abonnés Internet du Burkina Faso ne représentaient que 0,1 % des habitants en 2007, moins que la moyenne subsaharienne qui est de 1,2 % (WDI, 2009). Une contrainte majeure au développement du secteur des TIC provient du faible accès aux capacités internationales, de la dépendance excessive envers les technologies de satellitaire et de l’absence d’un accès compétitif au câble SAT-3. Le manque de compétences en TIC agit également comme un frein à la compétitivité des entreprises. Une compétition plus efficace par le biais de réformes réglementaires dans le secteur des télécommunications et une meilleure utilisation des applications des TIC pourraient consolider le terrain pour accroître l’innovation et pour améliorer la capacité de concurrence internationale (Banque mondiale, 2009a).

Tableau 0-13 : Coûts des télécommunications au Burkina Faso

Burkina Faso Mali Bénin Niger Sénégal

Ghana

Nigeria

Coût moyen par minute (conventionnel) (FCFA) 29,5 15 23 25 21

s.o.

16

Coût horaire de la connexion Internet (FCFA) 1 180 500 1 320 3 000 1 770 500 s.o.

Coût moyen d’un appel international vers la France (FCFA)

236 450 564 945 140 s.o. s.o.

Source : Banque mondiale, EDIC 2007a.

o Les titres fonciers génèrent des incertitudes à propos de la propriété au Burkina, avec des conséquences négatives pour l’investissement privé. La propriété terrienne traditionnelle et communale (coutumière) est la règle, bien qu’en théorie toutes les terres appartiennent à l’État.43 La différence entre la propriété officielle et coutumière peut générer de

41 Le Gouvernement prépare actuellement une stratégie du secteur des transports pour 2011-2015. Un défi important pour le Gouvernement sera d’assurer un financement adéquat de l’entretien des futures routes. 42 Ces coûts sont supérieurs à la moyenne de l’Afrique subsaharienne – le coût à l’exportation est de 1 941,8 $ US par conteneur et le coût à l’importation est de 3 830 $ US. 43 La loi sur la réforme foncière et ses révisions de 1996 stipulent que les terres appartiennent en principe à l’État, mais elle permet la délivrance de permis d’aménagement et la possibilité de transférer la pleine propriété à des

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l’incertitude et de l’insécurité, et faire potentiellement obstacle à toute forme d’agriculture commerciale à moyenne ou grande échelle ou d’élevage intensif. Par ailleurs, il n’existe pas de cadastre rural fonctionnant correctement. Le manque d’accès sécurisé à la propriété foncière peut être une entrave à l’investissement privé dans l’irrigation et dans d’autres améliorations foncières. Il limite également l’accès au financement bancaire, parce que la terre ne peut pas être utilisée comme garantie. En 2006, reconnaissant le besoin de réformes foncières, le ministre de l’Agriculture mit l’accent sur le consensus croissant au sein du Gouvernement sur la sécurisation de l’accès à la propriété foncière (Banque mondiale, EDIC 2007a).44 La politique nationale adoptée récemment sur la sécurisation de l’accès à la propriété foncière dans les zones rurales est un pas en avant. Elle vise à (i) traiter, entre autres, les questions liées à l’accroissement de la productivité agricole et de l’élevage ; (ii) étendre les zones irriguées ; et (iii) résoudre les conflits fonciers (Ministère de l’Économie et des Finances du Burkina Faso, 2008). Il convient également de noter que, récemment, une nouvelle loi foncière a été adoptée pour permettre un régime de propriété à long terme, notamment par le bail à long terme, mais le système administratif qui accorderait ces baux immobiliers doit être établi. Ceci fournirait aux investisseurs privés une sécurité à long terme sur la propriété foncière et faciliterait l’accroissement de l’investissement privé.

o Le manque d’éducation et de services de santé peut nuire à la qualité de la main-d’œuvre et, par conséquent, à la productivité des entreprises. Malgré les améliorations dans l’accès à l’éducation, à la santé et à d’autres services de base (eau potable), le Burkina Faso est classé 176ème sur 177 pays sur l’Indice de développement humain (IDH) 2006. Les taux bruts de scolarisation ont augmenté de 41,7 % en 1999-2000 à 72 % en 2008. L’accès aux services de santé a été amélioré grâce à l’augmentation des dépenses publiques et est passé de 7,4 % en 2004 à 9,4 % en 2006. Cependant, le taux d’alphabétisation demeure en dessous de 30 % (28,7 % en 2007), et touche l’instruction et les compétences de la main-d’œuvre. Les écarts entre hommes et femmes diminuent. Néanmoins, d’importantes inégalités entre les sexes demeurent dans les taux de scolarisation, d’alphabétisation, d’achèvement de l’école primaire et d’accès aux services de santé. Il y a également un décalage perceptible entre les besoins du marché du travail et les politiques de l’éducation. Par ailleurs, des individus hautement qualifiés semblent avoir des difficultés à s’intégrer sur le marché du travail. La santé des travailleurs touche aussi la productivité et génère des coûts indirects dus à un absentéisme non négligeable.

Implications pour la compétitivité

o Les contraintes perçues sur l’environnement des affaires ont des coûts indirects45 pour les entreprises. En particulier, les contraintes liées aux transports, aux opérateurs privés ainsi que la gestion de certaines terres par les communautés villageoises (Banque mondiale, EDIC 2007a). 44 L’EDIC 2007 de la Banque mondiale a recommandé un programme selon lequel le Gouvernement pourrait (i) identifier des parcelles de terrain appropriées qui soient relativement exemptes de toute revendication coutumière ; (ii) dégager ces parcelles de toute autre revendication ; et (iii) définir les modalités juridiques et opérationnelles selon lesquelles ces parcelles pourraient être mises en réserve pour être louées à des investisseurs stratégiques pour une période de 30 ans ou plus. Il s’agit de soutenir l’investissement du secteur privé dans l’agriculture, l’irrigation et les activités d’élevage intensif. 45 Les coûts indirects comprennent les coûts de transport, les frais d’électricité (coût du carburant utilisé pour faire fonctionner les groupes électrogènes), les coûts des télécommunication, les coûts associés à l’environnement réglementaire (la somme (1) des intérêts payés dans les procédures bureaucratiques pour démarrer une entreprise et

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télécommunications, à l’accès à l’électricité, à la corruption, à l’informalité et au cadre réglementaire accroissent les coûts d’exploitation des entreprises et entravent leur compétitivité. Selon les données de l’Enquête 2006 sur les entreprises pour le Burkina, les coûts indirects et invisibles46 associés aux contraintes sur l’environnement des affaires s’élèveraient à 8,2 % du chiffre d’affaires des entreprises, comparés à 6,5 % au Bénin et 4,6 % au Mali (Tableau 1-14).

o L’inefficacité du système de transport et le manque de fiabilité de la fourniture d’énergie conduisent à des pertes non négligeables dans la production. Les coûts de transport représentent 2,2 % du chiffre d’affaires des entreprises. Les coupures d’électricité ont généré une perte d’environ 1,2 % du chiffre d’affaires des entreprises en 2005 (Tableau 1-14). Les entreprises de production au Burkina Faso ont été presque quotidiennement confrontées à des coupures d’électricité – en moyenne, 12,9 fois par mois – qui duraient en moyenne 1,5 heures (Banque mondiale, 2006a).47 Les télécommunications imposent un coût indirect supplémentaire de 0,7 % du chiffre d’affaires des entreprises.

Tableau 0-14 : Coûts indirects et cachés (% des ventes des entreprises)

Coûts indirects Coûts invisibles

Transport Télécom Douanes

Pertes dues aux coupures d’électricité

Coût du temps passé par les dirigeants à traiter des dispositions réglementaires

Coût de la corruption : pots-de-vin pour que le travail soit fait

Coût des mesures de sécurité

Total des

coûts indirects et invisibles

BurkinaFaso200648 2,23 0,70 1,63 1,20 0,05 1,48 0,86 8,20

Bénin 2004 - - 0,48 1,16 0,06 4,27 0,57 6,55

Mali 2007 1,96 0,86 0,26 1,39 0,05 0,24 0,12 4,60

Ouganda 2006 1,08 0,50 0,52 28,16 0,06 2,18 0,43 32,93

Zambie 2007 0,61 0,71 0,68 1,79 0,04 0,05 0,93 4,81 Source : Banque mondiale, Enquêtes sur les entreprises 2004-2007. Estimations fondées sur au moins 15 observations.

o En plus de générer un environnement des affaires incertain, la corruption engendre également des coûts supplémentaires pour les entreprises, en particulier pour les PME. Dans l’ensemble, les pertes associées à la corruption représenteraient 1,5 % des ventes des entreprises burkinabè. Elles représentent 0,2 % au Mali et 0,1 % en Zambie (Tableau 1-14). Les paiements informels (pots-de-vin) effectués par les PME sont mêmes supérieurs à la moyenne du secteur manufacturier. En outre, l’accès aux services de base semble favoriser la corruption. Selon l’ECI 2006, 16,7 % des entreprises ont reçu une sollicitation de pot-de-vin pour un

l’exigence de capital minimum, plus (2) les coûts de temps de dédouanement multipliés par le nombre estimé de déplacements) (WEF et Banque mondiale, 2009). 46 Les coûts invisibles sont les pertes, en pourcentage du chiffre d’affaires des entreprises, liées aux coupures d’électricité, aux réglementations contraignantes, à la corruption, et aux menaces à la sécurité. 47 Le temps de connexion aux réseaux électriques (nombre de jours entre la demande de branchement et la prestation de service) était en moyenne de 20 jours, plus long qu’au Sénégal (environ 12 jours) ou en Chine (environ 18 jours). 48 Les entreprises opérant dans le secteur minier ne sont pas incluses puisque, l’exploitation minière a commencé après la période de référence. L’enquête malienne de 2007 intègre les avis des sociétés minières. Le secteur minier représente l’un des moteurs de croissance du Mali depuis les années 1990.

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branchement téléphonique, 12,5 % pour un branchement à l’électricité, et 16,7 % pour une connexion au réseau hydraulique (Banque mondiale, 2006a).

o Le cadre réglementaire contraignant et imprévisible augmente aussi les coûts d’exploitation des entreprises. De façon globale, le temps passé par les dirigeants d’entreprises à traiter des dispositions réglementaires a été estimé à 0,1 % du chiffre d’affaires des entreprises. Au Burkina, le coût associé aux opérations de dédouanement était estimé à environ 1,6 % des ventes. Au Bénin, il est estimé à 0,5 %, au Mali à 0,3 %, et en Ouganda à 0,5 % Tableau 1-14). Le système fiscal burkinabè relativement compliqué crée une contrainte supplémentaire pour les entreprises en termes de temps passé à payer des impôts. Cela prend beaucoup plus de temps au Burkina Faso qu’en Ouganda ou en Tanzanie (Graphique 1-11). Pour les exportations, le temps au Burkina Faso est de 41 jours, alors qu’il est de 24 jours en Tanzanie, 37 jours en Ouganda, 30 jours au Botswana, et 30 jours en Afrique du Sud. Le temps pour les importations au Burkina est de 49 jours, comparé à 31 jours en Tanzanie, 34 jours en Ouganda, 41 jours au Botswana, et 35 jours en Afrique du Sud (Graphique 1-12 ; Doing Business, 2010).

Graphique 0-11 : Temps passé à payer les impôts

Source : Doing Business 2010.

0 50 100 150 200 250 300

Botswana

Ouganda

Tanzanie

Afrique du Sud

Burkina Faso

Heures par anan

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Graphique 0-12 : Temps pour les exportations et les importations

Source : Doing Business 2010.

o En outre, les coûts de sécurité s’ajoutent au total des coûts indirects. Ceux-ci ont été estimés à 0,9 % des ventes annuelles des entreprises, comparés à 0,2 % au Mali et 0,4 % en Ouganda (Tableau 1-14).

o En vue de traiter les contraintes macro et microéconomiques sur la compétitivité, les sections suivantes fourniront une analyse détaillée de leurs implications et formuleront des recommandations pour stimuler la diversification génératrice de revenus au Burkina Faso. La section 2 de ce chapitre analysera en détail les implications des fluctuations du TCER sur la compétitivité, et présentera des options de gestion du risque de ces fluctuations en fonction du marché. La section 3 identifiera les secteurs à fort potentiel de croissance qui peuvent offrir des possibilités pour réduire la dépendance sur la production de coton. La section 4 examinera en détail le cadre de politique de promotion des exportations et des investissements, et suggèrera une approche stratégique pour promouvoir la diversification, les exportations et les investissements.

0 10 20 30 40 50 60

Tanzanie

Ouganda

Afrique du Sud

Botswana

Burkina Faso

Nombre de jours

Temps pour les importations

Temps pour les exportations

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DYNAMIQUE DU TAUX DE CHANGE ET GESTION DU RISQUE

o La récente appréciation du franc CFA par rapport au dollar US et l’évolution des prix internationaux du coton ont soulevé certaines préoccupations concernant la compétitivité du secteur du coton et la viabilité de la croissance. Le secteur du coton Burkinabè est une source de revenus très importante pour les agriculteurs et de devises étrangères pour l’économie nationale. Le Burkina est membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dont la monnaie est rattachée à l’euro. Le coton est négocié sur les marchés internationaux en dollars, mais les agriculteurs ouest africains sont payés en francs CFA. Par conséquent, une fluctuation bilatérale dans le taux de change eurodollar a des conséquences importantes pour la rentabilité du coton dans la zone. Une appréciation de l’euro vis-à-vis du dollar augmente les coûts pour les agriculteurs au Burkina Faso, et compromet par conséquent, la compétitivité des producteurs de coton en érodant leurs marges de bénéfices. La compétitivité du Burkina a été rendue plus vulnérable aux chocs extérieurs en raison (i) de l’asymétrie des devises entre les prix à l’exportation et les coûts de production ; (ii) de la mauvaise performance du secteur cotonnier ; et (iii) d’une augmentation de l’IPC, y compris des biens non négociables.

Décalage des devises entre les prix à l’exportation et les coûts de production

o La volatilité accrue du taux de change réel pourrait entraver la compétitivité des pays à faible revenu dont les monnaies sont rattachées à l’euro. En prédisant que le taux de change euro/dollar est une proposition très risquée, la récente crise financière mondiale suggère une très forte volatilité alors que les investisseurs hésitent entre le statut de valeur refuge du dollar et les facteurs économiques fondamentaux tels qu’exprimés par le double déficit grandissant aux États-Unis. Depuis 2003, le dollar a baissé de plus de 30 % par rapport à l’euro. Une forte dépréciation du dollar américain vis-à-vis de l’euro depuis 2001 a été accompagnée par une tendance, à long terme, à la baisse du prix du coton sur le marché mondial. Bien que les prix mondiaux du coton aient été en général plutôt instables au cours des deux dernières décennies, il a eu des épisodes de baisse soutenue en 2002 et 2006 (Graphique 1-13). Les prix du coton ont connu une reprise en 2007, atteignant un pic de 0,9 euro par kilogramme à la mi-2008 (FMI, 2009). Cependant, ils ont de nouveau chuté depuis le début de la crise économique mondiale et pourraient continuer de baisser si les conséquences de la crise s’amplifient.

o On estime que la dépréciation de 30 % du dollar par rapport à l’euro depuis 2003 a réduit le bénéfice des sociétés cotonnières de 45 milliards de FCFA soit environ 1,5 % du PIB (FMI, 2007b). Les producteurs de coton gagnent moins, en raison des fluctuations des prix sur les marchés internationaux. Les coûts d’intrants comme la main-d’œuvre et les engrais, habituellement exprimés en francs CFA, ont augmenté en termes de dollars, nuisant davantage à la rentabilité.

o Le Burkina pourrait perdre sa position compétitive par rapport à ses principaux producteurs de coton concurrents, parce que ces derniers peuvent utiliser des ajustements

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de taux de change. Pour de nombreux exportateurs dont la monnaie n’est pas rattachée à l’euro – comme l’Égypte et la Tanzanie – l’ajustement du taux de change a contribué à une hausse des prix en devises intérieures. La dépréciation des monnaies a permis au mécanisme d’ajustement de maintenir la compétitivité dans le secteur. Le prix du coton converti en livre égyptienne a augmenté d’une livre (environ 0,18 dollar US) par kg au début des années 1980 à 6 livres (environ 1,07 dollar US) par kg au milieu des années 1990, jusqu’à environ 7 livres (environ 1,25 dollar US) par kg pour la saison actuelle. En shilling tanzanien, les prix internationaux du coton ont augmenté sans interruption depuis le début des années 1980 (ICAC, 2007). Par exemple, les prix du coton ont augmenté d’un prix moyen de 220 shillings tanzaniens (environ 0,16 dollar US) par kg de coton graines en 2005-2006, à 450 shillings tanzaniens (environ 0,33 dollar US) par kg en 2006-2007. Par ailleurs, puisque le coton du Burkina est vendu essentiellement aux pays d’Asie – dont la Chine – il est en concurrence avec des exportateurs comme les États-Unis (qui subventionnent le coton) et l’Ouzbékistan dont les monnaies ne sont pas rattachées à l’euro.

Graphique 0-13 : Prix intérieurs et internationaux du coton, 1999-2009

Source : FMI, 2009.

L’évolution du prix des produits non échangeables a-t-elle conduit au non-alignement du TCER ?

o Au Burkina, la forte augmentation du prix des produits non échangeables par rapport aux biens échangeables souligne les effets de l’évolution des taux de change. Une

140

150

160

170

180

190

200

210

220

230

240

1999/00 2001/02 2003/04 2005/06 2007/08

Prix mondial

Prix à la production

Prix du coton, 1999- 2009(en franc CFA par kilogramme)

Dernier prix Janvier 2009

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perspective désagrégée de l’IPC montre que de, 1997 à 2006, les transports et les communications ont connu une augmentation supérieure à l’augmentation moyenne du CPI, montrant un écart significatif entre les produits échangeables et non échangeables (Graphique 1-14). Cela s’est produit dans un contexte de résultats stagnants des produits échangeables. En raison de la base étroite des exportations du Burkina, le prix croissant des produits non échangeables illustre le choc du taux de change.49

Graphique 0-14 : IPC désagrégé au Burkina Faso, 1997-2006

Source : Les autorités burkinabè et le FMI, 2007.

o Les preuves concernant le non-alignement du taux de change effectif réel (TCER) au Burkina Faso sont mitigées.50 La méthodologie de la parité du pouvoir d’achat (PPA) et le modèle des équations du commerce suggèrent une surévaluation significative. Les preuves économétriques d’estimation à équation unique sont peu concluantes, avec des conclusions contraires dans la littérature (Annexe 1). Alors que la PPA suggère un non-alignement de 16 % de 1999 à 2008, le modèle des équations du commerce, basé sur l’élasticité et la méthodologie Engle Granger en deux étapes, estime que le CFA est surévalué de près de 20 % au cours de la même période. La détérioration des termes de l’échange tend généralement à déprécier le taux de 49 Une tendance commune dans l'analyse du défaut d'alignement est la dépendance excessive par rapport à l'IPC global comme le meilleur indice. Puisque l’IPC est largement représentatif des deux biens échangeables et non échangeables et facilement disponible sur une base mensuelle, il est couramment utilisé pour les pays en développement. Le WPI est fortement pondéré avec les biens échangés. Dans le cas du Burkina, l’utilisation d’un indice de prix qui est plus fortement pondéré avec les prix non échangeables serait manifestement la preuve de la mesure du non alignement. 50 Trois différentes méthodologies ont été utilisées pour analyser le défaut d’alignement du TCER : (i) une méthodologie de la PPA ; (ii) un modèle basé sur l’élasticité des équations du commerce ; et (iii) une estimation économétrique à équation unique utilisant la co intégration.

GRAPHIQUE 3 : IPC DESAGREGE DU BURKINA 1997-2006 (INDICE)

80.0

90.0

100.0

110.0

120.0

130.0

140.0

150.0

160.0

170.0

Jan-

97

Juil

-97

Jan-

98

Juil

-98

Jan-

99

Juil

-99

Jan-

00

Juil

-00

Jan-

01

Jui-

01

Jan-

02

Juil

-02

Jan-

03

Juil

-03

Jan-

04

Juil

-04

Jan-

05

Juil

-05

Jan-

06

Juil

-06

IPC global Nourriture et boissons

IPC à l’exclusion de la nourriture et des boissons Transport et communications

IPC principal (IPC à l’exclusion de la nourriture et du transport)

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change d’équilibre, tandis que le véritable taux de change réel s’apprécie pendant la même période, conduisant à des pertes de compétitivité. De même, les déficits croissants des comptes courants sont en corrélation avec la baisse des valeurs du taux de change d’équilibre, et une divergence par rapport à l’actuel taux de change effectif réel.

o Sur la base de la méthodologie de la PPA, il est estimé que le TCER a enregistré une appréciation cumulée de plus de 16 % de 1999 à 2008, principalement déterminée par un euro fort. En particulier, la méthodologie de la PPA montre un intérêt croissant et systématique du TCER depuis l’introduction de l’euro. Au cours de cette période, il y a eu des fluctuations occasionnelles, déterminées en partie par une inflation plus élevée au Burkina Faso que chez certains de ses partenaires commerciaux. Malgré des politiques monétaires prudentes de la BCEAO, l’inflation au Burkina était supérieure à la moyenne régionale de l’UEMOA en 2005 et en 2008, bien qu’elle fût inférieure à celles de pays à taux de change plus flexibles, tels que le Nigeria et l’Angola. Par exemple, en 2008, l’inflation d’IPC au Burkina était de 9,5 %. En comparaison, elle était de 5,4 % au Sénégal, 8,8 % au Bénin, 2,5 % au Mali, et d’une moyenne de 4,3 % pour l’UEMOA. De la mi-juillet 2008 au début 2009, il y a eu une légère dépréciation du TCER en raison des gains du dollar.51

o L’économétrie des séries chronologiques offre des résultats mitigés. Un rapport du FMI conclut que les mouvements des termes de l’échange, l’ouverture des échanges, la productivité et la consommation du Gouvernement peuvent expliquer en grande partie le comportement à long terme du TCER (FMI, 2008). Sur la base de ces fondamentaux, l’étude conclut que le TCER à la fin 2006 était très proche du niveau d’équilibre estimé. Une autre étude, qui utilise des méthodes de données de panel, conclut que le taux de change réel du Burkina Faso est soit proche de son niveau d’équilibre, soit sous-évalué. En utilisant un panel de huit pays de l’UEMOA, les auteurs constatent un certain degré de sous-évaluation du TCER. Néanmoins, ils trouvent aussi que – sur la base des estimateurs individuels et des estimateurs de panel – le TCER du Burkina Faso pourrait avoir été surévalué d’environ 9 % en 2006 (Roudet et al. 2007). Ceci contraste nettement avec les résultats obtenus en utilisant les estimateurs de panel, qui suggéraient une sous-évaluation allant de 1 à 24 %.52

51 Ceci est dû en grande partie au statut de zone protégée des obligations américaines pendant la crise financière. 52 Les résultats empiriques provenant de l’économétrie de l’équation unique sont plutôt mitigés, et sont soumis à une série de questions de méthodes et de données (Annexe 1).

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Graphique 0-15 : Évolution du TCER du Burkina Faso, 1994-2006

Source : FMI, 2007.

o Un indicateur de la surévaluation du taux de change réel du Burkina est le déficit continu et croissant du compte courant. Ce dernier – y compris les subventions – est passé d’environ 4 % du PIB en 1990 à 8,3 % en 2007 et 11 % en 2008. Ce chiffre dépasse la moyenne de l’UEMOA, qui était de 5,6 % en 2007 et 5,4 % en 2008 (FMI, 2009a; Graphique 1-16). La position du compte courant du Burkina s’est aggravée en raison des faibles performances de l’exportation et de la dépendance croissance envers l’aide internationale. Une sévère détérioration des termes de l’échange en 2003-2005, suivie d’une amélioration modeste en 2006-2009, a aussi contribué à l’accroissement progressif du compte courant.

o Le Burkina a réalisé des améliorations de revenus et des ajustements budgétaires mais pas assez pour réduire le déficit du compte courant. Bien que la moitié du financement du déficit budgétaire se fasse grâce aux subventions, l’écart des épargnes/investissements publics demeure important. Si le déficit était maintenu sur le long terme et financé entièrement par l’emprunt, la valeur actuelle nette (VAN) du ratio dette aux exportations dépasserait 60 % d’ici 2025, ce qui serait totalement insoutenable (FMI, 2007a).53 On pourrait envisager d’élargir le compte courant et d’augmenter l’aide si : (i) l’aide est utilisée pour financer des biens capitaux provenant de l’étranger pour contribuer à pousser la productivité dans le secteur des biens non échangeables (créer une réponse d’offre, qui améliorerait le compte courant à moyen terme) ; (ii) l’aide est utilisée de façon productive pour les investissements, par exemple les infrastructures ; et (iii) l’aide est sous forme de dons et ne conduit pas à un plus grand endettement. Le déficit du compte des cinq dernières années n’était que partiellement financé par l’emprunt, qui représentait environ 3,5 % du PIB. Toutefois, le déséquilibre structurel entre les exportations et les importations a des implications de viabilité négatives. La hausse du prix du pétrole et de l’énergie et l’accumulation de grands passifs nets sont de nouvelles manifestations comme une cause de déficit du compte courant. Que ce soit en comparaison avec la moyenne de l’UEMOA

53 Aux niveaux actuels, la VAN de la dette aux exportations dépasse le seuil à moyen terme, et les seuils de la dette globale sont supérieurs aux seuils de base.

GRAPHIQUE 4 : ÉVOLUTION DU TCER DU BURKINA APRÈS LA DÉVALUATION : 1994-2006

80,00

85,00

90,00

95,00

100,00

105,00

110,00

115,00

120,00

Jan-94 Jan-95 Jan-96 Jan-97 Jan-98 Jan-99 Jan-00 Jan-01 Jan-02 Jan-03 Jan-04 Jan-05 Jan-06

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ou des tendances passées, le déficit du compte courant n’est pas viable en raison des problèmes de solvabilité à long terme et des faibles résultats à l’exportation.54

Graphique 0-16 : Évolution du solde des paiements courants au Burkina Faso, 1984-2007 (% du PIB)

Source : FMI, 2008.

o Basé sur un modèle économétrique qui estime le taux de change d’équilibre fondamental (TCEF), le TCER coïncide avec et se différencie du TCEF au cours de la période 1980-2008. Au début de l’échantillon, le TCER est surévalué, puis converge vers l’équilibre, et pour diverger à nouveau (Graphique 1-17). Avant 1994, le franc CFA est nettement surévalué. Le plus haut niveau de surévaluation – plus de 20 % – est dans la dernière ligne droite avant la dévaluation de 1994, qui est alors suivie d’une sous-évaluation significative jusqu’à 1998. Après 2001, le TCER commence à être surévalué et, en 2008, le non alignement était proche de 20 % – reflétant le creusement du déficit du compte courant. Le mouvement du TCER coïncide étroitement avec les mouvements des termes de l’échange.55

54 Basée sur la méthodologie des équations du commerce, une dépréciation de 1 % du taux de change réel devrait accroître les exportations de 0,3 % et diminuer les importations de 1,1 %. L’élasticité des importations par rapport aux revenus étrangers était de -1,7 et l’élasticité des exportations par rapport au revenu intérieur était de 0,7. Chose surprenante, l’élasticité du revenu de la demande était négative, mais les statistiques -t sont insignifiantes. En 2007, les exportations de biens et de services constituaient 12,1 % du PIB, alors que les importations de biens et de services constituaient 25,6 % du PIB. Par conséquent, une diminution de 10 % du TCER augmenterait les exportations de 3 % ou de 0,4 % du PIB et diminuerait les importations de -11 % ou de 2,8 % du PIB, ce qui conduirait à un changement de 2,4 % dans le compte courant (voir l’Annexe 1 pour une description de la méthodologie). 55 Des indications théoriques et empiriques suggèrent que l’augmentation des déficits du compte courant est corrélée avec la diminution du taux de change d’équilibre.

GRAPHIQUE 5 : SOLDE DES PAIEMENTS COURANTS AU BURKINA : 1984-2007 (% DU PIB)

-16 -14 -12 -10

-8

-6

-4

-2

0

2

1984

1986

1988

1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

Solde des paiements courants (dont subventions) Solde des paiements courants (hors subventions)

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Graphique 0-17 : Évolution du TCER et du TCEF, 1980-2008 (%)

CHART: REER AND FEER 1980-2008

4

4.2

4.4

4.6

4.8

5

5.2

5.4

5.6

19801982

19841986

19881990

19921994

19961998

20002002

20042006

2008

REER FEER

Source : Calculs des auteurs.

o Comme prévu, le non-alignement actuel du franc CFA dû à la baisse du dollar, a des effets néfastes sur les performances à l’exportation burkinabè, en particulier sur celles du secteur du coton. Les facteurs suivants témoignent tous de la perte de compétitivité : (i) les déficits importants, persistants et croissants du compte courant ; (ii) l’augmentation du prix des biens non échangeables par rapport aux biens échangeables ; (iii) l’augmentation du taux de change effectif réel en termes de PPA de plus de 15 % depuis 1999 ; (iv) les pertes financières des égreneurs et l’augmentation significative des coûts d’exploitation des agriculteurs (avec les coûts libellés en francs CFA) ; et (v) la forte diminution de la production et les faibles performances des exportations, en particulier dans le secteur du coton. En outre, des résultats économétriques indiquent qu’une dépréciation importante est nécessaire pour restaurer la viabilité du compte courant. Tous ces facteurs suggèrent que des mécanismes de gestion du risque sont nécessaires pour réduire la vulnérabilité du Burkina aux chocs extérieurs.

o Des stratégies alternatives doivent être examinées à la lumière de la parité fixée contre l’euro et l’indisponibilité à court terme de l’ajustement du taux de change pour faire face aux chocs des termes de l’échange. Les pays à taux de change fixe comme le Burkina pourraient être confrontés à des pressions sur ces dispositions en raison de la faiblesse des exportations nettes. L’impact négatif de la hausse de l’euro sur l’économie burkinabè et sur d’autres économies productrices de coton, telles que le Niger et le Bénin, pourrait conduire à des demandes d’ajustements ou de nouvelles dispositions institutionnelles. La présence de chocs asymétriques au sein de la zone devra aussi être abordée au niveau régional. Au lendemain des crises alimentaire et financière, il est important qu’en plus des marchés financiers, les marchés de matières premières agricoles fassent partie de la réforme des systèmes de réglementations afin de sortir de la crise et d’éviter un futur bouleversement. Ces réformes pourraient aider les entreprises agricoles parapubliques et les agriculteurs à éviter la volatilité des prix et à renforcer leur situation budgétaire dans le sillage d’une telle volatilité.

GRAPHIQUE: TCER ET TCEF 1980-2008

TCER TCEF

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Une approche holistique de la gestion du risque du taux de change dans l’industrie de l’exportation du coton

o L’industrie du coton au Burkina Faso est composée de trois sociétés cotonnières qui fournissent des intrants pour la production de coton par des importations, exploitent des usines d’égrenage, et enfin exportent la fibre de coton. À travers ces prestations de services, les sociétés cotonnières ont aussi accès au crédit pour l’industrie du coton. Leurs besoins en capitaux de fonctionnement sont satisfaits par des prêts des fournisseurs d’intrants, des lignes de crédit d’un groupe local de banques (dont certaines ne sont pas sécurisées), ainsi que par le financement par un groupe international de banques contre l’endossement de contrats d’exportation et des accords de gestion de garantie. Les fournisseurs étrangers d’intrants agricoles tels que les engrais (achetés en gros) offrent un crédit de 270 jours, qui commence à partir des livraisons en mars. Les recettes de l’exportation sont reçues de décembre à mai (FSAP, 2008).

Encadré 0-4 : Approche holistique de la gestion du risque de taux de change dans le secteur du coton au Burkina Faso

o La compétitivité du secteur cotonnier a été rendue plus vulnérable aux chocs extérieurs en raison de la volatilité du taux de change franc CFA dollar US et des multiples transferts de fonds liés aux recettes de l’exportation et aux paiements de l’importation. Le taux de change est l’une des principales variables macroéconomiques qui ont un impact sur la

POUR LES EXPORTATIONS DE COTON AU BURKINA FASO

Fev Avr Avr Juin Août Oct Dec

270 Day Supplier Credit on Imported Fertilizers

Export Proceeds Materialize

Prix à la production annoncé

EUR-USD FORWARD EXCHANGE RATE CONTRACT EXECUTED IN APRIL:Hedged USD Amount = 85% Annual Production Estimate – Imports Ordered

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GESTION DU RISQUE DE TAUX DE CHANGE

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Crédit fournisseur de 270 jours sur les engrais importés

Les recettes d’exportation se matérialisent

Commandes d’importations d’engrais placées Recettes d’exportations en dollars

US échangées contre des fonds en euro à l’échéance du contrat à terme

forward contract

-CONTRAT DE TAUX DE CHANGE À TERME EN EUR-USD EXECUTÉ EN AVRIL :Montant en USD couvert = 85 % des estimations de production annuelle – Importations commandées

Mar Sep Nov Jan

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compétitivité globale de l’économie ainsi que sur la dynamique du coton et les performances du secteur. Le coton est négocié en dollars sur les marchés internationaux, mais les agriculteurs ouest africains sont payés en francs CFA. Une appréciation de l’euro par rapport au dollar nuit à la compétitivité des producteurs de coton en érodant leurs marges de profit. L’appréciation de l’euro, ajoutée à une augmentation d’IPC, a conduit à des difficultés budgétaires pour les producteurs de coton. Un taux de change défavorable nuit à la viabilité financière du secteur, et a des effets négatifs sur la pauvreté. Actuellement, il n’existe aucun mécanisme pour compenser les paiements des importations en dollars US par rapport aux recettes des exportations en dollars US avant la conversion en francs CFA par les sociétés d’égrenage de coton du Burkina.

o Le secteur du coton au Burkina Faso est confronté à la volatilité du taux de change et aux coûts de transactions du marché aux deux extrémités de la chaîne de valeur du coton. Les exportations et les importations du Burkina, c’est-à-dire le coton et les engrais, sont négociés sur les marchés mondiaux en dollars. Actuellement, il n’existe pas de mécanisme pour compenser les paiements des importations par rapport aux recettes des exportations en dollars US avant la conversion de la devise en francs CFA par les sociétés d’égrenage de coton burkinabè. Les sociétés d’égrenage de coton sont confrontées à des coûts de transaction de conversion de devise lorsqu’elles achètent en francs CFA par rapport à leurs recettes d’exportations en dollars US et lorsqu’elles réintègrent les marchés de change pour acheter des dollars pour leurs intrants d’engrais. Par conséquent, l’exposition à la volatilité du taux de change du Burkina est aggravée par les transactions répétées en provenance et vers le dollar US. Cet impact des coûts de transactions sur les marges de profit des producteurs de coton du Burkina Faso n’est pas négligeable.

o Afin de lutter contre la volatilité du taux de change, les sociétés d’égrenage du Burkina Faso doivent adopter une stratégie d’atténuation du risque fondée sur trois critères. En utilisant une stratégie à plusieurs volets, les sociétés d’égrenage burkinabè devraient : (i) réduire le nombre de coûts de transactions francs CFA/dollars US dus aux transactions répétées de taux de change pour convertir le franc CFA en dollar US pour les paiements d’importation en début de saison et pour convertir le dollar US en franc CFA pour les recettes d’exportation en fin de saison. Ceci pourrait se faire par la création d’un compte en dollars US où les recettes d’exportation et les paiements d’importation d’intrants pourraient être compensés avant la conversion en devise locale ; (ii) utiliser les instruments de financement commercial libellés en dollars US pour minimiser le décalage entre l’offre de devises provenant des entrées en dollars (recettes d’exportation) et la demande générée par les sorties (importations d’intrants). L’utilisation de lettres de crédit libellées en dollars US pour l’importation contre des lettres de crédit libellées en dollars US pour l’exportation, facilitera la gestion du flux de trésorerie sans nécessairement répéter les transactions de conversion de devises sur les marchés de taux de change en dollars US/francs CFA ; et enfin, (iii) couvrir les recettes d’exportation nettes en dollars US après le placement des commandes d’importation d’engrais contre les recettes d’exportation prévues sur la base des estimations de production annuelle de coton. Le Burkina Faso peut utiliser son taux de change fixé à l’euro et accéder au marché à terme EUR/USD, qui est profond et liquide. La couverture des prévisions de recettes d’exportation en dollars US par rapport au taux de change au début de la saison couvrira effectivement l’exposition dollars US/francs CFA pour les sociétés d’égrenage de coton.

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Conclusions et recommandations de politiques Étape 1 – Les sociétés d’égrenage de coton doivent réduire les coûts de transactions de la conversion de devises francs CFA/dollars US en ouvrant des comptes en dollars US pour compenser des paiements nets à l’importation avec des recettes d’exportation.

o Finalement, les agriculteurs burkinabè supportent l’exposition au risque de devise par un coût accrue des intrants. Les marges des agriculteurs après le paiement des intrants ont connu une baisse constante au cours des dernières années (FSAP, 2008). Actuellement, les sociétés d’égrenage répercutent efficacement les prix d’importation qui sont liés au taux de conversion du dollar, sans aucune mesure pour l’atténuation de la volatilité du taux de change. Par conséquent, les agriculteurs sont confrontés à des paiements élevés pour les importations en devise locale, non seulement en raison de la hausse des prix mondiaux du pétrole qui ont conduit à l’enrichissement des engrais, mais aussi en raison de la volatilité du taux de change EUR/USD. Le manque de mesures d’atténuation du risque de taux de change par les sociétés d’égrenage burkinabè empêche aussi la protection les banques locales qui font face à moins de risque de devise mais à un risque de défaillance plus élevé.

o Les sociétés d’égrenage de coton doivent demander l’autorisation du ministère des Finances pour ouvrir un compte de devises libellé en dollars US. L’ouverture d’un compte en dollars US par les sociétés d’égrenage de coton pour collecter les recettes d’exportation et effectuer les paiements d’importation réduira considérablement les coûts de transactions associés aux conversions répétées de devises. Au niveau du Gouvernement, les autorités burkinabè peuvent faciliter la création d’un compte libellé en dollars US pour les trois principales sociétés d’égrenage pour que les recettes d’exportation du coton soient utilisées pour effectuer les paiements d’importation. Les recettes d’exportation doivent être converties en francs CFA seulement après avoir effectué les paiements des importations en dollars US à la fin de la saison.

Étape 2 – Les sociétés d’égrenage du Burkina doivent minimiser les asymétries de devises pour les recettes entrantes et les paiements sortants par des lettres de crédit libellées en dollars US pour les importations et les exportations.

o L’efficacité des transactions en utilisant des instruments de financement commercial pour réduire l’incidence de volatilité du taux de change sur les coûts commerciaux des sociétés d’égrenage de coton peut se traduire par des avantages immédiats pour le secteur cotonnier du Burkina. Les marchés internationaux du coton, comme les marchés de l’engrais, sont libellés en dollars US. Les sociétés d’égrenage de coton doivent institutionnaliser un schéma de financement commercial qui compense les paiements d’importations en dollars US avec les recettes d’exportations en dollars US avant la conversion de devises en francs CFA, évitant des frais de transactions considérables dans la conversion de devises au détriment de la rentabilité du secteur cotonnier.

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o Les instruments de financement commercial tels que les lettres de crédit pour les transactions d’importation et d’exportation doivent être libellés en dollars US. En vertu de cette disposition, les banques internationales et les fournisseurs d’intrants qui apportent le financement pour les importations devraient utiliser le dollar US comme devise de base pour les lettres de crédit. Les sociétés d’égrenage de coton doivent utiliser leurs recettes en dollars de fin de saison pour compenser ces paiements. La conversion du franc CFA en dollar US lorsque les paiements d’importations arrivent à échéance conduit à l’exposition du taux de change dollar US/franc CFA et à l’incertitude (entre le moment où les commandes d’importations sont placées et le point de conversion de devise au moment du paiement) du coût réel des importations en devise locale. Enfin, les sociétés d’égrenage peuvent gérer le calendrier du flux de trésorerie entrant contre le flux sortant, en instituant un régime de financement commercial dans lequel les lettres de crédit d’exportation sont des instruments à échéance plus courte que les lettres de crédit d’importation à échéance plus longue (qui permettent actuellement 270 jours de crédit).

Étape 3 – Couvrir les recettes d’exportations nettes contre la volatilité du taux de change en utilisant des contrats de taux de change à terme sur les marchés de change en USD/EUR

o Les recettes d’exportations nettes peuvent être couvertes contre le risque de change en début d’année en utilisant des instruments dérivés tels que le contrat à terme. Étant donné le grand nombre de transactions dans le secteur cotonnier qui utilisent le crédit comme moyen de financement, une comptabilité exacte des prévisions des recettes d’exportation et des paiements d’importation engagés peut se traduire par une visibilité accrue des recettes nettes arrivées à échéance à la fin de la saison cotonnière. Dès que les recettes nettes ont été calculées, ce montant peut être couvert contre la fluctuation du taux de change en utilisant un instrument dérivé tel que le contrat à terme. Les contrats de change à terme sont utilisés par les participants sur le marché pour s’assurer du taux de change dans le futur. Un contrat à terme est une obligation ferme pour un échange de fonds à une date ultérieure et il n’y a pas de paiement d’avance. En fin de saison, les sociétés d’égrenage de coton du Burkina peuvent convertir les recettes d’exportation nettes des dollars US en euros sur la base du taux de change à terme convenu. Les transactions impliquant les instruments dérivés comme le contrat à terme devront être effectuées sur les marchés en EUR/USD puisque les marchés dérivés pour les devises émergentes comme USD/FCFA ne sont pas très liquides ou très profonds.

o Le Burkina Faso a la possibilité de tirer parti de sa parité fixe du taux de change du franc CFA rattaché à l’euro pour accéder au marché de change EUR/USD, qui est l’un des marchés de devises étrangères les plus liquides. Avant la crise financière de 2008, les marchés à terme fixaient en moyenne le prix des contrats en EUR/USD aux taux très compétitif de 5 pips (1 pip = 1 % de 1 % du montant couvert) par rapport aux taux sur l’écran. Le contrat à terme doit étudier prendra en compte les risques économiques liés à la volatilité des taux de change et les impacts imprévus sur les bilans des sociétés d’égrenage dans le futur. Enfin, pour répondre aux préoccupations découlant des risques liés au prix du coton (marché, qualité), aux pertes dues au stockage et aux transports locaux, et aux frais d’acheminement et de livraison finale (FSAP, 2008), les GPC devraient couvrir 80 à 85 % des recettes nettes prévues en laissant non couvertes les recettes restantes. Ceci permettra d’éviter aux sociétés d’égrenage d’être sur protégées à l’échéance du contrat à terme.

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o Compte tenu de l’historique du bilan des sociétés d’égrenage du Burkina Faso, le Gouvernement devra jouer le rôle de garant au début pour que les sociétés d’égrenage puissent recevoir des prix efficaces sur les contrats à terme. La solvabilité est une exigence essentielle des banques concluant des transactions à terme à cause du risque de contrepartie, c’est-à-dire l’incapacité de livrer des fonds à la future date de livraison. Le Gouvernement devra fournir des garanties pour que les banques acceptent de négocier avec les sociétés cotonnières dans des transactions de taux de change à terme qui sont à très forte intensité de crédit. À moyen et long terme, à mesure que la capacité de gestion du risque des sociétés d’égrenage de coton s’accroît par la formation et l’expérience, l’utilisation des lettres de crédit d’exportation comme garantie peut servir à satisfaire les préoccupations de crédit des banques qui concluent des contrats à terme avec les sociétés d’égrenage du Burkina. Au fil du temps, les sociétés d’égrenage peuvent établir leur historique de crédit et utiliser, pour exécuter le contrat à terme en USD/EUR, les mêmes institutions bancaires qui détiennent leurs lettres de crédit d’exportations (qui peuvent servir de garantie).

Étape 4 – L’instauration d’une unité de gestion du risque au sein des sociétés d’égrenage de coton est nécessaire pour assurer une stratégie de gestion du risque transparente et efficace tout en répondant aux contraintes de capacité locale.

o Les sociétés d’égrenage devront créer une unité interne de gestion du risque avec un spécialiste de la gestion du risque à la tête d’un bureau de deux personnes pour gérer les négociations de financement commerciale et les rôles de gestion de trésorerie. Alors que le responsable de la gestion du risque, communément appelé « risk manager » en français, devra être familier avec l’exécution de transactions sur les marchés de change, le rôle de gestion de trésorerie devra optimiser l’utilisation du compte en dollars US pour les paiements entrants et sortants à la fin de l’année. En outre, la négociation des instruments de financement commercial pour gérer le calendrier des paiements entrants et sortants via les lettres de crédit nécessitera un professionnel de la banque chevronné. Une unité de trois personnes logée au sein d’une société d’égrenage devra être capable d’exécuter la stratégie de gestion du risque, décrite dans cette section.

o En conclusion, le secteur du coton du Burkina Faso dépend de la coopération entre les sociétés d’égrenage de coton et le Gouvernement pour instaurer les mécanismes nécessaires requis pour une gestion efficace du risque. À court terme : les sociétés d’égrenage de coton du Burkina Faso devraient demander l’autorisation du ministère des Finances pour ouvrir des comptes en dollars US et importer les paiements nets à l’importation contre les recettes d’exportation avant toute conversion de biens en devise locale. À moyen terme : il est nécessaire de développer des capacités de financement commercial au niveau de la société d’égrenage de coton pour négocier et gérer l’échéancier des paiements entrants et sortants via les lettres de crédit liées aux besoins d’importation et d’exportation du secteur du coton. À long terme : l’industrie du coton aura besoin de l’autorisation des autorités pour exécuter des contrats à terme de devise pour couvrir leurs recettes d’exportations nettes en dollars US en avril, après avoir placé les commandes d’importation d’engrais contre les recettes d’exportations d’engrais projetées sur la base des estimations de production annuelle de coton.

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Tableau 0-15 : Responsabilités du bureau de gestion du risque de la société d’égrenage de coton

RÔLE

RESPONSABILITÉS

Responsable de la gestion du risque (« risk manager »)

• Une fois par an, acheter un contrat à terme USD/EUR pour changer les recettes nettes du dollar US en euro pendant le mois de mars de l’année suivante après avoir finalisé les estimations de production et placé les commandes d’importation.

• Publier des déclarations trimestrielles avec le solde et les détails du flux de trésorerie du compte en dollars US.

Spécialiste de finance commerciale

• Développer et gérer le calendrier pour les commandes d’importation et les prévisions de recettes d’exportation.

• Négocier des lettres de crédit et des garanties avec des banques internationales sur les transactions d’exportation et d’importation.

Spécialiste de la gestion de trésorerie

• Exécuter la fonction de gestion de trésorerie pour le compte en dollars US avec les recettes d’exportation entrantes et les paiements d’importation sortants.

• Convertir les recettes d’exportation nettes d’EUR en FCFA en utilisant le taux de change rattaché.

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OPTIONS POUR UNE DIVERSIFICATION GÉNÉRATRICE DE REVENUS

Résultats des exportations au Burkina Faso

o L’enclavement et la trop grande dépendance des exportations de coton sont perçus comme des entraves à la compétitivité et à la croissance du commerce du Burkina Faso. Malgré les réformes des années 1990, la diversification n’est pas encore survenue au Burkina Faso. Les expériences de pays similaires démontrent que le cœur du développement se situe dans la réalisation de l’équilibre critique entre l’efficacité des réformes d’amélioration et la diversification économique (Commission sur la croissance et le développement, 2009). Les retombées imminentes des découvertes de nouveaux gisements de métaux semblent promettre une transformation structurelle de l’économie en dehors du coton. Cependant, cette découverte peut être une arme à double tranchant susceptible de contrecarrer une croissance durable et inclusive dans les économies riches en ressources naturelles. Le défi d’une diversification génératrice de revenus reposera d’une part sur la maximisation de la croissance dans une économie fondée sur le coton non cardé et les métaux, et d’autre part, sur la réduction de l’hyper dépendance envers ces produits primaires par la promotion la diversification dans des exportations agricoles plus sophistiquées. Ceci est, sans aucun doute, un défi difficile à relever, mais il semble être la seule approche capable de lancer l’économie sur une trajectoire de croissance accélérée et durable qui hisserait le Burkina Faso au niveau des pays à revenu intermédiaire.56

o Au Burkina, il y a une corrélation négative entre la concentration des exportations et les niveaux de revenus (Graphique 1-18). Cependant, aucune des mesures de concentration économique et d’exportation, n’est capable de fournir des indicateurs de politiques spécifiques au pays au delà de l’idée générale selon laquelle la diversification est bonne pour la croissance. L’indice de Herfindahl-Hirschmann (IHH) 57,58 a été supérieur à 0,5 dans les cinq dernières 56 Cette section fournit une approche analytique pour la conception d’une stratégie de diversification économique, qui met l’accent sur la diversification des exportations. L’approche recommandée peut être mise à profit par le Gouvernement du Burkina Faso pour guider les politiques de diversification économique. Elle s’appuie sur une vision prospective qui suppose que le statu quo offre des conditions nécessaires mais insuffisantes pour la diversification économique. Elle repose sur des indications provenant du Burkina Faso et des économies comparables qui suggèrent que la diversification va vraisemblablement nécessiter un certain niveau de facilitation de la part du Gouvernement dans le domaine des biens publics. Cette section utilise une combinaison de concepts conventionnels et non conventionnels éprouvés pour concevoir des options. Les données utilisées se rapportent au commerce. 57 Le Graphique 1-19 représente la relation en forme de U entre la concentration économique à l’exportation et le revenu par habitant selon l’hypothèse de Imbs et Wacziarg (2003). 58 L’indice de Herfindahl-Hirschmann calcule simplement la somme des parts au carré de la variable en question, dans ce cas les

parts d’exportation, ou

∑=

=N

i

isHERFINDAHL1

2

avec is comme étant la part des exportations totales attribuées au secteur ITH. Elle est située entre 0 et 1 alors que la proximité avec 0 indique une bonne diversification des exportations. L’IHH indique qu’il y a deux facteurs qui peuvent mener à un faible IHH : un accroissement du nombre de produits ou une distribution plus équitable des parts des produits. Pour le reste de cette étude, il sera utile de penser à la diversification en termes de seuils. Les économies ayant des paniers d’exportation extrêmement diversifiés sont susceptibles d’avoir des indices de Herfindahl-Hirschmann inférieurs à 0,10, tandis que celles qui ont des paniers d’exportation concentrés sont au-dessus de ce seuil.

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années. Ceci indique que le Burkina Faso a hautement concentré ses exportations dans une gamme de revenus relativement plus étroite comparées aux économies plus riches. À contrario, Singapour, le Brésil, le Chili et le Mexique ont en général très fortement diversifié leurs paniers d’exportations, par conséquent, ils ont des indices IHH inférieurs à 0,10 sur une large gamme de revenus (Graphique 1-19).

Graphique 0-17 : La relation entre l’indice de Herfindahl-Hirschmann de concentration des exportations et le revenu par habitant

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Calculs des auteursSource de données : UN Comtrade (SITC Rev. 2 – 4 digit) et la Banque mondiale (indicateurs du développement dans le monde)

PIB par habitant et diversification des exportations, 2000-2004

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Calculs des auteursSource de données : UN Comtrade (SITC Rev. 2 – 4 digit) et la Banque mondiale (indicateurs du développement dans le monde)

PIB par habitant et diversification des exportations, 2000-2004

Source : Calculs des auteurs, COMTRADE, SITC 2- 4 digit. RWA - Rwanda, BFA - Burkina Faso, MLI - Mali, CHN - Chine, BRA - Brésil.

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53

Graphique 0-18: Tendances de l’indice de Herfindahl-Hirschmann

Source : Calculs des auteurs, COMTRADE, SITC2-4 digit.

o L’avantage comparatif naturel du Burkina dans le coton a renforcé sa concentration d’exportations en coton non transformé.59 Entre 1976 et 2006, l’IHH du Burkina a augmenté de 0,2 à 0,6 en raison d’un accroissement de la part de coton de 32 à 82 %. Durant la même période, l’IHH du Rwanda est passé de plus de 0,7 (lorsque le café était l’exportation prédominante) à environ 0,4 (lorsque les exportations de métaux sont devenues tout aussi importantes). En lien avec les autres exportateurs de café et de métaux en dehors de l’Afrique et qui sont plus diversifiés et plus riches, le niveau de l’indice au Burkina Faso reste très élevé. Des pays plus riches comme le Guatemala, le Nicaragua, la Malaisie, la Chine et le Sri Lanka ont des indices Herfindahl-Hirschmann inférieurs à 0,10.60

o La diversification des exportations de produits manufacturés au Burkina a été négligeable, la majeure partie de ses exportations a été concentrée sur les produits primaires pendant plus de deux décennies. Les exportations provenant des pays de l’OCDE sont composées en grande partie de produits manufacturés, tels que les produits de faible, moyenne et haute technologie (FT, MT, et HT). Lall (2000) a suggéré que ces types d’exportations sont technologiquement supérieurs et ouverts à la croissance durable, en raison de leurs prix relativement stables et de la demande mondiale croissante. De 1980 à 2006, la part des produits basés sur les ressources (BR) et des produits de FT a augmenté de façon marginale au Burkina Faso, car les exportations de produits comme le sucre (FT) et les métaux (BR) ont augmenté de façon plus conséquente. En revanche, au Bangladesh et au Vietnam, il y a eu une nette augmentation dans la part des produits de FT, MT et HT. Ceci était également vrai pour les exportations de l’OCDE, qui ont principalement évolué de produits de FT à des produits de HT. Cependant, les produits primaires (PP) et les produits BR dominent toujours dans l’ensemble de 59 La culture de produits agricoles, autres que le coton, est orientée majoritairement vers la consommation intérieure. Le secteur manufacturier contribue à seulement environ 12 % du PIB. 60 Bien que l’indice de Herfindahl-Hirschmann fournisse une mesure de la concentration des exportations, il n’offre pas de conseils sur la combinaison de produits à exporter.

Indice Herfindahl-Hirschmann de concentration des exportations

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Bénin Burkina Faso GuatemalaMali Rwanda Sri LankaTunisie Malaisie Nicaragua

Indice Herfindahl-Hirschmann de concentration des exportations

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1996

1998

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2002

2004

Indi

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Bénin Burkina Faso GuatemalaMali Rwanda Sri LankaTunisie Malaisie Nicaragua

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54

l’Afrique subsaharienne. Néanmoins, la plupart des régions se sont diversifiées au détriment des exportations de produits primaires ou naturels BR (Graphiques 1-20 et 1-21).

Graphique 0-19 : La diversification dans toutes les régions61

Graphique 0-20 : La diversification et la sophistication des exportations au Burkina Faso

1980-84

0% 20% 40% 60% 80% 100%

BFA

PRY

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MLI

BEN

NIC

BGD

PP RB LT MT HT

2000-06

0% 20% 40% 60% 80% 100%

BFA

PRY

VNM

GTM

MLI

BEN

NIC

BGD

PP RB LT MT HT

Source : Calculs des auteurs, COMPTRADE, SITC2 – 4 digit. Paraguay (PRY), Salvador (SLV), Burkina Faso (BFA), Togo (TGO), Tchad (TCD)

o La classification de la technologie est utile pour relier un produit exporté au niveau des revenus de ses exportateurs, mais ses conséquences doivent être interprétées avec précaution parce que cette classification laisse supposer que, pour un pays comme le Burkina Faso, les exportations de produits manufacturés pourraient être la seule voie vers 61 ASS, sans l’Afrique du Sud.

0.2

.4.6

.81

First_EA OCDE ZA ALC ASS sans RSA

First EA: HKG, TWN, KOR & SGP

Catégories techno 1990-95

HT MT FT BR PP

0.2

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First_EA OCDE ZA ALC ASS sans RSA

First EA: HKG, TWN, KOR & SGP

Catégories techno 2000-04

HT MT FT BR PP

Composition des Exportations Régionales

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First EA: HKG, TWN, KOR & SGP

Catégories techno 1990-95

HT MT FT BR PP

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Catégories techno 2000-04

HT MT FT BR PP

Composition des Exportations Régionales

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Catégories techno 1990-95

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HT MT FT BR PP

Composition des Exportations Régionales

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Catégories techno 1990-95

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Catégories techno 1990-95

HT MT FT BR PP

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Catégories techno 2000-04

HT MT FT BR PP

Composition des Exportations Régionales

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55

le développement économique.62 Des produits tels que le coton, le poisson et les fruits sont tous classés comme « primaires ». Cependant, les niveaux de revenus des ménages qui produisent ces produits sont considérablement plus élevés que cette classification pourrait impliquer. La demande mondiale pour ces produits – contrairement au coton non transformé – augmente à mesure que les pays s’enrichissent et consomment davantage de produits frais. Ces produits n’ont pas de bons substituts. Leurs exportations reflètent un certain niveau de sophistication technologique que l’exportateur doit acquérir afin de se conformer aux normes strictes phytosanitaires des pays à revenus élevés. En outre, les exportations de ces produits indiquent les capacités nationales qui peuvent également être utilisées pour produire des produits similaires à revenu élevé. Ils pourraient aussi générer des liens en aval, comme dans le cas des industries de filetage de poisson et de mise en conserve et d’emballage de produits frais qui jettent les fondations d’une industrie légère.63

Sophistication des exportations

o La sophistication des exportations est faible au Burkina Faso. Pour identifier les possibilités d’exportations génératrices de revenus, Hausmann, Hwang et Rodrik (HHR) (2007) ont conçu une mesure innovante de sophistication à l’exportation appelée PRODY. Elle fournit un lien mesurable entre un produit donné par un pays qui exporte et son niveau de revenu (Encadré 1-5).64

o Le coton non transformé a un PRODY faible, ce qui indique la nécessité pour le Burkina de diversifier ses exportations en produits ayant un PRODY élevé. Entre les années 1970 et 2007, la structure des exportations de marchandises du Burkina Faso a évolué vers des produits à faible PRODY. Le coton non transformé, produit d’exportation principal et traditionnel du Burkina, a un PRODY de seulement 1 500 (Encadré 1-5). De 2000 à 2003, les exportations de coton non transformé constituaient une part d’environ 65 %, part qui a augmenté à 80-87 % dans les années 2004-2006. Le PRODY bas du coton non transformé est principalement dû au fait que, comme le Burkina, de nombreux autres pays à faible revenu comme l’Ouganda et le Bénin, exportent une grande quantité de coton non transformé. En revanche, le PRODY des fruits, du poisson et du bois est supérieur à celui des produits de faible technologie (Encadré 1-5). Bien que les exportations de légumes, de fruits et du sucre du Burkina Faso, aient un PRODY relativement élevé, leur part à l’exportation demeure faible.65 Puisque le

62 Ce message est également repris par des chercheurs qui pointent le facteur « Afrique » comme étant la principale cause du sous-développement d’un pays exportateur de produits primaires tel le Burkina Faso. 63 La classification de Leamer classe les produits en 10 secteurs sur la base de leurs intensités de facteur relatives et sous-tend un autre lien entre ce qu’un pays exporte et sa richesse (Leamer, 1984). Les catégories de Leamer sont les suivantes : pétrole, matériaux premières, produits forestiers, agriculture tropicale, produits d’origine animale, céréales, produits à haute intensité de main d’œuvre, produits à forte intensité de capital, machines, produits chimiques. Cette classification suggère que les pays riches exportent plus de produits à forte intensité de capital. Malheureusement, cette classification n’est pas très utile pour le Burkina Faso dans la mesure où le coton non transformé n’entre pas explicitement dans l’une des 10 catégories. La diversification au sein du secteur est difficile à analyser alors qu’en fait, elle peut offrir les meilleures possibilités de diversification des exportations génératrice de revenus pour le Burkina Faso. 64 Un niveau de ventilation plus fin (SITC2 4 chiffres – environ 800 produits). En l’absence de données solides sur la production, ces mesures reposent sur les données d’exportation. 65 Un produit à PRODY élevé ne peut accroître les revenus que s’il a une part d’exportation suffisamment grande.

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56

PRODY d’un produit est identique pour tous les pays, le Burkina Faso gagnerait à exporter des produits à plus fort PRODY comme le font d’autres pays à revenu intermédiaire.66

o Le PRODY révèle que les produits manufacturés ne constituent pas nécessairement une condition préalable pour la croissance au Burkina Faso à court et moyen terme. En fixant un niveau de revenus à chaque produit, il permet de différencier les exportations du sésame de celles du coton et si la diversification dans le sésame pourrait accroître à long terme le revenu par habitant du Burkina Faso. Le PRODY élevé des fruits par rapport à celui du coton brut suggère que ceux-ci pourraient être un candidat prometteur à la stratégie de diversification pour les agriculteurs burkinabè. Tenter le bond de l’agriculture vers l’industrie ne serait pas réaliste à moyen terme. La transformation structurelle au sein du secteur agricole pourrait être compatible avec le niveau actuel de développement du Burkina Faso. Toutefois, à long terme, la diversification génératrice de revenus devrait être pris en compte dans les produits à PRODY plus élevé.67

o Le potentiel de revenu global du panier des exportations du Burkina Faso demeure faible par rapport aux exportateurs de coton de pays enclavés en dehors de l’Afrique subsaharienne. Ceci se reflète dans le faible revenu par habitant malgré les taux de croissance élevés des deux dernières années (Graphique 1-23). L’EXPY du Burkina Faso (en PPA) qui était de 1 700 en 1976, est monté à 2 900 en 1995, avant de retomber à 870 en 2006. Il était inférieur aux tendances de l’EXPY dans les pays enclavés et à faible revenu tels que la RDP Lao, le Paraguay (enclavé et exportateur de coton), le Nicaragua (exportateur de coton), le Guatemala (exportateur de coton) et le Bangladesh68 (Graphique 1-24). La tendance à long terme de l’EXPY du Burkina est presque stagnante, ce qui souligne la prédominance des exportations de coton non cardé avec un PRODY de seulement 1 500. L’écart entre un EXPY presque stagnant et un revenu par habitant croissant reflète aussi le fait que les exportations ne sont pas le principal moteur de la croissance du revenu au Burkina Faso.69 Lorsque dans quelques années, les exportations de gisements d’or nouvellement découverts et d’autres métaux à PRODY élevé seront réalisées, cela pourra être la cause d’une hausse significative dans l’EXPY au Burkina Faso. Néanmoins, une hausse de l’EXPY ne diminuerait pas l’urgence de la diversification avec des produits à PRODY plus stable et plus élevé.70

66 En ce sens, le concept de PRODY est proche de celui de la classification des technologies de Lall, qui montre aussi que les pays à revenu élevé et intermédiaire exportent une proportion plus importante de produits à faible, moyenne et haute technologie. Il est aussi proche de la littérature sur la diversification pour l’Afrique subsaharienne, qui soutient que les produits manufacturés sont la voie de sortie de l’équilibre de croissance faible au Burkina Faso (Wood et Mayer, 2001; et Habiyaremye et Ziesemer, 2006). 67 Une diversification qui est indifférente au potentiel de revenu des produits peut également se produire, mais il est peu probable qu’elle conduise à une croissance accélérée et durable. 68 Les exportations de vêtements au Bangladesh ont augmenté l’EXPY de 2 500 en 1976 à 3 500 au début des années 1990. Leur tendance stagnante depuis le début des années 1990 s’explique par une surconcentration de la plupart des exportations sur des vêtements à faible PRODY. 69 Dans les pays où les exportations ont joué un rôle dominant dans l’économie, la diversification et l’augmentation de la proportion des produits à plus fort PRODY ont augmenté l’EXPY et les revenus par habitant au fil du temps. 70 Selon les estimations, les gisements de métaux devraient durer à peu près une décennie (McMahon et Ouédraogo, 2009).

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57

Encadré 0-5: Mesures PRODY et EXPY du potentiel de revenu des exportations

Le concept de PRODY de HHR classe les produits selon leur potentiel de revenu. Le PRODY d’un produit est la somme de l’avantage comparatif révélé (ACR)71 de chaque pays qui exporte le produit pondéré par son PIB par habitant (Annexe 3). Par exemple, le PRODY des textiles de coton de qualité est élevé parce que les pays à revenu élevé tels que les États-Unis, le Japon, l’Italie et l’Allemagne l’exportent. Il représente une part importante des exportations de ces pays par rapport aux pays à faible revenu. Tous les produits primaires et basés sur les ressources ne sont pas nécessairement des produits à faible PRODY (voir le Graphique 1-22 ci-dessous).

Le potentiel de revenu du panier complet des exportations commerciales d’un pays peut être évalué à partir de son EXPY. Ce dernier est la somme pondérée du PRODY de tous les produits (le PRODY moyen) que le pays exporte. Les pondérations sont les parts de valeur à l’exportation des produits.72

Graphique 0-21: PRODY de produits sélectionnés

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Produits manufacturés de haute-moyenne-faible technologie

Produits primaires et à basés sur les ressources

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Produits manufacturés de haute-moyenne-faible technologie

Produits primaires et à basés sur les ressources

71 Le Burkina Faso aurait un ACR en coton si la part de coton dans les exportations totales du pays était plus grande que la part de coton dans les exportations totales mondiales. 72 Hausmann, Hwang, et Rodrik (2007) démontrent qu’il y a en général une corrélation forte et positive entre l’EXPY (libellé en valeurs de dollar –2 000 dollars US constants ou PPA) et le PIB par habitant de l’exportateur.

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58

Encadré 0-6: Le PRODY élevé du bacon

Les exportations mondiales de bacon entre 2000 et 2004 étaient en moyenne de 1,9 milliard de dollars US et 99 % des exportations totales partent des pays développés. En dehors des pays développés, seuls la Chine, la Pologne, le Mexique et le Brésil ont des valeurs d’exportation de bacon supérieures à 1 million de dollars US. Dans le monde, il n’y a que 5 pays qui y ont un avantage comparatif révélé.

Pays Exportations (‘000 $ US) Part de marché (%)

Pays-Bas 415 185 22

Italie 383 327 20

Danemark 378 110 20

Espagne 127 913 7

Canada 112 455 6

Belgique 106 345 6

Total 79

Source : Calculs des auteurs sur la base de Hausmann, Hwang et Rodrik, 2007.

o La compétitivité dans quelques produits issus de ressources naturelles à PRODY élevé pourrait déclencher la croissance des niveaux de revenu plus élevé au Burkina Faso. Pour une croissance rapide, il n’est pas nécessaire que chaque produit que le Burkina exporte ait un PRODY élevé, pas plus que les biens manufacturés. Le Burkina Faso peut maximiser les gains provenant de la culture du coton en renforçant son avantage comparatif dans le coton grâce à une diversification avec des semences génétiquement modifiées (GM) et l’adoption de technologies de production plus efficaces (Banque mondiale, EDIC 2007a). Par exemple, bien que le panier d’exportations du Chili continue d’être dominé par le cuivre, le Chili a aussi réussi à se diversifier avec des produits à PRODY élevé tels que la pâte de bois et le papier, les bois sciés, le vin, le poisson, le raisin et d’autres fruits. La Malaisie continue d’exporter du bois, du caoutchouc et de l’huile de palme, mais en vue d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire, elle a développé la capacité d’exporter des produits électroniques de moyenne technologie. Au Sri Lanka, la prédominance des exportations de thé n’a pas diminué, mais son effet modérateur sur l’EXPY a été atténué par une diversification dans les vêtements et l’électronique.73

73 Les principaux produits d’exportation du Brésil demeurent le soja, le tourteau et le minerai de fer, mais il a aussi développé la capacité d’exporter des véhicules de tourisme qui ont un PRODY élevé. Le bond de l’EXPY de la Chine est l’exemple d’un pays dont les principales exportations ont pratiquement transformé l’économie en moins de 25 ans.

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59

Graphique 0-22 : Tendance de l’EXPY du Burkina Faso

EXPY (2000 $ constants )

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1990

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1996

1998

2000

2002

2004

2006

EX

PY

Bénin Burkina Faso Bangladesh Guatemala

RDP Lao Paraguay Nicaragua Mali

Source : EXPY – Calculs des auteurs utilisant la base de données de Comtrade et du WDI, sur la base de Hausmann, Hwang et Rodrik, 2007.

Graphique 0-23 : INB par habitant au Burkina Faso comparé aux autres pays enclavés et exportateurs de produits fondés sur les ressources naturelles

80

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Guatemala République Kirghiz RDP LaoMongolie Népal NicaraguaBurkina Faso Paraguay Sri Lanka

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Guatemala République Kirghiz RDP LaoMongolie Népal NicaraguaBurkina Faso Paraguay Sri Lanka

Source : EXPY - Calculs des auteurs utilisant la base de données de Comtrade et du WDI, sur la base de Hausmann, Hwang et Rodrik, 2007.

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60

Tableau 0-16 : Structure des exportations de marchandises du Burkina Faso

1976-1980 1981-85 1986-1990 1991-95 1996-2000 2001-02 2003-04 2005 2006 2007

PIB par habitant (2000 $ US constant) 161 170 180 182 212 229 242 252 258 260

1985 1986 1987 Prody_PPA 2631 Coton (à l’exclusion des linters) non cardé 31,5 % 25,4 % 32,7 % 15009710 Or, non monétaire 21,6 % 38,5 % 42,6 % 5716545 Autres légumes frais ou réfrigérés 7,7 % 9,6 % 6,0 % 5477

2114 Peaux de chèvres et de chevreaux, brutes (fraîches, salées)

7,4 % 4,9 % 2,6 % 12172225 Graines de sésame (sesamum) 5,3 % 0,8 % 0,3 % 11792116 Peaux de mouton et d’agneau avec laine 4,5 % 3,3 % 2,5 % 49562238 Graines et fruits oléagineux. 4,5 % 4,1 % 1,8 % 1902

Part des exportations totales 82,6 % 86,5 % 88,6 %

1994 1995 1996 Prody_PPA2631 Coton (à l'exclusion des linters), non cardé 57,7 % 59,9 % 67,6 % 15009710 Or, non monétaire

16,4 % 14,4 % 9,7 % 5716

545 Autres légumes frais ou réfrigérés

6,6 % 7,6 % 4,2 % 5477

6116 Cuir ou peaux 4,2 % 4,6 % 4,6 % 21562223 Graines de coton 2,0 % 0,9 % 0,0 % 24732116 Peaux de mouton et d’agneau avec laine

1,8 % 2,0 % 0,0 % 4956

2877 Minerais de manganèse et concentrés 1,7 % 0,0 % 0,0 % 4238Part des exportations totales

90,3 % 89,4 % 86,2 %

2004 2005 2006 Prody_PPA 2631 Coton (à l'exclusion des linters), non cardé

65,2 % 80,7 % 82,1 % 1500

2225 Graines de sésame (sesamum)

4,1 % 3,3 % 3,7 % 1179

579 Fruits, frais ou séchés, n.e.s. 1,1 % 1,7 % 2,2 % 5187611 Sucre de betterave et de canne, brut, solide 7,2 % 1,7 % 1,0 % 4516

2223 Graines de coton

1,6 % 1,5 % 0,6 % 2473

1222 Cigarettes 2,8 % 1,0 % 0,0 % 122046116 Cuir ou peaux

0,8 % 0,9 % 0,9 % 2156

Part des exportations totales

82,6 % 90,9 % 90,5 %

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61

Options pour la diversification des exportations

o On peut analyser la possibilité d’une diversification des exportations génératrices de revenus d’un secteur à l’autre et au sein d’un secteur sur la base d’un cadre qui combine le concept de PRODY avec la méthodologie de l’espace-produit.74 Le Burkina Faso occupe actuellement les branches inférieures du PRODY. Il est clairement à la périphérie, et son défi est de quitter les branches du coton et des autres exportations traditionnelles pour aller vers le centre. Le Graphique 1-25 présente une carte de l’espace-produit des exportations actuelles du Burkina Faso.

Encadré 0-7 : Un cadre pour identifier des produits à potentiel d’exportation

Pour identifier les produits ayant un potentiel d’exportation, il est important d’établir un cadre analytique. Dans ce cadre, chaque produit dans le panier d’exportation du Burkina Faso est affecté à une catégorie qui est déterminée par son avantage comparatif révélé (ACR), actuel et antérieur. La valeur de 0 est attribuée à un ACR qui est inférieur ou égal à 1. La valeur de 1 est attribuée est attribué à un ACR qui est supérieur ou égal à 1. L’espace de temps considéré doit être d’environ 25 à 28 ans. Cette période de temps est suffisante pour étudier le sens de la transformation structurelle dans une économie donnée. À compter de 1980-1984, les exportations du Burkina ont été classées en quatre différentes catégories selon leur ACR, passé et présent. Ces catégories sont les suivantes : (i) les classiques, (ii) les disparitions, (iii) les champions émergents, et les (iv) marginaux (Tableau 1-16). Chaque quadrant affiche (i) les produits d’une catégorie particulière, (ii) les parts d’exportation de ces produits dans deux périodes à 26 ans d’intervalle, et (iii) leur PRODY. Ce dernier suggère que la part des exportations du coton non cardé à faible PRODY (1 500) a augmenté de 32 % à 62 %. Ceci est préjudiciable par rapport à la croissance de revenu qui aurait été possible par le biais d’une augmentation de la part des produits à PRODY élevé tels que le cuir, les légumes, le sucre, et l’huile de graine de coton.

Tableau 0-17 : Échantillon des exportations du Burkina Faso ventilées par ACR en 1980-1984 et 2000-2006

Source: Représentation des auteurs.

ACR 80-84 = 1 PART PART ACR 80-84 = 1 PART PART ACR 00-04 = 1 80-84 00-06 ACR 00-04 = 0 80-84 00-06 1. Coton non cardé 32,1

62,3

1,500 1 Tourteau oléagineux & résidus 2,6

0,3

5,718

2 2 3 3 4 4

ACR 80-84 = 0 PART PART

PRODY ACR 80-84 = 0 PART

PART

PRODY ACR 00-04 = 1 80-84 00-06 ACR 00-04 = 0 80-84 00-06 1 Sucre -

3,4

4 516

1 Graines de coton -

0,9

2 473

2 2 3 3 4 4

(c) Champions émergents (d) Marginaux

(a) Les classiques (b) Disparitions

PRODY PRODY

74 Hausmann et Klinger ont développé la méthodologie de l’espace-produit en 2006. Cette méthodologie est différente d’une stratégie de diversification traditionnelle qui adopte une approche fondée sur la chaîne de valeur. Par exemple, si vous êtes un exportateur de coton, vous pouvez vous diversifier en produisant du coton égrené ou du fil. Au lieu de cela, la méthodologie de l’espace-produit permet aux entreprises de se diversifier d’une manière discontinue vers des produits qui peuvent ne pas être une partie de la chaîne de valeur.

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Graphique 0-24 : La position du Burkina Faso dans l’espace-produit75

Cotton (other than linters),not carFruit,fresh or dried, n.e.s.

Graines de sésame (sesamum)

Other fresh or chilled vegetables

Maize (corn),unmilled

Buckwheat,millet,canary seed,grain

tubercules

Sugars,beet

Sugar confectionery and other sugar

Cigarettes

Plants,seeds,fruitused in perfumer

Cotton seed oil

Fixed vegetable oils,n.e.s

Peau de moutonet d’agneau

Manufactures of wood for domestic/d

Sacks and bags,of textile

Household appliances,decorativeart

Other musical instruments; not 898.

Soap;organicsurface-active product

Classiques Champions émergents Disaparitions Marginaux

Bones,horns,ivory,hooves,claws,cora

Coton (à l'exclusion des linters), non cardéFruit, frais ou séché, n.d.a.

Autres légumesfraisou réfrigérés

Maïs, non moulu

Sarrasin, millet, alpiste,céréales

Sucre de betterave

Sucrerieset autressucres

Cigarettes

Plantes, semences, fruitsutilisés dans les parfums

Huile de grainede coton

Huile végétale fixe, n.d.a.

Ouvragesen bois à usagedomestique

Sacs et sachets en matière

Appareilsménagers, art décoratif

Autres instrumentsMusicaux (non 898)

Savon, produitsorganiquestensioactifs

Os, cornes, ivoire,sabots, griffes

textile

brut, solideet de canne,

Légumes,racines et

Caoutchoucnaturel

Cuir de autres peaux

Cotton (other than linters),not carFruit,fresh or dried, n.e.s.

Graines de sésame (sesamum)

Other fresh or chilled vegetables

Maize (corn),unmilled

Buckwheat,millet,canary seed,grain

tubercules

Sugars,beet

Sugar confectionery and other sugar

Cigarettes

Plants,seeds,fruitused in perfumer

Cotton seed oil

Fixed vegetable oils,n.e.s

Peau de moutonet d’agneau

Manufactures of wood for domestic/d

Sacks and bags,of textile

Household appliances,decorativeart

Other musical instruments; not 898.

Soap;organicsurface-active product

Classiques Champions émergents Disaparitions Marginaux

Bones,horns,ivory,hooves,claws,cora

Coton (à l'exclusion des linters), non cardéFruit, frais ou séché, n.d.a.

Autres légumesfraisou réfrigérés

Maïs, non moulu

Sarrasin, millet, alpiste,céréales

Sucre de betterave

Sucrerieset autressucres

Cigarettes

Plantes, semences, fruitsutilisés dans les parfums

Huile de grainede coton

Huile végétale fixe, n.d.a.

Ouvragesen bois à usagedomestique

Sacs et sachets en matière

Appareilsménagers, art décoratif

Autres instrumentsMusicaux (non 898)

Savon, produitsorganiquestensioactifs

Os, cornes, ivoire,sabots, griffes

textile

brut, solideet de canne,

Légumes,racines et

Caoutchoucnaturel

Cuir de autres peaux

Source : Estimations des auteurs. Carte générée en utilisant le logiciel de Hidalgo et al. (2007) disponible sur le site Internet : http://www.nd.edu/~networks/productspace/index.htm. Les points en couleurs marquent les exportations actuelles du Burkina Faso.

75 L’or non monétaire est aussi un champion émergent et se situe à côté des exportations de caoutchouc naturel.

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o L’incapacité du Burkina à ce jour à se diversifier en dehors du coton montre que rattraper les pays riches exige des moyens différents et plus efficaces pour atteindre des PRODY élevés. La détermination des branches à PRODY élevé vers lesquelles le Burkina Faso peut se diriger à partir de sa situation actuelle dépend de sa capacité et des intrants nécessaires pour les produits à PRODY élevé. Le Burkina Faso doit aller vers les branches dans lesquelles il a une densité relativement forte.76 77 Si les densités des produits burkinabè sont faibles, le développement de produits à forte densité nécessitera des investissements à long terme dans les facteurs nécessaires pour produire ces produits. Par ailleurs, parce que le Burkina Faso et un certain nombre de ses concurrents exportent des produits similaires tel le Bénin, les densités de produits connexes pourraient être similaires.78

o Les quatre catégories d’exportations identifiées au Burkina Faso sur la base de leur avantage comparatif ont un potentiel de revenu. Cependant, la corrélation entre la densité et le PRODY de ces produits est négative.79 Ceci suggère qu’une intensification de la hausse des produits PRODY élevé serait un défi pour les exportateurs burkinabé (Graphique 1-26). Toutefois, le renversement cette tendance négative déclencherait un processus de diversification durable. Les quatre catégories sont les suivantes :

• Les classiques, qui ont maintenu un ACR supérieur à 1 dans le passé (1980-1984) et le présent (2000-2006). Ce sont les exportations traditionnelles dominées par le coton. Elles tendent à avoir des PRODY faibles qui reflètent le faible revenu par habitant du Burkina Faso. Une valeur en croissance rapide (en milliers de dollars US) des classiques indique leur concentration croissante dans le panier des exportations du Burkina Faso. Ceci est dû en grande partie à la forte demande d’exportations de coton non cardé en Chine. À 3 100, le PRODY moyen des classiques est considérablement inférieur à celui des champions émergents et suggère la diversification vers ces derniers.

• Les disparitions, qui ont un PRODY moyen supérieur à celui des classiques. Ce sont des produits qui ont maintenu un ACR supérieur à 1 dans le passé, mais leur ACR actuel tend vers 0. Leur densité est également très faible (0,002 en 2000-2006). Par conséquent, en l’absence d’un ACR, il serait hasardeux et inefficace de faire évoluer ces produits. Leur densité en baisse reflète aussi des capacités plus faibles à les exporter à grande échelle.

• Les champions émergents, qui sont des produits dans lesquels le Burkina Faso a développé un ACR récemment. Ils se sont développés à partir d’un marché mondial très compétitif et ont, en moyenne, des PRODY significativement plus élevés que les

76 Ceci est la densité de la capacité – ou la facilité de diversification (Hausmann et Klinger, 2006). Pour chaque produit, la densité mesure la proximité entre un produit spécifique et les capacités actuelles de production du pays. La densité varie de 0 à 1. Plus la densité du pays est élevée dans un produit, plus il est facile de développer ou de maintenir un ACR dans ce produit. Essentiellement, la densité mesure la facilité avec laquelle les capacités actuelles de l’économie peuvent être adaptées à un nouveau produit. Contrairement aux autres concepts d’espace de produit, la densité est un concept spécifique au pays. 77 En général, les densités élevées impliquent que le pays peut se diversifier dans le produit assez facilement et à court terme, alors que les densités faibles impliquent des perspectives plus longues d’apprentissage et de planification. 78 Deux pays pourraient avoir des densités similaires pour un produit si leurs capacités sont approximativement similaires, ce qui implique qu’il y a une similarité entre leurs exportations. 79 Au contraire, une relation positive entre le PRODY et la densité des exportations suggèrerait une économie dynamique dans laquelle les exportateurs affinent leurs capacités pour produire des produits à forte valeur.

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classiques. Par conséquent, ils sont attrayants pour une diversification génératrice de revenus. Leur faible densité reflète le fait que les exportateurs ont eu moins d’expérience avec eux. Ceci suggère également que leur accroissement exigerait plus d’effort.

• Les marginaux, qui sont des produits pour lesquels le Burkina Faso n’a pas encore développé un ACR. Certains sont exportés de façon sporadique et en très petites quantités. Leurs densités sont faibles (0,003 en 2000-2006). Cependant, leur PRODY est plus élevé que celui des classiques. Ils ne doivent pas être encouragés jusqu’à ce que le pays développe un ACR en eux et ils représentent une part considérable des exportations.

Tableau 0-18 : Valeur moyenne et densités des exportations du Burkina Faso

Graphique 0-25 : Densité et PRODY au Burkina Faso

-

0.02

0.04

0.06

0.08

0.10

0.12

0.14

0.16

0.18

- 2 4 6 8 10 12 14 16Prody ('000)

Den

sité

Classiques Champions émergents Marginaux Disparitions

-

0.02

0.04

0.06

0.08

0.10

0.12

0.14

0.16

0.18

- 2 4 6 8 10 12 14 16Prody ('000)

Den

sité

Classiques Champions émergents Marginaux Disparitions

Source : Calculs des auteurs utilisant la base de données de Comtrade et du WDI.

o Les classiques tels que le coton non cardé et le sésame ont le plus faible potentiel de revenu, alors que le puissant ACR dont dispose le Burkina Faso à travers l'exportation de fruits, de légumes et de cuir manufacturé fait ressortir le potentiel de diversification. De toutes ses exportations, le Burkina Faso a la plus forte densité de coton non cardé (0,19) et de sésame (0,18), ce qui est cohérent avec sa longue expérience dans la culture et l'exportation de ces produits. Néanmoins, le coton non cardé et le sésame ont un faible PRODY (1500 et 1179,

Exportations (‘000 US) - Classiques 24 942 98 789 155 496 272 043 - Champions émergents 1 030 1 256 37 943 12 454

- Disparitions 27 075 28 979 5 816 4 428 - Produits marginaux 3 027 2 509 6 007 7 211

Prody / Densité PRODY (PPA)

Densité 1980-84

Densité 2000-06

ACR 1980-84

ACR 2005-06

- Classiques 3 100 0,044 0,156 1 1 - Champions émergents 5 360 0,001 0,006 0 1

- Disparitions 4 412 0,043 0,002 1 0 - Produits marginaux 3 581 0,004 0,003 0 0

Source : Calculs des auteurs, utilisant la base des données de Comtrade, des concepts de Hausmann et Klinger 2007.

1980-84 1990-94 2000-04 2005-06

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respectivement), reflétant leur statut de produits primaires80 (Annexe 4).81 Le sésame est souvent présenté comme un substitut supérieur au coton. Toutefois, parce que le potentiel de revenu du sésame est encore plus faible que celui du coton, intensifier progressivement sa production n'aurait pas un effet générateur de revenu.82 En revanche, les classiques tels que les fruits et légumes frais et le cuir ont un contenu technologique plus élevé et un PRODY sensiblement plus élevé (5187 et 2156, respectivement). Cela fait d'eux des alternatives supérieures au coton et au sésame. Malgré le fait que les fruits et légumes et le cuir manufacturé aient des PRODY élevés et qu’ils aient donné de forts ACR au Burkina Faso dans les deux dernières décennies, ils n'ont réussi qu’à obtenir une faible part des exportations. Cela souligne la difficulté qu’a eu le Burkina à se diversifier en dehors du secteur du coton. Cependant, ces produits peuvent être de bons candidats pour une intensification progressive en tant que composante d’une stratégie de diversification génératrice de revenus.

o La part totale des exportations des champions émergents est passée progressivement de 4 % entre 1980 et 1984 à plus de 15 % entre 2000 et 2004. Les 16 champions émergents - à l'exception du caoutchouc naturel - constituent une combinaison de produits à base de ressources primaires avec un fort PRODY et de produits manufacturés à faible technologie à travers lesquels le Burkina Faso a récemment acquis un ACR (Annexe 4). La valeur des exportations actuelles de chaque champion émergent est faible, mais croissante. Par exemple, le Burkina Faso a une densité relativement élevée de 0,182 dans le sucre, la betterave et la canne (brut, solide), qui rivalise avec celle du coton et du sésame. Ces produits sont des candidats parfaits pour une intensification progressive dans le court et moyen terme. Les densités de la plupart des produits agricoles et d’origine animale des champions émergents sont à peu près de 0,14 à 0,16 plus élevées que celles des classiques, ce qui donne à penser qu'une stratégie de diversification concertée à long terme peut s'avérer nécessaire pour favoriser l'intensification progressive de ces produits naissants. Les cultivateurs pourraient également envisager de se diversifier vers l'huile de coton graine, les huiles végétales, les produits forestiers, et même certains produits à faible technologie tels que le cuir de peau de mouton et d'agneau, les sacs et sachets en matières textiles. L’or non monétaire avait des valeurs instables au début des années 1990, lorsque ses exportations ont explosé puis se sont effondrées. Comme les exportations des mines d'or nouvellement découvertes doivent commencer en 2009, la part d’exportations des champions émergents va rapidement augmenter et enregistrer une diversification importante et rapide des métaux à PRODY très élevé. Néanmoins, les réserves d'or limitées suggèrent une diversification vers des produits plus durables.83

o La part totale des exportations des disparitions s'est effondrée, passant de 44 % entre 1980 et 1984 à moins de 3 % entre 2005 et 2006. Au début des années 1980, leur part

80 Conforme à leur code de technologie PP. 81 L’Annexe 4 présente une structure modèle complète de produits. Plusieurs statistiques d'exportation dans les niveaux ne sont pas fiables (Banque mondiale, EDIC 2007a), ce qui peut expliquer les sauts de niveaux, surtout ces dernières années. Elles peuvent également expliquer certaines anomalies, telles que pourquoi les haricots et les pois tombent dans le groupe des marginaux plutôt que celui des champions émergents. 82 Le faible PRODY du sésame s’explique par la demande mondiale en stagnation. Il est peu probable qu’il puisse croître plus vite que le revenu mondial puisque l'offre mondiale de sésame vient principalement des pays à faible revenu. S’il y a un plus grand nombre de ceux ci en concurrence pour l'exporter, son prix baissera. 83 Les estimations actuelles laissent penser qu'une fois que les métaux seront épuisés, le panier d'exportations sera à nouveau concentré.

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totale des exportations dépassait celle des classiques. À cette époque, la part du coton non cardé, 32 %, et celle des graines oléagineuses, 34 %, constituaient plus des deux tiers des exportations du Burkina Faso. Dix ans plus tard, la chute de la part des graines oléagineuses a été absorbée par une augmentation correspondante de la part du coton. Les raisons pour lesquelles le Burkina Faso a perdu son ACR dans divers produits d’origine animale à PRODY élevé, tels que les cuirs et peaux, ne sont pas claires.

o Les marginaux ont une faible importance dans le panier des exportations burkinabè, avec des parts allant de 2 à 5 % depuis les années 1980. La plupart des marginaux, y compris les produits d'origine animale, les animaux vivants, les peaux et le tabac, ont également des densités relativement faibles (dans une fourchette de 0,10 à 0,17). Les classifications de certains de ces produits sont des anomalies, apparemment parce qu'ils semblent être de la même famille et ont un PRODY et une densité similaires. On pourrait s'attendre à trouver des marginaux tels que les graines de coton, les déchets de coton, les haricots, les pois et lentilles, les épices et les arachides dans la catégorie des champions émergents. Leur classification erronée comme marginaux pourrait être due à des lacunes dans la communication des données.84

Sélection des exportations génératrices de revenus

o L’intensification progressive des exportations autres que le coton et le sésame est le point essentiel de la stratégie de diversification des exportations au Burkina Faso. Le développement de cette stratégie dépend de l’éloignement d’autres branches de produits par rapport aux branches du coton et du sésame sur lesquelles le Burkina Faso se situe actuellement.85 Toutefois, étant donné que les distances entre les branches sont longues (les distances entre les produits sont les mêmes pour tous les pays), il est peu probable que la diversification génératrice de revenus se fasse d’elle-même (Graphique 1-27). L'argument de distance, fondé sur l'emplacement du produit, met en évidence la nécessité d'une stratégie de diversification génératrice de revenus.

o Jusqu'à présent, la diversification a été minime, car la plupart des classiques et des champions émergents sont loin de la branche du coton non cardé. Il est frappant de constater qu'il n'y a pas de branches autour de celle du coton qui pourraient être considérées comme des candidats potentiels pour une intensification progressive. Par exemple, la plus proche est celle des peaux de chèvre ou de chevreau et fait partie des disparitions. Il existe également plusieurs marginaux et exportations manquantes, mais ils ne sont pas souhaitables parce qu'ils n'ont pas 84 Comme les champions émergeants et certaines disparitions, l’EDIC 2007 de la Banque mondiale les désigne comme de nouvelles exportations, même si elle ne se prononce pas sur leur compétitivité telle que déterminée par leur ACR. Parce que l’EDIC note que les animaux vivants constituent un important produit d'exportation, il est possible que les statistiques officielles soient imparfaites et donnent des chiffres plus faibles. Pour compenser les données manquantes, des données d'importation établies par les partenaires commerciaux du Burkina Faso (données à fonction de miroir) ont été utilisées, ce qui est généralement considéré comme plus fiable. 85 Trois facteurs ont été utilisés pour identifier quelles branches d’entreprises burkinabè peuvent faire un « bond » : (i) si elles sont dans le voisinage ; (ii) si elles ont des ACR au Burkina ; et (iii) si elles comportent un produit d’exportation à PRODY élevé autre que le coton qui devrait être développé. La distance entre deux branches est utile pour déterminer si le saut est possible – plus il y a de distance, plus difficile sera le saut.

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d’ACR, et les sélectionner impliquerait le choix des vainqueurs. Les classiques – les branches de sésame et du cuir – aussi bien que les champions émergents – les branches du sucre et de la betterave - sont les plus éloignés et ne permettent pas un saut facile (Graphique 1-27). Par conséquent, une diversification automatique allant du coton à d'autres produits est peu probable, et explique pourquoi - en dépit de l'ajustement structurel - la diversification au Burkina Faso n'a pas eu lieu.

o Le Burkina Faso possède un ACR dans plusieurs champions émergents, comme les plantes, les graines, les légumes et les savons, ce qui suggère un potentiel d'exportation. Le Graphique 1-27 montre que ces champions émergents sont à proximité de l'exportation classique des fruits frais ou séchés. Puisque le Burkina Faso dispose d'un ACR dans ces produits et qu’ils sont aussi des branches avec un PRODY plus élevé que le coton, on peut les considérer comme de potentiels produits d'exportation génératrice de revenus. Les autres produits dans le voisinage des fruits frais ou secs classiques sont soit des marginaux, soit ne font tout simplement pas partie de l'ensemble des produits exportés par le Burkina Faso. Ceci suggère qu'ils ne seraient pas de bons candidats pour la diversification.

Graphique 0-26 : Distance entre les branches à PRODY élevé

a. Distance entre la branche de coton non cardé et les champions émergents/classiques

Produits les plus proches des classiques:coton (à l’exclusion des linters), non cardé

0.36

0.38

0.4

0.42

0.44

0.46

0.48

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lide

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Classiques Champion émergent Disparition Marginaux Vide

Produits les plus proches des classiques:coton (à l’exclusion des linters), non cardé

0.36

0.38

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Classiques Champion émergent Disparition Marginaux Vide

b. Distance entre les fruits frais ou séchés et plusieurs champions

émergents

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Produits les plus proches des classiques: Fruit, frais ou séché, n.d.a.

0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

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Champion émergent

Produits les plus proches des classiques: Fruit, frais ou séché, n.d.a.

0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

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c. Distance entre le cuir et autres peaux et les classiques

Produits les plus proches des classiques: Cuir et autres peaux

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Source : Calculs des auteurs.

Encadré 0-8 : Une comparaison entre le cadre de la matrice de produits et les résultats de l’EDIC

Le cadre de la matrice de produits permet d’identifier des produits similaires aux recommandations de l’EDIC 2007 de la Banque mondiale. L’annexe 4 montre plusieurs chevauchements. La liste des produits communs couvre les cinq classiques et presque tous les champions émergents agro-pastoraux. Elle ne couvre pas les produits qui ne sont plus transformés. Elle ne couvre pas non plus l’industrie légère comme les instruments de musique, les ouvrages en bois à usage domestique, les appareils ménagers simples, les cigarettes, et les savons organiques tensioactifs et produits similaires qui abondent dans tous les pays exportateurs de métaux/minerais. La liste des disparitions contient plusieurs produits que l’EDIC a recommandé comme les semences oléagineuses et divers types de produits animaliers. La liste des marginaux contient aussi plusieurs produits recommandés par l’EDIC, tels que les graines de coton, les déchets de coton, les arachides et autres produits animaliers. Le cadre de la matrice de produits – comme l’EDIC – suggère que le Burkina Faso n’a pas un avantage comparatif dans les exportations de textiles de coton.

Les différences avec les recommandations de l’EDIC pourraient provenir de plusieurs facteurs. Premièrement, comme le fait remarquer l’EDIC, les données du Gouvernement ne correspondent pas aux données commerciales officielles. La source unique de données utilisée par le cadre de la matrice de produit est constituée par les statistiques officielles du COMTRADE. Celles-ci sont utilisées pour vérifier que les données de l’exportation indiquées par le Gouvernement burkinabè correspondent aux données signalées par les pays qui importent les produits burkinabè. Par conséquent, la classification des produits dans la liste des marginaux et des disparitions pourrait inclure certains produits pouvant être classés dans une catégorie différente. Ceci dépend entièrement de l’exactitude des statistiques du COMTRADE.

Une différence considérable entre le cadre de la matrice de produit et l’EDIC est constituée par le fait que le premier

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utilise un ensemble de critères objectifs et solides pour évaluer les produits d’une façon qui rattache à chaque produit une valeur de revenu notionnelle (PRODY), ou une statistique de capacité notionnelle (densité). Les deux mesures sont neutres par rapport aux défauts de données, et indépendantes du fait que le Burkina Faso ait un ACR dans le produit ou du fait que ce produit soit un classique ou un champion émergent. La densité et le PRODY sont également utiles dans la distinction des produits qui peuvent être développés à moyen terme plutôt qu’à long terme. Le cadre est utile pour fournir des informations pour la planification et les politiques économiques.

L’EDIC présente une abondance d’information pour chaque secteur et les principaux sous-secteurs des exportations du Burkina Faso. Elle recommande des actions spécifiques dans les sous-secteurs suivants :

• Coton : accroître la productivité des agriculteurs, améliorer la commercialisation, et gérer les fluctuations de prix ;

• Élevage : clarifier les données de l’exportation, développer les systèmes semi intensifs de production animale pour accroître les exportations d’animaux vivants, et réorganiser et renforcer les associations d’acteurs et de professionnels ;

• Sésame : encourager le développement du secteur privé et une meilleure organisation au sein du secteur, et accroître la part de sésame qui est transformé au Burkina Faso ;

• Arachides, noix de cajou et karité : améliorer le plan d’action de l’arachide, accroître les exportations profitables de noix de karité, et décider du niveau de soutien à apporter au secteur de la noix de cajou ;

• Céréales : évaluer le potentiel d’accroissement des exportations de maïs, collecter de meilleures informations sur l’accroissement du commerce régional de céréales, augmenter le volume des céréales transformées vendues avec une meilleure valeur ajoutée, mettre en œuvre des normes burkinabè pour les céréales, et relancer le plan d’action du secteur du niébé ;

• Horticulture : évaluer et améliorer la compétitivité du Burkina dans les exportations horticoles, augmenter les exportations de fruits et de légumes aux marchés sous-régionaux, et accroître la part dans les marchés de produits horticoles européens ;

• Mines : accroître l’efficacité des mines artisanales, améliorer les conditions de vie des mineurs (artisanaux), et améliorer la gestion globale du secteur ;

• Produits industriels : augmenter la valeur ajoutée des sous-produits, encourager la transformation des produits agricoles, et développer le secteur des peaux et des cuirs (Banque mondiale, EDIC 2007a).

o D’autres options, telles que les peaux de mouton et d’agneau, les os et cornes pourraient offrir des opportunités d’accroissement de revenu. Les champions émergents – peaux de mouton et d’agneau, os et cornes et plantes et semences – ont des PRODY élevés, et pourraient donc être de bons candidats pour la diversification (Graphique 1-27). Ils sont à proximité des produits classiques, autres cuirs et peaux, qui sont dans une partie relativement dense de la forêt parce qu’il y a plusieurs branches attractives dans le voisinage. Ceci souligne combien il est important de rechercher des options de diversification non seulement autour du coton mais également autour des exportations relativement petites, en particulier les cuirs et peaux classiques.86

o Dans le passé, l’or n’a pas été une valeur aberrante dans le panier des exportations du Burkina Faso et il ne le sera pas non plus dans le futur. Chose curieuse, certains autres produits que le pays exporte – arachides, haricots, pois, légumes, noix, peaux, cuir, et sucre –

86 On peut aussi aller vers plusieurs autres branches dont le Burkina Faso n’exporte pas les produits (vide), ou qui sont des disparitions ou des marginaux. Ces produits seraient des choix risqués parce que le pays n’y a pas un ACR.

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sont dans le voisinage lointain de l’or. La probabilité qu’un pays donné ait un ACR (i) dans l’or et les arachides est de 0,37 ; (ii) dans l’or, les haricots et les légumes est de 0,36 ; et (iii) dans l’or et les minerais de fer et autres concentrés métalliques tels que le manganèse et le zinc est de 0,51.

o Le Burkina Faso pourrait considérer un mélange de produits agricoles et manufacturés pour mener sa diversification économique. La diversification automatique dans les exportations manufacturées n’est pas nécessairement une option viable pour le Burkina puisque ces domaines pourraient nécessiter un certain niveau de développement de capacité, particulièrement de capital, de main-d’œuvre qualifiée et de technologie. Le Tableau 1-19 identifie un ensemble d’environ 20 produits et industries des catégories classiques (tous sauf le coton et le sésame) et champions émergents qui pourraient être intensifiés pour réaliser un panier d’exportations avec un potentiel de revenu considérablement plus élevé. Les PRODY de tous ces produits sont supérieurs à celui du coton et – à l’exception du sucre – leurs densités sont inférieures à celles du coton et du sésame.

Tableau 0-19 : Options pour la diversification des exportations au Burkina Faso

DESCRIPTION DU PRODUIT CODE TECHNO

PRODY (00-04)

DENSITE 00-06

PART 80-84

PART 90-94

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Type

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Autres légumes frais ou réfrigérés PP 5 477 0,153 4,0 5,8 1,5 0,7 Classique Cuirs et autres peaux FT1 2 156 0,156 0,9 2,2 1,8 0,9 Classique Huile de graine de coton RB1 3 173 0,145 - - 1,1 0,1 Champion émergent Huile végétale fixe, n.d.a. RB1 5 377 0,140 0,9 0,4 0,2 0,2 Champion émergent Sucre de betterave et de canne, brut, solide FT1 4 516 0,182 - - 4,2 1,4 Champion émergent Sucreries et autres sucres RB1 8 772 0,127 0,0 0,0 0,2 0,0 Champion émergent Légumes, racines et tubercules PP 4 789 0,158 0,2 0,0 0,3 0,3 Champion émergent Plantes, semences, fruits utilisés dans les parfums PP 3 622 0,156 0,1 0,0 0,1 0,1 Champion émergent

Sarrasin, millet, alpiste, céréales PP 5 009 0,131 0,0 0,1 0,3 0,1 Champion émergent Maïs, non moulu PP 6 430 0,129 0,3 - 1,5 0,1 Champion émergent Peaux de moutons et agneaux FT1 2 526 0,162 0,1 0,2 2,2 0,6 Champion émergent Os, cornes, ivoire, sabots, griffes PP 4 419 0,145 0,0 0,0 0,1 0,0 Champion émergent Sacs et sachets en matière textile FT1 5 209 0,146 0,0 0,0 0,1 0,0 Champion émergent

Fabrication d’ouvrages en bois RB1 5 919 0,141 0,0 0,1 0,2 0,1 Champion émergent

Appareils ménagers, art décoratif FT2 8 725 0,113 0,0 0,0 0,0 0,0 Champion émergent

Autres instruments musicaux (non 898) FT3 3 843 0,106 0,0 0,0 0,1 0,0 Champion émergent Cigarettes RB1 12 204 0,118 - - 4,0 1,0 Champion émergent Savon, produits organiques tensioactifs MT2 5 409 0,150 0,0 0,1 0,2 0,0 Champion émergent

Or non monétaire RB2 5 716 0,144 2,3 16,9 1,2 1,2 Champion émergent

o Chose peu étonnante, certains des classiques et des champions émergents dans les options d’exportation du Burkina Faso peuvent être intensifiés plus facilement que d’autres. Ceci suggère que la densité ou la capacité d’exportation doit guider le processus de diversification et d’intensification. Dans le court à moyen terme, le but devrait être de chercher des fruits pendant bas ou de sauter vers les branches les plus proches, de préférence celles ayant de meilleurs fruits (un PRODY plus élevé). Parce que les trois classiques avec des densités d’environ 0,15 sont exportés depuis 1980, des politiques qui identifient et suppriment les contraintes qui sont spécifiques à leur intensification pourraient être faisables dans le court à moyen terme. Il y a une plus forte capacité à produire et exporter des champions avec des densités dans la gamme de 0,14 et plus que les autres champions, et ces produits devraient être utiles dans l’intensification à moyen terme. L’intensification des produits dans les industries de faibles densités nécessiterait des perspectives plus longues, parce que le développement des infrastructures, des technologies et des compétences spécifiques à l’industrie est un long

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processus. À moins que des investissements dans ces facteurs ne soient réalisés rapidement, l’intensification des champions émergents restants ne sera pas possible. Bien que la plupart des marginaux semblent être des choix attrayants pour la diversification, ils ne représentent pas des options faisables parce que le Burkina Faso n’a jamais eu un ACR en eux.

o La liste des classiques et des champions émergents ci-dessus offre des options de diversification viables, méritant des analyses de chaîne de valeur approfondies et spécifiques. La demande nationale croissante (estimée à 4 % par an) et la demande dans le marché régional représentent de réelles opportunités. Par exemple, l’urbanisation et l’accroissement des revenus stimulent la demande de riz, en même temps que la demande dans le marché régional des produits du Burkina (maïs, haricots, légumes et bétail) offre des possibilités d’exportation. Par ailleurs, en dehors du coton et du sésame, le Burkina a un avantage comparatif réel dans la fourniture de produits tels que les fruits et légumes et les peaux et cuirs sur les marchés internationaux. Néanmoins, les marchés internationaux et régionaux exigent également une livraison opportune de produits de qualité. Afin de compléter le cadre de la matrice de produit, le chapitre 6 présente une étude poussée sur plusieurs produits agricoles, tels que les céréales, les légumes et les produits animaliers, et fournit une analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces) des chaînes de valeur respectives. Alors que le cadre de la matrice de produits permet d’identifier les produits générateurs de revenus, l’analyse SWOT souligne les avantages et les goulets d’étranglement aux niveaux micro et méso, le long des chaînes de valeur respectives. Le Tableau 1-20 met en évidence un menu de chaînes de valeur prometteuses qui pourraient être candidates pour la diversification.

Tableau 0-20: Les candidats pour la diversification économique en dehors du secteur du coton

Méthodologie de l’espace de produit Analyse sectorielle

Céréales, légumes et autres plantes/semences

Maïs, en grain*** Céréales traditionnelles (sorgho, millet, maïs)

Sarrasin, millet, alpiste, céréales*** Riz

Fruits frais ou séchés* Oignons

Autres légumes frais ou réfrigérés* Tomates

Légumes, racines et tubercules** Haricots verts

Plantes, semences, fruits utilisés dans les parfums** Haricot à œil noir (niébé)

Sésame****

Mangues

Noix de karité

Animaux/viande et autres produits animaliers

Espèces à cycle court (volaille, moutons et chèvres)

Bétail/Bovins

Lait

Cuir, peaux et os/cornes

Cuir et autres peaux* Peaux

Peaux de moutons et d’agneaux**

Os, cornes, ivoire, sabots, griffes**

Produits transformés

Huile de graine de coton**

Huiles végétales fixes**

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Sucre de betterave et de canne, brut, solide**

Sucreries et autres sucres***

Sacs et sachets en matière textile**

Fabrication d’ouvrages en bois***

Appareils ménagers, art décoratif***

Autres instruments musicaux***

Cigarettes***

Savon, produits organiques tensioactifs**

Or non monétaire**

Remarque : * Classique – densité > 0,15 → capacités plus fortes pour produire et exporter. ** Champion émergent – densité > 0,14 → capacités plus fortes pour produire et exporter. *** Champion émergent – densité < 0,14 → capacités plus faibles pour produire et exporter. **** Selon la méthodologie de l’espace du produit, on considère que le sésame a un potentiel de revenu plus faible que celui du coton.

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CADRE POUR LA PROMOTION DES EXPORTATIONS ET DES INVESTISSEMENTS

Forces du marché et institutions

o Les exportations ne pourront se diversifier que si l’environnement économique global est favorable au commerce et à l’investissement. La diversification exige généralement de transférer des ressources d’un secteur à l’autre ou d’investir dans de nouveaux domaines. Ceci peut se produire dans un environnement économique qui permet la production compétitive de produits et de services. Par conséquent, l’objectif principal d’une politique de promotion des exportations serait de réduire les tendances anti exportations, les déséquilibres macroéconomiques, les contraintes au-delà des frontières et d’améliorer la facilitation des échanges et l’accès aux services (Newfarmer et al. 2009). Pour promouvoir la diversification par le biais de nouvelles activités d’exportation, il est nécessaire de se préoccuper des contraintes que pourraient rencontrer les entreprises au début du processus. Les outils de politique économique pourraient varier, des subventions de contrepartie pour les activités de commercialisation, à l’assistance au développement des affaires, ou encore aux plans de démarrage d’entreprise.

o La promotion des investissements et des exportations est un processus déterminé par le marché. Lorsque des asymétries d’informations et autres dysfonctionnements du marché existent, les programmes de promotion des exportations et des investissements pourraient être des outils pour les résoudre. Le désengagement de l’État dans la plupart des secteurs ayant un potentiel d’exportation au Burkina, a favorisé une plus forte implication du secteur privé. Néanmoins, l’émergence d’une nouvelle classe d’exportateurs en dehors du secteur du coton87 a été limitée, malgré de nombreux programmes de renforcement de capacités qui offrent une assistance technique et un appui financier aux petits agriculteurs et aux associations. La promotion des investissements et des exportations est toujours un processus déterminé par le marché car apportant une réponse à la demande dans les marchés nationaux et internationales. Par conséquent, l’implication du Gouvernement dans la promotion des exportations serait uniquement celle d’un facilitateur visant à traiter les asymétries d’informations et autres dysfonctionnements du marché. En particulier, l’implication du Gouvernement peut accroître les effets extérieurs qui sont associés au rassemblement d’informations du marché étranger sur les préférences des consommateurs, les opportunités d’affaires, les exigences qualitatives et techniques. Ceci est particulièrement pertinent dans un contexte de marché où les entreprises privées sont peu disposées à partager de telles informations avec leurs concurrents et à encourir des coûts de recherche et de développement qui peuvent aussi bénéficier à leurs concurrents (Newfarmer et al. 2009).

o Un environnement des affaires favorable88 est en même temps un processus et un résultat pouvant accroître l’investissement privé national et international. Au cours des

87 Dans le secteur du coton, un opérateur fort et bien structuré avec de solides compétences techniques et de gestion et avec un accès au financement a joué un rôle clé dans l’organisation de la chaîne logistique et la facilitation de son accès au marché des exportations (Banque mondiale, EDIC 2007a). 88 La première section présente un inventaire des principales contraintes de l’environnement des affaires sur la compétitivité des entreprises.

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dernières trois années, le Burkina a été l’un des plus performants d’Afrique subsaharienne dans le classement Doing Business grâce à un leadership politique fort et à une approche stratégique de la mise en œuvre des réformes liées à l’environnement des affaires (Encadré 1-9). À l’évidence, un meilleur cadre de politiques d’investissement pourrait améliorer les conditions pour une performance accrue du secteur privé national et attirer les investisseurs étrangers. Par ailleurs, l’investissement étranger orienté vers l’exportation pourrait soutenir la diversification au sein et en dehors de l’agriculture par le biais de transferts financiers et de retombées du savoir-faire techniques et de direction.

Encadré 0-9 : Réussite de la mise en œuvre des réformes favorables à l’environnement des affaires au Burkina Faso

Sachant qu’un bon climat des investissements stimule le développement du secteur privé et l’accroissement de l’investissement, le Gouvernement burkinabè, au cours des dernières années, a entrepris une série de réformes visant à l’amélioration de l’environnement des affaires. Il a mis en place une approche stratégique et un cadre institutionnel sous la supervision du Premier ministre qui ont permis au pays de progresser dans le classement Doing Business 2010, de l’avant-dernière place en 2005-2006 à la 147ème place sur 183 pays en 2009. La réussite de la mise en œuvre de ces réformes est principalement due à une stratégie gouvernementale bien conçue qui comprenait les éléments suivants :

• Des études diagnostiques préliminaires par le Groupe de la Banque mondiale au sein du programme Doing Business Better in Burkina Faso de la SFI. Le diagnostic couvre les thèmes Doing Business et les principales questions du climat des investissements, implique plusieurs études et consultations avec le Gouvernement et le secteur privé.

• Un plan d’action préparé par un responsable gouvernemental et un représentant du secteur privé conjointement avec le programme Doing Business Better in Burkina Faso de la SFI. Le plan d’action indique les principales étapes et les personnes responsables pour la mise en œuvre de la réforme.

• La transmission des propositions de réforme par le cabinet du Premier ministre aux ministères compétents chargés de la mise en œuvre de la réforme.

• Au cours de la phase de mise en œuvre, une assistance financière et/ou technique, donnée sur leur demande aux ministères respectifs par le programme Doing Business. Des points de contact ont été mis en place au sein de chaque ministère et de chaque unité de mise en œuvre de la réforme. Par ailleurs, plusieurs comités techniques ont été mis en place pour assurer la conception de la réforme et le suivi de la mise en œuvre dans les secteurs clés.

• Un processus de contrôle. Étant donné que la date limite pour l’évaluation de la réforme du processus Doing Business est fixée au 31 mai de chaque année, le Premier ministre convoque un conseil des ministres chaque mois d’avril pour évaluer la progression de la mise en œuvre des réformes et garantir la mise en œuvre des réformes restantes.

• Un processus de communication et de dissémination. Tous les 15 mai, chaque ministre ou unité concernée doit informer le Premier ministre sur les mesures de réformes mises en œuvre (lois, statistiques, rapports d’activité) puis procéder à une dissémination de la réforme (réunions, lettres, publications).

Cette stratégie a facilité des réalisations de réformes significatives : 3 réformes en 2007, 4 en 2008 et 5 en 2009, comme indiqué dans le tableau ci-dessous.

Tableau 0-21: Les réformes Doing Business

2007 2008 2009 Enregistrement d’entreprise

Le 6 mai 2007, le Gouvernement a promulgué un décret (amendement de la loi de

Un agent des impôts a été envoyé au CEFORE pour délivrer directement un numéro d’identification fiscale

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finances) abolissant l’exigence d’enregistrer les articles et les procès-verbaux des réunions constitutives avec l’administration des impôts. Ces amendements réduisent et accélèrent la procédure d’enregistrement des entreprises et réduisent les coûts impliqués.

aux nouvelles entreprises. Cette réforme a réduit la durée des formalités de création d’entreprise de 7 à 5 jours ouvrables au CEFORE. Le démarrage des entreprises a été facilité en permettant que la publication soit faite directement sur le site web du guichet unique. Ceci réduit les coûts d’enregistrement.

Enregistrement des propriétés

Le Burkina Faso a réduit les taxes d’enregistrement de 15 % à 10 % de la valeur de la propriété.

L’amendement de la loi de finances du 6 mai 2008, comprend une réduction de la taxe de transfert pour la propriété réelle de 10 % à 8 %. Le nombre des procédures nécessaires pour enregistrer les propriétés a été réduit de 8 à 6. Le temps de traitement a été réduit de 46 jours, passant de 182 à 136 jours. Le coût d’enregistrement d’une propriété a été également réduit de 2 % (de 12,2 % à 10,2 %).

La création du Guichet unique pour l’enregistrement foncier, Guichet unique du foncier (GUF), qui a été mis en place le 2 mai 2008. Le GUF est devenu opérationnel le 20 mars 2009. L’enregistrement des propriétés a été simplifié en permettant le paiement des taxes de transfert au cadastre. En outre, de nouvelles réglementations ont réorganisé le cadastre et établi des limites de temps pour les procédures. L’évaluation des propriétés par des responsables gouvernementaux après inspection a été simplifiée par l’utilisation de tableaux de valeurs pour les propriétés sur la base des matériaux utilisés.

Exécution des contrats

Depuis octobre 2006, 4 juges s’occupent exclusivement des procès commerciaux à Ouagadougou et à Bobo –Dioulasso.

L’exécution des contrats a été améliorée par la baisse des frais et par l’introduction de modes alternatifs de règlement des conflits (ADR). Le 28 janvier 2009, une lettre circulaire a été émise par le Ministre de la justice en vue d’encourager les juges à utiliser les mécanismes ADR pour résoudre les conflits.

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Le traitement des permis de construire

Le guichet unique pour les permis de construire (CEFAC) a été créé en décembre 2007. Le CEFAC a démarré ses activités en avril 2008 et à la mi-mai, il avait délivré ses 20 premiers permis. La méthode de paiement de frais pour les permis de construire a été changée ainsi que les coûts s’y rapportant. Par exemple, les coûts du Laboratoire national des travaux publics ont été réduits de 700 000 FCFA à 300 000 FCFA ; les charges municipales ont été réduites de 400 000 FCFA à 50 000 FCFA. La réforme a retiré 17 procédures, 12 jours et 933 $ US du processus d’obtention d’un permis de construction. Un décret a été émis le 22 mai 2008, qui fixe à 10 le nombre maximum de jours pour brancher une société au réseau électrique.

Le guichet unique pour les permis de construire (CEFAC) est totalement opérationnel à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Les dossiers techniques qui étaient déposés auparavant à la “municipalité” sont maintenant traités au guichet unique dans un délai de 30 jours. La délivrance de permis prend 20 jours en moyenne.

Travail Le Parlement a adopté le nouveau Code du travail du Burkina Faso le 13 mai 2008. Ce nouveau code du travail rend plus facile pour les entreprises l’embauche de travailleurs par le biais de contrats à durée déterminée. Les exigences pour le licenciement ont été réduites. Le consentement et l’approbation de la notification de la tierce partie ne sont plus nécessaires pour les travailleurs. Les règles de priorité ont également été abrogées.

Commerce La décision a été prise de

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transfrontalier réduire le temps nécessaire pour obtenir certains documents : La Banque centrale et l’association des banques commerciales ont délivré des lettres annonçant la réduction du temps d’émission d’une autorisation de change étranger et d’une lettre de crédit. Le Gouvernement a modifié la réglementation exigeant l’escorte des marchandises en transit. Cet amendement a supprimé l’escorte donnée à des marchandises en transit spécifiques telles que les marchandises en conteneur, les véhicules, poids lourds, et camions frigorifiques.

Paiement des impôts Le Burkina Faso a réduit son taux d’impôt sur le profit de 35 % à 30 % et son taux d’impôt sur les dividendes de 15 % à 12,5 %, comme prévu par les amendements au Code des impôts.

Source : Doing Business 2010.

o À quelques exceptions près, le régime de l’investissement direct étranger (IDE) est favorable en général aux investisseurs étrangers. Le Burkina Faso a adopté une politique ouverte afin d’attirer l’investissement direct étranger depuis qu’il a posé les fondations de l’économie de marché dans les années 1990.89 Le Code des investissements de 1995 et ses amendements ultérieurs90 garantissent une protection adéquate de l’investissement étranger et national, ainsi qu’un traitement national de l’investissement étranger, des garanties de transfert de capitaux et des règles d’arbitrage pour les conflits investisseur/État (les investisseurs étrangers ont besoin d’une autorisation). Le Burkina est membre de la Convention de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA). Par conséquent, les investisseurs étrangers sont protégés contre (i) les restrictions sur le transfert de capitaux ; (ii) l’expropriation ; (iii) la guerre et les troubles politiques ; et (iv) la résiliation de contrats (CNUCED, 2008). Toutefois, la garantie de transfert de capitaux est liée au capital minimum souscrit par les investisseurs et n’est pas explicitement applicable à l’investissement sous forme de transfert de technologie ou sous

89 Le Burkina est un membre de l’OMC. Il a ratifié 10 accords de protection et de promotion des investissements en 2003 et 2004 avec plusieurs pays européens, africains et asiatiques. 90 Le Code des investissements a été amendé en 1997, puis en 2000. Une tentative d’amendement plus important en 2007 afin d’introduire des incitations fiscales plus généreuses n’a pas été concluante, car les incitations précédentes n’ont pas réussi à attirer assez d’IDE.

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toutes autres formes de propriété intellectuelle. Il y a d’autres obligations relatives à une autorisation d’investissement antérieur obligatoire, et à une obligation pour les investisseurs d’obtenir une carte de commerçant91 et/ou de s’inscrire au registre de commerce. Il y a des incertitudes concernant les conditions pour accorder cette autorisation, et il n’y a pas de mécanisme d’appel en cas de désaccord (CNUCED, 2008).

o Le Code des investissements offre des incitations fiscales pour les exportations et les nouveaux investissements dans cinq catégories. Le Code minier contient également certaines incitations fiscales. Les conditions ouvrant droit aux incitations fiscales92 dans le cadre des cinq régimes d’investissement dépendent (i) du secteur (industries ou services) ; (ii) du montant de l’investissement ; et (iii) du nombre d’emplois créés. La Commission nationale des investissements est chargée d’élaborer des recommandations pour l’octroi de ces incitations sur la base de certains critères spécifiques93, mais aucun mécanisme d’appel n’existe pour contester ces recommandations, ce qui permet une interprétation arbitraire. Par ailleurs, le Code minier de 200394 offre des incitations fiscales dans le secteur minier, telles que des exemptions de droit de douane pendant la phase d’exploration, et une exemption de la TVA sur les biens et les équipements durant la phase de l’exploration et durant d’autres activités préparatoires (CNUCED, 2008).

o Néanmoins, le régime d’exportation existant n’a pas été très efficace pour faciliter l’expansion des activités orientées vers l’exportation. Le régime accorde une exemption d’impôt de 7 ans pour les intrants importés et une exemption illimitée d’impôt sur le revenu de 50 %. En fait, les exportateurs de produits agricoles n’ont bénéficié de ces avantages que dans une mesure limitée, principalement à cause de la longueur et de la complexité des procédures pour leur administration. En conséquence, ces entreprises n’ont pas toujours été capables d’importer les intrants nécessaires qui sont exemptés d’impôt, ce qui limite leur efficacité opérationnelle (Dahourou, 2008).

o Le régime fiscal burkinabè impose des coûts administratifs supplémentaires aux investisseurs. Le système impose divers niveaux d’impôts sur les revenus sur la base de

91 L’obligation pour les sociétés d’obtenir une carte de commerçant, a été supprimée récemment. Elle est toujours obligatoire pour les investisseurs individuels. Les sociétés sont toujours obligées de s’inscrire au registre de commerce (CNUCED, 2008). 92 Les incitations fiscales dans chacune des cinq catégories offrent une réduction ou une exemption des droits de douanes, et autres taxes indirectes sur les équipements importés ou intérieurs. Elles comprennent aussi une exemption de 5 ans de l’impôt sur le bénéfice et autres taxes, telles que l’impôt minimum (0,5 % sur les chiffres d’affaires des entreprises qui payent l’impôt sur les bénéfices), la taxe patronale d’apprentissage (4 % par les employeurs pour les salaires et autres compensations, et 8 % pour les revenus des étrangers) et les taxes des biens de mainmorte (10 % sur la moitié de la valeur des biens immobiliers, CNUCED, 2008). 93 Ces critères comprennent (i) la valeur ajoutée du projet, le nombre d’emplois créés ; (ii) l’utilisation de matières premières nationales ; (iii) l’impact environnemental ; et (iv) la contribution globale de l’investissement dans l’économie. 94 Le Code minier de 2003 comporte des garanties pour les investisseurs privés concernant (i) l’exclusivité et le renouvellement des droits d’exploitation ; (ii) l’accord de droit d’exploitation aux détenteurs de droits d’exploration qui découvrent des gisements ; (iii) la possibilité de transférer totalement ou partiellement ces droits ; (iv) la liberté de gestion, de commercialisation, de sélection des divers fournisseurs. La protection de l’État est garantie par l’obligation qu’ont les investisseurs de suivre un programme d’exploration conformément aux spécifications techniques durant la phase d’exploration et d’avoir accès aux informations géologiques collectées pendant la phase d’exploration jusqu’à expiration du droit d’exploitation (CNUCED, 2008).

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l’origine du revenu et non sur le type de contribuable.95 Les exportateurs citent également les contraintes suivantes sur leurs activités : (i) un impôt minimum de 0,5 % sur le chiffre d’affaires (non sur les profits), qui doit être payé y compris en cas de pertes et (ii) la fréquence élevée des paiements fiscaux - un ou plusieurs impôts sont dus chaque mois - (Banque mondiale, EDIC 2007a). Une TVA de 18 % est appliquée à toutes les activités, sauf les exportations de marchandises et de ventes de produits alimentaires bruts. Cependant, contrairement à la pratique au niveau international, une TVA à zéro n’existe pas. Celle-ci permettrait aux producteurs d’obtenir un remboursement de la TVA pour les biens entrant dans cette catégorie.

o Une meilleure gouvernance et la coordination avec les politiques régionales de l’UEMOA sont aussi importantes pour favoriser l’investissement étranger et national. Le marché burkinabè est relativement petit, ce qui rend difficile d’attirer des IDE importants et diversifiés en dehors des secteurs du coton et des mines. Par conséquent, l’intégration avec les politiques régionales dans les domaines de la concurrence, des impôts (TVA), du code minier (incitations fiscales) et des télécommunications est importante pour les investissements. Les politiques sur la concurrence sont traitées au niveau de l’UEMOA. La décentralisation au niveau national pourrait contribuer à renforcer les capacités locales pour appliquer les règles relatives à la concurrence afin de réduire les prix pour les consommateurs et les coûts de production pour les investisseurs, en particulier dans les domaines des transports, de la logistique commerciale, et des télécommunications. Dans ce dernier domaine, la transposition de plusieurs directives communautaires récentes pourrait garantir l’indépendance de l’agence de régulation des télécommunications et renforcer la supervision des prix des télécommunications. Le renforcement du programme anti-corruption par l’introduction de systèmes de gouvernance électronique combinés avec la simplification des procédures administratives et de l’octroi de licences contribuerait à réduire la corruption au niveau administratif, et par conséquent permettrait de réduire les coûts indirects pour les investisseurs (CNUCED, 2008).

Contraintes liées au cadre actuel Stratégies de promotion des exportations et des investissements

o Au Burkina, la diversification est l’une des priorités nationales dans le contexte du développement rural, comme le soulignent divers documents stratégiques gouvernementaux. Le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) reconnaît la nécessité d’accroître la compétitivité du pays sur les marchés de l’exportation. Par ailleurs, le Gouvernement a entamé une politique de diversification des sources de revenu des exportations par le biais de l’agriculture, de la transformation des produits agricoles, de la promotion du tourisme et de l’exploitation minière, complétée par des réformes sur le climat d’investissement. La nouvelle Stratégie d’aide pays insiste sur le fait que le développement du Burkina dépend, entre autres, de la transformation vers une économie diversifiée. En se basant sur le DSRP, le Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) fournit un diagnostic et des recommandations pour la croissance économique et la diversification : (i) une amélioration de l’infrastructure économique ; (ii) la création de mécanismes de soutien pour le commerce ; (iii) la facilitation de l’accès aux ressources (finances, intrants de production, technologie) pour les agents économiques ; (iv) l’accroissement de la génération de revenus pour la population à

95 Une réforme du système d’impôt a été suggérée.

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travers un meilleur accès aux marchés ; et (v) l’appui aux petites et moyennes entreprises de transformation.

o Jusqu’à présent, l’approche agricole tournée vers la diversification n’a pas été en mesure d’inaugurer une nouvelle vague d’exportateurs capables de rivaliser la concurrence internationale. Seul le secteur du coton a réalisé des résultats après avoir produit des chaînes d’approvisionnement structurées, et des entreprises ayant des compétences techniques et de gestion et l’accès au financement. Le ministère du Commerce est responsable de la promotion des exportations. Cependant, le ministère du Commerce n’est responsable ni du coton, ni du sésame, de l’élevage et de l’or, ou des douanes, des impôts, du travail et des infrastructures. Ceci rend plus difficile pour le ministère de formuler une vision stratégique pour le commerce et la promotion des exportations. La diversification des produits non agricoles, autres que le coton, a été jusqu’à présent de la responsabilité du ministère de l’Agriculture. L’accent a été mis sur le développement de la capacité de production dans les zones rurales, souvent avec l’appui des programmes des bailleurs de fonds. Le Burkina a plusieurs associations de producteurs et d’exportateurs dans les sous-secteurs de fruits et légumes, d’élevage et de viande, et des céréales. Cependant, un manque de soutien stratégique au niveau politique a fait que les petits agriculteurs n’ont pas eu les moyens de résoudre les problèmes liés aux faiblesses des ventes ou à la mauvaise qualité des produits (Dahourou, 2008).

o Reconnaissant le manque de vision stratégique pour la promotion des exportations et pour attirer des IDE à vocation exportatrice, le Gouvernement burkinabè est en train de préparer une politique de développement du secteur privé ainsi que des stratégies spécifiques pour la promotion des exportations, la qualité et des normes. Pour l’agriculture, il a déjà approuvé une stratégie d’irrigation et un plan d’action. La diversification en dehors du coton n’est pas un processus automatique principalement parce que la manière d’encourager les entrepreneurs à passer vers des activités inconnues repose sur la réduction du coût de l’expérimentation. Les programmes de promotion de l’exportation peuvent fournir un soutien utile en identifiant les entreprises qui souhaitent aller vers de nouvelles activités, et les aider à explorer des marchés inconnus par le biais de voyages d’études à l’étranger ou l’apport de consultants pour restructurer une entreprise existante. Par conséquent, une stratégie d’exportation (i) faciliterait le développement du secteur privé dans les secteurs à potentiel de croissance ; (ii) aiderait à identifier les facteurs qui limitent le développement de produits différenciés et de meilleure qualité ; et (iii) gèrerait les asymétries d’information dans la recherche de marchés étrangers.96 En outre, l’adoption d’une stratégie visant à attirer les investissements directs étrangers (i) améliorerait l’environnement des affaires ; (ii) assurerait la promotion de l’image du pays à l’étranger ; et (iii) attirerait des fonds générateurs pour de nouvelles possibilités de croissance et d’exportations.

96 Les éléments clés d’une politique commerciale efficace sont les suivants : (i) une stratégie commerciale et des exportations claires, élaborées avec les acteurs et soutenues par eux, basée sur une identification minutieuse des principales contraintes commerciales ; (ii) une collaboration efficace avec le Gouvernement, le secteur privé, et la société civile ; (iii) une coordination interministérielle réussie ; (iv) la collecte et la diffusion opportune d’informations commerciales exactes et facilement accessibles ; (v) la capacité d’analyse des informations liées au commerce, et la fourniture de conseils sur toutes les grandes questions commerciales ; (vi) des institutions de soutien au commerce efficaces : les normes, la promotion des exportations, les douanes (OCDE, 2001).

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Institutions de promotion des importations et des investissements

o Le rôle d’une agence de promotion des exportations qui fonctionne bien est de soutenir les efforts des exportateurs à trouver des marchés pour leurs produits et mieux connaître les produits en demande sur les marchés de l’exportation. Généralement, une agence de promotion des exportations peut offrir une variété de services, tels que (i) la construction de l’image du pays (publicité, événements promotionnels, promotion des politiques) ; (ii) des services de soutien à l’exportation (formation à l’exportation, assistance technique, renforcement des capacités sur la conformité réglementaire, information sur le financement commercial, la logistique, les douanes, le conditionnement, et les prix) ; (iii) la commercialisation (foires commerciales, missions d’exportateurs et d’importateurs, et services de suivi) ; et (iv) des études de marché et des publications (informations générales, sur le secteur, sur les entreprises comme les enquêtes de marché, l’information en ligne sur les marchés d’exportation, publications encourageant les entreprises à exporter, et des bases de données importateur/exportateur) (Newfarmer et al. 2009).

o De même, une agence de promotion des investissements vise à assurer la mise en œuvre cohérente d’une stratégie de promotion des investissements. Une agence de promotion des investissements serait d’agir comme générateur de la demande par le renforcement de l’image, la commercialisation et les ventes ainsi que comme facilitateur des investissements (services de suivi en ce qui concerne les licences, les procédures, la certification, les impôts et taxes spécifiques, le travail, les permis de construire et de résidence, les enregistrements de société, les raccordements aux services publics), qui permettrait d’éliminer les obstacles à l’investissement. Étant donné qu’à plusieurs reprises, divers ministères et agences pourraient ne pas percevoir les propositions d’investissement de la même manière, une étroite coordination entre l’agence de promotion des investissements et les autres institutions publiques est indispensable.

o Plusieurs institutions au Burkina Faso offrent des services de soutien intersectoriels pour le commerce et les exportations. La promotion des exportations est le ministère du Commerce. Plusieurs autres institutions ont en charge de fournir des services de soutien. Ce sont : (i) l’Office national du commerce extérieur (ONAC) ; (ii) la Chambre de commerce d’industrie et d’artisanat du Burkina Faso (CCIA) ; et (iii) la Maison de l’entreprise du Burkina Faso (MEBF; Tableau 1-22). En outre, il existe des organismes spécialisés, tels que le Salon national de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) et les associations de divers sous-secteurs agricoles. Cependant, il n’existe pas d’agence chargée de la promotion des investissements, bien que certaines des institutions exercent des fonctions de promotion des investissements.

Tableau 0-22 : Institutions de promotion des exportations

Organisation Services de soutien Structure organisationnelle

Sources de financement

ONAC - Formation/ Assistance commerciale - Pôle commercial

Organisme parapublic lié au ministère du Commerce

- Budget public - Frais de service - Bailleurs de

fonds (CCI) CCIA - Représentation des intérêts

du secteur privé Organisme semi privé, lié au ministère du

- Cotisations des membres

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- Foires commerciales - Promotion des échanges commerciaux

Commerce - Frais de service (entreposage, délivrance de certificats d’origine, etc.)

MEBF - Guichet unique - Chèques conseils - Fonds de subventions de contrepartie

Association privée à but non lucratif

- Budget public - Partage des coûts par les entreprises bénéficiaires - Bailleurs de fonds

(UE, IDA) Source : Banque mondiale, EDIC 2007a.

o L’ONAC97 fournit une série de services de promotion des exportations, mais son efficacité à promouvoir les exportations a été limitée jusqu’à présent en raison du chevauchement avec d’autres institutions, d’un manque de moyens budgétaires adéquats et d’une expertise technique appropriée. L’ONAC a un personnel de 48 membres. L’ONAC a la responsabilité de fournir les services suivants : (i) services de formation et d’assistance technique ; (ii) soutien financier pour la participation aux foires commerciales internationales et aux missions commerciales à l’étranger ; (iii) analyses et études de marché ; et (iv) services d’information sur les produits et les marchés de l’exportation (CAPES, 2003 et Dahourou, 2008). Parce que ses subventions actuelles sont insuffisantes, l’ONAC n’a pas été en mesure d’offrir tous les services relevant de son mandat. Par ailleurs, certains de ces services se chevauchent avec ceux offerts par la Chambre de commerce et le secteur privé, en particulier, la formation. Ceci suggère que la simplification de ses fonctions pour se concentrer sur les services qui ne peuvent pas être fournis par le secteur privé pourrait améliorer l’usage des ressources budgétaires.98 Le Graphique 1-28 montre qu’il y a une corrélation positive entre les budgets de promotion des exportations et les exportations par habitant. Elle souligne aussi que malgré un budget de promotion des exportations qui est supérieur à celui du Ghana, de la Tanzanie ou du Niger, les exportations par habitant du Burkina sont inférieures à celles des pays de comparaison, ce qui suggère une sous-performance de l’ONAC.99 Le manque d’expertise technique de l’ONAC est encore renforcé par le fait que la base juridique actuelle l’empêche d’embaucher ou de louer les services d’experts appropriés à des conditions salariales suffisamment motivantes.

97 L’ONAC a été créé en 1974 avec pour objectif de promouvoir les exportations. Depuis 1998, il a eu un conseil d’administration de 12 membres dont 9 sont des représentants du secteur privé. Pendant les deux premières décennies de son existence, le financement de l’ONAC était garanti par le biais d’une taxe de 0,25 % sur toutes les importations et les exportations. Ceci a permis à l’organisme de créer une structure complexe et de fournir toute une gamme de services. Toutefois, l’impact de ses services sur les exportations a été difficile à évaluer. Une taxe sur les exportations était contraire à son objectif de promotion des exportations. Par conséquent, la taxe a été abolie en 1995, et désormais, l’ONAC reçoit son financement sous forme de dotation annuelle du budget du Gouvernement. Ce financement a sévèrement diminué depuis 1995 (Banque mondiale, EDIC 2007a). 98 Une partie importante des formations offertes par l’ONAC était soutenue par des organismes internationaux tels que l’OMC, l’ONUDI, la CNUCED, et le CCI. La formation est un domaine dans lequel il y a une offre croissante de prestataires privés de service. Par conséquent, la concurrence de l’ONAC est inefficace. 99 Newfarmer et al. (2009) estiment que pour chaque dollar US dans le budget de l’agence de promotion des exportations, il y a un supplément de 38 dollars US en Afrique subsaharienne, 100 dollars US d’exportations en Europe de l’est et en Asie, 70 dollars US en Amérique latine et aux Caraïbes, 5 dollars US dans les pays de l’OCDE, et 53 dollars US au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

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o Un des pôles commerciaux et FASONORM ont été ajoutés à l’ONAC en tant que prestataires des services distincts – le premier pour faciliter le commerce, et le second pour définir les normes et certifications. Le pôle commercial est conçu comme un centre de facilitation du commerce. Il fournit des informations électroniques (i) sur les perspectives à l’exportation aux exportateurs locaux et (ii) sur les produits locaux aux acheteurs internationaux. Il fournit des informations sur les règlements d’entrée sur des marchés d’exportation et sur les conditions du commerce, les abonnements aux bases de données, et l’assistance pour la conception de sites web. Son site web est relié au réseau international des pôles commerciaux. Au Burkina, comme dans d’autres pays, les performances des pôles commerciaux ont été mitigées, ils ont eu des difficultés pour suivre le développement accéléré des services d’information électronique et pour être réactifs à l’évolution des besoins des clients. FASONORM a été créé pour définir les normes des produits et pour fournir des services de certification pour les marchés intérieurs et de l’exportation, mais elle reste une entité embryonnaire. Ses activités devraient être agrandies avec le soutien financier et technique de la Commission européenne (Banque mondiale, EDIC 2007a).

o Un autre organisme facilite le commerce : la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat (CCIA)100 a un large réseau de membres, mais les exportateurs ne bénéficient pas toujours de ses services. La Chambre est une association indépendante administrée principalement par des représentants du secteur privé et a des liens étroits avec le ministère du Commerce. Elle représente plusieurs secteurs économiques auxquels elle offre des services de conseil, de représentation et administratifs. L’adhésion est obligatoire pour toutes les entreprises enregistrées officiellement. Elle est en partie financée par les cotisations de ses membres, les revenus provenant de ses entrepôts, et un certain nombre de services qu’elle fournit. Toutefois, certains secteurs – tels que l’agriculture et les exportateurs – ne sont pas représentés et ne sont pas entendus. La CCIA dépend des paiements des services fournis aux opérateurs, ce qui a favorisé l’émergence de pratiques monopolistiques. Par exemple, le stockage à « Ouaga Inter » doit être payé à la CCIA même si la marchandise est immobilisé dans le véhicule ; il y a, de plus, un monopole sur la garantie de transit (Banque mondiale, EDIC 2007a).

100 Elle a été créée en 1948.

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Graphique 0-27: Corrélation des exportations avec les budgets de promotion des exportations101

enregistrement du budget par habitant des agences de promotion des exportations

lissa

ge

de

Lo

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s

Source : Newfarmer et al. 2009

101 Le lissage Lowess utilisé implique une régression localement pondérée du registre des exportations de biens et de services par habitant sur le registre du budget de l'agence de promotion des exportations par habitant pour les petits sous échantillons de données. Les données sont fondées sur une enquête portant sur 88 pays qui avaient des stratégies opérationnelles de promotion des exportations et ont répondu à un questionnaire couvrant cinq parties : la structure institutionnelle, les responsabilités de l’agence, les stratégies suivies, les ressources et les dépenses, et les activités et les fonctions. Bande passante = .8. ARM = Arménie; AUS = Australie; AUT = Autriche; BFA = Burkina Faso; BGD = Bangladesh; BGR = Bulgarie; BLZ = Belize; BOL = Bolivie; BRA = Brésil; BWA = Botswana; CHE = Suisse; CHL = Chili; CIV = Côte d’Ivoire; COL = Colombie; CRI = Costa Rica; CZE = République Tchèque; DEU = Allemagne; DMA = Dominique; DNK = Danemark; DOM = République Dominicaine; DZA = Algérie; ECU = Équateur; EGY = République arabe d’Égypte; ESP = Espagne; EST = Estonie; FIN = Finlande; FJI = Fidji; FRA = France; GBR = Royaume Uni; GHA = Ghana; GRD = Grenade; GTM = Guatemala; GUY = Guyane; HKG = Hong Kong, Chine; HND = Honduras; HUN = Hongrie; IRL = Irlande; ISL = Islande; ISR = Israël; JAM = Jamaïque; JOR = Jordanie; KEN = Kenya; KHM = Cambodge; LBN = Liban; LTU = Lituanie LVA =Lettonie; MAR = Maroc; MDA =Moldavie; MEX = Mexique; MLT = Malte; MOZ = Mozambique; MUS = Maurice; MWI = Malawi; MYS = Malaisie; NER = Niger; NIC = Nicaragua; NLD = Pays-Bas; NOR = Norvège; PAN = Panama; PER = Pérou; PRI = Porto Rico; PRT = Portugal; PRY = Paraguay; RWA = Rwanda; SLE = Sierra Leone; SLV = le Salvador; SVK = Slovaquie; SVN = Slovénie; SWE = Suède; THA = Thaïlande; TTO = Trinité et Tobago; TUN = Tunisie; TUR = Turquie; TWN = Taiwan, China; TZA = Tanzanie; UGA = Ouganda; URY = Uruguay; VEN = Venezuela; WBG = Rive ouest et Gaza; YEM = Yémen; YUG = Ex-Yougoslavie; ZAF = Afrique du Sud; ZMB = Zambie.

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Encadré 0-10 : Que faut-il pour réussir la promotion des exportations ?

Sept facteurs ont été identifiés comme étant importants pour la réussite de la promotion des exportations : 1) Il doit y avoir un environnement favorable approprié pour les exportations. Les facteurs suivants tendent à créer un biais anti exportation : (i) un taux de change surévalué ; (ii) une structure tarifaire qui conduit à des taux de protection nominaux élevés et efficaces en protection ; (iii) d’importantes barrières non tarifaires au commerce dues à des procédures douanières coûteuses ; (iv) des contrôles de qualité inappropriés ; (v) d’excessives barrières administratives ; (vi) l’absence de financement commercial ; et (vii) une faible infrastructure de soutien au commerce. 2) L’agence de promotion/développement des exportations doit être autonome, mais elle doit être fortement soutenue par le Gouvernement. Ceci permet à l’agence de gagner la confiance du milieu des affaires, tout en ayant suffisamment de poids pour influer sur les politiques. 3) La stratégie de l’agence de promotion des exportations doit être déterminée par la demande. Le conseil d’administration de l’Agence doit être constitué en grande partie de représentants du secteur privé mais son financement doit être majoritairement une dotation publique. Le bureau devrait être principalement composé d’exportateurs expérimentés et doit être dirigé par un chef d’entreprise compétent. Une agence unique et forte doit être préférée à la prolifération d’organismes ayant des activités de promotion des exportations. 4) L’agence doit maintenir un équilibre approprié entre les activités extérieures et intérieures. Les organisations de promotion du commerce ont tendance à se focaliser sur les activités extérieures, telles que les études de marché et la collecte d’informations, la représentation commerciale et les foires. Ces activités sont généralement inefficaces à moins qu’une attention appropriée ne soit accordée aux objectifs intérieurs d’accroissement de la compétitivité en aidant les entreprises sur des questions telles que la fixation des prix, la qualité, les normes, l’accès aux intrants adéquats, et l’application de modèles économiques pertinents. En particulier, les agences des pays en développement s’en sortent mieux en se focalisant sur des objectifs intérieurs. Par ailleurs, l’agence doit mettre l’accent sur les exportations non traditionnelles ou avoir une orientation sectorielle large plutôt que d’essayer de promouvoir l’ensemble des exportations. Elle doit se concentrer sur les entreprises qui n’exportent pas encore, plutôt que sur les exportateurs confirmés. 5) Une dotation en personnel compétent est cruciale. Un organisme de promotion du commerce efficace nécessite un personnel ayant une expérience commerciale dans le secteur privé. Par conséquent, il doit pouvoir offrir des salaires et des conditions susceptibles d’attirer ces professionnels. 6) Un financement adéquat doit être disponible. Bien que le financement des bailleurs de fonds soit nécessaire au départ, l’agence doit être pérenne, et exige un financement adéquat provenant de sources internes. La tarification des services par le biais de frais d’utilisateur – probablement sur une base de partage des coûts – est une source importante de revenus et de discipline pour garantir que les services soient pertinents et utiles pour les clients. D’autres activités qui ont d’importants effets externes – comme celles qui renforcent la réputation du pays en matière qualité – doivent être couvertes par une ligne budgétaire de l’État et les cotisations des membres. 7) Garantir le suivi et l’évaluation des résultats. L’efficacité des activités de promotion du commerce doit être suivie et évaluée périodiquement pour faire en sorte que les leçons soient retenues, les stratégies affinées, et les meilleures pratiques appliquées.

Source : De Wulf, 2003 et Newfarmer et al. 2009.

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o Une troisième institution, la MEBF102, agit comme intermédiaire pour des services de soutien aux entreprises Elle sous-traite ces services à des prestataires privés afin de développer le marché local pour les services de soutien aux entreprises. Deux bailleurs de fonds ont décidé de confier leurs programmes de soutien à la MEBF : (i) la Commission européenne avec son programme de chèque conseil, qui fournit des subventions pour un certain nombre de services de conseil ; et (ii) l’IDA, qui prévoit un financement partiel pour une large gamme de services de formation et d’assistance technique. On espère que d’autres bailleurs de fonds confient leurs programmes à la MEBF, apportant ainsi une base financière pour le secrétariat. L’un des principaux défis à relever pour la MEBF sera de sécuriser sa viabilité financière à la lumière du court cycle de vie (3-5 ans) de la plupart des programmes des bailleurs de fonds.

o En l’absence d’une agence spécialisée pour la promotion des investissements, plusieurs autres organismes sont chargés de la conception de la feuille de route globale pour la promotion des investissements et de la facilitation du dialogue public/privé sur les questions de l’investissement. Par exemple, le Conseil présidentiel pour l’investissement a été créé en 2007 pour définir l’ensemble de la stratégie pour attirer les investissements étrangers et nationaux (publics et privés). Le Conseil économique et social a un rôle consultatif sur un grand nombre de questions économiques. La Commission nationale des investissements est chargée d’examiner les questions liées à la mise en œuvre du Code des investissements. Le Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB) est chargé de promouvoir des investissements dans le secteur minier, et l’Office national du tourisme de Burkina (ONTB) est chargé de promouvoir des investissements dans le secteur touristique (CNUCED, 2008).

Les instruments de promotion des exportations

o Les exportateurs burkinabè ne bénéficient d’aucune aide financière spécifique, et ont des difficultés à obtenir des prêts des institutions financières pour le financement de leurs projets. L’accès au financement est cité comme l’une des principales contraintes auxquelles sont confrontés les exportateurs du Burkina. Le problème est exacerbé par le fait que les institutions financières n’ont pas confiance en l’activité d’exportation parce que ses flux de revenus ne sont pas suffisamment garantis (contrats d’achat, solvabilité de l’acheteur) et peuvent à tout moment être compromis par des intempéries, la non-conformité avec les normes requises, ou des livraisons tardives. Par ailleurs, la faillite dans les années 1980 et 1990 des entreprises publiques telles que FLEX FASO et UCOBAM (qui étaient spécialisées dans l’exportation de fruits et légumes) a rendu les banques plus prudentes dans le traitement de ce type de contrats et de la nature des produits exportés par leur financement (Dahourou, 2008).

o En général, il est plus facile pour les grandes entreprises nationales ou les filiales de multinationales opérant dans l’agroalimentaire d’obtenir des lignes de crédit pour financer leur cycle de production qu’il ne l’est pour les petits exportateurs. Des sociétés telles que SOFITEX, SN CITEC, MABUCIG, et FASO COTON peuvent obtenir le financement nécessaire en raison de leur solidité financière, de leurs méthodes de gestion transparentes, et de leur maîtrise des conditions de vente au niveau international. De même, les grands exportateurs individuels de produits bruts comme le sésame, le beurre de karité, la noix de cajou, et les

102 Elle a été créée en 2002.

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céréales, ont aussi un accès suffisant au financement, soit directement, soit par un préfinancement de leurs partenaires étrangers. Au contraire, les petits exportateurs individuels ou groupés en association ont besoin de développer des partenariats avec des intermédiaires dans le pays pour le préfinancement de leur saison. Par exemple, dans le secteur des fruits et légumes frais ou séchés, il existe plusieurs entreprises gérées par des sociétés européennes qui préfinancent une partie de la saison et centralisent les exportations pour les marchés étrangers. Ce sont les sociétés européennes qui détiennent les contrats d’achat. Les deux principales entreprises mondiales dans l’achat et la transformation de beurre de karité ont des représentants au Burkina qui préfinancent la saison (Dahourou, 2008).

o Les fonds de subvention de contrepartie sont des instruments émergents pour soutenir la promotion des exportations au Burkina Faso. Les services de soutien aux agriculteurs et les associations d’agriculteurs orientés vers l’exportation font leur apparition. Par exemple, un fonds de subvention de contrepartie a été mis en place dans le cadre du Projet de diversification agricole et de développement des marchés (PAFSP) 2007 de la Banque mondiale. Ce projet met l’accent sur le renforcement des capacités au sein d’un certain nombre de filières agricoles sélectionnées (bétail, viande, mangues, oignons et poulet). La coordination avec la Maison de l’entreprise devrait consolider les activités de renforcement des capacités. Jusqu’à présent, le fonds de subvention de contrepartie et les chèques conseils ont produit des résultats adéquats. Plus de 5 000 personnes ont été formées. Au moins 300 demandes de services consultatifs ont couvert des thèmes tels que la gestion d’entreprise, la gouvernance d’entreprise, l’élaboration d’un plan d’affaires et la promotion commerciale. La Maison de l’entreprise a aussi mis en place un guichet unique pour assister au maximum 50 exportateurs, mais cette capacité semble être limitée (Dahourou, 2008).103

103 Les subventions de contrepartie qui sont fournies aux exportateurs privés doivent avoir pour objectif de (i) explorer les marchés d’exportation ; (ii) identifier les exigences des marchés d’exportations ciblés en vue d’améliorer la qualité du produit ; et (iii) identifier les entreprises extérieures qui ont l’expertise requise (Banque mondiale, EDIC 2007a).

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Encadré 0-11: Instruments pour la promotion des exportations en Tunisie

La principale organisme chargé de la promotion des exportations en Tunisie est le Centre de promotion des exportations (CEPEX).Cette structure a été créée en 1973 au sein du ministère du Commerce, pour fournir un appui financier et technique au exportateurs tunisiens. En 1997, le Conseil supérieur de l'exportation et de l'investissement (CSEI) a été créé et est présidé par le Chef de l'État. Il y a eu une baisse soudaine et considérable des exportations de la Tunisie à la fin des années 1990. Ceci a révélé la position vulnérable des exportations du pays qui étaient principalement basées sur les entreprises de confection qui opéraient en sous-traitance pour des acheteurs dans un petit nombre de marchés européens. Le Gouvernement conclut que le CEPEX avait échoué à empêcher la baisse des exportations et qu'une nouvelle approche de la promotion des exportations était nécessaire. Une demande ultérieure d’assistance à la Banque mondiale a conduit à la création du Fonds d'accès au marché d'exportation (FAMEX) en 1999. Le FAMEX a une mission strictement limitée : (i) aider les exportateurs actuels à introduire de nouveaux produits d'exportations ou à entrer sur de nouveaux marchés d'exportations ; (ii) aider les fabricants de vêtements à évoluer de la situation de sous-traitants au stade d’exportateurs de vêtements indépendants ; et (iii) encourager les entrepreneurs à devenir des exportateurs. Le FAMEX gère un fonds de subventions de contrepartie qui fournit un financement partiel pour le développement et l'exécution des plans d'exportation. Le FAMEX ne fournit pas ces services lui-même mais il agit comme intermédiaire entre ses clients et un réseau de consultants locaux et internationaux. Brisant une longue tradition de contrôle strict des établissements publics, le Gouvernement a accepté d'entretenir avec lui une relation éloignée, permettant ainsi au FAMEX d'être géré comme une agence indépendante de secteur privé. Le FAMEX a contribué à accroître la base d'exportations de la Tunisie en soutenant les exportateurs tunisiens qui ont (i) mis en place de nouveaux produits – notamment l'ingénierie, les services de conseils, les produits alimentaires et (ii) conquis de nouveaux marchés en Europe, en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Amérique du Nord. Sur la base de ces résultats, le Gouvernement a décidé de poursuivre le programme avec un FAMEX II financé par la Banque mondiale. L'expérience tunisienne offre d'intéressants enseignements sur les principaux facteurs clés pour la réussite d'un programme efficace de promotion des exportations : • Des objectifs bien définis ; • La protection du processus de prise de décisions contre l'interférence politique ; • Une structure de gestion efficace composée d'une petite équipe d'experts hautement qualifiés, qui sont

rémunérés selon les normes du secteur privé ; • L'accent mis sur la création de liens efficaces avec les marchés d'exportation stratégiques ; • L’utilisation du partage de coûts et de services d’experts extérieurs ; • L’évaluation sur la base de résultats spécifiques.

Source: Banque mondiale, EDIC 2007a.

o La taxe patronale d’apprentissage actuelle pourrait être un outil utile pour la promotion des programmes de développement de compétence des exportateurs. Cette taxe est prélevée sur la masse salariale des entreprises, les recettes annuelles sont d’environ 4,6 millions de dollars US. Ces recettes sont transférées au Trésor burkinabè. Cependant, elles pourraient être utilisées pour financer un programme visant le renforcement des compétences techniques, de marketing et de gestion générale dans le secteur privé. La mise en œuvre du programme impliquerait un mécanisme intégré pour assurer la viabilité à long terme.104 Une 104 Les bonnes pratiques internationales indiquent les facteurs de succès pour les projets suivants : (i) le transfert libre des recettes du prélèvement sur un compte sécurisé doit être garanti afin d’éviter une appropriation illicite des fonds ; (ii) le programme doit être géré par une équipe de gestion professionnelle, qui doit bénéficier d’une totale autonomie financière et de gestion, sur la base de procédures de prise de décision transparentes ; (iii) une structure de gouvernance solide doit être mise en place, y compris un bureau tripartite ayant une responsabilité de supervision ; (iv) le programme ne devrait pas offrir lui-même des services de développement de compétences, mais plutôt agir comme un intermédiaire ; (v) il ne devrait pas avoir de restrictions sur les prestataires de services – les

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appropriation claire du secteur privé et des procédures transparentes pourrait attirer plus de financement en provenance d’autres sources. En Côte d’Ivoire, le programme national de prélèvement pour la formation a reçu un soutien considérable des bailleurs de fonds dès que le Gouvernement s’est engagé à réformer sa structure de gestion et à fournir un suivi et un contrôle directs sur les représentants du secteur privé (Banque mondiale, EDIC 2007a).

o Certaines structures de soutien ont tenté de collecter des revenus supplémentaires en vendant des services commerciaux contre des honoraires. Cette approche a ses limites, elle peut créer une concurrence déloyale aux fournisseurs réels de services de soutien, provoquant ainsi une obstruction plutôt qu’un développement du secteur privé.

Normalisation et certification de la qualité

o L’établissement d’un système national de qualité est essentiel pour ajouter de la valeur aux exportations traditionnelles et pour promouvoir de nouvelles exportations. Ceci implique l’amélioration de la qualité et des normes des produits exportés en vue de satisfaire les demandes des consommateurs et les normes environnementales des pays développés.105

o La normalisation et la promotion des systèmes de la qualité sont en cours de développement au Burkina. En 2007, le cadre juridique a été en partie établi pour créer un système national de normalisation, de certification, d’accréditation et de promotion de la qualité. Une politique nationale de la qualité est actuellement en cours de développement. Cette politique doit rendre opérationnelle la loi adoptée en 2007, en créant un système national de normalisation, de certification et d’accréditation pour les produits burkinabè. Ce système aidera les entreprises à identifier les contraintes des produits du marché ciblé et à se conformer aux caractéristiques de ces marchés.

o L’organisme national de normalisation, FASONORM, a eu des activités limitées en raison d’un manque de ressources financières et humaines adéquates. FASONORM fait partie de l’ONAC et est chargé d’établir les normes de produit et de fournir la certification pour les marchés intérieurs et extérieurs. Il a adopté des normes pour les fruits et légumes, les céréales, le haricot et le niébé. Cependant, les exportateurs ne s’en remettent pas à lui, parce qu’ils recherchent avant tout une certification externe comme EUREGAP pour le marché de l’UE. Des propositions ont été élaborées pour restructurer FASONORM.

o Plusieurs organismes participent à la certification des produits, ce qui peut retarder l’acheminement de ces produits à cause des procédures nombreuses et longues. Un certain nombre de services administratifs sont responsables de cette certification, en conformité avec les règlements techniques émis par les ministères. La Direction de la protection des végétaux et du conditionnement (DPVC) est chargée de la certification de l’état phytosanitaire des plantes. La

entités privées, publiques, institutionnelles et ONG devraient toutes être éligibles, et toutes les allocations doivent être effectuées sur une base concurrentielle (Banque mondiale, EDIC 2007a). 105 L’existence d’un système national de la qualité est importante au vu de l’Accord sur les obstacles techniques au commerce (TBT) et des Accords sur les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS). Habituellement, des Points nationaux d’information (NIP) sont mis en place dans les pays de l’OMC pour donner des renseignements sur les normes, les règles techniques et les procédures pour évaluer la conformité avec les normes et les règles techniques (Dahourou, 2008).

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Direction des services vétérinaires est chargée de la certification de l’état sanitaire des produits animaliers et des produits d’origine animale. L’Inspection de la qualité et de la métrologie (IQM) délivre les certificats de conformité nationale pour les denrées alimentaires, les plantes, les animaux et les produits d’origine animale. Le Bureau des mines et de la géologie du Burkina est responsable pour la certification des métaux précieux (Dahourou, 2008).

o Il existe plusieurs laboratoires de contrôle à Ouagadougou et Bobo Dioulasso. La liste comprend : (i) le Laboratoire national de santé publique ; (ii) le Laboratoire du Département de technologie alimentaire de Ouagadougou et de Bobo ; (iii) le Laboratoire national d’élevage ; et (iv) le Laboratoire du contrôle de la qualité et de la métrologie. L’inspection et le contrôle de conformité sont assurés par (i) l’Inspection du contrôle et de la métrologie ; (ii) la Direction de la protection des végétaux et du conditionnement (DPVC) ; et (iii) le Département de la santé animale.

o Au niveau de l’entreprise, seules quelques associations d’entreprises et de PME ont intégré les systèmes de contrôle de qualité dans leurs activités. Ce sont : (i) l’Association burkinabè pour le management de la qualité ; (ii) l’ancienne Association burkinabè des cercles de qualités ; et (iii) les PME opérant dans le secteur alimentaire et exportant vers le marché européen. La mise en place d’un système de qualité au niveau de l’entreprise est coûteuse, et nécessite parfois des investissements supplémentaires en équipement, en espace de production, en conditionnement, et en normes d’hygiène pour les activités (Dahourou, 2008). De toute évidence, la mise en place des systèmes de qualité améliorerait le processus de production et la qualité finale des produits exportables. Le défi réel consiste à sensibiliser les exportateurs et à organiser des campagnes ciblées à leur endroit sur l’importance des normes et de la qualité des produits.

Encadré 0-12: Programmes de renforcement des capacités pour soutenir la promotion de la qualité

Le Programme de qualité 2002-2005 de l’UEMOA a soutenu le renforcement de capacités du système national de qualité par l’équipement et la formation. L’objectif de ce programme était de contribuer au processus d’intégration régionale par la mise en place de (i) la coopération régionale dans le domaine de la promotion de la qualité et (ii) un système régional pour l’accréditation, la certification et la normalisation. En outre, le programme a réalisé des activités de diffusion de promotion de la qualité et le renforcement des services d’aide technique pour la gestion de la qualité impliquant le secteur privé. Ce programme d’une valeur de 12,5 millions d’euros a été mis en œuvre dans sept pays de l’UEMOA. Au Burkina Faso, il visait (i) à moderniser les laboratoires d’essais en fournissant des équipements pour leur accréditation ; (ii) à soutenir les activités de l’Organisation nationale de normalisation (FASONORM) ; et (iii) à assister les entreprises sélectionnées dans la mise en place de systèmes de qualité pour la certification ISO 9001. La seconde phase du programme, d’un montant de 14 millions d’euros, visait les pays de l’UEMOA, la CEDEAO et la Mauritanie. Cette phase a été lancée au cours du deuxième trimestre de 2008. Son objectif était d’assurer la continuité des actions entreprises durant la première phase. Les principales activités entreprises dans le cadre de la première phase du programme comprenaient, entre autres, l’adoption de plusieurs réglementations de mise en œuvre sur l’accréditation et la métrologie, les activités de formation sur la gestion financière des laboratoires, les bonnes pratiques pour la gestion des laboratoires et les procédures d’accréditation, les normes ISO/CEI 17025, la réglementation européenne sur le développement du système de suivi au sein des entreprises, les systèmes de poids et de mesures, et la formation des inspecteurs de produits phytosanitaires et animaliers.

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Source : Dahourou, 2008. Les mécanismes de remboursement de la TVA pour les exportateurs

o Les mécanismes de remboursement de la TVA sur les intrants utilisés pour les exportations sont longs et peuvent avoir un impact considérable sur les flux de trésorerie des entreprises. Selon deux études récentes du FMI106, il faut en moyenne 10 mois pour régler un remboursement de la TVA au Burkina Faso, alors que la norme internationale est de un mois.107 Le FMI décrit les délais de remboursement comme une véritable « taxe sur l’exportation ». Les sociétés qui produisent pour le marché local peuvent déduire la TVA payée sur les intrants avant de soumettre la TVA recueillie sur leurs ventes. Un exportateur ne recueille pas de taxe sur ses ventes à l’étranger, mais il paye tout de même la TVA sur les intrants (Banque mondiale, EDIC 2007a).108

o Les délais de remboursement de la TVA affectent les sociétés minières. Elles paient pour des biens et des services coûteux tels que le forage. Ceci peut coûter plus de 10 millions de dollars US par an, même pendant la période de préfaisabilité. Il faut parfois jusqu’à sept ans d’investissement avant que la production ne démarre. La TVA (18 %) sur un tel montant s’élève à 1,8 million de dollars US. Les sociétés attendent jusqu’à un an pour être remboursées. Ce retard diminue considérablement leur flux de trésorerie (Banque mondiale, EDIC 2007a).

Dispositions pratiques pour stimuler la compétitivité Zones économiques spéciales

o Il existe actuellement plusieurs zones industrielles au Burkina. Les plus anciennes sont situées à Ouagadougou, Gounghin et Bobo Dioulasso. Une industrie cotonnière en plein essor et une bonne connexion aux infrastructures ferroviaires ont conduit à l’émergence d’autres zones industrielles dans les villes de Koudougou, Banfora et Dédougou Solenzo, où ont été créées plusieurs usines d’égrenage. En 2004, le ministère du Commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat (MCPEA) a mené une étude sur la réorganisation des zones industrielles de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso. Celle-ci a révélé que les taux d’occupation de ces zones étaient relativement élevés : 55 % dans la zone de Kossodo et 64,4 % dans la zone de Bobo Dioulasso. La Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat à Ouagadougou a créé récemment deux zones d’affaires ou d’activités diverses (ZAD), destinées aux PME dans les domaines du commerce, de l’artisanat et de l’industrie de transformation. Quelques entreprises de transformation d’aliments ont également été mises en place dans la ZAD de Ouagadougou (Dahourou, 2008).

106 IMF 2005, VAT Refunds: A Review of Country Experience, IMF, 2006, Burkina - Nouvelles étapes de la réforme des administrations fiscale et douanière. 107 Par exemple, le Gouvernement devait à la SOFITEX environ 10 milliards de francs CFA à la fin 2005. 108 Le principe de remboursement est un élément fondamental du système de la TVA. Dans les pays industrialisés, les montants remboursés aux entreprises peuvent atteindre 50 % du total collecté. Cependant, dans les pays les moins avancés (PMA), le montant est normalement inférieur à 10 %. Après avoir collecté ces revenus, les ministères des Finances dans les PMA semblent peu disposés à les rembourser (Banque mondiale, EDIC 2007a).

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o En dehors des usines d’égrenage, les performances en exportation des entreprises opérant dans ces zones restent inégales. Certaines entreprises qui ont bénéficié de subventions de l’État n’ont pas réussi à être suffisamment rentables pour survivre. Elles ont échoué en raison de problèmes de gestion et d’une structure de coûts relativement élevée pour leurs opérations. Celles qui ont réussi à demeurer en activité font partie de groupes de multinationales – sociétés alimentaires, de boissons et de tabac.

o La création d’une zone économique spéciale (ZES) pour attirer l’investissement étranger et développer les activités orientées sur l’exportation pourrait être une option pour la diversification des exportations, mais un examen attentif de sa faisabilité est essentiel pour son succès. Le développement de la ZES ne doit pas être perçu comme un substitut à des efforts plus important pour intégrer le commerce international et entreprendre des réformes dans toute l’économie. Ces ZES peuvent être des outils pour promouvoir l’investissement étranger, créer des emplois et générer des exportations. Elles pourraient également stimuler la création d’un environnement favorable aux affaires au sein de la zone économique, développer les infrastructures, et encourager les liaisons avec les PME locales. Les ZES seraient un exemple pour toute l’économie, encourageant les exportations et les transferts de technologie. Cependant, elles pourraient créer des enclaves coûteuses par rapport au reste de l’économie.

o Un régime de zone économique spéciale implique des dispositifs législatifs, réglementaires et administratifs qui doivent être soigneusement analysés. En particulier, le processus législatif pourrait nécessiter une analyse du cadre juridique et réglementaire actuel. Cela pourrait impliquer l’adoption d’un texte législatif qui crée le régime et définit la gouvernance et l’administration de la zone, les formes de financement, le régime et les opérations d’investissement. Sinon, ce processus pourrait se baser sur le cadre juridique existant. En fonction de la stratégie globale du gouvernement, des options et des opportunités, le statut de ZES peut être accordé à certaines zones sélectionnées (Encadré 1-13). Des études de faisabilité sont nécessaires pour (i) évaluer la viabilité d’un tel régime ; (ii) analyser le cadre juridique et réglementaire ; (iii) évaluer les opportunités existantes ; (iv) déterminer la disponibilité foncière; (v) sélectionner le site ; (vi) évaluer les besoins en infrastructures ; et (vii) estimer les coûts d’investissements et la rentabilité.

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Encadré 0-13 : Caractéristiques des zones économiques spéciales

Au cours des années 1970 et 1980, plusieurs pays ont créé des zones économiques spéciales afin de stimuler l’investissement, promouvoir le commerce et créer des emplois dans une zone libre de tous droits de douanes et taxes. Le concept de zone économique spéciale était basé à l’origine sur les principes suivants : i) Une zone géographiquement limitée, généralement clôturée et sécurisée ; ii) Une structure administrative unique ; iii) L’éligibilité des sociétés sur la base de la situation physique dans la zone ; iv) Des bâtiments pour les services douaniers hors-taxes rapides et l’entreposage.

Plusieurs types de zones spéciales ont émergé au fil des ans, selon les installations et les infrastructures qu’elles fournissaient. Il y a des zones franches commerciales, des zones franches d’exportation, des zones de sociétés, des zones franches portuaires, des zones industrielles, et des zones spéciales technologiques. Afin de stimuler considérablement les exportations, il est préférable que : i) Tous les types d’entreprises – qu’elles soient des sociétés commerciales ou industrielles –

soient admis dans la zone sans tenir compte du fait qu’elles soient considérées comme sociétés d’exportation ou non ;

ii) Un cadre juridique qui facilite l’administration de la zone soit mis en place pour réglementer et encourager la concurrence entre les différentes zones du pays ;

iii) Une institution autonome soit responsable pour la gestion de la zone afin de garantir une distribution appropriée et un suivi des espaces attribués (voir le Tableau 1-21 ci-dessous).

Tableau 0-23 : Caractéristiques des ZES

Concept d’extra territorialité Hors du territoire douanier national Éligible pour les certificats nationaux d’origine Éligible pour participer aux accords commerciaux nationaux

Éligibilité pour les avantages Pas d’exigence d’exportations minimum Industries de transformation et services Entreprises étrangères et locales Extension des entreprises existantes Développeurs de zones privés

Propriété étrangère ou locale Pas de limitations Traitement égal

Ventes au marché intérieur Totalement libéralisé plutôt qu’un système de cas par cas Traités comme des importations dans le marché intérieur, soumis au paiement de droits et taxes d’importation

Achats du marché intérieur Traités comme des exportations provenant du marché intérieur

Politiques de travail Conformité totale avec les normes de travail de l’OIT Mécanisme de règlement des conflits

Source: FIAS, 2008.

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Encadré 0-14 : Zone franche à Madagascar

Dès les années 1970, le Sénégal et le Libéria ont mis en place des zones franches industrielles. L'impact sur leur économie a été quelque peu mitigé en raison des formalités administratives, du coût élevé des facteurs de production (eau, électricité, communications), et des politiques de travail. D'autres pays, comme Madagascar, l’île Maurice et le Kenya, ont créé des zones d'exportation qui ont eu un impact positif en termes de création d'emplois et de volume d'exportations. En 2005, 80 % des exportations en provenance de Madagascar, 2,4 % des exportations du Ghana, et 34,4 % des exportations de l'île Maurice sont venus des zones économiques spéciales.

À la fin des années 1980, Madagascar a décidé d'opter pour une stratégie de croissance axée sur les exportations. Ceci a été suivi en 1990 par l'introduction d'un régime spécial pour les entreprises des zones franches. Des allégements fiscaux – combinés à des salaires faibles et des préférences commerciales accordées sur les marchés américains et européens – ont déclenché une croissance continue de la zone franche malgache. Selon l'Association de la zone franche, à la fin de l’année 2004, il y avait 180 entreprises en activité avec plus de 100 000 employés. Cependant, cet essor a été interrompu par le démantèlement des quotas sur la confection depuis le début de l’année 2005.

Les investisseurs cherchaient essentiellement à tirer parti des faibles coûts du travail à Madagascar. Cadot et Nasir (2001) indiquent que le salaire mensuel pour un opérateur de machine non qualifié dans l’industrie textile à Madagascar est inférieur d’un tiers du salaire équivalent à l'île Maurice, d’environ la moitié de celui de Chine, et seulement environ 60 % du salaire moyen en Inde. Bien que la productivité de travail soit apparemment considérablement inférieure à Madagascar qu'à l'île Maurice ou en Chine (et égale à celle de l’Inde), les coûts de production unitaires sont parmi les plus bas au monde, et inférieurs à ceux des trois pays mentionnés ci-dessus. Plusieurs pays asiatiques avaient déjà atteint leurs quotas. Par conséquent, le choix de Madagascar a permis de contourner les quotas de textiles imposés par les pays développés dans le cadre des MFA. La Banque centrale de Madagascar (2002) a indiqué que l'industrie textile représentait 90 % de la production de la zone franche en 2001. Madagascar bénéficie d’un accès hors taxe et sans quota aux marchés européens et américains. Les exportations de textiles sont concentrées sur les marchés américains et européens, qui sont les deux principaux marchés dans le monde pour ces produits. Bien que les préférences commerciales aient joué un rôle important dans le succès de la zone franche, celles-ci n'auraient pas été utilisées s’il n’y avait pas eu les allégements fiscaux accordés au titre de la zone franche (EPZ). Les quantités d'exportations étaient minimes à Madagascar au début des années 1990. Depuis lors, la croissance des exportations de la zone franche a été remarquable. Les ventes au marché américain, qui étaient marginales jusqu'en 2000, ont entraîné la croissance durant les années 2000. En 2006, l'UE et les USA ont chacun absorbé la moitié des exportations. La part de la zone franche dans les exportations totales a progressé de façon constante pour atteindre presque 50 % en 2005-2006, une proportion sans égal dans tout autre pays moins avancé (PMA). La zone franche a beaucoup contribué à l’essor des exportations de marchandises à Madagascar de 1995 à 2006. À l’exception du Lesotho, Madagascar a été le seul nouvel exportateur africain performant de produits manufacturés au cours des dix dernières années. Au début des années 1990, Madagascar exportait presque exclusivement des produits agricoles (principalement du café, de la vanille, des clous de girofle et des crevettes). Par la suite, la part de ces produits est tombée à moins de la moitié des exportations totales. À contrario, la part des produits manufacturés était négligeable au début des années 1990, mais a progressé de façon constante pour atteindre finalement la moitié des exportations totales. Cette croissance a concerné principalement des exportations de textiles, c'est-à-dire les exportations de la zone franche. Bien que le montant total (500 millions de dollars US en 2006) puisse sembler relativement modeste comparé aux normes mondiales, il n’en reste pas moins qu’en 2001, Madagascar était devenu le deuxième exportateur de vêtements africains en Afrique subsaharienne, en seconde position derrière l’île Maurice.

Source : Cling, Razafindrakoto and Roubaud, 2007, Export processing Zones in Madagascar: The impact of the dismantling of clothing quotas on employment and labor standards.

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« Grappes » et pôles de croissance

o Les « grappes » et pôles de croissance peuvent être des options pour stimuler les exportations et la croissance. La constitution de grappes implique que des entreprises se mettent ensemble pour réaliser une meilleure rentabilité et une meilleure compétitivité. Dans les grappes, les entreprises peuvent mettent en commun (i) les moyens de production (transformation de la production en surplus par l’une pour éviter les pertes par les autres) ; (ii) la formation ; ou (iii) le soutien technique. Il existe deux catégories de grappes : (i) les grappes créés par des entreprises et d’autres acteurs du même domaine ; et (ii) les grappes issues de politiques publiques, tels que les centres technologiques, les parcs industriels, les incubateurs d’entreprises ou les zones de traitement des exportations. Comme les grappes, les pôles de croissance soulignent l’importance du lieu d’implantation et des économies d’agglomération, mais ils diffèrent par la manière dont la croissance est réalisée. Ils mettent l’accent sur l’attraction des entreprises dans une région donnée, à travers des incitations fiscales, le développement d’infrastructure et autres services commerciaux d’accompagnement. Le Gouvernement joue le rôle de planificateur général, ciblant les industries et les emplacements en utilisant un large éventail d’incitations, même dans des régions éloignées des principaux centres économiques. Les grappes utilisent des solutions axées sur les forces du marché en influençant les activités économiques existantes dans un endroit particulier. Les grappes utilisent une approche bien moins descendante, et mettent moins l’accent sur la concentration d’infrastructures physiques. Les institutions de soutien et les dispositifs de R&D dans un regroupement, évoluent progressivement afin de satisfaire les besoins des entreprises. Le Gouvernement joue un rôle catalyseur, en offrant un environnement d’affaires productif dans divers secteurs (Banque mondiale, 2009b).

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Encadré 0-15 : Exemples de grappes en Afrique subsaharienne

Les principales caractéristiques qui déterminent la compétitivité des entreprises dans les grappes sont les suivantes : (i) l’accès au marché ; (ii) la flexibilité et la disponibilité du capital humain ; (iii) l’impact de la consommation intermédiaire ; (iv) les retombées technologiques ; et tout particulièrement (v) l’action combinée des entreprises qui se regroupent pour travailler dans un intérêt commun (Nadvi, 1999). Plusieurs pays africains ont développé cette approche, et ont ainsi réussi à accroître le volume de leur production et exporter des produits à forte valeur ajoutée dans des secteurs allant de l’agroalimentaire à la haute technologie (voir le Tableau 1-22 ci-dessous).

Tableau0-24 : Les grappes en Afrique subsaharienne

Pole de compétitivité

Pays Nombre d’entreprises

Taille (Nombre d’employés)

Produits Marchés

Lac Naivasha

Kenya 24 (grandes entreprises)

250-6 000 Coupe de fleurs domestiques

National/international

Lac Victoria Ouganda 17 (pêcheries)

Production de poisson/transformation

National/international (Europe)

Nnewi Nigeria 85 < 12 en moyenne

Pièces d’automobiles National et Afrique de l’Ouest

Suame Magazine

Ghana +9 000 5-10 Transformation/ réparations d’automobiles

National et Afrique de l’Ouest

Selon une étude menée par Zeng, qui couvre 11 grappes en Afrique subsaharienne, leur développement et leur succès est fondé sur la capacité des entreprises à accroître leurs activités par la diversification vers des produits de plus en plus sophistiqués afin de réaliser des économies d’échelle. C’est principalement le résultat de (i) la création d’une chaîne de valeur de l’approvisionnement production/distribution ; (ii) l’acquisition de savoir-faire et de technologies par l’adaptation et la diffusion ; (iii) le développement de la formation professionnelle technique ; et (iv) le développement de partenariats intra-entreprises et d’actions conjointes.

Source : Dahourou, 2008.

o Mettre en place des grappes consiste à identifier des secteurs à fort potentiel de croissance, et à comparer différentes options de chaîne de valeur pour déterminer leur emplacement le plus approprié. En particulier, le contrôle préalable devrait inclure une analyse de : (i) des secteurs générateurs de revenus potentiels ; (ii) des dispositifs des zones industrielles existantes comme emplacement potentiel des grappes ; et (iii) du potentiel des différentes régions et chaînes de valeur pour stimuler l’émergence et le développement de sociétés supplémentaires. Des mesures spécifiques et durables pour les exportateurs doivent être mises en place pour des résultats tangibles à moyen et à long terme.

o Les acteurs publics et privés du Burkina indiquent qu’il y a des possibilités pour le développement des pôles de croissance. De telles opportunités existent à : (i) Bagré, pour générer un effet de levier sur les investissements d’infrastructure existants et l’engagement du Gouvernement à son développement ; (ii) Bobo-Dioulasso (région des Hauts Bassins), pour tirer parti du potentiel agro-pastoral, les industries et les infrastructures économiques existantes, le centre de population en et la proximité avec la Côte d’Ivoire ; (iii) la région des Cascades, pour exploiter la production horticole et de cajou existante, les infrastructures économiques, les

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industries et la proximité avec la Côte d’Ivoire ; (iv) Mana, Youga, Kiéré, Essakane, Perkoa, autour des zones minières existantes où les initiatives locales de développement économique doivent être renforcées ; et (v) Tambao, une mine potentielle de manganèse, où le potentiel existe pour soutenir la mise en place d’un partenariat public/privé (PPP) pour un nouvel investissement ferroviaire. De plus, une approche de pôle de croissance pourrait soutenir la simplification du cadre réglementaire et institutionnel existant pour la promotion et la facilitation de l’investissement (Encadrés 1-16 et 1-17).

o L’appui institutionnel par le Gouvernement et les partenaires au développement est souvent décisif pour le succès des grappes ou pôles de croissance. Pour la configuration des grappes ou pôles de croissance au Burkina Faso, l’attention devrait être portée sur : (i) la sécurisation de la propriété foncière pour les agriculteurs dans les pôles agroalimentaires ; et (ii) la mise en place d’infrastructure appropriée pour soutenir des activités économiques telles que le transport, l’électricité, l’eau, les télécommunications et l’Internet haut débit pour les pôles consacrés aux services.

o En outre, il est impératif d’obtenir un nombre suffisant de personnes ayant des compétences adéquates. Il faut mettre l’accent sur la création de centres de formation professionnelle capables d’offrir une formation technique aux industries alimentaires dans les pôles agroalimentaires et de maintenance industrielle ou autre, et une formation spécifique pour les services, les finances, les centres d’appel, et la mise en réseau. Par conséquent, il est nécessaire que l’approche de l’objectif de développement des grappes puisse cibler le développement du capital humain et de l’innovation.

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Encadré 0-16 : Potentiel des régions des Hauts Bassins et des Cascades

La région des Hauts-Bassins est constituée de trois provinces : Houet, Tuy et le Kénédougou. La plus grande ville est Bobo Dioulasso qui rassemble plus de la moitié de la population de la région. La région possède les atouts suivants : • Un potentiel agro-pastoral : coton, céréales, élevage, sésame, cajou, fruits et légumes. • Des infrastructures économiques : une zone industrielle est déjà créée à Bobo et il est prévu de créer deux

autres zones ; un aéroport qui pourrait être utilisé pour le transport de marchandises ; une plateforme multimodale pour le transit qui est directement connectée au chemin de fer, reliant la ville au port d’Abidjan en Côte d’Ivoire ; une station fruitière. La réouverture des liaisons routières et ferroviaires avec la Côte d’Ivoire stimulerait davantage la région, qui a beaucoup souffert de la crise ivoirienne.

• La centrale d’énergie électrique reliant le pays à la Côte d'Ivoire pourrait réduire les facteurs de coûts. • Un pool d’entreprises dans la région, avec une forte concentration à Bobo Dioulasso ; le registre des

entreprises à la Chambre de commerce indique l’existence de 4 120 sociétés, dont 65 % sont dans le commerce, 26,2 % sont des prestataires de service et 8 % sont dans l’industrie. Les petites et moyennes industries de transformation sont nombreuses (huile, laiterie, boissons, fruits et légumes séchés) et coexistent avec de grandes unités de transformation telles que CITEC (coton graine, tourteaux oléagineux, savon), SOFITEX (égrenage de coton), BRAKINA (brasseries et eau minérales), FILSAH (filature de coton), et DAFANI (nectar, concentré de jus de fruits). Des industries y sont aussi opérationnelles dans le domaine de la métallurgie, de la mécanique, de la chimie et de ses dérivés.

• Des structures de soutien (bureaux de secteur de la Chambre de commerce et de la Maison de l’entreprise) et un laboratoire sont en place.

La région des Cascades est située à l’extrême sud-ouest du Burkina Faso et est composée de deux provinces : Comoé et Léraba. Cette région possède les atouts suivants : • Un potentiel agricole : elle est le second plus grand producteur de fruits et de légumes (mangue et banane)

de la région (après les Hauts Bassins), et le plus grand producteur de noix de cajou au Burkina. Ce produit est exporté en grandes quantités vers l’Inde et l’Europe. La canne à sucre a également du potentiel. L’accent pourrait être mis sur le développement de céréales transformées, de fruits et de légumes séchés, et de décorticage de noix de cajou.

• Des infrastructures économiques : les chemins de fer et les routes reliant le Burkina à la Côte d’Ivoire s’étendent sur toute la région et sont en bon état ; une zone industrielle spéciale pourrait être créée pour promouvoir l’émergence de PME de transformation.

• Des entreprises agro-industrielles existantes : bien que la région n’ait pas de zones industrielles, elle a de grandes entreprises telles que la SOSUCO, (sucre), SOPAL (alcool et mélasse), SOFITEX (coton), et SN-GMB (conditionnement de farine de blé importée). L’existence de plusieurs associations et de coopératives orientées vers l’exportation pourrait permettre des partenariats avec ces grandes entreprises.

Source : Dahourou, 2008.

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Encadré 0-17 : Un projet pilote de pôle de croissance à Bagré

Le potentiel de développement de Bagré en tant que pôle de croissance agro-industriel repose sur les facteurs suivants :

• Des ressources en eau considérables largement inexploitées, et par conséquent d’importantes zones pouvant être irriguées.

• La possibilité de développer d’autres activités telles que la pisciculture et la production animale. • La disponibilité d’approvisionnement en électricité. • L’infrastructure routière existante et l’accès relativement facile aux grands marchés intérieurs et

régionaux de consommation (Ouagadougou, Ghana, Togo et Niger). • Le cadre politique et juridique existant fait de Bagré une Zone d’utilité publique qui accroît l’accès à

la propriété foncière pour les investisseurs et clarifie la situation de la propriété foncière qui permettrait aux investisseurs potentiels de sécuriser l’accès à la propriété foncière.

Toutefois, le succès d’un tel pôle de croissance dépend d’une série de réformes administratives et de la réglementation dans la zone de Bagré et dans tout le pays, de la manière suivante :

• Offrir aux investisseurs privés la sécurité de propriété foncière à long terme. Cela vient d’être autorisé par l’adoption d’une nouvelle loi foncière par le biais d’un bail à long terme. Le système opérationnel pour permettre l’octroi de ces baux a besoin d’être mis en place.

• Développer un système de gestion efficace et souple pour l’infrastructure d’irrigation (distribution d’eau, exploitation et maintenance du système de distribution) : les autorités et la Maîtrise d’ouvrage de Bagré devraient établir la gestion du système d’irrigation (exploitation et maintenance) avec les moyens techniques et les capacités de gestion nécessaires avec suffisamment d’autonomie et de flexibilité.

• Développer des infrastructures durables et d’autres services : énergie (électricité ou carburant), communication et connexion Internet, fournisseurs d’intrants ou prestataires de services de maintenance et de réparation ; établissements bancaires ; infrastructure collective de production (stockage, chaîne de froid) et services de conseil technique (qualité). Un programme de subvention de contrepartie contribuerait à réduire les coûts pour les prestataires de service privés et les encouragerait à entreprendre des activités à Bagré.

• Entreprendre des politiques d’envergure nationales, en particulier : o Rationaliser le cadre institutionnel de promotion des investissements et des exportations ; o Poursuivre les réformes de la réglementation et le renforcement des capacités pour la mise en œuvre des points suivants : législation sur l’investissement, régimes fiscaux et douaniers, gouvernance, facilitation du commerce transfrontalier, mise en œuvre de la nouvelle législation sur la propriété foncière, révision du Code minier et de la politique minière pour renforcer la participation des communautés locales. o Renforcer le cadre politique et réglementaire des PPP afin d’attirer les investissements privés en infrastructure. L’investissement ferroviaire de Tambao pourrait devenir un projet pilote de PPP que le Groupe de la Banque mondiale pourrait soutenir dans le cadre d’un programme de pôle de croissance.

Source : Auteurs.

Conclusions et recommandations de politiques

o Dans le contexte de la crise mondiale actuelle, le Burkina Faso est confronté à la difficile tâche d’accroître la compétitivité de son exportation et de réduire sa dépendance envers la production cotonnière. Malgré de bonnes performances de croissance, le pays a été récemment exposé à une baisse des prix du coton, faisant peser une pression supplémentaire sur le budget de l’État et le compte extérieur. Le Burkina a eu de meilleures performances que plusieurs pays enclavés de l’Afrique subsaharienne. Néanmoins, il se classe derrière des exportateurs de produits similaires en Amérique latine et Asie. Le défi de diversification du pays repose sur la promotion d’une productivité agricole accrue par (i) l’identification d’opportunités

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génératrices de revenus en dehors de la production de coton ; et (ii) le développement progressif des capacités à produire des produits à plus forte valeur ajoutée.

o Un certain nombre de contraintes macro et microéconomiques entravent le développement du secteur privé. Au niveau macroéconomique, la récente appréciation de l’euro rend le TCER moins compétitif pour les exportations. Bien que les données concernant le non-alignement du TCER soient mitigées, l’élargissement du déficit du compte courant est une indication que le TCER peut être surévalué. Au niveau microéconomique, les entreprises burkinabè ont une productivité relativement faible et des coûts de main-d’œuvre unitaire élevés comparés à certains de leurs principaux concurrents internationaux. En outre, les performances des entreprises sont affaiblies par (i) un faible accès aux finances et à l’électricité ; (ii) une fiscalité lourde ; (iii) une concurrence déloyale du secteur informel ; (iv) la corruption ; (v) des infrastructures de transport inadéquates ; (vi) le manque d’accès aux services de TIC ; (vii) le manque de compétences ; et (viii) les problèmes de santé.

o La sophistication des exportations du Burkina est faible. Son panier des exportations est dominé par le coton brut, ce qui augmente l’exposition du pays aux chocs des termes de l’échange et à la volatilité des prix internationaux du coton. Le sésame est un autre produit à faible potentiel de revenu dans le panier des exportations du pays. L’augmentation des exportations autres que le coton et le sésame, exigerait des interventions de politiques spécifiques. Les produits qui pourraient être considérés sont (i) les fruits et légumes séchés ; (ii) les cuirs et autres peaux ; (iii) l’huile de graine de coton ; (iv) le sucre ; (v) le savon ; (vi) les ouvrages en bois ; (vii) l’art décoratif ; et (viii) l’or.

o Les exportations et la promotion de l’investissement sont des processus déterminés par le marché, mais le Gouvernement peut jouer un rôle de facilitateur en luttant contre les asymétries d’information et autres dysfonctionnements du marché. Les instruments de promotion des exportations et d’investissement existants n’ont pas montré une réelle efficacité à soutenir l’émergence de nouvelles possibilités de production. Le cadre de politique des investissements est généralement favorable à l’investissement étranger direct, mais il y a des possibilités d’amélioration. Le Burkina pourrait créer un environnement plus favorable pour l’investissement national et international en simplifiant le code des investissements et des incitations fiscales, en améliorant la gouvernance et la coordination avec les politiques de l’UEMOA dans les domaines de la concurrence, de la fiscalité, et des télécommunications. Malheureusement, le Burkina ne dispose pas actuellement de stratégies coordonnées des exportations et de promotion de l’investissement. L’ONAC est chargée de la promotion des exportations, mais elle manque de ressources humaines et financières pour être efficace dans la promotion des exportations. Une agence de promotion des investissements n’a pas encore été mise en place. Certains instruments de promotion des exportations, comme les fonds de subventions de contrepartie, ont été mis en œuvre pour soutenir le renforcement des capacités en agriculture. Cependant, il est nécessaire de simplifier l’administration fiscale en ce qui concerne le remboursement de la TVA aux exportateurs, la standardisation, et les systèmes de qualité des biens.

o Les pertes de compétitivité proviennent de la récente appréciation de l’euro et les fluctuations de l’euro par rapport au dollar exigent des mécanismes de gestion du risque des prix. En outre, la compétitivité du taux de change et l’adéquation des réserves internationales auront besoin d’être soigneusement examinées à la lumière des chocs

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défavorables actuels. L’incertitude de la production et des prix du coton souligne l’importance d’avoir une stratégie durable pour atténuer le risque et stabiliser les revenus pour les producteurs comme pour les consommateurs. On pourrait rechercher le soutien de bailleurs de fonds pour la reconstitution du fonds de lissage existant.

o Le Burkina peut tirer parti de ses capacités existantes pour se diversifier progressivement vers des produits qui ont un potentiel de revenu élevé et une demande mondiale croissante. Le Tableau 1-19 fournit une liste de candidats à la diversification. Ceci pourrait également contribuer à développer des activités auxiliaires et même des capacités plus fortes pour transformer l’économie en une économie industrielle. Les politiques qui facilitent la diversification dans des secteurs spécifiques (de produits) pourraient aussi nécessiter des interventions sectorielles spécifiques.109 Par conséquent, une approche stratégique pour encourager la diversification serait d’entreprendre les activités suivantes :

• Garantir que les facteurs de production tels que le capital, la main-d’œuvre, le foncier, et la technologie soutiennent (i) les secteurs dans lesquels le Burkina Faso a une capacité de concurrence à long terme, comme le coton ; (ii) les entreprises les plus productives dans ces secteurs ; et (iii) l’émergence de nouveaux secteurs.

• Traiter les contraintes liées à la réalisation des affaires, en particulier (i) l’accès aux finances ; (ii) les coûts des services de base (électricité, transports) ; (iii) la politique et l’administration fiscale ; (iv) la gouvernance ; et (v) le développement du capital humain (formation).

• Permettre le développement des exportations par le secteur privé et de la promotion des investissements.

o Une stratégie de promotion des exportations étendrait la portée des produits existants et faciliterait la collecte d’informations sur la demande tout en permettant le soutien d’une stratégie conduite par le secteur privé. L’intervention du Gouvernement devrait éviter le choix de nouveaux bénéficiaires. Par ailleurs, la stratégie devrait viser l’harmonisation des efforts de promotion des exportations et des actions figurant dans différentes politiques sectorielles ou transversales.

o Pour compléter les efforts de promotion des exportations, une vision de promotion de l’investissement viserait à attirer davantage d’investissements directs étrangers. Cela identifierait des secteurs qui pourraient bénéficier d’une campagne de promotion d’investissement proactive et aiderait à définir des politiques sectorielles pour attirer l’investissement direct étranger. La stratégie fournirait le processus de coordination nécessaire pour améliorer le cadre réglementaire et institutionnel général pour attirer les investissements directs étrangers.

o Enfin, le rapport recommande les actions suivantes :

109 Par exemple, les politiques d’intervention utilisées pour intensifier les exportations d’or seront différentes de celles utilisées pour les fruits et légumes frais. En fait, dans le cas de l’or, ces interventions seraient spécifiques au lieu. L’exploitation de l’or exigerait des infrastructures routières à grande échelle. En revanche, les fruits frais nécessiteraient (i) des routes de raccordement reliant les agriculteurs aux marchés ; (ii) des technologies post-récoltes ; (iii) des installations de réfrigération et de chaînes de froid pour un transport rapide par voie aérienne vers les marchés éloignés ; et (iv) de normes phytosanitaires. La mise en place de réseaux de commercialisation serait un service public essentiel dans le cas des fruits mais non pour l’or, parce que ce dernier n’aurait pas de difficulté à attirer des investisseurs et des acheteurs.

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Promotion des exportations

• Redéfinir le rôle de la taxe d’apprentissage pour soutenir le développement des compétences des exportateurs et renforcer l’utilisation des fonds de subvention de contrepartie du MEBF.

• Accélérer le remboursement de la TVA en (i) simplifiant les procédures et (ii) gardant les recettes de la TVA dans un compte spécial pour les remboursements ou en exemptant seulement les exportateurs.

• Renforcer le mandat et les fonctions de l’ONAC pour qu’elle puisse agir comme une agence spécialisée unique pour la promotion des exportations en collaboration étroite avec le secteur privé.

• Actualiser la base de données des pôles commerciaux afin d’améliorer les connections entre les exportateurs nationaux et les acheteurs internationaux.

• Transformer la FASONORM en un institut spécialisé de normalisation et de certification afin d’améliorer le système national de qualité.

• Mettre en place un conseil stratégique, au niveau du PM, pour coordonner les politiques de promotion de l’investissement et des exportations et mener des réformes pour améliorer l’environnement général des affaires (fiscalité, gouvernance, infrastructure, contraintes du secteur agricole, exploitation minière et autres secteurs).

• Développer un comité technique pour la coopération parmi les différents ministères du gouvernement pour garantir la coordination des politiques sectorielles et d’investissements, tels que les programmes consacrés à la promotion de diverses chaînes de valeur et produits agricoles (le Projet d’appui au développement de l’agriculture du Burkina Faso, le Projet d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales, le Projet d’appui aux filières agricoles).

Promotion des investissements

• Refonte de la législation sur l’investissement en o éliminant l’autorisation d’investissement ex ante et en la remplaçant par

une simple déclaration d’investissement ;

o éliminant la carte de commerçant étranger et l’exigence de capital minimum pour les investissements étrangers ;

o simplifiant le Code des investissements – en particulier, les dispositions relatives aux transferts de capitaux, les règlements des différends concernant les investissements de l’État et les garanties de compensations en cas d’expropriation.

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• Transposer et faire respecter toutes les directives de l’UEMOA, notamment en ce qui concerne les lois et les politiques sur la concurrence, la politique fiscale (TVA), les codes miniers (primes) et les télécommunications.

• Simplifier les régimes fiscaux et douaniers : o réduire la fréquence des paiements d’impôt ;

o limiter les primes fiscales lorsqu’une étude de rentabilité prévoit un excédent économique ;

o instaurer la transparence et la prévisibilité du système fiscal.

• Mettre en place une agence de promotion des investissements (marketing,

facilités de démarrage, services de suivi) rendant compte au PM, avec la participation du secteur privé, en bonne coordination avec d’autres organismes tels que l’ONAC, la CCIA, les organisations du secteur privé.

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Annexe 1 : Méthodes utilisées pour calculer le non-alignement du taux de change

Méthode de la PPA 1. La méthode de la PPA fournit la première estimation de base du non-alignement. Toutefois,

cette méthode est imparfaite. Afin de comprendre la compétitivité de l'économie du Burkina, cette méthode permet de suivre et d’évaluer l'évolution du TCER, ce qui est particulièrement important depuis l'introduction de l'euro en 1999. En substance, le TCER est le produit géométrique pondéré des taux de change effectifs bilatéraux qui prend en compte les variations des taux de change bilatéraux et des différentiels d'inflation entre le Burkina Faso et ses principaux partenaires commerciaux. En d'autres termes, c'est la moyenne pondérée du taux de change de la devise du Burkina par rapport au panier des devises de ses partenaires, corrigée des effets de l'inflation. Le TCER est très important, en particulier pour comprendre les signaux de prix auxquels est confronté le secteur des biens échangeables, notamment le coton ; par ailleurs, il donne une bonne mesure de la compétitivité globale du Burkina dans l'économie internationale.

L’estimation à équation unique 2. Une seconde technique largement utilisée pour évaluer le non-alignement du taux de change

est l'estimation à équation unique. Cette méthode considère que le taux de change d'équilibre réel est déterminé par un vecteur de fondamentaux économiques. Des études ont été menées à la fois pour l'UEMOA et pour le Burkina Faso. Certaines concluent que la dévaluation a entraîné une sous-évaluation qui a persisté jusqu'en 2003. La différence entre ces résultats et ceux d'autres études est possiblement attribuable à une mauvaise estimation de la constante pour le Burkina Faso, ceci pouvant provenir de l’estimation en panel qui biaise potentiellement les résultats vers la sous-évaluation (du taux de change).

3. D’autres travaux empiriques pour la zone de l’UEMOA dans son ensemble, utilisant

l'économétrie de séries chronologiques, trouvent difficile d'obtenir une estimation à équation unique du TCER en fonction d'un vecteur de fondamentaux économiques (Zafar, 2005). Les estimations du TCER d’équilibre pour le Burkina Faso dépendent du choix du modèle, de la méthodologie, de la technique d'estimation, et de l'échantillon. Roudet et al. (2007) soutiennent que, parce que les résultats du panel sont une moyenne des vecteurs individuels de co-intégration, certains pays pourraient différer considérablement de la moyenne. Chudik et Mongardini (2007) ont utilisé un panel de pays non exportateurs de pétrole en Afrique, et ont trouvé que le TCER était sous-évalué d'environ 20 % pour la région UEMOA.

4. Toutefois, le panel de Chudik et Mongardini (2007) pourrait souffrir d'un problème

d’hétérogénéité, ces pays étant différents sur des points importants comme la structure ou la nature des chocs commerciaux. En outre, l'écart entre le TCER et sa valeur d'équilibre est statistiquement sensible à la spécification économétrique, surtout avec cette méthodologie. Ainsi, on peut obtenir un large éventail d'estimations selon la méthodologie. Enfin, il n'y a pas de consensus sur les méthodes économétriques appropriées pour aborder l’importante rupture structurelle dans les séries chronologiques en raison de la dévaluation de 1994. Ainsi,

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les résultats économétriques obtenus par estimation à équation unique doivent êtres interprétés avec prudence. Bien que les estimations à équation unique soient utiles, la diversité d’opinions sur leur utilité suggère l'existence de problèmes méthodologiques.

Méthode des équations de commerce

5. Une troisième méthode consiste à utiliser des équations de commerce ou des élasticités de commerce pour établir une relation quantitative entre le taux de change réel, les importations, les exportations, et la balance des ressources (Hile land Monti, 1999). Cette méthodologie a été largement utilisée pour déterminer le non-alignement des taux de change et la surévaluation.

6. Le cadre théorique de base, qui est le modèle commercial standard d’équilibre partiel en forme réduite, est fondé sur les identités de la comptabilité nationale :

• Y = C + S = C + I + X – M = C + I + RB • S – I = X – M = RB

où Y est le PIB, C la consommation, S l’épargne, I l’investissement, X les exportations, M les importations, et RB la balance des ressources. La balance des ressources est égale au solde épargne/investissement et est l'image miroir des transferts nets de ressources nécessaires à son financement. Plus précisément, il équivaut à un transfert net de ressources entre le pays considéré et l'étranger.

• RB = - (NFI + NT + NCF + ∆ RES = - (NRT + ∆ RES)

où NFI est le revenu net des facteurs, NT le transfert net, NCF le flux net de capitaux, ∆ RES l'évolution des réserves extérieures, et NRT le transfert net de ressources.

7. De façon indépendante, on peut déterminer un niveau désiré de la balance des ressources qui,

dans le cas d’un pays comme le Burkina, est une estimation du niveau durable des flux d'aide concessionnelle à la disposition du pays à moyen terme associée à une évaluation raisonnable des flux privés. Par conséquent, on doit déterminer la dépréciation réelle nécessaire pour atteindre le niveau désiré de la balance des ressources ; ou, en d'autres termes, l'ajustement nécessaire pour que le TCER passe de son niveau actuel à son niveau cible, et pour que le compte courant soit égal au compte capital. Le TCER d’équilibre est celui qui correspond au niveau désiré de la balance des ressources.110 On projette un niveau cible de réserves extérieures, et on postule que les flux d'aide ne posent pas de problème de service de la dette. Ensuite, on peut déterminer les élasticités-prix appropriées et les ratios de répercussion pour les exportations et les importations et les utiliser pour résoudre l’équation d’élasticités du commerce. La différence entre le compte courant de référence et le compte courant prévu

110 Le solde du compte courant et le solde des ressources sont liés, le compte courant étant le solde des ressources plus les transferts nets, ou en d'autres termes, la variation des actifs nets étrangers. (Hinkle et Montiel, 1999) fournissent une explication complète.

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détermine l'ajustement nécessaire. On doit examiner le niveau de composition du capital et des autres flux pour déterminer une tendance ou une structure durable à moyen terme pour les flux.

8. Les avantages de cette approche sont nombreux. Le modèle est facile à comprendre et révèle les liens entre le taux de change et la balance commerciale. La combinaison d’exigences minimales en termes de données, d’estimés des paramètres facilement disponibles, et de transparence, est un avantage pratique dans l’évaluation de la performance d'un pays durant une crise de balance des paiements. Son inconvénient majeur est qu'il utilise une approche d'équilibre partiel pour déterminer les valeurs d'équilibre du TCER, des importations, et des autres variables, sans prendre en compte le spectre complet de variables macroéconomiques. Toutefois, étant donné l’insuffisance des données au Burkina Faso, un modèle d'équilibre général (MEG) complet est difficile à construire.

9. Pour estimer le modèle, on utilise l'économétrie de séries chronologiques. Elle permet de calculer le taux de change d'équilibre et d'estimer le défaut d’alignement. Les élasticités et les conditions d’équilibre sont obtenues algébriquement. Les élasticités d’importation et de demande d’exportations par rapport au taux de change réel et par rapport au revenu sont obtenues économétriquement à partir des équations suivantes :

4) log X = αX + βX log TCER + ηX log Y + ε

5) log M = αm + βm log TCER + ηm log Y + ε

où X est le volume des exportations de produits et services, TCER est le taux de change effectif réel, M est le volume des importations et Y est le revenu réel intérieur et extérieur, les coefficients βX et βm sont des élasticités-prix, et ηX et ηm sont des élasticités-revenu. Les modèles sont log-linéaires. Les taux de change effectif réels basés sur l’IPC sont utilisés pour approximer les prix relatifs dans les équations d'importation et d’exportation. Une appréciation du taux de change réduit les exportations, alors qu’une hausse de revenus augmente les importations.

10. L’objectif est de trouver un sentier durable pour le compte courant, avec un équilibre à moyen terme compatible avec l’équilibre externe (flux de capitaux durables) et interne (plein emploi non-inflationniste). Une hypothèse est que le niveau de plein emploi est indépendant de l’équilibre externe, et la production est fixée à un niveau potentiel exogène. Les élasticités-prix de demande domestique d’importations et de demande étrangère d’exportations ont un effet sur la balance commerciale. En théorie, les exportations augmentent en cas de dépréciation ou d’augmentation de la demande mondiale, ce qui a un effet positif sur le solde du compte courant.

11. Un filtre de Hodrick-Prescott a été utilisé pour calculer les tendances à long terme. Cette méthode a ensuite été appliquée pour résoudre le taux de change d'équilibre fondamental (TCEF). La valeur du TCER compatible avec l’équilibre du compte courant est déterminée,

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pour chaque année, par la combinaison de ces tendances à long terme et des coefficients estimés du modèle. L'absence de stationnarité des variables exige une analyse de racines unitaires et l’utilisation de techniques de co-intégration, car les procédures traditionnelles d'estimation et d'inférence basées sur les tests traditionnels F et t ne s'appliquent pas en présence de non stationnarité. La longueur optimale de retard a été déterminée en utilisant les critères d'Akaike. Le test augmenté de Dickey-Fuller a été utilisé pour examiner si l'hypothèse nulle d'une racine unitaire pouvait être rejetée au niveau significatif traditionnel de 5 %. Les régressions ont été estimées en premières différences afin d'avoir des séries stationnaires. Une étude Engle-Granger en deux étapes a été réalisée avec examen des résidus. Étant donné que l’étude adopte une approche d'équilibre partiel au calcul du TCER d’équilibre, une analyse de sensibilité a été effectuée. Des données annuelles sur le PIB, l’IPC et la balance des paiements ont été recueillies en utilisant les données du FMI et de la Banque mondiale, y compris l'IFS et le WDI. Ces données s'étendent de 1980 à 2007. Le log du TCER basé sur l’IPC a été considéré comme la meilleure approximation des prix relatifs.

12. Dans la littérature, la définition de la viabilité du compte courant est quelque peu arbitraire.

À la suite de Williamson, on considère un niveau de compte courant comme viable s’il est conforme aux règles conventionnelles de durabilité et implique un ratio dette/PIB stable. En outre, un compte courant durable implique une prévision raisonnable des flux de capitaux privés et doit inclure les erreurs et omissions. L'accent est mis ainsi sur le niveau « structurel » adéquat des entrées de capitaux. À cet égard, il est important de distinguer les déterminants conjoncturels et structurels du compte courant et le niveau de déficit viable. Le consensus est qu’un déficit du compte courant à deux chiffres, avec une composante importante d’emprunt, n’est pas viable à long terme. Pour l'analyse, un déficit « structurel » de 6 % du PIB a été jugé compatible avec la viabilité à très long terme.

13. Les résultats économétriques confirment les hypothèses théoriques (voir le Tableau A1-1). Les estimés d’élasticité de demande d’importation sont en accord avec ce que l’on considère généralement comme raisonnable et avec les travaux empiriques pour une série de pays en développement. Les tests de racine unitaire confirment que toutes les séries sont non stationnaires en niveaux. En premières différences, les statistiques ADF sont toutes au-dessus de leurs valeurs critiques et les tests résiduels d’Engle-Granger confirment la stationnarité. Les séries sont intégrées d'ordre I (1). La faible réponse de l’offre est caractéristique de nombreux pays en développement, où la production agricole réagit avec retard aux signaux de prix. Les conditions de Marshall-Lerner sont réunies lorsque les élasticités-prix sont supérieures à 1.111 Dans le contexte présent, il est important de noter que la faiblesse des élasticités implique que de plus grandes variations du taux de change sont nécessaires pour rétablir l'équilibre du compte courant.

111 Selon ces conditions, pour qu'une dévaluation puisse avoir un impact positif sur la balance commerciale, la somme des élasticités-prix d’exportation et d’importation (en valeur absolue) doit être supérieure à 1.

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Tableau A1-1. Résultats économétriques : élasticités

Variable dépendante

Variable indépendante 1

Variable indépendante 2

TCER (ln) Revenu (ln)/1

Exportations (ln volume)

-0,3 0,07

Écart-type 0,003 0,004

Importations (volume ln)

1,1 -1,7

Écart-type 0,005 0,004

1/ Les revenus étrangers sont utilisés pour l’élasticité des importations et les revenus intérieurs pour les exportations Note: estimation OLS, nombre d’observations : 28, séries de 1980 à 2007. Les variables étant en logs, les coefficients représentent les élasticités. Tous les R2 ajustés sont supérieurs à 0.95

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Tableau A1-2 : Résumé des méthodologies d’estimation du non-alignement Étude Année Eventail de

niveaux du TCER

Commentaires

Zafar

2005

8 %

Utilisation de la PPA et de la méthodologie de séries chronologiques ; étude réalisée pour l'ensemble des zones de FCFA, mais applicable au Burkina ; constate une forte appréciation du franc CFA dans les zones de la CEMAC et de l’UEMOA ; constate un défaut d’alignement tempéré par la BCEAO et réduit par l’accroissement du commerce avec des économies à forte inflation.

FMI

2007

15 % (dépréciation)

En utilisant une méthodologie économétrique, le document conclut que le TCER est aligné avec son niveau d’équilibre ; cependant, en utilisant la méthodologie de la balance commerciale, l'étude montre qu’une dépréciation de 15 % amènerait le compte courant du Burkina à un niveau viable.

Chudik et Mongardini

2007

20 % (sous-évaluation)

Le document constate que le TCER est resté sous-évalué jusqu'en 2003.

Roudet et al.

2007

9 % (surévaluation)

1 % à 24 % (sous-évaluation)

Le document conclut que les estimateurs de pays unique et les estimateurs de panel donnent des résultats différents pour le Burkina Faso. Ils constatent que les estimations uniques de pays montrent que le TCER aurait pu être surévalué d'environ 9 % en 2006, contrairement aux résultats obtenus en utilisant les estimateurs du panel ; ces derniers suggèrent une sous-évaluation allant de 1 à 24 %.

Elbadawi et al.

2007

25 %

Le document présente des preuves de sous-évaluation.

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Annexe 2: Performances d’autres pays enclavés ou producteurs de matières premières

Tableau A2. 1. Diversification économique des pays enclavés en croissance rapide ou exportateurs de

produits primares

Source: Authors’ calculations based on data from WDI and COMTRADE.

RDP Lao SITC Description du produit % Tech PRODY SITC Descript ion du produit % Tech PRODY 711 Café, torréfié ou non 0,36 PP 1 936 2483 Bois d’espèces non-conifères 0,18 RB 6 667 2471 Grumes de sciage, de placage, de

conifères 0,19 RB 8 841 8451 Chandails, pullovers, cardigans 0,06 LT1 4 464

2483 Bois d’espèces non-conifères 0,08 RB 3 667 8423 Pantalons, culottes, etc en textile 0,05 LT1 4 789 2482 Bois d’espèces non-conifères, sciés 0,03 RB 11 578 2472 Grumes de sciage, de

placage,de conifère 0,04 RB1 2 287

2923 Matières végétales – principalement les fibres

0,03 PP 2 334 8439 Autres vêtements d’extérieur en textile

0,03 5 408

République Kirghiz SITC Description du produit (1995) % Tech PRODY SITC Descript ion du produit (2006) % Tech PRODY 2882 Autres déchets métalliques de base non

ferreux 0,18 RB2 6 030 2631 Coton (à l’exclusion des linters) 0,081 PP 1 500

2631 Coton (à l’exclusion des linters), non cardé

0,11 PP 1 500 2882 Autres déchets métalliques de base non ferreux

0,0797 RB2 6 030

2111 Peaux de bovins et équidés 0,09 PP 5 653 6644 Verre moulé, laminé, étiré ou souff lé

0,0551 RB2 19 719

6899 Métaux communs, n.d.a. y compris les déchets et débris

0,08 RB2 3 279 542 Haricots, pois, lentilles, etc. 0,045 HV 2 376

6821 Cuivre et alliages de cuivre 0,06 RB2 4 900 2820 Déchets et débris de fer/acier 0,0442 RB2 5 711 Vietnam SITC Description du produit % Tech PRODY SITC Descript ion du produit % Tech PRODY 360 Crustacés et mollusques, frais 0,29 PP 3 369 3330 Pétrole & huile non raffinée 0,21 PP 5 316 3221 Anthracite, pulvérisé ou non, non

aggloméré 0,12 PP 4 786 8510 Chaussures 0,16 LT1 7 765

2320 Latex, caoutchouc naturel 0,06 PP 1 169 360 Crustacés et mollusques, frais 0,05 PP 3 369 2924 Plantes, graines, fruits utilisés en

parfumerie 0,06 PP 3 622 8219 Autre mobilier et pièces 0,04 LT2 10 855

2919 Autres matières d’origine animale 0,04 PP 8 387 8439 Autres vêtements d’extérieur en textile

0,03 LT1 5 408

Sri Lanka SITC Description du produit % Tech PRODY SITC Descript ion du produit % Tech PRODY 741 Thé 0,36 PP 1 655 741 Thé 0,14 PP 1 655 2320 Latex, caoutchouc naturel 0,12 PP 1 169 8439 Autres vêtements d’extérieur en

textile 0,08 LT1 5 408

8439 Autres vêtements d’extérieur en textile 0,08 LT1 5 408 8462 Sous-vêtements, t ricotés 0,05 LT1 4 975 3344 Fiouls 0,07 RB2 5 032 8459 Autres vêtements d’extérieur 0,05 LT1 6 020 8429 Autres vêtements d’extérieur en tissus 0,05 LT1 5 624 8423 Pantalons, culottes, etc en textile 0,04 LT1 4 789 Paraguay SITC Description du produit % Tech PRODY SITC Descript ion % Tech PRODY 2631 Coton (à l’exclusion des linters) 0,36 PP 1 500 2222 Soja 0,33 PP 6 079 2222 Soja 0,30 PP 6 079 111 Viande de bovins, fraîche 0,12 RB1 8 892 2483 Bois d’espèces non-conifères 0,06 RB1 3 667 813 Tourteaux oléagineux et autres

résidus 0,09 PP 5 718

813 Tourteaux oléagineux et autres résidus 0,04 PP 5 718 4232 Huile de soja 0,05 RB1 6 491 1211 Tabac, non écoté 0,04 PP 3 317 2631 Coton (à l’exclusion des linters) 0,05 PP 1 500 Guatemala SITC Description du produit % Tech PRODY SITC Descript ion du produit % Tech PRODY 711 Café, torréfié ou non 0,45 PP 1 936 8451 Chandails. pullovers, cardigans.. . 0,11 LT1 4 464 2631 Coton (à l’exclusion des linters) 0,11 PP 1 500 711 Café, torréfié ou non 0,10 PP 1 936 612 Sucres raffinés et autres produits 0,09 LT1 4 020 573 Bananes, fraîches ou séchées 0,07 HV 5 183 573 Bananes, fraîches ou séchées 0,09 HV 5 183 8439 Autres vêtements d’extérieur en

textile 0,05 LT1 5 408

752 Épices (sauf poivre et piment)

0,06 PP 2 650 8459 Autres vêtements d’extérieur 0,05 LT1 6 020

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111

Annexe 3 : Méthodologie de l’espace-produit

1. Sur un terrain beaucoup plus complexe, la méthodologie de l’espace-produit de Hausmann et Klinger (HK) lie les produits aux niveaux de revenu de leurs exportateurs avec l’avantage additionnel de relier la possibilité d’exporter un produit nouveau et plus sophistiqué avec la capacité du pays à l’exporter. Sans attribuer directement une valeur de revenu numérique à un produit, la méthodologie HK utilise la relation entre les produits pour émettre une hypothèse sur la difficulté qu’il pourrait y avoir pour un pays à faible revenu de se diversifier vers des produits exportés par des pays à revenu élevé.

2. HK construisent un espace de possibilités pour la diversification des exportations en mettant sur une carte tous les produits d’exportation - ce qu’ils appellent « espace » ou « forêt » de produits. Au niveau d’agrégation SITC2 à 4 chiffres, cette forêt possède environ 800 produits ou « arbres », et, dans la terminologie de Hausmann et Klinger, chaque arbre est occupé par les entreprises d’un pays, comme des « singes dans une forêt ». Il y a diversification lorsque les entreprises, sautant d’un arbre à un autre, développent de nouvelles capacités à exporter des produits générateurs de revenu.

3. Hausmann, Klinger et Lawrence (2008) montrent que la prescription usuelle pour la diversification des économies basées sur les ressources naturelles, consistant à développer des liens en aval ou des chaînes de valeur, n’a pas contribué, dans la plupart des cas, à plus de transformation locale des matières premières. Ils constatent que « les grandes intensités factorielles sont plus utiles pour identifier les schémas de production et de transformation structurelle… La transformation structurelle favorise les secteurs ayant les mêmes exigences technologiques, intensités factorielles, et autres exigences de capacités, plutôt que les produits liés en termes de chaînes de valeur. » (Hausmann, Klinger et Lawrence, 2008).

4. La diversification implique la redistribution de facteurs de production d’un bien actuellement fabriqué vers un nouveau. Dans le cas d’une diversification génératrice de revenu, ceci implique de transférer les facteurs de production vers des biens caractérisés par un potentiel de revenu supérieur. Bien entendu, ceci peut être, dans bien des cas, difficile voire impossible. Il est plus facile de transférer les facteurs de production entre des produits dont les « arbres » sont proches les uns des autres, comme les fruits des légumes. Une carte de l’espace-produit montre un centre densément peuplé, avec des arbres dont les produits nécessitent des facteurs relativement similaires, comme les produits de l’électronique (Graphique A3.1). Le saut d’un arbre vers un autre sera ainsi court au centre de l’espace-produit. Par contre, la périphérie contient des groupes d’arbres dont les produits nécessitent des facteurs relativement différents, et qui sont par conséquent loin les uns des autres, comme par exemple les produits pétroliers et les cacaoyers. On note que la distance entre deux arbres est la même pour tous les pays.

5. La facilité avec laquelle un pays peut développer sa capacité à exporter un nouveau produit dépend de la spécificité de ses facteurs ou de la facilité avec laquelle ils peuvent être redéployés vers la production de ce nouveau produit. Si les entreprises d’un pays opèrent loin du centre de l’espace-produit, le saut vers de nouveaux produits plus générateurs de revenu peut être long et donc difficile. Ainsi, se situer dans une partie dense de l’espace-produit est avantageux pour rattraper les pays plus avancés.

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112

6. La distance entre deux produits dépend du lien ou de la similarité entre les facteurs nécessaires pour les produire, même si cette similarité n’est pas parfaite. Les facteurs comprennent les richesses naturelles, les capacités technologiques, la terre, la main-d’œuvre, les capitaux, les institutions, etc. dont un pays a besoin pour produire et exporter un produit. Par exemple, un pays qui a un environnement approprié (sol, climat) pour produire des légumes aura plutôt tendance à aller vers les fruits plutôt que vers le ciment. La distance entre les fruits et les légumes sera plus courte (ou bien la proximité plus grande) que celle entre les légumes et le ciment. Le concept de distance (ou proximité) entre produits n’est pas un nombre arbitraire. Son calcul utilise l’abondante information générée par les données commerciales de tous les pays ; il est rigoureux en ce sens que sa valeur est peu susceptible d’être affectée par la structure des exportations d’un seul pays.

Graphique A3.1: Diagramme de l’espace produits

Source: Hidalgo, et. al. (2007)

7. Plus formellement, la proximité entre deux arbres est mesurée par la probabilité conditionnelle qu’un exportateur ayant un avantage comparatif révélé (ACR) dans le produit X ait également un ACR dans le produit Y. Si l’ACR d’un pays se trouve entre 0 et 1, Hausmann et Klinger lui attribuent la valeur de 0 ; s’il est plus grand que 1, ils lui attribuent la valeur de 1. C’est-à-dire que si un pays a un ACR de 1, il est censé avoir développé un ACR dans ce produit.

8. Dans leur représentation visuelle de réseau de la matrice de 800 x 800, l’espace-produit irrégulièrement « boisé » montre un centre composé de groupes d’arbres représentant les métaux, la machinerie et la chimie, occupé par les pays à revenu élevé. Par contre, vers la périphérie, on trouve des groupes d’arbres représentant la confection, les produits animaux, les céréales, le café et le cacao, généralement occupé par les pays à faible revenu. Par ailleurs, les arbres du centre ont tendance à avoir des PRODY (le PRODY est un indice de sophistication technologique) plus élevés.

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Annexe 4 : Les exportations du Burkina Faso dans le cadre de la matrice de produits

Tableau A4.1 : Les exportations du Burkina Faso dans le cadre de la matrice de produits – Classiques et champions émergents

Source : Calculs des auteurs

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Tableau A4.2 : Les exportations du Burkina Faso dans le cadre de la matrice de produits – Disparitions et marginaux

Source : Authors’ calculations.

CODE SITC 2-4

à deux chiffres

DESCRIPTION DU PRODUIT CODE TECH PRODY (00-04)

DENSITY 00-06

NIVEAU ‘000 $US 80-84

NIVEAU ‘000 $US 90-94

NIVEAU ‘000 $US 00-04

NIVEAU ‘000 $US 05-06

PART 80-84

PART 90-94

PART 00-04

PART 05-06

Type EDIC

2238 Graines et fruits oléagineux PP 1 902 0,140 19 913 893 1 108 464 34,0 0,6 0,5 0,2DISPARITION X 813 Tourteaux oléagineux et autres

résidus PP 5 718 0,136 1 421 530 1 025 25 2,6 0,4 0,4 0,0DISPARITION

2114 Peaux de chèvres et de chevreaux, brutes (fraîches, salées

PP 1 217 0,167 2 219 2 259 85 7 3,8 1,6 0,0 0,0DISPARITION

2117 Peaux de mouton et d’agneau sans laine

PP 2 349 0,153 251 36 832 0,4 0,0 0,4 -DISPARITION

2116 Peaux de mouton et d’agneau avec laine

PP 4 959 0,136 1 180 2 295 12 2,1 1,7 0,0 -DISPARITION

2111 Peaux de bovins et d’équidés (en dehors de…

PP 5 653 0,121 520 190 38 6 0,9 0,1 0,0 0,0DISPARITION

8997 Paniers, travaux de vannerie FT2 7 789 0,111 136 308 210 86 0,2 0,2 0,1 0,0DISPARITION Total 25 639 6 511 3 309 588 44 5 1 0 2223 Graines de coton PP 2 473 0,159 1 078 2 307 3 194 - 0,9 0,8 1,1 MARGINAL 2633 PP 4 117 0,142 120 146 65 - 0,1 0,1 0,0 MARGINAL 6513 Fils de coton FT1 4 262 0,136 1 2 1 989 1 215 0,0 0,0 1,0 0,4 MARGINAL 542 Haricots, pois, lentilles et autres

légumineuses HV 2 376 0,154 46 1 51 432 0,1 0,0 0,0 0,1 MARGINAL

752 Épices (sauf poivre et piment) PP 2 650 0,152 20 60 29 1 0,0 0,0 0,0 0,0 MARGINAL 2221 Arachides (cacahuètes) vertes PP 2 739 0,149 91 21 52 57 0,2 0,0 0,0 0,0 MARGINAL 4312 Huiles et graisses

animales/végétales, totalement ou partiellement….

RB1 5 465 0,121 56 393 777 0,1 - 0,2 0,3 MARGINAL

2112 Peaux de veau, brutes (fraîches, salées, séchées)

PP 4 065 0,129 34 219 20 2 0,1 0,2 0,0 0,0 MARGINAL

12 Moutons et chèvres, vivants PP 1 079 0,118 300 486 16 623 0,5 0,3 0,0 0,2 MARGINAL 11 Bovins PP 4 391 0,101 2 326 429 138 148 3,4 0,3 0,1 0,0 MARGINAL 8960 Œuvres d’art, pièces de collection FT2 8 542 0,118 110 148 349 614 0,2 0,1 0,2 0,2 MARGINAL 1211 Tabac, non écoté PP 3 317 0,170 73 46 - - 0,0 0,0 MARGINAL 1212 Tabac, entièrement ou partiellement

écoté PP 1 531 0,139 3 371 0,0 - 0,2 - MARGINAL

2922 Gomme laque; gomme, résines, gommes-résines et baumes, naturels

PP 987 0,165 40 43 39 0,1 - 0,0 - MARGINAL

2732 Gypse, plâtre, cast ines PP 5 721 0,121 29 - - 0,0 - MARGINAL Total 5 536 8 516 13 219 7 216 7 4 5 2

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Annexe 5 : Diversification des exportations - Définitions techniques de la distance entre une paire

de produits

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EXPY – ADDITION DES PRODY (PONDÉRÉE)

Le niveau de productivité associé au panier des exportations (i) d’un pays, EXPY, est à son tour défini par

Ceci est une moyenne pondérée du PRODY pour ce pays, dans laquelle les pondérations sont simplement les parts de valeur des produits dans les exportations totales du pays. Source : Hausmann, Hwang et Rodrik (2005) DÉFINITIONS DE L’ESPACE DE PRODUIT

La construction de notre panoplie d’outils est basée sur Hausmann et Klinger (2006) et elle a été développée en cinq étapes. La première étape consiste à identifier les produits pour lesquels chaque pays possède un avantage comparatif révélé (ACR). Pour cela, l’indice Balassa-ACR est calculé pour chaque pays, matière première et année dans notre échantillon. Dans une année donnée (t), un pays (c) a un avantage comparatif révélé dans un certain produit (i) si l’indice ACR est supérieur à 1. Par exemple, le Ghana a un avantage comparatif révélé dans le cacao parce que la part de cacao du Ghana dans les exportations mondiales de cacao est supérieure à la part du Ghana dans les exportations totales mondiales.

La seconde étape est plutôt simple, et elle consiste à créer une variable catégorique qui identifie ces produits qui ont un avantage comparatif révélé dans le panier des exportations de chaque pays.

Dans la troisième étape, on construit une mesure qui peut identifier une distance révélée entre des produits pour éviter tous les précédents que l’on pourrait avoir à propos de la cause fondamentale de cette similarité. Hausmann et Klinger (2006) l’appellent la distance de produit. Les distances de produit (φ) pour chaque pair de produit (i, j) sont calculées en utilisant le minimum de deux probabilités conditionnelles : la probabilité d’avoir un ACR dans le produit (j), étant donné que les pays possèdent un ACR dans le produit (i) ; et la probabilité d’avoir un ACR dans le produit (i), étant donné que les pays possèdent un ACR dans le produit (j).

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PRODY – LE NIVEAU DE REVENU D’UN PRODUIT

Hausmann, Hwang et Rodrik (2005) définissent la sophistication de chaque produit en termes des revenus par habitant des pays qui l’exportent. Ils construisent cela en étapes. Premièrement, pour chaque produit exporté, ils calculent la moyenne pondérée du PIB par habitant des pays qui exportent ce produit. Les pondérations indiquent l’avantage comparatif révélé de chaque pays qui exporte ce produit. De cette façon, ils déterminent un « niveau de revenu » pour chaque produit, qu’ils appellent PRODY. « Les pays riches exportent des produits de pays riche. » Dans ce sens, le PRODY reflète les revenus du type de pays qui exportent le produit, c’est-à-dire leurs capacités englobées dans tous les facteurs qui font d’eux des pays riches – sophistication technologique, accès aux marchés et au capital, capital humain, etc.

Le niveau de productivité associé au produit k :

*PIB j

� Où xjk=Xj est la part valeur de la marchandise dans le panier des exportations globales du pays.

� Le dénominateur regroupe les parts valeurs dans tous les pays qui exportent la marchandise � L’indice représente une moyenne pondérée du PIB par habitant, � Les pondérations sont l’avantage comparatif révélé de chaque pays dans la marchandise k

Les produits et leurs valeurs Prody au fil du temps

SITC 2 CODE

Description du produit Prody 1980-84

371 Poisson, préparé ou préservé, n.d.a. i 3035

589 Fruit autrement préparé ou préservé 5869

711 Café, torréfié ou non 637

721 Fèves de cacao, entières ou brisées, ou brutesbrutes raw

582

2320 Latex naturel; caoutchouc naturel 910

2631 Coton (à l’exclusion des linters), non cardé arded

530

2876 Minerai d’étain et concentré 736

2927 Coupe de fleurs et feuillage 2286

3414 Gaz pétrolier et autres hydrocarbures gazeux

4830

6116 Cuirs et autres peaux 1063

6672 Diamants, bruts, taillés, travaillés autrement.

3088

6872 Étain et alliage d’étain, travaillé 11974

7764 Microcircuits électroniques 11907

8451 Chandails, pull-overs, twin-sets,

2402

8510 Chaussures 4202

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AVANTAGE COMPARATIF RÉVÉLÉ

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Annexe 6 : Les exportations classiques du Burkina Faso et les produits voisins

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Source: Calculs des auteurs

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Source : Calculs des auteurs

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