branding & marketing 2016

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- TRANSLATION 2.0 de JEAN-MARIE LE RAY - UNE INTRODUCTION AU BRANDING & MARKETING POUR TRADUCTEURS, INTERPRÈTES ET ENTREPRISES DE TRADUCTION 2016

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Page 1: Branding & Marketing 2016

- TRANSLATION 2.0 de JEAN-MARIE LE RAY -

UNE INTRODUCTION AU

BRANDING & MARKETING

POUR TRADUCTEURS, INTERPRÈTES ET ENTREPRISES DE TRADUCTION

2016

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TABLE DES MATIÈRES

3Introduction

4I - Les deux faces de la même médaille

10II - État des lieux

14III - Quoi faire ?

25IV - Comment faire ?

30V - Communication & Storytelling

34Conclusion

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INTRODUCTIONBranding & Marketing sont les deux faces de la même médaille : celle qui va me permettre de me démarquer de la concurrence en me positionnant sur le marché. Une exigence d’autant plus vitale lorsque l’on occupe un segment très fortement concurrentiel (couple de langues communes, niveau de spécialisation faible ou moyen), à une époque où la compétition est désormais planétaire, notamment sur Internet.

Outre la double compétence linguistique et sectorielle, qui sont une condition sine qua non mais pas suffisante, branding & marketing deviennent donc deux des éléments clés de l’employabilité d’un traducteur-interprète indépendant, et, surtout pour celles et ceux qui sont en début de carrière, un instrument de plus à intégrer dès le départ à leur boîte à outils, à l’instar de la TAO ou autre, afin de les accompagner tout au long de leur vie professionnelle. Même un bon artisan n’est rien sans ses outils lorsqu’ils sont indispensables…

Car après le B2C et le B2B, l’heure pour les professions libérales est au Me2B : comment sortir du lot en créant ma marque et en la développant pour me distinguer et devenir visible, pour conquérir et fidéliser une clientèle ?

En clair, il s’agit de créer son propre écosystème branding & marketing, pour apprendre à s’orienter dans le fouillis d’un métier toujours plus difficile à appréhender, en proie à une complexification permanente qui effraie parfois, où les intérêts des différentes parties prenantes s’opposent davantage qu’ils ne coïncident. Cette situation crée des tensions dont, le plus souvent, le traducteur-interprète est à la fois première victime désignée et dernière roue du carrosse, dans un rapport de forces tendant à l’exclure des véritables prises de décision.

La présente contribution se propose d’aborder ces diverses problématiques en offrant des pistes de réflexion pour apprendre à inclure le binôme branding & marketing dans son bagage professionnel, en vue de progresser dans sa carrière et mieux réussir son avenir professionnel.

En outre, sauf indication contraire, toute référence faite ici aux traducteurs et à la traduction l’est également aux interprètes et à l’interprétation (en gardant les dues proportions), et réputée inclure genre et nombre : féminin et masculin, singulier et pluriel, selon le cas.

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LES DEUX FACES DE LA MÊME MÉDAILLE

CHAPITRE I

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Si le marketing doit être au centre de votre démarche et de votre action, le branding en est au cœur. Car si le premier est la partie émergée de l’iceberg, celle qui se voit et vous permet d’apparaître (stand out), le second est la partie la plus importante, souvent immergée, le socle sur lequel repose la partie visible, que vous ajustez (fit in) au fil du temps pour proposer une offre en rapport avec la demande (voir Figure 1).

Figure 1 : Me2B, Jean-Marie Le Ray / Translation 2.0 © 2016 : Présentation TINVOM : http://goo.gl/tPYzNX* Crédit photo : Fotolia - Iceberg © sgursozlu.

* Toutes les captures d’écran reproduites dans cet essai sont adaptées ou extraites de ma présentation intitulée : « Marketing & Branding pour Traducteurs & Interprètes - TINVOM 2015 », donnée à Tunis (16 - 18 avril 2015), lors du colloque international « Traduction et Interprétation : à l’écoute des nouvelles voix sur le marché » (Translation and Interpreting: New Voices on the Marketplace - TINVOM), organisée par l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis (ISSHT), Université de Tunis El Manar - Master professionnel en Traduction appliquée

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En réalité, à l’ère de l’Internet of Me1 et du Personal Media, la personnalisation fonctionne dans les deux sens : du réseau vers vous, et vice-versa. Il y a presque vingt ans déjà que Tom Peters, ex-consultant Mc Kinsey et auteur à succès, publiait en 1997 dans le magazine Fast Company2 un article précurseur intitulé The Brand Called You : « We are CEOs of our own companies: Me Inc. To be in business today, our most important job is to be head marketer for the brand calledYou. »

Autrement dit :

Nous sommes les patrons de notre propre entreprise : Moi-même, société à responsabilité personnelle. De nos jours, pour exercer une activité économique indépendante, notre fonction la plus importante est d’être les responsables marketing de la marque qui porte notre nom.

Il y revenait 5 ans plus tard3 :

We are CEOs of our own companies: Me Inc. To be in business today, our most important job is to be head marketer for the brand called You.

- Tom Peters

“ “You and I are … In Charge of Our Lives. (Again.) I am CEO of Me Inc. Indeed, Me Inc. may be temporarily “on loan” to GE or CitiCorp. But it’s still Me Inc., with no expectation of forty years’ cosseting by Big Co.

Vous et moi sommes ... responsables de nos vies. (De nouveau). Je suis le patron de Moi-même, société à responsabilité personnelle. Il se peut que je sois recruté en emploi temporaire par GE ou CitiCorp, mais je resterai cependant l’entreprise Moi-même, sans plus aucun espoir d’être cocooné pendant quarante ans au sein d’une grosse boîte ou d’une multinationale.

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Plus que jamais actuelle, cette notion, déclinée au monde de la traduction et de l’interprétation, indique clairement la voie à chaque professionnel : développer sa marque pour en faire une promesse. De valeur et de différenciation. La première question posée par Tom Peters à ses lecteurs était la suivante : - qu’est-ce qui vous rend différent ? Chacun(e) doit trouver sa propre réponse, discriminante…

Par conséquent, appliquée à notre domaine, une définition moderne de l’écosystème branding & marketing - qui tient globalement en 10 notions, auxquelles appliquer notre réflexion (voir Figure 2) -, est la suivante :

Transformation organisationnelle et sociale, en ligne et hors ligne, pour répondre aux besoins / désirs / demandes en créant de la valeur dans un marché concurrentiel, et l’influencer autant dans l’intérêt du traducteur - interprète que du client.

Figure 2 : L’écosystème Branding & Marketing, Jean-Marie Le Ray / Translation 2.0 © 2016 : Présentation TINVOM

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En 2013, alors que je réfléchissais à cette définition « dédiée », je l’ai proposée à des gens du métier4 et suis resté très surpris, d’abord par leur peu de réactivité, et ensuite de voir que la notion de transformation, qui est tout à fait centrale et inéluctable dans mon idée, n’avait selon eux pas grand-chose à voir avec le marketing !

Or au sens strict, il doit d’abord y avoir chez tout professionnel une transformation du mode de pensée, pour s’adapter en permanence aux évolutions/régressions de notre métier : le marketing peut être utile si d’emblée on l’intègre à 360° dans le rapport que nous avons au marché en termes de pouvoir contractuel, de positionnement, de stratégie commerciale, etc. Autant de sujets sur lesquels une double approche branding & marketing peut apporter beaucoup de réponses intéressantes pour peu qu’un traducteur-interprète ait la volonté de s’y intéresser en amont, ou mieux encore dès le début de son parcours.

Transformation organisationnelle ensuite, c’est-à-dire de notre mode opératoire, car intégrer notre façon de travailler dans cet écosystème a de fortes implications en termes d’organisation.

Transformation sociale enfin, au niveau de notre mode de réseauter (en ligne et hors ligne) : comprendre comment apprivoiser les réseaux sociaux sur Internet (mais pas seulement) peut s’avérer extrêmement bénéfique à tous points de vue, car tout traducteur-interprète est un animal social5 qui tirera indubitablement bien plus d’avantages que d’inconvénients de ses activités de networking.

L’idée de fond étant que le traducteur de métier, bien qu’il apprécie souvent de travailler en solitaire, n’est jamais seul, mais plus ou moins bien intégré au sein de différents réseaux : professionnels (collègues et clients), commerciaux (où il prospecte selon ses langues et ses spécialités), sociaux (places de marché et médias du Web), d’amis et de relations, etc.

Or en posant comme hypothèse qu’il exerce en profession libérale, et donc qu’il a vocation à s’exprimer via de multiples supports de communication à travers un logo, une identité visuelle, généralement accompagnés d’une signature de marque dont le sens est d’exprimer, d’expliciter (un positionnement, une vision, une mission, une valeur), parmi les vecteurs privilégiés de son expression s’inscrivent les réseaux sociaux.

Qui ne demandent qu’à être apprivoisés, grâce à un concept clé : PARTICIPATION !

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Certes, cela exige, en aval, la mise en place d’une stratégie (où et comment participer), et en amont, d’une traçabilité (quels sont les résultats de ma participation), autant d’activités plutôt chronophages, outre la participation en elle-même, qui représentent un investissement, en temps et en énergie, à défaut de l’être en argent.

Pour autant, l’heure n’est plus aux traducteurs isolés dans leur coin n’interagissant qu’avec leur écran, mais le moment est venu de revendiquer une visibilité à terme propice aux affaires.

Quant à la capacité d’influencer le marché, les clients et les collègues sur un modèle gagnant-gagnant, c’est la ligne de démarcation qui fera demain la différence entre vivoter et vivre dignement de son métier.

Cela étant, des milliers de livres sur le branding et le marketing ont déjà été écrits dans toutes les langues, sur tous les domaines, avec probablement des milliers de définitions. Donc plutôt qu’un concept théorique, il s’agit de définir un parcours logique dérivant de l’expérience, jusqu’à le transformer en pratique, opérationnelle et concrète, applicable en permanence à notre activité : une façon de « faire branding & marketing » 24/7/365 qui doit devenir mentalité, culture !

* * *

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ÉTAT DES LIEUX

CHAPITRE II

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Depuis au moins deux décennies, tous les modèles économiques de la traduction volent en éclat les uns après les autres, sous les coups de boutoir conjugués de la course au rabais, du « crowdsourcing », de la traduction automatique gratuite, de la concurrence mondialisée sur le Web, de la localisation sans discernement, etc.

En effet, forte d’une série incalculable d’innovations technologiques, la localisation sauvage considère le travail du traducteur ni plus ni moins comme une brique parmi d’autres, la traduction étant ramenée au rang de « commodity », simple bien de consommation auquel appliquer des remises sur la quantité en favorisant systématiquement les moins-disants au détriment de la cohérence et la qualité.

Bouclez le cercle en y ajoutant la fameuse « quadrature du triangle » : imaginez un triangle équilatéral, avec aux trois côtés les légendes - COÛTS - DÉLAIS - QUALITÉ -et au centre le terme RESSOURCE.

Traduit dans la réalité de notre quotidien, cela signifie que la « ressource Traducteur » se trouve fréquemment broyée dans l’engrenage impossible de faire cadrer des nécessités incompatibles, liées à la triple exigence des coûts, des délais et de la qualité (cités par ordre d’importance selon les clients) :

le niveau des prix reconnus au traducteur (tarifs plus bas possibles) est inversement proportionnel au niveau de qualité requis (irréprochable, d’où l’exigence d’être toujours ultra-spécialisé et omni-polyvalent)…

les délais de remise de la traduction (c’était à livrer hier, comme disent plaisamment les italiens) sont inversement proportionnels aux délais de paiement (le plus tard possible). Or ni les clients directs ni les agences n’étant des philanthropes (ce qui est d’ailleurs compréhensible de leur point de vue), le facteur temps est discriminant : pas de temps à perdre, time is money)…

ainsi, lorsque le triptyque Rapidité d’exécution (productivité) - Rentabilité (au niveau du rapport coût/efficacité du service) - Qualité est un carcan qui assujettit toute l’activité traduisante en asservissant le traducteur (continuellement sous tension), le niveau de réponse de chacun(e) à cette situation détermine proportionnellement les conditions d’exercice de son métier : prétendre les trois en même temps est irréaliste, donc n’en prendre que deux et laisser de côté le dernier…

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La conséquence de tout ce qui précède est qu’il règne chez beaucoup de professionnels comme un sentiment de confusion, d’égarement, dû en grande partie à Internet, mais pas seulement : Brian Solis évoque à ce propos l’idée de « darwinisme digital »6, selon laquelle la technologie évolue plus vite que la capacité que nous avons de l’intégrer !

Or ces ruptures incessantes qui caractérisent notre métier nous font perdre le sens … de l’orientation ! Car ces bouleversements aussi profonds que fréquents font que les traducteurs-interprètes sont souvent les premiers à se sentir « lost in translation » sur un marché qui va plus vite qu’eux, et qu’ils n’arrivent plus à suivre. Dans cette jungle, le couple branding & marketing devient une boussole qui va nous indiquer où aller, en sachant quoi faire (le fond), et comment faire (la forme).

Et puisque nous parlons d’orientation, un distinguo supplémentaire doit être fait entre :

l’orientation à la production (marketing de l’offre), où le traducteur donne son input au marché : - « voilà ce que je produis, ce que je sais faire, à prendre ou à laisser », en cherchant (créant) un marché pour son produit/service… ; et

l’orientation à la demande (marketing de la demande), où la dynamique du marché donne l’input au traducteur, qui adapte ainsi son offre au marché (identifié au préalable, il va sans dire).

À noter qu’en marketing, l’orientation à l’offre (supply-side marketing) caractérise l’Old Economy, tandis que l’orientation à la demande (demand-side marketing) distingue la New Economy… Dans le premier cas, trop de traducteurs ne tiennent pas compte – ou pas suffisamment – des exigences du marché.

Donc au final, entre l’offre et la demande, que choisir ? Disons qu’en règle générale, plus un marché est « horizontal », plus la concurrence est élargie et forte et doit s’adapter à la demande ; en revanche, un marché plus « verticalisé » restreint le champ des concurrents spécialisés, qui se retrouvent en position de force sur leur offre.

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Pour aider à la compréhension, traduisons cela par une matrice simple (voir Figure 3), avec en ordonnées ces deux questions essentielles : - quoi faire ?, - comment faire ?, et sur l’axe des abscisses les deux pôles de connaissance (moi et les autres), auxquels correspondent deux niveaux d’action (sur moi et sur les autres).

Figure 3 : Matrice Branding & Marketing, Jean-Marie Le Ray / Translation 2.0 © 2016 : Présentation TINVOM

* * *

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QUOI FAIRE ?

CHAPITRE III

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Pour répondre à cette question fondamentale, chacun(e) doit partir d’une réflexion … sur son histoire et ses attentes, à la fois personnelles et professionnelles.

Une réflexion de base sérieuse étant le préalable à la mise en œuvre de toute stratégie durable, qui exige de la cohérence (en sachant distinguer entre capacités et ambitions, entre réalité et objectifs illusoires, par exemple), et de la méthode (plan de travail, définition des tâches, des objectifs, des ressources, etc., etc.).

La définition de la stratégie s’articule ensuite (voir Figure 4) sur l’analyse de 2 pôles de connaissance [moi, et les autres (puisque le marché au sens large comprend également tous les acteurs impliqués, dont les collègues)] :

Moi : me connaître moi-même, analyse SWOT, bilan de compétences ; Autres : connaître le marché, analyse SWOT du marché en général, et de MON

MARCHÉ en particulier (ce qui suppose de l’avoir identifié...),

auxquels correspondent 2 niveaux d’action (sur moi et sur les autres) :

À mon niveau : personal / professional branding ; Au niveau du marché : marketing.

Figure 4 : Connaissance & Action, Jean-Marie Le Ray / Translation 2.0 © 2016 : Présentation TINVOM

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Concernant le premier pôle de connaissance, l’équation, théorique, est la suivante : se faire connaître comme traducteur = se connaître comme traducteur.

Car en prenant le problème à l’envers, il est clair que se connaître comme traducteur est le postulat de base, pour pouvoir ensuite se faire connaître : vous pourriez être le meilleur traducteur-interprète du monde, pour le marché, si vous ne vous faites pas connaître, vous n’existez pas ! Donc on passe de « se connaître » à « se faire connaître », et non le contraire, c’est une évidence.

Mais se connaître comme traducteur implique aussi un premier corollaire, immédiat, qui est celui de connaître le marché de la traduction en général, et son propre marché en particulier : il y a une infinité de marchés de la traduction, un par personne, en fait.

1 traducteur (1 interprète) = 1 marché

Qui est le mien, forcément différent de celui de mes collègues. Pour me connaître, je dois donc connaître, et comprendre, ce que font les autres, pour apprendre à me situer d’une manière générale par rapport à eux, et à me positionner plus précisément par rapport à celles et ceux qui sont plus proches de mon marché -mes concurrents potentiels -, afin de me DIFFÉRENCIER !

C’est un concept vital pour un professionnel indépendant, mais qui s’applique par ailleurs à tous les acteurs économiques. En jouant sur l’assonance harmonique, les italiens disent « o ti distingui, o ti estingui » : soit tu te distingues, soit tu es destiné à disparaître. À toi le choix !

Or se différencier consiste ‘simplement’ à répondre à la question suivante : -« pourquoi le client me contactera-t-il, moi, plutôt que mon collègue ? »

Lorsque quelqu’un sait donner une réponse simple à cette interrogation, il a déjà parcouru l’essentiel du chemin pour se faire connaître comme traducteur...

J’insiste sur la notion de simplicité car ce qui fait votre différence fait aussi votre principal argument de vente, et votre principal argument de vente doit s’exprimer en termes simples et concis (« concis » étant également la contraction de « concret + précis »...).

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C’est le concept marketing de l’USP, l’Unique Selling Proposition, théorisé dès le début des années 60 par Rosser Reeves dans Reality in Advertising7, que je préfère décliner en Unique Service Promise à notre niveau : la PROMESSE D’UN SERVICE UNIQUE, le mien !

Une promesse qui doit se traduire en une seule formule, la fameuse « tagline », ou accroche en français, qui est également votre signature, dont la fonction n’est pas seulement d’attirer l’attention de vos destinataires, mais surtout de véhiculer la promesse du service unique que vous proposez et qui répond (correspond) à leurs attentes. Sans rentrer dans les détails, il en va de même pour les noms de domaine.

Lors d’une étude8 réalisée sur 15 532 noms de domaine en point .com contenant le terme TRANSLATION (extraits le 19 juin 2011 du fichier Verisign des dot-com, soit près de 100 millions de noms à l’époque9, mis à jour toutes les 24h), j’ai pu identifier 9 « parcours de création » :

1. Dénominatif (nom de personne, entité, pseudo, alias, nom commercial, ...) 2. Langues (+15%) = 2 387 occurrences (36 mots)3. Secteurs = 902 occurrences (18 mots)4. Géographique = 557 occurrences (28 mots)5. Substantifs / Qualificatifs = 560 occurrences (14 mots)6. Connecteurs (prépositions, conjonctions, pronoms, adverbes, verbes, etc.) =

912 occurrences (18 mots)7. Générique (concepts relatifs à la traduction) = 899 occurrences (36 mots)8. Professionnel = 767 occurrences (20 mots clés)9. Disruptif (rainylondontranslations.com, nakedtranslations.com, cucumis.org,

proz.com, …)

Donc parmi les pistes créatives, la part du lion revient au couple dénominatif + disruptif avec 12 311 occurrences (soit 7 833 mots, +79%), la disruption consistant à briser par une idée créatrice les conventions déjà bien établies d’un marché.

* * *

Connaître le marché de la traduction en général, et son marché en particulier, est un impératif de la réussite. La chose n’est pas nouvelle : dès le IVe ou Ve siècle av. J.-C., Sun Tzu, dans L’Art de la guerre (ou, littéralement : la « Stratégie militaire de maître Sun »), premier traité au monde écrit sur l’argument, l’auteur appliquait à l’adversaire et à la bataille ce qui vaut à présent pour le marché :

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Therefore I say:

⁻ One who knows the enemy and knows himself will not be in danger in a hundred battles.

⁻ One who does not know the enemy but knows himself will sometimes win, sometimes lose.

⁻ One who does not know the enemy and does not know himself will be in danger in every battle.

- Sun Tzu

“Connaître l’ennemi et se connaître soi-même permet d’affronter cent batailles sans danger ; en se connaissant soi-même sans connaître l’ennemi, tantôt vous gagnerez, tantôt vous perdrez ; mais ignorer l’ennemi et ne pas se connaître soi-même vous mettra en danger à chaque bataille.10

Donc sans aller jusqu’à affirmer que le marché de la traduction est votre ennemi, il convient toutefois de bien l’appréhender pour savoir où et comment s’y positionner. Quant à se créer un marché de niche, centré par définition autour d’un groupe restreint de clients spécifiques ou sectorisés, capables de vous assurer un flux de travail suffisant et durable, cela se caractérise en général par des services fortement différenciés et spécialisés.

D’où la nécessité, encore et toujours, de parfaitement connaître mon niveau d’expertise et mes temps de réaction autant dans mes langues de travail que pour chacun de mes couples linguistiques et mes secteurs de prédilection. Nous y revoilà.

* * *

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Ce que l’on sait aujourd’hui avec certitude du marché mondial de la traduction, c’est qu’il s’agit d’un marché extrêmement dynamique, non pas en récession mais en progression constante, un marché porteur ayant de l’avenir, destiné à s’élargir, ce qui est plutôt une bonne nouvelle dans la morosité économique ambiante…

Un dynamisme dont l’on se dit que, quelque part, il finira bien aussi par avoir des retombées positives à mon niveau. Toutefois, si retombées il y a, inutile de les attendre passivement, c’est à moi de les provoquer, les chercher, les trouver, les exploiter à mon profit.

Une posture qui heurte trop souvent l’approche coupablement statique de nombre de traducteurs, routiniers et bornés sur leur position, malheureusement indéfendable sur le moyen - long terme.

Mais, surtout, insoutenable sur un marché très « darwinien », où ce n’est ni l’espèce la plus forte ni la plus intelligente qui survit, mais celle qui est la plus réactive au changement (Charles Darwin dixit).

Donc, comme nous l’enseigne le chevalier de Lagardère, si le marché ne vient pas à moi…

Et pour m’en faire une idée plus précise, je dois le segmenter le plus finement possible : répartition géographique, nationale, régionale, locale, répartition linguistique, répartition sectorielle, etc.

Ainsi, pour découvrir MON marché, unique et différent de celui du voisin, il me faut déterminer où suis-je sur ce marché, quel est mon positionnement par rapport à la compétition ? Comment me différencier ? Sortir du lot ? Conquérir –et conserver (et donc défendre) – mon avantage concurrentiel ?

Nous sommes dans la même situation que les PME/PMI contraintes d’affronter le dumping international, pour lesquelles il n’y a pas 36 moyens d’affronter le problème, mais juste 2 : répondre par 1) la qualité, et 2) la spécialisation.

Qualité du service ne voulant pas dire uniquement, dans notre cas, qualité linguistique, mais également sérieux, garantie de tenir les engagements en termes de délais, capacité d’offrir le meilleur compromis au niveau du rapport qualité/prix, d’accompagner nos clients, etc.

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Au départ le modèle des 5 forces de Porter a été conçu pour de grosses entreprises, mais il est parfaitement adaptable tant au monde de la traduction qu’au niveau individuel (voir Figure 5).

Figure 5 : Adaptation aux traducteurs & interprètes du modèle des 5 forces de Porter, et positionnement sur le marché par rapport à la

compétition, Jean-Marie Le Ray / Translation 2.0 © 2016 : Présentation TINVOM

Modèle essentiellement « concurrentiel », où toutes les parties prenantes sont en tension continue, il représente au cœur de la cible la ressource traducteur-interprète prise dans un rapport de forces permanent au sein duquel s’opposent des pouvoirs contractuels différents, où la seule règle semble souvent être la loi de la jungle, où le plus gros mange le plus petit, etc.

En fait c’est beaucoup plus subtil que cela, et la réalité s’apparente davantage à un proverbe arabe dont j’ai oublié la source : « Si tu es agneau je suis loup, et si tu es loup je suis agneau »…

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Donc en clair, les cinq forces qui, selon moi, déterminent la structure concurrentielle du marché de la traduction sont :

I. Fournisseurs : j’entends essentiellement par fournisseurs les agences, qui font le plus souvent office d’intermédiaires entre les traducteurs et les clients.

II. Nouveaux entrants : vu que les barrières à l’entrée sont extrêmement faibles sur ce marché, voire inexistantes, tous les « collègues » ou aspirants traducteurs qui pratiquent le dumping au niveau des tarifs, des conditions de travail, etc.

III. Clients : le destinataire final de la traduction, celui pour qui je fais le travail soit seul soit en équipe, soit indirectement (par le biais d’un intermédiaire) soit directement (je négocie les conditions en direct avec le client, sans intermédiaire).

IV. Produits de remplacement et complémentaires : ils vont de la traduction automatique à la post-édition, de l’internationalisation à la formule SaaS(Software as a Service), de la traduction communautaire (autrement dénommée crowdsourcing) à la traduction en temps réel, souvent gratuite ou quasi-gratuite, en passant par l’utilisation de gigantesques mémoires collectives, etc.

V. Traducteurs concurrents : moi et les autres professionnels du métier évoluant sur le même marché que le mien (ou sur un marché proche)…

Naturellement, chacune de ces 5 forces tente constamment de « tirer la couverture à soi », d’où une tension permanente sur les prix et sur les capacités de négociation des différentes parties prenantes.

Car si les acteurs du modèle de Porter disposent d’un pouvoir de négociation élevé d’autant plus qu’ils sont peu nombreux ou concentrés, sur le marché de la traduction c’est tout le contraire : une infinité de traducteurs et d’intervenants sur un marché hautement segmenté, voire atomisé…

D’où un faible pouvoir de négocier a priori, ce qui limite considérablement degré de liberté et marges de manœuvre, avec à la clé une rentabilité du travail fortement restreinte.

Sauf … sauf si le service que je fournis - promesse et synonyme de qualité et de spécialisation - différencie nettement mon offre de celle de mes compétiteurs, raison pour laquelle les agences ou les clients pour qui je travaille y réfléchiront à deux fois avant de changer de fournisseur, le coût de changement pouvant s’avérer prohibitif à terme.

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En effet, pour autant qu’il coûte peu, un travail mal fait revient toujours trop cher, ne serait-ce que parce qu’il faut le refaire : au final, coûts supplémentaires, impact en termes d’image, crises de foie et pertes de temps…

Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Il est même très anti-économique.

Donc en définissant la concurrence comme un mix nécessaire entre compétition et coopétition, et en adjoignant celle-ci à celle-là, nous pouvons tenter de canaliser les tensions pour tirer profit des forces en présence : transformer les menaces en avantages grâce à la compétition coopérative entre des acteurs autrement rivaux, afin d’exploiter les complémentarités possibles et souhaitables entre fournisseurs, clients, concurrents – existants, potentiels et nouveaux –, et produits de remplacement.

Ces derniers jouent d’ailleurs un rôle grandissant, et prépondérant, dans notre métier : je prendrai comme seul exemple celui de la traduction automatique, même si c’est l’arbre qui cache la forêt…

* * *

Dans son essai, « Translation in the Digital Age »11, le prof. Michael Cronin cite en exergue le début de la magnifique autobiographie d’Andre Agassi, Open :

J’ouvre les yeux et je ne sais plus où je me trouve, ni qui je suis. Rien d’exceptionnel à cela, j’ai passé la moitié de ma vie dans l’ignorance. Pourtant, cette fois l’impression est différente. La sensation de trouble est plus angoissante. Plus totale.12

D’après moi, l’anglais est plus percutant (et donc, plus juste, en collant mieux à la réalité) : La confusion est plus effrayante. Plus totale…

The confusion is more frightening. More total.

- Andre Agassi “

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Selon M. Cronin13, un sentiment de confusion bien connu de toute personne impliquée dans le marché actuel de la traduction, où l’omniprésence des solutions en ligne, la prolifération des applis traduisantes sur smartphones, la progression inarrêtable vers l’automatisation à grande échelle des projets de traduction, les changements fondamentaux dans les pratiques d’alphabétisation au fur et à mesure que les lecteurs migrent de la page écrite à l’écran, l’impitoyable instantanéité de la communication électronique lorsque les clients s’attendent à des réponses 24/7/365, la panoplie en constante évolution des logiciels de traduction numérique tels que les mémoires de traduction, etc., sont autant de facteurs qui contribuent à forger la sensation que « cette fois l’impression est différente ».

Certes, la traduction a déjà connu de nombreuses transformations dans le passé, mais aujourd’hui « la confusion est plus effrayante, plus totale. »

Pour en revenir à l’exemple de la traduction automatique (TA pour les intimes), dès les années 30 du siècle dernier, américains, russes et français se lancent dans la course à la machine à traduire... Des centaines de millions de dollars et environ 70 ans plus tard, tout cela n’a débouché sur pratiquement rien de concret ni d’exploitable, si ce n’est quelques exceptions notables14. Jusqu’à l’arrivée de Google et à son implication dans la TA.

Or depuis une bonne décennie, pour mieux dissimuler leurs craintes, que font les traducteurs professionnels confrontés à la TA ? Ils préfèrent contourner la question, au mieux en l’abordant sous l’angle de la dérision, au pire en brandissant le mythe de l’extinction proche de la traduction humaine, remplacée par des moteurs (le terme anglo-saxon de machine translation est d’ailleurs suffisamment explicite). Pour autant, méconnaître un problème ne veut pas dire qu’il disparaisse, cela signifie juste montrer l’ignorance et le manque de clairvoyance de qui préfère mettre la tête dans le sable...

Du 16 au 18 avril 2015 j’étais à Tunis, où j’ai pu assister à la présentation du Prof. Anthony Pym, président de l’European Society for Translation Studies, sur l’impact de la traduction automatique basée sur des règles statistiques (modèle Google), dont l’idée centrale était que la post-édition d’une traduction automatique permet aujourd’hui d’atteindre le point de bascule (the tipping point), au-delà duquel il n’y a plus vraiment de différence qualitative significative entre une traduction humaine et une traduction automatique post-éditée, avec même quelques avantages de productivité en faveur de cette dernière.

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Ce qui se traduit (c’est le cas de dire) par une constatation simple : après avoir passé des années et des années à le sous-estimer ou à prendre le problème à l’envers, une fois que celui-ci n’est plus évitable, nombre de traducteurs/traductrices sont complètement dépassé(e)s par les événements.

Donc, face à cette situation en perpétuel changement, certains essaient d’anticiper en ayant une attitude proactive, d’autres se contentent d’observer passivement, d’autres enfin adoptent la politique de l’autruche en pensant mieux se préserver ou défendre des intérêts chichement thésaurisés, mais en général ils sont définitivement perdus lorsqu’ils s’en rendent enfin compte ou que la réalité se rappelle à leur bon souvenir.

Pour paraphraser l’observation d’un anonyme sur les trois catégories d’entreprises15, relayé par Philip Kotler (2013), nous pourrions compter :

3 catégories de [traductrices/traducteurs] : 1) celles et ceux qui font en sorte que les choses se produisent, 2) celles et ceux qui observent ce qui se passe, et enfin 3) celles et ceux qui se demandent ce qui est arrivé.

La question est, chère lectrice, cher lecteur, en supposant que tu sois du métier : -« à quelle catégorie j’appartiens ? », chacun/e positionnant son propre curseur sur une échelle allant de l’ère jurassique à nos jours...

* * *

Page 25: Branding & Marketing 2016

COMMENT FAIRE ?

CHAPITRE IV

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Répondre passe par une recherche permanente, individuelle en premier lieu, de l’adéquation entre contenus et contenants.

En poésie, par exemple, il n’est plus à prouver que la forme fixe influence le fond : prenez une source d’inspiration identique et faites-en un sonnet ou un poème en prose, la teneur du texte produit changera du tout au tout…

Ainsi, le choix d’une plateforme sociale est loin d’être innocent : vous pouvez diffuser un même message sur Twitter, Facebook, Google+, LinkedIn (pour n’en citer que quatre parmi les plus importants) ou d’autres, mais à la longue votre présence sur ces réseaux sociaux, qui résulte de l’accumulation de vos interventions et des réactions qu’elles suscitent, différera fortement d’un réseau à l’autre.

C’est ainsi que, petit à petit, se dessinera le puzzle de vos activités sur Internet, qui est aujourd’hui – et le sera toujours plus – votre lieu de travail !

N’oubliez pas que lorsque vous contactez un client potentiel au niveau professionnel, la première chose qu’il fera sera de chercher sur Internet toutes les infos qu’il peut trouver sur vous, y compris au niveau de votre sphère personnelle. Donc, d’une part, vous tenez un discours professionnel en présentant ce que vous voulez qu’on sache de vous, tandis que votre interlocuteur tentera de découvrir justement ce que vous ne dites pas ! Après quoi il sera seul juge de décider s’il y a cohérence entre les dits et les non-dits, voire s’il y a selon lui dissimulation, ou pire : tromperie…

Par conséquent, lorsque vous entreprenez une prospection commerciale quelconque, mettez-vous toujours à la place de vos clients potentiels, qui rechercheront vos traces numériques sur le Web. Et que trouveront-ils ? Se faire trouver suppose une visibilité, qui présume à son tour une présence, elle-même fondée sur une identité.

Identité, présence, visibilité & réputation sont les 4 fondamentaux du puzzle Internet !

- Jean-Marie Le Ray

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Identité, présence & visibilité + réputation (voir Figure 6), sont les 4 fondamentaux du puzzle Internet !

Figure 6 : Les 4 fondamentaux du puzzle Internet, Jean-Marie Le Ray / Translation 2.0 © 2016 : Présentation TINVOM

D’où la nécessité de parcourir le chemin inverse, c’est-à-dire de commencer, si possible, en construisant une identité qui soit forte, reconnaissable, mémorisable, visuelle et active.

Aucun écosystème de branding & marketing ne peut être développé sans identité claire à la base ! De même qu’aucune action branding & marketing convaincante ne peut germer dans l’anonymat…

Or l’identité seule ne peut suffire si elle n’est pas supportée par une présence : celle-ci est la résultante de toutes nos actions sur le réseau, et sa construction se fait en réplique à la question : - « pourquoi suis-je présent sur Internet ? ». Votre vitrine Web doit être adaptée à la réponse que vous souhaitez apporter !

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Cependant, la présence sans visibilité ne suffit pas non plus : être présent sans être visible = être absent ! La présence est donc le trait d’union entre l’identité (le fond) et la visibilité (la forme).

Enfin, la visibilité se transforme en réputation, bonne ou mauvaise, cela ne dépend que de vous, mais pas toujours de vous ! D’ailleurs, c’est souvent à ce niveau-là que se pose le problème de devoir faire une distinction – ou pas – entre sphère personnelle et professionnelle !

La réputation sur Internet est un chapitre délicat.

Au niveau métier, elle va dépendre de la cohérence entre les promesses - ce que le client attend de vous - et ce qu’il aura obtenu, entre ce que vous dites et ce que vous faites, cohérence aisément contrôlable puisque, à tout moment, outre le produit de votre travail, chacun peut évaluer votre image de marque sur Internet.

Selon une fréquente citation, généralement attribuée à Chris Anderson, célèbre auteur d’un article particulièrement clairvoyant, intitulé The Long Tail et publié sur Wired Magazine16 en octobre 2004, votre marque n’est pas ce que vous dites qu’elle est, mais ce que Google dit qu’elle est : « Your brand isn’t what you say it is… it’s what Google says it is. »17

Your brand isn’t what you say it is … it’s what Google says it is.

- Chris Anderson“

Le fait est que Google est désormais votre carte de visite, en permettant aux internautes de vérifier la traçabilité de vos activités sur le Web. Sans oublier vos autres traces sur les différents réseaux sociaux…

C’est ainsi que l’on gère sa propre réputation en ligne, de même que le respect de son droit à la vie privée. Il nous faut apprendre à contrôler les données personnelles que nous publions (ou que d’autres publient), en faisant la part entre confidentialité et sphère publique, et, le cas échéant, savoir qui les utilise et comment. Jeff Jarvis observe justement : « Privacy is not the issue. Control is. »18. Le problème n’est pas le droit à la vie privée en lui-même, mais de connaître notre droit et le maîtriser.

Page 29: Branding & Marketing 2016

Privacy is not the issue. Control is.

- Jeff Jarvis“

Autant que possible, je dois toujours suivre ce qui se dit de moi, connaître le jugement que les autres portent sur moi, accepter les critiques justifiées et faire valoir mon opinion en cas d’avis (très) négatifs sur ma personne, en réagissant proportionnellement. Car si je peux contrôler ce que je dis ou je fais, il est plus difficile d’en faire autant sur ce que disent et font les autres, notamment lorsque ça me concerne au premier chef… Or n’oublions jamais que ce que les autres disent de moi peut influencer un client potentiel bien davantage que ce que je dis de moi-même !

Donc se faire connaître, c’est bien, se faire reconnaître, c’est mieux ! Et si ma réputation est ce qui se dit de moi, ce n’est que lorsqu’il y a cohérence entre l’identité (ce que je dis de moi-même) et la réputation (ce que les autres disent de moi), que je suis reconnu et gagne en crédibilité & notoriété…

La boucle est bouclée.

* * *

Page 30: Branding & Marketing 2016

COMMUNICATION & STORYTELLING

CHAPITRE V

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Lorsqu’une réflexion préalable nourrit la mise en récit, elle prend comme point de départ la connaissance : la connaissance supporte l’action, puis le suivi et la mesure des résultats de l’action renouvellent la réflexion, qui (ré)oriente à son tour le cycle stratégique du storytelling dans une boucle permanente (voir Figure 7). Or il y a au moins 360 manières d’aborder une histoire : une pour chaque degré de la boucle…

Figure 7 : Le cycle stratégique du storytelling, Jean-Marie Le Ray / Translation 2.0 © 2016 : Présentation TINVOM

En d’autres termes, notre histoire va se développer à partir d’une introspection initiale (mise en récit des contenus : quoi raconter, comment, en quelle circonstance, pour quel public, dans quel but, etc.), elle-même fondée sur une double connaissance, pointue :

1. de soi-même au plan professionnel ;2. du domaine de la traduction, de ses enjeux et ses marchés,

avant de se transformer en action (mise en forme des contenus dans les bons contenants : vecteurs traditionnels de communication, congrès, foires, événementiel, sites, blogs, réseaux sociaux, clips vidéo, images, photos, art, musique, etc.).

Page 32: Branding & Marketing 2016

Ainsi « notre histoire » professionnelle (perso) va devenir le « contenu » à mettre en avant (en récit & en forme), et nous accompagner au fil de notre carrière tout en cherchant à influencer le(s) public(s) que nous prospectons.

Toutefois, ce qui distingue fondamentalement la traduction & l’interprétation est qu’il s’agit non pas de produits, mais de services, censés apporter des solutions personnalisées aux problématiques irrésolues de nos clients, et les conseiller dans leurs projets, leurs interrogations, leurs choix linguistiques ou de communication multilingue19, voire pour la localisation de leur présence institutionnelle sur le réseau (sites, médias sociaux, e-commerce, événementiel, …), etc.

Or le marketing des services se caractérise en ce qu’ils sont généralement intangibles, contrairement aux « commodités », qui sont des biens tangibles de consommation courante : ils peuvent être vus, voire goûtés, touchés, entendus ou sentis avant l’achat, quand bien même les marchandises vendues sur Internet perdent déjà certains de leurs critères spécifiques de tangibilité.

Ce n’est pas le cas de la traduction, et c’est là une différence essentielle avec les services, dont les caractéristiques d’intangibilité concernent 6 aspects : lieu, parties prenantes, équipements de production, matériel d’information, symboles, prix. En détaillant un peu :

1. Lieu : tout emplacement physique où les parties prenantes sont en contact avec un public ; sur Internet, correspond à un site / blog, et plus généralement à tous les endroits, notamment les réseaux sociaux, où les intervenants laissent des traces de leur présence sur le Web ;

2. Parties prenantes : tous les intervenants de la filière, des enseignants et formateurs aux aspirants traducteurs-interprètes, des traducteurs-interprètes de métier aux agences de traduction, des clients directs et potentiels aux pouvoirs publics impliqués, jusqu’aux citoyens en général ;

3. Équipements de production : tout ce qui permet de fournir un meilleur service, comme les équipements matériels, logiciels, plateformes Web, etc. ;

4. Matériel d’information : brochures, documents en général, pages web d’approfondissement internes à un site, etc. ;

5. Symboles : du nom au logo, du nom de domaine à la cohérence avec l’image coordonnée d’un intervenant, etc. ;

6. Prix : expliquer encore et toujours les prix associés au(x) service(s) de façon transparente.

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Six volets sur lesquels le cycle stratégique du storytelling a son histoire à dire, aussi bien au plan des contenus (mise en récit), que des contenants (mise en forme). Et une fois que les bons contenus sont disposés dans les bons contenants, nous pouvons laisser libre cours à l’EXPRESSION (qui est l’amalgame des uns et des autres) de ce que nous souhaitons divulguer. Tout en sachant que communiquer sur la qualité de mon offre de services n’est plus un facteur discriminant !

En effet, aucun prestataire ne dira jamais autre chose, sinon qu’il fournit des services de qualité (considérés par ailleurs comme un acquis par les clients). Donc si tous les prestataires offrent a priori une qualité irréprochable, sur ce plan il n’existe plus aucune différence entre les uns et les autres…

Mais si je ne peux plus me distinguer en communiquant sur la qualité (« o ti distingui, o ti estingui »…), de quoi parler ? Outre sur mes/les services et mon identité (d’importantes sources d’inspiration), je peux encore :

• communiquer sur mon histoire, ou celle de la traduction en général (mise en valeur et sensibilisation permanentes),

• communiquer sur ma marque,• communiquer sur mon/le marché (langues + secteurs),• communiquer sur mes/les prix (?),• communiquer sur mon/du contenu,• communiquer sur mon/le message,• communiquer sur mon/le talent, etc.

Communiquer, du latin « communis agere » : mettre en commun, partager.

Deux choses importantes qu’il faut toujours garder à l’esprit sur ce qu’est ou n’est pas le marketing à notre niveau :

I. ce n’est pas la panacée, la solution miracle, une action ponctuelle…II. c’est un accompagnement permanent, une stratégie mûrement réfléchie qui

s’inscrit dans la durée, exige constance et inventivité, une boussole pour nous orienter dans le labyrinthe des incertitudes du marché et des peurs de la concurrence, afin d’apprendre à les combattre et les surmonter.

Désormais l’écosystème branding & marketing n’est plus une option qu’on active de temps en temps, mais plutôt une préconisation qui doit nous devenir familière, un instrument de choix à apprivoiser, destiné à faire partie intégrante de la panoplie du parfait traducteur-interprète : afin de découvrir tout au long de notre carrière comment faire se rencontrer l’offre et la demande pour notre plus grand profit !

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CONCLUSIONRéférences & Notes

Branding & Marketing sont les deux faces de la même médaille : vous !

Autrefois la médaille était une pièce de métal frappée en l’honneur d’un personnage illustre, ou en souvenir d’un fait remarquable, voire le signe distinctif d’un prix, d’une récompense honorifique, ou encore, à Paris, une plaque de métal portée par ceux qui exerçaient certaines professions dans les rues : médaille de porteur aux halles et marchés20, médaille de commissionnaire.

Aujourd’hui, le personnage illustre, c’est vous, le fait remarquable, c’est votre carrière, la médaille du traducteur et de l’interprète, c’est votre prix et votre récompense, celle que vous porterez partout avec honneur pour raconter à toutes et à tous la beauté et l’amour de votre métier, sur lequel vous remettrez votre ouvrage, non pas vingt fois, mais cent, mille, autant que de besoin. Polissez-la sans cesse, et la repolissez, aurait dit Boileau : avec patience et longueur de temps, il vous incombe de la forger !

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Références

Cronin, Michael. 2013. Translation in the Digital Age, 1st Ed. New York. © 2013 –Routledge. Taylor & Francis Group

Kotler, Philip et al. 2013. Principles of Marketing, 6th European Edition. England © Pearson Education Limited 2013 (print and electronic)

Le Ray, Jean-Marie. 2015. « Marketing & Branding pour Traducteurs & Interprètes - TINVOM 2015 », présentation donnée à Tunis (16 - 18 avril 2015), lors du colloque international « Traduction et Interprétation : à l’écoute des nouvelles voix sur le marché » (Translation and Interpreting: New Voices on the Marketplace - TINVOM), organisée par l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis (ISSHT), Université de Tunis El Manar - Master professionnel en Traduction appliquée

Porter, M. E. The Competitive Advantage: Creating and Sustaining Superior Performance. New York. © 1985. Free Press

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Notes

1 Adscriptor. 2015. « Internet of Me, We Economy, oui... ». Article consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/bXKrdH2 Fast Company. 1997. « The Brand Called You ». Article consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/vkbL43 Tom Peters. 2002. « In Search of Excellence: A Three-Generation Report Card ». Document (PDF) consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/KuvZGm4 Proz.com. 2013. « Marketing pour traducteurs/interprètes ». Discussion consultée le 29 août 2015. http://goo.gl/R4iRdE5 Jean-Marie Le Ray. 2014. « Le traducteur est un animal social ». Billet consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/0SMmSs6 Translation 2.0. 2015. « Les trois catégories de traducteurs ». Billet consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/ggTyFs7 Rosser Reeves. 1961. « Reality in Advertising ». Fiche consultée le 29 août 2015. http://goo.gl/Xod20p8 Jean-Marie Le Ray. 2011. « 15,532 dot-com with TRANSLATION inside. 9 creativepaths ». Fichier DISRUPTION-file.doc, consulté le 29 août 2015. https://goo.gl/5b9wm69 Verisign. 2011. « The Domain Name Industry Brief ». Fichier (PDF) consulté le 29 août 2015. https://goo.gl/KMdNXJ

Page 37: Branding & Marketing 2016

10 Sun Tzu. The Art of War. Site consulté le 29 août 2015. https://goo.gl/b1bsZP11 Cronin (2013: 10)12 « I open my eyes and I don’t know where I am or who I am. Not all that unusual – I’ve spent half my life not knowing. Still, this feels different. The confusion is more frightening. More total. » [Agassi, Andre. (2010) Open: An Autobiography, New York: HarperCollins.]Version française : éd. Plon, 2009. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Suzy Borelloet Gérard Meudal13 « His sense of confusion will be familiar to anyone engaged at whatever level with translation in the present moment. The omnipresence of online translation options, the proliferation of smartphone translation apps, the relentless drive towards automation in large-scale translation projects, the fundamental changes in literacy practices as reading migrates from page to screen, the unforgiving instantaneity of electronic communication as responses are demanded 24/7, the ever-changing wardrobe of digital translation props such as endlessly mutating translation memory software – all of these factors contribute to the sense that ‘this feels different’. There may have been changes before but this time, the ‘confusion is more frightening. More total.’ ». Cronin (2013: 10)14 Translation 2.0. 2014. « Réalité de la traduction automatique en 2014 ». Billet consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/zPd1zm15 « Someone once observed, “There are three kinds of companies: those who make things happen, those who watch things happen, and those who wonder what’s happened.” ». (Kotler et al. 2013, 97)16 Wired. 2004. « The Long Tail ». Article consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/ZtxXjU17 Webmetricsguru. 2006. « Your brand is what Google says your brand is – Chris Anderson ». Billet consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/YJi1Zw18 Jeff Jarvis. 2009. « SXSW: Privacy (and publicness) ». Billet consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/oU7HHl19 Adscriptor. 2007. « Enjeux et nature d’une communication multilingue ». Billet consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/9ZBryp20 Paris à nu. 2012. « Les Forts des Halles et les portefaix ou porteurs ». Article consulté le 29 août 2015. http://goo.gl/t8orHG

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COMPÉTENCES

ÉDUCATION

HUMANITÉS Dix ans de voyages sur 3 continents : Europe, Afrique du Nord, Australie

Longs séjours culturels en Angleterre, Espagne, Italie (à Rome depuis 1985)

NIVEAU BACCALAURÉAT Niveau Bac D, orientation scientifique

Apprentissage sur le tas : 100 % autodidacte

1975 - 1985

1975

EXPÉRIENCE

TRANSLATION 2.0 (ex-Studio 92 S.n.c.) Traducteur - Interprète

Traducteur-interprète italien-français, traducteur anglais-français

FORMATIONS AU MARKETING Formateur - Conférencier

Formations ciblées : traducteurs, interprètes, agences & professions libérales

1985 - 2016

2011 - 2016

PUBLICATIONS Blogueur – Rédacteur – Créateur de contenus

Analyste des acteurs majeurs du Web, des réseaux sociaux & du marketing

EXPERT ASSERMENTÉ Tribunal pénal & civil de Rome

Inscrit au Tribunal et à la Chambre de Commerce de Rome.

ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS Professeur de conversation française

Lycée d’état XXVIII – Rome. Organisation d’échanges scolaires avec la France

2005 - 2016

1990 - 2016

1987 - 1991

CV professionnel 2016

https://www.facebook.com/jmleray

https://it.linkedin.com/in/jmleray

https://twitter.com/jmleray

LE RAY Jean-Marie

En quelques chiffres, plus de 30 ans de

métier, environ 72 000 pages traduites

dans une quarantaine de domaines, des

centaines de journées d’interprétation

consécutive, des dizaines d’interventions

écrites et orales sur la traduction et le

marketing, outre une activité importante

sur les réseaux sociaux : plus d’un millier

de billets de blog publiés depuis 10 ans en

français, anglais et italien, notamment sur

Internet et les acteurs majeurs du Web,

lus par plus d’un million d’internautes, des

dizaines de milliers de contacts et de

pages vues sur SlideShare, Facebook,

Twitter, LinkedIn, Google+, etc.

PROFIL

Nom Naissance Situation Nationalité Langues

Jean-Marie Le Ray 24 mars 1957 Marié, un fils Française FR / IT / EN

Téléphone Courriel Skype Web Adresse

+39069147281 [email protected] jmleray www.translation2.com Via della Segale, 10 00040 – Ardea (Roma) – IT

CONTACT

TRADUCTEUR-INTERPRÈTE FORMATEUR MARKETING

Mission

Valoriser la traduction à tous les niveaux pour la faire devenir ce

qu’elle est en première instance : communication & marketing !

Vision

Traduire dans les règles de l’art, mais aussi : vos idées en mots, vos attentes

professionnelles en résultats, vos problématiques "business" en solutions, vos

projets Web en réussites (SEO multilingue et audits linguistiques de sites), etc.

Always on target!

Page 39: Branding & Marketing 2016

JEAN-MARIE LE RAY Translator & Interpreter | Content & Language Consultant | Branding & Web Marketing Coach

P E R S O N A L I N F O R M A T I O N

O B J E C T I V E

Initially specialized in technical and scientific

translations, I now offer a full line of language

services, from marketing content to the kind

of multilingual copywriting and

communication that is specific to the web, as

well as other value-added services such as

language audits for localized (or to-be-

localized) websites.

I am also a marketing and branding coach for

knowledge workers, sharing training courses

and materials in both French and Italian.

P R O F E S S I O N A L S K I L L S o Have managed my own translation

agency for 25 years.

o High-level translation &

interpretation craft.

o Independent consultant on language

optimization & internet marketing.

o Clients’ 360° support on all aspects

of their web presence (strategy,

content development).

o Creation of brand names that are

legally available worldwide.

o 10 years of blogging, with a

particular focus on social media and

content as key to achieving better

placement on SERPs.

P E R S O N A L S K I L L S o Beyond my professional skills, my

personal and multicultural experiences

have given me an openness and

creativity invaluable in finding any

original solution to Clients’ challenges

— and helping them to implement it.

* References available upon request.

Address:

Via della Segale, 10

00040 ARDEA (Rome, Italy)

Phone: +39069147281

Email: [email protected]

@jmleray (Twitter)

E D U C A T I O N

French conversation teacher State Italian School

1987 – 1991

Q U A L I F I C A T I O N S

30 years’ experience

Sworn translator before the Rome Court (since 1990)

10 years’ experience in Web & Social Media

P R O F E S S I O N A L E X P E R I E N C E

Branding & Web Marketing Coach AITI, Unilingue, Italy

o Coaching for translation companies (Unilingue).

o Coaching for students or translators and

interpreters freelancers (AITI).

2011 – Present

Translator, Content & Language Consultant Only Italian & English into French

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o More than 70,000 translated pages in about

40 fields.

1985 – Present

Interpreter, Consecutive Only Italian – French / French – Italian

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o Only between 2012 and 2013, nine months of

interpretation.

1985 – Present

E - M A I L A D D R E S S :

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T W I T T E R :

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