) Q1kt4 .4(4

BIJOUX VANDALESDES ENVIRONS

DE BONE (AFRIQUE)

PAR

M. LE BARON J. DE BAYE

Associé correspondant national de la Société des Antiquairesde France.

Extrait des Mntoires de la Société naioRale des Antquaresde France, t. XLVIII.

4 0 Le

00,

,Co

RI S

1888

DocumentIl Il

Il II 1111111 il il 1 II Ili0000005776931

S r

»•; L 4: tÀJ

*;z . * :i1

BIJOUX VANDALES

DES ENVIRONS

DE BONE (AFRIQUE).

Les Vandales, qui prirent pare aux invasions duVa siècle, ont laissé d'ineffaçables souvenirs. Leurnom rappelle de terribles destructions. Les chro-niques, en effet, mentionnent les Vandales et l'his-toire les suit dans leurs courses dévastatrices. Lalégende les représente comme s'étant attachés sur-tout à détruire, et jusqu'à ce jour on n'a songéqu'aux ruines laissées par eux sans chercher s'iln'y avait pas quelques traces de leur industrieparticulière.

Leur invasion et leur séjour en Afrique l cons-tituent une des plus importantes phases du rôle

1. Jurdanes, De origine acuque Getarwn 1 cap. X. - Greg.Tur., historia Prancorum, lib. II, cap. ii. - Orderici Vitalis,Historiz ecc1esia.stica, lib. I. Paris, 1838, t. I, p. 123.

BIJOUX VANDALES

qu'ils ont joué, et le siège d'Ilippone 1 figure parmileurs principales opérations2.

Ou porte à 80,00() le nombre des Vandales quipassèrent en Afrique 3 . Après un séjour d'environcent ans 4 , celte invasion dut nécessairement lais-set' des vestiges de l'industrie nationale.

En visitant le British Museum, j'ai été frappépar la présence de plusieurs objets qui attirèrenttoute mon attention. Ces diverses parures avaientété récemment. exhumées. Elles proviennent desépultures découvertes auprès de Bône. Toutesces pièces sont encore inédites; la plus exquisebienveillance m'a permis de les étudier et de lesdessiner.

Les bijoux de provenance africaine (de cetteépoque) sont encore iIICOflI1US. Il y a lieu de croire(lue les spécimens que nous signalons aujourd'huisont les premiers qui aient été étudiés. Je croispouvoir, sans témérité, attribuer ces objets auxVandales, l'une des nations gothiques5.

1. L'an î3l de J-C.2. I!ist. de la guerre des Vandales, par Procope, 1. 1, ch. in.3, Gibbon, Ilist. de ta décadence et de la chute de l'empire

romain. Paris, 1804, t. Il, P. 67 L'armée entière do Gen-série, y compris les femmes, les enfants et les esclaves,n'allait pas au delà de quatre-vingt mille individus.

4. De 428 à 533 après J.-C. - L'Algiric, par Dureau de laMalle, Paris, 1852. Introduction, xu CL XLII. - Recherchessur l'origine et les divers établissements des Scythes ou Goths,par Piukerlon. Paris, 1804, p. 320.

5. llug. Grotius, Historia Gottlwi'um, Wandatorutn et Lan-gobardorum. Préface, p. 29.

r) çTT

FIEU:ET RCUVL AL. NV1

COSRVES AU BR1T H 1îU1iM.

Lfl.S ENVIRONS, DE BORE. 5

L'énumération suivante permettra d'un seulcoup d'oeil de juger l'ensemble de la découverte.

10 Collier composé de perles en verre d'uneseule couleur et polychromes mélangés de grainsd'ambre.

o Quelques perles revêtues d'une feuille d'or.3° Une paire de boucles d'oreilles en or.4° Deux bagues en bronze, chacune avec chaton

orné d'une imitation d'intaille.50 Deux styles en bronze.6° Une cuiller du même métal.170 Deux petites SOUCOUCS en verre, qui SOfl1

des fonds de vases romains utilisés.8° Une boucle de ceinture en bronze doré.9° Une paire de Fibules rondes en bronze, ornées

d'émaux cloisonnés verts et jaunes (pi. X, fig. 2).10' Une seconde paire de fibules de même

forme, en argent, enrichies de grenats et d'émauxverts (pi. X, fig. 'I).

Le collier composé de grains en verre et dePerles eu ambre appartient au genre de paruresen usage à l'époque des invasions.

Les sépultures des peuples d'origine germa-nique, sur divers points de l'Europe, contenaientdes ornements analogues'.

I. Pour la France, voir les travaux de l'abbé Cochet, deH. Baudot, l'album de M. F. Moreau, le mémoire duDe Pdgolot, etc. Pour l'Allemagne, les ouvrages du flr Lin-denschmit. de MLLC Mcstorf, etc. Pour ta Suisse, le Recueil

BIJO(JX ANI'IQ(JES

Les perles en verre doré, ou revêtues d'unefeuille d'or, sont généralement rares dans lesnécropoles des peuples barbares. Cependant,quelques sépultures contemporaines de celles desVandales en ont fourni des spécimens.

Un coup d'oeil jeté sur les pendants d'oreillesne permet pas d'hésiter à les classer dans la caté-gorie de ceux de l'époque franque et burgonde con-servés dans nos collections publiques et privées .L'Allemagne possède des bijoux semblables pro-venant principalement des provinces rhénanes 2

d'antiquités suisses, de M. de Bonstetten, etc. Pour l'Angle-terre, les ouvrages de MM. Faussett, Douglas, Roach Smith,Thomas Wright, Yonge Akerman. Neville, Wylie, etc.

1. Musée des antiq. nation. de Saint-Germain, Catalogue,p. 185, vitrine 7, Villeneuve-sur-LotatCompiègne. - AlbumCaranda, Sépultures d'rcy - Sainte-Restitue (Aisne). -Environs de Compiègne, musée de Saint-Germain. Oyes,Villevenard, Fèrebrianges, Juches (Marne), collection deBaye; Mémoire sur la nécropole dOges, 1876, p. 15; Sépul-tures franques de loches, 1880, p. O. - Piquigoy (Somme);collection John Evans. - Brochon (Côte - d'Or); Baudet.,Sépultures des barbares de l'époque mérovingienne, p1. XXVI,fig. 14, 15, 16, 17 et. 18. - Ouville, Saint-Aubin-sur-Scie(Normandie); abbé Cochet, Sépultures gauloises, romaines etfranques, P . 137 et. 138. - Envermeu (Seine-Inferieure)mémo ouvrage, p. 173. - Yverdon Vaud); de Bonstetten,Recueil d'antiquités suisses, 1855, pi. XV, 11g. 21. - Sèran-court-le-Grand (Aisne) ; .1. Pilloy, Études sur d'anciens lieuxde, sépulture dans l'Aisne, 1882, p. 88 et 91, p!. B, [1g. 3.

2. D Liudenschmit, Die aiterlhamne...... Ban! I, lloft XI,Taf. 8, fig. 15 et 17; Baud 11, Heft X, TaC. G, fig. 8 et O;Hoft XII, Tat. G, fig. 7; Baud III, Heft VI, Taf. 6, fig. 3.- Lindensehinit, Ilandbuch der Deutschen a.11ertlmumskunde,

DES ENV1ftOS DE BOXE

Il existe une frappante ressemblance entre lesboucles d'oreilles trouvées dans les environs deBône et celles qui proviennent des tombes descontrées européennes occupées par les barbares.

Ces bijoux consistent en un anneau de fil métal-lique rond ou à peu près. Cet anneau est strié outordu sur presque toute sa circonférence. La par-tie qui devait s'engager dans le lobe de l'oreitleest lisse. Les stries immobilisaient la parure dansla perforation de l'oreille. L'anneau porte unornement d'un volume considérable, formé d'unpolyèdre à facettes quelquefois hexagonal. Cetornement, qui faisait la richesse des pendants, esten métal massif ou orné d'un cloisonnage de ver-roteries ou de grenats triangulaires et losangés.

el

Les boucles d'oreilles de Bône sont en or, maisles pierres sont perdues. A l'aide des bijouxintacts de la même époque que nous connaissons,il est très facile de reconstituer l'ornementation

188e, p. 388, Taf. 40, fig. 8. - Congrès intern. d'anthrop.et d'archéol. de Budapest, p. 528, fig. 35.

BIJOUX ANTIQUES

primitive. Les places des pièces décoratives setrouvent indiquées.

Les deux bagues n'offrent rien de particulier.En effet, les sépultures du même siècle, en Europe,ont donné des bagues dont les chatons eu verreimitaient grossièrement des intailles romaines'.Ces fausses intailles jouaient le rôle des pierresantiques que l'oit trouve souvent serties dans desmontures fabriquées par les barbares 2

Les styles en bronze, par leurs formes, sontidentiques à ceux (lui appartiennent aux cimetièresde la même époque explorés en Europe. La tige

1. Homblières (Aisne); Pilloy, Études sur d'anciens lieuxde sépulture, pi. V, fig. il, 7 et Ii. —Musée des Ant. nation.(le Saint-Germain, vitrine 7, salle de numismatique, - Liii-denselimit, iiandbuch der deutschen aiterlhumsJunde, 1886,p. 404. - Bon, près Genève et Constance, de Bonstetten,Recueil d'antiquités suisses, pi. XV, fig. S et 9.

2. Jules Labarte, Histoire des arts industriels au moyen dgeet à la Renaissance, p. 266. - E. de Robillard de ileaure-paire, Note sur une découverte de bijoux mérovingiens au vil-lage de Valineray, 1876, p. 18. Abbé Cochet, la Nor,nandiesouterraine, 1855, p- 387. - Liiidenschmit, Die atterihil-mer..., Band II, Ileft XII, Taf. G, fig. 10 et 11.— Marteville(Aisne); J. Pilloy, Études sur d'anciens lieux de sépulture,1880, p. 29. - Caranda et Sablonnière (Aisne); F. Moreau,Album Caranda.

3. Sépultures de Samson (Belgique.), Handbuch der dent-schen alterthum.kunde, 1886, Taf. 9, fig. 13. - Sépulturesd'A rcy-Sain te- Restitue (Aisne), Album Garanda. - Sépul-turcs dc. llancourt Marne), Méinoii'es de la Société acad. de laMarne, 1879. - Oyes (Marne), Mémoire sur ta nécropolefranque d'Oyes, 4876, p. 16, et Rapport sur les fouilles faites

DES ENVIRONS DE BONI:.

allongée est ornée de protubérances sphéroïdesou cubiques. Une extrémité se termine en pointe,l'autre est spatuliforme. Le nombre de ces objetsrencontrés dans les tombes des peuples envahis-seurs fait supposer qu'ils n'étaient pas exclusive-ment des styles. Leur position dans les sépulturesvarie beaucoup, ils pouvaient être employés à fixerles parties du linceul. Ils occupent, en certainescirconstances, les régions du cràne et paraissentavoir servi d'épingles à cheveux. C'est probable-ment pour cette raison que des archéologues lesdésignent sous le nom d'épingles styliformes.

La cuiller en bronze, de forme ordinaire, estdépourvue d'ornement. Les sépultures des peuplesgermaniques renferment rarement cet instrument.Cependant, un petit nombre de tombes franco-mérovingiennes' et anglo-saxonnes 2 en recélaient.

à Oycs; dans les Mémoires de la Soc. des Ant. de France, 1875.- Cimetière de Charnay (Bourgogne), Sépultures des barbaresde l'époque mérovingienne, 1860, p. 198. - Envermou (Seine-Inférieure), Sépultures gauloises, romaines et franques, dol'abbé Cochet, p. 187 et 190, et, du même auteur, la Nor-mandie souterraine, p. 298, 350 et 388. - Verrières (Cham-pagne), Séances du congrès archéol. de France, 1853, - 119,et Mémoires de la Soc. d'agr. de l'Aube, 1853, p. 565. -Jouy-le-Comte, Catalogue du musée des antiq. nationales deSaint-Germain-en- laye, p - 184. - Vaudesson, Seraucourt-le-Grand (Aisne), ; J. Pilloy, Études sur d'anciens lieux desépulture dans l'Aisne, 1er et 3' fasc. - \\r il . Lipp, Die Gra-berfelder von Keszthely, p. 115, fig. 311, 313, 314.

t. Arcy-Sainte-Restitue (Aisne), collection F. Moreau. -Envermeu (Seine-Inférieure), Sépultures gauloises, romaines

10 BIJOUX ANTIQUES

Les deux petites coupes en verre sont simple-ment les parties inférieures de vases romains (luiont été utilisées. Le pied du vase a été renverséet forme ainsi le contour de la coupe. Les partiesbrisées ont été polies de manière à former unebase régulière. Pareils faits se sont reproduits.Cet emploi de restes de vases romains sembleraitindiquer la rareté du verre chez les Vandales pen-dant leur séjour en Afrique .

Nous retrouvons dans la petite boucle de cein-ture en bronze doré un type qui se rencontresouvent en Europe. La plaque ronde est forméed'une feuille de bronze repliée sur elle-même. Lecôté inférieur est sans ornementation. La partievisible est dorée et artistement ornée au poin-tillé. Malheureusement, l'oxyde de cuivre qui s'estformé altère cette ornementation dont le sujet n'a1)11 être déterminé. Trois rivets il tète ronde réu-nissent les deux parties de la feuille métalliqueformant la plaque. Il est probable qu'ils servaient

et franques, par l'abbé Cochet, p. 196. - Homblières (Aisne);Pilkiy, itude.v sur d'anciens lieux de sépulture, pi. V, fig. 28.- Augst (Suisse), Recueil d'anhiquiis suisses, de Bonstetten,pi. XXIV, fig. 16.— Bel-Air (Suisse), Pas gernianische lcd-tenlager bei Selen, 1848; Naeèlrag von den P. Troyon. p, 54.

2. Sibertswold Down, Inventorium sepuicrale, p. 112 et 129.- Chatam, /lesnains cf Pagan saxodon, p. 66, pi. XXXIII.

L Dans l'intéressante, nécropole de Testona, près Turin,les seuls vases en verre recueillis dans les sépultures longo-bardes sont de l'époque romaine, bien que tout le resti dumobilier funéraire appartienne à l'industrie barbare.

DES ENVIRONS DE BONE. Il

aussi à fixer l'extrémité de la courroie entre leslamelles de bronze. La boucle proprement diteprésente une partie engagée dans l'épaisseur for-mée par le pli de la feuille de bronze, une échan-

crure facilite l'introduction. La boucle, à son pointde jonction avec la plaque, est plus mince à cetendroit. La partie qui reçoit la courroie, avant lepoint où l'ardillon la traverse, cst arrondie. Lasaillie de cet ardillon sur la plaque dans l'extré-mité où il y adhère est digne de remarque. Cetteparticularité paraît s'appliquer spécialement à unesérie de boucles attribuées aux populations gotiies.Du reste, les boucles barbares sont généralement

12 BIJOUX ANTIQUES

munies d'une plaque massive de bronze. Celles( tj i sont formées d'une feuille métallique repliéese trouvent beaucoup plus rarement.

Les fibules rondes ornées d'un cloisonnage,provenant des sépultures vandales des environs(le Bâtie, sont incontestablement d'un très grandintérêt. Elles représentent pour l'Afrique un typequi n'y avait pas encore été remarqué.

Les sépultures de l'époque des invasions enEurope abondent en fibules rondes enrichiesd'émaux cloisonnés. Les unes ont leurs émauxmélangés de filigranes'. Les autres présentent

1. Nous citerons seulement quelques localités qui en ontfourni. Pour la France Charnay et Sainte-Sabine 13our-gogne), Mémoire de Dam-lot, pi. XII, XIII et XXVII. -Liverdun (Meurthe), SipuUures du cimetière mérovingien deLiverdun, par M. C. Cournault, pi. I, fig. 5. - Parfondeval(Normandie); abbé Cochet, la Seine-Inférieure historique etarchéologique, 2e édition, p, 537. - Pompey (Meurthe-et-Moselle) L. Quintard, le Cimetière franc du champ des tombes,1878, p. 13, pl. II, fig. S. - Broussy-le-Petit, Mondement,Oyes (Marne, collection de Baye. - Seraucourt-le-Grand(Aisne); J. Pilloy, Études sur d'anciens lieux de sépulture,1882, pl. B, fig. 7, 8, 9. - Pour l'Allemagne Freilauber-sheini, Armsheim, Oberolm Musée de Mayence) ; Engers(Musée de Wieshade et collection du prince de Wurtemberg,château de Lichtensteirn); Lindenschmit, Handbuch..., 1886,Taf. 20, fig. 11 et. 12; Taf. 21, fig. 1, 2 et 3. - Friedhof,près Kreuznach, Alzey; Lindenschmit, Die alterthi2mer...,Band III, IIeft IX, Tai. 6, iLg. 1. - Odratzheim, près Stras-bourg, Sépultures des environs de Bonn; même ouvrage.,Band 11E, Heft III, Taf. 6, fig. 4 et 7. - Aisheim (Musée deMayence); môme ouvrage, même volume, Heft X, Taf. 6,

DES ENVIRONS DE BONE. 13

leur surface entièrement recouverte d'émaux'.Les fibules circulaires de Bône que nous signalonsappartiennent à ce dernier genre. Divers élémentsentrent dans ces fibules. Le fond en métal reçoitla broche articulée et la face extérieure est ornéed'un cloisonnage de tables de verre ou de pierresprécieuses reposant sur des paillons. Enfin unepâte consistante, compacte, remplit l'espace quisépare ces deux parties. Dans la composition desbijoux, plus ou moins analogues, de provenanceeuropéenne, exhumés des sépultures barbares,

fig. 4. - Friedhof (Musée de Ma y nec); même ouvrage,Band Il, lIeft XII, Taf. 6, 11g. '2. - Waiblingen, Oheio1rx,Oberflacht, Boseinheim, même ouvrage, Band I, Heft I,'Faf. 8, fig. 3, 6, 9 et 10. - Pfulfingen, Weissenthurm (envi-rons de Bonn), même ouvrage, Rand I, Ileft XII, TaL 8,fig. 2, 5 et 44. - Sprendlingen (liesse rhénane), Musée deMayence Skrave (Scll les \vig-Holstein), Musée de Copen-hague, etc.Pour la Belgique : voir Revue de l'Art chré-tien, 1886, Pl. XXIII; Bijoux francs ou mérovingiens, fig. 8et 9. - Pour l'Angleterre Bach Schmith, Inventoriurnsepulcrale, 4856, pi. I, II et III. - Catalogue 0,1 anglo-saxonanliquities discovered al I?avcrshdm in Kent, South Kensing-ton Museum. - Pour la Suisse : Aubonne (Vaud), Recueild'antiquités suisses, de Bonstetten, pi. XXIV, fig. 8.

1. Pour la France Sainte-Sabine ((hte-d'Or), Mémoire deM. Baudot, pl. XXII. - Oyes (Marne), Méoioire sur le nécro-pole franque d'Oyes, 1876, p. 14, 1)1. 1. - Compiègne (Oise),Poussay (Vosges), Mackenheim (Alsace): Gatatogue du muséedes antiquités nationales de Saint-Germain, p. 184 et 185. -Pour l'Allemagne t Nordendorf, Xanten, Freilaubersheim;Lindenschmit, Ilandhuch der deut.sche.n alterthumskunde,Taf. 20, fig. 1, 2 et 5, et Die Alterthrwser, Baud III, Heft IV,rfaf. VI, fig. 7, etc., etc.

1 I BIJOUX ANTIQUES

cette matière ou pâte fine a été également remar-quée; elle se délite facilement dans l'eau.

La découverte de ces fibules circulaires parpaire est un trait de ressemblance de plus quiassimile ces sépultures africaines avec leurs con-temporaines d'Europe.

Dans la première paire (pi. X, fig. ), le fond etl'épingle adhérente sont en bronze. Cette particula-rité se retrouve assez rarement dans les sépulturesbarbares de l'Europe, où l'épingle est généralementen fer. Le cloisonnage de ces deux fibules est aussien bronze. ainsi que le cercle métallique qui unitle fond à la partie ornementale. Cette dernière estcomposée d'un encadrement circulaire de tablesde verre couleur verte, disposées en rayons; aucentre, un cabochon jaune ambré est entouré dehuit morceaux de verre de semblable couleur.Quatre de ces verroteries sont taillées en tablealternant avec quatre cabochons en forme de fève.Sur ces spécimens, un des quatre cabochons esten cristal de roche. L'oeil devine facilement sousces verroteries les paillons qui les rendent cha-toyantes. Il est plus facile de les observer sous lestables; ils sont formés, autant qu'il est possibled'en juger, d'une mince feuille d'or finementestampée d'un petit quadrillé très régulier et assezcompliqué. [I existe peu de paillons aussi soigneu-sement traités dans l'orfèvrerie barbare.

La seconde paire de fibules circulaires est en

IP

1(;BIJOUX ANTIQUES DES ENVIRONS DE BONS.

Nous connaissons donc par ces quelques don-nées archéologiques l'art de la bijouterie chez lesVandales pendant leur séjour en Afrique. Plusieursmotifs autorisent ainsi à le rapprocher de celuides Goths. Cette parenté artistique s'explique parla parenté ethnique. Certains auteurs comprennenten effet sous le nom de Goths les Vandales, lesSauromates, les Melanchènes, les GèLes et lesGépides'.

Ilist. des Francs, liv. II, chap. ii. - Marcus, Histoire desVandales. Paris, 1838. - Procope, De bel!. Vandal. - Pin-kerton, Aecherches sur l'origine et les divers établissements desScythes ou Goths, 1804, p. 320. Dureau de la Malle, Manuelalgérien, 1852.

1. Procope, III. 2. - Théoph. 5931. - Murait, Essai dechronographie byzantine, 1855, p. 6. - I)' Lagneau, Anthro-pologie de la France, p. 186, et Les Germains (extrait dit

encyclopédique des sciences médicales, p. 10). -Pline, L IV, cap. xxviii.

Nogent-le-Rotrou, imprimerie DAwELEY-GouVEaNEUIt.

DES ENVIRONS, DE BONE.

argent (pi. X, fig. 1). Le cloisonnage se composede tables de grenat très foncé. La pierre centraleforme cabochon sans être toutefois entièrementbombée. Quatre rayons formés de coeurs' et dis-posés en croix ressortent en vert sur k beau rougequi constitue la note dominante. Ces parties vertesparaissent dues à une matière vitreuse, opaque,appliquée en fusion dans les cellules qui la con-tiennent. S'il en est ainsi, nous aurons à constaterune intéressante association de deux différentsprocédés d'émaillerie. Ce fait est digne d'attention,car il n'a pas encore été observé dans la bijou-terie barbare.

Les objets dont nous 'venons de parler sontapproximativement datés par le séjour, des Van-dales en Afrique 2 . Ils y ont été amenés par Gun-déric en £28 et y sont restés jusqu'à l'an 53.

1. Cette ornementation, formée dune suite do coeurs, setrouve au tombeau du roi Théodoric à Ravenne. DAgin-court, Arehitect., pi. XVIII

2. Papericordt, Gesch. der Vandal. lferrschaft in AÏrio,Berlin, 1837. - Fianscu, Wei' veranlasste die &rufzizg derVandalen nach Afriea? Dorpat, 1843. - Friedkemler, DieManzen der Vandalen, Leipzig, 1849. - Grég. de Tours,

e tu'e